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HARANGUE A LA LOUANGE DE L'EMPEREUR
CONSTANTIN,
Prononcée en la trentième année de son
règne par Eusèbe Evêque de Césarée.
EXORDE.
JE ne parais pas ici pour y débiter des
fables, ni des discours ingéniusement composés à dessein de charmer,
comme par le chant dès Sirènes , ceux qui me feront l'honneur de
m'écouter. Je n'y présente point non plus des fleurs dans des vases
d'or, et je n'y apporte point les ornements de l'éloquence pour plaire à
ceux qui les recherchent par une vaine curiosité. J'aime mieux suivre
l'avis des Sages, et exhorter tout le monde à s'éloigner des grands
chemins, et à éviter la foule du peuple. Je viens faire par une nouvelle
méthode le Panégyrique de l'Empereur. Quelque presse qu'il y ait autour
je moi, je tiendrai une route qui n'a été battue de personne , et où il
n'est pas permis d'entrer sans s'être lavé les pieds. Ceux qui n'ont
qu'une Rhétorique de Collège, tachent de plaire au peuple par des
narrations puériles. Mais, 235
ceux qui sont instruits des mystères de la sagesse savent faire un
meilleur choix. Ils préfèrent les vertus Chrétiennes de l'Empereur, à
ses vertus purement humaines, et lui laissent donner de basses louanges
par ceux qui n'ont que de bas sentiments. Constantin ayant heureusement
réuni en sa personne la sagesse sacrée, et la sagesse profane, la
science de l'Eglise qui se rapporte au service de Dieu , et la science
du monde qui tend à l'utilité des hommes, celle-ci pourra être louée en
d'autres assemblées comme une science qui est en effet fort louable , et
qui est sort utile à la société civile , bien qu'elle soit beaucoup
inférieure à la science de l'Église. Mais ceux qui ont le droit d'entrer
dans le Sanctuaire ne doivent parler en présence des fidèles , que des
vertus surnaturelles de l'Empereur. Que les fidèles préparent donc leurs
oreilles pour écouter les mystères, qu'ils ouvrent leurs cœurs pour les
recevoir , et qu'ils les étendent avec le mouvement d'une joie céleste.
Nous suivons des Oracles rendus non par une fureur aveugle , mais par
l'Esprit saint. Et ces Oracles-là nous donnent l'idée véritable de
l'Empire absolu. que Dieu exerce sur tous les êtres, de l'Empire
légitime que notre Prince exerce sur nous à l'Imitation de Dieu, de la
domination injuste que les Tyrans avaient usurpée, et des différents
effets de ces différentes manières de gouverner. Nous suivrons cette
idée, et entrerons dans notre matière.
CHAPITRE I.
Nous célébrons aujourd'hui une grande
fête, en l'honneur de l'Empereur, de qui nous sommes les sujets fidèles,
et nous y faisons paraitre une joie extraordinaire suivant l'ordre de
Dieu. C'est le souverain Empereur, et qui est seul véritablement
Souverain , qui nous exhorte à célébrer cette fête. Celui qui m'honore
de son audience, bien loin d'être fâché que je parle de la sorte ,
approuvera mon discours, et reconnaîtra avec moi que
236 Dieu est infiniment élevé
au dessus des êtres créés, que son trône est dans le Ciel, et que la
terre ne lui sert que de marchepied. La lumière qui l'environne, éblouit
par son éclat, et empêche de le regarder. Des armées d'esprits célestes
l'entourent comme leur Seigneur et leur Maître. Une multitude incroyable
d'Anges, et d'Archanges tirent de lui toute leur lumière, comme d'une
source inépuisable. Les substances intelligentes qui sont au delà du
Ciel, publient ses louanges. Le-Ciel est comme un voile bleu, qui répare
ceux qui sont dans le Palais , et ceux de dehors. Le Soleil, la Lune et
les autres astres courent autour de lui, comme Ces Officiers à l'entrée
de son Palais, et éclairent par son ordre, les créatures qu'il a placées
dans une région ténébreuse. Pourquoi ferais-je difficulté de publier ,
qu'il est le Seigneur des Empereurs, et le principe de toute domination
y puisque je sais que notre victorieux Prince lui attribue la gloire de
ses victoires, et célèbre continuellement là grandeur ? Les très-pieux
Césars le reconnaissent pour l'unique Auteur de leurs biens, selon les
instructions qu'ils ont reçues de Constantin leur père. Les armées et
les peuples, les habitants des villes et de la campagne , les Magistrats
et les Gouverneurs de Province s'assemblent pour lui rendre le culte qui
lui est dû, selon les préceptes que le Sauveur leur en a donnez. Enfin
les nations les plus éloignées, et les plus contraires en coutumes et en
mœurs conviennent comme par une inclination secrète de la Nature, de
l'invoquer. La terre le reconnaît pour son Seigneur , et déclare aux
plantes et aux arbres qu'elle produit, et aux animaux qu'elle porte,
quelle obéît à ses ordres. Les fontaines et les rivières disent en leur
langage qu'il est l'auteur de tout ce qu'il y a de merveilleux et de
surprenant dans leur origine et dans leur cours. Les flots qui sortent
du 237 sein de la mer, et
qui au lieu d'inonder la terre, s'élèvent jusques au ciel , respectent
les bornes qu'il leur a prescrites. La chute réglée des pluies pendant
l'hiver , l'éclair et le bruit des tonnerres , l'agitation des vents ,
le mouvement que ces vents impriment aux nuées, le découvrent à ceux qui
ne sont pas assez éclairés pour le reconnaître d'eux-mêmes. Le Soleil,
ce globe resplendissant de lumière, qui continue son vaste cours depuis
le commencement des siècles , ne reconnaît point d'autre Maître que lui.
Mais il suit aussi ses ordres avec tant d'exactitude , qu'il ne s'est
jamais écarté du cercle auquel il l'a attaché. La Lune qui a une clarté
beaucoup inférieure à celle du Soleil, et qui reçoit tantôt une
diminution, et tantôt un accroissement de lumière , est aussi
parfaitement soumise que lui, aux commandements du même Maître. La
multitude des astres, qui sont attachez au Firmament, et qui y gardent
un mouvement si juste, publient que c'est de lui qu'ils reçoivent
l'éclat qu'ils répandent. Les cieux annoncent sa gloire, et confessent
que leur harmonie vient de lui. La succession continuelle des jours, et
des nuits, la vicissitude des saisons, et l'ordre de tout l'univers sont
voir la grandeur de sa puissance. les puissances invisibles, qui
remplissent l'air, chantent ses louanges. Enfin tout le monde récite des
Hymnes en son honneur. Les Cieux qui sont au dessus de nous, et les
Chœurs des Anges qui sont au dessus des cieux , le révèrent. Les esprits
sortis d'une lumière intellectuelle , l'appellent leur Dieu, et leur
Père. L'éternité qui précède tous les temps , rend témoignage à sa
divinité. Enfin son Verbe et son Fils unique qui est dans toutes choses
, avant toutes choses , et après toutes choses , le grand Pontife du
grand Dieu , qui est plus ancien que le temps, est consacré à son culte,
et lai sait des prières pour nôtre salut. Ce Fils uni-
238 que que de Dieu possède
une puissance absolue sur l'Univers, et une gloire égale à celle de son
Père dans son Royaume. C'est une lumière qui est au dessus de toutes les
créatures, et qui sépare les substances qui n'ont point de principe, ni
de commencement d'avec celles qui en ont. Il procède du sein de la
divinité, qui n'a ni commencement ni sin, et éclaire de la lumière de sa
sagesse, qui est une lumière infiniment plus éclatante que celle du
Soleil , la région qui est au dessus du Ciel. Ce Verbe de Dieu, est le
Seigneur du monde, qui se répand sur toutes les choses, et. dans toutes
les choses visibles et invisibles.
CHAPITRE II.
C'est de sa main que nôtre Empereur
très-cheri de Dieu, a reçu la souveraine puissance , pour gouverner son
Etat, comme Dieu gouverne le monde. Le Fils unique de Dieu règne avant
tous les temps, et régnera après tous les tems avec son Père. Notre
Empereur qui est aimé par le Verbe, règne depuis plusieurs années par un
écoulement, et une participation de l'autorité divine. Le Sauveur attire
au service de son Père, le monde qu'il gouverne comme son royaume , et
l'Empereur soumet ses sujets à l'obéissance du Verbe. Le Sauveur commun
de tous les hommes chasse par sa vertu divine, comme un bon Pasteur, les
puissances rebelles qui volent dans l'air et qui tendent des pièges à
son troupeau. Le Prince qu'il protège, défait avec son secours les
ennemis de la vérité, les réduit à son obéissance, et les condamne au
châtiment qu'ils méritent. Le Verbe qui est la raison substantielle ,
qui existe avant le monde, jette dans les esprits des semences de
science et de venté , par lesquelles il les rend capables de servir son
Père. Notre Empereur qui brule d'un zèle sincère pour la gloire de Dieu
, rappelle toutes les nations à sa connaissance , et leur annonce à
haute voix la vérité, comme l'Interprète du Verbe. Le
239 Sauveur ouvre la porte du
royaume de son père à ceux qui y arrivent d'ici bas. L'Empereur qui se
propose continuellement son exemple, extermine l'erreur, assemble les
personnes de piété dans les Eglises et prend tout le soin possible pour
sauver le vaisseau, de la conduite duquel il est chargé. Il est le seul
de tous ceux qui ont gouverné cet Empire, qui ait reçu de Dieu la grâce
de solenniser trois sois les jeux et les réjouissances publiques , qui
se renouvellent de dix en dix ans , à compter depuis sa proclamation. Ce
n'est pas aussi en l'honneur des puissances terrestres , m des démons
qui trompent le peuple , qu'il célèbre cette fête, comme faisaient ses
prédécesseurs. Ce n'est qu'en l'honneur de Dieu, à qui il rend d'humbles
actions de grâces , des saveurs qu'il a reçues de sa bonté. . Il ne fait
point son Palais du sang des victimes selon l'usage profane des anciens,
il ne tâche point de le rendre les démons propices par le feu, et par la
fumée des sacrifices. Il offre au Seigneur souverain de l'univers son
cœur comme une pure et une agréable victime. Cette victime est pure et
agréable, non par ce qu'elle a d'extérieur , ni par le sang qui coule de
ses veines, mais par ce qu'elle a d'intérieur , par les mouvements par
lesquels elle se porte à Dieu , par la sincérité de sa piété , par la
serveur de les prières, par la sainteté de ses actions. Il immole cette
hostie comme des prémices du royaume , qu'il gouverne , et il immole
ensuite comme un Pasteur le troupeau qu'il assujettit à l'obéissance de
la foi.
CHAPITRE III.
Dieu reçoit avec joie ce sacrifice , loue
la piété du Pontife qui le lui présente , récompense de nouveaux dons
les nouveaux effets de sa piété, et ajoute de nouvelles années à son
Empire. Il lui fait la grâce singulière d'associer à chaque dizaine
d'années , un des Princes ses enfants , et de l'élever sur le trône. En
la dixième année de son règne , il 240
a communiqué à Constantin son sils-aine l'autorité souveraine. Il l'a
communiquée au second en la vingtième année, et il l'a communiquée au
trentième en celle-ci , dont la solennité nous assemble. Maintenant que
nous encrons dans la quatrième dizaine, et que la proclamation des trois
Césars , est achevée, nous voyons l'accomplissement de la prophétie
conçue en ces termes : Les Saints du très-Haut recevront l'Empire;
Dieu a multiplié de la sorte les années, et la postérité de notre
très-pieux Empereur, et sait fleurir son règne avec la même vigueur, que
s'il ne faisait que de commencer. Il a préparé lui-même la cérémonie que
nous célébrons , quand il lui a accordé la victoire sur ses ennemis , et
qu'il l'a proposé à son siècle , comme un modèle très-accompli de piété.
Cet Empereur gouverne par les Princes ses enfants, les sujets les plus
éloignés de sa capitale, comme le Soleil éclaire de tes rayons les
peuples les plus éloignés de sa sphère. Il nous a fournis nous autres ,
qui habitons l'Orient, à la conduite d'un fils tout-a-sait digne de
lui.il a donné d'antres peuples au second, et d'autres au troisième. Ce
sont comme autant d'effusions qu'il fait de sa lumière, pour éclairer
les sujets qui habitent les Provinces. Il a attaché les quatre Césars au
char de l'Empire, qu'il conduit lui-même par là sagesse , et par le
moyen duquel il parcourt l'univers , l'honore et le réjouit de sa
présence. Il lève les yeux au ciel, pour y chercher l'idée de la
domination, qu'il exerce sur la terre. Il garde dans l'étendue de les
Etats, la même forme de gouvernement, que Dieu garde dans tout
l'univers. Il use du droit que Dieu a accordé à l'homme seul, d'imiter
son pouvoir Monarchique. Le gouvernement d'un seul est sans doute le
plus parfait. Le gouvernement opposé qui est possédé également par
plusieurs , est toujours rempli de 242
confusion et de désordre. Aussi n'y a-t-il qu'un Dieu. La pluralité des
Dieux en détruirait non seulement l'unité, mais la nature , de sorte que
s'il y avait plusieurs Dieux, il n'y en aurait aucun. Il n'y a qu'un
souverain et indépendant Seigneur de l'univers, qui n'a qu'une parole et
une loi qui n'est point exprimée par des syllabes sensibles, ni imprimée
sur le papier ou sur les autres matières que le temps détruit, mais qui
est vivante et subsistante par elle-même, et qui prépare le royaume de
son Père à ceux qui lui sont soumis. Les armées célestes, les esprits
invisibles, les Anges qui rendent à Dieu un service continuel, et qui
gouvernent le monde par ses ordres, le suivent comme leur Chef, comme
leur Général, comme un souverain Pontife , comme le Prophète de Dieu,
comme l'Ange du grand Conseil, comme la splendeur de la lumière de son
Père , qui l'a donné en qualité de Verbe, de Loi, et de Sagesse, à ceux
qui sont soumis à son obéissance. Ce Verbe pénétrant toutes les
créatures , et se répandant au milieu d'elles, leur communique avec
abondance les bienfaits de son Père , et donne aux hommes qui sont son
image , une portion de sa puissance, et les vertus dont ils ont besoin.
Il n'y a que Dieu qui soit sage de sa nature, qui soit bon, et qui soit
puissant. Il est la source de l'innocence et de la justice , de la
raison et de la sagesse, de la lumière et de la vie. Il est le
dispensateur de la vérité et de la vertu, le distributeur des royaumes,
et de l'autorité de les gouverner.
CHAPITRE IV.
Comment l'homme sait-il que Dieu possède
tous ces avantages ? Comment de si hautes vérités sont-elles venues
jusques-à nous ! Comment une langue aussi grossière que la nôtre
a-t-elle appris à expliquer des mystères si relevés ? Qui est-ce qui a
vu le Roi invisible , et qui a découvert en lui tant de merveilles? Nous
connaissons par les sens les 242
objets sensibles, les organes corporels servent à voir les corps, et à
les toucher. Mais jamais les yeux du corps n'ont vu le royaume
invisible. Jamais mortel n'a découvert la beauté de la sagesse. Qui a vu
la justice ? Qui a conçu l'idée de la souveraine puissance , et de la
légitime domination? Qui a montré aux hommes une substance spirituelle,
et qui n'a ni traits corporels, ni figure extérieure ? Le Verbe de
Dieu qui par son immensité est présent en tous lieux, est sans doute le
seul qui a expliqué ces vérités si importantes et si sublimes. Il est le
principe et comme le Père de la substance raisonnable et intellectuelle,
qui est la principale partie de l'homme. Il est uni au Père, et fait
couler de lui sur les hommes qui sont ses enfants les eaux de ses
grâces. C'est de cette source que procèdent les notions de raison et de
sagesse, de prudence et de justice que les Grecs et les Barbares ont
eues naturellement, sans les avoir reçues d'aucun maître. C'est de-là
que viennent les arts et les sciences , la philosophie , l'amour de
l'étude, la connaissance du bien , le zèle pour le service de Dieu, et
le désir de mener une vie conforme à ses préceptes. C'est de ce principe
que l'homme a tiré l'autorité et le pouvoir qu'il exerce sur les
créatures inférieures. Cette raison souveraine qui a crée les esprits
raisonnables , qui leur a imprimé l'image de Dieu, qui leur a communiqué
l'autorité, et qui leur a enseigné à commander et à obéir , leur a
promis le Royaume du Ciel, et leur en a donné un gage, et une assurance
par sa présence, et par sa vie corporelle et visible. Il a exhorté tous
les hommes à se préparer à ce Royaume, et à se couvrir de la robe avec
laquelle il y faut entrer. Il a répandu sa Doctrine par tout le monde où
le Soleil répand sa lumière. Il a appelé tous les peuples au Royaume de
son Père , et leur a donné l'espérance de le posséder.
