Aristote : Histoire des Animaux

ARISTOTE

HISTOIRE DES ANIMAUX. TOME PREMIER

LIVRE II.

Traduction française : BARTHÉLEMY SAINT-HILAIRE.

LIVRE I - LIVRE III

 

 

HISTOIRE DES ANIMAUX.

LIVRE DEUXIÈME.

 

 

 

 

LIVRE II

CHAPITRE PREMIER

Parties communes à tous les animaux ; parties spéciales et correspondantes; la tête et le cou se retrouvent chez tous les quadrupèdes vivipares ; conformation spéciale du cou du lion ; les quadrupèdes vivipares ont des pattes de devant, au lieu de bras et de mains ; conformation particulière de l'éléphant ; la poitrine et les mamelles chez les animaux ; disposition générale des flexions dans l'animal ; les flexions chez l'éléphant et chez les quadrupèdes ovipares ; articulations dans l'homme, disposées en sens contraires selon les membres supérieurs ou inférieurs; flexions dans l'oiseau ; singularité des pieds du phoque, en avant et en arrière ; pieds de l'ours ; locomotion en croix chez les quadrupèdes et les polypodes ; locomotion particulière du lion et des chameaux de Bactriane et d'Arabie..

[498a] 1 Τῶν δ´ ἄλλων ζῴων τὰ μόρια τὰ μὲν κοινὰ πάντων ἐστίν, ὥσπερ εἴρηται πρότερον, τὰ δὲ γενῶν τινων. Ταὐτὰ δὲκαὶ ἕτερά ἐστιν ἀλλήλων τὸν ἤδη πολλάκις εἰρημένον τρόπον. Σχεδὸν γὰρ ὅσα γ´ ἐστὶ γένει ἕτερα τῶν ζῴων, καὶ τὰ πλεῖστα τῶν μερῶν ἔχει ἕτερα τῷ εἴδει, καὶ τὰ μὲν κατ´ἀναλογίαν ἀδιάφορα μόνον, τῷ γένει δ´ ἕτερα, τὰ δὲ τῷ γένει μὲν ταὐτὰ τῷ εἴδει δ´ ἕτερα· πολλὰ δὲ τοῖς μὲνὑπάρχει, τοῖς δ´ οὐχ ὑπάρχει. 2 Τὰ μὲν οὖν τετράποδα καὶ ζῳοτόκα κεφαλὴν μὲν ἔχει καὶ αὐχένα καὶ τὰ ἐν τῇ κεφαλῇ μόρια ἅπαντα, διαφέρει δὲ τὰς μορφὰς τῶν μορίων ἕκαστον. Καὶ ὅ γε λέων τὸ τοῦ αὐχένος ἔχει ἓν ὀστοῦν, σφονδύλους δ´ οὐκ ἔχει· τὰ δ´ ἐντὸς ἀνοιχθεὶς ὅμοια πάντ´ ἔχεικυνί. 3 Ἔχει δὲ τὰ τετράποδα ζῷα καὶ ζῳοτόκα ἀντὶ τῶν βραχιόνων σκέλη πρόσθια, πάντα μὲν τὰ τετράποδα, μάλιστα δ´ ἀνάλογα ταῖς χερσὶ τὰ πολυσχιδῆ αὐτῶν· χρῆται γὰρ πρὸς πολλὰ ὡς χερσίν. 4 Καὶ τὰ ἀριστερὰ δ´ ἧττον ἔχει ἀπολελυμένα τῶν ἀνθρώπων, πλὴν ἐλέφαντος. Οὗτος δὲ τά τε περὶ τοὺς δακτύλους ἀδιαρθρωτότερα ἔχει τῶν ποδῶν, καὶ τὰ πρόσθια σκέλη πολλῷ μείζω. Ἔστι δὲ πενταδάκτυλον, καὶ πρὸς τοῖς ὀπισθίοις σκέλεσι σφυρὰ ἔχει βραχέα. Ἔχει δὲ μυκτῆρα τοιοῦτον καὶ τηλικοῦτον ὥστε ἀντὶχειρῶν ἔχειν αὐτόν· πίνει γὰρ καὶ ἐσθίει ὀρέγων τούτῳ εἰςτὸ στόμα, καὶ τῷ ἐλεφαντιστῇ ἀνορέγει ἄνω. Τούτῳ καὶ δένδρα ἀνασπᾷ, καὶ διὰ τοῦ ὕδατος βαδίζων τούτῳ ἀναφυσᾷ. Τῷ δ´ ἄκρῳ ἐγκλίνει, οὐ κάμπτεται δέ· χονδρῶδες γὰρ ἔχει.

5 Μόνον δὲ καὶ ἀμφιδέξιον γίνεται τῶν ἄλλων ζῴων ἄνθρωπος. Τῷ δὲ στήθει τῷ τοῦ ἀνθρώπου πάντα τὰ ζῷα ἀνάλογον ἔχει τοῦτο τὸ μόριον, ἀλλ´ οὐχ ὅμοιον· ὁ μὲνγὰρ πλατὺ τὸ στῆθος, τὰ δ´ ἄλλα στενόν. Μαστοὺς δ´ οὐκ ἔχει οὐδὲν ἐν τῷ πρόσθεν ἀλλ´ ἢ ἄνθρωπος· ὁ δ´ ἐλέφας ἔχει [498b] μὲν μαστοὺς δύο, ἀλλ´ οὐκ ἐν τῷ στήθει ἀλλὰ πρὸς τῷστήθει. 6 Τὰς δὲ κάμψεις τῶν κώλων καὶ τῶν ἔμπροσθεν καὶτῶν ὄπισθεν ὑπεναντίας ἔχουσι καὶ ἑαυταῖς καὶ ταῖς τοῦ ἀνθρώπου καμπαῖς, πλὴν ἐλέφαντος. Τοῖς μὲν γὰρ ζῳοτόκοις τῶν τετραπόδων κάμπτεται τὰ μὲν πρόσθια εἰς τὸ πρόσθεντὰ δ´ ὀπίσθια εἰς τοὔπισθεν, καὶ ἔχουσι τὰ κοῖλα τῆς περιφερείας πρὸς ἄλληλα ἀντεστραμμένα· ὁ δ´ ἐλέφας οὐχ ὥσπερ ἔλεγόν τινες, ἀλλὰ συγκαθίζει καὶ κάμπτει τὰ σκέλη, πλὴν οὐ δύναται διὰ τὸ βάρος ἐπ´ ἀμφότερα ἅμα, ἀλλ´ἀνακλίνεται ἢ ἐπὶ τὰ εὐώνυμα ἢ ἐπὶ τὰ δεξιά, καὶ καθεύδει ἐν τούτῳ τῷ σχήματι, κάμπτει δὲ τὰ ὀπίσθια σκέλη ὥσπερ ἄνθρωπος.  7 Τοῖς ᾠοτόκοις δέ, ὥσπερ κροκοδείλῳ καὶσαύρᾳ καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς τοιούτοις ἅπασιν, ἀμφότερατὰ σκέλη καὶ τὰ πρόσθια καὶ τὰ ὀπίσθια εἰς τὸ πρόσθενκάμπτεται, μικρὸν εἰς τὸ πλάγιον παρεγκλίνοντα. Ὁμοίως δὲ καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς πολύποσιν· πλὴν τὰ μεταξὺ τῶν ἐσχάτων ἀεὶ ἐπαμφοτερίζει καὶ τὴν κάμψιν ἔχει εἰς τὸπλάγιον μᾶλλον. 8  Ὁ δ´ ἄνθρωπος ἄμφω τὰς καμπὰς τῶν κώλων ἐπὶ ταὐτὸ ἔχει καὶ ἐξ ἐναντίας· τοὺς μὲν γὰρ βραχίονας εἰς τοὔπισθεν κάμπτει, πλὴν μικρὸν βεβλαίσωται ἐπὶτὰ πλάγια τὰ ἐντός, τὰ δὲ σκέλη εἰς τοὔμπροσθεν. 9 Εἰς δὲ τὸ ὄπισθεν τά τε πρόσθια καὶ τὰ ὀπίσθια οὐδὲν κάμπτειτῶν ζῴων. Ἐναντίως δὲ τοῖς ἀγκῶσι καὶ τοῖς προσθίοις σκέλεσιν ἡ τῶν ὤμων ἔχει καμπὴ πᾶσι, καὶ τῶν ὄπισθεν γονάτων ἡ τῶν ἰσχίων, ὥστ´ ἐπεὶ ὁ ἄνθρωπος τοῖς ἄλλοις ἐναντίως κάμπτει, καὶ οἱ ταὔτ´ ἔχοντες ἐναντίως.

10 Παραπλησίους δὲ τὰς [499a] καμπὰς ἔχει καὶ ὁ ὄρνις τοῖς τετράποσι ζῴοις· δίπους γὰρ ὢν τὰ μὲν σκέλη εἰς τὸ ὄπισθεν κάμπτει, ἀντὶ δὲ βραχιόνων καὶ σκελῶν τῶν ἔμπροσθεν πτέρυγας ἔχει, ὧν ἡ κάμψις ἐστὶν εἰς τὸ πρόσθεν.

11 Ἡ δὲ φώκη ὥσπερ πεπηρωμένον τετράπουν ἐστίν· εὐθὺς γὰρ ἔχει μετὰτὴν ὠμοπλάτην τοὺς πόδας ὁμοίους χερσίν, ὥσπερ καὶ οἱ τῆς ἄρκτου· πενταδάκτυλοι γάρ εἰσι, καὶ ἕκαστος τῶν δακτύλων καμπὰς ἔχει τρεῖς καὶ ὄνυχα οὐ μέγαν· οἱ δ´ὀπίσθιοι πόδες πενταδάκτυλοι μέν εἰσι, καὶ τὰς καμπὰς καὶτοὺς ὄνυχας ὁμοίους ἔχουσι τοῖς προσθίοις, τῷ δὲ σχήματι παραπλήσιοι ταῖς τῶν ἰχθύων οὐραῖς εἰσιν.

12 Αἱ δὲ κινήσεις τῶν ζῴων τῶν μὲν τετραπόδων καὶ πολυπόδων κατὰ διάμετρόν εἰσι, καὶ ἑστᾶσιν οὕτως· ἡ δ´ ἀρχὴ ἀπὸ τῶν δεξιῶν πᾶσιν. Κατὰ σκέλος δὲ βαδίζουσιν ὅ τελέων καὶ αἱ κάμηλοι ἀμφότεραι, αἵ τε Βακτριαναὶ καὶ αἱ Ἀράβιαι. Τὸ δὲ κατὰ σκέλος ἐστὶν ὅτε οὐ προβαίνει τῷ ἀριστερῷ τὸ δεξιόν, ἀλλ´ ἐπακολουθεῖ.


 

 

 

1 [498a] Entre les parties dont les animaux sont formés, les unes leur sont communes à tous, ainsi qu'on vient de le voir un peu plus haut ; d'autres appartiennent exclusivement à certaines espèces. Elles se ressemblent, ou elles diffèrent, sous les rapports que nous avons signalés déjà tant de fois. C'est que les animaux dont le genre est autre, ont presque tous aussi la plupart de leurs parties spécifiquement différentes. Tantôt la différence de ces parties ne disparaît que dans une mesure proportionnelle; tantôt elle porte sur le genre même. Parfois aussi, les parties sont identiques en genre; mais elles sont tout autres par leur forme. Beaucoup de parties fonctionnent chez certains animaux, et manquent chez certains autres. 2 C'est ainsi que les quadrupèdes vivipares ont une tête et un cou, avec toutes les parties dont la tête se compose; mais chaque partie a des formes différentes chez chacun d'eux. Le lion, par exemple, n'a qu'un seul os dans le cou, sans vertèbres. Si on l'ouvre, on peut voir que toutes ses parties intérieures sont pareilles à celles du chien. 3 Les quadrupèdes vivipares ont, au lieu de bras, des pattes de devant ; et tous les quadrupèdes qui ont des fentes dans ces parties, les ont surtout analogues à nos mains; et dans bien des cas, ils s'en servent comme de mains véritables. Les parties gauches sont dans ces animaux moins dégagées que chez l'homme. 4 Il faut toutefois excepter l'éléphant, qui a les doigts de pieds beaucoup moins séparés, et dont les jambes de devant sont beaucoup plus longues que celles de derrière. Il a d'ailleurs cinq doigts ; et à ses jambes de derrière, il a de petites chevilles. Sa trompe est faite de telle sorte, et elle a une telle dimension, qu'il peut s'en servir comme nous le faisons de nos mains. Il boit et il mange à l'aide de cette trompe, en portant les aliments à sa bouche ; il peut aussi avec elle élever les objets jusqu'à son cornac, placé en haut; il s'en sert pour arracher des arbres; et quand il marche dans l'eau, c'est par elle qu'il respire. Sa trompe se courbe par le bout; mais elle n'a pas d'articulations, parce qu'elle est cartilagineuse.

5 De tous les animaux, l'homme est le seul qui puisse se servir également des deux mains. Tous les animaux ont une partie qui correspond à la poitrine chez l'homme ; mais cette partie n'est pas semblable, en ce que, dans l'homme, la poitrine est large, et que chez eux elle est étroite. Aucun animal non plus n'a de mamelles sur le devant de la poitrine; l'homme seul a cette conformation. L'éléphant a [498b] bien aussi deux mamelles ; mais il ne les a pas sur la poitrine ; il les a à côté. 6 Les flexions des membres, soit de devant, soit de derrière, sont dans les animaux tout à la fois opposées entre elles et opposées à ce qu'elles sont dans l'homme. Il n'y a que l'éléphant qui fasse exception ; car lui seul excepté, les quadrupèdes vivipares fléchissent en avant les membres de devant, et en arrière ceux de derrière, de manière que les creux arrondis de la flexion soient tournés les uns vers les autres. Il n'en est pas ainsi chez l'éléphant, comme on l'a prétendu quelquefois ; il s'assoit, et il plie les jambes ; mais comme le poids de son corps ne lui permet pas de s'infléchir sur les deux à la fois, il se courbe, ou sur la gauche, ou sur la droite ; et il dort dans cette posture. Il fléchit d'ailleurs les jambes de derrière de la même façon que l'homme. 7  Dans les quadrupèdes ovipares, tels que le crocodile, le lézard et dans tous les autres animaux de cette espèce, les deux jambes, celles de devant aussi bien que celles de derrière, s'infléchissent en avant, en inclinant légèrement de côté. Il en est de même chez tous les animaux qui ont plus de quatre pieds; seulement, les jambes intermédiaires entre les extrêmes ont toujours des directions moyennes ; et la flexion se fait plutôt un peu de côté. 8  L'homme a les deux articulations des membres faites sur le même plan ; mais elles sont en sens contraires; il plie les bras en arrière, et la partie intérieure biaise un peu de côté, tandis que les jambes fléchissent en avant. 9 Il n'y a pas un seul animal qui fléchisse en arrière à la fois les membres de devant et les membres postérieurs. Dans tous sans exception, la flexion de l'épaule se fait en sens contraire de celle des coudes et des parties de devant, de même que la flexion de la cuisse sur la hanche est opposée à celle du genou; en telle sorte que, si l'homme a une flexion contraire à celle des autres animaux, ceux qui ont aussi ces membres les fléchissent en sens contraire de l'homme.

10 Les flexions dans [499a]  l'oiseau se rapprochent de ce qu'elles sont dans les quadrupèdes ; car avec ses deux pieds, l'oiseau fléchit les pattes en arrière ; et à la place des bras et des jambes, il a des ailes, dont la flexion se fait en avant.

11 Le phoque est une sorte de quadrupède tronqué. Il a des pieds qui tiennent directement à l'omoplate, et ces pieds sont tout comme des mains, de même que les pieds de l'ours ressemblent aussi à des mains. Les pieds du phoque ont cinq doigts, et chaque doigt a trois flexions et un ongle assez petit. Les pieds de derrière sont également à cinq doigts ; leurs flexions et leurs ongles sont pareils à ceux de devant ; mais quant à la forme, ils se rapprochent beaucoup de la queue des poissons.

12 Les quadrupèdes et les animaux qui ont plus de quatre pieds se meuvent toujours en diamètre ; et c'est ainsi qu'ils maintiennent leur équilibre. C'est par les parties droites que la marche commence. Le lion et les deux espèces de chameau de Bactriane et d'Arabie avancent membre à membre ; par Avancer membre à membre, j'entends que le membre droit ne va pas au-delà du gauche, mais le suit toujours.

§ 1. Un peu plus haut. Voir liv. I ch. i, §§ 2 et 3.

Signalés l'auteur tant de fois. Ceci se rapporte au début du Ier livre ; mais il est possible que rameur veuille désigner quelque autre de ses ouvrages.

Spécifiquement différentes. Ou « de forme différente ». En grec, le même mot peut signifier à la fois Espèce et Forme.

Dans une mesure proportionnelle. Ou « par analogie ».

Par leur Forme. Même remarque que plus haut.

§ 2. Le lion par exemple. Cette observation fausse de la conformation du lion mérite d'être remarquée.

Si on l'ouvre. Ceci prouve, entre tant d'autres témoignages, que la dissection des animaux était poussée assez loin du temps d'Aristote.

Pareilles à celles du chien. Cette similitude n'est pas aussi grande que l'auteur semble le croire ; et la science actuelle classe le chien et le lion dans des familles très-différentes.

§ 3. Des pattes de devant. Après ces mots, MM. Aubert et Wimmer ajoutent : « et des pieds (ou pattes) au lieu de mains ».

Des fentes dans ces pattes. J'ai traduit en paraphrasant le mot grec ; on aurait pu dire plus simplement «les Fissipèdes».

Les parties gauches. MM. Aubert et Wimmer ont cru qu'ici encore il fallait changer le texte ; et ils ont mis « les membres postérieurs », au lieu des membres ou parties Gauches. Ce changement peut paraître assez plausible ; mais je ne crois pas qu'on puisse se le permettre contre le témoignage unanime des manuscrits. Il faut se borner à faire cette remarque, sans aller jusqu'à établir un texte différent.

§ 4. Les doigts de pieds. J'ai adopté le sens vulgaire ; mais on pourrait comprendre ce passage un peu autrement et traduire : « Il a les doigts moins séparés que ceux des pieds » de l'homme.

Que celles de derrière. J'ai cru devoir ajouter ces mots, qui complètent la pensée. Cette configuration de l'éléphant est d'ailleurs de toute évidence ; et son train de derrière est beau-coup plus bas que celui de devant.

Il a  d'ailleurs cinq doigts. Ces détails sont parfaitement exacts.

Sa trompe. Le mot dont se sert Aristote est plus général, et il signifie le Nez, tout aussi bien que la trompe.

Comme nous te faisons de nos mains. La comparaison est très-juste ; mais elle est si naturelle qu'elle a dû s'offrir tout d'abord aux premiers observateurs.

En portant les aliments à sa bouche. Il n'est presque personne qui, même dans nos climats, n'ait vu des éléphants privés et n'ait pu observer sa manière de manger et de boire à l'aide de sa trompe.

Son cornac placé en haut. C'est sur-tout dans les pays où l'éléphant est indigène qu'on peut faire cette remarque. Chez nous, le cornac accompagne l'éléphant : mais il n'a jamais à monter sur son cou.

Pour arracher des arbres. C'est une preuve de la force prodigieuse de l'animal. — Cest par elle qu'il respire. En la tenant sans cesse hors de l'eau ; car il n'est pas amphibie, comme l'hippopotame ou le rhinocéros.

Elle n'a pas d'articulations. Ce qui l'aurait empêché d'être aussi flexible qu'elle l'est. Selon la description de Cuvier, Règne animal, tome I, p. 238, « La trompe de l'éléphant, qui est cylindrique, se compose de u plusieurs milliers de petits muscles diversement entrelacés, mobiles en tous sens, douée d'un sentiment exquis, et terminée par un appendice en forme de doigt. Cette trompe donne à l'éléphant presque autant d'adresse que la perfection de la main peut en donner au singe, etc. »

§ 5. Se servir également des deux mains. Les singes, second ordre des mammifères, ont quatre mains, d'où leur vient le nom de Quadrumanes.

Qui correspond... semblable. On voit quelle est la différence qu'Aristote veut établir.

Aucun animal non plus... Le fait n'est pas tout à fait exact ; et les quadrumanes ont aussi les mamelles sur la poitrine et en avant ; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 85.

L'éléphant a bien aussi deux mamelles. C'est exact ; mais ce n'est pas à côté de la poitrine, comme le dit Aristote, que ces deux ma-melles sont placées ; c'est sous la poitrine, comme le dit Cuvier, Règne animal, tome I, p. 238.

§ 6. Les flexions, etc. MM. Aubert et Wimmer signalent avec raison l'erreur d'Aristote, déjà remarquée par d'autres auteurs. Cette erreur provient de ce qu Aristote a confondu le bas de la jambe avec le haut ; la flexion se fait dans le même sens ; mais pour le haut de la jambe (la cuisse) la flexion est cachée et recouverte par les chairs. Aristote n'avait point vu cette conformation ; mais son. étude sur les flexions dans les animaux est la première en son genre ; et elle est restée presque unique dans l'histoire de la science. Voir Buffon, tome III, des Mammifères, p. 335, édit. de 1830. Buffon semble accepter la description d'Aristote et faire aussi une exception pour les jambes de l'éléphant. « Il a le genou comme l'homme au milieu de la jambe, et non pas près du ventre, etc. » En général, les naturalistes postérieurs ont attaché moins d'importance qu'Aristote à cette organisation de l'éléphant, qui, à première vue, semble en effet une exception.

Les creux arrondis de la flexion.Par exemple les bras de l'homme étant pliés ainsi que ses genoux, les creux des deux membres se correspondent ; les concavités formées par la flexion sont tournées l'une vers l'autre.

Comme on l'a prétendu quelquefois. Aristote ne nous apprend pas quels étaient les auteurs qui avaient soutenu cette opinion, qu'il réfute.

Comme le poids de son corps... Explication très-ingénieuse et vraie.

Et il dort dans cette posture. Cette observation n'a été répétée, je crois, par aucun naturaliste.

De la même façon que l'homme. Voir Buffon, loc. cit.

§ 7. Et dans tous les autres animaux de cette espèce. Compris sous le nom générique de Sauriens, le lézard étant parmi eux le plus connu de tous.

En inclinant légèrement de côté. Observations exactes, qui n'ont pas été répétées par les naturalistes postérieurs.

Qui ont plus de quatre pieds. Le texte dit précisément : « Qui ont plusieurs pieds. »

Les jambes. Ou « les pattes ».

Des directions moyennes. L'expression du texte est tout aussi vague.

§ 8. Les deux articulations. Des bras et des jambes.

Faites sur le même plan, c'est-à-dire que l'organisation des jambes abeaucoup d'analogie avec celle des bras.

La partie intérieure de la flexion du bras, c'est-à-dire, du cubitus et du radius sur l'humérus.

Les jambes fléchissent en avant. C'est la flexion du genou.

§ 9. Il n'y a pas un seul animal. Toutes ces observations, ainsi que les précédentes, sont fort exactes; et il ne semble pas qu'elles aient attiré non plus l'attention des zoologues modernes.

La flexion de la cuisse sur la hanche. Peut-être faudrait-il traduire aussi : « sur le bassin », au lieu de u sur la hanche ». L'observation n'en est pas moins vraie.

§ 10. Les flexions dans l'oiseau... dans les quadrupèdes. Ces rapprochements ingénieux, quoique peu exacts, sont comme le germe de la théorie de l'unité de plan. Cuvier a dit : « En examinant de plus près chacune des parties de cette grande série d'animaux  (les vertébrés), on y trouve toujours quelque analogie, même dans les espèces les plus éloignées l(une de l'autre, et l'on peut suivre les dégradations d'un même plan depuis l'homme jusqu'au dernier des poissons. » Règne animal, tome I, p. 49.

D'ailleurs, on voit l'erreur d'Aristote ; et les ailes de l'oiseau ne peuvent pas être comparées aux genoux des quadrupèdes.

Dont la flexion se fait en avant. La ressemblance ne va pas plus loin ; et le reste de l'organisation est absolument différent chez les uns et chez les autres.

§ 11. Le Phoque. On ne voit pas bien comment le phoque figure ici, et l'analogie qu'il peut avoir avec les animaux dont il vient d'être question.

Une sorte de quadrupède tronqué....L'expression est juste; et bien que les quatre pieds du phoque se rapprochent des nageoires, ils ressemblent assez bien à ceux des quadrupèdes, à cause des doigts et des ongles qui sont très apparents.

Ces pieds sont tout comme des mains. Ceci est moins exact; et il ne parait pas que le phoque puisse rien prendre avec ses pieds de devant non plus qu'avec ceux de derrière.

Les pieds de l'ours... Ici encore le rapprochement est un peu forcé. L'ours a aussi cinq doigts à tous les pieds ; mais on ne peut pas dire que ses pieds de devant soient des mains précisément.

Ces pieds ont cinq doigts. Ceci se rapporte au phoque.

Ils se rapprochent beaucoup de la queue des poissons. Entre les pieds de derrière, le phoque a une véritable queue, qui d'ailleurs est très-courte. Voir Cuvier, Régne animal, tome î, p. 167. Le phoque est un mam-mifère, carnassier et amphibie.

§ 12. En diamètre. J'ai conservé la formule grecque ; mais on pourrait aussi traduire « En croix », comme l'ont fait quelques auteurs.

C'est ainsi qu'ils maintiennent leur équilibre. On pourrait traduire aussi en se tenant plus près du texte : « Et c'est aussi la position qu'ils ont dans la station ». J'ai préféré la première nuance.

Que la marche commence. Ceci n'est peut-être pas un fait constant. Chez l'homme où le mouvement des bras et celui des jambes se croisent aussi, la marche peut commencer indifféremment par l'un ou l'autre côté. Le cheval part toujours de la jambe droite. Voir Buffon, ch. du Cheval, page 25, éd. de 1830.

Les deux espèces de chameaux. Le chameau de la Bactriane a deux bosses ; et il est beaucoup plus robuste que celui d'Arabie, qui n'a qu'une seule bosse. On donne plus particulièrement à ce dernier le nom de dromadaire. Les deux races s'accouplent et produisent ensemble aussi bien que séparément. Voir plus loin ch. n, § 9. Buffon approuve tout à fait la distinction faite par Aristote : Mammifères, tome III, p. 390.

Avancent membre à membre. Il semble qu'Aristote veut ici indiquer l'amble ; mais il ne parait pas que ce soit l'allure naturelle, ni du lion, ni du chameau. Pline, Histoire naturelle, liv. XI, ch. cv, p. 467, édit. E. Littré, copie ce passage d'Aristote et dit : « Le lion et le chameau, seuls parmi les animaux, marchent de façon que le pied gauche ne dépasse pas le pied droit, mais reste en arrière. » Ceci se rapporte aussi à l'amble. Pline répète seulement que « tous les animaux se mettent en marche par le côté droit. »

CHAPITRE II

Queues des animaux; répartitions des poils chez les animaux qui en ont; leurs crinières ; le cheval-cerf; particularité qui le distingue ; on le trouve en Arachosie ; le bœuf-sauvage ; l'éléphant est le moins velu des animaux ; description du chameau, de Bactriane et d'Arabie, à une ou deux bosses sur le dos ; sa bosse sous le ventre; sa verge en arrière; flexions et pieds du chameau; pattes des animaux, et jambes de l'homme; pieds fourchus dans les animaux ; animaux solipèdes ; cornes des animaux ; description de l'osselet dans les animaux ; son rôle, sa répartition; réunion du pied fourchu, de la crinière et des cornes chez quelques animaux; le Bonase de Péonie et de Médique; prétendues cornes des serpents Égyptiens; bois du cerf; il est le seul animal qui perde ses cornes chaque année.

1 Ἔχουσι δὲ τὰ τετράποδα ζῷα, ὅσα μὲν ὁ ἄνθρωπος μόρια ἔχει ἐν τῷ πρόσθεν, κάτω ἐν τοῖς ὑπτίοις, τὰ δ´ὀπίσθια ἐν τοῖς πρανέσιν. Ἔτι δὲ τὰ πλεῖστα κέρκον ἔχει·καὶ γὰρ ἡ φώκη μικρὰν ἔχει, ὁμοίαν τῇ τοῦ ἐλάφου. Περὶ δὲ τῶν πιθηκοειδῶν ζῴων ὕστερον διορισθήσεται. 2 Πάντα δ´ ὅσα τετράποδα καὶ ζῳοτόκα, δασέα ὡς εἰπεῖν ἐστι, καὶ οὐχ ὥσπερ ὁ ἄνθρωπος ὀλιγότριχον καὶ μικρότριχον πλὴν τῆς κεφαλῆς, τὴν δὲ κεφαλὴν δασύτατοντῶν ζῴων. 3 Ἔτι δὲ τῶν μὲν ἄλλων ζῴων τῶν ἐχόντων τρίχας τὰ πρανῆ δασύτερα, τὰ δ´ ὕπτια ἢ λεῖα πάμπαν ἢ ἧττονδασέα· ὁ δ´ ἄνθρωπος τοὐναντίον. 4 Καὶ βλεφαρίδας ὁ μὲν ἄνθρωπος ἐπ´ ἄμφω ἔχει, καὶ ἐν μασχάλαις ἔχει τρίχας καὶ ἐπὶ τῆς ἥβης· τῶν δ´ ἄλλων οὐδὲν οὔτε τούτων οὐδέτερον οὔτε τὴν κάτω βλεφαρίδα, ἀλλὰ κάτωθεν τοῦ βλεφάρουἐνίοις μαναὶ τρίχες πεφύκασιν. 5 Αὐτῶν δὲ τῶν τετραπόδων καὶ τρίχας ἐχόντων τῶν μὲν ἅπαν τὸ σῶμα δασύ, καθάπερ ὑὸς καὶ ἄρκτου καὶ κυνός· τὰ δὲ δασύτερα τὸν αὐχένα ὁμοίως πάντῃ, οἷον ὅσα χαίτην ἔχει, ὥσπερ λέων· τὰ δ´ἐπὶ τῷ πρανεῖ τοῦ αὐχένος ἀπὸ τῆς κεφαλῆς μέχρι τῆς ἀκρωμίας, οἷον ὅσα λοφιὰν ἔχει, ὥσπερ ἵππος καὶ ὀρεὺςκαὶ τῶν ἀγρίων καὶ κερατοφόρων βόνασος.  6 Ἔχει δὲ καὶ ὁ ἱππέλαφος καλούμενος ἐπὶ τῇ ἀκρωμίᾳ χαίτην καὶ τὸ θηρίον τὸ πάρδιον ὀνομαζόμενον· ἀπὸ δὲ τῆς κεφαλῆς ἐπὶ τὴν ἀκρωμίαν λεπτὴν ἑκάτερον· ἰδίᾳ δ´ ὁ ἱππέλαφος πώγωνα ἔχει [499b] κατὰ τὸν λάρυγγα. Ἔστι δ´ ἀμφότερα κερατοφόρα καὶ διχαλά· ἡ δὲ θήλεια ἱππέλαφος οὐκ ἔχει κέρατα. Τὸδὲ μέγεθός ἐστι τούτου τοῦ ζῴου ἐλάφῳ προσεμφερές. Γίνονται δ´ οἱ ἱππέλαφοι ἐν Ἀραχώταις, οὗπερ καὶ οἱ βόες οἱἄγριοι.  7 Διαφέρουσι δ´ οἱ ἄγριοι τῶν ἡμέρων ὅσον περ οἱ ὕες οἱ ἄγριοι πρὸς τοὺς ἡμέρους· μέλανές τε γάρ εἰσι καὶ ἰσχυροὶ τῷ εἴδει καὶ ἐπίγρυποι, τὰ δὲ κέρατα ἐξυπτιάζοντα ἔχουσι μᾶλλον· τὰ δὲ τῶν ἱππελάφων κέρατα παραπλήσια τοῖς τῆς δορκάδος εἰσίν. 8 Ὁ δ´ ἐλέφας ἥκιστα δασύς ἐστιτῶν τετραπόδων. Ἀκολουθοῦσι δὲ κατὰ τὸ σῶμα καὶ αἱκέρκοι δασύτητι καὶ ψιλότητι, ὅσων αἱ κέρκοι μέγεθος ἔχουσιν· ἔνια γὰρ μικρὰν ἔχει πάμπαν.

9 Αἱ δὲ κάμηλοι ἴδιον ἔχουσι παρὰ τἆλλα τετράποδατὸν καλούμενον ὕβον ἐπὶ τῷ νώτῳ. Διαφέρουσι δ´ αἱ Βάκτριαιτῶν Ἀραβίων· αἱ μὲν γὰρ δύο ἔχουσιν ὕβους, αἱ δ´ ἕνα μόνον, ἄλλον δ´ ἔχουσιν ὕβον τοιοῦτον οἷον ἄνω ἐν τοῖς κάτω, ἐφ´ οὗ, ὅταν κατακλιθῇ εἰς γόνατα, ἐστήρικται τὸ ἄλλο σῶμα. 10 Θηλὰς μὲν οὖν ἔχει τέτταρας ἡ κάμηλος ὥσπερ βοῦς, καὶ κέρκον ὁμοίαν ὄνῳ, τὸ δ´ αἰδοῖον ὄπισθεν. Καὶ γόνυ δ´ ἔχει ἐν ἑκάστῳ τῷ σκέλει ἕν, καὶ τὰς καμπὰς οὐ πλείους, ὥσπερ λέγουσί τινες, ἀλλὰ φαίνεται διὰ τὴν ὑπόσταλσιν τῆς κοιλίας. Καὶ ἀστράγαλον ὅμοιον μὲν βοΐ, ἰσχνὸν δὲ καὶ μικρὸν ὡς κατὰ τὸ μέγεθος. 11 Ἔστι δὲ διχαλὸν καὶ οὐκ ἄμφωδον, διχαλὸν δ´ ὧδε. Ἐκ μὲν τοῦ ὄπισθεν μικρὸν ἔσχισται μέχρι τῆς δευτέρας καμπῆς τῶν δακτύλων· τὰ δ´ ἔμπροσθεν ἔσχισται μικρόν, ὅσον ἄχρι τῆς πρώτης καμπῆς τῶν δακτύλων ἐπ´ ἄκρῳ, τέτταρα· καὶ ἔστι τι καὶ διὰ μέσου τῶν σχισμάτων, ὥσπερ τοῖς χησίν. Ὁ δὲ πούς ἐστι κάτωθεν σαρκώδης, ὥσπερκαὶ οἱ τῶν ἄρκτων· διὸ καὶ τὰς εἰς πόλεμον ἰούσας ὑποδοῦσικαρβατίναις, ὅταν ἀλγήσωσιν.

12 Πάντα δὲ τὰ τετράποδα ὀστώδη τὰ σκέλη ἔχει καὶνευρώδη καὶ ἄσαρκα· ὅλως δὲ καὶ τἆλλα ζῷα ἅπαντα, [500a] ὅσα ἔχει πόδας, ἐκτὸς ἀνθρώπου. Ἔτι δ´ ἀνίσχια· καὶγὰρ οἱ ὄρνιθες ἔτι μᾶλλον τοῦτο πεπόνθασιν. Ὁ δ´ ἄνθρωπος τοὐναντίον· σαρκώδη γὰρ ἔχει σχεδὸν μάλιστα τοῦ σώματος τὰ ἰσχία καὶ τοὺς μηροὺς καὶ τὰς κνήμας· αἱ γὰρ καλούμεναι γαστροκνημίαι ἐν ταῖς κνήμαις εἰσὶ σαρκώδεις.

13 Τῶν δὲ τετραπόδων καὶ ἐναίμων καὶ ζῳοτόκων τὰ μένἐστι πολυσχιδῆ, ὥσπερ αἱ τοῦ ἀνθρώπου χεῖρες καὶ οἱ πόδες (πολυδάκτυλα γὰρ ἔνιά ἐστιν, οἷον λέων, κύων, πάρδαλις), τὰ δὲ δισχιδῆ, καὶ ἀντὶ τῶν ὀνύχων χηλὰς ἔχει, ὥσπερ πρόβατον καὶ αἲξ καὶ ἔλαφος καὶ ἵππος ὁ ποτάμιος· τὰδ´ ἀσχιδῆ, οἷον τὰ μώνυχα, ὥσπερ ἵππος καὶ ὀρεύς. Τὸδὲ τῶν ὑῶν γένος ἐπαμφοτερίζει· εἰσὶ γὰρ καὶ ἐν Ἰλλυριοῖς καὶ ἐν Παιονίᾳ καὶ ἄλλοθι μώνυχες ὕες. Τὰ μὲν οὖνδιχαλὰ δύο ἔχει σχίσεις ὄπισθεν· τοῖς δὲ μώνυξι τοῦτ´ ἐστὶσυνεχές.

14 Ἔστι δὲ καὶ τὰ μὲν κερατοφόρα τῶν ζῴων τὰ δ´ ἄκερα. Τὰ μὲν οὖν πλεῖστα τῶν ἐχόντων κέρατα διχαλὰκατὰ φύσιν ἐστίν, οἷον βοῦς καὶ ἔλαφος καὶ αἴξ· μώνυχον δὲ καὶ δίκερων οὐδὲν ὦπται. Μονοκέρατα δὲ καὶ μώνυχα ὀλίγα, οἷον ὁ Ἰνδικὸς ὄνος. Μονόκερων δὲ καὶ διχαλὸν ὄρυξ. Καὶ ἀστράγαλον δ´ ὁ Ἰνδικὸς ὄνος ἔχει τῶν μωνύχων μόνον· ἡ γὰρ ὗς, ὥσπερ ἐλέχθη πρότερον, ἐπαμφοτερίζει, διὸ καὶ οὐ καλλιαστράγαλόν ἐστιν.  15 Τῶν δὲ διχαλῶν πολλὰ ἔχει ἀστράγαλον. Πολυσχιδὲς δ´ οὐδὲν ὦπται τοιοῦτον ἔχον ἀστράγαλον, ὥσπερ οὐδ´ ἄνθρωπος, ἀλλ´ ἡ μὲν λὺγξ ὅμοιον ἡμιαστραγαλίῳ, ὁ δὲ λέων, οἷόν περ πλάττουσι, λαβυρινθώδη.

