Grégoire de Tours
Les sept livres des Miracles
Les
sept livres des Miracles
Livre troisième — Premier des miracles de saint Martin[i]Préface adressée par l’auteur aux fidèles de l’église de Tours… Autant que me le permettra ma mémoire, je confierai à la postérité les miracles qu’opère aujourd’hui saint Martin. Je n’oserais le faire si je n’eusse été admonesté sur ce sujet, à deux ou trois reprises, par des visions ; car j’en atteste le Dieu tout-puissant, j’ai vu une fois en songe, au milieu du jour, dans la basilique de Saint-Martin, une foule de malades accablés de divers maux être guéris, et je voyais cela en présence de ma mère qui me dit : Pourquoi es-tu si paresseux à écrire ce que tu vois ? Je lui répondis : Tu connais bien mon ignorance dans les lettres et qu’inhabile et sot comme je suis je n’oserais pas publier de si admirables vertus. Plût à Dieu que Sévérus ou Paulinus vécussent, ou qu’au moins Fortunatus fût là pour écrire de telles choses !... Elle me dit : Ignores-tu que celui qui nous parle un langage adapté à l’intelligence du peuple, comme tu peux le faire, en est par cela même mieux compris ?... En voulant obéir, je me sens affligé et tourmenté d’un regret et d’une crainte : du regret que tant de miracles qui se sont passés du temps de nos prédécesseurs ne soient pas mis en écrit ; de la crainte d’entreprendre, moi rustique, un si remarquable ouvrage. Cependant, encouragé par l’espérance de la bonté divine, j’entreprendrai d’obéir aux avertissements que j’ai reçus ; car j’ai la foi que Celui-là peut faire connaître à travers la stérilité de mon langage les choses dont je parle qui, dans le désert, faisant sertir les eaux d’un aride rocher en étancha la soif ardente de tout un peuple ; et certes il sera bien prouvé qu’il a une seconde fois ouvert la bouche de l’ânesse si, desserrant les lèvres d’un ignorant comme moi, il daigne par elles répandre, ces grandes choses… I. Que Sévérus Sulpicius a écrit la vie de saint Martin et l’a égalé aux apôtres. II. Que le bienheureux Paulinus, évêque de Nola, après avoir écrit en vers cinq livres des miracles de saint Martin, sujet que, Sévérus avait traité en prose, comprit dans un sixième les miracles opérés par le saint après sa mort. III. Le glorieux Martinus, né à Sabaria, ville Pannonienne, fût évêque de Tours pendant vingt-cinq ans, quatre mois, dix jours, et mourut dans sa quatre-vingt-unième année sous le consulat de Césarius et d’Atticus[ii]. IV. Sévériuns, évêque de Cologne, connut cette mort au moment même où elle arriva, par une révélation. V. Elle fut révélée de la même manière à Ambrosius, évêque de Milan. VI. Soixante-quatre ans après la mort de saint Martin, Perpétuus ayant été élu évêque de Tours fit agrandir l’église consacrée à son prédécesseur, et y fit changer de place, non sans assistance miraculeuse, le tombeau du saint. VII. Théodemund, sourd-muet, est guéri après être demeuré trois ans auprès de la basilique de Saint-Martin, où il venait prier chaque jour. La reine Chrodechilde le recueillit en considération de la vertu de saint Martin et du respect qui lui est dû ; elle le mit à l’école, et il y apprit par cœur toute la suite des Psaumes. Dieu en fît un clerc parfait. VIII. Guérison semblable, et au bout du même intervalle, d’une femme nommée Chainemunda, aveugle, couverte d’ulcères, et jusque-là si horrible, à voir que le peuple la regardait comme lépreuse. IX. Raudinus, évêque de Tours, assailli par une tempête pendant qu’il se rendait par eau[iii] à sa villa, sauve son bâtiment et ceux qu’il portait en invoquant saint Martin. X. Un clerc de l’église de Cambrai étant venu demander pour cette église des reliques de saint Martin, est éclairé durant sa marche par des flammes miraculeuses. XI. Le fils de Chararic (ou Ariamir), roi de Galice, étant très malade, son père quoique arien envoya au tombeau du saint (à Tours) demander de ses reliques et offrir une quantité d’or et d’argent égale au poids de son fils. Il promit de plus d’embrasser la foi catholique dans le cas où par ces reliques son fils serait guéri. Les choses arrivèrent ainsi. Dans le même temps aborda en Galice, ce qui ne semble pas avoir pu s’effectuer sans la coopération de la divine Providence, un pieux personnage nommé aussi Martinus , qui devint évêque de ce pays[iv]. XII. La reine Ultrogothe[v] étant venue prier à l’église de Saint-Martin, trois aveugles recouvrent la vue en sa présence. XIII. Grégoire raconte comme le tenant de son ami, le prêtre Fortunatus[vi], qu’en Italie les malades affligés de pustules se guérissent en se rendant à la chapelle de Saint-Martin la plus voisine de leur demeure, et en appliquant sur le mal l’étoffe appendue aux portes ou aux murailles du lieu. XIV. Un château d’Italie nommé Terzio (castell. Tertium), où se trouvait un oratoire dédié à saint Martin, préservé, par miracle de toutes les attaques de l’ennemi. XV. Fortunatus a aussi déclaré que Félix, son compatriote et condisciple aux écoles de rhétorique de Ravenne, avait recouvré la vue en touchant ses yeux avec l’huile de la lampe qui brûlait devant l’image en peinture du bienheureux Martin. XVI. Le procurateur Placidus, également de Ravenne, guéri de même par suite de sa dévotion à saint Martin. XVII. Les religieuses qui desservent l’oratoire élevé à la porte d’Amiens, à l’endroit où saint Martin couvrit un pauvre grelottant d’un pan de sa chlamyde qu’il avait coupée, sont de pauvres femmes vivant de charités. Cependant elles possédaient quelques ruches d’abeilles. Un homme qui était parvenu à leur en voler trois fut frappé de mort avant d’avoir pu les emporter. XVIII. Guérison d’un paralytique à l’oratoire de Saint-Martin à S. Ciran-du-Jambot (Sirojalense orat. ?) XIX. Guérison, à Saint-Martin de Tours, d’une femme aveugle nommée Bella. XX. Un agent de cette dernière église , nommé Ammenius, qui était sorti de table un peu pris de vin, tomba dans un précipice en revenant chez lui, et avant pendant sa chute invoqué le nom de saint Martin, il fut comme déposé à terre par des mains étrangères, sans autre mal qu’une foulure au pied. XXI. Un voleur fut arrêté, chargé de coups et conduit nu gibet pour être pendu. Avant de mourir il invoqua saint Martin avec ardeur, et pendant qu’on le pendait