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lustrum
sens de lustrum
LUSTRUM (de luo, en Grec louo), est à proprement parler une lustration ou purification de tout le peuple romain faite par un des censeurs dans le campus Martius, après avoir effectué le recensement. [ CENSEUR; LUSTRATIO. ] Comme cette purification ne se fait que tous les cinq ans, le mot lustrum est également employé pour indiquer le temps entre deux lustra. Varron fait venir incorrectement lustrum du mot luo (je paye), parce que les vectigalia et les tributa sont payés tous les cinq ans aux censeurs. C’est le roi Servius qui accomplit le premier lustrum, après son recensement. Ensuite on prétend qu’il s’est fait régulièrement tous les cinq ans après le recensement. Au début de la république le recensement et les fêtes du lustrum sont faites par les consuls. Les premiers censeurs sont nommés en 443 et de cette année jusqu’en 294, il y a eu, selon Tite-Live, seulement 26 couples de censeurs et seulement 21 lustra ou purifications générales, bien que normalement il aurait dû y avoir 30 couples de censeurs et 30 lustra. On doit donc conclure que parfois il n’y a pas eu de recensement du moins effectué par des censeurs. On sait par ce texte qu’il peut y avoir recensement sans lustrum : on connaît en effet deux cas en 459 et 214. Ces années-là on n’a pas fait de lustrum à cause des grandes calamités qui se sont abattues sur la république.
date du lustrum
La date du lustrum est très ingénieusement définie par Niebuhr. Six anciennes années de Romulus de 304 jours chacune sont, à un jour près, égales à cinq années solaires de 365 jours chacune : les six années antiques font 1824 jours, alors que les cinq années solaires en font 1825. Le lustrum ou la grande année de la Rome est donc un cycle qui à son terme fait coïncider presque le début de l'année antique avec celui de l'année solaire. Comme la coïncidence n’est pas parfaite, on intercale un mois de 24 jours dans chaque onzième lustrum. Maintenant il est fort probable que la répétition d’un tel cycle ou grande année est célébré, dans le premiers temps, avec des sacrifices et des purifications et que Servius Tullius ne les invente pas mais simplement les lie à son recensement et en régle ainsi l'usage pour l’avenir : puis, comme on l’a vu plus haut, cet usage n’est pas observé à la lettre. Dans un premier temps cette irrégularité peut provenir des luttes entre patriciens et plébéiens : on ne le fête pas au moment de la nomination des censeurs exprès pour augmenter les désordres. Mais on trouve de semblables négligences plus tard sans cause véritable.
Le dernier lustrum solennel se fait à Rome, en 74 PCN, sous le règne de Vespasien. Beaucoup d'auteurs de la dernière période de la république et de l'empire, emploient le mot lustrum pour n'importe quel espace de cinq ans, et sans se soucier du recensement, alors que d'autres l'appliquent même dans le sens du mot grec pentaeteris ou une olympiade, qui n’a que quatre ans. Martial emploie également l’expression lustrum ingens pour saeculum.
lustratio
LUSTRATIO est à l'origine une purification par ablution d’eau. Mais les lustrations, que l’on connaît, sont toujours liées à des sacrifices et à d'autres rites religieux. Elles consistent parfois en aspersion d'eau au moyen d'une branche de laurier ou d'olivier et à Rome par l'aspergillum, aussi par la combustion de certains matériaux : on pense que leur fumée peut avoir un effet de purification. Quand il y a sacrifice, l’usage veut de faire une lustration autour de la personne ou de la chose à purifier. Il y a des lustrations en Grèce antique et probablement à Rome aussi, par des particuliers quand ils sont souillés par un acte criminel. Des villes et des états entiers parfois aussi subissent des purifications pour expier le ou les crimes commis par un membre de la communauté. La purification la plus célèbre est celle d'Athènes, exécutée par Epimenides de Crète, après le massacre de Cylonian. Il y a eu aussi des purifications quand un endroit sacré est souillé par un usage profane : y enterrer des corps comme dans le cas de l'île de Délos.
Les Romains ont fait des lustrations en beaucoup d'occasions que les Grecs n’ont pas imaginées. L’objet de la plupart des lustrations romains n'est pas l’expiation d’un crime, mais l'obtention de la bénédiction des dieux sur les personnes ou les choses qui sont purifiées. Ainsi l'on purifie des champs après l'ensemencement et avant de couper le blé [ ARVALES FRATRES ] Ovide décrit la lustration des moutons chaque année aux fêtes de Palilia. Le soir, le berger asperge son troupeau d'eau, orne le troupeau de branches et de feuillage, brûle du soufre et diverses herbes et offre des sacrifices à Pales. Le but de cette lustration est de préserver le troupeau de la maladie, de la contagion et d'autres maux. Toutes les armées romaines, avant de partir, reçoivent la lustration et comme cette cérémonie est probablement toujours liée à une revue des troupes, le mot lustratio est également employé dans le sens moderne de "revue". On ne mentionne pas les rites usuels lors de telles occasions, mais ils ressemblent probablement à ceux de la lustration de la flotte avant de lever les voiles : celle-ci est décrite par Appien. On érige des autels sur le rivage et les navires équipés ainsi que leurs troupes sont rassemblés en ordre près de la côte. Les troupes gardent un profond silence et les prêtres debout près de l'eau tuent les victimes, et portent les sacrifices expiatoires dans de petits bateaux trois fois autour de la flotte. Lors de ce trajet ils sont accompagnés des généraux, qui prient les dieux de préserver le matériel de tout danger. Alors les prêtres divisent les sacrifices en deux parts : une est jetée à la mer et l’autre brûlée sur les autels, tandis que la foule prie les dieux. Quand il y a lustration dans une armée macédonienne, on coupe un chien en deux morceaux à l’endroit où l'armée doit se réunir : une moitié du chien est jetée du côté droit et l'autre à gauche. L'armée se réunit alors là où sont tombés les morceaux. Mais pour en revenir aux Romains, l'établissement d'une nouvelle colonie est toujours précédée d’une lustration accompagnée de sacrifices solennels. La ville de Rome elle-même, comme d'autres villes de son empire, reçoit toujours une lustration après une grande calamité, comme une guerre civile, des prodiges terribles et d’autres choses semblables. Après chaque lustrum, il y a une lustration habituelle et générale de la totalité des Romains, quand le censeur termine son recensement et avant d’entrer en charge. La lustratio (également appelée lustrum) est dirigée par un des censeurs : on y fait un sacrifice appelé Suovetaurilia, parce que l’on sacrifie un porc (ou un bélier), un mouton et un boeuf. Cette lustration, que l’on continue à observer lors des fêtes de Dionysios, se fait au Champ de Mars devant le peuple réuni. Les sacrifices sont promenés trois fois autour de la foule assemblée. On dit qu'il y a une autre lustration régulière chaque année en février parce que l’on considère que le dieu Februus est potens lustrationum et parce que c’est ce mois-là que se placent les festivités en l'honneur des dieux manes.