Platon : Lois

PLATON

LES LOIS- ΝΟΜΟΙ ς.

LIVRE VI (bilingue)

 

Traduction française : Victor COUSIN.

VOLUME VII

LIVRE V  - LIVRE VII

Autre traduction (Chambry)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PLATON

 

ŒUVRES

DE PLATON

TOME SEPTIEME.

PARIS.— IMPRIMERIE DE RIGNOUX,

RUE DES FRANCS-BOURGEOIS-S.-MICHEL, N° 8.

 

 

OEUVRES

 

DE PLATON,

 

TRADUITES

 

PAR VICTOR COUSIN.

 

TOME SEPTIEME.

 

 

PARIS,

 

PICHON, LIBRAIRE-ÉDITEUR,

QUAI DES AUGUSTINS, N° 25.

 

1831.

 

LES LOIS - NOMOI ς.

 

LIVRE SIXIÈME..

 

 

 

 

 

 

 ΑΘΗΝΑΙΟΣ

[751a] Ἀλλὰ μὴν μετά γε πάντα τὰ νῦν εἰρημένα σχεδὸν ἂν ἀρχῶν εἶέν σοι καταστάσεις τῇ πόλει.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ἔχει γὰρ οὖν οὕτω.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Δύο εἴδη ταῦτα περὶ πολιτείας κόσμον γιγνόμενα τυγχάνει, πρῶτον μὲν καταστάσεις ἀρχῶν τε καὶ ἀρξόντων, ὅσας τε αὐτὰς εἶναι δεῖ καὶ τρόπον ὅντινα καθισταμένας· ἔπειτα οὕτω δὴ τοὺς νόμους ταῖς ἀρχαῖς ἑκάσταις ἀποδοτέον, [751b] οὕστινάς τε αὖ καὶ ὅσους καὶ οἵους προσῆκον ἂν ἑκάσταις εἴη. Σμικρὸν δὲ ἐπισχόντες πρὸ τῆς αἱρέσεως, εἴπωμεν προσήκοντά τινα λόγον περὶ αὐτῆς ῥηθῆναι.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τίνα δὴ τοῦτον;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Τόνδε. Παντί που δῆλον τὸ τοιοῦτον, ὅτι μεγάλου τῆς νομοθεσίας ὄντος ἔργου, τοῦ πόλιν εὖ παρεσκευασμένην ἀρχὰς ἀνεπιτηδείους ἐπιστῆσαι τοῖς εὖ κειμένοις νόμοις, οὐ μόνον οὐδὲν πλέον εὖ τεθέντων, οὐδ' ὅτι γέλως ἂν πάμπολυς [751c] συμβαίνοι, σχεδὸν δὲ βλάβαι καὶ λῶβαι πολὺ μέγισται ταῖς πόλεσι γίγνοιντ' ἂν ἐξ αὐτῶν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πῶς γὰρ οὔ;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Τοῦτο τοίνυν νοήσωμέν σοι περὶ τῆς νῦν, ὦ φίλε, πολιτείας τε καὶ πόλεως συμβαῖνον. Ὁρᾷς γὰρ ὅτι πρῶτον μὲν δεῖ τοὺς ὀρθῶς ἰόντας ἐπὶ τὰς τῶν ἀρχῶν δυνάμεις βάσανον ἱκανὴν αὐτούς τε καὶ γένος ἑκάστων ἐκ παίδων μέχρι τῆς αἱρέσεως εἶναι δεδωκότας, ἔπειτα αὖ τοὺς μέλλοντας αἱρήσεσθαι τεθράφθαι (τε) ἐν ἤθεσι νόμων εὖ πεπαιδευμένους [751d] πρὸς τὸ δυσχεραίνοντάς τε καὶ ἀποδεχομένους ὀρθῶς κρίνειν καὶ ἀποκρίνειν δυνατοὺς γίγνεσθαι τοὺς ἀξίους ἑκατέρων· ταῦτα δὲ οἱ νεωστὶ συνεληλυθότες ὄντες τε ἀλλήλων ἀγνῶτες, ἔτι δ' ἀπαίδευτοι, πῶς ἄν ποτε δύναιντο ἀμέμπτως τὰς ἀρχὰς αἱρεῖσθαι;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Σχεδὸν οὐκ ἄν ποτε.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἀλλὰ γὰρ ἀγῶνα προφάσεις φασὶν οὐ πάνυ δέχεσθαι· καὶ δὴ καὶ σοὶ τοῦτο νῦν καὶ ἐμοὶ ποιητέον, ἐπείπερ [751e] σὺ μὲν δὴ τὴν πόλιν ὑπέστης τῷ Κρητῶν ἔθνει προθύμως κατοικιεῖν δέκατος αὐτός, ὡς φῄς, τὰ νῦν, ἐγὼ δ' αὖ σοὶ [752a] συλλήψεσθαι κατὰ τὴν παροῦσαν ἡμῖν τὰ νῦν μυθολογίαν. Οὔκουν δήπου λέγων γε ἂν μῦθον ἀκέφαλον ἑκὼν καταλίποιμι· πλανώμενος γὰρ ἂν ἁπάντῃ τοιοῦτος ὢν ἄμορφος φαίνοιτο.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ἄριστ' εἴρηκας, ὦ ξένε.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Οὐ μόνον γε, ἀλλὰ καὶ δράσω κατὰ δύναμιν οὕτω.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πάνυ μὲν οὖν ποιῶμεν ᾗπερ καὶ λέγομεν.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἔσται ταῦτ', ἂν θεὸς ἐθέλῃ καὶ γήρως ἐπικρατῶμεν τό γε τοσοῦτον.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

[752b]  Ἀλλ' εἰκὸς ἐθέλειν.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Εἰκὸς γὰρ οὖν. Ἑπόμενοι δὲ αὐτῷ λάβωμεν καὶ τόδε.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τὸ ποῖον;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ὡς ἀνδρείως καὶ παρακεκινδυνευμένως ἐν τῷ νῦν ἡ πόλις ἡμῖν ἔσται κατωκισμένη.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Περὶ τί βλέπων καὶ ποῖ μάλιστα αὐτὸ εἴρηκας τὰ νῦν;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ὡς εὐκόλως καὶ ἀφόβως ἀπείροις ἀνδράσι νομοθετοῦμεν, ὅπως δέξονταί ποτε τοὺς νῦν τεθέντας νόμους. Δῆλον δὲ τό γε τοσοῦτον, ὦ Κλεινία, παντὶ σχεδὸν καὶ τῷ [752c] μὴ πάνυ σοφῷ, τὸ μὴ ῥᾳδίως γε αὐτοὺς μηδένας προσδέξεσθαι κατ' ἀρχάς, εἰ δὲ μείναιμέν πως τοσοῦτον χρόνον ἕως οἱ γευσάμενοι παῖδες τῶν νόμων καὶ συντραφέντες ἱκανῶς συνήθεις τε αὐτοῖς γενόμενοι τῶν ἀρχαιρεσιῶν τῇ πόλει πάσῃ κοινωνήσειαν· γενομένου γε μὴν οὗ λέγομεν, εἴπερ τινὶ τρόπῳ καὶ μηχανῇ γίγνοιτο ὀρθῶς, πολλὴν ἔγωγε ἀσφάλειαν οἶμαι καὶ μετὰ τὸν τότε παρόντα χρόνον ἂν γενέσθαι τοῦ μεῖναι τὴν παιδαγωγηθεῖσαν οὕτω πόλιν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

(752d) Ἔχει γοῦν λόγον.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἴδωμεν τοίνυν πρὸς τοῦτο εἴ πῄ τινα πόρον ἱκανὸν πορίζοιμεν ἂν κατὰ τάδε. Φημὶ γάρ, ὦ Κλεινία, Κνωσίους χρῆναι τῶν ἄλλων διαφερόντως Κρητῶν μὴ μόνον ἀφοσιώσασθαι περὶ τῆς χώρας ἣν νῦν κατοικίζετε, συντόνως δ' ἐπιμεληθῆναι τὰς πρώτας ἀρχὰς εἰς δύναμιν ὅπως ἂν ἱστῶσιν ὡς ἀσφαλέστατα καὶ ἄριστα. Τὰς μὲν οὖν ἄλλας [752e] καὶ βραχύτερον ἔργον, νομοφύλακας δ' ἡμῖν πρώτους αἱρεῖσθαι ἀναγκαιότατον ἁπάσῃ σπουδῇ.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τίνα οὖν ἐπὶ τούτῳ πόρον καὶ λόγον ἀνευρίσκομεν;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Τόνδε. Φημί, ὦ παῖδες Κρητῶν, χρῆναι Κνωσίους, διὰ τὸ πρεσβεύειν τῶν πολλῶν πόλεων, κοινῇ μετὰ τῶν ἀφικομένων εἰς τὴν συνοίκησιν ταύτην ἐξ αὑτῶν τε καὶ ἐκείνων αἱρεῖσθαι τριάκοντα μὲν καὶ ἑπτὰ τοὺς πάντας, ἐννέα δὲ καὶ δέκα ἐκ τῶν ἐποικησάντων, τοὺς δὲ ἄλλους [753a] ἐξ αὐτῆς Κνωσοῦ· τούτους δ' οἱ Κνώσιοι τῇ πόλει σοι δόντων, καὶ αὐτόν σε πολίτην εἶναι ταύτης τῆς ἀποικίας καὶ ἕνα τῶν ὀκτωκαίδεκα, πείσαντες ἢ τῇ μετρίᾳ δυνάμει βιασάμενοι.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τί δῆτα οὐ καὶ σύ τε καὶ ὁ Μέγιλλος, ὦ ξένε, ἐκοινωνησάτην ἡμῖν τῆς πολιτείας;

302 L'ATHÉNIEN.

[751a]  Il est temps, après tout ce que nous venons  de dire, de songer à établir des magistrats dans ta ville.

CLINIAS.

Tu as raison.

L'ATHÉNIEN.

L'ordre politique embrasse les deux objets suivants. Le premier est rétablissement des magistratures, et le choix des personnes destinées à les remplir, quel doit être le nombre de ces magistratures et la manière de les établir. L'autre objet regarde les lois qu'il faut prescrire à chacune d'elles, [751b] la nature de ces lois, leur nombre et leur qualité. Mais avant que de procéder à l'élection des magistrats, arrêtons-nous un moment, et disons à ce sujet quelque chose qui ne sera pas hors de propos.

CLINIAS.

De quoi s'agit-il?

303 L'ATHÉNIEN.

Le voici. Il est évident pour chacun que, qu'elle que soit l'importance de la législation, tout État qui, après s'être donné le gouvernement le meilleur et les meilleures lois, prépose à leur exécution des magistrats incapables, non seulement ne tirera aucun avantage de la bonté de ses lois [751c] et s'exposera à un grand ridicule, mais encore que ce mauvais choix sera pour lui la source d'une infinité de maux et de calamités.

CLINIAS.

Certainement.

L'ATHÉNIEN.

Considérons donc, mon cher Clinias, que c'est justement l'inconvénient auquel est exposé ton gouvernement et ta nouvelle cité. Tu vois en effet qu'il faut d'abord, pour mériter d'être élevé aux charges publiques, rendre un compte suffisant de sa conduite, à soi et à sa famille, depuis sa jeunesse jusqu'au moment de l'élection (01): ensuite, que ceux auxquels est confié le soin de 304 cette élection, doivent avoir reçu une éducation conforme à l'esprit des lois, [715d] afin d'être en état de faire un sage discernement des candidats qui méritent d'être admis ou rejetés. Or, comment des hommes rassemblés depuis peu, inconnus les uns aux autres, et encore sans éducation, pourront-ils se comporter dans ce choix d'une manière irrépréhensible?

CLINIAS.

Cela n'est guère possible.

L'ATHÉNIEN.

Cependant il n'y a plus moyen de reculer. Nous sommes engagés d'honneur toi et moi à sortir de ce mauvais pas : [715e]  toi par la parole que tu as donnée aux Crétois de travailler avec neuf autres à l'établissement de cette colonie : moi, par la promesse [752a] que je t'ai faite de mettre avec toi la main à l'œuvre dans cet entretien. Ainsi, autant qu'il dépendra de moi, je ne laisserai point notre discours imparfait : il aurait trop mauvaise grâce, s'il errait ainsi de côté et d'autre.

CLINIAS.

Tu dis très-bien, étranger.

L'ATHÉNIEN.

Je ne m'en tiendrai pas à des paroles, et je vais tâcher de passer aux effets.

305 CLINIAS.

Oui, faisons ce que nous disons.

L'ATHÉNIEN.

Cela sera, si Dieu nous seconde, et si nous parvenons à maîtriser assez les habitudes de notre âge.

CLINIAS.

[752b] II y a apparence que Dieu nous secondera.

L'ATHÉNIEN.

Je l'espère. Abandonnons-nous donc à sa conduite, et remarquons d'abord ceci.

CLINIAS.

Quoi ?

L'ATHÉNIEN.

Avec quel courage et quelle hardiesse nous allons élever l'édifice de notre nouvelle ville.

CLINIAS.

Dans quelle vue et à quel propos parles-tu de la sorte ?

L'ATHÉNIEN.

Je fais réflexion à la facilité et à la sécurité avec laquelle nous donnons des lois à des hommes qui n'en ont nulle expérience, sans former le moindre doute s'ils les recevront. Cependant, mon cher Clinias, il ne faut pas être bien habile [752c] pour prévoir qu'ils feront d'abord de grandes difficultés, avant que de s'y soumettre. Mais si 306 nous pouvions maintenir les choses pendant un certain temps, jusqu'à ce que leurs enfants, après avoir essayé des lois, s'en être fait une douce habitude et avoir reçu une bonne éducation, soient en âge de donner leur suffrage pour les élections avec le reste des citoyens ; dans cette supposition, et pourvu que nous trouvions à cela quelque expédient convenable, je crois que nous pourrions nous promettre avec assurance que notre ville se conserverait longtemps avec cette discipline.

CLINIAS.

[752d] Nous aurions raison de l'espérer.

L'ATHÉNIEN.

Voyons donc si nous trouverons quelque moyen d'exécuter ce projet. Je pense, mon cher Clinias, qu'il faut que, particulièrement entre les autres Crétois, les Cnossiens fassent quelque chose de plus que de s'intéresser faiblement et comme par manière d'acquit à la nouvelle colonie, et qu'ils donnent tous leurs soins à ce que les premières élections des magistrats se fassent avec toute la solidité et la perfection possible. Il y a moins d'embarras pour les autres charges : [752e] mais il est absolument nécessaire que les gardiens des lois soient élus avant tous avec les plus grandes précautions.

307 CLINIAS.

Eh bien, quel moyen imaginons-nous pour arriver à ce but ?

L'ATHÉNIEN.

Le voici. Enfants des Crétois, je dis qu'il faut que les Cnossiens, en vertu de la supériorité de leur ville sur les autres, doivent de concert avec ceux qui se rendront dans la nouvelle colonie, choisir trente-sept personnes, dont dix-neuf prises parmi les nouveaux citoyens, et les dix-huit autres tirées de Cnosse même. [753a] Tu seras de ce nombre, Clinias, et les Cnossiens emploieront l'insinuation, ou même une douce violence, pour te déterminer avec les dix-sept autres à prendre la qualité de citoyen dans cette colonie,

CLINIAS.

Quoi donc, étranger, Mégille et toi n'y viendrez-vous pas avec nous?

  ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Μέγα μέν, ὦ Κλεινία, φρονοῦσιν αἱ Ἀθῆναι, μέγα δὲ καὶ ἡ Σπάρτη, καὶ μακρὰν ἀποικοῦσιν ἑκάτεραι· σοὶ δὲ κατὰ πάντα ἐμμελῶς ἔχει καὶ τοῖς ἄλλοις οἰκισταῖς κατὰ [753b] ταὐτά, ὥσπερ τὰ περὶ σοῦ νῦν λεγόμενα. Ὡς μὲν οὖν γένοιτ' ἂν ἐπιεικέστατα ἐκ τῶν ὑπαρχόντων ἡμῖν τὰ νῦν, εἰρήσθω, προελθόντος δὲ χρόνου καὶ μεινάσης τῆς πολιτείας, αἵρεσις αὐτῶν ἔστω τοιάδε τις· πάντες μὲν κοινωνούντων τῆς τῶν ἀρχόντων αἱρέσεως ὁπόσοιπερ ἂν ὅπλα ἱππικὰ ἢ πεζικὰ τιθῶνται καὶ πολέμου κεκοινωνήκωσιν ἐν ταῖς σφετέραις αὐτῶν τῆς ἡλικίας δυνάμεσιν· ποιεῖσθαι δὲ τὴν αἵρεσιν ἐν [753c] ἱερῷ ὅπερ ἂν ἡ πόλις ἡγῆται τιμιώτατον, φέρειν δ' ἐπὶ τὸν τοῦ θεοῦ βωμὸν ἕκαστον εἰς πινάκιον γράψαντα τοὔνομα πατρόθεν καὶ φυλῆς καὶ δήμου ὁπόθεν ἂν δημοτεύηται, παρεγγράφειν δὲ καὶ τὸ αὑτοῦ κατὰ ταὐτὰ οὕτως ὄνομα. Τῷ βουλομένῳ δ' ἐξέστω τῶν πινακίων ὅτιπερ ἂν φαίνηται μὴ κατὰ νοῦν αὑτῷ γεγραμμένον ἀνελόντα εἰς ἀγορὰν θεῖναι μὴ ἔλαττον τριάκοντα ἡμερῶν. Τὰ δὲ τῶν πινακίων κριθέντα ἐν πρώτοις μέχρι τριακοσίων δεῖξαι τοὺς ἄρχοντας ἰδεῖν [753d] πάσῃ τῇ πόλει, τὴν δὲ πόλιν ὡσαύτως ἐκ τούτων φέρειν πάλιν ὃν ἂν ἕκαστος βούληται, τοὺς δὲ τὸ δεύτερον ἐξ αὐτῶν προκριθέντας ἑκατὸν δεῖξαι πάλιν ἅπασιν. Τὸ δὲ τρίτον φερέτω μὲν ἐκ τῶν ἑκατὸν ὁ βουληθεὶς ὃν ἂν βούληται, διὰ τομίων πορευόμενος· ἑπτὰ δὲ καὶ τριάκοντα, οἷς ἂν πλεῖσται γένωνται ψῆφοι, κρίναντες ἀποφηνάντων ἄρχοντας. Τίνες οὖν, ὦ Κλεινία καὶ Μέγιλλε, πάντα ἡμῖν ταῦτ' ἐν [753e] τῇ πόλει καταστήσουσι τῶν ἀρχῶν τε πέρι καὶ δοκιμασιῶν αὐτῶν; ἆρα ἐννοοῦμεν ὡς ταῖς πρῶτον οὕτω καταζευγνυμέναις πόλεσιν ἀνάγκη μὲν εἶναί τινας, οἵτινες δὲ εἶεν ἂν πρὸς πασῶν τῶν ἀρχῶν γεγονότες, οὐκ ἔστιν; δεῖ μὴν ἁμῶς γέ πως, καὶ ταῦτα οὐ φαύλους ἀλλ' ὅτι μάλιστα ἄκρους. Ἀρχὴ γὰρ λέγεται μὲν ἥμισυ παντὸς ἐν ταῖς παροιμίαις ἔργου, καὶ τό γε καλῶς ἄρξασθαι πάντες ἐγκωμιάζομεν ἑκάστοτε· τὸ δ' ἔστιν τε, ὡς ἐμοὶ φαίνεται, πλέον ἢ τὸ [754a] ἥμισυ, καὶ οὐδεὶς αὐτὸ καλῶς γενόμενον ἐγκεκωμίακεν ἱκανῶς.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ὀρθότατα λέγεις.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Μὴ τοίνυν γιγνώσκοντές γε παρῶμεν αὐτὸ ἄρρητον, μηδὲν διασαφήσαντες ἡμῖν αὐτοῖς τίνα ἔσται τρόπον. Ἐγὼ μὲν οὖν οὐδαμῶς εὐπορῶ πλήν γε ἑνὸς εἰπεῖν πρὸς τὸ παρὸν ἀναγκαίου καὶ συμφέροντος λόγου.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τίνος δή;

L'ATHÉNIEN.

Athènes et Sparte ont trop de fierté pour cela : d'ailleurs elles sont trop éloignées l'une et l'autre, au lieu que tu as toutes les facilités possibles, et les autres fondateurs de la colonie aussi bien que toi. [753b] Voilà tout ce qu'il y a de mieux à faire dans les circonstances présentes; mais avec le temps, quand le nouvel État aura pris quelque consistance, ses élections se feront 308 de la manière suivante. Tous ceux qui portent les armes en qualité de fantassins ou de cavaliers, et qui ont déjà été à la guerre, selon l'ordre de leur âge, auront droit de suffrage dans l'élection des magistrats. L'élection se fera dans le temple estimé [753c] le plus saint de toute la ville. Chacun déposera sur l'autel du dieu son suffrage écrit sur une tablette, avec le nom de celui qu'il choisit, de son père, de sa tribu et du dème qu'il habite : il y joindra aussi son propre nom avec les mêmes détails. Le premier venu qui jugera que quelque suffrage n'est pas donné dans la forme convenable, pourra le prendre dessus l'autel, et l'exposer dans la place publique au moins durant trente jours. Les magistrats, après avoir recueilli les noms des trois cents qui auront eu plus de voix, les montreront [753d] à toute la ville, qui fera à son gré un nouveau choix parmi ces trois cents; les noms des cent préférés seront encore mis sous les yeux de tous les citoyens, qui choisiront encore entre ces cent personnes, en allant de divisions en divisions, et les trente-sept qui auront le plus de suffrages seront déclarés magistrats. Mais à qui nous adresserons-nous, Clinias et Mégille, pour présider [753e] aux élections des magistrats et à l'épreuve qui leur est ira- 309 posée (02) ? Ne voyons-nous pas que dans les villes nouvellement formées, autant il est nécessaire d'avoir des personnes qu'on puisse charger de ce soin, autant il est impossible de les tirer des rangs des magistrats qui n'existent pas encore ? Il en faut cependant trouver à quelque prix que ce soit, et encore non pas des hommes ordinaires, mais du premier mérite. Car, selon le proverbe, le commencement est la moitié de l'ouvrage ; tout le monde s'accorde à donner des éloges à un beau commencement; mais, dans l'affaire présente, il me paraît que c'est plus de la [754a] moitié du tout, et que le succès en ce genre n'a jamais été loué autant qu'il le mérite.

CLINIAS.

Tu as parfaitement raison.

L'ATHÉNIEN.

Puisque nous sommes persuadés de cette vérité, ne passons pas un point si essentiel sans nous être éclairés sur la manière dont il faudra s'y prendre. Pour moi, je ne vois dans le cas où nous sommes qu'un expédient également nécessaire et avantageux.

310 CLINIAS.

Quel est-il ?

  ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Φημὶ ταύτῃ τῇ πόλει, ἣν οἰκίζειν μέλλομεν, οἷον πατέρα καὶ μητέρα οὐκ εἶναι πλὴν τὴν κατοικίζουσαν αὐτὴν [754b] πόλιν, οὐκ ἀγνοῶν ὅτι πολλαὶ τῶν κατοικισθεισῶν διάφοροι ταῖς κατοικισάσαις πολλάκις ἔνιαι γεγόνασίν τε καὶ ἔσονται. Νῦν μὴν ἐν τῷ παρόντι, καθάπερ παῖς, εἰ καί ποτε μέλλει διάφορος εἶναι τοῖς γεννήσασιν, ἔν γε τῇ παρούσῃ παιδίας ἀπορίᾳ στέργει τε καὶ στέργεται ὑπὸ τῶν γεννησάντων, καὶ φεύγων ἀεὶ πρὸς τοὺς οἰκείους, ἀναγκαίους μόνους εὑρίσκει συμμάχους· ἃ δὴ νῦν φημὶ Κνωσίοις διὰ τὴν ἐπιμέλειαν [754c] πρὸς τὴν νέαν πόλιν καὶ τῇ νέᾳ πρὸς Κνωσὸν ὑπάρχειν ἑτοίμως γεγονότα. Λέγω δή, καθάπερ εἶπον νυνδή, δὶς γὰρ τό γε καλὸν ῥηθὲν οὐδὲν βλάπτει Κνωσίους δεῖν ἐπιμεληθῆναι πάντων τούτων κοινῇ, προσελομένους τῶν εἰς τὴν ἀποικίαν ἀφικομένων, τοὺς πρεσβυτάτους τε καὶ ἀρίστους εἰς δύναμιν ἑλομένους, μὴ ἔλαττον ἑκατὸν ἀνδρῶν· καὶ αὐτῶν Κνωσίων ἔστωσαν ἑκατὸν ἕτεροι. Τούτους δὲ ἐλθόντας φημὶ δεῖν εἰς τὴν καινὴν πόλιν συνεπιμεληθῆναι ὅπως αἵ τε ἀρχαὶ [754d] καταστῶσιν κατὰ νόμους, καταστᾶσαί τε δοκιμασθῶσι· γενομένων δὲ τούτων, τὴν μὲν Κνωσὸν τοὺς Κνωσίους οἰκεῖν, τὴν δὲ νέαν πόλιν αὐτὴν αὑτὴν πειρᾶσθαι σῴζειν τε καὶ εὐτυχεῖν.

Οἱ δὲ δὴ γενόμενοι τῶν ἑπτὰ καὶ τριάκοντα νῦν τε καὶ εἰς τὸν ἔπειτα σύμπαντα χρόνον ἐπὶ τοῖσδε ἡμῖν ᾑρήσθωσαν· πρῶτον μὲν φύλακες ἔστωσαν τῶν νόμων, ἔπειτα τῶν γραμμάτων ὧν ἂν ἕκαστος ἀπογράψῃ τοῖς ἄρχουσι τὸ πλῆθος τῆς αὑτῶν οὐσίας, πλὴν ὁ μὲν μέγιστον τίμημα [754e] ἔχων τεττάρων μνῶν, ὁ δὲ τὸ δεύτερον τριῶν, ὁ δὲ τρίτος δυοῖν μναῖν, μνᾶς δὲ ὁ τέταρτος. Ἐὰν δέ τις ἕτερον φαίνηταί τι παρὰ τὰ γεγραμμένα κεκτημένος, δημόσιον μὲν ἔστω τὸ τοιοῦτον ἅπαν, πρὸς τούτῳ δὲ δίκην ὑπεχέτω τῷ βουλομένῳ μετιέναι μὴ καλὴν μηδ' εὐώνυμον ἀλλ' αἰσχράν, ἐὰν ἁλίσκηται διὰ τὸ κέρδος τῶν νόμων καταφρονῶν. Αἰσχροκερδείας οὖν αὐτὸν γραψάμενος ὁ βουληθεὶς ἐπεξίτω τῇ δίκῃ ἐν αὐτοῖς τοῖς νομοφύλαξιν· ἐὰν δ' ὁ φεύγων ὄφλῃ, [755a] τῶν κοινῶν κτημάτων μὴ μετεχέτω, διανομὴ δὲ ὅταν τῇ πόλει γίγνηταί τις, ἄμοιρος ἔστω πλήν γε τοῦ κλήρου, γεγράφθω δὲ ὠφληκώς, ἕως ἂν ζῇ, ὅπου πᾶς ὁ βουλόμενος αὐτὰ ἀναγνώσεται. Μὴ πλέον δὲ εἴκοσιν ἐτῶν νομοφύλαξ ἀρχέτω, φερέσθω δ' εἰς τὴν ἀρχὴν μὴ ἔλαττον ἢ πεντήκοντα γεγονὼς ἐτῶν· ἑξηκοντούτης δὲ ἐνεχθεὶς δέκα μόνον ἀρχέτω ἔτη, καὶ κατὰ τοῦτον τὸν λόγον, ὅπως ἄν τις πλέον [755b] ὑπερβὰς ἑβδομήκοντα ζῇ, μηκέτι ἐν τούτοις τοῖς ἄρχουσι τὴν τηλικαύτην ἀρχὴν ὡς ἄρξων διανοηθήτω

L'ATHÉNIEN.

Je dis qu'aucune autre ville ne doit, pour ainsi dire, tenir lieu de père et de mère à notre nouvelle colonie, que celle qui a conçu le projet de [754b] la fonder. Ce n'est pas que j'ignore qu'il s'est souvent élevé, et qu'il s'élèvera encore de grands différends entre les colonies et leurs métropoles ; mais il n'en est pas moins vrai que toute colonie dans sa naissance est comme un enfant qui, par la faiblesse de son âge étant incapable de pourvoir à ses besoins, s'attache à ceux de qui il tient le jour, et leur est cher pour cette même raison, quoiqu'il doive peut-être dans la suite se brouiller avec eux : c'est toujours à eux qu'il a recours ; c'est en eux seuls qu'il trouve et qu'il a droit de trouver du secours. Tels sont les sentiments où je veux que les Cnossiens entrent [754c] à l'égard de la nouvelle ville par les soins qu'ils en prendront, et la nouvelle ville à l'égard de Cnosse. Et pour répéter ce que j'ai dit précédemment (car il n'y a aucun inconvénient à dire deux fois ce qui est bien dit), il faut que les Cnossiens pourvoient à tout cela en choisissant parmi les citoyens de la nouvelle ville, cent personnes les plus respectables par leur âge et leur  311 probité, y joignant un pareil nombre des leurs, qui se rendront dans la colonie, se chargeront avec les autres de l'institution [754d] des magistrats suivant les formalités prescrites par les lois, et de l'épreuve qu'ils doivent subir. Après quoi les Cnossiens resteront chez eux, et la nouvelle colonie essaiera de pourvoir désormais elle-même à sa conservation et à son bonheur.

A l'égard des trente-sept, voici pour le présent et pour tout le temps qui doit suivre, quelles seront leurs fonctions. Premièrement ils seront gardiens des lois ; en second lieu, ils seront les dépositaires des rôles où chaque citoyen marquera le montant de sa fortune, [754e] qui ne doit pas excéder quatre mines (03) pour la première classe, trois pour la seconde, deux pour la troisième et une pour la quatrième. Si on découvre que quelqu'un possède quelque chose au-delà de ce qui est porté dans sa déclaration, ce surplus sera confisqué. En outre il sera permis à quiconque de lui intenter une action ignominieuse et Infamante, s'il est convaincu d'avoir voulu s'enrichir au mépris des lois. Le premier venu l'accusera donc de gain sordide, et cette accusation se pour- 312 suivra devant les gardiens même des lois. Si l'accusé est trouvé coupable, [755a] qu'il n'ait aucune part aux biens qui sont en commun, qu'il soit exclus des distributions, lorsqu'il s'en fera, et réduit à sa portion primitive : que la sentence portée contre lui soit mise par écrit, et demeure affichée tant qu'il vivra, dans un lieu où tout le monde puisse la lire. Les gardiens des lois ne seront point en charge plus de vingt ans, ni promus à cette dignité avant l'âge de cinquante (04). Quiconque aura été élu à soixante ans, ne sera que dix ans en place, et ainsi du reste en gardant la même proportion : de sorte qu'on perde toute espérance de conserver une charge de cette importance, [755b] passé l'âge de soixante-dix ans.

 Τὰ μὲν οὖν περὶ τῶν νομοφυλάκων ταῦτα εἰρήσθω προστάγματα τρία, προϊόντων δὲ εἰς τοὔμπροσθε τῶν νόμων ἕκαστος προστάξει τούτοις τοῖς ἀνδράσιν ὧντινων αὐτοὺς δεῖ πρὸς τοῖς νῦν εἰρημένοις προσεπιμελεῖσθαι· νῦν δ' ἑξῆς ἄλλων ἀρχῶν αἱρέσεως πέρι λέγοιμεν ἄν. Δεῖ γὰρ δὴ τὰ μετὰ ταῦτα στρατηγοὺς αἱρεῖσθαι, καὶ τούτοις εἰς τὸν πόλεμον [755c] οἷόν τινας ὑπηρεσίας ἱππάρχους καὶ φυλάρχους καὶ τῶν πεζῶν φυλῶν κοσμητὰς τῶν τάξεων, οἷς πρέπον ἂν εἴη τοῦτ' αὐτὸ τοὔνομα μάλιστα, οἷον καὶ οἱ πολλοὶ ταξιάρχους αὐτοὺς ἐπονομάζουσι. Τούτων δὴ στρατηγοὺς μὲν ἐξ αὐτῆς τῆς πόλεως ταύτης οἱ νομοφύλακες προβαλλέσθων, αἱρείσθων δ' ἐκ τῶν προβληθέντων πάντες οἱ τοῦ πολέμου κοινωνοὶ γενόμενοί τε ἐν ταῖς ἡλικίαις καὶ γιγνόμενοι ἑκάστοτε. Ἐὰν δέ τις ἄρα δοκῇ τινι τῶν μὴ προβεβλημένων ἀμείνων [755d] εἶναι τῶν προβληθέντων τινός, ἐπονομάσας ἀνθ' ὅτου ὅντινα προβάλλεται, τοῦτ' αὐτὸ ὀμνὺς ἀντιπροβαλλέσθω τὸν ἕτερον· ὁπότερος δ' ἂν δόξῃ διαχειροτονούμενος, εἰς τὴν αἵρεσιν ἐγκρινέσθω. Τρεῖς δέ, οἷς ἂν ἡ πλείστη χειροτονία γίγνηται, τούτους εἶναι στρατηγούς τε καὶ ἐπιμελητὰς τῶν κατὰ πόλεμον, δοκιμασθέντων καθάπερ οἱ νομοφύλακες· ταξιάρχους δὲ αὑτοῖσι προβάλλεσθαι μὲν τοὺς αἱρεθέντας στρατηγοὺς [755e] δώδεκα, ἑκάστῃ φυλῇ ταξίαρχον, τὴν δ' ἀντιπροβολὴν εἶναι, καθάπερ τῶν στρατηγῶν ἐγίγνετο τὴν αὐτὴν καὶ περὶ τῶν ταξιαρχῶν, καὶ τὴν ἐπιχειροτονίαν καὶ τὴν κρίσιν. Τὸν δὲ σύλλογον τοῦτον ἐν τῷ παρόντι, πρὶν πρυτάνεις τε καὶ βουλὴν ᾑρῆσθαι, τοὺς νομοφύλακας συλλέξαντας εἰς χωρίον ὡς ἱερώτατόν τε καὶ ἱκανώτατον καθίσαι, χωρὶς μὲν τοὺς ὁπλίτας, χωρὶς δὲ τοὺς ἱππέας, τρίτον δ' ἐφεξῆς τούτοις πᾶν ὅσον ἐμπολέμιον· χειροτονούντων δὲ στρατηγοὺς μὲν καὶ ἱππάρχους πάντες, ταξιάρχους δὲ οἱ [756a] τὴν ἀσπίδα τιθέμενοι, φυλάρχους δὲ αὖ τούτοις πᾶν τὸ ἱππικὸν αἱρείσθω, ψιλῶν δὲ ἢ τοξοτῶν ἤ τινος ἄλλου τῶν ἐμπολεμίων ἡγεμόνας οἱ στρατηγοὶ ἑαυτοῖς καθιστάντων. Ἱππάρχων δὴ κατάστασις ἂν ἡμῖν ἔτι λοιπὴ γίγνοιτο. Τούτους οὖν προβαλλέσθων μὲν οἵπερ καὶ τοὺς στρατηγοὺς προυβάλλοντο, τὴν δὲ αἵρεσιν καὶ τὴν ἀντιβολὴν τούτων τὴν αὐτὴν γίγνεσθαι καθάπερ ἡ τῶν στρατηγῶν ἐγίγνετο, [756b] χειροτονείτω δὲ τὸ ἱππικὸν αὐτοὺς ἐναντίον ὁρώντων τῶν πεζῶν, δύο δὲ οἷς ἂν πλείστη χειροτονία γίγνηται, τούτους ἡγεμόνας εἶναι πάντων τῶν ἱππευόντων. Τὰς δὲ ἀμφισβητήσεις τῶν χειροτονιῶν μέχρι δυοῖν εἶναι· τὸ δὲ τρίτον ἐὰν ἀμφισβητῇ τις, διαψηφίζεσθαι τούτους οἷσπερ τῆς χειροτονίας μέτρον ἑκάστοις ἕκαστον ἦν.

