Dion Cassius, traduit par E. Gros Tome VIII

DION CASSIUS

HISTOIRE ROMAINE.

TOME HUITIÈME : LIVRE LVII

Traduction française : E. GROS.

livre LVI - livre LVIII

 

 

HISTOIRE ROMAINE DE DION. 

TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE HUITIÈME VOLUME.

LIVRE CINQUANTE-SEPTIÈME.

Portrait de Tibère 143—145

Tibère écrit aux années et à toutes les provinces comme empereur, sans toutefois en prendre le titre, et bien qu'héritier d'Auguste, il refuse d'en porter le nom 145—147

Conduite de ce prince au sénat ; il veut diviser l'empire en trois parts ; mot d'Asinius Gallus à ce sujet, et réponse de Tibère 147—149

Motifs auxquels on a attribué la conduite de Tibère 151

Meurtre d'Agrippa et bruits auxquels il donne lieu 153

Révolte des légions de Pannonie, prétentions qu'elles élèvent; une éclipse de lune« les fait rentrer dans le devoir 153—157

Les troupes de Germanie proclament Germanicus empereur ; celui-ci tire son épée pour se tuer; motifs qui le font renoncer à son dessein, et stratagème dont il use pour apaiser la sédition. L'arrivée de députés envoyés par Tibère fait éclater de nouveaux troubles qui se calment lorsque les soldats voient qu'ils n'arrivent à rien 157—161

Germanicus mène ses légions sur la terre ennemie. Sentiments de Tibère à son égard 161—163

Tibère accepte l'empire sans désormais dissimuler; sa conduite populaire dans les premiers temps ; moyen qu'il emploie pour ne pas recevoir la quête annuelle aux calendes de janvier 163—171

Il ne permet à personne de lui élever des temples ni même des statues 171—173

Il achève les édifices commencés par Auguste et y grave le nom de ce prince au lieu du sien; il agit de même pour tous ceux qui avaient besoin de réparation. 173—175

Il enrichit plusieurs sénateurs et en raye plusieurs autres. Précautions dont il s'entoure pour que ses dons ne soient pas détournés 175—177

Honneurs qu'il rend aux magistrats. Soins qu'il prend, aux, jeux, pour qu'on puisse l'aborder facilement ; manière dont il s'y comporte. Il refuse d'affranchir un danseur avant que le maître ait acquiescé à l'affranchissement et reçu le prix de son esclave 177—181

Il réprime les prétentions de sa mère, et s'oppose aux décrets qu'on veut rendre en son honneur 181—185

Ennuis que donnent à Tibère les débauches et la cruauté de son fils Drusus 185—187

Il réprime d'une façon indirecte l'usage de porter, malgré les défenses précédentes, des vêtements de pourpre 187

Tibère paye les legs d'Auguste; occasion qui l'y détermine. 189

Règlement pour que les gouverneurs soient rendus aux calendes de juin dans les provinces où ils ont été nommés . 191

La perte d'un petit-fils n'empêche pas Tibère de s'occuper des affaires de l'État. Mesures prises par lui à l'occasion d'un débordement du Tibre, que tout le monde regarde comme un prodige 191—193

Conduite de Drusus pendant son consulat; détails divers sur son caractère 193

Défense faite aux hommes de porter des vêtements de soie; interdiction des vases d'or, excepté pour les sacrifices. Discussion que soulève le mot emblema employé dans redit. 193—195

Libon, poursuivi seulement lorsqu'il est atteint d'une maladie mortelle, se tue. Tibère n'en poursuit pas moins l'affaire, partage entre les accusateurs les biens du coupable, et fait décréter des supplications, tant en son nom personnel, qu'en celui d'Auguste et de Jules César 195—197

Vibius Rufus, qui se servait du siège sur lequel César s'asseyait constamment et sur lequel il avait été tué, n'est inquiété en rien 197

Sévérité de Tibère à l'égard de tous ceux qui s'occupaient d'une manière quelconque de divination. Intervention d'un tribun 197—199

Plusieurs questeurs de l'année précédente sont envoyés dans les provinces. 199

Trois sénateurs sont élus pour transcrire les actes publics existants et rechercher les autres 199

Clément, esclave d'Agrippa, se fait passer pour son maître ; sa réponse à Tibère qui est parvenu à le réduire en son pouvoir. 199—201

Tibère refuse l'argent qui lui est apporté après les calendes de janvier; scrupules que lui inspire un mot employé par lui dans son édit à ce sujet 201—203

Archélaüs, roi de Cappadoce, accusé de révolte, est traduit devant le sénat; déposition d'un témoin à laquelle il doit son acquittement 203—205

La Cappadoce est réduite en province romaine 205

Les villes d'Asie, à la suite d'un tremblement de terre, reçoivent des secours de l'empereur ; réflexions de l'historien, à ce propos, sur le caractère du prince 205—207

Germanicus rend les honneurs funèbres aux restes des soldats de Varus. 207

Tibère refuse de laisser appeler de son nom le mois de novembre, dans lequel il est né 207

Le consul Norbanus jette le trouble parmi les citoyens en jouant de la trompette le matin des calendes de janvier. 209

Un oracle, prétendu Sibyllin, qui excite de vives émotions, amène un examen de tous les livres contenant des prédictions. 209—211

Mort de Germanicus; son portrait 211

Pison, traduit devant le sénat par Tibère, à raison du meurtre de Germanisas, se tue 211—213

Cruautés de Tibère . 213—215

Séjan 215—217

Tous ceux qui ont exercé le consulat avec Tibère ont une mort violente 219

Procès du poète Lutorius Prisais ; Tibère oblige le sénat de porter un règlement en vertu duquel aucun condamné ne sera exécuté qu'après un délai de dix jours et le décret de condamnation ne sera déposé au trésor public qu'après même délai 219—221

