ARNOLDUSCHRONICA SLAVORUMLIBER SECUNDUS.1. De discordia imperatoris et ducis.Circa tempora dierum illorum in Italia positus erat imperator nimiis preliis occupatus. Siquidem Longobardi unanimes rebellabant contra eum et res publica in partibus illis nimis turbata erat, forte propter peccatum scismatis, quod multis annis duraverat, et multi in ovile ovium non per ostium intraverunt, sed aliunde ascendentes ecclesiam errore scismatico vexaverunt. Cesar igitur fortunatis bellorum frustratus eventibus, graviter anxiatus, exiens de finibus illis, transmissis Alpibus venit in partes Teutonicorum, et convocatis principibus, eis perturbationem imperii exposuit, et ad comprimendos rebelles in Italicam expeditionem eos secum evocavit. Ducem etiam Heinricum ad hunc laborem omni instantia adducere conatus est, et quia eum formidabilem Longobardis expertus erat, dicebat, se omnimodis sine ipsius presentia contra eos prevalere non posse. Econtra ille pretendebat, se multis laboribus et expeditionibus tam Italicis quam etiam aliis innumeris utpote iam senem defecisse, et omni devotione imperatorie maiestati se obsecuturum affirmabat in auro et argento ceterisque impensis ad exercitum contrahendum, se tamen omnino salva gratia ipsius in persona propria venire posse negabat. Ad hec imperator: Deus, inquit, celi te inter principes sublimavit et divitiis et honoribus super omnes ampliavit, omne robur imperii in te consistit, et iustum est, ut ad confortandas manus omnium huic negotio precipuum te exhibeas, ut res publica, que labi cepit, per te convalescat, per quem precipue hactenus se stetisse non dubitat. Memorem te esse volumus, quod nichil umquam tue voluntati negavimus et quia in honore tuo ampliando semper parati fuimus, inimicis tuis inimici semper fuimus et nullum adversum te prevalere permisimus. Et ut sacramentorum fidem omittamus quam imperio firmasti, meminisse te volumus consanguinitatis qua nobis super omnia teneris, ut in presenti necessitate omni fidelitate, utpote nepoti et domino et amico, nobis occurras, et de cetera ad omnia que volueris benevolentiam nostram habeas. Cumque dux adhuc renueret et ad omne obsequium se paratum offerret, se tamen in propria persona venire negaret, imperator consurgens de solio suo, utpote quem angustie tenebant, ad pedes eius corruit. Dux autem vehementer conturbatus de re tam inaudita, quod humiliatus in terra iaceret sub quo curvatur orbis, quantocius eum a terra levavit, nec tamen ejus consensui animum inclinavit.
LIBER TERTIUS5. De honestate Danorum.Siquidem Dani usum Teutonicorum imitantes, quem ex longa cohabitatione eorum didicerunt, et vestitura et armatura se ceteris nationibus coaptant; et cum olim formam nautarum in vestitu habuissent propter navium consuetudinem, quia maritima inhabitant, nunc non solum scarlatto, vario, grisio, sed etiam purpura et bisso induuntur. Omnibus enim divitiis abundant propter piscationem, que quotannis annis in Scania exercetur, ad quam omnium circumquaque nationum negotiatores properantes aurum et argentum et cetera queque preciosa illuc deferunt, et comparatis halecibus eorum, que illi gratis ex divina habent largitate, quasi pro vili quodam commercio sua optima, nonnunquam etiam se ipsos naufragando relinquunt. Repleta est etiam terra eorum equis optimis propter pascua terre uberrima. Unde propter equorum copiam in militari palestra se exercitantes, equestri pugna simul et navali gloriantur. Scientia quoque litterali non parum profecerunt, quia nobiliores terre filios suos non solum ad clerum promovendum, verum etiam secularibus rebus instituendos Parisius mittunt. Ubi litteratura simul et idiomate lingue terre illius imbuti, non solum in artibus, sed etiam in theologia multum invaluerunt. Siquidem propter naturalem lingue celeritatem non solum in argumentis dialecticis subtiles inveniuntur, sed etiam in negotiis ecclesiasticis tractandis boni decretiste sive legiste comprobantur.
LIBER SEPTIMUS.1. Quomodo Adolphus Coloniensis defecerit ab Ottone rege .Hec de statu Latinorum et de subactione Grecie nobis comperta studiis legentium communicamus. Sed quia de fine huius historie certificare eos nondum possumus, nunc ad prosequendam regum narrationem convertamur. Cum igitur rex Otto Coloniam, ut dictum est, potenter optinuisset et amplior ei prosperitas arridere videretur, repente inopinata adversitas contra eum exorta est. Siquidem comes de Gulike contra eum insidias moliri cepit, ita ut Philippo regi litteras et nuncios occulte dirigeret, hoc demandans, si ipsum divitiis et honoribus ampliare vellet, non solum omnes principes, fautores Ottonis regis, sed et ipsum archiepiscopum Coloniensem in suam partem adducere vellet. Qui gavisus est, hoc remandans, ut super hoc negotio ad locum determinatum sibi occurrere vellet. Quod et factum est. Philippus igitur eum sibi sub iuramento artius astringens, curiam quandam 600 marcas persolventem ei in 40 beneficio concessit, et ditatum auro et argento, vestibus preciosis et equis ad sua remisit omnesque ei obsequentes bene induit Willehelmus igitur comes ipsum archiepiscopum et omnes nobiliores ita prestigiis suis circumvenit, ut omnes Ottoni renunciarent et in partem Philippi se inclinarent...