sa bouche s’efforçait toujours d’invoquer saint Martin. Il resta pendu deux jours au bout desquels une religieuse, avertie par une vision, vint le retirer;; il était encore vivant, et sa libératrice après l’avoir détaché l’amena sain et sauf à l’église de Saint-Martin. XXII. Dans le village de Candes, lieu où saint Martin est mort, un nommé Léomeris, esclave d’un habitant de l’Anjou, ayant la main contractée et ne pouvant faire aucun travail ni pour lui ni pour son maître, fut délivré de son mal à l’église de Saint-Martin. Son maître, qui ne croyait nullement à la vertu du glorieux pontife, remit cet homme à son service accoutumé ; mais dès qu’il eut recommencé à travailler, il fut repris de sa paralysie. Le maître alors le renvoya au lieu saint, et l’esclave après y avoir passé une nuit en dévotion fut de nouveau guéri. XXIII. Wiliachaire, qui plus tard devint prêtre, ayant a l’occasion de la révolte de Chramn encouru la colère du roi Chlothaire, se réfugia dans la basilique de Saint-Martin. Mais s’étant imprudemment laissé saisir au dehors, il fut chargé de fers et mené au roi. Par trois fois de suite, à l’invocation qu’il fit du nom de saint Martin, ses fers se rompirent comme s’ils eussent été fait de terre à potier. Le roi, témoin du fait, lui rendit la liberté. XXIV. Alpinus, comte de la cité de Tours, guéri d’une douleur au pied par saint Martin lui-même, en songe. XXV. Charigisile, référendaire du roi Chlothaire, avant appris cela, vint à la basilique de Saint-Martin pour obtenir la guérison de ses pieds et de ses mains qui s’étaient contractés. Il l’obtint au bout de trois mois ; et, plus tard, devenu Domestique du roi, il fit beaucoup de bien au peuple de Tours et aux serviteurs de la basilique. XXVI. Un nommé Aquilinus, qui avait été frappé subitement de folie tandis qu’il chassait dans les forêts de France avec son père, fut guéri au tombeau de saint Martin, et s’engagea par reconnaissance au service du lieu ; il y est encore. XXVII. Charivald, qui avait aussi perdu à la chasse l’usage d’une main et d’un pied, guérit de même. XXVIII. Un homme plein de foi, après avoir essayé vainement de s’approprier quelque brin de relique dans la basilique du saint, vint la nuit couper avec son couteau un bout de la corde avec laquelle un sonne la cloche. De retour en sa maison il s’en servit pour guérir beaucoup de gens. Tout malade pouvant baiser avec foi cette relique était sûr d’échapper. XXIX. Lorsque le roi Charibert, qui haïssait les clercs, négligeait les églises de Dieu et méprisait les prêtres, se fut abandonné de plus en plus à ses mauvais penchants, on lui glissa dans l’oreille qu’un bien possédé depuis longtemps par la basilique de Saint-Martin pouvait être revendiqué par son fisc. C’était le village de Nazelles. Le roi ne tarda pas à dépêcher des serviteurs pour réunir de force ce petit bien à son domaine, et, agissant en maître quoique sans droit, il y envoya des officiers de ses écuries avec des chevaux qui devaient être nourris sur le lieu… Il peine les chevaux eurent-ils commencé à manger qu’ils furent tous pris de rage et s’enfuirent. Les officiers, comprenant la colère de Dieu, revinrent dire au roi que ce domaine était injustement retenu. Plein de fureur, on rapporte que le roi s’écriait : Justement ou injustement, jamais, moi régnant, l’Église ne l’aura. Bientôt après il était couché dans le tombeau. Lorsque le très glorieux roi Sigibert succéda au pouvoir de Charibert, il consentit, à la suggestion du bienheureux évêque Eufronius, à rendre à l’église de Saint-Martin ce bien qu’elle possède encore aujourd’hui. XXX. Un certain Eustochius, de Poitiers, disputait injustement à l’évêque Eufronius l’héritage de Bandulfe, son parent, lequel avait fait l’église de Saint-Martin son héritière. Le saint évêque cédant à ses violences lui en rendit quelque chose ; mais comme celui-ci l’emportait chez lui, il perdit son unique fils qui mourut de la fièvre. XXXI. Le pauvre chargé par ses camarades de rester à l’église pour recevoir les aumônes qu’on y apporte pendant que les autres pauvres se dispersent de côté et d’autres, ayant dit à ceux-ci qu’il n’avait reçu qu’un denier d’argent, tandis qu’il avait reçu un tiers de sol d’or, est puni par une mort immédiate. XXXII. L’auteur, atteint de pustules malignes et de fièvre, la septième année du pontificat d’Eufronius et la seconde du très glorieux roi Sigibert (en 563), est sauvé par sa dévotion à saint Martin et sa persistance à se rendre à son tombeau. XXXIII. Pendant cette maladie de Grégoire, un de ses clercs, nommé Armentarius, tomba dans l’idiotisme. C’était cependant un homme très savant dans les lettres spirituelles et dont la facilité était si grande à saisir les modulations de la musique qu’on eût cru qu’il l’écrivait couramment sans avoir besoin d’y penser. Il fut guéri la troisième nuit du séjour de Grégoire auprès du tombeau de saint Martin. XXXIV. Trois cierges que Grégoire et ses compagnons rapportèrent de ce voyage produisirent, dit-il, une foule de bienfaisantes merveilles. La grêle ravageait chaque année un de ses champs ; alors choisissant parmi ses vignes un arbre plus élevé que les autres, il y plaça un peu de cette cire sanctifiée, et jamais depuis la tempête ne s’y est abattue ; elle passe à côté comme si elle le craignait. XXXV. Une famille toute entière tombe malade parce que son chef s’était approprié, sans le garder avec assez de respect, un peu de bois provenant des barreaux placés autour d’un endroit consacré par la présence de saint Martin. Il rapporte ce bois à Grégoire, alors diacre, et sa famille, revient à la santé. XXXVI. Grégoire allant en Bourgogne voir sa mère et traversant les bois qui sont au delà de la rivière de la Bèbre (Berberem fluvium), fit rencontre de voleurs à cheval qui voulaient dépouiller sa troupe. Mais en l’entendant invoquer saint Martin ils s’enfuirent au galop[vii]. XXXVII. Les dysentériques sont guéris à la basilique de Saint-Martin. XXXVIII. De même les fiévreux, et les possédés tels que l’énergumène Paulus, qui se précipita du haut de la voûte sur le pavé de l’église sans causer la moindre meurtrissure à son pauvre corps damné. XXXIX. Léoméria, femme aveugle, guérie de même par sa foi à saint Martin. XL.
