XX. PLAIDOYER POUR POLYSTRATE.
ΥΠΕΡ ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΥ
DU PLAIDOYER POUR POLYSTRATE.
Dans les troubles d'Athènes, après diverses intrigues, quatre cents citoyens avaient été choisis pour gouverner la ville ; ils ne tardèrent pas à abuser de leur pouvoir, dont ils furent dépouillés. Un nommé Polystrate avait été du nombre des Quatre-cents; lorsque cette domination fut détruite, et que la république fut rétablie, il avait été condamné à une sorte amende. Accusé de nouveau pour le même sujet, il est défendu par un de ses fils.
Le fils de Polystrate ne peut disconvenir que son père n'ait été du nombre des Quatre-cents, mais il prétend qu'il n'a eu aucune part à l'établissement de cette nouvelle domination ; il démontre qu'il ne devait désirer l'oligarchie ni pour lui-même ni pour ses fils. On reproche à Polystrate d'avoir exercé plusieurs magistratures, mais on ne prouve pas qu'il se soie mal conduit dans aucune. Plusieurs, qui se sentaient coupables, ont pris la fuite ; Polystrate, qui est innocent, ne craint pas de se présenter aux juges. Il n'a jamais donné avis contre le peuple ; il a seulement évité d'encourir la haine des Quatre cents, mais on ne peut lui en faire un crime. Dans les premières imputations qui lui ont été faites, on a prétendu que Phrynique était son parent ; mais Phrynique n'était ni son parent ni son ami. Il a donné plusieurs preuves de son attachement pour le peuple, soit dans sa personne, soit dans celle de ses fils ; ces preuves sont détaillées assez au long, elles sont entremêlées et de plaintes contre les accusateurs actuels et contre ceux qui ont fait condamner d'abord Polystrate, et de réponses à certains reproches, et de prières adressées aux juges.
La péroraison de ce discours est des plus pathétiques. Celui qui parle supplie les juges de la manière la plus touchante d'absoudre un père innocent, et par égard pour lui-même et en considération de ses fils qui ont déjà rendu à l'état d'importants services, et qui sont disposés à lui en rendre de nouveaux.
Ce plaidoyer a dû être composé un peu après l'extinction des Quatre-cents , environ l'an 408 avant J. C.
[1] Τοὔ μοι δοκεῖ χρῆναι ὀργίζεσθαι ὑμᾶς τῷ ὀνόματι τῷ τῶν τετρακοσίων, ἀλλὰ τοῖς ἔργοις ἐνίων. Οἱ μὲν γὰρ ἐπιβουλεύσαντες ἦσαν αὐτῶν, οἱ δ᾽ ἵνα μήτε τὴν πόλιν μηδὲν κακὸν ἐργάσαιντο μήθ᾽ ὑμῶν μηδένα, ἀλλ᾽ εὖνοι ὄντες εἰσῆθον εἰς τὸ βουλευτήριον, ὧν εἷς ὢν οὑτοσὶ τυγχάνει Πολύστρατος. [2] Οὗτος γὰρ ᾑρέθη μὲν ὑπὸ τῶν φυλετῶν ὡς χρηστὸς ὢν ἀνὴρ καὶ περὶ τοὺς δημότας καὶ περὶ τὸ πλῆθος τὸ ὑμέτερον· κατηγοροῦσι δὲ αὐτοῦ ὡς οὐκ εὔνους ἦν τῷ πλήθει τῷ ὑμετέρῳ, αἱρεθεὶς ὑπὸ τῶν φυλετῶν, οἳ ἄριστ᾽ ἂν διαγνοῖεν περὶ σφῶν αὐτῶν ὁποῖοί τινές εἰσιν. [3] Οὗτος δὲ τίνος ἂν ἕνεκα ὀλιγαρχίας ἐπεθύμησε; πότερον ὡς ἡλικίαν εἶχε λέγων τι διαπράττεσθαι παρ᾽ ὑμῖν, ἢ τῷ σώματι πιστεύων, ἵνα ὑβρίζοι εἰς τῶν ὑμετέρων τινά; ἀλλ᾽ ὁρᾶτε αὐτοῦ τὴν ἡλικίαν, ᾗ καὶ τοὺς ἄλλους ἱκανός ἐστιν ἀποτρέπειν τούτων. [4] Ὅστις μὲν οὖν ἄτιμος ὤν, κακόν τι ἐργασάμενος ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ, ἑτέρας πολιτείας ἐπεθύμησε, διὰ τὰ πρόσθεν ἁμαρτήματα αὑτοῦ ἕνεκ᾽ ἂν ἔπραττε· τούτῳ δὲ τοιοῦτον οὐδὲν ἡμάρτητο, ὥστε αὑτοῦ ἕνεκα μισεῖν τὸ πλῆθος τὸ ὑμέτερον, ἢ τῶν παίδων. Ὁ μὲν γὰρ ἐν Σικελίᾳ ἦν, οἱ δ᾽ ἐν Βοιωτοῖς· ὥστε μηδὲ τούτων ἕνεκα ἑτέρας πολιτείας ἐπιθυμῆσαι [διὰ τὰ πρόσθεν ἁμαρτήματα]. [5] Καὶ κατηγοροῦσι μὲν αὐτοῦ ὡς πολλὰς ἀρχὰς ἦρξεν, ἀποδεῖξαι δὲ οὐδεὶς οἷός τέ ἐστιν ὡς οὐ καλῶς ἦρξεν. Ἐγὼ δ᾽ ἡγοῦμαι οὐ τούτους ἀδικεῖν ἐν τοῖς πράγμασιν ἐκείνοις, ἀλλ᾽ εἴ τις ὀλίγας ἄρξας ἀρχὰς μὴ τὰ ἄριστα ἦρξε τῇ πόλει. Οὐ γὰρ οἱ καλῶς ἄρχοντες προὐδίδοσαν τὴν πόλιν, [6] ἀλλ᾽ οἱ μὴ δικαίως. Οὗτος δὲ πρῶτον μὲν ἄρξας ἐν Ὠρωπῷ οὔτε προέδωκε οὔθ᾽ἑτέραν πολιτείαν κατέστησε, τῶν ἄλλων ἁπάντων ὅσοι ἦρχον καταπροδόντων τὰ πράγματα. Οἱ δ᾽ οὐχ ὑπέμειναν, καταγνόντες σφῶν αὐτῶν ἀδικεῖν· ὁ δὲ ἡγούμενος μηδὲν ἠδικηκέναι δίκην δίδωσι. [7] Καὶ τοὺς μὲν ἀδικοῦντας οἱ κατήγοροι ἐκκλέπτουσιν, ἀργύριον λαμβάνοντες· παρ᾽ ὧν δ᾽ ἂν μὴ κερδαίνωσιν, ἀδικοῦντας ἀποφαίνουσι. Καὶ ὁμοίας τὰς κατηγορίας ποιοῦνται τῶν τε εἰπόντων γνώμην τινὰ ἐν τῇ βουλῇ καὶ τῶν μή. Οὗτος δὲ οὐδὲ γνώμην οὐδεμίαν εἶπε περὶ τοῦ ὑμετέρου πλήθους. [8] Ἐγὼ δ᾽ ἡγοῦμαι ἀξίους εἶναι τούτους μηδὲν πάσχειν ὑφ᾽ ὑμῶν κακόν, εἰ ὑμῖν μὲν εὖνοι ἦσαν, ἐκείνοις δὲ <οὐκ> ἀπηχθάνοντο. Τῶν γὰρ λεγόντων ἐναντία ἐκείνοις οἱ μὲν ἔφευγον οἱ δὲ ἀπέθνῃσκον, ὥστ᾽ εἴ τις καὶ ἐβούλετο ἐναντιοῦσθαι ὑπὲρ ὑμῶν, τὸ δέος καὶ ὁ φόνος τῶν πεπονθότων ἀπέτρεπε πάντας. [9] Ὥστε οἱ πολλοὶ πάντα ἀπεγίγνωσκον αὐτῶν· τοὺς μὲν γὰρ ἐξήλαυνον αὐτῶν, τοὺς δὲ ἀπεκτίνυσαν. Οἳ δὲ ἐκείνων ἔμελλον ἀκροᾶσθαι καὶ μηδὲν ἐπιβουλεύειν μηδὲ ἐξαγγέλλειν, τούτους ἂν καθίσταντο. Ὥστε οὐκ ἂν ῥᾳδίως μετέστη ἂν ὑμῖν ἡ πολιτεία. Οὔκουν δίκαιοί εἰσιν, ὧν ὑμῖν εὖνοι ἦσαν, [10] τούτων δίκην διδόναι. Δεινὸν δέ μοι δοκεῖ εἶναι, εἰ τοῖς εἰποῦσι περὶ τὸ πλῆθος τὸ ὑμέτερον μὴ τὰ ἄριστα ὁ μηδὲν εἰπὼν ταὐτὰ πείσεται, καὶ ἐν μὲν ἑβδομήκοντα ἔτεσιν οὐδὲν ἐξήμαρτεν εἰς ὑμᾶς, ἐν ὀκτὼ δ᾽ ἡμέραις· καὶ οἱ μὲν τὸν βίον ἅπαντα πονηροὶ ὄντες χρηστοὶ ἐν τῷ λογιστηρίῳ γεγένηται, πείσαντες τοὺς κατηγόρους, οἳ δ᾽ ἀεὶ ὑμῖν χρηστοὶ ἦσαν, οὗτοι πονηροί. |
