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table des matières de l'oeuvre d'Aristote
ARISTOTE
. Derniers Analytiques. 1 à 292 livre 2 187 texte grec Table des chapitres du troisième volume. 293 à 300 Table des matières du troisième volume. 301 FIN DU TROISIÈME VOLUME.
SECTION PREMIÈRE.
POSSIBILITÉ DE LA DÉMONSTRATION.
Principe général de toute connaissance rationnelle : application à
toutes les sciences. - Les notions antérieures sont de deux espèces,
selon qu'elles se rapportent à l'existence de la chose, ou au mot
qui exprime la chose. - Notions immédiates et simultanées : la
notion de l'universel contient implicitement la notion de tous les
cas particuliers. - Théorie du Ménon sur la réminiscence. -
Objection sophistique et réfutation de cette objection ; solution
vraie de la question.
SECTION DEUXIÈME.
DÉFINITION ET ÉLÉMENTS DE LA DÉMONSTRATION.
Définition générale de la science. - La science peut s'acquérir par la
démonstration. - Définition de la démonstration; principes de la démonstration ;
conditions indispensables de la démonstration; les principes de la démonstration
doivent être vrais, indémontrables, causes de la conclusion et antérieurs à
elle; antérieur et plus notoire peut s'entendre de deux façons. - Le principe de
la démonstration est la proposition immédiate. - La proposition immédiate se
divise en thèse et en axiome; la thèse se divise en hypothèse et en définition.
- Les principes sont plus connus que la conclusion; les opposés des principes
sont aussi connus que les principes.
Deux objections contre la science démonstrative : 1° la science démonstrative
est impossible; car il n'y a point de principes et il y a progrès à l'infini ;
ou s'il y a des principes, on ne les sait pas puisqu'on ne peut les démontrer. -
Réponse : toute science ne vient pas de la démonstration; et par exemple, celle
des propositions immédiates est indémontrable; les principes de la science sont
les termes, les définitions. - 2° La science démonstrative est possible, mais la
démonstration est circulaire et réciproque. - Réponse : la démonstration
circulaire mène à cette contradiction évidente qu'une même chose est à la fois
antérieure et postérieure à une autre ; la démonstration circulaire prouve le
même par le même; la démonstration circulaire n'est possible que dans le premier
mode de la première figure, et seulement encore pour les termes réciproques;
fausseté de cette théorie.
Principe général : Toute conclusion démontrée est nécessaire, parce
que les principes dont elle sort sont nécessaires; définition de la
démonstration.
Conditions de la nécessité dans les propositions. 1° II faut que le
sujet soit pris dans toute son extension. 2° Il faut que
l'attribution soit essentielle. 3° Il faut que l'attribut soit
universel, c'est-à-dire, aussi étendu que le sujet.
Quatre sortes d'erreurs possibles dans la démonstration universelle. - 1° Quand
la démonstration s'arrête à l'individuel et ne va pas jusqu'à l'universel auquel
l'individu se rattache. - 2° Ou les individus se rattachent. - 3° Quand il n'y a
pas de mot spécial pour l'universel et qu'on se borne à démontrer les espèces.
- 4° Quand on confond la démonstration de toutes les espèces avec celle de
l'universel. - Exemples: 1° de la quatrième erreur, 2° de la première, 3° de la
troisième, 4° de la seconde.
Règle générale : il n'y a démonstration universelle que quand on est parvenu au
primitif universel; le primitif universel est le terme dont le retranchement
détruit la démonstration, et dont l'admission la rend possible.
Développement du principe général que la démonstration est formée de
propositions nécessaires.
1° La conclusion démontrée est nécessaire; les prémisses doivent donc l'être
aussi. - 2° Avec des prémisses nécessaires, on arrive toujours à une conclusion
démontrée. - 3° La nature même des objections contre les conclusions non
démontrées prouve que la conclusion démontrée doit venir de prémisses
nécessaires; les sophistes ont tort de croire qu'il suffit pour démontrer de
propositions probables et vraies. - 4° Des prémisses non nécessaires ne peuvent
donner une conclusion nécessaire; il faut que le moyen soit nécessaire comme les
deux autres termes.
II n'y a pas de démonstration pour l'accident; il faut que les prémisses soient
essentielles, de même qu'il faut qu'elles soient nécessaires.
