FRONTON
LETTRES
LETTRES
DE M. C. FRONTO
A ANTONIUS PIUS
Oeuvre numérisée et mise en page par Thierry Vebr
MARCI AURELII ET M. C. FRONTINIS EPISTOLAE M. C. FRONTINIS
EPISTULAE AD ANTONINUM PIUM. |
LETTRES DE MARCUS AURELIUS ET DE M. C. FRONTO.
LETTRES DE M. C. FRONTO A ANTONIUS PIUS
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EPISTOLA I Imperatori Antonino Pio Augusto Fronto. Ut meministi, Caesar, cum tibi in senatu gratias agerem, desiderio quodam ... quae distule... dicit ... nere senatu frequentior . . . . sum. Nam ... litteras, quae eo die recitabuntur ... tes ... librum ... Dominus ... Bene vale. |
LETTRE I A L'EMPEREUR ANTONINUS PIUS AUGUSTUS, FRONTO
Comme tu t'en souviens, César, au
moment où je te rendais grâce dans le sénat, à la vue d'une
assemblée plus nombreuse, je ne pus résister au désir de prononcer
ton éloge que j'avais différé jusqu'alors. *** |
EPISTOLA II M. Frontoni, Antoninus Caesar. Quantas... me tuo ... hercule ... optimo in tam trita assidua tibi materia invenire et posse. Sed videlicet valde potens est, quod summe efficere possis, etiam velle... Nihil istis sensibus validus, nihil elocutione, salva sanitate tamen, civilius. Neque enim hoc comittam, ut te justissima laude fraudem, dum metuo ne insolenter laudes meas laudem. Bene igitur accepisti et rectissimo opere, cui plane, seposita materia, omnis honor debetur. Ceterum ad ostentandum mihi animum tuum non multum egit : nam esse te benignissimum omnium factorum et dictorum meorum conciliatorem bene noveram. Vale, mi Fronto carissime mihi. Illa pars orationis tuae circa Faustinae meae honorem gratissime a tev adsumpta, verior mihi quam disertior visa est. Nam ita se res habet. Mallem, mehercule, Gyaris cum illa quam sine illa in Palatio vivere. |
LETTRE II A M. FRONTO, ANTONIUS CAESAR
*** Mais, que
dis-je ? celui-là est le plus puissant qui à la puissance de bien
faire joint encore la volonté. Rien de plus fort que ces pensées ;
rien de plus naturel, et pourtant rien de plus nerveux que cette
élocution. Car je n'irai pas te priver d'un éloge si mérité, par
crainte de louer impudemment mon propre éloge. Tu as donc bien
réussi, et par un très bel ouvrage, auquel, à part le sujet, tout
honneur est dû pleinement. Au reste, je n'avais pas besoin de ce
discours pour me faire connaître toute ton âme ; car je savais déjà
bien que toutes mes actions, toutes mes paroles trouvaient en toi un
approbateur plein de bonté. Adieu, mon très cher Fronto. |
EPISOLA III. ANTONIO PIO, FRONTO. Si evenire posset, imperator, ut amici ac familiares nostri nostris moribus cuncta agerent, maxime vellem; tum, si non moribus, at saltem ut consiliis ubique nostris uterentur. Sed quoniam suum cujusque ingenium vitam gubernat, fateor aegre ferre me, quod amicus meus Niger Censorius testamento suo, quo me heredem instituit, parum verbis temperarit. Id ego factum ejus improbus sim, si defendendo purgare postulem : immemor amicitiae, nisi saltem deprecando sublevem. Fuit sine dubio Niger Censorinus verborum suorum inpos et minus consideratus, sed idem multarum rerum frugi vir et fortis et innocens. Tuae clementiae est, imperator, unicam hominis verborum culpam cum ceteris ejus recte factis ponderare. Ego quidem cum ad amicitiam ejus accessi cum aliis qui rem p. strenua opera domi bellqiue promeruerant. Ut ceteros ejus amicos omittam, Turboni Marcio et Erucio Claro erat familiarissimus : qui duo egregi