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DENYS D'HALICARNASSE

ANTIQUITÉS ROMAINES

ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΡΩΜΑΙΚΗΣ ΑΡΧΑΙΟΛΟΓΙΑΣ

Biographie des historiens cité par Denys

 

SOPHOCLES (Σοφοκλῆς). Le célèbre poète tragique. 
Les anciennes sources sur la vie de Sophocle sont très maigres. Duris de Samos a écrit un Περὶ Εὐριπίδου καὶ Σοφοκλέους (Ath. iv. p. 1 84, d.); Ister, Aristoxène, Néanthe, Satyrus et d'autres sont cités comme faisant autorité sur sa vie; et il est vraisemblable que, parmi la vaste masse de la littérature alexandrienne, il y avait beaucoup de traités le concernant, sans compter ceux qui portaient sur la tragédie; mais de ces stocks d'information, les seuls vestiges que nous possédons sont une compilation anonyme correcte, Βίος Σοφοκλέους, qui qui se trouve au début des éditions principales des oeuvres du poète, et qui se trouve également dans les  Vitarum Scriptores Graeci Minores de Westermann, l'article très bref de Suidas, et les notices fortuites dispersées dans les oeuvres de Plutarque, d'Athénée et d'autres auteurs anciens. Des nombreux auteurs modernes qui ont traité de la vie, du caractère, et des travaux de Sophocle, les principaux : -- Lessing, dont Leben des Sophokles est un chef d'oeuvre de dissertation esthétique, malheureusement inachevé; Schlegel, dans ses Lectures on Dramatic Art and Criticism, qui sont maintenant familières aux lecteurs anglais; F. Schultz, de Vita Sophoclis, Berol. 1836, 8vo.; Schöll, Sophokles, sein Leben und Wirken, Frankfort, 1842, 8vo., la série détaillée d'articles par C. F. Hermann, dans le Berliner Jahrbücher, 1843: à ces derniers on doit ajouter les travaux classiques sur la tragédie grecque de Böckh (Poet. Trag. Graec. Princ.). Welcker (die Griechischen Tragödien), et Kayser (Hist. Crit. Tragicorum Graec.), et également les histoires classiques de la littérature grecque en général, et de la poésie grecque en particulier, par Müller, Ulrici, Bode et Bernhardy.