243
CHAPITRE V.
Notre Empereur très-chéri de Dieu jouit
dès cette vie de cette espérance. II est paré des vertus qui sont comme
des ruisseaux qui coulent de cette source inépuisable. Il a la raison,
la sagesse, et la bonté par la participation de la raison éternelle , de
la sagesse incréée, de la bonté infinie. Il est juste , tempérant, et
vaillant par la justice , par la tempérance, et par la vaillance que
Dieu lui a communiquée. Il mérite avec justice le titre d'Empereur puis
qu'il imite autant qu'il peut le maître des Empereurs, et qu'il tâche de
gouverner son Etat avec une justice qui ait quelque rapport à celle avec
laquelle Dieu gouverne l'Univers. Quiconque prend une conduite contraire
, quiconque renonce au souverain Seigneur de l'Univers, et qui au lieu
de se parer des vertus convenables à un Empereur se souille de crimes,
au lieu de se revêtir de douceur s'arme de cruauté, au lieu d'exercer la
libéralité ne répand que le poison de la haine , au lieu de garder une
conduite pleine de modération et de sagesse n'agit que par légèreté et
par emportement, quiconque enfin au lieu de suivre la lumière de la
raison s'égare et s'abîme dans les débauches, s'abandonne aux passions,
et tombe dans l'impiété il déclare la guerre à Dieu , commet des
impiétés, et des meurtres. Quelqu'empire que puisse exercer celui qui
est sujet à ces vices, jamais il ne méritera le titre d'Empereur.
Comment celui qui porte les marques et les caractères des Démons
pourrait-il être l'image de l'autorité absolue avec laquelle Dieu
gouverne l'Univers? Comment celui qui est assujetti à l'obéissance d'un
grand nombre de maîtres cruels , pourrait-il être le maître des autres ?
Sans doute on ne saurait commander quand on est esclave , et que l'on
obéit à la volupté , à l'amour des femmes , à la passion du bien amassé
par des voies injustes, à la colère, à la crainte , et à tous les
244 esprits impurs qui sont
leur joie de nôtre ruine. Avouons-donc qu'il n'y a point d'autre
Empereur que le nôtre, puisqu'il n'y en a point qui soit libre comme
lui, ni qui soit comme lui au dessus des parlions, et qui méprise les
plaisirs, et se prive même de ceux qui sont innocents , et légitimes. il
est maître de sa colère et de son courage. Il est vainqueur non
seulement des ennemis étrangers dont il a dompté l'orgueil, mais des
domestiques, et de ses propres mouvements dont il a réprimé la violence
, il imite Dieu comme son modèle, et le représente comme un miroir. Il
représente la tempérance, la justice , la valeur , la pièce, la sagesse
dont Dieu lui a donné et le commandement, et l'exemple. Il sr connaît
sort bien , et sait que les vertus qu'il possède , sont des dons du
Ciel. Il porte seul la robe de pourpre pour marque de son autorité , et
mérite seul d'avoir cette autorité parce qu'il implore jour et nuit le
secours du Père céleste, et qu'il brule du désir de parvenir à son
Royaume. Comme il sait qu'il n'y a rien ici bas qui ne soit sujet au
changement, et à la corruption , et qui ne passe avec la même rapidité
que l'eau d'un fleuve qui se hâte de se précipiter dans l'Océan , il
souhaite avec une ardeur incroyable de devenir sujet d'un Royaume , où
Dieu donne des biens stables et permanents. Il porte la. pensée et son
ambition jusques à ce Royaume. Il aspire à la lumière qui y brille , et
en comparaison de laquelle tout ce qu'il y a sur la terre de plus
éclatant , n'est que ténèbres. Le soin que les Princes prennent de
gouverner leurs sujets ne s'étend point au de-là d'une vie qui
d'elle-même est sore courte, et sujette à la mort. Il n'est pas beaucoup
plus considérable que celui que les Pasteurs prennent de leurs
troupeaux, et il est d'autant plus fâcheux et plus incommode que les
hommes sont plus difficiles à gouverner que les bêtes. Les
245 louanges des
flatteurs , et les applaudissements des peuples sont plus de peine à
l'Empereur , qu'ils ne lui donnent de plaisir. Il a l'âme naturellement
trop ferme, et un trop grand zèle de maintenir la vigueur des lois et de
la discipline , en obligeant tour le monde à faire exactement son
devoir, pour caresser bassement le peuple. Quand il voit de nombreuses
armées soumises à ses ordres , il n'en conçoit ni de l'étonnement, ni de
la vanité. II sait à l'heure-même réflexion sur soi-même, et se
reconnaît sujet à toutes les faiblesses de notre nature. Il se moque des
habits à fleurs rehaussées d'or, de la pourpre Impériale, et du diadème
, et il déplore la faiblesse du peuple qui admire ces ornements.. Il
recherche d'autres ornements fort différents , et se pare non le corps
mais l'esprit par la connaissance de Dieu, par la tempérance , la
justice, la piété, et les autres vertus qui conviennent à un Prince. Il
regarde les richesses que la plupart des hommes désirent avec une ardeur
si excessive, l'or, l'argent, et les pierreries , comme des pierres, et
des matières inutiles. Il ne les estime que ce qu'elles valent, et est
très-persuadé qu'elles ne préservent d'aucun mal, qu'elles ne détournent
aucune maladie, et qu'elles n'exemptent point de la mort. Il ne laisse
pas de s'en servir pour l'utilité de ses sujets. Mais il rit en même
temps de ceux qui sont-il simples que de les admirer. Il a l'ivrognerie
en horreur et s'abstient de tous ces mets si recherchés, et si délicats,
qui ne servent qu'à irriter l'appétit, et à provoquer à l'intempérance.
Il croit qu'ils conviennent à tout autre plutôt qu'à lui, qu'ils sont
extrêmement préjudiciables , et qu'ils obscurcissent l'esprit. La
grandeur de son âme, et la connaissance qu'il a des vérités divines ,
lui sont rechercher des avantages plus excellents que ceux de la rie
présente. Il aspire sans-cesse à un Empire qui
246 n'a n'a point de fin. Il
s'en approche par les mouvements de sa piété. Il y porte ses sujets par
ses préceptes , et par ses exemples. Dieu ne laisse pas aussi les vertus
de ce Prince sans récompense. Il lui donne dès cette vie des gages de
celle qu'il lui réserve dans l'autre. Il le couronne de prospérité , et
de gloire. Il prolonge li durée de son règne. Il en rend la trentième
année célèbre par cette cérémonie, où l'Univers sait éclater les marques
d'une joie publique; et où il est probable que les Anges entrent dans
les mêmes sentiments que les hommes. Dieu-même se réjouit comme un bon
Père de la piété de ses enfants, et accorde un long et heureux règne à
l'Empereur qui leur a enseigné les devoirs de cette piété. Il ne se
contente pas de l'avoir maintenu trente ans sur le trône. Il donne à son
Empire une durée qui n'a ni diminution ni accroissement. parce qu'elle
n'a ni commencement , ni fin. C'est une durée dont on ne saurait
découvrir le centre , et où l'on ne saurait marquer ni un tems présent,
ni un temps passé, ni un temps avenir. Le passé n'est plus , l'avenir
n'est pas encore. Le présent passe plus vite que la pensée. L'éternité
n'est point soumise au calcul des hommes. Elle ne relève que de Dieu , à
qui elle rend la gloire qu'elle a reçue de lui. Dieu la gouverne du haut
du Ciel. Il la tient non enchaînée avec une chaîne d'or comme disent les
Poètes, mais attachée à sa sagesse avec une chaîne invisible, et a placé
au milieu d'elle, les années , les mois , les jours et les nuits dans un
ordre qui a une beauté merveilleuse. L'éternité n'a d'elle-même aucunes
bornes. Elle s'étend à l'infini. Mais Dieu en a comme entrecoupé le
milieu par la distinction des temps. C'est comme une ligne droite qu'il
a divisée par plusieurs points. Il a mis les nombres dans son unité, et
lui a donné diverses formes au lieu qu'elle n'en avait aucune. Il a
247 produit produit
d'abord une matière informe qui devait recevoir toutes les substances.
Il a donné ensuite des qualités à la matière, et l'a embellie par le
nombre de deux , au lieu qu'elle n'avait auparavant nulle beauté. Par le
nombre de trois il a composé de matière et de forme un corps capable des
trois dimensions de la longueur , de la largeur, et de la profondeur.
Ayant ensuite doublé le nombre de deux, il a inventé les quatre
éléments, la terre, l'eau, l'air , et le feu comme des sources d'où
coulent tous les biens qui sont dans le monde. Au reste le nombre de
quatre produit celui de dix, car en ajoutant un, deux, trois, et quatre
ensemble, on trouve dix pour produit. Le nombre de dix étant multiplié
par celui de trois donne l'espace d'un mois. Douze mois mesurent le
cours du Soleil. Voila comment la suite des années et la révolution des
laitons ont embelli le tems pour la satisfaction, et le plaisir de ceux
à qui Dieu et il accorde la jouissance. Il a mis le temps au milieu de
l'éternité et a marqué des points dans ces vastes espaces comme les
bornes de la carrière où les Athlètes courent , comme les hôtelleries où
les voyageurs se reposent. Ce souverain Seigneur du monde à distingué
les parties du temps, en attribuant au jour l'éclat de la lumière, et à
la nuit l'obscurité des ténèbres, qui ne sont dissipées que par la
faible lueur des étoiles. Il a embelli le Ciel par le Soleil, par la
Lune, et par les Astres , comme un voile par une agréable diversité de
couleurs. Après avoir étendu l'air il l'a rempli des espèces si
différentes des oiseaux. Il a affermi là terre comme au milieu, et au
centre de l'Univers , et l'a entourée de l'Océan comme d'un vêtement
bleu. Il en a sait la demeure et tout ensemble, la mère et la nourrice
des animaux.. Il l'a arrosée des eaux dés pluies , et des fontaines. Il
l'a couverte de plantes , et de fleurs. Il y a formé l'homme à son
248 image. Il lui a inspiré
une âme intelligente, et raisonnable , capable de science et de sagesse,
et lui a donné le droit de commander aux animaux, qu'il n'avait faits
que pour sou usage. Ce n'est que pour la commodité de l'homme qu'il a
rendu la mer navigable , et la terre seconde. Il lui a donné un esprit
capable de discipline. Il lui a assujetti les animaux qui volent dans
l'air ,et qui nagent dans la mer. Il lui a permis de contempler le Ciel,
et de découvrir le mouvement et le cours des astres. Il lui a accordé à
lui-seul la connaissance de la Religion , et le droit de l'appeler son
Père , et de publier ses louanges.
CHAPITRE VI.
Outre tout ce que je viens de dire le
Créateur de l'Univers a partagé l'année en quatre saisons. L'hiver est
terminé par le primeras , qui bien qu'il commence l'année ne laisse pas
d'en être aussi comme le milieu, et de la tenir en quelque sorte
d'équilibre. L'été succède avec ses ardeurs à l'agréable température du
printemps. L'automne tempère les ardeurs de l'été et est comme destiné
au repos. Enfin l'hiver retourne après l'automne, engraisse la terre par
ses eaux , et la prépare aux fleurs du printemps. Le souverain Seigneur
de l'Univers ayant partagé de la sorte les siècles en quatre saisons
avec une sagesse admirable, en a confié le gouvernement à son Fils
unique. Celui-ci l'ayant accepte comme un héritage qui lui vient de la
bonté de son Père , unit par une merveilleuse harmonie toutes les pièces
qui sont renfermées au dessus et au dessous du Ciel. Il pourvoit avec un
soin non pareil aux nécessités des créatures raisonnables qui habitent
sur la terre. Il a mis des bornes à leur vie, et a voulu que cette vie
qui a des bornes, fut comme le passage à une autre qui n'en a point. Il
leur a enseigné qu'il y a un état heureux dont jouiront ceux qui s'en
seront rendus dignes par leur piété, comme il y a des supplices
249 préparés à ceux qui les
auront mérités par leurs crimes. Alors il distribuera les couronnes à
peu près de la même sorte qu'on les distribue aux Vainqueurs après les
combats. Il déclare dés maintenant que la plus magnifique de toutes les
récompenses est réservée à nôtre religieux Empereur, et il lui en donne
dés ici un gage par cette cérémonie qu'il lui permet de célébrer avec
tant de magnificence , et tant de pompe en cette année dont le nombre
est produit par la multiplication réciproque de celui de trois et de dix
, qui sont des nombres parfaits. Le nombre.de trois est le premier
produit de l'unité. L'unité est la mère de tous les nombres. Elle
préside aux mois, et aux années , au changement des saisons, et à la
révolution des siècles. Elle est le principe, et la base de la
multitude. Elle est stable, et fixe au même état. Au lieu que la
multitude croît, ou diminue par l'addition , ou pat la soustraction des
nombres , l'unité ne souffre aucun changement et ne reçoit ni
accroissement, ni diminution. Elle est l'image de cette substance
indivisible , et séparée de toutes les autres , et par la puissance de
laquelle subsiste tout l'Univers. L'unité produit tous les nombres en
ajoutant les uns aux autres , ou en les multipliant les uns parles
autres. On ne saurait concevoir le nombre sans l'unité, au lieu que
l'unité subsiste par elle-même, et indépendamment des nombres, qu'elle
est plus excellente qu'eux , qu'elle les sait, et n'est faite par aucun.
Le nombre de trois approche sort de la perfection de l'unité. Il ne peut
être divisé, et est le premier de tous les nombres composés du pair, et
de l'impair. Le nombre de deux qui est pair étant joint à l'unité, fait
le nombre de trois qui est le premier des impairs. Le nombre de
trois est le premier qui enseigne aux hommes la justice, et l'égalité
parce qu'il a un commencement parfaite-
250 ment égal au milieu , et
un milieu parfaitement égal à la fin. Il est une image sensible des
trois personnes Divines, dont la nature n'a ni commencement , ni
principe ; et est le principe et le commencement, la source et l'origine
de tous les êtres. Ainsi le nombre de trois peut être considéré avec
raison comme le commencement de toutes choses. Celui de dix est comme la
sin , il termine tout, il est parfait, et renferme toutes les espèces
des proportions et des nombres , tous les tons Se tous les accents de
l'harmonie. L'unité produit par addition le nombre de dix, et tourne
deux, trois, et quatre sois autour de lui jusques à ce que par dix
dizaines elle soit parvenue au nombre de cent. Ces dizaines sont
continuellement le même cercle et retournent sans cesse aux mêmes
bornes. Dix unités sont une dizaine. L'unité est dix fois dans le même
nombre de dix, qui est la fin , le terme , la borne, et la perfection de
l'unité : il est le terme qui arrête les nombres, et qui les empêche de
s'étendre, et il est la perfection de l'unité. Lorsque le nombre de
trois multiplie celui de dix, il produit celui de trente , qui est un
nombre sort naturel. Il tient le même rang parmi les dizaines , que le
nombre de trois parmi les unitez.il est la mesure et la règle du cours
que tient la plus éclatante des planètes après le Soleil. La Lune
emploie un mois composé de trente jours à parcourir l'espace qui s'étend
depuis le point, où elle se sépare du Soleil, jusques celui où elle s'y
rejoint. Quand elle a fourni cette carrière, elle se lève comme de
nouveau, et sait de nouveaux jours avec une nouvelle lumière. Elle est
parée de dix unités, de trois dizaines, et de dix ternaires , s'il est
permis d'user de ce terme. Le règne de notre victorieux Empereur, jouit
des mêmes avantages par la libéralité du souverain Seigneur de
l'univers. Il refleurit en nos jours , et prend
251 un nouveau commencement.
