PLAIDOYERS D'ISEE
I
PLAIDOYER SUR LA SUCCESSION DE CLÉONYME
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Les neveux de Cléomjme contre Pherenicos et consorts
REVENDICATION DE SUCCESSION
ARGUMENT
Cléonyme, fils de Polyarque, est mort laissant un testament, déposé chez les astynomes, par lequel il lègue tous ses biens à des collatéraux qui paraissent avoir été assez <loignés (§ 36). Ce sont Phérénicos (§ 31), puis Posidippe et Dioclès, frères de Phérénicos (§ 14), peut-être aussi un nommé Simon (§ 32). Ces légataires demandent l'envoi en possession. A ce moment interviennent les neveux de Cléonyme (fils de sa sœur, §§ 4 et 39) qui demandent l'envoi en possession pour eux-mêmes, à raison de la parenté, et sans tenir compte du testament.
Ils soutiennent qu'au moment où Cléonyme est mort le 2 testament n'était plus l'expression de sa volonté. Son intention était de le révoquer, et à cet effet il l'avait rerlemandé aux astynomes. Il avait fait cette disposition à une époque où les demandeurs, ses neveux, étaient encore mineurs sous la tutelle de leur oncle paternel Dinias, et pour que ses biens ne tombassent pas entre les mains de Dinias qui avait, alors, cessé d'être son ami. Mais depuis cette époque Dinias était mort, Cléonyme avait pris chez lui les enfants de sa sœur, les avait fait élever et n'avait plus dès lors aucune raison pour ne pas leur laisser toute sa fortune. Si ce testament n'a pas été révoqué c'est par l'effet d'une manœuvre des légataires. Dans ces circonstances il y a lieu, pour les juges, de faire une part, tout au moins, aux héritiers de sang, qui se trouvent dépouillés et trompés dans leurs légitimes espérances.
Toute cette argumentation ne paraîtrait pas aujourd'hui bien solide, mais en pareil cas les juges Athéniens s'attribuaient un pouvoir très large pour disposer des successions suivant ce qui leur semblait équitable. Le testament ne donnait lieu, du reste, à aucune question de droit. Cet acte était essentiellement révocable et on ne voit pas qu'il ait conféré l'adoption à Phérénicos.
[1] Πολλὴ μὲν ἡ μεταβολή μοι γέγονεν, ὦ ἄνδρες, τελευτήσαντος Κλεωνύμου. Ἐκεῖνος γὰρ ζῶν μὲν ἡμῖν κατέλιπε τὴν οὐσίαν, ἀποθανὼν δὲ κινδυνεύειν περὶ αὐτῆς πεποίηκε. Καὶ τότε μὲν οὕτως ὑπ' αὐτοῦ σωφρόνως ἐπαιδευόμεθα, ὥστ' οὐδ' ἀκροασόμενοι οὐδέποτ' ἤλθομεν ἐπὶ δικαστήριον, νῦν δὲ ἀγωνιούμενοι περὶ πάντων ἥκομεν τῶν ὑπαρχόντων· οὐ γὰρ τῶν Κλεωνύμου μόνον ἀμφισβητοῦσιν ἀλλὰ καὶ τῶν πατρῴων, ὀφείλειν ἐπὶ τούτοις ἡμᾶς ἐκείνῳ φάσκοντες ἀργύριον. [2] Καὶ οἱ μὲν οἰκεῖοι καὶ οἱ προσήκοντες ἐπὶ τούτοις οἱ τούτων ἀξιοῦσιν ἡμᾶς καὶ τῶν ὁμολογουμένων, ὧν Κλεώνυμος κατέλιπεν, αὐτοῖς τούτων ἰσομοιρῆσαι· οὗτοι δὲ εἰς τοῦτο ἥκουσιν ἀναισχυντίας, ὥστε καὶ τὰ πατρῷα προσαφελέσθαι ζητοῦσιν ἡμᾶς, οὐκ ἀγνοοῦντες, ὦ ἄνδρες, τὸ δίκαιον, ἀλλὰ πολλὴν ἡμῶν ἐρημίαν καταγνόντες.
[3]
Σκέψασθε γὰρ οἷς ἑκάτεροι πιστεύοντες ὡς ὑμᾶς εἰσεληλύθαμεν· οὗτοι
μὲν διαθήκαις ἰσχυριζόμενοι τοιαύταις, ἃς ἐκεῖνος διέθετο μὲν οὐχ
ἡμῖν ἐγκαλῶν ἀλλ' ὀργισθεὶς τῶν οἰκείων τινὶ τῶν ἡμετέρων, ἔλυσε δὲ
πρὸ τοῦ θανάτου, πέμψας Ποσείδιππον ἐπὶ τὴν ἀρχήν.
[4] Ἡμεῖς δὲ γένει μὲν ἐγγυτάτω
προσήκοντες, χρώμενοι δὲ ἐκείνῳ πάντων οἰκειότατα, δεδωκότων δ' ἡμῖν
καὶ τῶν νόμων κατὰ τὴν ἀγχιστείαν καὶ αὐτοῦ τοῦ Κλεωνύμου διὰ τὴν
φιλίαν τὴν ὑπάρχουσαν αὐτῷ, ἔτι δὲ Πολυάρχου, τοῦ πατρὸς τοῦ
Κλεωνύμου, πάππου δ' ἡμετέρου, προστάξαντος, εἴ τι πάθοι Κλεώνυμος
ἄπαις, ἡμῖν δοῦναι τὰ αὑτοῦ.
[9]
Δεινίας γὰρ ὁ τοῦ πατρὸς ἀδελφὸς ἐπετρόπευσεν ἡμᾶς, θεῖος ὢν
ὀρφανοὺς ὄντας. Κλεωνύμῳ δ' οὗτος, ὦ ἄνδρες, διάφορος ὢν ἔτυχεν.
Ὁπότερος μὲν οὖν αὐτῶν ἦν τῆς διαφορᾶς αἴτιος, ἴσως οὐκ ἐμὸν ἔργον
ἐστὶ κατηγορεῖν· πλὴν τοσοῦτόν γε ἂν δικαίως αὐτοῖς ἀμφοτέροις
μεμψαίμην, ὅτι καὶ φίλοι τέως ὄντες καὶ προφάσεως οὐδεμιᾶς γενομένης
ἐκ λόγων τινῶν οὕτως εἰκῇ πρὸς ἀλλήλους ἔχθραν ἀνείλοντο. |
3 PLAIDOYER 1. Tout est bien changé pour moi, juges, depuis la mort de Cléonyme. Vivant, il nous laissait sa fortune, sa mort a tout remis en question pour nous. Autrefois, l'éducation qu'il nous donnait était si sage que nous ne sommes jamais entrés dans un tribunal, pas même comme simples auditeurs; aujourd'hui, nous y venons pour soutenir une lutte où tout notre avoir est engagé. En effet, ce ne sont pas seulement les biens de Cléonyme que nos adversaires nous contestent, ce sont encore nos biens paternels qui, à les entendre, seraient hypothéqués à une créance de Cléonyme contre nous. 2. Toutes les personnes de leur maison et de leur famille, trouvent juste que, sur les biens reconnus laissés par Cléonyme, nous prenions une part égale à la leur, et eux, ils n'ont pas de honte; ils cherchent à nous enlever jusqu'à nos biens paternels, non par ignorance du droit, juges, mais parce qu'isolés comme nous sommes, ils pensent avoir bon marché de nous. 3. Voyez en effet en quoi nous mettons notre confiance, les uns et les autres, au moment où nous nous présentons devant vous. Nos adversaires font valoir un testament que Cléonyme a fait, sans grief contre nous, par ressentiment contre une personne de notre famille, et qu'avant de mourir il a révoqué, en envoyant Posidippe chez le magistrat. 4. Nous sommes, nous, ses parents les plus proches, nous étions dans son intimité 4 plus avant que personne. Celle succession, ce sont les lois qui nous l'ont donnée parce que nous sommes de la parenté étroite, c'est Cléonyme lui-même, par affection pour nous, c'est enfin notre aïeul Potyarque, père de Cléonyme, qui, prévoyant le cas où Cléonyme viendrait à mourir sans enfants, lui avait recommandé de nous laisser sa fortune. 5. Voilà les titres que nous avons à faire valoir, et eux, nos parents, sans aucune bonne raison à donner, ne rougissent pas de nous forcer à leur dispuler des biens que ne pourraient nous contester sans honte ceux-là mêmes qui sont pour nous des étrangers. 6. Aussi bien je ne crois pas, juges, que nous soyons disposés de la même manière les uns à l'égard des autres. Ce que je trouve le plus dur, moi dans ma situation présente, ce n'est pas le danger que je cours contre tout droit, c'est la nécessité de combattre des parents contre lesquels il serait déjà pénible de se défendre, car il ne serait pas moins triste pour moi de leur faire du mal pour ma défense, à eux qui sont mes parents, qu'il ne l'est de me voir maltrailé par eux depuis le commencement de ce procès. 7. Eux, au contraire, ne pensent pas ainsi. Ils marchent contre nous, escortés des amis qu'ils ont convoqués, des orateurs qu'ils se sont procurés, ne négligeant aucune de leurs forces, comme si nous étions, juges, des ennemis à punir, comme s'il ne s'agissait pas de ruiner des hommes attachés à eux par les liens les plus étroits et nés du même sang. 8. Mais vous comprendrez encore mieux leur effronterie et leur rapacité quand vous aurez loui entendu. Je remonte donc au point où il faut se placer pour saisir rapidement l'objel de la contestation, et je pars de là pour vous en instruire.