[1] Ιl me semble, Athéniens, que c'est moins au nom des Quatre-cents que vous devez en vouloir, qu'aux excès que se sont permis quelques uns d'entre eux. Sans doute, plusieurs de ceux qui sont entres dans le sénat (01), avaient de mauvais desseins ; mais d'autres aussi y entraient avec les meilleures intentions, ne cherchant à nuire ni aux particuliers ni à la ville. Polystrate est de ce nombre. [2] Il fut choisi par sa tribu comme un homme qui n'avait que des sentiments honnêtes et pour les citoyens de son bourg et pour tout le peuple. Cependant on l'accuse aujourd'hui d'avait été mal intentionné pour le peuple, quoiqu'il ait été choisi par les citoyens de sa tribu qui se connaissent parfaitement les uns les autres. [3] Pour quel motifs aurait-il donc pu désirer l'oligarchie ? était-ce parce que dans la vigueur de la jeunesse il voulait se livrer impunément à ses parlions, ou parce que fier de sa force il cherchait à outrager ses concitoyens ? mais vous voyez son âge qui le mettait plutôt dans le cas de détourner les autres de pareils excès. [4] Un homme diffamé pour d'anciens délits, aurait pu désirer un autre gouvernement dans lequel il pût faire oublier ses crimes. Mais Polystrate n'avoir commis aucune saute qui pût lui faire redouter le peuple. Ce n'est pas non plus au sujet de ses enfants qu'il eût eu à le craindre. Car l'un d'eux était en Sicile, et les autres chez les Béotiens. Ainsi, ni ses enfants ni ses fautes passées ne devaient le porter à desirer l'oligarchie. [5] On lui reproche d'avoir exercé plusieurs magistratures, et l'on ne saurait prouver qu'il se soit mal comporté dans aucune. Pour moi, il me semble que ce n'est pas pour avoir exercé plusieurs magistratures dans ces temps de trouble, qu'on doit être jugé coupable, mais pour avoir trahi les intérêts de la république, ne fut-ce que dans une seule. Ce ne sont pas, en effet, les magistrats irréprochables qui ont sacrifié la république, [6] mais bien ceux qui étaient vendus à l'iniquité. Polystrate, qui gouverna d'abord dans Orope, ne trahit point sa patrie, et ne changea pas notre administration, lorsque tant d'autres qui gouvernaient croient tous des traîtres et livraient les affaires. Plusieurs parmi ceux-ci ont pris la fuite, et se sont déclarés eux-mêmes coupables : quant à Polystrate qui sent son innocence, il se présente pour être jugé. [7] Les accusateurs, gagnés par argent, laissent en paix ceux qui ont vraiment prévariqué, et ils dénoncent quoiqu'innocents, ceux dont ils ne peuvent tirer aucun profit. Ils accusent également celui qui adonné son avis dans le sénat et celui qui ne l'a pas donné ; comme le prouve leur conduite à l'égard de mon père, qui ne donna jamais d'avis contre le peuple. [8] Je croirais donc qu'on ne devrait rien avoir à craindre de votre justice, lorsque toujours bien intentionné pour vous, on a seulement évité d'encourir la haine des Quatre. Cents qu'on ne pouvait contredire sans être condamné ou à l'exil ou à la mort. Si on voulait défendre contre eux vos intérêts, on en était bientôt détourné par la crainte du supplice. [9] Aussi le peuple avait perdu tout espoir, lorsqu'il voyait les tyrans chasser les citoyens ou les faire mourir, n'épargner que ceux qu'ils trouvaient dociles à leurs ordres, et ne cherchant ni à détruire leur puissance, ni à éventer leurs desseins. Il n'était donc point facile de rétablir votre ancien gouvernement ; et ce ne sont pas les particuliers qui furent toujours zélés pour la république [10] que vous devez en punir. Eh ! ne serait-il pas étrange que celui qui n'a jamais parlé contre le peuple, sût traité comme ceux qui dans leurs harangues ont attaqué ses intérêts? ne serait il pas étrange que mon père, dont la conduite à votre égard fut sans reproche pendant 70 années, se fût rendu coupable en huit (02) jours ; et que des citoyens qui furent vicieux toute leur vie, fusent devenus subitement vertueux dans le tribunal pour avoir eu le secret de gagner les accusateurs, tandis que d'autres qui ne cessèrent jamais de vous être utiles, se seraient vus tout-à-coup travestis en pervers ?
