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PUBLIUS SYRUS

 

SENTENCES

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

AVERTISSEMENT

« Quand cette traduction fut publiée (décembre 1811), elle fut favorablement accueillie. Les journaux du temps s’en occupèrent avec cette attention éclairée et bienveillante qu’on accordait alors aux travaux dont le but était de mettre en lumière les œuvres des anciens. Le savant et spirituel M. de Boissonnade publia, cette occasion dans le Journal de l’Empire, un article qui nous paraît digne d’être reproduit ici, à raison des détails intéressants qu’il renferme sur Publius Syrus et les mimes.

« Je m’imagine que beaucoup de nos lecteurs ne connaissent que de nom Publius Syrus, et peut-être même n’en ont jamais entendu parler. Cela n’a rien de très étonnant; Publius n’a pas autant de réputation que de mérite.

« Publius naquit dans l’esclavage. On le nomma Syrus, parce qu’il vit le jour en Syrie. C’était dans l’antiquité, un usage à peu près général, de donner aux esclaves un nom formé sur celui de leur province; c’est ainsi qu’en France on appelle quelquefois Bourguignon et Picard des domestiques nés en Bourgogne et en Picardie. On me dispenserait facilement des preuves; mais, par esprit d’exactitude, je veux citer au moins le scholiaste de Juvénal Antiquitus servis nomina ex gentibus suis ponebantur, ut apud Terentium frequenter legimus, Cette remarque est confirmée par le scholiaste de Théocrite (V, 2), qui donne pour exemple les noms Syrus et Canon. De cette coutume viennent ces noms de Gela, Lydus, Thrax, Péryx, Davus,[1] si fréquents dans les anciennes comédies.

« Syrus, encore enfant, fut conduit chez le patron de son maître, et le charma autant par l’agrément de sa figure que par la gentillesse de son esprit. On lui donna une éducation très soignée; on l’affranchit, et ce fut alors qu’il dut prendre le nom de Publius, que sans doute portait son maître. En effet, les esclaves devenus libres par l’affranchissement, joignaient à leur premier nom celui du maître qui leur donnait la liberté.[2] M. Francis Levasseur prétend qu’il fut nommé Publius, parce qu’il était agréable au peuple romain: une assertion si extraordinaire aurait besoin d’être prouvée. M. Levasseur dit encore que le maître de Publius s’appelait Domitius, et il cite Aulu-Gelle et Macrobe: le Dictionnaire historique nomme aussi ce Domitius. La vérité est qu’Aulu-Gelle (17, 14.) ne parle pas du maître de Publius et que Macrobe (Sat. ii, 7), qui en parle une fois, ne l’a pas nommé.

« Publius Syrus s’appliqua à la composition des mimes, espèce de comédie burlesque que les Latins aimaient beaucoup. Après avoir obtenu de grands succès dans les villes d’Italie, il vint à Rome pendant les fêtes que donnait Jules César, et provoqua à un combat littéraire les poètes qui travaillaient alors pour la scène. Tous acceptèrent le défi et tous furent vaincus.

« Parmi les auteurs qui parurent dans ce concours, était ce Laberius, chevalier romain et partisan déclaré du gouvernement républicain, que le dictateur, à force de caresses, détermina à monter sur le théâtre et à jouer lui-même dans les mimes de sa composition. Obligé de consentir (car selon la réflexion de Macrobe,[3] l’autorité contraint, non seulement quand elle invite, mais même quand elle supplie), Laberius déplora l’humiliante nécessité à laquelle sa vieillesse était réduite, dans un prologue admirable, que le savant Valckenaer regardait comme un des plus beaux monuments de la langue latine, et dont Jean-Jacques a fait une traduction abrégée.[4]

« Après la mort de Laberius, qui suivit de près celle de César, Publius Syrus régna sur la scène: Romae scenam tenet, dit saint Jérôme dans sa Chronique. Ses mimes, dont, à l’exemple de Laberius, il avait tempéré la licence par des traits nombreux de morale, n’existent plus aujourd’hui, et cette perte doit exciter nos regrets. « Quand Publius veut, dit Sénèque (Tranq. 9), abandonner ses farces ineptes, bonnes tout au plus pour les spectateurs des derniers rangs, il a plus d’énergie que tous les poètes tragiques et comiques. Dans une foule de pensées, il s’élève non seulement au-dessus de la scène mimique, mais du cothurne même. En voici une : Ce qui peut arriver à un, peut arriver à tous. » Le grave philosophe répète cet éloge dans sa huitième lettre: « Combien de vers et des plus éloquents, gisent avilis dans les mines! combien de sentences, dans Publius, qui devraient être prononcées, non par des bateleurs déchaussés,[5] mais par des tragédiens en cothurne ! » Les fragments qui nous sont parvenus justifient pleinement l’enthousiasme de Sénèque.

« Ces fragments, dont M. Francis Levasseur nous donne un recueil choisi, consistent en pensées morales, exprimées chacune avec une précision très remarquable, dans un seul vers iambique ou trochaïque. Au reste, toutes ces pensées n’appartiennent pas à Publius Syrus, et M. Levasseur devait en faire la remarque: il y en a de Sénèque; il y en a de Laberius; celle-ci par exemple:

Necesse est multos timeat quem multi timent.

Laberius, quand le dictateur le contraignit à monter sur la scène, ajouta ce vers à son rôle. L’allusion fut saisie par tous les spectateurs; tous les yeux se tournèrent vers César, qui ne se vengea de la hardiesse du poète qu’en favorisant Publius.

« Je transcrirai quelques-unes de ces sentences. Je les prends au hasard; il y en a peut-être de meilleures, de plus énergiques, de mieux exprimées. Je n’ai point choisi; au reste, celles que je donne me paraissent excellentes:

Animus hominis, quidquid sibi imperat, obtinet.

Amici villa si feras, facis tua.

Despicere oportet quod possis deperdere.

Etiam sanato vulnere cicatrix manet.

Et calamitas virtutis est occasio.

Formosa facies muta est commendatio.

Homo, ne sit sine dolore, fortunam invenit.

Nihil est miserius quam ubi pudet quod feceris,

Nemo immature moritur, qui moritur miser.

Miser dici bonus vir, esse non potest.

« Le quatrième vers ne rappelle-t-il pas ce passage de Jean-Baptiste?

Quand l’accusé confondrait vos discours,

La plaie est faite, et quoiqu’il en guérisse,

On en verra du moins la cicatrice.

Il est très probable que Rousseau avait lu Publius et s’en ressouvenait dans les deux poètes, c’est la même idée; ce sont les mêmes expressions.

M. Francis Levasseur a joint à son recueil une traduction fidèle et bien écrite. Pour qu’on en puisse juger autrement que sur ma parole, j’en copierai les passages qui se rapportent au texte que je viens de citer:

« L’homme obtient de lui-même tout ce dont il se fait une loi.

« Si tu souffres les vices de ton ami, ils deviennent les tiens.

« Il faut mépriser tout ce que l’on peut perdre.

« Lors même que la blessure est guérie, la cicatrice reste.

« Le malheur fait naître la vertu.

« Une belle figure porte avec soi sa recommandation.

« Afin que l’homme ne fût pas sans douleur il rencontra la fortune

« Rien n’est plus méprisable que d’avoir honte de ce que l’on a fait.

 On ne meurt pas trop tôt quand on meurt malheureux.

« L’homme vertueux peut être appelé malheureux; il ne saurait l’être.

« Je me fais, en ma qualité de journaliste, un plaisir de rendre au zèle et à l’instruction de M. Levasseur un hommage public, et de recommander à nos lecteurs son utile recueil. »

PRÉFACE

Phèdre est le premier poète latin que, dans tous les temps, on donnait à traduire dans les collèges. L’Université a sagement conservé cet auteur pour la sixième et la cinquième classe. Un autre auteur en vers, d’un style un peu plus élevé que Phèdre, semble pouvoir être utilement employé pour préparer les élèves de la quatrième. Dans cette classe on traduit les Métamorphoses d’Ovide et les Bucoliques de Virgile, que beaucoup de jeunes gens ne comprennent que difficilement, n’ayant pas été préalablement accoutumés aux hardiesses du style poétique, et surtout à la différence qui règne entre la syntaxe des poètes et celle des prosateurs. Je communiquai ces observations à plusieurs hommes instruits; j’en vis quelques-uns jeter les yeux sur les Ex Ponto et les Tristia d’Ovide, comme étant ce qu’il y avait de plus facile; mais le style de ces ouvrages n’est-il pas extrêmement faible? le fond n’est-il pas d’une sécheresse et d’une monotonie insupportables? Ne pourrait-on pas trouver un poète dont la lecture initiât les jeunes gens au style poétique, et leur offrît en même temps quelque intérêt et quelque instruction? Publius Syrus me paraît réunir ces conditions. Également recommandable sous les rapports du style et de la morale, cet écrivain a été proposé pour l’usage de la jeunesse par un Scaliger, un Erasmus. Je dirai plus, les Romains le lisaient eux-mêmes dans leurs écoles publiques, comme on le voit par un passage de saint Jérôme.[6] Plusieurs témoignages des anciens[7] prouvent que cet auteur jouissait d’une haute réputation dans les plus beaux siècles de la littérature romaine; Sénèque n’en parle qu’avec les plus grands éloges.[8]

La Bruyère, dans ses Caractères, chef-d’œuvre d’observations philosophiques, n’a pas dédaigné de puiser quelques sentences dans Publius Syrus. Il est vrai qu’il a donné à quelques-unes un tour nouveau et en a présenté d’autres sous plusieurs faces; je n’en citerai qu’un petit nombre.

Fortuna jus in hominis mores non habet.

« La fortune, dit-on, change les mœurs; je crois au contraire qu’elle les découvre; tant qu’on vit dans l’espérance de quelques avantages, on se concentre, on se compose, on se déguise, afin de mieux tromper ceux qui entreprennent notre élévation. Est-on parvenu à son but, on se montre tel que l’on est.[9] »

O vita misero longa, felici brevis!

« La vie est courte pour ceux qui sont dans les joies du monde; elle ne paraît longue qu’à ceux qui languissent dans l’affliction. Job se plaint de vivre longtemps et Salomon craint de mourir trop jeune.[10] »

On trouve aussi la meilleure partie des sentences de Publius Syrus dans plusieurs discours du Spectateur.

Ce qui surtout me semble décider la question sur l’utilité de Publius Syrus pour l’instruction de la jeunesse, c’est l’opinion de l’ancienne Université de Paris, dont les professeurs les plus habiles n’ont pas manqué de joindre à leurs éditions de Phèdre les sentences de notre poêle.

J’ai donc pensé qu’une édition de Publius Syrus, accompagnée de notes explicatives dans le genre de celles de Jean Bond, pourrait être un présent agréable aux professeurs de latinité, et à la jeunesse studieuse confiée à leurs soins. Le texte que je donne est conforme à celui de Gruterus et d’Haverkamp. Quelquefois j’ai cru devoir admettre les corrections proposées par l’ingénieux Bentley; mais le plus souvent la critique de ce savant m’a paru trop arbitraire pour que j’en adoptasse le résultat. Quoique la morale de Publius Syrus soit en général très pure, j’ai senti la nécessité de supprimer quelques sentences; de ce nombre sont : 1° celles qui rappellent des passions qu’on doit supposer inconnues à l’adolescence, ou qui contiennent une morale relâchée, équivoque, ou du moins peu conforme à la pureté et à la sévérité de la morale chrétienne; 2° celles dont le sens trop abstrait et trop raffiné les rendrait trop difficiles à expliquer; 3° celles qui, par une latinité peu élégante et même un peu suspecte, pourraient être nuisibles au goût, et qui paraissent ne pas nous être parvenues dans leur forme originale.

J’ajouterai encore que dans toutes les éditions précédentes on a intercalé des sentences qui n’appartiennent point à Publius Syrus, mais à Sénèque, à Laberius, et à d’autres mimographes.

Les sentences de Publius Syrus sont en général très difficiles à traduire : elles étaient liées à une action dramatique; isolées, elles ne présentent plus un sens facile à saisir. Si l’on choisissait dans nos poètes comiques anciens et même modernes des vers de situation, et si on les donnait isolément à traduire à un étranger, il aurait beaucoup de peine à leur donner un sens convenable.

J’ai pensé qu’une traduction exacte et fidèle des sentences de Publius Syrus conviendrait mieux qu’une paraphrase brillante; je me suis rapproché, autant qu’il a été possible, de la concision et de l’élégante simplicité de l’auteur latin.

J’ai joint à ce travail sur Publius Syrus, un choix de sentences tirées de plusieurs poètes romains, et qui peuvent être utilement expliquées et traduites après celles qui font le principal objet de ce livre.

Publius Syrus naquit en Syrie; il était encore enfant lorsqu’il fut amené esclave à Rome: son esprit et sa figure le firent prendre en affection par son maître, qui l’affranchit pendant qu’il était jeune, et le fit élever avec beaucoup de soin. Publius Syrus prouve par le vers:

Probus libertus sine natura et filius.

combien il fût reconnaissant des soins que lui prodigua son maître Domitius.

On connaît peu de détails sur la vie de ce poète. On lui donna le nom de Syrus, parce qu’il était syrien et celui de Publius, parce qu’il était agréable au peuple romain.

Il composa beaucoup de mimes qui lui firent une réputation et lui attirèrent de grands applaudissements dans plusieurs villes d’Italie. Jules César l’ayant trouvé digne de ses jeux scéniques, l’amena à Rome où il lut publiquement ses pièces, ce qui lui fit obtenir la préférence sur tous les autres mimes de son temps. Il fut l’émule de Laberius, chevalier romain, qu’il vainquit ensuite, au jugement de Jules César.

C’est dans les ouvrages d’Aulu-Gelle, de Macrobe et de Sénèque, que nous ont été conservées. La plupart des sentences de Publius Syrus.

Les mimes dont je viens de parler en traçant la vie de Publius Syrus, faisaient originairement partie de la comédie.[11] Ces scènes ne consistaient d’abord qu’en danses grotesques et en grimaces; tout leur art était de bien imiter. L’intérêt et la jalousie séparèrent ensuite les acteurs mimiques des acteurs comiques, et alors ils firent société à part. Ils joignirent à leurs danses le burlesque de la comédie, et cela produisit ce que nous appelons aujourd’hui des parades ou proverbes en action. Les mimes n’eurent jamais ni la régularité ni la finesse ni le sel de la comédie; ce n’étaient que des scènes sans intrigues, sans liaison et sans dénouement.[12] Malgré la licence que les mimes empruntèrent à l’ancienne comédie, leur objet principal fut cependant de faire rire par le naturel avec lequel ils imitaient les défauts et les vices des hommes connus.

Le nom même de mime signifie imitateur, comme si dans ce genre de pièces on imitait plus fidèlement les mœurs, le costume et la tenue des individus; voilà pourquoi les Romains désignaient un acteur mimique sous le nom de planipes, c’est-à-dire de plain-pied. Une pièce mimique était appelée fabula planipedia.[13]

Il paraît que dans les cortèges funèbres des Romains on voyait une troupe d’acteurs mimiques, dont le chef nommé Archimimus contrefaisait les discours et les gestes du mort.

Suétone[14] cite un trait d’un mime qui représentait Vespasien à la pompe funèbre de ce prince. Il demanda aux officiers combien coûteraient ses funérailles? Cent sesterces, répondirent-ils... Qu’on me les donne, dit le mime, et qu’on me jette dans le Tibre.[15]

L’origine des mimes doit être cherchée en Grèce. Les austères Lacédémoniens connaissaient ce genre de spectacles déjà avant la guerre du Péloponnèse.[16] Il paraît aussi que les mimes de Sotades, décriés à cause de leur licence, étaient antérieurs au temps de Sophocle.[17] Le mimographe Sophron, de Syracuse, que plusieurs auteurs ont par erreur donné pour inventeur de ce genre, était contemporain d’Euripide. Il paraît que chez les Grecs il y a eu divers genres de mimes. »

Plutarque[18] en distingue deux espèces, celle qu’il nommait hypotheseis, c’est-à-dire sujet et qui se rapprochait des petites comédies, et celle qu’on appelait paignia, c’est-à-dire farces. Sans doute ceux de Sophron eurent la finesse et le sel de la bonne satire; car on dit qu’elles plurent tellement au philosophe Platon, qu’il les mettait sous son chevet,[19] et on les trouva sous sa tête quand il fut mort.

Chez les Romains, on nomme Mattius contemporain de César, comme un des premiers qui aient écrit des mimes.

Aulu-Gelle en cite quelques vers; Cicéron l’appelle hominem suavissimum et doctissimum, homme plein de connaissances et d’une compagnie agréable;[20] il eut pour successeur Laberius.

Pline le Jeune[21] fait l’éloge du style gracieux et piquant dans lequel Virginius Romanus avait écrit ses mimes. Nous ne connaissons que le nom de Crassitius et Marullus mimographes, dont le dernier vivait sous les Antonins. Après cette époque et peut-être même avant, les mimes commencèrent à porter l’empreinte de la profonde corruption et de la grossière débauche qui depuis longtemps régnait dans la capitale du monde.

Plusieurs passages très clairs des historiens de ce temps[22] prouvent incontestablement que, dans ces sortes de spectacles, on ne riait que trop souvent aux dépens de l’innocence, de la pudeur et de la vertu. Saint Augustin les blâma très sévèrement;[23] mais les sentences qui nous restent de Publius Syrus démontrent, ou que les mimes de son temps offraient un spectacle moral, ou que cet écrivain sut s’élever au-dessus de ses confrères.

Il ne faut pas confondre les pantomimes avec les mimes, quoique leur origine fût la même; ils mêlaient d’abord le chant à la danse: dans la suite ils ne parlèrent plus qu’aux yeux, mais avec tant d’art, qu’ils représentaient une tragédie ou une comédie entière sans chant ni déclamation, et par la seule vivacité du geste.

Tot linguae, quot membra viro; mirabilis ars est,

Quae facit articulos, ore silente, loqui.

Quoique cette sorte de représentation fut très imparfaite, l’art d’imitation y fut porté fort loin. Si l’on en croit Juvénal, jamais spectacle ne remua les passions avec autant de vivacité que la danse des pantomimes. Cet art fut porté à la perfection sous le règne d’Auguste par Pylade et Bathylle.

Le mot latin sententia signifiait, chez les anciens, ce que l’on pense, avis, opinion, suffrage, sentiment; on le trouve souvent employé de cette manière dans les meilleures auteurs : Quintilien en distingue trois sortes; les unes simples comme:

Chacun se laisse entraîner par son propre penchant.[24]

Les autres composées comme celle-ci :

La complaisance nous fait des amis, la franchise des ennemis,[25] etc.

Les sentences sont susceptibles de beaucoup de variété, puisqu’on peut les exprimer par toutes sortes de figures.

La mort n’est point un mal, mais les approches de la mort sont fâcheuses.

Est-ce donc un si grand mal que de mourir ?[26]

Les sentences, soit en vers, soit en prose, sont d’une très grande utilité, en ce qu’elles frappent vivement l’esprit, et nourrissent dans notre âme les principes de vertu, de justice et d’honneur. Agrippa, favori d’Auguste, avoua que cette sentence : Concordia parvae res crescunt, discordia maximae dilabuntur, avait beaucoup contribué à le rendre bon frère et bon ami.[27]

 

SENTENTIAE

SENTENCES

A morte semper homines tantumdem absumus.

Pauvres humains, nous sommes toujours à une distance égale de la mort.

Ab alio exspectes, alteri quod feceris.

Attends-toi à recevoir des autres ce que tu auras fait à autrui.

Ab amante lacrymis redimas iracundiam.

Apaisez par vos larmes la colère de ceux qui vous aiment.

Absentem laedit cum ebrio qui litigat.

C’est attaquer un absent que disputer avec un homme ivre.

Ad calamitatem quilibet rumor valet.

Le moindre bruit suffit pour causer un désastre.

Ad poenitendum properat, cito qui judient.

Qui juge avec précipitation, court au-devant du repentir.

Atas cinaedum cclat, aetas indicat.

L’âge cache les mauvaises inclinations, l’âge les découvre.

Alienum nobis, nostrum plus aliis pacet.

Les biens d’autrui nous plaisent; les nôtres plaisent aux autres.

Alienum aes, homini ingenuo acerba servitus.

Les dettes sont une servitude amère pour un honnête homme.

Alienum est omne, quidquid opando evenit

Rien de ce que nous avons obtenu par des souhaits ne nous appartient en propre.

Alterius damnum, gaudium haud ficias tuum.

Ne fais point ta joie du malheur d’autrui.

Ames parentem si equus est, si aliter, feras.

Aimez votre père s’il est juste, supportez-le s’il ne l’est pas.

Amicis eo magis des, quo nihil habes.

Moins on possède, plus on doit donner à ses amis.

Amicitia pares aut accipit, aut facit.

L’amitié aime l’égalité, elle rend égaux ceux qu’elle unit.

Amicitiae coagulum unicum est fides.

La loyauté est le seul lien stable de l’amitié.

Amici vitia si feras, facis tua.

Si tu souffres les vices de ton ami, ils deviennent les tiens.

Amicum an nomen habeas, aperit calamitas.

Le malheur fait connaître si on a un ami ou si on n’en possède que le nom.

Amicum laedere, ne joco quidem licet.

Il n’est pas permis de blesser un ami, même en plaisantant.

Amicum perdere est damnorum maximum.

Perdre un ami est la plus grande de toutes les pertes.

Auguste capitur tutior mensa cibua.

On mange avec plus de sûreté à une petite table.

Animo dolenti nihil oportet credere.

Il ne faut rien croire d’une âme irritée par la douleur.

Animo imperabit sapiens, stultus serviet.

Le sage est maître de son cœur, le fou en est l’esclave.

Animua aeger turbae praebet spectaculum.

Une âme en désordre se donne en spectacle à la multitude.

Animua, vereri qui scit, scit tuta ingredi.

Un esprit qui sait craindre, sait aussi choisir la voie la plus sûre.

Animus hominis, quidquid sibi imperat, obtinet,

L’homme obtient de lui-même tout ce dont il se fait une loi.

Annosus stultus non diu vixit, diu fuit.

Un vieillard imbécile a existé longtemps, mais n’a point vécu.

Anus, cum ludit, motu delicias facit.

Une vieille femme qui joue fait sourire la mort.

Arcum intensio frangit, animum remissio.

La tension nuit à l’arc, le relâchement à l’esprit.

Aspicere oportet, quidquid nolis perdere.

Il faut avoir les yeux sur ce qu’on ne veut point perdre.

Avaro quid mali optes, nisi ut vivat diu?

Quel mal souhaiter à un avare, si ce n’est de vivre longtemps?

Avarum facile capias, ubi non sis idem.

Tu prendras facilement un avare, si tu ne l’es pas toi-même.

Avarum irritat, non satiat pecunia.

L’argent irrite, mais ne rassasie point le désir de l’avare.

Avarus ipse miseriae causa est suae.

L’avare est lui-même la cause de sa misère.

Avarus, nisi cum moritur, nihil recte facit.

L’avare ne fait rien de bien que quand il meurt.

Audendo virtus crescit, tardando timor.

Le courage croît en osant, et la peur en hésitant.

Auferri et illud, quod dari potuit, potest.

Ce qui a pu être donné peut aussi être enlevé.

Aut amat, aut odit mulier: nihil est terlium.

Aimer ou haïr, voilà la femme: pour elle point de milieu.

Avidum esse oportet neminem, minime senem.

Personne ne doit être avide, encore moins le vieillard.

Bene vulgo audite, est alterium patrimonium.

Bonne renommée est un second patrimoine.

Bene cogitata, si excidunt, non occidunt.

Quoique les bonnes pensées soient publiées, elles ne sont jamais perdues.

Bene dormit, qui non sentit, quam male dormiat!

Qu’il est bien couché celui qui ne sent pas combien il l’est mal!

Beneficia plura recipit, qui scit reddere.

Celui qui sait rendre les bienfaits en reçoit davantage.

Beneficii nunquam, cito dati obliviscere.

N’oublie jamais les bienfaits que tu as reçus, oublie promptement ceux que tu as accordés.

Beneficium accipere, libertatem vendere est.

Recevoir un bienfait, c’est vendre sa liberté.

Beneficium dando accepit qui digno dedit.

On reçoit soi-même un bienfait lorsqu’on en accorde à qui en est digne.

Beneficium dignis ubi des, omnes obliges.

Rendre service à ceux qui en sont dignes, c’est obliger tout le monde.

Beneficium qui dare nescit, injuste petit.

Qui ne sait pas accorder un bienfait, en demande injustement.

Beneficium qui dedisse se dicit, petit.

Publier les services qu’on a rendus, c’est les reprocher.

Bene perdis gaudium, ubi dolor pariter perit.

On ne doit pas regretter un plaisir quand on perd un sujet de douleur.

Benevolus animus, maxima est cognatio.

Un cœur bienveillant ranime un grand nombre de parents.

Benignus etiam dandi causam cogitat.

Un homme généreux cherche même les occasions de répandre ses bienfaits.

Bis est gratum, quod opus est, ultro si offeras.

On oblige doublement celui dont on prévient les besoins.

Bis interimitur qui suis armis perit.

C’est mourir deux fois que mourir par ses propres armes.

Bis peccas cum peccanti obsequium accommodas.

On se rend deux fois coupable lorsqu’on prête la main à un coupable.

Bis vincit qui se vincit in victoria.

Celui qui sait se vaincre dans la victoire est deux fois vainqueur.

Bona comparat praesidia misericordia.

La pitié se prépare à elle-même de grands secours.

Bona fama in tenebris proprium splendorem obtinet.

La réputation conserve son propre éclat, même dans les ténèbres.

Bona homini mors est, vitae quae extinguit mala.

La mort est un bienfait pour celui qu’elle délivre des maux de la vie.

Bona nemini hora est, ut non alicui sit mala.

Personne ne jouit d’un beau moment qui ne soit fatal à quelque autre.

Bona opinio hominum tutior pecunia est.

L’estime des hommes est un trésor plus sûr que les richesses.

Bona turpido est, quae periculum vindicat.

La honte qui fait éviter le danger est utile.

Boni est viri, etiam in morte nullum fallere.

Il convient à un homme honnête de ne tromper personne, même en mourant.

Bonis nocet, quisquis pepercerit malis.

Epargner les méchants, c’est nuire aux gens de bien.

Bonitatis verba imitari, malitia major est.

Imiter le langage de la bonté, c’est être doublement méchant.

Bono, justitiae proxima est severitas.

Chez l’homme vertueux, la sévérité est voisine de la justice.

Bonum ad virum cito moritur iracundia.

La colère d’un homme de bien se dissipe promptement.

Bonum est, fugienda aspicere in alieno malo.

Il est bon de voir par le malheur d’autrui ce qu’on doit fuir.

Bonum est, etiam bona verba inimicia reddere

Il est bon d’adresser de bonnes paroles, même à ses ennemis.

Bonus animus laesus, gravius multo irascitur.

Un bon cœur offensé est plus sensible qu’un autre.

Brevia ipsa vita est, sed malis lit longior.

La vie est courte par elle-même, mais les malheurs la rendent bien longue.

Caeci sunt oculi, cum animes alias res agit.

Les yeux sont aveugles, lorsque l’esprit s’occupe d’autre chose.

Caret periculo, qui etiam, cum est tutus, cavet.

Celui qui se tient sur ses gardes, même lorsqu’il n’a rien à craindre, évite par là le danger.

Casta ad virum matrona parendo imperat.

Une femme vertueuse commande à son mari en lui obéissant.

Casus quem saepe transit, aliquando invenit.

Le malheur trouve à la fin celui devant qui il a souvent passé.

Cave amicum credas, nisi quem probaveris.

Prends garde de croire quelqu’un ton ami avant de l’avoir éprouvé.

Cavendi nulla est dimittenda occasio.

Il n’y a aucune occasion où la précaution ne soit utile.

Cave ne quidquam incipias, quod post pœniteat.

Evitez de rien entreprendre dont vous puissiez vous repentir.

Cicatrix conscientiae pro vulnere est.

Les blessures de la conscience ne se cicatrisent jamais.

Citius venit periculum, cum contemnitur.

Le danger vient plus tôt, lorsqu’on le méprise.

Cito ignominia fit superbi gloria.

La gloire du superbe se change bientôt en ignominie.

Cito improborum laeta ad perniciem cadunt.

La joie des méchants tourne bientôt à leur perte.

Civili belli oblivio, defensio est.

Oublier la guerre civile, c’est s’en garantir.

Comes facundus in via pro vehiculo est.

Un compagnon agréable abrège la route autant qu’un équipage.

Conjunctio animi maxima est cognatio.

Le rapport des caractères forme la parenté la plus intime.

Conscientiae potius quam famae attenderis.

Ayez plutôt soin de votre conscience que de votre réputation.

Consilium inveniunt multi, sed docti explicant.

Bien des gens trouvent un conseil; les habiles en tirent parti.

Consilio melius vincas, quam iracundis.

Vous vaincrez plutôt par la prudence que par l’emportement.

Consueta vitia ferimus, non reprehendimus.

Nous supportons sans les blâmer les défauts auxquels nous sommes accoutumés.

Contemni gravius sapientiae est, quam percuti.

Le mépris est plus pénible pour le sage que les mauvais traitements.

Contra impudentem, stulta est nimia ingenuitas.

Vis-à-vis d’un impudent, la trop grande modestie devient une sottise.

Crimen relinquit vitae, qui mortem appetit.

Qui désire la mort laisse une tache à sa vie.

Crudelem medicum intemperans aeger facit.

Un malade intempérant rend son médecin impitoyable.

Crudelis est in re adversa objurgatio.

Les reproches sont cruels pour le malheureux.

Crudelis lacrymis pascitur, non frangitur.

L’homme cruel n’est point fléchi par les larmes, il s’en nourrit.

Crudelis est, non fortis, qui infantem necat.

Il est cruel, et non pas brave, celui qui tue un enfant.

Cui nolis saepe irasci, irascaris semel.

Si tu ne veux point te fâcher souvent contre quelqu’un, fâche-toi une fois pour toutes.

Cui omnes bene dicunt, possidet populi bona.

Celui que tout le monde bénit possède le bien de tout le monde.

Cui plus licet, quam par est, plus vult quam licet.

Si l’on permet à quelqu’un plus qu’il n’est juste, il voudra plus qu’on ne lui permet.

Cui semper dederis, ubi negas, rapere imperas,

Refuser à celui à qui vous avez toujours donné, c’est le forcer à vous voler.

Cuivis potest accidere, quod cuiquam potes.

Ce qui peut arriver à quelqu’un peut arriver à chacun.

Cuivis dolori remedium est patientia.

La patience est un remède à toutes les afflictions.

Cum inimico nemo in gratiam tuto redit.

La réconciliation avec un ennemi n’est jamais sûre.

Damnum appellandum est, cum mala fama lucrum.

Ce que l’on gagne aux dépens de la réputation doit plutôt être appelé perte.

Damnare est objurgare, cum auxilio est opus.

Faire des reproches à qui a besoin de secours, c’est le désespérer.

Dari bonum, quod potuit, auferri potest.

Les biens qui ont pu être donnés peuvent aussi être repris.

Didicere flere feminae in mendacium.

Les femmes ont appris à mettre du mensonge dans leurs larmes.

Deliberando discitur sapientia.

C’est en délibérant qu’on acquiert la sagesse.

Deliberando saepe perit occasio.

L’occasion échappe souvent pendant qu’on délibère.

Deliberandum est diu, quod statuendum est semel.

On doit délibérer longtemps sur ce qu’on veut résoudre une fois pour toutes.

Deliberare utilia, mora tutissima est.

C’est une sage lenteur que de délibérer sur ce qu’il faut faire.

Demens est, quisquis praestat errori fidem.

Il y a de la folie à se confier à l’erreur.

Despicere oportet, quod possis deperdere.

Il faut mépriser tout ce que l’on peut perdre.

Dies quod donat, timeas; cito raptum venit.

Il ne faut point compter sur ce qu’un Jour vous donne, un jour peut aussi vous le ravir.

Difficilem habere oportet aurem ad crimina.

Il faut avoir l’oreille difficile pour les accusations.

Discipulus est prioris posterior dies.

Le jour précédent donne des leçons au jour qui suit.

Discordia fit carior concordia.

Après la discorde on chérit mieux la concorde.

Diu apparandum est bellum, ut vincas celerius.

Il faut se préparer longtemps à la guerre, si l’on veut remporter une prompte victoire.

Dolor animi gravior est quam corporis dolor.

Les peines de l’âme sont plus grandes que celles du corps.

Dolor decrescit, ubi, quo crescat, non habet.

Les maux diminuent lorsqu’ils sont parvenus au point de ne pouvoir plus croître.

Ducis in consilio posita est virtus militum.

Le courage du soldat dépend de la prudence du général.

Dulce etiam fugias, quod fieri amarum potest.

Fuis les douceurs qui peuvent devenir amères.

Effugere cupiditatem, regnum est vincere

Commander à ses passions, c’est surpasser la puissance des rois.

Eget minus mortalis, quo minus cupit.

Moins les mortels ont de désirs, moins ils ont de besoins.

Eheu ! quam miserum est, fieri metuendo senem!

Hélas! quelle misère que de vieillir dans les inquiétudes!

Eodem animo beneficium debetur, quo datur.

On doit rendre les bienfaits dans les mêmes intentions avec lesquelles ils ont été accordés.

Eripere telum, non dare irato, decet.

Il faut arracher les armes, et non les donner à un homme en colère.

Est cupiditati et ipsa tarda celeritas.

La célérité même paraît lente aux désirs ardents.

Est socia mortis homini vita ingloria.

La vie sans gloire est une mort anticipée.

Est turba semper argumentum pessi

La foule est toujours une preuve de la plus mauvaise cause.

Et calamitas virtutis est occasio.

Le malheur fait naître la vertu.

Et deest et superest miseris cogitat

Les malheureux ont à la fois trop peu et trop de pensées.

Etiam bonum saepius obest adsuescere.

C’est souvent un mal que de s’accoutumer aux bonnes choses.

Etiam capillus unus habet umbram suam.

Même un seul cheveu a son ombre.

Etiam celeritas in desiderio mora est.

La célérité même paraît lenteur quand on désire.

Etiam hosti est aequus, qui habet in consilio fidem.

Celui qui prend conseil de la bonne foi est équitable même envers son ennemi.

Etiam innocentes cogit mentiri dolor.

La douleur force même les innocents à mentir.

Etiam oblivisci quod scis, interdum expedit.

Il est quelquefois utile d’oublier ce qu’on sait.

Etiam qui faciunt, oderint injuriam.

Personne n’aime l’injustice, pas même ceux qui la commettent.

Etiam sanato vulnere cicatrix manet.