i. La vie de Sophocle

Sophocle était natif du village attique de Colone, qui s'étend à un peu plus d'un mile au nord-ouest d'Athènes, et le paysage et les associations religieuses décrits par le poète, dans sa dernière et plus grande oeuvre, montre la puissance de l'influence de son lieu de naissance sur l'ensemble de son génie. Il était né, selon son biographe anonyme, la deuxième année de la 71ème Olympiade, en 495 av. J.-C.; mais le marbre de Paros place sa naissance un an plus tôt en 496 av. J.-C. La plupart des auteurs modernes préfèrent la première date, parce qu'elle est plus en accord avec les autres passages où l'âge du poète est mentionné (voir Clinton, F. H. s. a.; Müller, Hist. Lit. p. 337, Eng. trans.). Mais ces passages, quand on les examine de manière approfondie, sont à peine suffisants pour décider d'une différence de quelques mois. Avec cette remarque en guise d'avertissement, nous plaçons la naissance de Sophocle en 495 av. J.-C., cinq ans avant la bataille de Marathon, de sorte qu'il fut environ trente ans plus jeune qu'Eschyle, et quinze ans plus vieux qu'Euripide. (Le biographe anonyme mentionne également ces différences, mais ses nombres sont évidemment corrompus.)
  Son père s'appelait Sophilos, ou Sophillos : sur son métier  il est clair que la biographie anonyme pas plus que les grammairiens ne savaient rien de certain. Selon Aristoxène, il était charpentier ou forgeron; selon Ister, un fabricant d'épées; mais le biographe refuse d'admettre l'une ou l'autre de ces déclarations, sauf dans sens que Sophilus possédait des esclaves qui exerçaient l'un ou l'autre de ces métiers manuels, parce que, dit-il, il est improbable que le fils d'un petit artisan ait pu être associé, dans le commandement militaire, aux premiers hommes de l'état, tels que Periclès et Thucydide, et aussi parce que, s'il avait été de basse naissance, les poètes comiques n'auraient pas manqué de l'attaquer sur ce point. Il y a une certaine pertinence dans ce dernier argument.
   Au vu de tout cela il est clair que Sophocle reçut une éducation identique à celle des fils des citoyens les plus distingués d'Athènes. Il fut soigneusement formé, en compagnie des garçons de son âge aux deux principales branches de l'éducation grecque, la musique et la gymnastique, et dans tous ces deux branches il gagna comme prix une couronne. La musique lui fut enseignée par le célèbre Lamprus (Vit. Anon.) De la compétence qu'il avait atteinte en musique et en danse dans sa seizième année et de la perfection de sa forme corporelle, nous en avons la preuve dans le fait que, quand les Athéniens se rassemblèrent pour la fête solennelle autour du trophée qu'ils avaient installé à Salamine pour célébrer leur victoire sur la flotte de Xerxès, c'est Sophocle qui fut choisi pour mener, nu et la lyre en main, le chœur qui dansa autour du trophée, et qui entonna les chansons du triomphe, en 480 av. J.-C.. (Ath. I. p. 20, f.; Vit. Anon.)
  Le récit du biographe anonyme, selon lequel Sophocle apprit la tragédie chez Eschyle, a été réfuté pour des raisons qui sont parfaitement concluantes, si on le comprend dans le sens d'instruction directe et formelle; mais, en se basant sur la place des mots, il semble n'exprimer rien d'autre que le fait simple et évident que Sophocle, ayant reçu l'art sous la forme qu'Eschyle l'avait façonné, y avait fait lui-même ses propres améliorations.
   Sa première apparition comme dramaturge eut lieu en 468 av. J.-C., dans des circonstances patriculièrement intéressantes; non seulement du fait que Sophocle, à l'âge de 26 ans, arrivait comme rival du vieux Eschyle, dont le suprématie avait duré une génération entière, mais également du fait du caractère des juges. C'était, en résumé, un concours entre les nouveaux et vieux styles de la poésie tragique, où les concurrents étaient les plus grands dramaturges, à une exception près, qui existèrent, et les juges étaient les premiers hommes, par leur position et leur éducation, d'un état où presque chaque citoyen avait une perception délicate des beautés de la poésie et de l'art. Les solemnités des grandes Dionysies étaient rendues plus imposantes par à l'occasion du retour de Cimon de son expédition à Scyros, apportant avec lui les os de Thésée. L'attente publique était si forte à l'approche du concours dramatique et le sentiment de parti atteint un tel niveau, qu'Apsephion, l'Archonte éponyme, dont le devoir était de nommer les juges, ne s'était pas encore risqué de procéder à l'acte final de tirer au sort leur élection, quand Cimon, avec ses neuf collègues, entra dans le théâtre, et fit les libations habituelles à Dionysos; alors l'Archonte les retint devant l'autel, et leur fit prêter le serment de juges dans les concours dramatiques. Leur décision fut en faveur de Sophocle, qui reçut le premier prix; le second fut attribué à Eschyle, qui mortifié de sa défaite abandonna Athènes et se retira en Sicile. (Plut. Cim. 8 ; Marm. Par. 57.) On suppose que le drame proposé par Sophocle à cette occasion, en se basant sur un calcul chronologique dans Pline (H. N. xviii. 7. s. 12), était Triptolème, pièce sur la nature de laquelle il y a beaucoup de discussion: Welcker, qui a étudié la question en profondeur, suppose que le sujet principal du drame était l'établissement des mystères d'Éleusis et l'établissement du culte de Déméter à Athènes par Triptolème.
   A partir de là il n'y a aucun doute que Sophocle obtint la suprématie sur le théâtre athénien (à moins qu'il ne l'ait partagée avec Eschyle pendant la courte période entre son retour à Athènes et sa retraite finale en Sicile), jusqu'à ce qu'un rival formidable surgisse en la personne d'Euripide, qui gagna le premier prix pour la première fois par année 441 av. J.-C.. Nous ne possédons, cependant, aucun détail de la vie du poète pendant cette période de vingt-huit ans.
   L'année 440 av. J.-C. (Ol, 84, 4) est un moment important dans la vie du poète. Au printemps de cette année, sans aucun doute, il publia le première et le meilleur de ses drames que nous possédons, Antigone, une pièce qui plut tellement aux Athéniens à cause de la sagesse politique qu'elle montrait, qu'ils le nommèrent un des dix stratèges dont Périclès était le chef, lors de la guerre contre la faction aristocratique de Samos, qui dura l'été 440 av. J.-C. au printemps 439 av. J.-C.. Le biographe anonyme déclare que cette expédition eut lieu sept ans avant la guerre du Péloponnèse, et que Sophocles avait alors 55 ans. Un exposé complet de cette guerre se trouve dans History of Greece deThirlwall, vol. iii. pp. 48, suiv. D'une anecdote racontée par Athénée sur les voyages du poète Ion, il s'avère que Sophocle était engagé à amener des renforts de Chios, et que, au milieu de ses occupations de son commandement militaire, il préservait sa tranquillité coutumière de son esprit, et trouvait le temps pour satisfaire son goût de luxe et pour enchanter ses camarades de sa conversation calme et plaisante lors de leurs banquets. Du même récit il semblerait que Sophocle n'ait jamais obtenu ni recherché la moindre réputation militaire: on le représente répétant avec bonne humeur le jugement de Périclès à son sujet, qu'il était fait pour la poèsie et non pour commander une armée. (
Ath. xiii. pp. 603, 604 ; Anon. Vit. Soph. ; Aristoph. Byz. Arg. in Antig. ; Plut. Per. 8 ; Strab. xiv. p. 446 ; Schol. ad Aristoph. Pac. 696 ; Suid. s. v. Μέλητος; Cic. Of. i. 40 ; Plin. H. N. xxxvii. 2 ; Val. Max. iv. 3.) À une autre occasion, si nous devons croire Plutarque (Nic. 15), Sophocle n'avait aucune honte à admettre qu'il n'avait jamais réclamé une distinction militaire; quand il servait avec Nicias, le général lui demanda son avis en premier lieu, au conseil de guerre, en tant que le plus vieux des stratèges, il répondit "Moi en effet je suis le plus vieux en âge, mais vous en conseils*. (᾿Εγὼ, φάναι, παλαιότατός εἰμι, σὺ δὲ πρεσβύτατος.) 
* Plutarque raconte cette anecdote à l'occasion de l'expédition sicilienne; mais nous n'avons aucune autre preuve que Sophocle fut engagé dans cette guerre, c'est très peu probable; l'anecdote peut encore être vraie pour l'essentiel, bien que le moment soit mal placé.
   M. Donaldson, dans son édition récente de l'Antigone (l'introduction, § 2), pense, qu'à cette période de sa vie, Sophocle était un ami personnel et politique de Periclès; que les sentiments politiques exprimés dans l'Antigone étaient destinées à soutenir la politique de l'homme d'Etat, comme Eschyle, dans les Euménides, avait mis toutes ses forces pour soutenir le système opposé du vieux parti conservateur d'Aristide; que Périclès lui-même était visé pour la circonstance, bien qu'indirectement, dans divers passages de la pièce jeu (particulièrement vv. 352, et suivants.) et que les rapports politiques du poète avec Périclès étaient la cause principale de son association avec lui dans la guerre samienne.
  Un sujet encore plus intéressant relié à cette période de la vie du poète, est son innimitié supposée avec Hérodote, qui est également évoquée par M. Donaldson (I. c.), qui a traité ce point plus en détail dans les Transactions of the Philological Society, vol. i. No. 15. Nous apprenons de Plutarque (An Seni sit Gerend. Respub. 3, p. 784, b.) que Sophocle composa une poésie pour Hérodote, débutant avec l'inscription suivante: ᾠδὴν Ἡροδότῳ τεῦξεν Σοφοκλῆς ἐτέων ὢν πέντ´ ἐπὶ πεντήκοντα à l'âge de 55 ans, ce qui nous porte environ à la période de la guerre samienne. Sur cette base M. Donaldson construit la théorie qu'Hérodote résidait toujours à Samos à la période où Sophocle était engagé dans cette guerre, et que des rapports familiers ont subsisté entre le grand poète et l'historien, et les visites fréquentes d'Hérodote à Athènes en sont la preuve. La partie chronologique de la question, importante dans son déroulement sur l'histoire d'Hérodote, est de peu de conséquence en ce qui concerne Sophocle: le fait principal, à savoir ces rapports qui ont existé entre le poète et l'historien, est suffisamment établi par le passage de Plutarque; et on peut encore voir l'influence de cette intimité dans les parallélismes saisissants de leurs oeuvres, qu'on a généralement expliqué par une imitation d'Hérodote par Sophocle, mais M. Donaldson apporte des arguments forts pour expliquer le contraire. (comparez particulièrement Herod, iii. 119, à Antig. 924.)
   L'époque, dont on vient de parler brièvement, peut être considérée comme la moitié de la vie publique de Sophocle qui peut se diviser en deux parties presque égales, chacune se prolongeant durant une période d'environ une génération, mais la dernière est la plus longue des deux; à savoir 468 -- 439, et  439 -- 405 av. J.-C. La seconde de ces périodes, s'étendant de la cinquante-sixième année à sa mort, fut celle de sa plus grande activité poétique, et  tous ses drames existants appartiennent à cette période. Cependant, en ce qui concerne son histoire personnelle, durant cette période de 44 ans, nous n'avons presque aucun détail. L'agitation de la guerre du Péloponnèse semble n'avoir eu aucune autre influence sur lui que de stimuler ses efforts littéraires par la nouvelle impulsion qu'il donna à l'activité intellectuelle de son époque jusqu'à cette période désastreuse après l'expédition de Sicile, quand la réaction à la guerre perdue mena à l'anarchie. Alors nous le trouvons, comme d'autres hommes de lettres illustres d'Athènes, s'associant à la tentative désespérée d'enrayer la ruine de leur pays par une révolution aristocratique; bien que, selon les récits qui nous sont venus à nous sur la place que Sophocle a prise dans ce mouvement, il l'ait seulement approuvée comme mesure de sûreté publique, et pas par amour de l'oligarchie. Quand les Athéniens, à la nouvelle de la destruction totale de leur armée en Sicile (413 av. J.-C.), nommèrent dix des aînés de la ville, comme une sorte de comité de salut public, sous le titre de πρόβουλοι (Thuc viii. 1), Sophocle faisait partie des dix élus. *
* On a cependant douté que ce Sophocle n'était pas une autre personne (voir ci-dessous, le numéro 4). 
   Comme il était alors dans sa 83ème année, il est improbable qu'il ait pris une part active dans leurs démarches ou qu'il ait été choisi pour aucune autre raison que pour obtenir l'autorité de son nom. Tout que nous savons de sa conduite dans sa fonction c'est qu'il lutta pour l'établissement du Conseil oligarchique des quatre cents, en 411 av. J.-C., bien qu'il reconnût la mesure mauvaise, mais, disait-il, il n'y en avait pas de meilleure. (Aristot. Rhet. iii. 18, Pol. vi. 5). Le changement de gouvernement qui s'ensuivit le libéra, sans aucun doute, de toutes les affaires publiques.
  Une chose au moins est claire sur ses principes politiques, c'est qu'il était un amoureux ardent de son pays. Les sentiments patriotiques, que nous admirons toujours dans ses poèmes, sont illustrés par sa propre conduite; à la différence de Simonide et de Pindare, d'Eschyle, d'Euripide, de Platon et d'autres des plus grands poètes et philosophes de la Grèce, Sophocle n'aurait jamais voulu accepter le patronage des monarques, ou quitter son pays pour répondre à leurs invitations répétées. (Vit. Anon.) Ses tendresses s'adressaient à la terre qui avait produit les héros de Marathon et de Salamine, dont les triomphes étaient associés à ses anciens souvenirs; et son esprit éminemment religieux aimait insister sur la ville sacrée d'Athena, et les bosquets sacrés de son Colone natal. Dans ses derniers jours, il servit de prêtre à un héros indigène, Halon, et on dit que les dieux le récompensèrent de sa dévotion en lui accordant des révélations surnaturelles. (γέγονε δὲ καὶ θεοφιλὴς ὁ Σοφοκλῆς ὡς οὐκ ἄλλος, &c. Vit. Anon.)
   Les dissensions familiales, qui ont troublé ses dernières années, sont reliées à une belle histoire bien connue, qui porte les marques de l'authenticité, et qui, si elle est vraie, montre non seulement qu'il gardait ses facultés mentales et souhaitait le calme jusqu'au bout, mais encore nous laissent la conviction satisfaisante que la paix domestique fut rétablie avant sa mort. Sa famille était composée de deux fils, lophon, le fils de Nicostraté, une femme libre athénienne, et Ariston, son fils qu'il avit eu de Théoris de Sicyone *; 
* Suidas mentionne trois autres fils — Leosthenes, Stephanus, et Menecleides — de qui on ne sait rien.

