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MIMNERME

 

Poèsies

 Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

MIMNERME

 

NOTICE SUR MIMNERME

Par M. HUMBERT

Mimnerme florissait de 632 à 600. Sa vie paraît s'être écoulée pendant le court règne du roi de Lydie Sadyatte, et pendant la première partie de la longue vie d'Halyatte. Il était né à Colophon, en Ionie, ou plutôt à Smyrne, colonie de la ville de Colophon. Dans une élégie qui devait être toute militaire, comme celles de Callinus et de Tyrtée, il avait célébré la bataille des Smyrnéens contre Gygès et les Lydiens qui furent repoussés.

De cette élégie faisait partie le court fragment que nous avons traduit en premier lieu et qui ne se trouve cité que dans un petit nombre de recueils. D'après les autres fragments qui nous sont parvenus, Mimnerme semble avoir chanté surtout les tristesses du cœur, les peines de la vie et surtout les joies de l'amour. Properce a dit de lui :

Plus in amore valet Mimnermi versus Homero.[1]

Ses vers se trouvent dans plusieurs des ouvrages indiqués plus haut dans les Notices sur Théognis et sur Tyrtée, notamment dans les Gnomici poetœ grœci de Brunck, dans le Sylloge poetarum graecorum, tome III, de Boissonade et dans les Poetae lyrici graeci, de Bergk, Leipzig 1878.


 

POÉSIES SUR MIMNERME

TRADUITES

Par M. HUMBERT

I

Tels ne furent pas, je crois, le courage et le noble cœur de ce guerrier. On le voyait, armé de sa lance, chassant devant lui les escadrons compacts de la cavalerie lydienne dans les plaines de l'Hermus. Sa vaillance eût toujours contenté Pallas Athéné elle-même, lorsque dans la mêlée sanglante, il se précipitait au premier rang et par sa vigueur repoussait l'attaque des ennemis. Il n'y avait pas parmi ses ennemis de guerrier plus brave que lui .et combattant plus vaillamment, tant que le soleil éclairait la terre de ses rayons.

II

Que serait la vie, quel plaisir y aurait-il sans Vénus aux cheveux d'or? Puissé-je mourir quand je n'aurai plus à cœur un secret commerce amoureux, les présents doux comme miel, les plaisirs du lit. Les fleurs de la jeunesse doivent êtres cueillies avec empressement par les hommes et par les femmes. Mais quand la douloureuse vieillesse est survenue, elle qui rend semblables l'homme laid et le beau, sans cesse les fâcheux soucis rongent notre âme; on n'a plus de joie à contempler l'éclat du soleil; on est un objet d'aversion pour les jeunes gens, de mépris pour les femmes, tant la divinité a rendu affreuse la vieillesse.

III

Pour nous, comme les feuilles que fait pousser le printemps, lorsque s'accroît l'éclat du soleil, semblables à elles, nous jouissons des fleurs de la jeunesse, sans avoir appris des dieux où est le bien où est le mal. Mais voici que les sombres Parques se présentent à nous, nous apportant une misérable vieillesse et la mort. Nous jouissons peu de temps de nos jeunes années, de même que le soleil brille peu de temps sur la terre. Aussitôt qu'elles sont terminées, il vaut mieux mourir sur le champ que de continuer à vivre. Car mille maux assiègent notre âme; parfois nous sommes ruinés et en proie à une douloureuse pauvreté ; un autre a perdu ses enfants, et c'est accablé de chagrin qu'il quitte la terre pour descendre aux enfers. Un autre a une maladie qui lui ôte la raison. Il n'est pas un homme auquel Jupiter n'envoie mille maux.

IV

Le plus beau des hommes, lorsque la saison aura changé, ne sera plus cher ni à ses enfants, ni à ses amis.

V

Jupiter a fait présent à Tithon d'un mal éternel, la vieillesse, qui est plus terrible que la mort.

VI

L'aimable jeunesse dure aussi peu qu'un songe; la laide, l'horrible vieillesse est bientôt suspendue sur nos têtes ; odieuse et détestable, elle rend l'homme méconnaissable, paralyse ses yeux et trouble sa raison.

VII

Puisse sans maladies, sans douloureux soucis la mort m'atteindre quand j'arriverai à ma soixantième année !

VIII

Puissions-nous, toi et moi, jouir de la vérité, le meilleur de tous les biens !

IX

Nous sommes tous portés à porter envie à un homme célèbre, tant qu'il vit, et à le louer dès qu'il est mort.

X

... De même que les médecins aiment à dire de légères affections qu'elles sont graves, et de simples maladies qu'elles sont très dangereuses, pour se faire valoir.


 

[1] Élégies, I, 9.