Il a rempli les trente années , s'étendra au de-là , Se servira d'asTurance
et de gage de la posTession du bonheur qui est promis dans un autre
sîéésc, où des millions d'Astres plus éclatans, sanscomparaison que Je
Soleil, brillent au-tour du souverain Empereur , par la splendeur qu'il
leur communique , où l'ame jouit dela vue d'une beauté incorruptible et
immortelle, où il n'y a point de douleur , Si où il n'y a que des
plaisîrs innocens , où le tems ,n'a point de bornes, et où il n'est
point mesuré par l'espace des jours, des mois et des années, où la durée
estégale à une vie qui n'a point de sin.
C'est un siecle où la lumiére n'est point répandue par le Soleil, par la
Lune , ni par les autres Astres, mais parle Verbe qui est Dieu, etSils
unique de nôtre Dieu et de nôtre Roi. C'est pour cela que la Théologie
mystique l'appele le Soleil dejuslice, et la lumiére des lumiéres. C'est
pour le même sujet que nous croions qu'il éclaire les puisTances
celestesparles raionsde sà justiceetde sasagesse, etqueiuivant
sespromesles, il reçoit les ames saimes, non dans la partie convéxe du
ciel visible, mais dans son sein. L'œil du corps n'a point vu, l'oreille
n'a point entendu, l'esprit entouré du corps n'a point connu ce qui est
préparé aux personnes de piété, comme à vous tresreligieux Empereur, qui
êtes le seul que Dieu ait choisi , pour purger la vie des hommes des
crimes dont elle étoit toute souillée, et à qui il ait montré le signe
de nôtre Rédemption,par la sorce duquel il a vaincu la mort, et triomphé
de ses ennemis. Vous avez opposé aux statues des démons ce monument de
vôtre victoire, ce sleau des Idoles , et vous avez domté l'orgueil des
barbares et des démons , qui sont une autre espéce 'd'ennemis barbares.
Comme nous ne siibsistons que par l'union de ch,y.
L 6 deux '•
deuxsubstances , dont l'une est corporelle etviiîble, l'autre
spirituelle et invisible, nous avons aussi à combattre deux sortes
d'ennemis , dont les uns sont visibla0et declarez ; et les autres
invisiblesetsecrets. Les premiers attaquent nos corps avec des armes
sensibles. Les seconds dressent des piéges à nos ames.par des machines
sort subtiles, et imperceptibles aux sens. Les ennemis quel'on voit,
sont des.peuples aussi sauvages et aulu sarouches que les bêtes , qui
sont irruption contre les nations civilise'es , et polies, qui ravagent
la campagne, désolent les Villes, et mettent tout à seu etàsang. Les
ennemis que l'on ne voit point, Se 'qui sont plus cruels que ceux que
l'on Toit, ce sont les démons qui corrompent l'esprit de l'homme, qui
remplirent l'air, et qui par les machines détestables de l'impiété , ont
réduit tous les peuples ibus leur tirannic, de sorte que ne connoislant
plus le vrai Dieu, et ne l'honorant non plus que s'il n'étoit point, ils
en ont introduit d'étrangers et d'imaginaires. C'est de cette source que
procéde l'erreur , qui leur a sait prendre la génération des corps, pour
une divinite7, et la corruption deces mêmes corps pour une autre
divinité contraire. Ils ont adoré sous le nom de Venus , cette premiére
divinité, qui préside à la naissance, 8c sous le nom de Pluton , la
seconde qui cause la mort et qui enléve les richcsses. Les hommes de ce
tems-là ont cru qu«la cause de la naissance étoit une divinité, parce
qu'ils ne connoissoieut point d'antre vie, que celle qui commence par
cette nai£sance corporelle et sensible. Us ont cru aussi que la cause de
la mort étoit une autre divinité, parce qu'ils se sont imaginez qu'il
n'y avoic rien au dela, et qu'ils n'ont pas porté plusloin leurs penséej.
ai leurs espérances. D'ailleurs la créance, ou ils mm été, qu'ils n'auroient
aucun comte à'rendre âpre* la destruction qwe la mort produit, leura
donne'
donne la licence de s'abandonner aux crimes les plus énormes, et de
commettre des abominations qui ne pourroient être expiées par mille
morts. Ils n'ont point eu Dieu devant les yeux. Ils ne Ce sont point
attendus àpatoltre à. son jugement ; ils n'ont reconnu que la mort pour
Juge, et dans la créance qu'elle détruit l'homme entier, ils l'ont
adorée comme une divinite' sort puislante et sort riche. Ils n'ont pas
tévéré la mort seule comme une divinite". Ils ont révéré avant elle et
plus prosondément qu'elle, tout ce qui pouvoir contribuer à leur rendre
la vie commode et agreable. Ils ont" pris pour un Dieu le plaisir du
corps , les alimens, les sruits des arbres , la bonne chérc, l'yvrognerie,
les cupiditez les plusgrossiéres, Scies plus charnelles. C'estde-làque
sont venus les mvstéres de Cerés et de Proserpine, l'enlévement dé
Proserpinc sait par Pluton , qui la ramena depuis , et la rendit. G'est
de-là que sont venus lesmystéres de Bacchus, où l'on célébre les
victoires qu'il remporta sur Hercule. C'est de-là que sont venus les
adulteres de Cupidon et de Venus, la patsîon surieuse que Jupiter avoit
pour les semmes, et pour Gauiméde, et toutes les autres sables qui
repreientent les Dieux comme d'insames eselaves de la volupte'. C'a
éte'par ces traits empoisonnez de l'impiéte' et de la superstition que
les cruels ennemis de Dieu , le souverain.des Empereurs, ont perce tous
les hommes , et les ont tellement asiujc ttis à leur injuste domination,
qu'ils les ont obligez' de consacrer leurs statues , et d'élever des
temples en leur honneur, dans toutes les parties du monde. Ceux qui
tenoicnt en ce tems-là la place des souverains croient si sort prévenus
de cette erreur , qu'ils sacnsioient leurs proches à ces saux Dieux,
qu'ils pouriuivoient à main armée les désenseurs de la vérité, qu'ils
saisoient la guerie non aux étrangers , mais à leurs amis, à leurs L 7
pareits
pareus et à leurs sreres, et ensin à tous ceux qui adoroient le vrai
Dieu, et qui lui rendoient le culte solide qui consiste dans la sainteté
des mœurs,et dans la piété. Voila comment ces Princes insensez ont
immolé aux démons , comme des victimes, des hommes qui étoient consacrez
au service du Seigneur et du Maître de tous les Princes. Ces illustres
témoins de la Religion , et ces généreux désenseurs de la piété se
couvrirent de la patience , et mêprisérent tous les gentes de mort. Us
se moquérent du ser, du seu , des clous , des dens des bêtes , des
abîmes de la mer, de la cruauté avec laquelle on leur coupa les membres
, on leur créva les yeux, on les laisla sans alimens, Se. on les accabla
de travail dans les mines. L'amour dont ils bruloient, pour leur Roi,
leur sit trouver'des délices dans ces tourmens. Les semmes sirent
paroître dans ces combats un courage égal à celui des hommes, et
remportérent descmblables victoires. Quelques-unes aiant été ménacées de
la prostitutiou, aimérent mieux perdre la vie, que la pudeur. Voila
comment les sidéles sujets du souverain Maître de l'Univers , sournirent
généreusement les attaques des Idolâtres. Cependantles démons qui sont
les ennemis du culte de Dieu , et du salut des hommes, prenoient un
singulier plaistr à voir répandre le sàngqui leur étoit ossert. Qu'étoit-il
jusïe, qu'étoit-il raiIbnnable que Dieu sit alors en saveur de ses
serviteurs opprimez ? Pouvoit il les abandonner 5 Un sage Pilote a-t-il
jamais manqué d'emploier toute son adresle pour sauver le vatlSeau qu'il
a entrepris de conduire? Un vaillant Général a-t-il jamais livré son
armée aux ennemis ? Un bon Sasteur a-t-il jamais négligé le soin d'une
brebis égarée? N'a-t-il pas mis le reste du troupeau en sureté,
etn'est-il pas allé aprés cela chercher la brebis, à desTein même de
combattre les bêtes les plus cruelles gui ' . - la la voudraient dévorer
? Nôtre Sasteur a conservé les ouailles raisounables. Nôtre Pilote
apreservé son vaisleau du nausrage. Nôtre Général a conserve son armée.
Il a secondé la valeur de ceux qui combattoient pour ses intérêts. Il a
loué leur zcleet leur constance. Il a distribuéune couronne immortelle à
ceux qui sont morts pour son service, et les a placez parmi les Anges.
Il a retenu les autres pendant quelque tems sur la terre , asin qu'ils y
servislent comme d'une semence pour saire revivre la piété, Si qu'aprés
avoir été spectatcurs du châtiment des impies , ils en puslent aussi eue
témoins. Quand il lui a plu d'étendre son bras , et de se venger de ses
ennemis, il les a srappez avec une main m visible , et les a contraints
de revoquer solennellement leurs édits, et de renoncer à l'impiété. Il a
élevé au même tems ceux qui croient abbaislez, et a opéré la plupart de
ces merveilles par le ministére de son scrviteur. La piété de nôtre
Empereur lui sait recevoir avec joie ce titre de serviteur de Dieu. Il
l'a opposé stul à ses ennemis, et l'a sait triompher seul de toutes
leurs sorces. Ils étoient en grand nombre, parce qu'ils ctoieat les amis
des démons , qui sont aussi en grand nombre. Ou plutôt ils n'étoient
rien deslors , puisqu'ils ne sout rien maintenant, et qu'ils ne
paroissent plus. Nôtre Empereur que nôtre Dieu a établi, demeure seul
comme sa. sidéle image. Les tirans qui ne connoislbient point Dieu, ont
enlevé les pçrsonnes de piété par les meurtres les plus cruels et les
plus barbares. L'Empereur, à l'imitation du Sauveur, aconservéles
titans-mêmes, et leur a euseigné la douceur , et la piété. Il a vaincu
les deux sortes d'ennemis , que jai dit que nous avions à combattre. Il
a vaincu les hommes les plus barbares, en les dépouillant de leurs mœurs
sarouches, et en les accoutumant à une maniére de vivre consorme à la
raisou , et aux
loix. loi*. Et il a vaincu les demons, qui sont les ennemis invisibles,
en~ rendant leur désaite toute publique, Si. eji publiant les
avantages<]ue le Sauveur avoit remportez sur eux. Il y along-tems que ce
Sauveur commun de tous les hommes , a désait invisiblement ces esprits
in?isîbles. Mais l'Empereur les a poursuivis comme son mimïtre, et a
partagé leurs dépouilles entre sts-soldats.
L'Empereur aùnt remarqué que le peuple qui - n'a que l'ignorance en
partage, regardoic avec une crainte respectueuse, ces statues d'or et
d'argent que la superstition avoit sabriquées , crue les devoir ôter
comme des piéges, qui avoient été dresTez à desTein de saire tomber ceux
qui marchent dans un lieu obscur. Il n'eut pas besoin pour ce deslein de
la puisTance de tes armées. Il n'emploia qu'un ou deux de ses-domesiiques-.qu'ilenvoia
dans les Provinces. Ils y. allérent-, presque seuls, et sans autre sorce
qae celle qu'ils tiraient du zele de l'Empereur, et de leur propre
piété. Ils paslstent au travers des peuples Idolâtres. Ils pénétrérent
les retraites les plus sccréres que l'erreur eut aux Villes ou à la
campagne. Ilsobligérent les Prêtres des Idoles à les tirer des lieux ,
ou ils les avoient cachées. Ce qu'ils ne purent saire làns attirer les
railleries de tout le monde. Us ôtérent ensuite à ces statues les
ornemens, dont elles étoientdéguisises, eten découvrirent toute la
laideur. Ensin les aianc sait sondre, ils mirent à part la matiére la
plus riche etJaplus unie , et laJTérent le reste aux Paiens, comme pour
leur reprocher la vanité de-leur superstition. Au même tems que l'on
sondoit ces statues d'or, et d'argent, l'Empereur sit enlever celles qui
n'ctoieat que decuivre et debronze , et entraîner comme Jes captiss ces
Dieux de la Gréce, autresois si sort Tantezparles sables. L'Empereur
chercha ensuite s'il y avoit quelque reste de il superstition parenne.
Couinat Comme vn aigle découvre du haut du ciel ce qui le sait sur la
terre , il découvrit de sou Palais un piége qui avoit éié dresle en
Phénicie pour saire misérablement périr les ames. C'étoit un bois et un
temple coniàcré à l'honneur d'un insame demon Ibus le nom de Venus, non
dans une place publique, pour servir d'ornement à une grande Ville, mais
en un endroit du mont Liban. Onytenoit une école ouverte d'impudicité.
Il y avoit des hommes qui renoncant à la dignité de leur séxe, s'y
prostituoient comme des semmes , et qui croioient se rendre la divinite
propice par l'insamie de cette monstiueuse corruption. C'etoit un lieu
privilégié pour commettre impunément l'adultére , et d'autres
abominations. Personne u'ea pouvoit arrêter le cours, puisque persoune
ne pouvoir entrer en ce lieu-là, pour peu qu'il eut d'honnêteté et de
retenue. L'Empereur en aiant eu connoi sTance, jugea que ce temple ne
méritoit pas d'être éclairé des raions du Soleil, et commanda qu'il sut
démoli avec les statues et les ornemens. Cét ordre sut exécuté à l'heute-même
par dessoldats, etceuxqui avoientété autre-sois les plus adonnez à la
débauche.changérent de mœurs, de peur d'être châtiez avec la rigueur
dontl'Lmpereur les menacoit. Ce Prince arracha de la sorte à la malice
le masque, dont elle (c couvroit pour tromper les simples, et publia
hautement la gloire dn Sauveur. Les Idoles demeurérent sans appui. Il
n'y eut ni Dieu, ni Démon, ni Devin, ni Prêtre qui entreprît de les
protéger. La lumiére de la soi avoit dissipé les ténébres tîu
paganisme,et il n'y avoit plus personne qui ne condamnât l'aveuglement
de ses ancêtres, et qui nes'estimât sort heureux d'en avoir été délivré.
Les ennemis visibles et invisibles aiant été ainsl vaincus par la sorce
que l'Empereur avoit reçue'du Ciel, l'Univers commença àjoiiir d'une
tres-prosoude paix.
On
On ne vit plus de guerres non plus que de Dieux. Il n'y eut plus de sang
répandu, comme il y en avoit eu pendant que la superstiticm étoit en
vigueur.
chlP- Comparons l'etat present de nos assaires avec le *' pasTé , et
reconuoislbns l'heureux changement qui est survenu. Autresois il n'y
avoit point de Ville qui n'eut des bois, et des temples consacrez en
l'honneur des Dieux , Si qui n'eut soin de parer et d'enrichir ces
temples de divers ornemens. Ceux qui avoiem entre les mains l'autorite'
souvelaine , prenoient un grand soin du culte des Dieux. Les peuples les
honoroient en public et en particulier ; dans les temples , et dans
leur» jnaisons. Us ont eu pour récompense de^leut sausle piété, non la
paix , dont nous goutons maintenant les sruits , mais des divisions
domestiques et des guerres civiles qui ont souillé leurs mains du sang
de leurs proches. Ceux qui étoient reconnus pour des Dieux ,
prometroient aux Princes, de leur découvrir l'avenir. Mais la preuve
convainquante de la sausleté de leurs promet ses, et de l'imposture de
leurs prédictions,' est qu'ils n'ont pu prédire leur propre raine.