9. Dinias,
le frère de notre père, a eu notre tutelle, étant notre oncle, et
nous orphelins. Ce Dinias, juges.
5 était en différend avec Cléonyme. Lequel des deux était
responsable de ce différend? Peut-être n'est-ce pas a moi d'accuser
personne, tout au plus pourrais-je blâmer justement l'un et l'autre,
bons amis jusque-là, de s'être sans aucun prétexte, brouillés, un
beau jour, à raison de je ne sais quels propos. |
[10] Τότε γοῦν ἐκ ταύτης τῆς ὀργῆς Κλεώνυμος ταύτας ποιεῖται τὰς διαθήκας, οὐχ ἡμῖν ἐγκαλῶν, ὡς ὕστερον ἔλεγεν, ὁρῶν δὲ ἡμᾶς ἐπιτροπευομένους ὑπὸ Δεινίου, καὶ δεδιὼς μὴ τελευτήσειεν αὐτὸς ἔτι παῖδας ἡμᾶς καταλιπὼν καὶ τῆς οὐσίας ἡμετέρας οὔσης γένοιτο κύριος Δεινίας· ἡγεῖτο γὰρ δεινὸν εἶναι τὸν ἔχθιστον τῶν οἰκείων ἐπίτροπον καὶ κύριον τῶν αὑτοῦ καταλιπεῖν, καὶ ποιεῖν αὑτῷ τὰ νομιζόμενα τοῦτον, ἕως ἡμεῖς ἡβήσαιμεν, ᾧ ζῶν διάφορος ἦν· [11] Ταῦτα διανοηθεὶς ἐκεῖνος, εἴτ' ὀρθῶς εἴτε μή, τὰς διαθήκας ταύτας διέθετο. Καὶ εὐθὺς ἐρωτῶντος τοῦ Δεινίου παραχρῆμα εἴ τι ἡμῖν ἢ τῷ πατρὶ ἐγκαλεῖ τῷ ἡμετέρῳ, ἀπεκρίνατο πάντων τῶν πολιτῶν ἐναντίον ὅτι οὐδὲν πονηρὸν ἐγκαλεῖ, καὶ ἐμαρτύρησεν ὡς ὀργιζόμενος ἐκείνῳ καὶ οὐκ ὀρθῶς βουλευόμενος ταῦτα διέθετο. Πῶς γὰρ ἂν εὖ φρονῶν, ὦ ἄνδρες, κακῶς ποιεῖν ἡμᾶς ἐβουλήθη, τοὺς μηδὲν αὐτὸν ἠδικηκότας; [12] Ὕστερον δὲ τούτων, ὃ μέγιστον ἡμῖν τεκμήριον ὅτι οὐδὲ ταῦτα ἔπραξεν ἡμᾶς βλάπτειν βουλόμενος· τελευτήσαντος γὰρ Δεινίου καὶ τῶν πραγμάτων ἡμῖν πονηρῶς ἐχόντων οὐδὲ περιεῖδεν ἡμᾶς οὐδενὸς ἐνδεεῖς ὄντας, ἀλλ' αὐτοὺς μὲν εἰς τὴν οἰκίαν τὴν αὑτοῦ κομισάμενος ἐπαίδευε, τὴν δ' οὐσίαν ἀφελέσθαι τῶν χρήστων ἐπιβουλευσάντων ἔσωσεν ἡμῖν, ἐπεμελεῖτό τε ὁμοίως τῶν ἡμετέρων ὥσπερ τῶν αὑτοῦ πραγμάτων. [13] Καίτοι χρὴ θεωρεῖν αὐτοῦ τὴν ἔννοιαν ἐκ τούτων τῶν ἔργων μᾶλλον ἢ ἐκ τῶν διαθηκῶν, καὶ τεκμηρίοις χρῆσθαι μὴ τοῖς μετ' ὀργῆς πραχθεῖσιν, ἐν οἷς ἅπαντες πεφύκαμεν ἁμαρτάνειν, ἀλλ' ἀφ' ὧν ὕστερον φανερὰν τὴν αὑτοῦ ἔννοιαν ἐποίησεν. Ἔτι γὰρ μᾶλλον ἐν τοῖς τελευταίοις ἐδήλωσεν ὡς εἶχε πρὸς ἡμᾶς. [14] Ἤδη γὰρ ἀσθενῶν ταύτην τὴν νόσον ἐξ ἧς ἐτελεύτησεν, ἐβουλήθη ταύτας τὰς διαθήκας ἀνελεῖν καὶ προσέταξε Ποσειδίππῳ τὴν ἀρχὴν εἰσαγαγεῖν. Ὁ δὲ οὐ μόνον οὐκ εἰσήγαγεν, ἀλλὰ καὶ τὸν ἐλθόντα τῶν ἀρχόντων ἐπὶ τὴν θύραν ἀπέπεμψεν. Ὀργισθεὶς δὲ τούτῳ Κλεώνυμος πάλιν ἐς τὴν ὑστεραίαν Διοκλεῖ καλέσαι τοὺς ἄρχοντας προσέταζε, καὶ οὐχ οὕτως ὡς ἀσθενῶν διακείμενος· ἀλλ' ἔτι πολλῶν οὐσῶν ἐλπίδων, ἐξαπίνης τῆς νυκτὸς ταύτης ἀπέθανεν. [15] Πρῶτον μὲν οὖν ὑμῖν παρέξομαι μάρτυρας ὡς οὐχ ἡμῖν ἐγκαλῶν ἀλλὰ Δεινίᾳ πολεμῶν ταύτας τὰς διαθήκας διέθετο, ἔπειτα ὡς ἐκείνου τελευτήσαντος ἐπεμελεῖτο τε τῶν ἡμετέρων ἁπάντων, καὶ αὐτοὺς ἐπαίδευεν εἰς τὴν οἰκίαν τὴν αὑτοῦ κομισάμενος, πρὸς δὲ τούτοις ὡς Ποσείδιππον ἔπεμψεν ἐπὶ τὸν ἀστυνόμον, οὗτος δ' οὐ μόνον αὐτὸς οὐκ εἰσεκάλεσεν, ἀλλὰ καὶ ἐλθόντα ἐπὶ τὴν θύραν ἀρχονίδην ἀπέπεμψεν. [16] Ὡς οὖν ἀληθῆ λέγω, κάλει μοι τοὺς μάρτυρας. Μάρτυρες Ἔτι τοίνυν ὡς οἱ τούτων φίλοι καὶ Κηφίσανδρος ἠξίουν νείμασθαι τὴν οὐσίαν καὶ τὸ τρίτον μέρος ἡμᾶς ἔχειν ἁπάντων τῶν Κλεωνύμου, καὶ τούτων μοι κάλει μάρτυρας. Μάρτυρες
[17]
Ἡγοῦμαι μὲν τοίνυν, ὦ ἄνδρες, πᾶσι τοῖς τῶν κλήρων ἀμφισβητοῦσιν,
ὅταν ἀποφήνωσι σφᾶς αὐτοὺς ὥσπερ ἡμεῖς καὶ τῷ γένει προτέρους ὄντας
καὶ τῇ φιλίᾳ τῇ πρὸς τὸν τετελευτηκότα, περίεργον εἶναι τοὺς ἄλλους
λόγους λέγειν· ἐπειδὴ δὲ τούτων οὐδέτερον ἔχοντες οὗτοι τολμῶσι τῶν
οὐ προσηκόντων ἀμφισβητεῖν καὶ ψευδεῖς παρασκευάζονται λόγους,
βούλομαι βραχέα καὶ περὶ τούτων αὐτῶν εἰπεῖν. [18]
Ἰσχυρίζονται γὰρ ταῖς διαθήκαις, λέγοντες ὡς Κλεώνυμος
μετεπέμπετο τὴν ἀρχὴν οὐ λῦσαι βουλόμενος αὐτὰς ἀλλ' ἐπανορθῶσαι καὶ
βεβαιῶσαι σφίσιν αὐτοῖς τὴν δωρεάν. Ὑμεῖς δὲ σκοπεῖσθε τὰς διαθήκας
τὰς μετ' ὀργῆς γενομένας πότερα εἰκός ἐστι βουληθῆναι Κλεώνυμον
ἀνελεῖν, ἐπειδὴ πρὸς ἡμᾶς οἰκείως ἔσχεν, ἢ σκοπεῖν ὅπως ἔτι
βεβαιότερον ἡμᾶς ἀποστερήσει τῶν αὑτοῦ. [19]
Τοῖς μὲν γὰρ ἄλλοις κἀκείνων ὧν ἂν ὀργισθέντες τοὺς
οἰκείους ἀδικήσωσιν ὕστερον μεταμέλει· οὗτοι δὲ ἐκεῖνον ἀποφαίνουσιν,
ἐν ᾧ πρὸς ἡμᾶς οἰκειότατα διέκειτο, μᾶλλον βεβαιοῦν τὴν διαθήκην
βουλόμενον, ἣν ὀργιζόμενος ἐποιήσατο. Ὥστ' εἰ καὶ ἡμεῖς
ὁμολογήσαιμεν ταῦτα καὶ ὑμεῖς αὐτοὶ πιστεύσαιτε, ἐνθυμεῖσθε ὅτι
παράνοιαν αὐτοῦ τὴν μεγίστην οὗτοι κατηγοροῦσι.