Lors même que la blessure est guérie, la cicatrice reste.

Et miseriarum portus est patientia.

La patience est le port de toutes les misères.

Excelsis multo facilius casus nocet.

Le hasard nuit plus souvent à ce qui est élevé.

Exeritur opere nequitia, non incipit.

L’action est l’indice de la méchanceté, mais elle n’en est pas le commencement.

Ex hominum quaestu facta fortuna est dea

L’intérêt des hommes a fait de la fortune une déesse.

Exilium patitur, patriae qui se denegat.

Qui se refuse à la patrie se met dans le cas d’un exilé.

Ex praemii spe laboris fit solatium.

L’espoir de la récompense fait la consolation du travail

Extrema semper de antefactis judicant.

Les dernières actions font juger des premières.

Ex vitio alterius sapiens emendat suum.

Le sage corrige ses vices en voyant ceux d’autrui.

Facilius crescit, quam inchoatur, dignitat.

L’accroissement des honneurs est plus facile que leur commencement.

Factum tacendo, crimen facias acrius.

Vouloir taire la faute, c’est aggraver le crime.

Facilitas animi ad partem stultitiae rapit.

La facilité de caractère nous entraîne au parti le plus insensé.

Falsum maledictum, malevolum mendacium est.

La médisance mal fondée est un mensonge malveillant.

Famam curant multi, pauci conscientiam.

Il y a plus de gens qui ont soin de leur réputation que de leur conscience.

Felicitas nutrix est iracundiae.

La prospérité nourrit la colère.

Fatetur facinus is qui judicium fugit.

Celui qui fuit le jugement avoue le délit.

Felix improbitas optimorum est calamitas.

Le bonheur des méchants est une calamité pour les gens de bien.

Fer difficilia; facilia levius perferes.

Supporte les grands désagréments, tu ne sentiras pas les plus légers.

Feras, non culpes, quod mutari non potest.

Supporte sans te plaindre ce qui ne peut se changer.

Fidem qui perdit, perdere ultra nil potest.

Celui qui perd l’honneur n’a plus rien à perdre.

Fidem qui perdit, quo se servat reliquo?

Quelle ressource reste-t-il à celui qui a perdu la confiance?

Fides, ut anima, unde abiit, eo nunquam redit.

La confiance est comme l’âme; une fois partie, elle ne revient jamais.

Formosa facies, muta commendatio est.

Une belle figure porte avec soi sa recommandation.

Fortuna cum blanditur, captatum venit.

Lorsque la fortune nous caresse, elle veut nous séduire.

Fortuna jus in hominis mores non habet.

La fortune na point de droits sur nos mœurs.

Fortuna magna, magna domino est servitus.

Les grandeurs sont pour les grands un grand esclavage.

Fortuna nulli plus quam consilium valet.

Il n’est personne à qui la fortune soit plus utile que la prudence.

Fortunam citius repensa, quam retineas.

Il est plus facile de trouver la fortune que de la conserver.

Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

La fortune fait perdre l’esprit à celui qu’elle favorise trop

Fortuna obesse nulli contenta est semel.

La fortune n’est jamais contente de nous maltraiter une seule fois.

Fortune vitrea est; tum, cum splendet, frangitur.

La fortune est semblable au verre; plus elle est brillante, plus elle est fragile.

Fortuna quo se, eodem et inclinat favor.

La faveur est toujours du côté de la fortune.

Fortuna usu dat multa, mancipio nihil.

La fortune nous donne la jouissance de beaucoup de choses, mais la propriété d’aucune.

Fraus est accipere quod non possis reddere.

Recevoir ce qu’on ne peut rendre, est une tromperie.

Frequens vindicta paucorum odium reprimit

En se vengeant souvent, on ne réprime que la haine d’un petit nombre d’individus.

Frugalitas inserta est rumoris boni.

La frugalité sert comme une broderie à relever la bonne renommée.

Frustra rogatur qui misereri non potest.

On prie en vain celui qui ne sait pas compatir.

Furor fit laesa saepius patientia.

La patience souvent outragée se change en fureur.

Geminat peccatum, quem delicti non pudet.

Ne point rougir de sa faute, c’est la commettre deux fois.

Gemitus dolores indicat, non vindicat.

La plainte fait connaître l’outrage, et ne le venge pas.

Grave crimen, etiam cum lesiter dictum est, nocet.

Une accusation grave, même faite légèrement, est toujours nuisible.

Gravis animus dubiam non habet sententiam.

Un homme grave n’a jamais une opinion équivoque.

Gravior est inimicus qui latet in pectore.

Le plus dangereux ennemi est celui qui est caché dans notre cœur.

Graviora quaedam sunt remedia periculis.

Certains remèdes sont pires que le mal.

Gravissima est probi hominis iracundia.

La colère la plus forte est celle d’un honnête homme.

Gravissimum est imperium consuetudinis.

L’empire de l’habitude est le plus fort de tous.

Gravius malum omne est quod sub aspectu latet.

Le mal le plus dangereux est celui qui se cache sous des apparences flatteuses.

Gravius nocet, quodcunque inexpertum accidit.

Le mal auquel on est le plus sensible est celui qu’on n’a jamais éprouvé.

Habet suum venenum blanda oratio.

Tout discours flatteur cache un poison.

Heredis fletus sub persona risus est.

L’héritier qui pleure, rit sous cape.

Heu! quam difficilis gloriae custodia est!

Hélas! que la gloire est difficile à conserver

Heu! quam est timendus, qui mori tutum putat

Qu’il est à craindre celui qui ne craint pas la mort!

Hominem etiam frugi flectit saepe occasio.

Même l’homme vertueux fléchit quelquefois devant les circonstances.

Hominem experiri multa, paupertas jubet.

La pauvreté force l’homme à essayer bien des choses.

Homini consilium tunc deest, cum multa invenit

Plus l’homme invente de plans, plus il en manque.

Homo extra corpus est suum, cum irascitur.

Quand l’homme se fâche, il est hors de lui-même.

Homo ne sit sine dolore, fortunam invenit.

Afin que l’homme ne fût pas sans douleur, il rencontra la fortune.

Homo semper in os fert aliud, aliud cogitat.

L’homme a toujours une chose dans la bouche et une autre dans le cœur.

Homo totios moritur, quoties amittit suos.

L’homme meurt autant de fois qu’il perd un des siens.

Homo vitae commodatus, non donatus est.

L’homme est prêté à ce monde et ne lui est pas donné.

Honeste servit, qui succumbit tempori.

Celui qui succombe aux événements peut servir sans honte.

Honeste parcas improbo, ut parcas probo.

Il est permis d’épargner un méchant pour épargner en même temps un honnête homme.

Honestus rumor alterum est patrimonium.

Une bonne réputation est un second patrimoine.

Honos honestum decorat, inhonestum notat.

Les honneurs ornent la vertu et flétrissent le vice.

Humanitatis optima est certatio.

La meilleure émulation est celle qui a pour objet l’humanité.

Ibi semper est victoria, ubi concordia est.

La victoire est toujours où est la concorde.

Ibi pote valere populus, ubi leges valent.

Le peuple est considéré où les lois le sont.

Id agas, tuo te merito ne quis oderit.

Prends soin que personne ne te haïsse par ta faute.

Ignis suum calorem etiam in ferro tenet.

Le feu conserve sa chaleur, même concentré dans le fer.

Ignis probat aurum, miseriae fortem probant.

L’or s’éprouve par le feu, le courage par la misère.

Ignoscito saepe alteri, nunquam tibi.

Pardonne souvent aux autres, mais jamais à toi-même.

Illo nocens se damnat, quo peccat die.

Le coupable se condamne le jour même qu’il commet la faute.

Imperium habere vis magnum? impera tibi.

Tu cherches à acquérir un vaste empire? aie de l’empire sur toi-même.

Imprudens peccat, quem post facti poenitet.

Celui qui se repent d’une faute ne l’a commise que par imprudence.

Infelici, innocentia est felicitas.

L’innocence est la félicité du malheureux.

Inferior rescit quicquid peccat superior,

L’inférieur sait toutes les fautes que commettent les supérieurs.

Infirmi animi est, non posse divitias pati.

C’est avoir une âme faible que de ne pouvoir pas supporter les richesses.

Ingenuitas non recipit contumeliam.

Une âme honnête ne reçoit point d’affront.

Ingenuitatem laedis, cum indignum rogas

Demander quelque chose à un homme indigne, c’est blesser son propre honneur.

Ingenuus animus non fert vocis verbera.

Une âme honnête ne souffre point les mauvais traitements, même en paroles.

Ingrata sunt beneficia queis comes metus.

On n’aime pas les bienfaits qu’accompagne la crainte.

Ingratus unus omnibus miseris nocet.

Un seul ingrat nuit à tous les malheureux.

Inimicum, quamvis humilem, docti metuere est.

L’homme instruit par l’expérience craint un ennemi, quelque faible qu’il soit.

In judicando criminosa est celeritas.

La célérité dans le jugement penche vers l’injustice.

Injuriam sures quam oculi facilius ferunt

Les oreilles supportent mieux une offense que les yeux.

Injuriam ipse facias, ubi non vindices.

C’est faire soi-même une injure que de ne la pas venger.

Injuriarum remedium est oblivio.

L’oubli est le seul remède aux injures.

In nullum avarus bonus est, in se pessimus.

Un avare n’est bon à personne, encore moins à lui-même.

Inopiae desunt pauca, avaritiae omnia.

L’indigent manque de peu; l’avare manque de tout.

Inopi beneficium bis dat, cui dat celeriter.

C’est accorder deux fois un bienfait à un indigent que de l’accorder promptement.

In rebus dubiis plurima est audacia.

C’est dans une position périlleuse que l’audace a le plus d’utilité.

Insanes omnis furere credit caeteros.

Un fou croit tous les autres encore plus fous.

Instructa inopia est in divitiis cupiditas.

Le riche avide est pauvre au milieu des biens.

Invidiam ferre aut fortis, aut felix potest.

L’homme courageux et l’homme heureux peuvent tous les deux tolérer l’envie.

Invitat culpam, qui delictum praeterit.

Celui qui passe une faute sous silence invite à la renouveler.

Invitum cum retineas, exire incitas.

Retenir quelqu’un malgré lui, c’est lui donner plus d’envie de s’en aller.

Iratum breviter vites, inimicum diu.

Il faut fuir l’homme en colère pour un instant, mais les gens haineux pour toujours.

Iratus cum ad se redit, sibi tum irascitur.

L’homme colère, quand il revient à lui, se fâche contre lui-même.

Iratus etiam facinus consilium putat.

La colère ne voit dans le crime qu’un moyen de se satisfaire.

Iratus nil non criminus loquitur loco.

Chez l’homme en colère, chaque mot devient une accusation.

Is minimo eget mortalis, cui minimum cupit.

Le mortel qui désire le moins a le moins de besoins.

Ita amicum habeas, posse inimicum fieri ut putes.

Il faut te conduire avec ton ami comme s’il pouvait devenir ton ennemi.

Iter est, quacunque dat prior vestigium.

Il y a un chemin partout où un autre a laissé des traces.

Judex damnatur, cum nocens absolvitur.

Le juge est condamné quand le criminel est absous.

Jucundum nihil est, nisi quod reficit varietas.

Rien n’est véritablement agréable sans la variété.

Jus omne supra omnem positum est injuriam.

Tout ce qui est juste est à l’abri des atteintes de l’injustice.

Lapsus semel, fit culpa, si iterum cecideris.

Ce qui n’était qu’une erreur devient une faute si l’on y retombe une seconde foi.

Lascivia et laus nunquam habent concordiam.

L’amour du plaisir et l’amour de la gloire ne s’accordent jamais ensemble.

Laus nova nisi oritur, etiam vetus amittitur.

Si on n’acquiert pas de nouvelle gloire, on perd l’ancienne.

Legem nocens veretur, fortunam innocens.

Le coupable craint la loi, l’innocent la fortune.

Legem solet obliviscier iracundia.

La colère oublie ordinairement la loi.

Levis est fortuna; cito reposcit quod dedit.

La fortune est inconstante, elle redemande bientôt ce qu’elle a donné.

Lex videt iratum; iratus legem non videt.

La loi voit l’homme irrité, et l’homme irrité ne voit point la loi.

Lex universi est, quae jubet nasci et mori.

Une loi régit l’univers, c’est celle qui nous fait naître et mourir.

Libido, non judicium est, quod levitas sapit.

Quand la légèreté pense bien, c’est par caprice et non point par jugement.

Loco ignominiae est apud indignum dignitas.

Les honneurs deviennent une flétrissure, lorsqu’un homme indigne en est revêtu.

Longinquum est omne quod cupiditas flagitat.

Tout ce que les désirs convoitent est toujours très-loin.

Lucrum sine damno alterius fieri non potest.

Nous ne pouvons rien gagner sans qu’un autre perde.

Luxuriae desunt multa, avaritiae omnia.

Il manque à la prodigalité beaucoup de choses; tout manque à l’avarice.

Magnam fortunam, magnus etiam animus decet.

La grandeur d’âme convient à une grande fortune.

Magnanimo injuriae remedium oblivio est.

Pour l’homme magnanime, l’oubli est le remède de l’injure.

Mala est medicina, ubi aliquid naturae perit.

Un remède est mauvais quand il en coûte quelque chose à la nature.

Mala causa est quae requirit misericordiam.

C’est une mauvaise cause que celle qui a besoin de miséricorde.

Mala naturae nunquam doctore indigent.

Les mauvais cœurs n’ont jamais besoin de leçons.

Mala est voluptas ad alienum consuescere.

C’est une mauvaise jouissance que de s’accoutumer au bien d’autrui.

Maledictum, interpretando facias acrius.

Une médisance devient plus cruelle en l’interprétant.

Male facere qui vult nunquam non causam invenit.

Celui qui veut mal faire en trouve toujours le prétexte.

Male geritur, quicquid geritur fortunae fide.

On fait mal tout ce qu’on fait sur la foi de la fortune.

Male imperando summum imperium amittitur.

En gouvernant mal on perd le plus puissant empire.

Male secum agit aeger, medicum qui heredem facit.

Un malade agit mal envers lui-même quand il fait son médecin son héritier.

Male vincit is quem poenitet victoriae.

Malheureux le vainqueur qui regrette sa victoire t

Male vivit quisquis nesciet mori bene.

Quiconque vit mal, ne saura jamais mourir.

Male vivunt, qui se semper victuros putant.

On vit mal lorsqu’on croit devoir vivre toujours.

Malevolus animus abditos dentes habet.

L’homme méchant est comme armé de dents cachées.

Malevolus semper sua natura vescitur.

La malveillance se nourrit de son propre fiel.

Malignos fieri maxime ingrati docent.

Les ingrats apprennent aux hommes à devenir inhumains.

Malitia unius cito fit maledictum omnium.

La méchanceté d’un seul devient bientôt une malédiction pour tous.

Malitia, ut pejor venit, se simulat bonam.

La méchanceté, quand elle vient avec les desseins les plus noirs, prend le masque de la bonté.

Malo in consilio fœminae vincunt viros.

Les femmes l’emportent sur les hommes pour les mauvais conseils.

Malo etiam parcas, si una est periturus bonus.

Épargne même le méchant s’il fait faire périr avec lui un homme vertueux.

Malum alienum ne feceris tuum gaudium.

Ne fais point ta joie du malheur d’autrui.

Malum consilium consultori pessimum est.

Un mauvais conseil est le plus nuisible à celui qui le donne.

Malum est consilium, quod mutari non potest.

Tout plan que l’on ne peut changer est un mauvais plan.

Malus bonum ad se nunquam consilium refert.

Les méchants n’appliquent jamais un bon conseil à eux-mêmes.

Malus bonum ubi se simulat, tunc est pessimus.

Le méchant n’est jamais plus dangereux que quand il se déguise en homme vertueux.

Malus est vocandus, cui sua causa est bonus.

On doit appeler vicieux celui qui n’est vertueux que pour son propre intérêt.

Malus quicunque in poena est, praesidium est bonis.

Un méchant puni est une garantie donnée aux honnêtes gens.

Medicina calamitatis est aequanimitas.

L’égalité d’âme est le remède à l’infortune.

Medicina sole miseriarum, oblivio.

L’oubli seul peut guérir les misères.

Metuendum semper est ei, quod tutum velis.

Il faut toujours craindre pour ce qu’on veut voir en sûreté.

Metus improbos compescit, non clementia.

C’est la crainte qui contient les méchants, et non pas la clémence.

Minimum eripit Fortuna, cum minimum dedit.

Moins la fortune nous a donné, et moins elle nous enlève.

Minus decipitur cui negatur celeriter.

On trompe moins celui à. qui l’on refuse sur-le-champ.

Minus est quam servus dominus, qui servos timet.

Un maître qui craint ses valets est encore moins qu’un valet.

Minus saepe pecces, si scias quid nescias.

On ferait moins de fautes, si l’on savait combien de choses on ne sait pas.

Misera est voluptas, ubi pericli memoria est.

C’est un triste plaisir que celui auquel est attachée l’image du danger.

Miser dici bonus vir, esse non potest.

L’homme vertueux peut être appelé malheureux; il ne saurait l’être.

Misericors civis, patriae est consolatio.

Un citoyen humain est la consolation de son pays.

Miserum est arbitrio alterius vivere.

Quelle vie misérable que de dépendre du caprice d’autrui!

Miserum est, tacere cogi, quod cupias loqui.

Quel tourment d’être obligé de taire ce qu’on brûle de dire!

Miserum te judico quod nunquam fueris miser.

