De monte Seyllano hystoria.Verum quia materia requirit et credo delectabile et aliquibus proficuum, ystoriam de Seyllano duximus presentibus inserendam, dummodo placeat Cesaree maiestati, si vero non placeat, obelus cicius emendabit. Et primo videndum est, quomodo pervenimus ad eum et qualiter, secundo de eius condicionibus. Primo namque, cum nos dimissi a Kaam, summo imperatore, cum donis maximis et expensis transire per Indiam temptaremus alia via per terram clausa propter guerras et nullomodo pateret transitus, preceptum fuit Kaam, quod veniremus per Manzi, que olim maxima India vocabatur. Habet autem Manzi civitates et populos sine numero et nobis incredibilia sunt, nisi vidissem copiam omnium rerum, fructuum, quos nunquam gignit terra latina; et civitates maximas triginta milia, exceptis villis et op[p]idis infinitis. Et inter illas est civitas famo sissima nomine Campsay mirabilior, pulchrior, dicior et maior, cum maiori populo et pluribus diviciis et deliciis, edificiis et maxime ydolorum templis, ubi sunt mille et duo milia religiosi simul habitantes, quam aliqua civitas, que sit in mundo, vel forte fuerit unquam; ubi scribunt scribentes esse decem milia poncium nobilium de lapide cum sculpturis et ymaginibus principum armatorum. Incredibile est non videnti et tamen forte non menciuntur. Est eciam Zayton portus maris mirabilis, civitas nobis incredibilis, ubi fratres Minores habent tres ecclesias pulcherrimas, optimas et ditissimas, balneum fundatum, omnium mercatorum depositorium. Habent eciam campanas optimas et pulcherrimas, quarum duas ego feci fieri cum magna solempnitate, quarum unam, videlicet maiorem, Johanninam, aliam Antoninam decrevimus nominandas et in medio Sarracenorum sitas. Recessimus autem de Zayton in festo sancti Stephani et in quarta feria maioris ebdomadis pervenimus in Columbum. Deinde volentes navigare ad Sanctum Thomam apostolum et inde ad Terram sanctam ascendentes Junkos de inferiori India, que Mimbar vocatur, in vigilia sancti Georgii tot procellis ferebamur, quod sexaginta vicibus vel amplius fuimus quasi demersi sub aqua usque ad profundum maris, et solo divino miraculo evadentes tot mirabilia vidimus, scilicet ardere mare, dracones ignivomos volantes et occidentes aliorum Junkorum personas in suo transitu, nostro divina ope manente illeso virtute corporis Christi, quod portabam, et meritis Virginis gloriose et sancte Clare, et quia omnes christianos induxeram ad lamentum et penitenciam. Ipsaque procella durante dedimus vela ventis, nos divino regimini committentes, de solis animabus curantes. Divina autem clemencia nos ducente die Invencionis sancte crucis invenimus nos perductos ad portum Seyllani nomine Pervily ex opposito paradisi, in quo dominabatur contra verum regem tyranus quidam nomine Coya Jaan, castratus, pessimus Sarracenus, qui pro magna parte occupaverat regnum propter infinitos thesauros, quos habebat. Qui tamen prima facie nos honoravit ficte, postmodum curialiter nomine mutui accepit nobis LX millia marcarum in auro, in argento, serico, pannis aureis, lapidibus preciosis, perlis, camphora, musto, mirra et aromatibus ex dono maximi Kaam et aliorum principum, et xenia missa pape; et fuimus curialiter capti quatuor mensibus. In isto altissimo monte, forte post paradisum alciore, qui sit in terra, putant quidam esse paradisum, et male, quia nomen contradicit; vocatur enim ab incolis Zindanbaba, baba id est pater, et mama, id est mater, in omni ydiomate mundi, et Zindan idem est quod infernus, ideo Zindanbaba idem est quod infernus patris, quia ibi de paradiso expulsus positus fuit pater quasi in inferno. In isto eciam altissimo monte est cacumen supereminens, quod raro videri potest propter nebulam. Deus autem misertus lacrimis nostris quodam mane in aurora fecit ipsum luminosum, et vidimus flammam clarissimam illustrantem ipsum. In descensu collis eiusdem montis est planicies altissima, pulcra, in qua sunt per ordinem: Primo forma pedis Ade, secundo statua quedam sedens sinistra manu super genu quiescente, dextra levata, extensa contra occidentem. Item domus eius, quam fecit manibus suis, quasi per modum sepulcri quadrangula oblonga hostio in medio de maximis lapidibus, marmoreis tabulis, non muratis sed suppositis. Dicunt incole, maxime religiosi, qui stant ad pedes montis sine fide sanctissime vite, quod illuc nunquam ascendit diluvium, ideo est permanens domus illa, sompniantes contra sacram scripturam et dicta sanctorum. Ipsi tamen habent pro se argumenta apparencia valde et dicunt se non descendisse de Caym nec de Seth, sed de aliis filiis Ade, qui genuit filios alios et filias. Quia tamen est contra sacram scripturam, pertranseo. Nunquam tamen comedunt carnes, quia Adam nec alii comederunt carnes, usque post diluvium, nudi vadunt a lumbis et sursum et pro certo sunt boni moris. Habent domus de foliis palmarum, que cum digito frangerentur, et dispersas per silvas plenas diviciis, et tamen securissime habitant a furibus, nisi sint al[i]unde et inopes vagabundi. In eodem monte versus paradisum est fons maximus, bene decem miliarium ytalicorum, aquis optimis, perspicuis, quem dicunt derivari de fonte paradisi et ibi erumpere, quod probant, quia aliquando erumpunt do fundo quedam folia ignota et in magna copia et lignum aloes et lapides preciosi sicut carbunculus et saphirus et poma quedam ad sanitatem. Dicunt eciam lapillos illos cavatos de lacrimis Ade, quod falsum omnino videtur. De multis aliis pertranseundum puto ad presens.