[20] Τίς γὰρ ἂν γένοιτο ταύτης μανία μείζων, ἢ τότε μὲν
ὅτε Δεινίᾳ διάφορος ὢν ἔτυχεν, ἡμᾶς κακῶς ποιεῖν τε καὶ διατίθεσθαι
τοιαύτας διαθήκας, ἐξ ὧν οὐκ ἐκεῖνον ἐτιμωρεῖτο ἀλλὰ τοὺς
οἰκειοτάτους ἠδίκει· νυνὶ δὲ χρώμενος ἡμῖν καὶ περὶ πλείστου
ποιούμενος ἁπάντων, μόνους ἐβουλήθη τοὺς ἀδελφιδοῦς, ὡς οὗτοί φασιν,
ἀκλήρους ποιῆσαι τῶν ἑαυτοῦ. Καὶ τίς ἂν εὖ φρονῶν, ὦ ἄνδρες, τοιαῦτα
περὶ τῶν αὑτοῦ βουλεύσαιτο; [21] Ὥστ'
ἐκ τούτων τῶν λόγων ῥᾳδίαν ὑμῖν τὴν διάγνωσιν πεποιήκασι περὶ αὑτῶν.
Εἰ μὲν γὰρ ἀνελεῖν τὰς διαθήκας βουλόμενος μετεπέμπετο τὴν ἀρχήν,
ὥσπερ ἡμεῖς φαμεν, οὐδεὶς ἔνεστι τούτοις λόγος· εἰ δ' οὕτω
παραφρονῶν ἔτυχεν ὥσθ' ἡμᾶς ἀεὶ περὶ ἐλαχίστου ποιεῖσθαι, τοὺς γένει
πρωτεύοντας καὶ χρωμένους αὐτῷ πάντων οἰκειότατα, δικαίως ἂν δήπου
τὰς τοιαύτας διαθήκας ἀκύρους ποιήσαιτε. |
10. C'est le dépit conçu à cette occasion qui a fait faire à Cléonyme le testament dont s'agit, sans grief contre nous; lui-même l'a déclaré depuis. Il nous voyait sous la tutelle de Dinias, il craignait que nous ne fussions encore enfants quand il viendrait à mourir et que sa succession recueillie par nous ne tombât ainsi entre les mains de Dinias. Il trouvait dur de laisser la gestion et la libre disposition de ses biens à celui de ses parents qui était son plus grand ennemi, et de penser que celui qui lui rendrait les derniers devoirs, jusqu'à notre majorité, serait cet homme avec qui il avait été brouillé sa vie durant. 11. C'est dans cette pensée que Cléonyme, à tort ou à raison, a fait le testament dont il s'agit. Quand, à l'instant même, Dinias lui demanda s'il avait quelque grief contre nous ou contre notre père, il répondit, en présence de tous les citoyens, qu'il n'avait aucun reproche à faire, témoignant par là qu'il agissait ainsi par ressentiment contre Dinias, ce qui n'était pas raisonnable. Et en effet, juges, comment, s'il eût été bien sensé, aurait-il voulu nous faire du mal, à nous qui ne lui avions fait aucun tort? 12. Depuis, il a bien montré qu'en agissant de la sorte il n'avait nullement l'intention de nous nuire. En effet, Dinias étant mort, et nos affaires en mauvais état, non seulement il ne nous a laissé manquer de rien, mais il nous a fait venir dans sa propre maison où il nous a fait élever, il nous a conservé nos biens que les créanciers s'étaient entendus pour nous enlever, et il a pris soin de nos affaires 6 comme des siennes propres. 13. Assurément c'est dans ces actes qu'il faut chercher sa pensée, plutôt que dans le testament. Il faut admettre comme preuve non pas ce qu'il a fait dans un moment de dépit, par une faiblesse de la nature humaine, mais les actes par lesquels il a exprimé ultérieurement son intention. En effet c'est surtout à ses derniers moments qu'il a manifesté ses dispositions envers nous. 14. Déjà souffrant de la maladie dont il est mort, il a voulu révoquer ce testament et il a donné à Posidippe l'ordre de faire venir le magistrat. Non seulement Posidippe ne l'a pas fait venir mais, quand un des magistrats s'est présenté à la porte, il l'a congédié. Cléonyme irrité contre lui ordonna de nouveau à Dioclès d'appeler les magistrats pour le lendemain, et quoiqu'il n'eût pas perdu toutes ses forces, quoiqu'on eût encore grand espoir, il mourut subitement dans la même nuit. 15. Je vous produirai d'abord des témoins pou prouver qu'en faisant ce testament Cléonyme n'avai aucun grief contre nous, qu'il faisait un acte d'hostilit contre Dinias, ensuite qu'à la mort de Dinias il a pris soin de tous nos biens et nous a fait élever, après nous avoir fait venir dans sa maison, enfin qu'il a envoyé Posidippe chez l'astynome, et que Posidippe non seulement n'est pas allé chercher lui-même ce magistrat, mais a congédié Archonide lorsque celui-ci s'est présenté à la porte. 16. Pour prouver que je dis vrai, appelle les témoins. TÉmoins. Sur ce fait encore que les amis de nos adversaires et de Képhisandre furent d'avis de partager avec nous la succession, et de nous abandonner le tiers de tous les biens de Cléonyme, appelle encore les témoins. TÉmoins. 17. A mon avis, juges, ceux qui plaident au sujet d'une succession, lorsqu'ils ont montré, comme nous venons de le faire, qu'ils sont préférables, à raison de leur naissance et de leur affection pour le défunt, n'ont pas besoin de plus amples discours. Mais puisque nos adversaires, sans avoir ni l'un ni l'autre de ces titres, osent nous disputer ce qui ne leur appartient pas, et s'arment de mensonges, je veux encore vous dire quelques mots pour y répondre. 