   On dit qu'Ariston eut un fils appelé Sophocle, pour qui son grand-père avait beaucoupd'affection.  Iophron, qui était selon les lois d'Athènes l'héritier légitime de son père, jalousx de amour de celui-ci pour le jeune Sophocle, et craignant que Sophocle ait l'intention de laisser à son petit-fils une grande partie de ses biens, fit venir son père devant les φράτορες, qui semble-t-il, avaient une sorte de compétence dans des affaires de famille, l'accusant de sénilité. Comme seule réponse Sophocle s'exclama : "Si je suis Sophocle, je ne puis délirer; et si je délire, je ne suis pas Sophocle;" et alors il lut de son Oedipe à Colone, qui veanit d'être écrit mais pas encore publié le magnifique parodos commençant par Εὐίππου, ξένε, τᾶσδε χώρας, sur quoi les juges laissèrent immédiatement tomber l'accusation et réprimandèrent lophon pour sa conduite inqualifiable. (Plut. An Seni sit Gerend. Respub. 3. p. 775, b. ; Vit. Anon). Que Sophocle ait pardonné son fils on peut le supposer par la connaissance de son caractère ; et les grammairiens antiques ont supposé que la réconciliation est mentionnée dans les lignes de l'Oedipe à Colone, où Antigone plaide devant son père en faveur de Polynice, comme d'autres pères avaient été incités à pardonner à leurs mauvais enfants (vv. 1192, et suivants). 
   Si Sophocle est mort avant ou après 90 ans, on ne peut le dire avec une certitude absolue. Il est clair, par des allusions sur lui dans les Grenouilles d'Aristophane et dans les Musae de Phrynichos, qu'il était mort avant la représentation de ces drames aux Lénéennes, en Février 405 av. J.-C., et par conséquent plusieurs auteurs, anciens aussi bien que modernes, ont placé sa mort au début de cette année. (Diod. xiii. 103; Marm. Par. No. 65; Arg. III. ad Oed. Col.; Clinton, F. H., s. a.) Mais, si nous retirons le temps requis pour la composition et la préparation de ces drames, les Grenouilles se réfèrent non seulement à sa mort, mais présupposent que l'événement s'est passé lors de la conception même de la comédie ce qui nous fait placer sa mort plus tard que le printemps 406 av. J.-C., et cette date est confirmée par le récit du biographe anonyme, qui dit que sa mort s'est produite à la fête des Choes, qui doit avoir eu lieu en 406, et non en 405, parce que les Choes se fêtent un mois plus tard que les Lénéennes. Lucien (Macrob. 24) exagère certainement, quand il dit que Sophocle vécut jusque 95 ans.
   Tous les divers récits de la sa mort et de son enterrement ont un aspect factice et poétique; de même que beaucoup d'histoires qui nous sont parvenues sur les décès des autres poètes grecs:  nous trouvons souvent le même merveilleux sur la mort de différents individus : c'est le cas pour Sophocle et Philémon]. Selon Ister et Néanthe, il fut étouffé par un raisin (Vit. Anon.) Satyrus prétend que lors d'une récitation publique d'Antigone il mainteint sa voix tellement longtemps sans pause que, par la faiblesse de  son grand âge,  il perdit le souffle et la vie (ibid.); tandis que d'autres attribuaient sa mort à la joie excessive lors d'une victoire (ibid.). Ces légendes sont naturellement la conséquence d'un sentiment poétique qui aime lier les derniers moments du grand tragedien avec son dieu patron. Dans le même esprit on raconte que Dionysos lui apparut deux fois à la Lysandre, et lui ordonna de faire mettre les restes du poète dans le tombeau familial sur la route de Decelie (
Vit. Anon., comp. Paus. i. 21). Selon Ister, les Athéniens honoraient sa mémoire par un sacrifice annuel (Vit. Anon.)
   Sans doute les auteurs anciens avaient raison de penser que, en l'absence de détails, la mort de Sophocle ne méritait qu'une description poétique; mais, au lieu du recourir aux légendes insignifiantes et contradictoires, ils ont pu trouver des descriptions de son décès, à la fois poétiques et vraies, dans les vers des poètes contemporains, qui ont laissé de côté la satire amère de la vieille comédie pour faire l'honneur à sa mémoire. Ainsi Phrynichus, dans sa pièce les Μοῦσαι, qui a été jouée enmême temps que les Grenouilles d'Aristophane, dans laquelle aussi la mémoire de Sophocle est traitée avec un respect profond, parle de la mort du poète dans ces belles lignes: 

Μάκαρ Σοφοκλέης, ὃς πολὺν χρόνον βιούς
ἀπέθανεν, εὐδαίμων ἀνὴρ καὶ δεξίος;
πολλὰς ποιήσας καὶ καλὰς τραγῳδίας·
καλῶς δ' ἐτελεύτησ' οὐδὲν ὑπομείνας κακόν.

