Aristote : Parties des animaux

ARISTOTE

TRAITÉ DE LA MARCHE DES ANIMAUX CHAPITRES I à X

ΠΕΡΙ ΠΟΡΕΙΑΣ ΖΩΙΩΝ

chapitres XI à XIX

 

Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

 

 

 

TRAITÉ DE LA MARCHE DES ANIMAUX

ΠΕΡΙ ΠΟΡΕΙΑΣ ΖΩΙΩΝ

 

 

 

 

CHAPITRE PREMIER

Enumération des questions que présente l'étude de la locomotion dans les animaux; différences des organes locomoteurs; leur nombre variable, mais toujours pair; l'homme, l'oiseau, le poisson; flexions des appareils locomoteurs en sens inverses chez l'homme, chez l'oiseau, chez les quadrupèdes vivipares et ovipares ; mouvement diagonal des appareils locomoteurs; citation de l'Histoire de la Nature ; résumé des questions a traiter.

[704a]    1 Περὶ δὲ τῶν χρησίμων μορίων τοῖς ζῴοις πρὸς τὴν κίνησιν τὴν κατὰ τόπον ἐπισκεπτέον διὰ τίνα αἰτίαν τοιοῦτόν ἐστιν ἕκαστον αὐτῶν καὶ τίνος ἕνεκεν ὑπάρχει αὐτοῖς, ἔτι δὲ περὶ τῶν διαφορῶν τῶν τε πρὸς ἄλληλα τοῖς τοῦ αὐτοῦ καὶ ἑνὸς ζῴου μορίοις καὶ πρὸς τὰ τῶν ἄλλων τῶν τῷ γένει διαφόρων. 2 Πρῶτον δὲ λάβωμεν περὶ ὅσων ἐπισκεπτέον. στι δὲ αὐτῶν ἓν μὲν πόσοις ἐλαχίστοις τὰ ζῷα κινεῖται σημείοις, ἔπειτα διὰ τί τὰ μὲν ἔναιμα τέτταρσι τὰ δ' ἄναιμα πλείοσι, καὶ καθόλου δὲ διὰ τίν' αἰτίαν τὰ μὲν ἄποδα τὰ δὲ δίποδα τὰ δὲ τετράποδα τὰ δὲ πολύποδα τῶν ζῴων ἐστί, 3 καὶ διὰ τί πάντα ἀρτίους ἔχει τοὺς πόδας, ὅσαπερ ἔχει πόδας αὐτῶν, ὅλως δ' οἷς κινεῖται σημείοις, ἄρτια ταῦτ' ἐστιν· ἔτι δὲ διὰ τίν' αἰτίαν ἄνθρωπος μὲν καὶ ὄρνις δίπους, οἱ δ' ἰχθύες ἄποδές εἰσι· καὶ τὰς κάμψεις ὅ τε ἄνθρωπος καὶ ὁ ὄρνις δίποδες ὄντες ἐναντίας ἔχουσι τῶν σκελῶν (ὁ μὲν γὰρ ἄνθρωπος ἐπὶ τὴν περιφέρειαν κάμπτει τὸ σκέλος, ὁ δ' ὄρνις ἐπὶ τὸ κοῖλον. 4 Καὶ ὁ ἄνθρωπος αὐτὸς ἑαυτῷ ἐναντίως τὰ σκέλη καὶ τοὺς βραχίονας· τοὺς μὲν γὰρ ἐπὶ τὸ κοῖλον, τὰ δὲ γόνατα ἐπὶ τὴν περιφέρειαν κάμπτει. Καὶ τὰ τετράποδα τὰ ζῳοτόκα τοῖς τ' ἀνθρώποις ἐναντίως κάμπτει καὶ αὐτὰ αὑτοῖς· τὰ μὲν γὰρ πρόσθια σκέλη ἐπὶ τὸ [704b] κυρτὸν τῆς περιφερείας κάμπτει, τὰ δ' ὀπίσθια ἐπὶ τὸ κοῖλον. τι δὲ τῶν τετραπόδων ὅσα μὴ ζῳοτοκεῖ ἀλλ' ᾠοτοκεῖ, ἰδίως καὶ εἰς τὸ πλάγιον κάμπτει)

5 πρὸς δὲ τούτοις διὰ τίν' αἰτίαν τὰ τετράποδα κινεῖται κατὰ διάμετρον·

6 περὶ δὴ πάντων τούτων, καὶ ὅσα ἄλλα συγγενῆ τούτοις, τὰς αἰτίας θεωρητέον. τι μὲν οὖν οὕτω ταῦτα συμβαίνει, δῆλον ἐκ τῆς ἱστορίας τῆς φυσικῆς, διότι δέ, νῦν σκεπτέον.
  

1 [704a] Pour étudier les organes dont se servent les animaux en exécutant des mouvements de locomotion, nous rechercherons pourquoi chacun de ces organes est tel qu'il est, et dans quelle vue il a pu être donné à l'animal qui l'emploie. Nous aurons également à observer les différences que ces organes peuvent présenter, de l'un à l'autre, dans un seul et même animal, ou relativement aux organes d'autres animaux qui appartiennent à un genre différent. 2 Mais d'abord, déterminons bien toutes les questions dont nous aurons à nous occuper. Un premier point qu'il faut fixer, c'est le minimum des appareils par lesquels les animaux ont la possibilité de se mouvoir. Nous verrons, ensuite, pourquoi tels animaux pourvus de sang ont reçu quatre de ces appareils, tandis que ceux qui n'ont pas de sang en ont un nombre plus grand ; ou plutôt, nous rechercherons, d'une manière toute générale, pourquoi tels animaux sont sans pieds, pourquoi tels autres en ont deux, pourquoi d'autres en ont quatre, et pourquoi d'autres encore en ont reçu davantage. 3 Après ceci, nous aurons à nous demander pourquoi tous les animaux qui sont pourvus de pieds ont les pieds en nombre pair, et pourquoi, absolument parlant, c'est toujours en un nombre pair que se montrent les organes de la locomotion. Une autre question qu'il faudra éclaircir comme les précédentes, c'est de savoir comment il se fait que l'homme et l'oiseau ont deux pieds, tandis que les poissons n'en ont pas du tout; et comment, dans l'homme et dans l'oiseau, qui sont l'un et l'autre pourvus de deux pieds, les flexions des jambes se font dans des sens contraires, l'homme fléchissant la jambe en un cercle convexe, tandis que l'oiseau la fléchit en un sens con-cave. 4 Bien plus, l'homme lui-même fléchit en sens contraire ses jambes et ses bras, creusant en forme concave les bras pour les fléchir, et fléchissant le genou en une sorte de cercle convexe. Puis, nous verrons que les quadrupèdes vivipares ont des flexions qui sont opposées à celles de l'homme, et qui sont également opposées entre elles. Ainsi, ils fléchissent les jambes de devant, [704b] en formant une espèce de circonférence, et les jambes de derrière en les creusant. Quant aux quadrupèdes qui sont, non pas vivipares mais ovipares, ils ont une flexion particulière, qui est dirigée en un sens oblique.

5 Enfin, une dernière question qu'il faudra encore nous poser, c'est celle de savoir pourquoi les quadrupèdes se meuvent toujours en diagonale.

6 Tels sont donc tous les sujets que nous aurons à étudier, en y joignant aussi ceux qui tiennent de près à ceux-là, afin de découvrir les causes de tous ces phénomènes. Déjà l'Histoire de la nature nous a fait voir ce qu'ils sont réellement; mais maintenant il nous faut chercher à comprendre pourquoi ils sont ce qu'ils sont.

 



 

§ 1. Pour étudier. Ce premier chapitre et le suivant sont consacrés à exposer la méthode qui sera adoptée dans ce petit traité. C'est un soin qu'Aristote a toujours pris, ainsi qu'on peut le constater déjà dans l'Histoire des Animaux ; mais on le voit surtout dans le Traité des Parties, dont le premier livre tout entier n'a pas d'autre objet. Sur cette question de la méthode, consulter le début de l'Histoire des Animaux, avec la note qui s'y rapporte ; voir aussi la Préface à ma traduction, page exiv.

Pourquoi... dans quelle vue. C'est toujours la théorie des causes finales, qu'Aristote le premier a préconisée, et qui seule peut donner à la science de la nature un véritable intérêt, quand elle est appliquée avec discrétion et sagacité. Sans cette théorie, la nature n'a pas de sens; elle n'est plus qu'une collection de faits curieux sans doute, mais profondément obscurs. Tous les grands naturalistes ont cru, comme \ristote, aux causes finales; et comme lui, ils se sont efforcés de les scruter, avec la certitude de pouvoir les découvrir.

Dans un seul et même animal. Par exemple, dans un seul et même quadrupède, où les membres de devant et ceux de derrière, qui servent également à la locomotion, offrent de grandes différences.

D'autres animaux... Par exemple, le quadrupède et le reptile, l'oiseau et le poisson, qui appartiennent à des genres éloignés les uns des autres. Mais, malgré de grandes et évidentes dissemblances, le but est le même, et le moyen seul diffère; c'est toujours à la locomotion que servent les organes, quelque divers qu'ils soient.

A un genre différent. C'est de l'anatoraie comparée, au sens où l'entendent les Modernes. Aristote n'a pas créé le mot; mais il a créé la science, en la fondant sur des observations et des comparaisons aussi nombreuses qu'exactes, comme le prouve le présent traité, analysant une question spéciale, après les généralités fécondes de l'Histoire des Animaux, et du Traité des Parties.

§ 2. Toutes les questions. Les questions énumérées ici seront développées successivement, dans les chapitres suivants, avec plus ou moins d'étendue.

Le minimum des appareils. Dans les bipèdes, les appareils sont au nombre de deux, du moins à ce qu'il semble ; mais les bras chez l'homme, et les ailes chez l'oiseau, complètent le nombre des appareils, qui sont toujours quatre. Ce point d'ailleurs sera éclairci dans les chapitres suivants.

Pourvus de sang. Ce sont presque tous les animaux supérieurs.

Ceux qui n'ont pas de sang. Pour Aristote, ce sont surtout les insectes. Dans la science moderne, ces dénominations ont disparu ; et l'on ne connaît plus que les animaux à sang rouge, et les animaux à sang blanc. De part et d'autre, il y a du sang indistinctement, c'est-à-dire, un fluide nourricier, qui est indispensable, et qui ne diffère qu'en couleur. Cependant Cuvier, dans son Anatomie comparée, tome IV, p. 163, 1ere édition, penche à croire que la nutrition des insectes se fait par imbibition et qu'ils n'ont ni vaisseaux lactés, ni vaisseaux sanguins ; mais Cuvier n'en croit pas moins au sang des insectes, que l'air vient chercher en quelque sorte par les trachées, puisque le sang ne peut pas, chez ces animaux, aller chercher l'air dans les poumons, « Le suc nourricier est absorbé par les parois de l'intestin, et se répand immédiatement dans la spongiosité du corps ; »  Cuvier, Règne animal, tome I, p. 35, édition de 1829.

Sans pieds. Ce sont la plupart des reptiles, et particulièrement les ophidiens ; ce sont aussi les poissons.

Reçu davantage. Comme une foule d'insectes, les hexapodes, les décapodes, les myriapodes, par exemple, et aussi les crustacés.

§ 3. En nombre pair. La question est importante, et ce-pendant on ne voit pas qu'elle ait été reprise depuis Aristote ; c'est peut-être que la raison de ce phénomène est évidente. Le corps étant composé de deux parties, l'une droite et l'autre gauche, la locomotion ne pouvait se faire que des deux côtés. Pour les animaux qui n'ont ni droite ni gauche, la question est différente; ou plutôt, elle ne peut être posée.

L'homme et l'oiseau... les poissons. Ce sont la de simples questions de fait ; il faut constater les réalités ; mais il faut préalablement les admettre.

N'en ont pas du tout. Les poissons ne diffèrent peut-être pas autant qu'Aristote semble le croire ; on retrouve aussi en eux des organes correspondants à ceux des autres animaux. C'est là ce qui fait que la natation chez les aninlaux aquatiques et le vol chez les oiseaux se confondent à plus d'un égard.

Se font dans des sens contraires. Ceci est parfaitement exact ; et Aristote reviendra plus d'une fois sur cette curieuse observation.

§ 4. En sens contraire ses jambes et ses bras. Cette observation n'est pas moins exacte.

Concave... convexe. Le texte n est pas aussi précis; mais le sens n'a rien de douteux.

Des flexions qui sont opposées à celles de l'homme. Ceci est également exact; Aristote reviendra plus loin sur ce détail. Cette conformation différente des flexions est la suite nécessaire de la conformation même des quadrupèdes, portés sur quatre appuis au lieu de deux. C'est à la condition seule de flexions de ce genre que leur locomotion est possible.

Qui est dirigée en un sens oblique. Ceci se rapporte aux membres des reptiles, cro-codiliens, chéloniens et batra-ciens ; les ophidiens ont pour se mouvoir les torsions et les ondulations de leur corps entier, au lieu des membres qui leur manquent.

§ 5. Toujours en diagonale. Le fait n'est pas général ; et au lieu de la diagonale, certains quadrupèdes ont une antre allure, l'amble, qui est naturelle chez quelques-uns et qui peut aussi être factice ; les deux par-ties du corps semblent avancer l'une après l'autre, les deux membres du même côté se mouvant ensemble, au lieu de se mouvoir alternativement. Mais la question <fu»se pose Aristote n'en est pas moins curieuse et digne d'étude; voir l'Histoire des Animaux, liv. Il, ch. i, § 12, page 105 de ma traduction. La marche des quadrupèdes, et notamment celle du cheval, est beaucoup plus compliquée qu'elle ne le paraît au premier coup d'oeil. On y reviendra plus loin.

§ 6. Les causes de tous ces phénomènes. C'est la recherche des causes finales, qui doit venir après l'observation des faits; elle est la partie essentielle de la science, en dépit des préjugés, fort en vogue aujourd'hui, qui veulent l'en bannir.

L'Histoire de la nature. Ou, si l'on veut, par une traduction non moins exacte, l'Histoire naturelle. Cette dernière expression a peut-être un air trop moderne ; et c'est là ce qui m'a empêché de l'adopter, bien qu'elle soit l'équivalent absolu de l'expression grecque. Du reste, on doit penser qu'ici Aristote entend, par l'Histoire de la nature, désigner l'Histoire des Animaux, dont le caractère général est bien celui qui<est rappelé dans ce passage.

Pourquoi ils sont ce qu'ils sont. C'est l'explication scientifique, après l'observation matérielle.

CHAPITRE II

Application de la méthode générale à l'histoire naturelle; deux principes généraux ; optimisme ; sagesse de la nature ; les trois dimensions des corps; deux principes du mouvement et de la locomotion ; différence du moteur et du mobile, l'un agissant par lui-même, et l'autre mû par une force étrangère.

1 Ἀρχὴ δὲ τῆς σκέψεως ὑποθεμένοις οἷς εἰώθαμεν χρῆσθαι πολλάκις πρὸς τὴν μέθοδον τὴν φυσικήν, λαβόντες τὰ τοῦτον ἔχοντα τὸν τρόπον ἐν πᾶσι τοῖς τῆς φύσεως ἔργοις, 2 τούτων δ' ἓν μέν ἐστιν ὅτι ἡ φύσις οὐθὲν ποιεῖ μάτην, ἀλλ' ἀεὶ ἐκ τῶν ἐνδεχομένων τῇ οὐσίᾳ περὶ ἕκαστον γένος ζῴου τὸ ἄριστον· διόπερ εἰ βέλτιον ὡδί, οὕτως καὶ ἔχει κατὰ φύσιν. 3 τι τὰς διαστάσεις τοῦ μεγέθους, πόσαι καὶ ποῖαι ποίοις ὑπάρχουσι, δεῖ λαβεῖν. Εἰσὶ γὰρ διαστάσεις μὲν ἕξ, συζυγίαι δὲ τρεῖς, μία μὲν τὸ ἄνω καὶ τὸ κάτω, δευτέρα δὲ τὸ ἔμπροσθεν καὶ τὸ ὄπισθεν, τρίτη δὲ τὸ δεξιὸν καὶ τὸ ἀριστερόν. 4 Πρὸς δὲ τούτοις ὅτι τῶν κινήσεων τῶν κατὰ τόπον ἀρχαὶ ὦσις καὶ ἕλξις. Καθ' αὑτὰς μὲν οὖν αὗται, κατὰ συμβεβηκὸς δὲ κινεῖται τὸ φερόμενον ὑπ' ἄλλου· οὐ [705a] γὰρ αὐτὸ δοκεῖ κινεῖν αὑτό, ἀλλ' ὑπ' ἄλλου κινεῖσθαι τὸ ὑπό τινος φερόμενον.
  

1 Après avoir indiqué préalablement, selon notre habitude, la méthode si souvent appliquée par nous à l'étude de la nature, nous poserons, pour point de départ de nos recherches, l'examen de tout ce qui peut être soumis à cette méthode dans les œuvres que la nature produit. 2 Le premier principe que nous affirmons, c'est que la nature ne fait jamais rien en vain, et qu'elle réalise toujours le mieux dans le possible, conformément à l'essence de chaque espèce d'animal. Aussi, quand une chose est mieux d'une certaine façon, on peut s'assurer qu'elle est aussi de cette façon même dans la nature. 3 En second lieu, nous aurons à considérer les différentes dimensions de la grandeur, et à marquer comment sont réparties ces dimensions selon les êtres différents. On distingue six dimensions, qui se divisent en trois séries de deux chacune; une première série, c'est le haut et le bas; une seconde, le devant et Je derrière; et la dernière, la droite et la gauche. 4 II convient d'y ajouter les principes des mouvements de locomotion, c'est-à-dire la pulsion et la rétraction. Ces deux mouvements existent et agissent par eux-mêmes; mais l'objet qui est déplacé par un autre objet n'a qu'un mouvement accidentel ; car ce qui est déplacé par quelque chose d'extérieur [705a] n'a évidemment pas la faculté de se mouvoir soi-même; et c'est d'un autre qu'il reçoit son mouvement.

§ 1. Après avoir indiqué..... la méthode si souvent appliquée... Ceci démontre bien qu'Aristote ne s'est pas astreint à la méthode d'observation uniquement par l'instinct de son génie ; il a fait plus ; et c'est, avec une réflexion profonde, qu'il a posé la théorie de cette méthode à la tête de tous ses ouvrages principaux. A cet égard, la méthode d'observation, dont il est le père, lui appartient en propre. Notre dix-septième siècle ne peut en revendiquer fhonneur; et les Modernes auraient tort d'usurper une gloire qui revient à la Grèce toute seule.

Dans les œuvres... C'est l'expression même du texte ; et cette expression, générale comme elle Test, semble s'appliquer à l'ensemble des choses, et non pas seulement aux êtres animés que produit la nature.

