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LIVRE XXX.

 Suite de la guerre de Macédoine. Alliance des Étoliens avec Antiochus-le-Grand.

I. TANDIS que de grands desseins occupaient le roi de Macédoine, Ptolémée, roi d'Égypte, se livrait à des goûts tout contraires. Monté au trône par un parricide, meurtrier de son frère après l'avoir été de son père et de sa mère, il s'abandonnait à la mollesse, comme pour se reposer de ses brillants exploits. Toute sa cour avait imité ses moeurs ; ses favoris, ses officiers, son armée entière perdaient, dans l'oisiveté et dans une honteuse inertie, l'habitude et le goût des combats. Instruit de toutes ces fautes, excité d'ailleurs par l'antique haine qui divisait les deux royaumes, Antiochus, roi de Syrie, lui déclare brusquement la guerre, lui enlève plusieurs villes, et vient attaquer l'Egypte. Ptolémée tremblant lui envoie des députés, et gagne du temps pour rassembler ses forces. II fait lever une grande armée dans la Grèce et gagne une bataille ; il renversait le trône d'Antiochus, si son courage eût secondé la fortune. Mais content d'avoir repris les villes qu'il avait perdues (1), il se hâte de faire la paix four rentrer dans le repos ; il se replonge dans ses désordres ; fait périr Eurydice, sa femme et sa soeur, et se laisse séduire aux charmes de la courtisane Agathoclie. Oubliant ainsi la grandeur de son nom et de son rang, il passe le jour dans les festins, et la nuit dans les débauches. Autour de lui retentissent les tambourins et les sistres, instruments de ses voluptés ; et dans ces honteux plaisirs, de témoin devenu maître, il sait à son tour charmer les sens par des accords délicieux. Ainsi naquit d'abord la corruption dans le secret de la cour.

II. Bientôt s'accrut la licence ; l'audace de la courtisane franchit les murs du palais : la passion du roi pour elle et pour son frère Agathocle, qui lui prostituait sa beauté, redoublait tous les jours son insolence. Enfin, Œnanthe, leur mère, tenait le prince enchaîné par les attraits de ses deux enfants. Aussi, non contentes de gouverner le roi, elles dominent encore sur le royaume ; elles vont se montrer en public ; elles ont leurs courtisans et leurs gardes. Agathocle, suivant partout le roi, était le maître de l'état : tribuns, préfets, généraux, tout dépendait des femmes, et nul n'était dans l'empire moins maître que le roi. Cependant il meurt, laissant de sa soeur Eurydice un fils âgé de cinq ans. Les deux femmes, voulant piller son trésor, et s'emparer, avec les scélérats qu'elles s'étaient unis, du gouvernement de l'état, cachèrent longtemps sa mort. Enfin, le peuple l'apprend, se soulève, massacre Agathocle, et, pour venger Eurydice, attache au gibet la mère et la fille. Croyant avoir effacé, par la mort du roi et le supplice des courtisanes, le déshonneur du royaume, les habitants d'Alexandrie envoyèrent aux Romains des députés pour les prier de servir de tuteurs au jeune prince, et de défenseurs à l'Égypte, déjà partagée, disaient-ils, par un traité secret entre Antiochus et Philippe.

III. Cette demande plut aux Romains ; ils cherchaient un prétexte pour faire la guerre à Philippe, qui, pendant la guerre punique, s'était déclaré contre eux. D'ailleurs, depuis la défaite de Carthage et d'Annibal, nul ne leur paraissait tant à craindre. Ils se rappelaient que Pyrrhus, avec une poignée de Macédoniens, avait ébranlé l'Italie ; ils songeaient aux exploits du même peuple en Orient. Aussi, ils font défendre à Antiochus et à Philippe de menacer l'Égypte ; ils envoient en Égypte M. Lepidus pour gouverner, en qualité de tuteur, les états de leur pupille. En même temps, des ambassadeurs du roi Attale et de Rhodes viennent à Rome se plaindre de Philippe. Dès lors, le sénat n'hésite plus ; sous prétexte de défendre ses alliés, il déclare la guerre à Philippe : il envoie en Macédoine un consul et des légions. Bientôt la Grèce entière, comptant sur l'appui de Rome, et espérant recouvrer son antique liberté, se déclare contre le roi. Ainsi pressé de toutes parts, Philippe demanda la paix. Les Romains proposèrent leurs conditions, et Attale, les Rhodiens, les Achéens, les Étoliens, réclamèrent ce qu'il leur avait ravi. Mais Philippe, consentant à plier sous les Romains, répondait qu'il ne pouvait, sans honte, subir comme vaincu les lois de la Grèce, soumise par ses aïeux Philippe et Alexandre, et assujettie par eux au joug de la Macédoine ; qu'elle devait rendre compte de son obéissance, avant de prétendre à la liberté. Cependant, sur sa demande, une trêve de deux mois (2) lui fut accordée, pour solliciter à Rome, près du sénat, une paix qui ne pouvait se conclure en Macédoine.