Sécurus, enfant complètement rachitique, fût rétabli par un long séjour
auprès du tombeau de saint Martin et rendu à un état aussi sain que
s’il fût né une seconde fois. Il fut racheté
d’esclavage par le comte Justinus, qui lui donna la liberté. Livre quatrième — Second des miracles de saint MartinI. Le deuxième mois qui suivit son ordination comme évêque, la douzième année du règne de Sigibert, l’auteur, pris de fièvre et de dysenterie, se guérit en demandant à son médecin Armentarius une potion formée de poussière du tombeau de saint Martin. II. Justinus, mari de sa sœur, est guéri de la fièvre par la vue d’un cierge apporté du même saint tombeau. III. Guérison de Maurusa, percluse et aveugle. IV. Le prêtre Simon avait un esclave nommé Véranus qui devint impotent. Il fit voeu si saint Martin daignait le guérir de le consacrer à son service par la tonsure après l’avoir affranchi. Déposé pendant cinq jours au pied du tombeau l’esclave se releva plein de santé. V. Guérison de Manlulf, paralytique de la ville d’Auxerre. VI. Guérison d’un autre paralytique amené de l’Orléanais en voiture. A la vue du miracle, on lui accorde la cléricature. VII. Guérison de Leubovéus, déjà clerc, également perclus et venant de Bourges. Ces trois derniers miracles ont été opérés le jour même où le très glorieux roi Sigibert fit la paix avec ses frères sans que l’armée combattît[viii]. VIII. Guérison d’un aveugle. IX. Gunthedrude, femme aveugle du pays de Vermandois, recouvre au tombeau de saint Martin l’usage de ses yeux et, abandonnant sa famille, se fait religieuse. X. Une femme du bourg de Trezelle (Transaliensis) en Auvergne, guérie d’une hémorragie. XI. L’épouse du tribun Animius, nommée Mummola, frappée d’une frayeur pendant la nuit, avait perdu l’usage d’un pied et était tombée en une telle faiblesse qu’il fallait l’enlever sur les mains des gens quand elle voulait aller n’importe où. Elle fut déposée aux pieds de saint Martin et, comme elle en avait fait le vœu, tint toute la nuit un cierge dans la main, pendant que nous veillions dans la basilique. Le matin arrivé, on venait de sonner la cloche pour les matines, quand elle se leva sur son pied faible, tellement que guérie de toute débilité elle revint, en marchant elle-même sans que personne la soutint, à sa propre demeure. XII. Guérison de Ragnimod, alors diacre de saint Germanus, évêque de Paris et plus tard (576-591) son successeur. XIII. Ursulf, serf du pays de Tours, canton d’outre-Loire, qui était devenu aveugle pour avoir bouché une haie, par l’ordre de son maître, un jour de dimanche, est rendu à la lumière. XIV. Guérison d’une fille percluse appartenant au palais du roi. XV. Guérison de Mérobaude, homme du Poitou, aveugle depuis six ans. XVI. Un matelot de la Loire au pays de Baugé[ix] (in pago Balbiacensi) raconte à l’auteur comment il fit une pêche merveilleuse par la seule invocation du nom de saint Martin. XVII. Un jour que le duc Guntchramn Boson traversait la Loire en face du bourg d’Amboise, sur le pont de bateaux, le vent s’élève, ses gens enfoncent dans l’eau jusqu’au ceinturon, et au milieu de l’épouvante universelle, la troupe n’est sauvée que par les cris de Boson adressés à saint Martin pour invoquer son secours. XVIII. Lanclulf, du territoire de Vienne, purgé de démons qui le possédaient et le faisaient tomber en épilepsie. XIX. En décrivant avec rapidité chacun des miracles du saint homme, sans nous répandre en un plus long discours, nous craignons fort, et ne poursuivons qu’en tremblant le chemin commencé, de peur que de plus sages ne disent : Un homme habile aurait pu de beaucoup étendra ces récits. Mais habitués que nous sommes à l’enseignement religieux, il nous semble que l’histoire, destinée à l’édification de l’Église, doit mépriser le verbiage et se composer d’une narration brève et simple. Le diacre Theudomer, à qui la cataracte était tombée sur les yeux, fut presque aveugle pendant quatre ans, et revit la lumière après avoir passé une nuit à la cellule de Candes, où le saint homme est mort… Que firent jamais de pareil les médecins avec leurs ferrements ? car leur affaire est plutôt de produire la douleur que de la soulager, quand tenant l’œil tendu et le perçant avec des instruments acérés, ils vous font voir les tourments de la mort avant de vous ouvrir les regards. XX. Désidérius, possédé, venant d’Auvergne , guéri à la cellule de Candes. XXI. Guérison, au même lieu, d’un homme ayant la main contractée. XXII. La matrone Rémigia, qui nourrissait les pauvres rassemblés à la cellule, guérie d’un affection semblable. XXIII. Vinastès, aveugle, qui contribuait aussi à l’entretien de ces pauvres, recouvre la vue. XXIV. Une femme du Berri avait mis au jour un fils perclus, aveugle et muet… qui était plutôt un monstre qu’un être humain. Elle confessait en pleurant qu’il avait été procréé une nuit de dimanche, et n’osant pas le tuer, comme les mères font souvent dans ce cas, elle l’éleva et lorsqu’il eut grandi elle le livra à des mendiants qui le prirent, le mirent sur une charrette et le traînèrent pour le montrer au peuplé. Ils gagnèrent grâce à lui beaucoup d’argent. A l’âge de onze ou douze ans cet enfant ayant été amené à la fête de saint Martin y fut guéri. Je l’ai vu moi-même ; ce n’est pas un récit que