§ 2. La nature ne fait jamais rien en vain. C'est le principe dont Aristote a fait le fondement inébranlable de toute son histoire naturelle ; c'est le principe même des causes finales, et par suite de l'optimisme. Sous une forme ou sous une autre, tous les grands esprits et tous les grands naturalistes s'y sont rangés. Sans ce principe, la science est un chaos. Voir la Préface à l'Histoire des Animaux, pp. LXXXII et suiv. Voir aussi Claude Perrault, Méchanique des Animaux, édit. de 1721, pp. 334 et suiv.; et M. J. Bell-Pettigrew, la Locomotion chez les Animaux, p. 35, édit. de 1874.

Le mieux dans le possible. C'est, au fond, la même théorie que celle des conditions d'existence, établie par Cuvier.

Conformément à l'essence de chaque espèce. C'est ainsi que les conditions changent de l'homme au quadrupède, du quadrupède à l'oiseau, de l'oiseau au poisson.

On peut s'assurer ... Et l'esprit de l'homme s'associe par là, dans la mesure qui lui est accordée, à l'intelligence infinie, qui éclate partout dans la nature; en comprend les intentions, en partant de la réalité qu'il observe, pour atteindre, dans ses secrets les plus éloignés, le but poursuivi. Les grandes découvertes de la science ne sont pas autre chose ; et de nos jours, on peut citer la découverte de Neptune par Leverrier. Les pertubations d'Uranus exigeaient la présence d'un corps dans l'espace ; l'homme pouvait être sûr à l'avance que la nature l'y avait rais, dès qu'il a une foi absolue aux lois que le créateur a imposées à la matière.

§ 3. En second lieu. Après le principe posé dans le paragraphe précédent, celui-ci paraît d'une importance secondaire ; il est nécessaire cependant d'en tenir compte en histoire naturelle. Aristote s'en est servi dans son Histoire des Animaux, liv. I, chap. xi et xu, pp. 63 et suiv. de ma traduction ; mais il n'a pas fait à ce principe une aussi grande place qu'ici, — Les dif-férentes dimensions. Ces six dimensions de la grandeur ou de l'espace sont très-réelles ; et elles se divisent, comme le dit Aristote, en trois séries de deux chacune. Il a insisté sur ces distinctions dans l'Histoire des Animaux, toc. cit.9 plus qu'il ne le fait actuellement; voir aussi le Timée de Platon, trad. V. Cousin, p. 141.

§ 4. Il convient d'y ajouter... Dans la suite des pensées d'A-ristote, ce principe devrait se placer avant ceux dont il vient de parler, et immédiatement après le principe des causes finales. L'objet spécial du présent traité, c'est d'expliquer la locomotion des animaux ; et cette considération particulière devait l'emporter sur toutes les autres.

La pulsion et la rétraction. D'une manière générale, ce sont bien là les deux sortes de mouvements qui servent à déterminer la locomotion et le déplacement des êtres; les bipèdes et les quadrupèdes en particulier doivent pousser leurs membres et les retirer successivement, pour que leur corps puisse avancer.

Agissent par eux-mêmes. Cette pensée n'est pas assez claire. Sans doute, Aristote veut dbtinguer les mouvements volontaires et les mouvement involontaires; mais l'expression pouvait être plus nette pour une pensée aussi simple. Du reste, pour les principes généraux du mouvement, c'est la Physique qu'il faut consulter, ainsi que le petit traité du Mouvement dans les Animaux, Opuscules psychologiques, de ma traduction.

CHAPITRE III

Conséquences de ces principes ; les deux modes de locomotion chez les saltigrades et chez les animaux qui marchent; condition commune d'un point d'appui pour les uns et pour les autres ; nécessité d'une base ; exemple des athlètes qui sautent avec des haltères ; balancement des bras dans la course ; partie de l'animal qui comprime ; partie qui est comprimée.

1 Ούτων δὲ διωρισμένων λέγωμεν τὰ τούτων ἐφεξῆς. Τῶν δὴ ζῴων ὅσα μεταβάλλει κατὰ τόπον, τὰ μὲν ἀθρόῳ παντὶ τῷ σώματι μεταβάλλει, καθάπερ τὰ ἁλλόμενα, τὰ δὲ μορίοις, καθάπερ τῶν πορευομένων ἕκαστον. 2 ν ἀμφοτέραις δὲ ταῖς μεταβολαῖς ταύταις ἀεὶ μεταβάλλει τὸ κινούμενον ἀποστηριζόμενον πρὸς τὸ ὑποκείμενον αὐτῷ. Διόπερ ἐάν τε ὑποφέρηται τοῦτο θᾶττον ἢ ὥστ' ἔχειν ἀπερείσασθαι τὸ ποιούμενον ἐπ' αὐτοῦ τὴν κίνησιν, ἐάν θ' ὅλως μηδεμίαν ἔχῃ τοῖς κινουμένοις ἀντέρεισιν, οὐθὲν ἐπ' αὐτοῦ δύναται κινεῖν ἑαυτό. 3 Καὶ γὰρ τὸ ἁλλόμενον καὶ πρὸς αὐτὸ ἀπερειδόμενον τὸ ἄνω καὶ πρὸς τὸ ὑπὸ τοὺς πόδας ποιεῖται τὴν ἅλσιν· ἔχει γάρ τινα ἀντέρεισιν πρὸς ἄλληλα τὰ μόρια ἐν ταῖς καμπαῖς, καὶ ὅλως τὸ πιέζον πρὸς τὸ πιεζόμενον. 4 Διὸ καὶ οἱ πένταθλοι ἅλλονται πλέον ἔχοντες τοὺς ἁλτῆρας ἢ μὴ ἔχοντες, καὶ οἱ θέοντες θᾶττον θέουσι παρασείοντες τὰς χεῖρας· γίνεται γάρ τις ἀπέρεισις ἐν τῇ διατάσει πρὸς τὰς χεῖρας καὶ τοὺς καρπούς. 5 εὶ δὲ τὸ κινούμενον δυσὶν ἐλαχίστοις χρώμενον ὀργανικοῖς μέρεσι ποιεῖται τὴν μεταβολήν, τῷ μὲν ὡσπερανεὶ θλίβοντι, τῷ δὲ θλιβομένῳ. Τὸ μὲν γὰρ μένον θλίβεται διὰ τὸ φέρειν, τὸ δ' αἰρόμενον τείνεται τῷ φέροντι τὸ φορτίον. Διόπερ ἀμερὲς οὐδὲν οὕτω κινηθῆναι δυνατόν· οὐ γὰρ ἔχει τήν τε τοῦ πεισομένου καὶ τὴν τοῦ ποιήσοντος ἐν αὑτῷ διάληψιν.
 

1 Ces points étant bien fixés, voyons quelles en sont les conséquences. Chez les animaux qui peuvent changer de lieu, tantôt ce changement se fait par le déplacement du corps entier en une seule fois, comme on l'observe chez les saltigrades; tantôt le changement s'opère par certaines parties du corps, comme on le voit chez tous les animaux qui marchent. 2 Dans ces deux changements, l'être mis en mouvement change toujours de lieu en s'appuyant sur la base qui est placée au-dessous de lui, soit qu'il ne s'y appuie qu'en un rapide instant, soit qu'en accomplissant le mouvement sur cette base, l'être ait tout le temps de s'y appuyer. Il en résulte que, si cette base vient à disparaître avant que l'être qui doit se mouvoir, en s'appuyant dessus, ait pu y prendre son point d'appui, ou s'il n'y a pas du tout de base pour les êtres qui doivent se déplacer, aucun alors ne peut se mouvoir, en s'appuyant sur lui-même. 3 L'animal qui saute ne peut faire ce saut qu'en appuyant la partie supérieure de son corps sur lui-même, et en s'appuyant aussi sur ce qui est sous ses pieds. C'est que, dans les flexions, les diverses parties du corps s'appuient réciproquement les unes sur les autres; et que, d'une manière générale, ce qui presse s'appuie sur ce qui est pressé. 4 Voilà comment les athlètes du pentathle sautent plus loin en tenant des haltères que quand ils n'en ont pas; et comment l'on court plus vite lorsqu'on balance les bras ; car il y a comme un point d'appui dans le développement des bras et des mains. 5 Toujours l'être qui est en mouvement a tout au moins besoin de deux parties organiques pour opérer son déplacement : l'une qui est en quelque sorte chargée de comprimer, et l'autre qui souffre la compression. Le point qui reste immobile est comprimé, puisqu'il porte quelque chose; et l'être ainsi soulevé se projette grâce à ce qui porte le poids. Aussi, un être destitué de parties et de membres ne pourrait jamais avoir un mouvement de ce genre, puisqu'il n'y aurait pas en lui de distinction possible entre la partie qui doit supporter et celle qui doit agir et faire le mouvement.


 

§ 1. Quelles en sont les conséquences. Peut-être les considérations qu Aristote va exposer ne sont-elles pas celles qui sortent les premières des principes antérieurement indiqués ; mais ces considérations n'en sont pas moins justes ; et la distinction entre le saut et la marche ordinaire des animaux est parfaitement réelle.

Par le déplacement du corps entier. Il n'y a pas un naturaliste qui n'ait distingué le saut des autres espèces de mouvement ; mais il eût été plus naturel de ne parler du saut qu'après avoir traité de la marche.

Les saltigrades... On pourrait prendre une expression plus générale, et ne rapporter celle du texte qu'aux animaux qui sautent, que ce soit d'ailleurs leur mode habituel de locomotion, comme il arrive pour les saltigrades proprement dits (Attides), ou que ce soit un mode exceptionnel de mouvement, comme il arrive pour les quadrupèdes et pour les reptiles, ou même pour les poissons, quand ils font des sauts et des bonds ; voir pour les saltigrades M. Claus, Zoologie descriptive, p. 520, trad. franc.; et pour le saut, voir Cuvier, Anatomie comparée, t. I, p. 496, septième leç., art. IV, lre édit. ; et M. G. Colin, Physiologie comparée, t. II, p. 446, édit. de 1871.

Par certaines parties du corps. Le corps entier arrive à se déplacer ; mais c'est par des organes spéciaux qu'il est mis en mouvement, pieds, pattes, ailes, nageoires.

Qui marchent. Sur le sol par un mouvement de progression, qui est le mouvement qu'Aristote a surtout en vue dans la présente étude.

§ 2. En s'appuyant sur la base. Le texte n'est pas tout à fait aussi développé; mais le sens est très-exactement rendu. Il est reconnu par tous les physiologistes et les mathématiciens que le mouvement ne peut jamais avoir lieu dans l'animal qu'à cette condition. Quelle que soit l'espèce de levier qu'emploie la locomotion animale, il faut de toute nécessité un point d'appui. Sans ce point fixe, le mouvement est impossible. Voir M. Marey, la Machine Animale, pp. 107 et 108, édit. de 1882.

Aucun alors ne peut se mouvoir. Cet axiome de mécanique est incontestable; et l'animal, spécialement considéré, ne peut se mouvoir qu'à la condition de s'appuyer sur une base résistante, même dans le saut, comme Aristote le dit dans le paragraphe suivant.

§ 3. L'animal qui saute.Voir Cuvier et M. G. Colin, loc. cit.

Dans les flexions... La théorie est présentée ici d'une manière trop concise ; et la science moderne en peut dire beaucoup plus sur le jeu des flexions dans es animaux ; mais cette considération générale est bien conforme aux faits, quoique l'analyse n'ait pas été poussée assez loin.

S'appuient réciproquement. C'est la conséquence nécessaire de la constitution entière de l'animal, et du système complet qu'il forme. Voir Cuvier, Anatomie comparée, t. I, p. 56, 1ere édit.

Ce qui presse s'appuie sur ce qui est presse. Ainsi, le pied de l'homme s'appuie sur le sol qu'il presse ; et le sol est pressé par notre pied dans la marche, ou dans la station ; en un mot, dans toutes les attitudes.

§ 4. Voilà comment les athlètes. Le fait est parfaitement exact; et l'on saute beaucoup plus loin quand on tient des haltères et qu'on lance ses bras en avant ; le poids des haltères contribue à entraîner le corps. Mais quelle que soit l'exactitude de cette observation, on peut trouver qu'elle n'est pas placée très-bien ici ; ce n'est peut-être qu'une interpolation.

Lorsqu'on balance les bras. Chacun de nous a pu faire cent fois cette observation sur lui-même ; voir Cuvier, Anatomie comparée, t. I, p. 488, 1ere édit.; et M. J. Bell-Pettigrew, la Locomotion chez les Animaux, p. 14, édit. de 1874, et page 30 ; voir aussi M. G. Colin, p. 453, loc. cit. Voir enfin Barthez, Méchanique nouvelle des mouvements de l'homme et des animaux, p. 64.

§ 5. Toujours l'être. Ce paragraphe semble, à première vue, ne faire que répéter ce qui vient d'être dit; mais cependant on peut penser qu'Aristote restreint ici le principe général au corps même de l'animal qui se meut. Il faut toujours qu'il y ait là, comme ailleurs, deux points, dont l'un est nécessairement fixe pour que l'autre puisse s'y appuyer.

Deux parties organiques. L'expression est bien vague ; et aujourd'hui on préciserait bien davantage les choses par Je rapport des muscles aux os. Ces derniers sont le point fixe à l'égard des fibres musculaires, comme le sol est le point résistant sur lequel le tout doit s'appuyer.

Il n'y aurait pas en lui. Ceci confirme l'explication que je donne de ce passage ; il s'agit des réactions qui se passent dans l'animal lui-même, et non plus des conditions extérieures du mouvement ; les deux questions sont différentes.

CHAPITRE IV

Entre les six dimensions, le haut et le bas se retrouvent dans les plantes ; mais la position est renversée ; les racines sont le haut, parce que c'est d'elles que vient la nourriture ; distinction du devant et du derrière, de la droite et de la gauche; la droite et la gauche sont plus ou moins apparentes selon que l'animal a des organes plus spéciaux et plus distincts ; preuves que c'est par la droite que le mouvement commence ; port des fardeaux ; attitudes pour se mettre en défense et pour lancer quelque chose; exemples des turbines, où la spire est tournée à gauche, le mouvement se faisant à droite; exemple encore plus frappant dans l'homme.

1 Ἐπεὶ δ' εἰσὶν αἱ διαστάσεις τὸν ἀριθμὸν ἕξ, αἷς ὁρίζεσθαι πέφυκε τὰ ζῷα, τό τε ἄνω καὶ κάτω καὶ τὸ ἔμπροσθεν καὶ τὸ ὄπισθεν, ἔτι δὲ τὸ δεξιὸν καὶ τὸ ἀριστερόν, τὸ μὲν ἄνω καὶ κάτω μόριον πάντ' ἔχει τὰ ζῶντα. Οὐ μόνον γὰρ ἐν τοῖς ζῴοις ἐστὶ τὸ ἄνω καὶ κάτω, ἀλλὰ καὶ ἐν τοῖς φυτοῖς. Διείληπται δ' ἔργῳ, καὶ οὐ θέσει μόνον τῇ πρός τε τὴν γῆν καὶ τὸν οὐρανόν. 2 θεν μὲν γὰρ ἡ τῆς τροφῆς διάδοσις καὶ ἡ αὔξησις ἑκάστοις, ἄνω τοῦτ' ἐστι· πρὸς ὃ δ' [705b] ἔσχατον αὕτη περαίνει, τοῦτο κάτω. Τὸ μὲν γὰρ ἀρχή τις, τὸ δὲ πέρας· ἀρχὴ δὲ τὸ ἄνω. Καίτοι δόξειέ γ' ἂν τοῖς φυτοῖς οἰκεῖον εἶναι τὸ κάτω μᾶλλον· οὐχ ὁμοίως γὰρ ἔχει τῇ θέσει τὸ ἄνω καὶ κάτω τούτοις καὶ τοῖς ζῴοις. 3 χει δὲ πρὸς μὲν τὸ ὅλον οὐχ ὁμοίως, κατὰ δὲ τὸ ἔργον ὁμοίως. Αἱ γὰρ ῥίζαι εἰσὶ τὸ ἄνω τοῖς φυτοῖς· ἐκεῖθεν γὰρ ἡ τροφὴ διαδίδοται τοῖς φυομένοις, καὶ λαμβάνει ταύταις αὐτήν, καθάπερ τὰ ζῷα τοῖς στόμασιν.

4 σα δὲ μὴ μόνον ζῇ ἀλλὰ καὶ ζῷά ἐστι, τοῖς τοιούτοις ὑπάρχει τό τε ἔμπροσθεν καὶ τὸ ὄπισθεν. Αἴσθησιν γὰρ ἔχει ταῦτα πάντα, ὁρίζεται δὲ κατὰ ταύτην τό τε ὄπισθεν καὶ τὸ ἔμπροσθεν· ἐφ' ὃ μὲν γὰρ ἡ αἴσθησις πέφυκε καὶ ὅθεν ἐστὶν ἑκάστοις, ἔμπροσθεν ταῦτ' ἐστι, τὰ δ' ἀντικείμενα τούτοις ὄπισθεν. 5 σα δὲ τῶν ζῴων μὴ μόνον αἰσθήσεως κοινωνεῖ, ἀλλὰ δύναται ποιεῖσθαι τὴν κατὰ τόπον μεταβολὴν αὐτὰ δι' αὑτῶν, ἐν τούτοις δὴ διώρισται πρὸς τοῖς λεχθεῖσι τό τ' ἀριστερὸν καὶ τὸ δεξιὸν ὁμοίως τοῖς πρότερον εἰρημένοις, ἔργῳ τινὶ καὶ οὐ θέσει διωρισμένον ἑκάτερον αὐτῶν· ὅθεν μὲν γάρ ἐστι τοῦ σώματος ἡ τῆς κατὰ τόπον μεταβολῆς ἀρχὴ φύσει, τοῦτο μὲν δεξιὸν ἑκάστων, τὸ δ' ἀντικείμενον καὶ τούτῳ πεφυκὸς ἀκολουθεῖν ἀριστερόν. 6 Τοῦτο δὲ διήρθρωται μᾶλλον ἑτέροις ἑτέρων. σα μὲν γὰρ ὀργανικοῖς μέρεσι χρώμενα (λέγω δ' οἷον ποσὶν ἢ πτέρυξιν ἤ τινι ἄλλῳ τοιούτῳ) τὴν εἰρημένην μεταβολὴν ποιεῖται, περὶ μὲν τὰ τοιαῦτα μᾶλλον διήρθρωται τὸ λεχθέν· ὅσα δὲ μὴ τοιούτοις μορίοις, αὐτῷ δὲ τῷ σώματι διαλήψεις ποιούμενα προέρχεται, καθάπερ ἔνια τῶν ἀπόδων, οἷον οἵ τε ὄφεις καὶ τὸ τῶν καμπῶν γένος, καὶ πρὸς τούτοις ἃ καλοῦσι ἔντερα γῆς, ὑπάρχει μὲν καὶ ἐν τούτοις τὸ λεχθέν, οὐ μὴν διασεσάψηταί γ' ὁμοίως.