Je te juge malheureux en ce que tu ne l’as jamais été.

Mora cogitationis diligentia est.

Le retard employé à réfléchir tient lieu de diligence.

Mora omnis odio est, sed facit sapientiam.

Tout retard nous déplaît, mais il nous apprend à penser.

Mori est felicis antequam mortem invocet.

Heureux celui qui meurt avant d’avoir désiré la mort!

Mortem timere, crudelius est quam mori.

La crainte de la mort est plus cruelle que la mort elle-même.

Mortem ubi contemnas, omnes viceris metus.

Quand on méprise la mort, on a surmonté toutes les craintes.

Mulier, quae multis nubit, multis non placet.

Une femme qui épouse plusieurs maris ne plaît pas à tous.

Multa ignoscendo fit potens potentior.

En pardonnant beaucoup de choses, l’homme puissant le devient encore davantage.

Multus minatur, qui uni facit, injuriam.

Faire une injustice envers un seul, c’est menacer tous les autres.

Multorum calamitate vir moritur bonus.

La mort de l’homme vertueux est une calamité générale.

Multos timere debet, quem multi timent.

Celui que beaucoup de gens redoutent doit redouter beaucoup de gens.

Mutat se bonitas irritata injuria.

Irritée par l’injustice, la bonté change de nature.

Naturam abscondit, cum recta improbus facit

Le vicieux qui agit bien, cache son naturel.

Necesse est multos timeat, quem multi timent.

Nécessairement, celui qui se fait craindre de beaucoup de gens doit en craindre beaucoup.

Necessitas quod poscit, nisi das, eripit.

Si vous refusez à la nécessité ce qu’elle vous demande, elle vous l’arrache.

Necessitatem ferre non fiere addecet.

Il faut supporter la fatalité, et non pas s’en plaindre.

Necessitati sapiens nihil unquam negat

Le sage se conforme toujours à la nécessité.

Necessitatis est remedium parcitas.

Avec de l’économie on prévient l’indigence.

Nec viris, nec fortuna hominibus perpes est.

Ni la vie ni la fortune ne sont données à l’homme pour toujours.

Negandi causa avaro nunquam deficit.

L’avare ne manque jamais de prétexte pour refuser.

Negata est magnis sceleribus semperfides.

On a toujours de la peine à croire les grands crimes.

Negat sibi ipse, qui quod diflicile est petit.

Celui qui demande une chose qui est difficile se la refuse à lui-même.

Nemo immature moritur, qui moritur miser.

On ne meurt pas trop tôt quand on meurt malheureux.

Nemo ita pauper vivit, quam pauper natus est.

Personne ne vit aussi pauvre qu’il l’était en naissant.

Nemo timendo ad summum pervenit locum.

Jamais on ne parvient à la première place par une conduite timide.

Nequitia poena maxima ipsamet sui est.

La lâcheté est à elle-même sa plus grande peine.

Nihil agere semper infelici est optimum.

Ne rien faire est toujours ce qu’un homme malheureux peut faire de mieux.

Nil aliud scit necessitas quam vincere.

La nécessité ne connait pas autre chose que de vaincre.

Nil eripit Fortuna, nisi quod et dedit.

La fortune ne nous enlève rien que ce qu’elle nous a donné.

Nil est miserius, quam ubi pudet, quod feceris.

Rien n’est plus triste que d’être obligé de rougir de ce qu’on a fait.

Nil magis amat cupiditas, quam quod non licet.

La passion n’aime rien autant que ce qui est défendu.

Nil non acerbum prius quam maturum fuit.

Il n’y a point de fruits qui n’aient été âpres avant d’être mûrs.

Nil non aut lenit, aut domat diuturnitas.

Il n’y a rien que le temps n’adoucisse ou ne surmonte.

Nil peccent oculi, si oculis animus imperet.

Les yeux ne seront point coupables si la raison leur commande.

Nil proprium ducas, quod mutari potest.

Ne regarde jamais comme ta propriété ce qui est sujet à des changements.

Nil turpius, quam vivere incipiens senex.

Quel spectacle plus honteux qu’un vieillard qui commence à vivre.

Nimium altercando veritas amittitur.

La vérité se perd par trop de disputes.

Nisi qui scit facere incidias, nescit metuere.

Celui qui ne sait pas tendre des embûches ne les craint pas.

Nisi per te sapias, frustra sapientem audias.

Si tu n’es pas sage par toi-même, tu entendras en vain les leçons d’un sage.

Nisi vindices delicta, improbitatem adjuves.

Ne pas venger les délits, c’est prêter la main au crime.

Nocens precatur, innocens irascitur.

Le coupable prie, l’innocent s’emporte.

Nocentem qui defendit, sibi crimen parit.

Qui défend un coupable, s’expose lui-même à une accusation.

Nocere casus non solet constantiae.

Le malheur porte rarement préjudice à la constance.

Nocere posse et nolle, laus amplissima est.

Pouvoir nuire, et ne pas le vouloir, voilà le plus bel éloge d’un homme.

Non cito ruina perit is qui rimam timet.

Celui qui craint la moindre crevasse n’est pas facilement écrasé parla chute de sa maison.

Non corrigit, sed laedit, qui invitum regit.

Ce n’est pas corriger, mais blesser, que de vouloir gouverner quelqu’un malgré lui.

Non est bonitas, esse meliorem pessimo.

On n’est pas bon pour être meilleur que le pire.

Non est pusillum, si quid maximo est minus.

Une chose n’est pas petite pour être moindre que ce qu’il y a de plus grand.

Non est cicatrix, quam virtus parit.

On n’a point à rougir d’une cicatrice qu’on doit à son courage.

Non est tuum, Fortuna quod fecit tuam.

Ce que nous tenons de la fortune n’est pas à nous.

Non facile de innocente crimen fingitur.

On n’invente pas facilement des crimes sur le compte d’un homme innocent.

Non facile solus serves, quod multis placet.

Il est difficile de garder seul ce qui plaît à beaucoup de gens.

Non novit virtus calamitati cedere.

Le courage n’a jamais su céder à la mauvaise fortune.

Non pote non sapere, qui se stultum intelligit.

Celui qui sent qu’il n’est pas sage ne saurait manquer de le devenir.

Non quam multis placeas, sed qualibus, stude.

Ne considère pas le nombre de ceux à qui tu plais, considère leur mérite.

Non semper aurem facilem habet felicitas.

L’homme heureux n’a pas toujours l’oreille accessible aux prières.

Non vincitur, sed vincit, qui cedit suis.

Ce n’est pas succomber, mais vaincre, que de céder aux siens.

Nulli impones, quod ipse ferre non queas.

N’exigez de personne ce que vous ne pouvez souffrir vous-même.

Nullo in loco male audit misericordia.

Il n’y a point de pays où la pitié soit mal famée.

Nullum sine teste putaveris suo locum.

Ne te crois nulle part sans témoin.

Nullus sapientum proditori credidit.

Jamais un sage n’a confiance dans un traître.

Nunquam periculum sine periclo vincitur.

On ne surmonte jamais un danger sans danger.

Nunquam satis est, quod improbae spei datur.

On n’accorde jamais assez à une espérance imprudente.

Nunquam secura est prava conscientia.

Une mauvaise conscience n’a jamais de sécurité.

Nunquam ubi diu fuit ignis, deficit vapor.

Où le feu a brûlé longtemps, il ne manque jamais de fumée.

Occasio aegre offertur, facile amittitur.

L’occasion se présente difficilement, et se perd facilement.

Occasio receptus difficiles habet.

L’occasion a rarement d’heureux retours.

Occidi pulchrum, ubi cum ignominia servias,

Il est beau de périr plutôt que de servir ignominieusement.

Officium benevoli animi finem non habet.

Un cœur bienveillant ne met point de bornes à ses services.

Omnes aequo animo parent, digni ubi imperant.

Tout le monde obéit avec plaisir à des hommes dignes de commander.

Omne vitium semper habet patrocinium suum.

Il n’y a point de vice qui ne cherche à se couvrir par quelques excuses.

Omnis dies velut ultimus ordinandus est.

Il faut se préparer pour chaque jour comme s’il était le dernier.

Omnis voluptas, quemcunque arrisit, nocet.

La volupté nuit toujours à celui qu’elle caresse.

O pessimum periculum quod opertum latet!

Les dangers cachés sont les plus à craindre.

O tacitum tormentum animi conscientia!

La conscience nous donne souvent une torture secrète.

O vite misero longa, felici brevis!

La vie est trop longue pour le malheureux, trop courte pour l’heureux.

Paratae lacrymae insidias, non fletum indicant.

Des larmes trop apprêtées indiquent plutôt l’astuce que la douleur.

Parens iratus in se est crudelissimus.

Un père irrité est très cruel envers lui-même.

Parere scire, par imperio gloria est.

Savoir obéir est aussi glorieux que de commander.

Pars beneficii est, quod petitur, si belle neges.

C’est accorder en partie un bienfait que le refuser avec grâce.

Parvo fames constat, magno fastidium.

On satisfait la faim à peu de frais, on achète chèrement le dégoût.

Patiens et fortis seipsum felicem facit.

La patience unie au courage se rend elle-même heureuse.

Patiens in adversis nunquam est felicitas.

L’homme heureux n’a jamais de patience dans l’infortune.

Patientia animi divitias occultas habet.

La patience est pour l’âme comme un trésor caché,

Patria tua est, ubicunque vixeris bene.

Notre patrie est partout où nous vivons heureux.

Paucorum improbitas, universis calamitas.

La méchanceté d’un petit nombre est une calamité pour tous.

Peccatum amici, velut tuum, recte putes.

Tu peux avec raison regarder les fautes de ton ami comme les tiennes.

Peccatum extenuat, qui celeriter corrigit.

C’est atténuer la faute que de la réparer promptement.

Pecuniae oportet imperes, non servias.

Sois le maître et non pas l’esclave de tes richesses.

Pejora querulo cogitat mutus dolor.

La douleur muette médite des choses pires que la douleur plaintive.

Perdendi finem nemo, nisi egestas facit.

Ou ne cesse de perdre que lorsqu’on n’a plus rien.

Perenne conjugium, animus, non corpus, facit.

C’est l’âme et non pas le corps qui rend le mariage indissoluble.

Pereundi scire tempus, assidue est mori.

Connaître le moment de sa mort, c’est mourir à chaque instant.

Perfugere ad inferiorem, seipsum est tradere.

Chercher un asile auprès d’un inférieur, c’est se livrer soi-même.

Pericula timidus, etiam quae non sunt, videt.

L’homme timide voit des périls qui n’existent pas.

Perpetuo vincit, qui utitur clementia.

C’est rendre la victoire éternelle que d’en user avec clémence.

Per quae sis tutus, illa semper cogites.

Il faut toujours penser aux choses dont notre tranquillité dépend.

Plenique metu boni, non innocentia.

La plupart des gens sont honnêtes, plutôt par crainte que par vertu.

Plures tegit fortuna, quam tutos facit.

La fortune protège beaucoup de gens, elle n’en garantit que peu.

Plus est quam poena, injuriae succumbere.

C’est être plus que puni, que de succomber à l’injustice.

Poena ad malum serpens, ut proterat, venit.

La punition s’approche lentement du méchant, mais elle s’en approche pour l’écraser.

Pœnm moratur improbus, non praeterit.

Le méchant peut retarder la peine, il ne lui échappe jamais.

Populi est mancipium, quisquis patriae est utilis.

Tout homme qui veut se rendre utile à la patrie est l’esclave du public.

Post calamitatem memoris, alia est calamitas.

Se ressouvenir d’un malheur, c’est l’éprouver une seconde fois.

Potens misericors, publica est felicitas.

Un homme puissant qui a le cœur sensible est une félicité publique.

Potenti irasci, sibi periculum est quaerere.

Se fâcher contre un puissant, c’est chercher le péril.

Praesens est semper, qui absens etiam ulciscitur.

Il est toujours présent, celui qui, même absent, peut se venger.

Prius negare, post fecisse, fallere est.

C’est tromper, que de faire dans la suite ce qu’on a refusé d’abord.

Probo bona fama, maxima est hereditas.

Pour l’âme honnête, la bonne réputation est le meilleur héritage.

Probo beneficium qui dat, ex parte accipit.

Accorder un bienfait à un honnête homme, c’est en quelque sorte le recevoir.

Probus libertus sine natura est filius.

Un honnête affranchi est un fils sans le ministère de la nature.

Prodest, quicunque obesse non vult, cum potea

C’est nous servir que de ne pas nous nuire quand on le peut.

Pro medicina dolor est, dolorem qui necat.

Un chagrin qui en efface un autre tient lieu de consolation.

Prope est, libens ut damnet, qui damnat cito.

Peu s’en faut que l’on ne condamne à plaisir lorsqu’on condamne promptement.

Prope est non aeque ut damnet, qui damnat nimis.

On est près de condamner injustement, lorsqu’on condamne à une trop forte peine.

Properare in judicando, est crimen quaerere.

Précipiter son jugement, c’est vouloir trouver des crimes.

Prospicere in pace opertet, quid bellum juvet.

Il faut prévoir en temps de paix ce qui est utile en temps de guerre.

Pudor dimissus nunquam redit in gratiam.

On ne se réconcilie jamais avec l’honneur après l’avoir une fois négligé.

Pudor doceri non potest, nasci potest.

La pudeur est un don de la nature et non de l’éducation.

Pudorem alienum qui eripit, perdit suum,

Quand on ravit l’honneur d’autrui, on perd le sien.

Pudor quemcumque non flectit, frangat timor.

Celui que l’honnêteté ne retient pas, que la crainte l’enchaîne!

Pulchrum est, praestare cuncta, nihil exigere.

Il est beau de donner tout, et de ne rien exiger.

Puras Deus, non plenas aspicit manus.

Dieu regarde plutôt une offrande pure qu’une offrande riche.

Quam felix vita, quae sine negotiis transiit!

Heureuse la vie qui se passe sans affaires!

Quam magnum est, non laudari, et esse laudabilem!

Qu’il est grand de ne point rechercher les éloges et de les mériter!

Quam malus est, culpam cui suam alterius facit!

On est bien méchant quand on rejette sa faute sur autrui.

Quam miser est, cui ingrata misericordia est!

Qu’il est misérable celui qui repousse la miséricorde?

Quam miser est, qui excusare sibi se non potest!

Qu’il est malheureux celui qui ne peut s’excuser même à ses propres yeux!

Quam miserum auxiliam est, ubi nocet, quod sustinet!

O le triste appui, qui, en nous soutenant, nous blesse!

Quam miserum est, bene quod feceris, factum queri!

C’est être bien malheureux que se voir obligé de regretter ce qu’on a fait de bien!

Quam poenitenda incurrunt viventi diu!

Que de choses désagréables rencontre celui qui vit longtemps!

Quam saepe veniam, qui negaverat, petit!

Combien de fois celui qui a refusé le pardon est obligé de le demander!

Quam timidus is est paupertatem qui timet!

Qu’il est peureux celui qui a peur de la pauvreté!

Quamvis acerbus, qui monet, nulli nocet.

Une leçon ne nuit jamais, quelque amère qu’elle soit.

Quemcunque quaerit calamitas, facile invenit.

La mauvaise fortune trouve facilement quiconque elle cherche.

Quem deligas, etiam queri de ipso malum est.

Quand vous aimez quelqu’un, vous ne devez jamais vous en plaindre.

Quem fama semel oppressit, via restituitur.

Quand l’opinion a écrasé quelqu’un, il est difficile que sa réputation se rétablisse.

Qui naequo malis animo miscetur est malus.

Qui se trouve avec indifférence parmi des hommes vicieux, l’est lui-même.

Quicquid bono concedis, das partem tibi.

Tout ce que tu cèdes à un homme vertueux, tu le donnes en partie à toi-même.

Quicquid conaris, quo pervenias, cogites.

Quelque chose que tu entreprennes, regarde où tu vas.

Quicquid fit cum virtute, fit cum gloria.

Tout ce que l’on fait selon la vertu, se fait avec gloire.

Quicquid Fortuna exornat, cito contemnitur.

Ceux que la fortune embellit, retombent promptement dans le mépris.

Quicquid futurum est summum, ab imo nascitur.

Ce qui doit s’élever le plus haut commence toujours du plus bas lieu.

Quicquid nocere didicit, meminit, cum potest.

L’être qui a appris à nuire s’en souvient toujours quand il le peut.

Quidam inimici graves, amici sunt leves.

Il y a des gens qui, très à craindre comme ennemis, sont de peu de valeur comme amis.

Qui debet, limen creditoris non amat.

Celui qui a des dettes n’aime pas à voir la porte de son créancier.

Quid est beneficium dare? imitari Deum.

Qu’est-ce que répandre des bienfaits? c’est imiter la divinité.

Qui docte servit, partem dominatus tenet.

Un esclave habile a sa part dans l’empire.

Quid quisque possit, nisi tentando nesciet.

Ce n’est qu’en les essayant qu’on apprend la mesure de ses forces.

Quid ipse sis non quid habearis, interest.

Ce qui nous importe le plus, c’est ce que nous sommes, et non ce qu’on nous croît.

Quo tibi pecunia opus est, si es uti non potes?

A quoi te sert l’argent si tu ne sais pas l’employer?

Quieta vita iis qui tollunt meum tuum.

Une vie tranquille n’appartient qu’à ceux qui abolissent les mots mien et tien.

Qui invitus servit, fit miser, servit tamen.

L’esclave de mauvaise volonté se rend malheureux, et n’en reste pas moins esclave.