(Arg. III. ad Oed. Col. ; Meincke, Frag. Com, Graec. vol. ii. p. 592 ; Editio Minor, p. 233.)  Et si cette dernière ligne n'est pas assez expicite pour ceux qui sont curieux de connaître le détail de la mort d'un tel homme, nous  prenons le risque de dire que ce manque peut être suppléé par ces exquis vers où le poète raconte lui-même la mort d'Oedipe, quand revenu après une longue expiation à cette calme religion dans laquelle il avait toujours vécu  -- une description tellement exacte satisfaisant notre idée de ce que la mort de Sophocle put et aurait pu être, dont nous nous apercevons, par un sorte d'instinct, qu'elle a été écrite comme une anticipation directe de sa propre mort, ou peut-être même mise dans sa forme actuelle par Sophocle plus jeune, pour faire une représentation exacte de la mort de son grand-père -- quand Oedipe, appelé par une voix divine provenant des cavernes solennelles de la grotte des Euménides, en termes qui pourraient s'appliquer au poète de quatre-vingt-dix ans (Oed. Col. 1627, 1628) 
ὦ οὗτος, οὗτος, Οἰδίπους, τί μέλλομεν
χωρεῖν; πάλαι δὴ τἀπὸ σοῦ βραδύνεται.
prenant congé de ses enfants et retiré du monde, et offrant ses dernières prières aux dieux du terre et du ciel, il part dans la paix, par un destin inconnu, sans maladie ou douleur (1658, suiv.) 
οὐ γάρ τις αὐτὸν οὔτε πυρφόρος θεοῦ
κεραυνὸς ἐξέπραξεν οὔτε ποντία
θύελλα κινηθεῖσα τῷ τότ' ἐν χρόνῳ,
ἀλλ' ἤ τις ἐκ θεῶν πομπὸς ἢ τὸ νερτέρων
εὔνουν διαστὰν γῆς ἀλύπητον βάθρον.
ἁνὴρ γὰρ οὐ στενακτὸς οὐδὲ σὺν νόσοις
ἀλγεινὸς ἐξεπέμπετ', ἀλλ' εἴ τις βροτῶν
θαυμαστός. εἰ δὲ μὴ δοκῶ φρονῶν λέγειν,
οὐκ ἂν παρείμην οἷσι μὴ δοκῶ φρονεῖν.
Si un lecteur pense que l'application de ces lignes à la mort de Sophocle lui-même est trop fantaisiste, qu'il prenne les derniers mots de la citation comme notre réponse; et qu'il nous laisse encore en outre nous livrer à la même fantaisie en imaginant, non pas les applaudissements, mais l'explosion du sentiment caché, avec lequel une assistance athénienne écouta la première fois cette description, l'appliquant, comme nous en sommes sûrs, au poète qu'ils avaient perdu.
   L'inscription placée sur son tombeau, selon quelques autorités, célébrait en même temps la perfection de son art et les grâces de sa personne (Vit. Anon.): 
κρύπτῳ τῷδε τάφῳ Σοφοκλῆν πρωτεῖα λαβόντα
τῇ τραγικῇ τέχνῃ, σχῆμα τὸ σεμνότατον.
 Parmi les épigrammes sur lui dans l'Anthologie grecque, il y en a une attribuée à Simmias de Thèbes, qui est peut-être un des joyaux les plus exquis dans la collection entière pour la beauté et l'exactitude de son langage figuré.
᾿Ηρέμ' ὑπὲρ τύμβοιο Σοφοκλέος, ἠρέμα, κισσέ,
ἐμπύζοις, χλοεροὺς ἐκπροκέων πλοκάμους,
καὶ πεταλὸν πάντη θάλλοι ῥόδου, ἥ τε φιλορρὼξ
ἄμπελος, ὑγρὰ πέριξ κλήματα χεναμένη,
εἵνεκεν εὐμαθίης πινυτόφρονος, ν ὁ μελιχρὸς
ἤσκησεν Μουσῶν ἄμμιγα καὶ Χαρίτων.
   Parmi les vestiges de l'art antique, nous possédons plusieurs portraits de Sophocle, qui, cependant, comme les autres oeuvres de la même classe, sont probablement des représentations idéales, plutôt que des représentations réelles. Philostrate (Imag. 13) décrit plusieurs portraits par différents artistes, et un décompte de ceux qui existent encore se trouve dans 
Archäologie der Kunst de Müller, § 420, n. 5, p. 731, ed. Welcker.
   Le sommaire chronologique suivant montre les principaux événements, dont la date peut être fixée, de la vie de Sophocle: 

Ol Av. J.-C.  
71. 2
73. 4.
75. 1. 

77. 4.

78. 1. 
80. 2. 
81. 1. 
81. 1. 
84. 3. 
84. 4.

85. 1.
91. 4.
92. 1.
92. 3.
93. 2.
94. 3.
495.
484.
480.

 468.

469
458.
456.
455.
441.
440.

439.
413.
411.
409.
406.
401.
Naissance de Sophocle.
Eschyle gagne le premier prix. Naissance d'Hérodote.
Bataille de Salamine. Sophocle (aet. 15—16) dirige le choeur du trophée. Naissance d'Euripides.
Première victoire tragique de Sophocle. Défaite et exil d'Eschyle. Naissance de Socrate.
Mort de Simonide.
L'᾿Ορεστεία d'Eschyle.
Mort d'Eschyle.
Euripide commence à se montrert.
Euripide gagne le premier prix.
Sophocle gagne le premier prix avec son Antigone et est nommé stratège avec Périclès dans la guerre samienne.
Probable retour de Sophocle à Athènes. Mort de Pindare?
Sophocle un des Probuli.
Gouvernement des Quatre-Cents.
Le Philoctète de Sophocle. Premier prix.
Mort d'Euripide. Mort de Sophocle.
Oedipe à Colone présenté par le jeune Sophocle.


Le tableau suivant montre l'arbre généalogique de Sophocle, omettant les trois fils, dont nous savons seulement les noms (voir ci-dessus):

1. Sophilos

2. (Epouse) Nicostrate =
Sophocle =Theoris (Concubine) 

              lophon                               Ariston

3.                                                   
Sophocle 2.

   Tous ces descendants de Sophocle semblent s'être occupés, dans une certaine mesure, de poésie tragique, lophon avait une certaine célébrité comme tragédien . Il y a un certain doute au sujet d'Ariston; il est probable qu'il fut un poète tragique, mais il préféra sans doute reproduire les oeuvres de son père à la publication de ses propres drames. (Comp. Kayser, Hist. Crit. Trag. Graec. pp 74 - 76.) 

