Oeuvre numérisée et traduite par Marc Szwajcer
ADALBERTI CONTINUATIO REGINONIS
Adalbert de Magdebourg († 981), parfois appelé l’apôtre des Slaves.
Les détails de sa vie de jeunesse sont inconnus. Vers 950 Adalbert travaille avec Bruno, archevêque de Cologne et frère cadet du roi Otton Ier. En 953, il entre au service du roi. En 958 ou 959, il entre au monastère bénédictin de Saint-Maximin de Trèves.
Il est envoyé en 961 par l'empereur Othon le Grand à la tête d'un groupe de missionnaires pour évangéliser les Slaves, à la demande d'Olga de Kiev, une septuagénaire récemment convertie qui dirigeait le pays. Ayant fait appel sans succès à l’empereur de Constantinople pour évangéliser son pays, elle se tourna vers l’empereur Othon.
La mission ayant été massacrée dès son entrée en Russie, Adalbert fut le seul à revenir. La raison de cet échec est connue : le fils d'Olga, Sviatoslav, l’avait remplacée et il n'était pas chrétien.
En 966 il est placé à la tête de l'abbaye de Wissembourg près de Spire puis décrété en 968 par le synode de Ravenne premier évêque titulaire de l'évêché de Magdebourg en Saxe et métropolite des Slaves au-delà de l'Elbe et des Wendes qu'il évangélisa.
Le tombeau d’Adalbert se trouve dans la cathédrale de Magdebourg. Adalbert a ensuite été canonisé. Sa fête se situe le 20 Juin.
Adalbert continue la Chronique de Réginon de Prüm, de 907 à 967. Sa chronique a vraisemblablement été écrite durant la période 967-968 à l'abbaye de Wissembourg.
Adalbert de Magdebourg ne semble vraiment original que pour les dix dernières années ; jusqu'à 940, ses sources sont les Annales Laubacenses, Sangallenses majores, Augienses (Reichenau). Il semble avoir aussi utilisé des Annales brèves de Fulda et autres documents aujourd'hui disparus; c'est ce dernier point qui fait la valeur de cette continuation, qui contient un certain nombre de faits intéressants pour l'histoire de France, notamment aux années 939, 948, 965. Adalbert commençait l'année à Noël, comme on peut s'en assurer en lisant au hasard un paragraphe quelconque de ses Annales.
ADALBERTICONTINUATIO REGINONIS A. 907-967.Hucusque Regino. Haec, quae secuntur, nos addidimus. Anni 907-910. DCCCCVII. Bawarii cum Ungariis congressi multa cede prostrati sunt; in qua congressione Liutbaldus dux occisus est, cui filius suus Arnolfus in ducatum successit. DCCCCVIII. Ungarii iterum terminos transgressi Saxoniam et Turingam vastaverunt. DCCCCVIIII. Ungarii Alamanniam ingressi sunt. DCCCCX. Franci in confinio Bawariae et Franciae Ungariis congressi miserabiliter aut victi aut fugati sunt. In quo prelio Gebehardus comes interiit, relictis duobus filiis suis adhuc pueris, Udone et Herimanno, qui postea clari et nobiles in Francia extiterunt. Anni 911-916. DCCCCXI. Ludowicus rex filius Arnolfi imperatoris obiit; cui Cuonradus filius Cuonradi ab Adalberto occisi regali iam stirpe deficiente in regno successit. DCCCCXII. Ungarii iterum nullo resistente Franciam et Turingam vastaverunt. Hatho archiepiscopus obiit, vir adeo strennuus et prudens, cui Herigerus successit. Otto dux Saxonum obiit. DCCCCXIII. Hiemps magna nimis. Ungarii partes Alamanniae vastaverunt et iuxta In fluvium a Bawariis et Alamannis occisi sunt. Eodem anno Einhardus episcopus Spirensis a Beranhardo et Cuonrado comitibus caecatus est. Otbertus Strazburgensis episcopus occiditur. DCCCCXIIII. Salomon episcopus captus est. DCCCCXV. Ungarii totam Alamanniam igne et gladio vastaverunt, sed totam Turingam et Saxoniam pervaserunt et usque ad Fuldam monasterium pervenerunt. *DCCCCXVI. |
ANNALES
907 Les Bavarois combattent contre les Hongrois et sont vaincus dans une bataille sanglante.[1] Le duc Liutpold[2] est tué pendant la bataille ; son fils Arnulf[3] lui succède au duché. 908 Les Hongrois franchissent à nouveau les frontières et dévastent la Saxe et la Thuringe. 909 Les Hongrois envahissent l’Allemagne. 910 Les Francs, aux confins de la Bavière et de la Franconie, combattent pitoyablement contre les Hongrois : ils sont battus à plate couture ou s’enfuient. Dans cette bataille meurt le comte Gebhard[4] qui laisse derrière lui ses fils, Udo et Hermann,[5] deux enfants en bas âge, qui deviendront plus tard célèbres et nobles en Franconie. 