HERMÉNEIA, ou TRAITÉ DE LA PROPOSITION.
CHAPITRE XI. |
||
1 Τὸ δὲ ἓν κατὰ πολλῶν ἢ πολλὰ καθ´ ἑνὸς καταφάναι ἢ ἀποφάναι, ἐὰν μὴ ἕν τι ᾖ τὸ ἐκ τῶν πολλῶν συγκείμενον, οὐκ ἔστι κατάφασις μία οὐδὲ ἀπόφασις. Λέγω δὲ ἓν οὐκ ἐὰν ὄνομα ἓν ᾖ κείμενον, μὴ ᾖ δὲ ἕν τι ἐξ ἐκείνων, οἷον ὁ ἄνθρωπος ἴσως ἐστὶ καὶ ζῷον καὶ δίπουν καὶ ἥμερον, ἀλλὰ καὶ ἕν τι γίγνεται ἐκ τούτων· ἐκ δὲ τοῦ λευκοῦ καὶ τοῦ ἀνθρώπου καὶ τοῦ βαδίζειν οὐχ ἕν. Ὥστε οὔτ´ ἐὰν ἕν τι κατὰ τούτων καταφήσῃ τις μία κατάφασις, ἀλλὰ φωνὴ μὲν μία καταφάσεις δὲ πολλαί, οὔτ´ ἐὰν καθ´ ἑνὸς ταῦτα, ἀλλ´ ὁμοίως πολλαί. 2 Εἰ οὖν ἡ ἐρώτησις ἡ διαλεκτικὴ ἀποκρίσεώς ἐστιν αἴτησις, ἢ τῆς προτάσεως ἢ θατέρου μορίου τῆς ἀντιφάσεως, ἡ δὲ πρότασις ἀντιφάσεως μιᾶς μόριον, οὐκ ἂν εἴη μία ἀπόκρισις πρὸς ταῦτα· οὐδὲ γὰρ ἡ ἐρώτησις μία, οὐδ´ ἂν ᾖ ἀληθής. Εἴρηται δὲ ἐν τοῖς Τοπικοῖς περὶ αὐτῶν. 3 Ἅμα δὲ δῆλον ὅτι οὐδὲ τὸ τί ἐστιν ἐρώτησίς ἐστι διαλεκτική· δεῖ γὰρ δεδόσθαι ἐκ τῆς ἐρωτήσεως ἑλέσθαι ὁπότερον βούλεται τῆς ἀντιφάσεως μόριον ἀποφήνασθαι. Ἀλλὰ δεῖ τὸν ἐρωτῶντα προσδιορίσαι πότερον τόδε ἐστὶν ὁ ἄνθρωπος ἢ οὐ τοῦτο. 4 Ἐπεὶ δὲ τὰ μὲν κατηγορεῖται συντιθέμενα, ὡς ἓν τὸ πᾶν κατηγόρημα τῶν χωρὶς κατηγορουμένων, τὰ δὲ οὔ, τίς ἡ διαφορά; κατὰ γὰρ τοῦ ἀνθρώπου ἀληθὲς εἰπεῖν καὶ χωρὶς ζῷον καὶ χωρὶς δίπουν, καὶ ὡς ἕν, καὶ ἄνθρωπον καὶ λευκόν, καὶ ταῦθ´ ὡς ἕν· ἀλλ´ οὐχί, εἰ σκυτεὺς καὶ ἀγαθός, καὶ σκυτεὺς ἀγαθός. 5 Εἰ γάρ, ὅτι ἑκάτερον, καὶ τὸ συνάμφω, πολλὰ καὶ ἄτοπα ἔσται. Κατὰ γὰρ τοῦ ἀνθρώπου καὶ τὸ ἄνθρωπος ἀληθὲς καὶ τὸ λευκόν, ὥστε καὶ τὸ ἅπαν· πάλιν εἰ τὸ λευκόν, καὶ τὸ ἅπαν, ὥστε ἔσται ἄνθρωπος λευκὸς λευκός, καὶ τοῦτο εἰς ἄπειρον· καὶ πάλιν [21a] μουσικὸς λευκὸς βαδίζων, καὶ ταῦτα πολλάκις πεπλεγμένα. Ἔτι εἰ ὁ Σωκράτης Σωκράτης καὶ ἄνθρωπος, καὶ Σωκράτης ἄνθρωπος, καὶ εἰ ἄνθρωπος καὶ δίπους, καὶ ἄνθρωπος δίπους. Ὅτι μὲν οὖν, εἴ τις ἁπλῶς θήσει τὰς συμπλοκὰς γίγνεσθαι, πολλὰ συμβαίνει λέγειν ἄτοπα, δῆλον· 6 ὅπως δὲ θετέον, λέγομεν νῦν. Τῶν δὴ κατηγορουμένων, καὶ ἐφ´ οἷς κατηγορεῖσθαι συμβαίνει, ὅσα μὲν λέγεται κατὰ συμβεβηκὸς ἢ κατὰ τοῦ αὐτοῦ ἢ θάτερον κατὰ θατέρου, ταῦτα οὐκ ἔσται ἕν· οἷον ἄνθρωπος λευκός ἐστι καὶ μουσικός, ἀλλ´ οὐχ ἓν τὸ λευκὸν καὶ τὸ μουσικόν· συμβεβηκότα γὰρ ἄμφω τῷ αὐτῷ. Οὐδ´ εἰ τὸ λευκὸν μουσικὸν ἀληθὲς εἰπεῖν, ὅμως οὐκ ἔσται τὸ μουσικὸν λευκὸν ἕν τι· κατὰ συμβεβηκὸς γὰρ τὸ μουσικὸν λευκόν, ὥστε οὐκ ἔσται τὸ λευκὸν μουσικόν. Διὸ οὐδ´ ὁ σκυτεὺς ἁπλῶς ἀγαθός, ἀλλὰ ζῷον δίπουν· οὐ γὰρ κατὰ συμβεβηκός. 7 Ἔτι οὐδ´ ὅσα ἐνυπάρχει ἐν τῷ ἑτέρῳ· διὸ οὔτε τὸ λευκὸν πολλάκις οὔτε ὁ ἄνθρωπος ἄνθρωπος ζῷον ἢ δίπουν· ἐνυπάρχει γὰρ ἐν τῷ ἀνθρώπῳ τὸ δίπουν καὶ τὸ ζῷον. 8 Ἀληθὲς δ´ ἐστὶν εἰπεῖν κατὰ τοῦ τινὸς καὶ ἁπλῶς, οἷον τὸν τινὰ ἄνθρωπον ἄνθρωπον ἢ τὸν τινὰ λευκὸν ἄνθρωπον λευκόν· οὐκ ἀεὶ δέ, 9 ἀλλ´ ὅταν μὲν ἐν τῷ προσκειμένῳ τῶν ἀντικειμένων τι ἐνυπάρχῃ οἷς ἕπεται ἀντίφασις, οὐκ ἀληθὲς ἀλλὰ ψεῦδος, —οἷον τὸν τεθνεῶτα ἄνθρωπον ἄνθρωπον εἰπεῖν,— ὅταν δὲ μὴ ἐνυπάρχῃ, ἀληθές. 10 Ἢ ὅταν μὲν ἐνυπάρχῃ, ἀεὶ οὐκ ἀληθές, ὅταν δὲ μὴ ἐνυπάρχῃ, οὐκ ἀεὶ ἀληθές· ὥσπερ Ὅμηρός ἐστί τι, οἷον ποιητής· ἆρ´ οὖν καὶ ἔστιν, ἢ οὔ; κατὰ συμβεβηκὸς γὰρ κατηγορεῖται τὸ ἔστιν τοῦ Ὁμήρου· ὅτι γὰρ ποιητής ἐστιν, ἀλλ´ οὐ καθ´ αὑτό, κατηγορεῖται κατὰ τοῦ Ὁμήρου τὸ ἔστιν. 11 Ὥστ´ ἐν ὅσαις κατηγορίαις μήτε ἐναντιότης ἔνεστιν, ἐὰν λόγοι ἀντ´ ὀνομάτων λέγωνται, καὶ καθ´ αὑτὰ κατηγορῆται καὶ μὴ κατὰ συμβεβηκός, ἐπὶ τούτων τὸ τὶ καὶ ἁπλῶς ἀληθὲς ἔσται εἰπεῖν. Τὸ δὲ μὴ ὄν, ὅτι δοξαστόν, οὐκ ἀληθὲς εἰπεῖν ὄν τι· δόξα γὰρ αὐτοῦ οὐκ ἔστιν ὅτι ἔστιν, ἀλλ´ ὅτι οὐκ ἔστιν. |