Tibère défend que les consuls se chargent de la cause d'aucun accusé 221

Un des préteurs, accusé de lèse-majesté, sort de la curie, dépose sa toge de magistrat, et rentre, en demandant à répondre sur-le-champ à l'accusation comme un simple particulier 221

Les histrions sont bannis de Rome 221

Tibère fait élever une statue d'airain à Séjan dans le théâtre ; honneurs rendus au favori 221—223

Un portique penchant d'un côté est redressé; conduite de Tibère à l'égard de l'architecte. 223

Drusus meurt empoisonné par Séjan 225

Tibère, malgré cela, n'interrompt en rien ses occupations habituelles 225-227

Le droit de tester est enlevé à ceux à qui on a interdit le feu et l'eau 227

Soin de Tibère à rechercher les propos outrageants tenus sur son compte; il les fait mettre dans les Actes publics. Réflexions de l'auteur à ce sujet 227—229

Crémntius Cordas, qui avait offensé Séjan, est contraint de se donner la mort pour avoir, dans une histoire d'Auguste, loué Cassius et Brutus ; ses livres sont brûlés 231—233

Tibère fait voir aux sénateurs les exercices de la garde prétorienne 233

Les habitants de Cyzique sont, de nouveau, privés de la liberté 233

Jugement d'un homme qui a vendu, avec sa maison, une statue de l'empereur 233

Lentulus est accusé de conspiration; mot de Tibère en cette circonstance 233

 

 

Τάδε ἔνεστιν ἐν τῷ πεντηκοστῷ ἑβδόμῳ τῶν Δίωνος Ῥωμαϊκῶν.

α. Περὶ Τιβερίου.

β. Ὡς Καππαδοκία ὑπὸ Ῥωμαίων ἄρχεσθαι ἤρξατο.

γ. Ὡς Γερμανικὸς Καῖσαρ ἀπέθανεν.

δ. Ὡς Δροῦσος Καῖσαρ ἀπέθανεν.

Χρόνου πλῆθος ἔτη ἕνδεκα, ἐν οἷς ἄρχοντες οἱ ἀριθμούμενοι οἵδε ἐγένοντο.

Δροῦσος Καῖσαρ Τιβερίου υἱ. ὕπ. Γ. Νωρβανὸς Γ. υἱ. Φλάκκος

Τ. Στατίλιος Τ. υἱ. Σισέννας Ταῦρος ὕπ. Λ. Σκριβώνιος Λ. υἱ. Λίβων

Γ. Καικίλιος Γ. υἱ. Νέπως ἢ Ῥοῦφος ὕπ. Λ. Πομπώνιος Λ. υἱ. Φλάκκος

Τίβ. Καῖσαρ Αὐγούστου υἱ. Τὸ γʹ ὕπ. Γερμανικὸς Καῖσαρ Τιβ. υἱ. Τὸ βʹ

Μ. Ἰούνιος Μ. υἱ. Σιλανός ὕπ. Γ. Νωρβανὸς Γ. υἱ. Φλάκκος ἢ Βάλβος

Μ. Οὐαλέριος Μ. υἱ. Μεσσάλας ὕπ. Μ. {υιʹ} Αὐρήλιος Μ. υἱ. Κόττας

Τιβ. Καῖσαρ Αὐγούστου υἱ. Τὸ δʹ ὕπ. Δροῦσος Ἰούλιος Τιβ. υἱ. Τὸ βʹ

Δέκιμος Ἀτέριος Κ. υἱ. Ἀγρίππας ὕπ. Γ. Σουλπίκιος Σεργ. υἱ. Γάλβας

Γ. Ἀσίνιος Γ. υἱ. Πωλίων ὕπ. Γ. Ἀντίστιος Γ. υἱ. Οὐέτος

Σέργ. Κορνήλιος Σεργ. υἱ. Κέθηγος ὕπ. Λ. Οὐισέλλιος Γ. υἱ. Οὐάρρων

Μ. {ἢ Γ.} Ἀσίνιος {Μ. ἢ} Γ. υἱ. Ἀγρίππας ὕπ. Κόσσος Κορνήλιος Κόσσου υἱ. Λεντοῦλος