viri alter equestris, alter senatorii ordinis primarii fuerunt. Postea vero ex tuis etiam judiciis et plurimum et honoris et auctoritate accesserat. Talis ego viri amicitiam adpetivi. Haud sciam an qui dicat debuisse me amictiam cum eo desinere, postquam cognoveram gratiam ejus apud animum tuum imminutam. Numquam ita animatus fui, imperator, ut coeptas in rebus prosperis amicitias, siquid adversi increpuisset, desererem. Et omnino; cur enim non sententiam animi mei expromam? Ego eum qui te non amabit, hostis numero habebo : quem vero tu minus amabis miserum potius quam hostem judicabo. De.. Permultum refert improbes aliquid an oderis.. ciis et consiliis indigebat. Atque utinam Niger, sicut in plerisque mihi post paruit, ita consilium meum in testamento conficizendo rogasset! Haud umquam tantam maculam memoriae suae inussusset verbis inmoderatis ipsum se potius quam alios laedantibus. Nec... intervallum intercessisset, quo . . . . . . virum illo ipso tempore quo offendit : sed amando ita offendit, ut pleraque animalia, quibus abest ars et sedulitas educandi, ova atque catulos suos unguibus aut dentibus male contrectant, nec odio, sed imperitia nutricandi obterunt. Ego certe deos superos inferosque et fidem arcanam humanae amicitiae testor, me semper auctorem fuisse, cujus ... me ... animo ... utraque causas ... et sane ... hominem ... eum incidisse magis doleas, sed fideliter quem ... in eodem (agere) velle in quo ... et sane ... expectari poterat, in eo quem (corre)xerat. Nec... tanta benignitas et tot beneficia ... tibi autem non ... equidem ... cumque habeat suum finem. Res autem istas, quas nec (tacere) voluimus nec (negare) credimus, et, si dii aequi sunt, veras et congruentes simplicitati nostrae amicitiae, semper adsequamur. |
LETTRE III A ANTONINUS PIUS, FRONTO
Je voudrais
qu'il pût advenir, empereur, que nos amis et nos proches fissent
tout à notre guise, ce serait là mon premier voeu ; ou que du moins
sans faire à notre guise, ils suivissent en tout nos conseils ! Mais
puisque chacun gouverne sa vie d'après sa propre nature, je regrette
amèrement, je l'avoue, que mon ami Niger Censorius ait si peu modéré
ses paroles dans le testament où il m'institue son héritier. Je
serais un malhonnête homme si je voulais prendre la défense de cette
action pour en effacer la honte ; et un ami ingrat, si je n'essayais
de l'atténuer par mes instances. Sans doute Niger Censorius n'a pas
été maître de lui ; il n'a pas été assez réservé dans ses paroles ;
mais en bien des occasions il fut homme de probité, de courage,
d'intégrité. Il est de ta clémence, empereur, de peser une seule
parole coupable de cet homme avec tous les mérites de ses actions.
Je recherchai son amitié *** lorsque déjà, par son activité et ses
talents dans la paix et dans la guerre, il avait mérité l'affection
d'hommes excellents. Sans parler de ses autres amis, Turbo Marcius
et Erucius Clarus lui étaient intimement liés : tous deux hommes
distingués, et les premiers, l'un de l'ordre équestre, l'autre du
sénat. Dans la suite, tes jugements l'entourèrent d'honneur et
d'autorité : voilà l'homme dont je désirai vivement l'amitié. Je ne
sache personne qui ose dire que je devais en finir avec cette
amitié, à la nouvelle de sa faveur perdue auprès de toi. Jamais,
empereur, je n'eus le coeur fait de manière à déserter, au premier
bruit d'un revers, des amitiés commencées dans des jours prospères.
