Aristote : Histoire des Animaux

ARISTOTE

HISTOIRE DES ANIMAUX. TOME TROIS

LIVRE IX.

Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

 LIVRE VIII - livre IX chapitres IX à XXI

 

 

HISTOIRE DES ANIMAUX.

LIVRE NEUVIEME.

 

 

 

 

LIVRE IX

CHAPITRE PREMIER

Des mœurs des animaux ; affections de l'âme auxquelles ils participent; différences que produit le sexe, sensibles surtout dans l'espèce humaine; les femelles sont toujours plus douces et plus dociles; chiens de Laconie et de Molossie; croisements utiles; les femelles sont moins courageuses et plus rusées; caractère de la femelle, elle est plus sensible, plus jalouse, plus découragée, plus effrontée et plus fausse; caractère de l'homme, plus brave, plus actif, plus généreux; influence du sexe jusque chez les mollusques; exemple de la seiche mâle et de la seiche femelle.
 

[608b.11] 1 Τὰ δ´ ἤθη τῶν ζῴων ἐστὶ τῶν μὲν ἀμαυροτέρων καὶ βραχυβιωτέρων ἧττον ἡμῖν ἔνδηλα κατὰ τὴν αἴσθησιν, τῶν δὲ μακροβιωτέρων ἐνδηλότερα. Φαίνονται γὰρ ἔχοντά τινα δύναμιν περὶ ἕκαστον τῶν τῆς ψυχῆς παθημάτων φυσικήν, περί τε φρόνησιν καὶ εὐήθειαν καὶ ἀνδρείαν καὶ δειλίαν, περί τε πραότητα καὶ χαλεπότητα καὶ τὰς ἄλλας τὰς τοιαύτας ἕξεις. 2 Ἔνια δὲ κοινωνεῖ τινὸς ἅμα καὶ μαθήσεως καὶ διδασκαλίας, τὰ μὲν παρ´ ἀλλήλων, τὰ δὲ καὶ παρὰ τῶν ἀνθρώπων, ὅσαπερ ἀκοῆς μετέχει, μὴ μόνον ὅσα τῶν ψόφων, ἀλλ´ ὅσα καὶ τῶν σημείων διαισθάνεται τὰς διαφοράς. 3 Ἐν πᾶσι δ´ ὅσοις ἐστὶ γένεσι τὸ θῆλυ καὶ τὸ ἄρρεν, σχεδὸν ἡ φύσις ὁμοίως διέστησε τὸ ἦθος τῶν θηλειῶν πρὸς τὸ τῶν ἀρρένων. Μάλιστα δὲ φανερὸν ἐπί τε τῶν ἀνθρώπων καὶ τῶν μέγεθος ἐχόντων καὶ τῶν ζῳοτόκων τετραπόδων· μαλακώτερον γὰρ τὸ ἦθός ἐστι τῶν θηλειῶν, καὶ τιθασσεύεται θᾶττον, καὶ προσίεται τὰς χεῖρας μᾶλλον, καὶ μαθητικώτερον, 4 οἷον καὶ αἱ Λάκαιναι κύνες αἱ θήλειαι εὐφυέστεραι τῶν ἀρρένων εἰσίν. Τὸ δ´ ἐν τῇ Μολοττίᾳ γένος τῶν κυνῶν τὸ μὲν θηρευτικὸν οὐδὲν διαφέρει πρὸς τὸ παρὰ τοῖς ἄλλοις, τὸ δ´ ἀκόλουθον τοῖς προβάτοις τῷ μεγέθει καὶ τῇ ἀνδρείᾳ τῇ πρὸς τὰ θηρία. Διαφέρουσι δ´ οἱ ἐξ ἀμφοῖν ἀνδρείᾳ καὶ φιλοπονίᾳ, οἵ τε ἐκ τῶν ἐν τῇ Μολοττίᾳ γινομένων κυνῶν καὶ ἐκ τῶν Λακωνικῶν.

5 Ἀθυμότερα δὲ τὰ θήλεα πάντα τῶν ἀρρένων πλὴν ἄρκτου καὶ παρδάλεως· τούτων δ´ ἡ θήλεια δοκεῖ εἶναι ἀνδρειοτέρα. Ἐν δὲ τοῖς ἄλλοις γένεσι τὰ θήλεα [609a] μαλακώτερα καὶ κακουργότερα καὶ ἧττον ἁπλᾶ καὶ προπετέστερα καὶ περὶ τῶν τέκνων τροφὴν φροντιστικώτερα, τὰ δ´ ἄρρενα ἐναντίως θυμωδέστερα καὶ ἀγριώτερα καὶ ἁπλούστερα καὶ ἧττον ἐπίβουλα. 6 Τούτων δ´ ἴχνη μὲν τῶν ἠθῶν ἐστιν ἐν πᾶσιν ὡς εἰπεῖν, μᾶλλον δὲ φανερώτερα ἐν τοῖς ἔχουσι μᾶλλον ἦθος καὶ μάλιστα ἐν ἀνθρώπῳ· τοῦτο γὰρ ἔχει τὴν φύσιν ἀποτετελεσμένην, ὥστε καὶ ταύτας τὰς ἕξεις εἶναι φανερωτέρας ἐν αὐτοῖς. 7 Διόπερ γυνὴ ἀνδρὸς ἐλεημονέστερον καὶ ἀρίδακρυ μᾶλλον, ἔτι δὲ φθονερώτερον καὶ μεμψιμοιρότερον, καὶ φιλολοίδορον μᾶλλον καὶ πληκτικώτερον. Ἔστι δὲ καὶ δύσθυμον μᾶλλον τὸ θῆλυ τοῦ ἄρρενος καὶ δύσελπι, καὶ ἀναιδέστερον καὶ ψευδέστερον, εὐαπατητότερον δὲ καὶ μνημονικώτερον, ἔτι δ´ ἀγρυπνότερον καὶ ὀκνηρότερον, καὶ ὅλως ἀκινητότερον τὸ θῆλυ τοῦ ἄρρενος, καὶ τροφῆς ἐλάττονός ἐστιν. Βοηθητικώτερον δὲ καί, ὥσπερ ἐλέχθη, ἀνδρειότερον τὸ ἄρρεν τοῦ θήλεός ἐστιν, ἐπεὶ ἐν τοῖς μαλακίοις, ὅταν τῷ τριώδοντι πληγῇ ἡ σηπία, ὁ μὲν ἄρρην βοηθεῖ τῇ θηλείᾳ, ἡ δὲ θήλεια φεύγει τοῦ ἄρρενος πληγέντος.

 

[608b.11] 1 Les moeurs des animaux nous sont moins connues et moins observables quand leur existence est plus cachée et plus courte, que quand leur existence est plus longue. Les animaux ont naturellement une certaine faculté de participer à toutes les affections que l'âme peut éprouver, la prudence et l'audace, le courage et la lâcheté, la douceur et la cruauté, et tous les autres sentiments analogues. 2 Il y en a même qui sont, dans une certaine mesure, susceptibles d'apprendre et de s'instruire, tantôt les uns par les autres, tantôt sous la main de l'homme, pourvu qu'ils aient le sens de l'ouïe, et non seulement tous ceux qui entendent les sons, mais ceux qui peuvent percevoir les différences des signes et les distinguer. 3.Dans toutes les espèces où il y a mâle et femelle, la nature a établi à peu près les mêmes dissemblances dans le caractère des femelles comparé à celui des mâles. C'est ce qu'on peut observer le plus clairement possible sur l'espèce humaine, sur les espèces un peu grandes, et. sur les quadrupèdes vivipares. Le caractère de la femelle est toujours plus doux; elle s'apprivoise plus vite; elle souffre plus aisément l'attouchement de nos mains, et elle est plus docile à s'instruire. 4 Ainsi, les chiennes de Laconie sont de bien meilleure nature que les chiens mâles. La race des chiens de Molossie ne l'emporte pas sur les espèces qu'on trouve ailleurs pour nous aider à la chasse ; mais pour surveiller et suivre le bétail, ils se distinguent par leur courage à combattre les bêtes fauves, aussi bien que par leur grandeur. Les individus nés de croisements de chiens de Molossie et de chiens de Laconie tiennent des deux races un courage rare, et une prodigieuse ardeur au travail.

5 Les femelles ont généralement moins de courage que les mâles, sauf dans l'espèce de l'ourse et de la panthère, où la femelle semble être plus courageuse. Dans toutes les autres espèces, les femelles [609a] sont plus douces, plus perfides, moins franches et plus pétulantes; elles sont aussi plus soucieuses de nourrir leurs petits. Pour les mâles, c'est tout le contraire. Ils sont plus braves, plus sauvages, plus simples dans leurs allures et moins rusés. 6 On peut trouver la trace de tout cela dans la totalité des animaux, pour ainsi dire; mais ces phénomènes sont plus sensibles chez les animaux qui ont un caractère plus prononcé ; et par-dessus tous les autres, chez l'homme, parce que la nature de l'homme est achevée, de telle façon que toutes ces affections sont beaucoup plus frappantes en lui. 7 Ainsi, la femme est bien plus que l'homme disposée à la pitié; elle pleure bien plus aisément; elle est aussi plus jalouse que lui et plus portée à se plaindre; elle aime davantage à injurier et à chercher querelle; la femme est en outre plus facile à se décourager, et plus rebelle que l'homme à l'espérance; elle est plus effrontée et plus fausse. Elle se laisse tromper plus aisément; et elle a plus de rancune, On peut ajouter encore que, dans les animaux, la femelle est plus éveillée que le mâle et plus paresseuse; et en général, qu'elle a plus de peine à se mettre en mouvement; elle mange moins. Mais, ainsi qu'on vient de le dire, le mâle a plus de ressources pour secourir les autres; il est plus brave ; et l'on peut voir, jusque dans les mollusques, que, si une seiche est atteinte d'un coup de trident, le mâle vient au secours de la femelle, tandis que la femelle s'enfuit dès que le mâle est frappé.

§ 1. Les moeurs des animaux... Voir des considérations analogues, mais plus larges, au début du Vllle livre ; voir aussi la Dissertation sur la composition de l'Histoire des Animaux.

Plus cachée et plus courte,... plus longue. Tout ceci est fort juste. L'auteur aurait pu ajouter : « SeIon que leur existence est domestique ou sauvage ».

Toutes les affections que l'âme peut éprouver. L'expression est peut-être trop générale; il aurait mieux valu dire : « Quelques-unes des affections ». Dans bon nombre de descriptions de Buffon, on peut voir qu'il partageait à bien des égards les idées qui sont exprimées ici, sur les ressemblances de l'homme et des animaux. On se rappelle surtout les portraits qu'il a faits du lion, de l'éléphant, de l'âne, du cheval, etc.

§ 2. Susceptibles d'apprendre. Voir le début de la Métaphysique, l. I, ch. I, § 3, p. 3 de ma traduction.

Le sens de l'ouïe. La Métaphysique donne aussi au sens de l'ouïe, chez les animaux, la plus grande importance.

Les différences des signes. Ceci est une considération nouvelle; il s'agit des signes par lesquels l'homme manifeste sa volonté à l'animal.

§ 3. Mâle et femelle. Le sexe, en effet, exerce la plus vive influence; et ce serait supprimer une partie de la zoologie que de passer cette question sous silence.

Sur l'espèce humaine. Ici, l'on peut trouver que l'on ne distingue pas assez l'homme du reste des animaux; c'est évidemment un être à part, qui sans doute ressemble à bien d'autres, mais qu'on ne doit confondre avec aucun d'eux. Du reste, ce qui est dit des femelles des animaux est en général fort exact.

§ 4. Les chiennes de Laconie. Je crois que beaucoup de nos chasseurs donnent aussi la préférence aux chiennes; celles de Laconie étaient célèbres dans toute la Grèce.

De Molossie. La Molossie était une partie de l'Épire, sur le golfe d'Ambracie. Le nom de Molosses est devenu générique pour tous les chiens de grande taille.

§ 5. Moins de courage que les mâles. Excepté, quand elles ont à défendre leur progéniture. - De l'ourse et de la panthère. Je ne sais pas si le fait est constant, et s'il a été sanctionné par la science moderne.

§ 6. Chez l'homme. C'est vrai; mais c'était un motif de plus pour séparer l'homme du reste des animaux.

La nature de l'homme est achevée. Et sous certains rapports, toute autre que la nature animale.

§ 7. La femme. Le portrait de la femme n'est pas flatté dans ce passage; mais pour excuser fauteur, il faut se rappeler quelle était la condition des femmes en Grèce; et certainement, cette situation a inspiré à l'auteur un dédain, qui n'est pas justifiable.

Dans les animaux. J'ai ajouté ces mots qui me semblent ressortir du contexte, et que justifie l'exemple de la seiche, cité â la fin du paragraphe.

Jusque dans les mollusques. Je ne sais pas si te fait est exact; mais on peut le croire, parce qu'il avait dû se représenter bien souvent à l'observation des pécheurs.
 

 

CHAPITRE II

Des causes de guerre entre les animaux; la nourriture et l'habitation sont les principales; luttes acharnées des phoques; les carnassiers sont en lutte avec tous les autres; les soins de l'homme adoucissent beaucoup les animaux; les crocodiles d'Égypte; nombreux exemples d'animaux qui sont en guerre; oiseaux, serpents, quadrupèdes; quelques espèces vivent en paix; combats furieux des éléphants les uns contre les autres; grande différence de courage entre les éléphants; emploi que les Indiens en font à la guerre; force prodigieuse des éléphants, renversant des murailles et brisant des palmiers; chasse à l'éléphant avec des éléphants apprivoisés; docilité ordinaire de l'éléphant ; moyen de le dompter. - Résumé.

1 Πόλεμος μὲν οὖν πρὸς ἄλληλα τοῖς ζῴοις ἐστίν, ὅσα τοὺς αὐτούς τε κατέχει τόπους καὶ ἀπὸ τῶν αὐτῶν ποιεῖται τὴν ζωήν· ἐὰν γὰρ ᾖ σπάνιος ἡ τροφή, καὶ πρὸς ἄλληλα τὰ ὁμόφυλα μάχεται, ἐπεὶ καὶ τὰς φώκας φασὶ πολεμεῖν τὰς περὶ τὸν αὐτὸν τόπον, καὶ ἄρρενι ἄρρενα καὶ θηλείᾳ θήλειαν, ἕως ἂν ἀποκτείνῃ ἢ ἐκβληθῇ θάτερον ὑπὸ θατέρου· καὶ τὰ σκυμνία ὡσαύτως πάντα. 2 Ἔτι δὲ τοῖς ὠμοφάγοις ἅπαντα πολεμεῖ, καὶ ταῦτα τοῖς ἄλλοις· ἀπὸ γὰρ τῶν ζῴων ἡ τροφὴ αὐτοῖς· ὅθεν καὶ τὰς διεδρείας καὶ τὰς συνεδρείας οἱ μάντεις λαμβάνουσι, δίεδρα μὲν τὰ πολέμια τιθέντες, σύνεδρα δὲ τὰ εἰρηνοῦντα πρὸς ἄλληλα.

