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XÉNOPHANE

 

DOXOGRAPHIE - FRAGMENTS

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

XÉNOPHANE.

 

DOXOGRAPHIE

 

1. Théophr., fr. 5 (Simpl. in physic, 5 6, Vors. 50, 13-36). — Théophraste dit que Xénophane de Colophon, le maître de Parménide, suppose un seul principe ou considère l'être total comme un, ni limité, ni infini, ni en mouvement ni en repos. Théophraste convient au reste que la mention de cette opinion appartient plutôt à une autre histoire qu'à celle qui concerne la nature; car, au dire de Xénophane, cet un universel, c'est le dieu. Il montre qu'il est unique, parce qu'il est plus puissant que tout; car s'il y a plusieurs êtres, dit-il, il faut que la puissance soit également partagée entre eux; or dieu, c'est ce qu'il y a de plus excellent et de supérieur à tout en puissance. Il est inengendré, parce que ce qui naît doit naître soit du semblable, soit du dissemblable ; mais le semblable, dit-il, ne peut avoir ce rôle par rapport au semblable; car il n'y a pas plus de raison pour que l'un, plutôt que l'autre, engendre ou soit engendré; si d'autre part l'être naissait du dissemblable, il naîtrait de ce qui n'est pas; c'est ainsi qu'il prouve la non-génération et l'éternité. L'un n'est ni infini ni limité, parce que, d'une part, l'infini c'est le non-être puisqu'il n'a ni commencement, ni milieu, ni fin; que, de l'autre, ce sont les objets en pluralité qui se limitent réciproquement. Il supprime de même le mouvement et le repos; car l'immobile, c'est le non-être, qui ne devient rien d’autre, et que rien d'autre ne devient; le mouvement, au contraire, appartient à la pluralité, car alors il y a changement de l'un en l'autre. Aussi, quand il dit que l'être reste dans le même état et ne se meut pas (voir fr. 4), il faut entendre cela, non pas du repos opposé au mouvement, mais de l'état stable sans mouvement ni repos. Nicolas de Damas, dans son Traité Sur les Dieux, le mentionne comme ayant dit que le principe est infini et immobile. D'après Alexandre, il l'aurait dit limité et de forme sphérique. Mais on a vu clairement comment il prouve la non-infinitude et la non-limitation ; la limitation et la forme sphérique sont indiquées lorsqu'il dit que l'être est semblable de tous côtés; il dit encore qu'il pense à toutes choses (voir fr. 3).

2. Théophr., fr. 5 a (Galien sur Hippocr., Vors. 52, 28-53, 3). — Divers exégètes ont faussement parlé de Xénophane; ainsi Sabinus qui dit à peu près textuellement : « Je dis que l'homme n'est pas entièrement air, comme le veut Anaximène, ou eau, suivant Thalès, ou terre, comme le dit Xénophane chez un certain auteur. » On ne trouve nulle part une telle assertion de Xénophane; mais il est bien clair, par le texte même de Sabinus, que, s'il a péché, c'est volontairement et non pas par ignorance, car autrement, au lieu de parler comme il l'a fait, il aurait dit au juste dans quel livre se trouve cette assertion. D'ailleurs Théophraste aurait rapporté cette opinion de Xénophane dans l'abrégé des Opinions des physiciens. Il vous est facile de lire les livres où Théophraste a fait cet abrégé, si cette histoire vous intéresse.

3. Théophr., fr. 16 (Aétius, II, 20, Vors. 53, 12-14). — Théophraste, dans les Physiciens, a dit que, suivant Xénophane, le Soleil est formé par la réunion d'étincelles provenant des exhalaisons humides.