II. Le caractère personnel de Sophocle.  

Dans cette belle pièce de critique dramatique, dont l'objet est assurément sérieux, bien que la forme soit celle du rire franc et de la satire mordante de la vieille comédie, nous pensons aux Grenouilles, il est fort intéressant de noter avec quel respect  Sophocle est traité, comme s'il était presque au-dessus de toute critique, et la force particulière de certains passages où Aristophane parle plus expressément de lui. (Aristoph. Ran. 76 - 82, 786 - 794, 1515 - 1519). "εὔκολος μὲν ἐνθάδ᾽ εὔκολος δ᾽ ἐκεῖ." - " bonhomme ici, bonhomme là-bas. " est l'expression brève mais expressive qui résume son caractère personnel. 
   Il semble en effet que Sophocle ait possédé chaque élément qui, au jugement d'un Grec, compose un caractère parfait: la plus grande beauté et la symétrie de la forme; la compétence la plus grande dans ces arts qui étaient particulièrement estimés, la musique et la gymnastique, grâce à laquelle il développa cette perfection corporelle, qui pare toujours quelqu'un même si elle ne contribue pas réellement à la grandeur intellectuelle, alors que la musique était non seulement essentielle à son art comme tragédien, mais elle était aussi considérée par les Grecs comme un des instruments principaux pour former le caractère d'un homme; ses tragédies montrent un calme et un contentement de constitution, qui semble n'avoir presque jamais été dérangé, et qui était probablement le secret de cette maîtrise parfaite au dessus des passions des autres ; un comportement gai et aimable, et une intelligence vive, grâce à laquelle il gagnait l'admiration affectueuse de ceux qu'il fréquentait; un esprit de piété tranquillle et méditative, en harmonie avec son tempérament normal, et stimulé par les endroits où il passa son enfance et les sujets auxquels il consacra sa vie; une puissance intellectuelle et une spontanéité de génie, dont ses tragédies restantes sont les monuments splendides, mais mutilés: tels sont les principaux traits d'un caractère, que l'harmonie même de ses parties est difficile à rendre avec éclat. Le léger défaut physique, la faiblesse de la voix, qui, dit-on, l'empêchaient d'apparaître comme acteur, ne pouvaient avoir eu beaucoup de conséquences, par rapport à la perfection qu'il apporta à la partie technique de l'art par ses propres règles, améliorant celles d'Eschyle, et la quantité de bons acteurs - que nous pourrions citer - qui se sont épanouis à Athènes de son temps. Ses défauts moraux, si nous devons croire les insinuations des poètes comiques et le bavardage des grammairiens médisants, étaient tels qu'il devait naturellement y tomber à cause de la perfection de ses facultés corporelles et de la facilité de son caractère. Aristophane, qui l'a traité avec un tel respect, comme nous avons vu, après sa mort, pendant sa vie l'associa à Simonide dans son accusation de l'amour du gain (Pax, 695 -- 699); et il est fort probable que, une fois fort âgé, et avec son goût affirmé pour le luxe, il aurait pris l'habitude de faire un gain du génie, qui, depuis le temps de Simonide, avait été un péché mignon des écrivains. L'accusation de sensualité, un vice de son âge et de son pays, semble bien fondée, mais à la fin de sa vie il semble avoir surmonté de telles propensions. (Plat. Repub. I. p. 329, b. c.; Cic. Cat.. Maj. 14, de Offic. i. 40; Athen. XII p. 510, xiii. p. 603.)

III.
Le caractère poétique de Sophocle

Par consentement universel des meilleurs critiques, des temps anciens et modernes, les tragédies de Sophocle sont non seulement la perfection du drame grec; mais elles s'approchent aussi très près du modèle idéal de la poésie. Un tel point de perfection, dans n'importe quel art, est toujours le résultat d'une combinaison de causes, où se trouve l'impulsion interne du génie créateur de l'homme. Les influences externes, qui déterminent la direction de ce génie, et donnent l'occasion de sa manifestation, doivent  être considérées très soigneusement. Parmi ces influences, aucun n'est plus importante que le caractère politique et intellectuel de l'époque. Ce moment dans l'histoire des états, -- où les esprits des hommes, nouvellement libérés des systèmes dogmatiques traditionnels, ne se sont pas encore laissé aller aux caprices de la spéculation débridée, - où les sujets et les idées religieux sont encore considérés avec révérence, mais plus vénérés à distance, comme trop solennels et mystérieux à contempler, - où une liberté nouvellement acquise est évaluée par rapport à la disposition de ses lois et et de ses sanctions, et où la licence n'a pas encore maîtrisé la loi, - où l'homme fermement, mais modestement, demande à être son propre gouverneur et son propre prêtre, pour penser et travailler pour lui et son pays, contrôlé seulement par ces lois qui sont nécessaires pour maintenir la société, et pour soumettre l'énergie individuelle au bien-être public, où une guerre gagnée a réveillé l'esprit, activé les énergies, et accru les ressources d'un peuple, mais où  la prospérité et les partis n'ont pas encore corrompu le coeur et dissous les liens de la société, - quand le goût, les loisirs et la richesse, qui exigent et encouragent l'acquisition des plaisirs raffinés, ne sont pas encore arrivé à un degré d'épuisement qui exige des stimulants plus excitants et plus malsains, - telle est la période qui apporte les oeuvres les plus parfaites dans la littérature et dans l'art; telle était la période qui donna naissance à Sophocle et à Phidias. La poésie Eschyle, - se nourrissant dans les traditions antiques et dans le fatalisme le plus obtu, exhibant les dieux et les héros de la période mythique dans leurs propres sphères élevées et inapprochables, se revêtissant lui-même d'une pompe imposante mais parfois incompréhensible, et s'exprimant dans une langue sublime mais pas toujours compréhensible, - était l'expression vraie de l'énergie imparfaitement réglée, des aspirations non définies, et de la foi simple des hommes de Marathon et de Salamine: tandis que la poèsie d'Euripide,  - dans sa beauté séduisante, sa passion incontrolée, sa déclamation sophistique, ses scènes et allusions familières - reflétait un peu le caractère d'une race dégénérée, qui avait été perturbée par le grand conflit social de la guerre du Péloponnèse, corrompue par l'exercice de la licence chez eux et par le despotisme sur leurs alliés, pervertie par l'enseignement des sophistes, et amollie par la dépravation rapide de la morale. Le génie d'Eschyle est religieux et surhumain; celui de Sophocle, sans cesser d'être religieux, mais présentant la religion dans un tout autre aspect, est moral et, dans le sens noble, humain; celui d'Euripide est irréligieux, sans éthique, et humain dans le sens le plus bas, se basant sur les passions, et applaudissant aux faiblesses d'une génération corrompue de l'humanité.
   À ces influences externes, qui ont affecté l'esprit du drame comme il apparaît chez Sophocle, on doit ajouter les changements de sa forme et le mécanisme, qui ont élargi sa sphère et ont modifié son caractère. De ces changements, le plus important fut l'addition du τριταγωνιστής, ou le troisième acteur : ce qui permit à trois personnes d'apparaître sur scène en même temps, au lieu de seulement deux. Ce changement a énormément agrandi la portée de l'action dramatique, et en effet, comme Müller le note à juste titre, "il a semblé réaliser tout ce qui était nécessaire à la variété et la mobilité de l'action dans la tragédie, sans sacrifier la simplicité et la clarté qui, dans l'âge d'or de l'antiquité, étaient toujours considérées pour les qualités les plus essentielles." (Hist. of Gr. Lit. pp 304, 305.) Par l'addition de ce troisième acteur, le personnage principal du drame peut subir deux influences contradictoires qui montrent immédiatement les deux faces de son caractère; comme dans la scène où Antigone doit faire face en même temps à la faiblesse d'Ismène et à la tyrannie de Créon. Même ces scènes où seulement deux acteurs apparaissent sont rendues plus significatives par leur relation aux parties du drame où l'action combine les trois, et réciproquement; ainsi, la scène de l'Antigone dont on vient de parler  prend toute sa force dans une grande mesure par comparaison avec les conflits séparés entre Antigone et Ismène, et entre Antigone et Créon; tandis que la signification de ces deux scènes est seulement comprise entièrement quand on la regarde dans sa relation avec la troisième. Eschyle a adopté le troisième acteur dans ses dernières pièces ; et c'est devenu une règle généralei qui a contribué considérablement au progrès rapide de l'art, que chaque amélioration faite par l'un ou l'autre des grands auteurs dramatiques rivaux de l'époque, était nécessairement adoptée par les autres. Du temps de Sophocle et d'Euripide, il n'y eut jamais plus de trois acteurs. "C'était dans le but de tirer le plus grand parti possible de quelques acteurs éminents, et d'empêcher que puissent jamais se produire ces dommages à l'ensemble général par l'intervention d'acteurs inférieurs, même dans les pièces subalternes; et, c'est ce qui arrive si souvent de nos jours." (Muller, Hist. Lit. p. 304.) Dans une seule pièce de Sophocle, et qui ne fut pas jouée de son vivant, l'intervention d'un quatrième acteur semble nécessaire, à savoir, dans l'Oedipe à Colone; " à moins que nous supposions que le rôle de Thésée dans cette pièce ait été en partie joué par la personne qui représentait Antigone, et en partie par la personne qui représentait Ismène: il est, cependant, bien plus difficile à deux acteurs de tenir un rôle dans la même tonalité et le même esprit, que pour qu'un acteur de tenir plusieurs rôles avec les modifications appropriées." (Müller, p. 305, note.) On aurait  au delà des limites de cet article en décrivant la façon de distribuer aux trois acteurs  les personnages d'un drame grec, acteurs qui, par des changements de robes et de masques, reprenaient tous les caractères parlants de la pièce. Ce sujet, cependant essentiel à une pleine compréhension des travaux de Sophocle, appartient plutôt à l'histoire génèrale du drame grec: il est très bien étudié par Müller, qui donne un schéma de distribution des rôles dans la trilogie d'Oreste d'Eschyle, et dans l'Antigone et l'Oedipe-Roi de Sophocle (pp 305 -- 307). M. Donaldson également parle assez longuement de la distribution des rôles dans l'Antigone (Introduction to the Antigone, § 4.)