911 Mort du roi Louis,[6] fils de l'empereur Arnulf ; Conrad, fils du Conrad tué par Adalbert, hérite du royaume, parce que la lignée royale est maintenant éteinte. 912 Les Hongrois dévastent à nouveau la Franconie et la Thuringe, ne rencontrant nulle part de résistance, Mort de l’'archevêque Hatto,[7] homme énergique et avisé. Hériger[8] lui succède. Mort d’Otto,[9] duc des Saxons. 913 Hiver très rude. Les Hongrois dévastent des parties de l’Allemagne et ils sont défaits près de la rivière Inn par les Bavarois et les Allemands. La même année, les comtes Bernard et Conrad[10] firent crever les yeux de l'évêque Einhard de Speyer[11]. Assassinat d’Otbert,[12] évêque de Strasbourg. 914 L’évêque Salomon est fait prisonnier.[13] 915 Les Hongrois mettent à feu à sang toute l’Allemagne, tout comme la Thuringe et la Saxe, et ils parviennent au monastère de Fulda. 916 < pas d’informations >
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[1] Le 4, 5 ou 6 Juillet 907, le lieu de la bataille est inconnu. [2] Ou encore Léopold, Liutbald, Luitpald, etc. [3] Arnulf Ier de Bavière dit le Mauvais (vers 886 - 14 juillet 937). [4] Gebhard de Lahngau, mort le 22 juin 910, fut comte de Wetterau, puis duc en Lotharingie. Il était fils d'Odon († 879), comte de Lahngau, et de Judith. Il devient ensuite comte de Wetterau et de Rheingau. En 903, le roi de Germaine Louis IV l'Enfant lui confie le gouvernement de la Lotharingie, et lui accorde le titre de duc. [5] Odon († 949), comte de Wetterau et de Rheingau, et époux de Cunégonde, fille d'Herbert Ier de Vermandois. Hermann († 949), qui reçoit en 926 le duché de Souabe, et dont la fille Ida épouse Luidolf, fils d'Otton Ier. [6] Louis IV de Germanie, dit l'Enfant (893 - 20 ou 24 septembre 911), unique fils légitime d'Arnulf de Carinthie et d'Oda, fut roi de Francie orientale (Germanie) de 899 à 911. [7] Né vers 850, mort 15.5.913. . Issu d'une famille noble de Souabe, Hatto Ier fit de solides études de théologie. Nommé abbé de Reichenau (888) et d'Ellwangen (889), puis archevêque de Mayence (891) par le roi de Germanie Arnoul de Carinthie, H. fut aussi abbé de Lorsch et de Wissembourg (Alsace). Il accompagna Arnoul lors de son expédition d'Italie (894) et assista à son sacre impérial (896). Il appuya l'élection du roi de Germanie Louis l'Enfant (900) et celle de son successeur Conrad Ier (911). Il exerça une forte influence sur les synodes de Francfort (892) et de Tribur (Trebur près de Mayence, 895). Dictionnaire historique de la Suisse. [8] Hériger devint en 913 archevêque de Mayence jusqu’en 927. Hériger intervint à plusieurs reprises dans les affaires de Conrad. Il prit part au Synode de Hohenaltheim en 916 pour protéger la monarchie. [9] Otton Ier de Saxe est né vers 851 et mort le 30 novembre 912. Il est dit l'Illustre ou le Magnifique. La chronique Annalista Saxo enregistre Otto en tant que ducis de Liudolfi de filius, fils de Liudolf de Saxe (830-864), et d'Oda, fille du prince franc Billung et de sa femme Aeda. Wikipédia. [10] Selon l’historien Donald C. Jackman, (The Konradiner: a study in genealogical methodology, 1990), Adalbert aurait masqué les véritables noms de ces deux personnages qui s’appelleraient en fait Wernher et Kurzbold. [11] Spire en français. [12] D’abord chassé de la ville, l'évêque de Strasbourg Otbert fut assassiné par des rebelles strasbourgeois au château de Rothenburg dans les Vosges. La cause réelle de ce meurtre n’est pas vraiment connue ; il aurait été partisan de Conrad ou de Charles le Simple ?[13] Salomon III de Constance s'allia avec Erchanger (830; † 21 janvier 917), duc de Souabe dont il partageait les objectifs politiques. L’alliance avec l'évêque Salomon fut rompue quand ce dernier s'opposa à l’ascension d’Erchanger. Voyant ses bénéfices diminués par l'évêque, Erchanger emprisonna Salomon en 914. Conrad s'opposa à cette décision et ordonna la libération de l'évêque et l'exil d’Erchanger... Cependant à la haute cour de Hohenaltheim en septembre 916, Erchanger fut condamné à un monastère pour offenses contre le roi et l'évêque. Il fut exécuté sur instructions du roi. On dit que l’évêque perdit presque entièrement la vue. |