4. Philosophumena, 14 (Vors. 51, 12-31). — (1) Xénophane de Colophon, fils d'Orthomène, vécut jusqu'aux temps de Cyrus. Il a proclamé le premier l'incompréhensibilité de toutes choses, disant : (voir fr. 14). — (2). Il dit que rien ne se produit, ni ne se détruit, ni ne se meut; que l'univers est un et en dehors du changement; que le dieu est éternel, unique, semblable de toutes parts, limité, sphérique, doué de sentiment dans toutes ses parties. — (3). Le Soleil se forme chaque jour de petites étincelles qui se réunissent; la Terre est infinie et n'est pas enveloppée par l'air ni par le ciel; il y a des soleils et des lunes en nombre infini; enfin tout vient de la Terre. — (4) Il attribue la salure de la mer aux nombreux mélanges qui y découlent; Métrodore donne pour raison qu'elle filtrerait à travers la terre. — (5) Xénophane croit d'ailleurs qu'il y a eu mélange de la terre et de la mer et que c'est le temps qui a amené la séparation; il en donne pour preuve qu'en pleine terre et dans les montagnes on trouve des coquillages, que dans les carrières de Syracuse on a rencontré des empreintes d'un poisson et de phoques, à Paros une empreinte d'aphye (anchois ?) au milieu d'une pierre, à Malte des plaques de toutes sortes de choses de mer. — (6) Cela vient, dit-il, de ce qu'autrefois tout était houe, et que, quand cette bouc s'est desséchée, les empreintes se sont conservées. Lorsque la terre s'enfonce dans la mer et se transforme en bouc, la race humaine disparaît, puis il y a une nouvelle genèse; ce changement arrive dans tous les mondes.

5. Ps-Plut. (Strom., 4, Vors. 50, 37-51, 11). — Xénophane de Colophon, entrant dans une voie particulière, s'écarta de tous les précédents et n'admit ni genèse ni destruction. L'univers, dit-il, est toujours semblable; car, s'il eût été produit, il eût fallu qu'auparavant il ne fût pas; or, ce qui n'est pas ne peut ni être produit, ni rien faire, ni contribuer à rien produire. Il affirme que les sens sont trompeurs et, en même temps, il ébranle aussi l'autorité de la raison. Il dit qu'avec le temps la terre descend continûment et insensiblement dans la mer; que le Soleil est la réunion d'un grand nombre de petites étincelles. Il affirme des dieux qu'il n'y a aucune prépondérance parmi eux, car il serait impie qu'un dieu fût assujetti; qu'aucun d'eux n'a absolument besoin de rien; qu'ils entendent et voient de partout et non pas par des organes spéciaux. Enfin la Terre serait infinie et la partie inférieure ne serait point entourée d'air; tout viendrait de la Terre; le Soleil et les astres seraient produits par les nuées.

6. Épiphane, III, 9 (Dox. 590, 15). — Xénophane, fils d'Orthomène, de Colophon, dit que tout naît de la terre et de l'eau, mais que, dans tout ce qu'il avance, il n'y a rien de certain, tant la vérité est obscure; il n'y a partout que des opinions et surtout sur ce qui est invisible.

7. Galien (Hist. phil.). — (3, Dox. 601, 5). — Cette secte, qui est d'ordinaire considérée plutôt comme aporétique que comme dogmatique, eut, dit-on, pour chef Xénophane de Colophon. — (7, Vors. 51, 38). Parmi ceux qui appartiennent à la secte intermédiaire, Xénophane a des doutes sur toutes choses, sauf qu'il pose pour dogme que l'univers est un et que c'est là le dieu, qui est limité, raisonnable, immuable. (Cf. Sext. Emp., I, 225 : L'univers est un et le dieu est incorporé à l'univers; il est sphérique, impassible, immuable, raisonnable, Vors. 52, 17-19).

8. Cicéron (Vors. 51, 32-36). — (Lucullus, 37). Xénophane, un peu plus ancien (qu'Anaxagore), dit que tout est un, immuable, que c'est le dieu·, qu'il est inengendré, éternel et de forme sphérique. — (De deor. nat., I, 11.) Puis Xénophane, qui veut que Dieu soit l'univers, qu'il prétend infini et auquel il ajoute l'intelligence, est passible des mêmes reproches que les autres sur ce dernier point, mais bien plus à cause de l'infinitude, où il ne peut y avoir rien de sentant, non plus que de lié. — (De divinat., I, 3, Vors. 54, 26.) Xénophane de Colophon est le seul qui, tout en affirmant l'existence des dieux, nie absolument la divination.

9. Théodoret, IV, 5 (Vors. 52, 20-24). — Xénophane, fils d'Orthomène, de Colophon, chef de la secte éléatique, dit que l'univers est un, sphérique, limité, non engendré, mais éternel et absolument immobile. Puis oubliant ce langage, il dit que tout est sorti de la Terre; car c'est de lui qu'est ce vers : (voir fr. 8). — (Cf. Aétius, I, 3. Xénophane : Le principe de tout est la Terre, car il dit dans son écrit sur la Nature, etc.).