7 τι δ' ἐκ τῶν δεξιῶν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεώς ἐστι, σημεῖον καὶ τὸ φέρειν τὰ φορτία πάντας ἐπὶ τοῖς ἀριστεροῖς· οὕτως γὰρ ἐνδέχεται κινεῖσθαι τὸ φέρον, λελυμένου τοῦ κινήσοντος. Διὸ καὶ ἀσκωλιάζουσι ῥᾷον ἐπὶ τοῖς ἀριστεροῖς· κινεῖν γὰρ [706a] πέφυκε τὸ δεξιόν, κινεῖσθαι δὲ τὸ ἀριστερόν· ὥστε καὶ τὸ φορτίον οὐκ ἐπὶ τῷ κινήσοντι ἀλλ' ἐπὶ τῷ κινησομένῳ δεῖ ἐπικεῖσθαι· 8 ἐὰν δ' ἐπὶ τῷ κινοῦντι καὶ τῇ ἀρχῇ τῆς κινήσεως ἐπιτεθῇ, ἤτοι ὅλως οὐ κινήσεται ἢ χαλεπώτερον. 9 Σημεῖον δ' ὅτι ἀπὸ τῶν δεξιῶν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως καὶ αἱ προβολαί· πάντες γὰρ τὰ ἀριστερὰ προβάλλονται, καὶ ἑστῶτες προβεβλήκασι τὰ ἀριστερὰ μᾶλλον, ἂν μὴ ἀπὸ τύχης συμβῇ. Οὐ γὰρ τῷ προβεβηκότι κινοῦνται, ἀλλὰ τῷ ἀποβεβηκότι· καὶ ἀμύνονται τοῖς δεξιοῖς. Διὰ ταύτην δὲ τὴν αἰτίαν καὶ τὰ δεξιὰ ταὐτά ἐστι πάντων. θεν μὲν γὰρ ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως, τὸ αὐτὸ πᾶσι καὶ ἐν τῷ αὐτῷ τὴν θέσιν ἔχει κατὰ φύσιν· δεξιὸν δ' ἐστὶν ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεώς ἐστι. 10 Καὶ διὰ τοῦτο τὰ στρομβώδη τῶν ὀστρακοδέρμων δεξιὰ πάντ' ἐστιν. Οὐ γὰρ ἐπὶ τὴν ἑλίκην κινεῖται, ἀλλ' ἐπὶ τὸ καταντικρὺ πάντα προέρχονται, οἷον πορφύραι καὶ κήρυκες. Κινουμένων οὖν πάντων ἀπὸ τῶν δεξιῶν, κἀκείνων ἐπὶ ταὐτὰ κινουμένων ἑαυτοῖς, ἀνάγκη πάντα δεξιὰ εἶναι ὁμοίως.

11 πολελυμένα δ' ἔχουσι τὰ ἀριστερὰ τῶν ζῴων μάλιστα ἄνθρωποι διὰ τὸ κατὰ φύσιν ἔχειν μάλιστα τῶν ζῴων· φύσει δὲ βέλτιον τὸ δεξιὸν τοῦ ἀριστεροῦ κεχωρισμένον. Διὸ καὶ τὰ δεξιὰ ἐν τοῖς ἀνθρώποις μάλιστα δεξιά ἐστι. Διωρισμένων δὲ τῶν δεξιῶν εὐλόγως τὰ ἀριστερὰ ἀκινητότερά ἐστι, καὶ ἀπολελυμένα μάλιστα ἐν τούτοις. Καὶ αἱ ἄλλαι δ' ἀρχαὶ μάλιστα κατὰ φύσιν καὶ διωρισμέναι ἐν τῷ ἀνθρώπῳ ὑπάρχουσι, τό τ' ἄνω καὶ τὸ ἔμπροσθεν.

1 Nous venons de dire qu'il y a six dimensions qui déterminent la forme naturelle des êtres animés, le haut et le bas, le devant et le derrière, la droite et la gauche. Tous les êtres vivants ont sans exception le haut et le bas; car ce n'est pas seulement dans les animaux, c'est aussi dans les plantes que le haut et le bas se retrouvent, parce que le haut et le bas se distinguent et se séparent, d'après les fonctions réelles, et que leur différence ne consiste pas dans leur simple position, soit relativement à la terre, soit rela-tivement au ciel. 2 Le point du corps d'où partent la distribution de la nourriture et la croissance des êtres constitue le haut pour chacun d'eux ; le bas, au contraire, est le point extrême et dernier [705b] où la nourriture se répartit. L'un est en quelque sorte un principe et un commencement, tandis que l'autre est un terme et une borne. C'est bien le haut qui est le principe; et cependant il pourrait sembler que, dans les plantes spécialement, c'est plutôt le bas. C'est que dans les plantes le haut et le bas n'ont pas la même position que dans les animaux. 3 II est bien certain que, relativement au tout, la position des uns et des autres est différente ; mais, en fait et en résultat, elle est semblable. Les racines dans les plantes constituent le haut, puisque c'est de là que la nourriture se répand dans le végétal, et que c'est par les racines que les plantes prennent leur nourriture, tout comme les animaux la prennent par la bouche.

4 Mais tous les êtres qui font plus que vivre, et qui sont de vrais animaux, ont à la fois une partie de devant et une.partie postérieure, attendu que tous ces êtres ont des sens, et que c'est par les sensations que se déterminent le devant et le derrière dans l'animal. La partie d'où la nature fait dépendre la sensibilité et la partie d'où la sensation vient pour tous les animaux, c'est ce qui en eux est le devant; et la partie opposée à celle-là, c'est le derrière. 5 Dans tous les animaux qui non seulement jouissent de la sensibilité commune, mais qui en outre peuvent accomplir par eux-mêmes et par eux seuls le mouvement qui les fait changer de lieu, on distingue, outre les deux parties qu'on vient de nommer, la gauche et la droite, qui, tout comme les parties qui viennent d'être indiquées, se distinguent l'une et l'autre par une fonction d'un certain genre, et non pas seulement par leur position. Le point d'où part naturellement l'initiative du mouvement de locomotion pour le corps, c'est la droite dans chaque animal; le point qui y est opposé, et qui est fait naturellement pour suivre l'autre, c'est la gauche. 6 Cette distinction est plus ou moins marquée selon les divers animaux. Dans tous ceux qui ont des organes spéciaux, je veux dire des pieds, des ailes, ou tel autre organe de genre analogue, pour exécuter le mouvement dont ils sont capables, la distinction que nous signalons est marquée davantage. Au contraire, dans les animaux qui ne sont pas pourvus de ces organes spéciaux, et qui ne peuvent avancer qu'en faisant onduler le corps lui-même, par exemple les serpents, le genre des chenilles, et ce qu'on appelle aussi les entrailles de terre, il y a bien encore une gauche et une droite ; mais elles n'y sont pas également apparentes.

7 Une preuve que c'est en effet par la droite que le mouvement commence, c'est que tout le monde porte ses fardeaux avec la partie gauche ; car, de cette façon, ce qui porte peut recevoir le mouvement par la liberté laissée à ce qui doit le lui imprimer. Voilà encore pourquoi on se repose mieux et plus aisément sur la partie gauche, parce que c'est naturellement [706a] la droite qui meut et que c'est la gauche qui est mue. Par conséquent, il faut aussi que le poids repose, non sur ce qui doit mouvoir, mais sur ce qui doit recevoir le mouvement. 8 Si, au contraire, le poids était placé sur le moteur et sur le principe du mouvement, ou il n'y aurait pas de mouvement du tout, ou ce mouvement serait bien plus difficile. 9 Une autre preuve que c'est bien par la droite que le mouvement commence, c'est l'attitude que l'on prend toutes les fois qu'on lance quelque chose. On avance toujours la gauche ;et, pour affermir son assiette, c'est plus particulièrement la gauche qu'on met en avant, à moins de cas tout à fait fortuit. On ne fait pas le mouvement par le membre qu'on avance, mais bien par celui qu'on retire; et c'est alors par la droite qu'on se met en défense. C'est encore pour cette raison que la droite est la même dans tous les animaux ; car le principe d'où part le mouvement est le même dans tous ; et pour tous, il est naturellement placé dans la même partie du corps. La droite est toujours le point de départ du mouve-ment. 10 Voilà encore pourquoi les turbines parmi les crustacés sont toujours dirigés à droite. Ils ne se meuvent jamais dans le sens de la spire ; ils s'avancent tous au contraire dans le sens opposé, ainsi que le font les pourpres et les buccins. Comme tous les animaux se meuvent en partant de la droite, et que ces crustacés se meuvent aussi de la même manière, il y a nécessité que tous également se meuvent à droite.

11 C'est l'homme qui, de tous les animaux, a la partie gauche la plus libre et la plus détachée, parce que, de tous les animaux, c'est l'homme qui est le plus conforme à la nature ; et dans l'ordre naturel des choses, la droite vaut mieux que la gauche, et elle est isolée. Aussi, c'est plus particulièrement dans la race humaine que la droite est la plus adroite. La droite une fois bien déterminée, il est tout simple que la gauche soit beaucoup moins mobile, bien qu'elle soit dans l'homme plus indépendante que dans tout autre être, de même que c'est en lui aussi que les autres principes sont déterminés le plus naturellement, je veux dire, le haut et le devant.


 

§ I. Nous venons de dire. Voir plus haut, ch. ii, § 3.

Tous les êtres vivants. Par cette expression générale, Aristote comprend les plantes aussi bien que les animaux ; les plantes vivent, bien qu'elles ne soient pas animées.

C'est aussi dans les plantes. Aristote s'était beaucoup occupé de botanique; mais ses ouvrages sur les plantes ne sont pas parvenus jusqu'à nous. Il a fait faire la botanique par son disciple Théophraste, ne pouvant à lui seul développer toutes les sciences que créait son génie. Voir la Dissertation sur l'authenticité et la composition de l'Histoire des Animaux, p. cxci de ma traduction. — D'après les fonctions réelles. La distinction est fort ingénieuse ; peut-être n'est-elle pas également vraie ; mais la raison qu'en donne Aristote est assez justifiée. Si la situation de l'organe de la nutrition indique le haut dans l'être vivant, il est certain que les racines sont le haut de la plante, puisqu'elles la nourrissent.

§ 2. Le point du corps... Cette définition est fort acceptable; mais ailleurs Aristote rapporte le haut dans le corps des animaux à une autre cause; le haut et le bas dans l'homme coïncident avec le haut et le bas de l'univers ; voir l'Histoire des Animaux, livre I, ch. xu, § 2, p. 69 de ma traduction.

Le point extrême et dernier. Ce point n'est pas assez précisé ; et l'on peut comprendre qu'il s'agit soit de l'orifice excrétoire, soit de l'extrémité des membres inférieurs, où la nourriture se répartit comme partout.

Il pourrait sembler que dans les plantes D'après la théorie d'Aristote, ce n'est qu'une apparence trompeuse, puisque c'est par la racine que la plante se nourrit.

Le haut et le bas.. n'ont pas la même position ... Une fois qu'on admet la théorie d'Aristote, cette conséquence est nécessaire.

§ 3. Relativement au tout. C'est la traduction littérale du texte ; par le Tout, Aristote entend l'univers, comme le prouve le passage de l'Histoire des Animaux, cité au paragraphe précédent. Voir le Traité de Platon, trad. V. Cousin, p. 182. — En fait et en résultat. Il n'y a qu'un seul mot dans le grec. Le fait, ce sont les fonctions dont il est question au § 1.

Constituent le haut. Ceci est vrai, si l'organe de la nutrition détermine le haut dans l'animal. Il n'est pas moins certain que ce sont les racines qui nourrissent la plante, comme c'est parla bouche et l'œso-phage que se nourrissent les animaux supérieurs.

§ 4. De vrais animaux. J'ai ajouté l'épithète, pour mieux marquer la pensée, qui, du reste, est très-claire.

De devant... postérieure. C'est la seconde des trois séries, deux à deux, indiquées plus haut, ch. II, § 3.

C'est par les sensations. Les organes des sens chez l'homme sont placés en avant, surtout la vue, l'odorat, le goût; l'oule est à la circonférence, et le toucher est départi au corps
entier.

La sensation devant... derrière. C'est un moyen de distinguer en effet les deux directions, en avant, en arrière ; et il nous serait difficile de trouver une explication plus satisfaisante.

§ 5. De la sensibilité commune. L'expression du texte n'est pas plus définie que ma traduction. Par la sensibilité commune, on peut entendre, ou l'ensemble des cinq sens, ou le sens du toucher répandu dans toutes les parties du corps. Le contexte peut admettre l'une ou l'autre de ces explications.

Le mouvement... En opposition aux animaux qui sont immobiles. — La gauche et la droite. Voir plus haut, ch. II, § 3 ; c'est la dernière des trois séries distinguées dans les six directions.

Par une fonction d'un certain genre. Voir plus haut, § 1.

 — L'initiative du mouvement. C'est la théorie qui est exposée déjà dans l'Histoire des Animaux, livre II, ch. i, § 12, p. 105 de ma traduction.

Est la droite dans chaque animal. Je ne sais pas si cette observation est aussi générale qu'Aristote semble le supposer; elle n'est pas difficile à faire ; mais il ne paraît pas que la science moderne ait reprise. Il est tout simple d'ailleurs que le mouvement commence par la droite chez l'homme, la partie droite étant chez lui plus libre et plus alerte que la gauche.

§ 6. Plus ou moins marquée. Aristote avait donc observé le phénomène d'aussi près qu'il avait pu, puisqu'il avait porté son attention non seulement sur l'homme, mais sur plusieurs espèces d'animaux.

Les entrailles de terre. Voir, sur cette singulière expression, l'Histoire des Animaux, livre VI, ch. xv, §§ 3 et 4, p. 305, de ma traduction. Ces entrailles de la terre, ainsi appelées, donnaient naissance aux anguilles, à ce que supposait la crédulité populaire, qu'Aristote ne partage pas.

Il y a bien encore une gauche et une droite. L'auteur aurait dû expliquer ceci un peu plus clairement; nous distinguons bien une gauche et une droite dans les reptiles et dans les animaux que cite Aristote ; mais à quel signe les y reconnaît-on ?

§ 7. Une preuve...  La preuve ici donnée nest pas péremptoire ; il est bien vrai qu'en général nous portons nos fardeaux du bras gauche, afin d'avoir la main droite plus libre ; mais la main droite recherche instinctivement cette liberté, précisément parce qu'elle est plus apte au mouvement et plus habile que la gauche. Je ne vois pas que, dans la physiologie moderne, on ait cherché à expliquer cette prédominance de la droite. Cette prédominance est de nature; et elle tient sans doute a la position du cœur dans le corps humain. C'est une sorte de protection puissante donnée à cet organe essentiel de la vie. La gauche est défendue par la droite.

— On se repose... L'observation est exacte, et l'explication qu'en propose Aristote est fort ingénieuse. Si l'on admet que c'est la droite qui commence le mouvement, il est dans Tordre que ce soit la gauche qui soit plus particulièrement à l'état de repos.

§ 8. Si, au contraire ... Ceci est la conséquence logique de ce qui précède ; et en effet, la droite doit, à ce compte, être plus libre que la gauche.

§ 9. Une autre preuve... Cette nouvelle preuve se fonde, comme les précédentes, sur un fait très-réel; et l'attitude qu'on prend pour lancer quelque chose est bien celle que dit Aristote. Ceci est vrai pour la plupart des hommes ; mais ce ne l'est plus pour les gauchers, qui avancent la jambe droite, pré* cisément parce qu'ils lancent de la gauche. Il faut toujours que la position des membres se contrarie en diagonale. Dans le gaucher, le bras gauche se retire, et c'est la jambe droite qui est placée en avant. Voir Barthez, Nouvelle méchanique des mouvements de l'homme et des animaux, p. 50.

Par la droite qu'on se met en défense. A moins qu'on ne soit gaucher; mais c'est l'exception.

La droite est la même dans tous les animaux. Je ne sais pas si cette généralité, fondée sur l'origine du mouvement, est parfaitement exacte. Il est constaté que le cheval commence le mouvement par le pied droit ; mais il reste a savoir ce qu'il en est de tant d'autres animaux ; voir M. J. Béclard, Traité élémentaire de Physiologie humaine, p. 742, 6e édition.

La droite est toujours le point de départ..... C'est un fait à vérifier; et c'est peut-être un desideratum dans la science moderne.

§ 10. Voilà encore pourquoi les turbines... On pourrait croire que tout ce paragraphe est une interpolation; on ne comprend pas bien en effet comment les turbines viennent figurer ici. Voir, sur les turbines, l'Histoire des Animaux, liv. IV, ch. iv, § 2, p. 38 de ma traduction.

Tous également se meuvent à droite. C'est à cette généralité qu'aboutit la digression faite dans ce paragraphe; elle est déjà indiquée plus haut.

§ 11. C'est l'homme..... II semble que la pensée interrompue dans le paragraphe précédent reprend ici son cours régulier.

La plus libre et la plus détachée. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte. Ceci ne veut pas dire que dans l'homme, la gauche soit plus libre que sa d roite, mais seulement que la gauche est plus libre dans l'homme que dans le reste des animaux. L'observation, même dans ces limites, n'est peut-être pas très-juste ; mais elle est encore confirmée par la fin de ce paragraphe.

Le plus conforme à la nature. La prééminence de l'homme n'est pas plus douteuse pour Aristote qu'elle ne l'est aujourd'hui pour les plus savants et les plus illustres de nos naturalistes.

Elle est isolée. L'expression du texte est aussi vague ; et je n'ai pas cru devoir la préciser davantage.La droite se distingue et se sépare de la gauche par les mouvements plus complets qu'elle peut exécuter.

La droite est la plus adroite. Cette tautologie est encore plus marquée dans l'expression grecque; elle est une simple répétition d'un même mot, qui peut signifier tout à la fois Droit et Adroit.

Dans l'homme plus indépendante.Ceci se rapporte au début même de ce paragraphe.

Les autres principes. Voir plus haut, ch. 2f § 3.

CHAPITRE V

Le haut et le devant sont marqués surtout dans les animaux à deux pieds : l'homme et l'oiseau ; les quadrupèdes, les polypodes et les apodes; définition du pied ; le haut, le milieu et le bas, chez les animaux et dans les végétaux; singularité des plantes; position moyenne des quadrupèdes, des polypodes et des apodes ; la station droite et ses nécessités ; importance relative des principes de mouvement, et des lieux où ils sont placés.