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HISTOIRE DE LA MONTAGNE DE SEYLLANOr, comme notre sujet l'exige, et comme cela me semble à la fois agréable et utile pour certaines personnes, je propose d'insérer ici un récit de Seyllan, s'il plaît à Sa Majesté impériale ; si ce n’était pas le cas, qu’elle le supprime. Tout d'abord, il faut dire comment et de quelle façon j’y suis arrivé, après quoi je parlerai de ce qu’on y trouve. Tout d'abord donc, quand le Khan, ce puissant empereur, eût acquiescé à notre départ, nous eût doté de présents magnifiques et d’argent pour nos frais, et comme nous proposions de voyager par l'Inde, l’autre route terrestre étant fermée à cause de la guerre et qu’il n'y avait aucune façon de trouver un passage de cette façon, ce fut en fin de compte l’ordre du Khan de passer par Manzi, qui était autrefois connu comme l'India Maxima. Maintenant Manzi est un pays qui comprend d'innombrables villes et peuples, celui qui ne l’a pas vu ne peut pas croire ces choses, avec en outre une grande abondance de tout, y compris de fruits absolument inconnus dans nos pays latins. Réellement il compte 30.000 grandes villes, ainsi que des villes et bourgs au-delà de tout compte. Et c’est parmi ceux-là qu’est la ville la plus célèbre de Campsay, la plus belle, la plus grande, la plus riche, la plus peuplée, et en même temps la ville la plus merveilleuse, la ville de la plus grande richesse et du luxe, des édifices les plus magnifiques (surtout des temples d’idoles où dans certains d’eux vivent ensemble 1000 et 2000 moines) qui existent maintenant sur terre, ou peut-être bien n’ont-ils jamais existés! Lorsque les auteurs parlent de ses dix mille nobles ponts de pierre, ornés de sculptures et de statues de princes en armes, ils laissent à penser qu’ils n'ont pas été là-bas, et pourtant ces auteurs ne s’aventurent pas à dire des mensonges. Il y a également Zayton, un beau port de mer merveilleux et une ville de taille incroyable, où nos frères mineurs ont trois très belles églises, devenues belles et opulentes ; elles disposent d'un bain et aussi d’un fondaco[1] qui sert de dépôt à tous les marchands. Ils ont également de belles cloches de la meilleure qualité, dont deux ont été faites sur mon ordre, et mises en place avec tout le formalisme requis au beau milieu de la communauté sarrasine. Nous avons nommé l’une d’elles Jeannine, et l’autre Antonine.[2] Nous quittâmes Zayton le jour de la Saint-Etienne, et nous arrivâmes à Columbum le mercredi de la semaine sainte. Souhaitant alors visiter le sanctuaire de saint Thomas l'Apôtre, et naviguer de là vers la Terre Sainte, nous nous embarquâmes à bord de certaines jonques, en Basse-Inde, appelée Minubar. Nous rencontrâmes, à la veille de la Saint George, tant de tempêtes qui nous remuèrent tellement, que soixante fois et plus nous fûmes tous jetés dans les profondeurs de la mer, et ce n'est que par un miracle divin que nous en échappâmes. Que de choses étonnantes nous vîmes! La mer comme en flammes, des dragons crachant le feu, volant autour de nous, et en passant, tuant les hommes des autres jonques, tandis que notre embarcation était épargnée, par la grâce de Dieu, et en vertu du corps du Christ que je portais avec moi, et par les mérites de la glorieuse Vierge et de sainte Claire. Et après avoir mené tous les chrétiens à une pénitence de deuil, bien que le vent soufflât toujours, nous mîmes à la voile, nous mettant sous la protection divine, et ne nous souciant que de la sécurité de nos âmes. Ainsi conduits par la miséricorde divine, au lendemain de l'Invention de la Sainte Croix,[3] nous atteignîmes en sûreté un bon port dans un havre de Seyllan, appelé Pervilis en face du Paradis. Là un certain tyran, du nom de Coya Jaan,[4] un eunuque, détenait le pouvoir contre le roi légitime. C’était un Sarrasin maudit, qui par le biais de ses trésors importants avait pris possession de la majeure partie du royaume. Au début, il feignit de nous traiter honorablement, mais bientôt, de manière polie et sous couvert d'un prêt, il nous extorqua 60.000 marks, en or, argent, soie, drap d'or, pierres précieuses, perles, camphre, musc, myrrhe et épices aromatiques, cadeaux du grand Khan et des autres