Bornons-nous pour le présent à ces trois règlements touchant les gardiens des lois : à mesure que nous avancerons dans notre législation, ils trouveront leurs autres devoirs marqués en différentes lois.  Pour aller de suite, il faut parler maintenant de l'institution des autres charges. Il est temps en effet de créer des généraux d'armée, et de 313 leur donner pour aides à la guerre [755c] des commandants de cavalerie et des phylarques (05), et des officiers auxquels on ne peut pas donner de nom plus convenable que celui de taxiarques, en usage aujourd'hui, du nom même du corps d'infanterie qu'ils sont chargés d'instruire (06). Les généraux d'armée qui doivent être de la cité même seront proposés par les gardiens des lois : le droit de les choisir dans le nombre des proposés appartiendra à tous ceux qui ont porté les armes lorsqu'ils en avaient l'âge et à ceux qui les portent actuellement. Si quelqu'un juge que parmi ceux qui ne sont point proposés il y en a qui ont plus de mérite [755d] que quelques-uns de ceux qui l'ont été, il nommera celui qu'il rejette et celui qu'il substitue, et proposera ce dernier après avoir fait serment qu'il le préfère à l'autre. Toute l'assemblée décidera sur la préférence en levant la main, et le plus digne sera admis pour l'élection. Les trois qui auront eu un plus grand nombre de suffrages, seront déclarés généraux,  et chargés de la conduite de la guerre : l'é-  314 preuve après l'élection se fera comme celle des gardiens des lois. Ensuite les généraux élus proposeront eux-mêmes [755e] douze taxiarques, un pour chaque tribu : la substitution, les suffrages et l'épreuve auront lieu pour cette élection comme pour celle des généraux. Cette assemblée, jusqu'à ce qu'on ait créé des prytanes et un sénat, sera présidée par les gardiens des lois, qui la convoqueront dans le lieu le plus saint et le plus propre à contenir une si grande multitude. Les fantassins et les cavaliers auront leur campement à part, et il y aura un troisième campement pour toutes les autres espèces de troupes. Tous auront droit de suffrage dans l'élection des généraux et des commandants de la cavalerie. Pour les taxiarques, ils seront choisis [756a] par ceux qui sont armés d'un bouclier, et les phylarques par toute la cavalerie. A l'égard des chefs des troupes légères, comme les archers et autres semblables, le choix en sera laissé aux généraux. Il nous reste à dire un mot de l'élection des commandants de la cavalerie. Ils seront proposés par les mêmes qui ont proposé les généraux : la substitution et le choix se feront dans cette élection de la même façon que dans l'autre. [756b] La cavalerie portera son suffrage en présence de l'infanterie ; on élira les deux qui auront eu le plus de voix. Si les suf- 315 frages sont balancés, on recommencera l'élection jusqu'à deux fois: à la troisième fois, si l'on n'est point d'accord, le président décidera.

 

Βουλὴν δὲ εἶναι μὲν τριάκοντα δωδεκάδας - ἑξήκοντα δὲ καὶ τριακόσιοι γίγνοιντο ἂν πρέποντες ταῖς διανομαῖς - μέρη [756c] δὲ διανείμαντας τέτταρα κατὰ ἐνενήκοντα τὸν ἀριθμὸν τούτων, ἐξ ἑκάστου τῶν τιμημάτων φέρειν ἐνενήκοντα βουλευτάς. Πρῶτον μὲν ἐκ τῶν μεγίστων τιμημάτων ἅπαντας φέρειν ἐξ ἀνάγκης, ἢ ζημιοῦσθαι τὸν μὴ πειθόμενον τῇ δοξάσῃ ζημίᾳ· ἐπειδὰν δ' ἐνεχθῶσι, τούτους μὲν κατασημήνασθαι, τῇ δὲ ὑστεραίᾳ φέρειν ἐκ τῶν δευτέρων τιμημάτων κατὰ ταὐτὰ καθάπερ τῇ πρόσθεν, τρίτῃ δ' ἐκ τῶν τρίτων τιμημάτων φέρειν μὲν τὸν βουλόμενον, ἐπάναγκες δὲ εἶναι τοῖς τῶν [756d] τριῶν τιμημάτων, τὸ δὲ τέταρτόν τε καὶ σμικρότατον ἐλεύθερον ἀφεῖσθαι τῆς ζημίας, ὃς ἂν αὐτῶν μὴ βούληται φέρειν. Τετάρτῃ δὲ φέρειν μὲν ἐκ τοῦ τετάρτου καὶ σμικροτάτου τιμήματος ἅπαντας, ἀζήμιον δ' εἶναι τὸν ἐκ τοῦ τετάρτου καὶ τρίτου τιμήματος, ἐὰν ἐνεγκεῖν μὴ βούληται· τὸν δ' ἐκ τοῦ δευτέρου καὶ πρώτου μὴ φέροντα ζημιοῦσθαι, τὸν μὲν [756e] ἐκ τοῦ δευτέρου τριπλασίᾳ τῆς πρώτης ζημίας, τὸν δ' ἐκ τοῦ πρώτου τετραπλασίᾳ. Πέμπτῃ δὲ ἡμέρᾳ τὰ κατασημανθέντα ὀνόματα ἐξενεγκεῖν μὲν τοὺς ἄρχοντας ἰδεῖν πᾶσι τοῖς πολίταις, φέρειν δ' ἐκ τούτων αὖ πάντα ἄνδρα ἢ ζημιοῦσθαι τῇ πρώτῃ ζημίᾳ· ὀγδοήκοντα δὲ καὶ ἑκατὸν ἐκλέξαντας ἀφ' ἑκάστων τῶν τιμημάτων, τοὺς ἡμίσεις τούτων ἀποκληρώσαντας δοκιμάσαι, τούτους δ' εἶναι τὸν ἐνιαυτὸν βουλευτάς.

Ἡ μὲν αἵρεσις οὕτω γιγνομένη μέσον ἂν ἔχοι μοναρχικῆς καὶ δημοκρατικῆς πολιτείας, ἧς ἀεὶ δεῖ μεσεύειν τὴν πολιτείαν· [757a] δοῦλοι γὰρ ἂν καὶ δεσπόται οὐκ ἄν ποτε γένοιντο φίλοι, οὐδὲ ἐν ἴσαις τιμαῖς διαγορευόμενοι φαῦλοι καὶ σπουδαῖοι - τοῖς γὰρ ἀνίσοις τὰ ἴσα ἄνισα γίγνοιτ' ἄν, εἰ μὴ τυγχάνοι τοῦ μέτρου - διὰ γὰρ ἀμφότερα ταῦτα στάσεων αἱ πολιτεῖαι πληροῦνται. Παλαιὸς γὰρ λόγος ἀληθὴς ὤν, ὡς ἰσότης φιλότητα ἀπεργάζεται, μάλα μὲν ὀρθῶς εἴρηται καὶ ἐμμελῶς· ἥτις δ' ἐστί ποτε ἰσότης ἡ τοῦτο αὐτὸ δυναμένη, διὰ τὸ μὴ [757b] σφόδρα σαφὴς εἶναι σφόδρα ἡμᾶς διαταράττει. Δυοῖν γὰρ ἰσοτήτοιν οὔσαιν, ὁμωνύμοιν μέν, ἔργῳ δὲ εἰς πολλὰ σχεδὸν ἐναντίαιν, τὴν μὲν ἑτέραν εἰς τὰς τιμὰς πᾶσα πόλις ἱκανὴ παραγαγεῖν καὶ πᾶς νομοθέτης, τὴν μέτρῳ ἴσην καὶ σταθμῷ καὶ ἀριθμῷ, κλήρῳ ἀπευθύνων εἰς τὰς διανομὰς αὐτήν· τὴν δὲ ἀληθεστάτην καὶ ἀρίστην ἰσότητα οὐκέτι ῥᾴδιον παντὶ ἰδεῖν. Διὸς γὰρ δὴ κρίσις ἐστί, καὶ τοῖς ἀνθρώποις ἀεὶ σμικρὰ μὲν ἐπαρκεῖ, πᾶν δὲ ὅσον ἂν ἐπαρκέσῃ πόλεσιν ἢ [757c] καὶ ἰδιώταις, πάντ' ἀγαθὰ ἀπεργάζεται· τῷ μὲν γὰρ μείζονι πλείω, τῷ δ' ἐλάττονι σμικρότερα νέμει, μέτρια διδοῦσα πρὸς τὴν αὐτῶν φύσιν ἑκατέρῳ, καὶ δὴ καὶ τιμὰς μείζοσι μὲν πρὸς ἀρετὴν ἀεὶ μείζους, τοῖς δὲ τοὐναντίον ἔχουσιν ἀρετῆς τε καὶ παιδείας τὸ πρέπον ἑκατέροις ἀπονέμει κατὰ λόγον. Ἔστιν γὰρ δήπου καὶ τὸ πολιτικὸν ἡμῖν ἀεὶ τοῦτ' αὐτὸ τὸ δίκαιον· οὗ καὶ νῦν ἡμᾶς ὀρεγομένους δεῖ καὶ πρὸς ταύτην τὴν ἰσότητα, ὦ Κλεινία, ἀποβλέποντας, τὴν νῦν [757d] φυομένην κατοικίζειν πόλιν. ἄλλην τε ἄν ποτέ τις οἰκίζῃ, πρὸς ταὐτὸν τοῦτο σκοπούμενον χρεὼν νομοθετεῖν, ἀλλ' οὐ πρὸς ὀλίγους τυράννους ἢ πρὸς ἕνα ἢ καὶ κράτος δήμου τι, πρὸς δὲ τὸ δίκαιον ἀεί, τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ νυνδὴ λεχθέν, τὸ κατὰ φύσιν ἴσον ἀνίσοις ἑκάστοτε δοθέν· ἀναγκαῖόν γε μὴν καὶ τούτοις παρωνυμίοισί ποτε προσχρήσασθαι πόλιν ἅπασαν, εἰ μέλλει στάσεων ἑαυτῇ μὴ προσκοινωνήσειν κατά [757e] τι μέρος - τὸ γὰρ ἐπιεικὲς καὶ σύγγνωμον τοῦ τελέου καὶ ἀκριβοῦς παρὰ δίκην τὴν ὀρθήν ἐστιν παρατεθραυμένον, ὅταν γίγνηται - διὸ τῷ τοῦ κλήρου ἴσῳ ἀνάγκη προσχρήσασθαι δυσκολίας τῶν πολλῶν ἕνεκα, θεὸν καὶ ἀγαθὴν τύχην καὶ τότε ἐν εὐχαῖς ἐπικαλουμένους ἀπορθοῦν αὐτοὺς τὸν κλῆρον πρὸς τὸ δικαιότατον. οὕτω δὴ χρηστέον ἀναγκαίως [758a] μὲν τοῖν ἰσοτήτοιν ἀμφοῖν, ὡς δ' ὅτι μάλιστα ἐπ' ὀλιγίστοις τῇ ἑτέρᾳ, τῇ τῆς τύχης δεομένῃ.

Le sénat sera composé de trente douzaines, c'est-à-dire de trois cent soixante sénateurs, nombre très-commode pour les divisions : on partagera [756c] d'abord ce corps en quatre parts, chacune de quatre-vingt-dix, de sorte que quatre-vingt-dix sénateurs soient pris dans le sein de chaque classe. Le premier jour tous les citoyens seront forcés de voter pour l'élection des sénateurs à prendre dans la première classe, sous peine d'une amende fixe ; après que les bulletins auront été donnés, on les cachètera. Le lendemain tous encore proposeront les sénateurs à prendre dans la seconde classe, comme la veille. Le jour suivant on proposera ceux de la troisième classe : ici encore il y aura obligation, sous peine d'amende, [756d] aux trois premières classes, de voter pour quelqu'un; mais ceux de la dernière et plus basse classe ne seront condamnés à rien, s'ils refusent de donner leur suffrage. Le quatrième jour, tous proposeront ceux de la dernière classe : il n'y aura point d'amende pour ceux de la troisième et quatrième classe qui ne voudront présenter personne; mais ceux de la seconde paieront [756e] au triple l'amende du premier 316 jour, et ceux de la première au quadruple. Le cinquième jour les magistrats ouvriront les bulletins et les exposeront publiquement. Alors tous sans exception seront obligés de faire un nouveau choix parmi ceux qui sont nommés, sous peine de payer la première amende; cent quatre-vingts sont ainsi choisis dans chacune des classes; puis le sort en désigne la moitié, ils subissent les épreuves ordinaires et sont sénateurs pour l'année (07).

L'élection faite de cette manière tiendra le milieu entre la monarchie et la démocratie, milieu essentiel à tout bon gouvernement ; en effet il est impossible qu'il y ait aucune union véritable ni entre des maîtres et [757a] des esclaves ni entre des gens de mérite et des hommes de rien élevés aux mêmes honneurs ; car entre des choses inégales, l'égalité deviendrait inégalité sans une juste proportion, et ce sont les deux extrêmes de l'égalité et de l'inégalité qui remplissent les États de séditions. Rien n'est plus conforme à la vérité, à la droite raison et au bon ordre, que l'ancienne maxime que l'égalité engendre l'amitié; ce qui nous jette dans l'embar- 317 ras, c'est qu'il n'est pas aisé d'assigner au juste l'espèce [757b] d'égalité propre à produire cet effet ; car il y a deux sortes d'égalités qui se ressemblent pour le nom, mais qui sont bien différentes pour la chose. L'une consiste dans le poids, le nombre, la mesure : il n'est point d'État, point de législateur, à qui il ne soit facile de la faire passer dans la distribution des honneurs, en les laissant à la disposition du sort. Mais il n'en est pas ainsi de la vraie et parfaite égalité, qu'il n'est point aisé à tout le monde de connaître : le discernement en appartient à Jupiter, et elle ne se trouve que bien peu entre les hommes ; mais enfin c'est le peu qui s'en trouve, soit dans l'administration publique, soit [757c] dans la vie privée, qui produit tout ce qui se fait de bien. C'est elle qui donne plus à celui qui est plus grand, moins à celui qui est moindre, à l'un et à l'autre dans la mesure de sa nature ; proportionnant ainsi les honneurs au mérite, elle donne les plus grands à ceux qui ont plus de vertu, les moindres à ceux qui ont moins de vertu et d'éducation, et à tous selon la raison. Voilà en quoi consiste la justice politique, à laquelle nous devons tendre, mon cher Clinias, ayant toujours les yeux [757d] sur cette espèce d'égalité, dans l'établissement de notre nouvelle colonie : 318 quiconque pensera à fonder un État, doit se proposer le même but dans son plan de législation, et non pas l'intérêt d'un ou de plusieurs tyrans ou l'autorité de la multitude, mais toujours la justice, qui, comme nous venons de dire, n'est autre chose que l'égalité établie entre les choses inégales, conformément à leur nature. Il est pourtant nécessaire dans tout État, si on veut se mettre à couvert des séditions, [757e] de faire aussi usage des autres espèces de justice, appelées ainsi abusivement; car les égards et la condescendance, sont des brèches faites à la parfaite et rigoureuse justice. C'est pourquoi, pour ne point s'exposer à la mauvaise humeur de la multitude, on est obligé de recourir à l'égalité du sort et alors il faut prier les dieux et la bonne fortune de diriger les décisions du sort [758a] vers ce qui est le plus juste. On est ainsi obligé de faire usage de ces deux espèces d'égalités, mais on ne doit se servir que le plus rarement possible de celle qui est soumise au hasard.

Ταῦτα οὕτως διὰ ταῦτα, ὦ φίλοι, ἀναγκαῖον τὴν μέλλουσαν σῴζεσθαι δρᾶν πόλιν· ἐπειδὴ δὲ ναῦς τε ἐν θαλάττῃ πλέουσα φυλακῆς ἡμέρας δεῖται καὶ νυκτὸς ἀεί, πόλις τε ὡσαύτως ἐν κλύδωνι τῶν ἄλλων πόλεων διαγομένη καὶ παντοδαπαῖσιν ἐπιβουλαῖς οἰκεῖ κινδυνεύουσα ἁλίσκεσθαι, δεῖ δὴ δι' ἡμέρας τε εἰς νύκτα καὶ ἐκ νυκτὸς συνάπτειν πρὸς [758b] ἡμέραν ἄρχοντας ἄρχουσιν, φρουροῦντάς τε φρουροῦσιν διαδεχομένους ἀεὶ καὶ παραδιδόντας μηδέποτε λήγειν. Πλῆθος δὲ οὐ δυνατὸν ὀξέως οὐδέποτε οὐδὲν τούτων πράττειν, ἀναγκαῖον δὲ τοὺς μὲν πολλοὺς τῶν βουλευτῶν ἐπὶ τὸν πλεῖστον τοῦ χρόνου ἐᾶν ἐπὶ τοῖς αὑτῶν ἰδίοισι μένοντας εὐθημονεῖσθαι τὰ κατὰ τὰς αὑτῶν οἰκήσεις, τὸ δὲ δωδέκατον μέρος αὐτῶν ἐπὶ δώδεκα μῆνας νείμαντας, ἓν ἐφ' ἑνὶ παρέχειν αὐτοὺς [758c] φύλακας ἰόντι τέ τινί ποθεν ἄλλοθεν εἴτε καὶ ἐξ αὐτῆς τῆς πόλεως ἑτοίμως ἐπιτυχεῖν, ἄντε ἀγγέλλειν βούληταί τις ἐάντ' αὖ πυνθάνεσθαί τι τῶν ὧν προσήκει πόλει πρὸς πόλεις ἄλλας ἀποκρίνεσθαί τε, καὶ ἐρωτήσασαν ἑτέρας, ἀποδέξασθαι τὰς ἀποκρίσεις, καὶ δὴ καὶ τῶν κατὰ πόλιν ἑκάστοτε νεωτερισμῶν ἕνεκα παντοδαπῶν εἰωθότων ἀεὶ γίγνεσθαι, ὅπως [758d] ἂν μάλιστα μὲν μὴ γίγνωνται, γενομένων δέ, ὅτι τάχιστα αἰσθομένης τῆς πόλεως ἰαθῇ τὸ γενόμενον· δι' ἃ συλλογῶν τε ἀεὶ δεῖ τοῦτο εἶναι τὸ προκαθήμενον τῆς πόλεως κύριον καὶ διαλύσεων, τῶν τε κατὰ νόμους τῶν τε ἐξαίφνης προσπιπτουσῶν τῇ πόλει. Ταῦτα μὲν οὖν πάντα τὸ δωδέκατον ἂν μέρος τῆς βουλῆς εἴη τὸ διακοσμοῦν, τὰ ἕνδεκα ἀναπαυόμενον τοῦ ἐνιαυτοῦ μέρη· κοινῇ δὲ μετὰ τῶν ἄλλων ἀρχῶν δεῖ τὰς φυλακὰς ταύτας φυλάττειν κατὰ πόλιν τοῦτο τὸ μόριον τῆς βουλῆς ἀεί.

Καὶ τὰ μὲν κατὰ πόλιν οὕτως ἔχοντα μετρίως ἂν εἴη [758e] διατεταγμένα· τῆς δὲ ἄλλης χώρας πάσης τίς ἐπιμέλεια καὶ τίς τάξις; ἆρα οὐχ ἡνίκα πᾶσα μὲν ἡ πόλις, σύμπασα δὲ ἡ χώρα κατὰ δώδεκα μέρη διανενέμηται, τῆς πόλεως αὐτῆς ὁδῶν καὶ οἰκήσεων καὶ οἰκοδομιῶν καὶ λιμένων καὶ ἀγορᾶς καὶ κρηνῶν, καὶ δὴ καὶ τεμενῶν καὶ ἱερῶν καὶ πάντων τῶν τοιούτων, ἐπιμελητὰς δεῖ τινας ἀποδεδειγμένους εἶναι;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πῶς γὰρ οὔ;

Telles sont, mes chers amis, les raisons pour lesquelles tout État qui veut se maintenir, doit suivre ce que nous venons de prescrire. Mais de même qu'un vaisseau en pleine mer exige qu'on veille nuit et jour à sa sûreté, ainsi un État environné d'autres États, comme de vagues  319 menaçantes, exposé à mille attaques sourdes, et courant à tout instant risque de périr, a besoin de magistrats et de gardes qui se succèdent sans interruption du jour [758b] à la nuit et de la nuit au jour, se remplaçant et se confiant les uns aux autres la sûreté publique. Or la multitude n'est pas capable de rien faire de tout cela avec assez de promptitude. Il est donc nécessaire que, tandis que le gros des sénateurs vaquera la plus grande partie de l'année à ses affaires particulières et à l'administration de sa famille, la douzième partie de ce corps fasse durant un mois la garde pour l'État, et ainsi l'une après l'autre pendant les douze mois de l'année, [758c] afin que, de quelque lieu qu'on vienne, ou de la ville même, on puisse s'adresser à eux, soit qu'on ait quelque nouvelle à leur apprendre, soit qu'on veuille les consulter sur la manière dont l'État doit répondre aux demandes des autres Etats, et recevoir leurs réponses aux demandes qu'il leur a faites, et encore à cause des mouvements tumultueux que l'amour de la nouveauté a coutume d'exciter dans les villes, [758d] afin principalement de les prévenir, ou du moins de les étouffer dans leur naissance, l'État en étant averti sur-le-champ. Par cette même raison, ce corps de surveillance de l'Etat doit être toujours le 320 maître de convoquer des assemblées ou de les dissoudre, soit régulièrement, soit d'après les circonstances. Telle sera pendant un mois l'occupation de la douzième partie des sénateurs, qui se reposeront les onze autres mois de l'année. Au reste il faut que cette partie du sénat, dans la garde qu'elle fera pour l'État, agisse de concert avec les autres magistrats.

Ces règlement pour ce qui concerne la ville même, me paraissent [758e] suffisants. Mais quels soins, quels arrangements prendrons-nous par rapport au reste de l'État? Puisque toute la cité et tout son territoire sont divisés en douze parties, n'est-il pas nécessaire qu'il y ait des gens préposés pour prendre soin dans la ville même des chemins, des habitations, des bâtiments, des ports, du marché, des fontaines, et aussi des lieux sacrés et des temples, et des autres choses semblables ?

CLINIAS.

Sans doute.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

 [759a] Λέγωμεν δὴ τοῖς μὲν ἱεροῖς νεωκόρους τε καὶ ἱερέας καὶ ἱερείας δεῖν γίγνεσθαι· ὁδῶν δὲ καὶ οἰκοδομιῶν καὶ κόσμου τοῦ περὶ τὰ τοιαῦτα, ἀνθρώπων τε, ἵνα μὴ ἀδικῶσιν, καὶ τῶν ἄλλων θηρίων, ἐν αὐτῷ τε τῷ τῆς πόλεως περιβόλῳ καὶ προαστείῳ ὅπως ἂν τὰ προσήκοντα πόλεσιν γίγνηται, ἑλέσθαι δεῖ τρία μὲν ἀρχόντων εἴδη, περὶ μὲν τὸ νυνδὴ λεχθὲν ἀστυνόμους ἐπονομάζοντα, τὸ δὲ περὶ ἀγορᾶς κόσμον ἀγορανόμους. Ἱερῶν δὲ ἱερέας, οἷς μέν εἰσιν πάτριαι [759b] ἱερωσύναι καὶ αἷς, μὴ κινεῖν· εἰ δέ, οἷον τὸ πρῶτον κατοικιζομένοις εἰκὸς γίγνεσθαι περὶ τὰ τοιαῦτα, ἢ μηδενὶ ἤ τισιν ὀλίγοις, οἷς μὴ καθεστήκοι καταστατέον ἱερέας τε καὶ ἱερείας νεωκόρους γίγνεσθαι τοῖς θεοῖς. Τούτων δὴ πάντων τὰ μὲν αἱρετὰ χρή, τὰ δὲ κληρωτὰ ἐν ταῖς καταστάσεσι γίγνεσθαι, μειγνύντας πρὸς φιλίαν ἀλλήλοις δῆμον καὶ μὴ δῆμον ἐν ἑκάστῃ χώρᾳ καὶ πόλει, ὅπως ἂν μάλιστα ὁμονοῶν εἴη. Τὰ μὲν οὖν τῶν ἱερέων, τῷ θεῷ ἐπιτρέποντα αὐτῷ τὸ κεχαρισμένον [759c] γίγνεσθαι, κληροῦν οὕτω τῇ θείᾳ τύχῃ ἀποδιδόντα, δοκιμάζειν δὲ τὸν ἀεὶ λαγχάνοντα πρῶτον μὲν ὁλόκληρον καὶ γνήσιον, ἔπειτα ὡς ὅτι μάλιστα ἐκ καθαρευουσῶν οἰκήσεων, φόνου δὲ ἁγνὸν καὶ πάντων τῶν περὶ τὰ τοιαῦτα εἰς τὰ θεῖα ἁμαρτανομένων αὐτὸν καὶ πατέρα καὶ μητέρα κατὰ ταὐτὰ βεβιωκότας. Ἐκ Δελφῶν δὲ χρὴ νόμους περὶ τὰ θεῖα πάντα κομισαμένους καὶ καταστήσαντας ἐπ' αὐτοῖς ἐξηγητάς, [759d] τούτοις χρῆσθαι. Κατ' ἐνιαυτὸν δὲ εἶναι καὶ μὴ μακρότερον τὴν ἱερωσύνην ἑκάστην, ἔτη δὲ μὴ ἔλαττον ἑξήκοντα ἡμῖν εἴη γεγονὼς ὁ μέλλων καθ' ἱεροὺς νόμους περὶ τὰ θεῖα ἱκανῶς ἁγιστεύσειν· ταὐτὰ δὲ καὶ περὶ τῶν ἱερειῶν ἔστω τὰ νόμιμα. Τοὺς δὲ ἐξηγητὰς τρὶς φερέτωσαν μὲν αἱ τέτταρες φυλαὶ τέτταρας, ἕκαστον ἐξ αὑτῶν, τρεῖς δέ, οἷς ἂν πλείστη γένηται ψῆφος, δοκιμάσαντας, ἐννέα πέμπειν εἰς Δελφοὺς ἀνελεῖν ἐξ ἑκάστης τριάδος ἕνα· τὴν δὲ δοκιμασίαν αὐτῶν [759e] καὶ τοῦ χρόνου τὴν ἡλικίαν εἶναι καθάπερ τῶν ἱερέων. Οὗτοι δὲ ἔστων ἐξηγηταὶ διὰ βίου· τὸν δέ γε λιπόντα προαιρείσθωσαν αἱ τέτταρες φυλαὶ ὅθεν ἂν ἐκλίπῃ. Ταμίας δὲ δὴ τῶν τε ἱερῶν χρημάτων ἑκάστοις τοῖς ἱεροῖς καὶ τεμενῶν καὶ καρπῶν τούτων καὶ μισθώσεων κυρίους αἱρεῖσθαι μὲν [760a] ἐκ τῶν μεγίστων τιμημάτων τρεῖς εἰς τὰ μέγιστα ἱερά, δύο δ' εἰς τὰ σμικρότερα, πρὸς δὲ τὰ ἐμμελέστατα ἕνα· τὴν δὲ αἵρεσιν τούτων καὶ τὴν δοκιμασίαν γίγνεσθαι καθάπερ ἡ τῶν στρατηγῶν ἐγίγνετο. Καὶ τὰ μὲν αὖ περὶ τὰ ἱερὰ ταῦτα γιγνέσθω.

L'ATHÉNIEN.

[759a] Disons donc que les temples doivent avoir des gardiens, des prêtres et des prêtresses. Quant aux chemins, aux bâtiments et à la police des autres choses de cette nature, pour empêcher que les hommes et les animaux ne causent aucun 321 dommage, et, afin que le bon ordre soit exactement observé tant dans l'enceinte de la ville que dans les faubourgs, il est nécessaire d'établir trois sortes de magistrats ; des astynomes pour les choses que nous venons de dire, des agoranomes pour la police du marché, des prêtres pour celle des temples. On ne touchera point au sacerdoce de ceux ou de celles qui l'auront reçu de leurs ancêtres [759b] comme un héritage. Mais si, comme il doit naturellement arriver aux villes nouvellement fondées, personne ou presque personne n'est revêtu de cette dignité, on établira où il en sera besoin des prêtres et des prêtresses pour le service des dieux. La création de toutes ces charges se fera en partie par voie de suffrage, et sera laissée en partie à la décision du sort ; et on aura soin que le peuple y intervienne aussi bien que ce qui n'est pas peuple, dans le pays et dans la ville, afin d'entretenir l'amitié et le concert entre tous les citoyens. Ainsi, pour ce qui regarde les choses sacrées, laissant au dieu le choix de ceux qui lui sont agréables, [759c] on s'en remettra à la décision du sort : mais on examinera soigneusement celui à qui le sort aura été favorable, d'abord s'il n'a point quelque défaut de corps, et si sa naissance est sans reproche : ensuite, s'il est d'une famille 322 sans tache, si ni lui, ni ses père et mère ne se sont jamais souillés par quelque meurtre, ou tout autre crime semblable dont la divinité est offensée. On consultera l'oracle de Delphes touchant les lois et les cérémonies du culte divin, et on les observera, après avoir établi des interprètes [759d] pour les expliquer. La fonction de prêtre durera une année et point au-delà ; et afin qu'on s'en acquitte avec toute la sainteté convenable, selon l'esprit des lois sacrées, il faut que celui qui est promu au sacerdoce ne soit pas au-dessous de soixante ans. Les mêmes réglements auront lieu à l'égard des prêtresses. Au sujet des interprètes, les douze tribus, quatre par quatre, en proposeront quatre à trois reprises, chacune un de sa tribu. Après qu'on aura examiné les trois qui auront eu le plus de voix, on enverra les neuf autres à Delphes, afin que le dieu en choisisse un sur trois. L'examen [759e] par rapport à l'âge et aux autres qualités requises, sera le même que pour les prêtres. La fonction d'interprète durera autant que la vie. Si quelqu'un d'eux vient à manquer, les quatre tribus qui l'avaient nommé et auxquelles il appartenait, lui donneront un successeur. On établira aussi pour chaque temple des économes, qui en administreront les revenus, feront valoir 323 les lieux sacrés, les affermeront et disposeront du produit. Ils seront tirés de la première classe, [760a] trois pour les grands temples, deux pour les médiocres, un pour les plus petits. Dans leur élection et leur examen on suivra les mêmes formalités que pour les généraux d'armée. Voilà ce que j'avais à ordonner touchant les choses sacrées.

Ἀφρούρητον δὲ δὴ μηδὲν εἰς δύναμιν ἔστω. Πόλεως μὲν οὖν αἱ φρουραὶ πέρι ταύτῃ γιγνέσθωσαν, στρατηγῶν ἐπιμελουμένων καὶ ταξιαρχῶν καὶ ἱππάρχων καὶ φυλάρχων καὶ [760b] πρυτάνεων, καὶ δὴ καὶ ἀστυνόμων καὶ ἀγορανόμων, ὁπόταν αἱρεθέντες ἡμῖν καταστῶσίν τινες ἱκανῶς· τὴν δὲ ἄλλην χώραν φυλάττειν πᾶσαν κατὰ τάδε. Δώδεκα μὲν ἡμῖν ἡ χώρα πᾶσα εἰς δύναμιν ἴσα μόρια νενέμηται, φυλὴ δὲ μία τῷ μορίῳ ἑκάστῳ ἐπικληρωθεῖσα κατ' ἐνιαυτὸν παρεχέτω πέντε οἷον ἀγρονόμους τε καὶ φρουράρχους, τούτοις δ' ἔστω καταλέξασθαι τῆς αὑτῶν φυλῆς ἑκάστῳ δώδεκα τῶν πέντε [760c] ἐκ τῶν νέων, μὴ ἔλαττον ἢ πέντε καὶ εἴκοσιν ἔτη γεγονότας, μὴ πλεῖον δὲ ἢ τριάκοντα. Τούτοις δὲ διακληρωθήτω τὰ μόρια τῆς χώρας κατὰ μῆνα ἕκαστα ἑκάστοις, ὅπως ἂν πάσης τῆς χώρας ἔμπειροί τε καὶ ἐπιστήμονες γίγνωνται πάντες. Δύο δ' ἔτη τὴν ἀρχὴν καὶ τὴν φρουρὰν γίγνεσθαι φρουροῖς τε καὶ ἄρχουσιν. Ὅπως δ' ἂν τὸ πρῶτον λάχωσιν τὰ μέρη, τοὺς τῆς χώρας τόπους, μεταλλάττοντας ἀεὶ τὸν ἑξῆς τόπον [760d] ἑκάστου μηνὸς ἡγεῖσθαι τοὺς φρουράρχους ἐπὶ δεξιὰ κύκλῳ· τὸ δ' ἐπὶ δεξιὰ γιγνέσθω τὸ πρὸς ἕω. Περιελθόντος δὲ τοῦ ἐνιαυτοῦ, τῷ δευτέρῳ ἔτει, ἵνα ὡς πλεῖστοι τῶν φρουρῶν μὴ μόνον ἔμπειροι τῆς χώρας γίγνωνται κατὰ μίαν ὥραν τοῦ ἐνιαυτοῦ, πρὸς τῇ χώρᾳ δὲ ἅμα καὶ τῆς ὥρας ἑκάστης περὶ ἕκαστον τὸν τόπον τὸ γιγνόμενον ὡς πλεῖστοι καταμάθωσιν, οἱ τότε ἡγούμενοι πάλιν ἀφηγείσθωσαν εἰς τὸν εὐώνυμον [760e] ἀεὶ μεταβάλλοντες τόπον, ἕως ἂν τὸ δεύτερον διεξέλθωσιν ἔτος· τῷ τρίτῳ δὲ ἄλλους ἀγρονόμους αἱρεῖσθαι καὶ φρουράρχους τοὺς πέντε τῶν δώδεκα ἐπιμελητάς. Ἐν δὲ δὴ ταῖς διατριβαῖς τῷ τόπῳ ἑκάστῳ τὴν ἐπιμέλειαν εἶναι τοιάνδε τινά· πρῶτον μὲν ὅπως εὐερκὴς ἡ χώρα πρὸς τοὺς πολεμίους ὅτι μάλιστα ἔσται, ταφρεύοντάς τε ὅσα ἂν τούτου δέῃ καὶ ἀποσκάπτοντας καὶ ἐνοικοδομήμασιν εἰς δύναμιν εἴργοντας τοὺς ἐπιχειροῦντας ὁτιοῦν τὴν χώραν καὶ τὰ κτήματα κακουργεῖν, χρωμένους δ' ὑποζυγίοις καὶ τοῖς οἰκέταις τοῖς ἐν [761a] τῷ τόπῳ ἑκάστῳ πρὸς ταῦτα, δι' ἐκείνων ποιοῦντας, ἐκείνοις ἐπιστατοῦντας, τῶν οἰκείων ἔργων αὐτῶν ἀργίας ὅτι μάλιστα ἐκλεγομένους. Δύσβατα δὲ δὴ πάντα ποιεῖν μὲν τοῖς ἐχθροῖς, τοῖς δὲ φίλοις ὅτι μάλιστα εὔβατα, ἀνθρώποις τε καὶ ὑποζυγίοις καὶ βοσκήμασιν, ὁδῶν τε ἐπιμελουμένους ὅπως ὡς ἡμερώταται ἕκασται γίγνωνται, καὶ τῶν ἐκ Διὸς ὑδάτων, ἵνα τὴν χώραν μὴ κακουργῇ, μᾶλλον δ' ὠφελῇ ῥέοντα ἐκ [761b] τῶν ὑψηλῶν εἰς τὰς ἐν τοῖς ὄρεσι νάπας ὅσαι κοῖλαι, τὰς ἐκροὰς αὐτῶν εἴργοντας οἰκοδομήμασί τε καὶ ταφρεύμασιν, ὅπως ἂν τὰ παρὰ τοῦ Διὸς ὕδατα καταδεχόμεναι καὶ πίνουσαι, τοῖς ὑποκάτωθεν ἀγροῖς τε καὶ τόποις πᾶσιν νάματα καὶ κρήνας ποιοῦσαι, καὶ τοὺς αὐχμηροτάτους τόπους πολυύδρους τε καὶ εὐύδρους ἀπεργάζωνται· τά τε πηγαῖα ὕδατα, ἐάντε τὶς ποταμὸς ἐάντε καὶ κρήνη ᾖ, κοσμοῦντες φυτεύμασί [761c] τε καὶ οἰκοδομήμασιν εὐπρεπέστερα, καὶ συνάγοντες μεταλλείαις νάματα, πάντα ἄφθονα ποιῶσιν, ὑδρείαις τε καθ' ἑκάστας τὰς ὥρας, εἴ τί που ἄλσος ἢ τέμενος περὶ ταῦτα ἀφειμένον ᾖ, τὰ ῥεύματα ἀφιέντες εἰς αὐτὰ τὰ τῶν θεῶν ἱερά, κοσμῶσι. Πανταχῇ δὲ ἐν τοῖς τοιούτοις γυμνάσια χρὴ κατασκευάζειν τοὺς νέους αὑτοῖς τε καὶ τοῖς γέρουσι γεροντικὰ λουτρὰ θερμὰ παρέχοντας, ὕλην παρατιθέντας αὔην [761d] καὶ ξηρὰν ἄφθονον, ἐπ' ὀνήσει καμνόντων τε νόσοις καὶ πόνοις τετρυμένα γεωργικοῖς σώματα δεχομένους εὐμενῶς, ἰατροῦ δέξιν μὴ πάνυ σοφοῦ βελτίονα συχνῷ.