IV. La même année (3), entre les îles de Théra et de Thérasie, au milieu du bras de mer qui en sépare les deux rives, un tremblement de terre se fit sentir, et les navigateurs étonnés virent, au milieu d’une onde fumante, une île nouvelle sortir tout à coup du sein des flots. Le même jour, les mêmes secousses ébranlèrent l'Asie ; Rhodes et plusieurs autres villes furent en partie renversées ; quelques-unes furent ensevelies tout entières. Dans l'épouvante qu'inspira ce prodige, les oracles annoncèrent que l'empire naissant de Rome engloutirait l'antique puissance de la Macédoine et de la Grèce. Cependant Philippe, voyant le sénat lui refuser la paix, engagea dans son parti le tyran Nabis. Ayant ensuite rangé ses soldats en bataille devant l'armée ennemie, il leur rappelle, pour exciter leur courage, que les Macédoniens ont soumis la Perse, la Bactriane, l'Inde et l'Asie entière jusqu'aux extrémités de l'Orient ; et que si la liberté est un bien plus précieux que l'empire, ils doivent, dans cette bataille, déployer plus de courage que leurs pères dans ces conquêtes. Flamininus, le consul romain, excitait les siens au combat par le tableau de leurs derniers exploits ; il leur montrait Carthage et la Sicile, l'Italie et l'Espagne, domptées par la valeur romaine ; il leur disait qu'en chassant de l'Italie Annibal, digne émule du grand Alexandre, ils avaient triomphé de l'Afrique, l'une des trois parties du monde ; qu'il fallait juger les Macédoniens, non par leur gloire passée, mais par leur force actuelle ; qu'ils n'avaient pas à combattre cet Alexandre qui passait pour invincible, ni cette armée qui, sous lui, avait soumis l'Orient ; mais Philippe, prince d'un âge encore tendre (4), qui défendait à peine coutre ses voisins les frontières menacées de son royaume, et les Macédoniens, qui s'étaient vus récemment la proie des Dardaniens ; que si les ennemis vantaient le nom de leurs pères, il pouvait citer, lui, les triomphes de ses soldats ; l'armée : qui avait vaincu Annibal, les Carthaginois, et presque tout l'accident, était la même qu'il conduisait maintenant au combat. Enflammées par ces discours, les armées en viennent aux mains ; fières toutes deux, l'une d'avoir soumis l'Orient, l'autre de régner sur l'Occident, et portant dans le combat, celle-là, la gloire antique et presqu'effacée de leurs pères, celle-ci, une fleur de courage illustrée par des succès récents. La fortune de Rome triompha. Écrasé par cette défaite, Philippe demanda la paix : le titre de roi lui resta ; mais, dépouillé de toutes les villes grecques réunies jadis aux anciens états de ses pères, il ne garda que la Macédoine. Quant aux Étoliens, irrités qu'on ne lui eût pas ravi jusqu'à ce royaume, pour en faire le prix de leurs services, ils envoyèrent à Antiochus des députés pour l'engager, en lui vantant sa propre grandeur et en lui promettant l'alliance de toute la Grèce, à déclarer la guerre aux Romains.

LIVRE XXXI.

Annibal engage Antiochus à faire la guerre aux Romains. Guerre de Syrie.

I. PTOLÉMÉE Philopator n'ayant laissé à sa mort, pour lui succéder un jour, qu'un fils en bas âge, qui servait de jouet aux officiers de sa maison, Antiochus, roi de Syrie, méprisant l'enfance du prince, résolut de s'emparer de ses états. Il avait envahi la Phénicie et quelques villes de Syrie, possédées par les rois d'Égypte, lorsque le sénat romain lui fit défendre, par ses députés, d'attaquer le royaume d'un pupille pour qui les derniers voeux d'un père avaient imploré l'appui de Rome. Antiochus méprisa ces ordres, et bientôt une autre ambassade, ne parlant plus des droits du pupille, vient le sommer de rendre des places qui, par droit de conquête, appartenaient aux Romains. Il refuse ; la guerre se déclare : elle fut aussi malheureuse pour lui, que légèrement entreprise. Vers le même temps, le tyran Nabis s'était emparé de plusieurs cités grecques. Le sénat, pour que ses armées n’eussent point à la fois deux ennemis à combattre, avait mandé à Flamininus d'affranchir, s'il le voulait, la Grèce du joug de Nabis, comme il avait délivré la Macédoine de Philippe. Ce fut dans ce but qu'on lui continua le commandement. La guerre d'Antiochus paraissait redoutable à cause du nom d'Annibal. Ses ennemis l'accusaient, près dis Romains, d’une alliance secrète avec le roi de Syrie : ils disaient que, trop fier pour obéir aux lois, habitué au commandement et à la toute puissance militaire, las de vivre en paix dans une ville, il cherchait partout l'occasion d'une guerre nouvelle. Ces bruits étaient mensongers : mais la crainte y faisait ajouter foi.

