Helmold

HELMOLD DE BOSAU

 

Chronique des Slaves : XLI

Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer

 

 

 

 

HELMOLD DE BOSAU

 

CHRONIQUE DES SLAVES

 

 

Electio Luderi. Cap. XLI.

Anno post haec incarnati verbi M'C'XX'VI. obiit apud Traiectum Heinricus cesar, et successit in solium regni Luderus Saxonum dux. Indignati autem Francigenae virum Saxonem elevatum in regnum conati sunt alium suscitare regem, Conradum videlicet, consobrinum Heinrici cesaris. Prevaluit autem pars, quae fuit cum Ludero, abiensque Romam promotus est ad apicem imperii per manus Innocentii papae. Quo etiam suffragante Conradus eo usque propulsus est, ut se traderet in potestatem Luderi, qui et Lotharius, factusque est ex hoste amicissimus. Cepitque in diebus Lotharii cesaris oriri nova lux non tam in Saxoniae finibus quam in universo regno, tranquillitas temporum, habundantia rerum, pax inter regnum et sacerdocium. Sed et Slavorum populi agebant ea quae pacis sunt, eo quod Heinricus Slavorum regulus comitem Adolfum et contiguos Nordalbingorum populos omni benivolentia amplexatus fuerit. In diebus illis non erat ecclesia vel sacerdos in universa gente Luticiorum, Obotritorum sive Wagirorum, nisi tantum in urbe Lubeke, eo quod fuerit illic Heinrici familiare contubernium. Surrexit eo tempore sacerdos quidam Vicelinus nomine et venit ad regem Slavorum Lubeke, rogavitque dari sibi facultatem predicandi verbum Dei infra terminos dicionis eius. Quis autem fuerit vir iste quantaeque opinionis, multorum qui adhuc supersunt habet noticia; sed ne posteros lateat, huic narracioni inserendum arbitror, eo quod datus sit in salutem gentis huius, directas facere semitas Dei nostri in natione prava et perversa.

 

XLI.

L’élection de Lothaire.

Après ces événements, le César Henri[1] mourut à Utrecht en l'an 1126 du Verbe Incarné, et Lothaire,[2] duc des Saxons, monta sur le trône du royaume. Mais les Francs furent indignés qu'un Saxon fut élevé au trône, ils essayèrent de faire valoir un autre roi, à savoir Conrad, un cousin du César Henri.[3] Mais le parti de Lothaire l’emporta et il alla à Rome où il fur élevé à la tête de l'Empire par les mains du pape Innocent.[4] Grâce à sa médiation, aussi, Conrad alla même jusqu’à se soumettre au pouvoir de Luder, également appelé Lothaire, qui d’abord son ennemi, devint son meilleur ami. À l'époque de l'empereur Lothaire une nouvelle lumière se fit jour, non seulement en terre de Saxe, mais dans tout le royaume ― les temps étaient calmes, il y avait abondance de choses, la paix régnait entre le pouvoir et le clergé. Même les peuples slaves se comportaient pacifiquement parce que Henri, maître des Slaves, dirigeait le comte Adolphe et les peuples Nordalbingiens voisins dans les limites de la bonne volonté. A cette époque il n'y avait ni église ni prêtre parmi tous les peuples des Lutici, Obodrites, et Wagiri, sauf dans le bastion maintenant appelé Vieux-Lubeck car Henry y séjourna très souvent. Et à cette époque il y eut un certain prêtre nommé Vicelin qui vint voir le « roi » des Slaves dans Lubeck et demanda à pouvoir prêcher la parole de Dieu sur sa terre. Beaucoup, en effet, sont encore vivants et savent qui était cet homme et combien sa renommée fut grande. Afin que cette connaissance ne soit pas être oubliée, je pense devoir à la postérité un compte rendu sur lui devrait être introduit dans ce récit parce qu'il fut amené pour le salut de ce peuple, afin d’ouvrir une route pour notre Dieu dans une génération fausse et perverse.

 


 

 

 

[1] L’empereur Henri V.

[2] Lothaire II (ou III) de Saxe.

[3] Conrad III de Hohenstaufen, un neveu de Henri V.

[4] Innocent II (1130-1143) couronnera l’empereur Lothaire III au Latran le 4 juin 1133.