16 Πάντα δὲ τὰ ἔχοντα ἀστραγάλους ἐν τοῖς ὄπισθεν ἔχει σκέλεσιν. Ἔχει δ´ ὀρθὸν τὸν ἀστράγαλον ἐν τῇ καμπῇ, τὸμὲν πρανὲς ἔξω, τὸ δ´ ὕπτιον εἴσω, καὶ τὰ μὲν κῷα ἐντὸς ἐστραμμένα πρὸς ἄλληλα, τὰ δὲ χῖα καλούμενα ἔξω, καὶτὰς κεραίας ἄνω. Ἡ μὲν οὖν θέσις τῶν ἀστραγάλων τοῖς ἔχουσι πᾶσι τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον.

17 Διχαλὰ δ´ ἅμα καὶχαίτην ἔχοντα καὶ κέρατα δύο κεκαμμένα εἰς αὑτά ἐστιν [500b] ἔνια τῶν ζῴων, οἷον ὁ βόνασος, ὃς γίνεται περὶ τὴν Παιονίαν καὶ τὴν Μαιδικήν.

18 Πάντα δ´ ὅσα κερατοφόρα, τετράποδά ἐστιν, εἰ μή τι κατὰ μεταφορὰν λέγεται ἔχειν κέραςκαὶ λόγου χάριν, ὥσπερ τοὺς περὶ Θήβας ὄφεις οἱ Αἰγύπτιοί φασιν, ἔχοντας ἐπανάστασιν ὅσον προφάσεως χάριν. 19 Τῶν δ´ ἐχόντων κέρας δι´ ὅλου μὲν ἔχει στερεὸν μόνον ἔλαφος, τὰ δ´ ἄλλα κοῖλα μέχρι τινός, τὸ δ´ ἔσχατον στερεόν. Τὸ μὲν οὖν κοῖλον ἐκ τοῦ δέρματος πέφυκε μᾶλλον·ὃ δὲ περὶ τοῦτο περιήρμοσται τὸ στερεὸν ἐκ τῶν ὀστῶν, οἷον τὰκέρατα τῶν βοῶν. 20 Ἀποβάλλει δὲ τὰ κέρατα μόνον ἔλαφος κατ´ ἔτος, ἀρξάμενος ἀπὸ διετοῦς, καὶ πάλιν φύει· τὰ δ´ἄλλα συνεχῶς ἔχει, ἐὰν μή τι βίᾳ πηρωθῇ.

 

 

1 Toutes les parties qui chez l'homme sont par devant se trouvent chez les quadrupèdes en bas, et sous le corps; et les parties qui chez l'homme sont par derrière se trouvent en haut chez les quadrupèdes. Pour la plupart, ils ont une queue; et le phoque lui-même en a une toute petite, qui ressemble à celle du cerf. Pour les animaux de l'espèce du singe, nous en parlerons plus loin en détail. 2 Il n'y a pas, pour ainsi dire, de quadrupèdes vivipares qui ne soient velus; mais ils ne le sont pas à la manière de l'homme, qui n'a de poils qu'en petit nombre et très-courts, si ce n'est à la tête, qui est chez lui plus poilue que chez aucun autre animal. 3 Tous ceux des autres animaux qui ont des poils ont les parties supérieures du corps plus velues; et les parties de dessous sont, ou tout à fait nues, ou moins garnies. Chez l'homme, c'est tout le contraire. 4 L'homme a également des cils aux deux paupières ; il a des poils aux aisselles et au pubis. Les autres animaux n'ont pas de poils à ces deux dernières parties, non plus que des cils à la paupière d'en bas, si ce n'est que, chez quelques-uns, il y a quelques poils très-rares au-dessous de cette paupière. 5 Les quadrupèdes pourvus de poils ont tantôt le corps tout entier velu, comme le porc, l'ours, le chien ; tantôt c'est le col qui l'est davantage dans tout son contour, quand ils ont une crinière, comme le lion. D'autres sont plus velus seulement sur le haut du col, à partir de la tête jusqu'en bas des épaules, comme tous ceux qui ont un toupet, par exemple le cheval et le mulet, et le bonase, parmi les animaux sauvages qui ont des cornes. 6 L'animal qu'on appelle le cheval-cerf a une crinière sur le haut des épaules, ainsi que la bête fauve nommée le Pardion. Du reste, la crinière de l'un et de l'autre est fort légère, depuis la tête jusqu'à la naissance des épaules; une particularité du cheval-cerf, c'est la barbiche qu'il porte [499b] à la gorge. Tous deux portent des cornes, et ils ont le pied fendu en deux. Dans l'espèce du cheval-cerf, la femelle manque de cornes. La grosseur de cet animal se rapproche beaucoup de celle du cerf. On le trouve dans l'Arachosie, où se trouvent également des bœufs sauvages. 7 La différence du bœuf sauvage au bœuf domestique est à peu près celle du sanglier au porc. Le bœuf sauvage est noir; il parait très-fort ; et son museau est recourbé. Ses cornes sont plus renversées. Les cornes des chevaux-cerfs ressemblent assez à celles de la gazelle. 8 L'éléphant est entre tous les quadrupèdes celui qui est le moins velu. La queue dans les animaux est d'ailleurs velue ou dénudée, selon que le corps est l'un des deux, du moins chez ceux dont la queue est assez forte ; car il y en a qui l'ont d'une petitesse excessive.

9 Une conformation qui appartient exclusivement au chameau entre tous les quadrupèdes, c'est ce qu'on appelle la bosse, qu'il a sur le dos. Les chameaux de Bactriane diffèrent de ceux d'Arabie, en ce que les premiers ont deux bosses, tandis que les autres n'en ont qu'une. D'ailleurs, les chameaux ont en bas une autre bosse toute pareille à celle du haut, et ils y appuient tout le corps, quand ils fléchissent les genoux. 10 La chamelle a quatre mamelles, comme la vache. La queue du chameau ressemble à celle de l'âne ; et sa verge est dirigée en arrière. Il n'a qu'un seul genou à chaque jambe; et il n'a pas plusieurs flexions, comme on le prétend quelquefois; mais on dirait qu'il en a plusieurs, à cause du développement du ventre. Il a un osselet pareil à celui du bœuf; mais cet osselet est grêle et petit comparativement à la grandeur de la bête. 11 Le chameau a le pied fourchu, et il n'a pas une double rangée de dents. Le pied est fourchu comme il suit; à partir de derrière, il est peu fendu jusqu'à la seconde flexion des doigts ; mais en avant, il est fendu en quatre, à son bout, à peu près jusqu'à la première flexion des doigts. Il y a même entre les fentes une sorte de membrane pareille à celle des oies. Le dessous du pied est charnu comme dans les ours; et aussi, quand les chameaux qu'on emploie à la guerre viennent à avoir les pieds malades, on leur met des chaussures de cuir.

12 Tous les quadrupèdes ont des pattes osseuses, pleines de muscles et dépourvues de chair. En général, c'est la conformation de tous les animaux [500a] qui ont des pieds; l'homme seul fait exception. Les quadrupèdes n'ont pas de fesses ; et c'est aussi ce qu'on peut observer encore plus nettement chez les oiseaux. Chez l'homme, c'est tout le contraire. Ses fesses, ses cuisses, ses jambes sont, dans son corps entier, ce qu'il y a de plus charnu; et ses mollets, par exemple, sont, dans ses jambes, des parties bien en chair.

13 Les quadrupèdes, qui ont du sang et qui sont vivipares, ont tantôt les extrémités à plusieurs divisions, comme les mains et les pieds dans l'homme. Quelques-uns, en effet, ont plusieurs doigts, comme le lion, le chien, la panthère. D'autres n'ont que deux divisions ; et au lieu d'ongles, ont des pinces, comme le mouton, la chèvre, le cerf et l'hippopotame. Il en est d'autres qui n'ont pas de divisions, comme les solipèdes, parmi lesquels on peut citer le cheval et le mulet. Le porc a les deux conformations; car il y a aussi dans l'Illyrie, dans la Péonie et ailleurs, des porcs qui sont solipèdes. Les animaux à deux pinces, ou sabots, ont deux divisions en arrière. Dans les solipèdes, cette partie est continue.

14 On peut encore remarquer que certains animaux ont des cornes, et que les autres n'en ont pas. La plupart de ceux qui sont pourvus de cornes ont naturellement deux pinces, comme le bœuf, le cerf et la chèvre ; nous n'avons jamais vu de solipède qui eût deux cornes. Il y en a très-peu qui aient à la fois une seule corne et un seul sabot, comme l'âne-indien. L'oryx n'a qu'une corne, et il a une double pince. L'âne-indien est le seul parmi les solipèdes à avoir un osselet. Le porc, comme on vient de le dire, présente les deux conformations ; et c'est là sans doute ce qui fait que son osselet n'est pas régulier. 15 Les animaux à pied fourchu ont la plupart un osselet. On n'a pas encore vu d'animal digité qui eût un osselet de ce genre ; l'homme même n'en a pas. Le lynx a quelque chose qui donne l'idée d'un demi-osselet; et dans le lion, l'osselet, du moins tel qu'on le représente, se perd dans une sorte de labyrinthe.

16 Tous les animaux qui ont un osselet, l'ont dans les membres de derrière. L'osselet est placé tout droit dans l'articulation, la partie supérieure en dehors, et la partie inférieure en dedans. Les parties de Cos sont tournées en dedans, les unes vers les autres; celles qu'on appelle de Chios, sont tournées en dehors, et les antennes, tournées en haut. Dans tout animal qui a un osselet, l'osselet est posé de la façon qu'on vient de décrire.

17 II y a des animaux qui ont tout à la fois le pied fourchu, une crinière, et deux cornes, qui sont recourbées [500b] l'une vers l'autre. C'est le cas du bonase, qui se trouve en Péonie et en Médique.

18 Tous les animaux qui portent des cornes sont des quadrupèdes, si ce n'est quelques animaux auxquels on attribue des cornes, par métaphore et par manière de parler, comme ces serpents des environs de Thèbes que citent les Égyptiens, et qui n'ont qu'un renflement à peine suffisant pour qu'on puisse le noter.19 Parmi les animaux qui ont des cornes, le cerf est le seul qui les a solides et pleines dans toute leur étendue; chez les autres animaux, les cornes sont creuses jusqu'à une certaine hauteur; et l'extrémité seule est pleine et solide. Le creux semble plutôt provenir de la peau ; et la partie solide, qui s'arrange autour du creux, semble provenir de l'os; telles sont les cornes des bœufs. 20 Le cerf est le seul animal qui perde son bois chaque année, à partir de deux ans, et qui le reproduise. Les autres animaux conservent toujours leurs cornes, dont ils ne sont privés que par quelque violent accident.
 

§ 1. Toutes les parties... L'observation est fort exacte ; et cette différence entre l'homme et les quadrupèdes tient précisément à ce que l'homme doit rester droit, et qu'il a la station, tandis que les quadrupèdes, comme leur nom l'indique, doivent reposer sur leurs quatre membres. Dans cette situation, le dos n'est plus derrière; il est dessus, et il forme la partie la plus haute.

Le phoque lui-même en à une toute petite. Voir plus haut ch. 1, § 2.

Nous en parlerons plus loin. Voir plus loin ch. v, §§ 1 et suivants.

§ 2. Pour ainsi dire. Cette réserve d'Aristote est très-justitiée, et dans ces derniers temps, on a cité une espèce de cheval sans poils, qui vient du centre de l'Asie, à ce que l'on croit.

Si ce n'est à la tête. Tous ces rapprochements sont frappants d'exactitude ; et c'est toujours l'homme qui est pris pour le type supérieur, d'après la méthode qu'Aristote s'est tracée dès le début.

§ 3. Ont les parties supérieures du corps plus velues. Parce que ces parties ont en effet plus besoin d'être protégées ; les parties de dessous le sont par leur posi-tion même.

§ 4. L'homme a également. Même remarque que plus haut sur la méthode adoptée par Aristote.

Quelques poils très-rares. On doit constater la parfaite exactitude de toutes ces observations délicates.

§ 5. Comme le porc. Il n'en est pas tout à fait du porc comme de Tours et du chien : ces deux espèces ont des poils abondants sur tout le corps, et c'est comme une fourrure. Le porc a bien aussi des poils sur toutes les parties du corps ; mais ces poils sont rares et très-clairsemés, loin de former une robe. Le porc n'aurait pas dû être cité ici.

Une crinière comme le lion. La crinière dans le lion enveloppe la té te entière, tandis que, dans le cheval, l'âne, l'hémione, elle ne règne que sur une partie du col. La langue grecque a deux mots distincts pour ces deux espèces de crinières ; la nôtre n'en a qu'un.

Un toupet. J'ai dû prendre ce mot, faute d'un meilleur,qui serait aussi plus spécial. On pourrait prendre le mot d'Aigrette.

Le Bonase, J'ai reproduit le mot grec ; il est difficile de savoir précisément quel animal Aristote entend désigner ici. C'est sans doute le bison ou l'aurochs, qui est bien un animal sauvage et qui a une crinière et des cornes. On le trouvait autrefois et du temps d'Aristote sur les bords du Danube, dans les contrées qui com-posent aujourd'hui la Servie, la Bulgarie et la Roumanie.

§ 6. Le cheval-cerf. Quelques auteurs ont cru qu'il s'agit peut-être de la girafe, qui a en effet une petite crinière, grise et fauve ; Cuvier, Règne animal, tome I, p. 266 ; mais la girafe n'a pas de barbiche sous la gorge. D'autres ont cru qu'il s'agit de l'élan ou du renne. Buffon supposait qu'il est question du cerf des Ardennes. Mais la différence extrême des climats s'oppose à ces explications. Ce cheval pourrait bien être une espèce d'Antilope. Mais au fond, l'on ignore quel est au juste ranimai auquel les Grecs donnaient ce nom, de même qu'on ignore aussi ce que c'est que le Pardion, ou cheval-Pard, bien qu'on l'ait confondu égale-ment avec la girafe.

Dans l'Arachosie. L'Arachosie était une des provinces orientales de l'Em-pire des Parthes ; elle s'étendait, à ce qu'on croit, jusqu'à l'Indus, et elle correspondrait en partie au Béloutchistan actuel et au Caboul. Alexandre la traversa tout entière pour se diriger vers l'Inde. Le climat y est très-chaud ; et les deux animaux dont parle Aristote doivent être des contrées chaudes ; ce qui exclut l'assimilation au renne ou au cerf des Ar-dennes.

Des bœufs sauvages. L'expression est trop vague pour qu'on puisse tenter une syno-nymie un peu probable.

§ 7. Du bœuf sauvage. Il s'agit sans doute du Buffle; Bos Bubalus. Cuvier identifie le buffle avec le bœuf sauvage d'Aristote, Règne animal, tome I, p. 280. Buffon ne croit pas que le buffle soit le Bubalus; voir cet article pp. 406 et 409; cet animal est, à ce qu'on croit, originaire de l'Inde ; il a été amené assez tard dans les contrées occidentales.

Ses cornes sont plus renversées. Cuvier trouve que les cornes du buffle sont dirigées de côté.

La gazelle ou l'espèce d'antilope appelée Antilope Dorcas, du nom grec qu Aristote emploie ici.

§ 8. L'éléphant. Ici encore, on peut être étonné que l'auteur revienne à l'éléphant ; mais c'est à propos de la théorie des poils dont les différents animaux sont plus ou moins couverts. Voir plus haut, § 2.

La queue dans les animaux. Ce détail tient essentiellement au sujet spécial de ce chapitre.

D'une petitesse excessive. Comme le phoque dont il est parlé plus haut, ch. i, § 2.

§ 9. Une conformation... au chameau. Il est vraisemblable,comme le croient MM. Aubert et Wimmer, que ce passage sur le chameau n'est pas à sa place. Aristote parle encore plusieurs fois du chameau dans diverses parties de ce traité; peut-être cette digression a-t-elle été empruntée à quelque antre chapitre. En tout cas, elle est inacceptable ici, bien que les détails donnés par l'auteur soient exacts.

Les chameaux de Bactriane... d'Arabie. Voir plus haut, ch. i, § 12.

Ont en bas une autre bosse. Ce n'est pas une bosse précisément que les chameaux ont sous le ventre : c'est un cal à l'endroit de leur corps qui touche à terre, quand ils s'agenouillent et s'accroupissent. Cette espèce de bosse n'est pas « pareille » à celle du dos, comme le dit Aristote. Selon Buffon, Animaux sauvages, p. 398, c'est une grosse et large callosité aussi dure que de la corne ; les jambes sont déformées par des callosités pareilles, qui ne sont pas naturelles, et qui ne sont produites que par l'excès de la contrainte et de la douleur. D'ailleurs, elles se perpétuent par la génération aussi bien que les bosses, qui peut-être ne sont pas plus naturelles. Cuvier, Règne animal, n'a peut-être pas donné à ces difformités du chameau toute l'attention nécessaire, regardant sans doute ces détails comme trop connus.

§ 10. Quatre mamelles comme la vache. Aristote est le seul des naturalistes qui ait consigné cette observation.

Sa verge est dirigée en arrière. — C'est une erreur, comme on peut bien le voir dans l'accouplement. Ce qui est vrai, c est que, par la disposition du fourreau dans l'état ordinaire, le chameau mâle jette son urine par derrière comme la femelle ; voir Buffon, Animaux sauvages, p. 403; voir aussi Cuvier, Règne animal, tome I, p. 257.

Comme on le prétend quelquefois. Ceci pourrait bien se rapporter à ce que|dit Hérodote, liv. III, ch. ciii, p. 166, édition Firmin-Didot. En parlant des chameaux de l'Inde, il note ces deux particularités, qu'ils ont dans les membres de derrière quatre articulations et quatre genoux ; quelques manuscrits disent seulement deux articulations et deux genoux, au lieu de quatre; il ajoute aussi que leur verge est tournée vers la queue. Aristote a donc réfuté une de ces erreurs; mais il a partagé l'autre.

A cause du développement du ventre. Ceci est fort obscur et ne se comprend pas bien ; mais les manuscrits n'offrent aucune variante qui puisse régulariser ou éclair-cir ce passage.

Un osselet pareil à celui du bœuf. Les naturalistes modernes ne se sont pas occupés de cette partie spéciale de l'organisation des jambes du chameau.

§ 11. Le chameau a le pied fourchu. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, pp. 256 et 257. La description de Cuvier n'est pas tout à fait celle d'Aristote ; mais la configuration du pied du chameau avait frappé non moins vivement le philosophe grec; et il avait essayé de le décrire du mieux qu'il avait pu. Après avoir marqué ce que sont dans le cha-meau les canines, les incisives et les molaires, et aussi la disposition du tarse, où le scaphôlde et le cubolde sont séparés, Cuvier ajoute : « Au lieu de ce grand sabot, aplati au côté interne, qui enveloppe toute la partie inférieure de chaque doigt et détermine la figure du pied fourchu ordinaire, ils n'en ont qu'un petit, adhérant seulement à la dernière phalange, et de forme symétrique comme les sabots des pachydermes. »

Une sorte de membrane. Ceci n'est pas très-exact. Du reste, tout ce passage paraît altéré, tant la description que donne Aristote est peu conforme aux faits. Voir la note de MM. Aubert et Wimmer, qui ont essayé de reconstituer tous ces détails.

Comme dans les ours. L'assimilation est assez juste.

Des chaussures de cuir. Aujourd'hui encore, les Arabes mettent des linges épais aux pieds de leurs chameaux, quand ils ont à faire un voyage dans un terrain un peu pierreux.

§ 12. L'homme seul fait exception. .Cette remarque est déve-loppée davantage dans le Traité des Parties des Animaux, liv. IV, p. 689, b 7, de l'édit. de Berlin; page 129, édit. B. Langkavel.

Les quadrupèdes nont pas de fesses. Ce qui prouve bien qu'ils ne sont pas faits pour se tenir debout, comme l'homme.

Ce qu'il y a de plus charnu. Observation très-exacte ; cette conformation est tout à fait d'accord avec la station droite, qui n'est accordée qu'à l'homme. Il est le seul animal qui ait des cuisses et des mollets proprement dits, parce qu'il est le seul à en avoir besoin.

§ 13. Ont des pinces. Le texte grec se sert aussi d'un mot au pluriel.

Le mouton, la chèvre, le cerf. Ce sont là des ruminants, qui ont en effet à chacun de leurs quatre pieds « deux doigts et deux sabots, qui se regardent par une face aplatie, en sorte qu'ils ont l'air d'un sabot unique qui aurait été fendu; d'où vient à ces animaux le nom de Pieds fourchus, de Bifurqués, etc.; » voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 254.

L'hippopotame. MM. Aubert et Wimmer ont signalé l'erreur d'Aristote, qui sans doute n'avait jamais vu d'hippopotame. Cet animal a quatre doigts à tous les pieds; ces doigts presque égaux sont terminés par de petits sabots, voir Cuvier, loc. cit., page 242.

Les solipèdes. Ces animaux, pachydermes non ruminants, n'ont qu'un doigt apparent et un seul sabot à chaque pied; sous la peau, ils ont des stylets, qui re-présentent deux doigts latéraux ; Cuvier, id., ibid., p. 251.

Le porc a les deux conformations. Peut-être aurait-il fallu dire plutôt : « Quelques espèces du porc... » Le fait d'ailleurs est exact et a été constaté par plusieurs naturalistes. Dans le traité de la Génération des animaux, liv. IV, § 96, p. 336, édit. Aubert et Wimmer, Aristote rappelle qu'il y a des porcs solipèdes.

Dans l'Illyrie. Du temps d'Aristote, la contrée appelée l'lllyrie devait être beaucoup moins étendue que sous l'Empire romain. L'IUyrie grecque, ou nouvelle Ëpire, était bornée à l'est par la Macédoine, et allait jusqu'à l'Adriatique, comprenant l'Albanie moderne; elle avait été conquise par Philippe, père d'Alexandre-le-Grand.

Dans la Péonie. Province de la Thrace, au nord de la Macédoine et confinant à une partie de l'Illyrie. C'étaient des pays qu'Aristote avait pu assez facilement connaître.

Ont deux divisions en arrière. C'est la leçon des manuscrits, qu'ont adoptée MM. Aubert et Wimmer. Schneider a cru devoir ajouter, d'après Camus : « En avant et en arrière. » Mais il ne s'appuie pas sur une autorité suffisante, et il faut s'en tenir à la leçon ordinaire, qui se comprend très-bien; les deux sabots sont évidemment en avant ; et les deux divisions dont parle Aristote sont en arrière.

§ 14. Certains animaux ont des cornes. Les zoologistes modernes n'ont pas attaché autant d'importance qu'Aristote à cette division, qui est frappante cependant, mais qui n'est peut-être pas décisive sous le rapport de la physiologie et des espèces.

Comme l'âne-indien. C'est un animal fabuleux selon toute ap-parence, et jusqu'à présent on ne connaît pas d'animal qui soit à la fois solipède et monocère. Quelques auteurs ont cru qu'il pouvait s'agir ici du Rhinocéros de l'Inde ou de Java ; cette supposition est encore moins probable.

L'oryx. Autre animal fabuleux, comme l'âne-indien. Peut-être l'oryx se rapporte-t-il aux Oryes ou Oryges, espèce d'Antilopes d'Afrique, dont parle Hérodote, liv. IV, ch. 192, p. 136 édit. Firmin-Didot. Voir la note de Camus, sur l'àne-indien d'Aristote, tome II de son Histoire des animaux, p. 80 et suiv. En résumé, on ignore ce que c'est que l'àne-indien; et la description qu'en donne Ctésias, dans la bibliothèque de Pholius,n'est qu'une invention puérile.

Un osselet. L'osselet est ce petit os qui se trouve surtout dans le mouton, à la jointure du gigot. Les détails dans lesquels entre ici Aristote sur les osselets, ont trait pro-bablement à la passion que les Grecs avaient pour le jeu des os-selets; les Modernes le prati-quent beaucoup moins.

 — Comme on vient de le dire, dans le § précédent.

Son osselet n'est pas régulier, et ne pouvait pas par conséquent servir à jouer.

§ 15. Les animaux à pied fourchu. Comme le mouton.

On n'a pas encore vu... Il est clair que les Anciens attachaient à cette recherche plus d'importance que n'en attachent les zoologistes modernes.

Le lynx. C'est sans doute le Felis Lynx des naturalistes contemporains. Cet animal a presque entièrement disparu de nos contrées ; Cuvier, Règne animal, tome I, p. 163.

Du moins tel qu'on le représente. Il semble qu"Aristote ne parle ici que par oui-dire.

Dans une sorte de labyrinthe. MM. Aubert et Wimmer croient que ce passage est altéré; et on peut le croire avec eux.

§ 16. Dans les membres de derrière. Dans le jarret proprement dit, comme on peut le voir dans le mouton.

Tout droit dans farticulation. Pour tout ce passage d'Aristote, voir l'ouvrage de M. L. Becq de Fouquières, Les Jeux des Anciens, page 329 et suivantes.

La partie supérieure. Le dos de l'osselet ou la partie convexe.

La partie inférieure, ou concave; le creux de l'osselet.

Les parties de Cos, ou Coos. C'était une des faces de l'osselet, comme l'étaient aussi les parties de Chios.

Les antennes. J'ai cru pouvoir prendre ce mot, qui répond assez bien au mot grec; on pourrait traduire les Cornes, comme le fait M. Becq de Fouquières. Les noms des différentes parties de l'osselet ont beaucoup varié chez les Anciens, aussi bien que chez nous; mais les joueurs ont dû nécessairement en tenir compte, puisque les facettes de l'osselet déterminent les petites péripéties de ce jeu, délicat et amusant.

§ 17. Le cas du bonase. On ne peut guère douter, d'après les détails qui précèdent, que le Bonase ne soit le Bison, qui a bien les trois caractères indiqués.

En Péonie et en Médique. Ce sont des parties septentrionales de la Macédoine; le Bison s'y trouve peut-être encore. Voir plus loin, liv. IX, ch. 32, § 1.

§ 18. Par métaphore et par manière de parler. Il n'y a qu'un seul mot en grec.

Ces serpents des environs de Thèbes. Ceci fait sans doute allusion à ce que dit Hérodote, liv. II, ch. 74, page 95, édit. Firmin-Didot. Selon ce qu'il rapporte, ces petits serpents étaient sacrés; et à leur mort, ou les enfouissait dans les temples. Hérodote ne dit pas avoir vu de ces serpents ; et Aristote a raison de ne pas croire aux cornes des serpents.

§ 19. Le cerf est le seul qui les a solides. Cette distinction entre les cornes et le bois est très-exacte, et la science moderne l'a conservée ; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 260.

Les cornes sont creuses. C'est là ce qui les distingue essentiellement. De plus, elles persistent, tandis que les bois tombent chaque année.

Telles sont les cornes des bœufs. Voir Cuvier, loc. cit., qui fait la même remarque identiquement, en ajoutant aux bœufs les moutons, les chèvres et les antilopes ; voir aussi l'explication que donne Cuvier de la production du bois dans les cerfs. Voir Buflbu, sur le cerf.

§ 20. A partir de deux ans. Ceci s'applique plus particulièrement au cerf commun de nos climats, Cervus elaphus, Cuvier, id., ibid., p. 262. Le bois tombe au printemps, et il revient pendant l'été, à partir de la seconde année.

Par quelque violent accident. Comme il arrive assez souvent aux bœufs et aux vaches.

 

 

CHAPITRE III

Des mamelles chez les animaux ; leur position ; leur nombre ; des organes de la génération, dans l'homme, dans l'éléphant ; particularité de la femelle de l'éléphant ; organes urinaires; composition de la verge ; rapports proportionnels des parties supérieures et des parties inférieures du corps de l'homme ; il se traîne à quatre pattes dans son enfance ; croissance des autres animaux ; des dents ; le nombre en est égal ou inégal dans les deux mâchoires ; singularité des animaux à cornes; dents saillantes ; dents carnassières ; animal étrange des Indes décrit par Ctésias, le Martichore; chute des premières dents chez l'homme et les autres animaux ; couleur diverse des dents selon l'âge ; canines, incisives, molaires ; dents plus nombreuses chez les mâles ; les crantères ; pousses extraordinaires ; dents de l'éléphant.

 1 Ἔτι δὲ περί τε τοὺς μαστοὺς ὑπεναντίως ἐν τοῖς ἄλλοις ζῴοις ὑπάρχει πρὸς αὑτά τε καὶ πρὸς τὸν ἄνθρωπον, καὶ περὶ τὰ ὄργανα τὰ χρήσιμα πρὸς τὴν ὀχείαν. Τὰ μὲν γὰρἔμπροσθεν ἔχει τοὺς μαστοὺς ἐν τῷ στήθει ἢ πρὸς τῷ στήθει, καὶ δύο μαστοὺς καὶ δύο θηλάς, ὥσπερ ἄνθρωπος καὶ ἐλέφας, καθάπερ εἴρηται πρότερον. 2 Καὶ γὰρ ὁ ἐλέφας ἔχειτοὺς μαστοὺς δύο περὶ τὰς μασχάλας· ἔχει δ´ ἡ θήλεια τοὺς μαστοὺς μικροὺς παντελῶς καὶ οὐ κατὰ λόγοντοῦ σώματος, ὥστ´ ἐκ τοῦ πλαγίου μὴ πάνυ ὁρᾶν· ἔχουσι δὲ καὶ οἱ ἄρρενες μαστούς, ὥσπερ αἱ θήλειαι, μικροὺς παντελῶς. Ἡδ´ ἄρκτος τέτταρας. 3 Τὰ δὲ δύο μὲν μαστοὺς ἔχει, ἐν τοῖςμηροῖς δ´ ἔχει, καὶ τὰς θηλὰς δύο, ὥσπερ πρόβατον· τὰ δὲ τέτταρας θηλάς, ὥσπερ βοῦς. Τὰ δ´ οὔτ´ ἐν τῷ στήθειἔχει τοὺς μαστοὺς οὔτ´ ἐν τοῖς μηροῖς, ἀλλ´ ἐν τῇ γαστρί, οἷον κύων καὶ ὗς, καὶ πολλούς, οὐ πάντας δ´ ἴσους. 4 Τὰ μὲν οὖν ἄλλα πλείους ἔχει, ἡ δὲ πάρδαλις τέτταρας ἐν τῇ γαστρί, ἡ δὲ λέαινα δύο ἐν τῇ γαστρί. Ἔχει δὲ καὶ ἡ κάμηλος μαστοὺς δύο καὶ θηλὰς τέτταρας, ὥσπερ ὁ βοῦς. Τῶν δὲ μωνύχωντὰ ἄρρενα οὐκ ἔχουσι μαστούς, πλὴν ὅσα ἐοίκασι τῇ μητρί, ὅπερ συμβαίνει ἐπὶ τῶν ἵππων.

5 Τὰ δ´ αἰδοῖα τῶν μὲν ἀρρένων τὰ μὲν ἔξω ἔχει, οἷονἄνθρωπος καὶ ἵππος καὶ ἄλλα πολλά, τὰ δ´ ἐντός, ὥσπερ [501a] δελφίς· καὶ τῶν ἔξω δ´ ἐχόντων τὰ μὲν εἰς τὸ πρόσθεν, ὥσπερ καὶ τὰ εἰρημένα, καὶ τούτων τὰ μὲν ἀπολελυμένα καὶ τὸ αἰδοῖον καὶ τοὺς ὄρχεις, ὥσπερ ἄνθρωπος, τὰδὲ πρὸς τῇ γαστρὶ καὶ τοὺς ὄρχεις καὶ τὸ αἰδοῖον, καὶ τὰ μὲν μᾶλλον τὰ δ´ ἧττον ἀπολελυμένα· οὐ γὰρ ὡσαύτως ἀπολέλυται κάπρῳ καὶ ἵππῳ τοῦτο τὸ μόριον. 6 Ἔχει δὲ καὶ ὁ ἐλέφας τὸ αἰδοῖον ὅμοιον μὲν ἵππῳ, μικρὸν δὲ καὶ οὐκ ἀνὰ λόγον τοῦ σώματος, τοὺς δ´ ὄρχεις οὐκ ἔξω φανερούς, ἀλλ´ ἐντὸς περὶ τοὺς νεφρούς· διὸ καὶ ἐν τῇ ὀχείᾳ ἀπαλλάττεται ταχέως. Ἡ δὲ θήλεια τὸ αἰδοῖον ἔχει ἐν τῷ τόπῳ οὗτὰ οὔθατα τῶν προβάτων ἐστίν· ὅταν δ´ ὀργᾷ ὀχεύεσθαι, ἀνασπᾷ ἄνω καὶ ἐκτρέπει πρὸς τὸν ἔξω τόπον, ὥστε ῥᾳδίαν εἶναι τῷ ἄρρενι τὴν ὀχείαν· ἀνέρρωγε δ´ ἐπιεικῶς ἐπὶ πολὺτὸ αἰδοῖον.
 

7 Τοῖς μὲν οὖν πλείστοις αὐτῶν τὰ αἰδοῖα τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον· ἔνια δ´ ὀπισθουρητικά ἐστιν, οἷον λὺγξ καὶ λέων καὶ κάμηλος καὶ δασύπους. Τὰ μὲν οὖν ἄρρενα ὑπεναντίως ἔχει ἀλλήλοις, καθάπερ εἴρηται, τὰ δὲ θήλεα πάντα ὀπισθουρητικά ἐστιν· καὶ γὰρ ὁ θῆλυς ἐλέφας ἔχει τὰ αἰδοῖα ὑπὸ τοῖς μηροῖς, καθάπερ καὶ τἆλλα. 8 Τῶν δ´ αἰδοίων διαφορὰ πολλή ἐστιν. Τὰ μὲν γὰρ ἔχει χονδρῶδες τὸ αἰδοῖον καὶ σαρκῶδες, ὥσπερ ἄνθρωπος· τὸ μὲν οὖν σαρκῶδες οὐκ ἐμφυσᾶται, τὸ δὲ χονδρῶδες ἔχει αὔξησιν. Τὰ δὲ νευρώδη, οἷον καμήλου καὶ ἐλάφου, τὰ δ´ ὀστώδη, ὥσπερ ἀλώπεκος καὶ λύκου καὶ ἴκτιδος καὶ γαλῆς· καὶ γὰρ ἡ γαλῆὀστοῦν ἔχει τὸ αἰδοῖον.

9 Πρὸς δὲ τούτοις ὁ μὲν ἄνθρωπος τελειωθεὶς τὰ ἄνω ἔχει ἐλάττω τῶν κάτωθεν, τὰ δ´ ἄλλα ζῷα, ὅσα ἔναιμα, τοὐναντίον. Λέγομεν δ´ ἄνω τὸ ἀπὸ κεφαλῆς μέχρι τοῦ μορίουᾗ ἡ τοῦ περιττώματός ἐστιν ἔξοδος, κάτω δὲ τὸ ἀπὸ τούτου λοιπόν. Τοῖς μὲν οὖν ἔχουσι πόδας τὸ ὀπίσθιόν ἐστι σκέλος τὸ κάτωθεν μέρος πρὸς τὸ μέγεθος, τοῖς δὲ μὴ ἔχουσιν οὐραὶκαὶ κέρκοι καὶ τὰ τοιαῦτα.
 10 Τελειούμενα μὲν οὖν τοιαῦτ´ ἐστίν, ἐν δὲ τῇ αὐξήσει διαφέρει· ὁ μὲν γὰρ ἄνθρωπος μείζω τὰἄνω ἔχει νέος ὢν ἢ τὰ κάτω, αὐξανόμενος δὲ μεταβάλλει [501b] τοὐναντίον (διὸ καὶ μόνον οὐ τὴν αὐτὴν κίνησιν ποιεῖται τῆς πορείας νέος ὢν καὶ τελειωθείς, ἀλλὰ τὸ πρῶτον παιδίον ὂν ἕρπει τετραποδίζον), τὰ δ´ ἀνὰ λόγον ἀποδίδωσι τὴναὔξησιν, οἷον κύων.

11 Ἔνια δὲ τὸ πρῶτον ἐλάττω τὰ ἄνω, τὰ δὲκάτω μείζω ἔχει, αὐξανόμενα δὲ τὰ ἄνω γίνεται μείζω,ὥσπερ τὰ λοφοῦρα· τούτων γὰρ οὐδὲν γίνεται μεῖζον ὕστεροντὸ ἀπὸ τῆς ὁπλῆς μέχρι τοῦ ἰσχίου.

12 Ἔστι δὲ καὶ περὶ τοὺς ὀδόντας πολλὴ διαφορὰ τοῖςἄλλοις ζῴοις καὶ πρὸς αὑτὰ καὶ πρὸς ἄνθρωπον. Ἔχειμὲν γὰρ πάντα ὀδόντας ὅσα τετράποδα καὶ ἔναιμα καὶζῳοτόκα, ἀλλὰ πρῶτον τὰ μέν ἐστιν ἀμφώδοντα, τὰ δ´ οὐκ ἀμφώδοντα. Ὅσα μὲν γάρ ἐστι κερατοφόρα, οὐκ ἀμφώδοντα·οὐ γὰρ ἔχει τοὺς προσθίους ὀδόντας ἐπὶ τῆς ἄνω σιαγόνος. Ἔστι δ´ ἔνια οὐκ ἀμφώδοντα καὶ ἀκέρατα, οἷον κάμηλος. Καὶτὰ μὲν χαυλιόδοντας ἔχει, ὥσπερ οἱ ἄρρενες ὕες, τὰ δ´ οὐκ ἔχει.  13 Ἔτι δὲ τὰ μέν ἐστι καρχαρόδοντα αὐτῶν, οἷον λέων καὶ πάρδαλις καὶ κύων, τὰ δ´ ἀνεπάλλακτα, οἷον ἵππος καὶ βοῦς· καρχαρόδοντα γάρ ἐστιν ὅσα ἐπαλλάττει τοὺς ὀδόντας τοὺς ὀξεῖς. Ἅμα δὲ χαυλιόδοντα καὶ κέρας οὐδὲν ἔχει ζῷον, οὐδὲ καρχαρόδουν καὶ τούτων θάτερον. Τὰ δὲ πλεῖστα τοὺς προσθίους ἔχει ὀξεῖς, τοὺς δ´ ἐντὸς πλατεῖς. Ἡδὲ φώκη καρχαρόδουν ἐστὶ πᾶσι τοῖς ὀδοῦσιν, ὡς ἐπαλλάττουσα τῷ γένει τῶν ἰχθύων· οἱ γὰρ ἰχθύες πάντες σχεδὸν καρχαρόδοντές εἰσιν.