[1] Ταῦτα μὲν κατὰ Αὔγουστον ἐγένετο, Τιβέριος δὲ εὐπατρίδης μὲν ἦν καὶ ἐπεπαίδευτο, φύσει δὲ ἰδιωτάτῃ ἐκέχρητο. Οὔτε γὰρ ὧν ἐπεθύμει προσεποιεῖτό τι, καὶ ὧν ἔλεγεν οὐδὲν ὡς εἰπεῖν ἐβούλετο, ἀλλ´ ἐναντιωτάτους τῇ προαιρέσει τοὺς λόγους ποιούμενος πᾶν τε ὃ ἐπόθει ἠρνεῖτο καὶ πᾶν ὃ ἐμίσει προετείνετο· ὠργίζετό τε ἐν οἷς ἥκιστα ἐθυμοῦτο, καὶ ἐπιεικὴς ἐν οἷς μάλιστα ἠγανάκτει ἐδόκει εἶναι· ἠλέει τε δῆθεν οὓς σφόδρα ἐκόλαζε, καὶ ἐχαλέπαινεν οἷς συνεγίγνωσκε· τόν τε ἔχθιστον ὡς οἰκειότατον ἔστιν ὅτε ἑώρα, καὶ τῷ φιλτάτῳ ὡς ἀλλοτριωτάτῳ προσεφέρετο. Τό τε σύμπαν οὐκ ἠξίου τὸν αὐταρχοῦντα κατάδηλον ὧν φρονεῖ εἶναι· ἔκ τε γὰρ τούτου πολλὰ καὶ μεγάλα πταίεσθαι καὶ ἐκ τοῦ ἐναντίου πολλῷ πλείω καὶ μείζω κατορθοῦσθαι ἔλεγε. Καὶ εἰ μὲν μόνα ταῦτ´ εἶχεν, εὐφύλακτος ἂν τοῖς ἐς πεῖραν αὐτοῦ ἐλθοῦσιν ἦν· πρὸς γάρ τοι τὸ ἐναντιώτατον πάντα ἂν λαμβάνοντες ἐκ τοῦ ἴσου τό τε μὴ βούλεσθαι δή τι αὐτὸν τῷ πάνυ ποθεῖν καὶ τὸ ὀρέγεσθαί τινος τῷ μὴ ἐφίεσθαι ἐνόμιζον· νῦν δὲ ὠργίζετο εἴ τις αὐτοῦ συνεὶς φανερὸς ἐγένετο, καὶ πολλοὺς οὐδὲν ἄλλο σφίσιν ἢ ὅτι συνενόησαν αὐτὸν ἐγκαλέσαι ἔχων ἀπέκτεινεν. Ὥστε χαλεπὸν μὲν ἦν μηδεμίαν αὐτοῦ σύνεσιν ποιεῖσθαι (πολλὰ γὰρ ἅτε πρὸς τὸ λεγόμενον ἀλλὰ μὴ πρὸς τὸ βουλόμενον συναινοῦντές οἱ ἐσφάλλοντο), χαλεπώτερον δὲ συνιέναι· τήν τε γὰρ ἐπιτήδευσιν αὐτοῦ καταφωρᾶν κἀκ τούτου καὶ ἄχθεσθαι αὐτῇ ὑπωπτεύοντο. Μόνος οὖν ὡς εἰπεῖν, ὅπερ που σπανιώτατόν ἐστι, διεγένετο ὃς οὔτ´ ἠγνόησε τὴν φύσιν αὐτοῦ οὔτ´ ἤλεγξεν· οὕτω γὰρ οὔτε πιστεύσαντές οἱ ἠπατήθησαν, οὔτε ἐνδειξάμενοι νοεῖν ἃ ἔπραττεν ἐμισήθησαν. Πάνυ γὰρ πολὺν ὄχλον παρεῖχεν, εἴτε τις ἐναντιοῖτο οἷς ἔλεγεν εἴτε καὶ συναίροιτο· τὸ μὲν γὰρ ἀληθῶς γενέσθαι τὸ δὲ δοκεῖν βούλεσθαι ἐθέλων, πάντως τέ τινας πρὸς ἑκάτερον ἐναντιουμένους εἶχε, καὶ διὰ τοῦτο τοὺς μὲν τῆς ἀληθείας τοὺς δὲ τῆς δοκήσεως ἕνεκα ἤχθαιρε.

[2] Τοιοῦτος οὖν δή τις ὢν ἔς τε τὰ στρατόπεδα καὶ ἐς τὰ ἔθνη πάντα ὡς αὐτοκράτωρ εὐθὺς ἀπὸ τῆς Νώλης ἐπέστειλε, μὴ λέγων αὐτοκράτωρ εἶναι· ψηφισθὲν γὰρ αὐτῷ καὶ τοῦτο μετὰ τῶν ἄλλων ὀνομάτων οὐκ ἐδέξατο, καὶ τὸν κλῆρον τοῦ Αὐγούστου λαβὼν τὴν ἐπίκλησιν αὐτοῦ ταύτην οὐκ ἔθετο. Τούς τε σωματοφύλακας ἀμφ´ αὑτὸν ἤδη ἔχων ἐδεῖτο δὴ τῆς γερουσίας συνάρασθαί οἱ ὥστε μηδὲν βίαιον ἐν τῇ τοῦ σώματος αὐτοῦ ταφῇ παθεῖν· ἐδεδίει γὰρ δῆθεν μή τινες αὐτὸ ἁρπάσαντες ἐν τῇ ἀγορᾷ, ὥσπερ τὸ τοῦ Καίσαρος, καύσωσι. Καὶ ἐπειδή γε κομψευσάμενός τις ἐπὶ τούτῳ φρουρὰν αὐτῷ ὡς οὐκ ἔχοντι δοθῆναι ἐσηγήσατο, τόν τε χλευασμὸν αὐτοῦ συνῆκε, καὶ ἔφη καὶ ὅτι « οἱ στρατιῶται οὐκ ἐμοὶ ἀλλὰ δημόσιοί εἰσι ». Ταῦτά τε οὖν οὕτως ἔπρασσε, καὶ τὰ τῆς ἀρχῆς ἔργῳ πάντα διοικῶν ἠρνεῖτο μηδὲν αὐτῆς δεῖσθαι. Καὶ τὸ μὲν πρῶτον καὶ πᾶσαν αὐτὴν διά τε τὴν ἡλικίαν (ἓξ γὰρ καὶ πεντήκοντα ἔτη ἐγεγόνει) καὶ δι´ ἀμβλυωπίαν (πλεῖστον γὰρ τοῦ σκότους βλέπων ἐλάχιστα τῆς ἡμέρας ἑώρα) ἐξίστασθαι ἔλεγεν· ἔπειτα δὲ κοινωνούς τέ τινας καὶ συνάρχοντας, οὔτι γε καὶ πάντων καθάπαξ ὥσπερ ἐν ὀλιγαρχίᾳ, ἀλλ´ ἐς τρία μέρη νέμων αὐτήν, ᾔτει, καὶ τὸ μὲν αὐτὸς ἔχειν ἠξίου, τῶν δὲ ἑτέρων ἄλλοις παρεχώρει. Ἦν δὲ ταῦτα ἓν μὲν ἥ τε Ῥώμη καὶ ἡ ἄλλη Ἰταλία, ἕτερον δὲ τὰ στρατόπεδα, καὶ ἕτερον οἱ λοιποὶ ὑπήκοοι. Ὡς οὖν πολὺς ἐνέκειτο, οἱ μὲν ἄλλοι καὶ ὣς ἀντέλεγον δῆθεν καὶ ἐδέοντο αὐτοῦ ἄρχειν πάντων, Ἀσίνιος δὲ δὴ Γάλλος παρρησίᾳ ἀεί ποτε πατρῴᾳ καὶ ὑπὲρ τὸ συμφέρον αὐτῷ χρώμενος « ἑλοῦ » ἔφη « ἣν ἂν ἐθελήσῃς μοῖραν. » Καὶ Τιβέριος « καὶ πῶς οἷόν τέ ἐστιν » εἶπεν « τὸν αὐτὸν καὶ νέμειν τι καὶ αἱρεῖσθαι; » συνεὶς οὖν ὁ Γάλλος ἐν ᾧ κακοῦ ἐγεγόνει, τῷ μὲν λόγῳ ἐθεράπευσεν αὐτόν, ὑπολαβὼν ὅτι « οὐχ ὡς καὶ τὸ τρίτον ἕξοντός σου, ἀλλ´ ὡς ἀδύνατον ὂν τὴν ἀρχὴν διαιρεθῆναι, τοῦτό σοι προέτεινα », οὐ μέντοι καὶ τῷ ἔργῳ ἐτιθάσευσεν, ἀλλὰ πολλὰ καὶ δεινὰ προπαθὼν μετὰ ταῦτα ἐπαπεσφάγη. Καὶ γὰρ καὶ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ τὴν προτέραν ἐγεγαμήκει, τόν τε Δροῦσον ὡς υἱὸν προσεποιεῖτο, ὅθενπερ καὶ πρότερον διὰ μίσους αὐτῷ ἦν.