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[11] Καίτοι ἔν γε ταῖς πρότερον κατηγορίαις τά τε ἄλλα κατηγόρησαν ψευδῆ τοῦ πατρός, καὶ συγγενῆ Φρύνιχον αὐτοῦ εἶναι ἔφησαν. Καίτοι εἴ τις βούλεται, ἐν τῷ λόγῳ τῷ ἐμῷ μαρτυρησάτω ὡς ἀναγκαῖον ὄντα Φρυνίχῳ. Ἀλλὰ γὰρ ψευδῆ κατηγόρουν. Ἀλλὰ μὴν οὐδ᾽ ἐκ παιδείας φίλος ἦν αὐτῷ· ὁ μὲν γὰρ ἐν ἀγρῷ πένης ὢν ἐποίμαινεν, ὁ δὲ πατὴρ ἐν τῷ ἄστει ἐπαιδεύετο. [12] Καὶ ἐπειδὴ ἀνὴρ ἐγένετο, ὁ μὲν ἐγεώργει, ὁ δ᾽ ἐλθὼν εἰς τὸ ἄστυ ἐσυκοφάντει, ὥστε μηδὲν ὁμολογεῖν τῷ τρόπῳ ἀλλήλων. Καὶ ὅτ᾽ ἐξέτινε τῷ δημοσίῳ, οὐκ εἰσήνεγκεν αὐτῷ τὸ ἀργύριον· καίτοι ἐν τοῖς τοιούτοις μάλιστα δηλοῦσιν οἳ ἂν φίλοι ὦσιν. Εἰ δ᾽ ἦν δημότης, οὐ δίκαιος διὰ τοῦτο βλάπτεσθαί ἐστιν ὁ πατήρ, [13] εἰ μὴ καὶ ὑμεῖς ἀδικεῖτε, ὅτι ὑμῶν ἐστι πολίτης. Πῶς δ᾽ ἂν γένοιτο δημοτικώτερος, ἢ ὅστις ὑμῶν ψηφισαμένων πεντακισχιλίοις παραδοῦναι τὰ πράγματα καταλογεὺς ὢν ἐνακισχιλίους κατέλεξεν, ἵνα μηδεὶς αὐτῷ διάφορος εἴη τῶν δημοτῶν, ἀλλ᾽ ἵνα τὸν μὲν βουλόμενον ἐγγράφοι, εἰ δέ τῳ μὴ οἷόν τ᾽ εἴη, χαρίζοιτο. Καίτοι οὐχ οἳ ἂν πλείους τοὺς πολίτας ποιῶσιν, οὗτοι καταλύουσι τὸν δῆμον, ἀλλ᾽ οἳ ἂν ἐκ πλειόνων ἐλάττους. Οὗτος δὲ οὔτε ὀμόσαι ἤθελεν οὔτε καταλέγειν, [14] ἀλλ᾽ αὐτὸν ἠνάγκαζον, ἐπιβολὰς ἐπιβάλλοντες καὶ ζημιοῦντες· ἐπεὶ δὲ ἠναγκάσθη καὶ ὤμοσε τὸν ὅρκον, ὀκτὼ ἡμέρας εἰσελθὼν εἰς τὸ βουλευτήριον ἐξέπλει εἰς Ἐρέτριαν, καὶ ἐδόκει ἐκεῖ τὴν ψυχὴν οὐ πονηρὸς εἶναι ἐν ταῖς ναυμαχίαις, καὶ τετρωμένος δεῦρ᾽ ἦλθε, καὶ ἤδη μετεπεπτώκει τὰ πράγματα. Καὶ οὗτος μὲν οὔτ᾽ εἰπὼν γνώμην οὐδεμίαν, οὔτε πλέον ὀκτὼ ἡμερῶν ἐλθὼν εἰς τὸ βουλευτήριον ὦφλε χρήματα τοσαῦτα· τῶν δ᾽ εἰπόντων ὑμῖν τἀναντία καὶ διὰ τέλους ἐν τῷ βουλευτηρίῳ ὄντων πολλοὶ ἀποπεφεύγασι. [15] Καὶ οὐ φθονῶν τούτοις λέγω, ἀλλ᾽ ἡμᾶς ἐλεῶν· οἱ μὲν γὰρ δοκοῦντες ἀδικεῖν ἐξῃτημένοι εἰσὶν ὑπὸ τῶν ὑμῖν προθύμων ἐν τοῖς πράγμασι γενομένων, οἱ δ᾽ ἠδικηκότες ἐκπριάμενοι τοὺς κατηγόρους οὐδ᾽ἔδοξαν ἀδικεῖν. Πῶς [ἂν] οὖν οὐκ ἂν δεινὰ πάσχοιμεν; [16] καὶ κατηγοροῦσι μὲν τῶν τετρακοσίων, ὅτι ἦσαν κακοί· καίτοι ὑμεῖς αὐτοὶ πεισθέντες ὑπὸ τούτων παρέδοτε τοῖς πεντακισχιλίοις, καὶ εἰ αὐτοὶ τοσοῦτοι ὄντες ἐπείσθητε, ἕνα ἕκαστον τῶν τετρακοσίων οὐ χρῆν πεισθῆναι; ἀλλ᾽ οὐχ οὗτοι ἀδικοῦσιν, ἀλλ᾽ οἳ ὑμᾶς ἐξηπάτων καὶ κακῶς ἐποίουν. Οὗτος δ᾽ ἐν πολλοῖς δηλοῖ ὑμῖν <εὐνοῶν καὶ> ὅτι, εἴ πέρ τι νεωτερίζειν ἐβούλετο εἰς τὸ ὑμέτερον πλῆθος, οὐκ ἄν ποτ᾽ ἐν ὀκτὼ ἡμέραις, εἰσελθὼν εἰς τὸ βουλευτήριον, [17] ᾤχετο ἐκπλέων. Ἀλλ᾽ εἴποι ἄν τις κερδαίνειν ἐπιθυμῶν ἐξέπλευσεν, ὥσπερ ἔνιοι ἥρπαζον καὶ ἔφερον. Οὐδεὶς τοίνυν ἂν εἴποι τι ὅπως τῶν ὑμετέρων ἔχει, ἀλλὰ πάντα μᾶλλον κατηγοροῦσιν ἢ εἰς τὴν ἀχήν. Καὶ οἱ κατήγοροι τότε μὲν οὐδαμῇ εὖνοι ὄντες ἐφαίνοντο τῷ δήμῳ οὐδὲ ἐβοήθουν· νῦν δὲ ἡνίκα αὐτὸς ἑαυτῷ εὐνούστατός ἐστιν ὁ δῆμος, βοηθοῦσι τῷ μὲν ὀνόματι ὑμῖν, [18] τῷ δὲ ἔργω σφίσιν αὐτοῖς. Καὶ μὴ θαυμάζετε, ὦ ἄνδρες δικασταί, ὅτι τοσαῦτα ὦφλε χρήματα. Ἕρημον γὰρ αὐτὸν λαβόντες αὐτοῦ τε καὶ ἡμῶν κατηγοροῦντες εἷλον. Τῷ μὲν γὰρ οὐδ᾽ εἴ τις εἶχε μαρτυρίαν, εἶχε μαρτυρεῖν διὰ τὸ δέος τὸ τῶν κατηγόρων, τοῖς δὲ καὶ τὰ ψευδῆ δεδοικότες ἐμαρτύρουν. Ἦ δεινά γ᾽ ἂν πάθοιμεν, ὦ ἄνδρες δικασταί, [19] εἰ τοὺς μὲν οὐχ οἵους τε ὄντας ἐξάρνους εἶναι μὴ οὐ χρήματα ἔχειν ὑμῶν, τούτους μὲν ἀφεῖτε ἀνδρὶ ἐξαιτουμένῳ, ἡμῖν δὲ αὐτοῖς τε προθύμοις γεγενημένοις περὶ τὸ πλῆθος τὸ ὑμέτερον, καὶ τοῦ πατρὸς οὐδὲν ὑμᾶς ἠδικηκότος, οὐ χαριεῖσθε. Καὶ εἰ μὲν ξένος τις ἐλθὼν ὑμᾶς ἢ χρήματα ᾔτει ἢ εὐεργέτης ἀναγραφῆναι ἠξίου, ἔδοτε ἂν αὐτῷ· ἡμῖν δὲ οὐ δώσετε ἡμᾶς αὐτοὺς ἐπιτίμους ὑμῖν γενέσθαι; [20] Εἰ δέ τινες κακόνοι ἐγένοντο εἰς τὰ ὑμέτερα πράγματα ἢ γνώμην μὴ ἐπιτηδείαν εἶπον, οὐχ οἱ ἀπόντες τούτων αἴτιοί εἰσιν, ἐπεὶ καὶ τοὺς παρόντας ὑμεῖς ἀπελύσατε. Οὐδὲ γὰρ εἴ τις τῶν ἐνθάδε μὴ τὰ ἄριστα λέγων πείθει ὑμᾶς, οὐχ ὑμεῖς ἐστε αἴτιοι, [21] ἀλλ᾽ ὁ ἐξαπατῶν ὑμᾶς. Ἐκεῖνοι δὲ σφῶν αὐτῶν προκαταγνόντες ἀδικεῖν οἴχονται, ἵνα μὴ δοῖεν δίκην· καὶ εἴ τινες ἄλλοι ἀδικοῦσιν, ἧττον μὲν ἐκείνων, ἀδικοῦσι δέ, τὸ δέος αὐτοὺς ποιεῖ τό τε ὑμέτερον καὶ τὸ τῶν κατηγόρων μὴ ἐπιδημεῖν ἀλλὰ στρατεύεσθαι, ἵνα ἢ ὑμᾶς πραοτέρους ποιῶσιν ἢ τούτους πείθωσιν. [22] Οὗτος δὲ ὑμῖν δίκην δέδωκεν, οὐδὲν ὑμᾶς ἀδικῶν, εὐθὺς μετὰ τὰ πράγματα, ὅτε ὑμεῖς τε μάλιστα ἐμέμνησθε τῶν γενομένων καὶ οὗτος ἐλεγχθήσεσθαι ἔμελλε, πιστεύων αὑτῷ μηδὲν ἡμαρτῆσθαι ἀλλ᾽ ἀγωνιεῖσθαι εὖ μετὰ τοῦ δικαίου. Ὡς δ᾽ ἦν δημοτικός, ἐγὼ ὑμῖν ἀποδείξω. [23] Πρῶτον μὲν γὰρ ὅσων οὐδεμιᾶς στρατείας ἀπελείφθη, ἀλλ᾽ ἐστρατεύετο, ὡς συνειδότες ἂν εἴποιεν οἱ δημόται· καὶ ἐξὸν αὐτῷτὴν οὐσίαν ἀφανῆ καταστήσαντι μηδὲν ὑμᾶς ὠφελεῖν, εἵλετο μᾶλλον συνειδέναι ὑμᾶς, ἵν᾽ εἰ καὶ βούλοιτο κακὸς εἶναι, μὴ ἐξείη αὐτῶ, ἀλλ᾽ εἰσφέροι τε τὰς εἰσφορὰς καὶ λῃτουργοίη. Καὶ ἡμᾶς παρεσκεύασεν, ὡς ἂν τῇ πόλει ὠφελιμώτατοι εἴημεν. [24] Καὶ ἐμὲ μὲν εἰς Σικελίαν ἐξέπεμψεν, ὑμῖν δ᾽ οὐκ ἦ ... , ὥστ᾽ εἰδέναι τοὺς ἱππέας, οἷος ἦ τὴν ψυχήν, ἕως τὸ στρατόπεδον σῶν ἦν· ἐπειδὴ δὲ διεφθάρη καὶ ἀνεσώθην εἰς Κατάνην, ἐλῃζόμην ὁρμώμενος ἐντεῦθεν καὶ τοὺς πολεμίους κακῶς ἐποίουν, ὥστε τῇ θεῷ τε τὰς δεκάτας ἐξαιρεθῆναι πλέον ἢ τριάκοντα μνᾶς καὶ τοῖς στρατιώταις εἰς σωτηρίαν ὅσοι ἐν τοῖς πολεμίοις ἦσαν. [25] Καὶ ἐπειδὴ Καταναῖοι ἠνάγκαζον ἱππεύειν, ἵππευον καὶ οὐδενὸς οὐδ᾽ ἐνταῦθα κινδύνου ἀπελειπόμην, ὥστ᾽ εἰδέναι ἅπαντας οἷος ἦν τὴν ψυχὴν ἱππεύων τε καὶ ὁπλιτεύων. < Ὧν > ὑμῖν τοὺς μάρτυρας παρέξομαι. “Μάρτυρες” |
[11] Dans les premières imputations faites à Polystrate, entre autres faussetés on a prétendu que Phrynique (03) était son parent. Que celui qui le voudra prenne sur le temps qui m'est accordé, et atteste que mon père était parent de Phrynique. Mais l'imputation est fausse, et mon père, loin d'être son parent, n'avait pas même été son ami dans l'enfance. Phrynique était pauvre, et gardait les troupeaux à la campagne : Polystrate a été élevé dans la ville. [12] Parvenu à l'âge viril, celui-ci faisait valoir ses terres ; transporté des champs à Athènes, celui-là y faisait le métier d'accusateur. Il n'y avait donc rien de commun entre les mœurs de l'un et de l'autre. Lorsque Phrynique payait des sommes au trésor, mon père se dispensa de contribuer pour lui : or c'est surtout dans ces occasions que les amis se sont connaître. S'il était du même bourg, on ne doit pas lui en faire un crime, [13] à moins que ce n'en soit un pour vous d'être de la même ville. Pourrait-on douter de l'attachement de Polystrate pour le peuple ? en voici une des meilleures preuves. Lorsque vous eûtes décidé d'abandonner les affaires à 5000 citoyens (04), nommé contrôleur, il en choisit 9000 : et, pour ne faire de peine à personne, il inscrivait celui qui le voulait; celui qui n'était pas jaloux d'être inscrit, il ne l'inscrivait pas. Mais, je le demande, est-ce détruire la démocratie que de multiplier le nombre des participants à l'administration publique ? Il rejetait la place de contrôleur, et refusait de prêter serment; [14] on l'y contraignit sous peine d'une amende. Ce fut d'après ce serment forcé qu'il prit séance au sénat pendant huit jours. Ensuite il se transporta à Erétrie où il signala son courage dans des combats sur mer (05). Il y reçut une blessure, et revint à Athènes où il trouva la forme du gouvernement déjà changée. C'est donc Polystrate qui ne donna aucun avis, qui ne siégea pas dans le sénat plus de huit jours, que l'on condamne à une sorte amende ; tandis que plusieurs qui ont opiné contre le peuple, et qui n'ont point quitté le sénat, se sont vus absous. [15] Je suis loin d'envier leur bonheur, je ne sais que déplorer ici notre sort. On a vu des hommes déclarés coupables en justice, obtenir leur grâce par le crédit de ministres zélés pour vos intérêts, on a vu encore de vrais coupables jugés innocents, parce qu'ils avaient su corrompre leurs accusateurs : se peut-il donc faire que nous ayons été condamnés sans une injustice criante ? [16] On reproche aux Quatre-cents leur perversité ; mais vous-mêmes, persuadés par eux, vous vous êtes livrés à 5000 