je tiens de quelqu’un : c’est de sa propre bouche que je l’ai appris. Or, comme cela est arrivé aux parents pour leur péché et parce qu’ils avaient violé le repos de la nuit dominicale, prenez garde, ô hommes, vous par qui sont scellés les derniers liens du mariage ; si des époux unissent leurs embrassements en ce jour, les enfants qui en naîtront seront ou perclus, ou épileptiques, ou lépreux. XXV. Un possédé et un paralytique nommé Bonulf, guéris dans l’église de Saint-Martin en présence de Grégoire. XXVI. Piolus, clerc de Candes, eut d’abord les doigts contractés et guérit ; puis il devint muet. Il portait dans sa main trois tablettes de bois liées par une courroie et les frappait entre elles pour en tirer un son qu’il ne pouvait donner avec son gosier ; il faisait comme les vignerons qui cherchent à défendre leurs vignes contre les oiseaux. Il recouvra la parole dans l’église de Saint-Martin. XXVII. Sigibert ayant été tué et Chilpéric ayant saisi le pouvoir royal après avoir échappé à une mort imminente[x], Ruccolen vint, à la tête des Cénomans, opprimer cruellement le pays de Tours, et dès le lendemain il envoya des messagers à la ville pour ordonner aux clercs de tirer hors de leur sainte basilique des hommes qui étaient venus y résider à la suite, d’une faute dont nous avions parfaite connaissance[xi]. Il fut arrêté par une maladie, la jaunisse, qui l’emporta. XXVIII. Guérison d’une femme aveugle et d’un possédé. XXIX. Guérison de deux aveugles venus du Berri. XXX. Guérison dune muette. XXXI. Guérison d’Apra, femme paralytique. XXXII. Huile de rose augmentant de quantité au tombeau du saint. Quand nous voyons chaque jour des miracles comme ceux que nous venons de décrire, qu’est-ce que viennent dire les malheureux qui prétendent que Sévérus a menti dans son histoire de la vie du saint prélat ? J’ai pourtant entendu un homme, inspiré je pense par l’esprit malin, qu’il n’avait pas pu se faire que l’Huile augmentât de volume par la bénédiction de saint Martin, ni qu’un flacon tombé et précipité sur un pavé de marbre fût demeuré intact. Je raconterai donc ce qui est arrivé dernièrement ; j’en ai de nombreux témoins... XXXIII. Guérison d’un perclus venu du pays d’Anjou, nommé Allomer. XXXIV. Guérison d’un clerc aveugle. XXXV. Des prisonniers retenus par les jambes à une poutre et traités avec tant de dureté que le juge ne permettait pas que personne leur fournît d’aliments sont délivrés par leurs prières à saint Martin, et se réfugient dans son église. XXXVI. Léodovald, évêque d’Avranches, ayant demandé des reliques de saint Martin, les voit en entrant dans son diocèse guérir un paralytique. XXXVII. Guérison d’un démoniaque. XXXVIII. Guérison d’une petite fille de Tours, muette de naissance. XXXIX. Arédius, pieux personnage du Limousin, étant allé visiter les lieux consacrés par le souvenir de saint Martin et en ayant rapporté un flacon plein de l’eau du puits que le bienheureux avait creusé jadis de ses propres mains , guérit avec cette eau Rénosinde, son frère, malade de la fièvre. XL. Sisulf, très pauvre homme du pays Cénoman, perdit tout à coup l’usage de la main droite qui se crispa les doigts fixés contre la paume. Il vit en songe saint Martin qui lui dit : Ton infirmité est une souffrance du peuple pécheur. C’est pourquoi va maintenant par les bourgs et les châteaux, marche jusqu’à ma ville et prêche que tout homme doit s’abstenir de rapines, de parjures et d’usures, et qu’il doit le jour du dimanche ne faire aucune œuvre hors la célébration des saints mystères... L’homme obéit, et le septième mois arriva à Tours où il guérit. XLI. Un habitant du pays de Tours guéri d’une cécité à laquelle s’ajoutait que, n’y voyant plus, il s’était crevé, un œil contre une pièce de bois. XLII. Guérison d’un homme dont la main était contractée. XLIII. Un enfant presque mort, ayant été posé par son père sur le bienheureux sépulcre, revient à la vie. XLIV. Un aveugle, du pays de Poitou, rendu à la clarté en présence de Mérovech, évêque de Poitiers. XLV. Deux jeunes enfants de Voutegon, bourg du Poitou, guéris d’infirmités provenant de l’influence des démons. XLVI. Guérison de Léodulf, enfant boiteux. XLVII. Guérison d’un homme perclus qui demandait l’aumône de maison en maison en se faisant traîner sur un chariot par un bœuf. XLVIII. Floridus, qui avait les pieds et les mains noués, s’étant fait apporter du bourg de Craon, en Anjou, à la cellule de Candes, est guéri. XLIX. Guérison d’un homme au bras paralysé. L. Guérison d’un aveugle. LI. Dysentériques et autres, guéris pour avoir bu délayée dans l’eau la poussière qu’ils recueillaient en grattant le saint tombeau, ou l’eau dont on le lave avant la pâque. LII. Par une potion de la même poussière est guéri un homme qui souffrait d’une grosseur courant par tout son corps. LIII. Un ivrogne, devenu fou à la suite de ses excès, est guéri à la basilique de Saint-Martin, auquel il promet de venir offrir ses prières chaque année. Il retombe ensuite dans sa folie pour avoir oublié sa promesse et repris l’habitude de s’enivrer. LIV. Guérison d’une jeune aveugle du pays de Lisieux. La guérison d’un enfant du Sénonais qui avait la main desséchée. LVI. Une femme du Poitou qui avait les doigts contractés contre le creux de la main, les ongles pour