Que la surveillance soit aussi grande qu'il se pourra. Que la garde de la cité soit confiée aux, généraux, aux taxiarques, aux commandants de la cavalerie aux phylarques, [760b] aux prytanes, et encore aux astynomes et aux agoranomes, lorsqu'il aura été pourvu à leur élection. On veillera à la sûreté du reste du pays en la manière suivante. Tout le territoire a été partagé, comme nous avons dit, en douze parties aussi égales qu'il a été possible. Chacune des tribus à qui le sort aura assigné une de ces parties, présentera tous les ans cinq citoyens, qui seront comme autant d'agronomes et de chefs de garde. Puis chacun d'eux choisira dans sa tribu douze jeunes gens, [760c] qui ne soient ni au-dessous de vingt-cinq ans, ni au-dessus de trente, auxquels on assignera chaque mois une partie du territoire, afin qu'ils acquièrent ainsi une connaissance exacte de tout le pays. Les chefs et les gardes 324 seront en charge pendant deux ans. Quelle que soit la partie de la contrée que le sort leur ait assignée d'abord, lorsque le temps de changer de lieu sera venu, c'est-à-dire après le mois révolu, [760d] les chefs passeront avec leurs gens dans le lieu le plus voisin, prenant à droite, je veux dire à l'orient, et ils feront ainsi le tour du territoire. Et afin que la plupart d'entre eux soient instruits de ce qui se passe en chaque lieu, non seulement durant une saison, mais dans toutes les saisons, la première année écoulée, les chefs reviendront sur leurs pas, et feront leur tournée à gauche, [760e] jusqu'à la fin de la seconde année. A la troisième on choisira cinq autres agronomes et chefs de garde qui auront sous eux douze autres gardes. Dans le séjour qu'ils feront en chaque endroit, ils donneront leurs premiers soins à ce que le pays soit partout bien fortifié contre les incursions des ennemis : ils feront creuser des fossés partout où il sera nécessaire, pratiquer des retranchements, et construire des fortifications, afin d'arrêter ceux qui auraient envie de piller et dévaster le pays; et pour ces ouvrages ils se serviront des bêtes de somme et des esclaves [761a] du lieu même, feront tout exécuter par eux, présideront à leurs travaux, choisissant le plus possible le moment 325 où il y aura moins de travail domestique pressé. Tandis que d'une part ils rendront le pays inaccessible à l'ennemi, de l'autre ils ne négligeront rien pour en faciliter l'accès aux citoyens, aux bêtes de charge et aux troupeaux, ayant soin que les chemins soient doux et commodes, que la pluie, au lieu de causer du dommage à la terre, en entretienne la fertilité, ménageant aux eaux qui tombent [761b] des endroits élevés un écoulement dans les fonds qui se trouvent sur le penchant des montagnes, et les y retenant par des constructions et des fossés. Par ce moyen, l'eau reçue dans ces bassins, venant à s'infiltrer dans le sein de la terre, jaillira en sources et en fontaines dans les champs et les endroits situés au-dessous, et le sol le plus aride de sa nature sera ainsi rendu fécond en belles eaux. A l'égard des eaux courantes, soit de rivière, soit de fontaine, ils les embelliront par des plantations [761c] et des bâtiments, et réunissant plusieurs ruisseaux au moyen de canaux, ils porteront partout l'abondance. Si dans le voisinage il se trouve quelque bois, quelque champ consacré aux dieux, ils y feront passer les ruisseaux, pour les arroser et les embellir eu chaque saison. Partout dans ces lieux consacrés, les jeunes gens construiront des gymnases pour eux-mêmes, et 326 ils y établiront des bains chauds, avec des provisions [761d] de matière sèche et combustible, pour les vieillards, les malades et les laboureurs accablés de lassitude ; remède bien plus salutaire que ne seraient tous ceux d'un médecin médiocrement habile.

 

Ταῦτα μὲν οὖν καὶ τὰ τοιαῦτα πάντα κόσμος τε καὶ ὠφελία τοῖς τόποις γίγνοιτ' ἂν μετὰ παιδιᾶς οὐδαμῇ ἀχαρίτου· σπουδὴ δὲ περὶ ταῦτα ἥδε ἔστω. Τοὺς ἑξήκοντα ἑκάστους τὸν αὑτῶν τόπον φυλάττειν, μὴ μόνον πολεμίων ἕνεκα ἀλλὰ καὶ τῶν φίλων φασκόντων εἶναι· γειτόνων δὲ καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν [761e] ἢν ἄλλος ἄλλον ἀδικῇ, δοῦλος ἢ ἐλεύθερος, δικάζοντας τῷ ἀδικεῖσθαι φάσκοντι, τὰ μὲν σμικρὰ αὐτοὺς τοὺς πέντε ἄρχοντας, τὰ δὲ μείζονα μετὰ τῶν δώδεκα τοὺς ἑπτακαίδεκα δικάζειν μέχρι τριῶν μνῶν, ὅσα ἂν ἕτερος ἑτέρῳ ἐπικαλῇ. Δικαστὴν δὲ καὶ ἄρχοντα ἀνυπεύθυνον οὐδένα δικάζειν καὶ ἄρχειν δεῖ πλὴν τῶν τὸ τέλος ἐπιτιθέντων οἷον βασιλέων· καὶ δὴ καὶ τοὺς ἀγρονόμους τούτους, ἐὰν ὑβρίζωσί τι περὶ τοὺς ὧν ἐπιμελοῦνται, προστάξεις τε προστάττοντες ἀνίσους, [762a] καὶ ἐπιχειροῦντες λαμβάνειν τε καὶ φέρειν τῶν ἐν ταῖς γεωργίαις μὴ πείσαντες, καὶ ἐὰν δέχωνταί τι κολακείας ἕνεκα διδόντων, ἢ καὶ δίκας ἀδίκως διανέμωσι, ταῖς μὲν θωπείαις ὑπείκοντες ὀνείδη φερέσθωσαν ἐν πάσῃ τῇ πόλει, τῶν δὲ ἄλλων ἀδικημάτων ὅτι ἂν ἀδικῶσι τοὺς ἐν τῷ τόπῳ, τῶν μέχρι μνᾶς ἐν τοῖς κωμήταις καὶ γείτοσιν ὑπεχέτωσαν ἑκόντες δίκας, τῶν δὲ μειζόνων ἑκάστοτε ἀδικημάτων ἢ καὶ [762b] τῶν ἐλαττόνων, ἐὰν μὴ 'θέλωσιν ὑπέχειν, πιστεύοντες τῷ μεθίστασθαι κατὰ μῆνας εἰς ἕτερον ἀεὶ τόπον φεύγοντες ἀποφευξεῖσθαι, τούτων πέρι λαγχάνειν μὲν ἐν ταῖς κοιναῖς δίκαις τὸν ἀδικούμενον, ἐὰν δ' ἕλῃ, τὴν διπλασίαν πραττέσθω τὸν ὑποφεύγοντα καὶ μὴ ἐθελήσαντα ὑποσχεῖν ἑκόντα τιμωρίαν. Διαιτάσθων δὲ οἵ τε ἄρχοντες οἵ τ' ἀγρονόμοι τὰ δύο ἔτη τοιόνδε τινὰ τρόπον· πρῶτον μὲν δὴ καθ' ἑκάστους [762c] τοὺς τόπους εἶναι συσσίτια, ἐν οἷς κοινῇ τὴν δίαιταν ποιητέον ἅπασιν· ὁ δὲ ἀποσυσσιτήσας κἂν ἡντιναοῦν ἡμέραν, ἢ νύκτα ἀποκοιμηθείς, μὴ τῶν ἀρχόντων ταξάντων ἢ πάσης τινὸς ἀνάγκης ἐπιπεσούσης, ἐὰν ἀποφήνωσιν αὐτὸν οἱ πέντε, καὶ γράψαντες θῶσιν ἐν ἀγορᾷ καταλελυκότα τὴν φρουράν, ὀνείδη τε ἐχέτω τὴν πολιτείαν ὡς προδιδοὺς τὸ ἑαυτοῦ μέρος, κολαζέσθω τε πληγαῖς ὑπὸ τοῦ συντυγχάνοντος καὶ [762d] ἐθέλοντος κολάζειν ἀτιμωρήτως. Τῶν δὲ ἀρχόντων αὐτῶν ἐάν τίς τι δρᾷ τοιοῦτον αὐτός, ἐπιμελεῖσθαι μὲν τοῦ τοιούτου πάντας τοὺς ἑξήκοντα χρεών, ὁ δὲ αἰσθόμενός τε καὶ πυθόμενος μὴ ἐπεξιὼν ἐν τοῖς αὐτοῖς ἐνεχέσθω νόμοις καὶ πλείονι τῶν νέων ζημιούσθω· περὶ τὰς τῶν νέων ἀρχὰς ἠτιμάσθω πάσας. Τούτων δὲ οἱ νομοφύλακες ἐπίσκοποι ἀκριβεῖς ἔστωσαν, ὅπως ἢ μὴ γίγνηται τὴν ἀρχὴν ἢ γιγνόμενα [762e] τῆς ἀξίας δίκης τυγχάνῃ. Δεῖ δὴ πάντ' ἄνδρα διανοεῖσθαι περὶ ἁπάντων ἀνθρώπων ὡς ὁ μὴ δουλεύσας οὐδ' ἂν δεσπότης γένοιτο ἄξιος ἐπαίνου, καὶ καλλωπίζεσθαι χρὴ τῷ καλῶς δουλεῦσαι μᾶλλον ἢ τῷ καλῶς ἄρξαι, πρῶτον μὲν τοῖς νόμοις, ὡς ταύτην τοῖς θεοῖς οὖσαν δουλείαν, ἔπειτ' ἀεὶ τοῖς πρεσβυτέροις τε καὶ ἐντίμως βεβιωκόσι τοὺς νέους. Μετὰ δὲ ταῦτα τῆς καθ' ἡμέραν διαίτης δεῖ τῆς ταπεινῆς καὶ ἀπόρου γεγευμένον εἶναι τὰ δύο ἔτη ταῦτα τὸν τῶν ἀγρονόμων γεγονότα. Ἐπειδὰν γὰρ δὴ καταλεγῶσιν οἱ δώδεκα, συνελθόντες μετὰ τῶν πέντε, βουλευέσθωσαν ὡς [763a] οἷόνπερ οἰκέται οὐχ ἕξουσιν αὑτοῖς ἄλλους οἰκέτας τε καὶ δούλους, οὐδ' ἐκ τῶν ἄλλων γεωργῶν τε καὶ κωμητῶν τοῖς ἐκείνων ἐπὶ τὰ ἴδια χρήσονται ὑπηρετήματα διακόνοις, ἀλλὰ μόνον ὅσα εἰς τὰ δημόσια· τὰ δ' ἄλλα αὐτοὶ δι' αὑτῶν διανοηθήτωσαν ὡς βιωσόμενοι διακονοῦντές τε καὶ διακονούμενοι ἑαυτοῖς, πρὸς δὲ τούτοις πᾶσαν τὴν χώραν διεξερευνώμενοι θέρους καὶ χειμῶνος σὺν τοῖς ὅπλοις φυλακῆς τε [763b] καὶ γνωρίσεως ἕνεκα πάντων ἀεὶ τῶν τόπων. Κινδυνεύει γὰρ οὐδενὸς ἔλαττον μάθημα εἶναι δι' ἀκριβείας ἐπίστασθαι πάντας τὴν αὑτῶν χώραν· οὗ δὴ χάριν κυνηγέσια καὶ τὴν ἄλλην θήραν οὐχ ἧττον ἐπιτηδεύειν δεῖ τὸν ἡβῶντα ἢ τῆς ἄλλης ἡδονῆς ἅμα καὶ ὠφελίας τῆς περὶ τὰ τοιαῦτα γιγνομένης πᾶσιν. Τούτους οὖν, αὐτούς τε καὶ τὸ ἐπιτήδευμα, εἴτε τις κρυπτοὺς εἴτε ἀγρονόμους εἴθ' ὅτι καλῶν χαίρει, [763c] τοῦτο προσαγορεύων, προθύμως πᾶς ἀνὴρ εἰς δύναμιν ἐπιτηδευέτω, ὅσοι μέλλουσι τὴν αὑτῶν πόλιν ἱκανῶς σῴζειν.

Tous ces ouvrages, et les autres de cette nature, serviront à l'embellissement et à l'utilité du pays, et procureront encore un amusement fort gracieux à ceux qui seront chargés de les exécuter. Mais voici en quoi consisteront leurs occupations sérieuses : les soixante agronomes veilleront à la sûreté du territoire, non seulement par rapport aux ennemis, mais aussi par rapport à ceux qui se disent amis. Si quelqu'un se plaint à eux d'avoir reçu quelque dommage de ses voisins, [761e] ou de tout autre, soit libre, soit esclave; dans les causes de moindre importance, les cinq agronomes de la tribu rendront par eux-mêmes la justice à ceux qui se prétendront lésés ; dans les causes plus considérables, jusqu'à la concurrence de trois mines, ils s'associeront les douze gardes, et jugeront ainsi au nombre de dix-sept. Tous les juges, tous les magistrats seront tenus à rendre compte de leurs jugements et de leur administration, hors ceux qui jugent en dernière instance, à l'exemple des rois. Si donc les agronomes commettent 327 quelque injustice envers ceux dont ils sont chargés de prendre soin, soit en violant l'égalité dans la distribution des corvées, [762a] soit en s'emparant de force et contre le gré des maîtres, des instruments du labourage, soit en recevant des pressens faits en vue de les corrompre, soit en blessant la justice dans la décision des différends : ceux qui se seront laissé séduire seront flétris ignominieusement à la vue de tous les citoyens; pour les autres injustices dont ils se seraient rendus coupables, ils se soumettront au jugement des voisins et des habitants du lieu même où le délit aura été commis, lorsque le dommage n'excédera pas une mine ; dans les accusations plus graves, [762b] ou même dans les plus petites, lorsqu'ils refuseront d'acquiescer au jugement, dans l'espérance d'échapper aux poursuites, parce qu'ils changent de lieu tous les mois, celui qui se dit lésé portera sa plainte devant les tribunaux publics; et s'il gagne sa cause, il fera payer à l'accusé le double de la somme à laquelle il n'avait pas voulu se soumettre de bon gré. Les agronomes et leurs gardes vivront de la manière suivante pendant les deux années de leur charge. D'abord en chaque l[762c] lieu il y aura pour eux des salles à manger communes : quiconque aura été prendre son repas ailleurs, même un seul jour, 328 et aura découché, ne fût-ce qu'une nuit, sans ordre des chefs, ou sans une nécessité urgente, s'il est dénoncé par les cinq agronomes, et qu'ils exposent son nom dans la place publique comme ayant quitté son poste, sera noté d'infamie pour avoir trahi l'État autant qu'il était en lui, et le premier venu pourra, [762d] s'il le veut, le frapper de coups impunément. Si quelqu'un des chefs tombe dans la même faute, les soixante sont chargés d'y mettre ordre. Celui d'entre eux qui s'en sera aperçu, ou l'aura appris, et ne dénoncera pas le coupable, sera soumis aux mêmes peines que s'il avait fait la faute, et puni plus sévèrement que les simples gardes : on le déclarera inhabile à posséder même aucune des charges exercées par les jeunes gens. Ce sera aux gardiens des lois à veiller exactement à ce que de pareils désordres n'arrivent point, ou s'ils arrivent, [762e] qu'ils ne manquent pas d'être punis selon les lois. Il est essentiel que tous se persuadent qu'aucun homme, quel qu'il soit, n'est capable de faire un digne usage de l'autorité, si auparavant il n'a pas appris à obéir, et qu'on doit plutôt se glorifier de savoir bien obéir que bien commander, d'abord aux lois, dans la persuasion que c'est obéir aux Dieux mêmes, ensuite, quand on est 319 jeune, aux hommes plus âgés qui ont mené une vie honorable. Outre cela, il faut que, durant les deux années qu'on veillera à la garde des campagnes, on fasse l'épreuve d'une vie dure et dépourvue de commodité. Ainsi, que les douze gardes, dès le moment de leur élection, se réunissent avec leurs cinq chefs, pour s'arranger ensemble, puisque, [763a] semblables à des domestiques, ils n'auront ni domestiques ni esclaves, et ne pourront employer pour eux-mêmes, mais uniquement pour le service public, les laboureurs et autres habitants de la campagne ; que pour le reste ils soient dans la disposition de tout faire par eux-mêmes, de se servir les uns les autres, et encore de parcourir le pays, l'hiver et l'été, toujours armés, [763b] tant pour en bien connaître toutes les parties que pour les bien garder. Il me semble en effet, que la connaissance exacte de son pays est une science qui pour l'utilité ne le cède à nulle autre : et c'est une des raisons qui doit engager les jeunes gens à aller à la chasse, avec des chiens ou autrement, autant que le plaisir et l'avantage qu'on retire de cet exercice. Que tous s'appliquent donc à remplir avec zèle les devoirs de cet emploi, quelque nom qu'on juge à propos de leur donner, soit cryp- 330  tes (08) soit agronomes, [763c] s'ils veulent un jour contribuer efficacement à la conservation de leur patrie.

Τὸ δὲ μετὰ τοῦτο ἀρχόντων αἱρέσεως ἀγορανόμων πέρι καὶ ἀστυνόμων πέρι ἦν ἡμῖν ἑπόμενον. ἕποιντο δ' ἂν ἀγρονόμοις γε ἀστυνόμοι τρεῖς ἑξήκοντα οὖσιν, τριχῇ δώδεκα μέρη τῆς πόλεως διαλαβόντες, μιμούμενοι ἐκείνους τῶν τε ὁδῶν ἐπιμελούμενοι τῶν κατὰ τὸ ἄστυ καὶ τῶν ἐκ τῆς χώρας λεωφόρων εἰς τὴν πόλιν ἀεὶ τεταμένων καὶ τῶν οἰκοδομιῶν, [763d] ἵνα κατὰ νόμους γίγνωνται πᾶσαι, καὶ δὴ καὶ τῶν ὑδάτων, ὁπόσ' ἂν αὐτοῖς πέμπωσι καὶ παραδιδῶσιν οἱ φρουροῦντες τεθεραπευμένα, ὅπως εἰς τὰς κρήνας ἱκανὰ καὶ καθαρὰ πορευόμενα, κοσμῇ τε ἅμα καὶ ὠφελῇ τὴν πόλιν. Δεῖ δὴ καὶ τούτους δυνατούς τε εἶναι καὶ σχολάζοντας τῶν κοινῶν ἐπιμελεῖσθαι· διὸ προβαλλέσθω μὲν πᾶς ἀνὴρ ἐκ τῶν μεγίστων τιμημάτων ἀστυνόμον ὃν ἂν βούληται, διαχειροτονηθέντων [763e] δὲ καὶ ἀφικομένων εἰς ἓξ οἷς ἂν πλεῖσται γίγνωνται, τοὺς τρεῖς ἀποκληρωσάντων οἷς τούτων ἐπιμελές, δοκιμασθέντες δὲ ἀρχόντων κατὰ τοὺς τεθέντας αὐτοῖς νόμους. Ἀγορανόμους δ' ἑξῆς τούτοις αἱρεῖσθαι μὲν ἐκ τῶν δευτέρων καὶ πρώτων τιμημάτων πέντε, τὰ δ' ἄλλα αὐτῶν γίγνεσθαι τὴν αἵρεσιν καθάπερ ἡ τῶν ἀστυνόμων· δέκα ἐκ τῶν ἄλλων χειροτονηθέντας τοὺς πέντε ἀποκληρῶσαι, καὶ δοκιμασθέντας αὐτοὺς ἄρχοντας ἀποφῆναι. Χειροτονείτω δὲ πᾶς πάντα·[764a] ὁ δὲ μὴ 'θέλων, ἐὰν εἰσαγγελθῇ πρὸς τοὺς ἄρχοντας, ζημιούσθω πεντήκοντα δραχμαῖς πρὸς τῷ κακὸς εἶναι δοκεῖν. ἴτω δ' εἰς ἐκκλησίαν καὶ τὸν κοινὸν σύλλογον ὁ βουλόμενος, ἐπάναγκες δ' ἔστω τῷ τῶν δευτέρων καὶ πρώτων τιμημάτων, δέκα δραχμαῖς ζημιουμένῳ ἐὰν μὴ παρὼν ἐξετάζηται τοῖς συλλόγοις· τρίτῳ δὲ τιμήματι καὶ τῷ τετάρτῳ μὴ ἐπάναγκες, ἀλλὰ ἀζήμιος ἀφείσθω, ἐὰν μή τι παραγγείλωσιν οἱ ἄρχοντες [764b] πᾶσιν ἔκ τινος ἀνάγκης συνιέναι. Τοὺς δὲ δὴ ἀγορανόμους τὸν περὶ τὴν ἀγορὰν κόσμον διαταχθέντα ὑπὸ νόμων φυλάττειν, καὶ ἱερῶν καὶ κρηνῶν ἐπιμελεῖσθαι τῶν κατ' ἀγοράν, ὅπως μηδὲν ἀδικῇ μηδείς, τὸν ἀδικοῦντα δὲ κολάζειν, πληγαῖς μὲν καὶ δεσμοῖς δοῦλον καὶ ξένον, ἐὰν δ' ἐπιχώριος ὤν τις περὶ τὰ τοιαῦτα ἀκοσμῇ, μέχρι μὲν ἑκατὸν δραχμῶν νομίσματος αὐτοὺς εἶναι κυρίους διαδικάζοντας, μέχρι δὲ διπλασίου [764c] τούτου κοινῇ μετὰ ἀστυνόμων ζημιοῦν δικάζοντας τῷ ἀδικοῦντι. Τὰ αὐτὰ δὲ καὶ ἀστυνόμοις ἔστω ζημιώματά τε καὶ κολάσεις ἐν τῇ ἑαυτῶν ἀρχῇ, μέχρι μὲν μνᾶς αὐτοὺς ζημιοῦντας, τὴν διπλασίαν δὲ μετὰ ἀγορανόμων.

L'ordre des choses demande à présent que nous passions à l'élection des agronomes et des astynomes. Ainsi, après les soixante agronomes nous créerons trois astynomes qui, partageant entre eux les douze parties de la ville, comme les précédents auront partagé le territoire, auront soin des rues, et des grands chemins qui aboutissent à la ville, aussi bien que des édifices, [763d] afin qu'on les bâtisse tous conformément aux lois. Ils prendront soin aussi des eaux, qui leur seront envoyées et conduites en bon état jusqu'à la ville par les gardes de la campagne, et ils les distribueront dans les différentes fontaines publiques, dans la quantité et la pureté convenables, en sorte qu'elles contribuent également à l'ornement et à l'utilité de la ville. Il faut que ces astynomes aient assez de fortune et de loisir pour se consacrer entièrement au bien public. C'est pourquoi tous les citoyens réunis choisiront dans la première classe celui qu'ils voudront proposer pour astynome. [763e] Après les 331 suffrages donnés, lorsqu'on sera parvenu aux six qui en auront eu davantage, les présidents de l'élection tireront au sort les trois qui doivent être en charge, et qui, après les épreuves ordinaires, exerceront leur emploi suivant les lois qu'on leur aura prescrites. On élira ensuite cinq agoranomes parmi les citoyens de la première et de la seconde classe. Du reste leur élection se fera comme celle des astynomes, c'est-à-dire qu'entre les dix qui auront eu le plus de voix, le sort en nommera cinq, et qu'après l'épreuve ils seront déclarés magistrats. Tous seront obligés [764a] de proposer quelqu'un : quiconque refusera de le faire, s'il est dénoncé aux magistrats sera réputé mauvais citoyen, et en outre condamné à une amende de cinquante drachmes. L'entrée de l'assemblée sera ouverte à tout le monde : les citoyens de la première et seconde classe ne pourront se dispenser d'y assister, et il y aura une amende de dix drachmes pour ceux dont on apprendra l'absence. Mais ceux de la troisième et quatrième classe n'y seront point obligés, et, en cas d'absence, ils ne seront soumis à aucune amende, à moins que les magistrats, [764b] pour de certaines nécessités particulières, n'ordonnent à tous de s'y trouver. Les agoranomes feront observer dans le marché 332 l'ordre établi par les lois : ils veilleront sur les temples et les fontaines qui sont sur la place, et empêcheront qu'on y cause aucun dommage. Si cela arrive, et que le coupable soit esclave ou étranger, ils le feront battre de verges et jeter dans les fers. Si l'auteur du dommage est un citoyen, ils pourront le juger par eux-mêmes, jusqu'à la concurrence de cent drachmes. S'il s'agit d'une peine plus forte et jusqu'au double, ils ne sont plus compétents et jugeront conjointement [764c] avec les astynomes. Le pouvoir des astynomes dans leur ressort ne s'étendra pas non plus au-delà pour les amendes et les punitions, c'est-à-dire que quand l'amende n'ira qu'à une mine, ils jugeront seuls; et conjointement avec les agoranomes, quand elle ira au double.

Μουσικῆς δὲ τὸ μετὰ τοῦτο καὶ γυμναστικῆς ἄρχοντας καθίστασθαι πρέπον ἂν εἴη, διττοὺς ἑκατέρων, τοὺς μὲν παιδείας αὐτῶν ἕνεκα, τοὺς δὲ ἀγωνιστικῆς. Παιδείας μὲν βούλεται λέγειν ὁ νόμος γυμνασίων καὶ διδασκαλείων ἐπιμελητὰς [764d] κόσμου καὶ παιδεύσεως ἅμα καὶ τῆς περὶ ταῦτα ἐπιμελείας τῶν φοιτήσεών τε πέρι καὶ οἰκήσεων ἀρρένων καὶ θηλειῶν κορῶν, ἀγωνίας δέ, ἔν τε τοῖς γυμνικοῖς καὶ περὶ τὴν μουσικὴν ἀθλοθέτας ἀθληταῖς, διττοὺς αὖ τούτους, περὶ μουσικὴν μὲν ἑτέρους, περὶ ἀγωνίαν δ' ἄλλους. Ἀγωνιστικῆς μὲν οὖν ἀνθρώπων τε καὶ ἵππων τοὺς αὐτούς, μουσικῆς δὲ ἑτέρους μὲν τοὺς περὶ μονῳδίαν τε καὶ μιμητικήν, οἷον [764e] ῥαψῳδῶν καὶ κιθαρῳδῶν καὶ αὐλητῶν καὶ πάντων τῶν τοιούτων ἀθλοθέτας ἑτέρους πρέπον ἂν εἴη γίγνεσθαι, τῶν δὲ περὶ χορῳδίαν ἄλλους. Πρῶτον δὴ περὶ τὴν τῶν χορῶν παιδιὰν παίδων τε καὶ ἀνδρῶν καὶ θηλειῶν κορῶν ἐν ὀρχήσεσι καὶ τῇ τάξει τῇ ἁπάσῃ γιγνομένῃ μουσικῇ τοὺς ἄρχοντας αἱρεῖσθαί που χρεών· ἱκανὸς δὲ εἷς ἄρχων αὐτοῖς, [765a] μὴ ἔλαττον τετταράκοντα γεγονὼς ἐτῶν. Ἱκανὸς δὲ καὶ περὶ μονῳδίαν εἷς, μὴ ἔλαττον ἢ τριάκοντα γεγονὼς ἐτῶν, εἰσαγωγεύς τε εἶναι καὶ τοῖς ἁμιλλωμένοις τὴν διάκρισιν ἱκανῶς ἀποδιδούς. Τὸν δὴ χορῶν ἄρχοντα καὶ διαθετῆρα αἱρεῖσθαι χρὴ τοιόνδε τινὰ τρόπον. Ὅσοι μὲν φιλοφρόνως ἐσχήκασι περὶ τὰ τοιαῦτα, εἰς τὸν σύλλογον ἴτωσαν, ἐπιζήμιοι ἐὰν μὴ ἴωσιν -- τούτου δὲ οἱ νομοφύλακες κριταί -- τοῖς δ' ἄλλοις, ἐὰν μὴ βούλωνται, μηδὲν ἐπάναγκες ἔστω. Καὶ [765b] τὴν προβολὴν δὴ τὸν αἱρούμενον ἐκ τῶν ἐμπείρων ποιητέον, ἔν τε τῇ δοκιμασίᾳ κατηγόρημα ἓν τοῦτ' ἔστω καὶ ἀπηγόρημα, τῶν μὲν ὡς ἄπειρος ὁ λαχών, τῶν δ' ὡς ἔμπειρος· ὃς δ' ἂν εἷς ἐκ προχειροτονηθέντων δέκα λάχῃ, δοκιμασθείς, τὸν ἐνιαυτὸν τῶν χορῶν ἀρχέτω κατὰ νόμον. Κατὰ ταὐτὰ δὲ τούτοις καὶ ταύτῃ ὁ λαχὼν τὸν ἐνιαυτὸν ἐκεῖνον τῶν ἀφικομένων εἰς κρίσιν μονῳδιῶν τε καὶ συναυλιῶν ἀρχέτω, εἰς [765c] τοὺς κριτὰς ἀποδιδοὺς ὁ λαχὼν τὴν κρίσιν. Μετὰ δὲ ταῦτα χρεὼν ἀγωνίας ἀθλοθέτας αἱρεῖσθαι τῆς περὶ τὰ γυμνάσια ἵππων τε καὶ ἀνθρώπων ἐκ τῶν τρίτων τε καὶ ἔτι τῶν δευτέρων τιμημάτων· εἰς δὲ τὴν αἵρεσιν ἔστω μὲν ἐπάναγκες τοῖς τρισὶν (καὶ) πορεύεσθαι τιμήμασι, τὸ σμικρότατον δὲ ἀζήμιον ἀφείσθω. Τρεῖς δ' ἔστωσαν οἱ λαχόντες, τῶν προχειροτονηθέντων μὲν εἴκοσι, λαχόντων δὲ ἐκ τῶν εἴκοσι τριῶν, οὓς ἂν καὶ ψῆφος ἡ τῶν δοκιμαζόντων δοκιμάσῃ· ἐὰν [765d] δέ τις ἀποδοκιμασθῇ καθ' ἡντιναοῦν ἀρχῆς λῆξιν καὶ κρίσιν, ἄλλους ἀνθαιρεῖσθαι κατὰ ταὐτὰ καὶ τὴν δοκιμασίαν ὡσαύτως αὐτῶν πέρι ποιεῖσθαι.

Il convient après cela d'instituer des magistrats qui président à la musique et à la gymnastique, divisés en deux classes, et destinés, les uns à la partie de l'instruction, les autres à celle des exercices. Par les premiers la loi entend ceux qui seront à la tête des gymnases et des écoles, pour veiller [764d] sur le bon ordre, sur la manière dont l'instruction se donne, et sur la conduite des jeunes garçons et des jeunes filles, soit en allant aux écoles, soit pendant le temps qu'ils y resteront; et par les seconds ceux qui 333 présideront aux exercices de musique et de gymnastique, et qui seront encore de deux sortes, les uns pour la musique seule, les autres pour la seule gymnastique. Les exercices gymniques, soit d'hommes, soit de chevaux, auront les mêmes présidents. Quant aux exercices de musique, il est à propos d'établir des présidents de deux espèces, les uns pour la monodie et pour le chant imitatif, comme [746e] pour les rhapsodes, les joueurs de luth, de flûte et d'autres instruments semblables ; les autres pour le chant des chœurs. Et d'abord, pour ce qui regarde les divertissements des chœurs auxquels prennent part les enfants, les hommes faits et les jeunes filles, il faut élire ceux qui doivent présider aux danses et à toute l'ordonnance musicale. Un seul nous suffira : [765a] il ne faut pas qu'il ait moins de quarante ans. Ce sera aussi assez d'un seul âgé au moins de trente ans, pour la monodie; il admettra aux exercices ceux qu'il jugera à propos, et décidera de la supériorité entre les concurrents. Voici de quelle manière il faudra choisir le président et l'arbitre des chœurs. Tous ceux qui auront du goût pour ces sortes de choses, se rendront à l'assemblée : on punira d'une amende quiconque refusera de s'y trouver; les gardiens des lois connaîtront de cette affaire. Pour les 334 autres, ils n'y assisteront qu'autant qu'ils le voudront. Chacun [765b] proposera à son choix pour président quelqu'un des plus habiles en ce genre; et dans le jugement d'approbation on n'alléguera point d'autre raison pour élire ou pour rejeter celui qui est présenté, que son habileté ou son incapacité. Celui des dix ainsi présentés qui aura eu le plus de suffrages, après le jugement de rigueur, présidera aux chœurs pendant une année selon la loi. On observera les mêmes formes dans l'élection d'un arbitre de monodies et de concerts d'instruments ; parmi ceux [765c] qui seront arrivés jusqu'à l'honneur de l'épreuve, celui qui aura été choisi après avoir subi l'épreuve voulue, sera président pendant une année. Il nous faut ensuite choisir, dans la seconde et troisième classe de citoyens, des arbitres d'exercices gymniques, tant d'hommes que de chevaux. Ceux de la troisième classe seront tenus d'assister à l'élection : il n'y a que la quatrième qui pourra s'en absenter impunément. Parmi les vingt qui auront été présentés, les trois qui seront préférés seront élus, s'ils ont l'approbation des examinateurs. Si [765d] quelqu'un succombe dans cette épreuve pour quelque charge que ce soit, on lui en substituera un autre suivant les mêmes formes, et l'examen s'en fera de la même ma- 335 nière.