citoyens : et si tous ensemble vous avez été séduits par les Quatre-cents (06), un seul homme de leur compagnie pouvait-il ne pas l'être ? Au reste, ce ne sont pas ceux qui ont été trompés eux-mêmes, qui sont coupables, mais ceux qui vous ont nui en vous trompant. Polystrate a fait voir en maintes occasions que jamais il ne chercha à innover au préjudice du peuple ; mais ce qui le prouve surtout, c'est que, s'il eût eu de mauvais desseins, on ne l'eût pas vu partir n'ayant encore siégé que huit jours au sénat. [17] On dira peut-être que c'est la cupidité qui le fit s'éloigner, et qu'il cherchait, comme tant d'autres, à piller les revenus des alliés d'Athènes. Mais pourrait-on l'accuser d'être saisi de quelque partie de ces revenus ? Non, Athéniens, et si on lui a fait quelques reproches, ce n'a jamais été de concussions. Les accusateurs, qui ne se montrèrent dans aucune circonstance bien intentionnés pour le peuple, et qui ne le défendirent pas alors, affectent de le défendre aujourd'hui qu'il est parfaitement bien disposé pour son propre avantage ; c'est pour vous en apparence qu'ils agissent, [18] mais en effet pour eux-mêmes. Et ne soyez pas surpris que mon père ait été condamné à une amende aussi considérable ; ils l'ont pris au dépourvu, et l'ont fait succomber avec toute sa famille. Si quelqu'un voulait déposer à sa décharge, effrayé par les accusateurs, bientôt il n'osait plus le faire. La même crainte faisait déposer pour ceux-ci contre la vérité. Vous nous seriez donc une injustice sensible, [19] si, lorsque vous avez fait grâce, en faveur d'un seul homme (7), à plusieurs autres qui, de leur propre aveu, étaient saisis de quelque partie de vos revenus, vous n'aviez aucune indulgence pour nous qui sûmes toujours zélés pour le peuple, et dont le père ne vous causa jamais aucun tort. Qu'un étranger, après vous avoir rendu des services, se présente pour obtenir une récompense pécuniaire, ou même le titre de bienfaiteur de la république, vous n'hésiterez pas de lui accorder sa demande; et vous refuseriez de nous rendre les simples droits de citoyens dont nous jouissions ! [20] Si quelques uns ont intrigué contre le gouvernement, ou ont ouvert des avis nuisibles, sans doute, les absents n'en doivent pas être responsables, puisque vous avez pardonné même à ceux qui étaient présents. Et vous aviez raison après tout : car, si un orateur vient à bout de vous séduire par ses discours, [21] c'est moins à vous certainement qu'il faut s'en prendre qu'à celui qui vous trompe. Les plus coupables se sont condamnés eux-mêmes, et se sont retirés pour éviter la punition ; d'autres, qui l'étaient moins, n'osant rester par crainte des juges et des accusateurs, se sont enrôlés dans les troupes pour apaiser leurs compatriotes ou pour les gagner : [22] mais Polystrate, qui n'a rien à se reprocher à votre égard, n'a pas craint de s'offrir lui-même à votre tribunal, lorsque les événements encore récents étaient présents à votre mémoire, et qu'il était facile de le convaincre : oui, il a paru devant vous, appuyé sur son innocence, et sur la justice de sa cause. Je vais vous donner de nouvelles preuves de son attachement pour le peuple. [23] D'abord, il ne se refusa à aucune de vos expéditions, il les partagea toutes, comme le peuvent dire les citoyens de son bourg qui en sont témoins. Ensuite, lorsqu'il pouvoir, en cachant sa fortune, se dispenser de servir l'état, il ne balança pas de la mettre en fonds et au grand jour, afin de se mettre lui-même dans la nécessité de vous rendre des services en fournissant aux contributions et en remplissant les charges. Il avait des fils qu'il se fit un devoir de rendre utiles à la république.[24] Il m'envoya en Sicile (8) pour servir dans la cavalerie. Je n'aurais pas eu occasion de faire connaître mon courage tant que l'armée était entière, lorsqu'elle eut essuyé une défaite, je me sauvai à Catane, et c'est de-là que, faisant des incursions sur les ennemis, je les inquiétais et faisais sur eux du butin : je leur enlevai plus de trente mines pour faire des offrandes à Minerve, et pour racheter nos prisonniers. Lorsque les habitants de Catane m'obligeaient de servir dans la cavalerie, j'y servais avec zèle : en un mot, je n'ai jamais fui le péril. Tous mes compagnons savent quelle était mon ardeur dans l'un et l'autre (9) service, et je vais en produire pour témoins de ce que j'avance. Les témoins paraissent. |