10. Sext. Emp., X. (Dox. 92). — (313). Xénophane, d'après quelques-uns, admet comme principe la Terre (voir fr. 8). — (314) De plusieurs principes dénombrables; de deux, à savoir la terre et l'eau; Xénophane, d'après quelques-uns (voir fr. 9); Homère : « Mais puissiez-vous tous devenir terre et eau. » — (Cf. Ps.-Plut., Vie d'Homère).

11. Galien (Hist. phil., 18, Dox, 610, 14). — Xénophane de Colophon (admet comme principe matériel) la terre et l'eau. — (Cf. Macrobe, Songe de Scipion, I, l4 : Xénophane (dit que l'âme est formée) de terre et d'eau, Vors. 54, 22.)

12. Aétius, II 4. (Vors. 53, 4) — Xénophane, Parménide, Mélissos : Le monde est inengendré, éternel, incorruptible.

13. Aétius, II. (Vors. 53, 6-23). — 13. Xénophane : (Les astres sont formés) de nuages enflammes qui s'éteignent chaque jour et après la nuit se rallument comme des charbons; leurs levers et leurs couchers sont en réalité des inflammations et des extinctions. — 18. Ces sortes d'étoiles qui paraissent sur les vaisseaux, et qu'on appelle Dioscures, sont de petits nuages devenus lumineux par un mouvement approprié. — 20. Le Soleil est un nuage enflammé —24. Les éclipses ont lieu par extinction; il s'en reforme un autre au levant. Il a parlé d'une éclipse de Soleil ayant duré un mois entier et encore d'une éclipse complète telle que le jour aurait paru comme la nuit. — Il y a nombre de soleils et de lunes selon les divers climats, régions et zones de la Terre; à un certain moment, le disque arrive sur une région non habitée et là, comme sa course serait inutile, il subit une éclipse. Xénophane dit encore que le Soleil s'en va à l'infini, mais qu'à cause de la distance il paraît tourner.

14. Aétius, II (Vors. 53, 26-28). — 23. La Lune est un nuage feutré (enflammé ?) — 28. Anaximandre, Xénophane, Bérose : La Lune a sa lumière propre. — 29. Xénophane attribue aussi à l'extinction sa disparition mensuelle.

15. Aétius, III (Vors. 53, 29-37). — 2. Les comètes et les étoiles filantes sont des nuages enflammés qui se constituent ou qui sont en mouvement. — 3. Les éclairs proviennent des nuées illuminées par le mouvement. — 4. Tous les phénomènes météorologiques proviennent, comme cause principale, de la chaleur du Soleil. Celui-ci pompant l'humidité de la mer, l'eau douce, en raison de sa légèreté, se dégage, puis, passant à l'état de brouillard, forme des nuages d'où l'épaississement fait dégoutter la pluie, ou encore elle se dissipe en vents. Il dit textuellement : (voir fr. 11).

16. Aétius III (Vors. 54, 4-7) — 9· Les racines de la Terre s'enfoncent à l'infini par en bas; en haut, elle a été solidifiée par l'air et le feu. — 11. La position de la Terre est primordiale, car ses racines vont à l'infini.

17. Aétius, IV, 9. — Pythagore, Empédocle, Xénophane, Parménide, Zénon, Mélissos, Anaxagore, Démocrite, Métrodore, Protagoras, Platon : Les sens sont trompeurs.

18. Aétius, V, 1 (Vors. 54, 29). — Xénophane et Epicure suppriment la divination.

19. Tertullien (De anima, 43, Vors. 54, 30). — Anaxagore et Xénophane attribuent le sommeil à l'épuisement.


 

FRAGMENTS.[1]

 

1. Εἷς θεὸς ἔν τε θεοῖσι καὶ ἀνθρώποισι μέγιστος,
οὔ τι δέμας θνητοῖσιν ὁμοίιος οὐδὲ νόημα.

2. Οὖλος ὁρᾶι, οὖλος δὲ νοεῖ, οὖλος δέ τ´ ἀκούει.

3. Ἀλλ´ ἀπάνευθε πόνοιο νόου φρενὶ πάντα κραδαίνει.