II. Enfin, le sénat effrayé envoie en Afrique Cnéus Servilius ; pour épier les démarches d'Annibal (1) ; il charge son député, dans des instructions secrètes, de le faire périr, s'il est possible, sous les coups de ses ennemis, et d'affranchir ainsi le peuple romain de la crainte d'un nom odieux. Habile à deviner et à éviter le péril, et sachant aussi bien prévoir les dangers dans le bonheur, que les succès au milieu des revers, Annibal découvrit ces complots. Il passe un jour entier sur la place publique, sous les yeux de l'envoyé romain et des premiers citoyens de Carthage ; et, vers le soir, il monte à cheval, laisse ses esclaves aux portes de la ville, avec ordre de l'y attendre, et se dirige, à leur insu, vers une maison de campagne qu'il avait près du rivage. Il y tenait des vaisseaux cachés avec leurs rameurs, dans un enfoncement de la côte, et des trésors enfouis, afin que, dans le besoin, il ne lui manquât pour fuir ni secours ni argent. Choisissant donc les plus jeunes de ses esclaves, dont il avait grossi le nombre par les prisonniers faits en Italie, il se dirige vers les états d’Antiochus. Le lendemain, les citoyens attendaient sur la place leur chef, alors consul. A la nouvelle de son départ, la consternation fut générale, comme si la ville eût été prise : cette fuite paraissait présager des désastres à la patrie, Servilius, comme si déjà Annibal eût marché contra l'Italie, retourna secrètement à Rome, où il apporta cette triste nouvelle.

III. Cependant Flamininus, ayant fait alliance avec quelques cités grecques, vainquit deux fois de suite le tyran Nabis, et le laissa ainsi abattu, épuisé, dans son royaume. Mais lorsque Nabis vit la liberté rendue à la Grèce, les garnisons retirées des villes, et l'armée romaine ramenée en Italie, il s'élança sur cette terre sans défense, et s'empara de beaucoup de villes. Alarmés de ces attaques, et craignant qu'un fléau si voisin ne s'étendît jusqu'à eux, les Achéens résolurent de le combattre, et choisirent pour général leur préteur Philopémen, dont les talents déjà connus se déployèrent avec tant d'éclat dans cette guerre, que tout le monde l'égalait au général romain Flamininus. Dans le même temps, Annibal, arrivé à la cour d'Antiochus, y fut reçu comme envoyé des dieux ; le roi, enflammé par sa présence, paraissait moins songer à la guerre qu'aux fruits de la victoire. Mais Annibal, connaissant la valeur des Romains, répétait que jamais on ne les pourrait vaincre qu'en Italie (2). Il demandait cent vaisseaux, dix mille fantassins, mille cavaliers, assurant qu'avec ces forces il rallumerait dans l'Italie la même guerre qu'il y avait faite, et rapporterait au roi, sans qu'il sortît de l'Asie, ou la victoire ou une paix honorable ; que l'Espagne, en proie au feu de la guerre, n'avait besoin que d'un chef ; que l'Italie lui était aujourd'hui mieux connue ; qu'enfin Carthage, sortant de son repos, se hâterait de s'unir à lui.

IV. Le roi adopta ce projet ; et un des compagnons d'Annibal fut envoyé à Carthage pour y encourager ceux qui désiraient la guerre, promettre le secours d'Annibal et de son armée, annoncer que rien ne manquait plus à la ligue, que l'appui des Carthaginois, et enfin, que l'Asie fournirait pour cette guerre et les soldats et l'argent. Ces bruits s'étant répandus dans Carthage, l'envoyé est arrêté par les ennemis d'Annibal, et traduit devant le sénat. On lui demande à qui il est adressé ; il répond, en vrai Carthaginois, qu'il s'adresse au sénat tout entier ; que c'est ici l'affaire, non des particuliers, mais de la république elle-même. On délibéra longtemps s'il fallait l'envoyer à Rome pour la justification publique ; mais il s'embarqua en secret et revint près d'Annibal. Instruits de son départ, les Carthaginois firent tout révéler aux Romains par un député. Ceux-ci, de leur côté, envoyèrent à Antiochus des ambassadeurs qui devaient profiter de ce titre pour observer les préparatifs, adoucir, la haine qu'Annibal portait à Rome, ou exciter coutre lui, par de fréquents entretiens, les soupçons et la haine du roi. Ces députés, ayant trouvé Antiochus à Éphèse, lui remirent les lettres du sénat ; et, en attendant sa réponse, ils virent tous les jours Annibal ; ils lui disaient qu'une crainte mal fondée lui avait fait quitter sa patrie, puisque les Romains observaient, avec une fidélité religieuse, le traité qu'ils avaient fait, moins avec son pays qu'avec lui ; qu'en combattant les Romains, il n'avait pas plus écouté sa haine pour eux que son amour pour la patrie, à laquelle un bon citoyen doit sacrifier jusqu'à sa vie ; que toute guerre avait sa source dans les querelles publiques des peuples, non dans les haines privées des généraux. Puis, ils faisaient l'éloge de ses exploits. Séduit par ces louanges, Annibal se plaisait à s'entretenir souvent avec eux, sans songer que ces liaisons lui aliénaient l'esprit d'Antiochus. Ce prince, persuadé par ces fréquentes entrevues qu'il avait fait sa paix avec Rome, cessa de prendre ses avis, l'éloigna de ses conseils, et ne vit plus en lui qu'un traître et un ennemi qui méritait sa haine. Aussi ses vastes préparatifs, que ne dirigeait plus l'art d'un habile capitaine, restèrent sans effet. Le sénat ordonnait au roi de se contenter de l'Asie, s'il ne voulait forcer les Romains à y porter leurs armes. Antiochus dédaigna ces menaces, et, loin d'attendre les Romains, résolut de les attaquer.

