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PLUTARQUE

 

OEUVRES MORALES

PARALLÈLES D'HISTOIRES GRECQUES ET ROMAINES

 

 

texte grec

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PARALLÈLES D'HISTOIRES GRECQUES ET ROMAINES (01).

1. On traite communément de fables et de fictions les anciennes histoires qui choquent les idées reçues. Mais comme j'ai trouvé de nos jours chez les Romains des faits absolument semblables, j'en ai choisi un certain nombre que je vais rapporter, et j'ai toujours joint au récit d'un événement ancien la narration d'un fait nouveau. J'ai eu soin aussi de citer mes garants.

2. Datis, satrape des Perses, vint camper à Marathon, plaine de l'Attique, avec trois cent mille hommes, et envoya déclarer la guerre aux Athéniens. Ceux-ci, sans s'effrayer de la multitude des Barbares, firent marcher contre eux une armée de neuf mille hommes, sous la conduite de Cynégire, Polyzôle, Callimaque et Miltiade (02). Pendant la bataille, Polyzèle aperçut un fantôme d'une taille plus qu'humaine, et perdit tout à coup la vue. Callimaque, après avoir reçu plusieurs blessures, se tint debout tout mort qu'il était. Cynégire, en voulant retenir un vaisseau perse qui se retirait, eut les deux mains coupées.

3. Le roi Asdrubal, après s'être emparé de la Sicile,


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déclara la guerre aux Romains. Métellus, que le Sénat envoya contre lui, le vainquit. Dans le combat, un patricien nommé L. Glaucon, qui voulut retenir le vaisseau d'Asdrubal, eut aussi les deux mains coupées. Ce fait est tiré d'Aristide de Milet, dans son premier livre de l'Histoire de Sicile, et c'est de lui que Denys le Sicilien Fa rapporté (03).

4. Xerxès avait abordé au port d'Artémise avec une armée de cinq cent mille hommes, menaçant de mettre tout à feu et à sang dans la Grèce. Les Athéniens effrayés envoient Agésilas, frère de Thémistocle, pour reconnaître l'armée ennemie. Il partit, quoique son père Néoclès l'eût vu en songe avec les deux mains coupées. Agésilas, en habit persan, se mêle parmi les Barbares, et tue Mardonius, un des officiers de Xerxès, qu'il avait pris pour ce prince. Il est arrêté et conduit au roi chargé de fers Xerxès se préparait à immoler un bœuf sur l'autel du soleil. Agésilas met sa main droite sur le brasier allumé, et la laisse brûler sans que la violence de la douleur lui arrache un soupir. Xerxès ordonne qu'on lui ôte ses chaînes, et Agésilas prenant la parole : « Tous les Athéniens, dit-il au roi, sont capables d'en faire autant ; et si vous ne voulez pas m'en croire, je brûlerai aussi ma main gauche. » Xerxès, effrayé, le fit garder dans son camp. ( Voyez Agatharchide de Samos, dans son second livre de l'Histoire de Perse (04).)


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5. Porséna, roi des Étrusques, avait mis le siége devant Rome, et, campé au delà du Tibre, il coupait les vivres aux assiégés et les réduisait à la famine. Le Sénat, fort embarrassé, délibérait sur ce qu'il y avait à faire, lorsque Mucius, un des citoyens les plus distingués, ayant pris, avec la permission des consuls, quatre cents jeunes gens de son âge, passa le fleuve, vêtu en simple particulier. Il entre dans le camp, voit un des officiers du roi qui distribuait la solde aux troupes, et ne doutant pas que ce ne soit Porséna lui-même, il le tue. Amené devant ce prince, il met sa main droite sur un brasier ardent, et souffrant avec tranquillité les douleurs les plus aiguës : « Barbare, dit-il en souriant à Porséna, je serai délivré malgré toi; mais apprends qu'il y a dans ton camp quatre cents Romains qui ont résolu de te faire périr. » Porséna, effrayé, fit la paix avec les Romains. (Aristide de Milet, dans le troisième livre de son Histoire (05).)

6. Les Argiens et les Spartiates se disputaient la possession du territoire de Thyréa. Les amphictyons décidèrent qu'on remettrait la décision de leur querelle au sort de quelques combattants, et que le territoire serait le prix du parti vainqueur. Les Lacédémoniens mirent à la tête des leurs Othryade, et les Argiens Thersandre. Après le combat, Agénor et Chromius, deux Argiens qui avaient survécu seuls à leurs camarades, portèrent à Argos la nouvelle de leur victoire. Quand tout fut calme sur le champ de bataille, Othryade, qui respirait encore, s'appuyant sur des lances à demi rompues, rassemble les boucliers des morts et en dresse un trophée, sur lequel il écrivit avec son propre sang : A JUPITER , PROTECTEUR DES TROPHÉES. La dispute s'étant renouvelée entre les deux peuples, les amphictyons se transportèrent sur les lieux et adjugèrent le territoire aux Lacédémoniens.


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(Chryserme, dans le troisième livre de son Histoire du Péloponnèse (06).)

7. Les Romains, dans la guerre contre les Samnites, élurent pour général le consul Posthumius Albinus, qui se laissa surprendre au défilé des Fourches caudines, où il perdit trois légions, et, atteint lui-même d'un coup mortel, il tomba parmi les morts. Au milieu de la nuit, il recueillit le peu de forces qui lui restaient, prit les boucliers des ennemis qui avaient été tués, en dressa un trophée, et trempant sa main dans son sang, il y écrivit ces mots : LES ROMAINS, VAINQUEURS DES SAMNITES, A JUPITER, PROTECTEUR DES TROPHÉES. Fabius Gurgès, qu'on envoya pour le remplacer, vint au même lieu. A la vue de ce trophée, il accepte avec joie l'augure, livre la bataille, remporté la victoire et fait prisonnier le roi des Samnites, qu'il envoie à Rome. (Aristide de Milet, dans le troisième livre de son Histoire d'Italie (07).)

8. Lorsque les Perses furent entrés dans la Grèce au nombre de cinq cent mille hommes, les Spartiates envoyèrent Léonidas aux Thermopyles avec trois cents soldats. Ceux-ci prenaient leur repas, lorsque les Barbares parurent pour les attaquer. « Dînez, leur dit alors Léonidas, comme devant ce soir souper aux enfers. » Ensuite il les mène aux Barbares, qu'ils chargent avec vigueur. Déjà percé de plusieurs traits, il va droit à Xerxès et lui arrache le diadème. Après le combat, ce prince lui fit


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ouvrir le cœur et le trouva tout velu, au rapport d'Aristide dans le premier livre de son Histoire de Perse.

9. Les Romains, dans la seconde guerre punique, envoyèrent contre Annibal trois cents citoyens sous la conduite de Fabius Maximus, qui lui livra bataille et perdit tous ses gens. Lui-même, blessé à mort, se jette en fureur sur Annibal, lui enlève son diadème et meurt en le tenant encore dans sa main. (Voyez le même Aristide (08).)

10. Sous le règne de Midas, une inondation survenue à Célène en Phrygie forma un vaste gouffre, dans lequel plusieurs maisons furent abîmées avec ceux qui les habitaient. Midas, sur la réponse de l'oracle, qui lui dit que le gouffre se refermerait s'il y jetait ce qu'il avait de plus précieux, y fit jeter de l'or et de l'argent, mais inutilement. Anchurus, son fils, persuadé qu'il n'y avait rien de plus précieux que la vie d'un homme, fait ses adieux à son père et à sa femme Timothée, et se précipite à cheval dans l'abîme, qui se referme aussitôt. Midas fit élever sur le lieu même un autel d'or qu'il consacra à Jupiter en le touchant de sa main. Cet autel, vers le temps que la terre s'était autrefois entr'ouverte, se change en pierre, et cette époque passée, il reprend sa première nature. (Callisthène, au second livre des Métamorphoses (09).)