15 Διστοίχους δ´ ὀδόντας οὐδὲν ἔχει τούτων τῶνγενῶν. Ἔστι δέ τι, εἰ δεῖ πιστεῦσαι Κτησίᾳ· ἐκεῖνος γὰρ τὸ ἐν Ἰνδοῖς θηρίον, ᾧ ὄνομα εἶναι μαρτιχόραν, τοῦτ´ ἔχειν ἐπ´ἀμφότερά φησι τριστοίχους τοὺς ὀδόντας· εἶναι δὲ μέγεθος μὲν ἡλίκον λέοντα καὶ δασὺ ὁμοίως, καὶ πόδας ἔχειν ὁμοίους, πρόσωπον δὲ καὶ ὦτα ἀνθρωποειδές, τὸ δ´ ὄμμαγλαυκόν, τὸ δὲ χρῶμα κινναβάρινον, τὴν δὲ κέρκον ὁμοίαντῇ τοῦ σκορπίου τοῦ χερσαίου, ἐν ᾗ κέντρον ἔχειν καὶ τὰς ἀποφυάδας ἀπακοντίζειν, φθέγγεσθαι δ´ ὅμοιον φωνῇ ἅμασύριγγος καὶ σάλπιγγος, ταχὺ δὲ θεῖν οὐχ ἧττον τῶν ἐλάφων, καὶ εἶναι ἄγριον καὶ ἀνθρωποφάγον.

16  [502a] Ἄνθρωπος μὲν οὖν βάλλει τοὺς ὀδόντας, βάλλει δὲ καὶ ἄλλα τῶν ζῴων, οἷον ἵππος καὶ ὀρεὺς καὶ ὄνος. Βάλλει δ´ ἄνθρωπος τοὺς προσθίους, τοὺς δὲ γομφίους οὐδὲν βάλλει τῶν ζῴων. Ὗς δ´ ὅλως οὐδένα βάλλει τῶν ὀδόντων.
Περὶ δὲ τῶν κυνῶν ἀμφισβητεῖται,καὶ οἱ μὲν ὅλως οὐκ οἴονται βάλλειν οὐδένα αὐτούς, οἱ δὲ τοὺς κυνόδοντας μόνον· ὦπται δ´ ὅτι βάλλει καθάπερ καὶ ἄνθρωπος, ἀλλὰ λανθάνει διὰ τὸ μὴ βάλλειν πρότερον πρὶν ὑποφυῶσιν ἐντὸς ἴσοι. 17 Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων τῶν ἀγρίων εἰκὸς συμβαίνειν, ἐπεὶ λέγονταί γε τοὺς κυνόδοντας μόνον βάλλειν. Τοὺς δὲ κύνας διαγινώσκουσι τοὺς νεωτέρους καὶ πρεσβυτέρους ἐκ τῶν ὀδόντων· οἱ μὲν γὰρ νέοι λευκοὺς ἔχουσι καὶ ὀξεῖς τοὺς ὀδόντας, οἱ δὲ πρεσβύτεροι μέλανας καὶ ἀμβλεῖς. Ἐναντίως δὲ πρὸς τἆλλα ζῷα καὶ ἐπὶ τῶν ἵππων συμβαίνει· τὰ μὲν γὰρ ἄλλα ζῷα πρεσβύτερα γινόμενα μελαντέρους ἔχει τοὺς ὀδόντας, ὁ δ´ ἵππος λευκοτέρους. 18 Ὁρίζουσιδὲ τούς τε ὀξεῖς καὶ τοὺς πλατεῖς οἱ καλούμενοι κυνόδοντες, ἀμφοτέρων μετέχοντες τῆς μορφῆς· κάτωθεν μὲν γὰρπλατεῖς, ἄνωθεν δ´ εἰσὶν ὀξεῖς.

19 Ἔχουσι δὲ πλείους οἱ ἄρρενες τῶν θηλειῶν ὀδόντας καὶ ἐν ἀνθρώποις καὶ ἐπὶ προβάτωνκαὶ αἰγῶν καὶ ὑῶν· ἐπὶ δὲ τῶν ἄλλων οὐ τεθεώρηταί πω. Ὅσοι δὲ πλείους ἔχουσι, μακροβιώτεροι ὡς ἐπὶ τὸ πολύ εἰσιν, οἱ δ´ ἐλάττους καὶ ἀραιόδοντες ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ βραχυβιώτεροι.

20 Φύονται δ´ οἱ τελευταῖοι τοῖς ἀνθρώποις γόμφιοι, οὓς καλοῦσι κραντῆρας, περὶ τὰ εἴκοσιν ἔτη καὶ ἀνδράσι καὶ γυναιξίν. Ἤδη δέ τισι γυναιξὶ καὶ ὀγδοήκοντα ἐτῶν οὔσαις ἔφυσαν γόμφιοι ἐν τοῖς ἐσχάτοις, πόνον παρασχόντες ἐντῇ ἀνατολῇ, καὶ ἀνδράσιν ὡσαύτως· τοῦτο δὲ συμβαίνει ὅσοις ἂν μὴ ἐν τῇ ἡλικίᾳ ἀνατείλωσιν οἱ κραντῆρες.

21 Ὁ δ´ἐλέφας ὀδόντας μὲν ἔχει τέτταρας ἐφ´ ἑκάτερα, οἷς κατεργάζεται τὴν τροφήν (λεαίνει δ´ ὥσπερ κρίμνα), χωρὶς δὲ τούτων ἄλλους δύο τοὺς μεγάλους. Ὁ μὲν οὖν ἄρρην τούτους ἔχει μεγάλους τε καὶ ἀνασίμους, ἡ δὲ θήλεια μικροὺς καὶ ἐξ ἐναντίας [502b] τοῖς ἄρρεσιν· κάτω γὰρ οἱ ὀδόντες βλέπουσιν. Ἔχει δ´ ὁ ἐλέφας εὐθὺς γενόμενος ὀδόντας, τοὺς μέντοι μεγάλους ἀδήλους τὸ πρῶτον. Γλῶτταν δ´ ἔχει μικράν τε σφόδρακαὶ ἐντός, ὥστε ἔργον ἐστὶν ἰδεῖν.


 

 

 

1 II y a encore bien des différences qui séparent le reste des animaux, soit entre eux, soit de l'homme, en ce qui touche les mamelles et les organes destinés à la fonction de l'accouplement. Certains animaux ont des mamelles posées en avant sur la poitrine, ou près de la poitrine. Ils ont alors deux mamelles et deux mamelons, comme on le voit dans l'homme et dans l'éléphant, ainsi qu'on l'a dit plus haut. 2 Ce dernier animal a les deux mamelles presque sous les aisselles; la femelle les a extrêmement petites; et l'exiguïté de ces mamelles, très-peu proportionnées au volume de son corps, fait qu'on ne les voit pas du tout quand c'est de côté qu'on les regarde. Les mâles ont des mamelles, comme les femelles en ont; et chez eux, elles ne sont pas moins petites. L'ours en a quatre. 3 II y a des animaux qui, ayant deux mamelles, les ont entre les cuisses, et qui ont deux mamelons ou tétins, comme la brebis. D'autres animaux ont quatre tétins, comme la vache. D'autres encore n'ont les mamelles, ni sur la poitrine, ni sur les cuisses, mais
sur le ventre, comme la chienne et la truie, qui ont un grand nombre de mamelles, lesquelles ne sont pas toutes égales.4 Bien des animaux ont plus de quatre mamelles; mais la panthère n'en a que quatre, qui sont placées sur le ventre. La lionne n'en a que deux, posées sur le ventre aussi. La chamelle a deux mamelles et quatre mamelons, ainsi que les a la vache. Dans les solipèdes, les mâles n'ont pas de mamelles, si ce n'est quelques individus qui ressemblent à leur mère. C'est ce qui arrive quelquefois chez les chevaux.

5 Les organes honteux sont, chez les mâles, tantôt extérieurs, comme dans l'homme, le cheval, et une foule d'autres; tantôt intérieurs, comme dans [501a] le dauphin. Ceux qui ont ces organes au dehors, tantôt les ont dirigés en avant, comme les animaux qu'on vient de nommer; et parmi eux, les uns ont ces organes, le membre et les testicules, dégagés ainsi qu'ils le sont chez l'homme; les autres ont les testicules et la verge attachés au ventre. Tantôt ces organes sont plus détachés, tantôt ils le sont moins ; car ils ne sont pas également détachés dans le sanglier et dans le cheval. 6 La verge de l'éléphant ressemble à celle du cheval; mais elle est petite, et n'est pas en proportion avec le volume de son corps. Ses testicules ne sont pas apparents extérieurement; mais ils sont à l'intérieur près des reins ; et c'est là ce qui fait que son accouplement est si rapide. La femelle de l'éléphant a le vagin placé comme le sont les mamelles dans la brebis ; quand elle désire l'accou-plement, elle relève son vagin en haut et le tourne vers le dehors, afin que l'accouplement soit plus facile pour le mâle. Dans l'état ordinaire, ce vagin ne s'ouvre qu'assez peu.

7 Telle est donc la disposition des organes de la génération chez la plupart des animaux. Il y a des animaux qui urinent par derrière, comme le lynx, le lion, le chameau et le lièvre, les mâles offrant d'ailleurs pas mal de variétés entre eux, ainsi qu'on l'a dit. Mais toutes les femelles urinent en arrière ; et la femelle de l'éléphant, tout en ayant l'organe sous les cuisses, urine absolument comme les autres. 8 Les organes de la génération présentent de nombreuses variétés. Tantôt la verge esl cartilagineuse et charnue, comme chez l'homme. La partie charnue ne se gonfle pas; mais le cartilage se développe. Parfois l'organe est nerveux comme dans le chameau et le cerf; parfois il est osseux, comme dans le renard, le loup, le putois et la belette, qui a aussi un os dans la verge.

9 Outre ces observations, il faut ajouter que l'homme parvenu à tout son développement a les parties supérieures du corps plus petites que celles du bas. Nous entendons par le Haut tout ce qui, à partir de la tête, s'étend jusqu'à cette partie où a lieu la sortie des excrétions ; par le Bas, nous en-tendons le reste du corps, à partir de là. Dans les animaux pourvus de pieds, les membres postérieurs sont le bas relativement à la dimension générale du corps; dans ceux qui n'ont pas de pieds, le bas c'est la queue et ce qui y correspond. 10 C'est là du reste la conformation des animaux arrivés à toute leur croissance ; mais pendant qu'ils grandissent, [501b] c'est tout différent. Ainsi, l'homme a, dans son enfance, le haut du corps plus grand que le bas; mais c'est le contraire quand il a atteint toute sa taille. Voilà comment il est le seul animal qui n'ait pas la même manière de marcher dans son premier âge et à sa maturité. Dans son enfance, il rampe d'a-bord en se traînant à quatre pattes.

11 Dans d'autres animaux, le développement se fait proportionnellement, comme dans le chien. D'autres, au contraire, ont d'abord les parties su-périeures plus petites, et celles d'en bas plus fortes. Avec la croissance, ce sont parfois les parties d'en haut qui deviennent plus grandes, comme chez les animaux qui ont une queue en panache ; mais ensuite aucun ne grandit dans la partie comprise depuis le sabot jusqu'à la hanche.

12 Les dents n'offrent pas moins de différences dans les animaux, soit par rapport les uns aux autres, soit avec l'homme. Tous les quadrupèdes, qui ont du sang et qui sont vivipares, ont des dents. Mais une première différence, e'est que, si les uns ont le même nombre de dents aux deux mâchoires, les autres n'en ont pas le même nombre. Ainsi, tous les animaux à cornes n'ont pas aux deux mâchoires un nombre égal de dents ; car ils n'ont pas de dents de devant à la mâchoire supérieure. Il y a aussi des animaux sans cornes qui n'ont pas les mâchoires pareilles ; tel est le chameau. Il y en a qui ont les dents saillantes, comme le sanglier; d'autres ne les ont pas en saillie. 13 Certains animaux ont des dents carnassières, comme le lion, la panthère, le chien; d'autres ont des dents qui n'alternent pas, comme le cheval et le bœuf. Les animaux à dents carnassières sont ceux dont les dents aiguës sont alternées.14 Il n'est pas d'animal qui ait tout à la fois des dents saillantes et des cornes ; et aucun de ceux qui ont des dents carnassières n'a aucun de ces deux organes, ni cornes, ni dents en saillie. Dans la plupart des animaux, ce sont les dents de devant qui sont aiguës ; celles du dedans sont larges. Le phoque a toutes ses dents carnassières, sans doute à cause de sa ressemblance avec les poissons, qui presque tous ont les dents en scie et carnassières.

15 Aucune de ces deux espèces n'a une double rangée de dents. Cependant, à en croire Ctésias, il y en aurait une; car il prétend que, dans les Indes, il y a un animal sauvage, nommé Marti-chore, pourvu de trois rangées de dents aux deux mâchoires. IL est à peu près de la grosseur du lion ; il est aussi velu, et ses pieds sont semblables. Il a un visage et des oreilles dans le genre de l'homme; ses yeux sont bleus, et sa couleur est d'un rouge de cinabre ; sa queue est comme celle du scorpion de terre; elle a un aiguillon, et il lance, assure-t-on, des pointes comme des flèches. Il a une sorte de voix qui tient de la flûte et de la trompette. Sa course est rapide au moins autant que celle des cerfs ; il est féroce, et il dévore les hommes.

16 [502a] L'homme perd ses dents comme les perdent aussi d'autres animaux, par exemple, le cheval, le mulet, l'âne. L'homme perd ses dents de devant; mais il n'y a pas un seul animal qui perde ses molaires. Le porc ne perd jamais aucune de ses dents. Pour les chiens, la question fait doute. Les uns croient que le chien ne perd jamais une seule de ses premières dents ; d'autres assurent qu'il ne perd que les canines. Nous avons observé qu'il les perd absolument comme nous ; seulement, on ne s'en aperçoit pas, parce qu'il ne les perd point avant que d'autres toutes pareilles ne soient poussées à leur place. 17 II est bien probable que c'est ce qui se passe aussi dans les bêtes sauvages ; et l'on dit d'elles également qu'elles ne perdent que leurs canines. C'est aux dents qu'on peut reconnaître si les chiens sont jeunes ou âgés. Chez les jeunes, les dents sont blanches et pointues; chez les vieux chiens, elles sont noires et émoussées. Dans le cheval, c'est tout le contraire de ce qu'on voit dans le reste des animaux ; en vieillissant tous les animaux ont les dents plus noires ; le cheval seul les a plus blanches. 18 Les dents qu'on appelle canines séparent les incisives des molaires, et elles ont une forme qui tient des unes et des autres ; elles sont larges par le bas, et elles sont pointues par le haut.

19 Les mâles ont plus de dents que les femelles, aussi bien chez l'homme que dans les moutons, les chèvres et les porcs. On n'a pas pu encore faire de ces observations sur les autres animaux. Ceux qui ont un plus grand nombre de dents sont en général aussi d'une existence plus longue, de même que ceux qui ont moins de dents et des dents plus écartées vivent moins longtemps.

20 Les molaires qu'on appelle Crantères ne poussent dans l'homme que les dernières, d'ordinaire vers vingt ans, pour les hommes et pour les femmes également. On a déjà vu quelques femmes à qui des molaires ont poussé à l'âge de quatre-vingts ans; mais cette pousse était très-douloureuse. On l'a vue aussi chez des hommes ; mais ce phénomène ne se produit que quand, dans sa jeunesse, on n'a point eu de Crantères.

21 L'éléphant a quatre dents de chaque côté ; elles lui servent à broyer sa nourriture, qu'il réduit en une sorte de farine. Outre ces quatre dents, il a encore les deux grandes qu'on connaît. Le mâle a ces deux dents fortes et relevées ; dans la femelle, elles sont petites, et tournées [502b] en sens contraire de celles du mâle, puisqu'elles regardent en bas. C'est dès le moment même de la naissance que l'éléphant a des dents ; mais tout d'abord, les grandes ne sont pas apparentes. Sa langue est très petite, et renfoncée de telle sorte qu'on a quelque peine à la voir.

§ 1. Les marnelies. Lescaractères tirés des mamelles sont peut-être aussi importants que ceux qu'on peut tirer des organes de la génération.

Ainsi qu'on l'a dit plus haut, ch. i, § 5, de ce livre.

§ 2. Presque sous les aisselles. Cuvier remarque aussi que les mamelles des éléphants, au nombre de deux seulement, sont placées sous la poitrine ; Règne animal, tome I, p. 238.

L'exiguïté de ces mamelles. Observation très-exacte,

L'ours en a quatre. C'est une erreur, comme le remarquent MM. Aubert et Wimmer ; l'ours a six mamelles, dont quatre sont placées sur la poitrine, et les deux autres sont dans les aines. Aristote n'aura teuu compte que des quatre premières ; il est peu probable qu'il eût vu personnellement des ours; car alors il ne se serait pas trompé.

§ 3. Mamelons ou tétins. J'ai ajouté ce second mot ; il n'y en a qu'un seul dans le texte.

Mais sur le ventre. On pourrait dire tout aussi bien : «  Sous le ventre », à cause de la position habituelle de l'animal.

Ne sont pas toutes égales. L'observation est tres-vraie.

§ 4. Qui sont placées sur le ventre. Même remarque qu'au § précédent.

Dans les solipèdes. Particulièrement les chevaux.

Si ce nest quelques individus. Ces exceptions doivent être bien rares ; et il ne parait pas que les zoologistes modernes en aient observé. Il est probable qu Aristote en avait vu quelques cas, chez les chevaux. L'importance qu*Aristote attache aux mamelles n'a rien d'exagéré ; et à cet égard, son génie a vu si juste que ce sont les mamelles qui ont donné le nom à la classe la plus élevée des Vertébrés, celle des Mammifères. Comme le dit Cuvier, les mamelles sont des organes exclusivement propres à cette classe, et ils la distinguent mieux qu'aucun autre caractère extérieur. Voir Règne animal, tome I, p. 65 ; voir aussi l'anatomie comparée de M. C. Gegenbaur, trad. de M. C. Vogt, pp. 553 et suiv.

§ 5. Les organes honteux. J'ai pris ces mots pour me rapprocher le plus possible de l'expression grecque.

Le dauphin. Le dauphin des Anciens est, à ce que croit Cuvier, le Delphinus delphis des Modernes. Cest le plus carnassier des cétacés, et le plus cruel de cet ordre ; Règne animal, tome I, p. 287. Cuvier pense cependant , d'après l'organisation du cerveau, que cet animal peut n'être pas dépourvu de la docilité que les Anciens lui attribuaient. Il est répandu par grandes troupes dans toutes les mers. Quant à la position des organes génitaux dans le dauphin, Cuvier n'en parle pas.

Et parmi eux. J'ai gardé ici le texte qu'ont suivi MM. Aubert et Wimmer, qui n'ont pas admis la transposition proposée par M. Bussmaker, d'après l'édition Aldine.

Dégagés... détachés. On pourrait traduire aussi : « Libres ».

§ 6. Ressemble à celle du cheval. C'est ce que répète aussi Buffon, avec tous les naturalistes et les voyageurs ; Mammifères, tome III, p. 332, éd. de 1830.

En proportion avec le volume de son corps. Buffon consigne également cette observation.

Son accouplement est si rapide. Les naturalistes modernes n'ont pas signalé cette rapidité de l'accouplement chez les éléphants.

Le vagin placé... Les détails que donne ici Aristote, sans être aussi complets qu'on pourrait le désirer, attestent cependant que les Anciens en savaient plus long à cet égard que les naturalistes n'en peuvent savoir dans nos climats, où les éléphants qu'on y amène ne s'accouplent pour ainsi dire jamais.

Elle le relève en haut. Voir les détails donnés par Buffon, loc. cit. Ils sont tout à fait pareils à ceux-ci. Buffon ne les tire pas d'Aristote, qu'il ne semble pas avoir étudié sur ce point; mais il les induit de la conformation même de la femelle, dont la vulve est placée au milieu du ventre, à trois pieds environ de l'anus. Quant aux sentiments de pudeur et aux délicatesses d'amour que notre grand naturaliste prête aux éléphants, on peut croire qu'il y a mis plus d'enthousiasme que de vérité. D'ailleurs, Buffon connaît tout ce qu'Aristote a dit de l'éléphant, et notamment du bruit qu'il peut faire avec sa seule trompe, p. 333. Afin que l'accouplement soit plus facile. Buffon dit à peu près la même chose, p. 332 ; mais plus loin, p. 360, il rectifie ses premières assertions, et il établit que les éléphants s'accouplent par derrière comme tous les autres quadrupèdes.

§ 7. Ainsi qu'on l'a dit. Plus haut, § 5. Les variétés consistent pour les maies dans la position des organes génitaux, plus ou moins libres, ou rattachés de plus près au ventre, etc.

Sous les cuisses. Ce n'est pas tout à fait exact, puisque la vulve de l'élé-phant femelle est assez avancée dans le trajet du ventre pour être loin des cuisses.

§ 8. Cartilagineuse et charnue, comme chez l'homme. L'anatomie a poussé aujourd'hui l'analyse plus loin ; et l'on sait que la verge dans l'homme se compose de plus d'éléments que n'en énumère ici Aristote; elle est constituée par les corps caverneux, le canal de l'urèthre, des vaisseaux, des nerfs, des muscles propres, toutes ces parties étant en outre entourées par des enveloppes spéciales. Voir l'Anatomie descriptive de M. A. Jamain, 1867, p. 646.

Nerveux. L'expression grecque a un sens très-vague, et peut signifier tout à la fois Nerveux, Musculeux, Tendineux. On ne peut pas demander à l'anatomie des Anciens une précision que les Modernes même n'atteignent pas toujours.

Le putois. Ou la Martre, ou la Fouine. On pourrait ajouter, le Chien. Ces identifications sont difficiles. Les animaux que nomme ici Aristote sont tous des digitigrades, de l'ordre des mammifères carnassiers ; voir Cuvier, Règne animal, tome I, pp. 142 et suiv.

§ 9. Les parties supérieures. Aristote explique lui-même un peu plus bas ce qu'il faut entendre par là.

Plus petites. Il faut comprendre qu'il s'agit de la longueur et non de la masse ; car l'observation ne serait pas exacte autrement.

A partir de la tête. Ceci veut dire sans doute que la tête n'est pas comprise dans cette mesure ; et alors, l'observation est beaucoup plus vraie. D'ailleurs, elle ne peut être que très-générale, puisque la proportion varie beaucoup d'un individu à un autre.

Générale. J'ai ajouté ce mot.

C'est la queue. Le texte grec a deux mots qui signifient également Queues ; mais il doit cependant y avoir quelque différence entre ces deux mots; et l'un peut-être désigne une queue à poils, et l'autre une queue sans poils. Voir plus bas, § 11.

§ 10. Le haut du corps... le bas. On vient de voir dans le § précédent ce qu'il faut entendre par là.

Voilà comment... L'explication est ingénieuse; et la vue seule d'un très-jeune enfant suffit pour la suggérer.

Le seul animal. Il est bon de recueillir et de noter cette différence, jointe à tant d'autres, entre l'homme et l'animal.

§ 11. Proportionnellement. J'ai rendu littéralement le mot grec ; mais on doit comprendre que l'idée de proportion s'applique également aux deux parties du corps, le haut et le bas. C'est ce que MM. Aubert et Wimmer ont précisé dans leur traduction allemande.

Une queue en panache. Voir la note sur le § précédent.

Jusqu'à la hanche. Ou « Au siège ». Toutes ces observations sont fort curieuses; et l'on ne voit pas que la zoologie moderne ait essayé de les pousser plus loin qu'Aristote.

§ 12. Les dents... On peut voir dans les ouvrages de zoologie moderne, et notamment dans ceux de Cuvier, quelle importance il faut attacher aux dents; elles fournissent les caractères les plus marqués et les plus sûrs, pour toutes les espèces d'animaux.

Le même nombre de dents aux deux mâchoires. Le texte grec n'a qu'un seul mot; mais comme notre langue n'offre pas le même avantage, j'ai du prendre une périphrase. Les ani-maux dont il est ici question comprennent peut-être ceux qui forment l'ordre des Édentés, dans la nomenclature de la zoologie moderne. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 223. Les Edentés sont des quadrupèdes sans dents sur le devant des mâchoires. Mais il est plus probable qu'il s'agit ici des Ruminants, qui n'ont d'incisives qu'à la mâchoire inférieure, lesquelles, à la mâchoire supérieure, sont rempla-cées par un bourrelet calleux; Cuvier, id., ibid., p. 254.

De dents de devant à la mâchoire supérieure. Tels sont les ruminants à cornes, les antilopes, les cerfs, les chèvres, les moutons, les bœufs, etc.

Tel est le chameau. Voir Cuvier, id., ibid., p. 256.

Les dents saillantes, comme le sanglier. Il paraît bien que le sanglier est la souche des cochons domestiques; il a des défenses prismatiques, recourbées en dehors et un peu vers le haut. Dans le genre des Cochons, les incisives inférieures sont toujours couchées en avant; les canines sortent de la bouche et se recourbent vers le haut. Il y a six incisives à chaque mâchoire; Cuvier, Règne animal, tome I, p. 243.

§ 13. Le lion, la panthère. Tous animaux du genre Felis, les plus redoutables de tous les carnassiers. J'ai appelé leurs dents Carnassières, et il me semble que c'est encore le mot qui répond le mieux au grec. Dans la zoologie actuelle, on entend surtout par Carnassières la grosse molaire d'en haut et celle d'en bas, vers le fond de la bouche; voir Cuvier, Règne animal, tome I, pp. 133 et 134. J'ai d'ailleurs adopté la correction de MM. Aubert et Wimmer.

Qui n'alternent pas. C'est-à-dire, qui n'entrent pas les unes entre les autres, quand les deux mâchoires se ferment.

Sont alternées. Même remarque. Du reste, la distinction que fait ici Aristote n'a pas été recueillie dans la zoologie moderne, bien qu'elle soit cependant très-réelle. Au lieu d'Alternées, on pourrait encore traduire : « Qui se croisent, » ou : Qui entrent « les unes entre les autres. » C'est ce qu'ont fait MM. Aubert et Wimmer dans leur traduction. Chez le cheval et le bœuf, les dents broyent et ne déchirent pas, comme chez les animaux de proie.

§ 14. Des dents saillantes et des cornes. Observation très-exacte.

Ni cornes ni dents en saillie. J'ai ajouté cette explication pour plus de clarté.

Celles du dedans. C'est la traduction littérale du texte. Par le Dedans, il faut entendre que les dents sont plus avancées dans la bouche.

Le phoque. Cette espèce a six incisives en haut, et quelquefois quatre, quatre ou deux incisives en bas, des canines pointues et des mâchelières, au nombre de vingt, vingt-deux ou vingt-quatre, toutes tranchantes ou coniques. On subdivise l'espèce des phoques d'après le nombre des incisives ; voir Cuvier, Règnie animal, tome I, p. 166. C'est le phoque à ventre blanc, Phoca monachus, qui semble avoir été le plus connu des Anciens; Cuvier, id., iàid., p. 169.

 — Les dents en scie et carnassières. Il n'y a qu'un seul mot dans le texte,

§ 15. N'a une double rangée de dents. Observation qui ne parait pas avoir été recueillie par la zoologie moderne. Pour le sys-tème des dents dans la série animale, voir l'Anatomie comparée de M. Gegenbaur, pp. 738 et suiv. de la traduction.

A en croire Ctésias. MM. Aubert et Wimmer pensent que tout ce passage sur Ctésias est une addition faite après coup, par une autre main que celle d'Aristote. Ils excusent aussi Ctésias en disant que c'est sans doute une image de quelque animal fantastique, qu'il aura vue dans les Indes, et qu'il aura prise pour la représentation de quelque animal réel. Cependant les détails que donne Ctésias sur le caractère et la férocité du prétendu Martichore, prouvent qu'à la vue de l'image il avait joint sa croyance personnelle, pour les traditions qu'il recevait. Ce n'est pas d'ailleurs la seule fable que Ctésias ait recueillie et racontée. Voir ses Fragments, à la suite d'Hérodote, pp. 91 et suiv., Édit. de Firmin-Didot.Pausanias, Pline et Élien ont répété le récit de Ctésias. Pline appelle cette béte Mantichore, au lieu de Martichore, sans doute par erreur.

A peu près de la grosseur du lion. C'est ce qui a donné à croire que le Martichore pourrait bien être le Tigre; mais les autres détails n'appuient pas cette hypothèse.

Ses yeux sont bleus. Ceci n'a aucun rapport au tigre, non plus que la couleur de cinabre et la queue armée de pointes.

De la flûte et de la trompette. C'est un conte puéril.

Sa course est rapide. Ceci peut se rapporter au tigre, aussi bien que la férocité. Mais il est bien probable que Ctésias, pendant son long séjour en Perse, avait dù voir des tigres ; et il ne pouvait pas les confondre avec le Martichore.

§ 16. L'homme perd ses dents. Il s'agit ici des dents de lait seulement; au lieu de Perdre, on pourrait prendre le mot de Changer.

Ses dents de devant. C'est assez exact, comme chacun de nous a pu le constater par sa propre expérience.

Qui perde ses molaires. Comme il perd ses dents de lait. Ceci n'est pas tout à fait juste. L'homme perd ses incisives, ses canines et les quatre premières mâchelières, en tout seize dents. Voir Buffon, chapitre de l'Homme, article de l'Enfance, p. 344, édit. de 1830.

Pour les chiens, la question fait doute. Buffon la résout affirmativement : « A quatre mois, dit-il, ils perdent quelques-unes de leurs dents, qui, comme dans les autres animaux, sont bientôt remplacées par d'autres, qui ne tombent plus »; chapitre du Chien, pp. 261 et suiv. Aristote revient sur ce sujet spécial et répète à peu près, quoique plus clairement encore, ce qu'il dit ici ; voir plus loin, liv. VI, ch. xx, § 7.

§ 17. Il est bien probable. Encore aujourd'hui, la science ne peut en dire beaucoup plus sur les animaux sauvages, qu'il est toujours fort difficile d'observer.

Le cheval seul les a plus blanches. Il est singulier qu'Aristote, donnant ces détails sur les dents du cheval, ne les ait pas poussés plus loin ; c'est par les dents qu'on peut reconnaître l'âge des chevaux ; voir Buffon, chap. du Cheval, p. 36.

§ 18. Les dents qu'on appelle canines. Cette expression inventée par la science grecque est restée jusqu'à nous, et elle ne changera pas. La position des Canines et leur forme sont bien celles qu'indique Aristote.

§ 19. Aussi bien chez fhomme. Ceci parait être une erreur; et dans notre espèce, les femmes n'ont pas un moindre nombre de dents. Voir Buffon, chapitre de l'Homme, Enfance, p. 345, éd. de 1830. Il n'est pas sûr que cette différence existe dans les autres espèces qu'Aristote nomme ici, à la suite de l'homme.

Ceux qui ont un plus grand nombre de dents. Ceci est tout au plus vrai avec la restriction que fait l'au-teur: « En général ». Le chien et le cheval ont plus de dents que l'homme ; et cependant ils vivent moins longtemps.

Plus écartées. L'expression grecque peut avoir aussi ce sens. Il est certain que quand on a des dents très solides, la mastication des aliments se fait mieux, et que la santé en profite beaucoup.

§ 20. Crantères. J'ai reproduit littéralement le mot grec, plutôt que d'adopter l'expression de « Dents de sagesse », comme l'ont fait plusieurs traducteurs. C'est bien la locution moderne; mais les Grecs n'avaient pas songé à cette métaphore.

Était très-douloureuse. Elle l'est même dans la jeunesse. Aristote aurait pu ajouter que ces dents, venues postérieurement, durent moins que les autres, après avoir eu beaucoup de peine à se faire leur place. Voir Buffon, chapitre de l'Homme, de l'Enfance, p. 344.

§ 21. L'éléphant a quatre dents de chaque côté. C'est fort exact. Seulement, Aristote n'a pas ob-servé un fait très-singulier dans les mâchelières de l'éléphant, c'est qu'elles se succèdent non pas verticalement comme chez les autres animaux, mais d'arrière en avant, de telle manière qu'une dent usée est poussée en avant par celle qui vient après. L'éléphant, par suite de cette organisation, a tantôt une ou deux mâchelières de chaque côté, quatre ou huit en tout, selon les époques ; voir Cuvier, Règne animal, tome I-, p. 239.—Les deux grandes. Les défenses proprement dites.

 

 

CHAPITRE IV

Bouches ou gueules des animaux; différences dans la grandeur; très-fendues, petites ou moyennes ; l'hippopotame d'Egypte ; sa crinière, son pied fendu; son mufle; son osselet; ses dents; sa queue; sa voix; sa grandeur; son cuir; ses organes intérieurs.

1 Ἔχουσι δὲ τὰ ζῷα καὶ τὰ μεγέθη διαφέροντα τοῦστόματος. Τῶν μὲν γάρ ἐστι τὰ στόματα ἀνερρωγότα, ὥσπερ κυνὸς καὶ λέοντος καὶ πάντων τῶν καρχαροδόντων, τὰδὲ μικρόστομα, ὥσπερ ἄνθρωπος, τὰ δὲ μεταξύ, οἷοντὸ τῶν ὑῶν γένος.

2 Ὁ δ´ ἵππος ὁ ποτάμιος ὁ ἐν Αἰγύπτῳ χαίτην μὲν ἔχει ὥσπερ ἵππος, διχαλὸν δ´ ἐστὶν ὥσπερ βοῦς, τὴν δ´ ὄψιν σιμός. Ἔχει δὲ καὶ ἀστράγαλον ὥσπερ τὰ διχαλά, καὶ χαυλιόδοντας ὑποφαινομένους, κέρκονδ´ ὑός, φωνὴν δ´ ἵππου· μέγεθος δ´ ἐστὶν ἡλίκον ὄνος. Τοῦ δὲδέρματος τὸ πάχος ὥστε δόρατα ποιεῖσθαι ἐξ αὐτοῦ. Τὰδ´ ἐντὸς ἔχει ὅμοια ἵππῳ καὶ ὄνῳ.

 

 

1 La bouche des animaux présente aussi bien des différences de grandeur. Chez les uns, elle est très-fendue, comme celle du lion, du chien et de tous les animaux à dents en scie ; d'autres ont la bouche petite, comme l'homme; d'autres enfin ont une bouche moyenne, comme l'espèce porcine.

2 Le cheval de rivière, l'Hippopotame d'Egypte, a une crinière comme le cheval; il a le pied fendu, comme le bœuf ; son mufle est recourbé ; il a aussi un osselet, comme les animaux à pied fendu, et des dents saillantes, qui paraissent à peine. Il a la queue du porc et la voix du cheval. Sa grandeur se rapproche de celle de l'âne, et son cuir est tellement épais qu'on peut en faire des dards. Ses organes intérieurs ressemblent à ceux du cheval et de l'âne.

§ 1. La bouche. J'ai préféré ce mot à celui de Gueule, parce qu'un peu plus bas, il est question de l'homme.

A dents en scie. Voir plus haut, ch. iii, § 13.

§ 2. Le cheval de rivière. J'ai traduit littéralement le mot du texte, en ne faisant que le paraphraser. Il est clair d'ailleurs que tout ce passage sur l'hippopotame d'Egypte n'est qu'une interpolation, qui ne tient ni à ce qui précède, ni à ce qui suit. En outre, ce passage est plein d'erreurs, et Aristote n'avait jamais vu l'animal dont il parle sur des récits inexacts. Voir Buffon, article Hippopotame, p. 319.

A une crinière. L'hippopotame n'a pas de crinière.

Il a le pied fendu comme le bœuf. Les pieds de l'hippopotame sont divisés en quatre ongles, et non pas en deux comme celui du bœuf.

Son mufle est recourbé. C'est inexact, son museau n'est pas relevé; il est comme celui du buffle pour la forme générale, mais beaucoup plus grand.

Des dents saillantes. L'hippopotame n'a pas du tout des défenses, comme l'éléphant.

Qui paraissent à peine. Ceci est plus vrai ; et quoique les dents soient fort grandes, elles sont cachées sous les lèvres quand la bouche est fermée.

La queue du porc. Sa queue ressemble plutôt à celle de la tortue, bien qu'elle soit incomparablement plus grande.

La voix du cheval. Il ne hennît pas comme le cheval ; mais sa voix se rapproche davantage du mugissement du buffle.

Sa grandeur... celle de l'âne. L'hippopotame est non seulement plus gros que l'âne ; mais il est beaucoup plus grand que le plus grand cheval.

En faire des dards. Le cuir de l'hippopotame est très-dur et fort épais; mais il ne l'est pas au point de fournir des dards. Buffon, d'après Zerenghi, a réfuté tout ce passage d'Aristote; article Hippopotame, pp. 321 et 331. Toutes les erreurs accumulées dans ce passage interpolé sont empruntées d'Hérodote, qui sans doute n'avait pas vu non plus d'hippopotame; liv. II, ch. LXXI, p. 95, édit. Firmin-Didot.

CHAPITRE V

Animaux intermédiaires entre l'homme et les quadrupèdes; les singes, de trois espèces ; description du singe ; il est velu en dessus et en dessous ; ses rapports avec la forme humaine ; sa bestialité; organisation particulière de ses pieds, qui sont tout ensemble des pieds et des mains ; il marche beaucoup plus souvent à quatre pattes que tout droit; et pourquoi; organes génitaux.