Jamais aucun de ces Oracles si vantez par l'antiquité , a-til prédit l'avénement
du Sauveur, et la prédication, par laquelle il devoitinstruire les
hommes de la divinité de son Pere ? Jamais l'Oracle d'Apollon , ou de
quelqu'autre démon a-t il prédit qu'il seroit abandonné ? Jamais a-t-il
nommé celui qui lui imposeroit un jour silence ? Quel Devin a prévu que
le culte des Dieux scroit aboli parle culte d'un nouveau Dieu , que la
Religion Chrétienne seroit embrasle'e par toutes les nations ; que les
Idoles seroient reuversées par nôtre saint et pieux Prince et des
trophées érigez sur leurs débris ? Y a-t-il eu quelque Héros qui ait
prédit que ses statu.es seroion sondues , et que la ma
tiére en seroit emploiée à un usage avantageux à la société civile ? Y
a-t-il jamais eu quelque Die» qui ait dit que ses statnes seroient
coupees en lames ? Où e'toient leurs protecteurs, lorsque des mains
aussi soibles que celles des hommes , ont abbatu les monumens qui
avoient eté élevez à leur gloire ? Où. sont ces esprits inquiets qui
allumoient autresois le seu de la guerre , et qui voient maintenant
leurs vainqueurs joiiir de la paix? Où sont les hommes qui avoient mis
en eux leur consiants ? Où sont ceux qui aprés avoir porté la
superstitionjusques au dernier excés, et avoir pris les armes contre les
désenseurs de la vérité, sont péris miserablement î Où sont les Géans
qui avoient eu l'insolence de déclarer la guerre à Dieu ? Ou sont les
dragons qui éguisoient leurs langues contre le souverain Maître de
l'univers ? Ces ennemis déclarez du Seigneur absolu des Empereurs ont
misespérancedans la multitude des Dieux, ont marché à la tête de leurs
armées qui sembLoient être innombrables, et ont porté pour enseignes les
images des morts. Mais nôtre Empereur s'étant couvert de la cuirasle de
la piété, et aiant opposé à Ces ennemis le signe de nôtre salut, a
désait les impies et les démons. Il a reconnu à l'heuremême la grace que
Dieu lui avoit saite de savorisèr ses armes , et lui a rendu la gloire
de sa-victoire. Il a érigé au milieu de sa capitale l'Etendart, j,ar la
sorce duquel il l'a remportée , et a ordonné a ses sujets de le regarder
comme le boulevart de l'Empire. Il a plus particuliérement donné ces
préceptes aux gens de guerre qu'aux autres. Il leur a enseigné à mettre
leur espérance non dans la coustitution de leur corps, ni dans la sorce
de leurs armes, mais dans la protection de Dieu , qui est l'Auteur de
tous les biens et le dispensateur de lavictoire. Cequejevai ajouter ,
est encore plus merveilleux , et pourrait paraître incroiable.
C'est
C'est qu'il leur a preserit la méthode de prier,qu'is leur aapprisà
lever les y.eux au Ciel, Se à porter leuresprit jusquesà Dieu, pour
l'invoquer comme le Dieu des armées, comme l'arbitre des combats , comme
le protecteur etledésensèurdeceux qui le servent. Il leur a marquéle
jour qui est le premier de tous les autres, qui est le jour delalumiére
et de la vie, de la resurrectionS: de l'immortalité, du Seigneur et du
salut, comme un jour particuliérement destiné à l'exercice de la priére,
Il a observé lui-même la loi qu'il leur a imposee. Il a sait de son
Palais une Egliie où il adore le Sauveur, et où il Ce nourrit des
véritez de l'Ecriture. 11 a choisi pour ses- principaux O/H«iers des
hommes consacrez au service de Dieu , Se lecommandables par la pureté de
leurs mœurs , 8c par réminence de leur piéte'. Il révérc ce sigue
denôtre redemption , ce trophée de ses victoires , se monument de la
désaite de ses ennemis, par ccqu'il en a éprouvé la puisTance. Il a vu
sès ennemis mis en déroute, et les armées invisibles des dérnons
dilsipées par. la sorce toute-puislante de ce signe. II a vu l'insolencc
de ceux qui avoient déclaré la guerre à Dieu réprimée , la bouche des
impies sermée , la calomnie consondue, Jes barbares domtez, la sourberie
découverte , la superstition abolie. Pour témoingner saréconnoiPsànce de
ces bien-saits, il a e'ievé des arcs de triomphe par toute la terre. Il
a bâti deîtemples avec une magnisicence convenable à un grand Prince, et
a commandé de construire des Oratoires. Les villes et les Provinces ont
vu élever en tres-peu de rems des Ouvrages , qui ont publié la
libéralité de li'Empereur, et l'impiété des tirans. Il n'y a pas
long-tems que comme des chiens surieux, ils déchargérent siar des
édisices quin'avoient point de sentiment, la rage qu'ils ne pouvoient
déchargersur Dieurmême, qu'ils rumérent-de sond en comble ble des
lieuxconiacrezàla priére, et sirent voir dans la cruauté de ces
destructions l'image d'une Ville abandonnee au pillage. L'msolence
qu'ils ont eue de preaidre les armes contre Dieu, a été suivie d'un
promt châtiment. Us ont été emportez par un tourbillon, sans qu'il soit
restéaucu» vestige d'eux. Bien qu'ils susTent en grand nombre, ils ont
tous été exterminez par la justice divine. Nôtre Empereur qui avoit
marché seul contre (es ennemis à la saveur du sigue de nôtre salut, ou
plutôt qui n'avoit pas marené seul, puisqu'ii ctoit soutemi par le
maître des Empereurs, a éleve bien-tôt aprés dans la Ville de ion nom ,
dans la capi taie de Bithynie, et dans plusieurs autres , des Eglises
plus magnisiques que celles qui avoient été démolies. Il choisit entre
toutes les villes d'Orient, Jérusalem et Antioche, pour y consacrer les
plus illustres monumens de sa magnisicence Se de sa piété. Il entreprit
d'élever dans Antioche comme dans la Métropole , un Ouvrage d'une
structure toute smguliére, soit que l'oli en considére l'étendue ou la
beauté. C'est une Eglise d'une vaste enceinte, et d'une prodigieuse
hauteur, qui a huit cotez , qui est accompagnée de divers appartemens,
et entichie de touslesornemensde l'art. Ilsitsonstruireau milieu de la
Ville, qui ctoit autresois la capitale de la Palestinc et du roiaume des
Juiss.à l'endroit du saint Sépulere une Eglise tres-belle et tres-riche
, en l'honneur de la croir. Il n'y a point de langage qui puisse
exprimer la diversité ni l'excellence des ornemens, dont il honora ce
monument delavicroire remportée par le Sauveur sur la mort. Il choisit
outre cela trois cavernes, qui avoient été honorées par l'accomplisTemeni
des plus grands mystéres, pour y construirc trois autres Eglises. La
premiére est celle où le Sauveur parut sur la terre , revêtu d'un corps
moi tel. La seconde est celle d'où il disparut
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en montant au Ciel, et la troisicme celle où il donna des combats , et
remporta des victoires. En honorant ces trois lieux pa. la dedicace de
la consécration de trois Eglitès, il a excite cous les peuples à
reconnoître et à révérer le sigue de la rédemption. Il trouve aussi dans
les honneurs qu'il rend à ce glorieux trophée la récompensè de sa vertu
, l'aggrandislement de sa. samille, l'assèrmislement de son trône, la
prolongation de son régne , la promette et l'aslurance d'une heureuse
postérité, et d'une longue suite de décendans. La grandeur de la
puislance du Dieu que nôtre Empereur adore paroît dans la souveraine
equité avec laquelle il distribue les châtimens, et les récompenses.
L'impiété de ceux qui ont démoli les Eglises a été suivie d'un promt
châtiment. Ils sont morts sans cnsaus, sans posterité, sàns succesleurs.
Mais nôtre Empereur qui laisTe par toute la terre des marques de son
assection , et de son zele au service du souverain maître de l'Univers ,
qui éléve des temples en son honneur, et qui parc ces temples avec tous
les ornemens de la nature et de l'art,qui le montre et le prêche à tous
les peuples , est visiblement savorite de sa protection.
Voila comment la puislance de nôtre Dieu a été
manisestéeparlesignesalutairedelaRédcmption. Ceux qui sout instruits des
mystéres de nôtre Religion saveur, combien on peut dire de choscs sur ce
sujet. Ce que l'on peut dire de cét Etendart de nôtre salut est en esset
merveilleux, et ce que l'on en peut penserl'est encore plus. Dés qu'il a
paru sur la terre, il a découvert la saussetédeceque l'onavoit publié
depuis plusîeurssiécles touchant ,la nature des Dieux. Il a enseseli
l'erreur dans l'oubli, et dans les ténébres 11 a éclairé les esprits
taisonnables par une lumiére spintueUe en leur montrant le vrai Dieu. Il
n'y a personne qui
ne ne change de sentiment, et qui ne mêprise les idoles , qui ue soule
aux piés les cérémonies impics des démons, qui ne se moque de l'erreur
Si de l'aveuglement de ses-ancécres. On court en soule à des
tcosespubl.ques, où l'on enseigne les préceptes de la soi. On ne regarde
plus des créaturei corporelles avec une crainte religieuse. On ne léve
plus les yeux au Ciel pour y voir avec étonnement le Soleil, laLune,
etlesAstres. Onportc les yeux de l'esprit jusques à celui qui est au
desl'us du Ciel, et qui ne peut être vu par les sens , on le reconnok
pour l'Auteur de l'Univers, et on cousesse qu'il me'riteseul les
hommages, et les adorations des hommes. Ce merveilleux sigue nous a
produit tous ces avantages. Il nous a délivré des maux que nous
soussrions , et nous a procuré les biens dont nous étions privez. La
tempérancc , et la piété sont préchées à toutes les Nations, et
l'Empereur s'aquite lui-même de ce ministére. II éléve sa voix comme l'interpréte
ou comme le héraut du sbuverain Seigneur du .monde . pour exhorter tous
sessujets à le reconnoître , et à l'adorer. On ne voit plus comme
autresois des impies célébrer dans son Palais les mystéres de l'ancienne
superstition. On n'y voit que des Evêques, et des Prêtres qui y chantent
les louanges de Dieu. Le nom de ce Dieu qui a sèul créé l'Univers cs t
annoncé à tous les peuples, et l'Evangile par lequel il promet de leur
être savorable se repand par toute la terre. Les hommes mêlent leur voix
à celle des Anges pour l'honorer, et se servent de leur corps comme d'un
instrument de musïque pour sormer un concert à sa louange. Les nations
d'Occident reçoivent sa doctrine avec le même zele que celles d'Orient.
Le Septentrion s'accorde parsaitement avec le Midi pour sc souaiettre à
'es loix , pour célébrer sa grandeur. pour conse lier lenom du Sauveur
Ion Sils unique, et pour té
moigner la joie qu'il a de relever de la puislance Je nôtre Empereur, et
des Princes ses ensans. Cét Empereur tient le gouvernail de l'Etat,
comme un habile l'ilote, et conduit heureusemeut son vaislcauau port, à
la saveur du vent qui le pousse. Le souverain des Empereurs lui tend la
main du haut du Ciel, lui donne la victoire sur ses ennemis , étend la
duree de son régne, lui promet pour l'autre vie, des saveurs plus
solides que celles de la vie presente , et lui donne des gages de ses
promesles. Il saut attendre un autre teins pour parler de ces promettes
parce que ni les yeux , ni les oreilles du corps ne peuvent sentir les
dons de Dieu.
Ciiap. Permettez-moi maintenant, victorieux Empe"• reur , de vous
expliquer les mystéres de Dieu dans ce discours que j'ai consacréà sa
gloire. Ce n'esb pas que j'aie la présomptiou de vous instruire , parce
que je sai que Dieu même vous a instruit. Jen'entreprenspasdevous
enseigner des véritez qui vous ont été révélées non par des hommes,
niparunhomme, mais par le Sauveur commun de tous les hommes qui vous est
souvent apparu. J'ai seulement deslein de presenter la lumiére à ceux
qui sont dans les ténébres , de montrer les rares essets de vôtre piété
à ceux qui n'eu ont point de connoislance. Il n'y a personne qui ne
sache les grandes entreprises que vous avez heureusement exécutées pour
le service de Dieu dans toute l'étendue de l'Univers. Mais tout le monde
n'est pas insormé de la magnisicence des monumens que vôtre
reconnoislance a élevez en l'honneur du Sauveur dans nôtre païs , et au
milieu de la Ville d'où les ruilîeaux de la soi ont commencé à couler
pour arroser toute la terre. Plusieurs ignorent la piété des motiss qui
vous ont porté à eriger des trophées pour cousèrver la mémoire des
vietoires remportees par le Sils de Dieu sur la
mort. mort. Ceux qui sont éclairez des lumiéres de l'Elprit saint ne
sauroient se lasler d'admirer et de louer la serveur de vôtre zele. Mais
ceux qui n'ont aucun gout des choses de Dieu , se moquent Je vos
dei'leins et s'étonnent qu'un aussi grand Prince que vous Ce soit
abbaislé jusquesàorner, et embellir des tombeaux qui sembleut n'être
deilinez qu'à rensermer une corruption qui sait horreur à la nature. Ne
seroit-il pas plus à propos , disent-ils , d'observer religieusement les
anciennes coutumes, et de révérer les Dieux et les demi-Dieux qui ont
écé reconnus dans chaque Province depuis une longue saite d'années ? N'estil
pas injuste de les mépriser sous prétexte qu'ils sont su jets à des
soiblelles, et à des miséres ? Ces soibleises-là doivent exciter à les
honorer aussi bien que celui que l^on honore sous le nom de Sils de
Dieu, ou Ci l'on persille à les rejetter, il le saut rejetter aussi bien
qu'eux. Voila ce que quelqu'un d'entre ceux dont je parle , diri en
sronçant les sournis, et en assectant par une vamté qui n'est sondée que
sur des paroles, de paroître beaucoup plus éclairé que les autres.
Cependant le Verbe du Pere de la miséncor<l e a la bonté de lui
pardonner l'on ignorance , de la pardonner au lli à tous les autres qui
s'éloignent comme celui-là , du chemin de la vérité , d'inviter les
Grecs et les Barbares , les savans et les ignorans, les riches et les
pauvres, les maitres et les esclaves , les princes Se les sujets , ensin
(es plas injustes , les plus impies, Si les plus criminels à entrer dans
les écoles qu'il a établies aux Villes et à la Campagne , aux lieux les
plus srequentez, et aux lieux les plus deserts, et d'y écouter les divms
enseignemens de la siencc du salut. 11 y a déja long tems qu'il promet à
tous les hommes d'oublier leurs crimes, et qu'il leur crie à haute voix
, Sénez à moi vont tous tjui êtes S travaillez, et qui êtes chargez , et
je vaut soulaTvthl.Part.II . ' M gerai nement ces merveilles de l'art,
et qui ne conçoivent aucune estime, ni ne sorment aucune peu sce qui
soit avantageuse àla réputation de l'Architecte et des ouvriers auxquels
appartient toute la gloire de ces ouvrages. Ceux qui ne regarderaient
qu'une lyre, et les sept cordes qui sèrvent à en composer l'harmonie
làns élever leur pensée jusques à celui qui a inventé un si bel
instniment sembleroientauslï simples , et aussi ignorons que des ensans.
Il saudrait mettre au même rang ceux qui au lieu de presènter des
couronnes au Général aprés une victoire qu'il aurait remportée
lespresenteroient à un bouclier, ou à une lance ; ou ceux qui au lieu de
rendre les temoignages de leurs re~ spects à un Prince qui auroit sondé
une Ville, les rendraient à la Ville même , et aux pierres insensibles
dont ses Temples , ses Palais , ses Col léges , les Bains , et ses
autres édisices publics scroient tomposez. Ainsi ceux qui voient le
monde sènsible , bien loin d'en attribuer la production au Soleil, à la
Lune , ou à quelque caiise qui soie sous le Ciel, doivent avouer qu'il
est l'ouvrage de la sagesle éternelle , la regarder de l'œil de l'esprir,
la révérer par présérance à toutes choiès. Jamais personnen'a regardé la
tête ou les yeux , les piez ou les mains d'un homme savant et habile
avec les mêmes sentimens d'estime et de vénération. avec Iesqucls il a
regardé son habileté et sa sursisance. Jamais il n'a admiré ses habits,
ni ses meubles , comme s'ils avoient eu quelque part à sa sagesle. Ainsi
nous admirons, et nous honorons au dessus de toutes les choies
corporelles et visibles le Verbe invisible qui les a créées, et qui les
gouverne. Le Pere qui l'a produit de soi-même, l'a U y, établi en
qualité de Prince, et de ches de l'Uni "."' vers. La distancc qui est
entre la grandeur du droit Pere et les créatures sensibles ou
raisonnables les A" empêche de s'approcher de lui. Comme il n'a prcsM i
point Co1"
gerai. Ce sont les pecheurs , et non pas les jnstes
que je suis venu appeler à la pénitence. Il en rend
la raison quand il ajoute , Ce ne sont pus 1rs sains,
mais les malades qui ont besoin de Médecin. \\ dit
l2.ec. en un autre endroit, Je ne souhaite pas Is mort
£- l8' du pécheur, mats je souhaite sa pénitence.