11. Le Tibre, enflé par la vengeance de Jupiter Tarsien, se répandit dans la place publique de Rome, et fit entr'ouvrir la terre, qui dans sa chute entraîna plusieurs maisons. L'oracle dit que cette ouverture se comblerait si


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l'on y jetait des choses précieuses. On y jeta de l'or et de l'argent. Mais ce moyen n'ayant pas réussi, Curtius, jeune patricien, qui, pénétrant le sens de l'oracle, avait compris combien la vie est plus précieuse que les richesses, se précipita à cheval dans le gouffre, et, par sa mort, fit cesser ce fléau publie. (Aristide, au quatrième livre de son Histoire d'Italie.)

12. Pendant que les généraux qui avaient accompagné Polynice au siége de Thèbes étaient à table, un aigle vint fondre sur la lance d'Amphiaraüs, et prenant son vol, il la laissa tomber du haut des airs. La lance se ficha en terre et s'y changea tout à coup en laurier. Le lendemain, pendant le combat, la terre s'entr'ouvrit dans cet endroit même, et Amphiaraüs fut englouti avec son char. C'est au lieu qu'occupe aujourd'hui la ville d'Arma. (Trisimaque, dans le troisième livre de la Fondation des villes (10).)

13. Dans la guerre des Romains contre Pyrrhus, roi d'Épire, le consul Emilius Paulus eut promesse de l'oracle de remporter la victoire s'il bâtissait un autel dans l'endroit même où il verrait un des principaux Romains englouti avec son char. Trois jours après, Valérius Conatus, habile devin, eut un songe, d'après lequel il prit un habillement de prêtre, attaqua les ennemis, et, après en avoir tué plusieurs, il fut englouti tout vivant dans la terre. Emilius bâtit l'autel, remporta une pleine victoire et fit conduire à Rome cent soixante éléphants chargés de tours. Cet autel rend tous les ans des oracles, vers l'époque à laquelle Pyrrhus fut vaincu. (Critolaüs (11), au troisième livre de l'Histoire d'Épire (12).)


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14. Pyrachme, roi d'Eubée, faisait la guerre aux Béotiens. Hercule, qui était encore dans sa jeunesse, le vainquit, l'attacha à des chevaux, et après l'avoir fait écarteler, il le laissa sans sépulture. Le lieu de cette exécution s'appelle encore aujourd'hui les chevaux de Pyrachme. Il est situé auprès du fleuve d'Hercule, et lorsque des chevaux y viennent boire, il pousse des hennissements. (Voyez le troisième livre des Fleuves (13).)

15. Tullus Hostilius, roi de Rome, faisait la guerre aux Albains, commandés parleur roi Métius Suftétius, et il différait d'en venir à une bataille. Les Albains l'ayant vaincu, ne pensèrent qu'à se réjouir. Tullus les attaque pendant qu'ils étaient plongés dans le vin, remporte une victoire facile et fait écarteler leur roi. (Alexarque, au quatrième livre de son Histoire d'Italie (14).)

16. Philippe, qui avait formé le dessein d'assiéger Olynthe et Méthone, et voulait forcer le passage du fleuve Sandanus, fut blessé à l'œil d'un coup de flèche par un Olynthien nommé Aster, qui dit en la lançant :

Aster au roi Philippe envoie un trait mortel.

Philippe revint à la nage trouver les siens, et en fut quitte pour,la perte de son œil, (Callisthène, au troisième livre de son histoire de Macédoine.)

17. Porséna, roi des Étrusques, faisait la guerre aux Romains, et, campé au delà du Tibre, il interceptait tous les vivres et faisait éprouver aux .assiégés les horreurs de la famine. Horatius Coclès, que les Romains avaient nommé


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leur général, se mit à la tête d'un pont de bois, où il arrêta seul les ennemis qui voulaient le passer. Mais voyant qu'il allait être accablé par le nombre, il fit dire aux siens de rompre le pont par derrière, et pendant ce temps-là il soutint toujours les efforts de cette multitude de Barbares. Lorsque le pont fut rompu, il se jeta dans le fleuve et rejoignit ses troupes à la nage, après avoir perdu un œil d'un coup de flèche. (Théotime, au second livre de
son Histoire d'Italie (15).)

18. L'histoire d'Icare, qui donna l'hospitalité à Bacchus, est rapportée par Ératosthène dans son Érigone. Saturne étant venu loger chez un laboureur, eut commerce avec sa fille Entoria, jeune personne d'une grande beauté. De ce commerce naquirent quatre fils, Janus, Hymnus, Faustus et Félix. Saturne apprit à son hôte l'art de cultiver la vigne et de faire le vin, et le chargea de le communiquer à ses voisins. Icare le fit, et ses voisins, qui n'étaient pas accoutumés à cette boisson, tombèrent dans un sommeil profond. A leur réveil, ils crurent qu'on les avait empoisonnés, et ils lapidèrent Icare. Ses quatre petits-fils se pendirent de désespoir (16).

19. Les Romains, affligés de la peste, consultèrent l'oracle de Delphes, qui leur dit que ce fléau cesserait lorsqu'ils auraient apaisé la colère de Saturne et les génies de ceux qui avaient péri injustement. Lutatius Catulus, d'une famille patricienne, fit bâtir un temple à Saturne auprès du mont Tarpéien, et y éleva un autel à quatre


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faces, soit à cause des quatre petits-fils d'Icare, soit par allusion aux quatre saisons de l'année, à laquelle il ajouta le mois de janvier. Saturne plaça tous ses enfants parmi les astres. Trois d'entre eux sont appelés protrygétères, et Janus, qui se lève le premier, est une étoile qui paraît auprès de la Vierge. (Critolaüs, au quatrième livre des Phénomènes célestes (17).)

20. Pendant que les Perses ravageaient la Grèce, Pausanias, général des Spartiates, reçut de Xerxès cinq cents talents, et s'engagea de lui livrer Lacédémone. Sa trahison fut découverte, et son père Agésilas l'ayant poursuivi jusqu'au temple de Minerve où il s'était réfugié, en mura la porte et l'y laissa mourir de faim. Sa mère ne voulut pas lui donner les honneurs de la sépulture. (Chryserme, au second livre de son Histoire (18).)

21. Dans la guerre contre les peuples du Latium, les Romains avaient élu Publ. Décius pour leur général. Un jeune patricien pauvre, nommé Cassius Brutus, promit, pour une certaine somme, d'ouvrir la nuit aux ennemis les portes de Rome. Il fut découvert et se sauva dans le temple de Minerve. Son père, Cassius Signifer, l'y enferma, le laissa mourir de faim, et lui refusa la sépulture. (Clytonime, dans son Histoire d'Italie (19).)

22. Darius avait combattu contre Alexandre auprès du Granique, et après avoir perdu sept de ses satrapes et cinq cents chars armés de faux, il voulait, le lendemain,


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recommencer le combat. Son fils Ariobarzane offrit à Alexandre, pour qui il avait conçu une forte inclination, de lui livrer son père. Darius, indigné de cette trahison, fit étrangler son fils. (Arétade de Cnide, dans le troisième livre de son Histoire de Macédoine (20).)

23. Brutus, que les suffrages unanimes de ses concitoyens élevèrent au consulat, chassa de Rome Tarquin le Superbe, qui s'était conduit en tyran. Ce prince se retira chez les Étrusques et déclara la guerre aux Romains. Les fils de Brutus formèrent le dessein de trahir leur père, qui, averti de ce complot, leur fit trancher la tête. (Aristide de Milet, dans l'Histoire d'Italie.)

24. Pendant qu'Épaminondas, général des Thébains, faisait la guerre aux Spartiates, il fut obligé d'aller à Thèbes pour l'élection des magistrats. En partant, il défendit à son fils Stésibrote de combattre tant qu'il serait absent. Les Lacédémoniens, instruits de son départ, vinrent provoquer son fils, en le traitant de lâche. Le jeune homme, indigné, oublie la défense de son père, livre bataille et remporte la victoire. Épaminondas, irrité, le couronna pour le succès qu'il avait eu, et le punit de mort pour sa désobéissance. (Ctésiphon, au troisième livre de son Histoire de Béotie (21).)