[26] Ἀκηκόατε μὲν τῶν μαρτύρων, ὦ ἄνδρες δικασταί· οἷος δ᾽ εἰμὶ περὶ τὸ ὑμέτερον πλῆθος, ἐγὼ ὑμῖν ἀποδείξω. Ἀφικομένου γὰρ ἐκεῖσε Συρακουσίου ὅρκιον ἔχοντος καὶ ἑτοίμου ὄντος ὁρκοῦν καὶ προσιόντος πρὸς ἕνα ἕκαστον τῶν ἐκεῖ ὄντων, ἀντεῖπον εὐθὺς αὐτῷ, καὶ ἐλθὼν ὡς Τυδέα διηγούμην ταῦτα, καὶ σύλλογον ἐποίει, καὶ λόγοι οὐκ ὀλίγοι ἦσαν. Ὧν δ᾽ οὖν ἐγὼ εἶπον, καλῶ μάρτυρας. “Μάρτυρες” [27] Σκέψασθε δὴ καὶ τοῦ πατρὸς τὴν ἐπιστολήν, ἣν ἔδωκεν ἀποδοῦναι ἐμοί, πότερα τῷ ὑμετέρῳ πλήθει ἀγαθὰ ἐνῆν ἢ οὔ. Τά τε γὰρ οἰκεῖα ἐνεγέγραπτο, καὶ ἔτι, ὅτε καλῶς ἔχοι τὰ ἐν Σικελίᾳ, ἥκειν. Καίτοι ταὐτὰ ὑμῖν συνέφερε καὶ τοῖς ἐκεῖ· ὥστ᾽ εἰ μὴ εὔνους ἦν τῇ πόλει καὶ ὑμῖν, οὐκ ἄν ποτε τοιαῦτα ἐπέστελλεν. [28] Ἀλλὰ μὴν καὶ τὸν ἀδελφὸν τὸν νεώτατον, οἷος εἰς ὑμᾶς ἐστιν, ἐγὼ ἀποδείξω. Καταδρομῆς γὰρ γενομένης τῶν φυγάδων, <οἳ> οὐ μόνον ἐνθάδε ὅ τι οἷοι τ᾽ ἦσαν κακὸν εἰργάζοντο, ἀλλὰ καὶ ἀπὸ τοῦ τείχους ἔφερον καὶ ἦγον ὑμᾶς, ἐξελάσας ἐκ τῶν ἄλλων ἱππέων ἕνα ἀπέκτεινεν. Ὧν ὑμῖν αὐτοὺς μάρτυρας τοὺς παραγενομένους παρέξομαι. “Μάρτυρες” [29] Τὸν δὲ πρεσβύτατον ἀδελφὸν αὐτοὶ οἱ συστρατευόμενοι ἴσασιν, οἵτινες μετὰ Λέοντος ἦτε ἐν Ἑλλησπόντῳ, ὥστε νομίζειν μηδενὸς ἥττον᾽ εἶναι ἀνθρώπων τὴν ψυχήν. καὶ μοι ἀνάβητε δεῦρο. “Μάρτυρες” [30] Τῶς οὖν οὐ χρὴ χάριν παρ᾽ ὑμῶν ἀπολαμβάνειν, εἰ τοιοῦτοί ἐσμεν; ἀλλ᾽ ὧν μὲν ὁ πατὴρ διαβέβληται εἰς ὑμᾶς, δικαίως τούτων δεῖ ἡμᾶς ἕνεκα ἀπολέσθαι, [δι᾽] ὧν δὲ πρόθυμοι εἰς τὴν πόλιν γεγενήμεθα, μηδεμίαν ὠφέλειαν γενέσθαι; ἀλλ᾽ οὐ δίκαιον. Ἀλλ᾽ εἰ διὰ τὴν τούτου διαβολὴν δεῖ ἡμᾶς <τι> πάσχειν, δίκαιοί ἐσμεν διὰ τὴν ἡμετέραν προθυμίαν τοῦτόν τε σῶσαι καὶ ἡμᾶς. [31] Οὐ γὰρ δὴ ἡμεῖς χρημάτων γε ἕνεκα, ἵνα λάβοιμεν, εὖ ὑμᾶς ἐποιοῦμεν, ἀλλ᾽ ἵνα, εἴ ποτε κίνδυνος εἴη ἡμῖν, ἐξαιτούμενοι παρ᾽ ὑμῶν τὴν ἀξίαν χάριν ἀπολάβοιμεν. Χρὴ δὲ ὑμᾶς καὶ τῶν ἄλλων ἕνεκα τοιούτους εἶναι, γιγνώσκοντας ὅτι, ἐάν τις πρόθυμος εἰς ὑμᾶς ᾖ, οὐ μόνον ἡμᾶς ὠφελήσετε· ἡμῶν μὲν γὰρ καὶ πρὶν δεηθῆναι πεπείρασθε, οἷοί ἐσμεν εἰς ὑμᾶς· τοὺς δὲ ἄλλους προθυμοτέρους ποιήσετε, κατ᾽ ἀξίαν χαριζόμενοι, ὅσ᾽ ἄν τις ὑμᾶς εὖ ποιῇ. [32] Καὶ μηδαμῶς τοῖς λέγουσι βεβαιώσητε λόγον τὸν πάντων πονηρότατον· λέγεται γὰρ τοὺς κακῶς πεπονθότας μεμνῆσθαι μᾶλλον ἢ τοὺς εὖ. Τίς γὰρ ἔτι ἐθελήσει χρηστὸς εἶναι, εἰ ἡττηθήσονται τῶν κακῶς ὑμᾶς ποιούντων οἱ εὖ ποιοῦντες; ἔχει δ᾽ ὑμῖν, [33] ὦ ἄνδρες δικασταί, οὕτως. Περὶ ἡμῶν γάρ ἐστι ψῆφος ὑμῖν, καὶ οὐ περὶ χρημάτων. Ἕως μὲν γὰρ εἰρήνη, ἦν ἡμῖν φανερὰ οὐσία, καὶ ἦν ὁ πατὴρ ἀγαθὸς γεωργός· ἐπειδὴ δὲ εἰσέβαλον οἱ πολέμιοι, πάντων τούτων ἐστερήθημεν. Ὥστε αὐτῶν τούτων ἕνεκα πρόθυμοι ἦμεν εἰς ὑμᾶς, εἰδότες ὅτι χρήματα μὲν ἡμῖν οὐκ εἴη ὁπόθεν ἐκτίσομεν, αὐτοὶ δὲ πρόθυμοι ὄντες εἰς ὑμᾶς ἀξιοῦμεν εὑρίσκεσθαι χάριν.
[34] Καίτοι
ὁρῶμέν γ᾽ ὑμᾶς, ὦ ἄνδρες δικασταί, ἐάν τις παῖδας αὑτοῦ
ἀναβιβασάμενος κλαίῃ καὶ ὀλοφύρηται, τούς τε παῖδας δι᾽ αὐτὸν εἰ
ἀτιμωθήσονται ἐλεοῦντας, καὶ ἀφιέντας τὰς τῶν πατέρων ἁμαρτίας διὰ
τοὺς παῖδας, οὓς οὔπω ἴστε εἴτε ἀγαθοὶ εἴτε κακοὶ ἡβήσαντες
γενήσονται· ἡμᾶς δ᾽ ἴστε ὅτι πρόθυμοι γεγενήμεθα εἰς ὑμᾶς, καὶ τὸν
πατέρα οὐδὲν ἡμαρτηκότα. Ὥστε πολλῷ
δικαιότεροί ἐστε, ὧν πεπείρασθε, τούτοις χαρίσασθαι, ἢ οὓς οὐκ ἴστε
ὁποῖοί τινες ἔσονται. [35] Πεπόνθαμεν δὲ
τοὐναντίον τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις. Οἱ μὲν γὰρ
ἄλλοι τοὺς παῖδας παραστησάμενοι ἐξαιτοῦνται ὑμᾶς, ἡμεῖς δὲ τὸν
πατέρα τουτονὶ καὶ ἡμᾶς ἐξαιτούμεθα, μὴ ἡμᾶς ἀντὶ μὲν ἐπιτίμων
ἀτίμους ποιήσητε, ἀντὶ δὲ πολιτῶν ἀπόλιδας· ἀλλὰ ἐλεήσατε καὶ τὸν