V. On dit qu'exclu des nombreux conseils où l'on délibéra sur la guerre, Annibal y fut enfin appelé, non que le roi voulût adopter en rien son avis, mais pour ne point paraître l'avoir entièrement dédaigné : toutes les voix étant recueillies, on l'interrogea le dernier. Annibal comprit l'intention du roi. Il déclara qu'il savait qu'en l'interrogeant, on ne voulait pas connaître son avis, mais compléter le nombre des voix ; que néanmoins, sa haine contre les Romains et son dévouement pour le roi qui lui avait seul ouvert un asile assuré, le décidaient à parler sur le plan de la guerre. Puis, s'excusant de h franchise de son langage, il désapprouva tous les desseins, tous les projets adoptés jusqu'à ce jour ; qu'à ses yeux, le meilleur théâtre de la guerre n'était pont en Grèce, mais au sein de l'Italie ; qu'on ne pouvait triompher des Romains que par leurs armes, ni dompter l'Italie autrement qu'avec ses propres forces ; qu'il s'agissait ici et d'un genre d'ennemis, et d'un genre de guerre tout nouveaux ; que, dans les guerres ordinaires, c'était beaucoup d'avoir saisi l'avantage du poste ou du temps, ravagé des campagnes, ou emporté quelques villes ; mais qu'à l'égard des Romains, soit qu'on eût pu les prévenir ou les vaincre, battus et renversés, il fallait encore lutter contre eux ; qu'ainsi, les attaquer en Italie, c'était se mettre en état de les vaincre par leur puissance, par leurs forces, par leurs armes, ainsi qu'il l'avait fait lui-même ; que leur abandonner l'Italie, la source de leur puissance, c'était vouloir détourner ou dessécher à la fois les eaux réunies d'un grand fleuve, au lieu de les couper et de les disperser dés leur source ; que déjà, en particulier, il avait donné ce conseil à Antiochus, en lui offrant son bras pour l'exécuter ; qu'il le répétait maintenant, en présence de sa cour entière, pour enseigner à tous quelle guerre on devait faire aux Romains, pour montrer que, faibles chez eux, invincibles au dehors, il fallait leur ravir leur ville avant leur empire, l'Italie avant les provinces ; que les Gaulois avaient pris Rome, que lui-même les avait presqu'abattus, et qu'il n'avait été vaincu qu'après avoir quitté leur pays : c'était en retournant à Carthage qu'il avait vu la fortune changer avec le théâtre, de la guerre.

VI. Les courtisans combattirent ce conseil, non pour assurer le succès de la guerre, mais de peur qu'Annibal, en le faisant adopter, n'obtînt le premier rang dans la faveur du roi. Antiochus sentait moins d'aversion pour l'avis que pour l'auteur : il craignait de livrer à Annibal l'honneur de la victoire qu'il voulait pour lui-même. Ainsi les flatteries des courtisans perdaient tout : la raison, la sagesse, n'étaient point écoutées. Le roi lui-même passa l'hiver dans les débauches ; chaque jour voyait célébrer de nouvelles noces. Au contraire, le consul Acilius, chargé de cette guerre, se hâtait de rassembler des troupes, des armes et tout l'appareil dés combats ; il affermissait la foi des villes alliées, gagnait celles qui hésitaient encore. De part et d'autre, le succès répondit à ces préparatifs. Dès la première rencontre, le roi, voyant fléchir ses soldats, au lieu de les soutenir, se mit à la tête des fuyards, et abandonna aux vainqueurs toutes les richesses de son camp. Le pillage arrêtant les Romains, il se sauva jusqu'en Asie. Il se repentit alors d'avoir rejeté les avis d'Annibal, et, lui rendant sa confiance, il ne suivit plus que ses conseils. Il apprend qu'Æmilius, général romain envoyé par le sénat, vient le combattre sur mer avec quatre-vingt vaisseaux armés d'éperons. Il conçut alors l'espoir de rétablir sa fortune ; et, sans laisser aux villes alliées le temps de passer à l'ennemi, il résolut de lui livrer bataille dans l'espoir d'effacer, par une victoire, la honte de la défaite qu'il venait d'essuyer dans la Grèce. Il confie sa flotte à Annibal, et la bataille s'engage ; mais ni ses troupes d'Asie, ni ses vaisseaux ne purent résister à la force des soldats et des vaisseaux romains. L'habileté du général rendit cependant la perte moins forte. La nouvelle de cette victoire n'étant pas encore parvenue jusqu'à Rome, la ville était en suspens sur le choix des nouveaux consuls.