25. Dans la guerre contre les Samnites, les Romains donnèrent le commandement de leurs troupes à Manlius, qui, obligé d'aller à Rome pour les élections consulaires, défendit à son fils de combattre en son absence. Les Samnites, qui le surent, irritèrent par des injures le courage bouillant de ce jeune homme. Il mène les troupes au combat et défait les ennemis. Manlius, de retour au camp, lui fit trancher la tête. (Aristide de Milet (22).) 


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26. Hercule recherchait lolé en mariage, et fut refusé. Irrité de cet affront, il détruisit la ville d'OEchalie (23). lolé se précipita du haut des murailles ; mais le vent qui s'engouffra dans sa robe la soutint dans sa chute, et elle arriva à terre sans être blessée. (Nicias de Malée (24).)

27. Les Romains ayant déclaré la guerre aux Étrusques, donnèrent le commandement des troupes à Valérius Torquatus, qui, étant devenu amoureux de Clusia, fille du roi d'Étrurie, la demanda en mariage. Il fut refusé, et mit le siége devant la ville. Clusia se jeta du haut des murs dans le fossé. Mais, par les soins de Vénus, le vent ayant enflé sa robe, la conduisit doucement à terre, sans qu'elle se fit aucun mal. Manlius abusa d'elle, et il fut exilé en Corse par un décret publie. (Théophile, au troisième livre de l'Histoire d'Italie (25).)

28. Pendant que les Carthaginois et les Siciliens se préparaient à faire la guerre aux Romains, le consul Métellus oublia dans ses sacrifices la déesse Vesta. Cette déesse, pour se venger, envoya des vents contraires qui empêchaient la flotte romaine de mettre à la voile. Le devin C. Julius lui dit que les vents deviendraient favorables s'il immolait sa fille à Vesta. Le consul, cédant à la nécessité, la fit venir de Rome. Mais la déesse, touchée de compassion, substitua à sa place une génisse, et transporta Métella à Lanuvium, où elle la fit prêtresse du serpent qu'on y adore. (Pythoclès, au troisième livre de son Histoire d'Italie (26).)


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29. Mérillus, au premier livre de son Histoire de Béotie, rapporte un trait semblable arrivé à Iphigénie, au port d'Aulide, ville de Béotie (27).

30. Brennus, chef des Gaulois, après avoir pillé l'Asie, alla mettre le siége devant Éphèse. Là, il devint amoureux d'une jeune fille du peuple, qui lui promit de consentir à ses désirs, et même de lui livrer la ville, s'il voulait lui donner des colliers et d'autres bijoux de cette espèce. Brennus dit à ses soldats de jeter sur cette femme avare tout ce qu'ils avaient de bijoux d'or, en sorte qu'elle fut étouffée sous le poids. (Clitophon, dans son premier livre de l'Histoire des Gaulois.)

31. Tarpéia, une des filles de qualité qui étaient préposées à la garde du Capitole pendant que les Sabins le tenaient assiégé, promit à Tatius de lui livrer la roche Tarpéienne, s'il voulait lui donner les colliers que les Sabins portaient. Ceux-ci les jetèrent tous sur elle, et l'étouffèrent. (Aristide de Milet, dans son Histoire d'Italie (28).)

32. LesTégéens et ceux de Phénée (29), las de voir traîner la guerre en longueur, convinrent de choisir dans chacun des deux peuples trois combattants pour terminer leurs querelles. Le choix des premiers tomba sur les trois fils de Reximachus, et celui des Phénéens sur les trois fils de Damostrate. Ces six guerriers en vinrent aux mains, et dès le commencement du combat, deux fils de Reximachus furent tués. Le troisième, nommé Critolaus, eut recours à la ruse, et feignant de prendre la fuite, il sépara ses adversaires, et revenant sur eux, il les tua l'un après l'autre. Il fut reçu dans la ville aux acclamations de tous ses concitoyens. Sa sœur Demodice fut la seule qui


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ne prit point de part à la joie publique, parce qu'elle était promise en mariage à Démoticus, l'un des fils de Damostrate, que son frère venait de tuer. Critolaüs, indigné, la perça de son épée. Accusé pour ce meurtre, il fut absous par sa mère. (Démarate, au second livre de son Histoire d'Arcadie  (30).)

33. Les Romains et ceux d'Albe, pour mettre fin à la guerre, choisirent dans chaque armée trois combattants. Ce fut pour les Albains les Curiaces, et les Horaces pour les Romains. Le combat s'engage, et deux des Horaces tombent sous les coups des trois Albains. Celui des Romains qui restait encore, par une fuite simulée, trouva moyen de séparer ses trois adversaires, qu'il tua l'un après l'autre. Horatia, sa sœur, qui était fiancée à l'un des Curiaces, n'ayant pas, comme le reste du peuple, témoigné de la joie pour cette victoire, son frère la tua de sa main. (Aristide de Milet, dans son Histoire d'Italie .)

34. Ilus, voyant le feu au temple de Minerve à Troie, accourut pour sauver le Palladium qui était descendu du ciel, et à l'instant même il fut frappé d'aveuglement, parce qu'il n'était permis à aucun mortel de le voir. Cependant il apaisa la déesse et recouvra la vue. (Dercylle, au livre premier de la Fondation des villes (31).)

33. Métellus, un des principaux citoyens, allait dans un faubourg de Rome, lorsqu'il fut arrêté par des corbeaux qui le frappaient de leurs ailes. Effrayé de ce prodige, il rentre dans la ville, où il voit le temple de Vesta en feu. Il y court aussitôt, enlève le Palladium et perd la vue. Il la recouvra dans la suite, après avoir apaisé la déesse. (Aristide de Milet, dans l'Histoire d'Italie (32).)


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36. Dans la guerre des Thraces et des Athéniens, l'oracle promit la victoire aux premiers, s'ils épargnaient Codrus. Mais ce prince s'étant déguisé en paysan, alla, une faux à la main, au-devant des ennemis, en tua un, et fut aussitôt tué par un autre. Sa mort assura la victoire aux Athéniens. (Socrate, au second livre de l'Histoire de Thrace (33).)

37. P. Décius, commandant l'armée romaine contre les Albains, crut voir en songe que sa mort donnerait la victoire aux Romains. Il se jeta au milieu des ennemis, et après en avoir fait un grand carnage, il périt les armes à la main. Son fils Décius, dans la guerre contre les Gaulois, sauva l'armée par un semblable dévouement, (Aristide de Milet (34).) 

38. Cyanippe de Syracuse avait oublié Bacchus dans ses sacrifices. Ce dieu, pour se venger, le fit tomber dans l'ivresse, et, en cet état, il abusa de sa fille dans les ténèbres, sans la connaître. Cyané ôta à son père l'anneau qu'il portait, et le donna à sa nourrice, afin qu'il servît à prouver son innocence. Syracuse bientôt après fut frappée de la peste, et l'oracle consulté répondit qu'il fallait sacrifier aux dieux préservateurs un homme incestueux. Cyané comprit le sens de cet oracle, qui était obscur pour tout le monde, et ayant saisi son père par les cheveux, elle le traîne à l'autel, l'égorge, et s'immole ensuite elle-même. (Dosithée, au troisième livre de l'Histoire de Sicile (35)).


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39. Pendant qu'on célébrait à Rome les fêtes de Bacchus, un certain Aruntius, qui depuis sa naissance n'avait point bu de vin, témoigna publiquement son mépris pour ce dieu. Il en fut puni ; il s'enivra, et viola sa fille Médulline, qui, ayant reconnu l'anneau de son père, par une résolution supérieure à son âge, l'enivra de nouveau, lui mit une couronne de fleurs sur la tête, et le conduisit à l'autel de la foudre, où elle immola, fondant en larmes, le corrupteur de sa virginité. (Aristide, au troisième livre de l'Histoire d'Italie.)