Voila poutquoi il n'y-a que ceux quioatétéappclez à nôtre sainte
Religion , Se qui en ont appris les divins mystéres , qui puissent juger
lainement de l'application avec laquelle l'Empereur a travaillé aux
ouvrage* dont je parle, et reconnoîtie que ce n'a eté que par
l'inspiration de Dieu , qu'il tient à honneur de servir, qu'il a
entrepris, et achevé ces édisices. J'explique d'autant p/as volontiers,
tres-religieux Empereur, l'intention par laquelle vous-vous
éiesportéàcesactionsde piété, que je suis pcrsuadésluevousn'aurez-pas ,dcsagréable
que je sois l'interprcte de vos pensées. )e publierai donc ce que
personne ne doit ignorer. Je representerai la grandeur de la puislance
de nôtre Sauveur qui étant plus ancien que le monde , et tjui i'aiant
toujours gouverné depuis qu'il l'a tiré du néant n'a paru que depuis peu
de tems parmi nous. Je dirai les rai sons pour lesquelles il a bien
voulu se revêtir d'un corps mortel, et se soumetre à la rigueur de la
mort ; je dirai aullî ce qui l'a obligé à sortir du tombeau, et à
triompher de la corruption , et je n'avancerai rien touchant ces
mystéres si sublimes , que je n'appuie sur des preuves convamquantes.
Commençons :
Ceux qui rendent aux créatures le culte qui n'est <3u qu'au Créateur, et
qui désérent des honneurs divins au Soleil, à la Lune, aux Astres> au
seu, à l'air, à la terre , à la mer et aux élémens qui n'ont reçu l'être
que par un criet de la puislance du Verbe, ressemblent à ceux qui ad
mirent l'architecture, lasculpture, la peinture , et les autres ornemens
d'un Palais, qui regardent avec éton
nemenc
[ocr errors]
!cm- PoH,t été engendré ri polîéde des perseetions qai Mcnt ne peuvent
éire expliquées. ll demeure selon le «on" témoignagede l'Ecriture au
milieu d'une lumiére, mes" à à laquelle il n'y a nul accez. Voila
pourquoi il a !'«•- mis la puislance divine de s on Sils entre lui,
etles ""_ Ct .'attires. Elle est tres-proche de l'on Pere, elle »«s.
habite au dedans de lui, et pénétre tous sessecrets. Et en même tems
elle décend avec une bonté nonpareille jusques aux êtres les plus t.
loignez de l'élévation , et de la maje-ste .du Pere. Il n'y avoit point
d'apparence de joindre le Pere aune matiére corruptible. Ainsi le
Silss'eltmêlcavec le monde pour le gouverner par sa puislànce Divine. Il
est atsé de produire des preuves convainquantes de ce que j'avance. Si
les principales parties de l'Univers, la terre, l'eau, l'air ,et le seu.
que nous comprenons sous le nom d'clemens. et «jsti sont privées de
railbn, comme il est aise de le reconnoître , en les regardant , n'ont
qu'une matiére commune que ceux qui ù•sent les secrets de la nature
appelent le réceptacle, la mere, et la nourrice de tous les corps ; !)
elles n'ont ni ame, ni connoisiance, ni sigure , ni beauté, d'où cette
beauté leur est-clle venue l Comment ces élémens se sont-ils teparez ?
Comment est-ce qu'aiant des qualitez si contraires ili ne taillent pas
de s'accorder, et de concourir à l'ornement du monde ? Qui est-ce
quiacommaa<léque la sluidité de l'eau soutînt lapésanteui de la terre ?
Qui est-ce qui a rensermé dans les ruie's qui sont au haut de l'air, des
eaux qui d'elles-mêmes décendent toujours Se tendent vers les lieux les
plus bas ? Qui est-ce qui a attaché le seu au bois, et aux autres
matiéres qui semblent être.d'une nature toute oppolee à la sienne ?
Quiest-ccquia accordé la chaleur, avec la sroideur de l'air ? Qui cst-ce
qui a inventé la multiplication par laquelle les hommes Ce coulerveut Si
se rendent eu quel'
«|ue sorte immortels , bien qu'ils sbient sujets à la mort ? Qui est-ce
qui a sormé les deux séxes , et qui les a joints ensemble , pour n'en
saire qu'un principe de la ge*u ration de leur elpéce ? Qui estce qui a
mis une sourcede viedanS'lesièmences qui semblent ne procéder que de la
corruption ? Qui est ce qui a produit, et qui produit encore châque jour
ces essèts qui sont plus admirables qu'on ne les peut admirer ? Qui est
ce qui disoose à châque moment par une venuinvisible, le changement
continuel-qui renouvelle la nature? Ces miracles si surprenans ne
peuvent sàns doute étre attribuez qu'à la puislance insinie du Verbe,
qui s'étant mêlé dans toutes les parties de l'univers, et s'étant étendu
en haut et en bas , d'une maniéicspirituelle et invisible, les a rangées
dans l'ordre où nous les voyons. Il s'est sait un instrument d'une
merveilleusc harmonie , et a touché avec raison et lagesle la matiére
qui d'elle-même n'a ni raison ni sagesse, ni sorme, ni beauté.
IladiCposé de telle sorte le soleil, la Lune , les étoiles Se les autres
astres qui brillent datas le Ciel, que leur lumiére-, et leurs
insluences procurent de grandes commoditez au monde-insérieur. Le même
Ver/be s'étant répandu sur la sursace de la terre y a produit les
espéces si dissérentes des plantes et des animaux, et étant aussi
décendu jusques à la mer il a sait les poislons. II sorme les petisdans
le seia des meres comme dans la boutique de la nature. Il éléveTeau
malgré sa pésanteur naturelle. Il l'adoucit dans les nues comme dans
uuTilambic. Il la verse aprés cela sur la terre, la distribue par divers
canaux comme un prudent Jardinier, et la mêle par un si juste
tempérament avec la pouslïére, qu'il en tire la diversité des couleurs
qui cmaillent les prairies, des odeurs qui nous récréent, etdes sruits
qui nous nourrislent. Mais pourquoi est-ce gue. j'entreprens d'expliquer
la grandeur de. la M 5 poispuislance du Verbe , pui squ'elle est msini
ment au detins, non seulement de nos paroles , mais de nos pensees ?
Quelques-uns l'ont /appelé la Nature de l'Univers , d'autres l'Ame du
monde , d'autres la dcstmée. D'autres ont allure qu'il étoit un Dieu
insiniment cle vé au deslus de toutes ces choses J'avoue que je ne
comprens pas comment l'esprit humain a été capable de concevoir sur le
même sujet des idées si opposees. Comment il a consondu des choies si
eloignees les unes des autres. Comment il a mêlé avec la corruption de
la matiére , une nature qui n'a point de commencement , comment il l'a
placée comme au milieu entre les animaux qui ont la raison, et ceux qui
ne l'ont point; entre les substar-ces sujettes. à la mort, et celles qui
en sont exemtes. . Voila les scntimens où ont esté les hommes dont je
parle. Mais selon h doctrine qui nous a, été revélee de Dieu , il sauc
tenir pour certain que le sou verain bien qui est le principe de tous
les biens est au deslus de nos pensëes, et que nulle parole ne le peut
exprimer. Il n'est rensermé dans aucun lieu. Il n'est resèrré ni dans
les corps terrestres, ni dans le Ciel, ni dans l'air. Il est hors de
toutes ces choses , comme caché dans son propre sein. L'Ecriture nous
enseigne qu'il doit être reconnu pour l'unique Dieu, dégagé de la
matiére. C'est pourquoi, on dit que toutes choies ont été saites de lui,
et non pas par lui. Il est comme un Empereur dans son Palais, au milieu
d'une lumière inaccetsible , d'où il donne les ordres qu'il lui plait.
Tout ce qui est produit, est produit parce qu'il le veut, et ce qui
n'est pas pro^ duit, n'est pas produit, parce qu'il ne le veut pas. Il
veut toujours le bien, parcequ'ilestlesouverain bien , de soi-même. Le
Verbe sorrant du sein de son Pere , comme d'une source vastc et immense
, sc répand comme un large sleuve sor
toutes
toutes les créatures. L'esprit humain dont perspnne n'a jamais connu la
substance, est comme un Prince au dc-dùnv de nous-mêmes , où il ordonne
«e quenovis ievons saire. Aiasi le Verbe et le Sils unique de Dieu sort
du sein de (on Pere , ou il a cic engendré d'une maniére que nul ne peut
exprimer, déclare (es pensées , et exécute sis dessèins. L'usage de la
parole cil extrêmement utile aux hommes. Cette,parole srappe les
oreilles, mais l'esprit qui la produit, ne peut être vu. La tres-parsaite
parole de Dieu , qui est le souverain Seigneur de l'Umvers , n'est point
sorméeparle Bîoqvemem'des lévres ,et par l'agitation de l'air.
Ellenecousiste point en syllabes, mais elle est vivante et essicace.
Elle subsîste personnellement. Elle procéde de la Divinité et de la
Roiauté du Pere , et elle esl: sa puisTance Si sa sagesle. Elle est ' la
bonne production d'un bon Pere. Elle conser-r vegén<sr aie oient toutes
les créatures-, se répan4 au milieu de toutes, les éclaire par sa
lumiére , les conduit par sa railon, les anime rarsavic ,5c le
communique non seulement à celles qui sont proches , mais à celles qui
sontéloignéss : non leulement à celles qui sont séparées de uous , par
la vaste étendue des terres et: de» mers , mais auûT à celles qui sont
dans une autre sphere que celle que nous .habitons> 11 leur a assigne à
toutes des places , preserit des bornes y et imposë des loix avec une
parsaite équité , et une souveraine puissànce. Il a mis les unes au
desliis du Ciel,les autres dans l'air , et les autres sur la terre. 11
transsere quelquesois les hommes d'un lieu à un autre, examine leurs
actions et les punitoules récompense avec une tres-exatte justice. Il
sournit des vivres en abondance et aux hommes, et aux animaux quiHèrvent
à l'uetge des hommes -, 11 n'accorde à ceux ciquelajouislance d'une vie
sort courte , au. lieu qu'il communique aux autres l'iroortalitç', M 4
Ensin Ensin il exécute et consomme-tout comme le Verbe Eternel et insini.
Il est prelent en tous lieux par (on immensité, Si se répand par son
operation continuelle dans toutes les parties de l'Univers. Il a les
yeux sixement arrêtez sur son Pere pour recevoir les ordres par lesqueH
il:gouveme les creatures inserieures qui ont été produites depuis lui.
Il est comme le milieu entre les Publiantes qui ont en un commencement,
et lé Pere qui n'a point éte^ engendré. Il est te nœud qui unit ces deux
termes sie/oignez, Se qui'empêchequ'ils ne Ce separent. Il-estla
providence qui veillé sur tbur, et qui a soin de tout. H est la
puislànce et la sagesle de Dieu. 11 est le Sils unique de Dieu, et le
Verbe
[graphic]
Uau' c'ui Proce^e de Dieu, c^su commencement étoit le.
ik.*". Verbe, CT le Verbe étoit en Dieu, et le Verbe étoit Dieu. Toutes
choses ont été saites par lui, et rien n'a été suit sanr lui. Comme
disent les Théologiens. Il est comme le'jardinier qui arrose toute la
nature , et qui renouvelle (ans celle sà beauté et là vigueur. Il est le
Pilote qui tient eu main le timon' du mortde,: et' 'qui conduit ce vaste
vai slcau selon l'intention et le commandement de son Peis. Dieu le Pere
dont la grandeur et la bonté sont insinies, l'a engendré de sa propre
substance comme un excellent Sils , et l'a donné au monde cbnjme un
riche preseirt. Il l'a répandu comme une ame dans Tes corps qui
n'avoient point d'ame , et l'a communiqué conime une r'aison aux esprits
qui n'avoie'nt pas la raisoriv Nous devons le regarder dans la matiére
et dans les élémens, comme le principe de la génération des animaux , et
le consid'ércr dans les substances spirituejles , comme ta lumiére qui
les éclaire en qualité d"e terme d'un entendement insini. Bien qu'il
soit unsçjue parcequ'il procéde d'un Pere umque , il ne laslsc pas
d'avoir plusieurs sacultezetplusreurspuislances-. Le monde est composé
de plusieurs parties ; , ''" ', ,- mais
mais il ne saut pas s'imaginer pour cela, qu'il soit sorti de plusieurs
principes. H y a uneâiversite prodigieuse de créatures. Il ne saut pas
pourcela. admettre la pluralité des Dieux. Ceux qui out adoré plusieurs
Dieux , sont tombez dans une erreur tres-grossiére comme des eusans qui
n'ont que l'ignorance,et l'indiscrétion en partage,quand ils ont mis
certaines parties du monde au rang des Dieux , et. que du monde qui est
unique, ils en. ont voulu saire plusieurs. Si quelqu'un ne regardant
dans-l'homme que les yeux . disoit qu'ils sont l'homme, ou si ne
regardant que les oreilles 01» la tête, ou Testomach , les piés, les
mains, et. les autres membres , il en disoit la même chose, ou ensin si
considérant séparément les sacultez sensitives, il divisoit un homme et
en saisoit plusieurs , il est certain qu'il se reudroit ridicule.
Ceux-là ne le sont pas moins -, qui de plusieurs parties du Monde sont
plusieurs Dieux , ou qui croient que le Monde qui a été crée, et qui est
composéde plusieurs parties , est un Dieu , et qui ne sàuroient
comprendre qu'il est impossible que la Nature Divine ait des parties. Si
elleétoitcompose'e de parties, elle auroit un principe de composition
::et. si elle avoit un principe de composition , elle. ne.
conserveroitplus l'indépendance ni Impersection d'une Nature Divine.