1 σοις μὲν οὖν τὸ ἄνω καὶ τὸ ἔμπροσθεν διώρισται, καθάπερ τοῖς ἀνθρώποις καὶ τοῖς ὄρνισι, ταῦτα μὲν δίποδα. (Τῶν δὲ τεττάρων τὰ δύο σημεῖα τοῖς μὲν πτέρυγες τοῖς δὲ χεῖρες καὶ βραχίονές εἰσιν), ὅσα δ' ἐπὶ τὸ αὐτὸ τὸ πρόσθεν ἔχει καὶ τὸ ἄνω, τετράποδα καὶ πολύποδα καὶ ἄποδα. 2 Καλῶ γὰρ πόδα μέρος ἐπὶ σημείῳ πεζῷ κινητικῷ κατὰ τόπον· καὶ γὰρ τὸ ὄνομα ἐοίκασιν εἰληφέναι ἀπὸ τοῦ πέδου οἱ πόδες. 3 νια δ' ἐπὶ τὸ αὐτὸ ἔχει τὸ πρόσθιον καὶ [706b] τὸ ὀπίσθιον, οἷον τά τε μαλάκια καὶ τὰ στρομβώδη τῶν ὀστρακοδέρμων· εἴρηται δὲ περὶ αὐτῶν πρότερον ἐν ἑτέροις. Τριῶν δ' ὄντων τόπων, τοῦ ἄνω καὶ μέσου καὶ κάτω, τὰ μὲν δίποδα τὸ ἄνω πρὸς τὸ τοῦ ὅλου ἄνω ἔχει, τὰ δὲ πολύποδα ἢ ἄποδα πρὸς τὸ μέσον, τὰ δὲ φυτὰ πρὸς τὸ κάτω. 4 Αἴτιον δ' ὅτι τὰ μὲν ἀκίνητα, πρὸς τὴν τροφὴν δὲ τὸ ἄνω, ἡ δὲ τροφὴ ἐκ τῆς γῆς. Τὰ δὲ τετράποδα ἐπὶ τὸ μέσον καὶ τὰ πολύποδα καὶ ἄποδα διὰ τὸ μὴ ὀρθὰ εἶναι· τὰ δὲ δίποδα πρὸς τὸ ἄνω διὰ τὸ ὀρθὰ εἶναι, μάλιστα δ' ὁ ἄνθρωπος· μάλιστα γὰρ κατὰ φύσιν ἐστὶ δίπους.

5 Εὐλόγως δὲ παὶ αἱ ἀρχαί εἰσιν ἀπὸ τούτων τῶν μορίων· ἡ μὲν γὰρ ἀρχὴ τίμιον, τὸ δ' ἄνω τοῦ κάτω καὶ τὸ πρόσθεν τοῦ ὄπισθεν καὶ τὸ δεξιὸν τοῦ ἀριστεροῦ τιμιώτερον. Καλῶς δ' ἔχει καὶ τὸ ἀνάπαλιν λέγειν περὶ αὐτῶν, ὡς διὰ τὸ τὰς ἀρχὰς ἐν τούτοις εἶναι ταῦτα τιμιώτερα τῶν ἀντικειμένων μορίων ἐστίν.

1 Tous les animaux chez lesquels le haut et le devant sont déterminés comme ils le sont dans l'homme et dans l'oiseau, sont pourvus de deux pieds. Des quatre membres que possède l'animal, deux, chez les uns, sont des ailes ; chez les autres, ce sont des mains et des bras. Les animaux chez lesquels le devant et le haut sont dans le même sens sont, ou tous quadrupèdes, ou ils ont plus de quatre pieds, ou ils sont sans pieds. 2 J'appelle Pied la partie représentée par le membre qui marche et qui produit le mouvement de locomotion ; car il semble qu'on ait tiré dans la langue grecque le nom de Pied du mot qui exprime le Plan sur lequel le pied s'appuie. 3 II y a des animaux qui ont le devant [706b] et le derrière confondus dans le même sens : par exemple, les mollusques, et les turbines parmi les crustacés. Nous ne nous y arrêterons pas, attendu que nous en avons déjà parlé ailleurs. Mais les lieux étant au nombre de trois, le haut, le milieu et le bas, les animaux à deux pieds ont leur haut dirigé vers le haut de l'univers entier, tandis que les polypodes ou les apodes sont dirigés vers le milieu, et que les plantes le sont vers le bas. 4 Ce qui fait cette disposition des végétaux, c'est qu'ils sont immobiles, et que, le haut se rapportant toujours à l'alimentation, c'est de la terre que les végétaux tirent ce qui les nourrit. Quant aux quadrupèdes, aux polypodes et aux animaux sans pieds, ils répondent au point milieu, parce qu'ils n'ont pas la station droite. Au contraire, les animaux à deux pieds se rapportent au haut, parce qu'ils sont droits ; ce qui est marqué chez l'homme plus que chez tout autre animal, attendu que, par sa nature, il est au suprême degré un être à deux pieds.

5 Du reste, la raison comprend très-bien que les principes de mouvement partent de ces points divers. Le principe est ce qu'il y a de plus important et de plus digne d'attention. Le haut est plus important que le bas; le devant, plus que le derrière; et le droit l'est plus que le gauche. Il est donc tout à fait dans l'ordre que l'on dise de ces parties, les unes à l'inverse de ce qu'on dit des autres, que c'est parce que ces parties renferment les principes, qu'elles sont par cela même plus importantes que les parties opposées.

§ 1. Sont pourvus de deux pieds. Il n'y a, en effet, que l'homme et l'oiseau qui soient bipèdes, et chez qui le haut et le devant soient déterminés comme ils le sont. Chez les autres animaux, il y a bien aussi un haut et un devant ; mais ils y sont moins déterminés.

 — Des mains et des bras. C'est la traduction exacte; mais il eût été préférable de dire simplement des bras, puisque le bras comprend la main nécessairement.

Le devant et le haut sont dans le même sens. Le texte est un peu moins précis; et il se sert d'un pronom indéterminé.

§ 2. J'appelle Pied. Cette définition du Pied n'est peut-être pas aussi complète que l'auteur semble le croire ; mais elle suffit à indiquer sa pensée; le pied est, selon lui, le membre qui prend l'initiative du mouvement de locomotion.

Dans la langue grecque. J'ai dû ajouter ceci, parce que, dans notre langue, cette ressemblance n'a pas lieu. On peut trouver d'ailleurs que l'étymologie donnée ici n'est pas très-juste, bien que la forme des mots soit en effet très-rapprochée. C'est une simple coïncidence.

§ 3. Confondus dans le même sens. Il serait peut-être plus exact de dire Indistincts, au lieu de Confondus.

Déjà parlé ailleurs. Aristote a beaucoup parlé des turbines et des crustacés dans l'Histoire des Animaux, et il est possible qu'il se réfère ici à ce qu'il a dit dans cet ouvrage ; voir notamment liv. IV, ch. iv, § 7 et ch. v, § 4 ; mais il se peut aussi qu'il fasse simplement allusion à ce oui vient d'être dit des turbines un peu plus haut, ch. iv, § 10. Ce dernier passage, du reste, n'est pas en parfaite conformité avec celui-ci.

Vers le haut de l'univers entier. Voir plus haut, ch. iv, § 3. Le haut dans l'homme est dans le même sens que le haut de l'univers, d'après la théorie d'Aristote; c'est la pensée répétée plus tard par le poète: « Cœlum que tueri... "

Les polypodes. Ce sont d'abord tous les quadrupèdes, et tous les animaux qui ont plus de quatre pieds.

Les apodes. Ce sont les reptiles de toutes les espèces
du genre ophidien.

Les plantes le sont vers le bas. Voir plus haut ch. iv, § 3, où l'on explique que les racines représentent le haut dans les plantes.

§ 4. C'est qu'ils sont immobiles. L'argument n'est pas décisif; et ce n'est pas l'immobilité des végétaux qui pour eux détermine le haut.

Le haut se rapportant toujours à l'alimentation. Ce second argument est le vrai. Comme les aliments, de quelque genre qu'ils soient, ont un certain poids, il faut qu'ils entrent par le haut pour descendre peu à peu dans toutes les parties du corps, par suite des transformations qu'ils subissent.

Ils répondent au point milieu. C'est-à-dire qu'ils sont horizontaux, au lieu d être verticaux.

Ce qui est marqué chez l'homme. Voir plus haut, ch. iv, § 11. — Un être à deux pieds. Tous les naturalistes, en décrivant la station droite chez les oiseaux et chez l'homme, en ont marqué les profondes différences; voir Barthez, Nouvelle méchanique des mouvements de l'homme et des animaux, p. 43, édition de 1798 ; Cuvier, Anatomie comparée, 1.1, p. 480, 1e édition; M. G. Colin, Traité de Physiologie comparée, tome I, p. 376, édition de 1871.

§ 5. De ces points divers. Ou, De ces parties diverses; ce sont le haut, la droite et le devant, comme on Ta expliqué dans tout ce qui précède.

De plus important et de plus digne d'attention. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte.

Les parties opposées. Le bas, la gauche, le derrière. Ces considérations, bien qu'un peu subtiles, ne sont pas fausses ; et la supériorité signalée par Aristote est certaine. La main droite est beaucoup plus importante pour nous que la gauche.

CHAPITRE VI

La droite commence le mouvement ; division nécessaire du mouvement en deux parties, l'une qui se meut, l'autre qui est immobile ; point commun à toutes deux ; même théorie pour le point d'inertie ; mouvement eu avant ; pas de mouvement naturel en arrière ; corrélation intime du haut et du bas, d'une part; et d'autre part, de la droite et de la gauche ; il n'y a de part et d'autre qu'un seul et même principe pour les deux ; vraisemblance de ces explications pour deux des trois dimensions.

1 Ὅτι μὲν οὖν ἐκ τῶν δεξιῶν ἡ τῆς κινήσεώς ἐστιν ἀρχή, φανερὸν ἐκ τῶν εἰρημένων. πεὶ δ' ἀνάγκη παντὸς συνεχοῦς, οὗ τὸ μὲν κινεῖται τὸ δ' ἠρεμεῖ, ὅλου δυναμένου κινεῖσθαι ἑστῶτος θατέρου, ᾗ ἄμφω κινεῖται τὰς ἐναντίας κινήσεις, εἶναι τὸ κοινόν, καθ' ὃ συνεχῆ ταῦτ' ἐστιν ἀλλήλοις, κἀνταῦθ' ὑπάρχειν τὴν ἀρχὴν τῆς ἑκατέρου τῶν μερῶν κινήσεως, 2 ὁμοίως δὲ καὶ τῆς στάσεως δηλονότι, καθ' ὅσας τῶν λεχθεισῶν ἀντιθέσεων ἰδία κίνησις ὑπάρχει τῶν ἀντικειμένων μερῶν ἑκατέρῳ, πάντα ταῦτα κοινὴν ἀρχὴν ἔχει κατὰ τὴν τῶν εἰρημένων μερῶν σύμφυσιν, λέγω δὲ τῶν τε δεξιῶν καὶ τῶν ἀριστερῶν καὶ τῶν ἄνω καὶ κάτω καὶ τῶν ἔμπροσθεν καὶ τῶν ὄπισθεν. 3 Κατὰ μὲν οὖν τὸ ἔμπροσθεν καὶ τὸ ὄπισθεν διάληψις οὐκ ἔστι τοιαύτη περὶ τὸ κινοῦν ἑαυτό, διὰ τὸ μηθενὶ φυσικὴν ὑπάρχειν κίνησιν εἰς τὸ ὄπισθεν, μηδὲ διορισμὸν ἔχειν τὸ κινούμενον, καθ' ὃν τὴν ἐφ' ἑκάτερα τούτων μεταβολὴν ποιεῖται· κατὰ δὲ τὸ δεξιόν γε καὶ ἀριστερὸν καὶ τὸ ἄνω καὶ τὸ κάτω ἔστι. 4 Διὸ τῶν ζῴων ὅσα μέρεσιν [707a] ὀργανικοῖς χρώμενα προέρχεται, τῇ μὲν τοῦ ἔμπροσθεν καὶ ὄπισθεν διαφορᾷ οὐκ ἔχει διωρισμένα ταῦτα, ταῖς δὲ λοιπαῖς, ἀμφοτέραις μέν, προτέρᾳ δὲ τῇ κατὰ τὸ δεξιὸν καὶ ἀριστερὸν διοριζούσῃ, διὰ τὸ τὴν μὲν ἐν τοῖς δυσὶν εὐθέως ἀναγκαῖον εἶναι ὑπάρχειν, τὴν δ' ἐν τοῖς τέτταρσι πρώτοις. 5 πεὶ οὖν τό τε ἄνω καὶ τὸ κάτω καὶ τὸ δεξιὸν καὶ ἀριστερὸν τῇ αὐτῇ ἀρχῇ καὶ κοινῇ συνήρτηται πρὸς αὑτά (λέγω δὲ ταύτην τὴν τῆς κινήσεως κυρίαν), δεῖ δ' ἐν ἅπαντι τῷ μέλλοντι κατὰ τρόπον ποιεῖσθαι τὴν ἀφ' ἑκάστου κίνησιν ὡρίσθαι πως καὶ τετάχθαι ταῖς ἀποστάσεσι ταῖς πρὸς τὰς ῥηθείσας ἀρχάς (τάς τε ἀντιστοίχους καὶ τὰς συστοίχους τῶν ἐν τοῖς μέρεσι τούτοις) τὸ τῶν λεχθεισῶν κινήσεων ἁπασῶν αἴτιον, 6 (αὕτη δ' ἐστὶν ἀφ' ἧς ἀρχῆς κοινῆς τῶν ἐν τῷ ζῴω ἥ τε τοῦ δεξιοῦ καὶ ἀριστεροῦ κίνησίς ἐστιν, ὁμοίως δὲ καὶ ἡ τοῦ ἄνω καὶ κάτω) ταύτην δ' ἔχειν ἑκάστῳ ᾗ παραπλησίως πρὸς ἑκάστην τῶν ἐν τοῖς ῥηθεῖσι μέρεσιν ἀρχῶν,

1 Ce que nous venons de dire suffît pour montrer bien évidemment que c'est par la droite que commence le mouvement. Mais, dans tout continu, où une partie se meut tandis que l'autre partie reste immobile, le tout pouvant se mouvoir dans l'immobilité de l'une des parties, comme alors les deux parties sont soumises à des mouvements contraires, il faut nécessairement qu'il y ait un point commun à toutes les deux où s'établisse leur continuité mutuelle, et d'où parte le mouvement de chacune de ces deux parties. 2 Ceci n'est pas moins évident quand le corps est à l'état de repos, toutes les fois que chacune des parties opposées l'une à l'autre ont un mouvement propre, selon les antithèses dont nous venons de parler. Il faut alors qu elles aient toutes un principe commun où se trouve la connexion intime des parties en question ; je veux dire, de la droite et de la gauche, du haut et du bas, du devant et du derrière. 3 Pour le devant et le derrière, il n'y a point de distinction de ce genre dans l'être qui a la faculté de se mouvoir lui-même, parce qu'il n'y a pas un seul être qui ait naturellement le mouvement en arrière, et que l'être mis en mouvement n'a pas de détermination qui dirige son mouvement dans l'une ou l'autre de ces deux directions indifféremment. Mais pour la droite et la gauche, il y a une distinction, et il y en a également pour le haut et le bas. 4 Voilà comment, chez les animaux qui marchent à l'aide de membres [707a] organisés dans cette vue, il n'y a pas de détermination résultant de la différence du devant et du derrière. Mais pour les deux autres différences, cette détermination existe, la première distinguant la droite et la gauche, attendu que l'une de ces différences se trouve de toute nécessité et immédiatement dans les deux, et que l'autre se trouve dans les quatre premiers. 5 Puis donc que le haut et le bas, la droite et la gauche, sont essentiellement liés à un même principe qui leur est commun, je veux dire le principe maître du mouvement, il fout, dans tout être qui doit exécuter régulièrement le mouvement partant de chacun de ces points, que la cause de tous les mouvements dont il vient d'être question soit en quelque sorte déterminée et ordonnée par les intervalles qui existent entre ces principes, soit de série opposée, soit de même série que les principes qui sont dans ces parties. 6 C'est donc précisément le mouvement de droite et de gauche qui est le principe commun d'où partent les mouvements dans l'animal L'explication est la même pour les mouvements de haut et de bas. C'est là ce qu'on doit supposer, en tant du moins qu'il se passe quelque chose qui en approche, pour chacun des principes dont sont animées les parties indiquées par nous.


 

§ 1. Suffit pour montrer. C'est une question de fait, qui ne demande pas d'explication ; il suffit de constater la réalité, qui peut ensuite devenir le fondement d'une démonstration régulière.

Dans l'immobilité de l'une des parties. Il faut toujours une partie immobile qui serve de point d'appui à l'autre partie destinée à se mouvoir. C'est le rôle que jouent les os, relativement aux muscles, qui sont en quelque sorte la partie mobile, puisque ce sont eux qui exécutent le mouvement.

Un point commun. Ceci résulte de la connexité mime des parties destinées par leur rapport mutuel à former un tout ; mais la condition essentielle du mouvement est toujours un point fixe, sur lequel le levier qui agit puisse s'appuyer.

§ 2. Quand le corps... de repos. Après le mouvement, on doit considérer l'état de repos ; et ce qui était vrai dans le premier cas ne l'est pas moins dans le second. Il faut aussi, pour le repos, un point commun où les parties diverses, et antithétiques, se joignent et communiquent. Ainsi pour la droite et la gauche, il doit y avoir un point commun qui n'est plus ni un ni l'autre; de même pour le devant et le derrière, le haut et le bas.

Les antithèses dont nous venons de parler. Voir plus haut, ch. II, § 3, et passim.

§ 3. Pour le devant et le derrière. Ceci revient à dire que tous les animaux doués d'un mouvement propre marchent toujours devant eux ; et quelques lignes plus bas, l'auteur affirme qu'il n'y a pas d'animal qui naturellement marche en arrière. C'est qu'Aristote ne connaissait pas les serpents amphisbènes, qui marchent dans les deux sens, parce que leur tète est tout d'une venue avec le reste du corps. C'est là, selon Cuvier, Règne animal, tome II, p. 72, édition de 1829, ce qui leur permet de marcher également bien dans les deux sens ; néanmoins l'organe de la vue est placé en avant chez ces animaux, comme chez tous les autres; voir aussi H. Claus, Zoologie descriptive, p. 916, trad. franc.

Indifféremment. J'ai ajouté ce mot.

§ 4. Voilà comment... Ceci ne fait guère que répéter ce qui vient d'être dit dans le paragraphe précédent.

De la différence du devant et du derrière. Cette assertion doit être restreinte au mouvement, puisqu'à tout autre point de vue, le devant est très-différent du derrière dans la plupart des animaux ; les amphisbènes font une exception à peu près unique.

Dans les deux ... dans les quatre premiers. Le texte ne peut avoir un autre sens ; mais il n'est pas assez clair. Sans doute, Aristote veut dire que d'abord la distinction de droite et de gauche est certaine, et que la distinction du haut et du bas, avec celle de droite et de gauche, forme quatre termes distincts. Par les quatre premiers, il faut entendre les quatre premières distinctions, le devant et le derrière ne venant qu'en dernière ligne. Mais quoi qu'il en soit de cette explication, ce passage reste très-obscur.

§ 5. Puis donc que le haut et le bas... Ce paragraphe n'est pas beaucoup plus clair que le précédent.