40. Erecthée faisait la guerre à Eumolpe, lorsque l'oracle lui dit que s'il voulait avoir la victoire, il fallait qu'il immolât sa fille. Il obtint le consentement de sa femme Praxithée, et la sacrifia. (Euripide, dans son Erecthée (36).)

41. Marius, vaincu par les Cimbres, fut averti en songe que, s'il sacrifiait sa fille Calpurnia, il battrait les ennemis. Il le fit, préférant ainsi l'intérêt de sa patrie aux sentiments de la nature, et remporta la victoire. On voit encore en Germanie deux autels qui tous les ans, à l'époque de ce sacrifice, rendent un son pareil à celui des trompettes.(Dorothée, au quatrième livre de l'Histoire d'Italie (37).)

42. Cyanippe le Thessalien aimait passionnément la chasse. Sa femme, qu'il avait épousée depuis peu, voyant qu'il restait si longtemps dans les bois, le soupçonna d'avoir un commerce secret avec une autre femme. Un jour, elle le suit à la trace, et se cache dans le plus épais du bois, pour voir ce qui arriverait. En remuant, elle agita les branches. Les chiens de Cyanippe crurent que c'était une bête fauve, et s'étant jetés sur cette tendre épouse, ils la déchirèrent. Son mari, à un spectacle si inattendu, se pendit de désespoir. (Le poète Parthénius (38).)


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43. A Sybaris, ville d'Italie, un jeune homme d'une rare beauté, nommé Emilius, venait de se marier. Comme il aimait la chasse avec fureur, sa femme, qui lui crut une autre passion, le suivit dans la forêt. Sa marche ayant fait remuer les branches, les chiens la prirent pour une bête fauve, et la mirent en pièces. Son mari, à cette vue, se donna la mort. (Clytonime, au second livre de l'Histoire de Sybaris (39).)

44. Smyrne ou Myrrha, fille de Cinyra, par un effet du ressentiment de Vénus, devint amoureuse de son père, et découvrit à sa nourrice la violence de sa passion. Cette femme, trompant Cinyra, lui fit entendre qu'une jeune fille du voisinage l'aimait passionnément, mais que, retenue par la honte, elle ne voulait venir le trouver que la nuit. Cinyra eut commerce avec sa fille ; mais ensuite, voulant connaître la personne à qui il avait inspiré de l'amour, il demande de la lumière, et reconnaît Myrrha. A l'instant il tire son épée, et poursuit cette fille incestueuse. Vénus, qui veillait sur elle, la changea en l'arbre qui porte la myrrhe. (Théodore, dans ses Métamorphoses (40).)

45. Vénus, irritée contre une femme étrusque nommée Valéria, lui inspira de l'amour pour son père. Sa nourrice, à qui elle fit l'aveu de sa passion, trompa Valérius, en lui disant qu'il était aimé d'une jeune personne du voisinage, qui n'osait pas venir le trouver pendant le jour. Le père, qu'on avait enivré, après avoir eu commerce avec sa fille, demanda de la lumière. La nourrice éveille promptement Valéria, qui s'enfuit de la maison de son père et se retire à la campagne. Elle était enceinte, et un jour, en se promenant, elle se laissa tomber


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dans un précipice, sans se blesser ni elle, ni l'enfant qu'elle portait dans son sein. Elle le mit au monde à son terme, et le nomma Silvain. C'est l'Égipan des Grecs. Valérius, instruit de ce commerce incestueux, se jeta de désespoir dans le précipice où sa fille était tombée. (Aristide de Milet, au troisième livre de l'Histoire d'Italie.)

46. Après la prise de Troie, Diomède fut jeté par la tempête sur les côtes d'Afrique. Lycus, roi de cette contrée, avait coutume d'immoler les étrangers au dieu Mars, son père. Calliroé, sa fille, qui avait conçu de l'amour pour Diomède, trahit son père et mit ce prince en liberté. Il partit sans montrer aucune reconnaissance pour sa bienfaitrice, qui se pendit de désespoir. (Juba, au troisième livre de son Histoire d'Afrique.)

47. Calpurnius Crassus, Romain de naissance et lieutenant de Régulus, fut envoyé dans le pays des Massyliens (41), pour s'emparer d'un fort nommé Garetium, dont l'abord était très difficile. Il fut fait prisonnier, et allait être immolé à Saturne ; mais Bysatia, fille du roi des Massyliens, qui en était devenue amoureuse, trahit son père et rendit Calpurnius maître du château. A son départ, Bysatia se donna la mort. (Hégésianax, livre troisième de l'Histoire d'Afrique (42).)

48. Lorsque Priam vit la ville de Troie prête à tomber au pouvoir des Grecs, il envoya son fils Polydore en Thrace, avec tous ses trésors, auprès de Polymnestor, son allié. Après la prise de Troie, ce prince fit périr Polydore et s'empara des trésors. Hécube, que les Grecs avaient conduite en Thrace, fit croire à Polymnestor qu'elle avait encore de l'or à lui confier. Par cette ruse, elle l'attira


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 dans le piége, et à l'aide des autres captives, elle lui creva les yeux. (Euripide, dans son Hécube.)

49. Pendant qu'Annibal ravageait la Campanie, Lucius Thymbris déposa son fils et ses richesses entre les mains d'un de ses parents, nommé Valérius Gestius, qui, voyant Annibal vainqueur et maître de Capoue, fit périr l'enfant, sacrifiant ainsi à une indigne avarice les droits de la nature. Thymbris, en traversant la plaine de Capoue, reconnut le cadavre de son fils. Il envoie chercher Valérius, sous prétexte de lui remettre de nouveaux trésors. Lorsqu'il l'eut en sa puissance, il lui creva les yeux et le fit mettre en croix. (Aristide, neuvième livre de l'Histoire d'Italie.)

50. Eacus (43) avait eu de sa femme Psammathé un fils nommé Phocus, qu'il chérissait beaucoup. Télamon le mena a\ec lui à la chasse, où un sanglier vint à leur rencontre. Télamon, ou lieu de frapper l'animal, tua d'un coup de lance son frère, qu'il haïssait. Eacus le punit de l'exil. (Dorothée, au premier livre des Métamorphoses.)

51. Caïus Maximus avait deux fils, Similius et Résus. Celui-ci était né d'Améria, et portait le surnom de Conon. Il tua son frère à la chasse, et de retour chez lui, il dit qu'il ne l'avait pas fait à dessein, et que c'était un pur accident. Son père, instruit de la vérité du fait, le condamna à l'exil. (Aristocle, au troisième livre de l'Histoire d'Italie.)

52. Mars eut commerce avec Althée, qui mit au monde Méléagre. L'histoire de ce prince est dans le Méléagre d'Euripide (44).


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53. Septimius Marcellus, mari de Sylvia, passait presque tout son temps à la chasse. Le dieu Mars, déguisé en berger, eut commerce avec sa femme, et lorsqu'il la vit grosse, il se fit connaître à elle, et lui donna un bâton à la durée duquel était attachée la vie de l'enfant qu'elle mettrait au monde. Dans la suite, Septimius tua Tuscinus ; et Mamercus, son fils, en sacrifiant aux dieux, pour les remercier d'une abondante récolte, ayant oublié Cérès, la déesse envoya un sanglier qui désolait le pays. Mamercus rassemble un grand nombre de chasseurs, tue l'animal, et fait présent de la hure et de la dépouille à sa future épouse. Scimbrate et Muthias, frères de sa mère, les ayant enlevées à cette jeune personne, Mamercus, indigné de cette violence, les massacra tous deux ; et sa mère, pour venger leur mort, fit brûler le bâton d'où dépendait la vie de son fils. (Ménylus, au troisième livre de l'Histoire d'Italie (45).)