3 Κινδυνεύει δέ, εἰ ἀφθονία τροφῆς εἴη, πρός τε τοὺς ἀνθρώπους ἂν ἔχειν τιθασσῶς τὰ νῦν φοβούμενα αὐτῶν καὶ ἀγριαίνοντα, καὶ πρὸς ἄλληλα τὸν αὐτὸν τρόπον. Δῆλον δὲ ποιεῖ τοῦτο ἡ περὶ Αἴγυπτον ἐπιμέλεια τῶν ζῴων· διὰ γὰρ τὸ τροφὴν ὑπάρχειν καὶ μὴ ἀπορεῖν μετ´ ἀλλήλων ζῶσι καὶ αὐτὰ τὰ ἀγριώτατα· διὰ τὰς ὠφελείας γὰρ ἡμεροῦται, [609b] οἷον ἐνιαχοῦ τὸ τῶν κροκοδείλων γένος πρὸς τὸν ἱερέα διὰ τὴν ἐπιμέλειαν τὴν τῆς τροφῆς. Τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτ´ ἔστιν ἰδεῖν καὶ περὶ τὰς ἄλλας χώρας γινόμενον, καὶ κατὰ μόρια τούτων.

4 Ἔστι δ´ ἀετὸς καὶ δράκων πολέμια· τροφὴν γὰρ ποιεῖται τοὺς ὄφεις ὁ ἀετός. Καὶ ἰχνεύμων καὶ φάλαγξ· θηρεύει γὰρ τοὺς φάλαγγας ὁ ἰχνεύμων. Τῶν δ´ ὀρνίθων ποικιλίδες καὶ κορυδῶνες καὶ πίπρα καὶ χλωρεύς· τὰ γὰρ ᾠὰ κατεσθίουσιν ἀλλήλων. Καὶ κορώνη καὶ γλαύξ· ἡ μὲν γὰρ τῆς μεσημβρίας, διὰ τὸ μὴ ὀξὺ βλέπειν τὴν γλαῦκα τῆς ἡμέρας, κατεσθίει ὑφαρπάζουσα αὐτῆς τὰ ᾠά, ἡ δὲ γλαὺξ τῆς νυκτὸς τὰ τῆς κορώνης, καὶ κρείττων ἡ μὲν τῆς ἡμέρας ἡ δὲ τῆς νυκτός ἐστιν. 5 Καὶ γλαὺξ δὲ καὶ ὄρχιλος πολέμια· τὰ γὰρ ᾠὰ κατεσθίει καὶ οὗτος τῆς γλαυκός. Τῆς δ´ ἡμέρας καὶ τὰ ἄλλα ὀρνίθια τὴν γλαῦκα περιπέταται, ὃ καλεῖται θαυμάζειν, καὶ προσπετόμενα τίλλουσιν· διὸ οἱ ὀρνιθοθῆραι θηρεύουσιν αὐτῇ παντοδαπὰ ὀρνίθια. 6 Πολέμιος δὲ καὶ ὁ πρέσβυς καλούμενος καὶ γαλῆ [καὶ κορώνη]· τὰ γὰρ ᾠὰ καὶ τοὺς νεοττοὺς κατεσθίουσιν αὐτῆς. Καὶ τρυγὼν καὶ πυραλλίς· τόπος γὰρ τῆς νομῆς καὶ βίος ὁ αὐτός. Καὶ κελεὸς καὶ λιβυός. Ἰκτῖνος δὲ καὶ κόραξ· ὑφαιρεῖται γὰρ τοῦ κόρακος ὁ ἰκτῖνος ὅ τι ἂν ἔχῃ διὰ τὸ κρείττων εἶναι τοῖς ὄνυξι καὶ τῇ πτήσει, ὥστε ἡ τροφὴ ποιεῖ πολεμίους καὶ τούτους.

7 Ἔτι οἱ ἀπὸ τῆς θαλάττης ζῶντες ἀλλήλοις, οἷον βρένθος καὶ λάρος καὶ ἅρπη. Τριόρχης δὲ καὶ φρῦνος καὶ ὄφις· κατεσθίει γὰρ ὁ τριόρχης αὐτούς. Τρυγὼν δὲ καὶ χλωρεύς· ἀποκτείνει γὰρ τὴν τρυγόνα ὁ χλωρεύς, καὶ ἡ κορώνη τὸν καλούμενον τύπανον. Τὸν δὲ κάλαριν ὁ αἰγώλιος καὶ οἱ ἄλλοι γαμψώνυχες κατεσθίουσιν· ὅθεν ὁ πόλεμος αὐτοῖς. 8 Πόλεμος δὲ καὶ ἀσκαλαβώτῃ καὶ ἀράχνῃ· κατεσθίει γὰρ τοὺς ἀράχνας ὁ ἀσκαλαβώτης. Πίπῳ δὲ καὶ ἐρωδιῷ· τὰ γὰρ ᾠὰ κατεσθίει καὶ τοὺς νεοττοὺς τοῦ ἐρωδιοῦ. Αἰγίθῳ δὲ καὶ ὄνῳ πόλεμος διὰ τὸ παριόντα τὸν ὄνον κνήθεσθαι εἰς τὰς ἀκάνθας τὰ ἕλκη· διά τε οὖν τοῦτο, κἂν ὀγκήσηται, ἐκβάλλει τὰ ᾠὰ καὶ τοὺς νεοττούς· φοβούμενοι γὰρ ἐκπίπτουσιν· ὁ δὲ διὰ τὴν βλάβην ταύτην κολάπτει ἐπιπετόμενος τὰ ἕλκη [610a] αὐτοῦ. 9 Λύκος δ´ ὄνῳ καὶ ταύρῳ καὶ ἀλώπεκι πολέμιος· ὠμοφάγος γὰρ ὢν ἐπιτίθεται τοῖς βουσὶ καὶ τοῖς ὄνοις καὶ τῇ ἀλώπεκι. Καὶ ἀλώπηξ δὲ καὶ κίρκος διὰ τὴν αὐτὴν αἰτίαν· γαμψώνυχος γὰρ ὢν καὶ ὠμοφάγος ἐπιτίθεται καὶ ἕλκη ποιεῖ κόπτων. Καὶ κόραξ ταύρῳ καὶ ὄνῳ πολέμιος διὰ τὸ τύπτειν ἐπιπετόμενος αὐτοὺς καὶ τὰ ὄμματα κολάπτειν αὐτῶν. 10 Πολεμεῖ δὲ καὶ ἀετὸς καὶ ἐρωδιός· γαμψώνυχος γὰρ ὢν ὁ ἀετὸς ἐπιτίθεται, ὁ δ´ ἀποθνήσκει ἀμυνόμενος. Καὶ αἰσάλων δ´ αἰγυπιῷ πολέμιος, καὶ κρὲξ ἐλεῷ καὶ κοττύφῳ καὶ χλωρίωνι, ὃν ἔνιοι μυθολογοῦσι γενέσθαι ἐκ πυρκαϊᾶς· καὶ γὰρ αὐτοὺς βλάπτει καὶ τὰ τέκνα αὐτῶν. Καὶ σίττη καὶ τροχίλος ἀετῷ πολέμια· ἡ γὰρ σίττη καταγνύει τὰ ᾠὰ τοῦ ἀετοῦ, ὁ δ´ ἀετὸς καὶ διὰ τοῦτο καὶ διὰ τὸ ὠμοφάγος εἶναι πολέμιός ἐστι πᾶσιν.

11 Ἄνθος δ´ ἵππῳ πολέμιος· ἐξελαύνει γὰρ ὁ ἵππος ἐκ τῆς νομῆς· πόαν γὰρ νέμεται ὁ ἄνθος, ἐπάργεμος δ´ ἐστὶ καὶ οὐκ ὀξυωπός· μιμεῖται γὰρ τοῦ ἵππου τὴν φωνήν, καὶ φοβεῖ ἐπιπετόμενος καὶ ἐξελαύνει, ὅταν δὲ λάβῃ, κτείνει αὐτόν. Οἰκεῖ δ´ ὁ ἄνθος παρὰ ποταμὲν καὶ ἕλη, χρόαν δ´ ἔχει καλὴν καὶ εὐβίοτος. 12 Κωλωτῇ δ´ ὄνος πολέμιος· κοιμᾶται γὰρ ἐν τῇ φάτνῃ αὐτοῦ, καὶ κωλύει ἐσθίειν εἰς τοὺς μυκτῆρας ἐνδυόμενος. Τῶν δ´ ἐρωδιῶν ἐστὶ τρία γένη, ὅ τε πέλλος καὶ ὁ λευκὸς καὶ ὁ ἀστερίας καλούμενος. Τούτων ὁ πέλλος χαλεπῶς εὐνάζεται καὶ ὀχεύει, κράζει τε γὰρ καὶ αἷμα, ὡς φασίν, ἀφίησιν ἐκ τῶν ὀφθαλμῶν ὀχεύων, καὶ τίκτει φαύλως καὶ ὀδυνηρῶς. Πολεμεῖ δὲ τοῖς βλάπτουσιν, ἀετῷ (ἁρπάζει γὰρ αὐτόν) καὶ ἀλώπεκι (φθείρει γὰρ αὐτὸν τῆς νυκτός) καὶ κορύδῳ (τὰ γὰρ ᾠὰ αὐτοῦ κλέπτει).

13 Ὄφις δὲ γαλῇ καὶ ὑῒ πολέμιον, τῇ μὲν γαλῇ, κατ´ οἰκίαν ὅταν ὦσιν ἀμφότερα· ἀπὸ γὰρ τῶν αὐτῶν ζῶσιν· ἡ δ´ ὗς ἐσθίει τοὺς ὄφεις. Καὶ αἰσάλων ἀλώπεκι πολέμιος· τύπτει γὰρ καὶ τίλλει αὐτήν, καὶ τὰ τέκνα ἀποκτείνει· γαμψώνυχος γάρ ἐστιν. Κόραξ δὲ καὶ ἀλώπηξ ἀλλήλοις φίλοι· πολεμεῖ γὰρ τῷ αἰσάλωνι ὁ κόραξ· διὸ βοηθεῖ τυπτομένῃ αὐτῇ. 14 Καὶ αἰγυπιὸς δὲ καὶ αἰσάλων πολέμιοι σφίσιν αὐτοῖς· ἀμφότεροι γὰρ γαμψώνυχοι. Μάχεται [610b] δὲ καὶ ἀετῷ αἰγυπιὸς καὶ κύκνος· κρατεῖ δ´ ὁ κύκνος πολλάκις· εἰσὶ δ´ οἱ κύκνοι καὶ ἀλληλοφάγοι μάλιστα τῶν ὀρνέων. Ἔστι δὲ τῶν θηρίων τὰ μὲν ἀεὶ πολέμια ἀλλήλοις, τὰ δ´ ὥσπερ ἄνθρωποι, ὅταν τύχωσιν. Ὄνος δὲ καὶ ἀκανθίδες πολέμιοι· αἱ μὲν γὰρ ἀπὸ τῶν ἀκανθῶν βιοτεύουσιν, ὁ δ´ ἁπαλὰς οὔσας κατεσθίει τὰς ἀκάνθας. 15 Καὶ ἄνθος καὶ ἀκανθὶς καὶ αἴγιθος· λέγεται δ´ ὅτι αἰγίθου καὶ ἄνθου αἷμα οὐ συμμίγνυται ἀλλήλοις. Κορώνη δὲ καὶ ἐρωδιὸς φίλοι, καὶ σχοινίων καὶ κόρυδος, καὶ λαεδὸς καὶ κελεός· ὁ μὲν γὰρ κελεὸς παρὰ ποταμὸν οἰκεῖ καὶ λόχμας, ὁ δὲ λαεδὸς πέτρας καὶ ὄρη, καὶ φιλοχωρεῖ οὗ ἂν οἰκῇ. Καὶ πίφιγξ καὶ ἅρπη καὶ ἰκτῖνος φίλοι, καὶ ἀλώπηξ καὶ ὄφις (ἄμφω γὰρ τρωγλοδύται), καὶ κόττυφος καὶ τρυγών.

16 Πολέμιοι δὲ καὶ ὁ λέων καὶ ὁ θὼς ἀλλήλοις· ὠμοφάγοι γὰρ ὄντες ἀπὸ τῶν αὐτῶν ζῶσιν. Μάχονται δὲ καὶ ἐλέφαντες σφοδρῶς πρὸς ἀλλήλους, καὶ τύπτουσι τοῖς ὀδοῦσι σφᾶς αὐτούς· ὁ δ´ ἡττηθεὶς δουλοῦται ἰσχυρῶς, καὶ οὐχ ὑπομένει τὴν τοῦ νικήσαντος φωνήν. Διαφέρουσι δὲ καὶ τῇ ἀνδρείᾳ ἀλλήλων οἱ ἐλέφαντες θαυμαστὸν ὅσον. Χρῶνται δ´ οἱ Ἰνδοὶ πολεμιστηρίοις, καθάπερ τοῖς ἄρρεσι, καὶ ταῖς θηλείαις· εἰσὶ μέντοι καὶ ἐλάττονες αἱ θήλειαι καὶ ἀψυχότεραι πολύ. Τοὺς δὲ τοίχους καταβάλλει ὁ ἐλέφας τοὺς ὀδόντας τοὺς μεγάλους προσβάλλων· τοὺς δὲ φοίνικας τῷ μετώπῳ, ἕως ἂν κατακλίνῃ, ἔπειτα τοῖς ποσὶν ἐπιβαίνων κατατείνει ἐπὶ τῆς γῆς. 17 Ἔστι δὲ καὶ ἡ θήρα τῶν ἐλεφάντων τοιάδε· ἀναβάντες ἐπί τινας τῶν τιθασσῶν καὶ ἀνδρείων διώκουσι, καὶ ὅταν καταλάβωσι, τύπτειν προστάττουσι τούτοις, ἕως ἂν ἐκλύσωσιν· τότε δ´ ὁ ἐλεφαντιστὴς ἐπιπηδήσας κατευθύνει τῷ δρεπάνῳ. Ταχέως δὲ μετὰ ταῦτα τιθασσεύεταί τε καὶ πειθαρχεῖ. Ἐπιβεβηκότος μὲν οὖν τοῦ ἐλεφαντιστοῦ ἅπαντες πραεῖς εἰσιν, ὅταν δ´ ἀποβῇ, οἱ μὲν οἱ δ´ οὔ· ἀλλὰ τῶν ἐξαγριουμένων τὰ ἐμπρόσθια σκέλη δεσμεύουσι σειραῖς, ἵν´ ἡσυχάζωσιν. Ἔστι δ´ ἡ θήρα καὶ μεγάλων ἤδη ὄντων καὶ πώλων.