Le haut et le bas. L'auteur n'a pas montré jusqu'à présent quel est le rapport du haut et du bas au principe initial du mouvement. Il a expliqué seulement que le haut est la partie qui fournit l'alimentation à l'animal ; et c'est d'après cette condition qu'il a pu dire que les racines sont le haut de la plante, puisque c'est par là qu'elle se nourrit. Quant au droit et au gauche, ils sont bien déterminés par le mouvement, puisque, selon Aristote, c'est toujours par la droite que le mouvement commence.

Par les intervalles. Il y a une distance nécessaire de la droite à la gauche, et du haut au bas, comme il y en a une aussi entre le devant et le derrière.

De série opposée. Par exemple, le haut et le droit, le bas et le derrière, etc.

Soit de même série. La droite et la gauche, le haut et le bas, le devant et le derrière.

§ 6. Le principe commun. Il y a en effet dans l'animal un principe de mouvement qui se dirige tantôt à droite, tantôt à gauche ; et ce principe peut être considéré comme étant commun aux deux, puisqu'il s'applique également à l'un et à l'autre, bien qu'il commence par l'un des deux plus spécialement.

L'explication est la même. C'est-à-dire que pour le haut et le bas, il y a aussi un principe commun, qui se dirige tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre.

C'est là ce qu'on doit supposer. Cette formule, peu ordinaire à l'auteur, semble annoncer que lui-même n'est pas très-sûr des explications qu'il vient de donner sur une question d'ailleurs difficile.
 

CHAPITRE VII

Le mouvement de locomotion par deux ou quatre appareils n'appartient qu'aux animaux qui ont du sang; chez eux, il n'y a jamais plus de quatre appareils; différence entre les animaux qui ont du sang et ceux qui n'en ont pas ; ces derniers peuvent vivre après qu'on les a coupés en plusieurs morceaux ; les animaux sans pieds se meuvent aussi par quatre appareils, dont on peut retrouver les équivalents dans les flexions de ces animaux ; explication de ces flexions ; analogie des hommes de grande taille qui marchent voûtés; marche des serpents et de quelques poissons, murènes, anguilles, kestres de Siphées.

1 δῆλον οὖν ὡς ἢ μόνοις ἢ μάλιστα τούτοις ὑπάρχει τῶν ζῴων ἡ κατὰ τόπον κίνησις, ἃ δυσὶν ἢ τέτταρσι ποιεῖται σημείοις τὴν κατὰ τόπον μεταβολήν. στ' ἐπεὶ σχεδὸν τοῖς ἐναίμοις τοῦτο μάλιστα συμβέβηκε, φανερὸν ὅτι πλείοσί τε σημείοις τεττάρων οὐθὲν οἷόν τε κινεῖσθαι τῶν ἐναίμων ζῴων, καὶ εἴ τι τέτταρσι σημείοις κινεῖσθαι πέφυκε μόνον, ἀναγκαῖον τοῦτ' εἶναι ἔναιμον. 2 μολογεῖ δὲ τοῖς λεχθεῖσι καὶ τὰ συμβαίνοντα περὶ τὰ ζῷα. Τῶν μὲν γὰρ ἐναίμων οὐδὲν εἰς πλείω διαιρούμενον δύναται ζῆν οὐθένα χρόνον ὡς εἰπεῖν, τῆς τε κατὰ τόπον κινήσεως, καθ' ἣν ἐκινεῖτο συνεχὲς ὂν καὶ μὴ διῃρημένον, οὐ δύναται κοινωνεῖν· τῶν δ' ἀναίμων τε καὶ πολυπόδων ἔνια διαιρούμενα δύναται ζῆν πολὺν χρόνον ἑκάστῳ τῶν μερῶν, καὶ κινεῖσθαι τὴν αὐτὴν ἥνπερ καὶ πρὶν διαιρεθῆναι κίνησιν, οἷον αἵ τε καλούμεναι σκολόπενδραι καὶ ἄλλα τῶν ἐντόμων καὶ προμήκων· 3 πάντων γὰρ τούτων καὶ [707b] τὸ ὄπισθεν μέρος ἐπὶ τὸ αὐτὸ ποιεῖται τὴν πορείαν τῷ ἔμπροσθεν. Αἴτιον δὲ τοῦ διαιρούμενα ζῆν ὅτι, καθάπερ ἂν εἴ τι συνεχὲς ἐκ πολλῶν εἴη ζῴων συγκείμενον, οὕτως ἕκαστον αὐτῶν συνέστηκε. Φανερὸν δὲ τοῦτο ἐκ τῶν πρότερον εἰρημένων, διότι τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον. Δυσὶ γὰρ ἢ τέτταρσι κινεῖσθαι πέφυκε σημείοις τὰ μάλιστα συνεστηκότα κατὰ φύσιν,

4 ὁμοίως δὲ καὶ τῶν ἐναίμων ὅσα ἄποδά ἐστι. Καὶ γὰρ ταῦτα κινεῖται τέτταρσι σημείοις, δι' ὧν τὴν κίνησιν ποιεῖται. Δυσὶ γὰρ χρώμενα προέρχεται καμπαῖς· τὸ γὰρ δεξιὸν καὶ ἀριστερὸν τὸ πρόσθιον καὶ ὀπίσθιον ἐν τῷ πλάτει ἐστὶν ἐν ἑκατέρᾳ τῇ καμπῇ αὐτοῖς, ἐν μὲν τῷ πρὸς τὴν κεφαλὴν μέρει τὸ πρόσθιον σημεῖον δεξιόν τε καὶ ἀριστερόν, ἐν δὲ τῷ πρὸς τὴν οὐρὰν τὰ ὀπίσθια σημεῖα. Δοκεῖ δὲ δυοῖν σημείοιν κινεῖσθαι, τῇ τ' ἔμπροσθεν ἁφῇ καὶ τῇ ὕστερον. Αἴτιον δ' ὅτι στενὸν κατὰ πλάτος ἐστίν, ἐπεὶ καὶ ἐν τούτοις τὸ δεξιὸν ἡγεῖται, καὶ ἀνταποδίδωσι κατὰ τὸ ὄπισθεν, ὥσπερ ἐν τοῖς τετράποσι. 5 Τῶν δὲ κάμψεων αἴτιον τὸ μῆκος· ὥσπερ γὰρ οἱ μακροὶ τῶν ἀνθρώπων λορδοὶ βαδίζουσι, καὶ τοῦ δεξιοῦ ὤμου εἰς τὸ πρόσθεν ἡγουμένου (τὸ γὰρ ἀριστερὸν ἰσχίον εἰς τοὔπισθεν μᾶλλον ἀποκλίνει, καὶ τὸ μέσον κοῖλον γίνεται καὶ λορδόν) οὕτω δεῖ νοεῖν καὶ τοὺς ὄφεις κινουμένους ἐπὶ τῇ γῇ λορδούς. Σημεῖον δ' ὅτι ὁμοίως κινοῦνται τοῖς τετράποσιν· ἐν μέρει γὰρ μεταβάλλουσι τὸ κοῖλον καὶ τὸ κυρτόν. ταν γὰρ τὸ ἀριστερὸν πάλιν τῶν προσθίων ἡγήσηται, ἐξ ἐναντίας πάλιν τὸ κοῖλον γίνεται· τὸ γὰρ δεξιὸν ἐντὸς πάλιν γίνεται. 6 Σημεῖον δεξιὸν πρόσθιον ἐφ' οὗ Α, ἀριστερὸν ἐφ' οὗ Β, ὀπίσθιον ἀριστερὸν ἐφ' οὗ Γ, δεξιὸν ἐφ' οὗ Δ. Οὕτω δὲ κινοῦνται τῶν μὲν χερσαίων οἱ ὄφεις, τῶν δ' ἐνύδρων αἱ ἐγχέλεις καὶ οἱ γόγγροι καὶ αἱ μύραιναι, καὶ τῶν ἄλλων ὅσα ἔχει τὴν μορφὴν ὀφιωδεστέραν.

7 Πλὴν ἔνια μὲν τῶν ἐνύδρων τῶν τοιούτων οὐδὲν ἔχει πτερύγιον, οἷον αἱ μύραιναι, ἀλλὰ χρῆται τῇ [708a] θαλάττῃ ὥσπερ οἱ ὄφεις τῇ γῇ καὶ τῇ θαλάττῃ (νέουσι γὰρ οἱ ὄφεις ὁμοίως καὶ ὅταν κινῶνται ἐπὶ τῆς γῆς)· τὰ δὲ δύ' ἔχει πτερύγια μόνον, οἷον οἵ τε γόγγροι καὶ αἱ ἐγχέλυες καὶ γένος τι κεστρέων, οἳ γίνονται ἐν τῇ λίμνῃ τῇ ἐν Σιφαῖς. Καὶ διὰ τοῦτο ταῖς καμπαῖς ἐλάττοσι κινοῦνται ἐν τῷ ὑγρῷ ἢ ἐν τῇ γῇ τὰ ζῆν εἰωθότα ἐν τῇ γῇ, καθάπερ τὸ τῶν ἐγχελύων γένος. Οἱ δὲ δύο πτερύγια ἔχοντες τῶν κεστρέων τῇ καμπῇ ἀνισάζουσιν ἐν τῷ ὑγρῷ τὰ τέτταρα σημεῖα.

1 On peut donc regarder comme certain que le mouvement de locomotion est le privilège exclusif des animaux qui ont deux ou quatre appareils pour se déplacer, ou du moins que c'est chez eux que ce mouvement est le plus marqué. Mais comme ceci se montre presque uniquement dans les animaux qui ont du sang, il n'est pas moins clair qu'aucun animal de ce genre ne peut se mouvoir par plus de quatre appareils; et à l'inverse, du moment qu'un être quelconque se meut par quatre appareils seulement, cet être doit avoir du sang. 2 Les faits qu'on peut observer dans les animaux attestent la vérité de ce que nous avançons. Ainsi, pas un seul animal pourvu de sang ne peut vivre, pour ainsi dire, un seul instant, s'il est divisé en plusieurs parties ; et il ne peut plus jouir alors du mouvement de locomotion qu'il possédait, quand il était complet et continu, et qu'il n'était pas divisé. Tout au contraire, les animaux qui n'ont pas de sang et qui sont en même temps polypodes, peuvent encore, après qu'on les a coupés, vivre fort longtemps dans chacune de leurs sections, et conserver le mouvement qu'ils avaient avant qu'on ne les divisât. On peut citer, par exemple, les scolopendres, et d'autres insectes au corps allongé. 3 Chez tous ces animaux, [707b] la partie postérieure peut accomplir le même mouvement que la partie de devant. Ce qui fait qu'ils vivent même après avoir été coupés, c'est que la constitution de chacun d'eux ressemble beaucoup à celle d'un animal que l'on formerait de la réunion de plusieurs animaux. Ce que nous avons dit antérieurement démontre du reste qu'il en est bien ainsi. Les êtres les mieux constitués par la nature se meuvent, d'après ses lois, par deux appareils ou par quatre appareils.

4  II en est de même aussi de tous les animaux qui, ayant du sang, sont dépourvus de pieds; ceux-là aussi se meuvent également par quatre appareils destinés à aider leur mouvement. En effet, ils progressent par deux flexions le plus souvent ; la droite et la gauche, le devant et le derrière se retrouvent dans leur largeur, et dans l'une et l'autre de leurs flexions. Dans la partie qui représente leur tête, l'appareil antérieur est à droite et à gauche; et dans la partie qui est à la queue, on retrouve les appareils postérieurs. Mais il semble qu'il n'y a que deux points de mouvement, celui qui touche en avant et celui qui touche en arrière. Cela tient à ce que l'animal est fort étroit en largeur, quoique, dans ces animaux aussi, ce soit la droite qui dirige, et qu'elle corresponde avec la partie postérieure comme dans les quadrupèdes. 5 C'est la longueur de la bête qui exige les flexions. Ici il en est comme pour les hommes de haute taille, qui marchent tout voûtés ; leur épaule droite se porte avant ; et la jambe gauche tend plutôt à demeurer en arrière; et alors le milieu de leur corps se creuse et se voûte. C'est bien ainsi, croyons-nous, que les serpents marchent sur le sol, par des appareils qui se voûtent ; ce qui revient à dire qu'ils se meuvent tout à fait comme les quadrupèdes, puisqu'ils changent successivement le concave et le convexe. Quand la gauche à son tour conduit les parties antérieures, le concave se produit alors en sens contraire ; et à ce moment, c'est la partie droite qui rentre en dedans. 6 Représentons la partie droite du devant par A ; la gauche par B. La partie droite postérieure sera C ; et la gauche sera D. Voilà comment se meuvent les serpents parmi les animaux qui se meuvent sur le sol, et les anguilles parmi ceux qui se meuvent dans l'eau, ainsi que les congres et les murènes, en un mot tous les animaux qui se rapprochent encore davantage du serpent.

7 Il y a toutefois quelques-uns de ces animaux aquatiques qui n'ont pas même de nageoires, tels que les murènes; mais les murènes se servent [708a] de l'eau comme les serpents se servent du sol et de l'eau; car les serpents nagent également, même quand ils se meuvent sur terre. D'autres poissons n'ont que deux nageoires, par exemple, les congres et les anguilles, et aussi une espèce de kestres qu'on trouve dans le lac de Siphées. Aussi, les animaux qui sont habitués à vivre sur terre, comme l'espèce des anguilles, font-ils des flexions plus petites dans l'eau et sur terre. Mais ceux des kestres qui ont deux nageoires compensent par leur flexion dans l'eau les quatre appareils qu'ils n'ont pas.

§ 1. Deux ou quatre appareils. Les bipèdes et les quadrupèdes; voir plus haut, ch. i, § 2, et ch. v, §§ 1 et suiv.

Dans les animaux qui ont du sang cet être doit avoir du
sang
. Cette généralité n'est pas exacte ; car beaucoup d'animaux qui ont du sang n'ont pas les quatre membres. L'auteur croit que cette théorie s'appuie sur les faits; mais il se trompe; et ce sont précisément les faits qui la condamnent.

§ 2. Les faits. Aristote essaie bien toujours d'appliquer ici la méthode d'observation ; mais les faits qu'il choisit ne sont pas démonstratifs.

S'il est divisé en plusieurs parties. Le fait est exact ; mais il ne se rapporte pas à la théorie que l'auteur veut exposer.

Pourvu de sang. Peut-être faudrait-il ajouter : Et pourvu de deux ou quatre appareils.

Les animaux qui n'ont pas de sang. Il y a des éditions qui donnent un texte contraire : « Les animaux qui ont du sang ». C'est évidemment une erreur; et ce qui prouve bien que c'est la négation qui est la leçon véritable, ce sont les exemples cités plus bas ; ils s'appliquent à des insectes qui, selon Aristote, n'ont pas de sang. D'ailleurs les mêmes observations se retrouvent dans l'Histoire des Animaux, liv. IV, ch. vii, § 3, p. 69 de ma traduction; et dans ce passage, Aristote cite, parmi les insectes, la scolopendre, comme il la cite ici.

Les scolopendres. Voir Cuvier, Règne animal, tome IV, pp. 335 et 338. Les insectes myriapodes ont vingt-une paires de pattes ; leurs antennes ont dix-sept articles; leurs yeux sont au nombre de huit ; quatre de chaque coté. Il y a des espèces de scolopendres qui ont plus de vingt-une paires de pattes. — Au corps allongé. Quelques scolopendres ont jusqu'à deux décimètres de long.

§ 3. La partie postérieure... la partie de devant. Ceci se rapporte aux deux parties dans lesquelles l'insecte a été coupé, et non à la constitution naturelle de la bête.

De la réunion de plusieurs animaux. Cette comparaison ne paraît pas très-exacte.

Antérieurement. Voir plus haut, ch. iv, § 11, la remarque sur l'homme, et ch. v, § 1 et suiv.

§ 4. Sont dépourvus de pieds. Ce sont les reptiles ophidiens, les serpents proprement dits. Il eût été bon d'indiquer nommément les animaux auxquels ceci s'applique. La suite du paragraphe ne les désigne pas suffisamment. — Par quatre appareils. Ou, Indices, pour reproduire plus littéralement l'expression du texte. Il ne s agit plus ici de quatre membres comme dans les quadrupèdes.

Par deux flexions. C'est ce qu'on peut voir en effet dans les insectes qui marchent comme la chenille. La flexion du corps a deux branches qui font une sorte de voûte ; une partie s9étend et s'avance, et l'autre la suit. L'animal progresse assez vite de cette façon.

La droite et la gauche , le devant et le derrière. Il n'est pas parlé du haut et du bas, bien qu'on pût cependant les distinguer, même dans le plus rampant des insectes.

Qui représente leur tête. Cette expression semblerait faire croire que la tête de ces insectes est difficile à distinguer. Ce serait une erreur.

Et dans la partie qui est à la queue. Toute cette description laisse beaucoup à désirer.

Qui touche en avant qui touche en arrière. C'est bien là en effet l'apparence. Le corps se replie en arcade; les deux extrémités sont les seules à toucher le sol, en avant et en arrière ; le reste du corps est surélevé, pour pouvoir s'avancer en se développant.

Ce soit la droite qui dirige. Il aurait fallu citer quelques faits à l'appui de cette assertion, qui n'est peut-être pas fausse.
 

§ 5. C'est la longueur de la bête. La raison ici donnée est de toute évidence.

Comme pour les hommes de haute taille. Le fait est exact ; mais la comparaison ne l'est pas autant.

Tout voûtés. C'est une observation que tout le monde a pu faire, ainsi que la suivante.

C'est bien ainsi... que les serpents. La conformation des serpents est tellement différente que ce rapprochement n'a rien de fondé.

Qui se voûtent. Soit horizontalement, soit verticalement.

Tout à fait comme les quadrupèdes. Cette assertion est fort exagérée, et elle n'a quelque réalité qu'avec la restriction que fait l'auteur dans les ligues qui suivent.

Quand la gauche, à son tour. C'est-à-dire, quand le serpent fait une reptation à gauche, après l'avoir faite a droite.

Qui rentre en dedans. Le fait est certainement exact ; mais le mouvement de reptation est tout autre chose que le mouvement progressif des quadrupèdes.

§ 6. Représentons la partie droite... On peut refaire la figure d'après ces indications ; mais les manuscrits ne la donnent pas. Les quatre lettres ABCD doivent former une ligne ondulée dans le genre de celle que décrivent les serpents. Voir sur la reptation, Claude Perrault, Méchanique des Animaux, pp. 369 et 384, édit. de 1721 ; Barthez, Nouvelle méchanique des mouvements, etc., 4e section, p. 135; Cuvier, Anatomie comparée, t. I. pp. 23, 51, qui n'a pas traité spécialement de la reptation; M. J. Bell-Pettigrew, La Locomotion chez les animaux, pp. 46; M. G. Colin, Physiologie comparée, p. 456, 1er volume.