Oui, et en effet pourquoi ne pas dire tout haut toute la pensée de
mon âme ? oui, j'aurai pour ennemi celui qui ne t'aimera pas ; mais
celui que tu aimeras moins, je le regarderai plutôt comme un
malheureux que comme un ennemi.... Il importe beaucoup de savoir si
c'est ton blâme ou ta haine qu'il a encourue... Il avait besoin de
conseils et d'appui ; et plût aux dieux que Niger m'eût consulté sur
son testament, comme il l'a fait sur tant d'autres choses ! II
n'aurait pas attaché pareille souillure à sa mémoire par l'emploi
d'imprudentes paroles qui lui ont fait plus de tort à lui qu'à aucun
autre *** Mais, tout en l'aimant, il l'a blessé. Ainsi la plupart
des animaux à qui la nature a refusé le talent et l'adresse d'élever
leur progéniture, touchent mortellement de leurs dents et de leurs
ongles leurs petits, et les écrasent non par méchanceté, mais par
maladresse. Pour moi, j'en atteste les dieux du ciel et des enfers,
et la foi mystérieuse de l'amitié humaine *** Quant à ces secrets
que nous n'avons pas voulu nous cacher entre nous, que nous ne
croyons pas devoir nous refuser jamais, qui partent du cœur, les
justes dieux le savent, et qui s'accordent si bien avec la franchise
de notre amitié ; pour ceux-là, gardons-les toujours ! |
EPISTOLA IV Domino meo Caesari. Niger Censorius diem suum obiit. Quincuncem bonorum suorum nobis reliquit testamento cetera honesto, quod ad verba vero adtinet, inconsiderato, in quo irae magis quam decori suo consuluit. Inclementius enim progressus est in Cavium Maximum clarissimum et nobis observandum virum. Ob eam rem necessarium visum scribere me Domino nostro patri tuo, et ipsi Cavio Maximo, difficillimae quidem rationis epistulas : in quibus et factum Nigri mei, quod inprobabam, non reprehendere nequibam, et tamen amici atque heredis officium, ut par erat, retinere cupiebam. Haec ego te, ut mea omnia cetera, conatus mehercules ad te quoque de eadem re prolixiores litteras scribere : sed recordanti cuncta mihi melius visum non obtundere te, neque a potioribus avocare. |
LETTRE IV A MON SEIGNEUR CESAR
Niger
Censorius a fini ses jours. Il nous a laissé les cinq douzièmes de
ses biens par un testament, innocent d'ailleurs, mais d'un style
inconsidéré : il a consulté en l'écrivant plutôt sa colère que son
devoir. Car il s'est déchaîné avec une rigueur outrée contre Cavius
Maximus, homme fort illustre et bien digne de notre respect. A ce
sujet, j'ai cru nécessaire d'écrire à ton père, notre seigneur, et à
Cavius Maximus lui-même des lettres qui m'ont bien coûté. Je ne
pouvais m'empêcher d'y blâmer Niger, que je désapprouvais ; et
cependant je désirais et il était juste d'y garder les ménagements
d'un ami et d'un héritier. Enfin, comme je fais de toutes mes
affaires, j'ai voulu t'apprendre celle-ci ; j'ai même essayé de
t'écrire à ce sujet une plus longue lettre, mais, par réflexion,
j'ai jugé plus convenable de ne pas t'étourdir ainsi, ni te
détourner d'occupations meilleures. |
EPISOLA V. Antonino Pio Augusto Fronto. Vitae meae parte adipicisci cupio, ut te complecterer felicissimo et optatissimo initi imperii die, quem ego diem natalem salutis, dignitatis, securitatis meae existimo. Sed dolor umeri gravis, cervicis vero multo gravissimus ita me adflixit, ut adhuc usque vix inclinare me vel erigere vel convertere possim : Ita immobili cervici utor. Sed apud Lares, Penates deosque familiares meos et reddidi et suscepi vota, et precatus sum, uti anno insequenti bis te complecterer ista die, bis pectus tuum et manus exoscularer, praeteriti simul et praesentis anni vicem persequens. |
LETTRE V A ANTONINUS PIUS AUGUSTUS, FRONTO
Je donnerais
avec joie la moitié de ma vie pour t'embrasser en ce jour
anniversaire de ton avènement à l'empire, jour si heureux et si
désiré, que je regarde comme le premier jour de mon salut, de ma
gloire, de ma sécurité. Mais une violente douleur de l'épaule et une
douleur du cou plus violente encore m'accablent tellement que je ne
puis ni me baisser, ni me relever, ni me tourner ; je suis tout
immobile. Mais j'ai adressé des actions de grâce et des vœux à mes
Lares, à mes Pénates, à mes dieux domestiques ; je leur ai demandé,
avec prières, de pouvoir, l'an prochain, à pareil jour, t'embrasser
deux fois, baiser deux fois ta poitrine et tes mains, et acquitter
ainsi la double dette du passé et du présent. |
EPISTOLA VI. Ab Augusto rescriptum.
Cum bene
perspectas habeam sincerissimas in me adfectiones tuas, tum et ex
meo animo non difficile mihi persuasi, mi Fronto karissime,
vel praecipue hunc diem quo me suscipere hanc stationem placuit, a
te potissimum vere religioseque celebrari. Et ego quidem et vota
tua, et te mente, ut par erat, repraesentavi ... |
LETTRE VI RÉPONSE DE L'EMPEREUR
Comme je
connais par expérience toute la sincérité de ton affection pour moi,
je n'ai pas eu de peine à me persuader, mon très cher Fronto, que tu
as dû surtout célébrer de préférence et avec une âme vraiment
religieuse le jour où il a plu aux dieux de me confier ce poste ; et
je me suis retracé, par la pensée, comme je le devais, et tes vœux
et ta présence… |
EPISTOLA VII.