54. Télamon, fils d'Eacus et d'Endeïs, étant allé en Eubée, y séduisit Péribée, fille d'A Icathous, et s'enfuit pendant la nuit. Son père ne se fut pas plutôt aperçu du déshonneur de sa fille, que l'attribuant à quelqu'un de ses sujets, il donna ordre à un de ses gardes de la précipiter dans la mer. Le garde, touché de compassion, la vendit. Amenée à Salamine, elle y fut achetée par Télamon, et mit au monde Ajax. (Aretade de Cnide, au second livre de l'Histoire des Isles.)

55. Lucius Troscius avait eu de sa femme Partide une fille nommée Florentia, qui fut séduite par Calpurnius. Son père ordonna qu'elle fût jetée à la mer. Mais le garde à qui il en avait donné l'ordre eut pitié d'elle et la vendit. Le hasard fit que le vaisseau qui la portait aborda en Italie, où Calpurnius l'acheta, et eut d'elle un fils nommé Contruscus.


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56. Eolus, roi d'Étrurie, eut de sa femme Amphithée six enfants mâles et autant de filles. Macarée, le plus jeune des fils, devint amoureux d'une de ses sœurs, qui mit au monde un fils. Le père envoya une épée à sa fille, avec ordre de tuer son frère. Elle ne voulut point se souiller par un homicide, et se perça de cette épée. Macarée en fit autant à son exemple. (Sostrate, livre second de l'Histoire d'Etrurie (46).)

57. Papirius Tolucer eut de Julia Pulchra six garçons et six filles. L'aîné des fils, Papirius Romanus, conçut une vive passion pour sa sœur Canulia, et, du commerce qu'il eut avec elle, il naquit un fils. Le père l'ayant su, lui envoya une épée dont elle se tua, et, après elle, Papirius, son frère, en fit autant. ( Chrysippe, au livre premier de son Histoire d'Italie).

58. Aristonime d'Éphèse, fils de Démostrate, avait conçu la plus violente aversion pour les femmes. Il eut commerce avec une ânesse, et il en vint une fille parfaitement belle, qui fut nommée Onoscélis. (Aristote, livre second
des Faits incroyables (47).)

59. Fulvius Stellus, qui avait également de la haine pour les femmes, s'unit avec une jument, et en eut une fille très belle, à qui il donna le nom d'Hippona. C'est aujourd'hui la déesse qui préside aux chevaux. (Agésilas, livre troisième de l'Histoire d'Italie (48).)

60. Ceux de Sardes ayant déclaré la guerre aux Smyrnéens, vinrent mettre le siége devant Smyrne, et déclarèrent aux habitants qu'ils ne s'éloigneraient de la ville


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qu'après qu'ils leur auraient envoyé leurs femmes pour en abuser. Les assiégés allaient céder à cette cruelle nécessité, lorsqu'une esclave distinguée par sa beauté vint trouver son maître Philarque, et lui dit qu'il fallait envoyer aux ennemis les esclaves, au lieu des femmes libres, après les avoir bien parées. Ce conseil fut suivi, et les Sardiens s'étant épuisés avec elles, ils furent aisément battus par les assiégés. On célèbre encore aujourd'hui à Smyrne une fête publique, où les esclaves portent l'habillement de leurs maîtresses. (Dosithée, livre troisième de l'Histoire d'Italie.)

61. Atépomarus, prince gaulois, était en guerre avec les Romains. Il leur fit dire qu'il ne sortirait point de leurs terres s'ils n'envoyaient leurs femmes dans son camp. Ils y envoyèrent les esclaves, qui en avaient elles-mêmes donné le conseil, et avec qui les Gaulois se fatiguèrent tellement qu'ils tombèrent dans un profond sommeil. Rétana, celle des esclaves qui avait ouvert l'avis de les envoyer à la place de leurs maîtresses , monta sur le haut du mur à la faveur d'un figuier sauvage, et avertit les consuls de l'état où étaient les ennemis. Les Romains firent une sortie, et taillèrent en pièces les Gaulois. De là est venue la fête des esclaves qu'on célèbre à Rome (49). (Aristide de Milet, livre premier de l'Histoire d'Italie.)

62. Dans la guerre des Athéniens contre Eumolpe (50), la disette de vivres, qui commençait à se faire sentir, obligea le questeur Pyrandre de diminuer, afin de les ménager, la mesure ordinaire qu'on distribuait aux citoyens. Il fut soupçonné de trahison, et lapidé par le peuple. (Callisthène, livre troisième de l'Histoire de Thrace.)

63. Pendant que les Romains étaient en guerre contre


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les Gaulois, les vivres commençaient à manquer. Cinna diminua la portion de blé qu'on distribuait chaque jour au peuple. On l'accusa d'aspirer à la royauté, et il fut lapidé. (Aristide, livre troisième de l'Histoire d'Italie (51).)

66. Dans la guerre du Péloponnèse, Pisistrate, roi d'Orchomène, haïssait la noblesse et favorisait le peuple. Les sénateurs l'ayant fait périr dans des embûches qu'ils lui avaient dressées, ils coupèrent son corps par morceaux, et les cachèrent sous leurs robes, après avoir pris la précaution de gratter la terre, pour ne laisser aucune trace du meurtre. Le peuple, qui se douta du fait, accourut en foule au Sénat. Alors Tlésimachus, le plus jeune des fils du roi, qui avait su la conspiration, dit à cette multitude irritée qu'il avait vu son père, sous une forme au-dessus de l'humaine, s'élever sur la montagne de Pise (52). Par cette ruse, il vint à bout de les écarter. (Théophile, livre second de l'Histoire du Péloponnèse.)

65. Des guerres fréquentes avec les peuples voisins avaient déterminé le Sénat de Rome à retrancher au peuple la distribution de blé qu'on avait coutume de lui faire. Romulus, mécontent de cette suppression, la rétablit, et punit plusieurs sénateurs. Ceux-ci, pour se venger, le mirent en pièces dans le Sénat même (53), et emportèrent les morceaux sous leurs robes. Les Romains coururent au Sénat avec des torches, et allaient y mettre le feu, si Julius Proculus, un des sénateurs, ne leur eût dit qu'il venait de voir Romulus sur une des collines de la ville ; qu'il était d'une taille au-dessus de l'humaine, et avait été mis au rang des dieux. (Aristobule, livre troisième de l'Histoire d'Italie.)


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66. Pélops, fils de Tantale et d'Euryanasse, épousa Hippodamie, dont il eut deux fils, Atrée et Thyeste. Il avait eu de la nymphe Danaïs Chrysippe, qu'il aimait plus tendrement que les enfants nés de sa femme. Laïus de Thèbes enleva Chrysippe, qui lui avait plu. Il fut pris par Atrée et Thyeste ; mais Pélops lui fit grâce à cause du motif de cet enlèvement. Hippodamie voulut engager ses deux fils à tuer Chrysippe, qui, disait-elle, leur enlèverait un jour le trône. Comme ils refusèrent de servir sa haine,'elle-même s'en chargea, et, la nuit, pendant que Laïus dormait, elle s'approche du lit, et perce Chrysippe avec l'épée de Laïus. Celui-ci fut soupçonné d'avoir commis l'assassinat ; mais Chrysippe, qui respirait encore, le justifia, et fit connaître le véritable auteur de sa mort. Pélops, après avoir rendu à son fils les derniers devoirs, punit Hippodamie par l'exil. (Dosithée, dans l'Histoire des Pélopides.)

67. Ebius Toliex, outre les deux fils qu'il avait de sa femme Nucérie, en eut d'une affranchie un troisième parfaitement beau, nommé Firmus, qu'il aimait beaucoup plus que ses enfants légitimes. Nucérie, à qui cette préférence avait rendu Firmus odieux, conseille à ses enfants de s'en défaire. Ils rejetèrent avec horreur cette proposition. Alors elle ne craignit pas de l'exécuter elle-même. Elle prend, la nuit, l'épée de celui à qui l'on avait confié la garde de Firmus, lui porte un coup mortel, et laisse le fer dans la blessure. Le jeune homme disculpa son gardien, qu'on avait déjà soupçonné, et découvrit la vérité. Ébius, après avoir fait les obsèques de son fils, bannit sa femme. (Dosithée, livre troisième de l'Histoire d'Italie.)

