Aristote : Physique

ARISTOTE

PHYSIQUE.

TOME DEUX : LIVRE V : DU MOUVEMENT. CHAPITRE IV
 

Traduction française : BARTHÉLÉMY SAINT-HILAIRE.

chapitre III - chapitre V

paraphrase du livre V

 

 

 

LEÇONS DE PHYSIQUE

 

LIVRE V.

 

DU MOUVEMENT.

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE IV.

De l'immobile; sens divers de ce mot : de l'inertie. - Résumé partiel des théories précédentes.

1κίνητον δ' ἐστὶ τό τε ὅλως ἀδύνατον κινηθῆναι, ὥσπερ ὁ ψόφος ἀόρατος, καὶ τὸ ἐν πολλῷ χρόνῳ μόλις κινούμενον ἢ τὸ βραδέως ἀρχόμενον, ὃ λέγεται δυσκίνητον, καὶ τὸ πεφυκὸς μὲν κινεῖσθαι καὶ δυνάμενον, μὴ κινούμενον δὲ τότε ὅτε πέφυκε καὶ οὗ καὶ ὥς, ὅπερ ἠρεμεῖν καλῶ τῶν ἀκινήτων μόνον· ἐναντίον γὰρ ἠρεμία κινήσει, ὥστε στέρησις ἂν εἴη τοῦ δεκτικοῦ.

2 Τί μὲν οὖν ἐστι κίνησις καὶ τί ἠρεμία, καὶ πόσαι μεταβολαὶ καὶ ποῖαι κινήσεις, φανερὸν ἐκ τῶν εἰρημένων.

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§ 1. L'immobile est ce qui ne peut pas du tout être mis en mouvement, pas plus qu'il n'est possible que le son soit visible. On appelle encore immobile ce q meut qu'à peine dans un long espace de temps, c'est-à-dire ce qui se met lentement en mouvement, et qu'on nomme alors difficile à mouvoir. On appelle enfin immobile ce qui, devant et pouvant naturellement se mouvoir, ne se meut pas quand il le faut, où il le faut et de la manière qu'il faut. Dans les choses immobiles, c'est là seulement ce qu'on doit entendre par le repos; car le repos est le contraire du mouvement, et l'on peut dire que c'est la privation de la qualité dont le sujet serait susceptible.

§ 2. Ainsi, l'on doit déjà voir clairement, d'après ce que nous avons dit, ce que c'est que le mouvement et le repos, quel est le nombre et la nature des changements et des mouvements.

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Ch. IV. § 1. L'immobile, après avoir défini les diverses espèces du mouvement, Aristote veut définir l'état contraire, c'est-à-dire l'immobile; et il donne les diverses significations de ce mot. Le première est la plus ordinaire et la plus exacte, parce qu'elle est absolue.

- Ce qui ne se meut qu'à peine, peut-être Aristote veut-il indiquer par là quelques-uns, des mouvements à peu près insensibles qui se passent à la voûte céleste. Cette seconde acception du mot Immobile est moins fréquente et moins exacte que lu première.

- On appelle enfin immobile, le texte n'est pas aussi formel.

- Devant et pouvant naturellement se mouvoir, les commentateurs donnent pour exemple un homme assis, qui reste par conséquent en repos, bien que d'ailleurs il soit doué naturellement des moyens de se mouvoir.

 - Quand il le faut, c'est le temps.

 - Où il le faut, c'est le lieu ou l'espace.

- Et dans les choses immobiles, il y a des choses qui sont éternellement immobiles; et on ne peut pas dire régulièrement de celles-là qu'elles soient en repos. Le repos se dit uniquement de celles qui pouvant être en mouvement n'y sont pas; il est la simple privation d'une qualité qui n'agit pas; mais ce n'est pas une privation absolue.

 - Dont le sujet serait susceptible, on pourrait traduire encore : « C'est la privation qu'éprouve le sujet susceptible d'une certaine qualité, » Ainsi l'on ne dit pas d'une pierre qu'elle est aveugle, parce que naturellement elle n'est pas faite pour avoir la vue.

§ 2. Déjà, j'ai ajouté ce mot parce que ce résumé ne s'adresse qu'à une partie de la théorie du mouvement.

- Ce que c'est que le mouvement, on le verra bien mieux encore dans les livres qui vont suivre.

- Des changements et des mouvements, ces divers points ont été traités dans les trois chapitres qui précèdent. Celui-ci d'ailleurs se retrouve en grande partie comme les autres dans la Métaphysique, Livre X, ch. 12, p. 1068, b, 20, édit. de Berlin.

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