18 Αἱ μὲν οὖν φιλίαι καὶ οἱ πόλεμοι τοῖς θηρίοις τούτοις διὰ τὰς τροφὰς καὶ τὸν βίον συμβαίνουσιν.

 

 

1 Toutes les fois que les animaux habitent les mêmes lieux et qu'ils tirent leur vie des mêmes substances, ils se font mutuellement la guerre. Si la nourriture est par trop rare, les bêtes, même de race semblable, se battent entre elles. C'est ainsi que les phoques d'une même région se font une guerre implacable, mâle contre mâle, femelle contre femelle, jusqu'à ce que l'un des deux ait tué l'autre, ou ait été chassé par lui ; les petits se battent avec non moins d'acharnement. 2 Tous les animaux sont en guerre avec les carnivores, qui mutuellement sont, eux aussi, en guerre avec tous les autres, puisqu'ils ne peuvent vivre que d'animaux. C'est de là que les devins tirent leurs augures de désunion ou d'union entre les humains, prenant les animaux qui se battent entre eux pour signe de désunion ; et pour signes d'union, ceux qui vivent en bon accord les uns avec les autres.

3 Il serait bien possible qu'une nourriture constamment abondante adoucit singulièrement, à l'égard de l'homme, les animaux qu'il redoute aujourd'hui, parce qu'ils restent sauvages, et que les animaux s'adoucissent également ainsi les uns à l'égard des autres. Le soin qu'on a des animaux en Égypte le prouve clairement; comme la nourriture leur est donnée sans leur manquer jamais, les plus sauvages eux-mêmes vivent côte à côte, comme le reste. Ils s'apprivoisent par les soins qu'on en a ; [609b] et par exemple, en quelques endroits le crocodile s'apprivoise avec le prêtre qui est chargé de le nourrir. On peut voir les mêmes faits se reproduire dans d'autres pays, et dans quelques-uns de leurs cantons.

4 L'aigle et le serpent sont ennemis, parce que l'aigle se nourrit de serpents. L'ichneumon et la phalange sont en guerre, parce que l'ichneumon pourchasse les phalanges. Dans les oiseaux, les tachetés, les alouettes, les pies, le verdier, sont ennemis les uns des autres; car ils se mangent mutuellement leurs oeufs. La corneille et la chouette se battent. Comme, au milieu du jour, la chouette ne voit pas très clair, la corneille vient lui prendre ses oeufs, qu'elle dévore; et la nuit, c'est la chouette qui dévore les oeufs de la corneille. L'une est plus forte pendant le jour; l'autre est plus forte pendant la nuit.  5 La chouette n'est pas moins en guerre avec l'orchile, qui vient aussi lui manger ses oeufs. Dans le jour, tous les petits oiseaux volent autour de la chouette; et l'on dit que c'est pour l'admirer; mais en volant autour d'elle, ils lui arrachent les plumes; aussi, les oiseleurs prennent-ils les petits oiseaux de toute espèce au moyen de la chouette, qui les attire. 6 L'oiseau surnommé le Sénateur, la belette et la corneille sont en guerre, parce que le sénateur et la belette mangent les oeufs de la corneille et ses petits. La tourterelle et la Pyrallis sont ennemis, parce que le lieu où elles trouvent à se nourrir et leur mode de vivre sont les mêmes. Le pic-vert, le Libyen, le milan et le corbeau se font la guerre, parce que le milan ravit au corbeau toutes les proies qu'il peut faire, et que le milan est le plus fort par ses serres et par son vol. C'est donc encore la pâture qui rend ces oiseaux hostiles les uns aux autres.

7 Les oiseaux qui tirent leur nourriture de la mer, ne sont pas entre eux des ennemis moins acharnés : par exemple, le Brenthos, le goéland et la harpé. La buse, le crapaud (grenouille de haie) et le serpent se battent, parce que la buse se nourrit des deux autres. La tourterelle et le verdier sont en guerre; et c'est le verdier qui tue la tourterelle. Au contraire, c'est la corneille qui tue l'oiseau qu'on nomme le typan. L'ægolie et les autres oiseaux pourvus de serres dévorent le calaris ; et la guerre est entre eux tous. 8 Elle règne aussi entre le stellion et l'araignée, parce que le stellion la dévore. Il y a guerre encore entre la pipone et le héron, dont la pipone mange les oeufs et les petits. L'ægithe et l'âne se font la guerre, et voici comment. L'âne, en passant près des buissons, y frotte ses plaies pour se gratter; en s'y roulant, et en se mettant à. braire, il fait tomber les oeufs et les petits, qui, tout effrayés, sortent du nid. L'ægithe, pour repousser le dommage qu'il souffre, vole sur l'âne et lui pique [610a] ses plaies. 9 Le loup fait la guerre à l'âne, au taureau et au renard. Comme il est carnivore, il se jette sur les boeufs, les ânes et les renards. Le renard et le busard n'ont pas d'autre motif de guerre. Le busard est carnivore, et il a des serres ; il fond sur le renard ; et en le frappant, il lui fait des plaies dangereuses. Le corbeau est l'ennemi du taureau et de l'âne, qu'il frappe en volant sur eux, et il leur crève les yeux. 10 L'aigle fait la guerre au héron; il l'attaque avec ses serres; et le héron meurt dans la lutte. L'émerillon est en guerre avec l'ægype; la crex y est avec le pic-vert, le merle et le verdier, que quelques personnes, trop amies des fables, font naître des cendres d'un bûcher. La crex les poursuit tous, ainsi que leurs petits. La sitte et le trochile font la guerre à l'aigle, dont la sitte brise les oeufs; pour se venger, et aussi comme carnassier, l'aigle est en guerre avec tous les oiseaux.

11 L'anthos est en guerre avec le cheval, parce que le cheval le chasse des pâturages. L'anthos qui se nourrit d'herbes a une taie sur les yeux, et il y voit mal; mais il imite le hennissement du cheval, qu'il effraye en volant sur lui ; et il le chasse, jusqu'à ce que le cheval le saisisse et le tue. D'ailleurs, l'anthos vit sur le bord des rivières et dans les marais; il a une belle couleur, et il se nourrit aisément de tout. 12 L'âne est l'ennemi du côlôte, qui vient dormir dans sa mangeoire, et qui l'empêche de manger en lui entrant dans les naseaux. Il y a trois espèces de hérons, le cendré, le blanc, et celui qu'on appelle l'étoilé. Le héron cendré a de la peine à s'accoupler, et à pondre; il crie à ce moment, et le sang lui sort par les yeux, à ce qu'on dit, quand il s'accouple; la femelle fait ses oeufs irrégulièrement et en souffrant beaucoup. Le héron fait la guerre à tous les animaux qui lui peuvent nuire : à l'aigle, qui l'enlève; au renard. qui le mange dans la nuit ; à l'alouette, qui lui vole ses oeufs.

13 Le serpent est en guerre avec la belette et le cochon; avec la belette, quand ils sont tous deux dans le même trou; car ils ont la même nourriture; et le cochon mange les serpents. L'émerillon est l'ennemi du renard ; il le frappe de son bec et lui arrache les poils; il tue ses petits, grâce aux serres dont il est pourvu. Au contraire, le corbeau et le renard s'entendent aisément, parce que le corbeau est hostile à l'émerillon, et que contre lui il prend la défense du renard. 14 L'ægype et l'émerillon sont les ennemis l'un de l'autre, parce qu'ils sont tous deux des oiseaux pourvus de serres. L'ægype [610b] et le cygne font la guerre à l'aigle ; et c'est souvent le cygne qui a le dessus. Il n'y a pas d'espèce d'oiseaux qui se tuent entre eux plus que les cygnes. Il y a des animaux qui sont réciproquement dans une guerre perpétuelle; d'autres ne sont en guerre que dans certains cas, comme y sont les hommes. Ainsi, l'âne et le pinson (épinier) sont ennemis, parce que les épiniers se nourrissent d'épines, et que c'est aussi des jeunes pousses de l'épine que l'âne se nourrit. 15 L'anthos, le pinson (épinier) et l'ægithe sont ennemis; et l'on prétend même que le sang de l'ægithe et de l'anthos ne peuvent pas se mélanger. La corneille et le héron sont amis, comme le sont le schoinion, l'alouette, le laédos et le pic-vert. Le pic-vert vit le long des rivières et dans les lieux bien fourrés, tandis que le laédos ne recherche que Ies rochers et les montagnes, et ne quitte pas son habitation, où il se plaît. Le piphinx, la harpé et le milan sont amis, ainsi que le renard et le serpent, qui tous deux se cachent en terre, et ainsi que le merle et la tourterelle.

16 Le lion et le thôs sont d'implacables ennemis, parce que, étant l'un et l'autre carnassiers, ils se nourrissent des mêmes proies. Les éléphants se battent furieusement entre eux, et ils se frappent avec leurs défenses. Le vaincu est soumis à un rude esclavage; et il ne peut souffrir le cri de son vainqueur. On ne saurait croire jusqu'à quel point les éléphants diffèrent en courage les uns des autres. A la guerre, les Indiens emploient les femelles aussi bien que les mâles, quoiqu'elles soient plus petites et beaucoup moins braves. L'éléphant a la force de renverser des murailles, en les frappant de ses défenses énormes ; il appuie aussi son front sur les palmiers jusqu'à ce qu'il les ait courbés; et alors, en les foulant aux pieds, il les fait tomber sur terre, de toute leur longueur. 17 Voici d'ailleurs comment on fait la chasse à l'éléphant. Des gens montés sur des éléphants apprivoisés et courageux poursuivent les autres; et quand ils les ont rejoints, ils les font frapper par les éléphants qu'ils montent, jusqu'à entier accablement. Alors, un conducteur monte dessus et les dirige à l'aide de sa faux. L'éléphant, du reste, ne tarde pas à s'apprivoiser, et il obéit bien vite. Tant que le conducteur reste monté sur sa bête, tous les éléphants qu'il mène sont doux et dociles; mais une fois qu'il a mis pied à terre, quelques-uns demeurent toujours dociles; mais les autres cessent de l'être; et pour dompter ceux qui sont rebelles, on leur lie Ies jambes de devant avec de fortes cordes, qui les font tenir tranquilles. D'ailleurs, on fait la chasse aux éléphants qui sont déjà grands, aussi bien qu'aux jeunes.

18 Voilà donc comment les animaux dont on vient de parler sont en paix ou en guerre, selon les besoins de leur nourriture, ou selon leur genre de vie.
 

§ 1. Qu'ils tirent leur vie des mêmes substances. Il ne peut pas y avoir de cause d'hostilité plus énergique entre les bêtes. Cette cause, bien que sous d'autres formes, agit aussi bien souvent entre les hommes.

C'est ainsi que les phoques.... Ce détail peut être exact, quoique le phoque soit facile à apprivoiser.

§ 2. En guerre avec les carnivores. Le motif est de toute évidence; mais il était bon de consigner cette observation, quelque simple qu'elle soit.

Entre les humains. J'ai ajouté ces mots qui sont implicitement compris dans l'expression du texte; quelques traducteurs l'avaient déjà fait avant moi.

§ 3. Qu'une nourriture constamment abondante. C'est de là que vient l'attachement des animaux pour les gens qui les nourrissent; et c'est un moyen puissant, que les dompteurs ne manquent pas d'employer.

 En Égypte. Les Grecs avaient dû remarquer de bonne heure ce culte singulier des Égyptiens pour les animaux, dont un bon nombre était sacré à leurs yeux; dans aucun pays, ce culte, qui faisait partie de la religion, n'a été poussé aussi loin.

Le crocodile. Il n'y a rien là que de très probable.

Dans quelques-uns de leurs cantons. Le texte ne peut pas avoir un autre sens; mais ces mots sont ici assez mal placés, et quelques commentateurs ont soupçonné une lacune; ces mots seraient, selon eux, la fin de quelque phrase qui manquerait. MM. Aubert et Wimmer, qui émettent cette conjecture, trouvent, d'ailleurs, que presque tout ce livre est peu digne d'Aristote. Voir ma Dissertation sur la composition de l'Histoire des animaux.

§ 4. L'aigle et le serpent. Ces détails sont le développement très naturel du sujet; et quoi qu'on en dise, ils ne manquent ni d'à-propos ni d'intérêt.

 L'ichneumon. Espèce d'insecte hyménoptère, qui a donné son nom à toute une famille; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p.657.

La phalange. Espèce d'araignée, qui forme aussi tout un ordre; id., ibid., p. 514.

§ 5. L'orchite. On ne sait pas ce qu'est cet oiseau ; mais peut-être est-ce le Trochile, avec lequel une facile erreur de copiste peut le faire confondre.

Tous les petits oiseaux. Le fait est bien connu; au temps d'Aristote, l'observation était assez neuve.

C'est pour l'admirer. C'était sans doute la croyance populaire.

§ 6. Surnommé le Sénateur. Ou le Roi. Cet oiseau serait alors une espèce de roitelet, Troglodytes Europaeus. Voir plus loin sur le sénateur, liv. IX, ch. XII, § 4.

La Pyrallis. On ignore ce qu'est cet animal, et l'on ne sait mémo pas si c'est un oiseau. - Le pic-vert. En grec Kéléos; il semble bien que c'est le Picus viridis de la zoologie moderne.

Ces oiseaux. Il est donc probable que la Pyrallis est aussi un oiseau, comme tous les animaux nommes dans ce passage.

§ 7. Les oiseaux qui tirent leur nourriture de la mer. Quelques-uns des oiseaux désignés dans ce paragraphe sont en effet des oiseaux de mer; mais le reste sont des oiseaux qui ne vivent qu'à terre.

Le Brenthos. Ou Brinthos. On ne sait pas quel est cet oiseau; mais il est probable que c'est une espèce de mouette.

 Le goéland. Ou « La mouette ».

 La harpé. J'ai dû reproduire simplement le mot grec, parce qu'on n'a pu identifier cet oiseau. - Le crapaud. Ou Grenouille de haie, comme on l'appelle quelquefois.

Le typan. On ignore quel est cet oiseau; et, d'après l'expression du texte, il semble qu'il était peu connu en Grèce.

L'ægolie. Ou L'aetolie. On ignore aussi ce que peut être cet oiseau, qui sans doute était un oiseau de nuit. Voir plus loin, ch. XVI, § 7.

