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CLEANTHEHYMNE A ZEUS
Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
CLEANTHEHYMNE A ZEUS
Traduction de Henri-Frédéric Amiel
O toi qui reçus
mille noms, Dieu tout-puissant, maître du ciel,
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Hymne de Cléanthe, le Lycien, second fondateur du Portique, traduite du grec de Stobée.
O! toi, qui as plusieurs noms, mais dont la force est une et infinie ! O Jupiter, le premier des immortels, souverain de la nature, qui gouvernes tout, qui soumets tout à une loi ! je te salue; car il est permis à l’homme de t’invoquer. Tout ce qui vit, tout ce qui rampe, tout ce qui existe de mortel sur la terre nous naquîmes de toi, nous sommes de toi une fidèle image. Je t’adresserai donc mes hymnes, et je ne cesserai de te chanter. Cet univers suspendu sur nos têtes, et qui semble rouler autour de la terre, c’est à toi qu’il obéit il marche et se laisse, en silence, gouverner par ton ordre. Le tonnerre ministre de tes lois, repose sous tes mains invincibles ; ardent, cloué d’une vie immortelle, il frappe, et la nature s’épouvante. Tu diriges l’esprit universel qui anime tout, et vis dans tous les êtres; tant, ô vrai Dieu suprême ! ton pouvoir est illimité, et souverain! Génie de la nature! dans les cieux, sur la terre, sur les mers, rien ne se fait, ne se produit sans toi, excepté le mal, qui sort du cœur du méchant. Par toi, la confusion devient l’ordre; par toi, les éléments qui se combattent, s’unissent. Par un heureux accord, tu fonds tellement ce qui est bien avec ce qui ne l’est pas, qu’il s’établit, dans le tout, une harmonie générale et éternelle. Seuls, parmi tous les êtres, les méchants rompent cette grande harmonie du monde. Malheureux, ils cherchent le bonheur, et ils n’aperçoivent point la loi universelle, qui, en les éclairant, les rendrait, à la fois, tous bons et heureux ; mais tous, s’écartant du beau et du juste, se précipitent chacun vers l’objet qui l’attire ils courent à la renommée, à de vils trésors, à des plaisirs qui en les séduisant, les trompent. O Dieu qui verses tous les dons! Dieu à qui les orages et la foudre obéissent ! écarte de l’homme cette erreur insensée ; daigne éclairer son âme ; attire-la jusqu’à cette raison éternelle, qui lui sert de guide et d’appui dans le gouvernement du monde, afin qu’honorés nous-mêmes, nous puissions t’honorer à ton tour, célébrant tes ouvrages par un hymne non interrompu, comme il convient à l’être faible et mortel car, ni l’habitant de la terre, ni l’habitant des cieux n’a rien de plus grand que de célébrer dans la justice la raison sublime qui préside à la nature.
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