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Asylum |
ASYLUM (asulon). Dans les villes grecques les temples, les autels, les milieux sacrées, et les statues des dieux ont généralement le privilège de protéger les esclaves, les débiteurs et les criminels qui s’y réfugient. Cependant il ne semble pas que les lois reconnaissent le droit à tous les endroits sacrés de fournir une protection à ceux qui la demandent : ils confinent cette protection à un certain nombre de temples, ou à des autels, qui sont considérés comme possédant l’asulia ou le jus asyli. A Athènes plusieurs endroits ont ce privilège : le plus connu est le Theseium ou le temple de Thésée. Il est en ville et sert principalement de refuge pour les esclaves maltraités : ils peuvent s’y réfugier et leurs maîtres sont obligés de les revendre à une autre personne. Il y a d’autres endroits à Athènes qui ont le jus asyli : l'autel de la pitié; dans l'agora, l'autel de Zeus, les autels des douze dieux, l'autel des Euménides sur l'Aréopage, le Theseum dans le Peiraeeus, et l'autel d'Artémis, à Munychia. Pour les autre régions de la Grèce, on peut citer, comme endroits d’asile célèbres le temple de Poseidon, en Laconie, sur le cap Ténare; le temple de Poseidon, à Calauria; et le temple d'Athena Alea, à Tégée. Mais il est clair que tous les endroits sacrés sont censés protéger un individu dans une certaine mesure, même si la loi de l’Etat où ils se trouvent ne formule pas expressément leur droit à le faire. Dans ces cas-ci, cependant, puisque la loi ne donne aucune protection, il semble qu’on ait considéré comme légal d’employer tous les moyens pour contraindre les individus qui se sont réfugiés à quitter le sanctuaire, sauf en employant la manière forte. Ainsi il n'est pas rare de forcer une personne à quitter un autel ou une statue d'un dieu en y boutant le feu.
Sous Tibère, les lieux possédant le jus asyli dans les villes grecques et d’Asie mineure sont devenus si nombreux qu’ils empêchent sérieusement le déroulement normal de la justice. C’est pourquoi, le sénat, sur ordre de l'empereur, limite le jus asyli à quelques villes, mais ne le supprime pas entièrement comme Suétone le dit incorrectement.
L'asylum ouvert, dit-on, par Romulus à Rome sur le Capitole, entre ses deux sommets, afin d'augmenter la population de la ville, est, selon la légende, un endroit de refuge pour les habitants d'autres états, plutôt qu'un sanctuaire pour ceux qui ont violé les lois de la ville. Durant la République et au début de l’Empire, une droit d'asile identique à celui des cités grecques, ne semble pas inscrit dans la loi romaine. Tite-Live semble parler de ce droit comme un droit particulier aux grecs : Templum est Apollinis Delium — eo jure sancto quo sunt templa quae asyla Graeci appellant. Dans une constitution d’Antonin le Pieux, il est dit que, si un esclave dans une province se sauve dans un temple des dieux ou devant des statues des empereurs, pour éviter les mauvais traitements de son maître, le gouverneur peut contraindre le maître à vendre son esclave ; et l'esclave n'est pas considéré par la loi comme un fugitif - fugitivus. Cette constitution d'Antonin est citée dans les Institutes de Justinien, avec une légère modification; les mots ad aedem sacram sont remplacés par fana deorum, puisque à cet époque le jus asyli s’étend aussi aux églises. On considère les esclaves qui se réfugient près de la statue d'un empereur comme infligeant le déshonneur sur leur maître, car on suppose avec raison qu'aucun esclave ne ferait une telle chose à moins d’être vraiment maltraité par son maître. Si on peut prouver qu’un individu pousse l’esclave de quelqu’un d’autre à se sauver près de la statue d'un empereur, il s’expose à un procès de corrupti servi. Le droit d’asile semble être généralement, mais pas entièrement, confiné aux esclaves.