Aiant des parties inégales , elle en auroit de plus parsaites et de
moins parsaites. La Nature Divine est donc simpleet indivisible,
également exemte decompositionetdedivision , et insiniment élevée au
dessiis des objets qui tombent sous nos sens. Voila pourquoi le Héraut
de la vérité crie à haute voix , que le Verbe de Dieu est avant toutes
choses, et qu'il conserve seul toutes les créatures raisonnables. Le
Pere étaijt le Principe de toute génération, l'Auteur de tous les êtres,
est appelé proprcmeut le Pere de son Verbe unique. Il n'y a M 5 qu'un
qu'un Dieu, et qu'un scul Sils, et un seul Verbe de Dieu , qui (e répand
dans toutes les parties de l'Univers et qui les conserve. Le monde
teusible est comme un instrument de Musique.Les parties qui le
composènt,et qui ont des qualitez si disserentes,. la chaleur, la
sroideur , l'humidité, la séchere/îè, sbnt comme les cordes dont les
unes sont sort bandées, et les autres sbnt sort lâches, dont les unes
ont un son aigu , et les autres ont un sou grave , et qui toutes
ensemble sorment une juite harmonie et un agréable concert en l'honneur
du Créateur. Un corps n'est animé que d'un esprit, bien qu'il soit sormé
de plusieurs membres ; de même le Monde n'est gouverné que par le Verbe
, bien qu'il soit composé de diverses parties, et ce Verbe se communique
et se sait sentir en toutes ces parties par sa vertu toute-puiïïante. Ne
voiez-vous pas quelle est la disposuion de ce vaste Univers ? Ne vous
appercevez-vous pas de la multitude des Etoiles qui sont attachées au
Sirmament, et du nombre innombrable des Astres dont le Soleil essace la
splendeur ? Ainsi il n'y a qu'un Pere, te qu'un Verbe. Un excellent
terme d'un excellent principe. Que si quelqu'un se plaind de ce qu'il
n'y a qu'un Pere, et un Verbe, il se pourra plaindre avec autant de
raison, de ce qu'il n'y a qu'un Soleil, une Lune , et un Monde, et il
entreprendra (s'il veut) avec la derniére extravagance, de renverièr
l'ordre qui a été le plus sagement établi dans la Nature. Le Verbe Divin
éclaircpar une lumiére intérieure toutes les substances intelligentes et
raisonnables , comme le Soleil éclaire «l'une lumiére extérieure le
monde sensible. Bien que l'ame de l'homme soit unique, elle ne laisle
pas de produire quantité d'essets sort dissérons. Elle donne des
préceptes et pour cultiver la Terre, et pour naviger les Mers : pour
bâtir , Se des maisons, et des Vaisleaiix. Elle renserme un
grand
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tes aux Puislances qui sont au deslus du Ciel, aur purs Esprits , aux
substances intelligentes et raisonnables , et les a enrichies par la
participation de sa beauté , et de sa bon té, de sa lumiére, de sa ,,ic,
de sa sagesle, et de sa sorce. Ensin il coirserve l'Univers", il
maintient les Elémens , ilcomposê les corps naturels , il distingue les
espéces , lcs sormes, -Si les sigures des plantes, des arbres, et des
animaux , et sait voir >qae l'harmonie merVeilleuse du Monde est son
ouvragé.' Chtp. Je croi devoir explique*maintenant les rai sons J3' qui
ont excité ce Verbe Divin à décendre sur la Terre. Les hommes ne l'aiaiK
point connu , bien qu'il Coit sorti du sein de ion Pere , comme* d'une
source inépuisable pour soûtenir le monde par sà préserice, 8t pour y
donner des preuves continuelles de sa Providence et de sa bonté ; ils
sont tombez dans'un si étrange aveuglement, et dans une si déplorable
extravagance, que de donner le nom de dieux au Soleil, et à la Lune , au
Ciel, et aux Astres. Us se sont abbaissez jusques à rendre un souverain
culte à la Terre, et aux sruits qu'elle produit ; et c'est de-là que
sont venus les noms et les statues de Cerés , de Proserpine, et
deBacchus. Leur superstition a été encore plus loin. Ils ont révéré
leurs pensées 8r leurs -paroles. Ils ont donné à l'esprit le nom de
Minerve ; au discours celui de Mercure ; aux sacultez par lesquelles on
apprend les -disciplines et les sonces, celui de Monnoie et de Muses. En
chérillaiu de jour en jour sur leur impiété , ils ont consaerd leurs
pasiîons au lieu de les réprimer, et ont honoré sous le nom de Cupidon,
de Priape, et de Venus, les mouvemcns les plus déreglez et les plus
insames , par Icsquels la conenpiseence nous porte au plaisîr. Ils ont
placé des hommes dans le Ciel aprés leur mort, et les ont mis au rang
des Héros et des Dieux. Leur solie ne s'est pas terminée à ce point, '-'
^ -V. i/S
ils ont adoré diverses .sortes d'animaux, et entre autres les serpens
les plus vénimeux lls.out coupé les arbres dans les sorêts , tiré les
pierres des carriéres, sondu les métaux pour saire des stattes d'hommes
, de semmes, de bêtes, etpour leur rendre en suite des honneurs divins.
Ils ont déséré le titre- de dieux à des esprits impurs qui s'ctoicut
cachez dans ces statuë's, et qui y receToient avec joie de l'encens et
des sacrisices. Ils ont tâché de se rendre propices , par des
enchantement et par d'abominables Cerémonies , ceî puislances invisibles
qui volent dans l'air. Il saut néanmoins avouer qu'ils n'ont pu
s'accorder dans le choix des hommes, ausquels ils ont attribué la
Divinité. Les Grees ont préséré Bacchus, Hercule , Eseulape, Apollon.
Les Egyptiens, ont reconnu Herus, Isis, Sc.Osiris; et quoi qu'ils se
vantent d'avoir inventé la Géometrie , l'Astronomie et l'Arithmétique,
ils n'ont pu appercevoir la d-istance qu'il y a entre la basleilt- de
l'homme et l'élévation de Dieu, Se ont respecté les plus sàles et les
plus mêprisables espéces des animaux, les plus dangerenses et les plus
terribles, comme si elles avoient eu quelque choie de Divin. Les
Phéniciens ont dreslé des Autels à Melcatare , à U sore , et à quelques
autres hommes encore moins (Çnnsidérables. Les ArabesenontdresTéàDusare
et à Obodas. Les Gétes àZamolxis, les Ciliciens à Mopstus, les. Thébains
à Amphiaraiis, et d'autres peuples à d'autres quin'avoient rien au
delias de notre nature. Les Egyptiens, les Phéniciens , les Grees, et
presque toutes les Nations qui sont éclairées des raions du Soleil, sont
convenues de xendre un culte religieux aux élémens et aux biens que la
terre produit pour nôtre nsage ou pour nôtre plaisir. Et ce qui est plus
surprenaut, quoi qu'ils avouent que ces dieux-la se sont souillez de
toutes sortes de débauches, qu'ils ont enlevé des M 7 semsemmes, et
commis avec elles des adultéres , ils n'ont pas laissë de remplir les
Villes et la Campagne de leurs sKuues, et de leurs Temples , etd't miter
leurs débordemens. On le? entend sburent,. qui en parlant des ensans de
leurs dieux,. les appelait des Héros , et d'heureux Génies. Mais si
l'on. examine ces termes, on trouvera qu'ils sont diverscment opposez à
la vérité. Ils rciiembleut à peu prcs à ceux qui voulant montrer à
d'autres le Soleil et les Altres, abbaisleroient leurs yeux et leurs
mains-vers la terre. Ainsi les hommes trompez par leur propre malice ,
et par l'artisice des démons, se sont sausTement persuadezque la Nature
divine, qui est insiniment plus élevée-que le Ciel, consïitc dans des
coips iujctsàlanaillance et à la mort, et à un grand nombre d'autres
soi* blesleset d'autres milcres. Ils sont montez à cét excez
d'extravagance, que de leursacrisicrleurs ensans, et d's'gorger aux pies
de leurs statues un sils unique qui leur «oit sort chei. Quelle plus
etrange sureur, que d'immoler des hommes, que de souiller sa Ville Se.
sà maison du iàng de ses proches?-Les Grecs ne sournisient ils pas des
exemples de cette monstrueuie impiété, et leur.HiA toire n'en est-elle
pas remplie ? Les Phéniciens sa* erisioient tous les ans à Saturne les
enràns qui leur croient d'autant plus chere , qu'ils étaient uniques.
Les lubirans del'Isle de Rodessacrisioient des hommes au même dieu, le
smême jour du mois Métagimion. C'étoit autresois une coutume à Salamine,
qu'un homme tournoit trois sois autour de l'Autel de Minerve et de
Dioméde, pendant que le* aurres le poursuivoient, que- se Prêtre
luiensbncoit ensuite une lance dansl'estomach, et le bruloir sur un
bucher.- Il n'y avoit «ien de si commun en Egypte que. ces cruels
sacri'sices. On immoloit autresbis trois hommes chaque jour à JuiKjn
dans la Villed'Héliopole. Le
Roi Amosis décestant avec raison une si inhumame coutume , ordonna que
l'on immoleroit trois hommes de cire , au lieu d'en immoler de
véritables. Dans l'Isle de Chio, et dans celle de Téuéde, on sacrisioit
un hommeàBacchus. ALacédémone on en sacrisioit un à Mars. En Créte on en
sacrisioit un à Saturne. A Laodicce Ville de Syrie, on sacrisioit tous
les ans une sille à Minerve, maintenant on uelui sàcrisie plus qu'une
Bi, ehe. Les habkans d'Asrique et de Carthage répandent auAl le sang des
hommes, pour se rendre les dieux savorables. Les Dumaténiens peuples
d'Arabie , avoient accoutumé d'égorger tous les ans un ensant, et de
l'enterrer sousl'Autel. L'HistoiK sait soi que les Grees ne partoient
jamais de leur pais pour aller à la guerre , qu'auparavant ils
il'enslent immolé un nomme. On dit que les Thraces et les Scythes
oblcrvoient la même coutume. Les Athéniens témoignent eux-mêmes , que
les silles de Léc, et la sille d'Eryctée, ont été sacrisiées parmi eux.
Chacun sait que l'on immole encore aujourd'hui à Rome un homme le jour
de la sête du Jupiter du Latinm. Les plus célébres d'entre les
Philosophes ont consirmé par leur témoignage la vérité de ce que
j'avance. Diodore qui a sait un abrégé des Bibliothéques, rapporte que
les Asriquams immolérent à Saturne deux cens jeunes hommes des
meilleures samilles, et que les peres en ossrirent jusques à trois cens
autres pour être immolez. Denys l'un des plus sameux écrivains de
l'Histoire Romaine , ass'urc que Jupiter et Apollon demandérent aux
peuples qui habitoient autresois au lieu où Rome a éte depuis sondée, et
que l'on appelloit Aboriginés , qu'ilssacrisiaslentdes hommes; que ces
peuples n'aiant ossert que les premiers de leurs sruits, ils surent
accablez de toutes sortes de calamitez , qui oc ecssêicnt qu'aprés
qu'ils se surent dé
cimez. cimez. Cette décimation désola extrêmement le païs. Voila une
sidéle image des malheurs sous la pésanteur dcsquels les hommes
gémissoientenv ce terns-là. Toutes les Nations étoient agitées par le
démon, et ébranlées pas des séditions si surieuses , qu'elles rie
consèrvoient plus entre elles aucune société. Elles étoient tellement
aigries les unes contre les autres, qu'elles ne quittoient poinc les
armes. Les laboureurs les retenoient en cultiTant la terre, et avoient
un plus grand soin d'erv acheter, que d'achéter les instrumens qui
servent à l'agriculture. Ils croioient que c'étoit une sort belle action
que d'enlever le bien d'autrui, et de charger de chaînes des personnes
libres. Les Sables qu'ils avoient inventées touchant les débauches de
leurs dieux , ont autorite leur licence. Ils ont violé toutes les loix
de la Nature, et l'ont outragée par les plus moustrueuses abominations.
Les hommes remettant l'alliance des deux séxes qui est selon la Nature,
ont été embrasezd'un desir brutal les uns envers les autres, et ont
ainsi reçu en eux-mêmes la juste peine qui étoit due à leur erreur et à
leur impiété, comme parle l'Ecritu*£ re. Ils ont nié la Providence, et
ont attribuéau Rom. hazard', à la nécessité , et-àladestinée, la pro«*,
'-HticT:ionet le gouvernement de l'Univers. S'étant persliadez que la
sin de heur corps seroitaussi celle de leur ame, ils ont- mené une vie
semblableà celle des bêtes, sans attendre le Jugement de Dieu,
lànsespérerderécompense , sans appréhender de châtiment. Des peuples
entiers ont été sujetsà une essroiable corruption. Quelques-uns ont
commis des inccstes avec leurs' meres, d'autres avec leurs sœurs , et
d'autres avec leurs silles; Quelques-uns ont coupr la tête aux étrangers
qui arrivoient en leur païs. Quelques-uns ont mangé des hommes, et il
s'en est trouvé qui ont étianr glé leurs peres lors qu'ils étoient dans
uue extrême
aie vieillesse , et qui les ont en suite mangez. D'autres au lieu de les
tuer pour les manger, les omexposez tous vivans. aux chiens. Je n'ai pas
aslez de loisîr pour décrire tous les sympcômes de la suneste maladie
qui s'étoit alors emparee dugente humain. Je me contente de dire qu'il
étoit tourmenté par un grand nombre de semblables maux qui donnérent au
Verbe de Dieu des lèntiniens de tendresîe et de compassion pour des
sujets.quoi que rebelles, et le portérent àsusciter premierement des
Prophétes, et ensuite des hom.' nies éminensen saimeté et en vertu , qui
poséient les sondemens de la véritable Religion. Mais comme le gente
liumaiu étoit engagéen des erreurs déplorables , et cxpose à la sureur
non des b-'tes cruelles, mais des démons qui ne respiroieot que sa ruine
; le Verbe. jugea que de si extrémes maux avoient besoin d'un iecours
tout putslant, et suivaut les.intentiohs de son Pere, déceniiit sur la
terre-. J'ai déja expliqué les motiss de son avénement. Il n'a pas agi
consormément à la majeité de sàNature divine, quand. il s'est rendu
viilîble , et qu'il aconrersé samiliéremeul avec nous. Auparavant n'aiant
point de corps, il étoit par sort immensite dans le Ciel et sur la terre
, et y saisoit éclater par ses œuvres la grandeur de sa puisTance. Il a
pris depuis une méthode toute extraordinaire. Il s'est revêtu d'un corps
pour consérer avec des. hommes corporels. r à dcslèin de les sauver.. Je
m'arrêterai un- peu en. cét endroit, pour exposer les raisons de ce
Mystére, et pour déduire les motiss qui ont porté le Verbe invisibl e
à.se rendre. visible.
La Nature Divine qui étant spirituelle ne peut ehsp. tomber sous les
sens, pouvoit-elle k manisertec '+' aux hommes d'une autre maniére ,
qu'en prenant: an corps scnsible et palpable ? Il n'y avQJtpoim de moien
plus convenable de s'accommoder à nôtre
trcsoiblelle. H saloit Ce rendre semblable à non» pour cotiverser Btcc
nous, puisqu'il n'y a rien qui nous pluie si sort, que ce qui nous est
se mblable. Le Verbe s'est montré d'une maniére grossiéreSc sensîble
actes hommes charnels , qui.ne et cotiduisoient que par lesions, et qui
cherchoicnr la Divinite dans des Corps, dans des statues insentîbles, et
dans les ouvrages de leurs mains. Le-Verbe Divin s'est sait un corps
comme un insiniment donc il Ce voulait servir pour accomplir l'ouvrage
de nôtre Redemption, comme un Temple qu?iivouloit consaa ci- à la gloire
de son Pere , comme un Palais oùil desiroitloger la SagesTe , comme une
Statue vivante , et insiniment plus excellente que celles que les Paiens
ont adorées. Celles-ci n'étant «ue d'une matiére insensi ble, de cuivre,
de ser,. d'or , d'y voire, de bois, de pierres, et n'étant taillées on
jettées en moule que par des hommesqui n'ont que la soiblellc et la
miïére en partage ; elles sont sort propre» à servir de retraite ides
espries aussî impurs , et anssï insames que sont les démons. Cette
Statue qui a été saite par la Sagesîèi Divine est pleine de vie et
d'esprit telle renserme toutes les ver tus et Dieu même. Le Verbe l'atant
choisie comme un Instniment par lequel il pouvoit se communiquer aux
hommes, ilnes'esVpas aslujetti à toutes les impersections de leur
nature. Il ne s'est pas rensermé dans sou Corps,de la mémosorte que les
ames des hommes sont renserméesdans les corps qu'elles animent. Il n'a
rien perdu de là grandeur en se saishnt homme. Sa Nature Dû vinc est
demeurée Spirituelle Se impassible quand il s'est joint à la Nature
humaine, de la même sorte que le raion du Soleil demeure pur et
incorruptible , quand il touche la bouc, et la corruption. Le Sauveur
commun de tous les hommes a répandu de la sorte ses graces, et a procuré
le (aÙk de la Nature corrompue par le peché. Il s'cst servi de son Corps
pour opérer ces guéris bus miracaleules, comme un Musîcien se sere de sa
lyre pour saire paroître l'excellence de son art. Les Grees rapportent
dans leurs sables, qu'Orphie adoucit autresois par (ès chantons les
bêtes les plus sarouches. On dit communement parmi eux, qu'un Instrument
inanimé eut la sorce de changer le naturel des animaux, et de
transporter les arbres d'un lieu à un autre, et le peuple est allez
simpie pour croire des contes si incroiables. Le Verbe de Dieu qui sait
une musique et une harmonie insiniment plus excellente, aiant resolu
d'apporter un reméde salutairc aux maladies de l'homme,
quelqu'impliquées qu'elles saillent, prit eu main un Instrument que sa
Sagesle avoit inventé, un Corps et une Ame,et touchant cét Instniment
avec une adreslc nompareille , il enchanta non les bêtes , mais les
hommes , apprivoisa les Grecs et le* Barbares, et donna leurs pallions.