VII. Mais quel autre méritait mieux, que le frère de l'Africain, d'être nommé pour combattre Annibal ? Vaincre les Carthaginois, n'était-ce pas le destin des Scipions ? Lucius Scipion fut donc proclamé consul : on lui donna pour lieutenant l'Africain, son frère, afin de montrer à Antiochus que les talents d'Annibal vaincu ne devaient pas lui inspirer plus d'espoir, que n'en donnaient aux Romains ceux de Scipion, son vainqueur. Les Scipions faisaient passer leur armée en Asie, quand ils apprirent que la guerre était terminée sur tous les points, et en effet, ils trouvèrent Antiochus battue sur terre, et Annibal sur mer. Ils reçurent, dès leur arrivée, des députés d'Antiochus qui venaient demander la paix, en offrant à l'Africain, en don particulier, la liberté de son fils, qui, traversant la mer sur un petit navire, état tombé entre les mains du roi. Mais Scipion répondit que les services privés étaient bien distincts des intérêts publics ; que les devoirs de père cédaient aux droits de fa patrie, à laquelle tout citoyen doit immoler ses enfants et sa vie ; que, plein de reconnaissance pour le présent qu'il recevait du roi, il saurait, comme particulier, répondre à cette générosité ; mais que, pour la paix et la guerre, il ne pouvait rien donner à la faveur, rien sacrifier des droits de sa patrie. Jamais il n'avait traité de la rançon de son fils, jamais il n'avait voulu que le sénat en délibérât ; il s'était borné à dire, avec une fierté digne de son nom, que les armes lui rendraient son fils. Il voulut qu'Antiochus, pour condition de la paix, cédât l'Asie aux Romains, se contentât de la Syrie, livrât tous ses vaisseaux, tous les prisonniers, tous les transfuges, et payât aux Romains tous les frais de la guerre. Instruit de ces demandes, Antiochus répondit qu'il n'était pas encore assez vaincu pour se laisser dépouiller de ses états, et que de telles conditions devaient allumer la guerre, au lieu d'amener la paix (3).

VIII. Les deux partis se disposent donc à la guerre, et les Romains pénètrent en Asie. Arrivés à Ilion, ils adressèrent aux habitants et en reçurent à leur tour de mutuelles félicitations : les Troyens rappelaient que de leur ville étaient parts Énée et les chefs qui le suivirent : les Romains se glorifiaient d'être issus de cet illustre sang (4). Leur joie était aussi vive que celle des enfants et des pères qui se retrouvent après une longue absence. Les Troyens s'applaudissaient de voir leurs descendants, maîtres de l'Occident et de l'Afrique, venir revendiquer l'Asie, comme l'empire de leurs aïeux ; ils disaient que Troie eût dû souhaiter sa ruine, puisqu'elle devait renaître avec tant de gloire . Les regards des Romains contemplaient avec une avidité insatiable les pénates de leurs aïeux, le berceau de leurs pères, les temples et les statues des deux. Lorsqu’'ils furent partis d'Ilion, le roi Eumène leur amena des secours, et, bientôt après, on livra bataille à Antiochus . A l'aile droite, une légion romaine, pliant devant l'ennemi, s'enfuyait vers le camp avec moins de péril que de honte ; quand M. Æmilius, tribun des soldats, laissé pour la garde du camp, ordonne à ses soldats de s'armer, de sortir des retranchements, de présenter leurs épées aux fuyards, menaçant de les massacrer, s'ils ne retournaient au combat, et leur montrant plus de péril dans leur camp que du côté de l'ennemi. Pressée par un double danger, la légion revient à la charge, accompagnée des soldats qui avaient arrêté sa fuite ; elle fait un affreux carnage, et commence ainsi la victoire. Cinquante mille ennemis périrent, onze mille furent faits prisonniers. Antiochus ayant demandé la paix, Scipion n'ajouta rien à ses premières conditions, disant que le coeur des Romans ne se laissait ni abattre par les revers, ni enorgueillir par la victoire. Rome partagea, entre ses alliés, les villes enlevées à Antiochus, et, préférait la gloire à des biens qui pouvaient l'amollir, elle ne se réserva que l'honneur d'avoir vaincu, et laissa les richesses à ceux qui l'avaient servie (5).

LIVRE XXII.

Mort de Philopemen. Guerre des Romains avec Persée. Mort d'Annibal.

I. APRÈS la défaite d'Antiochus, les Étoliens, qui l'avaient engagé à faire la guerre à Rome, se trouvèrent seuls contre elle, inégaux en forces, et privés de tout appui. Vaincus bientôt après, ils perdirent cette liberté, que seuls entre tant de peuples grecs, ils avaient conservée sans attente contre la domination de Sparte et d'Athènes. Cette servitude, subie si tard, ne leur en parut que plus dure : ils songeaient à ces temps où, avec leurs propres forces, ils avaient résisté à la puissance formidable des Perses ; où, dans la guerre de Delphes, l'impétueuse valeur des Gaulois, terreur de l'Italie et de l'Asie, était venue se briser contre eux. Ces glorieux souvenirs leur rendaient plus amère encore la perte de leur liberté. Vers le même temps, Messéne et l'Achaïe se disputent le premier rang, et bientôt en viennent aux armes. Dans cette guerre fut pris l'illustre Philopemen, général des Achéens : non que, dans le combat, il eût ménagé sa vie ; mais, en ralliant les siens, renversé par son cheval dans un fossé qu'il voulait franchir, les ennemis se précipitèrent en foule sur lui. Les Messéniens, le voyant abattu, soit par crainte de son courage, soit par respect pour sa gloire, n'osèrent lui donner la mort. Mais comme si la prise d'un tel ennemi eût terminé la guerre, ils le promenèrent en triomphe dans toute leur ville. Le peuple se précipitait sur son passage ; on eût dit qu'il accourait pour voir son général, et non un chef ennemi. Les Achéens n'eussent pas été plus avides de le voir victorieux, que ne le furent leurs ennemis de le contempler vaincu. Ils le firent paraître au théâtre, pour montrer à tous les regards un général que personne ne pouvait croire prisonnier. Puis, l'ayant conduit en prison, ils lui firent présenter du poison, par respect pour son courage. Philopémen le reçut avec la joie d'un vainqueur : il demanda d'abord si Lycortas, commandant des Achéens, le premier après lui par ses talents militaires, avait survécu au combat. Apprenant qu'il état échappé, il dit que les Achéens n'avaient pas tout perdu, et expira. Bientôt la guerre se rallume, les Messéniens sont vaincus, et portent la peine du meurtre de Philopémen (1).