ainsi dire enfoncés dans les os mêmes et la main entière en putréfaction, vint prier à la fête de saint Martin et s’en retourna avec confiance. A la chute du jour, elle se logea près la rive du Cher et au milieu de la nuit se trouva guérie. LVII. Une femme, consumée par une sorte de feu céleste pour avoir travaillé aux champs le jour de la fête de saint Jean, se guérit en priant au tombeau de saint Martin. Elle était l’esclave d’un citoyen de Tours qui consentit à perdre la moitié de sa valeur afin de l’abandonner à l’église, et en acheta une autre. LVIII. Un jeune Parisien, dont l’art était de confectionner des habits, se sentant malade de la fièvre, vint à Tours prier saint Martin qui le guérit. Il était libre de naissance ; mais Leudastès[xii], alors investi des fonctions de comte de Tours, apprenant que c’était un artisan, commença à l’attaquer en disant : Tu t’es enfui de chez tes maîtres et il ne te sera pas permis d’aller plus loin vagabonder de côté et d’autre. Et l’ayant chargé de liens, il l’envoya dans sa maison pour y être gardé. Là ne fit pas défaut au jeune homme la vertu du divin confesseur ; car à peine incarcéré, il fut repris de sa maladie et comme il allait très mal, le comte le relâcha. Il revint à la basilique et fut guéri de nouveau. LIX. Une femme après avoir mérité la liberté fut cependant vendue par les barbares fils de son patron. Mais grâce à la vertu du saint et pour qu’elle fût plus aisément protégée, une paralysie complète s’empara d’elle ; les muscles de ses jarrets furent retournés de façon que ses mollets venaient sur le devant des jambes. Alors abandonnée par les maîtres qui l’avaient injustement prise, elle eut recours à l’assistance du bienheureux confesseur, et après être restée un peu de temps dans sa maison, elle reçut à la fois les dons de la liberté et de la santé. LX.
Grégoire se guérit de maux de tête en appliquant sur son front le
voile qui couvre le saint tombeau. — Il explique qu’ayant d’abord
consacré quarante chapitres, puis soixante au récit des miracles de
saint Martin, il a réalisé la parole de l’Écriture que la semence
tombée en bonne terre fructifie de manière à ce qu’un grain en
produit ici cent, un autre soixante et un autre trente (Matth.,
XIII, 23). Livre cinquième — Troisième des miracles de saint MartinI. Grégoire de Tours, s’étant blessé à la gorge avec une arête en mangeant du poisson, se guérit en s’appliquant sur le larynx le voile qui recouvre le tombeau de saint Martin. II. Guérison d’une jeune fille débile. III. Un homme, ayant travaillé le dimanche, sa main reste attachée, non sans une vive douleur, à un bâton dont il s’était servi pour tourner une meule à blé. Il s’en délivre en priant à la basilique du saint. IV. Guérison d’un paralytique venu du Limousin. V. Guérison d’un aveugle. VI. Un enfant de Tours guéri de la fièvre VII. Un homme de Craon, bourg de l’Anjou, nommé Sénator, fabriquant une clef le dimanche, les doigts de ses deux mains se contractèrent de manière que ses ongles étaient comme soudés à la paume , et il ne pouvait plus ouvrir sa main, lui qui voulait ouvrir une porte. Quatre mois après la paume de sa main commençait à se putréfier par la croissance des ongles qui entraient dans la chair, lorsqu’il fut guéri en invoquant l’assistance de saint Martin. VIII. Florentius et Exsupérius, ambassadeurs espagnols, se rendant vers le roi Chilpéric, Grégoire les reçoit à la table de l’église, et apprend d’eux pendant le repas que saint Martin opère des miracles dans leur pays. IX. Guérison d’un clerc de l’église de Poitiers, qui avait perdu l’usage d’un de ses pieds depuis neuf ans et marchait avec une jambe de bois. X. La mère de Grégoire de Tours étant venue dans cette ville après que son fils en eut été élu évêque et ayant prié trois mois environ au tombeau de saint Martin est délivrée d’une douleur de jambe qu’elle avait contractée en mettant Grégoire au monde, et dont elle souffrait depuis trente-quatre ans. XI. Guérison d’une femme de l’Anjou qui avait les doigts enfoncés dans la paume de la main. XII. Le valet de Grégoire guéri de la fièvre. XIII. Théoda, fille du prêtre Wiliachaire, guérie d’un mal de pied. XIV. Guérison d’un homme qui marchait avec deux béquilles. XV. Gundulf vivait depuis son enfance avec Gunthaire, fils du roi Chlothaire[xiii]. Comme il était employé à son service, il monta sur un arbre par ordre du roi, pour cueillir des fruits ; une branche s’étant cassée, il tomba et son pied qui heurta contre une pierre demeura estropié. Longtemps après, il se blessa gravement à l’autre pied en tombant de cheval. Il guérit en se vouant au service de saint Martin ; il commença par obtenir du roi un diplôme qui lui permettait de donner tous ses biens à l’église de Saint-Martin, puis il se fit tonsurer et accomplit sa sage résolution. XVI. Un enfant du Limousin devenu aveugle et donné par ses parents, qui étaient fort pauvres, à des mendiants, arrive à Tours douze années après, et y recouvre la vue. XVII. Grégoire, obligé pour affaire d’aller à Reims, et bien accueilli par l’évêque Égidius, y converse avec Siggon, référendaire du roi Sigibert, qui s’étonne en le quittant de se sentir délivré d’une surdité qui l’incommodait depuis trois jours. Ce n’est pas à moi, lui dis-je, mon très doux