Les autres oiseaux. Il faut probablement ajouter : « De nuit ».

Le calaris. Ou Colaris, ou Scalaris, selon diverses lectures; l'identification n'a pu être faite.

§ 8. Le stellion. Voir plus haut, tir, VIII, ch. XXVIII, § 3.

La pipone. J'ai reproduit le mot grec ; cet oiseau est une espèce de pie, à ce qu'on suppose.

L'ægithe. J'ai dû encore reproduire le mot grec, parce qu'on ne peut identifier cet oiseau. Pline répète ce détail sur l'ægithe, qu'il appelle un oiseau très petit, de même qu'il s'approprie presque tous les autres détails de ce chapitre ; Histoire naturelle, liv. X, ch. XCV, p. 424, édit. et trad. Littré.

§ 9. Le loup fait la guerre... Le loup n'attaque pas seulement les animaux qui sont nommés ici; il attaque tous ceux qui sont plus faibles que lui, ou qu'il peut surprendre.

Le corbeau est l'ennemi du taureau. C'est trop dire, bien qu'il ne soit pas impossible que le corbeau, dont le bec est très fort, crève quelquefois les yeux des autres animaux.

§ 10. L'ægype. On ne sait précisément quel est cet oiseau, non plus que la Crex, qui probablement doit être un échassier. Voir plus loin, ch. XVI § 7.

Amies des fables. C'est une critique que l'auteur dirige contre les croyances populaires.

La sitte. J'ai dû reproduire le nom grec, que la science moderne a conservé pour une espèce de mésange; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 996, trad. franc.

Le trochile. Voir plus haut, § 5.

L'aigle est en guerre avec tous les oiseaux. Ceci n'est pas particulier à l'aigle; tous les grands oiseaux de proie en sont là.

§ 11. L'anthos. C'est le mot grec, transcrit simplement. On croit reconnaître dans l'Anthos une espèce de bec-fin, Motacilla Bava; voir Cuvier, Règne animal, tome 1, p. 382, et la Zoologie descriptive, de M. Claus, p. 996. Il est, d'ailleurs, évident que ce qui est dit ici de cet oiseau n'est qu'un tissu de fables; et il ne semble pu qu'un oiseau joue à l'égard du cheval le rôle qu'on prête ici à l'Anthos. On a donc pu avec toute raison suspecter ce passage; il ne vient pas d'Aristote.

§ 12. Du côlôte. On suppose que le côlôte doit être une espèce de lézard. Il est bien probable que ce détail est aussi fabuleux que tous ceux qui précèdent.

Il y a trois espèces de hérons. Ceci ne tient, ni à ce qui vient d'être dit, ni à ce qui suit. Ce sont là évidemment des notes assez confuses, mises sans ordre les unes à la suite des autres. La science moderne compte des espèces nombreuses de hérons; voir Cuvier, Règne animal, tome l, pp. 310 et suiv, et Zoologie descriptive de M. Claus, p.975.

Cendré. Le sens du mot grec Pellos n'est pas très défini; je l'ai rendu par Cendré, pour me rapprocher davantage de la réalité, puisque plusieurs espèces de hérons présentent en effet cette couleur.

L'étoilé. La zoologie moderne appelle une espèce de héron Ardea stellaria. Voir plus loin, ch. XVII, § 1. - A ce qu'on dit. L'auteur n'a pas l'air de croire à ce fait étrange et faux.

§ 13. Le serpent... la belette... le cochon... le corbeau et le renard. Tous ces détails ne répondent, comme les précédents, qu'à des faite insignifiante, ou à des erreurs populaires.

§ 14. L'aegype, Voir plus haut, § 10.

 Plus que les cygnes. J'ai adopté la leçon de M. Pikkolos, admise par MM. Aubert et Wimmer. Les éditions ordinaires disent, d'après les manuscrits, que les cygnes se dévorent entre eux, au lieu de dire qu'ils se tuent. Le fait est qu'à l'époque de l'accouplement, les mâles se battent d'une manière furieuse. Athenée, liv. IX, p, 393. cite en partie ce passage sur les cygnes. voir aussi Élien. liv. V, eh. XXXIV, p. 83 , edit. Firmin-Didot.

Comme y sont les hommes. Cette remarque est au moins singulière; et sans doute, c'est une addition faite par une main qui n'est pas celle de l'auteur.

Le pinson. Ou peut-être, « la Linotte ». J'ai mis entre parenthèses le mot d'Épinier pour rendre littéralement le mot du texte. Le fait, d'ailleurs, n'a aucune vraisemblance. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 998.

§ 15. L'anthos. Voir plus haut, § 11.

L'aegithe. On ignore quel est cet oiseau ; d'après ceux avec lesquels il est ici nommé, on peut croire qu'il s'agit d'une espèce de mésange.

Le sang de l'ægithe et de l'anthos. C'est un récit absurde, auquel l'auteur de ces notes, quel qu'il soit, ne croit pas.

Le schoinion... Le laédos. J'ai dû simplement reproduire les noms grecs, parce qu'on ne sait pas quels sont ces oiseaux. Même remarque pour le Piphinx; et aussi pour la Harpé, mentionnée déjà plue haut, § 7. Voir plus loin ch. XVII, § 2.

Le renard et le serpent. Ce rapprochement est au moins très singulier; et le motif qu'on en donne l'est encore davantage.

§ 16. Le thôs. On ignore ce qu'est au juste cet animal; on a cru que ce pouvait être le chacal; mais on pense aussi que ce pouvait être une sorte de civette, Viverra, espèce de carnassier qui paraît trop faible pour pouvoir lutter contre le lion. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 154, et Zoologie descriptive de M. Claus, p. 1077; voir aussi le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, t. I, p. 69, § 20.

 Les éléphants se battent furieusement. Surtout au moment du rut. Les détails qui suivent sont assez curieux; et sans doute, la Grèce n'avait bien connu les moeurs des éléphants qu'après l'expédition d'Alexandre; mais ces détails ne tiennent pas à ce qui précède, et ils ne se rapportent même pas au sujet général de ce chapitre.

Soumis à un rude esclavage. Ceci n'est pas assez expliqué et ne se comprend pas très bien. - Les Indiens. Ceci prouve bien l'origine de ces renseignements.

Plus petites. On croit pouvoir fixer approximativement à un cinquième, la différence de taille entre les femelles et les mâles.

§ 17. La chasse à l'éléphant. Buffon a décrit aussi la chasse à l'éléphant, tome XVI, pp. 308 et suiv. Le naturaliste moderne ne donne pas tout à fait les mêmes renseignements; mais les siens sont beaucoup plus exacts et beaucoup plus étendus.

Sa faux. C'est le bâton armé d'une pointe de fer que porte le cornac, monté sur le cou de la bête; j'ai conservé la nuance du mot grec; le mot vrai serait Aiguillon.

§ 18. Voilà donc comment les animaux. Résumé de ce qui a été annoncé, dés le premier paragraphe de ce chapitre. On ne saurait repousser la conjecture de MM. Aubert et Wimmer, qui ne veulent pas attribuer cette rédaction à Aristote lui-même. Les idées sont en effet désordonnées, et le style n'est pas meilleur. Mais si le sujet est imparfaitement traité, il n'en était pas moins important; et la zoologie ne peut oublier les guerres des animaux entre eux. C'est une partie de leur caractère et de leurs moeurs.
 

CHAPITRE III

Des guerres des poissons; espèces qui s'attroupent; espèces qui vivent par paires; espèces ennemies qui se réunissent à certaines époques; poissons mutilés par d'autres; les plus forts dévorent les plus faibles.

1 [611a] Τῶν δ´ ἰχθύων οἱ μὲν συναγελάζονται μετ´ ἀλλήλων καὶ φίλοι εἰσίν, οἱ δὲ μὴ συναγελαζόμενοι πολέμιοι. Ἀγελάζονται δ´ οἱ μὲν κυοῦντες, ἔνιοι δ´ ὅταν ἐκτέκωσιν. Ὅλως δ´ ἀγελαῖά ἐστι τὰ τοιάδε, θυννίδες, μαινίδες, κωβιοί, βῶκες, σαῦροι, κορακῖνοι, σινόδοντες, τρίγλαι, σφύραιναι, ἀνθίαι, ἐλεγῖνοι, ἀθερῖνοι, σαργῖνοι, βελόναι, τευθοί, ἰουλίδες, πηλαμύδες, σκόμβροι, κολίαι. 2 Τούτων δ´ ἔνιά ἐστιν οὐ μόνον ἀγελαῖα ἀλλὰ καὶ σύζυγα· τὰ γὰρ λοιπὰ συνδυάζεται μὲν ἅπαντα, τὰς δ´ ἀγέλας ποιοῦνται κατ´ ἐνίους καιρούς, ὥσπερ εἴρηται, ὅταν κύωσιν, ἔνια δὲ καὶ ὅταν τέκωσιν. Λάβραξ δὲ καὶ κεστρεὺς πολεμιώτατοι ὄντες κατ´ ἐνίους καιροὺς συναγελάζονται ἀλλήλοις· 3 συναγελάζονται γὰρ πολλάκις οὐ μόνον τὰ ὁμόγονα, ἀλλὰ καὶ οἷς ἡ αὐτὴ καὶ ἡ παραπλήσιός ἐστι νομή, ἂν ᾖ ἄφθονος. Ζῶσι δὲ πολλάκις ἀφῃρημένοι οἱ κεστρεῖς τὴν κέρκον καὶ οἱ γόγγροι μέχρι τῆς ἐξόδου τῆς περιττώσεως· ἀπεσθίεται δ´ ὁ μὲν κεστρεὺς ὑπὸ λάβρακος, ὁ δὲ γόγγρος ὑπὸ μυραίνης. Ὁ δὲ πόλεμός ἐστι τοῖς κρείττοσι πρὸς τοὺς ἥττους· κατεσθίει γὰρ ὁ κρείττων.

4 Καὶ περὶ μὲν τῶν θαλαττίων ταῦτα.

 

 

1 [611a] Parmi les poissons, les uns se réunissent en troupes, et vivent en paix Ies uns avec les autres; mais ceux qui ne vivent pas en troupes, sont ennemis. Tantôt c'est pendant la gestation, tantôt c'est après la ponte, que les poissons se réunissent. Voici, d'une manière toute générale, quelques espèces qui s'attroupent : les thons, les maenides, les goujons, les bogues, les sauriens, les coracins, les sinodons (dentales), les surmulets, les sphyrènes, les anthias, les élégins, les épis, les sargins, les aiguilles, les mécons, les teuthies, les ioulides, les pélamydes, les maquereaux, les colias, etc. 2 Dans ces espèces, quelques-unes vivent non seulement en troupes, mais, en outre, par paires. Tous les poissons s'accouplent; mais ils ne vont par troupes qu'à certains moments, comme on vient de le dire, soit. quand ils pondent, soit après qu'ils ont jeté leur frai. Le loup et le muge, qui sont d'implacables ennemis, se réunissent néanmoins les uns aux autres, à certaines époques. 3 Bien des fois, ce ne sont pas uniquement les individus de même espèce qui se réunissent, mais tous ceux qui ont une nourriture pareille ou analogue, pourvu que cette nourriture soit très abondante. On voit fréquemment des muges et des congres dont la queue est enlevée, jusqu'à l'orifice d'où sortent les excréments, et qui n'en vivent pas moins. Le muge est mangé ainsi par le loup ; et le congre, par la murène. C'est que les plus forts font la guerre aux plus faibles et les dévorent.

4 Voilà pour les poissons de mer.

 § 1. Les uns avec les autres. Ceci ne s'applique évidemment qu'aux poissons qui forment la troupe; mais les poissons d'une troupe peuvent fort bien combattre les poissons d'une autre troupe.

Ceux qui ne virent pas en troupe... Cette assertion est trop générale.

 Les thons, les maenides... Il faut admettre qu'il n'y a ici que des noms de poissons; et alors, on ne comprend pas bien qu'on y compte des Sauriens; ceci ne s'explique que si ce nom, qui désigne des reptiles terrestres, était employé aussi à désigner des poissons, dont nous ignorons d'ailleurs la véritable espèce.

Les sphyrènes. La science moderne a conservé ce nom à une espèce d'acanthoptère; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 852. Beaucoup des autres noms énumérés ici n'ont pu être identifiés, comme les bogues, les élégins, les ioulides, etc.

§ 2. Par paires. Le mâle et la femelle se réunissant et restant quelque temps ensemble.

A certaines époques. Il eût été bon de dire à quelles époques, et dans quelles circonstances, se réunissent ces ennemis implacables.

§ 3. De même espèce. J'ai adopté la leçon de Gaza, comme l'ont fait aussi MM. Aubert et Wimmer, bien que la leçon ordinaire soit acceptable : « Les individus qui pondent en même temps ».

Pourvu que cette nourriture soit très abondante. Car autrement les animaux se la disputeraient.

On voit fréquemment. Ceci ne tient pas très bien à ce qui précède immédiatement; mais cette observation, qui est exacte, se rapporte au sujet général de ce chapitre, la guerre des poissons les uns contre les autres.

§ 4. Pour les poissons de mer. Ceci semblerait indiquer que l'auteur se proposait d'étudier ainsi les poissons d'eau douce; il est donc possible qu'il y ait ici quelque lacune.

 

 CHAPITRE IV

Du caractère du mouton; c'est le plus bête de tous les quadrupèdes; preuves de sa stupidité; sottise des chèvres; elles réellement au froid moins bien que les moutons; effet du tonnerre sur les moutons et surtout sur les brebis; soins des bergers; disposition des moutons et des chèvres durant le sommeil.