4. Αἰεὶ δ´ ἐν ταὐτῶι μίμνει κινεύμενος οὐδέν,
οὐδὲ μετέρχεσθαί μιν ἐπιπρέπει ἄλλοτε ἄλληι.

5. Ὡς πλεῖστ´ ἐφθέγξαντο θεῶν ἀθεμίστια ἔργα,
κλέπτειν μοιχεύειν τε καὶ ἀλλήλους ἀπατεύειν.

 6. Ἀλλ´ εἰ χεῖρας ἔχον βόες 〈ἵπποι τ´〉 ἠὲ λέοντες
ἢ γράψαι χείρεσσι καὶ ἔργα τελεῖν ἅπερ ἄνδρες,
ἵπποι μέν θ´ ἵπποισι, βόες δέ τε βουσὶν ὁμοίας
καί 〈κε〉 θεῶν ἰδέας ἔγραφον καὶ σώματ´ ἐποίουν
τοιαῦθ´, οἷόν περ καὐτοὶ δέμας εἶχον 〈ἕκαστοι〉.

6 β.  Αἰθίοπές τε 〈θεοὺς σφετέρους〉 σιμοὺς μέλανάς τε
Θρῆικές τε γλαυκοὺς καὶ πυρρούς 〈φασι πέλεσθαι〉.

 

1. Il est un seul dieu suprême parmi les dieux et les hommes; il ne ressemble aux mortels ni pour le corps ni pour la pensée (23)

2. Tout entier il voit, tout entier il pense, tout entier il entend (24).

3. Mais, sans labeur aucun, son penser mène tout (25).

4. Il reste, sans bouger, toujours en même état; il ne lui convient pas de s'en aller ailleurs (26).

5. Les mortels croient que les dieux sont nés comme eux, qu'ils ont des sens, une voix, un corps semblable aux leurs (14).

6. Mais si les bœufs ou les lions avaient des mains, s'ils savaient dessiner et travailler comme les hommes, les bœufs feraient des dieux semblables aux bœufs, les chevaux des dieux semblables aux chevaux; ils leur donneraient des corps tels qu'ils en ont eux-mêmes (15).

 

7.  Πάντα θεοῖς´ ἀνέθηκαν Ὅμηρός θ´ Ἡσίοδός τε,
ὅσσα παρ´ ἀνθρώποισιν ὀνείδεα καὶ ψόγος ἐστίν,
κλέπτειν μοιχεύειν τε καὶ ἀλλήλους ἀπατεύειν.

8  Ἐκ γαίης γὰρ πάντα καὶ εἰς γῆν πάντα τελευτᾶι.

9. Πάντες γὰρ γαίης τε καὶ ὕδατος ἐκγενόμεσθα.

10. Γῆ καὶ ὕδωρ πάντ´ ἔσθ´ ὅσα γίνοντ(αι) ἠδὲ φύονται.

11.  Πηγὴ δ´ ἐστὶ θάλασσ´ ὕδατος,

12. Γαίης μὲν τόδε πεῖρας ἄνω παρὰ ποσσὶν ὁρᾶται
ἠέρι προσπλάζον, τὸ κάτω δ´ ἐς ἄπειρον ἱκνεῖται.

13. Ἥν τ´ Ἶριν καλέουσι, νέφος καὶ τοῦτο πέφυκε,
πορφύρεον καὶ φοινίκεον καὶ χλωρὸν ἰδέσθαι.

14.  Καὶ τὸ μὲν οὖν σαφὲς οὔ τις ἀνὴρ ἴδεν οὐδέ τις ἔσται
εἰδὼς ἀμφὶ θεῶν τε καὶ ἅσσα λέγω περὶ πάντων·
εἰ γὰρ καὶ τὰ μάλιστα τύχοι τετελεσμένον εἰπών,
αὐτὸς ὅμως οὐκ οἶδε· δόκος δ´ ἐπὶ πᾶσι τέτυκται.

15.  Ταῦτα δεδοξάσθω μὲν ἐοικότα τοῖς ἐτύμοισι.

16. Οὔ τοι ἀπ´ ἀρχῆς πάντα θεοὶ θνητοῖς´ ὑπέδειξαν,
ἀλλὰ χρόνωι ζητοῦντες ἐφευρίσκουσιν ἄμεινον.