fils, qu’il faut rendre grâces ; sache que j’ai sur moi des reliques du bienheureux Martin, et c’est par son pouvoir que ta surdité a disparu. XVIII. Les animaux délivrés d’une maladie contagieuse avec ]’huile des lampes de la basilique de Saint-Martin dont on leur fait boire. XIX. Un habitant d’Avranches guéri de cécité. XX. Guérison d’un autre aveugle venu d’outre-mer. XXI. Guérison de Julianus, venu des Espagnes, contrefait des mains et des pieds. XXII. Une femme de Tours guérie à Candes ; dans sa reconnaissance elle ne quitte plus ce lieu. XXIII. Un habitant d’Angers, sourd-muet, qui demandait l’aumône en heurtant l’une contre l’autre deux tablettes de bois, guéri à Candes. XXIV. L’huile prise au tombeau de saint Martin par Arédius s’accroît d’elle-même dans le flacon où elle est mise. XXV. Guérison d’une femme aux doigts contractés. XXVI. Guérison d’une jeune fille contractée de tous ses membres. XXVII. Un enfant de l’Anjou perclus de tous ses membres et apporté à la basilique de Saint-Martin, au bout de six ans s’y rétablit, et ainsi qu’il appartenait à son nom, Floridus, fleurit pour ainsi dire une seconde fois. XXVIII. Un clerc, qui était né serf de la sainte basilique et qui avait été aveugle pendant trois ans, est délivré de sa cécité. XXIX. Un serf du pays de Touraine avant travaillé un dimanche à faire une haie est puni par l’adhérence de ses mains sur le bois. Il est guéri en priant au tombeau du saint. XXX. Un petit enfant de l’Albigeois guéri de maux d’estomac. XXXI. Guérison d’une femme de l’Anjou dont la main droite était desséchée pour avoir voulu faire du pain un samedi après le coucher du soleil, lorsque la nuit du dimanche approchait. XXXII. Guérison d’une autre femme, qui avait commis un acte semblable et dont les mains adhéraient l’une à l’autre. XXXIII. Une épidémie sur les chevaux, arrêtée dans le village de Marsas en Bordelais, dépendant de saint Martin, par la foi de leurs propriétaires en ce saint confesseur. XXXIV. La peste sévit à Tours. La femme du comte Éborinus en est préservée par ses prières au tombeau de saint Martin. XXXV. Guérison de trois infirmes eu présence de Badégisile, évêque du Mans[xiv]. XXXVI. Guérison d’Augustus, citoyen de Tours, perclus. XXXVII. Guérison d’une jeune fille attaquée par le démon. XXXVIII. Guérison d’un diacre de Châlons qui était devenu aveugle en punition de son ivrognerie. XXXIX. Guérison d’une femme contrefaite et aveugle. XL. Guérison d’un paralytique venu de Bourges. XLI. Une jeune fille, née de parents affranchis, fut au mépris de sa liberté contrainte par les fils de son patron de subir le joug de la servitude ; et comme elle refusait d’exécuter aucun travail pour ses injustes maîtres, elle fut garrottée avec des chaînes et des menottes. Elle restait en prison tandis que les autres se rendaient à la bienheureuse fête, pleurant et se lamentant de ne pouvoir y assister, quand tout à coup la poutre dans laquelle ses pieds étaient resserrés se fendit, et bien qu’elle fût encore chargée de chaînes elle s’enfuit et gagna la sainte basilique ; dès que ses pieds en touchèrent le seuil sacré, ses chaînes se brisèrent et tombèrent de son cou. Ainsi obtint-elle à la fois le salut et la liberté. XLII. Un livre de la vie de saint Martin, mis au feu par mégarde avec de la paille, demeure intact. Et afin que personne ne puisse dire que cela n’est pas croyable, on saura que ce livre est encore aujourd’hui conservé par moi. XLIII. Deux palefreniers de Grégoire guéris en voyage par de la poussière du saint tombeau. XLIV. Malulfus, citoyen de Tours, guéri d’une paralysie. XLV. Guérison d’un infirme venu de Bourges. Les faits que je raconte ne doivent pas paraître indignes de créance parce que les noms de tous les individus ne sont pas marqués dans ces pages. Cela vient de ce qu’ils s’en vont dès qu’ils ont été rendus à la santé par le saint de Dieu, et ils s’en retournent si secrètement parfois qu’il n’y a personne, pour ainsi dire, qui les voie. Lorsque le bruit se répand que la puissance du bienheureux pontife a apparu, nous appelons les gardiens du temple et nous apprenons ce qui s’est passé ; cependant ils ne nous instruisent pas toujours des noms. Quant à ceux que nous avons pu voir on que nous examinons nous-mêmes, nous écrivons ordinairement leurs noms. XLVI. Guérison d’une femme du Poitou contrefaite. XLVII. Un homme était prisonnier pour dettes à Soissons. Son créancier voyant qu’il n’en pouvait, rien arracher lui refusait le boire et le manger en lui disant : Je te ferai languir dans la faim pour servir d’exemple à tout le monde, jusqu’à ce que tu m’aies tout rendu. Mais des reliques de saint Martin ayant passé sur la place au chant des cantiques, ce prisonnier implora le saint et ses liens se rompirent. Il se réfugia dans la basilique, et fut ensuite racheté par des hommes pieux qui payèrent pour lui. XLVIII. Guérison d’une femme aveugle. XLIX. Guérison d’un enfant impotent. L. Lupus, prêtre de la ville de Bordeaux, se guérit de la fièvre en prenant sur le tombeau de saint Martin deux petites chandelles faites de cire et de papyrus, et en avalant la cendre du papyrus, délayée dans de l’eau. LI. Cardégisile, surnommé Gyson, citoyen de Saintes, nous reçut dans sa maison et nous invita à nous rendre dans l’oratoire