1 Ἔνια δὲ τῶν ζῴων ἐπαμφοτερίζει τὴν φύσιν τῷ τ´ἀνθρώπῳ καὶ τοῖς τετράποσιν, οἷον πίθηκοι καὶ κῆβοι καὶ κυνοκέφαλοι. Ἔστι δ´ ὁ μὲν κῆβος πίθηκος ἔχων οὐράν. Καὶ οἱ κυνοκέφαλοι δὲ τὴν αὐτὴν ἔχουσι μορφὴν τοῖς πιθήκοις, πλὴν μείζονές τ´ εἰσὶ καὶ ἰσχυρότεροι καὶ τὰ πρόσωπα ἔχοντες κυνοειδέστερα, ἔτι δ´ ἀγριώτερά τε τὰ ἤθη καὶ τοὺς ὀδόντας ἔχουσι κυνοειδεστέρους καὶ ἰσχυροτέρους.  2 Οἱ δὲ πίθηκοι δασεῖς μέν εἰσι τὰ πρανῆ ὡς ὄντες τετράποδες, καὶτὰ ὕπτια δ´ ὡσαύτως ὡς ὄντες ἀνθρωποειδεῖς (τοῦτο γὰρἐπὶ τῶν ἀνθρώπων ἐναντίως ἔχει καὶ ἐπὶ τῶν τετραπόδων, καθάπερ ἐλέχθη πρότερον)· πλὴν ἥ τε θρὶξ παχεῖα, καὶ δασεῖς ἐπ´ ἀμφότερα σφόδρα εἰσὶν οἱ πίθηκοι. 3 Τὸ δὲ πρόσωπον ἔχει πολλὰς ὁμοιότητας τῷ τοῦ ἀνθρώπου· καὶ γὰρ μυκτῆρας καὶ ὦτα παραπλήσια ἔχει, καὶ ὀδόντας ὥσπερ ὁ ἄνθρωπος, καὶ τοὺς προσθίους καὶ τοὺς γομφίους. Ἔτι δὲ βλεφαρίδας τῶν ἄλλων τετραπόδων ἐπὶ θάτερα οὐκ ἐχόντων οὗτος ἔχει μὲν λεπτὰς δὲ σφόδρα, καὶ μᾶλλοντὰς κάτω, καὶ μικρὰς πάμπαν· τὰ γὰρ ἄλλα τετράποδα ταύτας οὐκ ἔχει.

4 Ἔτι δ´ ἐν τῷ στήθει δύο θηλὰς μαστῶνμικρῶν. Ἔχει δὲ καὶ βραχίονας ὥσπερ ἄνθρωπος, πλὴν δασεῖς· [503a] καὶ κάμπτει καὶ τούτους καὶ τὰ σκέλη ὥσπερἄνθρωπος, τὰς περιφερείας πρὸς ἀλλήλας ἀμφοτέρων τῶνκώλων. 5 Πρὸς δὲ τούτοις χεῖρας καὶ δακτύλους καὶ ὄνυχαςὁμοίους ἀνθρώπῳ, πλὴν πάντα ταῦτα ἐπὶ τὸ θηριωδέστερον. 6 Ἰδίους δὲ τοὺς πόδας· εἰσὶ γὰρ οἷον χεῖρες μεγάλαι, καὶ οἱδάκτυλοι ὥσπερ οἱ τῶν χειρῶν, ὁ μέσος μακρότατος, καὶτὸ κάτω τοῦ ποδὸς χειρὶ ὅμοιον, πλὴν ἐπιμηκέστερον τοῦτῆς χειρός, ἐπὶ τὰ ἔσχατα τεῖνον, καθάπερ θέναρ· τοῦτοδ´ ἐπ´ ἄκρου σκληρότερον, κακῶς καὶ ἀμυδρῶς μιμούμενον πτέρνην.  7 Κέχρηται δὲ τοῖς ποσὶν ἐπ´ ἄμφω, καὶ ὡς χερσὶκαὶ ὡς ποσί, καὶ συγκάμπτει ὥσπερ χεῖρας. Ἔχει δὲ τὸν ἀγκῶνα καὶ τὸν μηρὸν βραχεῖς ὡς πρὸς τὸν βραχίονα καὶ τὴν κνήμην. Ὀμφαλὸν δ´ ἐξέχοντα μὲν οὐκ ἔχει, σκληρὸν δέ τι κατὰ τὸν τόπον τοῦ ὀμφαλοῦ. 8 Τὰ δ´ ἄνω τοῦ κάτω πολὺ μείζονα ἔχει, ὥσπερ τὰ τετράποδα· σχεδὸν γὰρ ὡς πέντε πρὸς τρία ἐστίν. Καὶ διά τε ταῦτα καὶ διὰ τὸ τοὺς πόδας ἔχειν ὁμοίους χερσὶ καὶ ὡσπερανεὶ συγκειμένους ἐκ χειρὸς καὶ ποδός (ἐκ μὲν ποδὸς κατὰ τὸ τῆς πτέρνης ἔσχατον, ἐκ δὲ χειρὸς τἆλλα μέρη· καὶ γὰρ οἱ δάκτυλοι ἔχουσι τὸ καλούμενον θέναρ), διατελεῖ δὲ τὸν πλείω χρόνον τετράπουν ὂν μᾶλλον ἢ ὀρθόν· 9 καὶ οὔτ´ ἰσχία ἔχει ὡς τετράπουν ὂν οὔτε κέρκον ὡς δίπουν, πλὴν μικρὰν τὸ ὅλον, ὅσονσημείου χάριν. Ἔχει δὲ καὶ τὸ αἰδοῖον ἡ θήλεια ὅμοιον γυναικί, ὁ δ´ ἄρρην κυνωδέστερον ἢ ὁ ἄνθρωπος. Οἱ δὲ κῆβοι, καθάπερ εἴρηται πρότερον, ἔχουσι κέρκον. Τὰ δ´ ἐντὸς διαιρεθέντα ὅμοια ἔχουσιν ἀνθρώπῳ πάντα τὰ τοιαῦτα.

10 Τὰ μὲν οὖν τῶν εἰς τὸ ἐκτὸς ζῳοτοκούντων μόρια τοῦτονἔχει τὸν τρόπον.

 

 

1 Certains animaux ont une nature qui tient tout à la fois de celle de l'homme et de celle des quadrupèdes; ce sont les singes, les cèbes et les ba-boins, ou cynocéphales. Le cèbe n'est qu'un singe pourvu d'une queue. Les baboins ont la même forme que les singes, si ce n'est qu'ils sont plus grands et plus forts; et que leur face ressemble davantage à celle du chien. Leur caractère est plus sauvage ; et leurs dents, qui sont plus rapprochées des dents de chien, sont aussi plus fortes. 2 Les singes sont velus dans les parties supérieures, parce qu'ils sont des quadrupèdes ; et les parties de dessous le sont également, parce qu'ils ressemblent à l'homme. Ainsi qu'on l'a dit un peu plus haut, les choses sont chez l'homme tout le contraire en ceci de ce qu'elles sont dans les animaux. Seulement, le poil des singes est très-fourni ; et ils sont très-velus des deux côtés, dessus et dessous. 3 Leur face a beaucoup d'analogie avec le Visage humain; leur nez, leurs oreilles, leurs dents, se rapprochent beaucoup de celles de l'homme, tant pour les dents de devant que pour les molaires. Tandis que le reste des quadrupèdes n'ont pas de cils aux deux paupières, le singe en a; mais ces cils sont fort rares, surtout ceux d'en bas, et excessivement courts. Les autres quadrupèdes n'en ont pas du tout.

4 Le singe a comme l'homme deux mamelons pour de petites mamelles. Ainsi que l'homme, il a des bras; seulement, ils sont velus; [503a]  il les fléchit, ainsi que les jambes, tout à fait à la façon de l'homme, c'est-à-dire que les concavités formées par les membres fléchis sont en sens opposé. 5 De plus, il a des mains, des doigts et des ongles pareils à ceux de l'homme, si ce n'est que, dans le singe, toutes les parties ont quelque chose de bien plus bestial. Les pieds du singe sont très particuliers; ce sont comme de larges mains. 6 Les doigts du pied sont comme ceux des mains; mais le moyen doigt est très-long. Le dessous du pied ressemble à celui de la main, si ce n'est que, dans sa largeur, le dessous de leur main vers son extrémité est une plante de pied. A son bout, cette partie est plus dure, et elle imite assez mal et très-imparfaitement un talon. 7  Le singe se sert de ses pieds de deux façons, et comme mains et comme pieds ; et il les fléchit comme des mains. Il a le bras et la cuisse très-courts par rapport à l'avant-bras et à la jambe. Il n'a pas de nombril apparent au dehors; mais la partie qui correspond à l'ombilic a quelque chose de dur. 8  Comme les quadrupèdes, il a les parties supérieures du corps beaucoup plus grandes que les parties d'en bas, dans le rapport à peu près de cinq à trois. A celte première cause, il faut ajouter que ses pieds ressemblent à des mains, et qu'il sont comme un composé de main et de pied : de pied, parce qu'ils ont l'extrémité d'un talon; de main, par toutes les autres parties, parce que les doigts ont ce qu'on peut appeler une pau-me. De tout cela, il résulte que le singe se tient bien plus souvent à quatre pattes que tout droit. 9 En tant que quadrupède, il n'a point de fesses; en tant que bipède, il n'a point de queue, si ce n'est une queue très-petite, qui n'est qu'un semblant de queue. La femelle a le vagin pareil à celui de la femme, et la verge du mâle se rapproche plus de la verge du chien que de celle de l'homme. Les singes appelés Cèbes ont une queue, ainsi qu'on l'a dit plus haut. Quant aux parties intérieures, les singes et tous les animaux du même genre les ont distribuées comme elles le sont chez l'homme.

10 Voilà donc la disposition des organes exté-rieurs chez les vivipares.

§ 1. Une nature qui tient tout à la fois... La description est fort juste, et c'est la première impression que doit faire la vue d'un singe.

Ce sont les singes, les cèbes et les baboins. Les trois classes qu'indique ici Aristote auraient pu être plus précisément déterminées par lui. La zoologie moderne ne paraît pas avoir fait non plus, malgré bien des essais, une nomenclature tout à fait satisfaisante; voir Buffon, qui a consacré au singe presque un volume, chapitre de la Nomenclature des singes, et le Pithèque, pp. 32 et 119, éd. de 1830, où Buffon traduit et explique ce passage d'Aristote. Selon lui, le Pithèque et le Cynocéphale du zoologiste grec sont des singes sans . queue. Le Kèbe ou Cèbe ou Guenon, au contraire, a une queue. Buffon réfute ces divisions, qui ne sont pas conformes à la nature; et il en propose de nouvelles, pages 34 et suiv. Voir aussi Cuvier, Règne animal, t. I, pp. 86 et 99; et Zoologie de M. Claus, pp. 1090 et suiv., de la traduction française.

Cynocéphales. Le Cynocéphale d'Aristote est le Magot,d'après Buffon; il n'a point de queue, et il a le museau d'un dogue; les dents canines, grosses et longues. Voir Buffon, /oc. cit., p. 37.

Le Cèbe ou peut-être, Sapajou. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 99. Mais les Sapajous font partie des singes du nouveau continent, d'après Cuvier, et ils ont une queue prenante. On pourrait adopter ce mot de Sapajou pour rendre celui de Cèbe ou Kèbe en grec, parce que, dans la classe des Sapajous, il y a une espèce que les zoologistes ont nommée Cébua. Voir Buffon, loc. cit., p. 39.

Les baboins. MM. Aubert et Wimmer appellent le Baboin Pavian, en allemand. Baboin, Papion, Pavian, ce sont les mêmes mots. Aux caractères qu'Aristote donne aux Baboins, il veut sans doute désigner les Orangs-outangs ou les Chimpanzés, que les Grecs pouvaient connaître, puisque ces animaux venaient d'Asie. Voir Buffon, Nomenclature des Singes, p. 35, sur le Baboin.

 — Leurs dents. C'est surtout par les dents que Cuvier et les zoologistes modernes ont essayé de classifier les singes, dont les espèces et les variétés sont très-nombreuses.

§ 2. Les singes sont velus. C'est exact; mais tous les singes ne sont pas également couverts de poils; la couleur de leur pelage varie beaucoup aussi, et donne à certaines espèces des apparences étranges et tout à fait grotesques.

Ainsi qu'on l'a dit. Voir plus haut, ch. ii, § 3 et ch. iii, § 9.

Le poil des singes est très-fourni. Ce caractère diffère beaucoup avec les espèces.

Très-velus des deux côtés. Ceci n'est peutêtre pas très-exact pour toutes les espèces sans exception.

§ 3. Avec le visage humain. C'est cette ressemblance même qui fait que cet animal est si curieux, et parfois si repoussant.

Se rapprochent beaucoup de celles de l'homme. Ceci est vrai en général; mais, dans les singes, les canines dépassent beaucoup les autres dents, et fournissent à ces animaux une arme que l'homme n'a pas. Les mâchelières sont en même nombre que chez l'homme.

Aux deux paupières. Voir plus haut, ch. ii, § 4.

§ 4. Deux mamelons. Voir plus haut, ch. i, § 5. Cuvier remarque aussi que les singes ont, comme l'espèce humaine, les mamelles sur la poitrine, de même que leurs intestins sont semblables aux nôtres.

Ainsi que l'homme, il a des bras. Il est étonnant qu'Aristote n'ait pas signalé ici la longueur démesurée des bras du singe.

Tout à fait à la façon de l'homme. Voir plus haut, ch. i, § 6.

§ 5. De bien plus bestial. Cette observation est juste ; mais Aristote aurait dû remarquer que, dans les singes, les pieds sont conformés comme des mains; ce qui constitue entre le singe et l'homme une différence frappante. Cuvier, Règne animal, tome I, p. 85, dit très bien : « La famille des singes diffère de notre espèce par le caractère très-sensible que ses pieds de derrière ont les pouces libres et opposables aux autres doigts, et que les doigts des pieds sont longs et flexibles comme ceux de la main. »

Les pieds du singe sont très-particuliers. C'est vrai ; mais il eût été bon d'indiquer en quoi consistait cette particularité. On ne trouve pas l'explication décisive dans ce qui suit, quoique les détails soient assez développés.

§ 6. Sont comme ceux des mains. C'est vrai ; mais il fallait dire en quoi consistait cette ressemblance des deux membres, qui a fait donner aux singes le nom très-justifié de Quadrumanes.

Le dessous du pied ressemble à celui de la main. C'est ce qui fait que le singe a quatre pieds, ou plutôt quatre mains.

Vers son extrémité. C'est-à-dire, vers le point où la main s'attache au bras, le poignet.

Et très-imparfaitement un talon. De là vient que parfois le singe marche à deux pattes au lieu de quatre, comme il est dit plus bas, § 8.

§ 7. Se sert de ses pieds de deux façons. Pour marcher et pour prendre les choses ; c'est la conformation toute spéciale de cet animal.

 — Le bras et ta cuisse très courts. C'est exact.

De nombril apparent au dehors. On ne voit pas que la zoologie moderne ait conservé cette observation.

§ 8. Comme les quadrupèdes. Argument à joindre à tant d'au-tres, pour distinguer le singe de l'homme.

Dans le rapport à peu près de cinq à trois. C'est peut-être exagéré ; mais ce n'est qu'une mesure approximative.

Bien plus souvent à quatre pattes. Cette position est naturelle au singe ; l'autre lui est toujours assez pénible.

§ 9. Il n'a point de fesses. Peut-être l'expression n'est-elle pas tout à fait juste; le singe a des fesses, mais beaucoup moins charnues que les nôtres ; ce sont en général des callosités.

Il n'a point de queue. D'une manière générale, cette remarque n'est pas juste; mais elle s'applique sans doute à cette espèce particulière de singes qu'Aristote avait sous les yeux, et auxquels nos zoologistes ont conservé le nom générique de Pithèque.

Une queue très-petite. Les singes proprement dits n'ont pas de queue ; les papions ont une queue courte; les guenons ont au contraire une queue longue ; les sapajous l'ont en même temps longue et prenante ; les sagoins l'ont également longue, mais non prenante. Ce sont peut-être les papions, avec les mandrill es, qui ont la queue la plus courte, parmi ceux qui en ont. Quelques singes ont des queues aussi touffues que celle du renard.

Ainsi qu'on l'a dit plus haut, § 1.

Comme elles le sont chez l'homme. Observation exacte, qui prouve qu'Aristote avait disséqué des singes ; seulement, il est probable qu'il ne connaissait qu'un très-petit nombre d'espèces. Mais la longue description qu'il donne du singe montre assez combien cette singulière organisation avait attiré son attention. Voir surtout Buffon, Nomenclature des singes, p. 35. Buffon reconnaît dix-sept espèces de singes dans l'ancien Continent, et treize dans le nouveau.

§ 10. Chez les vivipares. C'est le résumé de l'étude annoncée dès le premier chapitre de ce livre. Il serait peut-être plus correct de traduire : « Voilà donc la disposition des organes chez les vivipares qui produisent leurs petits au dehors. »

CHAPITRE VI

Des quadrupèdes ovipares ; leur organisation générale ; ils ont une queue plus ou moins longue, plusieurs doigts, et le pied fendu; particularité du crocodile d'Egypte, qui n'a pas de langue ; les quadrupèdes ovipares n'ont pas d'oreilles ; le crocodile de rivière ; son organisation ; sa vie sur terre et dans l'eau.

1. Τὰ δὲ τετράποδα μὲν ᾠοτόκα δὲ καὶ ἔναιμα (οὐδὲν δὲ ᾠοτοκεῖ χερσαῖον καὶ ἔναιμον μὴ τετράπουν ὂνἢ ἄπουν) κεφαλὴν μὲν ἔχει καὶ αὐχένα καὶ νῶτον καὶ τὰπρανῆ καὶ τὰ ὕπτια τοῦ σώματος, ἔτι δὲ σκέλη πρόσθιακαὶ ὀπίσθια καὶ τὸ ἀνάλογον τῷ στήθει, ὥσπερ τὰ ζῳοτόκατῶν τετραπόδων, καὶ κέρκον τὰ μὲν πλεῖστα μείζω, ὀλίγαδ´ ἐλάττω. Πάντα δὲ πολυδάκτυλα καὶ πολυσχιδῆ ἐστι τὰτοιαῦτα. 2 Πρὸς δὲ τούτοις τὰ αἰσθητήρια καὶ γλῶτταν πάντα, [503b] πλὴν ὁ ἐν Αἰγύπτῳ κροκόδειλος. Οὗτος δὲ παραπλησίως τῶν ἰχθύων τισίν· ὅλως μὲν γὰρ οἱ ἰχθύες ἀκανθώδη καὶ οὐκ ἀπολελυμένην ἔχουσι τὴν γλῶτταν, ἔνιοι δὲ πάμπανλεῖον καὶ ἀδιάρθρωτον τὸν τόπον μὴ ἐγκλίναντι σφόδρα τὸχεῖλος.

3 Ὦτα δ´ οὐκ ἔχουσιν ἀλλὰ τὸν πόρον τῆς ἀκοῆς μόνονπάντα τὰ τοιαῦτα· οὐδὲ μαστούς, οὐδ´ αἰδοῖον, οὐδ´ ὄρχεις ἔξωφανεροὺς ἀλλ´ ἐντός, οὐδὲ τρίχας, ἀλλὰ πάντ´ ἐστὶ φολιδωτά. Ἔτι δὲ καρχαρόδοντα πάντα. 4 Οἱ δὲ κροκόδειλοι οἱ ποτάμιοι ἔχουσιν ὀφθαλμοὺς μὲν ὑός, ὀδόντας δὲ μεγάλους καὶχαυλιόδοντας καὶ ὄνυχας ἰσχυροὺς καὶ δέρμα ἄρρηκτον φολιδωτόν· βλέπουσι δ´ ἐν μὲν τῷ ὕδατι φαύλως, ἔξω δ´ὀξύτατον. Τὴν μὲν οὖν ἡμέραν ἐν τῇ γῇ τὸ πλεῖστον διατρίβει, τὴν δὲ νύκτα ἐν τῷ ὕδατι· ἀλεεινότερον γάρ ἐστι τῆςαἰθρίας.


 

 

 

1 Les quadrupèdes qui sont ovipares et qui ont du sang, et l'on sait qu'il n'y a pas d'animal de terre ovipare et ayant du sang, qui ne soit ou qua-drupède ou privé de pieds, les quadrupèdes ovi-pares, dis-je, ont une tête, un cou, un dos, le dessus du corps et le dessous, enfin des membres de devant et de derrière, et une partie répondant à la poitrine, absolument comme les quadrupèdes vivipares. En général, ils ont une queue plus grande; d'autres l'ont plus petite. Tous les animaux de cet ordre ont plusieurs doigts, et le pied fendu. 2 Tous aussi ont les organes des sens et une langue, [503b] à l'exception du crocodile d'Egypte. Le crocodile est organisé comme certains poissons; car en général les poissons ont une langue qui ressemble à une arête, et qui n'est pas détachée. Quelques-uns ont cette place tout à fait lisse et sans aucune articulation apparente, à moins qu'on n'ouvre fortement la bouche de la bête.

3 Aucun animal de ce genre n'a d'oreilles; ils n'ont tous que le conduit auditif. Ils n'ont ni mamelles, ni organe génital, ni testicules extérieurs ei visibles : ils les ont intérieurement. De plus, ils ont tous des dents carnassières et des écailles, sans avoir jamais de poils. 4 Les crocodiles de rivière ont des yeux de cochon, des dents très-grosses, des défenses, des ongles très-forts, et la peau impénétrable et écaille use. Ils voient mal dans l'eau : mais hors de l'eau, ils ont une vue des plus perçantes. Aussi. les crocodiles vivent-ils le plus souvent sur terre pendant le jour; mais la nuit, ils séjournent dans l'eau, qui est alors plus chaude que le plein air.

§ 1. Ou quadrupède ou privé de pieds. Ceci n'est peut-être pas tout à fait exact; et Ton sait qu'il y a des sauriens qui n'ont que deux pieds; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 17; mais peut-être ces derniers vivent-ils presque exclusivement dans l'eau.

Dis-je. J'ai été obligé de prendre cette forme, parce que la phrase grecque est trop longue.

Absolument comme les quadrupèdes vivipares. Peut-être est-ce dire trop.

Une queue plus grande. MM. Aubert et Wimmer remarquent qu'Aristote aurait pu dire aussi qu'il y a des quadrupèdes ovipares qui n'ont pas du tout de queue, comme les batraciens; mais ils ajoutent qu'Aristote ne pense sans doute ici qu'aux quadrupèdes ovipares à écailles. Cuvier remarque que la queue des sauriens est toujours très-grosse à la base.

§ 2. Plusieurs doigts. On peut le voir aisément sur les lézards ; il en est de même du crocodile, qui a cinq doigts devant et quatre derrière, avec des ongles à trois doigts seulement.

Du crocodile d'Egypte. C'était le seul qu'Aristote, et les Grecs en général, pouvaient connaître.

Qui ri'est pas détachée.Ou «Libre»».

Quelques-uns. Sous-entendu : « des quadrupèdes vivipares », dont il est question au début de ce chapitre.

A moins qu'on n'ouvre... La langue de ces ani-maux est plus visible, quand on leur ouvre la bouche violemment, parce qu'alors on peut l'observer jusqu'à la base. Cuvier, Règne animal, tome II, p. 18, dit en parlant des crocodiles : « La « langue est charnue, plate et attachée jusque très-près de se s bords ; ce qui a fait croire aux Anciens qu'ils en manquaient. »

§ 3. N'a d'oreilles. Ceci doit s'entendre de lobes proéminents, et de pavillons, comme chez l'homme et d'autres animaux. Mais il parait bien que le crocodile a autre chose que le conduit auditif tout seul, comme chez le lézard. Il a deux lèvres charnues â l'oreille pour la fermer à  volonté.

 — Un organe génital. Extérieur et apparent. Quelques sauriens ont deux verges au lieu d'une.

Des dents carnassières. Voir plus haut, ch. in, § 13.

§ 4. Les crocodiles de rivière. La zoologie moderne distingue aussi les Enalio-sauriens et les crocodiliens ; voir M. Claus, Zoologie, p. 927. Il s'agit des crocodiles du Nil, les seuls sans doute qu'Aristote pût connaître.

Des yeux de cochon. La comparaison n'est pas fausse, puisque le crocodile a aussi les jeux très-petits ; mais il a une particularité qu'Aristote ne signale pas ; c'est qu'il a trois paupières.

Des dents très-grosses. Les crocodiles n'ont qu'une seule rangée de dents pointues, â chaque mâchoire ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 929 : « En générai, dit-il, la quatrième dent du maxillaire inférieur se fait remarquer par sa grande taille, et le maxillaire supérieur présente un enfoncement correspondant. »

Des défenses. C'est peut-être exagéré. Les quatrièmes dents ne sont pas tellement sorties qu elles puissent passer pour des défenses.

Ils voient mal dans l'eau. La zoologie moderne n'a point relevé cette faiblesse de vue dans le crocodile.

La nuit ils séjournent dans l'eau... Ceci est extrait presque textuellement d'Hérodote, ainsi que tout le reste de ce passage ; Hérodote, liv. II, ch. 68, p. 94, édit. Firmin-Didot. Hérodote donne même bien des détails qu'Aristote aurait pu ajouter à ceux qu'il a cru devoir reproduire.

CHAPITRE VII

Description du chaméléon ; ses cotes, son dos, sa queue ordinai-rement enroulée; ses pattes et leurs divisions remarquables; ses yeux, d'une organisation toute particulière; ses change-' ments de couleur, noire et jaune, dans le corps entier ; lenteur de ses mouvements; sa chair; son sang; membranes spéciales sur son corps; persistance de sa respiration; pas de rate; sa vie dans des trous.

1 Ὁ δὲ χαμαιλέων ὅλον μὲν τοῦ σώματος ἔχει τὸ σχῆμα σαυροειδές, τὰ δὲ πλευρὰ κάτω καθήκει συνάπτονταπρὸς τὸ ὑπογάστριον, καθάπερ τοῖς ἰχθύσι, καὶ ἡ ῥάχις ἐπανέστηκεν ὁμοίως τῇ τῶν ἰχθύων. Τὸ δὲ πρόσωπον ὁμοιότατον τῷ τοῦ χοιροπιθήκου. Κέρκον δ´ ἔχει μακρὰν σφόδρα, εἰς λεπτὸν καθήκουσαν καὶ συνελιττομένην ἐπὶ πολύ, καθάπερ ἱμάντα.  2 Μετεωρότερος δ´ ἐστὶ τῇ ἀπὸ τῆς γῆς ἀποστάσειτῶν σαύρων, τὰς δὲ καμπὰς τῶν σκελῶν καθάπερ οἱ σαῦροι ἔχει. Τῶν δὲ ποδῶν ἕκαστος αὐτοῦ διχῇ διῄρηται εἰς μέρηθέσιν ὁμοίαν πρὸς αὑτὰ ἔχοντα οἵανπερ ὁ μέγας ἡμῶν δάκτυλος πρὸς τὸ λοιπὸν τῆς χειρὸς ἀντίθεσιν ἔχει. 3 Ἐπὶ βραχὺ δὲ καὶ τούτων τῶν μερῶν ἕκαστον διῄρηται εἴς τινας δακτύλους, τῶν μὲν ἔμπροσθεν ποδῶν τὰ μὲν πρὸς αὐτὸν τρίχα, τὰ δ´ ἐκτὸς δίχα, τῶν δ´ ὀπισθίων τὰ μὲν πρὸς αὐτὸν δίχα, τὰ δ´ ἐκτὸς τρίχα. Ἔχει δὲ καὶ ὀνύχια ἐπὶ τούτωνὅμοια τοῖς τῶν γαμψωνύχων. Τραχὺ δ´ ἔχει ὅλον τὸ σῶμα, καθάπερ ὁ κροκόδειλος.  4 Ὀφθαλμοὺς δ´ ἔχει ἐν κοίλῳτε κειμένους καὶ μεγάλους σφόδρα καὶ στρογγύλους καὶ δέρματι ὁμοίῳ τῷ τοῦ λοιποῦ σώματος περιεχομένους. Κατὰμέσους δ´ αὐτοὺς διαλέλειπται μικρὰ τῇ ὄψει χώρα, δι´ ἧς ὁρᾷ· οὐδέποτε δὲ τῷ δέρματι ἐπικαλύπτει τοῦτο. Στρέφει δὲ [504a] τὸν ὀφθαλμὸν κύκλῳ τὴν ὄψιν ἐπὶ πάντας τοὺς τόπους μεταβάλλει, καὶ οὕτως ὁρᾷ ὃ βούλεται.

5 Τῆς δὲ χροιᾶς ἡ μεταβολὴ ἐμφυσωμένῳ αὐτῷ γίνεται· ἔχει δὲ καὶ μέλαιναν ταύτην, οὐ πόρρω τῆς τῶν κροκοδείλων, καὶ ὠχρὰν καθάπερ οἱ σαῦροι, μέλανι ὥσπερ τὰ παρδάλια διαπεποικιλμένην. Γίνεται δὲ καθ´ ἅπαν τὸ σῶμα αὐτοῦ ἡ τοιαύτη μεταβολή· καὶ γὰρ οἱ ὀφθαλμοὶ συμμεταβάλλουσιν ὁμοίως τῷ λοιπῷ σώματι καὶ ἡ κέρκος. 6 Ἡ δὲ κίνησις αὐτοῦ νωθὴς ἰσχυρῶς ἐστι, καθάπερ ἡ τῶν χελωνῶν. Καὶ ἀποθνήσκων τε ὠχρὸς γίνεται, καὶ τελευτήσαντος αὐτοῦ ἡ χροιὰ τοιαύτη ἐστίν.  Τὰ δὲ περὶ τὸν στόμαχον καὶ τὴν ἀρτηρίαν ὁμοίως ἔχειτοῖς σαύροις κείμενα. Σάρκα δ´ οὐδαμοῦ ἔχει πλὴν πρὸς τῇ κεφαλῇ καὶ ταῖς σιαγόσιν ὀλίγα σαρκία, καὶ περὶ ἄκραντὴν τῆς κέρκου πρόσφυσιν. 7 Καὶ αἷμα δ´ ἔχει περί τε τὴν καρδίαν μόνον καὶ τὰ ὄμματα καὶ τὸν ἄνω τῆς καρδίας τόπον, καὶ ὅσα ἀπὸ τούτων φλέβια ἀποτείνει· ἔστι δὲ καὶἐν τούτοις βραχὺ παντελῶς. Κεῖται δὲ καὶ ὁ ἐγκέφαλος ἀνώτερον μὲν ὀλίγῳ τῶν ὀφθαλμῶν, συνεχὴς δὲ τούτοις. Περιαιρεθέντος δὲ τοῦ ἔξωθεν δέρματος τῶν ὀφθαλμῶν περιέχει τι διαλάμπον διὰ τούτων, οἷον κρίκος χαλκοῦς λεπτός. 8 Καθ´ ἅπαν δ´ αὐτοῦ τὸ σῶμα σχεδὸν διατείνουσιν ὑμένες πολλοὶ καὶ ἰσχυροὶ καὶ πολὺ ὑπερβάλλοντες τῶν περὶ τὰλοιπὰ ὑπαρχόντων. Ἐνεργεῖ δὲ καὶ τῷ πνεύματι ἀνατετμημένος ὅλος ἐπὶ πολὺν χρόνον, βραχείας ἰσχυρῶς ἔτι κινήσεως ἐν αὐτῷ περὶ τὴν καρδίαν οὔσης, καὶ συνάγει διαφερόντως μὲν τὰ περὶ τὰ πλευρά, οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τὰ λοιπὰμέρη τοῦ σώματος.  9 Σπλῆνα δ´ οὐδαμοῦ ἔχει φανερόν. Φωλεύει δὲ καθάπερ οἱ σαῦροι.

1 Le chaméléon a, dans tout son corps, la forme d'un lézard ; mais les côtes descendent en bas, pour se rejoindre au-dessous du ventre, comme dans les poisspns. Son dos se relève aussi tout à fait comme le leur. Sa face ressemble beaucoup à celle du singe-cochon. Il a une queue fort longue, qui finit en pointe, et qui ordinairement est enroulée, comme on le ferait d'une lanière. 2  II est plus haut que les lézards par sa distance du sol; et il fléchit ses pattes comme le font les lézards. Chacune de ses pattes est divisée en deux parties, qui sont posées l'une par rapport àj'autre, comme le pouce, qui chez nous est opposé au reste de la main ; chacune de ces parties se subdivise à son tour, sans aller bien loin, en plusieurs doigts. 3 Aux pieds de devant, la partie tournée vers l'animal a trois divisions ; lapartie extérieure en a deux. Aux pieds de derrière, c'est la partie tournée vers l'animal qui en a deux, et la partie tournée vers le dehors qui en a trois. Sur ces doigts, il a de petits ongles pareils à ceux des oiseaux pourvus de serres. Tout son corps est rugueux, comme celui du crocodile. 4 Le chaméléon a les yeux placés dans un renfoncement, très-grands, ronds et entourés d'une peau pareille à celle du reste du corps. Au milieu de ces yeux, il y a un petit espace réservé pour la vision ; et c'est par là que l'animal peut voir, parce qu'il ne recouvre jamais cette partie de l'œil avec sa peau. Il peut faire rouler [504a] ses yeux comme en cercle ; et pouvant porter la vue dans tous les sens, c'est ainsi qu'il voit tout ce qu'il veut voir.

5 Les changements de couleur du chaméléon se produisent quand l'animal se gonfle. Il a parfois la couleur d'un noir assez rapproché du crocodile; parfois il a la couleur jaune d'un lézard, mêlée à du noir, comme dans la panthère. Ce changement singulier a lieu sur tout le corps; et les yeux, aussi bien que la queue, changent comme tout le reste. 6 Ses mouvements sont lents, comme ceux des tortues. Quand il meurt, il devient jaune; et cette couleur persiste après sa mort. L'estomac, ou œsophage, et la trachée-artère sont disposés comme dans les lézards. Il n'a de chair nulle part, si ce n'est près de la tête et des mâchoires, où il en a quelque peu, ainsi qu'au bout de l'appendice de sa queue. 7 II n'a de sang que vers le cœur, autour des yeux, dans la partie supérieure au cœur, et dans les petites veines qui sortent de ces parties ; et encore, elles n'en ont que très-peu. Son cerveau est placé un peu plus haut que lesyeux, auxquels il tient. Quand on enlève la peau extérieure des yeux, il y a un petit corps qui y est enveloppé, et qui y brille comme une sorte d'anneau d'airain bien poli. 8 Sur la presque totalité de son corps, s'étendent des membranes, nombreuses, fortes, et dépassant de beaucoup la force de celles qui recouvrent le reste du corps. Il respire encore d'un souffle vigoureux, longtemps après qu'on l'a coupé dans toutes ses parties ; il conserve alors un petit mouvement vers le cœur, et il contracte vivement les parties des flancs, tout en contractant aussi les autres parties du corps. 9 II n'a point de rate perceptible. Il hiverne dans des trous comme les lézards.

§ 1. Le Chaméléon, ou Caméléon. J'ai cru devoir conserver l'ancienne orthographe, qui est plus conforme à l'étymologie. Il est difficile du reste de comprendre pourquoi les Anciens ont donné au Chaméléon un nom qui signifie : « Lion à terre ». Cuvier, Règne animal, tome II, p. 58, déclare qu'Aristote « a parfaitement bien décrit le Chaméléon. » La soologie moderne range, comme Aristote, les Chaméléons parmi les Sauriens, bien qu'elle reconnaisse qu'ils sont distincts de tous les autres sauriens, et qu'ils rentrent difficilement dans cette série.

Les côtés descendent en bas... Voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 59. « Leurs premières côtes se joignent au sternum; les suivantes se continuent chacune à sa correspondante, pour enfermer l'abdomen par un cercle entier.»

Comme dans les poissons. La Zoologie moderne n'admet peut-être pas ce rapprochement.

Son dos se relève aussi tout à fait... Ce n'est pas précisément le dos; mais toutes les espèces ont une sorte de capuchon, ou de casque, qui varie un peu de forme dans chacune. Leur téte est pyramidale par suite du développement de boucliers sus-temporaux ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 917.

Sa face ressemble beaucoup... Cette assimilation n'est peut-être pas aussi frappante que l'auteur semble le croire.

Une queue fort longue et préhensive, que l'animal roule autour des branches d'arbres, pour s'y suspendre en attendant sa proie. La comparaison avec une lanière est fort juste.

§ 2. Il est plus haut que les lézards. C'est-à-dire qu'il a les pattes plus longues.

Par la distance du sol. C'est la traduction littérale de l'expression du texte, qui aurait pu être plus na-turelle.

Chacune de ses pattes est divisée. Cuvier, Règne animal. tome II, p. 59 : « Cinq doigts à tous les pieds, mais divisés en deux paquets, l'un de deux, l'autre de trois, chaque paquet réuni par la peau jusqu'aux ongles. »

§ 3. Aux pieds de devant... C'est aussi la descriptien de Cuvier.

Des oiseaux pourvus de serres. Ceci se réduit à dire que les doigts sont terminés par des ongles rétractiles.

Rugueux, comme celui du crocodile. C'est exagéré. Le Chaméléon n'a sim-plement que la peau chagrinée par de petits grains écailleux, tandis que le Crocodile a le dos et la queue couverte de grandes écailles carrées très-fortes, rele-vées d'une arête vers leur milieu : Cuvier, Règne animal, tome II, p. 18.

§ 4. Les yeux placés dans un renfoncement.... Cette description des yeux du chaméléon est fort exacte, et la zoologie moderne n'a guère eu qu'à la répéter.

—- Entourés. Ce serait peut-être plutôt Couverts, qu'il faudrait dire.

Rouler ses yeux comme en cercle. Ses yeux sont en outre mobiles, indépendamment l'un de l'autre. C'est un petit trou placé vis-à-vis de la prunelle qui permet la vision; et l'un des yeux peut regarder en bas, tandis que l'autre regarde en haut.

§ 5. Quand l'animal se gonfle. On voit qu'Aristote ne partage pas l'erreur commune, qui consiste à croire que le chaméléon prend la couleur des objets qui l'entourent; l'animal revêt des couleurs diverses selon ses besoins et ses passions ; mais ce peut être d'ailleurs sans se gon-fler; Cuvier, loc. cit.