1 Τὰ δ´ ἤθη τῶν ζῴων, ὥσπερ εἴρηται πρότερον, διαφέρει κατά τε δειλίαν καὶ πραότητα καὶ ἀνδρείαν καὶ ἡμερότητα καὶ νοῦν τε καὶ ἄνοιαν. Τό τε γὰρ τῶν προβάτων ἦθος, ὥσπερ λέγεται, εὔηθες καὶ ἀνόητον· πάντων γὰρ τῶν τετραπόδων κάκιστόν ἐστι, καὶ ἕρπει εἰς τὰς ἐρημίας πρὸς οὐδέν, καὶ πολλάκις χειμῶνος ὄντος ἐξέρχεται ἔνδοθεν, καὶ ὅταν ὑπὸ νιφετοῦ ληφθῶσιν, ἂν μὴ κινήσῃ ὁ ποιμήν, οὐκ ἐθέλουσιν ἀπιέναι, ἀλλ´ ἀπόλλυνται καταλειπόμενα, ἐὰν μὴ ἄρρενας κομίσωσιν οἱ ποιμένες· τότε δ´ ἀκολουθοῦσιν. 2 Τῶν δ´ αἰγῶν ὅταν τις μιᾶς λάβῃ τὸ ἄκρον τοῦ ἠρύγγου (ἔστι δ´ οἷον θρίξ), αἱ ἄλλαι ἑστᾶσιν ὥσπερ μεμωρωμέναι βλέπουσαι εἰς ἐκείνην. Ἐγκαθεύδειν δὲ ψυχρότεραι ὄϊες αἰγῶν· αἱ γὰρ αἶγες μᾶλλον ἡσυχάζουσι καὶ προσέρχονται πρὸς τοὺς ἀνθρώπους· εἰσὶ δ´ αἱ αἶγες δυσριγότεραι τῶν ὀΐων. 3 Διδάσκουσι δ´ οἱ ποιμένες τὰ πρόβατα συνθεῖν ὅταν ψοφήσῃ· ἐὰν γὰρ βροντήσαντος ὑπολειφθῇ τις καὶ μὴ συνδράμῃ, ἐκτιτρώσκει, [611b] ἐὰν τύχῃ κύουσα· διὸ ἐὰν ψοφῇ, ἐν τῇ οἰκίᾳ συνθέουσι διὰ τὸ ἔθος. Κατάκεινται δ´ αἱ ὄϊες καὶ αἱ αἶγες ἀθρόαι κατὰ συγγένειαν· ὅταν δ´ ὁ ἥλιος τραπῇ θᾶττον, φασὶν οἱ ποιμένες οὐκέτι ἀντιβλεπούσας κατακεῖσθαι τὰς αἶγας, ἀλλ´ ἀπεστραμμένας ἀπ´ ἀλλήλων.

 

 

1 Ainsi qu'on l'a dit plus haut, le caractère des animaux diffère en lâcheté et en douceur, en courage, en docilité, en intelligence, ou en stupidité. Ainsi, l'on a bien raison de trouver que le mouton a un caractère aussi doux que stupide. De tous les quadrupèdes, c'est le plus bête. Il s'en va dans les landes désertes, sans y rien chercher; et souvent en plein hiver, il sort de l'étable. S'ils sont surpris par une bourrasque de neige, ils ne veulent pas bouger, à moins que le berger ne les pousse ; et ils se laissent mourir, à moins qu'il n'emporte les mâles, que suit alors le reste du troupeau. 2 Si l'on prend une chèvre par I'extrémité de sa barbiche, qui est une sorte de chevelure pour elle, toutes les autres s'arrêtent comme en extase, et se mettent à regarder celle-là. Par le froid, les moutons dorment dehors plus volontiers que les chèvres, parce que les chèvres dorment plus tranquillement et aiment à se rapprocher de l'homme; c'est que les chèvres supportent le froid plus difficilement que Ies moutons. 3 Les bergers dressent les moutons à se réunir en courant, quand le bruit du tonnerre se fait entendre ; car si une brebis reste en arrière, sans rejoindre les autres, au moment où il tonne, elle avorte [611b] si elle est pleine. Aussi, voit-on le troupeau accourir habituellement à l'étable quand il fait du tonnerre. Les taureaux eux-mêmes, quand, dédaignant le troupeau, ils vont à l'aventure, sont surpris par les bêtes fauves qui les tuent. Les moutons et les chèvres se couchent en se serrant les uns contre les autres, selon les affinités d'espèces; si l'on en croit les bergers, les chèvres ne se couchent plus nez à nez, après que le soleil a tourné, mais elles se séparent et s'éloignent l'une de l'autre.

§ 1. Plus haut. Liv. VIII, ch. I.

Le mouton a un caractère aussi doux que stupide. C'est aussi l'avis de Buffon, tome XIV, pp. 158 et suiv., édit. de 1830. Il semble que le naturaliste français a eu sous les yeux le passage d'Aristote, au moment où il faisait lui-même la description du mouton.

 C'est le plus bête. On est généralement d'accord sur ce point.

En plein hiver, il sort de l'étable. Tous ces détails sont exacts.

Ils ne veulent pas bouger. Buffon a dit les mêmes choses; Id., ibid., p. 159. - Il n'emporte les mâles. Même remarque.

§ 2. Si l'on prend une chèvre... Ceci ne se rapporte pas ce qui précède; et il semble que, dans ce chapitre, il ne devrait être question que du mouton. Il paraît que Guillaume de Morbéka a eu un autre texte, où ce serait la patte de la chèvre que l'on prendrait, et non plus sa barbiche. Le mot du texte n'a pas une signification bien déterminée. Je ne sais pas d'ailleurs si le fait rapporté ici est exact. Pline le répète aussi et semble l'admettre, liv. VIII, ch. LXXVI, p. 352, édit. et trad. Littré.

 Dorment dehors... Le texte paraît avoir été altéré; et le sens n'est pas sûr.

Plus tranquillement. Ici encore, on peut supposer quelque altération; car les chèvres sont naturellement beaucoup moins tranquilles que les moutons.

§ 3. Quand le bruit du tonnerre se fait entendre. Voir Buffon, tome XIV, p. 161, qui constate qu'un coup de tonnerre suffit pour faire avorter les brebis.

 Les taureaux. On ne voit pas comment on peut parler ici des taureaux; et Camus, d'après un manuscrit de Paris, a substitué les Béliers aux Taureaux; mais d'après l'expression du texte, qui reproduit celle du liv. VI, ch. XVII, § 12, il semble bien que c'est des taureaux qu'il s'agit; alors il faudrait dire que cette phrase a été tout à fait déplacée, puisque la phrase suivante retient aux moutons et aux chèvres.

 Après que le soleil a tourné. L'expression du texte est aussi vague; mais Pline, qui répète ce passage, loc. cit., ne laisse aucun doute; c'est vers le coucher du soleil que les chèvres ne se couchent plus nez à nez, mais qu'elles se tournent le dos.

 

CHAPITRE V

De l'habitude des vaches de vivre de compagnie; une seule entraîne toutes les autres; affection singulière et dévouement des juments pour les poulains.

1 Αἱ δὲ βόες καὶ νέμονται καθ´ ἑταιρείας καὶ συνηθείας, κἂν μία ἀποπλανηθῇ, ἀκολουθοῦσιν αἱ ἄλλαι· διὸ καὶ οἱ βουκόλοι, ἐὰν μίαν μὴ εὕρωσιν, εὐθὺς πάντες ἐπιζητοῦσιν. Ἀπόλλυνται δὲ καὶ οἱ ταῦροι, ὅταν ἀτιμαγελήσαντες ἀποπλανηθῶσιν, ὑπὸ θηρίων. 2 Τῶν δ´ ἵππων αἱ σύννομοι, ὅταν ἡ ἑτέρα ἀπόληται, ἐκτρέφουσι τὰ πωλία ἀλλήλων. Καὶ ὅλως γε δοκεῖ τὸ τῶν ἵππων γένος εἶναι φύσει φιλόστοργον. Σημεῖον δέ· πολλάκις γὰρ αἱ στέριφαι ἀφαιρούμεναι τὰς μητέρας τὰ πωλία αὐταὶ στέργουσι, διὰ δὲ τὸ μὴ ἔχειν γάλα διαφθείρουσιν.

 

 

1 Les vaches paissent de compagnie, et selon l'habitude qu'elles ont contractée entre elles; si l'une se met à vagabonder, les autres la suivent. Aussi, les gardiens, s'ils trouvent celle-là, se mettent tout de suite à chercher toutes les autres. 2 . Quand, parmi les juments paissant au même pâturage, l'une vient à périr, les autres se chargent d'élever son poulain. C'est que, en général, le cheval parait être un animal très susceptible d'affection ; et souvent on voit des juments stériles enlever des poulains à leurs mères pour les adopter; mais elles les laissent périr faute de lait pour les nourrir.

 § 1. Les vaches paissent de compagnie... C'est un fait que chacun de nous a pu observer bien des fois.

Selon l'habitude. Il se forme en effet des liaisons constantes entre les mêmes vaches, qui vont toujours ensemble.

 Se mettent tout de suite à chercher toutes les autres. Il me semble que c'est là le sens très régulier du texte, et il n'est pas besoin d'y faire quelque changement, comme l'ont voulu plusieurs commentateurs. Si la vache qui est le chef des autres, n'est pas au lieu où on la cherche, et si les autres sont absentes également, en en conclut qu'elles doivent être avec la première.

§ 2. Quand, parmi les juments... Ceci ne tient pas, à ce qui vient d'être dit des vaches; et évidemment, ce sont là des notes mises, sans ordre, à la suite les unes des autres. Je ne sais pas d'ailleurs si le fait mentionné est bien exact, quoiqu'il n'ait rien d'impossible.

Très susceptible d'affection. Ce qui est vrai, c'est que l'homme, s'il vit fréquemment avec le cheval, peut développer en lui beaucoup de qualités.

On voit des juments stériles. Je ne crois pas que la science moderne ait vérifié des faits semblables.

 

CHAPITRE VI

Des moeurs du cerf; prudence de la biche pour sauvegarder ses petits; sa manière de mettre bas; retraites qu'elle choisit dans des lieux inaccessibles; leçons qu'elle donne à ses faons; le mâle, quand il perd son bois, se retire aussi dans les plus épais fourrés; croissance successive du bois; après six ans, il tombe chaque année; lierre attaché aux cornes d'un cerf; cerf se guérissant avec des escargots; manière de prendre les biches, en jouant de la flûte ou en chantant.

1 Τῶν δ´ ἀγρίων καὶ τετραπόδων ἡ ἔλαφος οὐχ ἥκιστα δοκεῖ εἶναι φρόνιμον, τῷ τε τίκτειν παρὰ τὰς ὁδούς (τὰ γὰρ θηρία διὰ τοὺς ἀνθρώπους οὐ προσέρχεται), καὶ ὅταν τέκῃ, ἐσθίει τὸ χόριον πρῶτον. Καὶ ἐπὶ τὴν σέσελιν δὲ τρέχουσι, καὶ φαγοῦσαι οὕτως ἔρχονται πρὸς τὰ τέκνα πάλιν. Ἔτι δὲ τὰ τέκνα ἄγει ἐπὶ τοὺς σταθμούς, ἐθίζουσα οὗ δεῖ ποιεῖσθαι τὰς ἀποφυγάς· ἔστι δὲ τοῦτο πέτρα ἀπορρώξ, μίαν ἔχουσα εἴσοδον, οὗ δὴ καὶ ἀμύνεσθαι ἤδη φασὶν ὑπομένουσαν. 2 Ἔτι δὲ ὁ ἄρρην ὅταν γένηται παχύς (γίνεται δὲ σφόδρα πίων ὀπώρας οὔσης), οὐδαμοῦ ποιεῖ αὑτὸν φανερὸν ἀλλ´ ἐκτοπίζει ὡς διὰ τὴν παχύτητα εὐάλωτος ὤν. Ἀποβάλλουσι δὲ καὶ τὰ κέρατα ἐν τόποις χαλεποῖς καὶ δυσεξευρέτοις· ὅθεν καὶ ἡ παροιμία γέγονεν "οὗ αἱ ἔλαφοι τὰ κέρατα ἀποβάλλουσιν·" ὥσπερ γὰρ τὰ ὅπλα ἀποβεβληκυῖαι φυλάττονται ὁρᾶσθαι. Λέγεται δ´ ὡς τὸ ἀριστερὸν κέρας οὐδείς πω ἑώρακεν· ἀποκρύπτειν γὰρ αὐτὸ ὡς ἔχον τινὰ φαρμακείαν. 3 Οἱ μὲν οὖν ἐνιαύσιοι οὐ φύουσι κέρατα, πλὴν ὥσπερ σημείου χάριν ἀρχήν τινα· τοῦτο δ´ ἐστὶ βραχὺ καὶ δασύ. Φύουσι δὲ διετεῖς πρῶτον τὰ κέρατα εὐθέα, καθάπερ παττάλους· διὸ καὶ καλοῦσι τότε πατταλίας αὐτούς. Τῷ δὲ τρίτῳ ἔτει δίκρουν φύουσι, τῷ δὲ τετάρτῳ τραχύτερον· καὶ τοῦτον τὸν τρόπον ἀεὶ [612a] ἐπιδιδόασι μέχρι ἓξ ἐτῶν. 4 Ἀπὸ τούτου δὲ ὅμοια ἀεὶ ἀναφύουσιν, ὥστε μηκέτι ἂν γνῶναι τὴν ἡλικίαν τοῖς κέρασιν, ἀλλὰ τοὺς γέροντας γνωρίζουσι μάλιστα δυοῖν σημείοιν· ὀδόντας τε γὰρ οἱ μὲν οὐκ ἔχουσιν οἱ δ´ ὀλίγους, καὶ τοὺς ἀμυντῆρας οὐκέτι φύουσιν. Καλοῦνται δ´ ἀμυντῆρες τὰ προνενευκότα τῶν φυομένων κεράτων εἰς τὸ πρόσθεν, οἷς ἀμύνεται· ταῦτα δ´ οἱ γέροντες οὐκ ἔχουσιν, ἀλλ´ εἰς τὸ ὀρθὸν γίνεται ἡ αὔξησις αὐτοῖς τῶν κεράτων. Ἀποβάλλουσι δ´ ἀνὰ ἕκαστον ἐνιαυτὸν τὰ κέρατα, ἀποβάλλουσι δὲ περὶ τὸν Θαργηλιῶνα μῆνα. 5 Ὅταν δ´ ἀποβάλωσι, κρύπτουσιν αὑτοὺς τὴν ἡμέραν, ὥσπερ εἴρηται· κρύπτουσι δ´ ἐν τοῖς δασέσιν, εὐλαβούμενοι τὰς μυίας. Νέμονται δὲ τὸν χρόνον τοῦτον νύκτωρ, μέχριπερ ἂν ἐκφύσωσι τὰ κέρατα. Φύεται δ´ ὥσπερ ἐν δέρματι τὸ πρῶτον, καὶ γίνονται δασέα· ὅταν δ´ αὐξηθῶσιν, ἡλιάζονται, ἵν´ ἐκπέψωσι καὶ ξηράνωσι τὸ κέρας. 6 Ὅταν δὲ μηκέτι πονῶσι πρὸς τὰ δένδρα κνώμενοι αὐτά, τότ´ ἐκλείπουσι τοὺς τόπους τούτους διὰ τὸ θαρρεῖν ὡς ἔχοντες ᾧ ἀμυνοῦνται. Ἤδη δ´ εἴληπται ἀχαΐνης ἔλαφος ἐπὶ τῶν κεράτων ἔχων κιττὸν πολὺν πεφυκότα χλωρόν, ὡς ἁπαλῶν ὄντων τῶν κεράτων ἐμφύντα ὥσπερ ἐν ξύλῳ χλωρῷ.