Comme ils étoient malades d'une vieille maladie qui le»r sarsoi t
chercher la Divinite en des Natures corporel. les et sensibles, il les
guérit par un reméde specisique , en leur montrant le vrai Dieu dans un
hornSie. N'aiant pas moins de charite' pour les corps que pour les ames,
il opéra des guérisons miraçuleuses. Il enseigna une doctrine celeste,.
et sit par le moien de l'humanité à laquelle il s'étoit uni, tout ce qui
étoit néce slaire pour prouver U Divinité. Il accomplit ces Mystéres sui
vaut la volanté et L'intention de son Pere, demeurant toujours
immatériel et incorporel, comme il étoit auparavant, sans soussrir aucun
changement dans sa. substancc, sans rien perdre de l'excellence de sa
Nature Divine, sans Ce rensermer dans l'étendue du corps qu'il avoit
pris volontairement. Car bien qu'il sut dans leCorps qu'il avoit pris
pour convericr avec les hommes, il remplislbit tout le monde par son
immcnsité, il repoioit dans le Jcuj de sort
- Pere, et prenait soin de tout ee qui-se pallbit dans k Ciel et sur la
Terre. Il n'étoit point rensermé, comme nous, dans un petit espaec , et
ne trouToit aucunbbstacle aux Heslcins de sa puillance. Il communiqua
ses persections à la Nature humailie , sans secharger de ses désauts 11
ne contracta aucun péchéen iuulTai;t,et ne soussric aucune douleur en
mourant. Quand la corde d'une lyie- le romt, le Musicien qui la touche
n'en sent aucun mal. Quand le corps d'un hom mesageettexposé aiu
tourmens, la sagelle ou l'ame même qui est dans le corps n'est pas
tourmentée. Elle-n'estni entamée par le ser, ni brulée par le seu. S'il
est permis de répéter l'exemple dont je me luis déja. strvi, le Soleil
nesesalit point quand il répand ses ratons siir le sumier et sur la
boiie. Ces sales matiéres reçoiventl'impression de la lumiére, sans lui
rien lai/Ser de leur insection. Quand le Verbe Divin qui est la
vieeslentielle, et une lumiére suirituelle, touche quelque chose, il la
rend vivante et intelligente. Quand il touche un corps il le rend sain ,
et le délivre de toutes les indisposition» <sui pourroient altérer son
tempérament Ilsoulageladisêttedescréatures, et subvientàleursbesoins.
Voila pourquoi il a assecté pendant tout le cours de sa vie-, de saire
paroîrre qu'il avoir un corps'sujet aux mêmes soiblesTes S: aux mêmes
insirmitez que les nôtres, et dé donner d'un autre côté des preuves
convainquantes de sa Divinité par la grandeur de (es Miracles!, par la
clarté de Ces Prophéties , parla sorce de sa Prédication , et par la
maniére toute Divine dont il exhortoitses auditeurs à se rendre dignes
de la demeure qui esir préparée dans.le Ciel aux ames saintes. - Que me
reste-t-il maintenant, si ce n'estde rapportst les raisons de la
principale et de la derniére action de sa vie , du gen re de sa mort
dont on parle tant, et du miracle de sa Resurrection ; et d'a,
jouter
jourcr les preuves certaines et convamquantes de ces Mystéres? Le Verbe
de Dieu aiant pris pour les r.usoits que nous avons dues , un Corps
mortel comme un Instrument sort propre à l'accomplit /èmentdesesdesTeins,
il s'en est servi d'une maniére convenable à là divine PuilTance. Que si
«prés avoir conversévisiblement avec les hommet, il ctoit disparu tout
d'un coup, et avoit dérobé ion corps à la violence de ses persécuteurs,
pour le lailler mourir dans un autre tems d'une mort naturelle , tout le
monde l'auxoit pris pour un phantôme. Il n'auroit pas lui-même accompli
de cette sorte ce qu'il -desiroit d'accomplir : car étant la pu iliai
icc de Dieu , il auroit sait paraître dela sbiilesle, et étant la vie,
il auraitabandonneson corps à la mort. Il n'auroit pas termine par un •combatlivré
à la mort, les entrepnses qu'il avoit saites contre le démon. On n'auroit
point su où il le scroit retiré, et ce que l'on enauroitpu dire n'auroit
point trouvé de créance dansTelprude ceux qui n'en auroient point été
témoins. Il ne seroit point constant qu'il eut un pouvoir absolu sur la
morij, ni quïlcut délivré la Nature humaine de sà tyrannie. Jamais sa
doclrine n'auroit été recue par toute la terre. jamais il n'auroit
persuadé à lès Ditciples de nupriser la mort, ni d'espérer une autre
vie. Jamais il n'auroit accompli ni ses promesTes ni les prédictions des
Prophétes. Ensin jamais il n'auroit donné le dernier combat qu'il gagna
contre la mort. Voila les raisonspour Icsquelles, aprés qu'il a accompli
par le umusLrc de K,u Corps, les desl'eins qu'il s'étoit proposez , il a
permis qu'il ait été détruit de la maniére dont il l'a éte'. Il lue
pouvoit terminer sa vie qu'eu l'une de ces deux saçons, ou en
abandonnant entiérement son Corps à la mort et à la corruption , ou eu
le retirant du sein de la mort et de la corruption même , et eu le
rendant immortel et incorruptible.
U La premiére saçon était contraire et à ses promelses, et à sa
grandeur. Ce n'est point le propre de la vie de donner la mort, ni de la
souveraine raison d'agir au hazard comme ce n'est point le propre du seu
de rasraîchir, ni de la lumiere d'aveugler. Comment celui quiavoit
promis l immortalité à ses sectateurs, auroit-il livré à la mort l'Iustrument
de ses combats et de ses victoires , II saloit donc qu'il terminât sa
vie de l'autre saçon. Mais la devoit-il terminer en cachette et comme à
la dérobée, ou en public et à la vue de tout le inonde ? Une action
aussi importante que celle-là seroit demeurée inutile, si elle avoit été
secréte ; au lieu qu'elle devoit être tres-utile étant publique. II a eu
donc raison de ne point éviter la mort, puisq .t'en l'assrontant il a
triomphé d'elle à la sace de toute la Terre. S'il l'avoir évitée, il
auroitsait paroîtrc ou de lasoiblesleou delacrainte. Mais en la
combatant, il a procuré l'immortalité à un Corps qui de saNature étoit
mortel. Si quelqu'un vouloit saire voir qu'un vase a la sorce de
résirter à l'activité du seu, il saudroit qu'il le mit dans un brader,
et qu'aprés l'y avoir laisle quelque tems, il l'en retirât aussi entier
qu'il l'y auroit mis. C'est ce que le Verbe Divin a sait quand il A
voulu montrer que l'Instrument dont il s'étoit servi pour travailler au
salut des hommes, étoit plus puislant que la mort.il l'a abandonné pour
un peu de teins, pour saire voir que de sa nature il étoit morccl.puis
l'aiant retiré d'entre les mains de la mort , il l'a rendu immortel, et
a montré que la vie qu'il promet est égale à l'Eternité. Il saloit que
sès Disci1 pies pour mêpriser la mort, vislent un exemple de la
Résurreétion dans laquelle ils mettoient leur espérance. Que si ce gage
et cette aslurance de la Tic suture étoit néceslaire à tous ceux qui
embrat soient sit doctrine, elle l'étoit encore plus à ceux •qui la de
voient publier,puis qu'ils devoient moins
appréapprehender la mort que les autres , et s'exposer avec une courage
intrépide aux violences desldoJatres. C'est pourquoi le Verbe nes'est
pasconteutc de leur saire des discours touchant l'immortalite'; H leur a
montré les dépouilles qu'il avoit {emportées sur la mort, et les a
convaincus par leurs propres yeux de cette vérité, que la mort qui .paroît
si sormidable n'clt rien. Il avoit encore une autre rai sou de
resluicircr, pour saire éclater la puislance de la Nature Divine, qui
avoit été comme cachée sbus ie voile de sou humanité. Comme les hommes
avoient consàcré d'autres hommes aprés leur mort, et les.avoient mis au
rang des Héros et des Dieux, le Verbe de Dieu eut la bontc de les
desàbuler, en leur découvrant le pouvoir qu'il exerçoir sur la mort, et
que nul autre x]ue lui n'avoir jamais exercé. Voila pourquoi aprés que
son corps eut subi cette loi, il lui rendit là vie, Se le sit paroître
comme un trophée, et comme va sigue de savictoire. Jepourroisrap- •«'•
porter une troisiéme raison pour laquelle le Verbe a bien voulu mourir.
C'est qu'il étoit comme une victime osserte à Dieupour la rédemption du
gente humain , et l'extirpation de l'idolatrie. Depuis que cette victime
tres-pure et tres-sainte eut éte'immolée au souverain Seigneur de
l'Univers, au lieu de tous les hommes qui avoient mérité la mort par
l'impiété du culte qu'ils avoient rendu aux démons, la pnislaiwe des
esprits impurs a été détruite, et l'erreur abolie. C'estlavictimequia
eté choilie entre les hommes, et qui a été sacrisiéc pour le sàlnt de
tous les hommes. C'est d'elle dont l'Ecriture parle, quand elle dit :
Pso'it/'t^-EnS. gneaudeDieuquiôtelespéchezàumonde. Et dans un J««£ autre
endroit : II sera mene à la mort comme une bre- is,V kl tpton va.
égorger. Il demeureradans lesilencesàns Ott- «t.) j. •vrir in bouche ,
comme un agneau esi muet devant celui . qui le tond. Elle en rend la
raison quand elle ajoute i
te : II i pris véritablement noslangueurs ster lui, ET il s'tsl chargé
lui-même de nos douleurs. Le shâtiment qui nous devoit procurer la paix
eiî tombé surlui, (y nous avons eté guéris par ses meurtri/Jures. Nous-wm
étions tous égarez comme des brebis errantes. Chacun l'étoit détourné
pour suivre sa propre voie , O" Dieu l'a tkargé lui seul de l'iniquité
de nom tous.
Le Cocps auquel le Verbe s'étoit uni, sut im«lolécomme ane victime, pour
les raisons que je Tiens de dire. Mais parce que ce yerbe étoit
distingué de la victime , qu'il étoitJc ibuverain Pontise, la parole de
Dieu , lasagesîe, et la puislance du Pere , il retira bien- tôt ce Corps
d'entre les bras de la mort, et le remplit d'une vie nouvel/e, comme les
prémices de nôtre rédemption , comme des dépouilles remportées sur le
démon, comme une expiation des sàcnl.ges commis contre lui par les
peuples Idolatres.
«hap. Il est terns maintenant de produire les preuves '*• de ces véritez,
si toute-sois des véritezaussi évidentes que celles-là , ont belbin de
preuves. Je vous supplie de les ecouter avec vôtre attenrion ordinaire.
Les peuples étant autre-sois répandus en divers païs , et sournis à
dissérentes sormes de gouvernement -. entrérent en guerre , et ruinérent
le païs les uns des autres. C'est de-là que sont venus les évenemens si
surprenans qui sont renser- mez dans leurs Histoires , les enlévemens
des semmes, et les adultéres, le siége et la ruine de Troie,et d'autres
accidens tragiques,que l'on peut attribuer ssàns se tromper) au culte de
plusieurs Dieux. Mais depuis que l'Instrument denôtresalut, que l'humanite
du Sauveur dont lapuisTance surpalioit la malice du démon , et dont la
saintelé étoit tres-éloignée de toute action et de toute parole inscctée
du moindre pêché, a été e'levée comme un monument de la désaite des
ennemis invislbles, et comme un rempart allure contreleurs incursions,
toutes leurs œuvres ont été dit sïpées. Les Etats dont le gouvernement
étuitsorc dissérenti ont été détruits au même tems, et on n'a plus vu de
Toparchies , de Polycraties , de Monarchies, de Républiques , de
Démocraties, ni de guerres, de déslations, ou de siéges , comme l'on en
avoit vu pendant que châque peuple Ce conduirait selon l'une de ces
sormes. L'unité de Dieu a été prêchée, la Majesté de l'Empire reconnue ,
et la haine invétérée des Nations assbupie. La paix a été solidement
établie sur la terre, dés que le vrai Dieu y a été adoré, que la
doctrine du Sauveur y a été reçue, et que l'Empire Romain a été gouverné
par un seul Prince. L'autorité de l'Empire , et la saintete de la
Religion, ont été comme deux sources d'où Dieu a sait couler des sleuves
de prospérité et de bon-heur. Avant ce tems-là chaque païs étoit sous la
domination de divers Seigneurs. La Syrie relevoit de la pui slance d'un
Prince, l'Asic de celle d'un autre , et la Macédoine d'un autre.
L'Egypte avoit été usurpéc par un Seigneur qui y commandoit avec un
pouvoir absolu. L'Arabie avoit eu un sort tout pareil. La Palestine
étoit réduite à l'obéïslance des Juiss. Les habi tans de châque Ville et
de chaque Bourg etant comme transportez de sureur , et comme agitez par
le démon, ne reipiroient que les armes. Mais deux grandes pui siances,
l'Empire Romain, et la Religion Chrétienne aiant paru en un même tems ,
ont appaisé la sureur de ces Nations ; la doctrine-du Sauveur a ruiné la
Polycratie des démons, et la multitude des Dieux , en annonçant aux
Grecs, aux Barbares, et aux Nations les plus reculées, la Monarchie du
vrai Dieu. L'Empire Romain a réuni les peuples en les asTujettisTant, et
d'ennemis qu'ils étoient les a rendus amis et alliez , en aboli sTant un
grand nombre de petis Etats, dont les intérêts dissérons étoient une
Tom.I.Part.lI. N source
sourceinepuisable de haines et d'inimitiez conti.nuellés'. Il a deja
réconcilié .en tres-peu de tems p'lusieurs peuples. II embrasTera
bien-tôt les plus eloignez, et s'étendra jusqu'aux extrémicez de là
terre à la saveur de la doctrine celeste de l'Evangile , qui rend
l'exécution de toutes ses eutreprilesaisées. Quiconque .considércra iàns
préoccupation de si grands événemens i avouera qu'ils sont tout-à-sait
merveilleux. En un même tems l'erreur a été convaincue, la superstition
abolie, la guerre éteinte, la paix rappelée , l'unité de Dieu reconnue ,
la Majesté de l'Empire Romain établie. Tous les hommes ont commencé
alors à s'embrasler comme des ensans nez du même Pere qui est Dieu, et
de la même Mere qui.estl'Eglvle. Le monde n'a plus été qu'une samille
dont tous les membres étoient unis par une parsaite intelligence. Tous
les peuples.ont voiagé en sureté .d'Orient en Occident., et d'Occident
.en Orient, selon les anciennes Prophéties qui ontétésaites A a;
touchant le Verbe. Sa. domination, dit l'Ecriture, ss- ' s'étendrndepnisunemerjnsqu'àl'iutse
mer; et depuis ' "' le sleuve jusqu'aux extrémiteïdu monde.