Qui jusjurandum servat, quovis pervenit.

Qui garde ses serments parvient à tous ses buts.

Qui metuit calamitatem, rarius accipit.

Qui craint les désastres s’en voit rarement surpris.

Qui timet insidias omnes, nulles incidit.

Qui redoute toute espèce de pièges est certain de ne pas y tomber.

Qui pote nocere, timetur cum etiam non nocet.

Celui qui peut nuire est redouté, même en ne nuisant pas.

Qui pro innocente dicit, satis est eloquens.

On est toujours assez éloquent quand on parle pour l’innocent.

Qui se ipsum laudat, cito derisorem invenit.

Qui se loue lui-même s’attire bientôt des railleurs.

Qui pauper est? qui dives videtur sibi.

Qu’il est pauvre celui qui se croit riche!

Qui sibi modo vivit, merito aliis est mortuus.

Celui qui ne vit que pour lui-même est, avec raison, considéré comme mort par les autres.

Qui miserum sciret, verba nisi haberet doler?

Qui connaîtrait le malheureux, si la douleur n’avait point un langage?

Quis plurimum habet? is qui omnium minimum cupit

Qui possède le plus? celui qui désire le moins.

Qui timet amicum, amicus ut timea docet.

Celui qui se méfie de son ami apprend à son ami à se méfier de lui.

Qui venit, ut noceat, semper meditatus venit.

Qui vient pour nuire vient toujours avec préméditation.

Qui culpae ignoscit uni, suadet pluribus.

Qui pardonne une faute engage à en commettre d’autres.

Qodcunque animus sibi imperavit, obtient.

L’âme de l’homme obtient tout ce qu’elle se commande à elle-même.

Quod est timendum; decipit, si negligas.

Ce que nous devons craindre nous trompe dès que nous le négligeons.

Quod facere turpe est, dicere honestum ne puta.

On ne saurait dire honnêtement ce qu’il est malhonnête de faire.

Quod fugere credas, saepe solet occurrere.

Ce que tu crois fuir vient souvent à ta rencontre.

Quod nescias, damnare, summa est temeritas.

C’est une grande témérité que de condamner ce qu’on ne connaît pas!

Quod semper est paratum, non semper juvat.

Ce qui est toujours prêt ne nous fait pas toujours plaisir.

Quod senior loquitur, omnes consilium puisse.

Partout on considère les paroles d’un vieillard comme un conseil.

Quod timeas, citius, quam quod speres, evenit.

Ce que nous craignons arrive plus tôt que ce que nous espérons.

Quod vitiosum est, quo animo facias nihil interest.

Il importe peu dans quelle intention tu commets une action vicieuse.

Quod vult habet, qui velle, quod satis est, potest.

Celui qui sait ne désirer que ce qu’il faut possède tout ce qu’il désire.

Quotidie damnatur, qui semper timet.

C’est être condamné tous les jours que de craindre de l’être.

Quotidie est deterior posterior dies.

Le jour du lendemain vaut toujours moins que le jour présent.

Rapere est accipere, quod non possis reddere.

C’est voler, que de recevoir ce qu’on ne peut rendre.

Rarum esse oportet, quod diu carum velis.

Ce qui doit longtemps nous rester cher doit être rare.

Ratione, non vi, vincenda adolescentia est.

L’adolescence doit être gouvernée par la raison, et non pas par la force.

Refert, quam quis bene vivat; quam diu, non refert.

Il nous importe plutôt de vivre bien que de vivre longtemps.

Remedium frustra est contra fulmen quaerere.

C’est en vain qu’on cherche un remède contre la foudre.

Repelli se homo, facilius fert, quam decipi.

L’homme supporte mieux la résistance que la perfidie.

Repente dives, nemo factus est bonus.

Aucun homme de bien ne devient riche tout à coup.

Res inquieta est in seipsum felicitas.

L’inquiétude est inséparable de la fortune.

Res quanto est major, tanto est insidiosior.

Plus les choses sont grandes, plus elles sont pleines d’intrigues.

Respicere nil consuevit iracundia.

La colère ne considère ordinairement rien.

Reverti eo, unde venerit, nulli grave est.

Retourner au point d’où l’on est venu ne doit paraître dur à personne.

Reus innocens Fortunam, non testem timet.

L’innocent accusé ne craint pas les témoins, il craint la fortune.

Rivalitatem non amat victoria.

La victoire ne veut point de rivalité.

Rogare ingenuo, servitus quodammodo est.

Demander, c’est pour l’homme bien né une sorte de servitude.

Roganti melius quam imperanti parcas.

On obéit plutôt à celui qui demande qu’à celui qui ordonne.

Ruborem amico excutare, amicum est perdere

Forcer un ami à rougir, c’est le perdre.

Saepe oculi et aures vulgi, sunt testes mali.

Les yeux et les oreilles du peuple sont souvent de mauvais témoins.

Sanctissimum est, meminisse cui te debeas.

C’est le plus saint devoir de se ressouvenir de celui à qui nous nous devons nous-mêmes.

Sapiens quod petitur, ubi tacet, breviter negat.

Le silence du sage est un prompt refus de ce qu’on lui demande.

Secrete amicos admone, lauda palam.

Avertissez vos amis en secret, et louez-les en public.

Secunda in paupertate fortuna est fides.

Le crédit est une seconde fortune pour le pauvre.

Secundus est a matre, nutricia dolor.

La douleur d’une nourrice vient immédiatement après celle d’une mère.

Se damnat judex, innocentem qui opprimit.

Le juge se condamne lui-même quand il opprime un innocent.

Seditio civium, hostium est occasio.

La désunion des citoyens fournit des occasions à l’ennemi.

Semper beatam se putat benignitas.

La bienveillance se croit toujours heureuse.

Semper consilium tunc deest, cum opus maximo est.

Les conseils manquent toujours quand on en a le plus besoin.

Semper metuendo sapiens evitat malum.

C’est en craignant toujours que le sage évite les malheurs

Semper plus metuit animus ignotum malum.

Notre âme redoute toujours davantage les maux qu’elle n’a point éprouvés.

Sensus, non aetas, invenit sapientiam.

C’est la réflexion, et non pas l’âge, qui nous conduit à la sa gesse.

Se posse plus iratus quam possit putat.

La colère croit toujours pouvoir beaucoup plus qu’elle ne peut.

Sero est in periculis consilium quaerere.

C’est bien tard de chercher les conseils quand le danger vous presse.

Sibi primum auxilium eripere, est leges tollere.

Anéantir les lois, c’est se priver soi-même du secours le plus précieux.

Si nil velis timere, metuas omnia.

Si tu ne veux rien craindre, tu dois tout redouter.

Socius fit culpae, qui nocentem sublevat.

Celui qui soutient un coupable se rend complice de sa faute.

Solatium grande est cum universo una rapi.

C’est une grande consolation que d’être entraîné dans la ruine de tous.

Solet esse in dubiis, pro consilio, temeritas.

Dans les positions difficiles, la témérité tient souvent lien de prudence.

Solet hora, quod multi anni abstulerint reddere.

Une heure rend souvent ce que beaucoup d’années ont ravi.

Solet sequi laus, cum viam fecit labor.

La gloire arrive lorsque le travail a frayé le chemin.

Spes inopem, ras avarum, mors miserum lent.

L’espérance console le pauvre, l’argent l’avare, la mort le malheureux.

Spina etiam grata est, ex qua spectatur rosa.

On aime même l’épine lorsqu’elle porte des roses.

Stultitia est insectari quem omnes diligunt.

C’est une folie de critiquer celui qui est aimé de tous.

Stultitiae partem interdum habet felicitas.

Il y a quelquefois un peu de bêtise dans le bonheur.

Stultum est, alium velle ulcisci poena sua.

C’est une folie que de vouloir se venger d’un autre en se faisant du mal à soi-même.

Stultum est, queri de adversis, ubi culpa est tua

Un fou se plaint des adversités dont il est lui-même la cause

Stultum est, timere quod vitari non potest.

Il n’est pas raisonnable de craindre ce qu’on ne peut éviter.

Stultum est vicinum velle ulcisci incendio.

C’est une folie que de vouloir se venger de son voisin par un incendie.

Stultum facit Fortuna, quem vult perdere.

La fortune ôte l’esprit à ceux qu’elle veut perdre.

Stultum imperare reliquis, qui nescit sibi.

C’est folie de commander aux antres quand on ne sait pas se commander à soi-même.

Suadere benevoli est primum, dein corrigere.

L’homme bienveillant cherche à persuader avant que d’employer les remontrances.

Suis qui nescit parcere, inimicis favet.

Celui qui ne sait pas épargner les siens rend service à ses ennemis.

Suspecta semper ornamenta ementibus.

Un objet orné paraît suspect aux acheteurs.

Suspicio sibi ipsos rivales parit.

Le soupçon se crée lui-même des rivaux.

Suum sequitur lumen semper innocentia.

L’innocence est toujours environnée de son propre éclat.

Tacere nescit idem, qui nescit loqui.

Celui qui ne sait pas parler ne sait pas se taire.

Taciturnitas stulto homini pro sapientia est.

La taciturnité d’un sot passe quelquefois pour sagesse.

Tam deest avaro quod habet, quam quod non habet.

L’avare est privé des biens qu’il possède autant que de ceux qu’il n’a pas.

 Tam diu discendum est homini, quam diu nesciat.

Il faut que l’homme apprenne aussi longtemps qu’il lui reste quelque chose à savoir.

Timidus vocat se cautum, parcum sordidus.

Le lâche se dit prudent, et l’avare économe.

Tutissima res, timere nihil praeter Deum.

C’est le plus sûr parti de ne craindre que Dieu seul.

Ubi coepit pauper divitem imitari, perit.

Quand le pauvre commence à imiter le riche, sa perte est certaine.

Ubi innocens formidat, damnat judicem.

Quand l’innocence tremble, elle condamne le juge.

Ubi maxime gaudebis, metues maxime.

Les plus vifs plaisirs sont accompagnés des craintes les plus vives.

Ubi peccat aetas major, male discit minor.

Quand les plus âgés commettent des fautes, la jeunesse apprend à mal faire.

Ubi timetur, nil quod timeatur nascitur.

Où la crainte veille il n’arrive rien qui soit à craindre.

Velox consilium sequitur poenitentia.

Une résolution trop prompte est suivie d’un repentir.

Verbum omne, refert, in quam partem intelligas.

Il importe à l’égard de toutes les paroles dans quel sens nous les prenons.

Verum cur non audimus? quia non dicimus.

Pourquoi. n’entendons-nous pas la vérité? parce que nous ne la disons pas.

Veterem ferendo injurlam, invites novam.

En supportant une ancienne offense, vous vous en attirez une nouvelle.

Vir boni est, nescire facere injuriam.

C’est d’un homme honnête que de ne pas même savoir faire une injure.

Virtuti amorem nemo honeste denegat.

Personne ne peut décemment refuser son amour à la vertu.

Virtuti melius quam Fortuna creditur.

Il vaut mieux se fier au courage qu’à la fortune.

Virtutis vultus partem habet victoriae.

La contenance d’un héros garantit â moitié la victoire.

Vis omnibus esse notus? noris neminem.

Si tu veux être connu de tous, ne connais personne.

Vitium fuit, nunc mos est assentatio.

La flatterie était autrefois un vice, à présent c’est une mode.

Ulcera animi sananda magis quam corporis.

Il est plus important de guérir les plaies de l’esprit que celles du corps.

Unus dies poenam affert, multi cogitant.

Un seul jour amène la punition que beaucoup de jours ont préparée.

Voluptas e difficili data dulcissima est.

Le plaisir le plus doux est celui qu’on obtient avec difficulté.

Utrumque casum adspicere debet qui imperat.

Celui qui gouverne doit prévoir la bonne et la mauvaise issue.

TROCHAICI (vel quasi).

 

Contumeliam nec ingenuus fert, nec fortis facit.

Un homme honnête ne supporte point d’affront; un homme brave n’en fait point.

Difficile est dolori convenire cum sapientia.

Il est difficile que la douleur s’entende bien avec la sagesse.

Dixeris maledicta cuncta, cum hominem ingratum dixeris.

C’est dire d’un homme tout le mal possible, que de dire: c’est un ingrat.

Duplex fit bonitas, si simul accesserit celeritas.

C’est doubler le prix d’un service que d’y joindre la célérité.

Est honesta turpitudo, pro bona causa mon.

L’ignominie est glorieuse, quand on meurt pour la bonne cause.

Expetit poenas iratus ab suo; a seipso exigit.

L’homme irrité, en voulant se venger sur autrui, se venge sur lui-même.

Exul is, cui nusquam domus est, sine sepulcro est mortuus.

Le proscrit qui n’a pas de foyer est un mort sans tombeau.

Foeminarum curam gerere, desperare est otium.

Se charger des affaires de femmes, c’est abjurer le repos.

Felix est, non qui videtur esse aliis, sed sibi.

L’homme heureux n’est pas celui qui l’est aux yeux des autres, mais aux siens.

Fortior est, qui cupiditates suas, quam qui hostes subjicit.

Il faut plus de courage pour vaincre ses passions que pour vaincre l’ennemi.

Frustra, cum est ventum ad senectam, repetas adolescentiam.

Quand on est arrivé à la vieillesse, on redemande en vain ses jeunes années.

Fulmen est, ubi cum potestate habitat iracundia.

La colère unie au pouvoir c’est la foudre.

Habet in adversis auxilia, qui in secundis commodat.

Celui qui dans le bonheur prête des secours, en trouve à son tour dans le malheur.

Heu dolor quam miser est, qui in tormentis vocem non habet!

Que la douleur est à plaindre qui reste muette dans les tourments!

Heu quam multa poenitentia incurrunt viventes diu!

Ah! qu’une vie longue est féconde en repentirs!

Homo, qui in homine calamitoso est misericors, meminit sui.

L’homme qui a de la compassion pour un malheureux fait un retour sur lui-même.

Improbe Neptunum accusat, qui iterum naufragium facit.

Qui fait naufrage une seconde fois a mauvaise grâce d’accuser Neptune.

In malis sperare bonum, nisi innocens, nemo solet.

Dans le mal espérer le bien, c’est le fait de l’innocent.

Iracundiam qui vincit, superat hostem maximum.

Vaincre sa colère, c’est dompter son plus grand ennemi.

Irritare est calamitatem, cum te felicem vocas.

C’est provoquer la mauvaise fortune que de se dire heureux.

Ita habeas amicum, posse ut fieri inimicum putes.

Conduisez-vous avec votre ami comme s’il pouvait devenir votre ennemi.

Mage cavenda est amicorum invidia, quam insidiae hostium.

Il fait plus craindre la jalousie de ses amis que les embûches de ses adversaires.

Maximo periculo custoditur, quod multis placet.

On ne garde qu’avec danger ce qui plaît à beaucoup de gens.

Mors infanti felix, juveni acerba, sera nimis seni.

La mort est heureuse pour l’enfant, amère pour les jeunes gens, et trop tardive pour les vieillards.

Nae virtutibus multis abundat, qui alienas amat.

Certes il possède bien des vertus celui qui aime celles d’autrui.

Nescias quid optes, aut quid fugias: ita ludit dies.

Que désirer? que craindre? chaque journée offre tant de chances!

Neminem nec accusaveris, nec laudaveris cito.

Il ne faut être prompt ni à blâmer, ni à louer personne.

Nil prodest, bene didicisse, facere si cesses bene.

Il ne sert à rien d’avoir appris le bien, si on néglige de le faire.

Non aliter vivas in solitudine, aliter in foro.

Ne sois pas en particulier un autre homme qu’en public.

Nulla, quae multos amicos recipit, angusta est domus.

Une demeure n’est jamais étroite quand on y reçoit beaucoup d’amis.

Nulla tam bona est fortuna, de qua nil possis queri.

Il n’y a jamais de fortune, si bonne qu’elle soit, dont on ne puisse se plaindre.

Nusquam melius monimur homines, quam ubi libenter viximus.

Les hommes ne meurent jamais plus satisfaits qu’aux lieux où ils ont vécu avec plaisir.

Objurgari in calamitate, gravius est quam calamitas.

Les reproches dans le malheur sont plus insupportables que le malheur même.

Odio oportet ut peccandi, non metu, facias bonum.

Tu dois faire le bien par haine du vice, et non par crainte.

Omnes vitam differentes mors incerta praevenit.

Ceux qui diffèrent de bien vivre sont prévenus par la mort.

Optimum est, sequi majores, recte si praecesserint

Le mieux, c’est de suivre nos ancêtres s’ils nous ont tracé la bonne route.

Pecunia, est ancilla, si scis uti; si nescis, domina est.

L’argent est ton esclave, si tu sais l’employer; si tu ne le sais pas, il est ton maître.

Plerique ubi aliis maledicunt, faciunt convicium sibi.

En disant du mal des autres, la plupart des gens se disent des injures à eux-mêmes.

Proximum tenet locum confessio innocentiae.

Qui avoue sa faute se place bien près de l’innocent.

Quanto serius peccatur, tanto incipitur turpius.

Plus tard on se livre au vice, et plus il est honteux de le faire.

Regibus pejus est multo, quam ipsis servientibus.

Le sort des rois est plus malheureux que celui de leurs courtisans.

Res bona est, non extirpare sceleratos, sed scelera.

Il vaut mieux extirper les crimes que les criminels.

Saepe dissimulare, quam ulcisci, satius est.

Il est souvent plus utile de dissimuler une injure que de la venger.

Sermo animi est imago qualis vir, talis est oratio.