 17. Πὰρ πυρὶ χρὴ τοιαῦτα λέγειν χειμῶνος ἐν ὥρηι
ἐν κλίνηι μαλακῆι κατακείμενον, ἔμπλεον ὄντα,
πίνοντα γλυκὺν οἶνον, ὑποτρώγοντ´ ἐρεβίνθους·
‘Τίς πόθεν εἷς ἀνδρῶν; πόσα τοι ἔτε´ ἐστί, φέριστε;
Πηλίκος ἦσθ´, ὅθ´ ὁ Μῆδος ἀφίκετο;’

18. Νῦν αὖτ´ ἄλλον ἔπειμι λόγον, δείξω δὲ κέλευθον.
Καί ποτέ μιν στυφελιζομένου σκύλακος παριόντα
φασὶν ἐποικτῖραι καὶ τόδε φάσθαι ἔπος·
"Παῦσαι, μηδὲ ῥάπιζ´, ἐπεὶ ἦ φίλου ἀνέρος ἐστὶν
ψυχή, τὴν ἔγνων φθεγξαμένης ἀϊών".

19. Ἀλλ´ εἰ μὲν ταχυτῆτι ποδῶν νίκην τις ἄροιτο
ἢ πενταθλεύων, ἔνθα Διὸς τέμενος
πὰρ Πίσαο ῥοῆις ἐν Ὀλυμπίηι, εἴτε παλαίων
ἢ καὶ πυκτοσύνην ἀλγινόεσσαν ἔχων
εἴτε τὸ δεινὸν ἄεθλον ὃ παγκράτιον καλέουσιν,
ἀστοῖσίν κ´ εἴη κυδρότερος προσορᾶν,
καί κε προεδρίην φανερὴν ἐν ἀγῶσιν ἄροιτο,
καί κεν σῖτ´ εἴη δημοσίων κτεάνων
ἐκ πόλεως, καὶ δῶρον ὅ οἱ κειμήλιον εἴη—
εἴτε καὶ ἵπποισιν· ταῦτά κε πάντα λάχοι,
οὐκ <ἐὼ>ν ἄξιος ὥσπερ ἐγώ· ῥώμης γὰρ ἀμείνων
ἀνδρῶν ἠδ´ ἵππων ἡμετέρη σοφίη.
Ἀλλ´ εἰκῆι μάλα τοῦτο νομίζεται, οὐδὲ δίκαιον
προκρίνειν ῥώμην τῆς ἀγαθῆς σοφίης·
οὔτε γὰρ εἰ πύκτης ἀγαθὸς λαοῖσι μετείη
οὔτ´ εἰ πενταθλεῖν οὔτε παλαισμοσύνην,
οὐδὲ μὲν εἰ ταχυτῆτι ποδῶν, τόπερ ἐστὶ πρότιμον,
ῥώμης ὅσς´ ἀνδρῶν ἔργ´ ἐν ἀγῶνι πέλει,
τούνεκεν ἂν δὴ μᾶλλον ἐν εὐνομίηι πόλις εἴη·
σμικρὸν δ´ ἄν τι πόλει χάρμα γένοιτ´ ἐπὶ τῶι,
εἴ τις ἀεθλεύων νικῶι Πίσαο παρ´ ὄχθας·
οὐ γὰρ πιαίνει ταῦτα μυχοὺς πόλεως.

20. Ἀβροσύνας δὲ μαθόντες ἀνωφελέας παρὰ Λυδῶν,
ὄφρα τυραννίης ἦσαν ἄνευ στυγερῆς,
ἤιεσαν εἰς ἀγορὴν παναλουργέα φάρε´ ἔχοντες,
οὐ μείους ὥσπερ χείλιοι ὡς ἐπίπαν,
αὐχαλέοι, χαίτηισιν †ἀγαλλομεν εὐπρεπέεσσιν,
 ἀσκητοῖς ὀδμὴν χρίμασι δευόμενοι.

7. Homère et Hésiode ont attribué aux dieux tout ce qui, chez les hommes, est honteux et blâmable; le plus souvent ils leur prêtent des actions criminelles : vols, adultères, tromperies réciproques (11).

8. Tout sort de la terre, tout retourne à la terre (27).

9. Nous sommes tous sortis de la terre et de l'eau (33).

10. Terre et eau, tout ce qui naît ou pousse (29).

11. La mer est la source de l'eau (30).

12. Nous voyons sous nos pieds cette limite de la Terre, en haut, du côté de l'éther, mais le bas s'en va à l'infini (28).