7 Ὅταν δὲ δηχθῶσιν αἱ ἔλαφοι ὑπὸ φαλαγγίου ἤ τινος τοιούτου, τοὺς ὀριγάνους συλλέγουσαι ἐσθίουσιν· δοκεῖ δὲ καὶ ἀνθρώπῳ ἀγαθὸν εἶναι τοῦτοπίνειν, ἀλλ´ ἔστιν ἀηδές. Αἱ δὲ θήλειαι τῶν ἐλάφων ὅταν τέκωσιν, εὐθὺς κατεσθίουσι τὸ χόριον, καὶ οὐκ ἔστι λαβεῖν· πρὸ γὰρ τοῦ χαμαὶ βαλεῖν αὐταὶ ἅπτονται· δοκεῖ δὲ τοῦτ´ εἶναι φάρμακον.  8 Ἁλίσκονται δὲ θηρευόμεναι αἱ ἔλαφοι συριττόντων καὶ ᾀδόντων, καὶ κατακλίνονται ὑπὸ τῆς ἡδονῆς. Δύο δ´ ὄντων ὁ μὲν φανερῶς ᾄδει ἢ συρίττει, ὁ δ´ ἐκ τοῦ ὄπισθεν βάλλει, ὅταν οὗτος σημήνῃ τὸν καιρόν. Ἐὰν μὲν οὖν τύχῃ ὀρθὰ τὰ ὦτα ἔχουσα, ὀξὺ ἀκούει καὶ οὐκ ἔστι λαθεῖν· ἐὰν δὲ καταβεβληκυῖα τύχῃ, λανθάνει.

 

 

1 Parmi les quadrupèdes sauvages, le cerf parait être un des plus prudents. D'abord, la femelle fait ses petits sur le bord des chemins, parce que les bêtes fauves ne viennent pas les y chercher, crainte des hommes. Puis, après qu'elle a mis bas, elle se hâte de ronger le chorion ; elle court ensuite manger du séséli, et elle revient à ses petits, aussitôt qu'elle en a mangé. Enfin, elle conduit ses faons à des retraites, où elle Ies habitue à se sauver en cas de danger. C'est d'ordinaire une roche escarpée, qui n'a qu'un seul accès, et où l'on assure qu'elle sait se défendre contre toutes les attaques. 2 Le mâle, de son côté, quand il s'alourdit, et c'est en automne qu'il devient si gras, ne se montre plus ; il change de retraite, comme s'il sentait qu'à cause de sa graisse il sera plus aisément pris. Il va, pour perdre son bois, dans les endroits les plus difficiles à atteindre et à reconnaître; et de là, le proverbe si usité : « C'est là que les cerfs perdent leur bois ». On dirait qu'ils ont garde de se laisser voir à un moment où ils ont perdu leurs armes. On prétend que personne encore n'a trouvé la corne gauche d'un cerf, parce qu'il la cache, comme s'il savait qu'elle peut servir à faire un remède. 3 A un an, les cerfs ne poussent pas encore de cornes; à cette époque, il n'y en a qu'un léger commencement, par manière de signe; et ce bois est alors court et velu. Ce n'est qu'à deux ans qu'ils ont des cornes droites comme des pieux ; et alors on appelle ces cerfs des piquets. La troisième année, ils poussent deux branches; la quatrième année, le bois est plus rude ; et il croît toujours ainsi, [612a] jusqu'à six ans. 4 A partir de cette époque, les cornes repoussent toujours les mêmes; et l'on ne peut plus distinguer l'âge de la bête à ses cornes. Mais on peut reconnaître les vieux cerfs à deux signes : les uns n'ont plus de dents; les autres n'en ont que quelques-unes; et les défenses ne repoussent plus. On appelle Défenses les parties du bois qui penchent en avant, et qui servent à la bête pour se défendre. Les vieux cerfs n'ont plus ces parties ; et Ies cornes, en se développant, montent tout droit. Le bois tombe tous les ans, et il tombe vers le mois de Thargélion. 5 A l'époque où le cerf perd son bois, il se cache, ainsi qu'on vient de le dire, pendant le jour; et il se réfugie dans des fourrés épais pour se préserver des mouches. Durant tout ce temps, ils paissent la nuit dans les fourrés où ils sont; et ils y restent jusqu'à ce que les cornes soient repoussées. Elles poussent d'abord comme dans une peau; et, à ce moment, elles sont velues. Quand elles sont plus grandes, l'animal s'expose au soleil pour les mûrir et les sécher. 6 Enfin, quand l'animal ne sent plus de douleur en frottant son bois contre les arbres, il quitte les lieux qui l'abritaient, prenant courage, parce qu'il a maintenant de quoi se défendre. On a saisi un jour un cerf d'Achaïe qui avait sur son bois un lierre touffu et tout vert; sans doute, le lierre s'y était implanté, quand les cornes étaient encore toutes tendres, comme il se serait attaché à un arbre en pleine verdure.

7 Un cerf, mordu par une araignée-phalange ou par quelque autre insecte de ce genre, va chercher des escargots, qu'il mange. Un tel breuvage serait peut-être bon aussi pour les hommes ; mais il serait d'un goût repoussant. Dès qu'une femelle a mis bas, elle dévore aussitôt le chorion, qui serait bien difficile à lui prendre ; car elle le saisit avant qu'il ne tombe par terre. Le chorion passe pour être un remède utile. 8 On prend les biches en jouant de la flûte et en chantant; et elles se laissent charmer par le chant. Un des deux chasseurs, qui se réunissent, chante ou joue de la flûte devant l'animal, sans se cacher ; l'autre, qui est par derrière le cerf, le frappe quand son camarade lui fait signe que c'est le moment. Tant que la biche dresse ses oreilles, elle entend à merveille; et il n'est pas possible de la surprendre; mais du moment qu'elle les baisse, elle n'entend plus rien, et on la surprend.

 § 1. Sauvages. Il faut distinguer trois classes d'animaux : les animaux, domestiques, sauvages, et les animaux féroces. Buffon a fait aussi cette distinction; voir toms XIV, p. 351, édit. de 1830.

Le chorion... du séseli. Pline, qui a reproduit la plus grande partie de ce chapitre, parle aussi du sésèli que mange la biche, liv. VIII, ch. I, p. 337, édit. et trad. Littré. Ailleurs, liv. XX, ch. XVIII, p. 7, ibid., il appelle l'herbe que mangent les biches le sili et non plus le séséli ; il ajoute que c'est surtout de cette plante que les biches se nourrissent avant de mettre bas. Le séséli tortuosum est classé dans la botanique actuelle; c'est une herbe dont la racine surtout est odprante. Il ne paraît pu, d'ailleurs, que la science moderne ait constaté rien de pareil à ce qui est dit ici.

 Elle conduit ses faons à des retraites. Tout ceci, au contraire, est très exact.

§ 2. Le mâle, de son côté. Tous les détails donnés dans ce paragraphe sont exacts, comme les précédents, et se retrouvent en partie dans Buffon.

Le proverbe si usité. Nous n'avons pas dans notre langue rien qui réponde au proverbe grec.

Leurs armes. Il est bien probable en effet que l'animal se cache instinctivement, parce qu'il sent sa faiblesse.

On prétend... Pline répète ce conte populaire ; mais il parle de la corne Droite au lieu de la corne Gauche, liv. VIII, ch. I., comme plusieurs autres auteurs. On ne sait à quelle habitude du cerf peut se rapporter cette singulière croyance. Ce qui peut-être y a donné naissance, c'est que les deux bois ne tombent pas toujours en même temps, et qu'il y a parfois un ou deux jours d'intervalle.

§ 3. A un an... Les détails que donne Aristote sur ce bois du cerf, ne sont pas complets sans doute; mais ils prouvent déjà toute l'attention que les naturalistes grecs attachaient à ce singulier phénomène, qui est unique dans le règne animal; on peut voir la longue étude qu'y a consacrée Buffon, loc. cit., pp. 373 et suiv.

Court et velu. Ce détail est exact.

 Comme des pieux. Au lieu d'être ramifiées et courbées de diverses façons. - Des piquets. Ainsi, les Grecs avaient fait aussi une sorte de langue spéciale pour décrire les remarquables propriétés que le cerf présente. Chez les modernes, la langue de la vénerie, appliquée à cet animal, forme tout un dictionnaire, Buffon, loc. cit., pp. 361 et suiv.

Jusqu'à six ans. C'est exact en général ; mais parfois, la croissance dure jusqu'à huit ans.

§ 4. Toujours les mêmes. Cependant, il y a bien quelques différences de formes et de grosseurs, selon l'abondance plus ou moins grande de la nourriture.

 On appelle Défenses. Voilà encore un mot spécial dans la langue grecque ; et l'auteur l'explique. Nous dirions plus généralement les Andouillers.

 Le mois de Thargélion. Ce mois grec répond en partie à nos mois de mai et de juin ; mais les époques où les cerfs mettent bas varient beaucoup avec l'âge des bêtes, et avec les rigueurs plus ou moins grandes des hivers. C'est ainsi que la mue peut durer plusieurs mois. Voir Buffon, tome XIV, p. 386.

§ 5. Des mouches. C'est la leçon ordinaire; MM. Aubert et Wimmer proposent de lire par un très petit changement de lettres: « Pour éviter les chemins ». Ce sens est certainement préférable; mais les manuscrits ne l'autorisent pas. Le commentaire d'Albert le Grand donne : « Pour éviter les loups ». Ce qui prouve tout au moins qu'il y avait des variantes sur ce passage.

Comme dans une peau... elles sont velues. Ceci est exact, sans l'être complètement. - Pour les mûrir. C'est la traduction du mot grec.

§ 6. En frottant son bois contre les arbres. Ce mouvement du cerf est provoqué par la douleur que lui cause la croissance du bois.

 Un cerf d'Achaïe... un lierre touffu et tout vert. Buffon, tome XIV, p. 381, semble ne pas repousser la possibilité de ce fait, qui, rapporté par Aristote, a été répété par Théophraste et Pline. Ce fait peut sembler fabuleux. Ici, l'Achaïe désigne une ville de Crête, où il y avait des cerfs d'une espèce particulière.

§ 7. Mordu par une araignée-phalange. Ceci n'est qu'un conte populaire, qui ne repose sur rien. - Des escargots. Le mot grec peut signifier aussi des crabes; mais ce qui suit m'a fait préférer le mot d'escargots. Le fait est du reste tout à fait faux.

Elle dévore.... le chorion. Ceci a été dit déjà, dans le § 1. Il est bien probable que ce passage est une note marginale, qui s'appliquait plus haut et qu'un copiste inattentif aura déplacée.

§ 8. En jouant de la flûte et en chantant. Ceci est sans doute exagéré; mais il paraît certain que ces animaux aiment la musique, et qu'ils l'écoutent attentivement.

 Un des deux chasseurs. C'est peut-être là un de ces récits de chasse qui ont chez nous tant de réputation, et que les chasseurs grecs ne s'épargnaient pas plus que les nôtres.

Et on la surprend. J'ai ajouté ces mots qui m'ont paru indispensables, pour compléter la phrase et la rendre claire.

 

CHAPITRE VII

De l'instinct et des ruses des animaux; manoeuvres de l'ourse pour sauver ses petits, les chèvres de Crète, cherchant le dictame ; chiens mangeant de l'herbe pour se guérir; ruses de la panthère; l'ichneumon se couvrant de poussière; le trochile nettoyant pour sa pâture la gueule du crocodile, qui le ménage; la tortue mangeant de l'origan, et la belette mangeant de la rue; le serpent-dragon avalant du suc de laitue; cigognes pansant leurs blessures; belette étouffant les oiseaux; les hérissons sentent à l'avance les changements de temps; parti utile qu'un Byzantin avait su tirer de cette observation.