[3] Ὁ δ´ οὖν Τιβέριος ταῦτα τότε ἐποίει τὸ μὲν πλεῖστον ὅτι οὕτω τε ἐπεφύκει καὶ οὕτω προῄρητο, ἤδη δὲ καὶ ὅτι τά τε στρατεύματα, καὶ τὰ Παννονικὰ καὶ τὰ Γερμανικά, ὑπετόπει, καὶ τὸν Γερμανικὸν τῆς τότε Γερμανίας ἄρχοντα καὶ φιλούμενον ὑπ´ αὐτῶν ἐδεδίει. Τοὺς μὲν γὰρ ἐν τῇ Ἰταλίᾳ ὄντας τοῖς ὅρκοις τοῖς ὑπὸ τοῦ Αὐγούστου καταδειχθεῖσι προκατέλαβεν· ἐς δὲ ἐκείνους ὑποπτεύων ἐπ´ ἀμφότερα ἀνεῖχεν, ὅπως, ἄν τι νεωτερίσαντες ἐπικρατήσωσιν, ὡς καὶ ἰδιωτεύων σωθῇ. Καὶ πολλάκις γε διὰ τοῦτο καὶ ἀρρωστεῖν προσεποιεῖτο καὶ οἴκοι κατέμενεν, ἵνα μὴ ἀναγκασθῇ ἀποκεκριμένον τι εἰπεῖν ἢ πρᾶξαι. Ἤδη μὲν γὰρ ἤκουσα ὅτι, ἐπειδὴ ἡ Λιουία ἄκοντος τοῦ Αὐγούστου τὴν ἀρχὴν αὐτῷ περιπεποιηκέναι ἐλέγετο, ἔπραττεν, ὅπως μὴ παρ´ ἐκείνης (καὶ γὰρ πάνυ αὐτῇ ἤχθετο) ἀλλὰ παρὰ τῆς βουλῆς ἀναγκαστός, ὡς καὶ κατὰ ἀρετήν σφων προήκων, δόξειεν αὐτὴν εἰληφέναι· καὶ προσέτι καὶ ἐκεῖνο, ὅτι τοὺς ἀνθρώπους ὁρῶν ἀλλοτρίως ἑαυτῷ ἔχοντας διέμελλε καὶ διῆγεν, ὅπως μὴ φθάσαντές τι νεοχμώσωσιν ἐλπίδι τοῦ καὶ ἐθελούσιον αὐτὸν τὴν ἀρχὴν ἀφήσειν, μέχρις οὗ ἐγκρατὴς αὐτῆς διὰ πάντων ἐγένετο. Οὐ μέντοι καὶ ταῦθ´ οὕτως αἴτια τῆς διαγωγῆς ταύτης γράφω, ὡς τήν τε ἐπιτήδευσιν τῆς γνώμης αὐτοῦ καὶ τὴν ταραχὴν τῶν στρατιωτῶν. Τὸν μὲν γὰρ Ἀγρίππαν παραχρῆμα ἀπὸ τῆς Νώλης πέμψας τινὰ ἀπέκτεινε· καὶ ἔλεγε μὲν μὴ ἐκ τῆς ἑαυτοῦ προστάξεως τοῦτο γεγονέναι, ἐπηπείλει τε τῷ δράσαντι, οὐ μὴν καὶ τιμωρίαν τινὰ αὐτοῦ ἐποιήσατο, ἀλλ´ εἴα τοὺς ἀνθρώπους λογοποιεῖν, τοὺς μὲν ὅτι ὁ Αὔγουστος αὐτὸν ὑπὸ τὴν τελευτὴν ἀπεχρήσατο, τοὺς δ´ ὅτι ὁ ἑκατόνταρχος ὁ τὴν φρουρὰν αὐτοῦ ἔχων καινοτομοῦντά τι ἀπέσφαξεν αὐτογνωμονήσας, ἄλλους ὡς ἡ Λιουία, ἀλλ´ οὐκ ἐκεῖνος, ἀποθανεῖν αὐτὸν ἐκέλευσεν.