68. Thésée, fils de Neptune, avait eu d'Hippolyte, reine des Amazones, un fils qui portait le nom de sa mère. Ce prince épousa Phèdre, fille de Minos, qui conçut pour Hippolyte l'amour le plus violent, et le fit solliciter par


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sa nourrice de consentir à ses désirs. Le jeune prince s'enfuit aussitôt d'Athènes, et se retire à Trézène, où il passait tous les jours à la chasse. Cette femme détestable, se voyant méprisée, accusa ce vertueux jeune homme dans une lettre qu'elle écrivit à Thésée, et se pendit ensuite. Le père, trop crédule, pria Neptune de faire périr son fils. Ce dieu, qui s'était engagé à lui accorder les trois premières demandes qu'il lui ferait, envoya contre Hippolyte, qui se promenait dans son char sur le rivage de la mer, un taureau monstrueux, qui effraya tellement ses chevaux, qu'ils foulèrent aux pieds ce malheureux prince.

69. Un Laurentin, nommé Comminius Super, avait eu de la nymphe Égérie un fils à qui il donna son nom. Il épousa ensuite Gidica, qui, devenue amoureuse de son beau-fils, et n'ayant pu le séduire, se pendit de désespoir, après avoir écrit à son mari une lettre où elle l'accusait d'avoir voulu lui faire violence. Comminius, que la jalousie rendit trop crédule, conjura Neptune de le venger. Le jeune homme, monté sur son char, se promenait le long du rivage de la mer, lorsque le dieu fit sortir des flots un taureau, dont la vue effraya les chevaux, qui traînèrent leur maître à travers les ronces, et le mirent en pièces. (Dosithée, livre troisième de l'Histoire d'Italie.)

70. Les Lacédémoniens, désolés par la peste, envoyèrent consulter l'oracle, qui répondit que ce fléau cesserait s'ils faisaient vœu de sacrifier tous les ans une jeune fille de naissance. Le sort tomba sur Hélène. Comme on la conduisait à l'autel toute parée, un aigle enleva le couteau du sacrificateur, le porta au-dessus d'un troupeau de bœufs, et le laissa tomber sur une génisse. Ce prodige sauva la vie à Hélène. (Aristomède, dans son troisième Recueil mythologique.)

71. La peste avait déjà fait périr un grand nombre de citoyens à Faléries, quand l'oracle déclara que, pour


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faire cesser la contagion, il fallait s'engager à immoler tous les ans une jeune fille à Junon. Cette superstition se perpétuait d'année en année, et Valéria Luperca, une de ces victimes, avait déjà le fer sur la gorge, lorsqu'un aigle, enlevant l'épée, pose sur le brasier un bâton emmanché d'un marteau, et laisse tomber l'épée sur une génisse qui paissait auprès du temple. Valéria s'en étant aperçue, immole la génisse, prend le marteau, va de maison en maison, frappe légèrement les malades qu'elle rencontre, et leur déclare qu'ils sont guéris. On continue encore aujourd'hui ce sacrifice. (Aristide, livre dix-neuvième de l'Histoire d'Italie.)

72. Phylonome, fille de Nyctimus et d'Arcadia, suivait Diane à la chasse. Mars, sous l'habit d'un berger, la séduisit, et la rendit mère de deux fils jumeaux, que la crainte de son père fit exposer sur le mont Érymanthe. Par une providence particulière, ils tombèrent dans le creux d'un chêne, sans se blesser. Une louve, qui y avait mis bas, alla jeter ses petits dans un fleuve voisin, et allaita ces deux enfants. Le berger Tyliphus, témoin d'un fait si extraordinaire, prit les enfants, les éleva comme s'ils eussent été à lui, nomma l'un Lycastus, et l'autre Parrhasius. Ils parvinrent depuis, l'un et l'autre, au trône d'Arcadie. (Zopyre de Bysance, au troisième livre de son Histoire.)

73. Amulius, qui traitait son frère Numitor de la manière la plus tyrannique, fit périr son fils Énitus à la chasse, et contraignit sa fille Julia Silvia de se faire prêtresse de Junon. Là, elle devint enceinte du dieu Mars, et, après avoir donné le jour à deux jumeaux, elle découvrit à Amulius quel en était le père. Le tyran, qui en craignit les suites, fit exposer les deux enfants sur les bords du Tibre. Le courant de l'eau les porta près de l'antre d'une louve qui venait de mettre bas. L'animal abandonne ses petits pour nourrir les deux enfants. Le


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berger Faustus, qui en fut témoin, les emporta chez lui, et leur donna les noms de Rémus et de Romulus. Ils furent, depuis, les fondateurs de Rome. (Aristide de Milet, dans l'Histoire d'Italie.)

74. Après la prise de Troie, Agamemnon et Cassandre furent mis à mort par Clytemnestre. Oreste, qui était alors élevé à la cour de Strophius (54), vengea dans la suite le meurtre de son père. (Pyrandre, livre quatrième de l'Histoire du Péloponnèse.)

75. Fabius Fabricianus, parent du grand Fabius, ayant livré au pillage la ville de Tuxium, capitale des Samnites, fit porter à Rome une statue de Vénus Victorieuse qu'on adorait dans ce pays. Sa femme Fabia, qui s'était rendue coupable d'adultère avec un jeune homme d'une grande beauté, nommé Pétronius Valentinus, tua son mari par trahison. Sa fille sauva son frère Fabricianus encore en bas âge, et le fit élever secrètement hors de la maison. Devenu grand, il tua sa mère et Pétronius, et fut absous par le Sénat. (Dosithée, livre troisième de l'Histoire d'Italie.)

76. Busiris, fils de Neptune et d'Anippa, fille de Nilus, faisait d'abord un bon accueil aux étrangers, et les tuait ensuite. Mais le sang de tant de victimes fut vengé. Hercule, qui s'aperçut des piéges qu'il lui tendait, l'assomma d'un coup de massue. (Agathon de Samos.)

77. Hercule traversait l'Italie avec les bœufs de Gérion. Le roi Faunus, fils de Mercure, lui donna l'hospitalité. Il avait coutume d'immoler à son père tous les étrangers, et voulut traiter de même Hercule, qui le tua. (Dercylle, livre troisième de l'Histoire d'Italie.)

78. Phalaris, tyran d'Agrigente, homme féroce et cruel, faisait souffrir aux étrangers qu'il recevait chez lui les tourments les plus affreux. Un fondeur, nommé Périllus,


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imagina de jeter en fonte une génisse d'airain, qu'il donna au tyran pour y enfermer ses hôtes, et les faire brûler vifs. Phalaris, qui se montra juste dans cette seule occasion, y fit enfermer Périllus, qui, pendant qu'on le brûlait, imitait, par ses cris, les beuglements d'une génisse. ( ... dans le second livre des Causes (55).)

79. Il y avait a Egeste, ville de Sicile (56), un tyran barbare nommé Emilius Censorinus, qui récompensait les inventeurs de nouveaux supplices. Un certain Aruntius Paterculus jeta en fonte un cheval d'airain, et en fit présent au tyran pour y enfermer ceux qu'il voudrait faire mourir. Emilius, qui cette fois sut être juste, y enferma Aruntius, afin qu'il éprouvât le premier le supplice qu'il avait imaginé pour les autres. Le tyran lui-même fut pris dans la suite, et précipité du mont Tarpéien. On croit que c'est de lui que les princes qui règnent en tyrans sont appelés Emilius. (Aristide, livre quatrième de l'Histoire d'Italie.)