Λοιπὸς δὲ ἄρχων περὶ τὰ προειρημένα ἡμῖν ὁ τῆς παιδείας ἐπιμελητὴς πάσης θηλειῶν τε καὶ ἀρρένων. Εἷς μὲν δὴ καὶ ὁ τούτων ἄρξων ἔστω κατὰ νόμους, ἐτῶν μὲν γεγονὼς μὴ ἔλαττον ἢ πεντήκοντα, παίδων δὲ γνησίων πατήρ, μάλιστα μὲν ὑέων καὶ θυγατέρων, εἰ δὲ μή, θάτερα· διανοηθήτω [765e] δὲ αὐτός τε ὁ προκριθεὶς καὶ ὁ προκρίνων ὡς οὖσαν ταύτην τὴν ἀρχὴν τῶν ἐν τῇ πόλει ἀκροτάτων ἀρχῶν πολὺ μεγίστην. Παντὸς γὰρ δὴ φυτοῦ ἡ πρώτη βλάστη καλῶς ὁρμηθεῖσα, πρὸς ἀρετὴν τῆς αὑτοῦ φύσεως κυριωτάτη τέλος ἐπιθεῖναι τὸ πρόσφορον, τῶν τε ἄλλων φυτῶν καὶ τῶν ζῴων ἡμέρων [766a] καὶ ἀγρίων καὶ ἀνθρώπων· ἄνθρωπος δέ, ὥς φαμεν, ἥμερον, ὅμως μὴν παιδείας μὲν ὀρθῆς τυχὸν καὶ φύσεως εὐτυχοῦς, θειότατον ἡμερώτατόν τε ζῷον γίγνεσθαι φιλεῖ, μὴ ἱκανῶς δὲ ἢ μὴ καλῶς τραφὲν ἀγριώτατον, ὁπόσα φύει γῆ. ὧν ἕνεκα οὐ δεύτερον οὐδὲ πάρεργον δεῖ τὴν παίδων τροφὴν τὸν νομοθέτην ἐᾶν γίγνεσθαι, πρῶτον δὲ ἄρξασθαι χρεὼν τὸν μέλλοντα αὐτῶν ἐπιμελήσεσθαι καλῶς αἱρεθῆναι, τῶν ἐν τῇ πόλει ὃς ἂν ἄριστος εἰς πάντα ᾖ, τοῦτον κατὰ δύναμιν ὅτι [766b] μάλιστα αὐτοῖς καθιστάντα προστάττειν ἐπιμελητήν. Αἱ πᾶσαι τοίνυν ἀρχαὶ πλὴν βουλῆς καὶ πρυτάνεων εἰς τὸ τοῦ Ἀπόλλωνος ἱερὸν ἐλθοῦσαι φερόντων ψῆφον κρύβδην, τῶν νομοφυλάκων ὅντιν' ἂν ἕκαστος ἡγῆται κάλλιστ' ἂν τῶν περὶ παιδείαν ἄρξαι γενομένων· ᾧ δ' ἂν πλεῖσται ψῆφοι συμβῶσιν, δοκιμασθεὶς ὑπὸ τῶν ἄλλων ἀρχόντων τῶν ἑλομένων, πλὴν νομοφυλάκων, ἀρχέτω ἔτη πέντε, ἕκτῳ δὲ κατὰ [766c] ταὐτὰ ἄλλον ἐπὶ ταύτην τὴν ἀρχὴν αἱρεῖσθαι.

Ἐὰν δέ τις δημοσίαν ἀρχὴν ἄρχων ἀποθάνῃ πρὶν ἐξήκειν αὐτῷ τὴν ἀρχὴν πλεῖον ἢ τριάκοντα ἐπιδεομένην ἡμερῶν, τὸν αὐτὸν τρόπον ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ἄλλον καθιστάναι οἷς ἦν τοῦτο προσηκόντως μέλον. Καὶ ἐὰν ὀρφανῶν ἐπίτροπος τελευτήσῃ τις, οἱ προσήκοντες καὶ ἐπιδημοῦντες πρὸς πατρὸς καὶ μητρὸς μέχρι ἀνεψιῶν παίδων ἄλλον καθιστάντων [766d] ἐντὸς δέκα ἡμερῶν, ἢ ζημιούσθων ἕκαστος δραχμῇ τῆς ἡμέρας, μέχριπερ ἂν τοῖς παισὶν καταστήσωσι τὸν ἐπίτροπον.

Il nous reste à instituer le magistrat qui aura une intendance générale sur toutes les parties de l'éducation des jeunes gens de l'un et de l'autre sexe dont nous avons parlé. La loi veut qu'on n'en choisisse qu'un, qui ne doit point avoir moins de cinquante ans. Il faut qu'il ait des enfants légitimes, garçons et filles autant qu'il se pourra, ou du moins faut-il qu'il soit père. Que celui sur qui tombe ce choix, [765e] et ceux qui le font se persuadent qu'entre les plus importantes charges de l'Etat, celle-ci tient sans comparaison le premier rang. Tout dépend des premières semences; si elles ont été bien jetées, on peut se promettre qu'un jour elles porteront les plus heureux fruits, qu'il s'agisse de plantes, ou d'animaux féroces [766a] ou apprivoisés, ou d'hommes. L'homme est déjà naturellement doux, il est vrai ; mais lorsqu'à un heureux naturel il joint une éducation excellente, il devient le plus doux des animaux, le plus approchant de la divinité : au lieu que s'il n'a reçu qu'une éducation défectueuse ou n'en a eu qu'une mauvaise, il devient le plus farouche des animaux que produit la terre. C'est pourquoi le législateur doit faire de l'institution des enfants le premier et le plus sérieux de ses soins. S'il veut donc s'acquitter comme il faut de ce devoir, il com- 336 mencera par jeter les yeux sur le citoyen le plus accompli en tout genre de vertu, pour le mettre à la tête [766b] de l'éducation de la jeunesse. Ainsi, que tous les corps de magistrature, hormis le sénat et les prytanes, s'étant assemblés dans le temple d'Apollon, choisissent au scrutin secret celui des gardiens des lois qu'ils jugeront le plus capable de bien conduire l'éducation de la jeunesse; et que celui qui aura eu le plus de suffrages, après avoir été examiné par les magistrats qui l'ont élu, c'est-à-dire par tous excepté les gardiens des lois, entre en charge pour cinq ans. A la sixième année [766c] on en élira un autre en suivant les mêmes règles.

Si quelqu'un de ceux qui ont des charges publiques vient à mourir avant que le temps de sa charge soit expiré, de sorte qu'il s'en faille plus de trente jours, ceux que ce soin regarde lui nommeront un successeur. Si des orphelins viennent à perdre leur tuteur, les parents et alliés du côté du père et de la mère, en descendant jusqu'aux cousins germains, en nommeront un autre [766d] dans l'espace de dix jours, ou paieront chacun une drachme d'amende par jour jusqu'à ce qu'ils l'aient nommé.

Πᾶσα δὲ δήπου πόλις ἄπολις ἂν γίγνοιτο, ἐν ᾗ δικαστήρια μὴ καθεστῶτα εἴη κατὰ τρόπον· ἄφωνος δ' αὖ δικαστὴς ἡμῖν καὶ μὴ πλείω τῶν ἀντιδίκων ἐν ταῖς ἀνακρίσεσι φθεγγόμενος, καθάπερ ἐν ταῖς διαίταις, οὐκ ἄν ποτε ἱκανὸς γένοιτο περὶ τὴν τῶν δικαίων κρίσιν· ὧν ἕνεκα οὔτε πολλοὺς ὄντας ῥᾴδιον εὖ δικάζειν οὔτε ὀλίγους φαύλους. Σαφὲς δὲ ἀεὶ τὸ [766e] ἀμφισβητούμενον χρεὼν γίγνεσθαι παρ' ἑκατέρων, ὁ δὲ χρόνος ἅμα καὶ τὸ βραδὺ τό τε πολλάκις ἀνακρίνειν πρὸς τὸ φανερὰν γίγνεσθαι τὴν ἀμφισβήτησιν σύμφορον. ὧν ἕνεκα πρῶτον μὲν εἰς γείτονας ἰέναι χρὴ τοὺς ἐπικαλοῦντας ἀλλήλοις καὶ τοὺς φίλους τε καὶ συνειδότας ὅτι μάλιστα [767a] τὰς ἀμφισβητουμένας πράξεις, ἐὰν δ' ἄρα μὴ ἐν τούτοις τις ἱκανὴν κρίσιν λαμβάνῃ, πρὸς ἄλλο δικαστήριον ἴτω· τὸ δὲ τρίτον, ἂν τὰ δύο δικαστήρια μὴ δύνηται διαλλάξαι, τέλος ἐπιθέτω τῇ δίκῃ. Τρόπον δή τινα καὶ τῶν δικαστηρίων αἱ καταστάσεις ἀρχόντων εἰσὶν αἱρέσεις· πάντα μὲν γὰρ ἄρχοντα ἀναγκαῖον καὶ δικαστὴν εἶναί τινων, δικαστὴς δὲ οὐκ ἄρχων καί τινα τρόπον ἄρχων οὐ πάνυ φαῦλος γίγνεται τὴν τόθ' ἡμέραν ᾗπερ ἂν κρίνων τὴν δίκην ἀποτελῇ. θέντες δὴ καὶ τοὺς [767b] δικαστὰς ὡς ἄρχοντας, λέγωμεν τίνες ἂν εἶεν πρέποντες καὶ τίνων ἄρα δικασταὶ καὶ πόσοι ἐφ' ἕκαστον. Κυριώτατον μὲν τοίνυν ἔστω δικαστήριον ὅπερ ἂν αὐτοὶ ἑαυτοῖς ἀποφήνωσιν ἕκαστοι, κοινῇ τινας ἑλόμενοι· δύο δὴ τῶν λοιπῶν ἔστω κριτήρια, τὸ μὲν ὅταν τίς τινα ἰδιώτην ἰδιώτης, ἐπαιτιώμενος ἀδικεῖν αὐτόν, ἄγων εἰς δίκην βούληται διακριθῆναι, τὸ δ' ὁπόταν τὸ δημόσιον ὑπό τινος τῶν πολιτῶν ἡγῆταί [767c] τις ἀδικεῖσθαι καὶ βουληθῇ τῷ κοινῷ βοηθεῖν, λεκτέον ὁποῖοί τ' εἰσὶν καὶ τίνες οἱ κριταί. Πρῶτον δὴ δικαστήριον ἡμῖν γιγνέσθω κοινὸν ἅπασι τοῖς τὸ τρίτον ἀμφισβητοῦσιν ἰδιώταις πρὸς ἀλλήλους, γενόμενον τῇδέ πῃ. Πάσας δὴ τὰς ἀρχάς, ὁπόσαι τε κατ' ἐνιαυτὸν καὶ ὁπόσαι πλείω χρόνον ἄρχουσιν, ἐπειδὰν μέλλῃ νέος ἐνιαυτὸς μετὰ θερινὰς τροπὰς τῷ ἐπιόντι μηνὶ γίγνεσθαι, ταύτης τῆς ἡμέρας τῇ πρόσθεν πάντας χρὴ τοὺς ἄρχοντας συνελθεῖν εἰς ἓν ἱερὸν καὶ τὸν [767d] θεὸν ὀμόσαντας οἷον ἀπάρξασθαι πάσης ἀρχῆς ἕνα δικαστήν, ὃς ἂν ἐν ἀρχῇ ἑκάστῃ ἄριστός τε εἶναι δόξῃ καὶ ἄριστ' ἂν καὶ ὁσιώτατα τὰς δίκας τοῖς πολίταις αὐτῷ τὸν ἐπιόντα ἐνιαυτὸν φαίνηται διακρίνειν. Τούτων δὲ αἱρεθέντων γίγνεσθαι μὲν δοκιμασίαν ἐν τοῖς ἑλομένοις αὐτοῖς, ἐὰν δὲ ἀποδοκιμασθῇ τις, ἕτερον ἀνθαιρεῖσθαι κατὰ ταὐτά, τοὺς δὲ δοκιμασθέντας δικάζειν μὲν τοῖς τἆλλα δικαστήρια φυγοῦσι, τὴν δὲ ψῆφον φανερὰν φέρειν· ἐπηκόους δ' εἶναι καὶ θεατὰς [767e] τούτων τῶν δικῶν ἐξ ἀνάγκης μὲν βουλευτὰς καὶ τοὺς ἄλλους ἄρχοντας τοὺς ἑλομένους αὐτούς, τῶν δὲ ἄλλων τὸν βουλόμενον. Ἐὰν δέ τις ἐπαιτιᾶταί τινα ἑκόντα ἀδίκως κρῖναι τὴν δίκην, εἰς τοὺς νομοφύλακας ἰὼν κατηγορείτω· ὁ δὲ ὀφλὼν τὴν τοιαύτην δίκην ὑπεχέτω μὲν τοῦ βλάβους τῷ βλαφθέντι τὸ ἥμισυ τίνειν, ἐὰν δὲ μείζονος ἄξιος εἶναι δόξῃ ζημίας, προστιμᾶν τοὺς κρίναντας τὴν δίκην ὅτι χρὴ πρὸς τούτῳ παθεῖν αὐτὸν ἢ ἀποτίνειν τῷ κοινῷ καὶ τῷ τὴν δίκην δικασαμένῳ. Περὶ δὲ τῶν δημοσίων ἐγκλημάτων ἀναγκαῖον [768a] πρῶτον μὲν τῷ πλήθει μεταδιδόναι τῆς κρίσεως - οἱ γὰρ ἀδικούμενοι πάντες εἰσίν, ὁπόταν τις τὴν πόλιν ἀδικῇ, καὶ χαλεπῶς ἂν ἐν δίκῃ φέροιεν ἄμοιροι γιγνόμενοι τῶν τοιούτων διακρίσεων - ἀλλ' ἀρχήν τε εἶναι χρὴ τῆς τοιαύτης δίκης καὶ τελευτὴν εἰς τὸν δῆμον ἀποδιδομένην, τὴν δὲ βάσανον ἐν ταῖς μεγίσταις ἀρχαῖς τρισίν, ἃς ἂν ὅ τε φεύγων καὶ ὁ διώκων συνομολογῆτον· ἐὰν δὲ μὴ δύνησθον κοινωνῆσαι τῆς ὁμολογίας αὐτοί, τὴν βουλὴν ἐπικρίνειν αὐτῶν τὴν αἵρεσιν [768b] ἑκατέρου. Δεῖ δὲ δὴ καὶ τῶν ἰδίων δικῶν κοινωνεῖν κατὰ δύναμιν ἅπαντας· ὁ γὰρ ἀκοινώνητος ὢν ἐξουσίας τοῦ συνδικάζειν ἡγεῖται τὸ παράπαν τῆς πόλεως οὐ μέτοχος εἶναι. Διὰ ταῦτ' οὖν δὴ καὶ κατὰ φυλὰς ἀναγκαῖον δικαστήριά τε γίγνεσθαι καὶ κλήρῳ δικαστὰς ἐκ τοῦ παραχρῆμα ἀδιαφθόρους ταῖς δεήσεσι δικάζειν, τὸ δὲ τέλος κρίνειν πάντων τῶν τοιούτων ἐκεῖνο τὸ δικαστήριον, ὅ φαμεν εἴς γε ἀνθρωπίνην δύναμιν ὡς οἷόν τε ἀδιαφθορώτατα παρεσκευάσθαι τοῖς μὴ [768c] δυναμένοις μήτε ἐν τοῖς γείτοσι μήτε ἐν τοῖς φυλετικοῖς δικαστηρίοις ἀπαλλάττεσθαι.

Un État ne serait plus un État, si ce qui concerne les tribunaux n'y était pas réglé comme 337 il faut. De plus, un juge muet qui dans la discussion des causes n'ajouterait rien à ce que disent chacun des plaideurs, comme il arrive dans les arbitrages, ne serait point en état de rendre la justice ; d'où il suit qu'il n'est pas possible de bien juger, s'il y a beaucoup de juges, ou s'ils sont en petit nombre mais ignorants. Il est toujours nécessaire que les points sur lesquels les deux parties sont en litige soient suffisamment éclaircis. [766e] Or rien de plus propre à jeter du jour sur une cause que le temps, la lenteur et les fréquentes informations. Par toutes ces raisons, il faut que ceux qui ont ensemble quelque différend, s'adressent d'abord à leurs voisins, à leurs amis, à tous ceux qui peuvent être au fait [767a] du sujet de la contestation. Si la chose n'est pas suffisamment décidée par ces arbitres, on aura recours à un autre tribunal. Enfin, si le procès ne peut se vider dans ces deux tribunaux, un troisième le terminera sans appel. Au reste l'érection des tribunaux est en quelque sorte une création de magistrats, puisque tout magistrat est nécessairement juge en certaines matières, et que le juge, sans être magistrat, l'est cependant avec une autorité considérable, le jour qu'il termine les différends par sa sentence. Ainsi, comptant les [767a] juges pour des ma- 338 gistrats, disons quelque chose de leurs qualités personnelles, des matières qui sont de leur compétence, et du nombre des juges dans chaque tribunal. Que le plus sacré de tous les tribunaux soit celui que les parties se seront créé elles-mêmes, et qu'elles auront élu d'un commun consentement. Outre celui-là, il y en aura deux d'établis, l'un pour juger les causes de particulier à particulier, lorsqu'un citoyen se prétendant lésé dans ses droits par un autre, le citera devant les juges pour en avoir raison : l'autre pour les cas où, par zèle pour le bien public, [767c] on voudra dénoncer ceux qu'on croira avoir nui aux intérêts de l'État. Il nous faut parler de la qualité et du choix des juges. Le premier tribunal, ouvert à tous les particuliers qui, après avoir plaidé deux fois, n'auront pu s'accorder, sera formé de cette manière. Le dernier jour avant le mois qui suit le solstice d'été, auquel mois commence la nouvelle année (09), tous ceux qui ont des charges, soit pour un an seulement, soit pour plus longtemps,  339 s'assembleront dans un des temples de la cité; et là, après avoir pris le [767d] Dieu à serment, ils lui offriront en quelque sorte les prémices de tous les corps de magistrature, en choisissant pour juge dans chacun d'eux le magistrat qui jouira d'une plus grande réputation de probité, et leur paraîtra devoir rendre la justice aux citoyens avec plus de lumières et d'intégrité dans le cours de l'année suivante. Ce choix sera suivi de l'examen de chacun des élus, par ceux-là même qui l'ont élu, et si quelqu'un est rejeté, on lui en substituera un autre en gardant les mêmes formes. Ces juges prononceront entre ceux qui n'auront pu s'accorder dans les autres tribunaux; ils donneront leur voix publiquement ; les sénateurs et tous les autres magistrats [767e] qui les ont élus, seront tenus d'assister au jugement, et d'être témoins de la sentence : pour les autres citoyens, ils y assisteront, si bon leur semble. Si un juge se trouvait accusé d'avoir porté sciemment une sentence injuste, l'accusation sera portée devant les gardiens des lois; le juge, convaincu de cette malversation, sera condamné à payer à celui auquel il a fait tort, la moitié du dommage ; ou, si l'on croit qu'il mérite une plus grande peine, elle sera laissée à la discrétion des gardiens des lois, qui estimeront ce qu'il doit souffrir en outre, soit 340 dans sa personne, soit dans ses biens, par une amende au profit du public ou du particulier, qui a porté la plainte. A l'égard des crimes d'État, il est nécessaire [768a] que le peuple ait part au jugement, puisque tous les citoyens sont lésés, lorsque l'État Test, et qu'ils auraient raison de trouver mauvais qu'on les exclût de ces sortes de causes. Ainsi ce sera au peuple que ces causes seront portées en première instance, et il les décidera en dernier ressort : mais la procédure s'instruira par-devant trois des premiers corps de magistrature, choisis du commun consentement de l'accusateur et de l'accusé. S'ils ne peuvent convenir sur ce choix, le sénat le réglera en décidant pour [768b] l'un ou pour l'autre. Il faut encore, autant qu'il se pourra, que tous aient part aux jugements touchant les causes privées. Car ceux qui ne participent point à la puissance judiciaire, croient totalement manquer des droits de citoyen. C'est pourquoi il est nécessaire qu'on établisse des tribunaux pour chaque tribu, et que des juges inflexibles, nommés par le sort, décident sur-le-champ des différends qui s'élèveront. La décision finale de ces sortes de causes appartiendra au tribunal dont nous avons parlé plus haut, tribunal composé des juges les plus intègres [768c] qu'il soit 341 possible de trouver, et destiné à terminer les procès qui n'auront pu être vidés par une sentence arbitrale des voisins, ni par les juges de la tribu.

Νῦν δὴ περὶ μὲν δικαστήρια ἡμῖν - ἃ δή φαμεν οὔθ' ὡς ἀρχὰς οὔτε ὡς μὴ ῥᾴδιον εἰπόντα ἀναμφισβητήτως εἰρηκέναι - περὶ μὲν ταῦτα οἷον περιγραφή τις ἔξωθεν περιγεγραμμένη τὰ μὲν εἴρηκεν, τὰ δ' ἀπολείπει σχεδόν· πρὸς γὰρ τέλει νομοθεσίας ἡ δικῶν ἀκριβὴς νόμων θέσις ἅμα καὶ διαίρεσις ὀρθότατα γίγνοιτ' ἂν μακρῷ. Ταύταις μὲν οὖν [768d] εἰρήσθω πρὸς τῷ τέλει περιμένειν ἡμᾶς, αἱ δὲ περὶ τὰς ἄλλας ἀρχὰς καταστάσεις σχεδὸν τὴν πλείστην εἰλήφασιν νομοθεσίαν· τὸ δὲ ὅλον καὶ ἀκριβὲς περὶ ἑνός τε καὶ πάντων τῶν κατὰ πόλιν καὶ πολιτικὴν πᾶσαν διοικήσεων οὐκ ἔστιν γενέσθαι σαφές, πρὶν ἂν ἡ διέξοδος ἀπ' ἀρχῆς τά τε δεύτερα καὶ τὰ μέσα καὶ πάντα μέρη τὰ ἑαυτῆς ἀπολαβοῦσα πρὸς τέλος ἀφίκηται. Νῦν μὴν ἐν τῷ παρόντι μέχρι τῆς τῶν [768e] ἀρχόντων αἱρέσεως γενομένης τελευτὴ μὲν τῶν ἔμπροσθεν αὕτη γίγνοιτ' ἂν ἱκανή, νόμων δὲ θέσεως ἀρχὴ καὶ ἀναβολῶν ἅμα καὶ ὄκνων οὐδὲν ἔτι δεομένη.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πάντως μοι κατὰ νοῦν, ὦ ξένε, τὰ ἔμπροσθεν εἰρηκώς, τὴν ἀρχὴν νῦν τελευτῇ προσάψας περὶ τῶν τε εἰρημένων καὶ τῶν μελλόντων ῥηθήσεσθαι, ταῦτα ἔτι μᾶλλον ἐκείνων εἴρηκας φιλίως.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

 [769a] Καλῶς τοίνυν ἂν ἡμῖν ἡ πρεσβυτῶν ἔμφρων παιδιὰ μέχρι δεῦρ' εἴη τὰ νῦν διαπεπαισμένη.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Καλὴν τὴν σπουδὴν ἔοικας δηλοῦν τῶν ἀνδρῶν.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Εἰκός γε· τόδε δ' ἐννοήσωμεν εἰ σοὶ δοκεῖ καθάπερ ἐμοί.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τὸ ποῖον δὴ καὶ περὶ τίνων;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Οἶσθ' ὅτι καθάπερ ζωγράφων οὐδὲν πέρας ἔχειν ἡ πραγματεία δοκεῖ περὶ ἑκάστων τῶν ζῴων, ἀλλ' ἢ τοῦ χραίνειν ἢ ἀποχραίνειν, ἢ ὁτιδήποτε καλοῦσι τὸ τοιοῦτον οἱ [769b] ζωγράφων παῖδες, οὐκ ἄν ποτε δοκεῖ παύσασθαι κοσμοῦσα, ὥστε ἐπίδοσιν μηκέτ' ἔχειν εἰς τὸ καλλίω τε καὶ φανερώτερα γίγνεσθαι τὰ γεγραμμένα.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Σχεδὸν ἐννοῶ ἀκούων καὶ αὐτὸς ταῦτα ἃ λέγεις, ἐπεὶ ἐντριβής γε οὐδαμῶς γέγονα τῇ τοιαύτῃ τέχνῃ.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Καὶ οὐδέν γε ἐβλάβης. Χρησώμεθά γε μὴν τῷ νῦν παρατυχόντι περὶ αὐτῆς ἡμῖν λόγῳ τὸ τοιόνδε, ὡς εἴ ποτέ [769c] τις ἐπινοήσειε γράψαι τε ὡς κάλλιστον ζῷον καὶ τοῦτ' αὖ μηδέποτε ἐπὶ φαυλότερον ἀλλ' ἐπὶ τὸ βέλτιον ἴσχειν τοῦ ἐπιόντος ἀεὶ χρόνου, συννοεῖς ὅτι θνητὸς ὤν, εἰ μή τινα καταλείψει διάδοχον τοῦ ἐπανορθοῦν τε, ἐάν τι σφάλληται τὸ ζῷον ὑπὸ χρόνων, καὶ τὸ παραλειφθὲν ὑπὸ τῆς ἀσθενείας τῆς ἑαυτοῦ πρὸς τὴν τέχνην οἷός τε εἰς τὸ πρόσθεν ἔσται φαιδρύνων ποιεῖν ἐπιδιδόναι, σμικρόν τινα χρόνον αὐτῷ πόνος παραμενεῖ πάμπολυς;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ἀληθῆ.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

[769d] Τί οὖν; ἆρ' οὐ τοιοῦτον δοκεῖ σοι τὸ τοῦ νομοθέτου βούλημ' εἶναι; πρῶτον μὲν γράψαι τοὺς νόμους πρὸς τὴν ἀκρίβειαν κατὰ δύναμιν ἱκανῶς· ἔπειτα προϊόντος τοῦ χρόνου καὶ τῶν δοξάντων ἔργῳ πειρώμενον, ἆρ' οἴει τινὰ οὕτως ἄφρονα γεγονέναι νομοθέτην, ὥστ' ἀγνοεῖν ὅτι πάμπολλα ἀνάγκη παραλείπεσθαι τοιαῦτα, ἃ δεῖ τινα συνεπόμενον ἐπανορθοῦν, ἵνα μηδαμῇ χείρων, βελτίων δὲ ἡ πολιτεία [769e] καὶ ὁ κόσμος ἀεὶ γίγνηται περὶ τὴν ᾠκισμένην αὐτῷ πόλιν;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Εἰκός - πῶς γὰρ οὔ; - βούλεσθαι πάντα ὁντινοῦν τὸ τοιοῦτον.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Οὐκοῦν εἴ τίς τινα μηχανὴν ἔχοι πρὸς τοῦτο, ἔργῳ καὶ λόγοις τίνα τρόπον διδάξειεν ἂν ἕτερον εἴτε μείζονα εἴτε ἐλάττω περὶ τοῦτ' ἔχειν ἔννοιαν, ὅπως χρὴ φυλάττειν καὶ ἐπανορθοῦν νόμους, οὐκ ἄν ποτε λέγων ἀπείποι τὸ τοιοῦτον πρὶν ἐπὶ τέλος ἐλθεῖν;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

[770a] Πῶς γὰρ ἄν;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Οὐκοῦν ἐν τῷ νῦν παρόντι ποιητέον ἐμοὶ καὶ σφῷν τοῦτο;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τὸ ποῖον δὴ λέγεις;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἐπειδὴ νομοθετεῖν μὲν μέλλομεν, ᾕρηνται δὲ ἡμῖν νομοφύλακες, ἡμεῖς δ' ἐν δυσμαῖς τοῦ βίου, οἱ δ' ὡς πρὸς ἡμᾶς νέοι, ἅμα μέν, ὥς φαμεν, δεῖ νομοθετεῖν ἡμᾶς, ἅμα δὲ πειρᾶσθαι ποιεῖν καὶ τούτους αὐτοὺς νομοθέτας τε καὶ νομοφύλακας εἰς τὸ δυνατόν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

[770b] Τί μήν; εἴπερ οἷοί τέ γ' ἐσμὲν ἱκανῶς.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἀλλ' οὖν πειρατέα γε καὶ προθυμητέα.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πῶς γὰρ οὔ;

Voilà ce que j'avais à dire pour le moment des tribunaux, desquels il est également difficile de décider que ce sont ou que ce ne sont pas des magistratures. Ce n'est ici qu'une ébaucbe où quelques unes de leurs fonctions sont marquées, et tout le reste passé sous silence. Lorsque nous serons parvenus [768d] au terme de notre législation, un long développement de toutes les lois qui concernent les tribunaux et l'ordre judiciaire sera à sa place. Qu'ils nous attendent à ce moment. Pour ce qui regarde l'institution des autres charges publiques, notre législation a réglé à peu près tout ce qu'il y a à régler. Mais il n'est pas possible de se former une idée juste et complète de l'ensemble et de chacune des parties du gouvernement et de l'administration publique, jusqu'à ce que notre entretien ait embrassé les premières et les secondes pièces de cet édifice, celles du milieu, toutes en un mot, et qu'il ait conduit l'ouvrage à sa fin. [768e] Avec l'élection des magistrats finit ce qui nous avait occupés jusqu'ici, et commence la législation proprement dite qui ne veut plus de retard.

342 CLINIAS.

Étranger, quoique j'aie été extrêmement satisfait de tout ce que j'ai entendu jusqu'ici, rien, ne m'a fait plus de plaisir que cette liaison par laquelle tu joins la fin du discours précédent avec le commencement du suivant.

L'ATHÉNIEN.

[769a] Ainsi jusqu'à présent notre conversation, amusement convenable à des vieillards, a assez bien réussi.

CLINIAS.

Dis plutôt que c'est l'occupation la plus belle que des homities puissent se proposer.

L'ATHÉNIEN.

A la bonne heure. Mais voyons, je te prie, s'il te semble la même chose qu'à moi.

CLINIAS.

. Quelle chose, et par rapport à quoi?

L'ATHÉNIEN.

Tu sais que le travail des peintres, dans les diverses figures qu'ils représentent, paraît ne devoir jamais finir, qu'ils ne font autre chose que charger les couleurs ou les affaiblir, ou de quelque autre nom que cela s'appelle [769b] en termes de l'art, et que jamais leurs tableaux ne sont si parfaits qu'ils ne puissent y ajouter, et les rendre plus beaux encore et plus expressifs.

343 CLINIAS.

Je le sais pour l'avoir ouï-dire, car je n'ai aucune connaissance des principes de cet art.

L'ATHÉNIEN.

Tu n'y as rien perdu. Toutefois nous ferons l'application suivante de la remarque que nous avons faite sur cet art. Si quelqu'un [769c] entreprenait de faire une peinture parfaitement belle, de manière que, loin de se dégrader, elle acquît de jour en jour une nouvelle perfection, tu conçois qu'étant mortel, s'il ne laisse après lui un peintre qui le remplace, pour réparer le tort que les années auraient fait à sa peinture et finir les traits que lui-même aurait laissés imparfaits par défaut d'habileté, un artiste en un mot capable de donner de nouvelles grâces à son ouvrage, tu conçois, dis-je, que ce tableau, qui lui aura coi^ité beaucoup de travail, ne se soutiendra pas long-temps.

CLINIAS.

Cela est vrai.

L'ATHÉNIEN.

[769d] Quoi donc ! ne penses-tu pas que l'entreprise du législateur ressemble à celle de ce peintre ? Il se propose d'abord de former un corps de lois le plus parfait qu'il soit possible. Mais ensuite avec le temps, lorsque l'expérience lui aura ap- 344 pris à juger de son ouvrage, crois-tu qu'il y ait un seul législateur assez dépourvu de sens pour méconnaître qu'il a laissé nécessairement une foule de traits imparfaits, et qu'il a besoin de quelque autre après lui qui corrige ce qu'il a fait, afin que la police [769e] et le bon ordre qu'il a établis dans l'État, au lieu de déchoir, aillent toujours se perfectionnant ?

CLINIAS.

Et qui n'éprouverait un semblable besoin ?

L'ATHÉNIEN.

Si donc un législateur trouvait le secret de former, soit par ses discours, soit par ses actions, quelque élève plus habile que lui, ou même moins habile, et de lui enseigner l'art de maintenir les lois et de les rectifier, n'est-il pas certain qu'il en ferait usage avant que de sortir de la vie?

CLINIAS.

[770a] Sans doute.

L'ATHÉNIEN.

N'est-ce point ce que nous avons à faire pour le présent, toi et moi ?

CLlNlAS.

Que veux-tu dire ?

L'ATHÉNIEN.

Je dis que, puisque nous sommes sur le point 345 de porter des lois, que nous en avons déjà choisi les gardiens, et que nous touchons au terme de la vie, tandis que ces magistrats sont jeunes en comparaison de nous, il faut, en même temps que nous faisons nos lois, essayer de former en eux des hommes capables de les maintenir et d'en faire de nouvelles au besoin.

CLINIAS.

[770b] J'en conviens, pourvu que nous puissions y réussir.

L'ATHÉNIEN.

Du moins faut-il faire une tentative, et y travailler de toutes nos forces.

CLINIAS.