Comme dans la panthère. Qui a six ou sept rangées de taches noires en forme de roses, formées de l'as-semblage de cinq ou six petites taches simples; Cuvier, Règne animal, tome I, p. 162. La cornparaison que fait Aristote n'est peut-être pas très-juste.

Les yeux aussi bien que la queue.... La zoologie moderne n'a pas recueilli cette observation.

§ 6. Ses mouvements sont lents. La langue est le seul organe que les chaméléons meuvent avec vitesse. Pour tout le reste, ils sont d une lenteur excessive.

Cette couleur persiste. Le jaune serait alors la couleur propre de cet animal; car il est constaté que les changements de couleur ne tiennent qu'à la circulation du sang, que la transparence de la peau laisse apercevoir. Quand l'animal est gonflé, le corps paraît tout à fait transparent. Un naturaliste allemand, M. E. Brucke, a expliqué définitivement ce singulier phénomène par le déplacement de deux couches mobiles de pigment, bleu et noir; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 917, trad. française, en note.

L'estomac, ou œsophage. Le mot grec a les deux sens ; mais c'est plutôt le dernier qu'il convient d'adopter ici. Ces détails anatomiques prouvent qu'Aris-tote avait disséqué des chamé-léons.

Il n'a de chair nulle part. Ceci veut dire sans doute que tout le corps du chaméléon est rugueux, et qu'aucune partie n'en est charnue, si ce n'est celles qu'indique l'auteur. — De l'appendice, ou « de l'enroulement...

§ 7. Il n'a de sang que vers le cœur. Tout ceci prouve encore qu'Aristote avait dû pratiquer des dissections fort attentives. D'ailleurs, ces détails physiologiques ne paraissent pas avoir occupé la science moderne. Aristote les trouve assez curieux pour en parler; les autres naturalistes n'y ont attaché aucune importance. Cuvier n'a rien dit de particulier sur le cerveau des cha-méléons.

Quand on enlève la peau... C'est une véritable expérience an atomique.

Il y a un petit corps... Le fait paraît bien certain, quoiqu'on l'ait à peu près complètement négligé depuis Aristote. Cependant MM. Aubert et Wimmer citent Vaientin, qui dans son Theatrum anatomicum, p. 196 (en 1720), a mentionné cette organisation de l'œil du Chaméléon.

§ 8. Sur la presque totalité de son corps. Il semble que ceci doit se rapporter à l'extérieur du corps; mais MM. Aubert et Wimmer paraissent comprendre au contraire qu'il s'agit du de-dans.

D'un souffle vigoureux. C'est la leçon admise par Schneider, d'après la traduction de Guillaume de Morbéka. La leçon ordinaire rejette le mot que je traduis par Vigoureux à la phrase suivante, qu'il faudrait alors modifier ainsi : « Il conserve alors « un frës-petit mouvement vers le cœur. »

Il contracte vivement les parties des flancs. Il faut remarquer la délicatesse de toutes ces observations.

§ 9. Il n'a point de rate. Je ne sais si la zoologie moderne a tenu compte de ce phénomène.

Il hiverne dans des trous. Le mot grec a ces deux sens. Aristote est revenu longuement sur l'hivernage des animaux en général; voir plus loin, liv. V, ch. vm, §§ 6 et suiv., et passim.

CHAPITRE VIII

Organisation des oiseaux ; rapports et différences de leurs pattes avec les jambes de l'homme ; conformation de la hanche chez les oiseaux ; ongles multiples des oiseaux ; nombre et disposition de leurs doigts ; la bergeronnette ; bec des oiseaux ; leurs yeux, leurs paupières ; membrane mobile de leur œil ; leurs plumes à tuyau; leur croupion plus ou moins lourd, selon qu'ils volent haut ou bas ; langue des oiseaux; absence d'épiglotte; ergots et serres; crêtes de plumes ; crête spéciale du coq.

1 Ὁμοίως δ´ ἔνια μόρια καὶ οἱ ὄρνιθες τοῖς εἰρημένοις ἔχουσι ζῴοις· καὶ γὰρ κεφαλὴν καὶ αὐχένα πάντ´ ἔχει καὶνῶτον καὶ τὰ ὕπτια τοῦ σώματος καὶ τὸ ἀνάλογον τῷ στήθει· σκέλη δὲ δύο καθάπερ ἄνθρωπος μάλιστα τῶν ζῴων·πλὴν κάμπτει εἰς τοὔπισθεν ὁμοίως τοῖς τετράποσιν, ὥσπερ εἴρηται πρότερον. 2 Χεῖρας δ´ οὐδὲ πόδας προσθίους ἔχει, ἀλλὰπτέρυγας ἴδιον πρὸς τὰ ἄλλα ζῷα. Ἔτι δὲ τὸ ἰσχίον ὅμοιον [504b] μηρῷ μακρὸν καὶ προσπεφυκὸς μέχρι ὑπὸ μέσην τὴνγαστέρα, ὥστε δοκεῖν διαιρούμενον μηρὸν εἶναι, τὸν δὲ μηρὸνμεταξὺ τῆς κνήμης, ἕτερόν τι μέρος. Μεγίστους δὲ τοὺς μηροὺς ἔχει τὰ γαμψώνυχα τῶν ὀρνίθων, καὶ τὸ στῆθος ἰσχυρότερον τῶν ἄλλων.  3 Πολυώνυχοι δ´ εἰσὶ πάντες οἱ ὄρνιθες, ἔτι δὲ πολυσχιδεῖς τρόπον τινὰ πάντες· τῶν μὲν γὰρ πλείστων διῄρηνται οἱ δάκτυλοι, τὰ δὲ πλωτὰ στεγανόποδά ἐστι, διηρθρωμένους δ´ ἔχει καὶ χωριστοὺς 〈τοὺς〉 δακτύλους. Εἰσὶ δ´ ὅσοιαὐτῶν μετεωρίζονται πάντες τετραδάκτυλοι· τρεῖς μὲν γὰρ εἰς τὸ ἔμπροσθεν ἕνα δ´ εἰς τὸ ὄπισθεν κείμενον ἔχουσιν οἱ πλεῖστοι ἀντὶ πτέρνης· ὀλίγοι δέ τινες δύο μὲν ἔμπροσθεν δύο δ´ ὄπισθεν, οἷον ἡ καλουμένη ἴυγξ. 4 Αὕτη δ´ ἐστὶ μικρῷ μὲν μείζων σπίζης, τὸ δ´ εἶδος ποικίλον, ἴδια δ´ ἔχει τά τε περὶτοὺς δακτύλους καὶ τὴν γλῶτταν ὁμοίαν τοῖς ὄφεσιν· ἔχει γὰρ ἐπὶ μῆκος ἔκτασιν καὶ ἐπὶ τέτταρας δακτύλους, καὶπάλιν συστέλλεται εἰς ἑαυτήν. Ἔτι δὲ περιστρέφει τὸν τράχηλον εἰς τοὐπίσω τοῦ λοιποῦ σώματος ἠρεμοῦντος, καθάπεροἱ ὄφεις. Ὄνυχας δ´ ἔχει μεγάλους μὲν ὁμοίως μέν τοιπεφυκότας τοῖς τῶν κολοιῶν· τῇ δὲ φωνῇ τρίζει.
 

5 Στόμα δ´ οἱ ὄρνιθες ἔχουσι μὲν ἴδιον δέ· οὔτε γὰρ χείλη οὔτ´ ὀδόντας ἔχουσιν, ἀλλὰ ῥύγχος, οὔτ´ ὦτα οὔτε μυκτῆρας, ἀλλὰ τοὺς πόρους τούτων τῶν αἰσθήσεων, τῶν μὲν μυκτήρων ἐν τῷ ῥύγχει, τῆς δ´ ἀκοῆς ἐν τῇ κεφαλῇ. 6 Ὀφθαλμοὺς δὲ πάντες καθάπερ καὶ τἆλλα ζῷα δύο, ἄνευ βλεφαρίδων. Μύουσι δ´ οἱ βαρεῖς τῷκάτω βλεφάρῳ, σκαρδαμύττουσι δ´ ἐκ τοῦ κανθοῦ δέρματιἐπιόντι πάντες, οἱ δὲ γλαυκώδεις τῶν ὀρνίθων καὶ τῷ ἄνωβλεφάρῳ. Τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο ποιοῦσι καὶ τὰ φολιδωτά, οἷον οἱ σαῦροι καὶ τἆλλα τὰ ὁμοιογενῆ τούτοις τῶν ζῴων· μύουσι γὰρ τῇ κάτω βλεφαρίδι πάντες, οὐ μέντοι σκαρδαμύττου σίγε ὥσπερ οἱ ὄρνιθες. 7 Ἔτι δ´ οὔτε φολίδας οὔτε τρίχας ἔχουσιν,ἀλλὰ πτερά· τὰ δὲ πτερὰ ἔχει καυλὸν ἅπαντα. Καὶ οὐρὰν μὲν οὐκ ἔχουσιν, ὀρροπύγιον δέ, οἱ μὲν μακροσκελεῖς καὶ στεγανόποδες βραχύ, οἱ δ´ ἐναντίοι μέγα. Καὶ οὗτοι μὲν πρὸς τῇ γαστρὶ τοὺς πόδας ἔχοντες πέτονται, οἱ δὲ μικρουρροπύγιοιἐκτεταμένους.

8 Καὶ γλῶτταν ἅπαντες, ταύτην δ´ ἀνομοίαν· οἱ [505a]  μὲν γὰρ μακρὰν οἱ δὲ βραχεῖαν. Μάλιστα δὲ τῶν ζῴων μετὰ τὸν ἄνθρωπον γράμματα φθέγγεται ἔνια τῶν ὀρνίθωνγένη· τοιαῦτα δ´ ἐστὶ τὰ πλατύγλωττα αὐτῶν μάλιστα.
Τὴνδ´ ἐπιγλωττίδα ἐπὶ τῆς ἀρτηρίας οὐδὲν τῶν ᾠοτοκούντων ἔχει,ἀλλὰ συνάγει καὶ διοίγει τὸν πόρον ὥστε μηδὲν κατιέναιτῶν ἐχόντων βάρος ἐπὶ τὸν πλεύμονα. 9 Γένη δ´ ἔνια τῶν ὀρνίθων ἔχει καὶ πλῆκτρα· γαμψώνυχον δ´ ἅμα καὶ πλῆκτρον ἔχον οὐδέν. Ἔστι δὲ τὰ μὲν γαμψώνυχα τῶν πτητικῶν, τὰ δὲ πληκτροφόρα τῶν βαρέων. Ἔτι δ´ ἔνια τῶν ὀρνέων λόφον ἔχουσι, τὰ μὲν αὐτῶν τῶν πτερῶν ἐπανεστηκότα, ὁ δ´ἀλεκτρυὼν μόνος ἴδιον· οὔτε γὰρ σάρξ ἐστιν οὔτε πόρρω σαρκὸς τὴν φύσιν.

 

 

1 Les oiseaux ont quelques-unes de leurs parties semblables à celles des animaux dont on vient de parler. Tous, en effet, ils ont uiïe tête, un cou, un dos, et des parties supérieures du corps, ainsi qu'une partie correspondant à la poitrine. Ils ont deux jambes, qui se rapprochent de celles de l'homme plus que dans aucun genre d'animaux. Seulement, l'oiseau les fléchit en arrière, comme les quadrupèdes, dont on a plus haut décrit les flexions. 2 Au lieu de mains et de pieds de devant, qu'il n'a pas, l'oiseau a des ailes, organisation qui lui est propre entre tous les animaux. Sa hanche pareille [504b] à une cuisse est longue, et elle s'avance jusque sous le milieu du ventre. Aussi, quand on la sépare, on dirait que c'est une cuisse, et que la véritable cuisse, placée entre la hanche et la patte, semble être quelque autre membre du corps. Parmi tous les oiseaux, ce sont ceux qui ont des serres dont les cuisses sont les plus grandes ; et la poitrine de ces oiseaux est plus forte que celle de tous les autres. 3 Tous les oiseaux ont plusieurs ongles, et l'on peut même dire que tous en quelque façon ont plusieurs divisions aux pattes. Chez la plupart, les doigts sont séparés. Ceux qui nagent ont des pieds palmés ; et leurs doigts, arti-culés et séparés nettement. Tous ceux d'entre eux qui volent haut sont pourvus de quatre doigts, dont en général trois sont en avant, et un est en arrière, à la place du talon. C'est un petit nombre d'oiseaux qui ont deux doigts en avant et deux en arrière, comme celui qu'on appelle Torcol. 4 Cet oiseau est un peu plus grand que le pinson ; son plumage est de plusieurs couleurs. Si ses doigts sont particuliers, sa langue ne l'esl pas moins; elle ressemble à celle des serpents; il peut l'allonger hors du bec de quatre doigts; et il la fait rentrer ensuite dans le bec. Autre singularité : il tourne son cou en arrière, sans que le reste de son corps bouge en quoi que ce soit, comme le font les ser-pents. Il a de très-grands ongles, qui ressemblent à ceux des geais ; sa voix est aigre et sifflante.

5 Les oiseaux ont bien une bouche ; mais chez eux, elle est toute particulière. Ils n'ont, en effet, ni lèvres, ni dents ; ils ont un bec. Ils n'ont pas non plus d'oreilles, ni de nez; mais ils ont les conduits de ces deux sens, de l'odorat dans le bée, et de l'ouïe dans la tête. 6 Comme tous les autres animaux, ils ont deux yeux, mais dépourvus de cils. Les oiseaux qui sont lourdement construits ferment l'œil par la paupière d'en bas ; mais tous peuvent aussi couvrir l'œil, en faisant avancer une peau, à partir de la caroncule. Les oiseaux de nuit, dans le genre de la chouette, ferment aussi l'œil par la paupière d'en haut. C'est là également ce que font les animaux à peau rugueuse, comme les sauriens, et les animaux qui sont de ce même genre. Tous ferment l'œil par la paupière d'en bas ; mais ils ne clignent pas tous à la manière des oiseaux. 7 Les oiseaux n'ont ni écailles, ni poils ; ils ont des plumes, et toutes leurs plumes ont un tuyau. Us n'ont pas précisément de queue, mais un croupion, qui est petit dans les oiseaux qui ont de hautes pattes et des pieds palmés, et qui est grand chez ceux qui sont organisés d'une façon contraire. Ces derniers, quand ils volent, ont les pattes repliées sous le ventre; ceux qui ont le croupion petit volent avec les pattes allongées.

8 Tous les oiseaux ont une langue ; mais cette langue varie beaucoup. Les uns [505a] l'ont très longue; les autres, très-courte. Après l'homme,,ce sont quelques oiseaux en petit nombre qui prononcent le mieux le son des lettres; et parmi eux encore, ce sont surtout ceux dont la langue est large. Aucun animal ovipare n'a d'épiglotte recouvrant la trachée-artère ; mais ils contractent et ils dilatent le canal de telle façon qu'aucun corps de quelque poids ne puisse descendre dans le poumon. 9 Certaines espèces d'oiseaux ont aussi un ergot ; mais il n'en est pas une seule qui ait à la fois des ergots et des serres. Les oiseaux pourvus de serres sont les oiseaux à grand vol; les oiseaux à ergots sont ceux dont le vol est pesant. Certains oiseaux ont une crête, qui est formée par les plumes, qui se redressent. Le coq est le seul qui ait une crête toute spéciale ; car cette crête n'est ni tout à fait de la chair, ni très-éloignée d'en être.

§ 1. A celles des animaux dont on vient de parler. Ce sont en général des mammifères et des quadrupèdes, qui, à certains égards, se rapprochent le plus de l'homme, pris pour type. Voir plus haut liv. I, ch. 7 et suiv.

Qui se rapprochent de celles de l'homme. De là, cette prétendue définition de l'homme attribuée à Platon : « L'homme est un animal à « deux pieds, sans plumes, etc. »

Plus haut. Voir plus haut, liv. II, ch. i, § 6.

§ 2. Organisation qui lui est propre. Ce sont en effet les ailes qui constituent essentiellement l'oiseau; mais l'on voit qu'Aristote, en parlant de mains et de pieds, rapporte encore la conformation de l'oiseau à celle de l'homme, pris pour type. Cuvier, en décrivant l'oiseau, Règne animai, tome I, p. 303, parle aussi des parties de l'aile qui tiennent lieu de la main.

Sa hanche. Le sens du mot dont se sert ici Aristote n'est pas bien fixé ; mais il ne peut pas signifier autre chose que la hanche, d'après la position des parties (Ischion). Dans le Traité de la Marche des animaux, p. 710, b. 20, édit. de Berlin, Aristote répète cette description de la hanche de l'oiseau, en la précisant encore davantage, afin de bien distinguer l'ischion de la cuisse proprement dite.

— Voir la Zoologie descriptive de M Claus, p. 94.

Quand on la sépare. C'est-à-dire, quand on l'examine indépendamment du reste de la cuisse et du membre entier. Voir aussi le Traité des Parties des animaux, liv. IV, p. 254, édit. de M. Frantzius. Buffon ne parait pas avoir touché cette question dans son Discours sur la nature des oiseaux, tome XIX, édit. de 1830.

La poitrine de ces oiseaux. Aristote aurait peut-être dû fournir plus de détails sur ce phénomène si important dans l'organisation de l'oiseau. Buffon et Cuvier s'y sont arrêtés davantage. Voir la Zoologie des-criptive de M. Claus, pp. 936 et suiv.

§ 3. Plusieurs ongles. J'ai conservé le mot du texte. Cuvier dit : des Doigts, et non des Ongles. Le plus souvent, il y a trois doigts en avant, et le pouce en arrière.

Plusieurs divisions aux pattes. Il s'agit peut-être ici des articulations à chaque doigt ; le pouce en a deux, et le doigt externe en a cinq ; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 304.

Des pieds palmés. C'est par la conformation des pieds surtout que se distinguent les diverses espèces d'oiseaux. Les Palmi-pèdes forment le sixième ordre de Cuvier, Règne animal, tome I, p. 543.

Trois sont en avant et un est en arrière. La zoologie moderne a conservé ces distinctions. Voir la Zoologie de M. Claus, p. 946, trad. française.

Deux doigts en avant et deux en arrière. Ce caractère très-singulier a été remarqué aussi par la zoologie moderne, qui ne paraît pas y avoir attaché la' même importance qu'Aristote.

Torcol. Le mot grec est lynx, que les nomenclatures modernes ont conservé, en l'appliquant à une sorte de Pic; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 452. Le nom latin est Torquilla, à cause « de la singulière faculté qu'a cet oiseau de tordre son cou a et sa tête en différents sens ». Quelques traducteurs ont cru qu'il s'agissait de la Bergeronnette; mais les détails qui suivent se rapportent évidemment à une espèce de Pic.

§ 4. Un peu plus grand que le pinson. C'est bien vague; et il y a des Pics qui sont beaucoup plus gros, notamment le grand Pic noir, dont la grosseur égale celle des corneilles.

Sa langue. Cette conformation de la langue se retrouve dans toutes les espèces de Pics.

De quatre doigts. Cuvier, loc. cit., p. 448, dit simplement que cette langue peut sortir très-avant hors du bec.

Il tourne son cou en arrière. De là, le nom de Torcol.

Comme le font les serpents. Ce rapprochement est exact.

De très-grands ongles. Qui leur servent à grimper le long des arbres, Pedes scansorii.

Aigre et sifflante. Il n'y a qu'un seul mot dans le grec.

§ 5. Ils ont un bec. La zoologie moderne ne paraît pas attacher autant d'importance au bec, dans l'organisation de l'oiseau.

Ils n'ont pas non plus d'oreilles, ni de nez. Il faut entendre que les oreilles et le nez des oiseaux n'ont rien de saillant au dehors, si ce n'est dans les oiseaux de nuit, qui seuls ont une grande conque extérieure. L'ouverture de l'oreille est généralement recouverte de plumes.

L'odorat dans le bec. L'organe de l'odorat chez les oiseaux est caché dans la base du bec ; il est très-sensible. Voir Cuvier, Règne animal,tome I, page 305.

Et de route dans ta tête. « Les canaux semi-circulaires des oiseaux, dit Cuvier, sont grands et logés dans une partie du crâne, où ils sont environnés de toutes parts de cavités aériennes, qui communiquent avec la caisse »; Cuvier, toc. cit.

§ 6. Ils ont deux yeux. Les yeux des oiseaux sont proportionnellement plus grands que dans l'homme et dans les quadrupèdes.

Qui sont lourdement construits. Ou « Qui volent lourdement ».

Mais tous peuvent aussi couvrir l'œil... de la caroncule. Buffon s'étend longuement sur la construction de l'œil des oiseaux, et il décrit les deux membranes, l'une plus extérieure, et l'autre qui est située au fond de l'œil ; Discours sur la nature des oiseaux, t. XIX, p. 26, éd. de 1830, et Cuvier, Règne animal, tome 1, p. 305. Buffon insiste beaucoup sur l'étendue prodigieuse de la vue dans les oiseaux, et il en donne des raisons décisives. Aristote n'a fait aucune remarque sur ce point, qui est d'ailleurs d'une observation facile.

Les oiseaux de nuit. Ces oiseaux font partie des oiseaux de proie et composent une famille particulière : Cuvier, Règne animal, tome 1, pp. 339 et suiv.

Dans le genre de la chouette. id., ibid., p. 342.

Comme tes sauriens. C'est ce qu'on peut voir surtout chez les lézards, qui ferment l'œil par la paupière d'en bas.

Ils ne clignent pas tous. Le mot de Cligner signifie ici le mouvement de la troisième paupière des oiseaux, toujours placée à l'angle interne et partant de la caroncule, pour couvrir et protéger l'œil. La langue grecque a un mot spécial, que la nôtre n'a pas. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 305. C'est la membrane nictitante de quelques zoologistes.

§ 7. Ils ont des plumes. Voir Cuvier, Règne animal, pp. 304 et 306, sur le rôle et l'utilité spéciale des plumes, garantissant l'oiseau des trop rapides variations de l'atmosphère, auxquelles ses mouvement l'exposent.

Toutes leurs plumes ont un tuyau. Les plumes, ainsi que les pennes, sont composées d'une tige creuse à sa base, et de barbes qui eu portent elles-mêmes de plus petites ; voir Cuvier, et Zoologie descriptive de M. Claus, p. 943, loc. cit. Buffon dit aussi que les tuyaux des plumes sont creux, Discours sur la nature des oiseaux, pp. 48 et 56.

Ils n'ont pas précisément de queue. Sous-entendu, dans le genre de celle des quadrupèdes.

Un croupion. C'est précisément l'éminence au-dessus du coccyx, à laquelle sont attachées les plumes de la queue, vers la fin des dernières vertèbres dorsales. Le mot de Queue doit être plus spécialement réservé à l'ensemble des plumes réunies dans cette partie.

 — Ont les pattes repliées sous le ventre. Observation exacte et sagace.

§ 8. Tous les oiseaux ont une langue. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 950 de la trad. française ; voir aussi Buffon, Discours sur la nature des oiseaux, pp. 35 et suiv. ; et Cuvier, Règne animal, tome I, p. 307. Aristote aurait pu remarquer que la voix des oiseaux est extrêmement forte.

Le son des lettres. Les zoologistes modernes n'ont pas en général donné leur attention à cette particularité des oiseaux, quoiqu'elle mérite cependant d'être notée.

Aucun animal ovipare ria d'épiglotte. Chez les oiseaux, de même que chez les reptiles, l'épiglotte, quand il y en a, n'est qu'un appendice qui ne parvient jamais à recouvrir complètement rentrée du larynx; voir M. Gegenbaur, Anatomie comparée, p. 772 de la trad. française.

§ 9. Ont aussi un ergot, ou éperon. Par Aussi, l'auteur veut dire sans doute que ces oiseaux ont un ergot outre les doigts et les ongles ordinaires. La même phrase à peu près est répétée dans le Traité des Parties des animaux, liv. IV, ch. XII, p. 250, 122, édit. de M. Frantzius; mais dans ce traité, Aristote explique pourquoi la nature a donné des ergots à certains oiseaux, et les a refusés à d'autres.

A la fois des ergots et des serres. La nature ne faisant rien en vain, elle n'a pas donné d'ergots à certains oiseaux, parce que leur bec et leurs serres leur suffisent pour déchirer leur proie, et pour soutenir des combats qui se livrent dans les airs. Au contraire, elle a donné des ergots aux oiseaux qui ne volent presque pas, parce que cette arme leur est utile pour les com-bats qui se livrent sur le sol.

Une crête qui est formée par les plumes. C'est alors un capuchon plutôt qu'une crête proprement dite. On peut voir aisément ces différences dans les gallinacés. Il faut distinguer aussi la crête et le capuchon de l'aigrette, ou huppe, des paons et des Iopho-phores ou houppiferes. Voir Cuvier, Règne animal, tome I, pp. 468 et 478; M. Claus, Zoologie descriptive, p. 978.

Une crête toute spéciale. La zoologie moderne n'a pas attaché autant d'importance à cette particularité. Voir pour tous ces détails l'Anatomie comparée de Cuvier.

CHAPITRE IX

Des poissons ; leurs rapports et leurs différences avec les autres animaux ; leur queue ; ils n'ont pas de cou ; le dauphin et ses mamelles ; particularité des branchies spéciale aux poissons ; leurs nageoires en nombre plus ou moins grand ; branchies couvertes ou découvertes ; différences de leur position ; nombre des branchies variable, mais toujours égal des deux côtés dé l'animal ; exemples divers ; les poissons n'ont, ni pbils, ni plumes ; leurs écailles; quelques poissons sont lisses; tous les poissons ont les dents en scie et pointues; quelques-uns ont plusieurs rangées de dents ; langue des poissons, organisée d'une manière étrange ; leur bouche ; yeux des poissons ; tous les poissons ont du sang ; poissons ovipares; poissons vivipares.

1 Τῶν δ´ ἐνύδρων ζῴων τὸ τῶν ἰχθύων γένος ἓν ἀπὸ τῶν ἄλλων ἀφώρισται, πολλὰς περιέχον ἰδέας. Κεφαλὴν μὲνγὰρ ἔχει καὶ τὰ πρανῆ καὶ τὰ ὕπτια, ἐν ᾧ τόπῳ ἡ γαστὴρκαὶ τὰ σπλάγχνα· καὶ ὀπίσθιον οὐραῖον συνεχὲς ἔχει καὶ ἄσχιστον· τοῦτο δ´ οὐ πᾶσιν ὅμοιον.

2 Αὐχένα δ´ οὐδεὶς ἔχειἰχθύς, οὐδὲ κῶλον οὐδέν, οὐδ´ ὄρχεις ὅλως, οὔτ´ ἐντὸς οὔτ´ ἐκτός,οὐδὲ μαστούς. Τοῦτο μὲν οὖν ὅλως οὐδ´ ἄλλο οὐδὲν τῶν μὴ ζῳοτοκούντων, οὐδὲ τὰ ζῳοτοκοῦντα πάντα, ἀλλ´ ὅσα εὐθὺς ἐναὑτοῖς ζῳοτοκεῖ καὶ μὴ ᾠοτοκεῖ πρῶτον. 3 Καὶ γὰρ ὁ δελφὶς ζῳοτοκεῖ, διὸ ἔχει μαστοὺς δύο, οὐκ ἄνω δ´ ἀλλὰ πλησίοντῶν ἄρθρων. Ἔχει δ´ οὐχ ὥσπερ τὰ τετράποδα ἐπιφανεῖς θηλάς, ἀλλ´ οἷον ῥύακας δύο, ἑκατέρωθεν ἐκ τῶν πλαγίωνἕνα, ἐξ ὧν τὸ γάλα ῥεῖ· καὶ θηλάζεται ὑπὸ τῶν τέκνων παρακολουθούντων· καὶ τοῦτο ὦπται ἤδη ὑπό τινων φανερῶς.

4 Οἱ δ´ ἰχθύες, ὥσπερ εἴρηται, οὔτε μαστοὺς ἔχουσιν οὔτ´ αἰδοίων πόρον ἐκτὸς οὐδένα φανερόν. Ἴδιον δ´ ἔχουσι τό τε τῶν βραγχίων, ᾗ τὸ ὕδωρ ἀφιᾶσι δεξάμενοι κατὰ τὸ στόμα, καὶ τὰπτερύγια, οἱ μὲν πλεῖστοι τέτταρα, οἱ δὲ προμήκεις δύο, οἷον ἔγχελυς, δύο ὄντα πρὸς τὰ βράγχια. Ὁμοίως δὲ καὶ κεστρεῖς, οἷον ἐν Σιφαῖς οἱ ἐν τῇ λίμνῃ, δύο, καὶ ἡ καλουμένη ταινία ὡσαύτως.  5 Ἔνια δὲ τῶν προμήκων οὐδὲ πτερύγια ἔχει, οἷον σμύραινα, οὐδὲ τὰ βράγχια διηρθρωμένα ὁμοίως τοῖς ἄλλοις ἰχθύσιν. Αὐτῶν δὲ τῶν ἐχόντων βράγχια τὰ μὲν [505b] ἔχει ἐπικάλυμμα τοῖς βραγχίοις, τὰ δὲ σελάχη πάνταἀκάλυπτα. Καὶ τὰ μὲν ἔχοντα καλύμματα πάντα ἐκπλαγίου ἔχει τὰ βράγχια, τῶν δὲ σελαχῶν τὰ μὲν πλατέα κάτω ἐν τοῖς ὑπτίοις, οἷον νάρκη καὶ βάτος, τὰ δὲπρομήκη ἐν τοῖς πλαγίοις, οἷον πάντα τὰ γαλεώδη. Ὁ δὲβάτραχος ἐκ πλαγίου μὲν ἔχει, καλυπτόμενα δ´ οὐκ ἀκανθώδει καλύμματι ὥσπερ οἱ μὴ σελαχώδεις, ἀλλὰ δερματώδει.

6 Ἔτι δὲ τῶν ἐχόντων βράγχια τῶν μὲν ἁπλᾶ ἐστι τὰβράγχια, τῶν δὲ διπλᾶ· τὸ δ´ ἔσχατον πρὸς τὸ σῶμαπάντων ἁπλοῦν. Καὶ πάλιν τὰ μὲν ὀλίγα βράγχια ἔχει, τὰ δὲ πλῆθος βραγχίων· ἴσα δ´ ἐφ´ ἑκάτερα πάντες. Ἔχειδ´ ὁ ἐλάχιστα ἔχων ἓν ἐφ´ ἑκάτερα βράγχιον, διπλοῦν δὲ τοῦτο, οἷον κάπρος·  7 οἱ δὲ δύο ἐφ´ ἑκάτερα, τὸ μὲν ἁπλοῦντὸ δὲ διπλοῦν, οἷον γόγγρος καὶ σκάρος· οἱ δὲ τέτταρα ἐφ´ ἑκάτερα ἁπλᾶ, οἷον ἔλλοψ, συναγρίς, σμύραινα, ἔγχελυς· οἱ δὲ τέτταρα μὲν δίστοιχα δὲ πλὴν τοῦ ἐσχάτου, οἷονκίχλη καὶ πέρκη καὶ γλάνις καὶ κυπρῖνος. Ἔχουσι δὲ καὶ οἱ γαλεώδεις διπλᾶ πάντες, καὶ πέντ´ ἐφ´ ἑκάτερα· ὁ δὲ ξιφίας ὀκτὼ διπλᾶ.

8 Περὶ μὲν οὖν πλήθους βραγχίων ἐν τοῖς ἰχθύσι τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον.

9 Ἔτι δὲ πρὸς τἆλλα ζῷα οἱ ἰχθύες διαφέρουσι πρὸς τῇ διαφορᾷ τῇ περὶ τὰ βράγχια·οὔτε γὰρ ὥσπερ τῶν πεζῶν ὅσα ζῳοτόκα ἔχει τρίχας, οὔθ´ὥσπερ ἔνια τῶν ᾠοτοκούντων τετραπόδων φολίδας, οὔθ´ ὡς τὸτῶν ὀρνέων γένος πτερωτόν, ἀλλ´ οἱ μὲν πλεῖστοι αὐτῶν λεπιδωτοί εἰσιν, ὀλίγοι δέ τινες τραχεῖς, ἐλάχιστον δ´ ἐστὶ πλῆθος αὐτῶν τὸ λεῖον. Τῶν μὲν οὖν σελαχῶν τὰ μὲν τραχέα ἐστὶ τὰ δὲ λεῖα, γόγγρος δὲ καὶ ἔγχελυς καὶ θύννος τῶνλείων. 10 Καρχαρόδοντες δὲ πάντες οἱ ἰχθύες ἔξω τοῦ σκάρου·καὶ πάντες ἔχουσιν ὀξεῖς τοὺς ὀδόντας καὶ πολυστοίχους, καὶ ἔνιοι ἐν τῇ γλώττῃ. Καὶ γλῶτταν σκληρὰν καὶ ἀκανθώδη ἔχουσι, καὶ προσπεφυκυῖαν οὕτως ὥστ´ ἐνίοτε μὴ δοκεῖν ἔχειν.Τὸ δὲ στόμα οἱ μὲν ἀνερρωγός, ὥσπερ ἔνια τῶν ζῳοτοκούντων καὶ τετραπόδων. 11 Τῶν δ´ αἰσθητηρίων τῶν μὲν ἄλλων οὐδὲν ἔχουσι φανερὸν οὔτ´ αὐτὸ οὔτε τοὺς πόρους, οὔτ´ ἀκοῆς οὔτ´ ὀσφρήσεως· ὀφθαλμοὺς δὲ πάντες ἔχουσιν ἄνευ βλεφάρων, οὐ σκληρόφθαλμοι ὄντες. 12 [506a] Ἔναιμον μὲν οὖν ἐστιν ἅπαν τὸ τῶν ἰχθύων γένος, εἰσὶ δ´ αὐτῶν οἱ μὲν ᾠοτόκοι οἱ δὲ ζῳοτόκοι, οἱ μὲν λεπιδωτοὶ πάντες ᾠοτόκοι, τὰ δὲ σελάχη πάνταζῳοτόκα πλὴν βατράχου.

 

 

1 Parmi les animaux qui vivent dans l'eau, les poissons forment un genre à part, qui est nettement déterminé et qui comprend de nombreuses espèces. Les poissons ont une tête; ils ont un dessus du corps et un dessous; c'est dans ce dernier lieu que sont placés l'estomac et les intestins. Par derrière, ils ont une queue, qui est le prolongement du corps et qui n'en est pas séparée. Cette queue d'ailleurs n'est pas pareille dans tous les poissons.

2  Le poisson n'a jamais de cou ; il n'a pas de membre proprement dit. Il n'a pas de testicules, ni en dedans, ni en dehors, non plus que de mamelles. Ce dernier organe d'ailleurs manque absolument dans tout animal qui n'est pas vivipare ; et même parmi les vivipares, tous n'ont pas de mamelles ; mais ceux-là seuls en ont qui produisent en eux-mêmes un petit, lequel est immédiatement vivant en eux, et qui ne produisent pas d'abord un œuf. 3  Ainsi le dauphin, qui est vivipare, a deux mamelles, non pas placées en haut, mais situées près des articulations. Ses mamelons ne sont pas apparents, comme dans les quadrupèdes; mais ce sont des espèces d'orifices, un de chaque côté sur les flancs ; c'est de ces orifices que sort le lait, tété par les petits, qui suivent leur mère. Le fait a été constaté par quelques personnes qui l'ont parfaitement vu.

4 Si les poissons, ainsi qu'on vient de le dire, n'ont ni mamelles, ni organe génital apparent, ils ont la particularité des branchies, par où ils rejettent l'eau qu'ils ont prise dans leur bouche, et aussi la particularité des nageoires. La plupart des poissons ont quatre nageoires ; ceux qui sont très-allongés, comme l'anguille, n'en ont que deux près des branchies. C'est encore l'organisation des mulets de l'étang de Siphées, et également du poisson qu'on appelle le Taenia. 5 Quelques pois-sons allongés, comme la murène, n'ont pas de na-geoires, non plus que de branchies, articulées comme dans les autres poissons. Parmi ceux qui sont pourvus de branchies, les uns ont des branchies [505b] recouvertes d'opercules; mais les sélaciens n'en ont jamais. Ceux qui ont des opercules ont les branchies placées sur le côté. Entre les sélaciens, ceux qui sont larges ont les branchies en bas, dans le dessous du corps, comme la torpille et le Batos ; les sélaciens qui sont très longs portent les branchies sur le côté, comme tous ceux qui sont du genre des chiens de mer. La grenouille marine les a sur le côté ; mais les branchies sont recouvertes non d'un opercule de genre épineux, comme dans les poissons qui ne sont pas des sélaciens, mais par un opercule analogue à la peau.

6 Dans les poissons qui ont des branchies, les uns les ont simples ; chez les autres, elles sont doubles. La dernière, qui touche le corps, est tou-jours simple. Les uns ont peu de branchies; les autres en ont beaucoup; mais tous en ont un nombre égal de chaque côté. Le poisson qui en a le nombre moindre en a toujours une de chaque côté ; et celle-là est double, comme dans le sanglier d'eau. 7 D'autres poissons ont deux ouïes de chaque côté, l'une simple et l'autre double, comme le congre et le scare. D'autres en ont jusqu'à quatre de chaque côté, qui sont simples, comme l'ellops ou esturgeon, le synagris, la murène et l'anguille. D'autres en ont quatre sur deux rangs, si ce n'est la dernière, comme la grive d'eau, la perche, le glanis et la carpe. Tout le genre des chiens de mer a des ouïes doubles, cinq de chaque côté. L'espadon en a huit, qui sont doubles.