Les prémisses et la conclusion doivent toujours être prises dans un seul et même
genre, attendu que les extrêmes et le moyen doivent être essentiels.
Exception : la démonstration peut passer d'un genre à un autre, quand l'un des
genres est subordonné à l'autre comme l'optique l'est à la géométrie.
Distinction des questions qui tiennent aux principes propres des choses ou qui
ne tiennent aux choses que relativement à des principes différents.
Toute conclusion démontrée est éternelle : il n'y a donc pas de démonstration
pour les choses périssables, de même qu'il n'y a pour elles que science
d'accident. - Les définitions sont éternelles comme les démonstrations, dont
elles ne sont qu'une forme. - La démonstration peut s'appliquer à certaines
choses passagères, mais dont l'essence est éternelle, par exemple certains
phénomènes naturels.
La démonstration d'une chose ne résulte jamais que des principes propres à cette
chose, et non point de principes communs à d'autres choses et à celle-là ; la
démonstration donnée par des principes communs n'est jamais qu'accidentelle;
elle n'est point essentielle.
Exception pour les sciences subordonnées les unes aux autres, où les
démonstrations peuvent se faire par des principes communs.
Les principes propres sont indémontrables; la science de ces principes propres,
source de toutes les démonstrations, est la science suprême dans chaque genre;
difficulté de reconnaître les caractères de la science véritable.
Définition des principes : les principes sont ce dont on ne peut démontrer
l'existence. - Division des principes en principes propres et principes communs;
exemples des uns et des autres ; éléments essentiels de toute démonstration au
nombre de trois.
La démonstration ne suppose pas la théorie des idées platoniciennes ; elle n'a
besoin que de l'universel résidant dans la pluralité des individus, et non pas
distinct des individus.
La démonstration n'exprime pas ordinairement le principe de contradiction sur
lequel repose toute démonstration ; exception. - C'est surtout la démonstration
par l'absurde qui fait usage de ce principe; et elle le restreint toujours au
genre en question.
Les sciences communiquent entre elles par les principes communs ; la dialectique
et la science des principes sont communes à toutes les autres sciences ; mais la
dialectique ne démontre pas.
La dialectique n'est pas la seule à employer l'interrogation ; l'interrogation
peut conduire aussi à la science : conditions des interrogations propres à la
démonstration et à la science.
Interrogations contraires à la science; conditions du paralogisme; il doit être
tiré des mêmes principes, et être pris dans le même genre que le syllogisme; le
paralogisme peut tenir à l'homonymie; des irrégularités dans la forme du
syllogisme ne produisent pas toujours un paralogisme. - Si le paralogisme est
possible, c'est parce qu'on peut tirer une conclusion vraie de prémisses
fausses.
Différence entre la démonstration du fait et la démonstration de la cause : pour
la première, le moyen terme n'est qu'un effet immédiat ; pour la seconde, il est
la cause immédiate.
1° Dans une même science : exemples d'une démonstration du fait; si l'effet et
la cause sont d'extension égale, en renversant les termes, on obtient la
démonstration de la cause : scintillation des planètes, sphéricité de la lune. -
Si le moyen terme au lieu d'être un effet immédiat ou la cause immédiate n'est
qu'une cause éloignée, on ne démontre que le fait et non la cause du fait;
exemple : le syllogisme est alors dans la seconde figure.
2° Dans des sciences diverses ; en général, c'est la science inférieure qui
démontre le fait ; c'est la science supérieure à laquelle la première est
subordonnée, qui démontre la cause: exemples divers.
La première figure du syllogisme est celle qui est la plus propre à donner la
science ; c'est dans cette figure que se forme ordinairement le syllogisme de la
cause; elle est la seule qui puisse donner les éléments de la définition
essentielle des choses; elle se suffit à elle-même, tandis que les autres
figures ont besoin d'elle.
Les propositions immédiates peuvent être négatives aussi bien qu'elles sont
affirmatives.
SECTION TROISIÈME.
DE L'IGNORANCE OPPOSÉE A LA SCIENCE DÉMONSTRATIVE.
De l'ignorance positive dans les propositions immédiates: cette
ignorance peut être produite par syllogisme.