II. Cependant, en Syrie, le roi Antiochus, chargé d'un pesant tribut par les Romains qui l'avaient vaincu, pressé par le manque d'argent, ou excité par sa cupidité, espérant faire servir de prétexte à son sacrilège le tribut qu'il avait à payer, attaque de nuit, avec ses soldats, le temple de Jupiter d'Elymée. A cette nouvelle, les habitants accourent et le massacrent avec toutes ses troupes. Plusieurs villes de la Grèce ayant adressé à Rome des plaintes sur les insultes qu'elles recevaient de Philippe, roi de Macédoine, et la cause se discutant dans le sénat entre les dépotés de ces villes et. Demetrius, fils de Philippe, envoyé par son père pour le justifier, le jeune prince, accablé par les nombreux griefs allégués contre son père, resta tout à coup sans parole. Le sénat fut touché de cette timidité, qui déjà l'avait fait aimer à Rome, lorsqu'il s'y trouvait comme otage, et il obtint gain de cause. Ce fut donc la modestie et la pudeur, plutôt que les paroles de son fils, qui obtinrent à Philippe cette faveur ; et le sénat fit assez voir, par les termes de son arrêt, qu'il avait moins voulu absoudre le roi, qu'accorder au fils la grâce du père. Ce succès valut à Demetrius, non de la reconnaissance, mais de l'envie et de la haine. Persée, son frère, devint son rival et son ennemi ; et Philippe, qui lui devait sa grâce, ne put voir sans colère que la personne de son fils eût eu plus de pouvoir sur le sénat, que l'autorité paternelle et la dignité royale. Pénétrant le dépit de son père, Persée calomniait chaque jour près de lui Demetrius absent : il le rendit odieux, puis suspect ; il lui reprocha, tantôt l'amitié de Rome, tantôt des trahisons méditées contre son père. Il l'accuse, enfin, d'avoir voulu attenter à ses jours, et à l'appui de sa plainte, produisant des accusateurs et subornant des témoins, il commet le crime qu'il impute à son frère. Enfin, il pousse son père à un affreux parricide, et remplit de deuil tout le palais.

III. Après le meurtre de Demetrius, Persée, délivré d'un rival, montra envers son père, non seulement moins de respect, mais même une coupable audace : il se conduisit plutôt en roi qu'en héritier du trône . Irrité de ses hauteurs, Philippe regrettait chaque jour la mort de Demetrius, et soupçonnant enfin un complot, il mit à la question les accusateurs et les témoins. L'imposture fut dévoilée, et déchiré à la fois par l'idée du crime de Persée et de la mort de Demetrius innocent, il en eût tiré vengeance, si la mort ne l'avait prévenu ; car, peu de temps après, il mourut de chagrin, laissant, contre Rome, de grands préparatifs de guerre, dont Pensée se servit plus tard. Il avait engagé dans son parti les Gaulois Scordisques, et sans sa mort les Romains eussent eu à soutenir une guerre périlleuse. Les Gaulois, après leur funeste expédition contre Delphes, où ils avaient éprouvé le pouvoir des dieux plutôt que la force des ennemis, privés de Breninus leur chef, et se voyant sans patrie, s'étaient réfugiés, les uns dans la Thrace, les autres en Asie. Un de leurs corps s'établit au confluent du Danube et de la Save, et prit le nom de Scordisque. Les Tectosages, de retour à Toulouse, leur antique patrie, et en proie à la peste, ne furent délivrés de ce fléau, que lorsque, d'après l'avis d'un oracle, ils eurent jeté dans le lac de cette ville (2) l'or et l'argent fruit de la guerre et du sacrilège. Longtemps après, ces trésors furent enlevés par Cépion, consul, roman : l'argent montait à cent dix mille livres pesant, et l'or à cinq millions. Cépion et son armée portèrent plus tard la peine de ce sacrilège, et l'invasion des Cimbres contre Rome punit l'enlèvement des trésors sacrés. Un grand nombre de Tectosages, attirés par l'appât du butin, rentrèrent en Illyrie, pillèrent les Istriens, et s'établirent dans la Pannonie. Les Istriens sont, dit-on, originaires de la Colchide : des habitants de cette contrée, envoyés, par Æétas leur roi, à la poursuite des Argonautes qui avaient ravi sa fille, entrèrent du Pont-Euxin dans l'Ister, remontèrent le lit de la Save, en suivant les traces des ravisseurs, portèrent leurs barques à bras à travers les montagnes jusqu'aux rivages de la mer Adriatique, à l'exemple des Argonautes qui s'y étaient vus forcés par la grandeur de leur navire, et, ne les y trouvant plus, craignant la colère de leur maître, ou fatigués d'une si longue navigation, ils s'établirent près d'Aquilée, et s'appelèrent Istriens, du nom du fleuve qu'ils avaient remonté en quittant la mer. Les Daces descendent des Gètes : ces peuples, sous le règne d'Orole, s'étant mal défendus contre les Bastarnes, ce prince, pour punir leur lâcheté, voulut que, dans le sommeil, ils missent leurs pieds où se place ordinairement la tête, et servissent leurs femmes comme elles les servaient auparavant. Cette loi fut maintenue jusqu'à ce qu'ils eussent effacé, par leur courage, l'ignominie de leurs premiers revers.