8 Voilà ce qu'on peut dire pour le nombre des branchies dans les poissons.

9 La différence des branchies n'est pas la seule que les poissons présentent relativement aux autres animaux. Ainsi, ils n'ont pas de poils comme les vivipares terrestres ; ils n'ont pas d'écailles dans le genre de quelques quadrupèdes ovipares; ils ne sont pas non plus couverts de plumes comme les oiseaux. Mais pour la plupart, ils sont couverts de lames écailleuses; quelques-uns ont une peau rugueuse; enfin, c'est le plus petit nombre qui ont la peau lisse. Parmi les sélaciens, les uns sont rugueux; d'autres sont lisses, tels que les congres, les anguilles et les thons. 10 Tous les poissons, sauf le scare, ont les dents en scie. Tous aussi ont des dents pointues. Quelques-uns même en ont plusieurs rangs; ils en ont jusque sur la langue. Leur langue est dure et dans le genre des arêtes ; elle est tellement attachée qu'on pourrait croire quelquefois qu'ils n'en ont pas. La bouche est très-fendue dans quelques-uns, comme elle l'est dans certains vivipares quadrupèdes. 11 Pour les divers sens, ils n'ont rien d'apparent, ni l'organe lui-même, ni les conduits, pas plus pour Fouie que pour l'odorat. Mais tous ils ont des yeux, sans paupières, quoique ces yeux ne soient pas durs. 12 [506a] Le genre entier des poissons a du sang; les uns sont ovipares; les autres, vivipares. Tous les poissons à écailles sont ovipares; mais tous les sélaciens, à l'exception de la grenouille de mer, sont vivipares.

§ 1. Qui est nettement déterminé. Dans sa généralité peut-être, mais non pas autant dans le détail; voir Cuvier, Règne animal, tome I, préface, p. 26, et tome II, p. 122.

Les poissons ont une tête. Voir plus haut, liv. I, ch. vii, § 1.

Et qui rien est pas séparée. Il me semble que c'est là le vrai sens de ce passage ; il ne peut pas signifier que la queue des poissons est sans divisions, comme l'ont cru quelques traducteurs.

N'est pas pareille. Observation exacte dans sa généralité, et bonne à recueillir.

§ 2. Il n'a pas de membre proprement dit. Le terme grec est assez vague, et voilà pourquoi j'ai cru devoir .ajouter les derniers mots. Sans doute Aristote veut dire que le poisson n'a pas comme les quadrupèdes des membres distincts, bras, jambes, etc.

Il n'a pas de testicules. Sous-entendu : « Apparents ou Extérieurs » ; mais Aristote, comme le remarquent MM. Aubert et Wimmer, a bien connu les organes génitaux des poissons; voir plus loin, liv. V, ch. iv, § 5, où Aristote parle des Conduits des poissons, qui tiennent lieu de testicules.

Non plus que de mamelles. Les cétacés ne sont donc pas comptés par Aristote parmi les poissons ; ils sont Mammifères.

Qui n'est pas vivipare. Autrement, les mamelles n'auraient pas de raison d'être.

§ 3. Le dauphin. Les dauphins sont la première tribu des cétacés souffleurs. Ce sont, dit Cuvier, les plus carnassiers et les plus cruels de l'ordre ; Règne animal, tome I, p. 287.

Près des articulations. C'est le sens littéral du mot grec, qui ne peut pas en avoir un autre ; et les manuscrits n'offrent pas de variante. MM. Aubert et Wimmer ont traduit comme si, au lieu des Articulations, il y avait les parties de la génération; je n'ai pas cru devoir suivre cet exemple. Ce qui est vrai, c'est que les cétacés ont leurs mamelles près de l'anus. La traduction de MM. Aubert et Wimmer est donc conforme à la réalité, mais non point au texte. Articulations signifie peut-être ici le point où la queue se joint et s'articule au reste du corps.

Le fait a été constaté. Il faut remarquer ce soin d'Aristote à justifier ses assertions par l'ob-servation exacte des faits, que d'ailleurs l'observation vienne de lui ou des autres.

§ 4. La particularité des branchies. C'est aussi par la description des branchies et des nageoires que Cuvier commence l'étude des poissons, Règne animal, tome II, pp. 122 et suiv. «L'appareil des branchies consiste en feuillets composés chacun d'un grand nombre de lames placées A la file l'eau que le poisson avale s'échappe entre ces hunes par des ouvertures nommées Ouïes des rayons plus ou moins nombreux soutenant des nageoires représentent grossièrement les doigts des mains et des pieds, etc. »

Quatre nageoires. Cuvier, loc. cit., p. 124, énonce le même fait : « Le plus souvent il y eti a quatre ; quelques-uns n'en ont que deux ; d'autres en manquent tout à fait. »

Siphées. La même remarque se retrouve dans le Traité de la Marche des animaux, p. 708, a, 5, édit. de Berlin. Siphées, ou, avec la forme Dorienne, Tiphées, est situé dans cette partie de la Béotie qui est sur le golfe de Corinthe ; voir Pausanias, qui l'appelle Tipha, liv. IX, ch. XXXII, pp. 474, 13, édit. Fir-min-Didot, et aussi l'Atlas de Kiepert, planche XII, au sud-ouest de Thespies, de Leuctre et de Platée.

Le ténia. J'ai conservé le mot grec, parce que l'identification est trop incertaine. La zoologie moderne connaît aussi une espèce de poissons qu'elle nomme les Tœnioldes; voir Cuvier, Règne animal, t. II, p. 207, et la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 855, trad. française.

§ 5. La murène. Voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 239, et la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 834. Les murènes, Physostomes apodes, ont la peau lisse, dépourvue d'écaillés; les nageoires pectorales manquent.

Non plus que de branchies. La zoologie moderne ne constate rien de particulier sur les branchies de la murène ; mais le genre auquel elle appartient a en général des branchies en feuillets et en lamelles. Ce qui la distingue spécialement, c'est une vessie natatoire, avec un canal aérien. — Les sélaciens rien ont jamais. Cuvier décrit l'organisation sin-gulière des branchies fixes dans les Chondroptérygiens, dont les Sélaciens (squales, requins et raies) font partie, Règne animal, tome II, p. 383 et suiv. Voir aussi la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 814, qui insiste sur l'organisation des branchies dans les Sélaciens.

Ceux qui sont larges. Ce sont les raies, qui sont de la même famille, Plagiostomes, que les requins.

La torpille. Voir Athénée, liv. VII, p. 314, citant Aristote sur la torpille. Ce poisson est bien aussi de la même famille que ceux auxquels le joint Aristote.

Le Batos. On ne sait pas au juste quel est ce Sélacien. Voir plus haut, liv. I, ch. rv, p. 2.

Des chiens de mer. Même remarque ; voir les Nouveaux éléments de zoologie de M. H. Hollard, pp. 336 et suiv.

La grenouille marine. Le texte dit simplement : « la grenouille » ; mais il est clair qu'il s'agit ici d'un poisson de mer. C'est une famille des Acan-thoptérygiens, appelée les Batracholdes; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 253. On ne voit point d'ailleurs dans la zoologie moderne rien qui réponde complètement à la description qu'Aristote donne dans ce passage.

§ 6. Les uns les ont simples. C'est-à-dire, à une seule rangée.

Elles sont doubles, ou à deux rangées.

 — La dernière qui touche le corps. Ceci ne se comprend pas très-bien, et je ne suis pas sûr du sens que je donne ; je n'ai pu en trouver un meilleur.

Les uns ont peu de branchies. La zoologie moderne a peut-être donné aux branchies autant d'importance que leur en donne Aristote; mais elle ne s'y est pas arrêtée peut-être aussi longuement; voir Cuvier, Règne animal, tome II, pp. 122 et suiv., et la Zoologie descriptive de M. Claus, pp. 796 et suiv. Voir le même ouvrage p. 804, sur la difficulté extrême de classifier les poissons.

Est double. C'est-à-dire : A deux rangées

Le sanglier d'eau. Le texte dit simplement : Le sanglier, Capros. C'est un poisson qui se trouve dans l'Achéloûs, et qui pousse une sorte de grognement; on le trouve aussi dans la mer des Cyclades. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 130, tome I, de leur traduction. L'Achéloûs, à l'ouest de la Grèce, en est peut-être le plus grand fleuve. Prenant sa source dans l'Épire, il coule du nord au sud et se jette dans la mer Ionienne, en face de Corfou et d'Ithaque, près des Échinades. Aujourd'hui, il se nomme l'As-propotamo. Sur le Capros, voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 211.

§ 7. Le Congre. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, loc. cit., p. 126. Le congre se trouve dans la mer des Cyclades; il y en a de deux espèces, les blancs et les noirs. Le congre est une espèce d'anguille et de murène; on l'appelle aussi Anguille de mer; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 834.

Le scare. Le seul poisson qui rumine; il se trouve dans l'Archipel, où on le nomme spécialement Scarus cretensis. MM. Aubert et Wimmer, toc. cit., Catalogue, p. 139, croient que le scare est le poisson-perroquet. Cuvier a consacré aux scares un assez long article, Règne animal, tome II, p. 265. Le scare est tantôt bleu et tantôt rouge, suivant les saisons. C'est la forme de leurs mâchoires qui leur a fait donner le nom de poissons-per-roquets.

L'ellops, ou peut-être l'esturgeon ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 378.

Le Synagris, ou Synacris, poisson des Çyclades ; voir plus loin,ch.xii, § 12 ; voir aussi le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 140, toc. cit. On l'identifie en général avec le Dentex vulgaris, de la Méditerranée.

Comme la grive d'eau. J'ai adopté ce mot de Grive, parce que le mot grec est aussi celui qui désigne la grive-oiseau, le Turdus viscivorus. Voir MM. Aubert et Wimmer, Catalogue, pp. 131 et 96; Zoologie descriptive de M. Claus, p. 997.

La perche. Cuvier n'a pas signalé dans la perche le nombre des branchies ; Voir le Règne animal, tome II, p. 131 et suiv. Les perches sont la première famille des Acanthoptérygiens, ou poissons à nageoires épineuses.

Le Glanis. Il est difficile d'identifier ce poisson; et c'est pour cela qu'on a généralement conservé le mot grec lui-même. Le glanis, dont Aristote parle souvent, paraît être le Silurus glanis, de l'ordre des malacoptérygiens abdominaux ; voir Cuvier, Règne animai, tome II, p. 291 ; et le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 126. Voir aussi la longue note de Camus, tome II, pp. 378 et suiv. Il reste toujours à savoir ce que c est au juste que le Glanis aristotélique. Dans une note insérée dans le Recueil de l'Aca-démie américaine des arts et sciences (1856), M. Agassiz a discuté la question avec beaucoup de science et de clarté; et il incline, contre Cuvier et Valenciennes, à croire que le glanis d'Aristote n'est pas le Silurus glanis précisément, mais un Siluride qui se trouve encore dans l'Achéloûs, et que les gens du pays appellent toujours Glanidion.

La carpe. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 133; et Cuvier, Règne animal, tome II, p. 270.

Des chiens de mer. Cette identification n'est pas sure; et le nom dont se sert ici Aristote est peu connu. Les galéodes sont des sélaciens.

 — L'espadon. Ce mot dans notre langue répond tout à fait au mot grec. Cuvier remarque que les branchies de ce poisson ne sont pas divisées en dents de peigne (pectinées), mais formées chacune de deux grandes lames parallèles, dont la surface est réticulée, « C'est ce qui a fait dire à Aristote, ajoute Cuvier en note, que le xiphias a huit branchies. » Règne animal, tome II, p. 201. Athénée, liv. VII, p. 314, parle aussi du xiphias, d'après Aristote.

§ 8. Pour le nombre des branchies. Il ne paraît pas qu'aucun zoologiste ait poussé cette étude plus loin que le philosophe grec.

§ 9. La différence des branchies... Ce n'est pas la seule sans doute; mais c'est peut-être la principale. Voir les généralités sur les poissons dans Cuvier, Règne animal, tome II, pp. 122 et suiv., et dans la Zoologie descriptive de M. Claus, pp. 777 et suiv. Voir aussi Nouveaux éléments de zooiogie de Hollard, pp. 328 et suiv.

De quelques quadrupèdes ovipares. Comme les sauriens.

De lames écailleuses. En grec, il y a deux mots différents pour les écailles des poissons, et pour les écailles de quelques animaux tels que les lézards. Notre langue n'a pas fait ces distinctions.

Parmi les sélaciens. Voir plus haut, § 5.

Les congres. Voir plus haut, § 7.

§ 10. Sauf le scare. Voir plus haut, § 7.

Les dents en scie. Voir plus haut, ch. iii, § 13; ce sont les dents aussi appelées Carnassières.

Jusque sur la langue. Le fait est exact. On trouve aussi des dents sur le palais des amphibies, comme sur le palais des serpents ; voir l'Ana-tomie comparée de M. Gegenbaur, pp. 740 et 744, § 228, trad. franc.

Leur langue est dure. Toutes ces observations sur la langue des poissons sont très-exactes.

Leur bouche est très-fendue. Voir sur la bouche des poissons la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 793. Cuvier n'en dit presque rien.

§ 11. Pour les divers sens. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 789. « De tous les « vertébrés, ce sont les poissons qui ont le système nerveux le plus simple et le moins perfectionné. »

Pas plus pour l'ouïe que pour l'odorat. Tous les poissons, sauf peut-être l'Amphioxus, dont l'organe de l'ouïe disposé de différentes manières, mais aisément reconnaissable. On en peut dire autant de l'organe de l'odorat.

Mais tous ils ont des yeux. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 790. Les yeux des poissons sont en général très-aplatis ; mais ils ne sont pas toujours sans paupières, comme le dit Aristote. Les sélaciens en particulier ont des paupières, inférieure et supérieure, avec une membrane nictitante.

§ 12. A du sang. Sur la circulation du sang chez les poissons, voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 122. Aristote veut dire que tous les poissons ont du sang rouge.

Les uns sont ovipares. C'est l'immense majorité.

Les autres vivipares. Comme les cétacés.

Tous les sélaciens. Ceci n'est pas exact pour tous les sélaciens; il y en a dans le corps desquels éclosent les petits : d'autres font des œufs revêtus d'une coque dure et cornée. Parmi les squales, les uns sont vivipares; les autres produisent des œufs de ce genre. Voir les détails intéressants que donne Cuvier, Règne animal, tome II, pp. 384 et 385. Voir surtout son admirable Anatomie comparée, 1er et 2e« éditions.
 

CHAPITRE X

Des serpents ; serpents de terre, serpents d'eau, dans les eaux douces ou dans la mer, jamais dans les eaux profondes ; les serpents n'ont pas de pieds non plus que les poissons; scolo-pendres de mer et de terre; petit poisson saxatile, l'Échénéïs, ou Rémora; usages superstitieux qu'on en fait. — Résumé.

1 Λοιπὸν δὲ τῶν ἐναίμων ζῴων τὸ τῶν ὄφεων γένος. Ἔστιδὲ κοινὸν ἀμφοῖν· τὸ μὲν γὰρ πλεῖστον αὐτῶν χερσαῖόν ἐστιν,ὀλίγον δὲ τὸ τῶν ἐνύδρων ἐν τοῖς ποτίμοις ὕδασι διατελεῖ. Εἰσὶ δὲ καὶ θαλάττιοι ὄφεις, παραπλήσιοι τὴν μορφὴν τοῖς χερσαίοις τἆλλα· πλὴν τὴν κεφαλὴν ἔχουσι γογγροειδεστέραν. Γένη δὲ πολλὰ τῶν θαλαττίων ὄφεών ἐστι, καὶ χρόαν ἔχουσι παντοδαπήν· οὐ γίνονται δ´ οὗτοι ἐν τοῖς σφόδρα βαθέσιν.  Ἄποδες δ´ εἰσὶν οἱ ὄφεις ὥσπερ τὸ τῶν ἰχθύων γένος.

2 Εἰσὶ δὲ καὶ σκολόπενδραι θαλάττιαι, παραπλήσιαι τὸ εἶδος ταῖς χερσαίαις, τὸ δὲ μέγεθος μικρῷ ἐλάττους· γίνονται δὲ περὶ τοὺς πετρώδεις τόπους. Τὴν δὲ χροιάν εἰσιν ἐρυθρότεραι καὶ πολύποδες μᾶλλον καὶ λεπτοσκελέστεραι τῶν χερσαίων. Οὐ γίνονται δ´ οὐδ´ αὗται, ὥσπερ οὐδ´ οἱ ὄφεις,ἐν τοῖς βαθέσι σφόδρα.

3 Ἔστι δ´ ἰχθύδιόν τι τῶν πετραίων, ὃκαλοῦσί τινες ἐχενηΐδα, καὶ χρῶνταί τινες αὐτῷ πρὸς δίκαςκαὶ φίλτρα· ἔστι δ´ ἄβρωτον· τοῦτο δ´ ἔνιοί φασιν ἔχειν πόδας οὐκ ἔχον, ἀλλὰ φαίνεται διὰ τὸ τὰς πτέρυγας ὁμοίαςἔχειν ποσίν.

4 Τὰ μὲν οὖν ἔξω μόρια, καὶ πόσα καὶ ποῖα τῶν ἐναίμων ζῴων, καὶ τίνας ἔχει πρὸς ἄλληλα διαφοράς, εἴρηται.

 

1 La dernière espèce des animaux qui ont du sang est celle des serpents; ils sont de terre et d'eau. La plupart vivent sur terre; c'est le plus petit nombre qui vivent dans l'eau et dans les eaux potables. Il y a aussi des serpents de mer, qui ressemblent aux serpents de terre, pour toutes les autres parties, si ce n'est la tête, qu'ils ont plutôt pareille à celle du congre. Il y a de nombreuses espèces de serpents marins; et leurs couleurs sont très-variées; mais on ne les trouve pas dans les eaux profondes. Les serpents sont dépourvus de pieds, ainsi que les poissons.

2 Il y a aussi des scolopendres de mer, dont la forme et à peu près celle des scolopendres terrestres; seulement, elles sont un peu plus petites. Elles se trouvent dans les rochers. Leur couleur est plus rouge que celle des scolopendres de terre ; elles ont en outre plus de pattes, et ces pattes sont plus grêles. Non plus que les serpents de mer, elles ne se trouvent pas dans les eaux profondes.

3 Un petit poisson qui vit dans les rochers a reçu de quelques personnes le nom de Échénéïs, ou Rémora; on s'en sert parfois pour des conjurations, dans les procès, ou pour des philtres. Il n'est pas mangeable. On a prétendu parfois que ce poisson a des pieds; mais il n'en a pas; il semble seulement en avoir, parce que ses nageoires ressemblent à des pieds.

4 On a donc traité jusqu'à présent des parties extérieures des animaux qui ont du sang, du nombre de ces parties et de leur nature ; et l'on a exposé les différences que les animaux présentent entre eux à cet égard.

§ 1. La dernière espèce. ... MM. Aubert et Wimmer regardent tout ce chapitre comme absolument déplacé; et ils vont même jusqu'à le croire tout à fait apocryphe. On ne peut que partager cette opinion. Sans doute, une étude sur les serpents (reptiles) pouvait avoir ici sa place après tout ce qui précède; mais celle qu'on nous donne dans ce chapitre ne peut être celle même d'Aristote. Les longs détails où l'on entre sur les scolopendres sont tout à fait étrangers à la présente recherche

Qui ont du sang. Voir sur la circulation du sang dans les Reptiles, Cuvier, Règne animal, tome II, pp. 1 et suiv. Ils ont le sang très-froid ; voir aussi la Zoologie descriptive de M. Claus, pp. 894 et 895.

De terre et d'eau. Cuvier explique comment les reptiles peuvent plonger plus longtemps que les mammifères et les oiseaux, loc. cit. p. 3. C'est surtout par la quantité de la respiration que la science moderne a divisé les reptiles en quatre ordres : Chéloniens, Sauriens, Ophidiens ou serpents, et Batraciens. Le cœur est organisé différemment dans chacun de ces ordres; Cuvier, loc. cit., p. 4. D'autres classifications commencent par les Ophidiens.

Les serpents sont dépourvus de pieds. C'est un de leurs caractères les plus saillants.

§ 2. Des scolopendres de mer. Ceci ne tient pas à ce qui précède; et cette incohérence peut passer pour un argument de plus contre l'authenticité de ce passage. La scolopendre est un insecte et non pas un reptile ; voir Cuvier, Règne animal, tome IV, p. 335. On ne voit pas que la zoologie moderne ait distingué des scolopendres de terre et de mer ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 535.

Plus de pattes. La scolopendre fait partie des myriapodes et des chilopodes; elle a au moins quinze paires de pattes, et quelques espèces en ont davantage. C'est là d'où vient le nom de cet ordre. Voir plus haut, liv. I, ch. v, § 1.

§ 3. Rémora. C'est aussi le nom que donne Cuvier, Règne animal, tome II, p. 347. — Échénéïs. Cuvier trouve que ce poisson est remarquable entre tous par le disque aplati qu'il porte sur la tète. Aristote n'a pas remarqué cette particularité, de même que Cuvier ne dit rien des nageoires des échinéls ; cependant ces poissons lui semblent mériter de former une famille à part dans l'ordre des malacoptérygiens.

§ 4. On a donc traité jusqu'à présent... Voir plus haut, liv. I, ch. xiir, § i. En commençant par le corps de l'homme, Aristote s'occupe d'abord des parties extérieures, et ensuite des parties intérieures ; c'est aussi la méthode qu'il suit pour les animaux.

 

 

CHAPITRE XI

Des parties intérieures dans Jes grandes races d'animaux, selon qu'ils ont du sang, ou qu'ils n'en ont pas; tous les vivipares quadrupèdes ont un œsophage et une trachée-artère ; les quadrupèdes ovipares et les oiseaux les ont aussi avec des différences de formes; tous les animaux qui ont du sang ont un cœur ; chez quelques-uns, il y a un os dans le cœur ; tous les animaux qui ont du sang n'ont pas tous de poumon ; la rate très-petite dans quelques animaux ; exemples divers ; la vésicule du fiel manque chez beaucoup d'animaux; les biches Achaïnes ont une matière analogue au fiel sous la queue ; vers vivants dans la tête des cerfs ; leur place, leur nombre, leur grosseur ; le cerf n'a pas de fiel ; amertume de ses intestins ; foie et fiel de l'éléphant ; vésicule du fiel dans les poissons ; sa position variable, suivant qu'elle est plus ou moins près du foie, qu'elle y est jointe ou qu'elle en est détachée ; variétés selon les espèces et dans une même espèce.

1 Τὰ δ´ ἐντὸς πῶς ἔχει, λεκτέον ἐν τοῖς ἐναίμοις ζῴοις πρῶτον· τούτῳ γὰρ διαφέρει τὰ μέγιστα γένη πρὸς τὰ λοιπὰτῶν ἄλλων ζῴων, τῷ τὰ μὲν ἔναιμα τὰ δ´ ἄναιμα εἶναι. Ἔστι δὲ ταῦτα ἄνθρωπός τε καὶ τὰ ζῳοτόκα τῶν τετραπόδων, ἔτι δὲ καὶ τὰ ᾠοτόκα τῶν τετραπόδων καὶ ὄρνις καὶ ἰχθὺς καὶ κῆτος, καὶ εἴ τι ἄλλο ἀνώνυμόν ἐστι διὰ τὸ μὴ εἴναιγένος ἀλλ´ ἁπλοῦν τὸ εἶδος ἐπὶ τῶν καθ´ ἕκαστον, οἷον ὄφιςκαὶ κροκόδειλος.

2 Ὅσα μὲν οὖν ἐστι τετράποδα καὶ ζῳοτόκα,στόμαχον μὲν καὶ ἀρτηρίαν πάντ´ ἔχει, καὶ κείμενα τὸναὐτὸν τρόπον ὥσπερ ἐν τοῖς ἀνθρώποις· ὁμοίως δὲ καὶ ὅσαᾠοτοκεῖ τῶν τετραπόδων, καὶ ἐν τοῖς ὄρνισιν· ἀλλὰ τοῖς εἴδεσι [506b] τῶν μορίων τούτων διαφέρουσιν.  3 Ὅλως δὲ πάντα ὅσατὸν ἀέρα δεχόμενα ἀναπνεῖ καὶ ἐκπνεῖ, πάντ´ ἔχει πλεύμονακαὶ ἀρτηρίαν καὶ στόμαχον, καὶ τὴν θέσιν τοῦ στομάχου καὶ τῆς ἀρτηρίας ὁμοίως, ἀλλ´ οὐχ ὅμοια, τὸν δὲ πλεύμονα οὔθ´ὅμοιον οὔτε τῇ θέσει ὁμοίως ἔχοντα. 4 Ἔτι δὲ καρδίαν ἅπαντ´ ἔχει ὅσα αἷμα ἔχει, καὶ τὸ διάζωμα, ὃ καλοῦνται φρένες·ἀλλ´ ἐν τοῖς μικροῖς διὰ λεπτότητα καὶ σμικρότητα οὐ φαίνεται ὁμοίως, πλὴν ἐν τῇ καρδίᾳ. Ἴδιον δ´ ἐστὶν ἐπὶ τῶν βοῶν·ἔστι γάρ τι γένος βοῶν, ἀλλ´ οὐ πάντες, ὃ ἔχει ἐν τῇ καρδίᾳ ὀστοῦν. Ἔχει δὲ καὶ ἡ τῶν ἵππων καρδία ὀστοῦν.

5 Πλεύμονα δ´ οὐ πάντα, οἷον ἰχθὺς οὐκ ἔχει, οὐδ´ εἴ τι ἄλλο τῶν ζῴωνἔχει βράγχια. Καὶ ἧπαρ ἅπαντ´ ἔχει ὅσαπερ αἷμα. Σπλῆνα δὲ τὰ πλεῖστα ἔχει ὅσαπερ καὶ αἷμα. Τὰ δὲ πολλὰτῶν μὴ ζῳοτόκων ἀλλ´ ᾠοτόκων μικρὸν ἔχει τὸν σπλῆναοὕτως ὥστε λανθάνειν ὀλίγου τὴν αἴσθησιν, ἔν τε τοῖς ὄρνισιτοῖς πλείστοις, οἷον ἐν περιστερᾷ καὶ ἰκτίνῳ καὶ ἱέρακι καὶγλαυκί· ὁ δ´ αἰγοκέφαλος ὅλως οὐκ ἔχει.  6 Καὶ ἐπὶ τῶν ᾠοτόκων δὲ καὶ τετραπόδων τὸν αὐτὸν τρόπον ἔχει· μικρὸν γὰρπάμπαν ἔχουσι καὶ ταῦτα, οἷον χελώνη, ἑμύς, φρύνη, σαῦρος, κροκόδειλος, βάτραχος. 7 Χολὴν δὲ τῶν ζῴων τὰμὲν ἔχει τὰ δ´ οὐκ ἔχει ἐπὶ τῷ ἥπατι. Τῶν μὲν ζῳοτόκωνκαὶ τετραπόδων ἔλαφος οὐκ ἔχει οὐδὲ πρόξ, ἔτι δ´ ἵππος, ὀρεύς, ὄνος, φώκη καὶ τῶν ὑῶν ἔνιοι. Τῶν δ´ ἐλάφων αἱἀχαΐναι καλούμεναι δοκοῦσιν ἔχειν ἐν τῇ κέρκῳ χολήν· ἔστι δ´ ὃ λέγουσι τὸ μὲν χρῶμα ὅμοιον χολῇ, οὐ μέντοι ὅλονὑγρὸν οὕτως, ἀλλ´ ὅμοιον τῷ τοῦ σπληνὸς τὰ ἐντός. 8 Σκώληκας μέντοι πάντες ἔχουσιν ἐν τῇ κεφαλῇ ζῶντας· ἐγγίνονταιδ´ ὑποκάτω τοῦ ὑπογλωττίου ἐν τῷ κοίλῳ καὶ περὶ τὸν σφόνδυλον, ᾗ ἡ κεφαλὴ προσπέφυκε, τὸ μέγεθος οὐκ ἐλάττουςὄντες τῶν μεγίστων εὐλῶν· ἐγγίνονται δ´ ἀθρόοι καὶ συνεχεῖς, τὸν ἀριθμὸν δ´ εἰσὶ μάλιστα περὶ εἴκοσι.  9 Χολὴν μὲν οὖν οὐκ ἔχουσιν οἱ ἔλαφοι, ὥσπερ εἴρηται· τὸ δ´ ἔντερον αὐτῶν ἐστιπικρὸν οὕτως ὥστε μηδὲ τοὺς κύνας ἐθέλειν ἐσθίειν, ἂν μὴ [507a] σφόδρα πίων ᾖ ὁ ἔλαφος.

10 Ἔχει δὲ καὶ ὁ ἐλέφας τὸ ἧπαρ ἄχολον μέν, τεμνομένου μέντοι περὶ τὸν τόπον οὗ τοῖςἔχουσιν ἐπιφύεται ἡ χολή, ῥεῖ ὑγρότης χολώδης ἢ πλείων ἢἐλάττων. 11 Τῶν δὲ δεχομένων τὴν θάλατταν καὶ ἐχόντων πλεύμονα δελφὶς οὐκ ἔχει χολήν. Οἱ δ´ ὄρνιθες καὶ οἱ ἰχθύες πάντες ἔχουσι, καὶ τὰ ᾠοτόκα καὶ τετράποδα, καὶ ὡς ἐπίπαν εἰπεῖν ἢ πλείω ἢ ἐλάττω· ἀλλ´ οἱ μὲν πρὸς τῷ ἥπατιτῶν ἰχθύων, οἷον οἵ τε γαλεώδεις καὶ γλάνις καὶ ῥίνη καὶλειόβατος καὶ νάρκη καὶ τῶν μακρῶν ἔγχελυς καὶ βελόνηκαὶ ζύγαινα. Ἔχει δὲ καὶ ὁ καλλιώνυμος ἐπὶ τῷ ἥπατι, ὅσπερ ἔχει μεγίστην τῶν ἰχθύων ὡς κατὰ μέγεθος. 12 Οἱ δὲ πρὸς τοῖς ἐντέροις ἔχουσιν, ἀποτεταμένην ἀπὸ τοῦ ἥπατος πόροις ἐνίοις πάνυ λεπτοῖς. Ἡ μὲν οὖν ἀμία παρὰ τὸ ἔντερον παρατεταμένην ἰσομήκη ἔχει, πολλάκις δὲ καὶ ἐπαναδίπλωμα· οἱ δ´ ἄλλοι πρὸς τοῖς ἐντέροις, οἱ μὲν πορρώτερον οἱ δ´ ἐγγύτερον, οἷον βάτραχος, ἔλοψ, συναγρία, σμύραινα, ξιφίας.

13 Πολλάκις δὲ καὶ τὸ αὐτὸ γένος ἐπ´ ἀμφότερα φαίνεται ἔχον, οἷον γόγγροι οἱ μὲν πρὸς τῷ ἥπατι, οἱ δὲκάτω ἀπηρτημένην. Ὁμοίως δ´ ἔχει τοῦτο καὶ ἐπὶ τῶν ὀρνίθων· ἔνιοι γὰρ πρὸς τῇ κοιλίᾳ ἔχουσιν, οἱ δὲ πρὸς τοῖς ἐντέροις τὴν χολήν, οἷον περιστερά, κόραξ, ὄρτυξ, χελιδών, στρουθός. Ἔνιοι δ´ ἅμα πρὸς τῷ ἥπατι ἔχουσι καὶ πρὸς τῇκοιλίᾳ, οἷον αἰγοκέφαλος, οἱ δ´ ἅμα πρὸς τῷ ἥπατι καὶτοῖς ἐντέροις, οἷον ἱέραξ καὶ ἰκτῖνος.


 

 

 

1 Nous exposerons ce que sont les parties intérieures, en commençant par les animaux qui ont du sang; car ce qui distingue les grandes espèces d'animaux de toutes les autres, c'est que les uns ont du sang, et que les autres n'en ont pas. Les espèces qui en ont sont l'homme, les vivipares parmi les quadrupèdes, et aussi les quadrupèdes ovipares, l'oiseau, le poisson, les cétacés, et tels autres animaux qui n'ont pas de nom commun, attendu qu'ils ne forment pas un genre, mais seulement une espèce, qui ne s'applique qu'aux individus, tels que le serpent et le crocodile.

2 Ceci posé, il faut dire que tous les quadrupèdes vivipares ont un œsophage et une trachée-artère, qui sont placés chez eux comme ils le sont dans l'homme. La même disposition se voit dans les quadrupèdes ovipares et dans les oiseaux ; [506b] la seule différence consiste dans les formes de ces parties. 3 Tous les animaux qui, en recevant l'air, aspirent et expirent, ont un poumon, une trachée-artère et un œsophage. L'œsophage et la trachée ont la même position dans ces animaux; mais ces organes ne sont pas les mêmes dans tous. Ceux qui ont un poumon ne l'ont pas tous pareil, ni dans une position semblable. 4 Tout animal qui a du sang a aussi un cœur, et un diaphragme, qu'on appelle Phrénique. On ne distingue pas le cœur aussi bien dans les petits animaux, parce qu'il est mince et petit. Dans les bœufs, l'organisation du cœur a quelque chose de particulier; certaines races, si ce n'est toutes, ont un os dans le cœur; et le cœur des chevaux offre parfois cette singularité,

5 Parmi les animaux qui ont du sang, tous n'ont pas de poumon ; et c'est ainsi que le poisson n'en a pas, non plus que tous les autres animaux qui ont aussi des branchies. Tous ceux qui ont du sang ont un foie, de même qu'en général ces animaux ont une rate. Mais dans la plupart de ceux qui ne sont pas vivipares et qui sont ovipares, la rate est si petite qu'on ne peut presque pas l'apercevoir, non plus que dans la plupart des oiseaux, tels que le pigeon, le milan, l'épervier et la chouette. L'aegocéphale n'en a pas même du tout. 6 II en est de même dans les quadrupèdes ovipares, qui ont tous une rate excessivement petite, comme la tortue, l'Émys ou tortue d'eau douce, le crapaud, le lézard, le crocodile et la grenouille. 7 Certains animaux ont du fiel dans une poche jointe au foie ; d'autres n'en ont pas. Parmi les vivipares en même temps quadrupèdes, le cerf n'en a pas, non plus que le daim, ni le cheval, le mulet, l'âne, le phoque et quelques espèces de porcs. Les biches qui ont reçu le nom d'Achaïnes ont, dit-on, du fiel sous la queue. Pourtant la matière dont on entend parler a bien, si l'on veut, la couleur du fiel; mais elle n'est pas aussi liquide; et sa portion extérieure ressemble assez à la rate. 8 Tous les cerfs ont dans la tête des vers vivants. Ces vers se produisent dans la cavité qui est au-dessous de la langue en bas, et encore près de la vertèbre, où se rattache la tête. Leur grosseur est celle des plus forts asticots ; ils sont pressés les uns contre les autres, et se tiennent entre eux, au nombre à peu près d'une vingtaine. 9  Ainsi qu'on vient de le dire, les cerfs n'ont pas de fiel; mais leurs intestins ont une telle amertume que même les chiens n'en veulent pas manger, si ce n'est [507a] quand le cerf est très-gras.

10 Le foie de l'éléphant n'a pas non plus de fiel; mais si on le coupe, dans l'endroit précis où est attaché le fiel dans les animaux qui en ont, il en découle un liquide qui ressemble au fiel, et qui est plus ou moins abondant. 11 Parmi les animaux qui avalent l'eau de la mer et qui ont un poumon, le dauphin n'a pas de fiel ; mais les oiseaux et les poissons en ont tous, ainsi que les quadrupèdes ovipares; seulement ils en ont, comme on peut croire, en plus ou moins grande quantité. Quelques poissons ont cette vésicule dans le foie, comme les squales ou chiens de mer, le glanis, la rhina, la raie lisse, la torpille, et parmi les poissons allongés, l'anguille, l'aiguille et la zygène. Le callionyme, ou ouranoscope, a aussi cette vésicule jointe au foie ; et chez lui, elle est plus forte-que chez aucun autre poisson, proportionnellement à sa grandeur. 12 Certains poissons l'ont jointe à leurs intestins, où elle est suspendue par des canaux excessivement ténus, partant du foie. Le bonilon (amia) l'a étendue le long de l'intestin et de pareille longueur; quelquefois même, elle se redouble. Chez tous les autres poissons, la vésicule du fiel est tout près de l'intestin, un peu plus près, dans les uns, un peu plus loin dans les autres, comme la grenouille, l'ellops, la synagris, la murène et l'espadon.

13 Souvent la même espèce a les deux conformations, comme il arrive dans les congres, dont quelques-uns ont la vésicule du fiel attachée au foie, ou suspendue au bas et au-dessous du foie. Cette variété se produit aussi dans les oiseaux ; ceux-ci ont la vésicule près de l'estomac ; ceux-là, près des intestins, comme le pigeon, le corbeau, la caille, l'hirondelle, le moineau. Dans d'autres, comme l'œgocéphale, elle est en même temps près du foie et près de l'estomac. Dans d'autres encore, elle est en même temps près du foie et des intestins, comme dans l'épervier et le milan.

 

§ 1. Les grandes espèces. Il semble que cette expression signifie les espèces qui sont très-nombreuses en individus, plutôt que les espèces où les individus sont très-grands.

Les unes ont du sang... La zoologie moderne a modifié cette classification, en distinguant les animaux à sang rouge et les animaux à sang blanc.

Les autres rien ont pas. Le sang est d'une autre couleur chez ces animaux; mais il ne manque pas, comme Aristote le croit. Voir Cuvier, Règne animal, Introduction, p. 23; voir aussi la Zoologie descriptive de M. Claus, note 6, p. 1099. La traduction française admet pour cette classi-fication aristotélique les mots de Sanguins et de Asanguins ; je n'ai pas cru pouvoir les adopter. Linné distingue trois classes : Animaux à sang rouge chaud, animaux à sang rouge froid, et animaux à sang froid blanc.

Et tels autres animaux... MM. Aubert et Wimmer pensent qu'Aristote veut désigner par là les animaux non-vertébrés.

Mais seulement une espèce. Ceci est obscur, et les exemples que Fauteur cite un peu plus bas n'éclaircissent pas beaucoup ce passage. Voir plus haut dans le liv. I, les chapitres iv, v et vr, consacrés en partie à la classification générale des animaux.

§ 2. Dans l'homme. Voir plus haut, liv. I, ch. xiii, § 7, où ces organes intérieurs de l'homme sont décrits.

Dans les oiseaux MM. Aubert etWimmer critiquent dans ce passage une rédaction négligée et peu régulière; cette rédaction d'ailleurs n'est pas pré-cisément incorrecte.

§ 3. Tous les animaux... Toutes ces généralités sont exactes.