18. Ils font valoir le testament; ils disent que si Cléonyme envoya chercher le magistrat, ce n'était pas pour révoquer le testament, c'était au contraire pour rectifier et confirmer le legs à eux fait. Mais prenez ce testament fait dans un moment de dépit. De quel côté est la vraisemblance? Cléonyme a-t-il voulu le révoquer, alors qu'il nous traitait comme faisant partie de sa maison? ou a-t-il cherché un moyen de nous priver plus sûrement encore de sa succession ? 19. D'ordinaire, lorsque par colère on a fait tort à sa famille, on le regrette plus tard; au contraire, si l'on en croit nos adversaires, Cléonyme, au temps même où il était le mieux disposé pour.nous, aurait voulu confirmer encore le testament qu'il avait fait dans un moment de dépit. Dussions-nous donc convenir du fait et vous-mêmes dussiez-vous le croire, prenez garde que mes adversaires imputent à Cléonyme un acte contraire à toute raison. 20. Où trouver en effet une aberration plus grande? Brouillé avec Dinias, c'est à nous que Cléonyme aurait voulu faire tort en laissant le testament que vous savez, qui ruinait sa famille la plus proche, 8 sans punir Dinias. Et nous qu'il accueillait et préférait à tous autres, c'est nous, les fils de son frère, qu'il aurait voulu déshériter, seuls entre tous! Telle est du moins la prétention de nos adversaires. Un homme raisonnable, juges, dispose-t-il ainsi de ses biens? 21. Non ; et par ce langage ils vous rendent facile la décision à rendre. En effet de deux choses l'une. Si, comme nous l'affirmons, Cléonyme voulait révoquer son testament lorsqu'il envoyait chercher le magistrat, mes adversaires n'ont plus un seul mot à dire; et s'il était hors de sens jusqu'à n'avoir plus aucun égard pour nous, ses plus proches parents, vivant avec lui, préférés par lui, comme les enfants de la maison, vous feriez justice en annulant un pareil testament. |
[22] Ἔτι τοίνυν ἐνθυμεῖσθε ὅτι φάσκοντες καλεῖν τὴν ἀρχὴν Κλεώνυμον, ἵνα βεβαιώσῃ τὴν αὑτῶν δωρεάν, προσταχθὲν αὐτοῖς οὐκ ἐτόλμησαν εἰσαγαγεῖν, ἀλλὰ καὶ τὸν ἐλθόντα τῶν ἀρχόντων ἐπὶ τὴν θύραν ἀπέπεμψαν. Καὶ δυοῖν τοῖν ἐναντιωτάτοινν θάτερα μέλλοντες, ἢ τὴν οὐσίαν ἕξειν βεβαιοτέραν ἢ ἐκείνῳ μὴ ποιήσαντες ἀπεχθήσεσθαι, τὴν ἀπέχθειαν εἵλοντο μᾶλλον ταύτης τῆς δωρεᾶς. Καίτοι πῶς ἂν ἕτερα τούτων γένοιτο ἀπιστότερα; [23] Τοὺς μὲν τηλικαῦτα μέλλοντας ἐκ τοῦ πράγματος κερδαίνειν, ὥσπερ ζημιωθησομένους, φυλάξασθαι τὴν διακονίαν, Κλεώνυμον δ' ὑπὲρ τῆς τούτων ὠφελείας τοσαύτην ποιήσασθαι σπουδὴν ὥστε Ποσειδίππῳ μέν, ὅτι κατημέλησεν, ὀργισθῆναι, Διοκλέους δὲ ταὐτὰ πάλιν ἐς τὴν ὑστεραίαν δεηθῆναι; [24] Εἰ γὰρ δή, ὦ ἄνδρες, ὡς οὗτοί φασιν, ἐν ταῖς νῦν γεγραμμέναις διαθήκαις ἔδωκεν αὐτοῖς τὴν οὐσίαν, καὶ τοῦτ' ἄξιον εἶναί μοι δοκεῖ θαυμάζειν, ὅ τί ποτε ἐπανορθώσας κυριωτέρας αὐτὰς ἡγεῖτ' ἂν ποιῆσαι· τοῖς γὰρ ἄλλοις οὗτος ὅρος ἐστίν, ὦ ἄνδρες, τῶν δωρεῶν. [25] Ἔτι δὲ καὶ εἴ τι προσγράψαι τούτοις ἐβούλετο, διὰ τί οὐκ ἐν ἑτέρῳ γράψας αὐτὰ γραμματείῳ κατέλιπεν, ἐπειδὴ τὰ γράμματα παρὰ τῶν ἀρχόντων οὐκ ἐδυνήθη λαβεῖν; Ἀνελεῖν μὲν γάρ, ὦ ἄνδρες, οὐχ οἷός τ' ἦν ἄλλο γραμματεῖον ἢ τὸ παρὰ τῇ ἀρχῇ κείμενον· γράψαι δ' ἐξῆν εἰς ἕτερον εἴ τι ἐβούλετο, καὶ μηδὲ τοῦθ' ἡμῖν ἀμφισβητήσιμον ἐᾶν. [26] Εἰ τοίνυν καὶ τοῦτο συγχωρήσαιμεν, ὡς ἐκεῖνος ἐπανορθῶσαι τὰς διαθήκας ἐβούλετο, πᾶσι δήπου φανερὸν ὑμῖν ἐστιν ὅτι οὐκ ὀρθῶς αὐτὰς ἔχειν ἡγεῖτο. Καίτοι σκοπεῖτε καὶ ἐντεῦθεν τὴν ἀναισχυντίαν αὐτῶν, οἵτινες ταύτας τὰς διαθήκας ἀξιοῦσιν εἶναι κυρίας, ἃς ὁμολογοῦσι μηδ' αὐτὸν τὸν διαθέμενον ταῦτα ὀρθῶς ἔχειν ἡγεῖσθαι, καὶ πείθουσιν ὑμᾶς ἐναντία καὶ τοῖς νόμοις καὶ τῷ δικαίῳ καὶ τῇ τοῦ τετελευτηκότος γνώμῃ ψηφίσασθαι. [27] Ἔτι τοίνυν τούτων ἁπάντων ἀναιδέστατος τῶν λόγων ἐστίν, ὅταν τολμῶσι λέγειν ὡς Κλεώνυμος οὐδὲν ἡμᾶς τῶν αὑτοῦ λαβεῖν ἐβούλετο. Καίτοι, ὦ ἄνδρες, τίνας ἂν ἄλλους ταῦτα ἔχειν ἐβουλήθη μᾶλλον ἢ τούτους, οὓς καὶ ζῶν ἐκ τῶν αὑτοῦ πλεῖστα τῶν οἰκείων ὠφέλει; [28] Πάντων δ' ἂν εἴη θαυμασιώτατον, εἰ Κηφίσανδρος μὲν ὁ τούτων οἰκεῖος δίκαιον ἡγεῖτο εἶναι μέρος ἕκαστον ἡμῶν ἔχειν τῆς οὐσίας, Κλεώνυμος δ' ὃς ἦν ἡμῖν οἰκειότατος καὶ ἡμᾶς εἰς τὴν οἰκίαν τὴν αὑτοῦ λαβὼν ἐθεράπευε καὶ ἐπεμελεῖτο τῶν ἡμετέρων ὥσπερ τῶν αὑτοῦ πραγμάτων, οὗτος μόνος ἐβούλετο ἡμᾶς ἀκλήρους εἶναι τῶν αὑτοῦ. [29] Καὶ τίς ἂν ὑμῶν πιστεύσειεν εὐνουστέρους καὶ μετριωτέρους τοὺς ἀντιδίκους ἡμῖν εἶναι τῶν οἰκειοτάτων; Κἀκεῖνον μέν, ᾧ καὶ ἀναγκαῖον εὖ ποιεῖν ἡμᾶς καὶ αἰσχρὸν ἡμῶν ἀμελῆσαι, μηδὲν τῶν αὑτοῦ ἡμῖν δοῦναι· τούτους δέ, οἷς οὔτ' ἀνάγκη ἐστὶν οὔτ' αἰσχύνην οὐδεμίαν φέρει, τῶν οὐ προσηκόντων, ὥς φασιν, ἡμῖν μεταδιδόναι; Ἀλλὰ ταῦτα μέν, ὦ ἄνδρες, πολλὴν ἀπιστίαν ἔχει.
[30]
Ἔπειτα, εἰ μὲν καὶ νῦν οὕτω πρὸς ἀμφοτέρους ἡμᾶς ἔχων ἐτελεύτησεν,
ὥσπερ ὅτε τὰς διαθήκας ταύτας ἐποιήσατο, εἰκότως ἄν τις ὑμῶν
πιστεύσειε τοῖς λόγοις τοῖς τουτωνί· νυνὶ δὲ πᾶν τοὐναντίον εὑρήσετε.