13. Ce qu'on appelle Iris est aussi un nuage qui paraît naturellement violet, rouge et vert (32).

14. Il n'y a jamais eu, il n'y aura jamais personne qui ait une claire connaissance des dieux ni de tout ce dont je parle. Qui pourrait s'exprimer là-dessus de la façon la plus accomplie, celui-là même n'en sait rien; il n'y a partout que des opinions (34).

15. Voilà ce qui m'a paru ressembler à la vérité (35).

16. Les dieux n'ont pas tout montré aux hommes dès le commencement, mais les hommes cherchent, et avec le temps ils trouvent le meilleur (18).

17. Voici ce qu'il est bon de dire près du feu, par un temps d'hiver, couché sur un lit moelleux, n'ayant plus faim, buvant du vin doux et grignotant des pois : « De quel pays es-tu ? quel âge as-tu, mon ami ? et quel âge avais-tu quand le Mède est survenu ? » (22).

18. Maintenant je commence un autre discours, je prends une nouvelle voie...

... Un jour, dit-on, comme il (Pythagore) passait près d'un chien qu'on battait, il s'écria, plein de pitié : « Arrête, ne frappe plus, c'est l'âme d'un ami, je l'ai reconnu en entendant ses plaintes. » (7).

19. Que quelqu'un remporte la victoire par la légèreté de ses pieds, ou au pentathle à Olympie, là où le temple de Zeus s'élève sur les bords du Pisas, qu'il triomphe à la lutte, au pugilat, ou encore à ce terrible combat qu'on appelle pancrace, on le verra honoré parmi ses concitoyens, siégeant au premier rang pour les spectacles, nourri aux frais du peuple; la ville lui offrira un don digne d'être consacré. Pour une course de chevaux, ce sera la même chose; et cependant je suis plus digne de tels honneurs; ma science vaut mieux que la vigueur d'un homme ou d'un cheval. Il y a là une mauvaise coutume, il n'est pas juste d'estimer la vigueur au-dessus de la science utile. Ce n'est pas parce qu'il y aura dans la ville un bon athlète pour le pugilat, le pentathle ou la lutte, parce qu'il y aura un bon coureur quoiqu'on estime encore plus dans les jeux la légèreté que la vigueur, ce n'est pas pour cela que la ville aura de meilleures lois. Non, il n'y a guère à se réjouir, pour une ville, d'une victoire remportée sur les bords du Pisas, ce n'est pas cela qui remplit les magasins (2).

20. Quand ils ne subissaient pas l'odieuse servitude, empruntant aux Lydiens leurs ruineuses folies, ils allaient à l'agora tout couverts de pourpre; ils étaient souvent là plus de mille, superbes, la chevelure artistement ordonnée, exhalant le parfum de savantes onctions (3).

21. Νῦν γὰρ δὴ ζάπεδον καθαρὸν καὶ χεῖρες ἁπάντων
καὶ κύλικες· πλεκτοὺς δ´ ἀμφιτιθεῖ στεφάνους,
ἄλλος δ´ εὐῶδες μύρον ἐν φιάληι παρατείνει·
κρητὴρ δ´ ἕστηκεν μεστὸς ἐυφροσύνης·
ἄλλος δ´ οἶνος ἑτοῖμος, ὃς οὔποτέ φησι προδώσειν, 
μείλιχος ἐν κεράμοις, ἄνθεος ὀζόμενος·
ἐν δὲ μέσοις ἁγνὴν ὀδμὴν λιβανωτὸς ἵησιν,
ψυχρὸν δ´ ἐστὶν ὕδωρ καὶ γλυκὺ καὶ καθαρόν·
παρκέαται δ´ ἄρτοι ξανθοὶ γεραρή τε τράπεζα
τυροῦ καὶ μέλιτος πίονος ἀχθομένη·
βωμὸς δ´ ἄνθεσιν ἂν τὸ μέσον πάντηι πεπύκασται,
μολπὴ δ´ ἀμφὶς ἔχει δώματα καὶ θαλίη.
Χρὴ δὲ πρῶτον μὲν θεὸν ὑμνεῖν εὔφρονας ἄνδρας
εὐφήμοις μύθοις καὶ καθαροῖσι λόγοις,
σπείσαντάς τε καὶ εὐξαμένους τὰ δίκαια δύνασθαι
πρήσσειν· ταῦτα γὰρ ὦν ἐστι προχειρότερον,
οὐχ ὕβρεις· πίνειν δ´ ὁπόσον κεν ἔχων ἀφίκοιο 
οἴκαδ´ ἄνευ προπόλου μὴ πάνυ γηραλέος.
Ἀνδρῶν δ´ αἰνεῖν τοῦτον ὃς ἐσθλὰ πιὼν ἀναφαίνει,
ὡς ἦι μνημοσύνη καὶ τόνος ἀμφ´ ἀρετῆς,
οὔ τι μάχας διέπειν Τιτήνων οὐδὲ Γιγάντων
οὐδὲ 〈 〉 Κενταύρων, πλάσμα〈τα〉 τῶν προτέρων,
ἢ στάσιας σφεδανάς· τοῖς οὐδὲν χρηστὸν ἔνεστιν·
θ<εῶ>ν 〈δὲ〉 προμηθείην αἰὲν ἔχειν ἀγαθήν.