Dans la seconde figure. - Conclusion négative et erronée: les
propositions ne peuvent être toutes deux entièrement fausses; mais elles
peuvent être toutes deux fausses en partie, dans les deux premiers
modes; l'une des deux seulement peut être fausse, soit majeure, soit
mineure, dans l'un ou l'autre mode.
De l'ignorance positive dans les propositions médiates.
Conclusion erronée et négative, obtenue dans la première figure, soit par le
terme moyen qui pourrait servir à donner la conclusion vraie, soit par un moyen
d'une série voisine, soit par un moyen étranger, sujet et non sujet du majeur.
-
Dans la seconde figure; vérité et fausseté des propositions.
Conclusion erronée et affirmative obtenue dans la première figure soit par le
terme moyen propre, soit par un moyen d'une série voisine, soit par un moyen
étranger, sujet ou non sujet du majeur; vérité et fausseté des propositions.
De l'ignorance négative par quelque défaut naturel dans les sens ; la
démonstration s'appuie sur l'universel, qui vient de l'induction comme
l'induction vient du particulier; et le particulier n'est perçu que par la
sensibilité, sans laquelle il n'y aurait ni induction, ni démonstration
possible.
SECTION QUATRIÈME.
MÉTHODE POUR REMONTER DES PROPOSITIONS MÉDIATES AUX PROPOSITIONS
IMMÉDIATES, ET DÉGAGER LES ÉLÉMENTS DE LA DEMONSTRATION.
Les principes de la démonstration sont-ils limités ou infinis? 1° Les
attributs sont-ils limités ou infinis? 2° Les sujets sont-ils limités ou
infinis? En d'autres termes, peut-on, en par-tant du sujet. remonter
sans fin d'attributs en attributs; en partant de l'attribut, descendre
sans fin de sujets en sujets? 3° Les extrêmes étant limités, les moyens
peuvent-ils être infinis?
Si les extrêmes sont limités, les moyens ne peuvent pas être infinis,
car alors on ne pourrait jamais arriver à unir les extrêmes.
S'il y a des limites pour la démonstration affirmative, il y en a
également pour la démonstration négative; dans celle-ci non plus que
dans la première, les moyens ne peuvent être infinis. - Démonstration
négative dans la première figure; démonstration négative dans la
seconde; démonstration négative dans la troisième; démonstration
négative dans les trois figures à la fois : le nombre des moyens termes
est toujours limité.
Dans toute proposition affirmative les sujets sont limités comme les attributs;
il y a toujours une limite en descendant aussi bien qu'en remontant.
Preuves dialectiques de ce principe ; espèces diverses des attributions;
l'attribution vraie est l'attribution essentielle; l'accident est toujours dans
un sujet autre que lui ; critique de la théorie des idées; il ne peut y avoir
d'accident d'accident, parce que l'accident ne peut jamais être sujet, il faut
toujours remonter à un sujet primitif ; si les attributs et les sujets étaient
infinis, la démonstration serait impossible.
Preuves analytiques de ce principe; la démonstration n'emploie que des attributs
essentiels; ces attributs sont limités puisqu'ils servent à définir les choses;
ils s'arrêtent à la substance, leur sujet primitif; les moyens sont limités
aussi, puisqu'on peut unir les extrêmes dans une proposition.
Une même chose peut être attribuée immédiatement, non pas uniquement à
une seule, mais à plusieurs; autrement, il faudrait admettre que le
nombre des moyens termes pourrait être infini. - Il y a toujours autant
de démonstrations qu'il y a de moyens.
Principe général pour remonter des propositions médiates aux
propositions immédiates, soit affirmatives, soit négatives : insérer
entre les deux extrêmes autant de moyens qu'il y en aura, en ayant soin
de toujours prendre pour moyens des attributs essentiels ; les
propositions deviennent de moins en moins larges, et elles arrivent à
l'indivisible, c'est-à-dire, à l'immédiat. - Application de ce principe
aux syllogismes affirmatifs de la première figure, aux syllogismes
négatifs de cette même figure, aux syllogismes de la seconde, et enfin
aux syllogismes de la troisième.
SECTION CINQUIÈME.
DES DIVERSES ESPÈCES DE LA DÉMONSTRATION
ET DE LA SCIENCE.
La démonstration universelle est supérieure à la démonstration particulière.