[4] Τοῦτον μὲν οὖν αὐτίκα ὑπεξείλετο, τὸν δὲ δὴ Γερμανικὸν δεινῶς ἐφοβεῖτο. Ἐθορύβησαν μὲν γὰρ καὶ οἱ ἐν τῇ Παννονίᾳ στρατιῶται, ἐπειδὴ τάχιστα τῆς τοῦ Αὐγούστου μεταλλαγῆς ᾔσθοντο· καὶ συνελθόντες ἐς ἓν τεῖχος, καὶ ἐκεῖνο κρατυνάμενοι, πολλὰ καὶ στασιαστικὰ ἔπραξαν. Τά τε γὰρ ἄλλα καὶ τὸν ἄρχοντά σφων Ἰούνιον Βλαῖσον ἀποκτεῖναι ἐπεχείρησαν, τούς τε δούλους αὐτοῦ συλλαβόντες ἐβασάνισαν. Τό τε σύμπαν οὔθ´ ὑπὲρ ἑκκαίδεκα ἔτη στρατεύεσθαι ἤθελον, καὶ δραχμὴν ἡμερησίαν φέρειν τά τε ἆθλα εὐθὺς αὐτοῦ ἐν τῷ στρατοπέδῳ λαμβάνειν ἠξίουν, ἀπειλοῦντες, ἂν μὴ τύχωσιν αὐτῶν, τό τε ἔθνος ἀποστήσειν καὶ ἐπὶ τὴν Ῥώμην ἐλάσειν. Οὐ μὴν ἀλλ´ ἐκεῖνοι μὲν τότε τε μόλις ποτὲ ὑπὸ τοῦ Βλαίσου πεισθέντες πρέσβεις πρὸς τὸν Τιβέριον ὑπὲρ αὑτῶν ἔπεμψαν· ἐν γὰρ τῇ μεταβολῇ τῆς ἀρχῆς πάνθ´ ὅσα ἐπεθύμουν, ἢ αὐτὸν ἐκφοβήσαντες ἢ καὶ ἄλλῳ τινὶ τὸ κράτος δόντες, καταπράξειν ἤλπιζον· καὶ μετὰ ταῦτα τοῦ Δρούσου σὺν τοῖς δορυφόροις ἐπελθόντος σφίσιν ἐταράχθησαν μέν, ἐπεὶ μηδὲν αὐτοῖς βέβαιον ἐλέγετο, καὶ τῶν τε συνόντων αὐτῷ κατέτρωσάν τινας καὶ αὐτὸν τῆς νυκτὸς περιεφρούρησαν, μὴ διαφύγῃ, τῆς δὲ δὴ σελήνης ἐκλιπούσης ἐνθυμηθέντες ἀπημβλύνθησαν, ὥστε κακὸν μὲν μηδὲν ἔτ´ αὐτοὺς ποιῆσαι, πρέσβεις δ´ αὖθις πρὸς τὸν Τιβέριον ἀποστεῖλαι. Κἀν τούτῳ χειμῶνος μεγάλου γενομένου, καὶ δι´ αὐτὸν ἐς τὰ οἰκεῖα ἑκάστων τείχη ἀναχωρησάντων, οἵ τε θρασύτατοι ὑπό τε τοῦ Δρούσου καὶ ἐν αὐτῇ γε τῇ σκηνῇ αὐτοῦ, μεταπεμφθέντες ὡς καὶ ἐπ´ ἄλλο τι, καὶ ὑπὸ τῶν συνακολουθησάντων αὐτῷ ἄλλοι κατ´ ἄλλον τρόπον ἐφθάρησαν, καὶ οἱ λοιποὶ κατέστησαν, ὥστε καὶ πρὸς τιμωρίαν τινὰς ὡς καὶ αἰτίους τῆς στάσεως γεγονότας ἐκδοῦναι.