IV. Telles étaient les nations que Persée, lorsqu'il eut succédé à son père, cherchait à entraîner dans une ligue commune contre Rome. Cependant la guerre éclatait entre Eumène et le roi Prusias, près duquel Annibal s'était réfugié depuis la paix conclue entre Antiochus et les Romains : Prusias, plein de confiance dans les talents d'Annibal, avait rompu le traité, et pris le premier les armes. Les Romains, dans le traité conclu avec Antiochus, ayant mis pour condition qu'Annibal leur serait livré, celui-ci, averti par le roi, s'était réfugié dans la Crète. Longtemps il y vécut tranquille ; mais, voyant que ses grandes richesses excitaient contre lui l'envie, il fit déposer, dans le temple de Diane, des vases remplis de plomb, qui semblaient renfermer ses trésors ; et les Crétois se croyant par là maîtres d'un gage qui les assurait de lui, il se retira chez Prusias, emportant son or coulé dans des statues qu'il portait avec lui, de peur que la vue de ses richesses ne mît ses jours en péril. Prusias, battu sur terre par Eumène, ayant voulu combattre sur mer, Annibal, par une ruse nouvelle, lui procura la victoire. Il fit renfermer dans des vases de terre des serpents de toute espèce, qui furent, pendant le combat, lancés sur les vaisseaux ennemis. Les soldats d'Eumène se moquèrent d'abord de voir combattre avec l'argile ceux qui ne pouvaient vaincre par le fer. Mais quand leurs vaisseaux commencèrent à se remplir de serpents, ils ne purent résister à un double péril, et cédèrent la victoire. Dès que le bruit de ce combat parvint à Rome, le sénat envoya des députés pour forcer les deux rois à la paix, et se faire livrer Annnibal. Celui-ci en fut instruit, et, ayant pris du poison, il prévint far sa mort l'arrivée des ambassadeurs. Cette année vit mourir les trois plus grands capitaines de l'univers, Annibal, Philopémen et Scipion l'Africain (3). Pour Annibal, soit que, la foudre à la main, il fit trembler l'Italie, soit que, rentré dans Carthage, il y gouvernât la république, on ne le vit jamais ni se coucher pendant ses repas, ni boire plus d'un setier de vin. Maître de nombreuses captives, il montra une continence à peine croyable dans un Africain ; telle fut, enfin, sa modération, que, commandant des armées formées de nations diverses, jamais ses soldats n'attentèrent à sa vie ; jamais ils ne conspirèrent contre lui, quoique souvent ses ennemis les eussent pressés de faire l'un et l'autre. 

LIVRE XXXIII.

Fin du royaume de Macédoine.

I. La guerre de Macédoine coûta à Rome moins d'efforts que la guerre punique ; mais la gloire en fut plus grande, de tout ce que la Macédoine s'élevait en renommée au dessus de Carthage . Au souvenir de l'Orient subjugué se joignait l'appui de plusieurs rois (1) . Les Romains levèrent donc un plus grand nombre de légions (2) ; ils empruntèrent des secours à Masinissa, roi des Numides, et à leurs autres alliés, et mandèrent à Eumène, roi de Bithynie , de les seconder dans cette guerre de toutes ses forces . Avec une armée qui passait pour invincible, Persée avait les trésors et les munitions amassés par Philippe pour une guerre de dix années . Fier de ces avantages, il oubliait les désastres de son père, pour retracer à ses soldats la gloire antique d'Alexandre . :D'abord vainqueur dans un combat de cavalerie, Persée fit pencher de son côté l'opinion des peuples jusqu'alors incertaine . Cependant il envoya des députés pour demander au consul la paix que même, après une défaite, son père avait obtenue de Rome, et offrit de payer au gré des vaincus les frais de la guerre. Mais Sulpicius lui imposa des conditions aussi dures que s'il eût été battu . Cependant les Romains, effrayés d'une guerre si difficile, défèrent le consulat à Paul-Emile et lui assignent extraordinairement la guerre de Macédoine (3). Dès son arrivée, ce général ne tarda pas à livrer bataille . La nuit qui précéda le combat, il y eut une éclipse de lune qui parut à tous présager les revers de Persée et la chute de l'empire de Macédoine .