Τότε μὲν γὰρ ἔτυχε Δεινίᾳ, ὃς ἡμᾶς ἐπετρόπευε, διάφορος ὢν ἡμῖν τε
οὔπω χρώμενος τούτοις τε ἅπασιν ἐπιτηδείως διακείμενος· νῦν δὲ
τούτων μέν τισι διάφορος ἐγένετο, ἡμῖν δὲ πάντων ἐχρῆτο οἰκειότατα.
[31] Καὶ ἐξ ὧν μὲν αὐτῷ πρὸς
τούτους ἐγένετο ἡ διαφορά, περίεργόν ἐστι λέγειν· σημεῖα δ' ὑμῖν ἐρῶ
μεγάλα, περὶ ὧν καὶ μάρτυρας ἕξω παρασχέσθαι. Πρῶτον μὲν γὰρ θύων τῷ
Διονύσῳ, καὶ τοὺς οἰκείους ἅπαντας καλέσας καὶ τῶν ἄλλων πολιτῶν
πολλούς, Φερένικον οὐδαμοῦ παρεστήσατο. Ἔπειτα μικρὸν πρὶν
τελευτῆσαι βαδίζων εἰς Πάνορμον μετὰ Σίμωνος, καὶ συντυχὼν αὐτῷ,
προσειπεῖν οὐκ ἐτόλμησεν. |
22. Songez encore à ceci. Ils affirment que Cléonyme leur a donné l'ordre d'appeler le magistrat pour confirmer le legs à eux fait, et ce magistrat ils n'ont pas osé le faire entrer. Celui qui est venu, qui s'est présenté à la porte, ils l'ont renvoyé. Ils avaient à choisir entre les deux partis les plus opposés, ou se faire confirmer l'attribution de cette fortune ou mécontenter Cléonyme en n'exécutant pas ses ordres, et ils auraient mieux aimé encourir sa colère que de recevoir son legs! 23. Peut-on voir rien de plus incroyable? Eux qui avaient tant à gagner à ce que la chose se fît, ils auraient refusé de rendre le service demandé, comme s'ils devaient y perdre, et Cléonyme aurait montré tant d'empressement à leur faire du bien qu'il se serait fâché contre Posidippe qui avait négligé ses ordres et qu'il aurait prié Dioclès de faire la même démarche pour le lendemain. 24. Si, comme ils le soutiennent, Cléonyme a mis dans son testament qu'il leur donne sa fortune, je suis encore en droit de trouver étrange qu'il ait cru qu'en y 9 apportant je ne sais quelle rectification il le rendrait plus fort. La règle, juges, est celle-ci : quand un legs a été fait de cette manière, tout est dit. 25. D'ailleurs, si Cléonyme voulait ajouter quelque disposition en leur faveur, pourquoi n'a-t-il pas fait cette addition par un autre écrit, puisqu'il n'avait pu retirer le premier des mains des magistrats? Sans doute, juges, il ne pouvait détruire un autre écrit que celui qui se trouvait déposé chez les magistrats, mais il pouvait, s'il voulait faire quelque disposition, l'insérer dans un écrit différent et par là couper court à toute contestation. 26. Ce n'est pas tout. Dans le cas même où nous accorderions que Cléonyme a voulu rectifier son testament, c'est apparemment que ce testament ne lui paraissait pas bon. Voyez donc, par là encore, quelle est l'impudence de ces hommes. Ils veulent que le testament soit valable, et ils avouent que le testateur lui-même ne le trouvait pas bon, et ils vous engagent à émettre un vote contraire aux lois, au droit et à l'intention du défunt. 27. Mais ce qu'il y a de plus impudent dans tous leurs discours, c'est quand ils osent dire que Cléonyme ne voulait nous laisser aucune part de sa fortune. Et qui donc, juges, aurait-il voulu mettre en possession de cette fortune si ce n'est ceux de ses parents que pendant sa vie il faisait le plus profiter de ses biens? 28. Enfin voici ce qui serait le plus étrange. Képhisandre, qui est leur parent, trouvait juste que chacun de nous eût une part de la fortune, et Cléonyme, qui était plus attaché à nous qu'à nul autre, qui prenait soin de nous après nous avoir reçus dans sa maison, et s'occupait de nos affaires comme des siennes propres, Cléonyme seul aurait voulu que nous n'eussions aucune part dans sa succession ! 29. Est-il croyable pour un seul d'entre vous que nos adversaires se soient 10 montrés à notre égard plus bienveillants, plus accommodants que ceux-mêmes qui tiennent à nous par les liens les plus étroits? Cléonyme, pour qui c'était une obligation de nous faire du bien et une honte de nous oublier, ne nous aurait rien donné du sien, et eux qui n'ont aucune obligation, qui peuvent nous exclure sans honte, nous auraient fait une part dans des biens qui selon eux, ne nous reviennent pas! Tout cela, juges, n'a pas la moindre apparence. 30. Encore s'il était mort dans les mêmes dispositions à l'égard de nous et d'eux que lorsqu'il a fait le testament dont s'agit, vous pourriez avec quelque raison ajouter foi au langage de nos adversaires, mais vous allez reconnaître que c'est tout le contraire. Alors qu'il était brouillé avec Dinias, notre tuteur, il ne nous avait pas encore pris avec lui et il entretenait de bonnes relations avec tous ces gens-là. Au jour dont je parle il était brouillé avec quelques-uns d'entre eux et nous étions devenus ses amis les plus intimes. 31. D'où venait cette querelle entre lui et ces hommes? Je n'ai pas à le dire. Mais il y a des indices certains et j'ai des témoins à vous produire. D'abord un jour qu'il avait sacrifié à Dionysos et qu'il avait appelé tous ses familiers, ainsi qu'un grand nombre d'autres citoyens, il n'invita point Phérénicos. Ensuite, peu de temps avant sa mort, allant à Panormos avec Simon, il rencontra Phérénicos et ne put se résoudre à lui adresser la parole. 32. Enfin, Simon lui ayant fait des questions sur cette querelle, il lui raconta comment une querelle était survenue entre eux, et dit avec menaces qu'il ferait voir un jour à Phérénicos comment il était disposé envers lui. Pour prouver que je dis vrai, appelle les ténioins. |