[5] Καὶ οὗτοι μὲν οὕτως ἡσύχασαν, οἱ δὲ ἐν τῇ Γερμανίᾳ, καὶ πολλοὶ διὰ τὸν πόλεμον ἠθροισμένοι καὶ τὸν Γερμανικὸν καὶ Καίσαρα καὶ πολὺ τοῦ Τιβερίου κρείττω ὁρῶντες ὄντα, οὐδὲν ἐμετρίαζον ἀλλὰ τὰ αὐτὰ προτεινόμενοι τόν τε Τιβέριον ἐκακηγόρησαν καὶ τὸν Γερμανικὸν αὐτοκράτορα ἐπεκάλεσαν. Ἐπειδή τε ἐκεῖνος πολλὰ εἰπὼν καὶ μὴ δυνηθεὶς αὐτοὺς καταστῆσαι, τέλος τὸ ξίφος ὡς καὶ ἑαυτὸν καταχρησόμενος ἐσπάσατο, ἐπεβόησάν οἱ αἰάζοντες, καί τις αὐτῶν τὸ ἑαυτοῦ ξίφος ἀνατείνας « τοῦτο » ἔφη « λαβέ· τοῦτο γὰρ ὀξύτερόν ἐστιν. » Ὁ οὖν Γερμανικὸς ἰδὼν ὅποι τὸ πρᾶγμα προεληλύθει, ἀποκτεῖναι μὲν ἑαυτὸν οὐκ ἐτόλμησε διά τε τἆλλα καὶ ὅτι στασιάσειν αὐτοὺς οὐδὲν ἧττον ἤλπισε, γράμματα δὲ δή τινα ὡς καὶ παρὰ τοῦ Τιβερίου πεμφθέντα συνθείς, τήν τε δωρεὰν τὴν ὑπὸ τοῦ Αὐγούστου καταλειφθεῖσάν σφισι διπλῆν ὡς καὶ παρ´ ἐκείνου ἔδωκε, καὶ τοὺς ἔξω τῆς ἡλικίας ἀφῆκε· καὶ γὰρ ἐκ τοῦ ἀστικοῦ ὄχλου, οὓς ὁ Αὔγουστος μετὰ τὴν τοῦ Οὐάρου συμφορὰν προσκατέλεξεν, οἱ πλείους αὐτῶν ἦσαν. Τότε μὲν οὖν οὕτω στασιάζοντες ἐπαύσαντο· ὕστερον δὲ πρεσβευτῶν παρὰ τοῦ Τιβερίου βουλευτῶν ἐλθόντων, οἷς ἐκεῖνος ἐν ἀπορρήτῳ μόνα εἶπεν ὅσα τὸν Γερμανικὸν μαθεῖν ἠθέλησεν (εὖ τε γὰρ ἠπίστατο πάντως σφᾶς ἐροῦντάς οἱ πάντα τὰ ἑαυτοῦ διανοήματα, καὶ οὐκ ἠβουλήθη παρὰ ταῦτα οὐδέν, ὡς καὶ μόνα ὄντα, οὔτε ἐκείνους οὔτε τὸν Γερμανικὸν πολυπραγμονῆσαι), τούτων οὖν ἀφικομένων οἱ στρατιῶται τό τε τοῦ Γερμανικοῦ στρατήγημα μαθόντες, καὶ τοὺς βουλευτὰς ὡς καὶ ἐπὶ τῇ τῶν πεπραγμένων ὑπ´ αὐτοῦ καταλύσει παρόντας ὑποπτεύσαντες, ἐθορύβησαν αὖθις, καὶ τῶν τε πρέσβεων ὀλίγου τινὰς ἀπέσφαξαν καὶ ἐνέκειντο, τήν τε γυναῖκα αὐτοῦ Ἀγριππῖναν, τοῦ τε Ἀγρίππου καὶ τῆς Ἰουλίας τῆς τοῦ Αὐγούστου {θυγατρὸς} θυγατέρα οὖσαν, καὶ τὸν υἱόν, ὃν Γάιον Καλιγόλαν, ὅτι ἐν τῷ στρατοπέδῳ τὸ πλεῖστον τραφεὶς τοῖς στρατιωτικοῖς ὑποδήμασιν ἀντὶ τῶν ἀστικῶν ἐχρῆτο, προσωνόμαζον, ὑπεκπεμφθέντας ποι ὑπὸ τοῦ Γερμανικοῦ συνέλαβον. Καὶ τὴν μὲν Ἀγριππῖναν ἐγκύμονα οὖσαν ἀφῆκαν αὐτῷ δεηθέντι, τὸν δὲ δὴ Γάιον κατέσχον. Χρόνῳ δ´ οὖν ποτε καὶ τότε, ὡς οὐδὲν ἐπέραινον, ἡσύχασαν, καὶ ἐς τοσαύτην γε μεταβολὴν ἦλθον ὥστε καὶ αὐτοὶ τοὺς θρασυτάτους σφῶν αὐτοκέλευστοι συλλαβεῖν καὶ τοὺς μὲν ἰδίᾳ ἀποκτεῖναι, τοὺς δὲ καὶ ἐς τὸ μέσον ἀγαγόντες ἔπειτα πρὸς τὸ τῶν πλειόνων βούλημα τοὺς μὲν ἀποσφάξαι τοὺς δ´ ἀπολῦσαι.

[6] Φοβηθεὶς δ´ οὖν καὶ ὣς ὁ Γερμανικὸς μὴ καὶ αὖθις στασιάσωσιν, ἐς τὴν πολεμίαν ἐνέβαλε, καὶ ἐν αὐτῇ ἀσχολίαν τε ἅμα αὐτοῖς καὶ τροφὴν ἄφθονον ἐκ τῶν ἀλλοτρίων παρέχων ἐνεχρόνισε. Καὶ ὁ μὲν δυνηθεὶς ἂν τὴν αὐτοκράτορα ἀρχὴν λαβεῖν (ἡ γὰρ εὔνοια πάντων ἁπλῶς τῶν τε Ῥωμαίων καὶ τῶν ὑπηκόων σφῶν ἐς αὐτὸν ἐποίει) οὐκ ἠθέλησε· Τιβέριος δὲ ἐπῄνεσε μὲν αὐτὸν ἐπὶ τούτῳ, καὶ πολλὰ καὶ κεχαρισμένα καὶ ἐκείνῳ καὶ τῇ Ἀγριππίνῃ ἐπέστειλεν, οὐ μέντοι καὶ ἥσθη οἷς ἔπραξεν, ἀλλὰ καὶ ἐπὶ πλεῖον αὐτὸν ὡς καὶ τὰ στρατεύματα ἀνηρτημένον ἔδεισεν. Οὐ γάρ που καὶ φρονεῖν οὕτως ὡς ἐδόκει, ἐξ ὧν ἑαυτῷ συνῄδει ἄλλα μὲν λέγοντι ἄλλα δὲ ποιοῦντι, ὑπελάμβανεν, ὥσθ´ ὑπετόπει μὲν καὶ ἐκεῖνον, ὑπετόπει δὲ καὶ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ· ἦν γὰρ ἀντίπαλον τὸ φρόνημα τῷ τοῦ γένους ὄγκῳ ἔχουσα. Οὐ μὴν καὶ προσεποιεῖτο ἄχθεσθαί σφισιν, ἀλλὰ καὶ ἐπαίνους ἐν τῇ βουλῇ τοῦ Γερμανικοῦ πολλοὺς ἐποιήσατο, καὶ θυσίας ἐπὶ τοῖς πραχθεῖσιν ὑπ´ αὐτοῦ, ὥσπερ καὶ ἐπὶ τοῖς ὑπὸ τοῦ Δρούσου, γενέσθαι ἐσηγήσατο. Τοῖς τε στρατιώταις τοῖς ἐν τῇ Παννονίᾳ τὰ αὐτὰ τοῖς ὑπ´ ἐκείνου δοθεῖσιν ἐδωρήσατο. Ἐς μέντοι τὸ ἔπειτα οὐ πρότερον τοὺς ἔξω τῆς Ἰταλίας στρατευομένους ἀπέλυε πρὶν τὰ εἴκοσιν ἔτη στρατεύσασθαι.