Le discours est l’image de l’âme : tel homme, tels discours.

Si multis tua vita piscuerit, tibi placere non potest.

Si ta manière de vivre plaît à beaucoup de monde, elle ne doit pas te plaire à toi-même.

Sine dolore est vulnus quod ferendum cum victoria.

La blessure par laquelle on achète la victoire ne cause point de douleur.

Si pares invitus, servus es; minister, si volens.

Si tu obéis malgré toi, tu es un esclave; si tu obéis de bonne volonté, tu es un serviteur.

Solitudinem quaerat, qui vult cum innocentibus vivere.

Cherchez la solitude si vous voulez vivre avec des hommes innocents.

Tam crudelitas est omnibus, atque nulli ignoscere.

Il est aussi cruel de pardonner à tous que de ne pardonner à personne.

Thesaurum in sepulchro ponit, qui senem heredem facit.

C’est déposer un trésor dans un tombeau que de faire un vieillard son héritier.

Tuta saepe nunquam secura, mala conscientia est.

Une mauvaise conscience est à l’abri du danger, mais jamais elle n’est à l’abri de la crainte.

Vita hominis brevis: ideo honesta mors est immortalitas.

La vie de l’homme est courte, mais une mort glorieuse est l’immortalité.

 


 

 

AUTRES SENTENCES.

 

La traduction de M. Levasseur, publiée en 1825 par M. Panckoucke, et si bien recommandée par M. Boissonnade, fut suivie, dix ans après, d’une traduction nouvelle et plus complète par M. J. Chenu. « Le seul reproche qu’on pourrait faire à notre savant devancier, dit ce dernier traducteur, c’est d’avoir omis un grand nombre de fragments de l’auteur dont il s’est montré le digne interprète Pour nous, nous avons pensé que donner un travail complet, c’était entrer dans les vues de la plupart des lecteurs. »

Nous tenons également à donner les Œuvres complètes de Publius Syrus, et nous faisons suivre les fragments traduits par M. Levasseur de ceux qu’il a omis, et que nous empruntons à l’édition donnée par M. Chenu.

F. Lemaistre.

 

ALIAE SENTENTIAE

AUTRES SENTENCES

Ad duo festinans neutrum bene peregeris.

Qui prétend faire deux choses à la fois ne fait bien ni l’une ni l’autre.

Ad tristem partem strenua est auspicio.

On est prompt à soupçonner le mal.

Adulter est uxoris amator acrior.

C’est être adultère que d’être amant trop passionné de sa femme.

Aegre reprehendas quod sinas consuescere.

On corrige difficilement les défauts qu’on laisse passer en habitude.

Aes debitorem leve, grave inimicum facit.

Une petite somme prêtée fait un obligé, une forte fait un ennemi.

Alius in aliis rebus est praestantior.

Chaque homme a son talent spécial.

Amans iratus multa mentitur sibi.

Un amant irrité se ment beaucoup à lui-même.

Amans, ita ut fax, agitando ardescit magis.

Un amant, comme un flambeau, brûle davantage par l’agitation.

Amans quid cupiai, scit; quid sapiat, non videt.

Un amant sait ce qu’il désire, et ne voit pas ce qui est sage.

Amans quod suspicatur, vigilans somniat.

Les soupçons d’un amant sont les songes d’un homme éveillé.

Amantis jusjurandum poenam non habet.

Il n’y a point de châtiment pour les serments d’amour.

Amantium ira amoris integratio est.

Un dépit entre amants resserre les liens de l’amour.

Amare et sapere vix Deo conceditur.

Aimer et être sage! un dieu en serait à peine capable.

Amare juveni fructus est, crimen veni.

Aimer n’est qu’un plaisir pour le jeune homme; c’est une honte pour le vieillard.

Amici vitia noveris, non oderis.

Connaissez les défauts de votre ami, mais ne les haïssez pas.

Amicitia semper prodest, amor et nocet.

L’amitié est toujours utile, l’amour est quelquefois nuisible.

Amissum quod nescitur, non omittitur.

La perte qu’on ignore n’est pas une perte.

Amor extorqueri non pote, elabi pote.

L’amour ne peut être étouffé tout d’un coup, mais il peut lentement s’éteindre.

Amor misceri cum timore non potest.

L’amour ne peut s’allier à la crainte.

Amor otiosae causa sollicitudinis.

L’amour est un sujet d’inquiétude oisive.

Amori finem tempus, non animus facit.

Le temps, et non la volonté, met fin à l’amour.

Amoris vulnus sanat idem qui facit.

En amour, qui fait la blessure la guérit.

An dives, omnes quaerimus; nemo, an bonus.

On demande toujours : Est-il riche? Jamais. Est-il vertueux?

Animi arbitrio amor sumitur, non ponitur.

On commence à aimer étant maître de soi, mais on ne cesse pas de même.

Animo imperabit sapiens, stultus serviet.

Le sage sera maître de ses passions, le fou en sera l’esclave.

Animo imperante, fit bonum pecunia.

Quand la raison commande, l’argent est vraiment un bien.

Animo virum pudicae, non oculo, eligunt.

Dans le choix d’un mari, une femme chaste consulte la raison plutôt que les yeux.

Aperte mala quum est mulier, tum demum est bona.

Une femme est bonne du moment où elle est franchement méchante.

Arbore dejecta, ligna quivis colligit.

Une fois l’arbre abattu, tout le monde peut ramasser du bois.

Ars non ea est, quae casu ad effectum venit.

Il n’y a point d’art quand le résultat obtenu est un effet du hasard.

Assidua pondus non habet severitas

Une sévérité continuelle ne produit plus d’effet.

Auloedus fiat, qui esse citharœdus nequit.

Vous ne pouvez bien jouer de la lyre, prenez la flûte.

Auro suadente nil potest oratio.

Où l’or persuade, l’éloquence ne peut rien.

Auxilia firma humilia consensus facit.

L’accord rend les faibles secours puissants.

Avarus animus nullo satiatur lucro.

Nul gain ne satisfait un cœur avare.

Avarus damno potius quam sapiens dolet.

L’avare s’afflige d’une perte plutôt que le sage.

Avarus ipse miseri causa est suae.

L’avare est lui-même la cause de sa misère.

Bene cogitata saepe ceciderunt male.

Un plan bien conçu a souvent mal réussi.

Bene perdis gaudium, ubi doler pariter perit.

On est heureux de perdre un plaisir, lorsqu’en même temps disparaît une douleur.

Bene perdit nummos, judici quos dat, nocens.

C’est de l’argent perdu à propos, celui que le coupable donne à son juge.

Bene vixit is, qui pouit., quum voluit, mori.

Un homme heureux est celui qui a pu mourir quand il l’a voulu.

Bene vulgo audire, est alterum patrimonium.

Une bonne réputation est un second patrimoine.

Benefactis proxime ad Deos accedimus.

C’est par la bienfaisance que nous approchons le plus des dieux.

Beneficia donari aut mali aut stulti putant,

Pour croire qu’un bienfait se donne, il faut être sot ou mé chant.

Beneficiorum calcar animus gratus est.

La reconnaissance est un encouragement pour le bienfaiteur

Benficium egenti bis dat, qui dat celeriter.

Secourir promptement le malheureux, c’est le secourir deux bis.

Beneficium saepe dare, docere est reddere.

Multiplier les bienfaits, c’est enseigner à les rendre.

Bis emori est alterius arbitrio mori.

C’est mourir deux fois, que de mourir par le caprice d’un autre.

Bis ille miser est, ante qui felix fuit.

Le malheur est double, quand il succède au bonheur.

Blanditia, non imperio, fit dulcis Venus.

Le plaisir devient doux par les caresses, et non par l’autorité.

Bona est, bonos quae jungit, navigatio.

La navigation est heureuse dans la compagnie des gens de bien.

Bona, imperante animo, fiet pecunia.

L’argent devient utile, quand c’est la raison qui commande.

Bona quae veniunt, nisi sustineantur, opprimunt.

Les biens, lorsqu’ils arrivent, écrasent celui qui ne sait pas se soutenir.

Bonarum rerum consuetudo et pessima.

C’est un grand mal, que de s’habituer aux bonnes choses.

Bonorum crimen est officiosus miser.

L’homme obligeant réduit à la misère est la honte des gens de bien.

flonorum utro ad convivia accedunt boni.

A la table des gens de bien s’asseyent volontiers des gens qui leur ressemblent.

Bonum est, duabus anchoris niti ratem.

Il est bon d’avoir deux ancres pour maintenir son vaisseau.

Bonum est fugienda aspicere in alieno malo.

Il est bon de considérer dans le malheur des autres ce qui est à fuir.

Bonum quod est supprimitur, nunquam extinguitur.

On peut empêcher le bien de paraître, mais on ne peut l’anéantir.

Brevis ira est ipsa memoria iracundiae.

Le souvenir de la colère est lui-même une petite colère.

Camelus cupiens cornua aures perdidit.

Le chameau, en voulant avoir des cornes, a perdu ses oreilles.

Cave illum semper, qui tibi imposuit semel.

Méfiez-vous toujours de celui qui vous a trompé une fois.

Cito ad naturam ficta reciderint suam.

Le faux reprend bientôt son caractère propre.

Cogit rogando, quum rogat potentior.

Les prières sont des ordres, quand c’est le plus puissant qui prie.

Commune naufragium omnibus solatio est.

Les passagers se consolent, quand le naufrage est commun à tous.

Considera quid dicas, non quid cogites.

Faites attention à ce que tous devez dire, plutôt qu’à ce que vous pensez.

Consultor homini tempus utilissimus.

Le temps est pour l’homme le plus utile des conseillers.

Contingere est molestum, quae cuiquam dolent.

Il est désagréable de toucher un endroit sensible.

Contra felicem vix Deus vires babet.

Contre un homme heureux, Dieu n’a pas trop de sa puissance.

Crebro si jacias, aliud alias jeceris.

Le trait fréquemment lancé n’atteint pas toujours le même but.

Cui nusquam domus est, sine sepulcro est mortuus.

L’homme qui n’a d’asile nulle part est un mort sans tombeau.

Cuivis artifici in arte credendum est sua.

En fait d’art, on doit s’en rapporter à l’artiste.

Cujus mortem expetunt cives, vitam oderunt.

Le peuple déteste la vie de celui dont il souhaite la mort

Culpa vacare maximum est solatium.

L’innocence est la meilleure des consolations.

Cum inimico nemo in gratiam tuto redit.

La réconciliation avec un ennemi n’est jamais sûre.

Cupido atque ira consultores pessimi.

Le désir et la colère sont les pires de tous les conseillers.

Damnati lingua vocem habet, vim non habet.

La langue d’un condamné peut trouver des paroles, mais ces paroles sont impuissantes.

Damnum, nisi ab abundantia, raro venit.

La perte ne provient presque jamais que de l’abondance

Deformis simiarum erit pulcherrima.

Une femme laide est la plus belle des guenons.

Deo favente, naviges vel vimine.

Avec l’aide de Dieu, on naviguerait même sur une branche d’osier.

Dies quandoque noverca, quandoque est parens.

Une journée nous traite en mère, une autre en marâtre.

Difficile est custodire quod multis placet.

Il est difficile de garder ce qui plaît à beaucoup de monde.

Discute quod audis omne, quod credas, proba.

Pesez tout ce que vous entendez, et ne croyez qu’après avoir vérifié.

Domi manere virum fortunatum decet.

C’est à l’homme favorisé de la fortune, qu’il convient de rester chez lui.

Domum qui aedificat, impolitam ne sinat.

Qui bâtit une maison, ne doit pas la laisser inachevée.

Dona ingent et fortunae proposita omnibus.

Les dons de l’esprit, comme ceux de la fortune, sont à la portée de tous.

Dulcis malorum praeteritorum memoria.

Le souvenir des maux passés est doux.

Dum vita grata est, mortis conditio optima est.

Le moment où l’on vit heureux est le plus opportun pour mourir.

Duplicatur bonites, simul accessit celeritas.

La bonté est doublée, quand on y joint la promptitude.

Equo currenti non opus calcaribus.

Au cheval qui court il n’est pas besoin de faire sentir l’éperon.

Est homini semper diligenti aliquid super.

Qui aime le travail trouve toujours à s’occuper.

Est regium male audire et benefacere.

Être blâmé et faire le bien, c’est se conduire en roi.

Est sotitudo mater sollicitudinis.

La solitude est mère de l’inquiétude

Et miseriarum portus est patientis.

La patience est le port des misères.

Etiam sine lege poena est conscientia.

La conscience punit au défaut de la loi.

Etiam tyrannus via precario imperat.

Un tyran ne jouit qu’à peine d’une autorité précaire.

Ex lite multa gratia vit formosior.

Quand la querelle a été vive, la réconciliation devient plus belle.

Ex vitio alterius sapiens emendat suum.

Le sage corrige ses défauts en voyant ceux des autres.

Eziglia vitae pars est, quasi nos vivimus,

Elle est bien petite, la portion de la vie que nous employons li vivre.

Exire magnus ex tugurio vir potest.

D’une chaumière il peut sortir un grand homme.

Facit gratum fortuna, quum nemo videt.

La fortune rend agréable celui qui cache ses dons.

Famulatur dominus, ubi timet, quibus imperat.

Le maître n’est plus qu’un esclave, dès qu’il craint ceux à qui il commande.

Fatetur facinus is qui judicium fugit.

On s’avoue coupable, quand on fuit le jugement.

Feras quod laedit, ut et id, quod prodest, feras.

Supportez ce qui est nuisible, pour supporter aussi ce qui est utile.

Ferrum, dum in igni candet, cudendum est tibi.

Il faut battre le fer, quand il est rouge au feu.

Fidem nemo unquam perdit, nisi qui non habet.

Il n’y a que celui qui n’a pas d’honneur, qui puisse le perdre.

Fortuna nos vincit, nisi tota vincitur.

La fortune nous maîtrise, si elle n’est pas maîtrisée complètement.

Fortuna unde aliquid fregit, cassum penitus est

Ce que la fortune a brisé en partie devient entièrement inutile.

Fortunae dona magna non sunt sine metu.

Point de grande faveur de la fortune, qui ne soit suivie de la crainte.

Fortunam cuique mores confingunt sui.

Pour tous les hommes, la fortune dépend du caractère.

Frenos impone linguae, peni saepius.

Mettez un frein à votre langue, et plus encore à l’amour du plaisir.

Future pugnant, ne se superari sinant.

L’avenir lutte de manière à ne pas se laisser vaincre.

Generosus equus haud curat latratum canum.

Un coursier généreux s’inquiète peu de l’aboiement des chiens.

Gladiator in ipsa arena consilium capit.

C’est dans l’arène même que le gladiateur décide ce qu’il doit faire.

Gradus futuri est, finis praesentis mali.

La fin du mal présent est le commencement du mal futur.

Gravat, quod fronte laeta das, tristi accipi.

On est peiné de voir accepter avec tristesse ce qu’on donne avec joie.

Grave judicium est, quod praejudicium non habet.

Le jugement est inique, quand la prévention n’existe pas.

Grave praejudicium est, quod judicium non habet.

La prévention est inique, quand elle n’est pas suivie du jugement.

Gravis poena animi est, quem post facti poenitet.

C’est un châtiment grave que de se repentir de ce qu’on a fait.

Habent locum maledicti erebrae nuptiae.

Des noces fréquentes sont une occasion de médisance.

Haud advocatus ne ad consilium accesseris.

N’entrez pas au conseil où l’on ne vous a pas appelé.

Haud errat tota, qui redit media via.

On ne s’égare pas complètement, quand on s’arrête à moitié chemin.

Heredem ferre utilius est quam quaerere.

Mieux vaut supporter un héritier qu’en chercher.

Homines nihil agendo agere consuescunt male.

C’est en ne faisant rien qu’on s’habitue à mal faire.

Honesta lex est temporis necessitas.

Il n’est pas déshonorant d’obéir à la nécessité.

Honesta quaedam scelera successus facit.

Il y a des crimes que le succès justifie.

Honestam mortem vitae turpi praefero.

Je préfère à une vie honteuse une mort honorable.

Honestatem laedes, quum pro indigne petes.

C’est blesser l’honneur, que de demander pour un homme indigne.

Honeste natos non decet male vivere.

Se conduire mal est indigne d’une personne bien née.

Humilia nec alte cadere, nec graviter potest.

Pour qui est placé bas, la chute ne peut être ni lourde, ni dangereuse.

Idem duo quum faciunt, non tamen est idem.

Deux personnes font une même chose, et pourtant ce n’est pas la même.

Ignavus omnis omni cessat tempore.

Tout paresseux l’est en tout temps.

Ignis late lucere, ut nihil urat, potest.

Le feu peut briller au loin sans rien brûler.

Ignoscere hominum est, ubi pudet, quum ignosciter.

On doit pardonner au coupable, dès qu’il montre du repentir

Impune pecces in eum, qui peccat prior.

Il est excusable d’avoir des torts envers celui qui en a le premier.

In amore forma plus valet quam auctoritas.

En amour, la beauté a plus de pouvoir que l’autorité.

In amore semper causa damni quaeritur.

En amour, on ne cherche jamais qu’un moyen de perdre.

In amore semper mandax iracundia est.

En amour, la colère est toujours menteuse.

In calamitoso risus etiam injuria est.

Pour l’homme qui est dans l’infortune, le ris même est une injure.

In misero facile fit potens injuria.

L’injustice n’a pas de peine à être puissante contre le malheureux.

In misero vita est etiam contumelia.

Pour le malheureux, la vie même est un affront.