Assurément.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Λέγωμεν δὴ πρὸς αὐτούς· ὦ φίλοι σωτῆρες νόμων, ἡμεῖς περὶ ἑκάστων ὧν τίθεμεν τοὺς νόμους πάμπολλα παραλείψομεν - ἀνάγκη γάρ - οὐ μὴν ἀλλ' ὅσα γε μὴ σμικρὰ καὶ τὸ ὅλον εἰς δύναμιν οὐκ ἀνήσομεν ἀπεριήγητον καθάπερ τινὶ περιγραφῇ· τοῦτο δὲ δεήσει συμπληροῦν ὑμᾶς τὸ περιηγηθέν. [770c] Ὅποι δὲ βλέποντες δράσετε τὸ τοιοῦτον, ἀκούειν χρή. Μέγιλλος μὲν γὰρ καὶ ἐγὼ καὶ Κλεινίας εἰρήκαμέν τε αὐτὰ ἀλλήλοις οὐκ ὀλιγάκις, ὁμολογοῦμέν τε λέγεσθαι καλῶς· ὑμᾶς δὲ ἡμῖν βουλόμεθα συγγνώμονάς τε ἅμα καὶ μαθητὰς γίγνεσθαι, βλέποντας πρὸς ταῦτα εἰς ἅπερ ἡμεῖς συνεχωρήσαμεν ἀλλήλοις τὸν νομοφύλακά τε καὶ νομοθέτην δεῖν βλέπειν. ἦν δὲ ἡ συγχώρησις ἓν ἔχουσα κεφάλαιον, ὅπως [770d] ποτὲ ἀνὴρ ἀγαθὸς γίγνοιτ' ἄν, τὴν ἀνθρώπῳ προσήκουσαν ἀρετὴν τῆς ψυχῆς ἔχων ἔκ τινος ἐπιτηδεύματος ἤ τινος ἤθους ἢ ποιᾶς κτήσεως ἢ ἐπιθυμίας ἢ δόξης ἢ μαθημάτων ποτέ τινων, εἴτε ἄρρην τις τῶν συνοικούντων οὖσα ἡ φύσις εἴτε θήλεια, νέων ἢ γερόντων, ὅπως εἰς ταὐτὸν τοῦτο ὃ λέγομεν τεταμένη σπουδὴ πᾶσα ἔσται διὰ παντὸς τοῦ βίου, τῶν δ' ἄλλων ὁπόσα ἐμπόδια τούτοις μηδὲν προτιμῶν φανεῖται [770e] μηδ' ὁστισοῦν, τελευτῶν δὲ καὶ πόλεως, ἐὰν ἀνάστατον ἀνάγκη φαίνηται γίγνεσθαι πρὶν ἐθέλειν δούλειον ὑπομείνασα ζυγὸν ἄρχεσθαι ὑπὸ χειρόνων, ἢ λείπειν φυγῇ τὴν πόλιν· ὡς πάντα τὰ τοιαῦτα ἄρ' ἔσθ' ὑπομενετέον πάσχοντας πρὶν ἀλλάξασθαι πολιτείαν ἣ χείρους ἀνθρώπους πέφυκε ποιεῖν. Ταῦτα ἡμεῖς τε ἔμπροσθεν συνωμολογησάμεθα, καὶ νῦν ὑμεῖς ἡμῶν εἰς ταῦτα ἑκάτερα βλέποντες ἐπαινεῖτε καὶ [771a] ψέγετε τοὺς νόμους ὅσοι μὴ ταῦτα δυνατοί, τοὺς δὲ δυνατοὺς ἀσπάζεσθέ τε καὶ φιλοφρόνως δεχόμενοι ζῆτε ἐν αὐτοῖς· τὰ δ' ἄλλα ἐπιτηδεύματα καὶ πρὸς ἄλλα τείνοντα τῶν ἀγαθῶν λεγομένων χαίρειν χρὴ προσαγορεύειν.

Ἀρχὴ δὲ ἔστω τῶν μετὰ ταῦτα ἡμῖν νόμων ἥδε τις, ἀφ' ἱερῶν ἠργμένη. Τὸν ἀριθμὸν γὰρ δὴ δεῖ πρῶτον ἀναλαβεῖν ἡμᾶς τὸν τῶν πεντακισχιλίων καὶ τετταράκοντα, ὅσας εἶχέν [771b] τε καὶ ἔχει τομὰς προσφόρους ὅ τε ὅλος ἅμα καὶ ὁ κατὰ φυλάς, ὃ δὴ τοῦ παντὸς ἔθεμεν δωδεκατημόριον, ἓν καὶ εἴκοσιν εἰκοσάκις ὀρθότατα φύν. Ἔχει δὲ διανομὰς δώδεκα μὲν ὁ πᾶς ἀριθμὸς ἡμῖν, δώδεκα δὲ καὶ ὁ τῆς φυλῆς· ἑκάστην δὴ τὴν μοῖραν διανοεῖσθαι χρεὼν ὡς οὖσαν ἱεράν, θεοῦ δῶρον, ἑπομένην τοῖς μησὶν καὶ τῇ τοῦ παντὸς περιόδῳ. Διὸ καὶ πᾶσαν πόλιν ἄγει μὲν τὸ σύμφυτον ἱεροῦν αὐτάς, ἄλλοι δὲ ἄλλων ἴσως ὀρθότερον ἐνείμαντό τε καὶ εὐτυχέστερον ἐθείωσαν τὴν [771c] διανομήν· ἡμεῖς δὲ οὖν νῦν φαμεν ὀρθότατα προῃρῆσθαι τὸν τῶν πεντακισχιλίων καὶ τετταράκοντα ἀριθμόν, ὃς πάσας τὰς διανομὰς ἔχει μέχρι τῶν δώδεκα ἀπὸ μιᾶς ἀρξάμενος πλὴν ἑνδεκάδος - αὕτη δ' ἔχει σμικρότατον ἴαμα· ἐπὶ θάτερα γὰρ ὑγιὴς γίγνεται δυοῖν ἑστίαιν ἀπονεμηθείσαιν - ὡς δ' ἐστὶν ταῦτα ἀληθῶς ὄντα, κατὰ σχολὴν οὐκ ἂν πολὺς ἐπιδείξειεν μῦθος. Πιστεύσαντες δὴ τὰ νῦν τῇ παρούσῃ φήμῃ [771d] καὶ λόγῳ, νείμωμέν τε ταύτην, καὶ ἑκάστῃ μοίρᾳ θεὸν ἢ θεῶν παῖδα ἐπιφημίσαντες, βωμούς τε καὶ τὰ τούτοις προσήκοντα ἀποδόντες, θυσιῶν πέρι συνόδους ἐπ' αὐτοῖς ποιώμεθα δύο τοῦ μηνός, δώδεκα μὲν τῇ τῆς φυλῆς διανομῇ, δώδεκα δὲ αὐτῷ τῷ τῆς πόλεως διαμερισμῷ, θεῶν μὲν δὴ πρῶτον χάριτος ἕνεκα καὶ τῶν περὶ θεούς, δεύτερον δὲ ἡμῶν αὐτῶν οἰκειότητός τε πέρι καὶ γνωρίσεως ἀλλήλων, ὡς φαῖμεν ἄν, καὶ [771e] ὁμιλίας ἕνεκα πάσης. Πρὸς γὰρ δὴ τὴν τῶν γάμων κοινωνίαν καὶ σύμμειξιν ἀναγκαίως ἔχει τὴν ἄγνοιαν ἐξαιρεῖν παρ' ὧν τέ τις ἄγεται καὶ ἃ καὶ οἷς ἐκδίδωσι, περὶ παντὸς ποιούμενον ὅτι μάλιστα τὸ μὴ σφάλλεσθαι μηδαμῶς ἐν τοῖς τοιούτοις κατὰ τὸ δυνατόν. Τῆς οὖν τοιαύτης σπουδῆς ἕνεκα χρὴ καὶ τὰς παιδιὰς ποιεῖσθαι χορεύοντάς τε καὶ χορευούσας [772a] κόρους καὶ κόρας, καὶ ἅμα δὴ θεωροῦντάς τε καὶ θεωρουμένους μετὰ λόγου τε καὶ ἡλικίας τινὸς ἐχούσης εἰκυίας προφάσεις, γυμνοὺς καὶ γυμνὰς μέχριπερ αἰδοῦς σώφρονος ἑκάστων. Τούτων δ' ἐπιμελητὰς πάντων καὶ κοσμητὰς τοὺς τῶν χορῶν ἄρχοντας γίγνεσθαι καὶ νομοθέτας μετὰ τῶν νομοφυλάκων, ὅσον ἂν ἡμεῖς ἐκλείπωμεν τάττοντες· ἀναγκαῖον δέ, ὅπερ εἴπομεν, περὶ τὰ τοιαῦτα πάντα ὅσα σμικρὰ [772b] καὶ πολλὰ νομοθέτην μὲν ἐκλείπειν, τοὺς δ' ἐμπείρους ἀεὶ κατ' ἐνιαυτὸν γιγνομένους αὐτῶν, ἀπὸ τῆς χρείας μανθάνοντας, τάττεσθαι καὶ ἐπανορθουμένους κινεῖν κατ' ἐνιαυτόν, ἕως ἂν ὅρος ἱκανὸς δόξῃ τῶν τοιούτων νομίμων καὶ ἐπιτηδευμάτων γεγονέναι. Χρόνος μὲν οὖν μέτριος ἅμα καὶ ἱκανὸς γίγνοιτ' ἂν τῆς ἐμπειρίας δεκαετηρὶς θυσιῶν τε καὶ χορειῶν, ἐπὶ πάντα καὶ ἕκαστα ταχθείς, ζῶντος μὲν τοῦ τάξαντος νομοθέτου [772c] κοινῇ, τέλος δὲ σχόντος, αὐτὰς ἑκάστας τὰς ἀρχὰς εἰς τοὺς νομοφύλακας εἰσφερούσας τὸ παραλειπόμενον τῆς αὑτῶν ἀρχῆς ἐπανορθοῦσθαι, μέχριπερ ἂν τέλος ἔχειν ἕκαστον δόξῃ τοῦ καλῶς ἐξειργάσθαι, τότε δὲ ἀκίνητα θεμένους, ἤδη χρῆσθαι μετὰ τῶν ἄλλων νόμων οὓς ἔταξε κατ' ἀρχὰς ὁ θεὶς αὐτοῖς νομοθέτης· ὧν πέρι κινεῖν μὲν ἑκόντας μηδέποτε μηδέν, εἰ δέ τις ἀνάγκη δόξειέ ποτε καταλαβεῖν, πάσας μὲν [772d] τὰς ἀρχὰς χρὴ συμβούλους, πάντα δὲ τὸν δῆμον καὶ πάσας θεῶν μαντείας ἐπελθόντας, ἐὰν συμφωνῶσι πάντες, οὕτω κινεῖν, ἄλλως δὲ μηδέποτε μηδαμῶς, ἀλλὰ τὸν κωλύοντα ἀεὶ κατὰ νόμον κρατεῖν.

L'ATHÉNIEN.

Adressons-leur donc la parole : Chers concitoyens, protecteurs des lois, celles que nous allons proposer seront défectueuses sous bien des rapports ; cela est inévitable ; toutefois nous tâcherons de ne rien omettre d'important, et même, autant qu'il se pourra, nous tracerons une esquisse complète des lois; et ce sera à vous d'achever cette esquisse ; [770c] mais apprenez quel but vous devez avoir devant les yeux en y travaillant. Nous en avons déjà parlé plusieurs fois, Mégille, Clinias et moi, et nous convenons 346 qu'on ne doit pas s'en proposer d'autre ; mais nous voulons que vous pensiez comme nous, et que suivant nos leçons, vous ayez toujours devant les yeux ce but, dont nous avons jugé que le législateur et les gardiens des lois ne doivent jamais détourner leurs regards. Or, ce dont nous sommes convenus se réduit à un seul point essentiel, savoir, ce qui peut rendre [770d] l'homme vertueux et moralement accompli, que ce soit telle ou telle occupation, habitude, position, désir, sentiment, connaissance ; en sorte que tous les membres de la société, hommes et femmes, jeunes et vieux, dirigent tous leurs efforts vers cet objet durant toute la vie, et qu'on n'en voie jamais aucun préférer ce qui pourrait y mettre obstacle ; qu'enfin fallût-il être chassé de sa patrie, plutôt que de consentir à la voir sous le joug de l'esclavage [770e] et soumise à de mauvais maîtres, ou fallût-il se condamner volontairement à l'exil, on soit disposé à souffrir tout cela plutôt que de passer sous un autre gouvernement, dont l'effet serait de pervertir les âmes. Voilà ce dont nous sommes convenus tous trois : voilà le double point de vue (10) sous lequel vous devez ju- 347 ger de nos lois, soit pour les approuver, [771a] soit pour les blâmer. Condamnez celles qui ne seraient pas propres à produire cet effet : pour celles qui y sont propres, embrassez-les, recevez-les avec joie, et conformez-y votre conduite. Mais quant aux autres pratiques dont le but serait d'acquérir ce que le vulgaire appelle biens, renoncez-y pour jamais.

Venons maintenant aux lois, et entrons en matière par celles qui appartiennent à la religion. Mais il faut auparavant nous rappeler notre nombre de cinq mille quarante, [771b] et la multitude de divisions très-commodes dont il est susceptible, soit qu'on le prenne en son entier, ou qu'on n'en prenne que la douzième partie, qui est le nombre des familles de chaque tribu, et le produit juste de vingt et un par vingt. Comme le nombre entier se divise en douze parties égales, chacune d'elles, qui fait une tribu, peut aussi être divisée en douze autres; et on doit regarder chacune de ces parties comme un don sacré de la Divinité, puisqu'elles répondent aux différents mois et à la révolution annuelle de l'univers. Ainsi l'état tout entier est sous la direction du principe divin qu'il porte en lui et qui en consacre toutes les parties. Au reste, les différents législateurs ont fait des divisions plus 348 ou moins justes et ont consacré ces partages [771c] d'une manière plus ou moins heureuse. Pour nous, nous prétendons avoir préféré avec raison le nombre de cinq mille quarante, vu qu'il a pour diviseurs tous les nombres depuis l'unité jusqu'à douze, hormis onze : encore est-il très facile d'y remédier ; car si on laisse de côté deux familles sur la totalité, on aura de part et d'autre deux diviseurs exacts. Avec un peu de loisir, on peut se convaincre aisément de la vérité de ce que je dis. Sur la foi de ce discours, [771d] comme sur celle d'un oracle, partageons maintenant notre cité, donnons à chaque portion pour protecteur un Dieu ou un enfant des Dieux ; érigeons-leur des autels avec tout ce qui convient à leur culte, et que deux fois le mois on s'assemble pour y faire des sacrifices; en sorte qu'il y en ait douze par an pour chaque tribu, et douze pour les douze portions de chaque tribu. Ces assemblées se tiendront premièrement en vue d'honorer les Dieux, et de la religion : en second lieu, pour établir la familiarité, une connaissance réciproque, [771e] et toute sorte de liaisons entre les citoyens; car pour les mariages et les alliances, il est nécessaire de connaître la famille dans laquelle on prend une femme, la personne et la parenté de celui à qui on donne 349 sa fille ; et en ces sortes de choses, on doit se faire un scrupule de n'être trompé en quoi que ce soit, autant qu'il est possible. C'est pourquoi il faut, toujours dans cette même vue, établir des divertissements et des danses [772a] entre les jeunes garçons et les jeunes filles, qui fourniraient aux uns et aux autres des raisons plausibles et fondées sur le rapport des âges de se voir et de laisser voir dans toute la nudité que permet une sage pudeur. Tout se passera sous les yeux et la direction des présidents des chœurs, qui de concert avec les gardiens des lois régleront les détails que nous omettons. Car, comme nous avons dit, c'est une nécessité que le législateur omette en ce genre une foule de petites choses, [772b] et que ceux qui auront tous les ans occasion de s'instruire par l'expérience, fassent les arrangements nécessaires, corrigent, changent chaque année, jusqu'à ce que ces règlements et ces exercices aient acquis la perfection convenable. Le terme de dix ans est, ce me semble, raisonnable et suffisant pour faire de pareilles expériences sur les sacrifices et les danses ; tout, dans l'ensemble et dans les détails, sera réglé durant ce temps de concert avec le législateur pendant sa vie; [772c] et après sa mort, chaque corps de magistrats fera part aux gardiens des lois de 350 ce qu'il jugera avoir besoin d'être rectifié dans les diverses fonctions de sa charge, jusqu'à ce qu'on ait sujet de croire que chaque chose est aussi bien réglée qu'elle puisse l'être. Alors on donnera à ces règlements une forme immuable, et on s'y conformera ainsi qu'aux autres lois prescrites dès le commencement par le législateur, lois auxquelles il ne faut jamais toucher sans nécessité. Si l'on se croyait obligé d'y faire quelque changement, on ne le fera qu'après avoir pris l'avis de tous [772d] les magistrats et du peuple, après avoir consulté tous les oracles des dieux, et supposé que tous y consentent : sans cela on n'y touchera point, et ce doit être une loi qu'une seule opposition suffira toujours pour empêcher l'innovation.

Ὁπότε τις οὖν καὶ ὁπηνίκα τῶν πέντε καὶ εἴκοσι γεγονότων ἔτη, σκοπῶν καὶ σκοπούμενος ὑπ' ἄλλων, κατὰ νοῦν ἑαυτῷ καὶ πρέποντα εἰς παίδων κοινωνίαν καὶ γένεσιν ἐξηυρηκέναι [772e] πιστεύει, γαμείτω μὲν πᾶς ἐντὸς τῶν πέντε καὶ τριάκοντα ἐτῶν, τὸ δὲ πρέπον καὶ τὸ ἁρμόττον ὡς χρὴ ζητεῖν, πρῶτον ἐπακουσάτω· δεῖ γάρ, ὥς φησιν Κλεινίας, ἔμπροσθεν τοῦ νόμου προοίμιον οἰκεῖον ἑκάστῳ προτιθέναι.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Κάλλιστα, ὦ ξένε, διεμνημόνευσας, ἔλαβές τε τοῦ λόγου καιρὸν καὶ μάλ' ἐμοὶ δοκοῦντ' εἶναι σύμμετρον.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Εὖ λέγεις. Ὦ παῖ, τοίνυν φῶμεν ἀγαθῶν πατέρων [773a] φύντι, τοὺς παρὰ τοῖς ἔμφροσιν εὐδόξους γάμους χρὴ γαμεῖν, οἵ σοι παραινοῖεν ἂν μὴ φεύγειν τὸν τῶν πενήτων μηδὲ τὸν τῶν πλουσίων διώκειν διαφερόντως γάμον, ἀλλ' ἐὰν τἆλλα ἰσάζῃ, τὸν ὑποδεέστερον ἀεὶ τιμῶντα εἰς τὴν κοινωνίαν συνιέναι. Τῇ τε γὰρ πόλει σύμφορον ἂν εἴη ταύτῃ ταῖς τε συνιούσαις ἑστίαις· τὸ γὰρ ὁμαλὸν καὶ σύμμετρον ἀκράτου μυρίον διαφέρει πρὸς ἀρετήν. Κοσμίων τε πατέρων χρὴ [773b] προθυμεῖσθαι γίγνεσθαι κηδεστὴν τὸν αὑτῷ συνειδότα ἰταμώτερον ἅμα καὶ θᾶττον τοῦ δέοντος πρὸς πάσας τὰς πράξεις φερόμενον· τὸν δ' ἐναντίως πεφυκότα ἐπὶ τἀναντία χρὴ κηδεύματα πορεύεσθαι. Καὶ κατὰ παντὸς εἷς ἔστω μῦθος γάμου· τὸν γὰρ τῇ πόλει δεῖ συμφέροντα μνηστεύειν γάμον ἕκαστον, οὐ τὸν ἥδιστον αὑτῷ. Φέρεται δέ πως πᾶς ἀεὶ κατὰ φύσιν πρὸς τὸν ὁμοιότατον αὑτῷ, ὅθεν ἀνώμαλος ἡ [773c] πόλις ὅλη γίγνεται χρήμασίν τε καὶ τρόπων ἤθεσιν· ἐξ ὧν ἃ μὴ βουλόμεθα συμβαίνειν ἡμῖν, καὶ μάλιστα συμβαίνει ταῖς πλείσταις πόλεσι. Ταῦτα δὴ διὰ λόγου μὲν νόμῳ προστάττειν, μὴ γαμεῖν πλούσιον πλουσίου, μηδὲ πολλὰ δυνάμενον πράττειν ἄλλου τοιούτου, θάττους δὲ ἤθεσι πρὸς βραδυτέρους καὶ βραδυτέρους πρὸς θάττους ἀναγκάζειν τῇ τῶν γάμων κοινωνίᾳ πορεύεσθαι, πρὸς τῷ γελοῖα εἶναι θυμὸν ἂν ἐγείραι πολλοῖς· οὐ γὰρ ῥᾴδιον ἐννοεῖν ὅτι πόλιν εἶναι [773d] δεῖ δίκην κρατῆρος κεκραμένην, οὗ μαινόμενος μὲν οἶνος ἐγκεχυμένος ζεῖ, κολαζόμενος δὲ ὑπὸ νήφοντος ἑτέρου θεοῦ καλὴν κοινωνίαν λαβὼν ἀγαθὸν πῶμα καὶ μέτριον ἀπεργάζεται. Τοῦτ' οὖν γιγνόμενον ἐν τῇ τῶν παίδων μείξει διορᾶν ὡς ἔπος εἰπεῖν δυνατὸς οὐδείς· τούτων δὴ χάριν ἐᾶν μὲν νόμῳ τὰ τοιαῦτα ἀναγκαῖον, ἐπᾴδοντα δὲ πείθειν πειρᾶσθαι τὴν τῶν παίδων ὁμαλότητα αὐτῶν αὑτοῖς τῆς τῶν γάμων [773e] ἰσότητος ἀπλήστου χρημάτων οὔσης περὶ πλείονος ἕκαστον ποιεῖσθαι, καὶ δι' ὀνείδους ἀποτρέπειν τὸν περὶ τὰ χρήματα ἐν τοῖς γάμοις ἐσπουδακότα, ἀλλὰ μὴ γραπτῷ νόμῳ βιαζόμενον

En quelque temps et dans quelque famille qu'un jeune homme de vingt-cinq années, après avoir vu et s'être laissé voir suffisamment, croira avoir trouvé une personne à son gré, à laquelle il puisse s'unir avec décence pour avoir [772e] et élever en commun des enfants; qu'il se marie depuis l'âge de vingt-cinq ans jusqu'à trente-cinq. Mais auparavant qu'il apprenne comment il doit chercher ce qui lui convient et lui composerait une union assortie. Car, comme dit Clinias, il faut mettre à la tête de chaque loi le prélude qui lui est propre.

351 CLINIAS.

Tu as une mémoire excellente, étranger, et tu ne pouvais saisir plus à propos l'occasion de rappeler ce principe.

L'ATHÉNIEN.

Bien. Mon fils, dirons-nous donc à celui qui est né de parents [773a] honnêtes, il faut contracter un mariage qui mérite l'approbation des personnes sages ; elles te feront entendre qu'il ne faut point fuir l'alliance des pauvres, ni rechercher avec trop d'empressement celle des riches; mais que tout le reste étant égal, tu dois toujours préférer l'alliance de ceux qui ont peu de biens : car une pareille alliance est également avantageuse à l'État et aux familles qui la contractent : que la vertu se trouve mille fois plus aisément dans la proportion et l'égalité que dans les extrêmes :[773b]  ainsi que celui qui se connaît impétueux et trop précipité dans ses démarches, doit travailler à devenir le gendre de citoyens modérés, et celui qui est né avec des dispositions contraires, s'allier avec des personnes d'un caractère opposé. En général la règle qu'il faut suivre en fait de mariage, est de consulter moins son goût et son plaisir particulier, que l'utilité publique. Tous se sentent naturellement portés à s'unir à ceux qui leur ressemblent le plus : ce qui empêche 352 dans la société tout mélange de biens et de caractères : de là, dans la plupart des États, [773c] l'inconvénient dont nous voulons préserver le nôtre. Mais de défendre par la lettre de la loi au riche d'épouser la fille du riche, et à l'homme puissant de s'alliera une autre famille puissante, et de forcer ceux d'un caractère vif de s'unir par le mariage aux personnes d'un caractère lent, et réciproquement; outre que cela paraîtrait ridicule, il serait à craindre que beaucoup de gens n'en fussent très-choqués. En effet, il n'est point aisé à tous de concevoir que les humeurs [773d] doivent être mêlées dans un État, comme les liqueurs dans une coupe, où le vin versé seul pétille et bouillonne, tandis que, corrigé par le mélange d'une autre divinité sobre, il devient, par cette heureuse alliance, un breuvage sain et modéré. Tel est l'effet que produit le mélange dans les mariages, mais presque personne n'est capable de s'en apercevoir. C'est ce qui nous met dans la nécessité de ne point faire de loi expresse sur ce point, et d'essayer seulement auprès de nos citoyens la voie douce de la persuasion, leur insinuant de songer plutôt en mariant leurs enfants [773a] à assortir les personnes, qu'à vouloir par une avarice insatiable que les biens de fortune soient égaux de part et d'autre, et détournant par la 353 honte ceux qui dans le mariage n'ont en vue que les richesses, sans les contraindre par une loi écrite.

Περὶ γάμων δὴ ταῦτ' ἔστω παραμύθια λεγόμενα, καὶ δὴ καὶ τὰ ἔμπροσθε τούτων ῥηθέντα, ὡς χρὴ τῆς ἀειγενοῦς φύσεως ἀντέχεσθαι τῷ παῖδας παίδων καταλείποντα ἀεὶ τῷ [774a] θεῷ ὑπηρέτας ἀνθ' αὑτοῦ παραδιδόναι. Πάντα οὖν ταῦτα καὶ ἔτι πλείω τις ἂν εἴποι περὶ γάμων, ὡς χρὴ γαμεῖν, προοιμιαζόμενος ὀρθῶς· ἂν δ' ἄρα τις μὴ πείθηται ἑκών, ἀλλότριον δὲ αὑτὸν καὶ ἀκοινώνητον ἐν τῇ πόλει ἔχῃ καὶ ἄγαμος ὢν γένηται πεντεκαιτριακοντούτης, ζημιούσθω κατ' ἐνιαυτὸν ἕκαστον, ὁ μέγιστον μὲν τίμημα κεκτημένος ἑκατὸν δραχμαῖς, ὁ δὲ τὸ δεύτερον ἑβδομήκοντα, τρίτον δὲ ἑξήκοντα, ὁ δὲ τὸ τέταρτον τριάκοντα. Τοῦτο δ' ἔστω τῆς Ἥρας [774b] ἱερόν. Ὁ δὲ μὴ ἐκτίνων κατ' ἐνιαυτὸν δεκαπλάσιον ὀφειλέτω· πραττέσθω δὲ ὁ ταμίας τῆς θεοῦ, μὴ ἐκπράξας δὲ αὐτὸς ὀφειλέτω καὶ ἐν ταῖς εὐθύναις τοῦ τοιούτου λόγον ὑπεχέτω πᾶς. Εἰς μὲν οὖν χρήματα ὁ μὴ 'θέλων γαμεῖν ταῦτα ζημιούσθω, τιμῆς δὲ παρὰ τῶν νεωτέρων ἄτιμος πάσης ἔστω, καὶ μηδεὶς ὑπακουέτω μηδὲν αὐτῷ ἑκὼν τῶν νέων· ἐὰν δὲ κολάζειν τινὰ ἐπιχειρῇ, πᾶς τῷ ἀδικουμένῳ βοηθείτω καὶ [774c] ἀμυνέτω, μὴ βοηθῶν δὲ ὁ παραγενόμενος δειλός τε ἅμα καὶ κακὸς ὑπὸ τοῦ νόμου πολίτης εἶναι λεγέσθω. Περὶ δὲ προικὸς εἴρηται μὲν καὶ πρότερον, εἰρήσθω δὲ πάλιν ὡς ἴσα ἀντὶ ἴσων ἐστὶν τὸ μήτε λαμβάνοντι μήτ' ἐκδιδόντι διὰ χρημάτων ἀπορίαν γηράσκειν τοὺς πένητας· τὰ γὰρ ἀναγκαῖα ὑπάρχοντά ἐστι πᾶσι τῶν ἐν ταύτῃ τῇ πόλει, ὕβρις δὲ ἧττον γυναιξὶ καὶ δουλεία ταπεινὴ καὶ ἀνελεύθερος [774d] διὰ χρήματα τοῖς γήμασι γίγνοιτο ἄν. Καὶ ὁ μὲν πειθόμενος ἓν τῶν καλῶν δρῴη τοῦτ' ἄν· ὁ δὲ μὴ πειθόμενος ἢ διδοὺς ἢ λαμβάνων πλέον ἢ πεντήκοντα ἄξια δραχμῶν ἐσθῆτος χάριν, ὁ δὲ μνᾶς, ὁ δὲ τριῶν ἡμιμναίων, ὁ δὲ δυοῖν μναῖν, ὁ τὸ μέγιστον τίμημα κεκτημένος, ὀφειλέτω μὲν τῷ δημοσίῳ τοσοῦτον ἕτερον, τὸ δὲ δοθὲν ἢ ληφθὲν ἱερὸν ἔστω τῆς Ἥρας τε καὶ τοῦ Διός, πραττόντων δὲ οἱ ταμίαι τούτοιν [774e] τοῖν θεοῖν, καθάπερ ἐρρήθη τῶν μὴ γαμούντων πέρι τοὺς ταμίας ἐκπράττειν ἑκάστοτε τοὺς τῆς Ἥρας ἢ παρ' αὑτῶν ἑκάστους τὴν ζημίαν ἐκτίνειν. Ἐγγύην δὲ εἶναι κυρίαν πατρὸς μὲν πρῶτον, δευτέραν πάππου, τρίτην δὲ ἀδελφῶν ὁμοπατρίων, ἐὰν δὲ μηδὲ εἷς ᾖ τούτων, τὴν πρὸς μητρὸς μετὰ τοῦτο εἶναι κυρίαν ὡσαύτως· ἐὰν δ' ἄρα τύχη τις ἀήθης συμβαίνῃ, τοὺς ἐγγύτατα γένους ἀεὶ κυρίους εἶναι μετὰ τῶν ἐπιτρόπων. ὅσα δὲ προτέλεια γάμων ἤ τις ἄλλη περὶ τὰ τοιαῦτα [775a] ἱερουργία μελλόντων ἢ γιγνομένων ἢ γεγονότων προσήκουσά ἐστιν τελεῖσθαι, τοὺς ἐξηγητὰς ἐρωτῶντα χρὴ καὶ πειθόμενον ἐκείνοις ἕκαστον ἡγεῖσθαι πάντα ἑαυτῷ μετρίως γίγνεσθαι.

Voilà ce que nous avons à dire par forme d'exhortation sur le mariage. Il faut joindre à ceci ce qui a été dit précédemment, que chaque citoyen doit tendre à se perpétuer en laissant après soi une postérité qui lui succède dans le culte qu'il rendait aux [774a] dieux. On pourrait ajouter à ceprélude bien des choses touchant le mariage et la manière de le contracter. Si quelqu'un refuse de se soumettre à la loi, et qu'il veuille vivre dans notre ville comme un étranger, sans alliance; si à l'âge de trente-cinq ans accomplis il n'est point marié, il paiera chaque année une âmende de cent drachmes, s'il est de la première classe ; de soixante et dix, s'il est de la seconde ; de soixante, s'il est de la troisième, et de trente, s'il est de la quatrième. Cet argent sera consacré à [774b] Junon. S'il ne paie point exactement à chaque terme, il sera condamné au décuple. L'économe de la déesse exigera cette amende ; s'il manque à le faire, on la lèvera sur ses propres biens, et dans les comptes que chaque économe rendra on fera mention de cet article. Telle est l'amende pécuniaire établie contre ceux qui refuseraient de prendre aucun engagement. A l'égard des honneurs, ils n'en 354 recevront point des citoyens plus jeunes qu'eux : aucun n'aura pour eux le moindre respect, la moindre déférence ; et s'ils s'avisaient de vouloir châtier quelqu'un, quiconque sera présent prendra la défense de l'attaqué, et repoussera leurs  coups : [774c] bien plus, la loi déclare lâche et mauvais citoyen celui qui ne viendra pas à son secours. Nous avons déjà parlé de la dot : disons encore une fois qu'il faut enseigner aux pauvres qu'il y a égalité à ne rien recevoir et à ne rien donner faute de biens ; car nous avons pourvu à ce que tous les habitans de notre ville eussent le nécessaire. Les femmes en seront moins insolentes, et les maris moins esclaves et moins rampans devant elles [774d] à cause de la riche dot qu'elles auraient apportée. Si l'on se conforme à ce règlement, ce sera une action louable : mais si on ne veut pas s'y soumettre, et si pour l'habillement de la future, on donne ou l'on reçoit au-delà de cinquante drachmes pour la dernière classe, d'une mine pour la troisième, d'une mine et demie pour la seconde, et de deux mines pour la première, on paiera le double au trésor public; et ce qu'on aura donné ou reçu sera consacré à Jupiter et à Junon. Les économes des temples [774e] de ces dieux auront soin de lever cet argent, comme nous avons dit que devaient 355 faire les économes du temple de Junon à l'égard de ceux qui ne se marient point ; et s'ils ne le font pas, ils paieront cette âmende de leur argent. Les cautions valables pour la promesse de mariage sont, en premier lieu celle du père, ensuite celle de l'aïeul, puis celle des frères nés du même père. Si l'on n'a aucun parent du côté paternel, les cautions du côté de la mère seront valables dans le même ordre. Et si par un accident extraordinaire on avait perdu tous ses parens, alors les alliés les plus proches avec les tuteurs seront reçus à caution. Quant aux fiançailles et aux autres cérémonies [775e] qui doivent précéder, accompagner ou suivre le mariage, chacun doit se persuader qu'il ne peut mieux faire que de consulter là-dessus les interprètes de la religion, et d'exécuter de point en point ce qu'ils auront réglé.

Περὶ δὲ τῶν ἑστιάσεων, φίλους μὲν χρὴ καὶ φίλας μὴ πλείους πέντε ἑκατέρων συγκαλεῖν, συγγενῶν δὲ καὶ οἰκείων ὡσαύτως τοσούτους ἄλλους ἑκατέρων· ἀνάλωμα δὲ μὴ γίγνεσθαι πλέον ἢ κατὰ τὴν οὐσίαν μηδενί, τῷ μὲν εἰς χρήματα μεγίστῳ μνᾶν, τῷ δ' ἥμισυ τοῦ τοσούτου, τῷ δ' [775b] ἐφεξῆς οὕτω, καθάπερ ὑποβέβηκεν ἑκάστῳ τὸ τίμημα. Καὶ τὸν μὲν πειθόμενον τῷ νόμῳ ἐπαινεῖν χρὴ πάντας, τὸν δὲ ἀπειθοῦντα κολαζόντων οἱ νομοφύλακες ὡς ἀπειρόκαλόν τε ὄντα καὶ ἀπαίδευτον τῶν περὶ τὰς νυμφικὰς μούσας νόμων. Πίνειν δὲ εἰς μέθην οὔτε ἄλλοθί που πρέπει, πλὴν ἐν ταῖς τοῦ τὸν οἶνον δόντος θεοῦ ἑορταῖς, οὐδ' ἀσφαλές, οὔτ' οὖν δὴ περὶ γάμους ἐσπουδακότα, ἐν οἷς ἔμφρονα μάλιστα εἶναι πρέπει [775c] νύμφην καὶ νυμφίον μεταβολὴν οὐ σμικρὰν βίου μεταλλάττοντας, ἅμα δὲ καὶ τὸ γεννώμενον ὅπως ὅτι μάλιστα ἐξ ἐμφρόνων ἀεὶ γίγνηται· σχεδὸν γὰρ ἄδηλον ὁποία νὺξ ἢ φῶς αὐτὸ γεννήσει μετὰ θεοῦ. Καὶ πρὸς τούτοις δεῖ μὴ τῶν σωμάτων διακεχυμένων ὑπὸ μέθης γίγνεσθαι τὴν παιδουργίαν, ἀλλ' εὐπαγὲς ἀπλανὲς ἡσυχαῖόν τε ἐν μοίρᾳ συνίστασθαι τὸ φυόμενον. Ὁ δὲ διῳνωμένος αὐτός τε φέρεται πάντῃ καὶ [775d] φέρει, λυττῶν κατά τε σῶμα καὶ ψυχήν· σπείρειν οὖν παράφορος ἅμα καὶ κακὸς ὁ μεθύων, ὥστ' ἀνώμαλα καὶ ἄπιστα καὶ οὐδὲν εὐθύπορον ἦθος οὐδὲ σῶμα ἐκ τῶν εἰκότων γεννῴη ποτ' ἄν. Διὸ μᾶλλον μὲν ὅλον τὸν ἐνιαυτὸν καὶ βίον χρή, μάλιστα δὲ ὁπόσον ἂν γεννᾷ χρόνον, εὐλαβεῖσθαι καὶ μὴ πράττειν μήτε ὅσα νοσώδη ἑκόντα εἶναι μήτε ὅσα ὕβρεως ἢ ἀδικίας ἐχόμενα - εἰς γὰρ τὰς τῶν γεννωμένων ψυχὰς καὶ σώματα ἀναγκαῖον ἐξομοργνύμενον ἐκτυποῦσθαι καὶ τίκτειν [775e] πάντῃ φαυλότερα - διαφερόντως δὲ ἐκείνην τὴν ἡμέραν καὶ νύκτα ἀπέχεσθαι τῶν περὶ τὰ τοιαῦτα· ἀρχὴ γὰρ καὶ θεὸς ἐν ἀνθρώποις ἱδρυμένη σῴζει πάντα, τιμῆς ἐὰν τῆς προσηκούσης αὐτῇ παρ' ἑκάστου τῶν χρωμένων λαγχάνῃ. Νομίσαντα δ' εἶναι χρὴ τὸν γαμοῦντα ταῖν οἰκίαιν ταῖν ἐν [776a] τῷ κλήρῳ τὴν ἑτέραν οἷον νεοττῶν ἐγγέννησιν καὶ τροφήν, χωρισθέντα ἀπὸ πατρὸς καὶ μητρὸς τὸν γάμον ἐκεῖ ποιεῖσθαι καὶ τὴν οἴκησιν καὶ τὴν τροφὴν αὑτοῦ καὶ τῶν τέκνων. Ἐν γὰρ ταῖς φιλίαις ἐὰν μὲν πόθος ἐνῇ τις, κολλᾷ καὶ συνδεῖ πάντα ἤθη· κατακορὴς δὲ συνουσία καὶ οὐκ ἴσχουσα τὸν διὰ χρόνου πόθον ἀπορρεῖν ἀλλήλων ποιεῖ ὑπερβολαῖς πλησμονῆς. ὧν δὴ χάριν μητρὶ καὶ πατρὶ καὶ τοῖς τῆς γυναικὸς οἰκείοις παρέντας χρὴ τὰς αὑτῶν οἰκήσεις, οἷον [776b] εἰς ἀποικίαν ἀφικομένους, αὐτοὺς ἐπισκοποῦντάς τε ἅμα καὶ ἐπισκοπουμένους οἰκεῖν, γεννῶντάς τε καὶ ἐκτρέφοντας παῖδας, καθάπερ λαμπάδα τὸν βίον παραδιδόντας ἄλλοις ἐξ ἄλλων, θεραπεύοντας ἀεὶ θεοὺς κατὰ νόμους.