80. Evénus, fille de Mars et de Stéropé, eut de sa femme Alcippe, fille d'Enomaiis, une fille nommée Marpisse, qu'il gardait chez lui sans vouloir la marier. Idas, fils d'Apharéus, l'enleva et s'enfuit avec elle hors du pays. Evenus s'étant mis à sa poursuite, et n'ayant pu le joindre, se précipita dans le fleuve Lycormas, et fut mis au rang des dieux. (Dosithée, livre premier de l'Histoire d'Italie.)

81. Anius, roi d'Étrurie, avait une fille d'une grande beauté, nommée Salia, qu'il ne voulait point marier. Cathétus, homme d'une naissance distinguée, l'ayant vue jouer, en devint éperdument amoureux, et ne pouvant résister à sa passion, il l'enlève et la conduit à Rome. Le


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père le poursuivit, et n'ayant pu l'atteindre, il se noya dans un fleuve qui de son nom s'est appelé Anio (57). Cathétus eut de Salia deux fils appelés, l'un Latinus, et l'autre Salius, qui furent les tiges des deux familles de Rome les plus distinguées. (Aristide de Milet et Alexandre Polyhistor, au troisième livre de l'Histoire d'Italie (58).)

82. Hégésistrate d'Ephèse, ayant tué un de ses concitoyens, s'enfuit à Delphes, et consulta l'oracle pour savoir où il irait habiter. Apollon lui répondit de se fixer dans l'endroit où il verrait des paysans danser, avec des couronnes d'olivier sur la tête. Il alla dans une contrée de l'Asie, où il trouva ce que le dieu lui avait annoncé, et il y bâtit une ville qu'il appela Eléunte (59). (Pythoclès de Samos, au troisième livre des Géorgiques.)

83. Télégone, fils d'Ulysse et de Circé, qui avait été envoyé à la recherche de son père, eut ordre de bâtir une ville dans le lieu où il verrait danser des paysans avec des couronnes sur la tête. Il vint dans un canton de l'Italie, où il trouva des paysans qui dansaient couronnés de branches de chêne. Il y fonda une ville qu'il appela Prineste, à cause de cette rencontre, et dont les Romains ont changé le nom en celui de Préneste (60). (Aristocle, livre troisième de l'Histoire d'Italie (61).)


(01) Les savants qui ont écrit sur les ouvrages de Plutarque conviennent presque tous que ce traité nVst point de lui, et croient qu'il a été composé par quelque écrivain obscur qui a voulu accréditer son ouvrage à la faveur d'un nom illustre, ou qu'il a pour auteur un philosophe du même nom que le nôtre, mais qui a vécu beaucoup plus tard. Aussi Amyot a-t-il mis ces mots à la tête de la traduction de ce Traité: « En la marge d'un vieil livre escrit à la main, ces paroles grecques se treuvent: Ce livre ne fut jamais de l*lutarque, autcur excellent et savant, mais de quelque escrivain vulgaire et ignorant de l'art de poésie et de grammaire. » Cette assertion est établie par des preuves incontestables dans un Mémoire de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dont M. l'abbé Sallier est auteur. ( Voyez ces Mémoires, t. VI, p. 52. )

(02) Suivant presque tous les historiens, l'armée athénienne était commandée par dix chefs.

(03) Il est assez vraisemblable que ce Denys de Sicile est un de ces historiens qui n'ont existé que dans l'imagination de l'auteur des Parallèles. Aristide de Milet est-il encore de l'invention de cet écrivain? ou est-il le même que l'Aristide de Samos, cité par Vairon et Aulu-Gelle, et qui avait composé plusieurs ouvrages? Vossius semble le croire dans son ouvrage sur les historiens grecs, liv. III, chap. i.

(04) Rien ne ressemble plus à l'histoire de Scévola que le trait du frère de Thémistocle, et il suffit seul pour prouver évidemment que l'écrivain des Parallèles a copié les historiens romains. L'action d'Agésilas est de son invention, et l'effet de sa jalousie contre les Romains, à qui, comme on l'a déjà remarqué, il ne voulait laisser aucun avantage sur les Grecs.

(05) Tite-Live fait dire seulement par Scévola qu'il y avait dans Rome trois cents jeunes citoyens résolus d'imiter son courage.

(06)  Chryserme était de Corinthe.

(07) Il y a ici plusieurs erreurs : 1° le consul Posthumius ne fut pas tué dans la bataille, et ne resta point parmi les morts. Il passa sous le joug avec son collègue et le reste de l'année; et nous voyons dans Tïte-Live que lorsqu'il fut de retour à Rome, ou l'on ne voulut point ratifier le traité honteux qu'il avait fait, il offrit, ainsi que l'autre consul, de s'aller livrer aux Samnites; 2° ce ne fut pas Fabius Gurgès qui le remplaça, mais le consul Papirius Cursor, qui, l'année d'après, remporta sur les Samnites une victoire complète, et les fit passer à leur tour sous le joug. Fabius Gurgès ne fit la guerre contre les Samnites que l'an 462 de Rome, et, loin de les vaincre, il fut battu.

(08) Ici l'auteur des Parallèles transporte au temps de la guerre punique un fait qui s'était passé près de trois siècles auparavant. L'an de Rome 277, la famille seule des Fabius se chargea de la guerre contre les Véiens. Ils partirent de Home au nombre de trois cent six, tous du nom de Fabius, avec cinq mille de leurs clients. Après quelques premiers succès, leur présomption les fit tomber dans une embuscade, où ils périrent tous, sans qu'il en échappai un seul. 

(09) Ce Callisthène est, très vraisemblablement, Callisthène le Sybarite, cité dans le Traité des Fleuves, qui paraît être du même auteur que les Parallèles.

(10) Ce fait est rapporté par Diodore de Sicile, liv. IV, chap. 22, et par Pausanias, liv. IX, chap. 8.

(11) Plusieurs historiens ont porté le nom de Critolaüs. Le plus connu est le Péripatéticien, qui fut député à Rome vers l'année 598 de la fondation de cette ville. (V. Aulu-Gelle, liv. XI, chap. 9.)

(12) On ne trouve aucune trace de ce récit dans les historiens romains, et il semble n'avoir été imaginé que pour servir de pendant au fait qui le précède.

(13) Ici, l'auteur n'ayant point trouvé dans l'histoire de la Grèce un événement qui pût répondre à celui de l'histoire romaine qu'il va rapporter, a recours aux temps fabuleux. 

(14) La guerre de Tullus contre les Albains, et la cause du supplice qu'il fit souffrir à leur général, sont autrement rapportées par Tite-Live. On peut consulter cet historien.

(15) Ce Théotime n'est connu que par l'auteur des Parallèles.

(16) Ce n'est point le fils du fameux Dédale: c'est le contemporain d'Érichton, quatrième roi d'Athènes. Les anciens mythologistes ne disent rien de son origine. Hygin raconte, comme Apollodore, que ce fut Bacchus, et non Saturne, qui lui apprit l'art de cultiver la vigne, en récompense de l'hospitalité qu'il lui avait donnée. Ils disent l'un et l'autre que les paysans à qui il avait communiqué ce nouveau secret l'assommèrent à coups de bâton, et non pas qu'ils le lapidèrent ; et qu'une chienne nommée Méra découvrit a Érigone, fille d'icarius, l'endroit où ils avaient enseveli le corps de ion père.

(17) Ce fait semble imaginé par l'auteur uniquement afin de répondre à celui qu'il vient de raconter. Ce qu'il dit du mois de janvier, ajouté à l'année par Catulus, est une erreur réfutée par les historiens romains, et en particulier par Plutarque, qui attribue ce changement à Numa.

(18)  Diodore de Sicile et Thucydide, qui rapportent ce fait, ne parlent point du père de Pausanias. Ils disent que comme les Lacédémoniens craignaient de violer le temple de Minerve en y faisant mourir ce général, sa mère apporta la première une pierre sur le seuil de la porte, et se retira sans rien dire. Enhardis par son exemple, les citoyens achevèrent de murer la porte.