§ 7. Les murènes. Voir l'Histoire des Animaux, liv. I, ch. v, § 3, où se trouvent les mêmes détails, presque dans les mêmes termes; et aussi liv. II, ch. ix, § 5, pp. 29 et 158 de ma traduction; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 351, édit. de 1829.

Kestres. J'ai dû conserver le mot grec, parce que l''identification est incertaine; il est peu probable que ce soient des espèces de muges. Voir MM. Aubert et Wimmer, et leur catalogue, en tête de leur édition et traduction de l'Histoire des Animaux, t. I, p. 130

 — Le lac de Siphées. Ce lac est nommé dans l'Histoire des Animaux, liv. II, ch. ix, § 4, p. 157 de ma traduction. Le lac, ou l'étang, de Siphées était en Béotie.

Qui sont habitués à vivre sur terre. L'expression n'est pas juste; mais j'ai dû la conserver, parce que c'est celle du texte.

Ceux des kestres qui ont deux nageoires. Ce ne sont pas alors des muges, puisque les muges ont des nageoires dorsales, ventrales et pectorales ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 230, édit. de 1829.
 

CHAPITRE VIII

De la marche des serpents; deux causes font qu'ils ne peuvent avoir de pieds ; les pieds des animaux sont toujours en nombre pair ; impossibilité de la locomotion sur trois pieds ; exemple des scolopendres, auxquelles on a arraché des pieds pour qu'ils fussent en nombre impair ; explication des effets de cette mutilation ; les pieds restants suppléent à ceux qu'on a retranchés. — Résumé partiel.

1 Τοῖς δ' ὄφεσιν αἴτιον τῆς ἀποδίας τό τε τὴν φύσιν μηθὲν ποιεῖν μάτην, ἀλλὰ πάντα πρὸς τὸ ἄριστον ἀποβλέπουσαν ἑκάστῳ ‹ἐκ› τῶν ἐνδεχομένων, διασώζουσαν ἑκάστου τὴν ἰδίαν οὐσίαν καὶ τὸ τί ἦν αὐτῷ εἶναι· ἔτι δὲ καὶ τὸ πρότερον ἡμῖν εἰρημένον, τὸ τῶν ἐναίμων μηθὲν οἷόν τ' εἶναι πλείοσι κινεῖσθαι σημείοις ἢ τέτταρσιν. 2 κ τούτων γὰρ φανερὸν ὅτι τῶν ἐναίμων ὅσα κατὰ τὸ μῆκος ἀσύμμετρά ἐστι πρὸς τὴν ἄλλην τοῦ σώματος φύσιν, καθάπερ οἱ ὄφεις, οὐθὲν αὐτῶν οἷόν θ' ὑπόπουν εἶναι. Πλείους μὲν γὰρ τεττάρων οὐχ οἷόν τε αὐτὰ πόδας ἔχειν (ἄναιμα γὰρ ἂν ἦν), ἔχοντα δὲ δύο πόδας ἢ τέτταρας σχεδὸν ἦν ἂν ἀκίνητα πάμπαν· οὕτω βραδεῖαν ἀναγκαῖον εἶναι καὶ ἀνωφελῆ τὴν κίνησιν. 3 Ἅπαν δὲ τὸ ὑπόπουν ἐξ ἀνάγκης ἀρτίους ἔχει τοὺς πόδας· ὅσα μὲν γὰρ ἅλσει χρώμενα μόνον ποιεῖται τὴν κατὰ τόπον μεταβολήν, οὐθὲν ποδῶν πρός γε τὴν τοιαύτην δεῖται κίνησιν· ὅσα δὲ χρῆται μὲν ἅλσει, μή ἐστι δ' αὐτοῖς αὐτάρκης αὕτη ἡ κίνησις ἀλλὰ καὶ πορείας προσδέονται, δῆλον ὡς τοῖς μὲν βέλτιον τοῖς δ' ὅλως ἀδύνατον πορεύεσθαι.

4 [Διότι πᾶν ζῷον ἀναγκαῖον ἀρτίους ἔχειν τοὺς πόδας.] Οὔσης γὰρ τῆς τοιαύτης μεταβολῆς κατὰ μέρος, ἀλλ' οὐκ ἀθρόῳ παντὶ τῷ σώματι καθάπερ τῆς ἅλσεως, ἀναγκαῖόν ἐστι τοῖς μὲν μένειν μεταβαλλόντων τῶν ποδῶν τοῖς δὲ κινεῖσθαι, καὶ τοῖς ἀντικειμένοις τούτων ποιεῖν ἑκάτερον, μεταβάλλον ἀπὸ τῶν κινουμένων ἐπὶ τὰ μένοντα τὸ βάρος. Διόπερ οὔτε τρισὶ [708b] μὲν οὐθὲν οὔθ' ἑνὶ χρώμενον βαδίζειν οἷόν τε· τὸ μὲν γὰρ οὐθὲν ὅλως ὑπόστημα ἔχει ἐφ' ᾧ τὸ τοῦ σώματος ἕξει βάρος, τὸ δὲ κατὰ τὴν ἑτέραν ἀντίθεσιν μόνην, ὥστ' ἀναγκαῖον αὐτὸ οὕτως ἐπιχειροῦν κινεῖσθαι πίπτειν. 5 σα δὲ πολύποδά ἐστιν, οἷον αἱ σκολόπενδραι, τούτοις δυνατὸν μὲν καὶ ἀπὸ περιττῶν ποδῶν πορείαν γίνεσθαι, καθάπερ φαίνεται ποιούμενα καὶ νῦν, ἄν τις αὐτῶν ἕνα πηρώσῃ τῶν ποδῶν, διὰ τὸ τὴν τῶν ἀντιστοίχων ποδῶν κολόβωσιν ἰᾶσθαι τῷ λοιπῷ πλήθει τῶν ἐφ' ἑκάτερα ποδῶν· γίνεται γὰρ τούτοις οἷον ἔφελξις τοῦ πεπηρωμένου μορίου τοῖς ἄλλοις [ἀλλ' οὐ βάδισις]. 6 Οὐ μὴν ἀλλὰ φανερόν γε ὅτι βέλτιον ἂν καὶ ταῦτα ποιοῖτο τὴν μεταβολὴν ἀρτίους ἔχοντα τοὺς πόδας, καὶ μηθενὸς ἐλλείποντος, ἀλλ' ἀντιστοίχους ἔχοντα τοὺς πόδας· οὕτω γὰρ ‹ἂν› αὑτῶν ἀνισάζειν τε δύναιντο τὸ βάρος καὶ μὴ ταλαντεύειν ἐπὶ θάτερα μᾶλλον, εἰ ἀντίστοιχα ἐρείσματ' ἔχοι καὶ μὴ κενὴν τὴν ἑτέραν χώραν τῶν ἀντικειμένων. Προβαίνει δ' ἀφ' ἑκατέρου τῶν μερῶν ἐναλλὰξ πορευόμενον· οὕτω γὰρ εἰς ταὐτὸ τῷ ἐξ ἀρχῆς σχήματι γίνεται ἡ κατάστασις.

Ὅτι μὲν οὖν ἀρτίους ἔχει τοὺς πόδας πάντα, καὶ διὰ τίν' αἰτίαν εἴρηται·

1 Si les serpents sont dépourvus de pieds, cela tient à deux causes : la première, c'est que jamais la nature ne lait rien en vain, et que, dans chaque cas donné, elle vise à faire toutes choses le mieux possible et qu'elle conserve soigneusement à chaque être son essence propre, et sa manière de rester constamment ce qu'il est. La seconde cause, c'est celle que nous avons déjà dite, à savoir que nul animal ayant du sang ne peut être pourvu de plus de quatre appareils de mouvement. 2 II suit évidemment de ceci que les animaux pourvus de sang dont la longueur est disproportionnée au reste de leur corps, comme le sont les serpents, ne peuvent avoir des pieds. D'abord, ils ne pourraient pas en avoir plus de quatre, puisqu'alors ils seraient des animaux privés de sang. Mais tout en ayant deux pieds ou même quatre, ils seraient à peu près complètement immobiles ; et dès lors un mouvement aussi lent leur serait de toute nécessité presque inutile. 3 D'autre part, tout animal pourvu de pieds a nécessairement les pieds en nombre pair ; et ceux qui emploient exclusivement le saut pour faire leur mouvement de locomotion n'ont pas besoin de pieds pour exécuter un mouvement de ce genre. Les animaux qui doivent employer le saut, sans que d'ailleurs ce mouvement leur suffise, et qui, en outre, ont besoin de la marche, sont constitués de manière que la marche est plus commode pour eux, tandis que pour les autres la marche leur est absolument interdite.

4 Ce qui fait que nécessairement tout animal a des pieds en nombre pair, c'est que le mouvement n'est que partiel, et qu'il ne transporte pas la masse entière du corps d'un seul coup, comme le fait le mouvement du saut; mais il faut absolument que quelques-uns des pieds qui changent restent en place, tandis que certains autres pieds se meuvent. L'un et l'autre de ces mouvements se font par les pieds opposés, l'animal faisant passer le poids du corps des parties mises en mouvement sur celles qui demeurent en place. Il serait complètement impossible à un être quelconque de marcher [708b] avec trois pieds; car alors l'un des pieds n'aurait absolument aucun point d'appui où porter le poids du corps, ou bien l'autre, à chaque opposition, éprouverait une grande fatigue; et si l'animal essayait de se mouvoir dans ces conditions, il tomberait inévitablement. 5 Les polypodes, tels que les scolopendres, peuvent se mouvoir avec un nombre impair de pieds, comme on peut le voir, si l'on veut, en leur enlevant un de leurs pieds ; c'est qu'alors ces animaux peuvent suppléer aux pieds correspondants qui ont été mutilés, par le nombre restant de pieds de chaque côté du corps. Cela tient à ce que, dans ce cas, les parties restantes se relèvent et transportent en quelque sorte la portion mutilée et boiteuse ; mais ce n'est pas là une marche à proprement parler. 6 Toutefois, il est bien clair que ces animaux mêmes feraient bien mieux leur mouvement s'ils avaient encore leurs pieds en nombre pair, et s'il ne leur en manquait pas un seul de tous ceux qui doivent se correspondre. Ainsi pourvus de tous leurs pieds, ils pourraient bien mieux équilibrer le poids, et ne pas appuyer davantage sur l'un des côtés, en ayant tous les appuis qui doivent correspondre les uns aux autres, sans le vide que laissent les pieds opposés. Mais c'est tour à tour par chaque partie que l'animal s'avance et progresse; car alors l'aplomb du corps revient tout à fait dans les conditions de forme où il était au début.

7 Nous concluons donc que tous les animaux ont les pieds en nombre pair, et nous avons expliqué la cause de cette conformation.

 

§  1. Si les serpents sont dépourvus de pieds. La reptation des ophidiens est un des phénomènes de locomotion les plus remarquables, et Aristote a bien fait de ne pas la négliger. Les explications qu'il en donne sont bien insuffisantes sans doute; mais ce sont les premières.

La première, c'est que jamais... Il ne semble pas que cette cause, qui est profondément vraie dans sa généralité, ait ici une application spéciale; c'est un admirable principe que l'homme demande à sa raison, mais qui ne concerne pas plus les reptiles que le reste de la création.

Le mieux possible. Fondement de l'optimisme, qu'Aristote a toujours professé, sur les traces de Platon, son maître, et de Socrate. — Que nous avons déjà dite. Voir plus haut, ch. vii, § l, et ch. II, § 2.

§ 2. Il suit évidemment de ceci. La conséquence n'est pas du tout évidente, comme l'auteur parait le croire. Ce sont là simplement des considérations abstraites, qui ne sont pas fausses précisément, mais qui ne tiennent pas d'assez près au sujet qu'on traite.

La longueur est disproportionnée. Le fait est vrai ; mais il n'a pas les conséquences qu'on lui donné.

A peu près complètement immobiles. On ne dit pas pourquoi, si ce n'est que leur mouvement serait trop lent; mais il y a beaucoup d'autres animaux dont la locomotion est encore plus lente que celle des reptiles, en dépit des pieds dont ils sont pourvus.

§ 3. En nombre pair. L'observation est juste ; et ce nombre pair tient évidemment à ce que le corps a deux parties, la droite et la gauche; voir plus loin, § 4, et plus haut, ch. i, § 3.

—- Qui emploient exclusivement le saut. On pourrait citer les puces, et d'autres insectes, qui paraissent n'avoir que ce moyen de locomotion. Ces animaux sautent si bien, parce que leurs jambes et leurs cuisses de derrière sont très-longues et très-épaisses. Leur saut se fait par un déploiement subit des articulations inférieures jusqu'à la dernière inclusivement, qui préalablement avait été ployée plus que de coutume ; voir Cuvier, Anatomie comparée, viie leçon, tome I, p. 497, 1ere édition.

Pour eux pour les autres. Le texte est moins précis ; mais le sens ne paraît pas douteux.

§ 4. Ce qui fait que nécessairement L'explication est excellente; et la physiologie moderne ne saurait mieux dire; mais ceci résulte primitivement de la constitution même du corps, formé de deux parties accolées.

D'un seul coup. C'est là ce qui arrive dans le saut ; mais dans la presque totalité des animaux, le saut est un moyen exceptionnel de locomotion; la marche est leur procédé habituel.

Restent en place tandis que. Comme il a été dit plus haut, ch. iii, § 2.

Faisant passer le poids du corps. La science actuelle ne peut s'expliquer autrement que ne le fait Aristote.

Avec trois pieds. L'observation est vraie; et il n'y a pas d'animal à trois pieds; ce serait une claudication perpétuelle et très-fatigante.

Il tomberait inévitablement. L'hypothèse parait vraisemblable.

§ 5. Les polypodes, tels que les scolopendres. Voir plus haut, ch. vii, § 2. La scolopendre fait partie de l'ordre des chitopodes ou myriapodes, mille-pattes; et elle forme une famille ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 535, trad. franc. Il y a des espèces de scolopendres qui sont venimeuses, et assez redoutables ; elles se cachent d'ordinaire sous des pierres ; et elles fuient le jour; voir Cuvier, Règne animal, tome IV, p. 337, édit. de 1829. Elles courent très-vite et sont carnassières.

En leur enlevant un de leurs pieds. C'est une sorte d'expérience de vivisection.

— Peuvent suppléer aux pieds correspondants. L'explication est toute naturelle; et elle est péremptoire.

§ 6. Il est bien clair... La remarque est très-juste, et elle peut s'étendre à bien d'autres cas de mutilation ou d'infirmité.

 — Mais c'est tour à tour. On comprend bien ce que l'auteur veut dire ; mais l'expression de sa pensée aurait pu être un peu plus précise.

§ 7. Nous concluons... C'est une simple répétition de ce qui a été dit plus haut.

Nous avons expliqué. Voir plus haut, § 4, sur les pieds dont le nombre est toujours pair.
 

CHAPITRE IX

Conditions générales du mouvement ; il y faut toujours un point d'inertie; combinaison de l'extension et de la flexion; équilibre des membres; ondulations nécessaires de la marche; reptation des enfants, et des lutteurs dans la palestre; action successive des jambes ; marche des animaux dépourvus de pieds ; explication du saut; explication du vol; natation des poissons selon qu'ils ont plus ou moins de nageoires; natation spéciale des poissons plats.

1 τι δ' εἰ μηθὲν ἦν ἠρεμοῦν, οὐκ ἂν ἦν κάμψις οὐδ' εὔθυνσις, ἐκ τῶνδε δῆλον. στι γὰρ κάμψις μὲν ἡ ἐξ εὐθέος ἢ εἰς περιφερὲς ἢ εἰς γωνίαν μεταβολή, εὔθυνσις δ' ἡ ἐκ θατέρου τούτων εἰς εὐθύ. 2 ν ἁπάσαις δὲ ταῖς εἰρημέναις μεταβολαῖς ἀνάγκη πρὸς ἓν σημεῖον τὴν κάμψιν ἢ τὴν εὔθυνσιν γίνεσθαι. λλὰ μὴν κάμψεώς γε μὴ οὔσης οὔτ' ἂν πορεία οὔτε νεῦσις οὔτε πτῆσις ἦν. Τὰ μὲν γὰρ ὑπόποδα ἐπειδὴ ἐν ἑκατέρῳ τῶν ἀντικειμένων σκελῶν ἐν μέρει ἵσταται καὶ τὸ βάρος ἴσχει, ἀναγκαῖον θατέρου προβαίνοντος θατέρου ποιεῖσθαι κάμψιν. σα τε γὰρ πέφυκεν ἔχειν τῷ μήκει τὰ ἀντίστοιχα κῶλα, καὶ ὀρθὸν δεῖ εἶναι τὸ ὑφεστὸς τῷ βάρει, οἷον κάθετον πρὸς τὴν γῆν. ταν δὲ προβαίνῃ, [709a] γίνεται ἡ ὑποτείνουσα καὶ δυναμένη τὸ μένον μέγεθος καὶ τὴν μεταξύ. 3 πεὶ δ' ἴσα τὰ κῶλα, ἀνάγκη κάμψαι τὸ μένον, ἢ ἐν τῷ γόνατι ἢ ἐν τῇ κάμψει, οἷον εἴ τι ἀγόνατον εἴη τῶν βαδιζόντων. Σημεῖον δ' ὅτι οὕτως ἔχει· εἰ γάρ τις ἐν γῇ βαδίζοι παρὰ τοῖχον, ἡ γραφομένη ἔσται οὐκ εὐθεῖα ἀλλὰ σκολιά, διὰ τὸ ἐλάττω μὲν κάμπτοντος γίνεσθαι τὴν γραφομένην, μείζω δ' ἱσταμένου καὶ ἐξαίροντος. 4 νδέχεται μέντοι κινεῖσθαι καὶ μὴ ἔχοντος καμπὴν τοῦ σκέλους, ὥσπερ τὰ παιδία ἕρπουσι. Καὶ περὶ τῶν ἐλεφάντων ὁ παλαιὸς ἦν λόγος τοιοῦτος, οὐκ ἀληθὴς ὤν. Κινεῖται δὲ καὶ τὰ τοιαῦτα κάμψεως γινομένης ἐν ταῖς ὠμοπλάταις ἢ τοῖς ἰσχίοις. λλ' ὀρθὸν οὐδὲν δύναιτ' ἂν πορευθῆναι συνεχῶς καὶ ἀσφαλῶς, κινηθείη δ' ἂν οἷον ἐν ταῖς παλαίστραις οἱ διὰ τῆς κόνεως προϊόντες ἐπὶ τῶν γονάτων·

5 πολὺ γὰρ τὸ ἄνω μέρος, ὥστε δεῖ μακρὸν εἶναι τὸ κῶλον· εἰ δὲ τοῦτο, κάμψιν ἀναγκαῖον εἶναι. πεὶ γὰρ ἕστηκε πρὸς ὀρθήν, εἰ ἄκαμπτον ἔσται τὸ κινούμενον εἰς τὸ πρόσθεν, ἢ καταπεσεῖται ἐλάττονος τῆς ὀρθῆς γινομένης, ἢ οὐ προβήσεται. Εἰ γὰρ ὀρθοῦ ὄντος θατέρου σκέλους θάτερον ἔσται προβεβηκός, μεῖζον ἔσται, ἴσον ὄν· δυνήσεται γὰρ τοῦτο τό τ' ἠρεμοῦν καὶ τὴν ὑποτείνουσαν. 6 νάγκη ἄρα κάμπτεσθαι τό τε προϊόν, καὶ κάμψαν ἅμα ἐκτείνειν θάτερον, ἐκκλίνειν τε καὶ διαβεβηκέναι καὶ ἐπὶ τῆς καθέτου μένειν· ἰσοσκελὲς γὰρ γίνεται τρίγωνον τὰ κῶλα, καὶ ἡ κεφαλὴ γίνεται κατώτερον, ὅταν κάθετος ᾖ ἐφ' ἧς βέβηκε.