 L'époux et l'épouse ne pourront inviter au festin de noces, chacun plus de cinq de leurs amis; ils n'y inviteront aussi qu'un égal nombre de parents et d'alliés (11). Que la dépense soit proportionnée à la fortune d'un chacun, et qu'elle n'excède pas une mine pour ceux de la première classe, une demi-mine 356 pour ceux de la seconde, et [775b] ainsi de suite en diminuant en proportion du cens. Si l'on se soumet à cette loi, on n'aura que des éloges à attendre de toutes parts. Mais quiconque refusera de s'y conformer, les gardiens des lois le puniront comme un homme qui n'a nulle idée des bienséances, et des lois qui se rapportent aux muses nuptiales. Outre qu'il est indécent de boire jusqu'à s'enivrer, si ce n'est dans les fêtes du dieu qui nous a fait présent du vin, cela est encore dangereux, surtout pour les personnes qui songent au mariage. [775c] L'époux et l'épouse ne sauraient apporter trop de présence d'esprit à un engagement qui les fait passer à un état de vie tout différent du précédent. De plus, il est très-important que les enfants soient engendrés de parents sobres et maîtres de leur raison. Or, on ne peut savoir dans quel jour ou dans quelle nuit l'enfant sera conçu avec la coopération de Dieu. Outre cela il ne faut point faire d'enfants lorsque l'ivresse met le corps dans un état de dissolution ; il faut que la conception se fasse en temps utile, avec consistance, stabilité et tranquillité. L'homme ivre, [775d] dont l'âme et le corps sont livrés à une espèce de rage, n'est point maître de ses mouvements ni de son action. Dans ce désordre il n'est point propre à 357  engendrer, et il n aura probablement que des enfants mal constitués, et qui ne seront ni solides ni droits, ni d'esprit ni de corps. Par conséquent il faut pendant tout le cours de l'année ou même de la vie, mais surtout tant qu'on est dans le cas d'avoir des enfants, être extrêmement sur ses gardes, et ne rien faire volontairement qui nous expose à la maladie, ou qui tienne du libertinage et de l'injustice, parce que c'est une nécessité que la disposition où l'on se trouve alors, passe et s'imprime dans le corps et dans l'âme des enfants, [775e] et qu'ils naissent avec bien plus de défauts. Mais c'est principalement le premier jour et la première nuit des noces, qu'on doit s'abstenir de tout excès semblable. En effet, le commencement est comme une divinité qui fait réussir nos entreprises toutes les fois qu'on lui rend les honneurs qu'elle mérite. Que celui qui se marie se mette dans l'esprit que, des deux maisons [776a] qu'il a dans la part qui lui a été assignée, une est destinée à la naissance et à l'éducation de ses enfants, et qu'il doit se séparer de son père et de sa mère pour aller y célébrer ses noces, y faire sa demeure, y vivre lui et sa famille : car en amitié le désir qui naît de l'absence rend les liaisons plus fortes et l'union plus intime, au lieu qu'un commerce assidu, 358 dont une séparation de quelque temps ne ranime jamais la langueur, engendre un incroyable dégoût, et détache l'un de l'autre. Par cette raison, le nouvel époux laissant à ses père et mère et aux parents de sa femme la maison qu'ils occupent, se retirera avec elle dans une autre, comme [776b] dans une colonie : là, visités par leurs parents qu'ils visiteront à leur tour, ils engendreront et élèveront des enfants, transmettant le flambeau de la vie de génération en génération, et observant religieusement le culte des dieux tel que la loi le prescrit.

Κτήματα δὲ τὸ μετὰ τοῦτο ποῖα ἄν τις κεκτημένος ἐμμελεστάτην οὐσίαν κεκτῇτο; τὰ μὲν οὖν πολλὰ οὔτε νοῆσαι χαλεπὸν οὔτε κτήσασθαι, τὰ δὲ δὴ τῶν οἰκετῶν χαλεπὰ [776c] πάντῃ. Τὸ δ' αἴτιον, οὐκ ὀρθῶς πως καί τινα τρόπον ὀρθῶς περὶ αὐτῶν λέγομεν· ἐναντία γὰρ ταῖς χρείαις, καὶ κατὰ τὰς χρείας αὖ, ποιούμεθα περὶ δούλων καὶ τὰ λεγόμενα.

ΜΕΓΙΛΛΟΣ

Πῶς δ' αὖ τοῦτο λέγομεν; οὐ γάρ πω μανθάνομεν, ὦ ξένε, ὅτι τὰ νῦν φράζεις.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Καὶ μάλα γε, ὦ Μέγιλλε, εἰκότως· σχεδὸν γὰρ πάντων τῶν Ἑλλήνων ἡ Λακεδαιμονίων εἱλωτεία πλείστην ἀπορίαν παράσχοιτ' ἂν καὶ ἔριν τοῖς μὲν ὡς εὖ, τοῖς δ' ὡς οὐκ εὖ γεγονυῖά ἐστιν - ἐλάττω δὲ ἥ τε Ἡρακλεωτῶν [776d] δουλεία τῆς τῶν Μαριανδυνῶν καταδουλώσεως ἔριν ἂν ἔχοι, τὸ Θετταλῶν τ' αὖ πενεστικὸν ἔθνος - εἰς ἃ καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα βλέψαντας ἡμᾶς τί χρὴ ποιεῖν περὶ κτήσεως οἰκετῶν; ὃ δὴ παριὼν τῷ λόγῳ ἔτυχον εἰπών, καὶ σύ με εἰκότως τί ποτε φράζοιμι ἠρώτησας, τόδε ἐστίν. ἴσμεν ὅτι που πάντες εἴποιμεν ἂν ὡς χρὴ δούλους ὡς εὐμενεστάτους ἐκτῆσθαι καὶ ἀρίστους· πολλοὶ γὰρ ἀδελφῶν ἤδη δοῦλοι καὶ ὑέων τισὶν κρείττους πρὸς ἀρετὴν πᾶσαν γενόμενοι, σεσώκασιν δεσπότας [776e] καὶ κτήματα τάς τε οἰκήσεις αὐτῶν ὅλας. Ταῦτα γὰρ ἴσμεν που περὶ δούλων λεγόμενα. (Μέγιλλος) τί μήν;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Οὐκοῦν καὶ τοὐναντίον, ὡς ὑγιὲς οὐδὲν ψυχῆς δούλης, οὐδὲ πιστεύειν οὐδέποτ' οὐδὲν τῷ γένει δεῖ τὸν νοῦν κεκτημένον; ὁ δὲ σοφώτατος ἡμῖν τῶν ποιητῶν καὶ ἀπεφήνατο, ὑπὲρ τοῦ Διὸς ἀγορεύων, ὡς - [777a] - - - ἥμισυ γάρ τε νόου, φησίν, - - - ἀπαμείρεται εὐρύοπα Ζεύς ἀνδρῶν, οὓς ἂν δὴ κατὰ δούλιον ἦμαρ ἕλῃσι . Ταῦτα δὴ διαλαβόντες ἕκαστοι τοῖς διανοήμασιν οἱ μὲν πιστεύουσί τε οὐδὲν γένει οἰκετῶν, κατὰ δὲ θηρίων φύσιν κέντροις καὶ μάστιξιν οὐ τρὶς μόνον ἀλλὰ πολλάκις ἀπεργάζονται δούλας τὰς ψυχὰς τῶν οἰκετῶν· οἱ δ' αὖ τἀναντία τούτων δρῶσι πάντα.

ΜΕΓΙΛΛΟΣ

Τί μήν;

 ΚΛΕΙΝΙΑΣ

[777b] Τί οὖν δὴ χρὴ ποιεῖν, τούτων, ὦ ξένε, διαφερομένων οὕτω, περὶ τῆς ἡμετέρας αὖ χώρας ἡμᾶς, τῆς τε κτήσεως ἅμα καὶ κολάσεως τῶν δούλων πέρι;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Τί δ', ὦ Κλεινία; δῆλον ὡς ἐπειδὴ δύσκολόν ἐστι τὸ θρέμμα ἄνθρωπος, καὶ πρὸς τὴν ἀναγκαίαν διόρισιν, τὸ δοῦλόν τε ἔργῳ διορίζεσθαι καὶ ἐλεύθερον καὶ δεσπότην, οὐδαμῶς εὔχρηστον ἐθέλειν εἶναί τε καὶ γίγνεσθαι φαίνεται, [777c] χαλεπὸν δὴ τὸ κτῆμα· ἔργῳ γὰρ πολλάκις ἐπιδέδεικται περὶ τὰς Μεσσηνίων συχνὰς εἰωθυίας ἀποστάσεις γίγνεσθαι, καὶ περί γε τὰς τῶν ἐκ μιᾶς φωνῆς πολλοὺς οἰκέτας κτωμένων πόλεις, ὅσα κακὰ συμβαίνει, καὶ ἔτι τὰ τῶν λεγομένων περιδίνων τῶν περὶ τὴν Ἰταλίαν γιγνομένων παντοδαπὰ κλωπῶν ἔργα τε καὶ παθήματα. Πρὸς ἅ τις ἂν πάντα βλέψας διαπορήσειε τί χρὴ δρᾶν περὶ ἁπάντων τῶν τοιούτων. Δύο δὴ λείπεσθον μόνω μηχανά, μήτε πατριώτας ἀλλήλων εἶναι τοὺς [777d] μέλλοντας ῥᾷον δουλεύσειν, ἀσυμφώνους τε εἰς δύναμιν ὅτι μάλιστα, τρέφειν δ' αὐτοὺς ὀρθῶς, μὴ μόνον ἐκείνων ἕνεκα, πλέον δὲ αὑτῶν προτιμῶντας· ἡ δὲ τροφὴ τῶν τοιούτων μήτε τινὰ ὕβριν ὑβρίζειν εἰς τοὺς οἰκέτας, ἧττον δέ, εἰ δυνατόν, ἀδικεῖν ἢ τοὺς ἐξ ἴσου. Διάδηλος γὰρ ὁ φύσει καὶ μὴ πλαστῶς σέβων τὴν δίκην, μισῶν δὲ ὄντως τὸ ἄδικον, ἐν τούτοις τῶν ἀνθρώπων ἐν οἷς αὐτῷ ῥᾴδιον ἀδικεῖν· ὁ περὶ τὰ τῶν δούλων οὖν ἤθη καὶ πράξεις γιγνόμενός τις ἀμίαντος [777e] τοῦ τε ἀνοσίου πέρι καὶ ἀδίκου, σπείρειν εἰς ἀρετῆς ἔκφυσιν ἱκανώτατος ἂν εἴη, ταὐτὸν δ' ἔστ' εἰπεῖν τοῦτο ὀρθῶς ἅμα λέγοντα ἐπί τε δεσπότῃ καὶ τυράννῳ καὶ πᾶσαν δυναστείαν δυναστεύοντι πρὸς ἀσθενέστερον ἑαυτοῦ. Κολάζειν γε μὴν ἐν δίκῃ δούλους δεῖ, καὶ μὴ νουθετοῦντας ὡς ἐλευθέρους θρύπτεσθαι ποιεῖν· τὴν δὲ οἰκέτου πρόσρησιν χρὴ σχεδὸν [778a] ἐπίταξιν πᾶσαν γίγνεσθαι, μὴ προσπαίζοντας μηδαμῇ μηδαμῶς οἰκέταις, μήτ' οὖν θηλείαις μήτε ἄρρεσιν, ἃ δὴ πρὸς δούλους φιλοῦσι πολλοὶ σφόδρα ἀνοήτως θρύπτοντες χαλεπώτερον ἀπεργάζεσθαι τὸν βίον ἐκείνοις τε ἄρχεσθαι καὶ ἑαυτοῖς ἄρχειν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ὀρθῶς λέγεις.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Οὐκοῦν ὅτε τις οἰκέταις κατεσκευασμένος εἰς δύναμιν εἴη πλήθει καὶ ἐπιτηδειότητι πρὸς ἑκάστας τὰς τῶν ἔργων παραβοηθείας, τὸ δὴ μετὰ τοῦτο οἰκήσεις χρὴ διαγράφειν τῷ λόγῳ;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πάνυ μὲν οὖν.

Voyons présentement quelles sont les possessions qui constituent une fortune honnête. Il n'est pas difficile de les imaginer ni de les acquérir ; mais l'article des esclaves est embarrassant [776c] à tous égards. Les raisons qu'on en apporte sont bonnes en un sens, et mauvaises en un autre; car elles prouvent à la fois l'utilité et le danger d'avoir des esclaves.

MÉGILLE.

Comment l'en tends- tu? Nous ne comprenons point, étranger, ce que tu veux dire.

L'ATHÉNIEN.

Je n'en suis pas surpris, Mégille : car s'il y a quelque difficulté à justifier ou à condamner l'usage des esclaves, tel qu'il est établi chez les 359 autres peuples de la Grèce, cette difficulté est incomparablement plus grande au sujet des ilotes de Lacédémone ; l'embarras est moindre pour les Mariandyniens, esclaves des habitants d'Héraclée, [776d] et pour ceux de Thessalie appelés Pénestes (12). Lorsqu'on jette les yeux sur ce qui se passe là et ailleurs, sait-on que régler touchant la possession des esclaves ? Quant à ce que je viens de dire à ce propos comme en passant, et qui ta donné lieu de me demander une explication de ma pensée, voici ce que c'est. Nous savons qu'il n'est personne qui ne dise qu'il faut des esclaves fidèles et affectionnés : car il s'en est trouvé beaucoup qui ont montré plus de dévouement que des frères et des fils, et qui ont sauvé à leurs maîtres la vie, [776e] les biens et toute leur famille: nous savons, dis-je, qu'on parle ainsi des esclaves.

MÉGILLE.

A la bonne heure.

360 L'ATHÉNIEN.

Ne dit-on pas aussi d un autre côté qu'une âme esclave n'est capable de rien de bon, et qu'un homme sensé ne s'y fiera jamais? C'est ce que le plus sage des poètes nous donne à entendre, lorsqu'il dit que

[777a] .. Jupiter prive de la moitié de leur intelligence
Ceux qui tombent dans l'esclavage (13).

Suivant qu'ils partagent l'un ou l'autre de ces sentiments contraires, les uns ne se fiant nullement à leurs esclaves, les traitent comme des bêtes féroces, et, à force de coups de fouet et d'étrivières, rendent leur âme non-seulement trois fois, mais vingt fois plus esclave : les autres
tiennent une conduite tout opposée.

MIÉGILLE.

Cela est vrai.

CLINIAS.

[777b] Mais puisque les hommes pensent et agissent si diversement à cet égard, quel parti faut-il que nous prenions, étranger, dans notre nouvelle colonie par rapport à l'acquisition des esclaves et à la façon de les gouverner?

361 L'ATHÉNIEN.

Ce que nous ferons, mon cher Clinias? Il est clair que l'homme qui est un animal difficile à manier, ne consent à se prêter qu'avec une peine infinie à cette distinction de libre et d'esclave, de maître et de serviteur, introduite par la nécessité.

CLINIAS.

Eh bien?

L'ATHÉNIEN.

Par conséquent l'esclave est une possession bien [777c] embarrassante. L'expérience l'a fait voir plus d'une fois, et les fréquentes révoltes des Messéniens, les maux auxquels sont sujets les Etats où il y a beaucoup d'esclaves parlant la même langue, et encore ce qui se passe en Italie, où des vagabonds exercent toute sorte de brigandages, tout cela ne le prouve que trop. A la vue de tous ces désordres, il n'est pas surprenant qu'on soit incertain du parti qu'on doit prendre à cet égard. Je ne vois que deux expédients : le premier, de ne point avoir d'esclaves [777d] d'une seule et même nation, mais, autant qu'il est possible, qui parlent entre eux différentes langues, si l'on veut qu'ils portent plus aisément le poids de la servitude; le second, de les bien traiter, non seulement pour eux-mêmes, mais 362 encore plus pour ses intérêts. Ce bon traitement consiste à ne point se permettre d'outrages envers eux, et à être, s'il se peut, plus justes vis-à-vis d'eux qu'à l'égard de nos égaux. En effet c'est surtout dans la manière dont on en use avec ceux qu'on peut maltraiter impunément, que l'on fait voir si on aime naturellement et sincèrement la justice, et si on a une véritable haine pour tout ce qui porte le caractère d'injustice. Celui donc qui n'a rien à se reprocher de criminel ou d'injuste dans ses habitudes et ses actions par rapport à ses esclaves, [777e] sera aussi pour eux le plus habile maître de vertu. On peut porter le même jugement avec autant de raison sur la conduite que tient tout maître, tout tyran, en général tout supérieur envers ceux qui lui sont soumis. Quand un esclave a manqué, il faut le punir, et ne pas s'en tenir à de simples réprimandes, comme on ferait à l'égard d'une personne libre ; ce qui le rendrait plus insolent. Quelque chose qu'on ait à lui dire, il faut toujours prendre un ton de maître, [778a] et ne jamais plaisanter avec ses esclaves, soit hommes, soit femmes, chose que beaucoup ont coutume de faire, les gâtant par cette conduite inconsidérée, leur rendant l'obéissance plus pénible, et à eux-mêmes l'autorité plus difficile.

 363 CLINIAS.

Tu as raison.

L'ATHÉNIEN.

Après que chacun se sera convenablement pourvu d'esclaves, soit pour le nombre, soit pour leur aptitude aux services auxquels ils sont destinés, ne sera-t-il pas temps de tracer le plan des habitations?

CLINIAS.

Sans doute.

 

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

[778b] Καὶ συμπάσης γε ὡς ἔπος εἰπεῖν ἔοικεν τῆς οἰκοδομικῆς πέρι τήν γε δὴ νέαν καὶ ἀοίκητον ἐν τῷ πρόσθεν πόλιν ἐπιμελητέον εἶναι, τίνα τρόπον ἕκαστα ἕξει τούτων περί τε ἱερὰ καὶ τείχη. Γάμων δ' ἦν ἔμπροσθεν ταῦτα, ὦ Κλεινία, νῦν δ' ἔπειπερ λόγῳ γίγνεται, καὶ μάλ' ἐγχωρεῖ ταύτῃ γίγνεσθαι τὰ νῦν· ἔργῳ μὴν ὅταν γίγνηται, ταῦτ' ἔμπροσθεν τῶν γάμων, ἐὰν θεὸς ἐθέλῃ, ποιήσαντες, ἐκεῖνα ἤδη τότε ἐπὶ [778c] πᾶσιν τοῖς τοιούτοις ἀποτελοῦμεν. Νῦν δὲ μόνον ὅσον τινὰ τύπον αὐτῶν δι' ὀλίγων ἐπεξέλθωμεν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πάνυ μὲν οὖν.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Τὰ μὲν τοίνυν ἱερὰ πᾶσαν πέριξ τήν τε ἀγορὰν χρὴ κατασκευάζειν, καὶ τὴν πόλιν ὅλην ἐν κύκλῳ πρὸς τοῖς ὑψηλοῖς τῶν τόπων, εὐερκείας τε καὶ καθαρότητος χάριν· πρὸς δὲ αὐτοῖς οἰκήσεις τε ἀρχόντων καὶ δικαστηρίων, ἐν οἷς τὰς δίκας ὡς ἱερωτάτοις οὖσιν λήψονταί τε καὶ δώσουσι, τὰ μὲν [778d] ὡς ὁσίων πέρι, τὰ δὲ καὶ τοιούτων θεῶν ἱδρύματα, καὶ ἐν τούτοις δικαστήρια, ἐν οἷς αἵ τε τῶν φόνων πρέπουσαι δίκαι γίγνοιντ' ἂν καὶ ὅσα θανάτων ἄξια ἀδικήματα. Περὶ δὲ τειχῶν, ὦ Μέγιλλε, ἔγωγ' ἂν τῇ Σπάρτῃ συμφεροίμην τὸ καθεύδειν ἐᾶν ἐν τῇ γῇ κατακείμενα τὰ τείχη καὶ μὴ ἐπανιστάναι, τῶνδε εἵνεκα. Καλῶς μὲν καὶ ὁ ποιητικὸς ὑπὲρ αὐτῶν λόγος ὑμνεῖται, τὸ χαλκᾶ καὶ σιδηρᾶ δεῖν εἶναι τὰ τείχη [778e] μᾶλλον ἢ γήινα· τὸ δ' ἡμέτερον ἔτι πρὸς τούτοις γέλωτ' ἂν δικαίως πάμπολυν ὄφλοι, τὸ κατ' ἐνιαυτὸν μὲν ἐκπέμπειν εἰς τὴν χώραν τοὺς νέους, τὰ μὲν σκάψοντας, τὰ δὲ ταφρεύσοντας, τὰ δὲ καὶ διά τινων οἰκοδομήσεων εἴρξοντας τοὺς πολεμίους, ὡς δὴ τῶν ὅρων τῆς χώρας οὐκ ἐάσοντας ἐπιβαίνειν, τεῖχος δὲ περιβαλοίμεθα, ὃ πρῶτον μὲν πρὸς ὑγίειαν ταῖς πόλεσιν οὐδαμῶς συμφέρει, πρὸς δέ τινα μαλθακὴν ἕξιν ταῖς ψυχαῖς τῶν ἐνοικούντων εἴωθε ποιεῖν, προκαλούμενον [779a] εἰς αὐτὸ καταφεύγοντας μὴ ἀμύνεσθαι τοὺς πολεμίους, μηδὲ τῷ φρουρεῖν ἀεί τινας ἐν αὐτῇ νύκτωρ καὶ μεθ' ἡμέραν, τούτῳ τῆς σωτηρίας τυγχάνειν, τείχεσι δὲ καὶ πύλαις διανοεῖσθαι φραχθέντας τε καὶ καθεύδοντας σωτηρίας ὄντως ἕξειν μηχανάς, ὡς ἐπὶ τὸ μὴ πονεῖν γεγονότας, ἀγνοοῦντας δ' αὖ τὴν ῥᾳστώνην ὡς ὄντως ἐστὶν ἐκ τῶν πόνων· ἐκ ῥᾳστώνης δέ γε, οἶμαι, τῆς αἰσχρᾶς οἱ πόνοι καὶ ῥᾳθυμίας πεφύκασι γίγνεσθαι πάλιν. Ἀλλ' εἰ δὴ τεῖχός γέ τι χρεὼν [779b] ἀνθρώποις εἶναι, τὰς οἰκοδομίας χρὴ τὰς τῶν ἰδίων οἰκήσεων οὕτως ἐξ ἀρχῆς βάλλεσθαι, ὅπως ἂν ᾖ πᾶσα ἡ πόλις ἓν τεῖχος, ὁμαλότητί τε καὶ ὁμοιότησιν εἰς τὰς ὁδοὺς πασῶν τῶν οἰκήσεων ἐχουσῶν εὐέρκειαν, ἰδεῖν τε οὐκ ἀηδὲς μιᾶς οἰκίας σχῆμα ἐχούσης αὐτῆς, εἴς τε τὴν τῆς φυλακῆς ῥᾳστώνην ὅλῳ καὶ παντὶ πρὸς σωτηρίαν γίγνοιτ' ἂν διάφορος. Τούτων δέ, ὡς ἂν μένῃ τὰ κατ' ἀρχὰς οἰκοδομηθέντα, μέλειν μὲν μάλιστα τοῖς ἐνοικοῦσι πρέπον ἂν εἴη, [779c] τοὺς δὲ ἀστυνόμους ἐπιμελεῖσθαι καὶ προσαναγκάζοντας τὸν ὀλιγωροῦντα ζημιοῦντας, καὶ πάντων δὴ τῶν κατὰ τὸ ἄστυ καθαρότητός τ' ἐπιμελεῖσθαι, καὶ ὅπως ἰδιώτης μηδεὶς μηδὲν τῶν τῆς πόλεως μήτε οἰκοδομήμασι μήτε οὖν ὀρύγμασιν ἐπιλήψεται. Καὶ δὴ καὶ ὑδάτων τῶν ἐκ Διὸς εὐροίας τούτους ἐπιμελεῖσθαι χρεών, καὶ ὅσα ἐντὸς πόλεως ἢ ὁπόσα ἔξω πρέπον ἂν οἰκεῖν εἴη· ταῦτα δὲ πάντα συνιδόντες ταῖς χρείαις [779d] οἱ νομοφύλακες ἐπινομοθετούντων καὶ τῶν ἄλλων ὁπόσα ἂν ὁ νόμος ἐκλείπῃ δι' ἀπορίαν.

Ὅτε δὲ ταῦτά τε καὶ τὰ περὶ ἀγορὰν οἰκοδομήματα καὶ τὰ περὶ τὰ γυμνάσια καὶ πάντα ὅσα διδασκαλεῖα κατεσκευασμένα περιμένει τοὺς φοιτητὰς καὶ θεατὰς θέατρα, πορευώμεθα ἐπὶ τὰ μετὰ τοὺς γάμους, τῆς νομοθεσίας ἑξῆς ἐχόμενοι.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πάνυ μὲν οὖν.

L'ATHÉNIEN.

[778b] Il me paraît même que, dans une cité toute nouvelle, jusque là inhabitée, il faut commencer par les temples et les murs de la ville. Nous aurions dû traiter cette matière avant celle des mariages, Clinias; mais rien ne nous empêche d'en parler à présent, puisque notre cité n'est ici qu'en paroles : lorsqu'elle s'exécutera en effet, alors, avec l'aide de Dieu, nous penserons aux maisons avant que de penser aux mariages, et nous donnerons à cet article comme aux autres toute sa perfection. Bornons-nous pour le présent à en tracer un modèle en peu de mots.

CLINIAS.

A merveille.

L'ATHÉNIEN.

Les temples seront donc construits autour de 364 la place publique, et toute la ville bâtie en cercle sur les lieux élevés, tant pour la sûreté que pour la propreté. Près des temples sera la demeure des magistrats, et les tribunaux où ils recevront les plaintes des citoyens et leur rendront la justice; ces lieux seront sacrés, et à raison des fonctions des magistrats qui sont saintes, [778d] et à raison de la sainteté des dieux qui y habitent; surtout les tribunaux où doivent se juger les causes de meurtre, et les autres crimes qui méritent la mort. A l'égard des murailles de la ville, Mégilie, je serais assez de l'avis de Sparte, de les laisser dormir couchées en terre, et de ne point les relever : en voici les raisons. Je ne trouve rien de plus beau que ce qu'on dit à ce sujet en langage poétique, qu'il vaut mieux que les murs des villes soient d'airain et de fer, [778e] que de terre (14). De plus, pour ce qui nous regarde en particulier, ce serait nous exposer à la risée des gens sensés, si après avoir envoyé chaque année les jeunes gens sur les frontières de l'État, pour y faire des fossés, des retranchemens, et y construire même des tours, afin d'arrêter l'ennemi et l'empêcher de mettre le pied sur nos terres, nous allions fermer notre ville d'une enceinte de 365 murailles, chose fort nuisible à la santé des habitans, et qui de plus produit ordinairement dans leur âme une certaine habitude de lâcheté, [779a] en les invitant à se réfugier dans les murs sans faire tête à l'ennemi, et à chercher leur salut non dans l'énergie qui veille nuit et jour, mais derrière des murailles et des portes, où l'on croit pouvoir s'abandonner sans crainte au sommeil ; comme si nous étions nés pour ne pas travailler, et comme si le repos n'était pas véritablement le fruit du travail, au lieu qu'un repos honteux et la négligence engendrent d'ordinaire à leur tour les travaux. Mais enfin si l'on ne peut absolument [779b] se passer de murailles, il faut dès le commencement disposer de telle sorte les maisons des particuliers, que toute la ville ne fasse qu'un mur continu, et qu'étant toutes de la même forme et sur une même ligne, elles soient par là aisées à défendre. Ce serait en effet un beau spectacle, qu'une ville qu'on prendrait à la vue pour une seule maison, et la garde en serait infiniment plus facile et plus sûre. Tandis qu'on bâtira la ville pour la première fois, le soin de donner aux maisons cette forme, appartiendra principalement aux particuliers qui doivent les occuper. [779c] Les astynomes se chargeront d'y avoir l'œil, contraignant par la force et 366 les âmendes ceux qui refuseraient d'obéir. Ce sera encore à eux d'entretenir la propreté dans les différens quartiers de la ville, et d'empêcher qu'aucun citoyen, soit en bâtissant, soit en creusant, n'empiète sur les lieux publics. Ils auront soin aussi de procurer un écoulement facile aux eaux de pluie ; en un mot leurs soins s'étendront à tout ce qui les réclamera, tant au dedans de la ville qu'au dehors. Les gardiens des lois, [779d] à mesure qu'ils en sentiront le besoin, feront sur ces choses, ainsi que sur toutes les autres, dans le détail desquelles il est impossible au législateur d'entrer, les règlemens qu'ils jugeront nécessaires.

Maintenant que tous ces édifices, tant ceux de la place publique que les autres, sont construits; que les gymnases, les écoles, les théâtres sont prêts, et n'attendent que des élèves et des spectateurs, reprendrons-nous la suite de nos lois, pour voir ce qui vient après le mariage ?

CLINIAS.

Sans doute.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Γάμοι μὲν τοίνυν ἡμῖν ἔστωσαν γεγονότες, ὦ Κλεινία· δίαιτα δὲ πρὸ παιδογονίας οὐκ ἐλάττων ἐνιαυσίας [779e] γίγνοιτ' ἂν τὸ μετὰ τοῦτο, ἣν δὴ τίνα τρόπον χρὴ ζῆν νυμφίον καὶ νύμφην ἐν πόλει διαφερούσῃ τῶν πολλῶν ἐσομένῃ - τὸ δὴ τῶν νῦν εἰρημένων ἐχόμενον - εἰπεῖν οὐ πάντων εὐκολώτατον, ἀλλὰ ὄντων οὐκ ὀλίγων τῶν ἔμπροσθεν τοιούτων, τοῦτο ἔτι ἐκείνων τῶν πολλῶν δυσχερέστερον ἀποδέχεσθαι τῷ πλήθει. Τό γε μὴν δοκοῦν ὀρθὸν καὶ ἀληθὲς εἶναι πάντως ῥητέον, ὦ Κλεινία.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πάνυ μὲν οὖν.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

[780a] Ὅστις δὴ διανοεῖται πόλεσιν ἀποφαίνεσθαι νόμους, πῇ τὰ δημόσια καὶ κοινὰ αὐτοὺς χρὴ ζῆν πράττοντας, τῶν δὲ ἰδίων ὅσον ἀνάγκη μηδὲ οἴεται δεῖν, ἐξουσίαν δὲ ἑκάστοις εἶναι τὴν ἡμέραν ζῆν ὅπως ἂν ἐθέλῃ, καὶ μὴ πάντα διὰ τάξεως δεῖν γίγνεσθαι, προέμενος δὲ τὰ ἴδια ἀνομοθέτητα, ἡγεῖται τά γε κοινὰ καὶ δημόσια ἐθελήσειν αὐτοὺς ζῆν διὰ νόμων, οὐκ ὀρθῶς διανοεῖται. Τίνος δὴ χάριν ταῦτα εἴρηται; τοῦδε, ὅτι φήσομεν δεῖν ἡμῖν τοὺς νυμφίους μηδὲν διαφερόντως [780b] μηδὲ ἧττον ἐν συσσιτίοις τὴν δίαιταν ποιεῖσθαι τοῦ πρὸ τῶν γάμων χρόνου γενομένου. Καὶ τοῦτο μὲν δὴ θαυμαστὸν ὄν, ὅτε κατ' ἀρχὰς πρῶτον ἐγένετο ἐν τοῖς παρ' ὑμῖν τόποις, πολέμου τινὸς αὐτό, ὥς γ' εἰκός, νομοθετήσαντος ἤ τινος ἑτέρου τὴν αὐτὴν δύναμιν ἔχοντος πράγματος ἐν ὀλιγανθρωπίαις ὑπὸ πολλῆς ἀπορίας ἐχομένοις, γευσαμένοις δὲ καὶ ἀναγκασθεῖσι χρήσασθαι τοῖς συσσιτίοις ἔδοξεν [780c] μέγα διαφέρειν εἰς σωτηρίαν τὸ νόμιμον, καὶ κατέστη δὴ τρόπῳ τινὶ τοιούτῳ τὸ ἐπιτήδευμα ὑμῖν τὸ τῶν συσσιτίων.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ἔοικε γοῦν.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ὃ δὴ ἔλεγον, ὅτι θαυμαστὸν ὂν τοῦτό ποτε καὶ φοβερὸν ἐπιτάξαι τισίν, νῦν οὐχ ὁμοίως τῷ προστάττοντι δυσχερὲς ἂν εἴη νομοθετεῖν αὐτό· τὸ δ' ἑξῆς τούτῳ, πεφυκός τε ὀρθῶς ἂν γίγνεσθαι γιγνόμενον, νῦν τε οὐδαμῇ γιγνόμενον, ὀλίγου τε ποιοῦν τὸν νομοθέτην, τὸ τῶν παιζόντων, εἰς πῦρ ξαίνειν καὶ μυρία ἕτερα τοιαῦτα ἀνήνυτα ποιοῦντα δρᾶν, οὐ [780d] ῥᾴδιον οὔτ' εἰπεῖν οὔτ' εἰπόντα ἀποτελεῖν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τί δὴ τοῦτο, ὦ ξένε, ἐπιχειρῶν λέγειν ἔοικας σφόδρα ἀποκνεῖν;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἀκούοιτ' ἄν, ἵνα μὴ πολλὴ διατριβὴ γίγνηται περὶ τοῦτ' αὐτὸ μάτην.