Aspirent et expirent. Ces deux mouvements constituent en effet tout le phénomène de la respira-tion, qui n'a été bien connu et bien analysé qu'au xviie» siècle,  après la découverte de la circulation du sang.

Ne sont pas les mêmes. Ceci se rapporte encore à la forme, qui varie selon les espèces.

Ne l'ont pas tous pareil. Ne serait-ce qu'une différence de volume, proportionnellement au reste du corps.

§ 4. Qu'on appelle Phrénique. Je n'ai fait que reproduire le mot grec, qui n'a pas un correspondant très-exact dans notre langue.

Dans les bœufs... Il y a dans le grec de ce passage une sorte d'incohérence, que j'ai tâché de faire disparaître dans la traduction. MM. Aubert et Wimmer vont plus loin ; et rapprochant ce passage de deux autres de la Génération des animaux, liv. V, §87, p. 398, édit. Aubert et Wimmer, et pp. 428,9, édit. de Firmin-Didot, et des Parties des animaux, liv. III, ch. iv, pp. 666, 6, 18, édit. de Berlin, et'pp. 259, 44, édit. de Firmin Didot, ils croient qu'il y a ici une interpolation assez maladroite. Le fait d'ailleurs est exact; et d'autres animaux ont aussi parfois un os dans le cœur ; on cite le mouton, le cerf, le chameau, la girafe et le porc. Comme ce n'est là qu'une anomalie, et sans doute un état morbide, la zoologie moderne ne parait pas s'être occupée beau-coup de ce fait extraordinaire.
 

§ 5. C'est ainsi que le poisson n'en a pas. On peut donc croire qu'Aristote avait reconnu que la respiration chez les poissons se fait par les branchies.

Tous ceux qui ont du sang ont un foie. Cette relation générale du sang et du foie parait exacte, et il en est de même de la rate, dont les fonctions du reste ne sont pas très-bien connues, même après les découvertes récentes.

La rate est si petite. On en pourrait dire à peu près autant du foie ; voir l'Anatomie comparée de M. Gegenbaur, p. 57 de la trad. française.

 — L'aegocéphale. J'ai conservé le mot grec, que je n'ai fait que transcrire, comme la plupart des traducteurs. Aristote nomme encore l'œgocéphale, à la fin de ce chapitre, § 13, et dans le chapitre suivant. § 27. L'œgocéphale est un oiseau; mais on ne saurait dire au juste lequel; l'étymologie indique que la tête de cet oiseau devait avoir quelque ressemblance avec celle de la chèvre; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 85. Tous ces détails attestent des observations anatomiques faites avec grand soin ; il est bon de répéter cette remarque, dans l'intérêt de l'histoire de la science.

§ 6. L'Émys. J'ai transcrit le mot grec ne sachant pas au juste à quel animal répond ce nom. MM. Aubert et Wimmer conjecturent que l'Émys doit être une tortue d'eau douce, et j'ai repro-duit cette interprétation en ma-nière de paraphrase; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, pp. 115 et 120. Cuvier, Règne animal, tome II, p. 10, reconnaît une espèce de tortue d'eau douce sous le nom d'Émys. M. Claus, Zoologie descriptive, p. 935, fait aussi des Émydes un genre de tortues d'eau douce.

Le crapaud. Celte identification n'est pas très-certaine; voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 120.

§ 7. Du fiel. Le fiel est la bile des animaux, de même que la bile est le fiel de l'homme; le grec n'a qu'un seul mot pour exprimer la bile et le fie). Notre langue en a deux, peut-être sans grand avantage.

Une poche jointe au foie. C'est la vésicule biliaire; voir YAnatomie comparée de M. Gegenbaur, p. 759, trad. française.

Le cerf n'en a pas; voir le Traité des Parties des Animaux, liv. IV, ch. n/voù la plupart de ces observations sur la bile sont répétées. Il est constaté par la zoologie moderne que la vésicule biliaire manque tout à fait dans plusieurs ordres d'animaux, et notamment dans ceux que cite Aristote.

Quelques espèces de porcs. Cette restriction est nécessaire ; car tous les porcs ne sont pas privés de liel; mais il arrive souvent que la bête est si grasse que la vésicule disparaît dans la substance du foie; voir la note de MM. Aubert et Wimmer, qui expliquent ainsi l'erreur où Aristote a pu tomber. Il aura vu quelques porcs qui n'avaient pas de fiel; et il en a conclu que quelques espèces en étaient dépourvues. Il parait au contraire que seul, parmi les Pachydermes, le porc a la vési-cule biliaire.

Le nom d'Achaïnes. Voir plus loin, liv. IX, ch. vu, g 6, une autre observation sur cette même espèce de cerf dite Achalne. Ces cerfs et ces biches se trouvaient, à ce qu'on croit, en Crète, près d'une ville appelée Achala ; voir le Scholiaste sur les Argonautiques d'Apollonius de Rhodes, chant ,iv, vers 175. Ces animaux se nommaient aussi les Spathinées ; et ils avaient de très-grandes cornes.

Du fiel sous la queue. Le fait n'est pas abso-lument fabuleux, comme on pourrait le croire; il y a une espèce de cerf, à tête couronnée, dont la queue sécrète un liquide assez semblable à de la bile; voir la note de MM. Aubert et Wimmer.

Sa position extérieure. Presque toutes les éditions donnent Intérieure, au lieu d'Extérieure. J'ai adopté cette dernière leçon d'après MM. Aubert et Wimmer. Mais ainsi que ces auteurs le remarquent, ce passage n'en reste pas moins obscur.

§ 8. Dans la tête des vers vivants. Le fait ne parait pas douteux; et cette observation a été faite par plusieurs zoologistes modernes.

Asticots. Il n'est pas sûr que le mot grec désigne cette espèce de ver; mais notre langue ne me semble pas offrir un meilleur synonyme.

§ 9. Ainsi qu'on vient de le dire. Cette référence pourrait bien indiquer que le paragraphe précédent n'est qu'une interpolation, ou que tout au moins, il ne devrait venir qu'après celui-ci. Le fait de vers dans la téte des cerfs interrompt la suite de la pensée, qui ne s'ap-plique qu'au foie de ces animaux.

§ 10. Le foie de l'éléphant... En général, les pachydermes n'ont pas de vésicule biliaire.

Mais si on le coupe. Ceci prouve bien que les Anciens faisaient des expériences anatomiques, tout comme les Modernes. Je ne sais pas d'ailleurs si le fait allégué ici est bien constant ; les auteurs modernes n'en parlent pas.

§ 11. Le dauphin ri'a pas de fiel. On ne voit pas que la zoologie moderne ait relevé ce détail.

Mais les oiseaux et les poissons en ont tous. Voir YAnatomie comparée de M. Gegenbaur, pp. 758 et suiv. Il est certain que la vésicule biliaire manque rarement dans les oiseaux et dans les poissons.

Dans le foie. Ou « près du foie ».

Squales. Le mot dont se sert Aristote est, selon Cuvier, le nom générique des Squates (Galeus), Règne animal, tome II, p. 389.

Ou chiens de mer. J'ai ajouté cette paraphrase, pour me conformer à l'opinion de quelques traducteurs.

Le glanis. Voir plus haut, ch. ix, § 7.

La rhina. J'ai gardé le mot grec, comme l'a fait la zoologie moderne, qui a donné ce nom à une espèce de raie. MM. Aubert et Wimmer pensent qu'il s'agit de la Squatina. Voir leur Catalogue, p. 147; voir aussi Cuvier, Règne animal, tome II, p. 396.

La raie lisse, ou Leiobatos, en grec. Ce poisson parait être un sélacien, comme le sont aussi les raies ; il est très difficile de l'identifier. Voir le. Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 147.

La torpille, id., ibid. C'est la Torpédo Galvaniw Ces espèces font toutes partie des raies.

L'aiguille, ou syngnathe. Voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 362.

La zygène, ou Marteau. Il y a une espèce de sélaciens qui porte le nom de Zygœna. Leur téte a une ressemblance grossière avec la forme d'un joug à bœufs ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 393. Voir sur tous ces poissons le Catalogue de MM, Aubert et Wimmer, pp. 121 et suiv. — Le callionyme. C'est la reproduction du mot grec. Ouranoscope est le nom que la zoologie moderne a donné à ce poisson, qui est en effet très remarquable par la particularité que signale Aristote et qui est très-exacte. Cuvier dit à peu près de même : « Une particularité notable de leur anatomie est l'extrême grandeur de leur vésicule du fiel, déjà bien connue des Anciens ». Les Anciens signifie, comme on le voit, Aristote. Règne animai, tome II, p. 154, Cuvier explique aussi, par la conformation de la té te de ce poisson, le nom d'Observateur du ciel (Ouranoscope), qu'on lui a donné.

Jointe au foie. Ou encore, « Dans le foie ». Voir Èlien, liv. XIII, ch. iv. § 12. Le boniton, ou Bonite. C'est une espèce de thon, abondante dans la mer Noire et la Méditerranée. Cuvier, Règne optimal, tome II, p. 199. dit : « Ce poisson « est remarquable par l'extrême u longueur de la vésicule du fiel * qui était déjà connue d'Aristote. » Cuvier ajoute que l'Amia des Anciens est le Sarda ou Scom-bersarda, de l'ordre des Acantho-ptérygiens.

L'ellops. On ne sait pas précisément ce que c'est que ce poisson. Un poisson du nom d'Èlops fait partie des acantho-ptérygiens mbroldes ; Cuvier, Règne animal, tome II, p. 261.

La synagris. Voir plus haut, ch. ix, § 7.

La murène. La Muraena helena de la zoologie moderne; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 834, et Cuvier, Règne animal, Mura-noldes, tome II, p. 239.

L'espadon. Le nom grec représente la même image ; Zoologie descriptive de Claus, p. 853, et Cuvier, Règne animal, tome II, p. 200. Le Xiphias est très-commun dans la Méditerranée. Voir plus haut, ch. ix, § 7.

§ 13. Les congres. Voir plus haut, ch. ix, §§ 7 et 9.

Le pigeon. Il paraît que c'est une erreur; les pigeons n'ont pas de vésicule biliaire; mais peut-être quelques espèces en Grèce faisaient-elles exception.

L'aego-céphale. Voir plus haut, § 5. Pour tous ces détails et pour tous les détails analogues, dans cet ouvrage et dans les autres ouvrages d'Aristote sur l'histoire naturelle, il est bon d'avoir sans cesse sous les yeux la grande Anatomie comparée de Cuvier, première et seconde éditions. Les faits y sont beaucoup plus nombreux ; mais ils sont souvent les mêmes; et surtout, la méthode est identique, de part et d'autre. Seulement, le philosophé grec l'a découverte et fondée vingt siècles auparavant. Voir plus haut la Préface.

CHAPITRE XII

Organisation des reins dans les animaux ; la vessie ; position générale du cœur; description du foie; la rate; déplacements monstrueux du foie et de la rate ; de l'estomac dans les animaux ; description des quatre estomacs des ruminants ; le. réseau, le hérisson, la caillette; animaux qui n'ont qu'un seul estomac ; diversités des estomacs uniques ; deux types d'estomacs; conformation générale des intestins; l'éléphant; les quadrupèdes ovipares ; organisation des serpents fort rapprochée de celle du lézard; leur langue bifurquée; leurs intestins; organisation de l'estomac et des intestins chez les poissons; appendices aux intestins, dans les poissons et les oiseaux ; le jabot chez les oiseaux ; description du jabot ; le jabot est remplacé par l'œsophage dans quelques espèces; exemples divers; en ce cas, la conformation de l'œsophage est très-spéciale ; conduit intestinal et appendices intestinaux dans les oiseaux ; appendices chez les oiseaux les plus petits.

1 Νεφροὺς δὲ καὶ κύστιντὰ μὲν ζῳοτόκα τῶν τετραπόδων πάντ´ ἔχει· ὅσα δ´ ᾠοτοκεῖ, τῶν μὲν ἄλλων οὐδὲν ἔχει, οἷον οὔτ´ ὄρνις οὔτ´ ἰχθύς, τῶν δὲ τετραπόδων μόνη χελώνη ἡ θαλαττία μέγεθος κατὰ λόγον τῶν ἄλλων μορίων. Ὁμοίους δ´ ἔχει τοὺς νεφροὺς ἡθαλαττία χελώνη τοῖς βοείοις· ἔστι δ´ ὁ τοῦ βοὸς οἷον ἐκπολλῶν μικρῶν εἷς συγκείμενος. Ἔχει δὲ καὶ ὁ βόνασος τὰἐντὸς ἅπαντα ὅμοια βοΐ.

2 Τῇ δὲ θέσει, ὅσα ἔχει ταῦτα τὰ μόρια, ὁμοίως κείμενα ἔχει, τήν τε καρδίαν περὶ τὸ μέσον, πλὴν ἐν ἀνθρώπῳ· [507b] οὗτος δ´ ἐν τῷ ἀριστερῷ μᾶλλον μέρει, καθάπερ ἐλέχθη πρότερον. 3 Ἔχει δὲ καὶ τὸ ὀξὺ ἡ καρδία πάντων εἰς τὸπρόσθεν· πλὴν ἐπὶ τῶν ἰχθύων οὐκ ἂν δόξειεν· οὐ γὰρ πρὸςτὸ στῆθος ἔχει τὸ ὀξύ, ἀλλὰ πρὸς τὴν κεφαλὴν καὶ τὸστόμα. Ἀνήρτηται δ´ αὐτῶν τὸ ἄκρον ᾗ συνάπτει τὰ βράγχια ἀλλήλοις τὰ δεξιὰ καὶ τὰ ἀριστερά. Εἰσὶ δὲ καὶ ἄλλοι πόροι τεταμένοι ἐξ αὐτῆς εἰς ἕκαστον τῶν βραγχίων, μείζους μὲν τοῖς μείζοσιν, ἐλάττους δὲ τοῖς ἐλάττοσιν· ὁ δ´ἐπ´ ἄκρας τῆς καρδίας τοῖς μεγάλοις αὐτῶν σφόδρα παχὺς αὐλός ἐστι καὶ λευκός. 4 Στόμαχον δ´ ὀλίγοι ἔχουσι τῶν ἰχθύων, οἷον γόγγρος καὶ ἔγχελυς, καὶ οὗτοι μικρόν.

5 Καὶτὸ ἧπαρ τοῖς ἔχουσι τοῖς μὲν ἀσχιδὲς ἔχουσίν ἐστιν ἐν τοῖςδεξιοῖς ὅλον, τοῖς δ´ ἐσχισμένον ἀπ´ ἀρχῆς τὸ μεῖζονἐν τοῖς δεξιοῖς. Ἐνίοις γὰρ ἑκάτερον τὸ μόριον ἀπήρτηταικαὶ οὐ συμπέφυκεν ἡ ἀρχή, οἷον τῶν τ´ ἰχθύων τοῖς γαλεώδεσι, καὶ δασυπόδων τι γένος ἐστὶ καὶ ἄλλοθι καὶ περὶτὴν λίμνην τὴν Βόλβην ἐν τῇ καλουμένῃ Συκίνῃ, οὓς ἄν τις δόξειε δύο ἥπατα ἔχειν διὰ τὸ πόρρω τοὺς πόρους συνάπτειν, ὥσπερ καὶ ἐπὶ τοῦ τῶν ὀρνίθων πλεύμονος.

6 Καὶ ὁ σπλὴν δ´ἐστὶ πᾶσιν ἐν τοῖς ἀριστεροῖς κατὰ φύσιν, καὶ οἱ νεφροὶτοῖς ἔχουσι κείμενοι τὸν αὐτὸν τρόπον· ἤδη δὲ διανοιχθέν τιτῶν τετραπόδων ὤφθη ἔχον τὸν σπλῆνα μὲν ἐν τοῖς δεξιοῖς, τὸ δ´ ἧπαρ ἐν τοῖς ἀριστεροῖς· ἀλλὰ τὰ τοιαῦτα ὡς τέρατα κρίνεται. 7 Τείνει δ´ ἡ μὲν ἀρτηρία πᾶσιν εἰς τὸν πλεύμονα (ὃν δὲ τρόπον, ὕστερον ἐροῦμεν), ὁ δὲ στόμαχος εἰςτὴν κοιλίαν διὰ τοῦ διαζώματος, ὅσα ἔχει στόμαχον· οἱ γὰρ ἰχθύες, ὥσπερ εἴρηται πρότερον, οἱ πλεῖστοι οὐκ ἔχουσιν, ἀλλ´εὐθὺς πρὸς τὸ στόμα συνάπτει ἡ κοιλία, διὸ πολλάκις ἐνίοις τῶν μεγάλων διώκουσι τοὺς ἐλάττους προπίπτει ἡ κοιλία εἰςτὸ στόμα.

8 Ἔχει δὲ κοιλίαν πάντα μὲν τὰ εἰρημένα, καὶ κειμένην ὁμοίως (κεῖται γὰρ ὑπὸ τὸ διάζωμα εὐθύς), καὶ τὸ ἔντερον ἐχόμενον καὶ τελευτῶν πρὸς τὴν ἔξοδον τῆς τροφῆςκαὶ τὸν καλούμενον ἀρχόν. 9 Ἀνομοίας δ´ ἔχουσι τὰς κοιλίας. Πρῶτον μὲν γὰρ τῶν τετραπόδων καὶ ζῳοτόκων ὅσα [508a] μὴ ἔστιν ἀμφώδοντα τῶν κερατοφόρων, τέτταρας ἔχει τοὺς τοιούτους πόρους· ἃ δὴ καὶ λέγεται μηρυκάζειν. Διήκει γὰρ ὁ μὲνστόμαχος ἀπὸ τοῦ στόματος ἀρξάμενος ἐπὶ τὰ κάτω παρὰ [τὸν πλεύμονα, ἀπὸ τοῦ διαζώματος ἐπὶ τὴν κοιλίαν τὴν μεγάλην· αὕτη δ´ ἐστὶ τὰ ἔσω τραχεῖα καὶ διειλημμένη. 10 Συνήρτηται δ´ αὐτῇ πλησίον τῆς τοῦ στομάχου προσβολῆς ὁκαλούμενος κεκρύφαλος ἀπὸ τῆς ὄψεως· ἔστι γὰρ τὰ μὲν ἔξωθεν ὅμοιος τῇ κοιλίᾳ, τὰ δ´ ἐντὸς ὅμοιος τοῖς πλεκτοῖς κεκρυφάλοις· μεγέθει δὲ πολὺ ἐλάττων ἐστὶν ὁ κεκρύφαλος τῆς κοιλίας. Τούτου δ´ ἔχεται ὁ ἐχῖνος, τὰ ἐντὸς ὢν τραχὺς καὶ πλακώδης, τὸ δὲ μέγεθος παραπλήσιος τῷ κεκρυφάλῳ. Μετὰ δὲ τοῦτον τὸ καλούμενον ἤνυστρόν ἐστι, τῷ μὲν μεγέθει τοῦ ἐχίνου μεῖζον, τὸ δὲ σχῆμα προμηκέστερον· ἔχει δ´ ἐντὸς πλάκας πολλὰς καὶ μεγάλας καὶ λείας. Ἀπὸ δὲ τούτουτὸ ἔντερον ἤδη.

11 Τὰ μὲν οὖν κερατοφόρα καὶ μὴ ἀμφώδοντα τοιαύτην ἔχει τὴν κοιλίαν, διαφέρει δὲ πρὸς ἄλληλα τοῖςσχήμασι καὶ τοῖς μεγέθεσι τούτων τε καὶ τῷ τὸν στόμαχον εἰς μέσην ἢ πλαγίαν τείνειν τὴν κοιλίαν.

12 Τὰ δ´ ἀμφώδοντα μίαν ἔχει κοιλίαν, οἷον ἄνθρωπος, ὗς, κύων, ἄρκτος, λέων, λύκος. Ἔχει δὲ καὶ ὁ θὼς πάντα τὰ ἐντὸς ὅμοια λύκῳ. Πάντα μὲν οὖν ἔχει μίαν κοιλίαν, καὶ μετὰ ταῦτα τὸ ἔντερον· ἀλλὰ τὰ μὲν ἔχει μείζω τὴν κοιλίαν, ὥσπερ ὗς καὶ ἄρκτος (καὶ ἥ γε τῆς ὑὸς ὀλίγας ἔχει λείας πλάκας), τὰ δὲ πολὺ ἐλάττω καὶ οὐ πολλῷ μείζω τοῦ ἐντέρου, καθάπερ λέων καὶ κύων καὶ ἄνθρωπος. 13 Καὶ τῶν ἄλλων δὲ τὰεἴδη διέστηκε πρὸς τὰς τούτων κοιλίας· τὰ μὲν γὰρ ὑῒ ὁμοίαν ἔχει τὰ δὲ κυνί, καὶ τὰ μείζω καὶ τὰ ἐλάττω τῶν ζῴων ὡσαύτως. Διαφορὰ δὲ καὶ ἐν τούτοις κατὰ τὰ μεγέθη καὶτὰ σχήματα καὶ πάχη καὶ λεπτότητας ὑπάρχει τὰς τῆςκοιλίας, καὶ κατὰ τὴν τοῦ στομάχου τῇ θέσει σύντρησιν.

14 Διαφέρει δὲ καὶ ἡ τῶν ἐντέρων φύσις ἑκατέροις τῶν εἰρημένων ζῴων, τοῖς τε μὴ ἀμφώδουσι καὶ τοῖς ἀμφώδουσι, τῷ μεγέθει καὶ πάχει καὶ ταῖς ἐπαναδιπλώσεσιν. Πάντα δὲ μείζω τὰ τῶν μὴ ἀμφωδόντων ἐστίν· καὶ γὰρ αὐτὰ πάντα μείζω· μικρὰ μὲν γὰρ ὀλίγα, πάμπαν δὲ μικρὸν οὐδένἐστι κερατοφόρον. 15 Ἔχουσι δ´ ἔνια καὶ ἀποφυάδας τῶν ἐντέρων, εὐθυέντερον δ´ οὐδέν ἐστι μὴ ἀμφώδουν. Ὁ δ´ ἐλέφας ἔντερον ἔχει συμφύσεις ἔχον, ὥστε φαίνεσθαι τέτταρας κοιλίας ἔχειν. Ἐν τούτῳ καὶ ἡ τροφὴ ἐγγίνεται, χωρὶς δ´ οὐκ ἔχει ἀγγεῖον. Καὶ τὰ σπλάγχνα ἔχει παραπλήσια τοῖς ὑείοις, [508b] πλὴν τὸ μὲν ἧπαρ τετραπλάσιον τοῦ βοείου καὶ τἆλλα, τὸν δὲ σπλῆνα ἐλάττω ἢ κατὰ λόγον. 16 Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον ἔχει τὰ περὶ τὴν κοιλίαν καὶ τὴν τῶν ἐντέρων φύσιν καὶ τοῖς τετράποσι μὲν τῶν ζῴων ᾠοτόκοις δέ, οἷον χελώνῃ χερσαίᾳ καὶ χελώνῃ θαλαττίᾳ καὶ σαύρᾳ καὶ τοῖς κροκοδείλοις ἀμφοῖν καὶ πᾶσιν ὅλως τοῖς τοιούτοις· ἁπλῆντε γὰρ ἔχουσι καὶ μίαν τὴν κοιλίαν, καὶ τὰ μὲν ὁμοίαν τῇ ὑείᾳ, τὰ δὲ τῇ τοῦ κυνός.

17 Τὸ δὲ τῶν ὄφεων γένος ὅμοιόν ἐστι καὶ ἔχει παραπλήσια σχεδὸν πάντα τῶν πεζῶν καὶ ᾠοτόκων τοῖς σαύροις, εἴ τις μῆκος ἀποδοὺς αὐτοῖς ἀφέλοιτοὺς πόδας. Φολιδωτόν τε γάρ ἐστι, καὶ τὰ πρανῆ καὶ τὰ ὕπτια παραπλήσια τούτοις ἔχει· πλὴν ὄρχεις οὐκ ἔχει, ἀλλ´ὥσπερ ἰχθὺς δύο πόρους εἰς ἓν συνάπτοντας καὶ τὴν ὑστέρανμακρὰν καὶ δικρόαν. 18 Τὰ δ´ ἄλλα τὰ ἐντὸς τὰ αὐτὰ τοῖς σαύροις, πλὴν ἅπαντα διὰ τὴν στενότητα καὶ τὸ μῆκος στενὰ καὶ μακρὰ τὰ σπλάγχνα, ὥστε καὶ λανθάνειν διὰ τὴν ὁμοιότητα τῶν σχημάτων· τήν τε γὰρ ἀρτηρίαν ἔχει σφόδρα μακράν, ἔτι δὲ μακρότερον τὸν στόμαχον. Ἀρχὴ δὲ τῆς ἀρτηρίας πρὸς αὐτῷ ἐστι τῷ στόματι, ὥστε δοκεῖν ὑπὸ ταύτην εἶναι τὴν γλῶτταν. 19 Προέχειν δὲ δοκεῖ τῆς γλώττης ἡ ἀρτηρία διὰ τὸ συσπᾶσθαι τὴν γλῶτταν καὶ μὴ μένειν ὥσπερ τοῖς ἄλλοις. Ἔστι δ´ ἡ γλῶττα λεπτὴ καὶ μακρὰ καὶ μέλαινα, καὶ ἐξέρχεται μέχρι πόρρω. Ἴδιον δὲ παρὰ τὰςτῶν ἄλλων γλώττας ἔχουσι καὶ οἱ ὄφεις καὶ οἱ σαῦροι τὸ δικρόαν αὐτῶν εἶναι τὴν γλῶτταν ἄκραν, πολὺ δὲ μάλιστα οἱ ὄφεις· τὰ γὰρ ἄκρα αὐτῶν ἐστι λεπτὰ ὥσπερ τρίχες. Ἔχει δὲ καὶ ἡ φώκη ἐσχισμένην τὴν γλῶτταν. 20 Τὴν δὲ κοιλίαν ὁ ὄφις ἔχει οἷον ἔντερον εὐρυχωρέστερον, ὁμοίαν τῇ τοῦ κυνός· εἶτα τὸ ἔντερον μακρὸν καὶ λεπτὸν καὶ μέχρι τοῦ τέλους ἕν. 21 Ἐπὶ δὲ τοῦ φάρυγγος ἡ καρδία, μικρὰ δὲ καὶ νεφροειδής· διὸ δόξειεν ἂν ἐνίοτε οὐ πρὸς τὸ στῆθος ἔχειν τὸ ὀξύ. Εἶθ´ ὁ πλεύμων ἁπλοῦς, ἰνώδει πόρῳ διηρθρωμένος καὶ μακρὸς σφόδρα καὶ πολὺ ἀπηρτημένος τῆς καρδίας. Καὶ τὸ ἧπαρ μακρὸν καὶ ἁπλοῦν, σπλῆνα δὲ μικρὸν καὶ στρογγύλον, ὥσπερ καὶ οἱ σαῦροι. Χολὴν δ´ ἔχει ὁμοίως τοῖς [509a] ἰχθύσιν· οἱ μὲν γὰρ ὕδροι πρὸς τῷ ἥπατι ἔχουσιν, οἱ δ´ἄλλοι πρὸς τοῖς ἐντέροις ὡς ἐπὶ τὸ πολύ.

22 Καρχαρόδοντες δὲ πάντες εἰσίν. Πλευρὰς δ´ ἔχουσιν ἴσας ταῖς ἐν τῷ μηνὶ ἡμέραις· τριάκοντα γὰρ ἔχουσιν. Λέγουσι δέ τινες συμβαίνειν περὶ τοὺς ὄφεις τὸ αὐτὸ ὅπερ καὶ περὶ τοὺς νεοττοὺς τῶν χελιδόνων· ἐὰν γάρ τις ἐκκεντήσῃ τὰ ὄμματα τῶν ὄφεων, φασὶ φύεσθαι πάλιν. Καὶ αἱ κέρκοι δὲ ἀποτεμνόμεναι τῶν τεσαύρων καὶ τῶν ὄφεων φύονται.

23 Ὡσαύτως δὲ καὶ τοῖς ἰχθύσιν ἔχει τὰ περὶ τὰ ἔντερα καὶ τὴν κοιλίαν· μίαν γὰρ καὶ ἁπλῆν ἔχουσι, διαφέρουσαν τοῖς σχήμασιν. Ἔνιοι γὰρ πάμπαν ἐντεροειδῆ ἔχουσιν, οἷον ὃν καλοῦσι σκάρον, ὃς δὴ καὶδοκεῖ μόνος ἰχθὺς μηρυκάζειν. Καὶ τὸ τοῦ ἐντέρου δὲ μέγεθος ἁπλοῦν, καὶ ἀναδίπλωσιν ἔχει, ὃ ἀναλύεται εἰς ἕν. 24 Ἴδιον δὲτῶν ἰχθύων ἐστὶ καὶ τῶν ὀρνίθων τῶν πλείστων τὸ ἔχειν ἀποφυάδας· ἀλλ´ οἱ μὲν ὄρνιθες κάτωθεν καὶ ὀλίγας, οἱ δ´ ἰχθύες ἄνωθεν περὶ τὴν κοιλίαν, καὶ ἔνιοι πολλάς, οἷον κωβιός, γαλεός, πέρκη, σκορπίος, κίθαρος, τρίγλη, σπάρος·ὁ δὲ κεστρεὺς ἐπὶ μὲν θάτερα τῆς κοιλίας πολλάς, ἐπὶδὲ θάτερα μίαν. Ἔνιοι δ´ ἔχουσι μὲν ὀλίγας δέ, οἷον ἥπατος, γλαῦκος· ἔχει δὲ καὶ ὁ χρύσοφρυς ὀλίγας. Διαφέρουσι δὲκαὶ αὐτοὶ αὑτῶν, οἷον χρύσοφρυς ἔχει ὁ μὲν πλείους ὁ δ´ἐλάττους. 25 Εἰσὶ δὲ καὶ οἳ ὅλως οὐκ ἔχουσιν, οἷον οἱ πλεῖστοιτῶν σελαχωδῶν· τῶν δ´ ἄλλων οἱ μὲν ὀλίγας, οἱ δὲ καὶ πάνυ πολλάς. Πάντες δὲ παρ´ αὐτὴν ἔχουσι τὴν κοιλίαν τὰς ἀποφυάδας οἱ ἰχθύες.

26 Οἱ δ´ ὄρνιθες ἔχουσι καὶ πρὸς ἀλλήλους καὶ πρὸς τἆλλα ζῷα περὶ τὰ ἐντὸς μέρη διαφοράν. Οἱμὲν γὰρ ἔχουσι πρὸ τῆς κοιλίας πρόλοβον, οἷον ἀλεκτρυών, φάττα, περιστερά, πέρδιξ· ἔστι δ´ ὁ πρόλοβος δέρμα κοῖλον καὶ μέγα, ἐν ᾧ ἡ τροφὴ πρώτη εἰσιοῦσα ἄπεπτός ἐστιν. Ἔστι δ´ αὐτόθι μὲν ἀπὸ τοῦ στομάχου στενότερος, ἔπειτα εὐρύτερος, ᾗ δὲ καθήκει πάλιν πρὸς τὴν κοιλίαν, λεπτότερος.  27 Τὴν δὲ κοιλίαν σαρκώδη καὶ στιφρὰν οἱ πλεῖστοι ἔχουσι, καὶ ἔσωθεν δέρμα ἰσχυρὸν καὶ ἀφαιρούμενον ἀπὸ τοῦ σαρκώδους. Οἱ δὲ πρόλοβον μὲν οὐκ ἔχουσιν, ἀλλ´ ἀντὶ τούτου τὸν στόμαχονεὐρὺν καὶ πλατύν, ἢ δι´ ὅλου ἢ τὸ πρὸς τὴν κοιλίαν τεῖνον, οἷον [509b] κολοιὸς καὶ κόραξ καὶ κορώνη. Ἔχει δὲ καὶ ὁ ὄρτυξ τοῦ στομάχου τὸ πλατὺ κάτω, καὶ ὁ αἰγοκέφαλος μικρὸν εὐρύτερον τὸ κάτω καὶ ἡ γλαύξ. Νῆττα δὲ καὶ χὴν καὶ λάρος καὶ καταρράκτης καὶ ὠτὶς τὸν στόμαχον εὐρὺν καὶ πλατὺν ὅλον, καὶ ἄλλοι δὲ πολλοὶ τῶν ὀρνίθων ὁμοίως.  28 Ἔνιοι δὲ τῆς κοιλίας αὐτῆς τι ἔχουσιν ὅμοιον προλόβῳ, οἷον ἡ κεγχρηΐς. Ἔστι δ´ ἃ οὐκ ἔχει οὔτε τὸν στόμαχον οὔτε τὸν πρόλοβον εὐρύν, ἀλλὰ τὴν κοιλίαν μακράν, ὅσα μικρὰ τῶν ὀρνίθων, οἷον χελιδὼν καὶ στρουθός. Ὀλίγοι δ´ οὔτε τὸν πρόλοβον ἔχουσιν οὔτε τὸν στόμαχον εὐρύν, ἀλλὰ σφόδρα μακρόν, ὅσοι τὸν αὐχένα μακρὸν ἔχουσιν, οἷον πορφυρίων· σχεδὸν δ´ οὗτοι καὶ τὸ περίττωμα ὑγρότερον τῶν ἄλλων προΐενται πάντες. 29 Ὁ δ´ ὄρτυξ ἰδίως ἔχει ταῦτα πρὸς τοὺς ἄλλους· ἔχει γὰρ καὶ πρόλοβονκαὶ πρὸ τῆς γαστρὸς τὸν στόμαχον εὐρὺν καὶ πλάτος ἔχοντα· διέχει δ´ ὁ πρόλοβος τοῦ πρὸ τῆς γαστρὸς στομάχουσυχνὸν ὡς κατὰ μέγεθος.

30 Ἔχουσι δὲ καὶ λεπτὸν τὸ ἔντερον οἱ πλεῖστοι καὶ ἁπλοῦν ἀναλυόμενον. Τὰς δ´ ἀποφυάδαςἔχουσιν οἱ ὄρνιθες, καθάπερ εἴρηται, ὀλίγας, καὶ οὐκ ἄνωθενὥσπερ οἱ ἰχθύες, ἀλλὰ κάτωθεν κατὰ τὴν τοῦ ἐντέρου τελευτήν. Ἔχουσι δ´ οὐ πάντες ἀλλ´ οἱ πλεῖστοι, οἷον ἀλεκτρυών,πέρδιξ, νῆττα, νυκτικόραξ, λόκαλος, ἀσκάλαφος, χήν,κύκνος, ὠτίς, γλαύξ. Ἔχουσι δὲ καὶ τῶν μικρῶν τινές, ἀλλὰ μικρὰ πάμπαν, οἷον στρουθός.

 

 

1 Tous les quadrupèdes vivipares ont des reins et une vessie. Quant aux ovipares, il n'en est pas un qui ait ces organes, oiseau ou poisson. La tortue de mer est la seule, parmi les quadrupèdes ovipares, à les avoir dans la proportion des autres parties de son corps. Les reins de la tortue de mer ressemblent à ceux du bœuf; et le rein du bœuf est comme un rein unique, composé de plusieurs petits reins. Le bonase a aussi tous les organes intérieurs pareils à ceux du bœuf.

2 Dans tous les animaux chez qui ces organes existent, la position en est toute pareille. Ils ont tous également le cœur placé à peu près au milieu, si ce n'est l'homme, [507b] qui a le cœur plus à gauche, ainsi qu'on l'a dit plus haut. 3 Chez tous aussi, la pointe du cœur est dirigée vers le devant, excepté chez les poissons, où elle ne se montre pas ainsi ; car pour eux elle n'a pas sa pointe tournée vers la poitrine, mais vers la tête et la bouche. Le sommet du cœur des poissons est attaché au point où se réunissent les unes aux autres les branchies de droite et de gauche. Il y a en outre d'autres canaux qui se rendent du cœur à chacune des branchies, plus grands pour les plus grands poissons, plus petits pour les plus petits ; mais sur le sommet du cœur, il y a un canal très épais et tout blanc dans les grands poissons. 4 Il est peu de poissons qui aient un œsophage, comme le congre et l'anguille, qui l'ont d'ailleurs peu développé.

5 Le foie, dans les animaux qui ont un foie sans aucune division, est adroite complètement ; chez ceux où cet organe est partagé dès son commencement, c'est sa plus grosse partie qui est à droite. Dans quelques animaux, en effet, chaque partie est suspendue séparément, sans que le commencement se rejoigne. Tels sont, parmi les poissons, les squales ou les chiens de mer ; telle est aussi une espèce de lièvres, qu'on trouve en d'autres endroits, et notamment dans les marécages de Bolbé, dans le pays qu'on appelle la Sycine. On pourrait croire qu'ils ont deux foies, parce que les canaux des deux parties ne se rejoignent qu'assez loin, comme pour le poumon dans les oiseaux.

6 Pour tous les animaux, la rate, dans ses conditions naturelles, est toujours à gauche. Les reins sont placés de la même manière dans tous les animaux qui en ont. Cependant quelques quadrupèdes, qu'on a ouverts, avaient la rate à droite, d'après l'observation qu'on en a faite ; et le foie était à gauche. Mais on ne peut trouver là-dedans que des monstruosités. 7 La trachée-artère dans tous les animaux se dirige vers le poumon ; plus loin, nous dirons comment. L'œsophage va dans l'estomac au travers du diaphragme, dans tous les animaux pourvus d'un œsophage. La plus grande partie des poissons, ainsi qu'on l'a vu, n'en ont pas; et leur estomac se rattache immédiatement à leur bouche. Aussi, quand les gros poissons en poursuivent de plus petits, il arrive souvent que l'estomac leur tombe dans la bouche.