In nihil sapiendo vita est jucundissima.

C’est l’absence de toute sagesse, qui fait le charme de la vie.

In sterculino plurimum gallus potest.

Le coq est roi sur son fumier.

In tranquillo esse quisque gubernator potest.

Tout pilote peut naviguer sur une mer tranquille.

In turpi re peccare, bis delinquere est.

La faute est doublée, quand elle a pour objet un acte honteux.

In venere semper certat dolor et gaudium.

Pans la volupté, la douleur est aux prises avec le plaisir.

In venere semper dulcis est dementia.

Dans la volupté, le délire a toujours des charmes.

In vindicando criminosa est celeritas.

Trop de promptitude à punir mérite le blâme.

Inertia est laboris excusatio.

S’excuser de travailler, c’est paresse.

Inertia tum indicatur, quum fugitur labor.

Fuir le travail, c’est la marque de la paresse.

Ingrato tellus homine nil pejus creat.

La terre ne produit rien de pire que l’ingrat.

Inimici ad animum nullae conveniunt preces.

Les prières n’arrivent jamais jusqu’au cœur d’un ennemi.

Inimico extincto, exitium lacrymae non habent.

A la mort d’un ennemi, les larmes ne peuvent se faire passage.

Inimicum ulcisci, vitam accipere est alteram.

Se venger d’un ennemi, c’est recevoir une seconde vie.

Inimicus oculus esse vicini solet.

L’œil du voisin est presque toujours malveillant.

Injuria plus in maledicto est quam in manu.

La main outrage encore moins qu’une mauvaise langue.

Injuriam facilius facias, quam feras.

Il est plus facile de faire une injure, que.de la supporter.

Intensus arcus nimium, facile rumpitur.

Un arc trop tendu se rompt facilement.

Intellige ecquae sint, ut et bene agas, bona.

Connaissez toute la portée du bien, si vous voulez le faire convenablement.

Invidia loquitur id, quod obest, non quod subest.

L’envie dit ce qui peut nuire, et non ce qui est.

Invidia tacite, sed inimice, irascitur.

L’envie s’irrite en secret, mais en ennemie.

Invidiosum esse praestat quam miserabilem.

Mieux vaut exciter l’envie que la pitié.

Iratus quum ad se rediit, sibi tum irascitur.

L’homme en colère, quand il est revenu à lui, se fâche contre lui-même.

Ita crede amico, ut ne sit inimico locus.

En vous confiant à un ami, ayez soin de ne.pas donner prise à un ennemi.

Jacet omnis virtus, fama nisi late patet.

Nul mérite ne peut s’élever, si la renommée ne le fait connaître au loin.

Jucunda macula est ex inimici sanguine.

Une tache est agréable, quand elle provient du sang d’un ennemi.

Juste atque injuste audire magistratum decet.

Il convient à un magistrat d’écouter le juste et l’injuste.

Juxta bonum homini dat Deus duplex malum.

Dieu donne à l’homme un bien contre deux maux.

Labor juventuti optimum est obsonium.

Le travail est pour la jeunesse le meilleur assaisonnement des mets.

Laeso doloris remedium inimici est dolor.

Le blessé trouve un soulagement à sa douleur dans la douleur de son ennemi.

Laudata improbitas fiet intolerabilis.

La méchanceté qu’on loue, devient insupportable.

Leo a leporibus insultatur mortuus.

Quand le lion est mort, les lièvres l’insultent.

Leonem mortuum etiam catuli morsicant.

Les petits chiens même essayent de mordre le lion qui est mort.

Lepores duo qui insequitur, is neutrum capit.

Qui poursuit deux lièvres à la fois n’attrape ni l’un ni l’autre.

Licentiam des linguae, quum verum petas.

Il faut que la langue soit pleinement libre, quand on cherche la vérité.

Lingua et maliloquax indicium mentis malae.

Une mauvaise langue est le signe d’un mauvais caractère.

Locis remotis qui latet, lex est sibi.

Qui vit ignoré dans la solitude est lui-même sa loi.

Longaeva vita mille fert molestias.

Une longue vie amène avec elle mille sujets de peine.

Mage fidus heres naacitur, quam scribitur.

Pour le choix d’un héritier, fiez-vous à la nature plutôt qu’à un testament.

Mage valet, qui nescit calamitas quid valet.

On peut davantage, quand on ne sait pas ce que peut le malheur.

Magister orandi optimus necessitas.

La nécessité est le meilleur maître d’éloquence.

Magister usus omnium est rerum optimus.

En toutes choses, l’expérience est le meilleur maître.

Magnarum aquarum transiliri fons potest.

On peut franchir les grands fleuves à leur source.

Magnum crimen secum adfert indignatio.

L’indignation suppose toujours un grand crime.

Mala est inopia, quae nascitur ex copia.

L’indigence est honteuse, quand elle naît de la richesse.

Malam rem quum velis, honestatem improbes.

Vouloir une chose mauvaise, c’est renoncer à l’honnêteté.

Male habebit medicus, nemo si male habuerit.

Le médecin se porterait mal, si tout le monde se portait bien.

Malefacere qui suit, nunquam non causam invenit.

Qui veut faire le mal, en trouve toujours le prétexte.

Malum est habere servum, qui dominum docet.

C’est un fléau domestique qu’un esclave qui régente son maître.

Malus animus in secreto pejus cogitat.

Un mauvais esprit se livre, dans l’isolement, à des pensées plus mauvaises encore.

Malus ipse fiet, qui convivet cum malis.

Qui vit avec les méchants, deviendra méchant lui-même

Manifesta causa secum habet sententiam.

Quand l’évidence existe, la cause renferme le jugement.

Mansueta tutiorasunt, sed serviunt.

Il y a plus de sûreté pour la douceur, mais moins d’indépendance.

Maritimus quum sis, fieri terrestris cave.

Vous êtes sur mer, craignez cependant de vous trouver sur terre.

Medicorum nutrix est intemperantia.

L’intempérance est la nourrice de la médecine.

Melius est quidquam possideri quam nihil.

Mieux vaut avoir peu de chose que rien du tout.

Meretrix est instrumentum contumeliae.

Une courtisane n’est qu’une cause de déshonneur.

Metu respicere non solent, quum quid juvat.

La crainte ne peut arrêter celui que le plaisir entraîne.

Metue senectam non enim sola advenit.

Craignez la vieillesse, car elle n’arrive pas seule.

Metus quum venit, rarum habet somnus locum.

Où la crainte arrive, le sommeil trouve rarement une place.

Miserrima est fortuna, quae inimico caret.

Votre sort est bien à plaindre, s’il ne trouve pas d’ennemi.

Miserrima est fortuna, quae inimicos latet.

Votre sort est bien à plaindre, s’il est ignoré de vos ennemis.

Miserrimum est arbitrio alterius vivere.

C’est une vie bien misérable, que celle qui dépend du caprice d’autrui.

Mores amici noveris, non oderis.

Connaissez le caractère de votre ami, mais ne le haïssez pas.

Mores dicentis suadent plus quam oratio.

La conduite de celui qui parle persuade mieux que ses discours.

Mori necesse est, sed non quoties voluenis.

Il vous faudra mourir, mais pas aussi souvent que vous l’aurez voulu.

Mortalis nemo est, quem non attingat dolor.

Il n’est point de mortel que la douleur ne puisse atteindre.

Morti debetur, quicquid usquam nascitur.

Tout ce qui vient à la vie est soumis à la mort.

Muliebris lacryma condimentum malitiae est.

Une larme de femme est un assaisonnement de malice.

Mulieer quum sola cogitat, male cogitat.

Femme qui pense seule, pense au mal.

Multis placera quae cupit, culpam cupit.

Une femme qui cherche à plaire à plus d’un homme, pense i devenir coupable.

Muneribus, non lacrymis, meretrix est misericors.

C’est par les présents, et non par les larmes, qu’une courtisane se laisse attendrir.

Musco lapis volutus haud obducitur.

La pierre que l’on roule, ne se couvre pas de mousse.

Ne major quam facultas sin benignitas.

La bienfaisance ne doit pas dépasser les ressources qu’on a pour faire du bien.

Ne plus promittas, quam praestari possiet.

Ne promettez pas plus que vous ne pouvez tenir.

Ne quidquam incipias, quod poeniteat, cave.

Gardez-vous de rien entreprendre qui puisse plus tard vous causer des regrets.

Nec mortem effugere quisquam, nec amorem potest.

Nul ne peut échapper à la mort ni à l’amour.

Necessitas ab homine, quae vult, impetrat.

La nécessité obtient de l’homme tout ce qu’elle veut.

Necessitas dat legem, non ipsa accipit.

La nécessité donne la loi et ne la reçoit pas.

Necessitas egentem mendacem facit.

La nécessité rend menteur l’homme qui est dans le besoin

Necessitas quam pertinax regnum tenet!

Avec quelle opiniâtreté la nécessité veut-elle régner sur nous!

Necessitas quod celat, frustra quaeritur.

Ce que la nécessité cache, on cherche en vain à le découvrir.

Necessitati quodlibet telum utile est.

Toute arme est bonne à la nécessité.

Nemo esse judex in sua causa potest.

Personne ne peut être juge dans sa propre cause.

Nemo qui coepit ex se risum praebuit

Quand on est le premier à rire de soi, on ne prête à rire à personne.

Nemo timendo ad summum pervenit locum.

Ce n’est pas avec la timidité qu’on parvient à la première place.

Nescio quid cogitat, quum bonum imitatur, malus.

Le méchant a quelque mauvaise intention, quand il imite l’homme de bien.

Nil est miserius quam mali animus conscius.

Rien de plus misérable qu’une mauvaise conscience.

Nil est, quod caute simul agas et celeriter.

Rien ne peut se faire avec précaution et promptitude tout à la fois.

Nil exigenti praestare est pulcherrimum.

Rien de plus beau que d’obliger sans demander aucune récompense.

Nil posse quemquam, mortuum hoc est vivere.

L’homme qui ne peut rien faire n’est qu’un mort vivant.

Nil turpe ducas pro salutis remedio.

Quand il s’agit du salut, rien ne doit paraître honteux.

Nimia simplicitas facile deprimitur dolis.

La trop grande franchise est facilement dupe de l’artifice.

Nimium est in morte boni, si nil inest mali.

Il y a trop de bien dans la mort, s’il n’y a pas de mal.

Nimium tendendo rumpi funiculus solet.

Une corde trop tendue manque rarement de se rompre.

Nisi ignorantes, ars osorem non habet.

L’art n’est méprisé que par ceux qui ne le connaissent pas.

Nota contemnere ea, quae summos sublevant.

Ne dédaignez pas ce qui sert de degrés pour arriver à la grandeur.

Noli reverti, ad finem ubi perveneris,

Ne revenez point sur vos pas, quand vous êtes arrivé au terme.

Non ad rogata repondendum semper est.

On ne doit pas répondre à toutes les questions.

Non est beatus, esse qui se non putat.

On n’est point heureux, si l’on ne croit pas l’être.

Non est bonestarum ulla rerum satietas.

Ou ne peut jamais se rassasier des choses honnêtes.

Non est movendum bene consopitum malum.

Ne cherchez point à réveiller la douleur assoupie.

Non falx mittenda jas in messem est alienam tibi.

Ne portez point la faucille dans la moisson qui ne vous appartient pas.

Non leva beneficium praestat, qui cito negat.

Refuser promptement un service n’est pas un service médiocre.

Non omni eumdem calceum induces pedi.

La même chaussure ne va pas à tout pied.

Non omnia evenire, quaes statuas, solent.

Toutes les choses sur lesquelles on avait compté n’arrivent pas toujours.

Non tutae sunt cum regibus facetiae.

Les plaisanteries ne sont pas sans danger avec les rois.

Non unquam sera est ad bonos mores via.

Il n’est jamais trop tard pour rentrer dans le chemin de la vertu.

Nulla est voluptas, quin assidue taedest..

Il n’est point de plaisir dont la continuité ne fatigue.

Nulla hominum major poena est, quam infelicitas.

Il n’est pas de peine plus grave pour l’homme, que le malheur.

Nulli facilius quam malo invenies parem.

Le méchant est l’homme à qui vous trouverez le plus facilement un pareil.

Nullum sine auctoramento est magnum malum.

Il n’y a pas de grand mal sans dédommagement.

Nullus tantua quaestus, quam, quod habes, parcere.

Nul gain n’est comparable à celui que procure l’économie.

Nunquam facilius culpa, quam in turba latet.

Le coupable ne se caché jamais plus facilement que dans la foule.

Nunquam non miser est, qui, quod timeat cogitat.

Qui songe à ce qu’il craint est toujours malheureux.

Nunquam periclum sine periclo vincitur.

Jamais on ne surmonte un danger sans danger!

Obsequium nuptae cito fit odium pellicis.

La complaisance de l’épouse produit bientôt la haine de la concubine.

Oculis habenda quam auribus est major fides.

On doit se fier plutôt à ses yeux qu’à ses oreilles.

Odi praecoci puerulos sapientia.

Je n’aime pas dans les enfants une sagesse précoce.

Odi sapientem, qui sibi ipsi non sapit.

Je n’aime pas un sage qui ne sait pas l’être pour lui.

Odia alu sub vultu, alia sub osculo latent.

Il y a des haines qui se cachent sous le masque, d’autres sous un baiser.

Officium damno esse, haud decet praestantibus.

Il n’est pas convenable qu’un service soit nuisible à celui qui le rend.

Orationi vita ne dissentiat.

La conduite ne doit pas être en opposition avec les discours.

Pacem cum hominibus, bellum cum vitiis habe.

Soyez en paix avec les hommes, en guerre avec les vices.

Parit contemptum nimia familiaritas.

Trop de familiarité fait naître le mépris.

Parium cum paribus facilis congregatio est.

On se réunit volontiers à ses pareils.

Pars beneficii est, quod petitur, si cito neges.

Refuser promptement un bienfait, c’est l’accorder en partie.

Patiendo multa, veniunt quae nequeas pati.

En souffrant beaucoup de choses, on voit arriver des choses qu’on ne peut souffrir.

Paucorum est intelligire, quid cui det Deus.

Peu d’hommes savent apprécier ce que Dieu accorde à chacun.

Peccare pauci nolunt, nulli nesciunt.

Peu d’hommes ne veulent pas faire le mal, tous savent qu’ils le font.

Peccatum amici recte velandum putas.

On croit avec raison devoir jeter un voile sur la faute de son ami.

Pecunia una regimen est rerum omnium.

L’argent est l’unique mobile de toutes les affaires.

Pejora juvenes facile praecepta audimat.

Les jeunes gens prêtent facilement l’oreille aux mauvaises leçons.

Perdes majora, minora nisi servaveris.

Qui ne sait garder les petites choses, perdra les grandes.

Perdis, non donas, nisi ait, cui donas, memor.

Donner à un ingrat, ce n’est pas donner, c’est perdre.

Perfacile felix, quod facit, votum impetrat.

Les vœux que fait l’homme heureux sont bien vite accomplis.

Personam fictam ferre diu nemo potest.

Nul ne peut longtemps soutenir un personnage qui n’est pas le sien.

Pirum, non ulmum, accedas, si cupias pira.

Si vous voulez des poires, allez-en chercher sur le poirier, et non sur l’orme.

Placere multis opus est difficillimum.

Il est bien difficile de plaire à beaucoup de gens.

Plerumque similem ducit ad similem Deus.

Dieu conduit ordinairement un semblable vers son semblable.

Plus conscientiae quam famae attenderis.

Écoutez plutôt votre conscience que l’opinion.

Plus in maledicto quam in manu est injuriae.

Une médisance est plus outrageante que les mauvais traitements.

Poena allevatur tunc, ubi laxatur dolor.

On souffre moins, quand on peut épancher sa douleur.

Potest non esse honestum, quod non liberum est.

Ce qui n’est pas digne d’un homme libre, ne peut pas être honnête.

Praestare cuncta pulchrum est, exigere nihil.

Donner tout et ne rien exiger, voilà ce qui est beau!

Pro beneficio est magna usura est, menions.

La reconnaissance est un intérêt assez fort du bienfait.

Pro dominis peccare etiam virtutis loco est.

Se rendre criminel pour ses maîtres est quelquefois un acte de vertu.

Probae materiae probus est adhibendus faber.

Pour de bons matériaux, il faut de bons ouvriers.

Probi tegens delicta judex deterit.

Le juge tache d’effacer, en les dissimulant, les fautes d’un homme de bien.

Prodesse qui vult, nec potest aeque, est miser.

Qui veut obliger, et ne peut le faire comme l le voudrait, est malheureux.

Pupillus hominis avidi est aetatis brevis.

Le pupille d’un homme avide n’a que peu de temps à vivre.

Quae desiit amicitia, ne coepit quidem.

Une amitié qui finit n’a pas même commencé.

Quae fieri fas est, tempore haec fiunt suo.

Toutes les choses qui peuvent arriver arrivent dans leur temps.

Que pigeaI invenisse, cave quesiveris.

Gardez-vous de chercher ce que vous pourriez regretter d’avoir trouvé.

Quae vult videri bella nimis, nulli negat.

Une femme trop curieuse de paraître belle ne sait rien refuser.

Quaerendus cuneus est malus trunco malo.

Pour une mauvaise souche, il faut chercher un mauvais coin.

Quam felix quae transit vita sine negotiis!

Qu’elle est heureuse la vie qui s’écoule loin des affaires!

Quam miserum est cogi opprimere, quem salvum velis!

Qu’il est triste forcé de perdre celui qu’on voudrait sauver!