|
ARNOLD DE LUBECKCHRONIQUE DES SLAVESLIVRE IICHAPITRE I… L’Empereur employa toutes sortes d’instances pour engager le Duc à prendre part à cette guerre. Il avait éprouvé qu’il s’était rendu formidable aux Lombards & il avouait publiquement que sans sa présence il ne pourrait jamais les dompter. Henri de son côté alléguait qu’après toutes les fatigues sans nombre qu’il avait essuyées dans ses campagnes en Italie & ailleurs il était épuisé & vieilli ; qu’il était prêt à prouver son dévouement à l’Empereur en faisant son service en argent et en payant les frais nécessaires pour lever une armée mais qu’il ne pouvait sauf le respect qui lui était dû, l’aller servir en personne. Alors l’Empereur prenant la parole lui dit : Le Dieu du Ciel vous a élevé entre tous les Princes il vous a comblé par dessus tous d’honneurs & de richesses toute la force de l’Empire réside en vous. Il est donc juste que vous vous employiez des premiers à fortifier nos mains pour le succès de cette entreprise afin que l’Etat qui commence à chanceler se rétablisse par votre moyen par vous à qui il fait qu’il doit toute son existence jusqu’à ce jour. Souvenez-vous ajouta t il que nous n’avons jamais rien refusé à vos désirs que nous nous sommes toujours montrés disposés à vous élever que nous avons été l’ennemi de vos ennemis & que nous n avons jamais permis qu’on vous causât aucun préjudice & pour ne rien dire des serments que vous avez prêtés à l’Empire rappelez vous les liens du sang qui vous attachent à nous par dessus toute autre obligation & vous font un devoir de nous assister dans notre besoin présent avec toute la fidélité qu’on doit à son parent à son ami & à son Seigneur. Par là vous vous assurerez de notre bienveillance pour toutes les entreprises que vous voudrez former. Malgré tous ces discours le Duc persista dans son refus de servir en personne offrant toujours toutes les autres preuves d’obéissance qu’on pourrait exiger. Sur quoi l’Empereur pressé par le besoin qu’il avait de son secours se leva de son trône & courut se jeter aux pieds du Duc qui frappé & troublé d’une chose aussi inouïe voyant humilié & abaissé contre terre celui devant qui la terre s’humilie & s’abaisse se hâta de le relever sans vouloir cependant fléchir son esprit à ses volontés.
Extrait de Depping, Histoire des expéditions maritimes des Normands, tome I, 1826 LIVRE IIICHAPITRE VMaintenant les Danois se conforment aux autres nations pour la manière de se vêtir et de s’armer. Autrefois ils portaient le costume de marins à cause de leur habitude de vivre sur mer on les voit actuellement se parer de fourrures de pourpre et de byssus. La pèche qui a lieu chaque année en Scanie leur procure de grandes richesses de tous les pays voisins les marchands leur apportent de l’or et de l’argent en échange des harengs qui abondent chez eux. Dans leurs gras pâturages ils nourrissent d’excellents chevaux et se distinguent dans les combats à cheval et sur mer. Ils n’ont pas fait moins de progrès dans les arts libéraux ; les nobles envoient leurs fils à Paris pour les y préparer non seulement aux dignités de l’église mais aussi aux affaires temporelles …
Extrait de François Clément, Nicolas Viton de Saint-Allais, Jean-Baptiste-Pierre Jullie, L'art de vérifier les dates des faits historiques, Partie 2, Volume 14, 1819. LIVRE VIICHAPITRE ILorsque le roi Otton après s’être rendu maître de Cologne se voyait presque au comble de la prospérité un orage auquel il ne s’attendait pas tout à coup s’éleva contre lui. Guillaume comte de Gulick (Juliers) commença à lui tendre secrètement des embûches et ayant envoyé des hommes de confiance à Philippe il lui manda que s’il voulait l’élever à une plus grande fortune et à un plus haut rang il se faisait fort de ramener à lui tous les partisans d’Otton et même l’archevêque de Cologne le plus déterminé d entre eux. Philippe enchanté de cette proposition lui indique un rendez-vous pour conférer ensemble. Là Philippe et Guillaume s’étant liés par la foi du serment, le premier accorda au second un bénéfice qui rendait six cents marcs d’argent et le renvoya chargé d’or et d’argent avec des habits précieux et des chevaux de la meilleure espèce. Guillaume tint parole et fit si bien par ses prestiges qu’il détacha d’Othon et l’archevêque et la plupart des seigneurs pour les faire passer dans le parti de Philippe.
|
[1] Arnold de Lübeck ( ? - † Juin 27, 1211 ou 1214), chroniqueur médiéval germanique. Selon ses propres termes, il reçut une éducation de moine à St Gilles à Braunschweig, le monastère d'accueil des Welf. En 1177 il devient abbé du monastère de St Jean de Lübeck. Sa Chronique des Slaves est la continuation de celle d’Helmold de Bosau. Il relate surtout l'histoire d’Henri le Lion et de son fils, de la famille des Guelphes, et termine sur l'empereur Othon IV. Sa chronique est très importante pour l’histoire du Danemark et des Croisades, ainsi que pour la colonisation entre Trave et Oder. |