Sophocles also introduced some very important modifications in the choral parts of the drama. According to Suidas (s. v.) he raised the number of the choreutae from twelve to fifteen ; and, al­though there are some difficulties in the matter, the general fact is undoubted, that Sophocles fixed the number of choreutae at fifteen, the establishment of which, as a rule, would necessarily be accompanied with more definite arrangements than had previously been made respecting the evolutions of the Chorus. At the same time the choral odes, which in Aes­chylus occupied a large space in the tragedy, and formed a sort of lyric exhibition of the subject in­terwoven with the dramatic representation, were

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SOPHOCLES.

very considerably curtailed, and their burden was less closely connected with the subject of the play ; while the number of the epeisodia, or acts, into which they divided the drama, was increased, and the continuity of the action was made closer by the rareness .of the absence of all the actors from the stage, whereas in the earlier tragedies the stage was often left vacant, while the Chorus was singing long lyric odes. The mode in which the Chorus is connected with the general subject and progress of the drama is also different. In Aeschylus the Chorus is a deeply interested party, often taking a decided and even vehement share in the action, and generally involved in the catastrophe ; but the Chorus of Sophocles has more of the character of a spectator, moderator, and judge, comparatively im­partial, but sympathising generally with the chief character of the play, while it explains and harmo­nizes, as far as possible, the feelings of all the actors. It is less mixed up with the general ac­tion than in Aeschylus, but its connexion with each particular part is closer. The Chorus of So­phocles is cited by Aristotle as an example of his definition of the part to be taken by the Chorus :— Kal tqv x°P°v S* *va ^ €* viro\a€eiv rdSv viroKpiruv Kal ^.opLov elvai rov oAou Kal (TvvaywifccrQai, /xt} wtrirep Evpnrid^s dAA' aicnrzp 3o(poK\fjs (Poet. 18); where, however, the value of the passage, as a de­scription of the choruses of Sophocles is somewhat diminished by the fact that he is comparing them, not with those of Aeschylus, but with those of Euripides, whose choral odes have generally very little to do with the business of the play.

By these changes Sophocles made the tragedy a drama in the proper sense of the word. The inte­rest and progress of the piece centred almost en­tirely in the actions and speeches of the persons on the stage. A necessary consequence of this alter­ation, combined with the addition of the third actor, was a much more careful elaboration of the dialogue ; and the care bestowed upon this part of the composition is one of the most striking features of the art of Sophocles, whether we regard the energy and point of the conversations which take place upon the stage, or the vivid pictures of actions occurring elsewhere, which are drawn in the speeches of the messengers.

It must not, however, be imagined for a moment that, in bestowing so much care upon the dialogue, and confining the choral parts within their proper limits, Sophocles was careless as to the mode in which he executed the latter. On the contrary, he appears as if determined to use his utmost efforts to compensate in the beauty of his odes for what he had taken away from their length. His early attainments in music, — the period in which his lot was cast, when the great cycle of lyric poetry had been completed, and he could take Simonides and Pindar as the starting points of his efforts, — the majestic choral poetry of his great predecessor and rival, Aeschylus, which he regarded rather as a standard to be surpassed than as a pattern to be imitated, — combined with his own genius and exquisite taste to give birth to those brief but per­fect effusions of lyric poetry, the undisturbed enjoy­ment of which was reckoned by Aristophanes as among the choicest fruits of peace ( Poo?, 523).

   Un autre changement de la plus grande importance (bien qu'il n'ait pas été inventé par Sophocle, il fut le premier à le mettre en pratique), fut l'abandon de la forme trilogistique, dans la mesure  où cela concernait la  continuité du sujet. Pour obéir à la coutume établie aux fêtes de Dionysios, il semble que Sophocle proposa généralement trois tragédies et un drame satyrique en même temps; mais les sujets de ces quatre pièces étaient entièrement distincts, et chacune formait un tout complet en soi.
   Parmi les améliorations purement mécaniques présentées par Sophocle, la plus importante est celle de la scene-painting, dont l'invention lui est attribuée.
   Tous ces arrangements externes et formels ont eu nécessairement une influence très importante sur l'esprit et le caractère entiers des tragédies de Sophocle. Mais il reste à exposer les dispositifs les plus essentiels de l'art du grand tragédien, à savoir, son choix des sujets, et de l'esprit dans lequel il les a traités.