Position de la question. - Raisons apparentes en faveur de la démonstration
particulière; elle fait plus savoir que la démonstration universelle; elle
s'applique davantage à la réalité puisque l'universel n'a rien de réel ; elle
ne trompe pas puisqu'elle ne fait croire qu'à ce qui est. Réponse à ces
différentes raisons.
Raisons diverses de la supériorité de la démonstration universelle :
l'universel est plus cause que le particulier; la dé monstration universelle
s'applique aux choses qui ne relèvent que d'elles-mêmes et n'en ont point une
autre pour cause; les cas particuliers étant infinis sont insaisissables; la
démonstration universelle fait savoir plus de choses que la démonstration
particulière; plus le moyen est universel, plus il est principe; et la
démonstration universelle est la plus rapprochée du principe et de l'immédiat ;
l'universel renferme le particulier en puissance, et la réciproque n'est pas
vraie; l'universel se rapporte à l'entendement, l'individuel ne se rapporte qu'à
la sensibilité.
Conclusion pour la démonstration universelle.
La démonstration affirmative vaut mieux que la démonstration négative :
1° Parce qu'elle a besoin d'un plus petit nombre d'éléments ;
Parce qu'elle n'a pas besoin de la démonstration négative, tandis que celle-ci
ne peut se passer d'elle; car le syllogisme négatif emploie des propositions
affirmatives, tandis que l'affirmatif n'emploie pas de propositions négatives;
3° Parce qu'en développant la démonstration affirmative, on prouve la majeure
par deux affirmatives, tandis que la preuve de la majeure dans la démonstration
négative exige une négative et une affirmative;
4° Parce que le principe de la démonstration affirmative est supérieur ; car la
proposition universelle immédiate y est affirmative, tandis que dans la
démonstration négative, elle est négative;
5° Parce que la démonstration affirmative joue le rôle de principe à l'égard de
la démonstration négative.
La démonstration affirmative est meilleure que la démonstration par l'absurde;
car la démonstration négative est meilleure que celle-ci, et la démonstration
affirmative est meilleure que la négative.
La démonstration négative vaut mieux que la démonstration par l'absurde;
exemptes et différences de ces deux démonstrations; la démonstration négative
part des propositions pour arriver à la conclusion ; la démonstration par
l'absurde part au contraire de la conclusion pour arriver à ta proposition.
- La
démonstration négative est supérieure, parce que les principes dont elle est
tirée sont supérieurs.
Une science est supérieure à une autre science:
1° Quand elle réunit à la fois la démonstration de l'existence du sujet
et la démonstration de sa cause;
2° Quand son sujet est plus abstrait;
3° Quand son sujet est plus simple et exige un moindre nombre de
notions.
Unité de la science; il n'y a qu'une seule et même science pour les
objets composés des mêmes principes, et qui sont ou parties ou
modifications essentielles de ces principes.
Diversité de la science : il y a sciences distinctes, quand les objets
ont des principes différents qui ne rentrent pas les uns dans les
autres.
C'est ce que prouve le rapport même des conclusions démontrées aux
prémisses; elles sont toujours de même genre.
Une seule et même conclusion peut être démontrée de plusieurs manières ;
et les moyens termes peuvent être dans la même série, sans y être
continus, ou dans des séries différentes.
Exemple d'une même conclusion démontrée par des termes moyens
appartenant à des séries opposées; seulement, il faut toujours que l'un
de ces moyens puisse être attribué à l'autre.
Cette règle est vraie pour toutes les figures du syllogisme.
Il n'y a pas de démonstration pour les choses qui ne dépendent que du
hasard. Le hasard n'est ni nécessaire, ni même habituel; les
propositions qui le concernent ne peuvent donc entrer ni dans le
syllogisme ni dans la démonstration.
La science démonstrative ne peut
s'acquérir par la sensation ; la sensation est toujours limitée et ne
peut donner l'universel, sans lequel il n'y a pas de démonstration
possible. — La connaissance sensible ne peut jamais tenir lieu. de la
démonstration ; exemples. — La sensation sert à préparer la
démonstration parce qu'elle sert à former l'universel. -- La supériorité
de l'universel tient à ce qu'il fait connaître; la cause. — C'est
l'imperfection des sensations qui souvent nous empoche de savoir ;
exemple tiré de la transparence des verres.