princes, ou présents envoyés au Pape. Ainsi nous fûmes retenus par cet homme, tout en politesse comme je l’ai dit, pendant quatre mois. Sur cette montagne très haute [dont nous avons parlé], peut-être après le Paradis la plus haute montagne sur terre, certains pensent en effet que se trouve le Paradis. Mais c'est une erreur, car le nom prouve le contraire. Car les indigènes l’appellent Zindan Baba; baba signifie « père » (et mama « mère ») dans toutes les langues du monde, tandis que Zindan est le même que « l'Enfer », de sorte que Zindan Baba voudrait dire « l'enfer de notre père », signifiant que notre premier père, lorsqu'il fut placé là, puis expulsé du Paradis, était comme en enfer.[5] Cette très haute montagne a un sommet d’une hauteur prodigieuse, qui, en raison des nuages, peut rarement être vu. Mais Dieu, ayant pitié de nos larmes, l’éclaira un matin juste avant le lever du soleil, de sorte que nous la vîmes rayonnante de la plus brillante flamme. En descendant de cette même montagne il y a à un endroit un point intéressant, toujours à une grande hauteur, où là vous trouverez dans l'ordre, d'abord l’empreinte du pied d'Adam, deuxièmement, une certaine statue d'une personne assise, la main gauche posée sur le genou et la main droite levée tendue vers l'ouest ; enfin, il y a la maison (d'Adam) qu'il bâtît de ses propres mains. Elle est de forme quadrangulaire oblongue comme un sépulcre, avec une porte au milieu, et est formée de grandes dalles plates de marbre, non cimentées, mais simplement posées les unes sur les autres. Les indigènes disent, surtout leurs moines situés au pied de la montagne, hommes d’une vie sainte mais sans foi,[6] que le déluge n'atteignit jamais ce point, et qu’ainsi, la maison ne fut jamais dérangée. Là, ils mettent leurs rêves en contradiction avec la Sainte Écriture et les traditions des saints, mais en fait ils ont quelques arguments plausibles à produire de leur côté. Car ils disent qu'ils ne descendent ni de Caïn ni de Seth, mais d'autres fils d'Adam, qui [comme ils le prétendent] engendra d’autres fils et filles. Mais, comme cela est contraire à l'Écriture sainte, je n'en dirai pas plus. Je dois faire remarquer toutefois, que ces moines ne mangent jamais de chair, parce qu'Adam et ses successeurs, jusqu'au déluge, ne le faisaient pas. Ils sont nus à partir des reins jusqu’en haut, et incontestablement, ils se conduisent parfaitement. Ils ont des maisons en feuilles de palmier, que l’on peut percer avec son doigt, et celles-ci sont dispersées çà et là dans les bois, avec leurs biens, et pourtant ils vivent sans la moindre crainte des voleurs, à moins que par hasard ne vienne des rodeurs de l'étranger. Sur la même montagne, dans la direction du Paradis, se trouve une grande fontaine[7] dont les eaux sont clairement visibles à une distance d’une bonne dizaine de miles italiens. Et bien qu’elle jaillisse là-bas, on dit que son eau provient de la fontaine du Paradis. Et ils allèguent comme preuve: qu'ils y virent parfois à partir du fond des feuilles d'espèces inconnues en grande quantité, et aussi du bois d’aloès, des pierres précieuses, comme l’escarboucle[8] et le saphir, et aussi certain fruits possédant des vertus médicales. Ils disent aussi que ces gemmes sont faites à partir des larmes d'Adam,[9] mais cela semble être pure fiction. Je crois qu'il est préférable maintenant, de passer à de nombreux autres sujets. |
[1] Le traducteur anglais ne prend pas le mot fundatum du texte latin, mais le transforme en fundacum, qui selon lui, a une signification plus précise d’établissement de marchands. En Sicile, le mot signifie une auberge. [2] L’auteur exprime sa joie d’avoir installé ces cloches dans le quartier musulman de Zayton. On dit que les musulmans ont les cloches en abomination. Ibn Batoutah rapporte ce qui se passa à Caffa quand des cloches sonnèrent. [3] 3 mai. [4] Peut-être le vizir de l’émir de Dehli, Khwaja Jahan. [5] Zindan signifierait donjon, bâtiment antique mystérieux. [6] Le sens est douteux. [7] Peut-être une cascade. [8] Pierre précieuse, variété du grenat rouge foncé brillant d'un éclat vif. [9] Les Chinois ont une histoire identique.
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