§ 1. Quand on nie, et quand on affirme, d'une seule chose plusieurs choses, ou plusieurs choses d'une seule, à moins que le sens exprimé par tous ces termes ne soit un, l'affirmation non plus que la négation n'est pas simple. Quand je dis un, je ne veux pas dire qu'il y ait un nom unique imposé à ces diverses choses, mais qu'il en résulte un tout formé de ces choses. Par exemple, homme représente tout à la fois : animal, bipède et doux; et de tout cela, il résulte une seule et même idée. Au contraire, de blanc, d'homme et de marcher, il ne résulte pas une seule et même chose. Si donc l'on affirme une chose unique de tous ces objets, il n'y a pas pour cela une affirmation unique; il n'y a qu'un mot, si l'on veut, mais il y a plusieurs affirmations. Et de même, il n'y en a pas davantage une seule dans le cas où l'on applique toutes ces choses à un seul et même objet; il y a toujours plusieurs affirmations. § 2. Si donc l'interrogation dialectique est la demande d'une réponse, ou à la proposition même ou à l'une des deux parties de la contradiction, et la proposition est toujours une partie de la contradiction simple, il est évident qu'il n'y a pas dans ce cas une réponse simple; car la question n'a pas été simple non plus, en supposant même qu'elle soit vraie. Ceci, du reste, a été traité dans les Topiques. § 3. Il est clair en même temps que cette interrogation: Qu'est-ce? n'est pas dialectique; car il faut que l'interrogation dialectique laisse à choisir telle partie de la contradiction qu'on voudra prendre. Mais celui qui fait la question doit déterminer en outre ce qu'est l'homme, par exemple, ou ce qu'il n'est pas. § 4. Mais comme certaines choses attribuées séparément peuvent encore l'être en masse, de manière à ce que la totalité des attributs, qui étaient séparés, forme un attribut unique en se réunissant, et que d'autres au contraire ne peuvent se réunir, quelle est cette différence? Ainsi, on peut avec vérité, en parlant d'un homme, dire séparément qu'il est animal, qu'il est bipède; ou bien aussi réunir ces deux choses en une seule. On peut encore dire séparément qu'il est homme, qu'il est blanc; ou réunir aussi ces deux attributions. Mais il ne s'ensuit pas que, s'il est tanneur et bon, il soit par cela même bon tanneur. § 5. Si, en effet, parce que l'une et l'autre énonciation prises à part seraient vraies, il fallait aussi que, réunies, elles le fussent également, il s'ensuivrait bien des absurdités. Ainsi, relativement à l'homme, homme est vrai, blanc est vrai aussi, le tout réuni le serait donc aussi; et en outre, si blanc est vrai, le tout réuni l'est aussi, et l'on aurait l'homme est l'homme blanc, blanc; et ainsi de suite à l'infini. Par exemple encore, la réunion des trois mots: [21a] musicien, blanc, marcher; et l'on pourrait ainsi sans fin les combiner entre eux. Puis encore : si Socrate est Socrate et est homme, il s'ensuivrait que Socrate est Socrate homme, et s'il est homme et bipède, il serait homme bipède. On ne saurait donc dire d'une manière générale que ces combinaisons sont possibles, sans arriver certainement à toutes ces absurdités. § 6. Voyons maintenant quel principe il convient d'établir ici. Les attributs, et les choses auxquelles on