(19) Ce trait ne se trouve nulle part dans l'Histoire romaine.

(20) Ce fait attribué au fils de Darius n'est rapporté qu'ici.

(21)l n'y a d'autre preuve de ce trait que le témoignage, si justement suspect, de notre auteur.

(22) Ici, le fait est bien avéré ; mais l'auteur se trompe lorsqu'il lui donne pour époque la guerre contre les Samnites. Ce fut dans celle contre les
Latins qu'il eut lieu.

(23) OEchalie, contrée du Péloponnèse, avec une ville de même nom.

(24) Malée, promontoire de Laconie. Ce Nicia n'est point connu d'ailleurs.

(25) Ce récit a tout l'air d'une fable. L'auteur confond la famille Valérius avec la famille Manlia. La première avait quatre branches, et nul particulier de ces différentes branches n'a porté le surnom de Torquatus, de même que le nom de Valérius n'a jamais appartenu à aucun de ceux qui sont sortis de la famille Manlia.

(26) Ce trait parait n'avoir été imaginé que pour figurer avec le récit fabuleux du sacrifice d'Iphigénie.

(27)  Ce Mérillus n'est point connu d'ailleurs.

(28) Varron et Tite-Live rapportent aussi ce fait, et disent qu'au lieu d'être étouffée sous l'or des Sabins, elle fut précipitée de la roche qui eut depuis le nom de Tarpéienne, au lieu qu'auparavant elle s'appelait Saturnienne.

(29) Tégée et Phénée étaient deux villes d'Arcadie.

(30) Si ce récit était vrai, les Grecs, si attentifs à profiter de tout ce qui pouvait ajouter à la gloire de leur nation, n'auraient pas manqué de le publier. 

(31) Le trait d'Ilus cadre trop bien avec le suivant pour n'être pas suspect.

(32)  Ce Métellus était grand pontife. Il avait le surnom de Lucius, et, dans la première guerre punique, il avait vaincu les Carthaginois et mené en triomphe, a Rome, treize généraux ennemis et cent vingt éléphants. (V. Pline, liv. VII, ch. 44.)

(33) Plusieurs auteurs de l'antiquité ont porté le nom de Socrate.

(34) Ici, le fond du récit est vrai ; mais, par l'ignorance de l'auteur, il est altéré dans ses circonstances. Le dévouement du premier Décius eut lieu dans la guerre contre les Latins, l'an 4i4 de Rome, et celui du second, dans la guerre des Samnites. l'an 459.

(35) Dosithée n'est cité par Vossius que sur l'autorité de notre auteur; ce qui rend fort suspectes et l'existence de l'historien, et la vérité du fait qu'il rapporte.

(36) Cette tragédie d'Euripide est perdue.

(37) Dorothée est cité par plusieurs autres écrivains, et en particulier par Athénée.

(38) Parthénius, selon Suidas, était de Nycée.

(39) Le trait qui est rapporté ici paraît être encore imaginé par notre auteur pour répondre au précédent.

(40) Diogène Laerce compte jusqu'à vingt personnages de ce nom ; mais il n'attribue à aucun d'eux l'ouvrage cité par l'écrivain des Parallèles.

(41) Les Massyliens étaient des peuples d'Afrique dans la Mauritanie, sur les bords de la Méditerranée, prés du mont Atlas et du jardin des Hespérides.

(42) Hégésianax est cité par Athénée comme auteur d'une Histoire de Troie; mais il ne parle point du son Histoire d'Afrique.

(43) Eacus était roi des Éginètes, et Psamuialhé, fille de Nérée et de Doris. Phocus avait deux frères ainés, Pélée et Télamon, qui étaient d'une première femme nommée Endeïs. Apollodore dit que l'habileté de Phocus dans tous les exercices, et la tendresse d'Eacus pour lui, excitèrent leur jalousie, et qu'ils le tuèrent en jouant au palet avec lui.

(44) Cette pièce est perdue ; mais l'histoire de Méléagre est assez connue ; on la trouve dans tous les mythologistes.

(45)i Ce Ménylus n'est point connu.

(46) Il y a eu deux auteurs de ce nom ; l'un qu'on appelait le Grammairien, qui vivait du temps d'Auguste. Il était de Nysa, au rapport de Strabon. L'autre, qui, selon Stéphanus, était de Phanagore, ville de la Chersonèse Taurique, est souvent cité par Athénée, Stobée el Élien. (Voyez
Vossius, de Hist. Graec., liv. II, ch. 5. ) 

(47) Je ne crois pas qu'il s'agisse ici du célèbre Aristote. Ce nom a été commun à plusieurs auteurs.

(48)  Apulée, liv. III des Métamorphoses, et d'autres écrivains, ont aussi parlé de cette déesse Hippona.

(49)  Plutarque, dans ses Questions romaines, donne une autre origine à la fête des esclaves; cependant il rapporte ailleurs le fait que conte l'auteur des Parallèles, mais avec des différences considérables.

(50) Eumolpe était roi de Thrace, fils de Neptune et de Chioné, fille de Borée, roi de Thrace.

(51) L'Histoire romaine ne parle point de cette aventure de Cinna.

(52) Pise, ville du Péloponnèse dans l'Élide , sur les bords de l'Alphée, fameuse par les jeux olympiques, qui se célébraient auprès. Pausanias lut donne pour fondateur Pisus, petit-fils d'Éole. 

(53) Tite-Live dit que ce fut pendant une assemblée du peuple, et dans le trouble occasionne par un violent orage, que Romulus fut mis en pièces.

(54) Strophius était roi de la Phocide et père de Pylade. Il avait arraché Oreste à la fureur de sa mère, et l'avait fait élever à sa cour avec son fils.

(55) Il y a ici une lacune dans le texte, le nom de l'historien y manque.

(56) Égeste avait été bâtie par Énée, qui lui donna le nom île la mère d'Aceste. Elle prit, depuis, celui de Ségeste.

(57) L'Anio, fleuve célèbre d'Italie; c'est aujourd'hui le Tévérone. 

(58) Alexandre, surnommé Polyhistor, ou très savant, était de Milet.

(59) Il y avait en Asie plusieurs villes de ce nom. Celle-ci tirait le sien de la circonstance qui l'avait fait bâtir, d'ἐλαία, l'olivier.

(60) Prineste, ou Préneste, se dérivent du mot grec πρῖνος, qui signifie chêne.

(61) Je placerai ici, en finissant, une réflexion tirée du mémoire de M. l'abbé Sallier, et relative aux historiens dont l'auteur des Parallèles invoque le témoignage, à l'appui des faits qu'il raconte. Elle servira à les apprécier tous en général, parce qu'elle est également applicable à presque tous. Denys d'Halicarnasse, dit le savant académicien dans le Traité où il juge du caractère de Thucydide, nous apprend que les historiens grecs ont précédé la guerre du Péloponnèse.   Il en fait plusieurs classes; mais les noms îles auteurs cités par l'écrivain des Parallèles ne se trouvent dans aucune. S'ils avaient eu quelque antiquité, Denys d'Halicarnasse n'eût pas oublié leurs noms. Son silence est une raison de penser, ou que ces auteurs sont très postérieurs aux premiers monuments et aux premiers historiens de Rome, ou qu'ils n'ont jamais existé. Disons-en autant de plusieurs écrivains qui, suivant l'auteur des Parallèles, avaient écrit l'Histoire d'Italie. Pourquoi leurs noms ne se trouvent-ils pas avec ceux des auteurs grecs qui, avant Denys d'Halicarnasse, avaient traité le même sujet que lui? Car, dans le premier livre de ses Antiquités, il a grand soin de les faire tous connaître. Il faut, par conséquent, regarder tous ceux dont il ne parle pas, comme n'ayant eu d'existence que dans l'imagination de l'auteur des Parallèles, qui les inventait à mesure qu'il en avait besoin.