Diversité des principes. — Les principes ne sont pas les mêmes pour tous les
syllogismes ;
1° Les uns sont
vrais, les autres sont faux comme les conclusions qu'ils
forment ;
2° Tous les principes faux ne sont pas même semblables entre eux ;
3° Les principes vrais ne le sont pas davantage; les principes propres de
chaque science ne se ressemblent pas ;
4° Les principes communs ne suffisent pas à la démonstration, il faut en outre
les principes propres;
5° Les principes sont à peu près aussi nombreux et aussi différents que les
démonstrations, et elles sont infinies;
6° Les principes
diffèrent entre eux, car les uns sont contingents et les
autres nécessaires.
Solutions fausses de la question : on ne peut pas dire que les principes sont
identiques en ce sens qu'ils restent identiques à eux-mêmes pour chaque science
spéciale; on ne peut pas dire non plus que tout se démontre indistinctement par
des principes quelconques, car chaque science a un principe qui lui est propre
et qu'exprime une seule proposition immédiate; on ne peut pas dire enfin que
tous les principes sont du mente genre, et qu'ils ne diffèrent qu'en espèce.
Solution vraie; les principes doivent se distinguer en principes communs à
toutes les démonstrations qui ne seraient point sans eux, et en principes
propres à chaque démonstration.
Distinction de la science et de l'opinion ;
1° Les objets de toutes deux sont différents: la science s'applique au
nécessaire, l'opinion au contingent;
2° la connaissance fournie par l'une et par
l'autre est différente, instable
pour l'opinion, inébranlable pour la science;
Objection : La
science et l'opinion se confondent, car il peut y avoir opinion de tout
ce dont il y a science. — Réponse : La science et l'opinion ne peuvent
point être une seule et même chose, elles peuvent tout au plus s'appliquer à un
seul et même objet, l'une y considérant les attributs essentiels en tant
qu'essentiels, l'autre y considérant ces attributs comme contingents. Un même
esprit ne peut donc sur une même chose avoir science et opinion tout ensemble,
bien que cette distinction puisse exister dans deux esprits différents.
La sagacité n'est
pas autre chose que la découverte exacte et rapide du terme moyen. —
Exemples divers physiques et moraux.
SECTION
PREMIÈRE.
DU CHANGEMENT
DE LA
DÉMONSTRATION EN DÉFINITION.
Quatre espèces de
questions : la qualité de la chose et la cause de cette qualité; l'existence et
la définition de la chose. Les deux premières questions sont complexes, les deux
dernières sont simples. — Exemple des unes et des autres.
Le nombre des questions
est égal au nombre même des connaissances qu'on peut avoir sur les choses.
Les quatre espèces de
questions se réduisent à une seule, celle de la cause.
1° Dans les deux premières
questions, on recherche s'il y a un moyen, et dans les deux autres, on recherche
quel est ce moyen.
2° Le moyen se confond
avec la cause, soit dans les questions complexes, soit dans les questions
simples.
3° La définition et la
cause sont toujours identiques.
4° Les phénomènes
sensibles attestent que c'est toujours le moyen ou la cause que l'on cherche.
Réduction de toutes les
questions à une seule, celle de la cause.
La définition et la
démonstration sont parfaitement distinctes l'une de l'autre, et. ne doivent pas
être confondues.
1° Tout démontrable
n'est pas définissable, car toute définition est universelle et affirmative,
tandis que parmi les syllogismes il y en a de particuliers et de négatifs : il
n'y a 'pas même définition pour tous les syllogismes universels affirmatifs,
puisque alors on pourrait savoir le démontrable autrement que par démonstration;
c'est l'induction et non la définition qui nous fait connaître les attributs
essentiels et les accidents des choses; enfin la définition s'applique à la
substance, et les démontrables ne sont jamais des substances.
2° Tout définissable
n'est pas démontrable, car alors on saurait le démontrable autrement que par
démonstration ; de plus, les définitions sont les principes des démonstrations,
et à ce titre elles ne peuvent être démontrées, car ce serait le progrès à
l'infini.
3° Aucun démontrable
n'est définissable ; la définition s'applique à l'essence qu'admet toujours et
que suppose la démonstration; la démonstration' fait toujours une attribution ;
il n'y en a pas dans la définition : la démonstration ne s'occupe que de
l'attribut de la chose ; la définition, de son essence.