πατέρα γέροντα ὄντα καὶ ἡμᾶς. Εἰ δὲ ἡμᾶς
ἀδίκως ἀπολεῖτε, πῶς ἢ οὗτος ἡμῖν ἡδέως συνέσται ἢ ἡμεῖς ἀλλήλοις ἐν
τῷ αὐτῷ, ὄντες ὑμῶν τε ἀνάξιοι καὶ τῆς πόλεως; ἀλλ᾽ ὑμῶν δεόμεθα
τρεῖς ὄντες ἐᾶσαι ἡμᾶς ἔτι προθυμοτέρους γενέσθαι. [36]
Δεόμεθα οὖν ὑμῶν πρὸς τῶν ὑπαρχόντων ἀγαθῶν
ἑκάστῳ, ὅτῳ μὲν εἰσὶν ὑεῖς, τούτων ἕνεκα ἐλεῆσαι, ὅστις <δ᾽> ἡμῖν
ἡλικιώτης τυγχάνει ἢ τῷ πατρί, ἐλεήσαντας ἀποψηφίσασθαι· καὶ μὴ ἡμᾶς
βουλομένους εὖ ποιεῖν τὴν πόλιν ὑμεῖς κωλύσητε. Δεινὰ
δ᾽ ἂν πάθοιμεν, εἰ ὑπὸ τῶν πολεμίων μὲν ἐσώθημεν, οὓς εἰκὸς ἦν
διακωλύειν μὴ σῴζεσθαι, παρ᾽ ὑμῶν δὲ μηδὲ εὑρησόμεθα τὸ σωθῆναι. |
[26] Vous venez d'entendre les témoins. Je vais vous faire voir comment j'ai signalé mon zèle pour le peuple. Un Syracusain était venu à Catane avec une formule de serment, il vouloir débaucher nos soldats, et se ménageait des conférences avec chacun d'eux ; je rompis aussitôt son projet, j'allai trouver Tydée, et je lui révélai tout. Tydée tint un conseil où l'on discuta sort au long cette affaire. Je vais certifier le fait par des dépositions de témoins. Les témoins déposent. [27] Considérez aussi la lettre (10) que m'a fait remettre mon père, et voyez si elle tendait au bien du peuple. Après avoir parlé d'affaires domestiques, il me recommandait de ne revenir que lorsque tout réussirait en Sicile. Et en cela il ne consultait que votre intérêt et celui de vos troupes ; et il n'eût jamais écrit de la sorte s'il n'avait été plein d'affection pour vous et pour la république. [28] Il faut aussi vous apprendre quel courage a montré pour votre service le plus jeune de mes frères. Les exilés faisaient des courses ; non contents de ravager l'Afrique lorqu'ils en trouvaient l'occasion, ils sortaient du fort de Décelée (11) pour vous piller vous-mêmes : mon frère, se détachant de la troupe de cavalerie, attaqua un de ces exilés et le tua. La déposition de ceux qui étaient présents va confirmer ce fait. On lit la déposition. [29] Tous ceux d'entre vous qui ont combattu dans l'Hellespont, connaissent la valeur du plus âgé de mes frères, et sont persuadés qu'il ne le cède à personne en bravoure. On va faire paraître les témoins qui l'attestent. Les témoins paraissent. [30] Si nous avons montré un tel courage pour la patrie, n'est-ce pas aujourd'hui, Athéniens, que nous devons en obtenir la récompense ? périrons-nous victimes des impostures débitées contre mon père, sans pouvoir tirer le moindre avantage du zèle que nous avons témoigné nous mêmes pour l'état ? serait-il une injustice pareille ? Si nous sommes persécutés par la calomnie qui poursuit Polystrate, n'est-il donc pas juste que nous trouvions dans notre ardeur à vous servir son salut et le nôtre ? [31] Ce n'est pas un vil intérêt qui nous porta à vous rendre des services, mais l'espoir, si nous étions un jour attaqués devant les tribunaux, d'obtenir de vous une sentence favorable, et la justice qui nous est due. Le principal motif qui doit vous engager à nous absoudre, c'est qu'en nous traitant favorablement, nous dont le zèle se fit toujours une loi de prévenir vos besoins, vous enflammerez de plus en plus l'ardeur des citoyens zélés, lorsqu'ils verront que vous savez récompenser les services. [32] Gardez-vous d'autoriser cette maxime, malheureusement trop commune, qu'on se souvient plutôt du mal que du bien. Eh! qui voudra par la fuite vous servir utilement, et ceux qui vous nuisent ont l'avantage sur ceux qui vous servent ? [33] Je puis le dire, c'est sur nos personnes que vous avez à prononcer, et non sur notre fortune. Nous possédions des terres pendant la paix, et mon père était fort habile à les faire valoir ; mais les ennemis, ayant envahi l'Attique, nous nous sommes vus dépouillés de tout. Et c'est cela même qui nous fait redoubler d'ardeur pour nous rendre utiles. Nous savons que si nous étions condamnés envers le trésor, nous ne pourrions vous satisfaire; mais que si nous exécutons vos ordres avec zèle, nous pouvons espérer d'en obtenir le prix.
