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Les questeurs

 

Origine et fonctions des questeurs

Questeur est un nom donné à deux catégories distinctes de magistrats romains. Il dérive de quaero et Varron donne une définition qui reprend les principales fonctions de ces deux catégories de magistrats: "Quaestores a quaerendo, qui conquirerent publicas pecunias et maleficia". L'une est donc de rassembler et conserver les revenus de l’Etat et l’autre consiste en une sorte d’accusateur public. La première fonction donne naissance aux quaestores classici et la seconde aux quaestores parricidii.

2.  Les quaestores parricidii - les duuviri perduellionis - les triumviri capitales

Les quaestores parricidii sont, comme nous avons dit, des accusateurs publics. Ils sont au nombre de deux. Ils mettent en accusation les personnes coupables de meurtre ou de n'importe quelle autre délit capital et exécutent la sentence. Il y a beaucoup d'indices qui font penser que les quaestores parricidii et les duuviri perduellionis sont les mêmes magistrats mais un examen plus attentif montre que les premiers sont des magistrats permanents tandis que les seconds sont nommés en cas d’urgence. 
Tous les témoignages montrent que ces accusateurs publics existent à Rome pendant la Royauté bien qu'il soit impossible de dire quel roi les a créés : certains disent sous le règne de Romulus et d'autres sous celui de Numa.  Quand Ulpien considère comme certain qu'ils sont créés sous le règne Tullus Hostilius il semble les confondre, comme d'autres auteurs, avec les duuviri perduellionis qui sous son règne agissent en tant que juges lors du procès d’Horace qui a tué sa soeur. Pendant la royauté on ne voit avec certitude aucun endroit où les quaestores parricidii ont pu officier. Dans cette incertitude et celle des auteurs plus tardifs on ne peut que dire qu’il y a des accusateurs publics et par analogie avec les périodes postérieures qu'ils sont nommés par le populus sur la présentation du roi. 
Dès le début de la république les quaestores parricidii semblent une charge ancienne, qui, comme d'autres, dure un an. Ils sont nommés par le populus ou les curies sur la présentation des consuls. Quand ces quaestores se rendent compte qu'un délit capital est commis, ils portent l’affaire devant les comitia pour qu’elle soit jugée. Ils convoquent les comices par un trompettiste qui annonce le jour de la réunion sur le Capitole, aux portes de la ville et à la maison de l’accusé. Quand la sentence est prononcée par le peuple, les quaestores parricidi l'exécutent : ainsi ils jettent Spurius Cassius de la roche Tarpéienne.
La loi des douze Tables les mentionne et on les nomme toujours après la période des decemviri mais ce n’est probablement plus les comices curiates mais les comices centuriates ou tributes qui le font. Ils doivent également avoir le droit de se réunir dans les cas d'urgence. Selon l’affirmation de Tacite, en 447 ils sont nommés par le peuple sans présentation des consuls. A partir de 366 on ne les mentionne plus dans l’histoire romaine parce que leur charge est graduellement transférée aux triumviri capitales et en partie aux édiles et aux tribuns. Les quaestores parricidii sont confondus non seulement avec les duumviri perduellionis mais également avec les quaestores classici. Ceci provient du fait que leur création est fort ancienne et qu’on distingue rarement par leurs épithètes caractéristiques les deux genres de questeurs dans les écrits anciens.

3.  les quaestores classici

Les quaestores classici sont des magistrats chargés d’administrer le trésor public. Il est clairement établi que ces magistrats n’existent pas pendant la période royale et qu’après l'expulsion des rois il s’est écoulé un temps considérable avant l’institution de cette magistrature. Aucun auteur antique ne mentionne l’épithète distinctive de classici sauf Lydus, qui en donne une interprétation absurde. Niebuhr prétend qu’ils sont élus par les comices centuriates depuis Valerius Publicola, qui, dit-on, créa cette magistrature.
Ils sont d’abord seulement deux et choisis uniquement parmi les patriciens.
Comme le sénat a l'administration suprême des finances, les questeurs sont dans une certaine mesure seulement ses agents ou ses caissiers parce qu’ils ne peuvent disposer d’aucune partie du Trésor public sans l’autorisation du Sénat. Leur fonction consiste donc à effectuer les paiements nécessaires en se servant de l'aerarium et à recevoir les revenus de l’Etat. A deux il tiennent les comptes corrects dans leurs tabulae publicae. Ils enregistrent les demandes d’argent à l'aerarium et les dettes exceptionnelles. Ils enregistrent et exigent les amendes à payer au trésor public. Une autre partie de leurs fonctions, qui cependant a rapport au trésor, est de fournir un logement approprié aux ambassadeurs étrangers et aux personnes liées à la république par les devoirs de l'hospitalité publique.
Enfin ils sont chargés du soin des enterrements et des monuments des hommes célèbres : dépenses prises sur le Trésor avec l’accord du Sénat.
Dans l'aerarium et par conséquent sous la surveillance des questeurs se trouvent les livres où sont enregistrés les senatus consulta tandis que les documents originaux sont conservés par les édiles. Auguste transférera aussi cette charge aux questeurs.