Donc, la
démonstration et la définition sont tout à fait différentes, et elles ne
rentrent point l'une dans l'autre.
L'essence de
la chose ne peut pas être démontrée par syllogisme.
1° Pour
obtenir la définition comme conclusion d'un syllogisme, il faut que
les trois termes soient réciproques l'un à l'autre, et' alors la
définition se trouve déjà dans la mineure avant d'être dans la
conclusion. — Exemple.
2° On ne peut
ainsi démontrer l'essence par syllogisme qu'en faisant une pétition
de principe. — Exemple.
3° Il faut se
garder de confondre une simple attribution avec l'attribution
essentielle qui forme la définition proprement dite.
La méthode de
division ne peut démontrer l'essence.
1° La méthode
de division ne conclut pas nécessairement comme le syllogisme, elle
procède uniquement par concession.
2° Elle ne
prouve pas que la réunion des différences soit la définition vraie
de l'essence.
3° Elle est
sujette à une foule d'erreurs, et même en admettant qu'on parvienne
à éviter ces erreurs,
4° Elle n'a
pas force de syllogisme parce qu'elle ne donne jamais la cause, et
que sa définition n'est pas démontrée.
La
démonstration de l'essence ne peut se faire ni par la définition
même de la définition, ni par la définition du contraire de la chose
dont on cherche l'essence.
1° En prenant
la définition de la définition pour majeure, on fait toujours une
pétition de principe dans la mineure.
2° Dans le
syllogisme, on ne fait jamais la définition du syllogisme ; on ne
doit pas faire davantage la définition de la définition dans la
démonstration de l'essence; on doit toujours supposer, à part du
syllogisme sa définition, et l'essence à part de la démonstration.
3° On ne peut
pas davantage démontrer l'essence d'une chose en démontrant
l'essence de son contraire, non plus que dans le syllogisme on
n'attribue jamais une chose à elle-même.
4° Les
attributs donnés par la méthode des contraires ne forment pas plus
une unité que les attributs obtenus par la méthode de division.
La
définition même ne peut faire connaître l'essence.
1° Elle
ne procède en effet ni comme le syllogisme, ni comme l'induction,
seuls moyens de connaissance.
2° Elle
devrait faire connaître à la fois, bien qu'elle ne puisse montrer
qu'une seule chose, l'essence de la chose, et . l'existence de la
chose.
3° C'est
la démonstration et non point la définition qui fait connaître
l'existence de la chose ; il n'y a pas de science qui démontre
l'essence; toutes la posent ; la définition ne fait jamais connaître
l'existence de la chose.
4° Il
est absurde de soutenir que la définition ne fait qu'expliquer le
mot qui représente la chose ; car alors la définition pourrait
s'appliquer à ce qui n'est pas, et elle serait tout à fait
arbitraire; les sciences ne font jamais de simples définitions de
mots.
Donc il
ne faut pas confondre la définition avec la démonstration ; mais ni
l'une ni l'autre ne font connaître l'essence.
Théorie
véritable de la démonstration de l'essence.
1° On
peut démontrer une des définitions de la chose par une autre de ses
définitions; mais ce n'est point une démonstration vraie de
l'essence ; ce n'est qu'une démonstration dialectique et imparfaite.
2° Pour
savoir ce qu'est une chose, il faut d'abord savoir qu'elle est ;
mais on peut savoir qu'une chose est, de deux manières, soit par un
des accidents de cette chose, soit par sa cause.
3° Quand
on ne connaît l'existence de la chose que par un de ses accidents,
on ne connaît point du tout son essence.
4° Ce
n'est que quand on connaît l'existence de la chose par sa cause,
qu'on possède la démonstration de son essence.
5° Quand
on démontre l'existence de la chose par sa cause, le moyen terme est
la définition même de la chose, et en fait par conséquent connaître
l'essence.
Exemples
divers; définitions des phases de la lune, du tonnerre, etc.
Distinction entre
l'essence qui se démontre et celle qui ne peut pas se démontrer. Il faut
distinguer entre les choses celles qui n'ont de causes qu'elles-mêmes, ce sont
les substances; et celles qui ont une cause étrangère à elles, ce sont les
accidents ; l'essence des premières, des substances, ne peut pas se démontrer ;
on ne démontre que l'essence des secondes, des accidents.