Πᾶν μὲν γάρ, ὅτιπερ ἂν τάξεως καὶ νόμου μετέχον ἐν πόλει γίγνηται, πάντα ἀγαθὰ ἀπεργάζεται, τῶν δὲ ἀτάκτων ἢ τῶν κακῶς ταχθέντων λύει τὰ πολλὰ τῶν εὖ τεταγμένων ἄλλα ἕτερα. Οὗ δὴ καὶ νῦν ἐφέστηκεν πέρι τὸ λεγόμενον. Ὑμῖν γάρ, ὦ Κλεινία καὶ Μέγιλλε, τὰ μὲν περὶ [780e] τοὺς ἄνδρας συσσίτια καλῶς ἅμα καί, ὅπερ εἶπον, θαυμαστῶς καθέστηκεν ἐκ θείας τινὸς ἀνάγκης, τὸ δὲ περὶ τὰς γυναῖκας [781a] οὐδαμῶς ὀρθῶς ἀνομοθέτητον μεθεῖται καὶ οὐκ εἰς τὸ φῶς ἦκται τὸ τῆς συσσιτίας αὐτῶν ἐπιτήδευμα, ἀλλ' ὃ καὶ ἄλλως γένος ἡμῶν τῶν ἀνθρώπων λαθραιότερον μᾶλλον καὶ ἐπικλοπώτερον ἔφυ, τὸ θῆλυ, διὰ τὸ ἀσθενές, οὐκ ὀρθῶς τοῦτο εἴξαντος τοῦ νομοθέτου δύστακτον ὂν ἀφείθη. Διὰ δὲ τούτου μεθειμένου πολλὰ ὑμῖν παρέρρει, πολὺ ἄμεινον ἂν ἔχοντα, εἰ νόμων ἔτυχεν, ἢ τὰ νῦν· οὐ γὰρ ἥμισυ μόνον ἐστίν, ὡς [781b] δόξειεν ἄν, τὸ περὶ τὰς γυναῖκας ἀκοσμήτως περιορώμενον, ὅσῳ δὲ ἡ θήλεια ἡμῖν φύσις ἐστὶ πρὸς ἀρετὴν χείρων τῆς τῶν ἀρρένων, τοσούτῳ διαφέρει πρὸς τὸ πλέον ἢ διπλάσιον εἶναι. Τοῦτ' οὖν ἐπαναλαβεῖν καὶ ἐπανορθώσασθαι καὶ πάντα συντάξασθαι κοινῇ γυναιξί τε καὶ ἀνδράσιν ἐπιτηδεύματα βέλτιον πρὸς πόλεως εὐδαιμονίαν· νῦν δὲ οὕτως ἦκται τὸ τῶν ἀνθρώπων γένος οὐδαμῶς εἰς τοῦτο εὐτυχῶς, ὥστε οὐδὲ μνησθῆναι περὶ αὐτοῦ ἐν ἄλλοις γ' ἐστὶν τόποις καὶ πόλεσιν [781c] νοῦν ἔχοντος, ὅπου μηδὲ συσσίτια ὑπάρχει τὸ παράπαν δεδογμένα κατὰ πόλιν εἶναι. Πόθεν δή τίς γε ἔργῳ μὴ καταγελάστως ἐπιχειρήσει γυναῖκας προσβιάζεσθαι τὴν σίτων καὶ ποτῶν ἀνάλωσιν φανερὰν θεωρεῖσθαι; τούτου γὰρ οὐκ ἔστιν ὅτι χαλεπώτερον ἂν ὑπομείνειεν τοῦτο τὸ γένος· εἰθισμένον γὰρ δεδυκὸς καὶ σκοτεινὸν ζῆν, ἀγόμενον δ' εἰς φῶς βίᾳ πᾶσαν ἀντίτασιν ἀντιτεῖνον, πολὺ κρατήσει τοῦ [781d] νομοθέτου. Τοῦτ' οὖν ἄλλοθι μέν, ὅπερ εἶπον, οὐδ' ἂν τὸν λόγον ὑπομείνειε τὸν ὀρθὸν ῥηθέντα ἄνευ πάσης βοῆς, ἐνθάδε δὲ ἴσως ἄν. Εἰ δὴ δοκεῖ λόγου γ' ἕνεκα μὴ ἀτυχῆ τὸν περὶ πάσης τῆς πολιτείας γενέσθαι λόγον, ἐθέλω λέγειν ὡς ἀγαθόν ἐστι καὶ πρέπον, εἰ καὶ σφῷν συνδοκεῖ ἀκούειν, εἰ δὲ μή, ἐᾶν.

 ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ἀλλ', ὦ ξένε, θαυμαστῶς τό γε ἀκοῦσαι νῷν πάντως που συνδοκεῖ.

L'ATHÉNIEN..

Supposons que les mariages sont déjà faits, mon cher Clinias. Maintenant, il y a une autre manière de vivre [779e] pour le nouvel époux et la nouvelle épouse, au moins la première année,  367 avant qu'ils aient des enfans. Quelle sera-t-elle dans une ville qui doit se distinguer entre toutes les autres villes ? Ce que nous avons à dire sur ce sujet, n'est point l'article le plus facile de notre législation : et quelque difficulté que nous ayons déjà éprouvée sur plusieurs autres points, la foule aura encore bien plus de répugnance à se soumettre à celui-ci. Toutefois, mon cher Clinias, il faut dire sans balancer ce que nous jugeons conforme à la droite raison et à la vérité.

CLINIAS.

Assurément.

L'ATHÉNIEN.

[780a] Ce serait une erreur de penser qu'il suffit que les lois règlent les actions dans leur rapport avec l'ordre public, sans descendre, à moins de nécessité, jusque dans la famille : qu'on doit laisser à chacun une liberté parfaite dans la manière de vivre journalière, qu'il n'est pas besoin que tout soit soumis à des règlemens, et de croire qu'en abandonnant ainsi les citoyens à eux-mêmes dans les actions privées, ils n'en seront pas pour cela moins exacts observateurs des lois dans l'ordre public. A quoi tend ce préambule? Le voici. Nous voulons que les nouveaux mariés [780b] prennent leurs repas dans des sal- 368 les à manger communes ni plus ni moins qu'avant leur mariage. Ce règlement parut sans doute étrange la première fois qu'il fut porté en Crète et à Sparte, soit que la guerre, comme il y a apparence, ait contraint d'en faire une loi, ou quelque autre fléau non moins puissant, qui avait réduit votre pays à un petit nombre d'habitans. Mais après qu'on eut essayé de cette vie commune, et qu'on eut été forcé de la pratiquer, on jugea [780b] que cet usage était d'une utilité merveilleuse pour l'État. C'est ainsi à peu près que les repas en commun ont été établis chez nous.

CLINlAS.

Cela est vraisemblable.

L'ATHÉNIEN.

Ce que je viens de dire, que cet usage dut paraître étrange alors, et que ce ne fut pas sans crainte qu'on le proposa à quelques uns, n'aurait plus lieu aujourd'hui, et le législateur ne trouverait pas les mêmes difficultés à vaincre. Mais le point qui coûterait beaucoup à proposer, et encore plus à faire exécuter, est celui qui tient au précédent et mériterait nos éloges s'il était en vigueur, mais qui par malheur n'est établi nulle part, et faute duquel le législateur est réduit, comme on dit en badinant, à donner des coups 369 dans le feu, [780d] et à faire mille autres choses semblables qui n'aboutissent à rien.

CLINIAS.

Étranger, quel est donc ce point dont tu as envie de parler et que tu parais avoir tant de peine à dire?

L'ATHÉNIEN.

Vous allez l'entendre, pour ne pas vous fatiguer à cet égard de longs et inutiles délais.

Tout ce qui se fait dans un Etat selon l'ordre et sous la direction de la loi ne peut avoir que de bons effets, tandis que ce qui n'est pas réglé ou ce qui l'est mal, fait tort à la plupart des aatres règlemens les plus sagement établis. Nous en avons la preuve dans la chose même dont nous parlons. Chez vous, Mégille et Clinias, les repas en commun [780e] pour les hommes ont été sagement introduits, et, comme je l'ai dit, d'une manière extraordinaire, à la suite de quelque nécessité imposée par les dieux. Mais on a eu le tort de ne pas étendre la même loi aux femmes, [781a] et de ne pas faire de règlement qui les assujettisse à la vie commune ; et comme, entre autres différences, ce sexe est, à raison même de sa faiblesse, plus porté que nous autres hommes à se cacher et à agir par des voies détournées, c'est une faute du législateur de le 370 négliger, comme difficile à gouverner. Le manque de lois sur cet objet détruit le bon effet de beaucoup d'autres, où tout irait mieux qu'il ne va aujourd'hui, si le premier point avait été réglé par des lois. Ne prescrire aucun ordre aux femmes pour leur conduite, [781b] n'est pas seulement, comme on le pourrait croire, laisser l'ouvrage imparfait: le mal va bien au-delà, et d'autant plus loin que ce sexe a moins de disposition que le nôtre à la vertu. Il est donc plus avantageux pour le bien public, de revenir sur ce point, de réparer le défaut de cette omission, et de prescrire en commun aux hommes et aux femmes les mêmes pratiques. Mais aujourd'hui les choses sont disposées si peu favorablement à cet égard, que dans les autres lieux et les autres cités [781c] où les repas en commun n'ont jamais été établis, la prudence ne permet pas même d'en parler. Comment ne s'y rendrait-on pas ridicule, si l'on entreprenait d'assujettir les femmes à manger et à boire en public ? Il n'est rien au monde que ce sexe portât plus impatiemment. Accoutumé qu'il est à une vie cachée et retirée, il n'est point de résistance qu'il n'oppose au législateur, qui voudra le produire de force au grand jour, [781d] et à la fin son opiniâtreté l'emportera. Ainsi, par les raisons que je viens de dire, la 371 seule proposition de ce projet, quelque raisonuable qu'il soit, ne serait écoutée nulle part ailleurs par les femmes sans de grandes clameurs; mais ici peut-être s'y prêteraient-elles. Si vous jugez à propos que notre plan de législation ne reste point imparfait, du moins en paroles, je vais vous exposer combien cet établissement serait utile et convenable, si vous voulez m'écouter : sinon, passons à d'autres choses.

CLINIAS.

Etranger, nous souhaitons ardemment de t'entendre là-dessus.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἀκούωμεν δή. θαυμάσητε δὲ μηδὲν ἐὰν ὑμῖν ἄνωθέν [781e] ποθεν ἐπιχειρεῖν δόξω· σχολῆς γὰρ ἀπολαύομεν καὶ οὐδὲν ἡμᾶς ἐστὶ τὸ κατεπεῖγον τὸ μὴ πάντῃ πάντως σκοπεῖν τὰ περὶ τοὺς νόμους.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ὀρθῶς εἴρηκας.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Πάλιν τοίνυν ἐπὶ τὰ πρῶτα ἐπαναχωρήσωμεν λεχθέντα. Εὖ γὰρ δὴ τό γε τοσοῦτον χρὴ πάντ' ἄνδρα συννοεῖν, ὡς ἡ τῶν ἀνθρώπων γένεσις ἢ τὸ παράπαν ἀρχὴν [782a] οὐδεμίαν εἴληχεν οὐδ' ἕξει ποτέ γε τελευτήν, ἀλλ' ἦν τε ἀεὶ καὶ ἔσται πάντως, ἢ μῆκός τι τῆς ἀρχῆς ἀφ' οὗ γέγονεν ἀμήχανον ἂν χρόνον ὅσον γεγονὸς ἂν εἴη.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τί μήν;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Τί οὖν; πόλεων συστάσεις καὶ φθοράς, καὶ ἐπιτηδεύματα παντοῖα τάξεώς τε καὶ ἀταξίας, καὶ βρώσεως καὶ πωμάτων τε ἅμα καὶ βρωμάτων ἐπιθυμήματα παντοδαπά, πάντως καὶ περὶ πᾶσαν τὴν γῆν ἆρ' οὐκ οἰόμεθα γεγονέναι, καὶ στροφὰς ὡρῶν παντοίας, ἐν αἷς τὰ ζῷα μεταβάλλειν αὑτῶν [782b] παμπληθεῖς μεταβολὰς εἰκός;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πῶς γὰρ οὔ;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Τί οὖν; πιστεύομεν ἀμπέλους τε φανῆναί πού ποτε πρότερον οὐκ οὔσας; ὡσαύτως δὲ καὶ ἐλάας καὶ τὰ Δήμητρός τε καὶ Κόρης δῶρα; Τριπτόλεμόν τέ τινα τῶν τοιούτων γενέσθαι διάκονον; ἐν ᾧ δὲ μὴ ταῦτα ἦν τῷ χρόνῳ, μῶν οὐκ οἰόμεθα τὰ ζῷα, καθάπερ νῦν, ἐπὶ τὴν ἀλλήλων ἐδωδὴν τρέπεσθαι;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Τί μήν;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

[782c] τὸ δὲ μὴν θύειν ἀνθρώπους ἀλλήλους ἔτι καὶ νῦν παραμένον ὁρῶμεν πολλοῖς· καὶ τοὐναντίον ἀκούομεν ἐν ἄλλοις, ὅτε οὐδὲ βοὸς ἐτόλμων μὲν γεύεσθαι, θύματά τε οὐκ ἦν τοῖς θεοῖσι ζῷα, πέλανοι δὲ καὶ μέλιτι καρποὶ δεδευμένοι καὶ τοιαῦτα ἄλλα ἁγνὰ θύματα, σαρκῶν δ' ἀπείχοντο ὡς οὐχ ὅσιον ὂν ἐσθίειν οὐδὲ τοὺς τῶν θεῶν βωμοὺς αἵματι μιαίνειν, ἀλλὰ Ὀρφικοί τινες λεγόμενοι βίοι ἐγίγνοντο ἡμῶν τοῖς τότε, ἀψύχων μὲν ἐχόμενοι πάντων, ἐμψύχων δὲ τοὐναντίον [782d] πάντων ἀπεχόμενοι.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Καὶ σφόδρα λεγόμενά τ' εἴρηκας καὶ πιστεύεσθαι πιθανά.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Πρὸς οὖν δὴ τί ταῦτα, εἴποι τις ἄν, ὑμῖν πάντ' ἐρρήθη τὰ νῦν;

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

0ρθῶς ὑπέλαβες, ὦ ξένε.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Καὶ τοίνυν, ἐὰν δύνωμαι, τὰ τούτοις ἑξῆς, ὦ Κλεινία, πειράσομαι φράζειν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Λέγοις ἄν.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ὁὁρῶ πάντα τοῖς ἀνθρώποις ἐκ τριττῆς χρείας καὶ ἐπιθυμίας ἠρτημένα, δι' ὧν ἀρετή τε αὐτοῖς ἀγομένοις ὀρθῶς [782e] καὶ τοὐναντίον ἀποβαίνει κακῶς ἀχθεῖσιν. Ταῦτα δ' ἐστὶν ἐδωδὴ μὲν καὶ πόσις εὐθὺς γενομένοις, ἣν πέρι ἅπασαν πᾶν ζῷον ἔμφυτον ἔρωτα ἔχον, μεστὸν οἴστρου τέ ἐστιν καὶ ἀνηκουστίας τοῦ λέγοντος ἄλλο τι δεῖν πράττειν πλὴν τὰς ἡδονὰς καὶ ἐπιθυμίας τὰς περὶ ἅπαντα ταῦτα ἀποπληροῦντα, λύπης τῆς ἁπάσης ἀεὶ δεῖν σφᾶς ἀπαλλάττειν· τρίτη [783a] δὲ ἡμῖν καὶ μεγίστη χρεία καὶ ἔρως ὀξύτατος ὕστατος μὲν ὁρμᾶται, διαπυρωτάτους δὲ τοὺς ἀνθρώπους μανίαις ἀπεργάζεται πάντως, ὁ περὶ τὴν τοῦ γένους σπορὰν ὕβρει πλείστῃ καόμενος. Ἃ δὴ δεῖ τρία νοσήματα, τρέποντα εἰς τὸ βέλτιστον παρὰ τὸ λεγόμενον ἥδιστον, τρισὶ μὲν τοῖς μεγίστοις πειρᾶσθαι κατέχειν, φόβῳ καὶ νόμῳ καὶ τῷ ἀληθεῖ λόγῳ, προσχρωμένους μέντοι Μούσαις τε καὶ ἀγωνίοισι θεοῖς, [783b] σβεννύντων τὴν αὔξην τε καὶ ἐπιρροήν. Παίδων δὲ δὴ γένεσιν μετὰ τοὺς γάμους θῶμεν, καὶ μετὰ γένεσιν τροφὴν καὶ παιδείαν· καὶ τάχ' ἂν οὕτω προϊόντων τῶν λόγων ὅ τε νόμος ἡμῖν ἕκαστος περαίνοιτο εἰς τοὔμπροσθεν ἐπὶ συσσίτια ἡνίκα ἀφικόμεθα - τὰς τοιαύτας κοινωνίας εἴτε ἄρα γυναικῶν εἴτε ἀνδρῶν δεῖ μόνων γίγνεσθαι, προσμείξαντες αὐτοῖς ἐγγύθεν ἴσως μᾶλλον κατοψόμεθα - τά τε ἐπίπροσθεν αὐτῶν, ἔτι νῦν ὄντα ἀνομοθέτητα, [783c] τάξαντες αὐτὰ ἐπίπροσθεν ποιησόμεθα, καὶ ὅπερ ἐρρήθη νυνδή, κατοψόμεθά τε αὐτὰ ἀκριβέστερον, μᾶλλόν τε τοὺς προσήκοντας αὐτοῖς καὶ πρέποντας νόμους ἂν θείημεν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ὀρθότατα λέγεις.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Φυλάξωμεν τοίνυν τῇ μνήμῃ τὰ νυνδὴ λεχθέντα· ἴσως γὰρ χρείαν ποτ' αὐτῶν πάντων ἕξομεν.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Ττὰ ποῖα δὴ διακελεύῃ;

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Ἃ τοῖς τρισὶ διωριζόμεθα ῥήμασι· βρῶσιν μὲν ἐλέγομέν που, καὶ δεύτερον πόσιν, καὶ ἀφροδισίων δέ τινα [783d] διαπτόησιν τρίτον.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πάντως, ὦ ξένε, μεμνησόμεθά που τὰ νῦν διακελεύῃ.

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Καλῶς. Ἔλθωμεν δ' ἐπὶ τὰ νυμφικά, διδάξοντές τε αὐτοὺς πῶς χρὴ καὶ τίνα τρόπον τοὺς παῖδας ποιεῖσθαι, καὶ ἐὰν ἄρα μὴ πείθωμεν, ἀπειλήσοντές τισιν νόμοις.

ΚΛΕΙΝΙΑΣ

Πῶς;

L'ATHÉNIEN.

Voyons donc. Ne soyez pas surpris au reste ni je reprends la chose [781b] d'un peu loin : nous avons du loisir ; rien ne nous presse, ni ne nous empêche d'examiner à fond la matière des lois.

CLINIAS.

Tu as raison.

L'ATHÉNIEN.

Remontons par conséquent à ce qui a été dit dès le commencement. Il est nécessaire que chacun comprenne, ou que le genre humain n'a jamais commencé et ne finira [782a] jamais, mais qu'il a existé et existera toujours, ou du moins que son origine va se perdre dans des temps si reculés qu'il pst presque impossible d'en assigner l'époque.

372 CLINIAS.

Il est vrai.

L'ATHÉNIEN.

N'est-il pas naturel de croire que dans cet intervalle immense, il y a eu une infinité d'États fondés et détruits, des usages de toutes les sortes, les uns pleins de sagesse, les autres pleins de désordre, mille coutumes différentes par rapport à la manière de se nourrir, au boire et au manger, dans tous les lieux du monde; sans parler de je ne sais combien de révolutions dans les saisons, qui ont dû causer [782b] des altérations de toute espèce dans la nature des animaux?

CLINIAS.

Sans contredit.

L'ATHÉNIEN.

Ajouterons-nous aussi foi à ce qu'on dit qu'il y a eu un temps où la vigne, jusqu'alors inconnue, a commencé d'être ? J'en dis autant de l'olivier, et des présents de Cérès et de Proserpine, présents qu'elles ont faits aux hommes par le ministère de Triptolème. Ne croyez-vous pas qu'auparavant les animaux se dévoraient les uns les autres, comme ils font encore aujourd'hui?

CLINIAS.

Oui.

373 L'ATHÉNIEN.

[782c] Nous voyons même que la coutume de sacrifier des hommes s'est conservée jusqu'à nos jours en plusieurs contrées : comme au contraire nous apprenons qu'en d'autres pays on n'osait pas même toucher à la chair de bœuf, on n'immolait point d'animaux sur les autels des dieux ; on se contentait de leur offrir des gâteaux, des fruits enduits de miel, et d'autres dons purs de sang ; on s'abstenait de l'usage de la chair, ne croyant pas qu'il fût permis d'en manger ni de souiller de sang les autels des dieux ; qu'en un mot la vie de ces temps-là ressemblait à celle qui nous est recommandée dans les mystères d'Orphée, et qui consiste à se nourrir de ce qui est inanimé et à s'interdire absolument [782d] tout ce qui a vie.

CLINIAS.

C'est en effet ce qu'on raconte, et il y a en ce récit beaucoup de vraisemblance.

L'ATHÉNIEN.

On me demandera peut-être où j'en veux venir avec tout ce discours.

CLINIAS.

Cette remarque, étranger, vient à propos.

L'ATHÉNIEN.

Hé bien, mon cher Clinias, je vais tâcher, si je puis, d'arriver à la conclusion.

374 CLINIAS.

Parle.

L'ATHÉNIEN.

Je vois qu' a l'égard des hommes tout se réduit à trois sortes de besoins et d'appétits, que de leur bon usage naît la vertu, et le vice de l'usage [782e] contraire. Les deux premiers de nos besoins et de nos appétits sont ceux du boire et du manger; ils naissent avec nous, et produisent dans tout animal un certain désir naturel, plein d'impétuosité, incapable d'écouter quiconque dirait qu'il faut faire autre chose que contenter l'inclination et le plaisir qui nous portent vers ces objets et se délivrer en toute rencontre du tourment qui nous presse. Le troisième [783a] et le plus grand de nos besoins, comme aussi le plus vif de nos désirs, est celui de la propagation de notre espèce : il ne se déclare qu'après les autres ; mais à son approche l'homme est saisi des accès d'une fièvre ardente, qui le transporte hors de lui-même et le consume d'une ardeur effrénée. Il faut, en détournant l'homme de ce qu'on appelle le plaisir et en le dirigeant vers la vertu, essayer de maîtriser ces trois maladies par les trois plus puissants remèdes, la crainte, la loi et la droite raison, tandis que les Muses et les dieux [783b] qui président  375 aux combats aideront à en éteindre l'ardeur et à en arrêter le cours. Mettons la génération des enfants après le mariage, et ensuite la manière de les nourrir et de les élever. En gardant cet ordre nos lois se formeront peu à peu, et leur progrès nous conduira insensiblement aux repas en commun. Quand nous en serons venus là, regardant les objets de plus près, peut-être verrons-nous mieux si cette vie commune ne doit avoir lieu que pour les hommes, ou s'il faut y comprendre les femmes. Nous mettrons aussi à leur place naturelle les articles qui doivent précéder ceux-ci, [783c] et qui n'ont pas encore été réglés; et, comme je disais tout à l'heure, nous verrons les objets d'une manière plus distincte et nous porterons sur chacun d'eux les lois qui lui conviennent davantage.

CLINIAS.

Parfaitement.

L'ATHÉNIEN.

Ainsi conservons dans notre mémoire ce qui vient d'être dit : car peut-être aurons-nous besoin de tout cela dans la suite.

CLINIAS.

De quoi faut-il conserver le souvenir ?

L'ATHÉNIEN.

Des trois choses que nous avons désignées 376 par les noms de manger, de boire, et de penchant [783d] vers les plaisirs de l'amour.

CLINIAS.

Nous ne les oublierons pas, étranger.

L'ATHÉNIEN.

Fort bien. Revenons aux nouveaux mariés : enseignons-leur comment ils doivent se comporter pour faire des enfants, et menaçons de quelques lois ceux qui ne voudraient pas obéir.

CLINIAS.

Comment ?

ΑΘΗΝΑΙΟΣ

Νύμφην χρὴ διανοεῖσθαι καὶ νυμφίον ὡς ὅτι καλλίστους καὶ ἀρίστους εἰς δύναμιν ἀποδειξομένους παῖδας τῇ [783e] πόλει. Πάντες δ' ἄνθρωποι κοινωνοὶ πάσης πράξεως, ἡνίκα μὲν ἂν προσέχωσιν αὑτοῖς τε καὶ τῇ πράξει τὸν νοῦν, πάντα καλὰ καὶ ἀγαθὰ ἀπεργάζονται, μὴ προσέχοντες δὲ ἢ μὴ ἔχοντες νοῦν, τἀναντία. Προσεχέτω δὴ καὶ ὁ νυμφίος τῇ τε νύμφῃ καὶ τῇ παιδοποιίᾳ τὸν νοῦν, κατὰ ταὐτὰ δὲ καὶ ἡ νύμφη, τοῦτον τὸν χρόνον διαφερόντως τοῦτον τὸν χρόνον διαφερόντως ὃν ἂν μήπω παῖδες [784a] αὐτοῖς ὦσιν γεγονότες. Ἐπίσκοποι δ' ἔστωσαν τούτων ἃς εἱλόμεθα γυναῖκες, πλείους εἴτ' ἐλάττους, τοῖς ἄρχουσιν ὁπόσας ἂν δοκῇ προστάττειν τε καὶ ὁπόταν, πρὸς τὸ τῆς Εἰλειθυίας ἱερὸν ἑκάστης ἡμέρας συλλεγόμεναι μέχρι τρίτου μέρους ὥρας, οἷ δὴ συλλεχθεῖσαι διαγγελλόντων ἀλλήλαις εἴ τίς τινα ὁρᾷ πρὸς ἄλλ' ἄττα βλέποντα ἄνδρα ἢ καὶ γυναῖκα τῶν παιδοποιουμένων ἢ πρὸς τὰ τεταγμένα ὑπὸ τῶν ἐν τοῖς [784b] γάμοις θυσιῶν τε καὶ ἱερῶν γενομένων. Ἡ δὲ παιδοποιία καὶ φυλακὴ τῶν παιδοποιουμένων δεκέτις ἔστω, μὴ πλείω δὲ χρόνον, ὅταν εὔροια ᾖ τῆς γενέσεως· ἂν δὲ ἄγονοί τινες εἰς τοῦτον γίγνωνται τὸν χρόνον, μετὰ τῶν οἰκείων καὶ ἀρχουσῶν γυναικῶν διαζεύγνυσθαι κοινῇ βουλευομένους εἰς τὰ πρόσφορα ἑκατέροις. Ἐὰν δ' ἀμφισβήτησίς τις γίγνηται περὶ τῶν ἑκατέροις πρεπόντων καὶ προσφόρων, δέκα τῶν [784c] νομοφυλάκων ἑλομένους, οἷς ἂν ἐπιτρέψωσιν οἱ δὲ τάξωσι, τούτοις ἐμμένειν. Εἰσιοῦσαι δ' εἰς τὰς οἰκίας τῶν νέων αἱ γυναῖκες, τὰ μὲν νουθετοῦσαι, τὰ δὲ καὶ ἀπειλοῦσαι, παυόντων αὐτοὺς τῆς ἁμαρτίας καὶ ἀμαθίας· ἐὰν δ' ἀδυνατῶσι, πρὸς τοὺς νομοφύλακας ἰοῦσαι φραζόντων, οἱ δ' εἰργόντων. ἂν δὲ καὶ ἐκεῖνοί πως ἀδυνατήσωσι, πρὸς τὸ δημόσιον ἀποφηνάντων, ἀναγράψαντές τε καὶ ὀμόσαντες ἦ μὴν ἀδυνατεῖν [784d] τὸν καὶ τὸν βελτίω ποιεῖν. Ὁ δὲ ἀναγραφεὶς ἄτιμος ἔστω, μὴ ἑλὼν ἐν δικαστηρίῳ τοὺς ἐγγράψαντας, τῶνδε· μήτε γὰρ εἰς γάμους ἴτω μήτε εἰς τὰς τῶν παίδων ἐπιτελειώσεις, ἂν δὲ ἴῃ, πληγαῖς ὁ βουληθεὶς ἀθῷος αὐτὸν κολαζέτω. Τὰ αὐτὰ δὲ καὶ περὶ γυναικὸς ἔστω νόμιμα· τῶν ἐξόδων γὰρ τῶν γυναικείων καὶ τιμῶν καὶ τῶν εἰς τοὺς γάμους καὶ γενέθλια τῶν παίδων φοιτήσεων μὴ μετεχέτω, ἐὰν ἀκοσμοῦσα ὡσαύτως [784e] ἀναγραφῇ καὶ μὴ ἕλῃ τὴν δίκην. Ὅταν δὲ δὴ παῖδας γεννήσωνται κατὰ νόμους, ἐὰν ἀλλοτρίᾳ τις περὶ τὰ τοιαῦτα κοινωνῇ γυναικὶ ἢ γυνὴ ἀνδρί, ἐὰν μὲν παιδοποιουμένοις ἔτι, τὰ αὐτὰ ἐπιζήμια αὐτοῖς ἔστω καθάπερ τοῖς ἔτι γεννωμένοις εἴρηται· μετὰ δὲ ταῦτα ὁ μὲν σωφρονῶν καὶ σωφρονοῦσα εἰς τὰ τοιαῦτα ἔστω πάντα εὐδόκιμος, ὁ δὲ τοὐναντίον ἐναντίως τιμάσθω, μᾶλλον δὲ ἀτιμαζέσθω. Καὶ μετριαζόντων μὲν [785a] περὶ τὰ τοιαῦτα τῶν πλειόνων ἀνομοθέτητα σιγῇ κείσθω, ἀκοσμούντων δὲ νομοθετηθέντα ταύτῃ πραττέσθω κατὰ τοὺς τότε τεθέντας νόμους. Βίου μὲν ἀρχὴ τοῦ παντὸς ἑκάστοις ὁ πρῶτος ἐνιαυτός· ὃν γεγράφθαι χρεὼν ἐν ἱεροῖσι πατρῴοις ζωῆς ἀρχή. Κόρῳ καὶ κόρῃ παραγεγράφθω δ' ἐν τοίχῳ λελευκωμένῳ ἐν πάσῃ φρατρίᾳ τὸν ἀριθμὸν τῶν ἀρχόντων τῶν ἐπὶ τοῖς ἔτεσιν ἀριθμουμένων· τῆς δὲ φρατρίας ἀεὶ [785b] τοὺς ζῶντας μὲν γεγράφθαι πλησίον, τοὺς δ' ὑπεκχωροῦντας τοῦ βίου ἐξαλείφειν. Γάμου δὲ ὅρον εἶναι κόρῃ μὲν ἀπὸ ἑκκαίδεκα ἐτῶν εἰς εἴκοσι, τὸν μακρότατον χρόνον ἀφωρισμένον, κόρῳ δὲ ἀπὸ τριάκοντα μέχρι τῶν πέντε καὶ τριάκοντα· εἰς δὲ ἀρχὰς γυναικὶ μὲν τετταράκοντα, ἀνδρὶ δὲ τριάκοντα ἔτη· πρὸς πόλεμον δὲ ἀνδρὶ μὲν εἴκοσι μέχρι τῶν ἑξήκοντα ἐτῶν· γυναικὶ δέ, ἣν ἂν δοκῇ χρείαν δεῖν χρῆσθαι πρὸς τὰ πολεμικά, ἐπειδὰν παῖδας γεννήσῃ, τὸ δυνατὸν καὶ πρέπον ἑκάσταις προστάττειν μέχρι τῶν πεντήκοντα ἐτῶν.

L'ATHÉNIEN.

Il faut que l'époux et l'épouse se mettent dans l'esprit qu'ils doivent, autant qu'il dépend d'eux, donner à la [783a] république les enfants les mieux faits pour le corps et pour l'âme. Or dans les actions que les hommes font en commun, si chacun est attentif à soi-même et à ce qu'il fait, l'ouvrage ne peut manquer d'être beau et parfait: le contraire arrive, lorsqu'on n'a pas cette attention, ou qu'on n'est pas en état de l'avoir. Que le mari s'occupe donc sérieusement de sa femme et de la production des enfants ; que la femme en fasse autant de son côté ; surtout pendant le temps où ils n'auront encore eu aucun [784a] fruit de leur mariage. Nous choisirons des femmes pour veiller là-dessus, au nombre et dans 377 les cas que détermineront les magistrats. Elles s'assembleront tous les jours dans le temple d'Ilithye, pendant la troisième partie d'une heure : là elles se feront part réciproquement de la négligence qu'elles auront remarquée dans ceux des maris ou des femmes qui donnent des enfants à l'Etat à s'acquitter des devoirs qui leur ont été prescrits dans les sacrifices [784b] et les cérémonies du mariage. L'espace du temps où les époux feront des enfants, et où l'on veillera sur eux à cet égard, sera de dix ans; on ne l'étendra point au-delà, lorsque le mariage aura été fécond. Ceux qui durant cet intervalle n'auraient point eu d'enfants, seront séparés pour le bien commun de l'un et de l'autre, après qu'on aura pris l'avis de leurs parents et des matrones préposées à ce sujet. S'il s'élève quelque doute sur ce qui est convenable et avantageux au mari ou à la femme, on prendra pour juges dix [784c] d'entre les gardiens des lois, et l'on s'en tiendra à leur décision. Les matrones seront chargées aussi de visiter les jeunes mariés qui se comporteraient mal, et d'employer successivement la douceur et les menaces pour les tirer du désordre et de l'ignorance où ils sont. Si elles ne peuvent y réussir, elles porteront leurs plaintes aux gardiens des lois, qui range- 378 ront les coupables à leur devoir. Au cas qu'eux-mêmes n'en viennent point a bout, ils les dénonceront au public, en affichant leur nom, et protestant avec serment [784b] qu'ils n'ont pu corriger tel ou tel citoyen. Celui dont le nom aura été ainsi affiché, sera déclaré infâme à moins qu'il ne convainque en justice ses accusateurs de faux : il sera dépouillé du droit d'assister aux noces, et aux sacrifices pour la naissance des enfants : s'il ose s'y présenter, le premier venu pourra le frapper impunément. La même chose aura lieu à l'égard des femmes : elles ne pourront paraître en public avec les personnes de leur sexe, n'auront aucune part aux honneurs, et seront exclues des cérémonies pour les noces et la naissance des enfants, s'il leur arrive d'être dénoncées publiquement [784e] pour une pareille faute, et qu'elles ne puissent se justifier. Si un homme, après avoir eu des enfants selon les règles prescrites par les lois, a commerce avec une autre femme pour qui le terme de faire des enfants n'est point expiré, ou une femme avec un autre homme, ils seront soumis aux mêmes peines que ceux qui font encore des enfants. Qu'on accorde toute sorte de distinctions aux époux qui, après l'expiration de ce terme, se com- 379 porteront sagement : qu'on les refuse à ceux qui se conduiront mal, ou plutôt qu'on les couvre d'ignominie. Tant que le plus grand nombre se tiendra à cet égard dans les bornes [785a] du devoir, le législateur gardera le silence; mais si le contraire arrive, il portera des lois conformément à ce qu'on vient de dire. La première année étant pour chacun le commencement de la carrière de la vie, il est nécessaire d'en faire mention dans les chapelles domestiques, tant pour les garçons que pour les filles. On l'inscrira aussi dans chaque phratrie sur une muraille blanchie, dans la série des magistrats qui marquent les années. Dans chaque phratrie encore, [785b] à mesure qu'on écrira par ordre les noms des vivants, on effacera ceux des morts. Les filles pourront se marier depuis seize ans jusqu'à vingt; c'est le plus long terme qu'on puisse leur accorder; et les garçons depuis trente jusqu'à trente-cinq. Pour ce qui est des charges, les femmes ne pourront y entrer qu'à quarante ans, et les hommes qu'à trente. Les hommes porteront les armes depuis vingt ans jusqu'à soixante. Quant aux femmes, quelles que soient les occasions où l'on se croira obligé de les employer à la guerre, on ne le fera qu'après qu'elles auront cessé 380 d'avoir des enfants, jusqu'à l'âge de cinquante ans, et en ne leur ordonnant rien qui ne soit proportionné à leurs forces et bienséant à leur  sexe.