les applique ne peuvent jamais être réunis, quand on les attribue comme accidents, soit à un même sujet, soit quand l'un est ainsi attribué à l'autre. Par exemple, dans cette proposition : L'homme est blanc et musicien, blanc et musicien ne peuvent pas se réunir; car ce sont deux accidents d'un seul et même sujet. Quand bien même il serait vrai de dire que le blanc est musicien, il n'en serait pas plus vrai de réunir eu un seul tout, Blanc musicien ; car blanc n'est musicien que par accident, de sorte que Blanc musicien ne forme pas un tout. Voilà aussi pourquoi on ne peut pas dire bon tanneur d'une manière absolue, mais l'on peut dire d'une manière absolue, animal bipède; car ce n'est pas là un accident attribué à l'homme. § 7. En second lieu, on ne peut unir non plus les attributs qui sont essentiellement dans un sujet : ainsi Blanc ne saurait être répété comme plus haut, et l'homme n'est pas non plus l'homme animal, l'homme bipède; car la qualité d'animal, la qualité de bipède, sont renfermées essentiellement dans l'homme. § 8. Mais on peut avec vérité, et d'une manière absolue, désunir les attributs pour un sujet particulier. Par exemple, d'un certain homme on peut dire qu'il est homme, et d'un homme blanc qu'il est homme blanc; ceci pourtant n'est pas toujours possible. § 9. Si dans l'attribut que l'on ajoute, il y a quelque idée opposée au sujet et qui emporte contradiction, la division n'est plus vraie, elle devient fausse. Par exemple, d'un homme mort, il est faux de dire qu'il est homme. Si l'attribut n'entraîne pas de contradiction, la division est vraie. § 10. On peut se demander, lorsqu'il y a contradiction: La division est-elle toujours fausse? et lorsqu'il n'y a pas contradiction, n'est-elle pas toujours vraie? Ainsi, Homère est telle chose, poète, par exemple; Homère est-il ou n'est-il pas? Est n'est attribué que par accident à Homère; car il n'est attribué à Homère que parce qu'il est poète, mais il ne lui est pas attribué en soi-même. § 11. Ainsi donc, dans toutes les attributions où il n'y a pas de contradiction, alors même que les définitions sont substituées aux noms, et où les attributs sont au sujet par eux-mêmes et non par accident, on peut toujours, sans se tromper, appliquer absolument à la chose les attributs isolés. Toutefois, le non-être, par cela même qu'il est rationnel, ne peut avec vérité être exprimé comme étant; car la pensée qu'on s'en forme n'est pas qu'il est, mais au contraire qu'il n'est pas. |
§ 1. Ce chapitre a été jugé très obscur par les commentateurs, voir Ammonius, Scholies, p. 126, a, 41, et la note extraite de Boëce. - A moins que le sens exprimé par tous ces termes, Comme il arrive pour la définition où le nombre des termes ne détruit pas l'unité. - Il résulte une seule et même idée, Qui est la définition de l'homme. - Une seule et même chose, Une seule idée complexe, mais une. § 2. Si donc l'interrogation dialectique, L'interrogation dialectique peut procéder, soit par une proposition simple, soit par les deux parties de la contradiction; peu importe. Si elle ne pose pas l'alternative dans toute son étendue, cette alternative n'en est pas moins comprise. - L'une des deux parties de la contradiction, Quand la contradiction est exprimée tout entière avec les deux membres qui la forment. - Et la proposition, Quand l'interrogation