Quam miserum est mortem cupere, nec posse emori.

Qu’il est douloureux de souhaiter la mort et de ne pouvoir mourir!

Quam miserum est, ubi consilium casu vincitur !

Qu’il est pénible devoir le hasard tromper les calculs de la prudence!

Quam poenitenda incurrunt viventi diu !

Que de repentirs assiègent l’homme qui vit longtemps!

Qui dubitat ulcisci, improbos plures facit.

Qui hésite à punir augmente le nombre des méchants.

Qui maria sulcant, ventum in manibus non habent.

Ceux qui sillonnent les mers n’ont pas le vent dans la main.

Qui properat nimium, res absolvit serius.

Qui veut faire trop vite achève trop tard.

Qui timet amicum, vim non novit nominis.

Qui craint un ami ne connaît pas la valeur de ce mot.

Quicquid vis esse tacitum, nulli dixeris.

Ce que vous voulez tenir secret, ne le dites à personne.

Quid est beneficium dare? imitari Deum.

Pratiquer la bienfaisance, n’est-ce pas imiter Dieu?

Quod aetas vitium posuit, aetas auferet.

Ce qui n’est qu’un défaut de l’âge disparaît avec l’âge.

Quod aliis vitio vertis, ne ipse admiseris.

Ce que vous blâmez dans les autres, ne le faites pas vous-même.

Quod nescias cui serves, stultum est parcere.

C’est une sottise de ménager son bien, quand on ne sait pour qu’on le garde.

Quod vult cupiditas cogitat, non quod decet.

La passion songe à ce qu’elle eut, et non à ce qui convient.

Quodcunque animus sibi imperavit, obtinet.

Tout ce que l’âme se commande, elle l’obtient.

Quoscunque calamitas quaerit, facile invenit.

Le malheur trouve sans peine tous ceux qu’il cherche.

Quot servos, totidem habemus quisque hostes domi.

Autant d’esclaves, autant d’ennemis domestiques.

Quum ames non sapias; aut quum sapias, non ames.

Si vous aimez, vous n’êtes pas sage, ou si vous êtes sage, vous n’aimez pas.

Quitus das avaro praemium, ut noceat rogas.

Donner une récompense à l’avare, c’est l’encourager à mal faire.

Rapere est, non petere, quicquid invite auferas.

C’est voler, et non pas demander, que de prendre quelque chose à quelqu’un contre son gré.

Recte valere et sapere duo vitae bona.

La santé et la sagesse sont les deux biens de la vie.

Reflectere noli, ad terminum ubi perveneris

Ne rebroussez pas chemin au bout de la carrière.

Rei nulli prodest mora, ni iracundiae.

Le délai n’est bon dans aucune circonstance, si ce n’est dans la colère.

Remedio amaro amaram bilem diluunt.

C’est par des remèdes amers qu’on tempère l’amertume de la bile.

Rerum amissarum remedium est oblivio.

Un moyen de remédier aux pertes qu’on a faites, c’est de les oublier.

Res quaeque tanti est, quanti emptorem invenerit.

Les choses n’ont que le prix qu’y veut mettre l’acheteur.

Saepe minus pecces, si scias quod nescias.

On commettrait bien moins de fautes, si l’on savait tout ce qu’on ne sait pas.

Salutis causa bene fit homini injuria.

Pour sauver un homme, il est permis de lui faire injure.

Sapientiae plerumque stultitia est comes.

La folie accompagne presque toujours la sagesse.

Sapit nequicquam, qui sibi ipsi non sapit.

C’est inutilement qu’on est sage, si on ne l’est pas pour soi.

Sitius est sero te quam nunquam discere.

Mieux vaut apprendre tard que n’apprendre jamais.

Satius ignorare est rem quam male discere.

Mieux vaut ignorer une chose, que la savoir mal.

Satius mederi est initiis quam finibus.

Mieux vaut arrêter le mal dans son principe, qu’y remédier à la fin.

Scintillae non fabrorum terrent filios.

Les étincelles n’effrayent pas les enfants du forgeron.

Secundae amicos res parant, tristes probant.

La prospérité fait des amis, l’adversité les éprouve.

Semel qui fuerit, semper perhibetur malus.

Qui s’est montré méchant une fois passe toujours pour l’être.

Si nil velis timere, metuas omnia.

Qui veut n’avoir rien à craindre doit se méfier de tout.

Si sis marinus, abstine a terrestribus.

Si vous êtes homme de mer, ne vous occupez pas de ce qui se fait à terre.

Si tutemet te amaris, erunt qui te oderint.

Qui s’aime lui-même trouve des gens qui le haïssent.

Sibi imperare est imperiorum maximum.

L’empire le plus grand est celui qu’on a sur soi-même.

Sibi ipsa improbitas cogit fieri injuriam.

Le méchant nous met lui-même dans la nécessité de lui faire injure.

Sibi ipse dat supplicium, quem admissi pudet.

L’homme qui se repent de ce qu’il a fait se punit lui-même.

Simulans amicum inimicus inimicissimus.

Un ami simulé est le plus dangereux de tous les ennemis.

Simulata vultu probitas nequitia est duplex.

Qui cache ses vices sous le masque de la vertu est doublement vicieux.

Spes est salutis, ubi hominem objurgat pudor.

Il y a encore espoir de salut, quand l’homme est sensible à la honte.

Stulti timent fortunam, sapientes ferunt.

Les fous craignent la fortune, les sages la supportent.

Submissum imperium non tenet vires suas.

Une autorité qui fléchit ne peut faire respecter sa force.

Submittet se, quae se eriget felicitas.

La prospérité qui s’élèvera sera abaissée.

Summum jus summa plerumque est injuria.

Une extrême justice est presque toujours une extrême injustice.

Suspicio sibi ipsa rivales parit.

Le soupçon se crée lui-même des rivaux.

Tacendo non incurritur periculum.

On ne court aucun danger à se taire.

Timet qui paupertatem, quam timendus est!

Qu’il est à craindre, celui qui craint la pauvreté!

Timidus vocat se cautum, parcum sordidus.

Le peureux se dit prudent, l’avare économe.

Tormentum o dulce, aequo ubi reprimitur gaudium.

La peine est bien douce, quand la joie est réprimée par la justice.

Tui quum sitiant, ne agros alienos riga.

Quand vos champs ont besoin d’eau, n’allez pas arroser ceux d’autrui.

Turpis inopia est, quae nascitur de gloria.

L’indigence est honteuse, quand elle provient de la vaine gloire.

Ubi maxime gaudebis, metues maxime.

Où sera le plus vif plaisir, la crainte sera la plus vive.

Ubi omnis vita metus est, mors est optima.

La mort est un bien, quand la vie n’est qu’une crainte continuelle

Utrumque casum adspicere debet qui imperat.

Celui qui commande, doit prévoir le bon et le mauvais succès.

Vel strangulari pulchro de ligno juvat.

Même pour se pendre, on est bien aise de trouver un bel arbre.

Vel taceas, vel meliora dic silentio.

Vous devez vous taire, ou vos paroles doivent mieux valoir que votre silence.

Verum est, quod pro salute fit mendacium.

Quand il s’agit du salut, le mensonge devient vérité.

Veterem ferendo injuriam, invites novam.

En supportant une ancienne injure, on s’en attire une nouvelle.

Vicina saepe vitia sunt virtutibus.

Souvent les vices sont voisins des vertus.

Vinci expedit, damnosa ubi est victoria.

Il y a de l’avantage à être vaincu, quand la victoire est préjudiciable.

Vino vendibili suspensa hedera non opus.

Au vin qui peut se vendre la branche de lierre est inutile.

Vir figiens haud moratur concentum lyrae.

Un homme qui fuit n’écoute guère les accords de la lyre.

Virtute quod non possis, blanditia auferas.

Ce qu’on ne peut obtenir par la force, on l’obtient par la douceur.

Virum bonum natura, non ordo facit.

C’est la nature, et non le rang, qui fait l’homme vertueux.

Virum ne habueris improbum comitem in via

Gardez-vous de faire route en compagnie du méchant.

Vita et fama hominis ambulant passu pari.

La vie et la réputation de l’homme marchent du même pas.

Vitam regit fortuna, non sapientia.

C’est la fortune, et non la sagesse, qui est l’arbitre de la vie.

Vitandae causa invidiae vela opulentiam.

Qui veut éviter renvie doit cacher son opulence.

Vitia inveterata difficulter corrigas.

On extirpe difficilement le vice qui s’est enraciné.

Vitium fuit, nunc mos est assentatio.

Jadis flatter était un vice, maintenant c’est une mode.

Vitium omne semper habet patrociniurn suum.

Il n’y a point de vice qui n’ait son apologie toute prête.

Vitium solemne fortunae est superbia.

L’orgueil est le vice ordinaire de la fortune.

Voluntas impudicum, non corpus, facit.

C’est la volonté, et non le corps, qui fait l’impudique.

Voluptas tacita metus magis quam gaudium est.

Un plaisir qu’il faut taire, ressemble plus à la crainte qu’à la joie.

Vultu an natura sapiens sis, multum interet.

Avoir les dehors de la sagesse, ou la posséder réellement, sont deux choies bien différentes.

Aleator quanta in acte et inehor, tanto es nequior.

Plus un joueur est habile, plus il est fripon.

Benevoli conjunctio animi maxirna est cognatio.

Le rapport de deux cœurs bienveillants est la plus proche parenté.

Calamitatum habere socios miseris est solatio.

Une consolation pour les malheureux, c’est de trouver des compagnons d’infortune.

Contumeliam nec fortis fert, neque ingenuus facit.

L’homme courageux ne supporte pas d’affront; l’homme bien né n’en fait point.

Convenire cum dolore difficile est sapientiae.

Il est difficile de concilier la sagesse avec la douleur.

Cui quid vindicandum est, omnis optima est occasio.

Pour qui veut se venger, toute occasion est favorable.

Decipi ille non censetur, qui scit sese decipi.

Qui n’ignore pas qu’il est dupe ne passe pas pour l’être.

Dixeris maledicta cuncta, ingratum quum hominem dixeris.

Traiter quelqu’un d’ingrat, c’est lui dire toutes les injures possibles.

Esse necesse est vitia minima maximorum maxima.

Les plus petits défauts des grands hommes deviennent nécessairement très-grands.

Est beneficium eo carere, quod invitus possideas.

On gagne à ne pas recevoir ce qu’on posséderait malgré soi.

Est honesta turpitudo, pro bona causa mori.

L’ignominie est glorieuse, quand on meurt pour la bonne cause.

Ex saeva animadversione nulla regi gloria est.

Il n’est jamais glorieux pour un roi d’infliger un châtiment cruel.

Felix est non aliis esse qui videtur, sed sibi.

L’homme heureux n’est pas celui qui le paraît aux autres, mais à lui-même.

Feminarum curam gerere, desperare est otium.

Qui s’occupe des affaires des femmes n’a plus de repos à espérer.

Festinationis error cornes et poenitentia.

La précipitation est accompagnée de l’erreur et du repentir.

Fortior est, qui cupiditates suas, quam qui hostes subjicit.

Il y a plus de courage à vaincre ses passions, qu’à vaincre ses ennemis.

Heu quam miserum est ab eo laedi, de quo non ausis queri!

Ah! qu’il est pénible d’être blessé par une personne dont on n’ose se plaindre.

Heu quam miserum est discere servire, ubi dominari doctus es!

Ah! qu’il est triste d’apprendre à servir, quand on n’a jamais appris qu’à commander!

Homo, qui in homine calamitoso est misericors, meminit sui.

Qui compatit au malheur fait un retour sur lui-même.

Homo semper aliud fert in se, in alterum aliud cogitat.

La pensée que l’homme garde pour lui au fond du cœur n’est pas la pensée qu’il a pour les autres.

Hora saepe reddidit una, quod decennium abstulit.

Souvent une heure nous rend ce que dix années nous ont ravi.

Inter arnicas quam inimicos judices molestius.

Un jugement est plus fâcheux à rendre entre des amis, qu’entre des ennemis.

Ipsae arnicos res optimae pariunt, adversae probant.

La prospérité fait des amis, l’adversité les éprouve.

Minime amicus sum, fortunae particeps nisi tuae.

Je ne suis pas du tout votre ami, si je ne partage pas votre fortune.

Mortuo qui mittit munus, nil dat illi, adimit sibi.

Offrir des présents à un mort, ce n’est pas donner, c’est se priver soi-même.

Multa nulli cogitata temporis punctum attulit.

Un instant a suffi pour amener des choses auxquelles personne n’avait songé.

Multa sub vultu latuerint odia, multa in osculo.

Il y a bien des haines qui se cachent sous le masque, et bien d’autres sous un baiser.

Nil rationis est, ubi res semel in affectum venit.

La raison n’est plus écoutée, quand la passion a pris le dessus.

Patris delictum nocere nunquam debet filio.

La faute du père ne doit jamais nuire au fils.

Principium est discordiae ex communi faccre proprium.

Prendre pour soi ce qui appartient à tous, voilà l’origine de la discorde.

Quicquid est plus quam necesse, possidentes deprimit.

Tout ce qui dépasse le nécessaire ne fait qu’embarrasser ses possesseurs.

Quid, quantum habeas, refert? multo illud plus est, quod non habes.

Qu’importent les biens que vous possédez, s’il en est de plus grands que vous ne possédez pas.

Raro est ejusdem hominis multa et opportune dicere.

Rarement un homme peut tout à la fois parler beaucoup et à propos.

Ridiculum est nocentis odio perdere innocentiam.

Il est ridicule de vouloir, par haine du coupable, perdre l’innocent.

Saepius locutum, nunquam me tacuisse poenitet.

Souvent je me suis repenti d’avoir parlé, jamais de m’être tu.

Satius est bono placere te uni quam multis malis.

Il vaut mieux pour vous plaire à un seul homme de bien qu’à une foule de méchants.

Semper vocis et silenti temperamentum tene.

On ne doit ni parler, ni se taire toujours; il faut observer un juste milieu.

Tam deest quod habet avaro, quam misero quod non habet.

L’avare est privé des biens qu’il possède, autant que le malheureux de ceux qu’il n’a pas.

Tolerabilior poena haud posse, quam nescire vivere.

C’est une peine moins grave de ne pas pouvoir vivre, que de ne pas le savoir.

Tolerabilior qui mori jubet quam qui male vivere.

Il est moins odieux d’ordonner de mourir que d’ordonner de mal vivre.

Veterior ranis catenis adsuefieri non potest.

Un chien trop vieux ne peut plus s’accoutumer à la chaîne.


 

[1] Les habitants de la Dacie s’appelaient Daves et Daces.

[2] Artémidor, I, 46, avec la note de M. Reiff; Burigny, Acad. B. L. t. XXXVII, p. 325.

[3] Potestas, non solum si invitet, sed etsi supplicat, cogit. Saturn., II, 7. — Voyez Bayle, au mot Laberius.

[4] Nouvelle Héloïse. IIe part. xxiiie lettre. — Tout cela, dit Jean-Jacques, après avoir traduit le prologue, tout cela nous a été conservé par Aulu-Gelle; et c’est à mon gré le morceau le plus curieux et le plus intéressant de son fade recueil. Jean-Jacques se trompe; sa mémoire est en défaut. Les vers de Laberius se trouvent dans les Saturnales de Macrobe, l. II, chap. vii, et non pas dans Aulu-Gelle.

[5] Les acteurs des mimes jouaient pieds nus. « Le mime, dit le grammairien Diomède (III, iv.), est appelé en latin planipes, parce que les acteurs paraissent sur la scène planis pedibus, ut est, nudis. »

[6] Epist. ad Laetam.

[7] Voy. Testimonia, p. 15 et seq.

[8] Seneca, Epist. viii, xciv, cviii. De Tranquill. animi, etc.

[9] La Bruyère, De la bonne et mauvaise fortune.

[10] Ibid.

[11] Vossius, Valois, Saumaise et Gataker ont traité cette partie de l’ancien théâtre avec beaucoup d’érudition.

 

[12] .............................................................Nam sic

Et Laberi mimos ut pulchra poemata mirer,

Ergo non satis est risu diducere rictum

Auditoris; est quaedam tamen hic quoque virtus.

(Horace, I, Satir. x.)

[13] Diomedes, de Poemat. dramat. generibus, III, v. 481, édit, de Putsch. Voss. Inst. poet. II, xxxii.

[14] Suet. Vesp. 49.

[15] « Quibus verbis (dit Suét.) avaritiam defuncti elegantissima imitatione expressit. »

[16] Reinesii Variae lectiones, I, p. 20, 21.

[17] Athen., lib. XIV, p. 621, et les notes de Saumaise, Exercit. Pline., p. 108. Strab., lib. XIV, p. 617.

[18] Symposiacor. VII, probl. 8.

[19] Vossius, de Poet. graec.

[20] Cic. Epist. ad divers., VII, p. 15.

[21] Plin. Jun. Epist. VI, p. 25.

[22] Act. Lamprid., in Anton. Heliog., éd. Salma., p. 109; J. Capitolin, p. 141; E. Flav. Vopisc., p. 215.

[23] S. August. de Civ. Dei, III, xxi.

[24] Trahit sua quemque voluptas. (Virgil. Eglog. II, v. 65.)

[25] Obsequium amicos, veritas odium parit.

[26] Per omnes enim figuras tractari potest, illud notabile ex diversis; Mors misera non est, aditus ad mortem miser est.

Usque adeone mori miserum est? (Quintil.)

[27] Senec. Epist. xciv.