8 Tous les animaux dont on a parlé jusqu'à présent ont un estomac, qui est posé de même dans tous; il est placé immédiatement au-dessous du diaphragme. Vient ensuite l'intestin, qui se ter-mine par la partie d'où sortie résidu des aliments, et qu'on appelle l'anus. 9 Seulement les estomacs ne sont pas tous semblables. D'abord, tous les quadrupèdes vivipares qui, [508a] dépourvus de dents à l'une des deux mâchoires, portent des cornes, ont quatre organes (canaux) de ce genre, et ce sont aussi les animaux dont on dit qu'ils ruminent. Leur œsophage, qui part de la bouche, où il commence, descend en bas, à la proximité du poumon, et ensuite descend du diaphragme dans le grand estomac. 10 Dans l'intérieur, cet estomac est d'une surface inégale et ridée. A cet estomac est suspendu, tout près du débouché de l'œsophage, ce qu'on appelle le réseau, à cause de son apparence. À regarder les parties extérieures du réseau, il ressemble à l'estomac; mais le dedans fait l'effet de mailles entremêlées. Le réseau est beaucoup plus petit que l'estomac A la suite de ce second estomac, vient le hérisson, qui à l'intérieur est inégal et comme feuilleté ; il est à peu près de la grandeur du réseau. Après cet estomac, vient celui qu'on appelle la caillette, plus grand que le hérisson et d'une forme plus allongée. Dans son intérieur, il a des feuillets nombreux, grands et lisses. A partir de là, ce n'est plus que l'intestin ordinaire.

11 Ainsi donc, les animaux à cornes qui n'ont pas de dents aux deux mâchoires, ont l'estomac comme on vient de le décrire. D'ailleurs, ils dif-fèrent entre eux sous le rapport des formes et des dimensions de ces organes, et selon que l'œsophage s'introduit dans l'estomac par le milieu ou par le côté.

12 Les animaux qui ont le même nombre de dents aux deux mâchoires, n'ont qu'un estomac, comme l'homme, le porc, le chien, l'ours, le lion, le loup et le lynx (Thôs), dont tous les organes intérieurs sont ceux du loup. Chez tous, l'estomac est unique, et l'intestin vient après lui. Seulement, les uns ont un estomac plus grand, le porc et l'ours par exemple ; et celui du porc présente quelques feuillets lisses et unis. D'autres animaux ont l'estomac plus petit et pas beaucoup plus large que l'intestin, comme dans le chien, le lion et l'homme. 13 Dans les autres animaux, les formes des estomacs se rapprochent ou s'éloignent de ceux qu'on vient de dire, tantôt pareils à celui du porc, tantôt pareils à celui du chien, que les animaux soient d'ailleurs plus grands ou plus petits. La différence entre eux ne tient qu'à la dimension, la forme, l'épaisseur, la ténuité de l'estomac, et à la manière dont l'œsophage y est inséré et posé.

14 La conformation des intestins est aussi diffé-rente chez tous les animaux dont il vient d'être question, chez ceux qui n'ont pas les dents égales dans les deux mâchoires, comme chez ceux qui les ont; et ces différences se marquent par les dimensions, les épaisseurs et les circonvolutions. Les intestins sont toujours plus grands chez les animaux qui n'ont pas égalité de dents pour les deux mâchoires; car ces animaux eux-mêmes sont tous les plus grands ; les petits animaux sont rares dans ces espèces ; et pas une seule de celles qui ont des cornes n'est absolument petite. 15 Il en est quelques-uns qui ont des appendices aux intestins. Il n'y a que ceux qui ont aux deux mâchoires des dents en nombre égal qui aient l'intestin tout droit. Dans l'éléphant, l'intestin a des renflements, qui pourraient faire croire à quatre estomacs. Les aliments y arrivent; mais il n'y a pas de cavité particulière. Ses viscères se rapprochent de ceux du porc ; [508b] mais son foie est quatre fois plus gros que celui du bœuf; et sa rate est plus petite, proportion gardée, qu'elle ne devrait l'être. 16 La conformation de l'estomac et des intestins est la même chez les quadrupèdes ovipares, tels que la tortue de terre et la tortue de mer, le lézard, les deux crocodiles, et en général chez tous les animaux de ce genre. Ils n'ont qu'un simple et unique estomac, semblable pour les uns h celui du porc, semblable pour les autres à celui du chien.

17 Le genre serpent ressemble aux lézards, dans l'espèce des animaux qui ont des pieds et qui sont ovipares, et ils auraient à peu près la même configuration, si l'on donnait aux lézards plus de longueur de corps, et qu'on leur retranchât les pieds. Le serpent a aussi des écailles; et le dessus et le dessous du corps sont comme dans les lézards. Les serpents n'ont pas de testicules ; mais comme le poisson, ils ont deux conduits qui se réunissent en un seul. La matrice de la femelle est longue et a deux parties. 18 Les autres organes internes du serpent sont les mêmes que ceux du lézard, si ce n'est que tous les viscères sont étroits et longs, parce que le corps lui-même est étroit et long, à tel point qu'on les confond à cause de la ressemblance des formes. 19 Dans le serpent, la trachée-artère est fort longue; et l'œsophage l'est encore plus. La trachée commence tout près de la bouche, de telle manière que la langue semble être sous la trachée. Ce qui fait que la trachée semble plus haute que la langue, c'est que la langue se replie sur elle-même, et qu'elle ne reste pas en place comme chez les autres animaux. Leur langue est mince, longue et noire, et elle peut sortir beaucoup en avant. Une particularité de la langue des serpents et des lézards, c'est d'être bifurquée à la pointe ; elle l'est beaucoup plus chez les serpents. Les pointes de leur langue sont aussi fines que des cheveux, disposition qu'on retrouve dans le phoque, qui a aussi une langue fendue. 20 Le serpent a un estomac qui ressemble à un intestin plus large, et qui est pareil à celui du chien. A la suite, vient l'intestin, qui est long, mince et unique jusqu'au bout. 21 Près du pharynx, est placé le cœur, long et dans le genre d'un rein. Aussi pourrait-on croire quelquefois que la pointe n'en est pas tournée vers la poitrine. Ensuite, vient le poumon, qui est simple, sillonné d'un conduit fibreux, très-long, et très-séparé du cœur. Le foie est long et simple; la rate est petite et ronde comme dans le lézard. Le fiel est placé comme [509a] dans les poissons; les serpents d'eau l'ont sur le foie; les autres l'ont d'ordinaire le long des intestins.

22 Tous les serpents ont les dents carnassières. Leurs côtes sont aussi nombreuses que les jours du mois, puisqu'ils en ont trente. Quelques per-sonnes assurent que les serpents présentent le même phénomène que les petits de l'hirondelle, c'est-à-dire, que, si l'on crève les yeux aux ser-pents, leurs yeux repoussent. Leur queue, ainsi que celle des lézards, repousse aussi quand on la leur a coupée.

23 Chez les poissons, l'organisation des intestins et de l'estomac est la même que chez les serpents. Eux aussi n'ont qu'un estomac unique et simple, qui ne diffère que par la forme. Il y en a quelques-uns qui l'ont d'une forme tout à fait différente, comme celui qu'on appelle le Scare, et qui paraît être le seul de tous les poissons qui rumine. L'intestin est simple dans toute sa longueur, et il a un repli qui se réduit ensuite à une complète unité. 24 Une particularité qui se retrouve dans les poissons et la plupart des oiseaux, ce sont des excroissances aux intestins. Chez les oiseaux, ces appendices sont en bas et peu nombreux; chez les poissons, ils sont en haut près de l'estomac, où parfois ils sont très-multipliés, comme dans le goujon, le chien de mer, la perche, le scorpios, le citharus, le sur-mulet et le spare. Le muge en a plusieurs sur un des côtés de l'estomac; et de l'autre côté, il n'en a qu'un seul. Quelques poissons en ont, mais en très-petit nombre, comme l'hépatus et le glaucus; la dorade, également. Les poissons de même espèce diffèrent parfois de l'un à l'autre; et dans l'espèce Dorade, l'une en a davantage, l'autre en a moins. 25 Quelques genres de poissons n'ont pas du tout de ces appendices, comme la plupart des sélaciens. D'autres poissons ont très-peu de ces appendices, tandis que d'autres en ont beaucoup. Mais, dans tous les poissons sans exception, ces appendices sont auprès de l'estomac.

26 Les oiseaux ont entre eux, et avec les autres espèces d'animaux, de grandes différences dans leurs organes intérieurs. Il en est qui ont un jabot avant l'estomac, comme le coq, le ramier, le pigeon, la perdrix. Le jabot est une grande poche de peau, où la nourriture est d'abord reçue, et où elle ne se digère pas. Dans la partie qui tient h l'œsophage même, le jabot est plus étroit; ensuite, il devient plus large ; el là où il descend près de l'estomac, il se rétrécit de nouveau. 27 Presque tous les oiseaux ont l'estomac charnu et compact ; à l'intérieur, la peau est forte, et peut se détacher de la partie charnue; mais d'autres oiseaux n'ont pas de jabot; et à la place, ils ont un œsophage vaste et large, soit dans tout son trajet, soit dans la partie qui avoisine l'estomac, comme [509b] le geai, le corbeau, la corneille. Dans la caille, la largeur de l'œsophage est en bas; l'œgocéphale et la chouette l'ont un peu plus large, en bas aussi. Le canard, l'oie, le goéland, la catarrhacte et l'outarde ont ce développement et cette largeur de l'œsophage dans Joute son étendue, de même que beaucoup d'autres oiseaux. 28 Quelques oiseaux ont une portion de l'estomac lui-même qui ressemble à un jabot, comme la cresserelle. D'autres n'ont, ni d'oesophage, ni de jabot un peu large ; mais c'est leur estomac qui se prolonge ; tels sont les petits oiseaux, comme l'hirondelle et le moineau. Il en est d'autres encore qui n'ont, ni le jabot large, ni l'œsophage large; mais chez eux, ces organes sont très-longs, par exemple dans les oiseaux à long cou, comme le flamant. Presque tous ces oiseaux ont aussi les excréments plus liquides que les autres. 29 Comparativement aux autres oiseaux, la caille a ceci de particulier qu'elle a un jabot, et qu'elle a en même temps, avant l'estomac, l'œsophage vaste et large; proportion gardée, son jabot est très-éloigné de l'œsophage, qui précède l'estomac

30 La plupart des oiseaux ont l'intestin étroit et simple, quand on le développe. Ainsi qu'on l'a dit déjà, les oiseaux ont des appendices, eu petit nombre, et non point en haut, comme les poissons, mais en bas vers l'extrémité de l'intestiu. Ils eu ont si ce n'est tous, au moins pour la plupart, comme le coq, la perdrix, le canard, le hibou, corbeau de nuit, le localos, l'ascalaphe, l'oie, le cygne, l'outarde, la chouette. Quelques petits oiseaux ont de ces appendices, qui sont alors chez eux très-petits, comme dans le moineau.

 

§ 1. Oiseau ou poisson. C'est une erreur, comme le remarquent MM. Aubert et Wimmer; les amphibies et les poissons ont des reins, qui ne sont pas très-apparents, mais qui n'en existent pas moins.

La tortue de mer. Plus loin, liv. III, ch. ii, § 4, et liv. V, ch. iv, § 6, Aristote rappelle que la tortue de mer a une vessie par exception. Il le rappelle encore dans le traité de la Génération des animaux, liv. I, § 25, p. 62, édition Aubert et Wimmer, et aussi dans le traité des Parties des animaux, p. 156, édit. Frant-zius. La vessie des tortues de mer est relativement petite ; celle des tortues de terre est beaucoup plus grosse, toute proportion gardée.

Ressemblent à ceux du bœuf. La comparaison n'est peut-être exacte qu'en ce sens que les reins de la tortue sont déchiquetés, et que ceux du bœuf sont divisés aussi en plusieurs parties. — Le bonase. Voir plus haut, ch. ii, g 5. Le Bonase est peut-être le Bison. MM. Aubert et Wimmer ont mis cette phrase entre crochets, pour indiquer qu'ils la regardent comme une interpolation. Je partage tout à faire leur opinion. Ces interpolations sont sans doute des annotations mises à la marge par quelques commentateurs ou lecteurs, et qui, de la marge, auront passé dans le texte.

Pareils à ceux du bœuf. Ceci s'appliquerait bien au bison.

§ 2. La position en est toute pa-reille. Ceci n'est pas tout à fait  exact.

Plus haut. Voir liv. I, ch. xiv, § 2, où a été décrit le cœur dans l'homme, sa forme et sa position.

§ 3. La pointe du cœur est dirigée vers le devant. Ceci est exact ; mais quand, un peu plus bas, Aristote ajoute que, dans les poissons, la pointe du cœur est tournée vers la téte et la bouche, il semble qu'il est dans l'erreur, et qu'au lieu de la pointe du cœur proprement dite, il s'agit de la crosse de l'aorte, qui est en effet dans le sens de la bouche; mais c'est alors le sommet du cœur, ce n'est plus sa pointe. U est vrai qu'en grec le même mot peut signifier à la fois Pointe et Sommet. Voir un passage tout pareil dans le Traité de la Respiration, ch. xvi, §§ 3 et 4, p. 394 de ma traduction. MM. Aubert et Wimmer, à l'aide de ce dernier passage, proposent une correction pour celui-ci. La conjecture est ingénieuse; mais le changement ne m'a pas paru nécessaire.

Le sommet du cœur des poissons. Ici encore, le texte emploie le même mot qui plus haut exprime la Pointe, c'est-à-dire, le bas du cœur et non le sommet.

Il y a en outre d'autres canaux. Sur la circulation du sang dans les pois-sons, voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 122.

Il y a un canal très-épais. La description est trop vague, et l'on ne voit pas précisément quel est l'organe qu'Aristote a voulu désigner.

§ 4. Qui aient un œsophage. Par leur structure générale, les poissons n'ayant presque pas de cou, n'ont presque pas non plus d'œsophage; mais l'estomac et les intestins varient chez eux autant que dans les autres classes, pour l'ampleur, la figure, l'épaisseur et les circonvolutions; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 127. Hollard, Éléments de zoologie, p. 328, dit positivement que, dans les poissons, il n'y a jamais de cou entre la téte et le tronc. Du reste tout ce passage, §§ 2, 3 et 4, sur le cœur des animaux en général et sur les poissons, peut bien paraître une interpolation; il interrompt la suite des pensées, qui recommence au paragraphe suivant.

§ 5. Dans les animaux qui ont un foie. MM. Aubert et Wimmer proposent de retrancher ce membre de phrase.

Est à droite complètement. C'est le cas de beaucoup le plus général.

Dès son commencement. J'ai traduit exactement le texte grec; mais le sens n'est pas très-clair; cela veut dire sans doute que le foie est partagé d'un bout à Vautre; et ce qui suit pourrait justifier cette interprétation.

Squales, ou chiens de mer ; voir plus haut, ch. ii, § 11.

Bolbé. Petit lac de Macédoine entre Amphipolis et Thessalonique, qui se décharge par une petite rivière dans le golfe du Strymon; voir l'Atlas de la Grèce par Kiepert.

La Sycine. On ne sait pas autrement ce qu'est cette contrée; c'était là sans doute une dénomination toute locale.

Des deux parties. J'ai ajouté ces mots, qui me sem blent nécessaires.

Comme pour le poumon dans les oiseaux. Ceci ne se comprend pas bien; car uu des premiers caractères au atomiques dans les oiseaux, c'est qu'ils n'ont pas les poumons divisés; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 301.

§ 6. La rate. Voir plus haut, liv. I, ch. xiv, § 10, où se trouvent déjà en partie les mêmes idées, qui reparaissent ici.

De la même manière. C'est-à-dire que dans tous les animaux qui ont des reins, l'un des deux reins est à gauche et l'autre à droite. D'ailleurs, cette petite phrase sur les reins est déplacée ici, et on pour-rait la prendre pour une inter-polation. Aussi, MM. Aubert et Wimmer Vont-ils mise entre crochets, comme plusieurs autres éditeurs.

Que des monstruosités. Ceci répond à ce qui vient d'être dit quelques lignes plus haut : « Dans ses conditions naturelles ».

§ 7. La trachée-artère. On peut trouver que ces idées se suivent trop pou; et l'auteur lui-même semble le sentir, puisqu'il rejette plus loiu le développement de ce qu'il a à dire sur la trachée-artère. Voir plus loin, liv. III, ch. iii, § 7.

Ainsi qu'on l'a vu. Voir plus haut, § 4.

L'estomac leur tombe dans la bouche. Le texte tel que le donnent tous les manuscrits ne peut avoir un autre sens; mais ce sens, que j'ai dû adopter aussi, n'est guère satisfaisant. Le fait qu'indique ici Aristote n'a pas été observé par les zoologistes modernes ; mais il ne paraît pas absolument impossible. Aristote le répète plus loin, liv. VIII, ch. iv, § 5.
 

§ 8. Qui est posé de même dans tous. En ce sens que l'estomac est toujours au-dessous du dia-phragme, l'œsophage allant du pharynx à l'estomac, pour y porter les aliments.

Qu'on appelle l'anus. Le mot grec ne répond pas du tout par son éty-mologie à l'idée qu'il doit exprimer ici.

§ 9. Dépourvus de dents à l'une des deux mâchoires. Ces quadrupèdes, qui forment le huitième ordre des mammifères, ont des incisives à la mâchoire inférieure, et n'ont à la mâchoire supérieure qu'une callosité; voir plus haut, ch. iii, § 12, et Cuvier, Règne animal, tome I, p. 254.

Quatre organes. Le texte dit Canaux ; et voilà comment j'ai pu mettre ce mot entre parenthèses, comme explication. Si d'ailleurs l'expression grecque n'est pas très-bonne, le sens ne peut faire le moindre doute, et la description des quatre estomacs des ruminants est exacte dans ses traits les plus généraux ; voir plus loin sur les ruminants, liv. IX, ch. iii, vii, § 9.

Dans le grand estomac. C'est ce que la zoologie moderne appelle la Panse; c'est en effet le plus grand et le premier des quatre estomacs.

§ 10. Inégale et ridée. C'est exact.

Tout près du débouché de l'œsophage. C'est qu'en effet les trois premiers estomacs sont disposés de façon que les aliments peuvent, à la volonté de l'animal,entrer dans l'un des trois, parce que l'œsophage aboutit au point de communication; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 255.

Le réseau. J'ai conservé l'équivalent du mot grec; mais d'ordinaire ce second estomac s'appelle le Bonnet; l'expression grecque parait plus conforme aux faits, puisque ce second estomac a des lames semblables à des rayons d'abeilles, qui peuvent jusqu'à certain point figurer le réseau d'un filet.

A l'estomac, ou plus exactement, « au premier estomac ».

Le hérisson, ou Feuillet.

Il a des feuillets nombreux. Il semble que ceci s'appliquerait au troisième estomac mieux qu'au quatrième, dont les parois ne sont que ridées.

§ 11. Comme on vient de le décrire. Sans doute cette description est vraie; mais dans cet acte si singulier de la rumination, Aristote a oublié une particularité fort importante, c'est que c'est après avoir subi une élaboration insuffisante que les aliments remontent du second estomac dans la bouche, où ils subissent une seconde déglutition.

Par le milieu ou par le côté. Il ne semble pas que la zoologie mo-derne ait fait ces distinctions, auxquelles elle n'aura pas attaché d'importance.

§ 12. Le lynx. Cette identification n'est pas du tout sûre, et l'on ne sait pas précisément quel animal'est le Thôs des Grecs; on a cru parfois que c'était le chacal. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 69. Peutr-être eùt-il mieux valu dans ma traduction reproduire simplement le mot grec. MM. Aubert et Wimmer supposent que cette petite phrase sur le Thôs n'est qu'une interpolation.

Chez tous... après lui, MM. Aubert et Wimmer, donnant à ce passage plus de généralité qu'il n'en a, veulent rejeter cette phrase à la fin du § 13; et de plus, contre l'avis de tous les manuscrits sauf un seul, ils voudraient retrancher le mot d'Unique, parce qu'ils pensent que ceci est contraire à ce qui vient d'être dit des Ruminants. Je ne crois pas que cette phrase ait autant de portée; et par Tous, il faut comprendre Tous les animaux qui viennent d'être nommés : homme, porc, chien, ours, lion, loup, etc. Il n'est plus question des ruminants. Je pense qu'on peut conserver le texte tel qu'il est dans toutes les éditions, et comprendre que, sauf les ruminants, tous les animaux n'ont qu'un seul estomac. Voir le Traité des Parties des animaux, liv. III (II), ch. xiv, p. 168, édit. Frantzius, et aussi p. 170, où il est question de l'estomac des ruminants. Sur l'estomac du co-chon, voir encore le même traité, III, xiv, p. 93, édit. de Langkavel. — Quelques feuillets lisses et unis. La zoologie moderne ne semble pas avoir attaché d'importance à l'estomac du cochon, et elle n'y a rien vu de particulier; au contraire, Aristote prend l'estomac du cochon et celui du chien pour des types, auxquels il rapporte tous les autres; voir le Traité des Parties des animaux, loc. cit.

Et l'homme. Chez l'homme notamment, l'estomac est beaucoup plus large que le duodénum, l'intestin grêle, et même que le gros intestin.
 

§ 13. Celui du porc... celui du chien. La principale différence de l'estomac du porc et de l'estomac du chien, c'est que ce dernier n'a pas de cul-de-sac, et est assez allongé, tandis que l'autre est plus arrondi, qu'il a un grand cul-de-sac et plusieurs divisions ; voir la note de MM. Aubert et Wimmer. La zoologie moderne n'a pas accepté ces deux types du chien et du porc; voir l'Anatomie comparée de M. Gegenbaur, p. 717, trad. française, et p. 749

§ 14. Des intestins. Les intestins viennent naturellement après l'estomac, comme l'estomac vient après l'œsophage.

Les intestins sont toujours plus grands. Cuvier, Règne animal, tome I, p. 256, dit : « Le canal intestinal des ruminants est fort long, mais peu boursouflé dans les gros intestins, » M M. Claus, Zoologie descriptive, p. 1052, estime à 28 fois la longueur du corps celle du canal intestinal, chez la brebis.

Qui n'ont pas égalité de dents pour les deux mâchoires. Ce sont généralement les ruminants.

Sont tous tes plus grands. Le fait en lui-même est exact; mais il n'est peut-être pas la cause de la longueur des intestins, qui n'est pas proportionnée a leur taille. C'est sans doute le genre même de l'alimentation, qui exige cet .immense développement de l'intestin.

N'est absolument petite. La zoologie moderne n'a pas recueilli cette observation. Du reste, Aristote a bien saisi ce rapport des intestins à la nourri-ture de l'animal, dans un autre traité : Des Parties des animaux, liv. III, ch. xiv, § 93, édit. Langkavel, et édition-traduction de M. Frantzius, p. 174.

§ 15. Des appendices, ou Excroissances. Aristote aurait pu s'expliquer plus complètement sur ce point.

Qui aient l'intestin tout droit. Ceci encore est obscur. Tous les mammifères, par exemple, ont de nombreuses circonvolutions de l'intestin, bien qu'ils en aient moins que les ruminants; mais l'intestin ne vient pas directement après l'estomac, pas plus que l'estomaé n'est la continuation directe de l'œsophage.

Des renflements. Il n'est pas sûr que ce soit le sens vrai du mot grec; mais ce sens est fort obscur ; et personne jusqu'à présent ne l'a bien déterminé. MM. Aubert et Wimmer pensent que tout ce passage sur l'éléphant est corrompu; mais les manuscrits n'offrent aucune ressource pour le corriger.

Faire croire à quatre estomacs. Mais en réalité l'estomac des éléphants est simple ; seulement, le canal intestinal a un caecum très développé; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 1059, trad. franc.

De ceux du porc. Voir plus haut, § 13. Je ne sais pas d'ailleurs si cette ressem-blance signalée par Aristote est bien exacte.

Proportion gardée. Relativement à la grosseur de son corps.

§ 16. Les deux crocodiles. Voir plus loin, livre V, ch. xvn, § 5. Les deux crocodiles selon Aristote sont celui de terre et celui d'eau. La zoologie moderne ne parait pas avoir sanctionné cette division; tous les sauriens-crocodiles vivent dans l'eau et viennent à terre ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, pp. 17 et suiv. Voir aussi la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 928, trad. franc.

Tous les animaux de ce genre. Nous dirions les Sauriens.

Celui du porc... celui du chien. Voir plus haut, § 13.

§ 17. Le genre serpent ressemble aux lézards. En effet, la ressemblance est frappante à plus d'un égard ; mais les différences sont assez grandes aussi pour que la Zoologie moderne, tout en classant les Sauriens parmi les reptiles avec les tortues et les serpents,les en ait distingués assez profondément. Les Sauriens viennent après les Chélo-niens, et avant les Ophidiens et les Batraciens ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, pp. 30 et suiv.

Plus de longueur de corps.... les pieds. Ceci est peut-être par trop évident; mais ce sont là précisément les différences qui séparent les lézards et les serpents.

Le serpent. L'expression est bien vague; et il y a bien des espèces de serpents.

Les serpents riont pas de testicules. C'est une erreur; seulement les testicules sont très-petits chez les serpents; et il est assez difficile de les constater; voir l'Anatomie comparée de M. Oegenbaur, pages 833 et 834, tra-duct. franc.

Et à deux parties. Dans les reptiles, la femelle a deux ovaires et deux oviductes; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 3.

§ 18. Sont les mêmes que ceux du lézard. C'est exagéré; mais dans ces détails, on ne peut pas attendre une exactitude parfaite de la part des premiers observateurs.

A cause de la ressemblance des formes. Ajoutons : « Extérieures ».

§ 19. La trachée-artère est fort longue. Observation très-juste pour quelques espèces, sinon d'une manière générale ; les reptiles ont une trachée-artère très-longue et un larynx, sans que cette partie de leur organisation ait rien de particulier; voir Cuvier Règne animal, tome II, p. 75. Mais chez les reptiles, la circulation du sang est très-spéciale; et le cœur, placé fort en arrière, n'envoie qu'une faible portion du sang au poumon; ce qui fait que les reptiles ont le sang froid.

 — Plus haute que la langue. L'observation est très-exacte, et elle est sanctionnée par la zoo-logie moderne. C'est un détail anatomique assez délicat.

Elle ne reste pas en place. Ceci n'est peut-être pas très-juste. La langue est mobile chez la plupart des animaux, sans l'être autant que chez les reptiles.

Leur langue est mince, longue... Ceci est surtout vrai des serpents venimeux, dont la langue est très-extensible; Cuvier, Règne animal, tome II, p. 87.

Une particularité. Aristote revient sur l'organisation de la langue des serpents, Traité des Parties des animaux, livre II, ch. xvii, page 56, édit. Langkavel. Il s'en réfère en cet endroit à YHistoire des animaux; et il cherche à expliquer pourquoi la langue des serpents est bifurquée.

Aussi fines que des cheveux. C'est aussi l'expression dont Aristote se sert dans le passage qui vient d'être cité.

Dans le phoque. Cuvier, Règne animal, tome I, p. 167, dit en parlant de la langue des phoques : « Leur langue est lisse et échancrée au bout » ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 923.

§ 20. Le serpent. Comme plus haut, cette expression est trop générale, parce qu'il y a beau-coup d'espèces de serpents. Il s'agit de savoir de quelle espèce Aristote entend parler ici; car dans la Orèce même, elles devaient être fort nombreuses. Sur l'organisation intérieure des serpents, voir la Zoologie descrip-tive de M. Claus, p. 902, trad. franc.

L'intestin, qui est long, mince.... Tout cela est exact, et c'est la conséquence de la forme allongée des Ophidiens : « Un « œsophage, très long, extensible, à parois minces, conduit à un estomac large, en forme de sac, suivi d'un intestin grêle, relati-« vement court et peu sinueux. » M. Claus, id. ibid.

§ 21. Près du pharynx, est placé le cœur. Ceci ne contredit pas les données de la science ac-tuelle, qui place le cœur très en arrière chez les reptiles.

Long et dans le genre d'un rein. Ceci est exact. Les mots grecs qui signifient Long et Petit sont presque identiques; et ils sont très-souvent confondus par les manuscrits; c'est ce qui arrive ici. Il faut donc se décider par les faits, et le fait est que le cœur des serpents est allongé, comme leur conformation générale.

Ensuite, vient le poumon, qui est simple. Les serpents ont deux poumons; mais le poumon droit est en général beaucoup plus développé que le poumon gauche, qui est ordinairement très-petit. Les cellules sont très-peu nombreuses. Voir Cuvier, Règyie animal, tome II, p. 3, et Zoologie descriptive de M. Claus, p. 902, trad. franc.

Sillonné d'un conduit fibreux. La zoologie moderne n'a rien consigné de pareil. D'ailleurs tous ces détails sur l'organisation intérieure des serpents prouvent qu'Aristote avait dû en disséquer un assez grand nombre.

§ 22. Ont tes dents carnassières. Voir plus haut sur cette expression la note, ch. m, § 13.

Aussi nombreuses que les jours du mois. C'est surtout ici qu'il eût fallu dire de quelle espèce de serpents on veut parler. La plupart ont beaucoup plus de trente côtes; ce qu'elles ont de plus remarquable, c'est qu'elles sont disposées avec la colonne vertébrale de manière à faciliter les mouvements latéraux; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 903.

Quelques personnes assurent. L'auteur ne fait donc que répéter un On dit; il n'affirme pas l'exactitude du fait qu'il mentionne d'après les autres.

Leur queue ainsi que celle des lézards. Il y a des espèces de lézards dont la queue casse très-aisément. MM. Aubert et Wimmer regardent tout ce passage comme apocryphe, parce qu'il interrompt, selon eux, la suite des pensées. Dans le Traité de la Génération des animaux livre IV, § 97, page 336, édit. Aubert et Wimmer, Aristote rapporte encore quelque chose d'analogue. « Si, dit-il, on crève les yeux des hirondelles, quand elles sont encore toutes jeunes, ils guérissent. » Il ne parle pas des serpents. Il paraît d'ailleurs que ce n'est que le cristallin qui repousse dans les hirondelles.

§ 23. La même que chez les serpents. Le texte n'est pas tout à fait aussi précis; mais le sens ne peut faire de doute. Aristote veut assimiler l'organisation des poissons à celle qu'il vient de décrire; et celle-là est l'organisation des serpents. Voir plus haut, § 20.

Tout à fuit différente. J'ai adopte la leçon de MM. Aubert et Wimmer. D'autres manuscrits donnent une variante assez différente : « Quelques poissons ont l'estomac en forme d'intestin ».

Le Scare. Voir plus haut, ch. ix, §§ 7 et 19 ; voir aussi plus loin, livre VIII, ch. iv, § 2 et § 7, et l'article sur le Scare, dans le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 139. Athénée, livre VII, p. 319, cite Aristote sur le Scare.

L'intestin est simple.... unité. Tout ce pas-sage semble obscur et incorrect à MM. Aubert et Wimmer, qui proposent,après d'autres éditeurs, diverses rectifications; mais ces rectifications même ne les satisfont pas; et le mieux encore est de laisser le texte tel qu'il est, en en signalant les défectuosités. Pour juger clairement ce qu'Aristote a voulu dire ici, il faudrait avoir sous les yeux quelques spécimens du poisson dont il parle ; voir le Traité des Parties des animaux, livre III, ch. xcv, p. 93, édit. Langkavel.

§ 24. Des excroissances. C'est la traduction littérale du mot grec; on pourrait dire encore Appendices ; voir un peu plus bas, § 30. Aristote revient longuement sur ces excroissances, et sur leur rôle dans la digestion des aliments, Traité des Parties des animaux, liv. III, ch. xiv, §§ 10 et suivants, p. 92, édit. Langkavel. LA zoologie moderne ne parait pas attacher autant d'importance qu'Aristote à ces Appendices. Cuvier n'en parle guère dans ses généralités sur les poissons, Règne animal, tome II, p. 127. M. Claus, dans sa Zoologie descriptive, p. 795, parle des Appendices pyloriques des poissons ; mais sans s'y arrêter beaucoup. Au contraire, Aristote signale cette particularité comme essentielle.

Près de l'estomac. D'où leur vient le nom d'Appendices pyloriques.

- Dans le goujon et le spare.Toutes ces identifications ne sont pas parfaitement sûres. Voir pour tous ces poissons le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, pp. 134 et suiv. Pour le premier de ces poissons, qui s'appelle en grec Côbios, on ne sait pas au juste ce qu'il est.

Le chien de mer. Même remarque. C'est d'ailleurs un sélacien, dont il est question sous ce nom.

La perche. Pour celui-ci, il n'y a pas de doute; c'est la Perça flu-viatilis de la zoologie actuelle.

Le scorpios est la Scorpœna scofra des côtes de la Méditerranée.

Le citharus. On n'a pu faire aucune identification. Athénée, liv. VII, p. 305, parle de ce poisson, et il cite Aristote.

Le surmulet. Cette identification paraît certaine.

 — Le spare. On croit que c'est le Sargus annularis, qui est fréquent dans la mer des Cyclades.

—- Le muge. Ici non plus, l'identification n'est pas cer taine. Voir la longue note de MM. Aubert et Wimmer sur le Kestreus d'Aristote, Catalogue, p. 130.

L'hépatus et le glaucus. On ne peut que reproduire les deux noms grecs, parce que la synonymie est trop incertaine. Voir sur l'hépatus, Athénée, liv. VII, p. 301.

La dorade. Ici, au contraire, l'identification peut pa-raître très-sûre. Le mot grec signifie proprement « aux sourcils d'or » ; ce qui convient parfaitement à la dorade « qui a entre les yeux, comme le dit Cuvier, une bande brillante d'un beau jaune d'or, à reflets d'une feuille de clinquant » ; Anatomie comparée, tome VI, p. 83, 2e édition.

§ 25. Comme la plupart des sélaciens. Ces différences ne sont pas notées par la zoologie modénie; Cuvier remarque seule-ment que « les sélaciens ont le canal intestinal proportionnellement court, et garni en partie intérieurement dfune lame spiraie, qui prolonge le séjour des aliments»; Règne animal, t. II, p. 384 ; et Zoologie descriptive de M. Claus, p. 812.

Près de l'estomac. Répétition de ce qui vient d être dit, au § précédent.

§ 26. Un jabot. C'est une première poche de l'œsophage, où les aliments sont ramollis, avant de passer plus loin. Cette poche est surtout développée chez les granivores. Le jabot peut être considéré comme la première partie de l'estomac des oiseaux; le ventricule succenturié est la seconde; et le gésier est la troi-sième ; voir Cuvier, Règne animal, tome 1er, p. 308; M. Claus, Zoologie descriptive, p. 930, et l'Anatomie comparée de M. Gegenbaur, p. 57. D'ailleurs, la description du jabot donnée par Aristote est fort exacte.

§ 27. L'estomac charnu et compact. Ceci s'applique surtout au ventricule succenturié, qui est en etfet très-membraneux; le gésier est plutôt musculeux.

N'ont pas de jabot. C'est-à-dire que la dilatation de l'œsophage ne se produit pas. chez quelques oiseaux.

Ils ont un œsophage... Tous ces détails attestent des recherches anatomiques étendues et très-précises.

Le geai, le corbeau, la corneille. Sur ces trois oiseaux, voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, pp. 97, 98 et 99.

La caille. Il n'y a pas de doute pour cette synonymie.

La chouette. Même remarque.

L'oegocéphale. Voir plus haut, ch. ii, § 5.

Le canard, l'oie, le goéland. Ces oiseaux sont également bien connus.

La catarrhacte. J'ai préféré garder le mot grec, parce que la synonymie n'est pas sûre. MM. Aubert et Wimmer croient qu'il s'agit du Podiceps auritus, oiseau qui se trouve encore sur les bords de la mer en Grèce, Catalogue, page 95. Le Podiceps est un oiseau plongeur, ou Bra-chyptère ; voir Cuvier. Règne animal, tome I, p. 515 ; et aussi la Zooloyie descriptive de M. Claus, p. 966, trad. franc.

L'outarde. Voir Athénée, liv. IX, p. 390.

§ 28. La cresserelle. Ou Falco tinnunculus, ou peut-être aussi la Petite cresserelle, espèce de Faucon; voir Cuvier, Règne ani-mal, tome I, p. 322, et le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 95. Le mot grec varie, et c'est tantôt Kenchris et Kenchréls ; la première forme est préférable.

L'hirondelle et le moineau. Il ne paraît pas qu'ici l'observation d'Aristote soit très-exacte. Ces deux petits oiseaux n'ont pas l'estomac si long ni si grand. Voir la note de MM. Aubert et Wimmer.

Le flamant. La synonymie n'est pas certaine. Le nom grec est Porphyrion, et peut-être aurait-il fallu le garder. Voir Athénée, liv. IX, p. 388. L'observation d'Aristote est d'ailleurs fort exacte. La conformation des oiseaux qui ont de longs cous, empêche que le jabot et l'œsophage ne soient aussi larges que chez d'autres oiseaux.

Les excrèments plus liquides. Le fait n'est qu'eu partie vrai ; quelques espèces de ces oiseaux ont des excréments plus solides.

§ 29. La caille. Je ne sais pas si la zoologie moderne a constaté cette organisation particulière de la caille. Cuvier n'en parle pas, voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, tome I, p. 103.

Proportion gardée. Vu la petitesse de l'animal.

§ 30. Quand on le développe. Le sens du mot grec ne peut guère être que celui-là. Cette observation suppose des préparations anatomiques faites avec grande attention.

— Ainsi qu'on l'a dit déjà. Voir plus haut, § 24.

Le hibou. J'ai mis à la suite : Corbeau de nuit, qui est la traduction littérale du nom grec. C'est l'espèce de hibou appelé Otus, à cause des faisceaux de plumes qu'il porte autour du conduit auditif. Voir le Catalogue de MM. Aubert et Wimmer, p. 113; Zoologie descriptive de M. Claus, p. 1000; Cuvier, Règne animal, tome I, p. 340. Les oiseaux de proie nocturnes ont en général un gésier musculeux, précédé d'un grand jabot, et des cœcums longs et élargis à leur base.

Le localos. On ne sait «ce que c'est que cet animal, qui n'est nommé nulle part ailleurs qu'ici. MM. Aubert et Wimmer croient qu'on pourrait supprimer ce mot, qui ne leur semble qu'une variante, ou abréviation corrompue, du nom suivant.

L'ascalaphe. On ne sait pas non plus ce qu'est cet oiseau. Peut-être se confond-il avec l'ascalopas ; voir plus loin, liv. IX, ch. xix, § 6.

Le moineau. L'observation parait exacte pour cet oiseau très-commun.