3.  Passage de deux à quatre + questeurs plébéiens

En 421 le nombre de questeurs est doublé et les tribuns essayent de faire passer un amendement de loi : une partie (probablement deux) des questeurs doivent être des plébéiens. Cette tentative échoue mais l'interroi L. Papirius propose un compromis : l'élection ne se limitera plus à l'une ou l'autre classe. Après le vote de cette loi, il se passe onze ans sans qu’un plébéien soit élu comme questeur mais en 409 trois des quatre questeurs sont plébéiens.
Une personne qui a la charge de questeur a certainement, comme dans des périodes postérieures, le droit de siéger au sénat à moins d’en être exclu pour indignité par les censeurs. C’est probablement la raison pour laquelle les patriciens se sont tant opposés à l'admission des plébéiens à cette magistrature.

4.  Les questeurs aux armées (2 à Rome - 2 aux armées)

Dorénavant chaque fois que les consuls font campagne contre un ennemi, ils sont accompagnés chacun d’un questeur. Dans un premier temps ils s’occupent uniquement de la vente du butin dont le produit ou bien est distribué à la légion ou bien transféré à l'aerarium. Plus tard cependant nous constatons que ces questeurs ont également la charge des fonds de l'armée (reçue du trésor à Rome) et qu’ils versent la solde aux soldats : ce sont en fait les caissiers de l'armée.
Les deux autres questeurs restés à Rome continuent à exercer les mêmes fonctions qu'auparavant et se distinguent de ceux qui accompagnent le consul par l’épithète d’urbani.

5.  8 questeurs (2 à Rome - 4 en Italie - 2 en Sicile)

En 265, quand les Romains sont maîtres de l'Italie et qu’en conséquence l'administration du trésor et le recouvrement des revenus deviennent plus difficiles et plus importants, le nombre de questeurs est doublé et passe à huit. Il est probable qu’à partir de là il continue à augmenter en proportion de l’agrandissement de l’empire. Un des huit questeurs est tiré au sort pour la quaestura ostiensis ; poste le plus difficile et le plus important car il doit fournir le blé à Rome. Sans compter le quaestor ostiensis qui réside à Ostie, trois autres questeurs sont envoyés en Italie pour récupérer les revenus qui n’ont pas été récoltés par les publicani et pour contrôler ceux-ci. Un d'eux réside probablement à Cales et les deux autres dans les villes le long de la mer. Les deux questeurs restants sont envoyés en Sicile.

6.  20 - 40 et puis...

Lors de sa dictature Sylla fait passer le nombre de questeurs à vingt : cela lui permet d’avoir un grand nombre de candidats pour le sénat et Jules César en a quarante. En 49 aucun questeur n’est élu et César transfère la garde de l’aerarium aux préteurs et parfois encore aux questeurs.
Cependant les questeurs dans la ville et dans les provinces diminuent à la dernière période de l'empire.
Certains d'entre eux portent le titre de candidati principis et ils doivent seulement lire au sénat les communications que le princeps doit faire à cette assemblée.
Dès l'empereur Claude tous les questeurs, à leur entrée en charge, sont obligés de donner des jeux de gladiateurs au peuple et à leurs propres frais : ce qui a comme conséquence que cette magistrature devient inaccessible sauf aux plus riches.
Quand Constantinople devient la deuxième capitale de l'empire, elle a comme Rome ses questeurs qui doivent donner des jeux pour obtenir leur charge. Ils étaient probablement, comme les préteurs, élus par le sénat et seulement annoncés à l'empereur.