7 Τὰ δ' ἄποδα τὰ μὲν κυμαίνοντα προέρχεται (τοῦτο δὲ διττῶς συμβαίνει· τὰ μὲν γὰρ ἐπὶ τῆς γῆς, καθάπερ οἱ ὄφεις, τὰς καμπὰς ποιεῖται, τὰ δ' εἰς τὸ ἄνω, ὥσπερ αἱ κάμπαι), ἡ δὲ κύμανσις καμπή ἐστι· τὰ δ' ἰλυσπάσει χρώμενα, καθάπερ τὰ καλούμενα γῆς ἔντερα καὶ βδέλλαι. Ταῦτα γὰρ τῷ μὲν ἡγουμένῳ προέρχεται, τὸ δὲ λοιπὸν σῶμα πᾶν πρὸς τοῦτο συνάγουσι, καὶ τοῦτον τὸν τρόπον εἰς τόπον ἐκ τόπου μεταβάλλουσι. 8 Φανερὸν δ' ὅτι εἰ μὴ αἱ δύο τῆς μιᾶς μείζους ἦσαν, οὐκ ἂν ἐδύναντο [709b] κινεῖσθαι τὰ κυμαίνοντα τῶν ζῴων. κταθείσης γὰρ τῆς καμπῆς, εἰ ἴσην κατεῖχεν, οὐθὲν ἂν προῄεσαν· νῦν δ' ὑπερβάλλει ἐκταθεῖσα, καὶ ἠρεμήσαντος τούτου ἐπάγει τὸ λοιπόν.

9 ν ἁπάσαις δὲ ταῖς λεχθείσαις μεταβολαῖς τὸ κινούμενον ὁτὲ μὲν ἐκτεινόμενον εἰς εὐθὺ προέρχεται, ὁτὲ δὲ συγκαμπτόμενον, τοῖς μὲν ἡγουμένοις μέρεσιν εὐθὺ γινόμενον, τοῖς δ' ἑπομένοις συγκαμπτόν. Ποιεῖται δὲ καὶ τὰ ἁλλόμενα πάντα τὴν κάμψιν ἐν τῷ ὑποκειμένῳ μέρει τοῦ σώματος, καὶ τοῦτον τὸν τρόπον ἔχοντα ἅλλεται. 10 Καὶ τὰ πετόμενα δὲ καὶ τὰ νέοντα, τὰ μὲν τὰς πτέρυγας εὐθύνοντα καὶ κάμπτοντα πέταται, τὰ δὲ τοῖς πτερυγίοις, καὶ τούτων τὰ μὲν τέτταρσι τὰ δὲ δυσίν, ὅσα προμηκέστερα τὴν μορφήν, ὥσπερ τὸ τῶν ἐγχελύων γένος· τὴν δὲ λοιπὴν κίνησιν ἀντὶ τῶν δύο πτερυγίων τῷ λοιπῷ τοῦ σώματος καμπτόμενα νεῖ, καθάπερ εἴρηται πρότερον.

11 Οἱ δὲ πλατεῖς τῶν ἰχθύων τῇ μὲν τῷ πλάτει χρῶνται τοῦ σώματος ἀντὶ πτερυγίων, τῇ δὲ πτερυγίοις δυσί. Τὰ δὲ πάμπαν πλατέα, καθάπερ ὁ βάτος, αὐτοῖς τοῖς πτερυγίοις καὶ ταῖς ἐσχάταις τοῦ σώματος περιφερείαις εὐθύνοντα καὶ κάμπτοντα ποιεῖται τὴν νεῦσιν.

1 S'il n'y avait pas de point d'inertie, il n'y aurait pas de flexion possible, ni de natation, ni de marche en ligne droite ; et voici ce qui le prouve. La flexion n'est pas autre chose que le changement de la ligne droite en un cercle, ou en un angle rentrant. Le redressement en ligne droite n'est que le changement de l'un des deux en la ligne directe. 2 Dans tous les changements qu'on vient d'indiquer, il faut nécessairement que la flexion ou le redressement en ligne droite se rapporte à un seul et unique appareil. Sans la flexion, il n'y aurait ni marche, ni vol, ni natation. Aussi, comme les animaux pourvus de pieds doivent se tenir alternativement sur l'un et l'autre des deux membres opposés et y porter le poids du corps, il faut nécessairement, quand l'un des deux s'avance, que l'autre s'infléchisse ; car les membres qui se correspondent doivent avoir naturellement la même longueur ; et le membre qui porte le poids doit être tout droit, comme une perpendiculaire abaissée sur la terre. Mais quand le membre avance, [709a] il se forme une hypoténuse, elle équivaut à la longueur qui ne bouge pas, et à la ligne intermédiaire. 3 De plus, comme les membres sont égaux, il faut nécessairement que le membre qui reste en place s'infléchisse, soit dans le genou, soit dans la jointure, comme ce serait si l'un des animaux qui marchent n'avait pas de genou. Ce qui prouve bien qu'il en est ainsi, c'est qu'en marchant sur le sol près d'un mur, la ligne décrite ne sera pas une ligne droite, mais une ligne oblique, parce que la ligne décrite est plus petite quand on fléchit, et plus grande quand on se redresse et qu'on enlève le membre. 4 D'ailleurs, on peut marcher sans même que le membre fléchisse, comme on le voit chez les enfants qui rampent à terre. On en a dit jadis autant de l'éléphant ; mais c'est une erreur. Dans ces cas divers, il y a toujours aussi un mouvement grâce à la flexion qui se fait, soit dans les omoplates, soit dans les hanches. Mais aucun être ne pourrait jamais, en se tenant tout droit, se mouvoir d'une manière continue et sûre. L'animal ne pourrait alors se mouvoir que comme les lutteurs se meuvent sur les palestres, en se roulant dans la poussière sur les genoux.

5 Comme la partie supérieure du corps est considérable, il faut que le membre s'allonge ; et au moment qu'il a pris sa longueur, la flexion a lieu nécessairement ; car l'animal ne s'étant tenu debout que grâce à la ligne droite, il tomberait si cette ligne droite devenait plus courte, ou du moins il n'avancerait pas. Si, en effet, une des deux jambes étant droite, l'autre venait à s'avancer, elle deviendrait plus grande, tout égale qu'elle est; car elle égalerait alors et la partie qui reste en place et en outre l'hypoténuse. 6 Il y a donc nécessité que la partie qui s'avance s'infléchisse, et qu'après qu'elle s'est infléchie, l'animal fasse en même temps étendre l'autre, qui s'incline et s'avance, en demeurant sur la perpendiculaire. Les jambes représentent ainsi un triangle isocèle. La tête s'abaisse un peu plus bas, lorsque se produit la perpendiculaire sur laquelle l'animal s'appuie en marchant.

7 Quant aux animaux sans pieds, il y en a qui progressent par ondulations; et ce mouvement se produit de deux façons. Les uns marchent sur la terre au moyen de flexions, c'est la manière des serpents ; tes autres s'élèvent au-dessus du sol comme le font les chenilles. Cette ondulation n'est réellement qu'une flexion. Il est d'autres animaux qui s'avancent par reptation, comme ceux qu'on appelle entrailles de terre, et comme les sangsues. Ils marchent en s'appuyant sur la partie du corps qui est devant ; puis ils rassemblent tout le reste du corps sur cette partie, et, à l'aide de ce procédé, ils se transportent d'une place à une autre. 8 II est bien clair que, si les deux parties, réunies n'étaient pas plus grandes qu'une seule séparément, les animaux à ondulations ne pourraient pas du tout se mouvoir ; car si la flexion en se détendant n'était qu'égale, il ne se produirait aucune progression. Au contraire, en se détendant, elle dépasse la première extension ; et cette portion restant en place, l'animal y ramène encore tout le reste.

9 Dans tous les changements dont on vient de parler, l'être qui se meut progresse, tantôt en s'étendant en ligne droite, tantôt en se redressant sur les parties antérieures, après s'être infléchi avec elles, et en s infléchissant sur celles qui suivent. Tous les animaux qui sautent doivent fléchir sur la partie du corps qui est inférieure, et c'est en s'y appuyant qu'ils peuvent exécuter leur saut. 10 Les animaux qui volent et ceux qui nagent procèdent encore de même. Ceux-ci volent en déployant tout droit leurs ailes et en les infléchissant ; les autres en font autant de la nageoire. Les uns d'ailleurs, parmi ces derniers, ont quatre nageoires, les autres n'en ont que deux quand ils sont plus longs, comme on le voit dans les anguilles. En place des deux nageoires qui manquent, ces poissons achèvent le reste du mouvement par la flexion du corps entier, comme nous l'avons expliqué antérieurement.

11 Ceux des poissons qui sont plats se servent de la largeur de leur corps pour remplacer les nageoires qui leur manquent-; ou bien, ils ont aussi deux nageoires. Ceux de ces poissons qui sont tout à fait plats, comme le batos, nagent directement avec les nageoires qu'ils ont et avec les derniers contours de leur corps, en les redressant et en les fléchissant successivement.
 

§ 1. Pas de point d'inertie. C'est le point d'appui indispensable à toute espèce de levier pour qu'il puisse agir; et le principe que pose ici Aristote est un des premiers et des plus essentiels de la mécanique.

Ni de natation, ni de marche. Il faudrait ajouter le vol, qui, au fond, a lieu selon les mêmes lois; il faut toujours un point d'appui pour les ailes, comme il en faut un pour les nageoires ou pour les jambes. Cuvier, dans son Anatomie comparée, n'a pas essayé de poser aucun principe de mécanique ; il ne s'est occupé que des os et des muscles, iie leçon, tome I, p. 89, 1ere édition. La plupart des autres anatomistes ont fait d'utiles emprunts à la mécanique. Voir aussi dans l'Anatomie comparée de Cuvier, la viie leçon, où de temps à autre il est amené à présenter quelques considérations de mécanique et de statique.

En un cercle. Comme on le voit par les pattes antérieures des quadrupèdes.

§ 2. A un seul et unique appareil. La jambe, par exemple, avec la cuisse, la flexion du genou, et celle du pied.

 —Doit être tout droit. Cette condition est indispensable, et il y a nécessairement, dans toute progression, un moment où le corps doit être perpendiculaire.

Il se forme une hypoténuse. Les deux jambes étant à peu près de même longueur, l'une droite, l'autre s'avançant, le triangle a deux côtés à peu près égaux ; mais la distance entre les jambes n'est pas égale à l'un des côtés. L'hypoténuse s'adresse exclusivement au triangle rectangle; puisqu'elle est le côté opposé à angle droit. Au temps d'Aristote, le langage mathématique n'était peut-être pas encore tout à fait arrêté; mais l'hypoténuse doit ici s'entendre de la jambe qui avance, celle qui est perpendiculaire formant un angle droit avec le sol, où elle s'appuie pour soutenir le corps.

La longueur qui ne bouge pas. C'est la jambe qui est un instant droite et perpendiculaire ; c'est le plus long côté de l'angle droit.

La ligne intermédiaire. C'est l'espace compris entre les deux pieds, qui forme le second côté de l'angle droit.

§ 3. Qui reste en place. Il semble que c'est la jambe sur laquelle le corps s'appuie, et qui à on moment donné est immobile, en supportant tout le poids du corps.

Dans la jointure. Le texte n'en dit pas davantage; mais il est clair qu'il s'agit ici de la jointure de la cuisse au bassin, qui doit fonctionner quand il n'y a pas de genou. La flexion de la jambe est indispensable pour que le mouvement de progression ait lieu.

Ce qui prouve bien. La démonstration n'est pas absolument claire.

Près d'un mur. Le mur qui forme une ligne droite sert de terme de comparaison avec la direction des pas de la personne qui marche.

§ 4. D'ailleurs, on peut marcher... Il semble que ceci interrompt un peu le cours des pensées; et l'exemple des enfants marchant à quatre pattes, à cause de leur faiblesse, ne paraît pas bien placé ici. Voir Barthez, Méchanique nouvelle, etc., p. 54.

Sans même que le membre fléchisse. Ceci n'est pas exact; car il y a toujours quelque flexion dans la cuisse de l'enfant ; et il n'y aurait pas de progression possible si rien ne fléchissait en lui.

On en a dit jadis autant de l'éléphant. La flexion des jambes de l'éléphant est en effet très-remarquable, puisque les jambes de derrière semblent fléchir dans le même sens que celles de devant; mais le texte n'explique pas assez complètement ce qu'on veut dire de l'éléphant. Il y a peut-être. ici quelque interpolation d'une note mise à la marge, qui, de là, sera passée dans le texte.

Soit dans les omoplates. L'enfant doit avancer alternativement une des deux parties du corps ; et l'épaule participe nécessairement à ce mouvement ; mais on ne peut pas dire qu'il y ait flexion dans les omoplates ; c'est plus vrai pour les hanches.

En se tenant tout droit. La remarque est juste, par la raison donnée dans le § 1.

Que comme les lutteurs. La comparaison n'est pas exacte, puisque l'on suppose d'une part que l'animal reste droit, et puisque d'autre part les lutteurs se roulent dans la poussière, où ils rampent à peu près à la manière des enfants.

§ 5. Comme la partie supérieure du corps... Cette phrase ne se comprend pas bien, quoiqu'elle soit fort régulière de forme.

Il faut que le membre s'allonge. La jambe qui se porte en avant prend toute sa longueur, et dès qu'elle l'a prise, la flexion du genou doit avoir lieu.

Pris sa longueur. Le texte n'est pas aussi développé ; il se sert simplement d'un pronom indéterminé.

Cette ligne droite devenant plus courte. Si la jambe mise en avant restait toute droite, elle deviendrait trop courte en allant toucher la terre; et le corps, en s'inclinant, pourrait faire une chute.

Si en effet... Toute celte fin du paragraphe n'est pas intelligible ; et les manuscrits ne fournissent aucun moyen de l'améliorer.

Plus grande, tout égale qu'elle est. Il y a là une contradiction flagrante.

Et en outre l'hypoténuse. D'après ce qui a été dit au § 3, l'hypoténuse est formée par la jambe qui s'avance, puisque, dans le triangle, cette jambe est opposée à l'angle droit formé par la jambe qui est perpendiculaire et par la ligne du sol, entre les deux jambes. Tout ce qu'on peut tirer de ce passage embarrassé, c'est qu'Aristote a étudié avec la plus vive attention les diverses phases que présente la marche dans l'homme. Mais l'expression de sa pensée est restée fort incomplète, soit par sa faute, soit par celle des copistes.

§ 6. Il y a donc nécessité..... Cette nécessité ne résulte pas de ce qui précède ; mais le fait de la flexion n'en est pas moins certain, et sans elle la marche serait impossible.

Qui s'incline... sur la perpendiculaire. Il y a des éditeurs qui ont mis toute cette petite phrase entre crochets, comme suspecte.

Un triangle isocèle. L'observation est vraie, et il y a en effet un moment dans la marche où les jambes forment un triangle isocèle, le tronc et le haut du corps représentant une perpendiculaire élevée au sommet.

La tête s'abaisse. Le mouvement de la tête aide de cette façon le mouvement de progression, qu'exécutent les muscles des jambes.

§ 7. Quant aux animaux sans pieds. Par les animaux sans pieds, l'auteur entend surtout les reptiles ophidiens ; plus loin, il sera question des poissons, qui se déplacent par l'action de leurs nageoires et de leur queue.

Par ondulations. Le mot du texte rappelle le mouvement des flots, tout aussi bien que le mot que j'emploie dans ma traduction.

De deux façons. L'ondulation peut être, ou horizontale, de droite à gauche et de gauche à droite, ou verticale, une partie du corps faisant voûte.

C'est la manière des serpents. Les serpents avancent surtout par des ondulations latérales ; mais il y en a aussi qui se dressent et avancent à la façon des chenilles.

N'est réellement qu'une flexion. La seule différence, c'est que le corps entier s'infléchit, au lieu d'un membre isolé.

Entrailles de terre. Voir plus haut, ch. iv, § 6.

 — Les sangsues. Voir Cuvier, Règne animal, tome III, p. 212, où est décrite la progression de la sangsue. Cette description se rapproche tout à fait de celle d'Aristote.

§ 8. Réunies. J'ai ajouté ce mot pour plus de clarté.

Pas plus grandes qu'une seule. Il est possible que le corps entier puisse dans une certaine mesure rentrer en lui-même pour se détendre ensuite; mais sans cette condition, le mouvement progressif s'explique très-bien par le rapprochement des deux extrémités, l'une des deux se fixant alternativement pour attirer ou pour pousser l'autre en avant.

N'était qu'égale. Il n'y a pas besoin que le corps devienne plus long; il suffit qu'à la courbe formée par la flexion du corps, il succède une ligne droite, pour que la progression ait lieu dans une mesure proportionnée à la dimension de la bête.

L'animal y ramène encore tout le reste. C'est là en effet ce qui se passe dans la réalité.

§ 9. Dont on vient de parler. Ceci ne fait guère que répéter ce qui a été dit dans les paragraphes précédents.

 — Sur celles qui suivent. Ce sont les parties postérieures du corps.

Tous les animaux qui sautent. Voir plus haut, ch. iiii, § 1.

§ 10. Qui volent et ceux qui nagent. Presque tous les physiologistes contemporains ont rapproché le vol et la natation, comme Aristote le fait ici.

En déployant tout droit leurs ailes L'explication n'est pas fausse; mais elle est beaucoup trop brève ; le mouvement des ailes de l'oiseau est excessivement compliqué, comme on peut le voir dans Claude Perrault, de la Méchanique des animaux, pp. 374 et suiv., édit. de 1721; Barthez, nouvelle Méchanique des animaux, p. 190, 6e section ; Cuvier, Anatomie comparée, t. I, p. 510, 1ere édit.; M. Marey, la Machine animale, pp. 218 et 236 ; et surtout M. Pettigrew, la Locomotion chez les animaux, pp. 17, 143 à 235, 245 et 276.

Les autres en font autant de la nageoire. Ceci n'est plus aussi exact ; aujourd'hui il est reconnu que les poissons avancent presque exclusivement par le mouvement de leur queue; les nageoires maintiennent le corps en équilibre, et le dirigent.