 

 

NOTES

439 LIVRE SIXIÈME.

PAGE 303. — Quelle que soit l'importance de la législation, tout État qui, après s'être donné le gouvernement le meilleur et les meilleures lois, prépose à leur exécution des magistrats incapables, non seulement ne tirera aucun avantage de la bonté de ses lois et s'exposera à un grand ridicule, mais encore...

Bekker, pages 412, 413. Παντί που δῆλον τὸ τοιοῦτον, ὅτι μεγάλου τῆς νομοθεσίας ὄντος ἔργου, τοῦ πόλιν εὖ παρεσκευασμένην ἀρχὰς ἀνεπιτηδείους ἐπιστῆσαι τοῖς εὖ κειμένοις νόμοις, οὐ μόνον οὐδὲν πλέον εὖ τεθέντων, οὐδ' ὅτι γέλως ἂν πάμπολυς συμβαίνοι, σχεδὸν δὲ βλάβαι καὶ λῶβαι πολὺ μέγισται ταῖς πόλεσι γίγνοιντ' ἂν ἐξ αὐτῶν.

La difficulté de cette phrase vient de ce qu'elle débute par deux génitifs absolus : Quoique la législation soit une affaire très importante, et qu'il faille s'appliquer à donner de bonnes lois à un État, μεγάλου τῆς νομοθεσίας ὄντος ἔργου ; cependant, quand l'État le mieux constitué prépose des magistrats incapables à l'exécution des meilleures lois, ὅταν ἡ πόλις εὖ παρεσκευασμένη ἀρχ. ἀνεπ. ἐπιστῆσῃ τοῖς εὖ κειμ. νόμ., c'est à-dire au moyen de l'infinitif absolu, τοῦ πόλιν εὖ 440 παρ... ἐπιστῆσαι... Suit la conclusion : Non seulement on ne gagne rien à avoir de bonnes lois, οὐ μόνον οὐδὲν πλέον εὖ τεθέντων, suppléez νόμων. Il n'y a donc aucun besoin de rien changer au texte, et cependant nul critique n'a osé le maintenir dans son intégrité. Henri Etienne, celui qui y change le moins, lit ἐκ τοῦ πόλιν... Heindorf propose τοῦ πόλιν εὖ παρεσκευασμένην ἄρχος ἐπιτηδείους ἔχειν, ἐκ τοῦ ἄρχος ἀνεπ. ἐπιστῆσαι, en rapportant τοῦ πόλιν jusqu'à ἐκ τοῦ ἀρχ. à μεγάλου ὄντος ἔργου. Ast adopte la correction d'Heindorf en changeant seulement ἐκ τοῦ ἄρχος ἀνεπ. ἐπιστῆσαι en εἰ ἀρχ. ἀνεπιτηδείους ἐπιστησεῖε.

PAGE 307 — Athènes et Sparte ont trop de fierté pour cela : d'ailleurs elles sont éloignées l'une de l'autre, au lieu que tu as toutes les facilités possibles, toi, et les autres fondateurs de la colonie aussi bien que toi.

Bekker, page 416. Μέγα μέν, ὦ Κλεινία, φρονοῦσιν αἱ Ἀθῆναι, μέγα δὲ καὶ ἡ Σπάρτη, καὶ μακρὰν ἀποικοῦσιν ἑκάτεραι· σοὶ δὲ κατὰ πάντα ἐμμελῶς ἔχει καὶ τοῖς ἄλλοις οἰκισταῖς κατὰ ταυτά, ὥσπερ τὰ περὶ σοῦ νῦν λεγόμενα

Ast a très-bien vu que κατὰ ταυτά, ὥσπερ τὰ περὶ σοῦ νῦν λεγόμενα est pour κατὰ ταυτὰ, ὥσπερ σοί, comme il y a déjà dans le troisième livre τὰ παρ' ἐμοῦ pour ἔγω ;  441 il a très-bien vu aussi que cet orgueil de ne pas vouloir aller habiter chez des étrangers s'applique surtout à Sparte, ou même ne s'applique qu'à elle seule, et que c'est par politesse que l'Athénien prête aussi cet orgueil à Athènes, et qu'il la met à cet égard au premier rang, n'ajoutant Sparte que pour faire entendre sa pensée sans blesser Mégille. Mais Ast ne semble pas avoir compris σοὶ δὲ κατὰ πάντα ἐμμελῶς ἔχει. Il en tend que Sparte et Athènes ne feront pas partie de la colonie de Clinias, mais qu'elles sont bien disposées pour elle, qu'elles la favoriseront en prêtant du secours à Clinias et aux autres fondatenrs. Mais le singulier ἔχει est nue difficulté grave ; Ast croit la résoudre en rapportant ἔχει à Athènes seule; ce qui est impossible, car ἑκάτεραι précède immédiatement. Il est bien plus simple d'entendre : Nous autres de Sparte et d'Athènes, nous ne pouvons habiter une colonie Cretoise ; cela n'est pas dans les habitudes de dignité de nos deux villes, et de plus il y a trop loin de chez nous à cette colonie ; mais cela te sied bien, à toi qui n'as pas ces deux raisons à donner, qui es Crétois, et qui n'es pas trop éloigné de cette colonie. Σοὶ ἐμμελῶς ἔχει est une phrase absolue comme bene habet.

PAGE 308. — En allant de divisions en divisions.

442 Bekker, page 417. Διὰ τομίων πορεύομενος. Toutes les éditions et Ast τῶν αὐτῶν. Ficin a passé ce membre de phrase. Cornarius : Per eosdem procedens. Grou : Procédant de la même manière. Tous les manuscrits ont τομίων, que Bekker a admis. Au premier abord, διὰ τομίων πορευόμενος veut dire : s'avançant au milieu des entrailles des victimes, c'est-à-diie faisant des sacrifices. Mais il serait étrange qu'une condition religieuse aussi importante fut exprimée aussi légèrement et rejetée comme dans un coin de la phrase. Henri Etienne, au mot τομίας : Aiunt aliquando poni pro separato selectoque, ut apud Platonem de Legibus. Il est évident que Henri Etienne avait en vue ce passage qui voudrait dire alors : procédant de choix en choix. D'abord on choisit 300 noms parmi tous les noms. Sur ces 300 on en choisit 100; sur ces 100, qui sont comme réservés, separati selectique, on choisit encore pour arriver aux 37 magistrats. C'est procéder par élimination. Ce sens est assez raisonnable. Mais alors l'accent serait sur l'ῶ et non sur l'ί. Reste qu'on fasse venir τομίων de τομίον, frustum, sans lui donner le sens particulier d'exta, et c'est ce parti que j'ai préféré : Procédant de divisions en divisions.

PAGE 309. — Autant il est nécessaire d'avoir des personnes qu'on puisse charger de ce soin, 443 autant il est impossible de les tirer des rangs des magistrats qui n'existent pas encore.

Bekker, page 417. Οἵτινες δὲ εἶεν ἂν πρὸς πασῶν τῶν ἀρχῶν γεγονότες οὐκ ἔστι.

Ast change πρὸς en πρὸ. Il faut avoir des présidents, mais comment en avoir avant l'institution de toute espèce de magistrature ? Tous les manuscrits portent πρὸς, un seul excepté, qui donne ἐκ. Ficin : ex omnibus magistratibus. J'ai entendu, en maintenant πρὸς : Comment les tirer, comme il le faudrait selon la loi, du sein de toutes les magistratures, lorsqu'aucune magistrature n'est encore instituée, puisqu'il s'agit de villes nouvellement formées.

PAGE 311. — Après quoi les Cnossiens resteront chez eux.

Bekker, page 419..Τὴν μὲν Κνωσὸν τοὺς Κνωσίους οἰκεῖν.

Resteront chez eux, c'est-à-dire ne se mêleront plus que de leurs propres affaires. Ficin et Grou ont fait un contre-sens en traduisant : Retourneront chez eux.

PAGES 315, 316. — Le sénat sera composé de 444 trente douzaines, c'est-à-dire de 560 sénateurs...nombre très-commode pour les divisions.

Bekker, pages 422,  423.

Voici l'idée que je me fais de cette élection des sénateurs : elle aurait trois degrés, comme l'élection des magistrats, dont il est question page 308. Là il s'agissait de 37 magistrats à choisir définitivement. On en nommait d'abord 300, puis sur 300 on en choisissait 100, enfin sur ces derniers on choisissait les 37 magistrats. Ici il s'agit d'élire définitivement 90 sénateurs dans chaque classe de citoyens, de manière à avoir en tout 360 sénateurs pour les quatre classes. Premier degré : on fait un premier choix, Platon ne dit pas de combien précisément, mais évidemment de plus de 180 par chaque classe. Deuxième degré : sur ce nombre indéterminé d'éligibles, on fait une seconde élection de 180. Troisième degré: sur ces 180, le sort désigne les 90 voulus. Grou a manqué cet endroit. Par exemple, voici comment il traduit ὀγγδοήκοντα δὲ καὶ ἑκατὸν ἐκλέζαντας ἀφ'ἑκάστων τῶν τιμημάτων : Après que les magistrats en auront choisi 180 de chaque classe, Ἐκλέξαντας ne se rapporte pas à τοὺς ἄρχοντας qui est quelques lignes plus haut, mais à πάντα ἄνδρα. Ce ne sont pas les magistrats qui interviennent au second degré de l'élection, mais bien tous les citoyens. Car si les magistrats choisissaient eux-mêmes 180 éligibles 445 dans chaque classe sur la liste primitive des candidats, et si le sort se chargeait ensuite d'éliminer la moitié de ces 180, pour arriver au nombre des 90 voulus pour chaque classe, il n'y aurait plus d'élection par le peuple, excepté au premier degré, c'est-à-dire au moins important. Aristote a parfaitement montré (Polit., II, 3) que ce mode d'élection est encore trop aristocratique, puisque les riches votent toujours pour toutes les classes, et que les pauvres peuvent ne pas le faire, ce qui rend le pouvoir électoral des riches beaucoup plus grand que celui des pauvres. Remarquons que dans ce passage d'Aristote la citation de Platon est si abrégée qu'elle en est fort obscure, et que le dernier traducteur de la Politique d'Aristote, M. Thurot, voulant la développer pour l'éclaircir, s'y est complètement trompé. Il fait dire à Platon (tome II, page 93) : « Tous les citoyens sont obligés de choisir (d'abord 90 sénateurs), mais pris dans la première classe, ensuite (90 autres) pris dans la seconde, ensuite autant pris dans la troisième,... et 90 aussi dans la quatrième... Enfin Socrate veut que parmi ces élus on prenne un nombre égal (la moitié ou 45) par chaque classe» » Ces nombres appartiennent au traducteur, et ils sont totalement faux; car si après avoir pris 90 noms dans chaque classe, on réduit par le sort les 90 de chaque classe à 45, on a pour résultat quatre fois 45, c'est-à-dire 180, et non 446 pas 360 que nous cherchons. Mettez donc d'abord 180, puis la moitié, c'est-à-dire 90.

PAGES 319, 320. — Bekker, page426.  Διὸ ξυλλόγωντε ἀεὶ δεῖ τοῦτο εἶναι τὸ προκαθήμενον τῆς πόλεως κύριον καὶ διαλύσεων, τῶν τε κατὰ νόμους τῶν τε ἐξαίφνης προσπιπτουσῶν τῇ πόλει.

Ni Ficin ni Grou n'ont bien compris ce passage. Construisez : Διὸ δεῖ τὸ προκαθήμενον τῆς πολέως κύριον ἀεὶ εἶναι ξυλλόγων τε καὶ διαλύσεων... προσπιπτουσῶν τῇ πόλει. Προσπιπτουσῶν, ainsi que τῶν τε κατὰ νόμους, τῶν τε ἐξαίφνης se rapporte aussi bien à ξυλλόγων qu'à διαλύσεων ; mais προσπιπτοντῶν eût été trop choquant après διαλύσεων.

PAGE 322. — Au sujet des interprètes...

Bekker, pages 428, 429. Τοὺς δὲ ἐξηγητὰς τρὶς φερέτωσαν μὲν αἱ τέτταρες φύλαι τέτταρας ἑκάστον ἐξ αὑτῶν

Αἱ τέτταρες φύλαι ne peut pas vouloir dire les quatre tribus, car il 7 en avait douze. D'un autre côté, je doute fort qu'il faille avec Ficin rapporter τοῖς à τέτταρες, ter quatuor, ni avec Ast τρίς à τέτταρας. Τρίς ne peut ici modifier que φερετωσαν, à trois reprises, trois fois. Or, il faut nommer douze interprètes ; c'est là le résultat voulu. Maintenant, il ny a 447 qu'un moyen de nommer douze interprètes à trois reprises : c'est de les nommer quatre par quatre. Ceci détermine le sens de τέτταρας ; et le sens de τέτταρας, bien fixé, détermine à son tour celui de τέτταρες, les douze tribus divisées quatre par quatre. Quatre tribus ainsi réunies nommaient quatre interprètes, sous la condition de prendre chacun d'eux dans chacune des quatre tribus, de sorte que chacune d'elles eût son représentant, et que toutes les quatre eussent concouru à le nommer: ἑκάστον ἐξ αὑτῶν. Plus bas, αἱ τέτταρες φύλαι doit s'entendre dans le même sens, les tribus par groupes de quatre. Ast, plus embarrassé cette dernière fois que la première, propose de retrancher τέτταρες. La traduction de Grou, que j'ai conservée : Les quatre tribus qui Pavaient nommé, est défectueuse. Lisez : Les tribus, divisées quatre par quatre, lui choisiront un successeur dans celle à laquelle il appartient. Sans doute quatre tribus con-couraient seules à cette élection ; mais elles représentaient toutes les autres, et c'est pourquoi Platon met en avant toutes les tribus, dont il rappelle en même temps la division électorale de quatre par quatre, ce qui indique assez qu'une seule division prenait part à l'élection nouvelle comme à la précédente.

PAGE 323. — Qui seront comme autant d'agronomes et de chefs de garde...

448 Bekker, page 430. Οἷον ἀγρονόμους τε καΐ φυλάρχους.

Φυλάρχους serait le mot propre, puisque ces agronomes n'inspecteront que le territoire de la tribu qui les aura nommés, et par conséquent en seront les commandants. Mais cette expression φυλάρχους, ayant été déjà appliquée à des fonctions militaires, j'ai mieux aimé lire ici φρουράρχους, qui est employé quelques lignes plus bas avec ἀγρονόμους.

PAGE 328. — Punis plus sévèrement que les simples gardes.

Bekker, page 434. Πλείονι τῶν νέων.

J'entends par τῶν νέων les simples gardes, lesquels sont des jeunes gens de vingt-cinq à trente ans. Grou: Sera soumis aux mêmes peines que s9il avait commis la faute, et même à de plus grièves. Je ne sais où il a pris même à de plus grièves.

PAGE 330. — Soit cryptes, soit agronomes.

Κρύπτους est une expression fort convenable, les gardes faisant exactement ici ce que les cryptes, κρύπτοι, faisaient à Lacédémone où la cryptie, comme je lai dit dans la note du livre premier, page 25, semble avoir été surtout un exercice militaire. Ast, ne voyant dans la cryptie Lacédémonienne que des embuscades contré les Ilotes, et ne reconnaissant 449 aucune analogie entre la cryptie ainsi entendue et les fonctions des gardes en cet endroit, rejette κρύπτους et propose φρούρους ou φύλακας.

PAGES 332, 333. — Jeunes garçons et jeunes filles, — hommes faits et jeunes filles.

Bekker, page 438. Ἀρρένων καὶ θηλειῶν κορῶν — ἀνδρῶν καὶ θηλειῶν κορῶν.

Θηλειῶν κορῶν, des jeunes filles du sexe féminin, semble un pléonasme bizarre. On est tenté d'abord d'entendre des jeunes gens du sexe féminin, de κόρος ; mais alors l'accent ne serait pas sur l'ῶ. Il faut donc que κορῶν vienne de κόρη ; et voici comment je suppose que Platon aura pu être conduit à ajouter κορῶν à θηλειῶν. Il aura mis d'abord θηλειῶν pris absolument par opposition à ἀνδρῶν, à ἀρρένων, des femmes en opposition à des hommes ; puis il aura modifié cette expression générale par celle de κορών, qui indique l'espèce de femmes dont il s'agit, c'est-à-dire des femmes vierges. — Ἐv ὀρχήσεσι καὶ τῇ τάξει τῇ ἁπάσῃ γιγνομένῃ μουσικῇ τοὺς ἄρχοντας αἱρεῖσθαι. Faut-il entendre ἄρχοντας ( ἐπι τῇ) μουσικῇ γιγνομένῃ ἐv ὀρχήσεσι καὶ ἐν τῇ τάξει ἁπάσῃ, ou bien ἀρχοντας ἐν ὀρχήσεσι καὶ ἐν τῇ τάξει μουσικῇ ἁπάσῃ γιγνομένῃ ? J'ai adopté ce dernier sens, tout en avouant que γιγνομένῃ a bien l'air de se rapporter à ἐν ὀρχήσεσι καὶ ἐν τῇ τάζει.

PAGE 336. — Choisissent au scrutin secret...

450 Bekker, page 441.  Φερόντων ψῆφον κρύβδην, τῶν νομοφάλακων...

Κρύβδην est pris dans un sens absolu et ne se rapporte point à τῶν νομοφυλάκων, comme l'ont pensé Ficin, Grou et Ast. Ce n'est pas à l'insu des gardiens des lois que les sénateurs devaient choisir le directeur de la jeunesse, mais au contraire parmi les gardiens des lois. Voilà pourquoi les gardiens des lois, parmi lesquels se trouvait l'homme à qui devait être confié le soin de diriger la jeunesse, ne pouvaient pas faire partie des examinateurs de ce candidat, πλὴν νομοφυλάκων, parce qu'on aurait pu leur supposer des préventions en sa faveur.

PAGE 345`. — Chers concitoyens, protecteurs des lois, celles que nous allons proposer sont défectueuses sous bien des rapports : cela est inévitable ; toutefois nous tâcherons de ne rien omettre d'important...

Bekker, page 448. Ὦ φίλοι σωτήρες νόμων, ἡμεῖς περὶ ἑκάστων ὧν τίθεμεν τοὺς νόμους πάμπολλα παραλείψαμεν· ἀνάγκη γὰρ ' οὐ μὴν ἀλλ...

Ἀνάγκη γάρ est une simple réflexion incidente de l'Athénien. Grou et Ast avec les anciennes éditions en font une phrase particulière qu'ils attribuent à Clinias.

PAGE 346. — Qu'enfin fallût-il être chassé de sa patrie, plutôt que de consentir à la voir sous le joug de l'esclavage et soumise à de mauvais maî- 451 très, ou fallût-il se condamner volontairement à l'exil, on soit disposé à souffrir tout cela plutôt...

Bekker, page 449. Τελευτῶν δὲ καὶ πόλεως, ἐὰν ἀνάστατον ἀνάγκη φαίνηται γίγνεσθαι πρὶν ἐθέλειν δούλειον ὑπομείνασα ζυγὸν ἂρχεσθαι ὑπὸ χειρόνων ἢ λείπειν φυγῇ τὴν πόλιν, ὡς πάντα τὰ τοῖαυτ' ἄρ' ἔσθ' ὑπομενεέίον πάσχοντας πρὶν...

Je ne puis admettre ici la ponctuation de Bekker. Si l'on met une virgule après πόλεως, je ne sais plus ce qui gouverne ce mot ; et je ne sais pas davantage à quoi rapporter ἢ λείπειν φυγῇ τὴν πόλιν, si on ne renferme pas ce membre de phrase dans la même proposition que ἐὰν ἀνάγκη φαίνηται γίγνεσθαι ἀνάστατον. Je propose donc, en maintenant intégralement le texte, de ponctuer ainsi : Τελευτῶν δὲ καὶ πόλεως ἐὰν ἀνάστατον ἀνάγκη φαίνηται γίγνεσθαι, πριν ἐθέλειν... ὑπὸ χειρόνων, ἢ λείπειν... c'est-à-dire ἐὰν ἀνάγκη φαίνηται γίγνεσθαι ἀνάστατον πόλεως ἢ λείπειν φυγῇ τὴν πόλιν. Ast a bouleversé toute cette phrase : il lit ἀνάστατος au lieu d'ἀνάστατον, met entre deux virgules, comme phrase incidente, ἐὰν ἀνάγκη φαίνηται, et propose alors, pour gouverner γίγνεσθαι et λείπειν, le verbe τολμὴσει ; et cette correction lui paraît si sûre, qu'il se reproche de ne l'avoir pas introduite dans le texte : Quœ quidem emendatio nunc tant certa videtur esse, ut pigeat fere verba, ut vulgo leguntur, id est, corrupta reliquisse. Il propose aussi de changer 452 ὑπομείνασα en ὑπομείνας. Il faut maintenir ὑπομείνασα qui se rapporte à πόλιν. — Ἑκάτερα se rapporte aux deux points de vue exprimés plus haut, savoir le point de vue de la vertu individuelle uniquement occupée de notre propre perfectionnement, et celui de la vertu politique.

ΡAGE 347. — Ainsi l'État tout entier est sous la direction du principe divin qu'il porte en lui, et qui en consacre toutes les parties.

Bekker, page 450. Διὸ καὶ πᾶσαν πόλιν ἄγει μὲν τὸ ξύμφυτον ἱεροῦν αὐτάς.

Grou : Cest pour cette raison que toute cité est sous la direction du dieu qui a une affinité avec elle, et qui la consacre. Autant de mots, autant d'erreurs. D'abord, il y a αὐτάς et non αὐτήν. Je rapporte ici avec Ast αὐτάς à πᾶσαν πόλιν, les diverses parties pour le tout, διανομὰς τῆς πόλεως pour πᾶσαν τὴν πόλιν, anacolouthie fréquente dans Platon où sans cesse le tout se dit pour les parties, les parties pour le tout, et ce qui est impliqué dans un antécédent pour cet antécédent lui-même, comme plus bas αυτούς après πόλις veut dire les membres de la πόλις, πόλιτας (p. 459) Ensuite j'entends πᾶσαν πόλιν dans le sens d'ὅλην, non pas toute cité, mais la cité tout entière. Enfin Grou, en traduisant  ξύμφυτον par un dieu qui a de l'affinité avec la trille, suppose qu'il s'agit ici des génies des diverses planètes ou dieux subalternes qui influent
y
SUR LES LOIS. 455 sur les choses de ce monde. Cette explication alam-biquée est fort inutile : το ξύμφυτον veut dire tout simplement la divinité locale, indigène, nationale, le dieu inné à une ville en quelque sorte, c'est-à-dire sous l'invocation duquel elle a été placée au moment de sa fondation, et qui, consacrant tout l'État, en sanctifie les moindres parties. Ce sens est indiqué par ce qui vient après, page 348 : Donnons à chaque portion de notre cité pour protecteur un dieu ou un enfant des dieux : έκαστη μοίρα θεον η θεών παΐ&α έπιφημίσαντες.
PAGE 348. — Pour nous, nous prétendons avoir préféré aveG raison le nombre de 5o4o, vu qu'il a pour diviseurs tous les nombres depuis l'unité jusqu'à douze, hormis onze ; encore est-il très-facile d'y remédier, car si on laisse de côté deux familles sur la totalité, on aura de part et d'autre deux diviseurs exacts.
Bekker, page 45ο. Αμεΐς οε ούν νυν φαμεν ορθότατα προηρησθαι τον των πεντακισχιλίων και τετταρακοντα αριθ-μόν, δς πάσας τας οΊανομάς έχει μέχρι τών δώδεκα άπο μιας άρζάμενος πλην ένϋεκάοΌς * αύτη ί'ίχει σμικροτατον ϊαμα' έπι θάτεραγαρ ύγιης γίγνεται ουοΐν έστίαιν άπονεμηθείσαιν.
J'ai suivi ici le sens de Grou et je reproduis son explication. En divisant 5o4o par 11, on a pour quotient 458 ~, de sorte que si on retranche deux unités de 5o4o, 11 et 458 en sont les diviseurs exacts. Ces deux unités sont ici deux familles. Grou, qu'Ast a 454 NOTES suivi, avoue que άπονεμηθείσαιν ne veut pas dire soustraire, retrancher, et il propose άποτμηθβίσβιν, qu'Ast ne manque pas d'adopter. Cornarius avait déjà traduit : his itaque detractis. Mais nul manuscrit ne donne άίΓοτμηθείσαιν.
Ibidem. — Sur la foi de ce discours comme sur celle d'un oracle...
Bekker, page 451. Πιστεύσαντες îr| τα νυν τΐ rstpoueii φη'μν) και λογω...
Grou : Sur la joi de cette tradition. Il n'est pas ici question de tradition, mais d'arithmétique; seulement cette arithmétique est prise mystiquement; φτίμη dît la même chose que λογω avec une certaine idée de sainteté attachée aux nombres, selon la doctrine pythagoricienne dont l'esprit est manifeste dans tout cet endroit
Ibidem. — Il est nécessaire de connaître la famille dans laquelle on prend une femme, la personne et la parenté de celui à qui on donne sa fille.
Bekker, ibidem. Παρ' ων ri τις άγεται και « και οίς έκοΛοωσι.
Και à semble étrange. On conçoit qu'un père veuille savoir à qui il donne sa fille, c'est-à-dire connaître et la personne de son gendre et sa famille (double sens d'olç), mais il n'a pas besoin de faire beaucoup d'effort pour savoir ce qu'il donne ; car ce qu'il donne, c'est sa fille qu'il connaît parfaitement. Ast, pour raccommoder ce passage, propose και r,v au
SUR LES LOIS. 455 lieu de και α, ce qui ne fait que montrer la difficulté sous une forme plus manifeste. lai vu ici un hellénisme, une redondance et une répétition de formes, pour dire seulement χαι olç ex&OWi α έκ&ίίωσι, quels sont ceux auxquels on donne ce quon donne, et dans ce cas toute la force de la phrase tombe sur οίς. Grou a lu φ χαι οίς, mais ω est implicitement renfermé dans οίς. Il reste toujours un peu étrange qu'il soit ici question et de la famille dans laquelle on se marie, et de celle à laquelle on donne sa fille, plutôt que des mariés eux-mêmes, des jeunes gens qui ont intérêt à se connaître avant de s'épouser, comme l'indique la phrase suivante. Cependant le choix des familles est aussi très-important, comme il est dit plus bas, page 351 : Celui qui se connaît impétueux et trop précipité dans ses démarches, doit travailler à devenir le gendre de citoyens modérés.
PAGE 349• — Tout, dans l'ensemble et dans les détails, sera réglé...
Bekker, page 45a. Χρο'νος μέν ούν μέτριος άμα χαι ικανός γίγνοιτ* αν... βπί πάντα και έκαστα ταχθβις...
J'ai entendu comme s'il y avait : έν ω πάντα και έκαστα ταχ(Μσονται.
PAGE 354• — Disons encore une fois qu'il faut enseigner aux pauvres qu'il y a égalité à ne rien recevoir et à ne rien donner faute de biens.
Bekker, page 456. ής ίσα αντί ϊσων έστί τω μητβ 456 NOTES
λαμβάνοντι (ΐτίτ' έκοΊοΌ'ντι 4*ια χρη|Αατων άπορίαν γηρΜ-κειν τους πένητας.
Il m'a été impossible de trouver à cette phrase aucun sens, en maintenant γηράσκειν que donnent Ficin, Henri Etienne, Cornarius, Grou, Bekker et la plupart des manuscrits, et il m'a fallu adopter avec Ast la leçon ο^άσκειν que donnent plusieurs manuscrits. Voici le sens que présente alors la phrase : Les pau-vres ont la manie de vouloir épouser des femmes riches : cela est injuste et contre le principe de 1 égalité, qui veut que celui qui ne donne rien ne reçoive ries. Il faut enseigner ce principe aux pauvres, et avec d'autant plus de raison qu'à la rigueur ils n'ont pas besoin de la dot de leurs femmes, puisqu'il a été pourvu à ce que tous les citoyens eussent le nécessaire. Je construis : ειρήσθω Se πάλιν Jaiv ίιίώχιη τούς πένητας ώς ϊσα άντι ϊσων έστί τφ p.rfre λαμ.6«ο•Ω μιίτ' έκ&ίο'ντι ό\α χρηρίάτων άπορίαν. Mais je suis bien loin d'être satisfait de cette explication, et je regrette de n'avoir pu faire un sens avec γηράσκ*ιν. Je joins ici la version de Ficin qui est tout-à-fait inintelligible, et celle de Grou qu'il n'est pas aisé de trouver dans le texte : Mqualia pro œqualibus esse : si qwdem neque qui acceperit rieque qui dederit, pecuniarum ùwpuicoih senescet. — Exiger que tes choses en ce point soùrt égales de part et d'autre, c*est réduire les pauvres citoyens à vieillir sans pouvoir trouver de parti ni po«r eux-mêmes ni pour leurs filles, faute de biens.
SUR LES LOIS. 457 PAGE 358. — Transmettant le flambeau de la vie de génération en génération.
Bekker, page 459• Καίάπερ λαμπάδα τον βιον παραδίδοντας άλλοις έξ άλλων.
Je ne puis m1 empêcher de remarquer que c'est ici la source première de cette belle comparaison, renouvelée tant de fois depuis Platon, et qu'en général on attribue à Lucrèce, II, 77 :
Et quasi cursores vitai lampada tradunt.
PAGE 36 ». — Et encore ce qui se passe en Italie, où des vagabonds exercent toutes sortes de brigandages.
Bekker, page 46ΐ• &αι cri τα των λεγομένων περιδί-νων των περί rfo Ιταλίαν γιγνομένων παντοδαπά κλοπών...
Λεγομένων indique que l'épithète περιδίνων était passée en surnom à des esclaves fugitifs qui, à ce qu'il paraît, infestaient alors l'Italie sur terre ou sur mer. Le Scholiaste explique περιδίνοι par pirates $ j'ignore sur quelle donnée historique, et je ne trouve aucun fait arrivé en Italie à l'époque où Platon écrivait, qui puisse éclairer ce passage.
PAGE 362. — Celui qui n'a rien à se reprocher de criminel ou d'injuste dans ses habitudes et ses actions par rapport à ses esclaves, sera aussi pour eux le plus habile maître de vertu.
Bekker, page 46*. Ô περί τα των δούλων ούν ήθη και πράζεις γιγνο'μενο'ς τις αμίαντος του τε άνοσίου πέρι χαι 458 NOTES SUR LES LOIS.
άδικου, σπείρειν εις αρετής έχφυσιν ίχανώτατος αν κ*.
Observer la justice envers ses esclaves, c'est la leur enseigner, c'est semer pour recueillir soi-même les fruits de sa bonne conduite : cette réflexion se rapporte au passage précédent, qu'il faut bien traiter ses esclaves, non seulement pour eux-mêmes, mais encore plus dans son propre intérêt, et c'est ce rapport qu'ouv indique probablement. Je conviens que τα w δούλων ήθη χαι πράξεις signifie naturellement les habitudes et les actions des esclaves, et non pas à l'égard des esclaves, et c'est le sens que Grou a préféré; mais alors toute la phrase est inintelligible.
PAGE 567. — Bekker, page 466. Και xowà »■ τούς χρή ζψ πράττοντας...
A quoi se rapporte αυτούς ? On ne peut évidemment le rapporter à νο'ρυς. Je le rapporte à πόλιτας sous-entendu et impliqué dans πο'λεσι.
PAGE 37a. — Par rapport à la manière de se nourrir, au boire et au manger.
Bekker, page 470. Κ-αί βρώσεως χαί πωμιάτων τε και βρω[λάτων...
Ast propose de retrancher χαι βρώσεως, comme redondant avec βρωμάτων. On peut dire que βρ&ε* exprime ici la manière de se nourrir en général, laquelle comprend πω(ΐατα, les boissons, et βρωρατβ) la nourriture solide.
FIN nu TOME SEPTIEME.
TABLE
DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME SEPTIEME.




ARGUMENT DES LOIS. PAGE ι
LITRE PREMIER. I
LIVRE DEUXIEME. 71
LITRE TROISIEME. I5O
LITRE QUATRIEME. a ο δ
LITRE CINQUIEME. »54
LITRE SIXIEME. 5O«
NOTES. 581





 

 

(01)  A Athènes les archontes étaient tenus, avant d'entrer en charge, de rendre compte non seulement de leur cens, de leurs biens et de leur propre vie antérieure, mais aussi de celle de leurs ancêtres. Pollux, VIII, 9, 85 et 86.

(02) Voyez la note de la page 303.

(03)  Une mine valait cent drachmes, et la drachme huit sous de notre monnaie.

(04) En Chalcide, selon Héraclide, on ne pouvait arriver  aux magistratures ni aller en ambassade avant cinquante ans.

(05) Commandants du continrent de cavalerie fourni par une tribu, φυλή.

(06) La τάξις était le contingent d'infanterie de la tribu, composé à peu près de 125 hommes.

(07) Voyez la critique que fait Aristote (II, 3) de ce modo d'élection.

(08) Ceux qui à Lacédémone faisaient la Criptie. Voyez le livre I, page 25.

(09) En Attique l'année commençait au solstice d'été; de sorte que le premier mois était alors en partie notre mois de juin, en parde celui de juillet, l'hécatombéon, ainsi nommé des sacrifices qu'on offrait aux dieux. Voyez Palmerius de anno atiico dans le Thés. grœc. ant. IX, p. 1114.

(10) La vertu considérée dans la vie privée et dans la vie publique.

(11) La loi des Jasiens défendait également d'inviter au repas de noces plus de dix hommes et de dix femmes. Fragments d'Héraclide.

(12) Sur les Mariandyniens voyez Aristote, Polit., VII, 5; Athénée, VI, 85; t. II, 510; Strabon, XII; Pausanias, Élide. Strabon parle aussi des Pénestes, ibid., et Suidas au mot Πένεσθαι. Aristote, Polit., Il, explique pourquoi les Ilotes se sont révoltés souvent contre les Spartiates, les Pénestes contre les Thessaliens, et jamais les Périœciens contre les Crétois.

(13) Odyss., XVII, 332.

(14) Voyez la critique que fait Aristote de cette opinion, Polit., VII, 11.