n'exprime qu'une seule des deux parties de la contradiction totale. - Dans les Topiques, Voir les Topiques, liv. 8, ch. 7, § 2; voir aussi liv. 1, ch. 4. § 4, et ch. 10, § 1. § 3. L'interrogation : qu'est-ce, J'ai conservé la formule grecque : la pensée d'ailleurs est fort claire. L'interrogation dialectique ne doit jamais avoir pour but de faire dire à l'interlocuteur ce qu'est la chose: elle doit lui demander seulement si la chose est ou n'est pas telle chose. § 4. Quelle est cette différence? Pourquoi peut-on dans un cas avec vérité réunir les attributs? pourquoi ne le peut-on pas dans un autre? - Il soit par cela même bon cordonnier, Ceci est un paralogisme à l'usage des Sophistes, voir Réfutations des Sophistes, ch. 20, § 7, où l'exemple choisi est le même. Les commentateurs croient qu'ici Aristote fait allusion à Simon le cordonnier, l'un des disciples les plus distingués de Socrate; Ammonius, Scholies, p. 128, a, 39. § 5. Le tout réuni le serait aussi, Et l'on aurait l'homme blanc est blanc. - Et ainsi de suite à l'infini, En faisant successivement passer blanc une fois de plus au sujet de la proposition. - La réunion des trois mots, Et les propositions diverses qu'on pourrait former à raide de ces trois mots. - Ces combinaisons, Des attributs réunis à leurs sujets, et entrant en quelque sorte dans leur définition, parce; qu'ils ne feraient qu'un avec eux. § 6. Comme accidents, Voir la définition de l'accident, Topiques, liv. 1, ch. 3, § 8. - Soit quand l'un est ainsi attribué à l'autre, Attribut joint à un sujet comme simple accident et non point comme essentiel. - Bon tanneur, Voir Plus haut, § 4. - Ce n'est pas là et accident attribué à l'homme, C'est la définition essentielle de l'homme; c'est l'homme lui-même. § 7. Dans un sujet, Le texte dit précisément : Dans l'autre. Les attributs qui sont attribués comme accidents à un sujet ne peuvent avec vérité être réunis à ce sujet. - Être répété comme plus haut, § 5, en le faisant passer successivement du second membre de la proposition dans le premier. - L'homme animal, l'homme bipède, il est fort inutile de répéter l'homme à chaque attribut, puisqu'il est nécessairement et essentiellement impliqué dans tous. § 8. Désunir les attributs, Théorie qui complète la première : après avoir dit dans quels cas on doit réunir les attributs, il indique comment on peut les séparer de leurs sujets, les sujets restant également vrais sans leurs attributs. § 9. La division n'est plus vraie, Le sujet pris tout seul et affirmé n'est plus vrai, comme dans l'exemple qu'il cite. - Si l'attribut n'entraîne pas de contradiction. Comme dans cette proposition : L'homme est blanc, blanc n'est pas un attribut contradictoire à la nature du sujet: si donc l'homme est blanc, on peut dire aussi que l'homme est. § 10. N'est attribué que par accident. Lorsque l'attribut est accidentel, on ne peut conclure de l'existence du sujet avec l'attribut à l'existence du sujet tout seul Homère est poète, mais Homère n'est pas. On ne considère dans la première phrase son existence que relativement à sa qualité de poète. § 11. Ainsi donc, Voici la règle générale pour la division des attributs et des sujets. - Toutefois, Les Sophistes disaient : Le non-être est rationnel (concevable par la raison) : donc il est : Aristote ne pousse cette conclusion absurde.
|