que sa mère avait construit et consacré par les reliques du bienheureux Martin. Après avoir fait notre prière, nous lui demandâmes si la puissance du saint s’était manifestée en ce lieu. L’hôte de Grégoire lui raconte que son fils, à l’âgge de trois ans, y avait été guéri d’une maladie de langueur. LII. Un clerc de Grégoire guéri de la dysenterie. LIII. Un serf de Génitor, citoyen de Tours, avait été condamné à la potence pour vol. Il est sauvé par la ferveur avec laquelle il invoque saint Martin pendant qu’on le conduisait au supplice. Autre malfaiteur également condamné à être pendu et sauvé de même. LIV. Guérison d’un homme du bourg de Montlouis qui était devenu muet par suite d’une frayeur. LV. Guérison d’une femme dont la main s’était contractée parce qu’elle avait travaillé le dimanche. LVI. Guérison d’une femme dont les deux mains s’étaient contractées parce qu’elle avait cuit un pain le samedi soir. LVII. Guérison d’un aveugle. LVIII. Un aveugle qui avait été donné étant enfant par ses père et mère à des mendiants avec lesquels il avait parcouru les campagnes et les villes pendant dix ans et plus, est guéri, en même temps que deux possédés, au tombeau du saint. LIX. Un enfant guéri de la fièvre et des vers par une potion de la poussière de ce tombeau. LX. Grégoire se rendant sur le territoire de la ville de Cavaillon pour aller visiter sa mère emporte avec lui de cette poussière précieuse avec laquelle il guérit un de ses serviteurs saisi de la fièvre pendant le voyage. Il apprend que Véranus, évêque de Cavaillon, devait aussi la santé à ses prières à saint Martin. En revenant de Cavaillon il guérit avec sa poussière l’évêque de Clermont, Avitus, deux autres de ses serviteurs et lui-même qui se trouva cruellement atteint d’un mal de dents. Livre sixième — Quatrième et dernier des miracles de saint MartinI. Grégoire de Tours, saisi d’un violent mal de ventre, se met en prière au tombeau de saint Martin, place en secret sous son vêtement un fil des voiles suspendus en ce lieu et avec lequel il représente sur son ventre le signe de la croix ; aussitôt sa douleur se calme, et il s’en retourne guéri. II. Une autre fois Grégoire incommodé d’un gonflement de la langue par suite duquel il balbutiait, non sans honte, se rend au saint tombeau et y tire sa langue entre les barreaux de bois qui formaient la balustrade. Il guérit aussitôt. III. Un enfant délivré de la fièvre. IV. Un homme perclus, une femme aveugle et trois démoniaques tous guéris à la Saint-Martin d’été. V. La treizième année du règne de Childebert (588), un gardeur de porcs, serf de Théodulf, citoyen de Tours, est guéri d’une cécité. VI. L’année suivante, à la Saint-Martin d’hiver, guérison de douze paralytiques, trois aveugles et cinq démoniaques. Ces merveilles se passèrent en présence d’Arédius, abbé en Limousin, du maire Florentianus et de Romulf, comte du palais. VII. Le maire Florentianus raconte à Grégoire un trait de la puissance de saint Martin dont il fut témoin en Galice, où il était allé comme ambassadeur auprès du roi Miron. Le bouffon de ce roi fut puni pour avoir voulu prendre une grappe de raisin d’un berceau de vigne consacré au saint. VIII. Palladius, évêque de Saintes, ayant demandé des reliques de saint Martin, écrit, trois mois après, à Grégoire qu’elles ont déjà guéri trois paralytiques, deux aveugles et plus de douze fiévreux. IX. Deux serviteurs de Grégoire, le clerc Dagobald et le laïque Théodorus, sont délivrés de la fièvre et de la dysenterie par la poussière du tombeau. X. Nous avons une patène de couleur de saphir que le saint a, dit-on, rapportée du trésor de l’empereur Maximus, et dont la vertu agit souvent sur ceux qui ont des frissons. Grégoire ajoute, qu’en y buvant, Bodillon, l’un de ses scribes, s’est guéri. XI. Un citoyen du pays Chartrain nommé Blidéric, marié depuis trente ans sans avoir d’enfants, eut un fils aussitôt après avoir institué l’église de Saint-Martin pour donataire de tous ses biens. XII. Guérison d’une aveugle à Tornes, village du pays Cénoman, XIII. Un homme venu à la fête du saint avec une main desséchée est rétabli, et cela en présence d’Aunacharius, évêque d’Auxerre[xv]. XIV. Guérison d’un perclus du bourg de Gennes (Geinensis), en Anjou, nommé Baudégisile, fils de Bandulf. XV. Sur le territoire d’Azay (Ausiensis), un essaim d’abeilles s’étant échappé, leur propriétaire, nommé Célestus, les fait revenir en faisant vœu de consacrer désormais à saint Martin la cire qui proviendra de cet essaim. XVI. Des prisonniers, à Tours et à Poitiers, délivrés pour avoir invoqué avec foi le, nom de saint Martin. XVII. Un enfant, nommé Leudovald, serf de Baudeleif, au bourg de Craon en Anjou, est délivré à la basilique de Saint-Martin d’une cécité accidentelle. XVIII. Guérison de Viliogunde, jeune fille aveugle, du même bourg. XIX. Guérison de Litovéus, impotent. XX. Guérison de Leudard, aveugle, serf d’Emérius, diacre de Nantes. XXI. Mothaire, citoyen de Tours, guérit une femme démoniaque en lui faisant boire du vin qui avait passé la nuit sur le tombeau de saint Martin. XXII. Guérison de Silluvius, habitant du pays de Bayeux et perclus. XXIII. Erménegunde, femme aveugle du bourg de Craon (Croviensis), et Charimund, impotent venu de Brion (Bricilonnus), sont guéris