Cavio Maximo,
Fronto. |
LETTRE VII (A CAVIUS MAXIMUS, FRONTO)
La douleur,
jointe au ressentiment, a troublé l'esprit de cet homme.... Le
ressentiment a été le poison et la perte de ses autres vertus....
Mais que personne ne blâme mon amitié pour Niger, avant d'avoir
blâmé celle que tu avais pour lui. D'ailleurs, je n'avais pas
commencé à cause de toi d'aimer Niger, pour cesser de l'aimer à
cause de toi ; et toi-même, ce n'est pas sur la recommandation de
Niger que tu as commencé de m'aimer. C'est pourquoi, je t'en
supplie, qu'une amitié qui ne nous a pas servi ne nous nuise point.
Et, s'il faut le dire, les dieux me sont témoins que bien souvent
j'ai vu Niger Censorius fondre en larmes de regret et de douleur de
cette séparation. Mais un autre temps viendra peut-être où je
pourrai t'apaiser et remettre sa mémoire en grâce avec toi. En
attendant, ne prête pas l'oreille à la malignité de ces hommes qui
te rendent, par la calomnie, ma fidélité suspecte. Je l'ai gardée
ferme et sincère pour Censorius : n'ai-je point une raison plus
puissante encore de m'efforcer de la conserver pour toi éternelle et
inaltérable ? |
EPISTOLA VIII. Antonino Pio Augusto, Fronto.
Omnem operam
me dedisse, sanctissime imperator, et inpenso studio cupisse fungi
proconsulari munereres ipsa testis est. Nam et de jure sortiendi,
quoad incertum fuit, disceptavi, et postquam jure liberorum prior
alius apparuit, eam quae mihi remansit splendidissimam provinciam,
pro electa habui. Post illa quae(cumque) ad instruendam provinciam
adtinerent, quo facilius a me tanta negotia per amicorum copias
obirentur, sedulo praeparavi: Propinquos et amicos meos, quorum
fidem et integritatem cognoveram, domo accivi. Alexandriam ad
familiares meos scripsi ut Athenas festinarent, ibique me
opperirentur, iisque graecarum epistularum curam doctissimis viris
detuli. Ex Cilicia etiam splendidos viros, quod magna mihi in ea
provincia amicorum copia est, cum publice privatimque semper negotia
Cilicum apud te defenderim, ut venirent hortatus sum. Ex Mauretania
quoque virum amantissimum mihique mutuo carum Julium Senem ad me
vocavi, cujus non modo fide et diligentia, sed etiam militari
industria circa quaerendos et continendos latrones adjuvarer. |
LETTRE VIII A ANTONINUS PIUS AUGUSTUS, FRONTO Que j'aie donné tous mes soins, très saint empereur, que j'aie prodigué toute l'activité de mon zèle à m'acquitter de mes fonctions proconsulaires, c'est ce que témoigne le fait lui-même. Car, tant que l'incertitude a duré, j'ai contesté sur les droits du sort ; et lorsque par le droit des enfants un autre vint à occuper la première place, j'ai accepté comme de mon choix l'opulente province qui me resta. Je disposai ensuite avec soin tout ce qui tendait à régler mon gouvernement, afin de pouvoir plus aisément, à l'aide de mes amis, exécuter de si grands travaux. Je fis venir chez moi mes proches et tous ceux dont je connaissais la foi et l'intégrité. J'écrivis à mes amis d'Alexandrie de se rendre au plus tôt à Athènes, et de m'y attendre ; et ce fut à ces savants hommes que je confiai le soin d'écrire les lettres en grec. J'engageai même des personnages fort illustres à venir de la Cilicie ; car j'ai là de nombreux amis, pour avoir toujours, homme public ou privé, défendu auprès de toi les intérêts de cette province. J'ai appelé aussi de la Mauritanie un homme qui me porte et à qui je rends une vive affection, Julius Senex, dont la probité et le zèle, et plus encore les talents militaires, devaient m'aider à rechercher et à contenir les brigands ; et je m'appuyais, en agissant ainsi, sur l'espérance de pouvoir, par une nourriture légère et de l'eau pour boisson, sinon guérir entièrement ma mauvaise santé, au moins mettre plus d'intervalle entre les moments de crise, et en affaiblir la violence. Je parvins ainsi à me soutenir plus longtemps que de coutume ; et je repris assez de force et de vigueur, pour pouvoir te présenter la défense difficile et laborieuse des deux amis. Mais tout à coup ma santé s'affaiblit tellement, qu'elle me fit croire que toute mon espérance évanouie … |