Μάρτυρες [33] Οἴεσθε οὖν, ὦ ἄνδρες, τὸν οὑτωσὶ πρὸς ἑκατέρους ἡμᾶς διακείμενον ἡμῖν μέν, οἷς οἰκειότατα ἐχρῆτο, οὕτω ποιεῖν ὅπως μηδὲ λόγον ὑπολείψει, τούτοις δέ, ὧν τισι καὶ διάφορος ἦν, σκοπεῖν ὅπως ἅπασαν βεβαιώσει τὴν οὐσίαν; Καὶ τούτους μὲν νῦν περὶ πλείονος ποιεῖσθαι ταύτης ὑπούσης τῆς ἔχθρας, ἡμᾶς δὲ τοσαύτης οἰκειότητος καὶ φιλίας γενομένης πειρᾶσθαι μᾶλλον κακῶς ποιεῖν; [34] Ἀλλ' ἔγωγε, εἰ κατηγορεῖν ἐβούλοντο τῶν διαθηκῶν ἢ τοῦ τετελευτηκότος, οὐκ οἶδ' ὅ τι ἂν ἄλλο πρὸς ὑμᾶς εἶπον, οἵ γε τὰς διαθήκας μὲν ἀποφαίνουσιν οὔτ' ὀρθῶς ἐχούσας οὔτ' ἀρεσκούσας τῷ διαθεμένῳ, τοῦ δὲ τοσαύτην μανίαν κατηγοροῦσιν, ὥστε φασὶν αὐτὸν περὶ πλείονος ποιεῖσθαι τοὺς αὑτῷ διαφερομένους ἢ τοὺς οἰκείως χρωμένους, καὶ οἷς μὲν ζῶν οὐδὲ διελέγετο ἅπασαν δοῦναι τὴν οὐσίαν, τοὺς δ' οἰκειότατα κεχρημένους οὐδὲ πολλοστοῦ μέρους ἀξιῶσαι. Ὥστε τίς ἂν ὑμῶν ταύτας εἶναι κυρίας τὰς διαθήκας ψηφίσαιτο, [35] ἃς ὁ μὲν διαθέμενος ὡς οὐκ ὀρθῶς ἐχούσας ἀπεδοκίμασεν, οὗτοι δ' ἔργῳ λύουσιν ἐθέλοντες ἡμῖν ἰσομοιρῆσαι τῆς οὐσίας, πρὸς δὲ τούτοις ἡμεῖς ὑμῖν ἀποφαίνομεν ἐναντίας οὔσας καὶ τῷ νόμῳ καὶ τοῖς δικαίοις καὶ τῇ τοῦ τετελευτηκότος διανοίᾳ; [36] Οἶμαι δ' ὑμᾶς τὸ περὶ ἡμῶν δίκαιον σαφέστατ' ἂν παρ' αὐτῶν τούτων πυνθάνεσθαι. Εἰ γάρ τις αὐτοὺς ἔροιτο διὰ τί ἀξιοῦσι κληρονόμοι γενέσθαι τῶν Κλεωνύμου, τοῦτ' ἂν εἰπεῖν ἔχοιεν, ὅτι καὶ γένει ποθὲν προσήκουσι καὶ ἐκεῖνος αὐτοῖς χρόνον τινὰ ἐπιτηδείως διέκειτο. Οὐκ ἂν ἄρα ὑπὲρ ἡμῶν μᾶλλον ἢ ὑπὲρ σφῶν αὐτῶν εἶεν εἰρηκότες; [37] Εἴ τε γὰρ διὰ τὴν τοῦ γένους ἀγχιστείαν δεῖ γενέσθαι τινὰς κληρονόμους, ἡμεῖς ἐγγυτέρω γένει προσήκομεν· εἴ τε διὰ τὴν φιλίαν τὴν ὑπάρχουσαν, ἴσασιν αὐτὸν ἅπαντες ἡμῖν οἰκειότερον διακείμενον. Ὥστ' οὐ χρὴ παρ' ἡμῶν, ἀλλὰ καὶ παρ' αὐτῶν τούτων πυνθάνεσθαι τὸ δίκαιον. [38] Πάντων δ' ἂν εἴη δεινότατον, εἰ τοῖς μὲν ἄλλοις ψηφίζοισθε, ὅταν θάτερα τούτων ἀποφαίνωσι σφᾶς αὐτούς, ἢ γένει προτέρους ὄντας ἢ τῇ φιλίᾳ τῇ πρὸς τὸν τετελευτηκότα, ἡμᾶς δ' οἷς ἐστιν ἀμφότερα ταῦτα παρὰ πάντων ὁμολογούμενα, ἀξιώσετε μόνους ἀκλήρους ποιῆσαι τῶν ἐκείνου. [39] Καὶ εἰ μὲν Πολύαρχος ὁ πατὴρ ὁ Κλεωνύμου, πάππος δ' ἡμέτερος, ζῶν ἐτύγχανε καὶ τῶν ἐπιτηδείων ἐνδεὴς ὤν, ἢ Κλεώνυμος ἐτελεύτησε θυγατέρας ἀπορουμένας καταλιπών, ἡμεῖς ἂν διὰ τὴν ἀγχιστείαν καὶ τὸν πάππον γηροτροφεῖν ἠναγκαζόμεθα καὶ τὰς Κλεωνύμου θυγατέρας ἢ λαβεῖν αὐτοὶ γυναῖκας ἢ προῖκα ἐπιδιδόντες ἑτέροις ἐκδιδόναι, καὶ ταῦθ' ἡμᾶς καὶ ἡ συγγένεια καὶ οἱ νόμοι καὶ ἡ παρ' ὑμῶν αἰσχύνη ποιεῖν ἠνάγκαζεν ἄν, ἢ ταῖς μεγίσταις ζημίαις καὶ τοῖς ἐσχάτοις ὀνείδεσι περιπεσεῖν· [40] Εἰ δ' οὐσία κατελείφθη, δίκαιον ἡγήσεσθ' εἶναι ταύτης ἑτέρους ἡμῶν μᾶλλον κληρονομεῖν; Οὐκ ἄρα δίκαια οὐδ' ὑμῖν αὐτοῖς συμφέροντα οὐδὲ τοῖς νόμοις ὁμολογούμενα ψηφιεῖσθε, εἰ τῶν μὲν συμφορῶν τοὺς ἐγγυτάτω γένει κοινωνεῖν ἀναγκάσετε, χρημάτων δὲ καταλειφθέντων πάντας ἀνθρώπους κυριωτέρους ἢ τούτους ποιήσετε. |
TÉmoins. 33. Pensez-vous, juges, qu'étant ainsi disposé envers eux et envers nous, il nous ait oubliés, nous, les enfants de la maison, au point de ne pas même nous nommer, et qu'il ait pris des mesures pour assurer toute sa fortune à ces hommes dont plusieurs étaient brouillés avec lui, qu'il ait préféré ces hommes, malgré la querelle existant entre eux et lui, et qu'il se soit efforcé de nous faire encore plus de mal, quelle que fût notre intimité et notre affection réciproque? 34. En vérité, s'ils voulaient faire le procès du testament ou du défunt, je ne vois pas ce qu'ils pourraient dire de plus. Le testament ! ils prouvent qu'il n'était pas régulier, que le testateur n'en était pas satisfait; le défunt! ils plaident qu'il avait perdu le sens, au point de préférer ses ennemis mêmes aux familiers de sa maison, de donner toute sa fortune à des gens auxquels de son vivant il n'adressait même pas la parole et de ne pas faire une part, si faible qu'elle fût, à ses plus intimes amis. 35. Qui donc d'entre vous pourrait voter pour la validité d'un testament que le testateur lui-même a condamné comme n'étant pas bon, que mes adversaires détruisent par le fait quand ils nous proposent de prendre sur cette fortune une part égale à la leur, qu'enfin nous vous prouvons être contraire à la loi, au droit et à l'intention du défunt? 36. Ce que vous devez décider à notre égard pour faire bonne justice, vous pouvez l'apprendre de mes adversaires eux-mêmes. Si on leur demandait sur quoi ils se fondent pour se prétendre héritiers de Cléonyme, ils auraient à dire qu'ils tiennent au défunt par les liens de la parenté, et que Cléonyme a eu pour eux de l'affection à un certain moment. Mais ce langage ne serait-il pas propre à justifier notre cause plutôt que la leur? 37. En effet, si c'est la parenté étroite qui fait les héritiers, nous sommes à un degré plus proche. Si 12 c'est l'affection, tout le monde sait que le défunt nous aimait davantage. Ce n'est donc pas à nous, c'est à eux-mêmes qu'il faut demander ce que veut la justice 38. Ne serait-ce pas une chose indigne si, donnant généralement gain de cause à ceux qui prouvent l'une de ces deux choses, ou qu'ils sont plus proches en degré ou qu'ils étaient plus avant dans l'affection du défunt, vous faisiez une exception pour nous seuls, en nous enlevant l'héritage de Cléonyme quand, de l'aveu de tous, nous remplissons l'une et l'autre condition? 39. Si Potyarque, le père de Cléonyme et notre aïeul était encore vivant et se trouvait manquer du nécessaire, ou si Cléonyme en mourant avait laissé des filles sans ressources, c'est nous qui, étant les plus proches parents, serions tenus de nourrir l'aïeul dans sa vieillesse; et quant aux filles de Cléonyme, nous devrions ou les prendre nous-mêmes pour femmes, ou les marier à d'autres en leur fournissant une dot. Nous serions forcés de le faire par la parenté, par les lois, par la honte dont vous nous couvririez. Autrement il nous faudrait subir d'énormes amendes et tomber dans le dernier opprobre. 40. Si, au contraire, c'est une fortune qui a été laissée, trouverez-vous juste que d'autres en héritent de préférence à nous? Non, votre décision ne sera conforme ni à la justice, ni à votre intérêt, ni aux lois si vous forcez les plus proches parents à prendre leur part des malheurs, et si en même temps, quand la succession est bonne, vous la donnez à tout le monde plutôt qu'à ces mêmes parents. |