à la fête de saint Martin. XXIV. Guérison de Léodemund et de trois autres aveugles. XXV. Une fille de serf appartenant à Léon, prêtre de Tours, guérie de la fièvre par une potion de la poussière du saint tombeau. XXVI. Grégoire en se rendant auprès du roi Childebert (en 591), rencontre dans le pays Rémois un homme qui lui raconte une délivrance miraculeuse de prisonniers opérée en ce pays par l’intercession de saint Martin. Arrivés chez le roi, dit Grégoire, nous publiâmes ce miracle, et le roi assura que quelques-uns de ceux qui avaient été délivres s’étaient présentés à lui et qu’il leur avait fait don de la composition due au fisc, appelée fredum[xvi] par les Francs. XXVII. Nonnichius, évêque de Nantes, amène à la fête de saint Martin son serviteur Baudégisile, impotent, et le ramène sain et sauf. XXVIII. Claudius, un des chanceliers du roi, ayant été pris par la fièvre tandis que Grégoire résidait auprès de Childebert, est guéri en buvant de la poussière du tombeau. XXIX. Récit fait par Agnès, abbesse de Poitiers, de la protection accordée par saint Martin à un marchand de Trèves qui faisait le commerce du sel avec Metz, et qui avait couru un grand danger dans son bateau sur la Moselle. XXX. Guérison au monastère de Ligugé, fondé par saint Martin, d’une femme paralytique qui demandait l’aumône en parcourant le pays sur un chariot traîné par des bœufs. XXXI. Un habitant du pays de Saintes raconte à Grégoire qu’un village voisin, Nieul (Najogialus), est arrosé par une source due à un miracle de saint Martin. XXXII. Platon, évêque de Poitiers, peu après son élévation à l’épiscopat, arrête un incendie en élevant contre le feu un vase contenant de la poussière du tombeau. XXXIII. Le même remède guérit de la fièvre un serviteur de Platon. XXXIV. Guérison de Léodulf, insensé et impotent. XXXV. Délivrance par l’intervention de Grégoire d’un homme innocent qu’on menait injustement en prison. XXXVI. La femme de Sérénatus, serf de Grégoire, tomba un jour sans connaissance. Des devins étant venus dirent que c’était une attaque du démon du Midi et apportèrent des ligaments d’herbes et des paroles d’enchantement ; mais, comme d’ordinaire, ils ne purent procurer aucun soulagement à la moribonde. Eusténia, nièce de Grégoire, lui ôta ces ligaments que des sots avaient mis, et la guérit avec de l’huile et un cierge empruntés au saint tombeau. XXXVII. A l’époque où le très glorieux roi Guntchramn étant mort, le roi Childebert entra dans la ville d’Orléans [en 593], un des serviteurs de la cour, gravement tourmenté par la fièvre, s’en plaignit à nous, et nous lui donnâmes à boire de la poussière du saint tombeau. Cet homme se rétablit, ainsi qu’une jeune fille de la reine, tourmentée aussi de la fièvre et traitée de même. XXXVIII. Guérison de quatre aveugles, de deux possédés et deux paralytiques. XXXIX. Prisonniers délivrés merveilleusement. Le juge leur permet de s’en retourner chez eux. XL. Un homme du pays de Biscaye, nommé Mauranus, se fait conduire à Bordeaux pour y invoquer saint Martin, et obtient sa guérison. XLI. Guérison (à la Saint-Martin d’hiver, 594) de Maurellus, du domaine de Ponthion, serf du duc Aginus. XLII. Guérison d’un impotent du village de Chemillé (?? Themellus) bourg d’Amboise, pays de Tours. XLIII. Les prêtres Euthymus et Ulfaricus guérissent deux enfants atteints de la fièvre en leur faisant avaler de la poussière du tombeau et en attachant à leur cou des franges de la tapisserie placée au-dessus. XLIV. Guérison de Principius, citoyen de Périgueux. XLV. Guérison de Léodulf, habitant de Bourges, devenu aveugle pour avoir rentré son foin un dimanche. XLVI. Guérison de Paternianus qui était venu de Bretagne aveugle, muet et sourd. XLVII. Un incendie, à Bordeaux, arrêté par l’invocation du nom de saint Martin, et Laudovald, serviteur de Grégoire, guéri de la dysenterie par une potion de la poussière du tombeau de ce saint pontife. À suivre ou retour à la table des matière….
[i] Cet ouvrage fut le début de Grégoire comme écrivain. Les livres Ier et II des Miracles de saint Martin paraissent être en effet son premier ouvrage ; mais les livres III et IV ne furent composés par lui que plus lard ; c’est pourquoi on ne place ordinairement pas ces quatre livres en tête des Petites-Œuvres. [ii] Voyez Hist. des Francs, liv. I. [iii] C’est-à-dire la Loire. [iv] Martin, évêque de Dume et de Braga, vers 360. [v] Femme de Childebert Ier ; voyez Hist. des Francs, liv. IV. [vi] C’est Fortunat le poète. [vii] D’après Ruinart, Berberis serait le Barberon, comme il a été dit dans l’Hist. des Francs, liv. I ; et en effet Grégoire allait probablement à Cavaillon. Mais Barberon ne peut dériver de Berberis. La Bèbre ou Besbre convient mieux pour l’étymologie comme pour la situation ; c’est une rivière de 20 lieues de long qui se jette dans la Loire, rive rauche, vers Bourbon-Lancy, et barre le chemin de Tours à Macon, ou à Lyon. [viii] Hist. des Francs, liv. IV, année 574. [ix] Beauvais, suivant D. Ruinart. Très incertain. [x] En 575. Voyez Hist. des Francs, liv. IV. [xi] Cf. Hist. des Francs, liv. V. [xii] Cf. Hist. des Francs, liv. V et X. [xiii] V. Hist. des Francs, liv. IV. [xiv] De 581 à 586. Cf. Hist. des Francs, liv. VI. [xv] Cf. Hist. des Francs, liv. IX. [xvi] Friede, la paix. |