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CALLINUS

 

Élégies

autre traduction

 Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

CALLINUS


NOTICE SUR CALLINUS D'ÉPHÈSE


M. HUMBERT

Callinus d'Éphèse florissait dans la première moitié du septième siècle avant notre ère. On le suppose d'après deux vers détachés dans lesquels il fait allusion aux invasions des Cimmériens et des Trères. Or nous savons par Hérodote et Strabon que ces peuples barbares, chassés par les Scythes, envahirent l'Asie Mineure lors du règne d'Ardys (678-629) ; ils prirent la capitale de la Lydie, Sardes, moins la citadelle, et, sous la conduite de Lygdamis, marchèrent vers l'Ionie où ils menacèrent particulièrement le sanctuaire d'Artémis à Éphèse. Les Ioniens, efféminés par leur long commerce avec les Lydiens, et tout entiers adonnés aux arts de la paix, eurent quelque peine à sortir de leur indolence. C'est au commencement de cette lutte que Callinus doit leur avoir adressé l'appel vif et passionné qui nous a été conservé par Stobée et qui est le seul fragment que nous ayons de ce poète. On sait que les Cimmériens furent expulsés plus tard de l'Asie Mineure par Halyatte, le second successeur d'Ardys (617-560).
Le texte de l'élégie de Callinus a toujours été imprimé avec celui des poésies de Tyrtée.
Nous citerons notamment l'édition de Bach, publiée à Leipzig, en 1831, Callini Tyrtœi, etc., fragmenta et le volume des Petits poètes lyriques de Bergk, dans la collection Teubner.

ÉLÉGIE DE CALLINUS TRADUITE

Par M. HUMBERT

Combien de temps encore reposerez-vous? Quand aurez-vous un cœur vaillant, jeunes hommes? N'avez-vous point honte de vous montrer ainsi efféminés aux nations voisines? Vous croyez ainsi vivre en paix; mais la guerre envahit toute la contrée. Que chacun, en combattant, présente son bouclier à ses adversaires et que, sur le point de rendre l'âme, il lance son dernier trait. Car il est honorable, il est glorieux pour un brave de combattre contre les ennemis pour sa patrie, pour ses enfants, pour sa légitime épouse ; la mort viendra, quand sera coupé le fil des Parques. Hé bien donc, que chacun s'avance fièrement, dressant sa lance, et serrant son vaillant cœur contre son bouclier, au moment où va commencer la mêlée. Car fuir la mort fixée par les destins est impossible à un homme, quand même il aurait des immortels pour ancêtres. Souvent tel qui part pour éviter le combat et le bruit des traits est frappé dans sa maison par une mort fatale. Celui-là n'excite parmi le peuple aucune affection, aucun regret. Mais, l'autre, petits et grands le pleurent, s'il vient à périr. Car la nation tout entière déplore la mort d'un vaillant guerrier, et s'il vit, on l'estime autant que les demi-dieux. Il est comme un rempart aux yeux de ses concitoyens; à lui seul il est aussi utile que beaucoup d'autres ensemble.