Comme nous l'avons expliqué antérieurement. Voir plus haut, ch. vii, § 6 et 7.

§ 11. Ceux des poissons qui sont plats. Barthez, nouvelle Méchanique des animaux, page 166, cite ce passage d'Aristote, qu'il approuve; et il nomme, parmi les poissons plats, la raie, la sole, le turbot, la pastenague, etc. Ces poissons ont une manière de nager toute spéciale. Barthez en donne une explication assez détaillée.

De la largeur de leur corps. Il serait plus exact de parler de leur queue, comme Aristote le fait d'ailleurs, dans le Traité des Parties des animaux, liv. IV, ch. xiii, § 8, p.. 257.

Comme le batos. Voir Histoire des Animaux, livre I, ch. iv, § 2, p. 26 de ma traduction. J'ai eu tort dans ce passage de ranger le batos dans la famille des raies; il parait bien qu'il n'y appartient pas ; voir le catalogue de MM. Aubert et Wimmer, premier volume de leur édition et traduction de l'Histoire des Animaux, p. 146. Il est jusqu'à présent impossible d'identifier ce poisson. Il est nommé aussi dans le traité des Parties des Animaux, livre IV, ch. xiii, § 8 et § 14, pp. 257 et 262.

En les redressant et en les fléchissant. Voir Barthez, loc. cit.

— Successivement. J'ai ajouté ce mot.

CHAPITRE X

Du vol des oiseaux et du mouvement général des volatiles ; nécessité de l'action simultanée des ailes et des pattes; de la flexion et de l'extension des ailes pleines et des ailes divisées en plumes ; de l'action de la queue, faisant fonction de gouvernail ; vol irrégulier des volatiles sans queue et à ailes pleines ; action des pattes dans le vol des oiseaux de grand vol ; les coléoptères ; queue inutile du paon ; rapidité du vol des oiseaux de proie; leur tète, leur cou, leur thorax, conformés en vue du vol ; légèreté relative de leurs parties postérieures.

1 Ἀπορήσειε δ' ἄν τις ἴσως πῶς κινοῦνται τέτταρσι σημείοις οἱ ὄρνιθες, ἢ πετόμενοι ἢ πορευόμενοι, ὡς εἰρημένου ὅτι πάντα τὰ ἔναιμα κινεῖται τέτταρσιν. Οὐκ εἴρηται δέ, ἀλλ' ὅτι οὐ πλείοσιν. Οὐ μὴν ἀλλ' οὔτ' ἂν πέτεσθαι δύναιντο ἀφαιρεθέντων τῶν κώλων οὔτε πορεύεσθαι τῶν πτερύγων ἀφαιρεθεισῶν, ἐπεὶ οὐδ' ἄνθρωπος βαδίζειν μὴ κινῶν τι τοὺς ὤμους. 2 λλὰ πάντα γε, καθάπερ εἴρηται, κάμψει καὶ ἐκτάσει ποιεῖται τὴν μεταβολήν· ἅπαντα γὰρ εἰς τὸ ὑποκείμενον μέχρι τινὸς οἷον εἰς ὑπεῖκον προέρχεται, ὥστ' ἀναγκαῖον, εἰ μὴ καὶ κατ' ἄλλο μόριον γίνεται ἡ κάμψις, ἀλλ' ὅθεν γε ἡ ἀρχὴ τοῖς μὲν ὁλοπτέροις τοῦ πτεροῦ, τοῖς δ' ὄρνισι τῆς πτέρυγος, τοῖς δ' ἄλλοις τοῦ ἀνάλογον μορίου, καθάπερ τοῖς ἰχθύσι. Τοῖς δ', ὥσπερ οἱ ὄφεις, ἐν ταῖς καμπαῖς [710a] τοῦ σώματός ἐστιν ἡ ἀρχὴ τῆς κάμψεως.

3 Τὸ δ' ὀρροπύγιόν ἐστι τοῖς πτηνοῖς πρὸς τὸ κατευθύνειν τὴν πτῆσιν, καθάπερ τὰ πηδάλια τοῖς πλοίοις. ναγκαῖον δὲ καὶ ταῦτα ἐν τῇ προσφύσει κάμπτειν. Διόπερ τά τε ὁλόπτερα καὶ τῶν σχιζοπτέρων οἷς τὸ ὀρροπύγιον ἀφυῶς ἔχει πρὸς τὴν εἰρημένην χρῆσιν, οἷον τοῖς τε ταῷς καὶ τοῖς ἀλεκτρυόσι καὶ ὅλως τοῖς μὴ πτητικοῖς, οὐκ εὐθυποροῦσι·

4 τῶν μὲν γὰρ ὁλοπτέρων ἁπλῶς οὐθὲν ἔχει ὀρροπύγιον, ὥστε καθάπερ ἀπήδαλον πλοῖον φέρεται, καὶ ὅπου ἂν τύχῃ ἕκαστον αὐτῶν προσπίπτει, ὁμοίως ‹δὲ› τά τε κολεόπτερα, οἷον κάνθαροι καὶ μηλολόνθαι, καὶ τὰ ἀνέλυτρα, οἷον μέλιτται καὶ σφῆκες. Καὶ τοῖς μὴ πτητικοῖς ἀχρεῖον τὸ ὀρροπύγιόν ἐστιν, οἷον τοῖς τε πορφυρίωσι καὶ ἐρωδιοῖς καὶ πᾶσι τοῖς πλωτοῖς· ἀλλ' ἀντὶ τοῦ ὀρροπυγίου πέτανται τοὺς πόδας ἀποτείνοντα, καὶ χρῶνται ἀντ' ὀρροπυγίου τοῖς σκέλεσι πρὸς τὸ κατευθύνειν τὴν πτῆσιν. 5 Βραδεῖα δ' ἡ πτῆσις τῶν ὁλοπτέρων ἐστὶ καὶ ἀσθενὴς διὰ τὸ μὴ κατὰ λόγον ἔχειν τὴν τῶν πτερῶν φύσιν πρὸς τὸ τοῦ σώματος βάρος, ἀλλὰ τὸ μὲν πολύ, τὰ δὲ μικρὰ καὶ ἀσθενῆ. σπερ ἂν οὖν εἰ ὁλκαδικὸν πλοῖον ἐπιχειροίη κώπαις ποιεῖσθαι τὸν πλοῦν, οὕτω ταῦτα τῇ πτήσει χρῆται. Καὶ ἡ ἀσθένεια δὲ αὐτῶν τε τῶν πτερῶν καὶ ἡ τῆς ἐκφύσεως συμβάλλεταί τι πρὸς τὸ λεχθέν. 6 Τῶν δ' ὀρνίθων τῷ μὲν ταῷ τὸ ὀρροπύγιον ὁτὲ μὲν διὰ τὸ μέγεθος ἄχρηστον, ὁτὲ δὲ διὰ τὸ ἀποβάλλειν οὐθὲν ὠφελεῖ. πεναντίως δ' ἔχουσιν οἱ ὄρνιθες τοῖς ὁλοπτέροις τὴν τῶν πτερῶν φύσιν, μάλιστα δ' οἱ τάχιστα αὐτῶν πετόμενοι.  Τοιοῦτοι δ' οἱ γαμψώνυχες· 7 τούτοις γὰρ ἡ ταχυτὴς τῆς πτήσεως χρήσιμος πρὸς τὸν βίον. κόλουθα δ' αὐτῶν ἔοικεν εἶναι καὶ τὰ λοιπὰ μόρια τοῦ σώματος πρὸς τὴν ὠκεῖαν κίνησιν, κεφαλὴ μὲν ἁπάντων μικρὰ καὶ αὐχὴν οὐ παχύς, στῆθος δ' ἰσχυρὸν καὶ ὀξύ, ὀξὺ μὲν πρὸς τὸ εὔτονον εἶναι, καθάπερ ἂν εἰ πλοίου πρώρα λεμβώδους, ἰσχυρὸν δὲ τῇ φύσει τῆς σαρκός, ἵν' ἀπωθεῖν τε [710b] δύνηται τὸν προσπίπτοντα ἀέρα· καὶ τοῦτο δρᾷ ῥᾳδίως καὶ μὴ μετὰ πόνου· 8 τὰ δ' ὄπισθεν κοῦφα καὶ συνήκοντα πάλιν εἰς στενόν, ἵν' ἐπακολουθῇ τοῖς ἔμπροσθεν, μὴ σύροντα τὸν ἀέρα διὰ τὸ πλάτος.

suite

1 On peut se demander comment les oiseaux, soit quand ils volent, soit quand ils marchent, se meuvent avec quatre appareils, puisque nous avons dit que c'est par quatre appareils que doivent se mouvoir tous les animaux qui ont du sang ; mais on n'a pas dit que ce fut par quatre appareils précisément, mais on a dit seulement qu'ils ne peuvent pas se mouvoir par plus de quatre. Ce qui est vrai, c'est que les oiseaux ne pourraient pas voler si on leur était leurs pattes, et qu'ils ne pourraient pas non plus marcher si on leur ôtait leurs ailes, pas plus que l'homme ne peut marcher sans mouvoir les épaules. 2 Ce qui n'est pas moins vrai, ainsi qu'on l'a dit, c'est que tous les êtres ne se déplacent que grâce à la flexion et à l'extension, puisque tous ne peuvent progresser que sur un appui placé, jusqu'à un certain point, sous eux, et dans un milieu qui leur cède. Par une conséquence nécessaire, il faut que, si la flexion n'a pas lieu dans une autre partie, elle ait lieu au moins dans la partie d'où part le mouvement. Pour les volatiles dont les ailes sont pleines, c'est de cette aile même qu'il part; pour les oiseaux ordinaires, c'est de la plume ; et pour les autres animaux, pour les poissons, par exemple, c'est de la partie correspondante. Chez d'autres, enfin, tels que les serpents, le principe de la flexion est dans les flexions [710a] mêmes du corps.

3 Chez l'animal qui vole, la queue du croupion est destinée à régler le vol, qu'elle dirige, comme le gouvernail dirige les bateaux ; car il faut que les gouvernails aussi fléchissent dans la jointure qui les unit au navire. C'est là ce qui fait que les volatiles dont les ailes sont pleines, et, parmi les oiseaux à ailes divisées, ceux chez qui la queue du croupion n'est pas naturellement consacrée à la fonction qu'on vient de dire, tels que le paon, le coq, et, en général, les oiseaux qui ne volent pas beaucoup, c'est là ce qui fait, disons-nous, que ces oiseaux ne dirigent pas leur vol en ligne droite.

4 En effet, il n'y a pas un seul volatile à ailes pleines qui ait une queue garnie de plumes; et tous ils s'abattent au hasard, en quelque lieu que ce soit, entraînés comme un navire désemparé de son gouvernail. . C'est ce qu'on peut voir également dans les coléoptères, comme le canthare et le hanneton, ou dans les insectes sans élytres, comme les abeilles et les guêpes. Dans les oiseaux de grand vol, auxquels la queue est inutile, comme les flamants et les hérons, et dans tous les oiseaux qui nagent, on peut observer qu'ils volent en étendant les pattes en place de queue, et ils se servent de ces pattes comme ils se serviraient d'une queue pour diriger et gouverner leur vol. 5 Le vol des coléoptères est à la fois lent et faible, parce que la nature de leurs ailes n'est pas suffisamment proportionnée au poids de leur corps, qui est considérable, tandis que les ailes sont petites et faibles. Et de même qu'un navire de charge essaierait d'avancer à force de rames, de même ces oiseaux ne volent aussi qu'à grand'peine ; la faiblesse de leurs ailes, et celle de leur nature, contribuent chacune pour leur part au résultat que nous venons de dire. 6 Chez les oiseaux, le paon ne peut rien faire de sa queue, tantôt parce qu'elle est trop grande, et tantôt aussi parce qu'il la perd. Chez les oiseaux ordinaires, il se passe, pour la nature de leurs ailes, tout le contraire de ce qu'on voit pour les volatiles à ailes pleines ; et c'est une remarque qu'on peut surtout faire pour les oiseaux dont le vol est le plus rapide, c'est-à-dire, pour les oiseaux à serres recourbées. 7 Pour ces oiseaux, la rapidité du vol est une des conditions de leur vie ; et tous les autres organes de leur corps semblent être calculés pour produire ce mouvement qui leur est particulier. Tous ils ont une tête petite, un cou assez mince, un thorax puissant et pointu ; pointu, pour faciliter la marche, comme la proue du navire, qui a la forme d'un Lambda ; puissant, par la chair qui l'entoure et le recouvre, afin de pouvoir [710b] fendre l'air, qui le frappe et que l'oiseau doit pouvoir diviser aisément et sans fatigue. 8 Quant aux parties postérieures du corps de ces oiseaux, elles sont légères et vont en se rétrécissant, pour se rapprocher de plus en plus, afin de suivre les parties antérieures sans gêner l'air par leur largeur. C'est là du moins l'explication qu'on peut donner.

suite

§ 1. Se meuvent avec quatre appareils. Au premier coup d'œil, il semble que les oiseaux n'ont que deux appareils, les deux pattes quand ils marchent, et les deux ailes quand ils volent; mais comme les pattes sont nécessaires dans le vol, et les ailes dans la marche, il y a chez, les oiseaux les quatre appareils.

Nous avons dit. Voir plus haut, ch. i, § 2, et ch. vii, § 1.

Ne pourraient pas voler. Les pattes servent à maintenir l'équilibre du corps quand l'oiseau vole; les ailes en font autant quand il marche.

Sans mouvoir les épaules. A cause de la constitution même du corps humain, formé de deux moitiés juxtaposées.

§ 2. Ainsi qu'on l'a dit. Voir plus haut, ch. ix, § 1.

Dans un milieu qui leur cède. Le texte est moins précis; et le mot dont il se sert est plus général ; mais le sens ne peut faire de doute; le milieu qui code ne peut être que l'air ou l'eau.

Dont les ailes sont pleines. Comme les insectes, et aussi les chauves-souris, dont les ailes sont membraneuses.

C'est de cette aile même. Le mot grec est tout à fait spécial, et il désigne cette nature d'aile particulière. Dans notre langue, nous n'avons qu'un seul mot pour l'aile de l'insecte et pour l'aile de l'oiseau; voir M. J. Bell-Pettigrew, de la Locomotion, p. 235.

De la plume. J'ai dû essayer de reproduire la différence des mots que le texte emploie.

La partie correspondante. Et ici, ce sont les nageoires.

 — De la flexion dans les flexions. Cette répétition est dans le grec même.

§ 3. La queue du croupion. Ou simplement : La queue. Mais l'expression du texte implique l'idée de croupion.

Comme le gouvernail dirige les bateaux. La comparaison est si naturelle que bien des auteurs l'ont faite après Aristote, sans avoir à la lui emprunter ; voir Barthez, Nouvelle Méchanique des mouvements de l'homme et des animaux, p. 44, et aussi p. 203.

Fléchissent dans la jointure Il faut en effet que le gouvernail puisse se mouvoir en une certaine mesure, à droite et à gauche, pour avoir une action sur le navire.

Ne dirigent pas leur vol en ligne droite. Parce que la queue n'est pas rectrice chez ces volatiles.

§ 4. Une queue garnie de plumes. J'ai dû ajouter ces derniers mots pour marquer davantage la différence de la queue des insectes avec celle des oiseaux.

Entraînés comme un navire désemparé. C'est la suite de la comparaison précédente ; le fait est parfaitement observé et décrit.

Le canthare. Voir l'Histoire des Animaux, livre V, ch. xvii, § 15, p. 213 de ma traduction; et le catalogue de MM. Aubertet Wimmer, p. 165 du tome I de leur édition et traduction de l'Histoire des Animaux.

Dans les oiseaux de grand vol. La description que donne ici Aristote est parfaitement exacte; beaucoup d'autres naturalistes l'ont reproduite après lui.

Les flamants. J'ai traduit Porphyrion par Flamant ; mais l'identification n'est pas sûre, ainsi que je l'ai fait remarquer, Histoire des Animaux, livre VIII, ch. viii, § 1, p. 45 de ma traduction ; pour le héron, voir id. ibid., livre VII, ch. v,§ 11, p. 34.

§ 5. Le vol des coléoptères. Je ne sais si les explications données ici par Aristote sont acceptées par la science moderne ; elles ont pour elles une grande vraisemblance.

Au poids du corps... petites et faibles. Tout ceci est fort exact. Il en est tout autrement chez les oiseaux, où les ailes sont en général très-puissantes.

Un navire de charge. Cette comparaison est aussi juste que les précédentes.

§ 6. Chez les oiseaux. Par opposition avec les insectes.

Le paon ne peut rien faire de sa queue. Relativement au vol.

Parce qu'il la perd. Le paon n'a toute sa queue que vers trois ans ; il la perd chaque année à l'automne, et il la reprend au printemps.

Citez les oiseaux ordinaires. J'ai ajouté le dernier mot, afin de mieux marquer la différence entre les oiseaux et les volatiles à ailes pleines.

Il se passe... tout le contraire. La pensée pourrait être exprimée plus précisément. Aristote veut dire sans doute que, pour les oiseaux, le vol est rapide et que les ailes sont très-fortes pour un corps léger, tandis que les coléoptères n'ont pas ces avantages.

Pour les oiseaux à serres recourbées. Ce sont les oiseaux de proie.

§ 7. Tous les autres organes de leur corps. Cette remarque est très-exacte. Buffon dit à peu près la même chose, dans son Discours sur la nature des oiseaux, tome XIX, p. 34, édit. de 1830.

Un thorax puissant et pointu. Tous ces détails sont parfaitement justes. Voir la description de l'oiseau dans le Règne animal de Cuvier, tome I, pp. 303 et suiv. « Le sternum surtout est d'une grande étendue, et augmente encore sa surface par une lame saillante dans son milieu. » Cuvier décrit ensuite la fourchette formée par la réunion des deux clavicules et les apophyses coracoldes.

La proue du navire. La comparaison était neuve du temps d*Aristote; depuis lui, elle a été cent fois répétée. Elle est frappante, quand on considère surtout les oiseaux nageurs, le cygne par exemple ; mais elle n'est pas moins naturelle, quand on considère le mouvement des oiseaux volant dans l'air.

La forme d'un Lambda. C'est-à-dire la forme d'un triangle dont un angle aigu serait tourné en avant, pour faciliter la marche dans un fluide qu'il faut diviser avec plus ou moins d'effort.

§ 8. Quant aux parties postérieures. La queue des oiseaux, surtout des oiseaux de grand vol, est calculée de manière à aider la locomotion, loin de la gêner.

 — Afin de suivre les parties antérieures. Comme les flancs du navire et le gouvernail sont calculés pour faciliter le sillage tout entier.

L'explication qu'on peut donner. Les considérations que présente ici Aristote peuvent paraître un peu trop concises ; mais on ne voit pas qu'en général les naturalistes s'y soient arrêtés beaucoup plus que lui. Ces considérations sont d'ailleurs très-exactes.

suite