[41] Χρὴ δέ, ὦ ἄνδρες, καὶ διὰ τὴν συγγένειαν καὶ διὰ τὴν τοῦ πράγματος ἀλήθειαν, ὅπερ ποιεῖτε, τοῖς κατὰ γένος ψηφίζεσθαι μᾶλλον ἢ τοῖς κατὰ διαθήκην ἀμφισβητοῦσι. Τὴν μὲν γὰρ τοῦ γένους οἰκειότητα πάντες ἐπιστάμενοι τυγχάνετε, καὶ οὐχ οἷόν τε τοῦτ' ἔστι πρὸς ὑμᾶς ψεύσασθαι· διαθήκας δ' ἤδη πολλοὶ ψευδεῖς ἀπέφηναν, καὶ οἱ μὲν τὸ παράπαν οὐ γενομένας, ἐνίων δ' οὐκ ὀρθῶς βεβουλευμένων. [42] Καὶ νῦν ὑμεῖς τὴν μὲν συγγένειαν καὶ τὴν οἰκειότητα τὴν ἡμετέραν, οἷς ἡμεῖς ἀγωνιζόμεθα, ἅπαντες ἐπίστασθε· τὰς δὲ διαθήκας, αἷς οὗτοι πιστεύοντες ἡμᾶς συκοφαντοῦσιν, οὐδεὶς ὑμῶν οἶδε κυρίας γενομένας. Ἔπειτα τὴν μὲν ἡμετέραν συγγένειαν εὑρήσετε καὶ παρ' αὐτῶν τῶν ἀντιδίκων ὁμολογουμένην, τὰς δὲ διαθήκας ὑφ' ἡμῶν ἀμφισβητουμένας· οὗτοι γὰρ τὸ ἀνελεῖν αὐτὰς ἐκείνου βουλομένου διεκώλυσαν. [43] Ὥσθ' ὑμῖν, ὦ ἄνδρες, πολὺ κάλλιόν ἐστι ψηφίσασθαι κατὰ τὸ γένος τὸ παρ' ἀμφοτέρων ἡμῶν ὁμολογούμενον μᾶλλον ἢ κατὰ τὰς διαθήκας τὰς οὐ δικαίως γεγενημένας. Πρὸς δὲ τούτοις ἐνθυμήθητε ὅτι αὐτὰς ἔλυσε μὲν Κλεώνυμος εὖ φρονῶν, διέθετο δὲ ὀργισθεὶς καὶ οὐκ ὀρθῶς βουλευόμενος· ὥστε πάντων ἂν εἴη δεινότατον, εἰ κυριωτέραν αὐτοῦ τὴν ὀργὴν ἢ τὴν διάνοιαν ποιήσετε. [44] Οἶμαι δ' ὑμᾶς καὶ λαμβάνειν παρὰ τούτων ἀξιοῦν καὶ μὴ τυγχάνοντας ἀγανακτεῖν, οἷς ἂν ὑπάρχῃ καὶ παρ' ὑμῶν τῶν αὐτῶν τυχεῖν. Εἰ τοίνυν συνέβη Κλεωνύμῳ μὲν ζῆν, ἐξερημωθῆναι δὲ τὸν ἡμέτερον οἶκον ἢ τὸν τούτων, σκέψασθε ποτέρων ἐκεῖνος ἐγίγνετο κληρονόμος· δίκαιον γάρ ἐστι τούτους ἔχειν τὰ ἐκείνου, παρ' ὧν ὠφείλετο καὶ λαβεῖν αὐτῷ. [45] Εἰ μὲν τοίνυν Φερένικος ἢ τῶν ἀδελφῶν τις ἐτελεύτησεν, οἱ παῖδες οἱ τούτων, οὐκ ἐκεῖνος ἐγίγνετο κύριος τῶν καταλειφθέντων· ἡμῶν δὲ τοιαύτῃ τύχῃ χρησαμένων Κλεώνυμος ἁπάντων ἐγίγνετο κληρονόμος. Οὔτε γὰρ παῖδες ἡμῖν ἦσαν οὔτ' ἄλλοι συγγενεῖς, ἀλλ' ἐκεῖνος καὶ γένει προσήκων ἐγγυτάτω καὶ τῇ χρείᾳ πάντων ἦν οἰκειότατος· [46] ὥστε διὰ ταῦτα καὶ οἱ νόμοι δεδώκασιν αὐτῷ, καὶ ἡμεῖς οὐδέν' ἄλλον ἠξιώσαμεν ταύτης τῆς δωρεᾶς. Οὐ γὰρ δήπου ζῶντες μὲν οὕτως ἂν ἐνεχειρίσαμεν αὐτῷ τὴν οὐσίαν, ὥστε περὶ τῶν ἡμετέρων κυριωτέραν εἶναι τὴν ἐκείνου διάνοιαν τῆς ἡμετέρας αὐτῶν, ἀποθνῄσκοντες δὲ ἄλλους κληρονόμους ἐβουλήθημεν αὐτῶν μᾶλλον ἢ τὸν πάντων οἰκειότατον. [47] Ὥσθ' ἡμᾶς μὲν ἐν ἀμφοτέροις, ὦ ἄνδρες, καὶ ἐν τῷ δοῦναι καὶ ἐν τῷ λαβεῖν οἰκείους ὄντας εὑρήσετε, τούτους δὲ νῦν μὲν ἀναισχυντοῦντας καὶ τὴν οἰκειότητα καὶ τὴν ἀγχιστείαν λέγοντας, ὅτι λήψεσθαί τι προσδοκῶσιν· ἐν δὲ τῷ δοῦναι πολλοὺς ἂν καὶ συγγενεῖς καὶ φίλους ἐκείνου προείλοντο οἰκειοτέρους. [48] Κεφάλαιον δὲ τῶν εἰρημένων, ᾧ πάντας ὑμᾶς προσέχειν δεῖ τὸν νοῦν· ὅσῳ γὰρ ἂν ταῦτα λέγοντες ἀποφαίνωσι καὶ πειρῶνται πείθειν ὑμᾶς ὡς ἐκεῖνος διέθετο ταύτας τὰς διαθήκας καὶ οὐδὲ πώποτε ὕστερον αὐτῷ μετεμέλησε, καὶ νῦν ἐβούλετο ἡμᾶς μὲν μηδὲν τῶν αὑτοῦ λαβεῖν, σφίσι δ' αὐτοῖς βεβαιῶσαι τὴν δωρεάν, [49] καὶ ταῦτα πάντα λέγοντες καὶ διισχυριζόμενοι μηδέτερον ἀποφαίνωσι μήθ', ὡς ἐγγυτέρω τῷ γένει προσήκουσι μήθ' ὡς οἰκειότερον ἡμῶν πρὸς Κλεώνυμον διέκειντο, ὑμεῖς ἐνθυμεῖσθε ὅτι ἐκείνου κατηγοροῦσιν, ἀλλ' οὐχ ὡς δίκαιόν ἐστι τὸ πρᾶγμα διδάσκουσιν ὑμᾶς. [50] Ὥσθ' ὑμεῖς ὅταν μὲν τοῖς τούτων λόγοις πιστεύητε, οὐ τούτους προσήκει ποιῆσαι τῶν ἐκείνου κληρονόμους, ἀλλὰ παράνοιαν Κλεωνύμου καταγιγνώσκειν, ὅταν δὲ τοῖς ἡμετέροις, ἐκεῖνόν τε νομίζειν ὀρθῶς βεβουλεῦσθαι λῦσαι τὰς διαθήκας βουλόμενον, ἡμᾶς τε μὴ συκοφαντεῖν ἀλλὰ δικαίως τούτων ἀμφισβητεῖν. [51] Ἔπειτα, ὦ ἄνδρες, ἐνθυμεῖσθε ὅτι οὐχ οἷόν τε ὑμῖν ἐστι κατὰ τοὺς τούτων λόγους γνῶναι περὶ αὐτῶν. Πάντων γὰρ ἂν εἴη δεινότατον, εἰ τῶν ἀντιδίκων γιγνωσκόντων ἡμᾶς δίκαιον εἶναι τὸ μέρος αὐτῶν λαβεῖν, ὑμεῖς ἅπαντ' αὐτοὺς ἔχειν ψηφιεῖσθε, καὶ τούτους μὲν ἡγήσεσθε χρῆναι πλείω λαβεῖν ὧν αὐτοὶ σφᾶς αὐτοὺς ἠξίωσαν, ἡμᾶς δὲ μηδὲ τούτων ἀξιώσετε ὧν οἱ ἀντίδικοι συγχωροῦσιν ἡμῖν. |
41. Outre le respect de la parenté, un autre motif, le besoin de certitude, vous impose le devoir de faire ce que vous faites, de voter pour ceux qui invoquent la parenté, de préférence à ceux qui plaident en se 13 fondant sur un testament. En effet la parenté, à tous ses degrés, vous la connaissez tous, et là-dessus on ne peut pas vous tromper, mais, pour les testaments, on en a vu beaucoup de faux. Tantôt on en produit qui n'ont jamais existé, tantôt ils sont contraires à la saine raison. 42. Or, dans l'affaire présente, vous savez tous si, comme nous le plaidons, nous étions de la parenté et de l'intimité du défunt. Quant au testament dans lequel nos adversaires mettent leur confiance pour nous faire un méchant procès, nul de vous ne sait s'il a jamais reçu sa perfection. De plus, notre parenté est reconnue par nos adversaires eux-mêmes, tandis que le testament est contesté par nous, car Cléonyme voulait Panéanlir et c'est eux qui l'en ont empêché. 43. Ainsi, juges, il est bien préférable de voter pour la parenté qui est reconnue de part et d'autre, plutôt que pour un testament qui n'est pas dans les règles. Enfin rappelez-vous que le testament, Cléonyme l'a révoqué étant sain d'esprit, tandis qu'il l'avait fait, emporté par la colère qui troublait sa raison. Quel malheur si vous alliez respecter sa volonté égarée plus que sa volonté réfléchie ! 44. Recevoir de ceux qui, le cas échéant, recevraient aussi de vous est sans doute une chose qui vous parait juste et vous vous plaindriez si l'événement trompait votre attente. Supposez que Cléonyme étant vivant, notre maison ou celle de nos adversaires se trouve déserte, de qui serait-il héritier, car enfin il est juste que ses biens passent à ceux dont il était lui-même Phéritier présomptif? 45. Eh bien! si Phérénicos ou un de ses frères était mort, ce sont leurs enfants et non Cléonyme qui seraient devenus maîtres des biens laissés. Mais nous, si nous avions eu le même sort, Cléonyme serait devenu Phéritier de tous nos biens, car nous 14 n'avions pas d'enfants ni d'autres parents que lui: c'était lui qui se trouvait, à notre égard, à la fois le plus proche en degré et l'ami le plus intime. 46. C'est pourquoi les lois lui assuraient notre héritage, et pourquoi nous n'aurions jugé à propos d'en gratifier personne de préférence à lui. Autrement nous n'aurions certes pas, de notre vivant, mis notre fortune entre ses mains, au point de laisser gouverner nos affaires par son jugement et non par le nôtre, pour ensuite, en mourant, laisser ces mêmes biens à d'autres héritiers et non à lui, notre ami le plus intime. 47. Ainsi, juges, dans l'un et l'autre cas, qu'il s'agisse de donner ou de recevoir, vous trouverez toujours en nous les parents de Cléooyme. Au contraire ces hommes, vous les verrez aujourd'hui parlant, sans pudeur, de leur familiarité et de leur parenté étroite parce qu'ils s'attendent à recevoir quelque chose; mais s'il s'agissait de donner, ils préféreraient à Cléonyme beaucoup d'autres parents et de plus intimes amis.