II. Dans cette journée, M. Caton, fils de Caton l'orateur, combattait avec vaillance dans la plus épaisse mêlée, tomba de cheval, et fut contraint de se battre à pied. A l'instant de sa chute, une troupe d'ennemis, voulant le frapper à terre, l'enveloppa avec des cris affreux ; mais, se relevant à la hâte, il en fit un grand carnage. Les ennemis accourent en foule pour l'accabler ; il allait frapper l'un des plus redoutables, quand son épée, s'échappant de ses mains, alla tomber au milieu d'eux ; aussitôt, se couvrant de son bouclier, il s'élance pour la saisir à travers les glaives ennemis, sous les yeux de l'une et l'autre armée ; il la ramasse, et, couvert de blessures, il retourne vers les siens au milieu des cris de l'ennemi. Ses compagnons imitèrent son audace, et remportèrent la victoire. Le roi Persée s'enfuit en Samothrace avec dix mille talents ; mais Cnéus Octavius, envoyé à sa poursuite, l'arrête avec ses deux fils Alexandre et Philippe, et le conduit captif devant le consul. La Macédoine compte trente rois depuis Caranus, son premier souverain, jusqu'à Persée. Elle leur obéit pendant neuf cent-vingt-trois ans ; mais la durée de sa domination ne fut que de cent quatre-vingt-douze. Ainsi devenus ses maîtres, les Romains en firent un état libre, et donnèrent à chaque cité ses magistrats elle reçut de Paul-Emile les lois qui la régissent encore. Les sénateurs de toutes les villes d'Étolie, dont la foi s'était montrée douteuse, furent envoyés à Rome avec leurs enfants et leurs femmes : on les y retint longtemps, pour qu'ils ne pussent exciter aucun trouble dans leur patrie. Enfin le sénat, fatigué pendant plusieurs années par les députations de ces villes, se décida, bien qu'à regret, à les renvoyer chacun chez eux.

LIVRE TRENTIÈME.

(1) Les villes. Ou plutôt les provinces (la Coelésyrie, la Phénicie, la Palestine) qui lui avaient été enlevées, en 535, par Antiochus, et qu'il recouvra en 537.

(2) De deux mois. Tite-Live dit de quatre mois, XXXIII, 13.

(3) La même année. Bien des années avant, selon Polybe et Eusèbe, qui placent le fait à l'année 530 de la fondation de Rome, et à la première de la cent trente-neuvième olympiade. Il est vrai que Phne, II, 87, le rapporte à la seconde année de la cent-cinquante-sixième olympiade (599 depuis la fondation de Rome), et Diodore à la quatrième de la cent quarantième olympiade (537 depuis la fondation de Rome).

(4) D'un âge encore tendre. Il avait quatorze ans lorsqu'il succéda à Antigone, en 533 : ainsi à l'époque dont parle Justin, en 555, il avait trente-six ans.

LIVRE TRENTE-UNIÈME.

(1) Envoie en Afrique, etc. An de Rome 556 .

(2) Qu'en Italie. Voyez chap . v, comparez TITE-LIVE, XXXIV, 60; CORNELIUS NEPOS, XXIII, 8; VELLEIUS PATERCULUS, 11, 27; RACINE a dit, dans Mithridate, acte III, scène I :
Annibal l'a prédit, croyons-en ce grand homme,
Jamais on ne vaincra les Romains que dans Rome.

(3) Qu'il n'était pas encore assez vaincu, etc . Voyez TITE-LIVE, XXXVII, 35 et 36.

(4) Les Romains se glorifaient, etc. TITE-LIVE, XXXVII, 37.

(5) Partagea, entre ses alliés, etc. TITE-LIVE, XXVII, 55 ; XXXVII, 17.

LIVRE TRENTE-DEUXIÈME.

(1) Sont vaincus, etc . Sur les derniers faits racontés dans ce chapitre, voyez TITE-LIVE, XXXIX, 50; XLV, 7.

(2) Ils eurent jeté dans le lac de cette ville. Ou plutôt, au rapport de Strabon, déposé dans le temple . Voyez FREINSHEMIUS, supp. de Tite-Live, LXVI, 4O-42.

(3) Cette année, etc. An de Rome 569. Polybe rapporte la mort d'Annibal à l'annéé 570 ; Sulpicius, á l'année 571.

LIVRE TRENTE-TROISIÈME.

(1) L'appui de plusieurs rois. Le texte dit même de tous les rois.  Cependant notre auteur, XXXII, 3, ne donne d'autres auxiliaires à Persée que les Gaulois ; Tite-Live, XLII, 29, ajoute Cotys, roi des Odrysiens.

(2) Un plus grand nombre de légions. Il faut consulter Tite-Live, XLII, 31. On verra que le nombre des légions ne fut pas augmenté : seulement, chacune des légions fut composée de six mille trois cents hommes, au lieu des cinq mille deux cents hommes dont elle se composait ordinairement.

(3) Déférent le consulat à Paul Érnile, etc . Il y a ici une double erreur. Avant Paul Émile, le consul Hostilius Mancinus fut opposé à Persée, en 582, et le consul Martins Philippus, en 583 . De plus, la guerre de Macédoine ne fut pas confiée extraordinairement á Paul Émile : le sort la lui assigna. Voyez Tite-Live, XLIV, 17.