Les sujets et le style d'Eschyle sont essentiellement héroïques; ceux de Sophocle sont humains. Le premier excite la terreur, la pitié et l'admiration, comme si nous le regardions de loin; le second apporte ces mêmes sentiments au coeur, avec en outre de la sympathie et une implication personnelle. Aucun individu humain ne peut s'imaginer être à la place de Prométhée, ou retirer un avis personnel des crimes et du destin de Clytemnestre; mais chacun peut, en lui-même, partager la piété d'Antigone qui donne de sa vie à l'appel de la piété fraternele, et la sérénité qui vient à l'esprit d'Oedipe quand il s'est réconcilié avec les dieux. Chez Eschyle, les victimes sont les victimes d'un destin inexorable; mais Sophocle met en évidence leurs propres défauts, qui forment un élément de l'ἄτη dont ils sont les victimes, et il est plus tourné à leur enseigner, comme leçon provenant de leurs malheurs, la sérénité et la modération sages, dans les désirs et dans les actions, dans la prospérité et dans l'adversité, que les poètes et les philosophes grecs célèbrent sous le nom de  σωφροσύνη. D'autre part, il ne descend jamais à ce niveau auquel Euripide a réduit l'art, l'exposition de la passion humaine et de la souffrance avec comme seul but d'exciter l'émotion chez les spectateurs, indépendamment d'une fin morale. La grande différence entre les deux poètes est donnée par Aristote, dans ce passage de la Poétique (6. §§ 12, suiv.) qui pourrait s'appeler le grand texte de la philosophie esthétique, et dans lequel, bien que les noms de Sophocle et d'Euripide ne soient pas mentionnés, il ne peut y avoir aucun doute qui le passage qui dit que "les tragédies de la plupart des poètes récents n'ont pas d'éthique" semble s'appliquer à Euripide, et que le contraste, qu'il commence par illustrer par un comparaison entre Polygnote et Zeuxis dans l'art de la peinture, sert à décrire la différence entre les deux poètes, parce que dans un autre passage de la Poétique (26, le § 11) il cite en les approuvant les paroles de Sophocle, qu'"il a représenté lui-même des hommes comme ils doivent être, mais qu'Euripide les a montrés comme ils sont;" une remarque qui venant de la bouche de Sophocle lui-même, expose l'absurdité de ces opposants de la science esthétique, qui ricanent au fait que l'on attribue aux grands poètes de l'antiquité des buts moraux et artistiques auxquels eux-mêmes n'ont jamais pensé. Il est tout à fait vrai que les premiers et les plus puissants essais du génie sont en grande partie (mais jamais, croyons-nous, entièrement) inconscients; et que même de telles productions sont régies par des lois, écrites dans l'esprit humain et instinctivement suivies par le poète, lois dont c'est la tâche et la gloire de la science esthétique de retrouver dans les travaux de ces auteurs qui les ont suivies inconsciemment; mais de telles oeuvres, aussi magnifiques qu'elles soient, ne sont jamais aussi parfaites, en tous points, que les travaux du poète qui, possédant un génie égal, établit consciemment et laborieusement les grands principes de son art. C'est à cet égard qu'Eschyle surpasse Sophocle; ses oeuvres ne sont peut-être pas plus grandes, voire, elles sont peut-être inférieures, dans la sublimité indigène et le génie spontané, mais elles sont plus parfaites; et cela pour la raison même maintenant indiquée, et que Sophocle donne lui-même, quand il dit, "Eschyle fait ce qui est droit, mais sans le savoir." Les défauts chez Eschyle, que Sophocle a perçu et a essayé d'éviter, sont pointés dans un passage précieux préservé par Plutarque (de Prof. Virt. p. 79, b.). Les limites de cet article ne nous permettent pas de disserter sur le caractère moral de Sophocle, qui est discuté et illustré de manière approfondie dans certains des travaux cités ci-dessus, et également les Lectures on Dramatic Art aut Criticism de Schlegel, où le lecteur trouvera une comparaison détaillée entre les trois grands poètes tragiques (Lect. 5). Nous ajouterons seulement, en guise de conclusion, que si l'on cherche l'illustration la plus parfaite de la définition d'Aristote de la fin de la tragédie comme δι᾽ ἐλέου καὶ φόβου περαίνουσα τὴν τῶν τοιούτων παθημάτων κάθαρσιν. (Poët. 6.  § 2), on la trouvera dans l'Oedipe à  Colone de Sophocle, et nous recommanderions, en tant qu'un des exercices les plus utiles dans l'étude de la critique esthétique, la comparaison de cette tragédie avec les Eumènides d'Eschyle et du Lear de notre propre Shakespeare.

iv. Oeuvres de Sophocle. Le nombre de pièces attribuées à Sophocle était de 130, dont, cependant, selon Aristophane de Byzance, dix-sept étaient apocryphes. Il s'opposa non seulement à Eschyle et à Euripide, mais également à Choerilus, Aristias, Agathon, Agathon et autres poètes, parmi lesquels se trouvait son propre fils lophon; et il remporta le premier prix vingt ou vingt-quatre fois, souvent le second, et jamais le troisième (Vit. Anonyme; Suid. s.v.).  Il est à remarquer, comme preuve de son activité et de ses succès croissants, que, de ses 113 drames, 80 ont été produits dans la seconde des deux périodes qui divisent sa carrière avec la représentation de l'Antigone, qui était sa 32ème pièce. (Aristoph. Byz. Argum. ad Antig.) et aussi que tous ses drames existants, qui naturellement au jugement des grammairiens étaient les meilleurs, appartiennent à la dernière de ces deux périodes. En comparant le nombre de ses pièces avec les 62 ans de sa carrière, et également le nombre appartenant à chacune des deux périodes, Müller obtient comme résultat que d'abord il composa une tétralogie tous les trois ou quatre ans, mais qu'ensuite tous les deux ans; et aussi que dans plusieurs des tétralogies le on a perdu le drame satyrique, ou peut-être n'a-t-il jamais existé, et que, parmi ces 113 pièces il pourrait seulement y avoir au plus 23 drames satyriques et 90 tragédies (Hist. Lit. pp 339, 340). On a essayé de diviser les pièces et les titres existants de Sophocle en trilogies; mais, comme on aurait pu s'y attendre de ce qui a été dit plus haut concernant la nature de ses trilogies, mais cela a échoué. Une disposition beaucoup plus importante a été très minutieusement élaborée par Welcker (Grieck. Tragöd.), à savoir, la classification des pièces et des fragments existants selon les poésies du cycle épique sur lequel elles se basent.
  Voila plus que probablement l'ordre chronologique des sept tragédies existantes de Sophocle : - Antigone, Electre, les Trachiniennes, Oedipe-Roi, Ajax, Philoctète, Oedipe à Colone. Il est inutile d'essayer une analyse de ces pièces, d'abord parce que tout érudit les a lues ou les lira, et ensuite parce qu'elles sont admirablement analysées dans les oeuvres tellement lues comme History of the Literature of Ancient Greece de  Müller et  Lectures de Schlegel. Et l'espace nous manque pour essayer d'entrer entièrement dans la question fort contestée de l'objet et de la signification de l'Antigone; mais le lecteur peut consulter les éditions d'Antigone par Böckh, Wex, Hermann, et Donaldson; les articles de M. Dyer, dans  the Classical Museum, vol. ii. pp. 69, foll., vol. iii. pp. 176, foll.; et les articles de G. Wolff, dans le Zeitschrift für Alterthumswissenchaft de 1846, passant en revue tes travaux récents sur l'Antigone.
On doit seulement ici remarquer que nous pensons les deux points de vues extrêmes sont également éloignées de la vérité; que la pièce n'est pas conçue pour soutenir exclusivement les droits de la loi en la personne de Créon ou ceux de la liberté en la personne d'Antigone, mais pour montrer les affirmations de tous les deux, pour montrer qu'il y a confrontation quand chacun va au delà des limites de la modération; ou, pour parler plus correctement, la confrontation n'est pas entre la loi et la liberté, mais entre les deux lois : celle de la famille et de l'état, celle du devoir religieux et de l'obéissance civile. Personne n'est tout-à-fait dans le bien ou dans le mal. La faute de Créon est dans la publication d'un décret dur et impie, celle d'Antigone dans son refus obstiné à s'y soumettre ; et donc chacun tombe victime d'un conflit entre deux lois que chacun combat ; tandis que tous les deux, ainsi qu'Hémon, sont impliqués par leurs différents actes dans une ἄτη plus générale et antécédente qui pèse sur la famille royale de Thèbes. En même temps, il n'est pas évident que tout cela soit  contenu dans le drame. La faute la plus grande est chez Créon. Antigone aurait eu parfaitement le droit de désobéir à son édit, si elle avait utilisé tous les moyens pour obtenir son abrogation, bien que même alors la loi stricte aurait pu sans doute exiger son martyre comme prix de sa piété fraternelle; et peut-être, d'autre part, le poète a voulu dire qu'il y a des cas où la loi peut être transgressée, pour éviter les conséquences épouvantables résultant de son application stricte. En tout cas il est clair que la sympathie du poète et des spectateurs vont vers Antigone, bien qu'ils soient contraints d’admettre qu'elle n'est pas entièrement innocente, ni Créon tout à fait coupable. Mais nous pensons toujours que cette sympathie pour Antigone est seulement secondaire si l’on s’en rapporte à la leçon enseignée par les fautes et la ruine de tous les deux, une leçon que le poète lui-même a distinctement exprimé dans les derniers mots du choeur, -- τὸ φρονεῖν, par opposition aux μεγάλοι λόγοι de la volonté inébranlable, une indulgence qui, même pour cause de piété envers les dieux, amène des μεγάλας πληγάς comme châtiment.
   On peut trouver les titres et les fragments des pièces perdues de Sophocle dans l'édition principale et dans   les Griechischen Tragödien de Welcker.
   En plus de ces tragedies, Sophocle, dit-on, écrivit une élégie, des péans et d'autres poèmes, et un travail en prose sur le Choeur, en opposition à Thespis et à Choerilus. (Suid. s. v.)