[7] Ὡς δ´ οὖν οὐδὲν ἔτι νεώτερον ἠγγέλλετο, ἀλλὰ ἀσφαλῶς πάντα τὰ τῶν Ῥωμαίων ἐς τὴν ἡγεμονίαν αὐτοῦ συνεφρόνησε, τήν τε ἀρχὴν οὐδὲν ἔτι εἰρωνευόμενος ὑπεδέξατο, καὶ ἐν τοιῷδε αὐτὴν τρόπῳ, ἐφ´ ὅσον ὁ Γερμανικὸς ἔζη, διήγαγεν. Αὐτὸς μὲν καθ´ ἑαυτὸν ἤ τι ἢ οὐδὲν ἔπραττε, πάντα δὲ δὴ καὶ τὰ σμικρότατα ἔς τε τὴν γερουσίαν ἐσέφερε καὶ ἐκείνῃ ἐκοίνου. Ἐπεποίητο μὲν γὰρ βῆμα ἐν τῇ ἀγορᾷ, ἐφ´ οὗ προκαθίζων ἐχρημάτιζε, καὶ συμβούλους ἀεὶ κατὰ τὸν Αὔγουστον παρελάμβανεν, οὐ μέντοι καὶ διῴκει λόγου τι ἄξιον ὃ μὴ καὶ τοῖς ἄλλοις ἐπεκοίνου. Καὶ ἔς γε τὸ μέσον τὴν ἑαυτοῦ γνώμην τιθεὶς οὐχ ὅπως ἀντειπεῖν αὐτῇ παντί τῳ παρρησίαν ἔνεμεν, ἀλλὰ καὶ τἀναντία οἱ ἔστιν ὅτε ψηφιζομένων τινῶν ἔφερε. Καὶ γὰρ αὐτὸς ψῆφον πολλάκις ἐδίδου. Ὁ μὲν γὰρ Δροῦσος ἐξ ἴσου τοῖς ἄλλοις τοτὲ μὲν πρῶτος τοτὲ δὲ μεθ´ ἑτέρους τοῦτ´ ἐποίει· ἐκεῖνος δὲ ἔστι μὲν ὅτε ἐσιώπα, ἔστι δ´ ὅτε καὶ πρῶτος ἢ καὶ μετ´ ἄλλους τινὰς ἢ καὶ τελευταῖος τὰ μὲν ἄντικρυς ἀπεφαίνετο, τὰ δὲ δὴ πλείω, ἵνα δὴ μὴ δοκῇ τὴν παρρησίαν αὐτῶν ἀφαιρεῖσθαι, ἔλεγεν ὅτι « εἰ γνώμην ἐποιούμην, τὰ καὶ τὰ ἂν ἀπεδειξάμην ». Καὶ ἦν μὲν καὶ τοῦτο τὴν ἴσην τῷ ἑτέρῳ ἰσχὺν ἔχον, οὐ μέντοι καὶ ἐκωλύοντο οἱ λοιποὶ ὑπ´ αὐτοῦ τὰ δοκοῦντά σφισι λέγειν, ἀλλὰ καὶ πολλάκις ὁ μὲν τὸ ἐγίγνωσκεν, οἱ δὲ μετ´ αὐτὸν ἕτερόν τι ἀνθῃροῦντο, καὶ ἔστιν ὅτε καὶ ἐπεκράτουν· καὶ οὐδενὶ μέντοι παρὰ τοῦτο ὀργὴν εἶχεν. Ἐδίκαζε μὲν οὖν ὥσπερ εἶπον, ἐπεφοίτα δὲ καὶ ἐπὶ τὰ τῶν ἀρχόντων δικαστήρια, καὶ παρακαλούμενος ὑπ´ αὐτῶν καὶ ἀπαράκλητος, καὶ ἐκείνους μὲν ἐν τῇ ἑαυτῶν χώρᾳ καθῆσθαι εἴα, αὐτὸς δὲ ἐπὶ τοῦ βάθρου τοῦ κατάντικρύς σφων κειμένου καθίζων ἔλεγεν ὅσα ἐδόκει αὐτῷ ὡς πάρεδρος.