22. Πέμψας γὰρ κωλῆν ἐρίφου σκέλος ἤραο πῖον
ταύρου λαρινοῦ, τίμιον ἀνδρὶ λαχεῖν
τοῦ κλέος Ἑλλάδα πᾶσαν ἀφίξεται, οὐδ´ ἀπολήξει,
ἔστ´ ἂν ἀοιδάων ἦι γένος Ἑλλαδικόν.

23. Οὐδέ κεν ἐν κύλικι πρότερον κεράσειέ τις οἶνον
ἐγχ<έα>ς, ἀλλ´ ὕδωρ καὶ καθύπερθε μέθυ.

24. Ἤδη δ´ ἑπτά τ´ ἔασι καὶ ἑξήκοντ´ ἐνιαυτοὶ
βληστρίζοντες ἐμὴν φροντίδ´ ἀν´ Ἑλλάδα γῆν·
ἐκ γενετῆς δὲ τότ´ ἦσαν ἐείκοσι πέντέ τε πρὸς τοῖς,
εἴπερ ἐγὼ περὶ τῶνδ´ οἶδα λέγειν ἐτύμως.

21. Le sol est pur, pures sont les mains et les coupes; voici les couronnes de fleurs, voici le suave parfum qui circule dans la fiole. Le crater est debout, rempli d'allégresse; il y a du vin et il ne fera pas défaut, il est prêt dans les cruches, doux comme le miel, odorant comme la fleur. Au milieu de nous l'encens exhale sa sainte vapeur; voici de l'eau fraîche, pure et de bon goût, voici des pains dorés et la table est richement chargée de fromage et de miel onctueux. Au milieu, l'autel tout couvert de fleurs; tout autour, dans la maison, les chants et la joie. Il faut d'abord, en hommes sages, célébrer le dieu par de bonnes paroles et de chastes discours, faire des libations et demander de pouvoir nous comporter justement; voilà ce qu'il faut, amis, pas d'injures; puis, que chacun boive de façon à pouvoir retourner chez lui sans serviteur, à moins d'être trop âgé. Et nous louerons celui qui, tout en buvant, dira des choses utiles et vertueuses, selon sa mémoire ou son esprit. Il ne faut pas raconter les combats des Titans, des Géants ou des Centaures, contes forgés par les anciens, ni des disputes ou des bagatelles qui ne servent à rien; il faut toujours bien penser des dieux (1).

22. Pour une cuisse de chevreau, tu as reçu, présent honorable, celle d'un bœuf engraissé; cela se saura dans toute l'Hellade, cela ne s'oubliera pas, tant qu'il y aura des chanteurs hellènes (6).

23. Ne verse pas d'abord le vin dans la coupe; mais d'abord l'eau, le vin ensuite (5).

24. Voilà déjà soixante-sept ans qui ont balloté mon inquiétude sur la terre hellène; j'étais né depuis vingt-cinq, si je sais bien la vérité là-dessus (8).

25. La partie n'est pas égale, entre un impie et un homme pieux. (Vors, 44, 13).

 

 

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[1] Les chiffres gras entre parenthèses indiquent, l'ordre des fragments dans Diels (Vorsokratiken, I, p. 54-67).