[34] Si un accusé en pleurs vous
présente ses enfants, vous vous laissez toucher de compassion pour
ces infortunés, vous craignez de les diffamer ; et vous faites grâce
au père coupable, en faveur de les enfants, quoique vous ignoriez
quelle pourra être un jour leur conduite. Quant à nous, vous
connaissez notre zèle à votre égard, et vous savez si mon père vous
offensa jamais en rien. N'est-il donc pas de votre justice d'être
favorables à ceux dont vous éprouvâtes tant de sois le dévouement,
plutôt qu'à ceux dont les dispositions sont encore incertaines? [35]
Notre situation est tout-à fait nouvelle. Pour l'ordinaire, un père
vous présente ses enfants afin d'obtenir sa grâce : ici, c'est
nous-mêmes qui nous présentons à nos juges, pour obtenir la grâce
d'un père et la nôtre, pour les prier de ne pas nous priver de notre
patrie, de nous conserver nos droits de citoyens, de jeter un regard
de pitié sur un père âgé et sur ses enfants. Si vous nous condamnez
injustement, quelle douceur un père trouvera-t-il désormais à vivre
avec ses fils ? Quelle douceur pourront trouver à vivre ensemble des
fils déclarés indignes de leurs concitoyens et de leur patrie ? Vous
nous voyez tous trois en suppliants, vous conjurer d'agréer ici les
nouvelles offres de nos services. [36] Nous vous prions tous par ce
que vous avez de plus cher : vous qui avez des enfants, ayez pitié
de nous en considération de ces enfants, vous qui êtes de notre âge,
ou de l'âge de mon père, faites-nous grâce par compassion de notre
sort, et ne vous opposez pas à la bonne volonté que nous témoignons
pour le service de l'état. Ne serait-il pas bien dur pour nous,
après avoir trouvé de l'humanité et de la bienfaisance chez les
ennemis mêmes, de n'être pas jugés dignes de la commisération de nos
compatriotes ? |
(01) Dans le sénat. Dans le sénat, sans doute, où fut conclu l'abolissement de la démocratie et l'établissement de l'oligarchie. Polystrate est représenté ici comme n'ayant eu d'autre part à la révolution que de s'être laissé nommer par les citoyens de sa tribu. (02) Se fût rendu coupable en huit jours. Nous verrons tout-à-l'heure que Polystrate n'avait siégé que huit jours au sénat. (03) Phrynique, un des principaux auteurs de la domination des Quatre-cents. Voyez ce que nous en avons dit plus haut p. 178. (04)Thucydide dans le huitième livre de son histoire, ou il parle de la domination des Quatre-cents, dit qu'il fut décidé que les Quatre-cents auraient un pouvoir absolu, et qu'ils assembleraient les cinq mille citoyens quand ils le jugeraient à propos. Ce qui suppose, comme le dit ici Lysias que les Cinq-mille furent établis un peu avant les Quatre cents. Au reste il ne saur pas confondre ces Cinq-mille avec ceux dont parle peu après le même Thucydide. Les Athéniens assemblés, dit-il, déposèrent les Quatre-cents, et donnèrent l'autorité à cinq mille personnes. (05) Il est aussi parlé dans l'histoire, et des Erétriens, et de quelques batailles navales livrées un peu avant l'administration des Quatre-cents. Voyez Thucydide L.. VIII, (06) Séduits par les Quatre-cents, non pas déjà établis, mais cherchant à s'établir : autrement l'orateur serait en contradiction avec lui-même. Voyez un peu plus haut ce qui est dit des Quatre-cents et des Cinq-mille, avec la note. (7) En faveur d'un seul homme, qui sollicitait pour les coupables. (8) Les faits qui précédent se passèrent, et la lettre fut écrite, avant l'entière défaite des Athéniens. (9) Lorsque les troupes d'Athènes étaient en Sicile, les Lacédémoniens, par le conseil d'Alcibiade réfugié chez eux, s'emparèrent d'un poste de l'Attique nommé Décelée. Ils y confirmaient un sort d'où ils incommodaient beaucoup les Athéniens. Quelques exilés d'Athènes se réfugiaient dans ce fort, et se joignaient aux ennemis. |