1 Αἱ δ᾽ ἄρκτοι ὅταν φεύγωσι, τὰ σκυμνία προωθοῦσι καὶ ἀναλαβοῦσαι φέρουσιν· ὅταν δ᾽ ἐπικαταλαμβάνωνται, ἐπὶ τὰ δένδρα ἀναπηδῶσιν. Καὶ ὅταν ἐκ τοῦ φωλεοῦ ἐξέλθωσι, πρῶτον τὸ ἄρον ἐσθίουσιν, ὥσπερ εἴρηται πρότερον, 612a καὶ τὰ ξύλα διαμασῶνται ὥσπερ ὀδοντοφυοῦσαι. 2 Πολλὰ δὲ καὶ τῶν ἄλλων ζῴων τῶν τετραπόδων ποιεῖ πρὸς βοήθειαν αὑτοῖς φρονίμως, ἐπεὶ καὶ ἐν Κρήτῃ φασὶ τὰς αἶγας τὰς ἀγρίας, ὅταν τοξευθῶσι, ζητεῖν τὸ δίκταμνον· δοκεῖ δὲ τοῦτο ἐκβλητικὸν εἶναι τῶν τοξευμάτων ἐν τῷ σώματι. Καὶ αἱ κύνες δ᾽ ὅταν τι πονῶσιν, ἔμετον ποιοῦνται φαγοῦσαί τινα πόαν. 3 Ἡ δὲ πάρδαλις ὅταν φάγῃ τὸ φάρμακον τὸ παρδαλιαγχές, ζητεῖ τὴν τοῦ ἀνθρώπου κόπρον· βοηθεῖ γὰρ αὐτῇ. Διαφθείρει δὲ τοῦῦτο τὸ φάρμακον καὶ λέοντας. Διὸ καὶ οἱ κυνηγοὶ κρεμαννύουσιν ἐν ἀγγείῳ ἔκ τινος δένδρου τὴν κόπρον, ὅπως μὴ ἀποχωρῇ μακρὰν τὸ θηρίον· αὐτοῦ γὰρ προσαλλομένη ἡ πάρδαλις καὶ ἐλπίζουσα λήψεσθαι τελευτᾷ. Λέγουσι δὲ καὶ κατανενοηκυῖαν τὴν πάρδαλιν ὅτι τῇ ὀσμῇ αὐτῆς χαίρουσι τὰ θηρία, ἀποκρύπτουσαν ἑαυτὴν θηρεύειν· προσιέναι γὰρ ἐγγύς, καὶ λαμβάνειν οὕτω καὶ τὰς ἐλάφους. 4 Ὁ δ᾽ ἰχνεύμων ὁ ἐν Αἰγύπτῳ ὅταν ἴδῃ τὸν ὄφιν τὴν ἀσπίδα καλουμένην, οὐ πρότερον ἐπιτίθεται πρὶν συγκαλέσῃ βοηθοὺς ἄλλους· πρὸς δὲ τὰς πληγὰς καὶ τὰ δήγματα πηλῷ καταπλάττουσιν ἑαυτούς· βρέξαντες γὰρ ἐν τῷ ὕδατι πρῶτον, οὕτω καλινδοῦνται ἐν τῇ γῇ. Τῶν δὲ κροκοδείλων χασκόντων οἱ τροχίλοι καθαίρουσιν εἰσπετόμενοι τοὺς ὀδόντας, καὶ αὐτοὶ μὲν τροφὴν λαμβάνουσιν, ὁ δ᾽ ὠφελούμενος αἰσθάνεται καὶ οὐ βλάπτει, ἀλλ᾽ ὅταν ἐξελθεῖν βούληται, κινεῖ τὸν αὐχένα, ἵνα μὴ συνδάκῃ. 5 Ἡ δὲ χελώνη ὅταν ἔχεως φάγῃ, ἐπεσθίει τὴν ὀρίγανον· καὶ τοῦτο ὦπται. Καὶ ἤδη κατιδών τις τοῦτο πολλάκις ποιοῦσαν αὐτὴν καὶ ὅτε σπάσαι τῆς ὀριγάνου πάλιν ἐπὶ τὸν ἔχιν πορευομένην, ἐξέτιλε τὴν ὀρίγανον· τούτου δὲ συμβάντος ἀπέθανεν ἡ χελώνη. Ἡ δὲ γαλῆ ὅταν ὄφει μάχηται, προεσθίει τὸ πήγανον· πολεμία γὰρ ἡ ὀσμὴ τοῖς ὄφεσιν. Ὁ δὲ δράκων ὅταν ὀπωρίζῃ, τὸν ὀπὸν τῆς πικρίδος ἐκροφεῖ, καὶ τοῦθ᾽ ἑώραται ποιῶν. 6 Αἱ δὲ κύνες ὅταν ἑλμινθιῶσιν, ἐσθίουσι τοῦ σίτου τὸ λήϊον. Οἱ δὲ πελαργοὶ καὶ οἱ ἄλλοι τῶν ὀρνίθων, ὅταν ἑλκωθῇ τι μαχομένοις, ἐπιτιθέασι τὴν ὀρίγανον. Πολλοὶ δὲ καὶ τὴν ἀκρίδα ἑωράκασιν ὅτι, ὅταν μάχηται τοῖς ὄφεσι, λαμβάνεται τοῦ τραχήλου τῶν ὄφεων.  613 Φρονίμως δὲ δοκεῖ καὶ ἡ γαλῆ χειροῦσθαι τοὺς ὄρνιθας· σφάζει γὰρ ὥσπερ οἱ λύκοι τὰ πρόβατα. Μάχεται δὲ καὶ τοῖς ὄφεσι μάλιστα τοῖς μυοθήραις διὰ τὸ καὶ αὐτὴν τοῦτο τὸ ζῷον θηρεύειν.

7 Περὶ δὲ τῆς τῶν ἐχίνων αἰσθήσεως συμβέβηκε πολλαχοῦ τεθεωρῆσθαι ὅτι μεταβαλλόντων βορέων καὶ νότων οἱ μὲν ἐν τῇ γῇ τὰς ὀπὰς αὑτῶν μεταμείβουσιν, οἱ δ᾽ ἐν ταῖς οἰκίαις τρεφόμενοι μεταβάλλουσι πρὸς τοὺς τοίχους, ὥστ᾽ ἐν Βυζαντίῳ γέ τινά φασι προλέγοντα λαβεῖν δόξαν ἐκ τοῦ κατανενοηκέναι ποιοῦντα ταῦτα τὸν ἐχῖνον. Ἡ δ᾽ ἴκτις ἐστὶ μὲν τὸ μέγεθος ἡλίκον Μελιταῖον κυνίδιον τῶν μικρῶν, τὴν δὲ δασύτητα καὶ τὴν ὄψιν καὶ τὸ λευκὸν τὸ ὑποκάτω καὶ τοῦ ἤθους τὴν κακουργίαν ὅμοιον γαλῇ, καὶ τιθασσὸν δὲ γίνεται σφόδρα, τὰ δὲ σμήνη κακουργεῖ· τῷ γὰρ μέλιτι χαίρει. Ἔστι δὲ καὶ ὀρνιθοφάγον ὥσπερ αἱ αἴλουροι. Τὸ δ᾽ αἰδοῖον αὐτῆς ἐστι μέν, ὥσπερ εἴρηται, ὀστοῦν, δοκεῖ δ᾽ εἶναι φάρμακον στραγγουρίας τὸ τοῦ ἄρρενος· διδόασι δ᾽ ἐπιξύοντες.

 

 

 

1 Lorsque les ourses fuient devant le chasseur, elles poussent leurs petits devant elles; et elles les portent, en les prenant dans leur gueule. Si elles sont sur le point d'être prises, elles grimpent sur les arbres. En sortant de leurs tanières de retraite, ce que font tout d'abord les petits, c'est de manger de l'arum, ainsi que nous l'avons déjà dit; 612a et ils rongent du bois, comme pour faire pousser leurs dents. 2 Une foule d'autres quadrupèdes savent aussi fort prudemment soulager leurs maux. On prétend que les chèvres sauvages de Crète, quand elles sont percées d'une flèche, se mettent à chercher le dictame, qui paraît avoir la propriété de faire sortir le fer de la plaie. Les chiens malades savent se faire vomir en allant manger de certaine herbe. 3 Quand la panthère a par hasard avalé le poison qu'on appelle « la mort aux panthères », elle cherche des excréments humains, qui la doivent guérir, remède qui, au contraire, tue les lions. Les chasseurs le savent si bien qu'ils suspendent à un arbre de ces excréments dans un vase, pour que la bête ne s'en aille pas au loin; car la panthère, sautant après le vase et espérant l'atteindre, meurt à la peine. On assure encore que, sachant que son odeur attire d'autres animaux, elle se cache pour les chasser; et quand ils approchent, elle les surprend, y compris même des cerfs. 4 Quand l'ichneumon d'Égypte voit le serpent nommé l'aspic, il ne cherche pas à l'attaquer avant d'avoir appelé à son aide d'autres ichneumons; pour se garantir des coups et des morsures, ils se couvrent de boue, en se trempant d'abord dans l'eau, et en se roulant ensuite dans la poussière. Lorsque le crocodile ouvre la mâchoire, les trochiles accourent, en volant, lui nettoyer les dents. Le trochile y trouve à manger; et le crocodile, à qui cela fait du bien, le reconnaît et ne lui fait pas de mal; quand le trochile veut sortir, le crocodile remue le cou de manière à ne pas le mordre. 5 La tortue, si elle avale une vipère, va manger de l'origan, et l'on a constaté le fait, de cette façon : quelqu'un qui avait vu une tortue faire plusieurs fois la même chose, et qui après avoir avalé l'origan pouvait retourner à une autre vipère, arracha l'origan, et la tortue, privée de ce remède, mourut bientôt. Quand la belette doit lutter contre un serpent, elle mange d'abord de la rue, dont l'odeur est détestée du serpent. Le serpent-dragon, quand il est malade en automne, avale du suc de laitue sauvage ; et c'est là un fait qui a été fréquemment observé. 6 Quand les chiens ont des vers, ils mangent du blé en herbe. Les cigognes et d'autres oiseaux savent, s'ils ont reçu quelque blessure dans le combat, y appliquer de l'origan. Bien des gens ont vu la fouine, se battant contre un serpent, le saisir au cou. 613 La belette aussi montre de l'intelligence dans sa manière de tuer les oiseaux; elle les étouffe, comme le loup étrangle les moutons. C'est surtout aux serpents chasseurs de rats que la belette fait la guerre, parce qu'elle-même se nourrit aussi de rats.

7 Bien des fois, on a pu observer que les hérissons privés sentent les changements de vents, selon qu'ils soufflent du nord ou du midi; les uns changent alors les ouvertures des trous qu'ils se font en terre; les autres, qui vivent dans nos maisons, passent d'un mur à l'autre. Aussi, rapporte-t-on qu'une personne de Byzance qui avait observé cet instinct du hérisson, s'était fait une réputation en prédisant le temps à coup sûr. Le putois est à peu près de la grosseur d'un des plus petits chiens de Malte. Son pelage velu, sa forme, son ventre blanc en dessous et la méchanceté de son caractère, le rapprochent de la belette. On l'apprivoise très aisément; mais il ravage les ruches d'abeilles, dont il aime beaucoup le miel. Il mange aussi les oiseaux, comme les chats. On prétend que la verge de cet animal est osseuse, et qu'elle est un remède excellent contre la strangourie. On la racle pour la donner aux malades.

 § 1. Elles poussent leurs petits devant elles. Cette sollicitude des ourses pour leurs petits a été vérifiée bien des fois. - Dans leur gueule. Le texte n'est pas tout à fait aussi précis.

Elles grimpent sur les arbres. L'expression du texte peut impliquer que les ourses font monter leurs petits avec elles sur les arbres.

Ce que font.... les petits. La tournure du texte semble concerner les mères plutôt que les petits; mais la suite s'applique aux oursons plutôt qu'à elles; car ce sont les petits qui ont besoin de faciliter la pousse des dents. - Ainsi que nous l'avons déjà dit. Voir plus haut, liv. Vlll, ch. XIX, § 3. Dans ce passage, c'est l'ours qui mange l'arum; ce ne sont pas les petits.

§ 2. On prétend... Il est très probable, d'après cette réserve, que l'auteur ne croyait pas à cet étrange préjugé. Cette fable avait cours du temps d'Aristote, et des auteurs l'ont souvent répétée après lui.

Se faire vomir. Le fait est exact, comme chacun de nous peut te savoir par ses observations personnelles. Cicéron avait sans doute tout ce passage sous les yeux, quand il écrivait son second livre de la Nature des Dieux, ch. I. et suiv.

§ 3. La panthère. Le mot grec est Pardalis, qui signifie ordinairement le Léopard; mais comme Pline, liv. VIII, ch. XXIII, p. 328, édit. et trad. Littré, applique à la panthère presque tout ce qu'Aristote dit ici, le doute est permis. Du reste, la panthère et le léopard sont assez rapprochés l'un de l'autre pour qu'on les confonde.

La mort aux panthères. C'est la traduction littérale du mot grec. - Des excréments humains. Ceci n'est qu'un conte populaire, aussi peu fondé que tant d'autres, malgré les détails que l'on donne ici, avec tant de précision, sur les expédients des chasseurs. - Son odeur attire d'autres animaux. Pline reproduit ce détail, loc. cit.

§ 4. Quand l'ichneumon. Il est probable que ce récit, venu d'Égypte, était encore moins véridique que tant d'autres récits analogues venus de Grèce.

 Lorsque le crocodile... C'est Hérodote, qui, le premier, a raconté ces relations du crocodile et du trochile, liv. II, ch. LXVIII, p. 94, édit. Firmin-Didot; il tenait sans doute ce récit de prêtres égyptiens; il ajoute que c'était de sangsues que le trochile débarrasse la mâchoire du crocodile.

De manière à ne pas le mordre. Hérodote dit à peu près la même chose, sans d'ailleurs parler, comme on le fait ici, du cou du crocodile; ce qui en effet ne se comprend guère.

§ 5. De l'origan. Voir plus haut, livre IV, ch. VIII, § 21, une des propriétés de l'origan. Le fait que rapporte ici l'auteur grec est répété par Paré dans son Traité des animaux; voir Littré, Dictionnaire de la langue française, article Origan.

A une autre vipère. Le texte est moins précis. - De la rue. Cette identification n'est pas absolument sûre; et plusieurs traducteurs se sont contentés de reproduire le mot grec Peganon. Théophraste en parle souvent ; Des Causes des plantes, liv. VI, ch. XVI, § 1, p. 313. édit. Firmin-Didot.

 Le serpent-dragon. Le texte dit simplement Dragon. La zoologie moderne a conserve ce nom a un saurien de l'espèce iguane ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 919.

 Laitue sauvage. Le mot grec est Piéris, qu'on identifie avec l'Elminthie vipérine; voir Théophraste, Histoire des plantes, liv. VI!, ch. II, §, 4, p. 122, édit. Firmin-Didot.

§ 6. Du blé en herbe. Ou plutôt, du Chiendent. - Les cigognes. Imagination populaire.

La fouine. On n'est pas sûr de cette identification.

 La belette... Je ne sais pas si les détails donnés sur la belette, attrapant les oiseaux ou luttant contre les serpents, sont plus exacts que tant d'autres.

§ 7. Les hérissons... Il paraît certain que les hérissons font dans leurs demeures deux ouvertures, l'une au sud et l'autre au nord; mais on ne sait rien de plus sur leur instinct en ce genre.

 Passent d'un mur à l'autre. C'est-à-dire encore, du midi au nord, et réciproquement.

Une personne de Byzance. Plutarque rapporte le même fait, De l'Intelligence des Animaux, p. 1189, 31, édit. Firmin-Didot; seulement il cite la ville de Cyzique, au lieu de celle de Byzance.

 Le putois. L'identification n'est peut-être pas très certaine; et l'on peut hésiter entre le putois, le furet, la belette, l'hermine. Ce qui m'a décidé à adopter le mot de putois, c'est qu'il est, d'après Cuvier, le plus sanguinaire de tous; Règne animal, tome I, p. 143.

Est osseuse. La même organisation se présente chez plusieurs animaux, et notamment dans le chien.

 Un remède excellent contre la strangourie. Il est bien à croire que c'était là un prétendu remède, comme nous en avons tant encore chez nous; il y a en médecine une superstition aussi ardente que toute autre, et aussi aveugle.

 

CHAPITRE VIII

De l'industrie des animaux, souvent pareille à celle de l'homme ; l'hirondelle et son nid merveilleusement construit; soins de l'hirondelle pour nourrir et élever proprement ses petits ; des mœurs du pigeon; sollicitude du mâle pour les petits, et ses violences contre sa femelle ; union habituelle des pigeons, sauf de rares exceptions; humeur batailleuse des pigeons; leur manière de boire; durée de la vie des ramiers; seule infirmité que la vieillesse leur donne ; oiseleurs crevant les yeux aux appeaux ; en général, les mâles vivent plus longtemps que les femelles; exceptions pour les moineaux; migrations des tourterelles; migrations singulières des pinsons.