EPISTOLA IX. (ANTONINO PIO AUGUSTO, FRONTO.) ... Amicorum meorum fecit modestia nequid improbe peterem... Equitis romani unius contubernalis mei Sextii Calpurnii dignitatem rogatu meo exornasti duabus jam procurationibus datis. Ea ego duarum procurationum beneficia quater numero ; bis cum dedisti procurationes, itemque bis cum excusationes recepisti. Supplicavi tibi jam per biennium pro Appiano amico meo, cum quo mihi et vetus consuetudo, et studiorum usus prope quotidianus intercedit. Quin ipsum quoque certum habeo et adfirmare ausim eadem modestia usurum , qua Calpurnius Julianus meus usus est : dignitatis eoim suae in senectute ornandae causa, non ambitione aut procuratorïs stipendii cupiditate optat adipisci hunc honorem. Quom primum pro Appiano petivi, ita benigne admisisti preces meas, ut sperare deberem. Proximo superiore anno petenti mihi propitius multa respondisti : illud vero etiam comiter, futurum ut cum Appiano, me rogante, procurationem dedisses, causidicorum scatebra exoreretur idem petentium. Meministi etiam quem de Graecia propitius et ridens nominaveris. Sed multa (dis)tant : aetas, orbitas, cui leniendae solaciis opus est. Ausim dicere honestatem quoque et probitatem inter diios bonos viros nonnihil tamen distare : quod propterea facilius dico, quoniam ilium , cui amicum meum antepono, non nominavi. Postremo dicam quomodo simplicitas mea et veritas me dicere hortantur et fiducia amoris erga te mei , profecto aequius esse ilium quoque propter me impetrare. Memento etiam, domine imperator, cum ille meo exemplo petet, me biennio hoc petisse. Igitur illi quoque, si videbitur, post biennium dato. Fecerit exemplo nostro, si ipse quoque se tibi impetraverit excusare.
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LETTRE IX A ANTONINUS PIUS AUGUSTUS, FRONTO Le désintéressement de mes amis a fait que je ne t'ai point importuné de mes demandes. *** Sur ma prière, tu as élevé à la dignité de chevalier romain Sextius Calpurnius, le seul qui m'ait suivi dans ma province : tu lui as offert deux nouvelles charges de procurateur. Pour moi, je compte quatre bienfaits à l'occasion de ces deux charges : deux dans l'offre des charges, et deux dans l'accueil que tu fis de ses refus. Déjà, pendant deux ans, je t'ai supplié pour Appianus, mon ami, auquel m'unissent et d'anciennes liaisons, et l'habitude presque quotidienne des mêmes études. Mais, j'en suis certain, et j'oserais l'affirmer, il aura la même retenue que mon Calpurnius Julianus : car, c'est comme un ornement de sa vieillesse et non par ambition ou avidité qu'il souhaite d'obtenir cet honneur. A ma première demande en faveur d'Appianus, tu reçus ma prière avec tant de bonté, que c'était pour moi un devoir d'espérer. L'année dernière tu répondis à ma demande avec plus de bienveillance encore ; mais en ajoutant avec esprit qu'une fois Appianus pourvu selon mes vœux, on verrait éclore un essaim de demandeurs qui en voudraient autant. Tu m'as rappelé même celui que volontiers et avec plaisir tu aurais nommé pour la Grèce. Mais quelle différence entre eux ! la vieillesse et le veuvage à consoler ! J'ose dire que la probité et la délicatesse de deux hommes de bien diffèrent en quelque chose : et j'en parle d'autant plus à mon aise, que je n'ai pas nommé celui auquel je préfère mon ami. Enfin je le dirai, et c'est ma pureté d'intention, c'est la vérité, c'est la confiance que me donne mon amitié pour toi, qui m'engagent à le dire ; il est plus juste aussi que mon souvenir lui porte bonheur auprès de toi. Souviens-toi encore, seigneur empereur, lorsqu'il te sollicitera, à mon exemple, que moi-même j'ai été deux ans un solliciteur. Accorde-lui donc aussi, si tu le trouves bon, après deux années, cette faveur ; il ne lui manquera plus, pour suivre encore notre exemple, que de te présenter un refus et d'obtenir que tu l'acceptes |