Des diverses espèces de la
définition. 1° Définition de mot, 2° définition de chose. — La définition de mot
n'indique pas la cause de la chose, et voilà pourquoi elle ne démontre pas. --
La définition de chose n'est au fond qu'une démonstration où les termes sont
seulement disposés d'une autre manière. — La définition des choses qui né
peuvent se prouver par un moyen terme, n'est que la thèse indémontrable de
l'essence.
Il y a donc trois espèces
de définitions : la définition de mot qui est la conclusion même du syllogisme
de l'essence ; la définition de chose qui est le syllogisme entier sous une
autre forme : la définition indémontrable qui est le principe même de la
démonstration.
Résumé général de la
théorie de la démonstration et de la définition de l'essence.
SECTION DEUXIÈME.
DES DIFFÉRENTES
ESPÈCES DE CAUSES
EMPLOYÉES
COMME MOYENS
TERMES DANS LA DÉMONSTRATION.
Toutes les espèces de
causes peuvent servir à la démonstration ; la cause essentielle, la cause
matérielle, la cause motrice, et la cause finale.
1° Exemple de la cause
matérielle : dans la forme même du syllogisme; dans la démonstration de la
valeur de l'angle inscrit à la demi-circonférence.
2° La cause essentielle se
confond avec la cause matérielle.
3° Exemple de la cause
motrice ; motif de la guerre médique.
4° Exemple de la cause
finale; la promenade après dlner. — Comparaison de la cause motrice et de la
cause finale ; différence de l'une et de l'autre dans l'ordre des termes. —
Comparaison de la cause matérielle et de la cause finale.
Un même effet peut être
prouvé par deux causes différentes; l'une matérielle, l'autre finale. — Un même
effet peut être à la fois, nécessaire, et relatif à une cause finale.
Effets naturels, tantôt
nécessaires, tantôt en vue d'une cause finale.
Effets volontaires et
dépendant de l'intelligence ; intervention du hasard.
Les causes, c'est-à-dire,
les moyens termes dans la démonstration, varient dans le temps, avec le temps
même des effets; passées avec des effets passés, présentes avec des effets
présents, futures avec des effets futurs. — La cause qui est moyen terme dans la
démonstration est toujours contemporaine de l'effet. — Quand la cause précède
l'effet, soit au passé, soit au futur, on ne peut pas démontrer l'effet par la
cause, parce qu'il y a. toujours de l'un à l'autre un intervalle de temps qui
les sépare : c'est alors l'effet qui peut servir à démontrer la cause, soit au
passé, soit au futur :
Exemples divers.
Quelquefois la cause et
l'effet peuvent se démontrer l'un par l'autre, et alors la démonstration est
circulaire : Exemple des nuages et de la pluie.
Quand la démonstration
s'applique à un fait qui n'est point universel, mais qui est le plus
ordinairement, le moyen doit avoir aussi ce caractère, et être le plus
ordinairement.
SECTION
TROISIÈME.
THÉORIE DE LA
DÉFINITION.
Théorie générale de la
définition. — La définition d'une chose est la réunion de tous les attributs
essentiels de cette chose, qui, chacun pris à part, peuvent être plus étendus
qu'elle, mais dont l'ensemble a précisément la même étendue que le défini. —
Exemple de la définition d'une espèce; définition de la triade. La définition
ainsi conçue est nécessaire, car les attributs essentiels sont universels et par
conséquent nécessaires ; elle donne bien l'essence de la chose, car elle ne peut
appartenir qu'à la chose, et n'en. est point le genre, puisque elle n'est pas
plus étendue qu'elle. -- Exemple de la définition d'un genre : il faut définir
d'abord les espèces que le genre contient, et les attributs communs que
présenteront les définitions des espèces formeront la définition du, genre. La
méthode de division, bien qu'impuissante à donner seule des définitions exactes
et nécessaires, peut être utile pour' les définitions formées par la méthode de
composition. 1° Si d'abord elle observe avec grand soin l'ordre régulier des
attributs essentiels.. 2° Si elle n'en omet aucun. -- Il n'est pas nécessaire
d'ailleurs pour définir ainsi une chose de connaître toutes les autres choses,
ainsi que l'ont affirmé quelques philosophes. De plus, il n'y a point pétition
de principe, si les contraires choisis par la division n'ont point de termes
intermédiaires entre eux. — Trois règles à observer pour que la division puisse
servir à la définition par composition : -- 1° Elle ne doit prendre qu'un des
attributs essentiels; — 2° Elle doit les classer ; — 3° Elle doit les donner
tous. -- Règles générales de la définition par composition : — 1° Réunir les
attributs communs des individus pour en faire ceux des espèces et des genres, en
prenant garde aux homonymies : Exemples de la définition de la magnanimité. — 2°
Être clair avant tout ; — 3° Éviter les métaphores.