Lesjustesjuurirott sous sonrégne , lapaixy régnera avec abondance. istïe
Dans un autre endrôit.elle dit ce qui suit. Ikjargestt' *'ront de leurs
épées des socs de charrue et de leurs lances des saux.. Un peuple ne
tirera plus l'épée contre un peu• pie, et ils nt s'exerceront plus
Àcoriibattret un contre l'autre. Il y a plusieurs siécles que ces
Prophéties .ont été écrites en langue Hebraïque, et l'accomplilTement
que nous en avons vu en nos jours en .consirme la vérité. Que si vous
delirez d'autres preuves, au lieu d'attendre de moi des paroles,
sousidérez les choses mêmes. Ouvrez les yeux de vôtre espnt, saites
reslexion sur vous-même, initctrogez-vous, et vous demandez quel Roi ott
.quel Prince, quel Philplbphe , ou quel Légistaquel Prophéte, Ibit Grec
ou Barbare, a jamais aquis un si ablolu pouvoir , et une si haute
réputation, que de saire publier Tes louanges durant la vie, par la
bouche de tous les peuples ? Nôtre Sauveur a sans doute eu seul cét
avantage , tors qu'aprés avoir vaincu la mort, il a dit à ses Diseiples
: cillez enstigner toutes les nations en mon 5, nom. Il leur a prédit
que son Evangile seroit pu- Mttk. blié par toute la terre, et a accompli
incontinent ch'lS' là prédiction. Ceux qui condamnoient le commencement
de mon diseours dans le secret de leur cœur peuvent-ils reprocher ce
témoignage que leurs propres yeux rendent contre eux-mêmes? Qui est-ce
qui a exterminé la troupe pernicieuse des démons qui dévoroient depuis
plusieurs siéeles tous les peuples, et qui leur imposoienc par les
mouvemens qu'ils imprimoient aux statues , Qui est-ce qui a donné à ceux
qui observent sidélement les préceptes de nôtre Religion , le pouvoir de
chasler par leurs priéres les restes de ces esprits impurs ? n'est-ce
pas nôtre Sauveur ? Y ' a-t-il quelqu'aurre que lui qui ait enseigné à
sès seûateurs à ossrir des sacrisices raisonnables , et non sanglaus,
qui ne consistent qu'en la pureté des priéres , et en l'invocation du
nom de Dieu ? Qui a élevé par toute la terre des Eglises et des Autels ,
et établi de Saints Ministres pour ossrir à Dieu seul des Sacrisices
spirituels ou l'on ne répand point de saug, od l'on n'allume point de
seu, on l'on ne sent point de sumée ? Qui a aboli les immolations
cruelle; et meurtrieres qui étoient eji usage parmi toutes les Nations ?
Les Histoires des Paiens témoignent que la coutume d'égorger des
victimes ne sut abolie qu'au cems du régne de l'Empereur Adrien. La
puiHance du Divin Sauveur aiant éclaté aprés sa mort par des miracles si
évidens, y a-t-il encore quelqu'un assez opiniâtre pour revoquer en
doute la vérité de sa XcTuriedion. ? Les grandes actions que nous N i
voions
voions de nos propres yeux, sont des ouvrages qui ne peuvent appartenir
qu'à des personnes vivantes, et non à des personnes morres. Jugeons par
les choses cjue nous voions , de celles que nous ne saurions voir. Il
n'y a que deux jours que l'iusolence et la sureur des impies troubloit
la tranquillite' publique , et saisoitde tout l'Univers un suneste
théatre de consusion et de desordre. La sin de leur vie a été aussi
celle de leur réputation, sc depuis qu'ils ont été enlevez du monde,
leur nom a été' en horreur. Voila l'état où la mort a réduit les hommes.
On ne considére point ceux qui ne sont plus, parce que ceux qui
nesontplus ne peuvent rien saire. Que si quelqu'un agit, et qu'il .agisle
avec un pouvoir plus absolu que ceux gui vivent, comment pourroit-on
croire qu'il ne seroit plus ? Il est vrai qu'on ne sauroit le voir par
les yeux du corps. Mais l'esprit a beaucoup de connoislances qu'il n'aquiert
pas par le ministérc des yeux. Jamais personne n'a rien vu des préceptes
des sîences. Jamais personne n'a vu ni son ame, ni la nature de Dieu. Ce
sont des substances qui ne se sout connoître que par leurs opérations.
La puislance du Sauveur étant invisible de la même sorte, on ne peut
juger d'elle que par les œuvres qu'elle produit. Il saut examiner si les
illuslres exploits qu'elle sait encore aujourd'hui sont les exploits
d'une personne cjui est , ou d'une personne qui n'est plus, ou plutôt si
ce n 'est pas la. derniére extravagance de proposer sérieusèment cette
question , etd'en temoigner le moindre doute. Comment attrihueroit-on
des actions si merveilleuses et si éclatantes à une personne qui ne
sçroit plus, puisque du consentement de tout le monde , il saut être
pour agir ? Les morts sont en cet état, et ceux qui vivant sout en un
état tout contraire.
,chtP. Consldérons maintenant les glorieux exploits
que que le Divin Sauveur a entrepris, et exécutez en. nôtre rems, et
voions si ce ne sont pas les exploits d'un Dieu. Quelqu'un demandera
peutêtre quels sont ces exploits. Je vous les expliquerai si vous avez
agréable de m'honorer de vôtre attention ordinaire. Il n'y a paslong-tems
que les ennemis de Dieu onteui'insolence de tirer contre lui les traits
empoisonnez de leur langue impie, de prendre lés armes pour démolir (es
Eglisès , et pour reivverter (es Autels. Mais il les a chatiez. II les a
enlevez au milieu de leurs délices ; et en les privant de la vie , il
les a privez de l'autorité souveraine , et de tous les honneurs qui
l'accompagnent. Dés qu'ils eurent pris les armes contre lui, et qu'ils
se surent rangez en bataille sous la conduite des saux Dieux qu'ils
adoroient, ils surent désaits et contraints de prendre la suite,
d'avouer là Divinité de celui qu'ils avoient si témérairement attaqué,
et de permettre l'exercice de nôtre Religion, qu'ils avoient interdite
sous des peines tres-rigoureuses. Le Sauveur éleva à l'heu- ' re-méme
dans toutes lés parties de la terre des monumens de sa victoire. Il
remplit les villes , la campagne, et les païs les plus deserts ,
d'Eglises consacrées en l'honneur du sculRoi, etduseul .Seigneur du
monde ; Et c'est pour cela qu'elles portent son nom , et que l'on les
appele les maisbns du Seigneur. Que ceux qui voudront s'avancent au
milieu de cette aslemblée, et qu'ls nous disent qui sont ceux qui ont
tiré les Êglises de leurs ruines , et qui les ont élevées juiques au
comble. Qui sont ceux qui leur ont donné plus de beauté et de
magnisicence qu'elles n'en avoient jamais eue , et qui sont venus à bout
d'un si grand dcsscin, non depuis la mort des ennemis de la piété, mais
durant leur vie , et au tems qu'ils revoquoient leurs Edits , non par
aucun scutiment d'humanité et de douceur, mais par la sorce des N 3 •
châti
cluti mens qu'ils avoieiit déja reçus du Ciel. Qu'ils nous disetit qui
est celui qui a eu le pouvoir de retenir dans Ca. Religion , durant la
chaleur despersécutions , et au milieu des plus terribles dangers, un
nombre innombrable d'hommes qui saisoient prosession de la véritable
sagesle , de saintes semmes i et de sacrées vierges qui avoient renoncéà
tous les plailirs des seus. Qui leur avoit enseigné à vivre , selon les
régies dela tempérance, à s'abstenir plusieurs jours de boire et de
manger , et i user envers eux- mêmes d'une tres-grande séVérite. Qui
leur a appris à mêpriser le pain , et à chercher le pain spi rituel de
la parole, qui est la Téritable nourriture de l'ame. Qui a inspiré à dey
peuples barbares , à des hommes grossiers , à des semmes soibles, à des
esclaves et à desensans, un courage allez éievé et asTez intrépide pour
assronter la mort, pour se promettre l'immortalité, pour attendre le
Jugement où Dieurecompensera toutes les vertus , Si punira tous les
vices, et pour s'aquiter exactement de tous les devoirs de la justice,
et de la piété. Il est clair que quiconque sèra dans unedisposition
disserente de celle ou setrouvoient ces personnes , ne sera jamais
proiession de la vertu. Il n'y a jamais eu que le Sauveur qui ait sait,
ni qui sade encore tout ce que je viens de dire. Tâchons d'émouvoir les
plus însensibles, et de convaincre les plus opiniâtres. Répondez à ce
que je vous demanderai , et répondez-y raisonnablement; et aprés avoir
examiné sérieusement vôtre réponse. Y a-t-il eu quelqu'un de ceux qui
dans les siécles paslezse sont rendes célébres par l'étude de la
Plulosophic, qui aite'tc annoncé comme nôtre Sauveur par les l'rophétess
et prêché au peuple Juis, qui étoit le seul peuple chéri de Dieu? Ils
ont sù par la voie dela révélation le païs où il devoit naître , le tems
auquel il devoit [e manisestei aux hommes, les miracles .qu'il opéreroit,
la doctxine qu'il leur enseigneroit, et ils ont recrit toutes ces
choses. Qui estce qui a jamais puni les crimes commis contre lui, par un
auslî promt châtiment, qu'aétécelui qui a ébranlé la Nation entiére des
Juiss, et renversé de sond en comble leur Temple, un peu aprés qu'ils
eurent attenté à la vie du Sauveur ? Quiestce qui a prédit aussi
clairement l'avenir, qui », marqué aussi précisement toutes les
circonstances' du châtiment des-impies, et de la sondation de l'Eglise ,
et qui a consirmé par des essets aussi sensîbles la vérité de ses
prédictions ? En parlant du Temple des impies il avoit dit; Le tems
s'approche En s. mie vos maisons demeureront toutes desertes. Elles le-
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ront te Sement detruites, qu un y demeurer a.p<u p terre jur £14.
pierre. Et en parlant de (on Eglise, il dit : Sur ch. cette pierre je
bâtirai mon Eglise, et les portes de l'En- l6< ser ne prévaudront point
contre elle. Quel jugement serez-vous du changement qu'il a-opéré dans
seu Diseiples, quand il les a tirez de la pêche pour les établir
Docteurset Législateursde l'Univers ? La promeslè qu'il leur sir de les
rendre, pêcheurs d'hommes, et l'accomplislement de cette projnesle , ne
sont-ce pas de sortes preuves de sà Divinité? La capacité qu'il leur a
donnée d'écrire des livres, n'en esl-elle pas une tres-évidente, et sur
tout des livres qui ont été traduits en toutes les langues , appris par
tous les peuples , et révérez comme des oracles ? Que dirons-nous de ce
qu'il a averti ses Diseiples de toutes qui leur devoir arriver , de ce
qu'ils seroient conduits devant les Rois et les Princes , et punis des
plus rigoureux: supplices, non pour aucuns crimes qu'ils auroient
commis, mais pourla sidélité et la hardiesle avec laquelle ils auroient
consesle sçn nom ? Où pourrions-nous trouver des paroles qui
approchaient de la sorce qu'il leur inspira, de rénster à leurs ennemis,
uns étie plus émus de leur violence, N 4, - "q«e
que les rochers le sont de celle des vagues ? Y a-t-il rien de si
admirable que la constance , non seulement des Apôtres , mais ausside
leurs succesleurs, et des sidéles de nôtre siécle , qui bien qu'ils
sussent tres-innocens, ont soussert avec joie les plus cruels supplices
, plutôt que de renoncer à la pieV? Quel Prince a jamais prolongé (on
regnel'espace de tant de sicelés ' Qui a jamais sait la guerre dela
sorte aprés sà mort ; et qui a jamais réduit tantde • Nations à sou
obéïsTance par une sorce secréte et invisible î La calomnie , pour
impudente qu'elle puisle être, n'est elle pas consondue par lapaix
quesapuisTancearendueàtoute la terre? Ce gui l'a réduit à un honteux
silence , c'est que cette paix cst rendue au même tems que la doctrine
du Sauveur est: publiee , comme les Prophétes avoient predit que ces
deux notables évenemens arriveraient conjointement. Le jour siniroit
avant que j'eusle sini mon discours, tres-religieux Empereur , si je
voulois ramasler toutes les preuves que leschoses qui se sont en nos
jours me pourroient sournir , de lagrandeur de la puislancc du Verbe. Il
est certain que jamais Grec ni Barbare n'en sit paroître une semblable
dans tous les siécles paslez. Ceux-mêmes que les Paiens appelent des
Dieux, n'ont rien pu saire d'approchant. Si ce que je dis n'est pas
veritable, je consens que quelqu'un m'interrompe, et qu'il me convainque
d'imposture. ParoisTeziciPhilosophes, et me dites si depuis le
commencement du monde on a entendu parler -d'un Dieu ou d'un Héros, qui
ait donné des préceptes pour arriver à la vie éternelle, et pour
acquérir le Roiaume du Ciel, semblable à ceux que notre Sauveur nous a
donnez ? Qui a pu persuader comme lui les hommes de saire prosession
d'une sainte Philosophie, et d'aspirer au bon-heur qui est préparé aprés
cette vie à la vertu ? Quel Dieu, quel Heros, ou quel homme a jamais
pasle d'O- . ricut tient en Occident d'an pas égal à celui du Soleil, et
qui a répandu les ralons d'une doctrine celeste, qui enseigne à rendre à
Dieu le culte qui n'est du qu'à lui ! 'Quel Dieu ou quel Héros a mis
sous le joug les Dieux des Grees et des Barbares, a aboli lèur culte, a
désait par la sorce de ses armes le parti qu'ils protégeoient, et a
excité tous les peuples a reconnoître la puisTance et la Divinité du
Sils unique de Dieu? Qui a commandé aux peuples de l'Univers de s'aslembler
toutes les semaines pour honorer le jour du Seigneur, et pour célébrer
une Sête, non par des seuins qui chargent le corps , mais par iariecture
et par la méditation qui nourrislent l'ame î Quel Dieu, ou quel Héros a
été attaqué par un aussi grand nombre d'ennemis que nôtre Sauveur , et
qui les a réduits comme lui à son obéïslance ? Ces ennemis n'ont jamais
cesle de combattre sa doctrine , et ses Disciples. Et il 11'a jamais
cesTé de protéger invisiblement ses serviteurs, et depuis peu de jours
il a rendu sort célébres les lieux de leurs aslemblées. Qu'est-il besbin
que je sasle ici son éloge , puis qu'il est au tleslus de l'éloquence
des hommes ? Ses actions parlent d'elles-mêmes, et se sont aslez
entendre à ceux qui n'ont pas les oreilles de l'ame bouchées. C'est sans
doute un miracle nouveau , et inoiii, que le Sils de Dieu, qui de toute
éternité ^toit dans le sein de son Pere, soit venu converser visiblement
avec les hommes, et lesaitco.mblez de tant de graces.
Tout ce que je dis ici est tres-inutile pour vous, ch«p. tres-religieux
Empereur, qui aiant reconnu par '8. des essets qui sont plus sorts que
mes paroles, la Divinité du Sils de Dieu , l'avez toujours depuis
publiée. Vous nous raconterez quand vous l'aurez agréable à vos heures
de loisir , combien-de- sois isestapparu visiblement devant vous,
combiende-sois il vous a dédale ses intentions durant vôN s tic
tre sommeil. Je ne parle pas des mysteres ou il >ous a révélez et qui
sont au dessus de nos pensées. Te ne parle que des préceptes qu'il vous
a donnez pour le gouvernement des peuples, et pour le Sien commun de
l'Univers. Vous nous direz quand il vous plaira, la protection Tisible
dont il Tous a savorite dans les combats en vous decouvrant les ruses de
ves ennemis, en vous retirant du milieu des dangers, eu vous
accompagnant danslasolitwde, en vous éclairant dans vos dou'tes, en vous
aslurant dans vos craintes, en vous •avertislant de l'avenir. Vous nous
direz les conseils qu'il vous a inspirez pour sormer et pour conduire
les plus importantes entreprises, pour ranger vos armées, pour pourvoir
aux besoins de PEtat, pour publier de saintes loix. Vous nous apprendrez
quand il vous plaira., toutes ces choses que nous ignorons, que vous
savezparsaitement, et dont vous conservez des idees sort claires et sort
distinéks dans le tresor de vôtre mémoire. Ce sont sans doute ces essets
scnsibles de la bonte du Sauveur, et ces preuves illustres de
sapuisTance qui vous ont porté à élever cette Eglise, asin qu'elle
servît d'un monument public pour avertir les sidéles et les insidéles de
la victoire qu'il a remportée sur la mort, et pour representer sur la
terre une image de l'empire, et de la gloire dont ses serviteurs
jouiront dans le Ciel.
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