1 Ὅλως δὲ περὶ τοὺς βίους πολλὰ ἂν θεωρηθείη μιμήματα τῶν ἄλλων ζῴων τῆς ἀνθρωπίνης ζωῆς, καὶ μᾶλλον ἐπὶ τῶν ἐλαττόνων ἢ μειζόνων ἴδοι τις ἂν τὴν τῆς διανοίας ἀκρίβειαν, οἷον πρῶτον ἐπὶ τῶν ὀρνίθων ἡ τῆς χελιδόνος σκηνοπηγία· τῇ γὰρ περὶ τὸν πηλὸν ἀχυρώσει τὴν αὐτὴν ἔχει τάξιν. Συγκαταπλέκει γὰρ τοῖς κάρφεσι πηλόν· κἂν ἀπορῆται πηλοῦ, βρέχουσα αὑτὴν κυλινδεῖται τοῖς πτεροῖς πρὸς τὴν κόνιν. 2 Ἔτι δὲ στιβαδοποιεῖται καθάπερ οἱ ἄνθρωποι, τὰ σκληρὰ πρῶτα ὑποτιθεῖσα καὶ τῷ μεγέθει σύμμετρον ποιοῦσα πρὸς ἑαυτήν. Περί τε τὴν τροφὴν τῶν τέκνων ἐκπονεῖται ἀμφότερα· δίδωσι δ᾽ ἑκατέρῳ διατηροῦσά τινι συνηθείᾳ τὸ προειληφός, ὅπως μὴ δὶς λάβῃ. Καὶ τὴν κόπρον τὸ μὲν πρῶτον αὐταὶ ἐκβάλλουσιν, ὅταν δ᾽ αὐξηθῶσι, μεταστρέφοντας ἔξω διδάσκουσι τοὺς νεοττοὺς προΐεσθαι.  3 Περί τε τὰς περιστερὰς ἔστιν ἕτερα τοιαύτην ἔχοντα τὴν θεωρίαν· οὔτε γὰρ συνδυάζεσθαι θέλουσι πλείοσιν, οὔτε προαπολείπουσι τὴν κοινωνίαν, πλὴν ἐὰν χῆρος ἢ χήρα γένηται. Ἔτι δὲ περὶ τὴν ὠδῖνα δεινὴ ἡ τοῦ ἄρρενος θεραπεία καὶ συναγανάκτησις· 613a ἐάν τ᾽ ἀπομαλακίζηται πρὸς τὴν εἴσοδον τῆς νεοττιᾶς διὰ τὴν λοχείαν, τύπτει καὶ ἀναγκάζει εἰσιέναι. Γενομένων δὲ τῶν νεοττῶν τῆς ἁλμυριζούσης μάλιστα γῆς διαμασησάμενος εἰσπτύει τοῖς νεοττοῖς διοιγνὺς τὸ στόμα, προπαρασκευάζων πρὸς τὴν τροφήν. Ὅταν δ᾽ ἐκ τῆς νεοττιᾶς ἐξάγειν μέλλῃ πάντας, ὁ ἄρρην ὀχεύει. 4 Ὡς μὲν οὖν ἐπὶ τὸ πολὺ τοῦτον τὸν τρόπον στέργουσιν ἀλλήλας, παροχεύονται δέ ποτε καὶ τῶν τοὺς ἄρρενας ἐχουσῶν τινες. Ἔστι δὲ μάχιμον τὸ ζῷον, καὶ ἐνοχλοῦσιν ἀλλήλαις, καὶ εἰς τὰς νεοττιὰς παραδύονται τὰς ἀλλήλων, ὀλιγάκις μέντοι· καὶ γὰρ ἂν ἄποθεν ἧττον ᾖ, ἀλλὰ παρά γε τὴν νεοττιὰν διαμάχονται ἐσχάτως. 5 Ἴδιον δὲ ταῖς περιστεραῖς δοκεῖ συμβεβηκέναι καὶ ταῖς φαψί τε καὶ τρυγόσι τὸ μὴ ἀνακύπτειν πινούσας, ἐὰν μὴ ἱκανὸν πίωσιν. Ἔχει δὲ τὸν ἄρρενα ἡ τρυγὼν τὸν αὐτὸν καὶ φάττα, καὶ ἄλλον οὐ προσίενται· καὶ ἐπῳάζουσιν ἀμφότεροι καὶ ὁ ἄρρην καὶ ἡ θήλεια. Διαγνῶναι δ᾽ οὐ ῥᾴδιον τὴν θήλειαν καὶ τὸν ἄρρενα, ἀλλ᾽ ἢ τοῖς ἐντός.

6 Ζῶσι δ᾽ αἱ φάτται πολὺν χρόνον· καὶ γὰρ εἴκοσιν ἔτη καὶ πέντε καὶ τριάκοντα ἔτη ὠμμέναι εἰσίν, ἔνιαι δὲ καὶ τετταράκοντα ἔτη. Πρεσβυτέρων δὲ γινομένων αὐτῶν οἱ ὄνυχες αὐξάνονται· ἀλλ᾽ ἀποτέμνουσιν οἱ τρέφοντες. Ἄλλο δ᾽ οὐδὲν βλάπτονται ἐπιδήλως γηράσκουσαι. Καὶ αἱ τρυγόνες δὲ καὶ αἱ περιστεραὶ ζῶσι καὶ ὀκτὼ ἔτη αἱ τετυφλωμέναι ὑπὸ τῶν παλευτρίας τρεφόντων αὐτάς. Ζῶσι δὲ καὶ οἱ πέρδικες περὶ πεντεκαίδεκ᾽ ἔτη. Νεοττεύουσι δὲ καὶ αἱ φάβες καὶ αἱ τρυγόνες ἐν τοῖς αὐτοῖς τόποις ἀεί.

7 Πολυχρονιώτερα δ᾽ ὅλως μέν ἐστι τὰ ἄρρενα τῶν θηλέων, ἐπὶ δὲ τούτων τελευτᾶν φασί τινες πρότερον τὰ ἄρρενα τῶν θηλέων, τεκμαιρόμενοι ἐκ τῶν κατ᾽ οἰκίαν τρεφομένων παλευτριῶν. Λέγουσι δέ τινες καὶ τῶν στρουθίων ἐνιαυτὸν μόνον ζῆν τοὺς ἄρρενας, ποιούμενοι σημεῖον ὅτι τοῦ ἔαρος οὐ φαίνονται ἔχοντες εὐθὺς τὰ περὶ τὸν πώγωνα μέλανα, ὕστερον δ᾽ ἴσχουσιν, ὡς οὐδενὸς σωζομένου τῶν προτέρων. Τὰς δὲ θηλείας μακροβιωτέρας εἶναι τῶν στρουθίων· ταύτας γὰρ ἁλίσκεσθαι ἐν τοῖς 614 νέοις, καὶ διαδήλας εἶναι τῷ ἔχειν τὰ περὶ τὰ χείλη σκληρά. Διάγουσι δ᾽ αἱ μὲν τρυγόνες τοῦ θέρους ἐν τοῖς χειμερίοις, αἱ δὲ σπίζαι τοῦ μὲν θέρους ἐν τοῖς ἀλεεινοῖς, τοῦ δὲ χειμῶνος ἐν τοῖς ψυχροῖς.

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1 On peut observer, en général, dans les manières de vivre des animaux beaucoup d'actes qui res-semblent à la vie même de l'homme ; et c'est dans les petits animaux, plutôt encore que dans les grands, qu'on peut voir la sûreté de leur intelligence. Ainsi, dans les oiseaux, on pourrait citer tout d'abord la façon dont l'hirondelle fait son nid. Elle suit les mêmes règles que nous suivrions pour mêler la paille à la boue, entrelaçant cette boue dans des brindilles de bois ; et si la boue lui manque, elle se baigne dans l'eau, et va rouler ses ailes dans la poussière. 2 Elle construit son nid absolument comme des hommes le feraient, mettant d'abord en dessous les matériaux les plus durs, et proportionnant la grandeur du nid à la sienne. Le mâle et la femelle prennent le même soin des petits; elle donne à chacun d'eux leur pâture, distinguant, comme si elle en avait l'habitude, celui qui l'a reçue le premier, afin de ne pas lui en donner deux fois. Dans les premiers temps, c'est elle qui rejette leur fiente hors du nid ; mais quand ils sont plus grands, elle leur apprend à se tourner en dehors pour fienter. 3 On peut faire des observations toutes pareilles sur les pigeons, qui présentent des faits analogues. Ils ne s'accouplent jamais à plusieurs, et ils ne cessent leur union que quand l'un des deux est devenu veuf ou veuve. Au moment de la ponte et de la douleur qu'elle cause, la sollicitude du mâle et ses colères sont vraiment étonnantes. 613a Si la femelle met quelque paresse à entrer dans le nid pour y pondre, il la bat et la force à entrer. Une fois que les petits sont nés, il va chercher de la terre salée, qu'il mâchonne, et il l'introduit dans le bec des petits qu'il ouvre, leur apprenant ainsi à manger. Quand les petits vont sortir du nid, le mâle recommence à cocher. 4 C'est là d'ordinaire l'union des pigeons entre eux ; cependant, il y a des femelles, même parmi celles qui ont des mâles, qui s'accouplent avec d'autres. Cet oiseau est du reste batailleur ; ils se battent entre eux : et il en est qui s'introduisent de force dans le nid de leurs voisins; mais c'est rare. Loin du nid, ils se battent moins; mais auprès du nid, ils se battent jusqu'à  la mort. 5 Les pigeons, les ramiers et les tourterelles ont cette particularité de ne relever la tête, en buvant, que quand ils ont assez bu. La tourterelle et la femelle du ramier n'ont jamais chacune que le même mâle ; et elles n'en acceptent pas d'autre. Le mâle et la femelle couvent également tous les deux. On ne distingue guère la femelle et le mâle que par l'examen, des viscères intérieurs.

6 Les ramiers vivent très-longtemps, puisqu'on en a vu de vingt, vingt-cinq et trente ans, parfois même de quarante. A mesure qu'ils vieillissent, leurs ongles s'allongent ; mais les gens qui les élèvent les leur coupent. Il ne paraît pas que la vieillesse leur cause d'autre infirmité, du moins autant qu'on peut le voir. Les tourterelles et les pigeons auxquels les éleveurs crèvent les yeux, pour en faire des appeaux, vivent encore huit ans. Les perdrix vivent à peu près quinze ans. Les ramiers et les tourterelles font toujours leur nid dans les mêmes endroits.

7 Généralement, les mâles vivent plus de temps : mais on assure que, dans les oiseaux dont nous venons de parler, c'est le mâle qui meurt avant la femelle, et l'on s'appuie sur l'observation des oiseaux élevés dans les maisons, comme appeaux. On dit encore que les mâles, parmi les moineaux, ne vivent qu'un an ; on en donne pour preuve qu'à l'époque du printemps, on n'en voit jamais qui aient tout d'abord les plumes noires du dessous du cou, tandis qu'ils les ont plus tard; ce qui démontre qu'il n'en reste pas un de l'année précédente. On prétend encore que les femelles des moineaux vivent plus que les mâles, attendu qu'on en prend 614 avec des jeunes, et qu'on reconnaît celles-là aux bords du bec, qui sont plus durs. Les tourterelles vont vivre en été dans les climats froids, et en hiver dans les climats chauds. Au contraire, les pinsons cherchent, l'été, les climats chauds, et en hiver, les climats froids.

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§ 1. Qui ressemblent à la vie même de l'homme. Le texte dit précisément : « Qui sont des imitations », expression qui n'est peut-être pas très-juste, puisque les animaux ne font que suivre leur instinct, sans chercher à imiter l'homme, qu'ils ne connaissent pas.

Dans les petits animaux. L'auteur fait sans doute allusion aux insectes et aux abeilles qu'il étudiera très-particulièrement.

Dont l'hirondelle fait son nid. C'est une observation que chacun peut faire, surtout à la campagne.

Et va rouler ses ailes dans la poussière. Je ne sais si le fait est exact ; mais il n'a rien d'improbable.

§ 2. Le mâle et la femelle. Ce détail et tons ceux qui suivent sont exacts.

Elle donne. Ceci se rapporte à l'hirondelle en général, mâle et femelle ; on pourrait traduire par le pluriel ; mais j'ai préféré suivre le texte de plus près, puisqu'il ne peut y avoir de doute sur le sens.

Comme si elle en avait l'habitude. L'expression du texte n'est pas aussi précise.

Elle leur apprend à se tourner en dehors. Le fait peut être constamment observé.

§ 3. Sur les pigeons. Les détails donnés sur les pigeons sont aussi exacts que les précédents.

Veuf ou veuve. Ce sont les termes mêmes du texte, qui sans doute s'appliquaient, dans la langue grecque comme dans la nôtre, spécialement aux humains.

Ses colères. Le texte dit précisément: « Son indignation. »

De la terre salée. Il est possible que ce détail spécial ne soit pas parfaitement exact ; mais il est cer-tain que le pigeon fait manger ses petite dans les premiers jours, comme on le dit ici.

Le mâle recommence à cocher. C'est la leçon proposée et adoptée par MM. Aubert et Wimmer; elle me semble acceptable. La leçon ordinaire affirmerait que le mâle coche tous les jeunes, avant de les laisser sortir du nid. Il semble qu'il y a là une impossibilité manifeste, qui doit faire rejeter cette leçon, bien que tous les manuscrits la donnent.

§ 4. C'est là d'ordinaire.... Ces observations sont aussi exactes que celles qui précèdent.

§ 5. Cette particularité de ne relever la tête. La zoologie mo-derne a reconnu la justesse de cette observation délicate ; les pi-geons domestiques en offrent toujours l'occasion.

Que le même mâle. C'est exact.

Par l'examen de» viscères intérieurs. Ceci prouve une fois de plus que les Anciens disséquaient avec soin les animaux qu'ils voulaient étudier plus particulièrement.

§ 6.Les ramiers vivent très-longtemps. On comprend que ces renseignements doivent varier selon les pays et selon les climats ; mais les chiffres donnés ici paraissent en général assez exacts.

Leurs ongles s'allongent. Le fait est exact.

Crèvent les yeux. La cruauté des Anciens devançait ainsi la nôtre.

§ 7. Généralement, les mâles vivent plus de temps. Cette généralité n'est peut-être pas très-exacte.

Ne vivent qu'un an. Ce fait parait inexact; et les moineaux vivent bien davantage; mais, du moins,-l'auteur essaye de donner des preuves à l'appui de son assertion. Voir Athénée, liv. IX, p. 391.

Les femelles des moineaux vivent plus... Je ne crois pas que la science moderne ait fait des observations spéciales.

Les tourterelles les pinsons. Je ne sais si ces faits ont été vérifiés; mais il est possible que, soue le climat de la Grèce, les choses se passent autrement que dans le nôtre; et les espèces peuvent aussi être différentes.

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