48. Pour
résumer ce que j'ai dit, voici à quoi vous devez tous vous attacher.
Quand ces hommes entreprennent de vous prouver et s'efforcent de
vous persuader que Cléonyme, après avoir fait le testament dont il
s'agit, n'en a jamais eu de regret par la suite, qu'en dernier lieu
il a voulu ne rien nous laisser de ses biens, et confirmer le don
qu'il leur en avait fait, à eux, 49.
quand avec tous leurs discours et toutes leurs affirmations ils ne
prouvent ni qu'ils soient plus proches en degré ni qu'ils fussent
plus avant que nous dans l'affection de Cléonyme, songez-y bien, ils
font le procès de Cléonyme, mais ils ne prouvent pas que leur cause
soit bonne. 50. Si donc vous ajoutiez
foi à leurs discours, la conséquence ne serait pas que vous deviez
leur adjuger la succession; au contraire, vous devriez
15 juger que Cléonyme
n'était pas sain d'esprit. Mais si vous ajoutez foi à nos discours à
nous, vous devez dire qu'il a bien fait quand il a voulu révoquer
son testament et que, loin de faire un méchant procès, nous
revendiquons justement ces biens. 51.
Enfin, juges, mettez-vous dans l'esprit qu'il ne vous est pas
possible de décider au sujet de ces biens comme le prétendent ces
hommes. Ce serait en effet une chose déplorable si, quand nos
adversaires reconnaissent eux-mêmes qu'il est juste de nous faire
une part de ces biens, vous alliez décider qu'ils auront tout, si
vous pensiez devoir leur attribuer à eux plus qu'ils n'ont prétendu
s'attribuer à eux-mêmes, et si vous nous déclariez sans droit à
prendre ce que nos adversaires nous accordent. |
16 NOTES § 4. La parenté étroite, l'ἀγχιστεία du droit athénien, comprend notre la ligne directe descendante : 1° la parentèle du père, à savoir les frères et neveux, et 2° la parentèle du grand-père, à savoir les oncles et cousins et enfants de cousins ; ou, pour parler plus exactement, les deux parentèles des grands-pères, dans les deux branches, paternelle et maternelle, la première passant avant la seconde. Dans l'ἀγχιστεία lu représentation était admise, ainsi que le privilège de masculinité. A défaut d'ἀγχιστεύς; la loi appelait à la succession le parent !e plus proche en degré. Il s'agit ici d'une recommandation, d'un simple fidéicommis qui. sans être strictement obligatoire, était cependant de nature à rendre plus forte la situation des demandeurs. § 11. En présence de tous les citoyens, c'est-à-dire en public. § 14. Le magistrat, ἄρχων, dont il s'agit ici est un des astyno- mes (V. § 15). Les astynomes étaient des officiers de police, désignés annuellement par le sort, au nombre de cinq pour la ville et de cinq pour le Pirée. Ils formaient un collège qui avait un bureau et des archives, ce qui leur permettait de recevoir en dépôt des testaments, à la confection desquels ils ne prenaient du reste aucune part (V. Aristote, Constitution d'Athènes, 50). Celui des astynomes qui se présente chez Cléonyme est appelp Archunide. C'est du moins la leçon de tous les manuscrits. Mais cette leçon pourrait bien être fautive. Peut-être, au lieu de Ἀρχωνίδην. Isée avait-il écrit τὸν ἄρχοντα. § 25. Cléonyme n'avait pas besoin de retirer son testament déposé chez les astynomes. ll pouvait faire une disposition nouvelle ou simplement additionnelle par acte séparé, ce que les Romains appelaient un codicille. S'il voulait retirer son premier testament c'était pour empêcher qu'on n'en abusât. Son intention était de révoquer son premier testament et d'en faire un nouveau en instituant d'autres héritiers. § 31. Panormos, petit port de l'Attique méridionale, entre Thoricos et le cap Sounion. § 39. L'obligation imposée aux descendants de fournir des aliments à leurs ascendants était écrite dans les lois de Solon. Plutarque, Solon, 22. Cf. Eschine, contre Timarque, 13, et Isée, Succession de Kiron, 32. Pour l'épiclère pauvre, c'est-à-dire inscrite au cens dans la dernière classe, celle des Thètes, le plus proche parent était tenu de l'épouser ou de lui fournir une dot de 150, de 300 ou de 500 drachmes, suivant la classe à laquelle il appartenait lui-même. V. le texte même de la loi de Solon dans Démosthène, contre Macartatos, 54, ἐὰν δὲ μ`ν ἔχῃ ὁ ἐγγυτάτω γένους ἢ μὴ ἐκδῷ, ὁ ἄρχων ἐπαναγκάζετο ἢ αὐτὸν ἔχειν ἢ ἐκδοῦναι. § 45. Ce texte est important en ce. qu'il prouve que l'oncle maternel (et à plus forte raison l'oncle paternel) était appelé par la loi à la succession de son neveu. En effet, l'orateur et son frère étaient neveux de Cléonyme, puisque Potyarque, le père de Cléo- nyme, était leur grand-père (§ 4). On savait bien que le neveu succédait à son oncle, mais il aurait pu se faire que la réciproque ne fût pas vraie. § 46. Ἐνεχειρίσαμεν αὐτῷ τὴν οὐσίαν. Les neveux de Cléonyme. étant devenus majeurs, avaient confié leur fortune à Cléonyme pour qu'il l'administrât avec la sienne. Les deux patrimoines se Irouvaient ainsi confondus dans une sorte de communauté dont il y a d'autres exemples dans.les plaidoyers d'Isée. |