v. Anciens Commentateurs de Sophocle. — Dans les Scholies, les commentateurs sont cités par le nom général de οἱ ὑπομνηματισταί ou οἱ ὑπομνηματισταμενοι. Parmi les noms cités ou ceux à qui on attribue des commentaires sur Sophocle, il y a Aristarque, Praxiphanes, Didymus, Hérodien, Horapollon, Androtion, et Aristophane de Byzance. La question de la valeur de ces Scholies est étudiée par Wunder, de Schol. in Soph. Auctoritate, Grimae, 1838, 4to., et par Wolff, de Sophoclis Scholiorum Laur. Variis Lectionibus, Lips. 1843, 8vo.

vi. Editions des pièces de Sophocle.

L'Editio Princeps est celle d'Aldus, 1502, 8vo., et parmi de nombreuses autres éditions imprimées au 16ème siècle, la meilleure est celle de H. Stephanus, Paris, 1568, 4to., et de G. Canterus Antwerp, 1579, 12mo., toutes les deux se basent sur le texte de Turnèbe. Rien de particulier sur les éditions suivantes ne mérite d'être mentionné jusqu'à celle de Brunck, en 4 vols. 8vo., Argentor. 1786 — 1789, et en 2 vols. 4to., Argentor. 1786 ; les deux éditions contiennent le texte grec avec une traduction latine et des Scholies et Index. Le texte de Brunck, qui se base sur celui d'Aldus, est à la base de toutes les éditions postérieures, dont la suivante et la plus importante : celle de Musgrave, avec Scholies, Notes, et Index, Oxon. 1800, 1801, 2 vols. 8vo., réimpression : Oxon. 1809 — 1810, 3 vols. 8vo. ; celle de Erfurdt, avec Scholies, Notes, et Index, Lips. 1802 — 1825, 7 vols. 8vo. ; (les précieuses notes d'Erfurdt sur toutes les tragédies, sauf l'Oedipe à Colone, furent réimprimées dans un volume séparé, à London, 1824, 8vo.) ; celle de Bothe, que réédita l'édition de Brunck, mais avec beaucoup de changements irréfléchis dans le texte, Lips, 1806, 2 vols. 8vo., dernière édition, 1827, 1828 ; celle de Hermann, que complèta une nouvelle édition, qu'Erfurdt commença, mais ne vécut que pour publier les deux premiers, Lips. 1809—1825, 7 vols. sm. 8vo.; L'édition de Brunck entièrement révisée par Hermann, avec notes additionnelles, &c., Lips. 1823—1825, 7 vols. 8vo.; l'édition de Schneider, avec Notes en Allemand et un Lexique, Weimar, 1823—1830, 10 vols. 8vo. ; la réimpresssion de l'édition de Brunck, avec les Notes de Burney et de Schaefer, 1824, 3 vols. 8vo. ; l'édition de Elmsley, avec les Notes de Brunck et de Schaefer, Lexicon Sophocleum, &c. Oxon. 1826, 2 vols. 8vo.; reimpr., Lips. 1827, 8 vols. 8vo. ; celle du texte seul de Dindorf, dans les Poetae Scenici Graeci, Lips. 1830, 8vo., réimprimée à Oxford, 1832, avec l'addition d'un volume de Notes, 1836, 8vo. ; celle de Ahrens, comprenant le texte, d'après Dindorf, avec une traduction latine revue, par L. Benloew, les Fragments d'après Welcker, et les nouveaux Index, dans la Bibliotheca Scriptorum Graecorum de Didot, Paris, 1842 — 1844, imp. 8vo.; et finalement, de loin l'édition la plus utile pour le simple étudiant est celle de Wunder, dans la  Bibliotheca Graeca de Jacobs et Host, contenant le texte, avec des notes critiques et explicatives et des introductions, Gothae et Erfurdt, 1831 — 1846, 2 vols. 8vo. en 7 parts, et avec une partie supplémentaire de corrections des Trachiniennes, Grimae, 1841, 8vo.
   Pour une liste des éditions des pièces distinctes, et des éditions non citées ci-dessus, voir le Lexicon Bibliographicum Scriptorium Graecorum de Hoffmann.
  
Parmi les nombreuses traductions de Sophocle, très peu sont parfaites. Il y a en Anglais les traductions de Franklin, Lond. 1758 ; Potter, Lond. 1788; et Dale, 1824. Les meilleures traductions allemandes sont celles de Solger, Berlin, 1808,1824, 2 vols. 8vo.,et Fritz, Berlin, 1843, 8vo. Parmi les traductions d'oeuvres séparées, celle de l'Antigone, de Bockh et Donaldson, intercalée dans leurs éditions respectives, mérite d'être citée ; Bockh, Berlin, 1843, 8vo.; Donaldson, London, 1848, 8vo.
   On trouvera une liste presque complète des travaux sur Sophocle dans le Lexicon de Hoffmann. Ils sont trop nombreux pour être mentionnés ici; mais il serait dommage de passer sous silence celui qui est le plus utile pour comprendre la langue de l'auteur, à savoir le Lexicon Sophocleum, d'Ellendt, Regimont. Pruss. (Königsberg) 1835, 2 vols. 8vo.