Règles pour déterminer le sujet dont il faut démontrer un
attribut :
1° Quand ce sujet est un genre qui porte un nom commun
aux espèces que ce genre renferme.
2° Quand ce sujet est un genre qui n'a point reçu de nom
spécial, mais dont les attributs sont communs.
3° Quand ce sujet n'est un ni par le nom
ni par l'essence,
mais seulement par analogie.
Rapport des questions entre elles relativement à leurs termes
moyens :
1° Deux ou plusieurs questions peuvent avoir un seul
moyen terme identique pour toutes ;
2° Elles peuvent avoir un moyen terme identique en genre
et différent en espèce.
3° Le moyen terme de l'une peut être subordonné au
moyen terme de l'autre et en dépendre.
SECTION QUATRIÈME.
RAPPORTS
DE LA CAUSE ET DE L'EFFET DANS LES DÉMONSTRATIONS.
La cause et l'effet peuvent 'se démontrer réciproquement l'un
par l'autre.
1re Objection : Si la cause et l'effet se démontrent l'un par
l'autre, les démonstrations seront circulaires. -- Réponse :
les démonstrations ne seront pas circulaires ; car elles ne
seront pas semblables, l'une prouvera le fait, et l'autre la
cause du fait.
2e Objection. Un même effet peut avoir plusieurs causes,
et alors, on ne sait laquelle des causes on doit démontrer par
cet effet. — Réponse : Un effet n'a jamais qu'une cause qui
lui soit vraiment égale, parce qu'il faut que le terme moyen
soit universel comme la conclusion.
Un même effet peut-il avoir plusieurs causes. dans plusieurs
sujets différents ?
1° Quand l'effet est un attribut essentiel de la chose et qu'il
est démontré comme tel, il ne peut y avoir qu'une seule
cause de cet effet, même dans des sujets différents.
2° Quand l'effet n'est qu'un attribut accidentel de la chose,
il peut avoir des causes diverses dans des sujets différents.
Dans les questions qui portent sur un attribut accidentel
de la chose, et non sur un attribut universel, le moyen terme
est toujours semblable aux extrêmes, ou homonyme comme
eux, ou s'adressant comme eux à l'espèce et non au genre
primitif. -- Exemples de ces deux sortes de questions.
Dans les questions universelles, le sujet, la cause et l'attribut sont des termes réciproques ; dans les questions d'accident; cette réciprocité des trois termes ne peut avoir lieu
parce que l'attribut s'adresse non plus au sujet primitif, mais
à des espèces de ce sujet. -- Exemple général par les lettres.
Dans ce dernier cas, il peut y avoir plusieurs causes d'un
même effet, et ces causes peuvent être subordonnées ; le
moyen terme pour la démonstration particulière est la cause
la plus rapprochée des espèces.
Résumé général des Analytiques Premiers et
Derniers.
SECTION CINQUIÈME.
DE
L'ACQUISITION DES PRINCIPES.
Des principes : théorie générale du mode
de connaissance par lequel on les acquiert, et de la faculté spéciale
qui les connaît.
1° Les principes ne sont pas innés en
nous, ils ne peuvent non plus venir de connaissances antérieures comme
toute science produite par la démonstration. — Les principes nous
viennent par la sensation; râle général de la sensibilité dans l'animal
; formation des universaux à la suite de la sensation.
La sensation contient toujours de
l'universel : c'est par l'induction que l'esprit connaît les universaux,
les principes.
2° L'entendement est la seule faculté qui
soit en rapport avec les principes ; il n'y a pas de science proprement
dite des principes, parce qu'il n'y a point de démonstration pour eux ;
l'entendement est le principe de la science.
FIN DES ANALYTIQUES
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