[8] Καὶ τἆλλα δὲ πάντα κατὰ τὸν αὐτὸν τοῦτον τρόπον ἐποίει. Οὔτε γὰρ δεσπότην ἑαυτὸν τοῖς ἐλευθέροις οὔτε αὐτοκράτορα πλὴν τοῖς στρατιώταις καλεῖν ἐφίει, τό τε τοῦ πατρὸς τῆς πατρίδος πρόσρημα παντελῶς διεώσατο, καὶ τὸ τοῦ Αὐγούστου οὐκ ἐπέθετο μέν (οὐδὲ γὰρ ψηφισθῆναί ποτε εἴασε), λεγόμενον δ´ ἀκούων καὶ γραφόμενον ἀναγιγνώσκων ἔφερε· καὶ ὁσάκις γε βασιλεῦσί τισιν ἐπέστελλε, καὶ ἐκεῖνο προσενέγραφε. Τὸ δ´ ὅλον Καῖσαρ, ἔστι δ´ ὅτε καὶ Γερμανικὸς ἐκ τῶν ὑπὸ τοῦ Γερμανικοῦ πραχθέντων, πρόκριτός τε τῆς γερουσίας κατὰ τὸ ἀρχαῖον καὶ ὑφ´ ἑαυτοῦ {κατὰ τὸ ἀρχαῖον} ὠνομάζετο, καὶ πολλάκις γε ἔλεγεν ὅτι « δεσπότης μὲν τῶν δούλων, αὐτοκράτωρ δὲ τῶν στρατιωτῶν, τῶν δὲ δὴ λοιπῶν πρόκριτός εἰμι. » Εὔχετό τε, ὁσάκις τι τοιοῦτο παραπέσοι, τοσοῦτον καὶ ζῆσαι καὶ ἄρξαι χρόνον ὅσον ἂν τῷ δημοσίῳ συμφέρῃ. Καὶ οὕτω γε διὰ πάντων ὁμοίως δημοτικὸς ἦν ὥστε οὔτε ἐν τοῖς γενεθλίοις αὐτοῦ γίγνεσθαί τι παρὰ τὸ καθεστηκὸς ἐπέτρεπεν, οὔτ´ ὀμνύναι τοῖς ἀνθρώποις τὴν ἑαυτοῦ τύχην συνεχώρει, εἴ τε καὶ ὀμόσας τις αὐτὴν αἰτίαν ὡς καὶ ἐπιωρκηκὼς ἔλαβεν, οὐκ ἐπεξῄει. Συνελόντι τε εἰπεῖν, οὐδ´ ὅπερ ἐπί τε τῷ Αὐγούστῳ δεῦρο ἀεὶ ἐν τῇ πρώτῃ τοῦ ἔτους ἡμέρᾳ καὶ ἐπὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς μετ´ ἐκεῖνον ἄρξασιν, ὧν γε καὶ λόγον τινὰ ποιούμεθα, ἐπί τε τοῖς τὸ κράτος ἀεὶ ἔχουσιν ἐξ ἀνάγκης γίγνεται, τὸ τά τε πραχθέντα ὑπ´ αὐτῶν καὶ τὰ πραχθησόμενα ὑπὸ τῶν ἀεὶ ζώντων ὅρκοις τισὶ βεβαιοῦσθαι, οὐδὲ τοῦτο τά γε πρῶτα ἐφ´ ἑαυτῷ περιεῖδε γενόμενον. Καίτοι ἐπὶ ταῖς τοῦ Αὐγούστου πράξεσι τούς τε ἄλλους πάντας ὥρκου καὶ αὐτὸς ὤμνυε. Καὶ ὅπως γε ἐκδηλότερον αὐτὸ ποιοίη, παρεὶς ἂν τὴν νουμηνίαν καὶ μήτε ἐς τὸ βουλευτήριον ἐσελθὼν μήθ´ ὅλως ἐν τῇ πόλει τὴν ἡμέραν ἐκείνην ὀφθείς, ἀλλ´ ἐν προαστείῳ τινὶ διατρίψας, ἐσῄει τε μετὰ ταῦτα καὶ κατὰ μόνας ἐπιστοῦτο. Τούτου τε οὖν ἕνεκα ἔξω που ταῖς νουμηνίαις διῆγε, καὶ ἵνα μηδένα τῶν ἀνθρώπων ἄσχολον, περί τε τὰς νέας ἀρχὰς καὶ περὶ τὴν ἑορτὴν ἔχοντα, ποιῇ, ἢ καὶ ἀργύριον παρ´ αὐτῶν λαμβάνῃ. Οὐδὲ γὰρ οὐδὲ τὸν Αὔγουστον ἐπὶ τούτῳ ἐπῄνει διὰ τὸ πολλὴν μὲν δυσχέρειαν ἐν αὐτῷ πολλὴν δὲ καὶ ἀνάλωσιν ἐκ τῆς ἀντιδόσεως γίγνεσθαι.

[9] Ταῦτά τε οὖν δημοτικῶς διῴκει, καὶ ὅτι οὔτε τεμένισμα αὐτῷ οὐχ ὅπως αὐθαίρετον ἀλλ´ οὐδ´ ἄλλως τότε γε ἐτεμενίσθη, οὔτε εἰκόνα ἐξῆν αὐτοῦ οὐδενὶ στῆσαι· ἄντικρυς γὰρ παραχρῆμα ἀπηγόρευσε μήτε πόλει μήτ´ ἰδιώτῃ τοῦτο ποιεῖν. Προσέθηκε μὲν γὰρ τῇ ἀπορρήσει ὅτι ἂν μὴ ἐγὼ ἐπιτρέψω, προσεπεῖπε δὲ ὅτι οὐκ ἐπιτρέψω. Ἐπεὶ τό γε ὑβρίσθαι πρός τινος ἢ καὶ τὸ ἠσεβῆσθαι πρός τινος (ἀσέβειάν τε γὰρ ἤδη καὶ τὸ τοιοῦτον ὠνόμαζον, καὶ δίκας ἐπ´ αὐτῷ πολλὰς ἐσῆγον) ἥκιστα προσεποιεῖτο, οὐδὲ ἔστιν ἥντινα τοιαύτην ἐφ´ ἑαυτῷ γραφὴν προσεδέξατο, καίπερ τὸν Αὔγουστον καὶ ἐν τούτῳ σεμνύνων. Τὸ μὲν γὰρ πρῶτον οὐδένα οὐδὲ τῶν ἐπ´ ἐκείνῳ τινὰ αἰτίαν λαβόντων ἐκόλασεν, ἀλλὰ καὶ ἐγκληθέντας τινὰς ὡς καὶ ἐπιωρκηκότας τὴν τύχην αὐτοῦ ἀπέλυσε· προϊόντος δὲ τοῦ χρόνου καὶ πάνυ πολλοὺς ἐθανάτωσε.

[10] Καὶ ἔν τε τούτῳ τὸν Αὔγουστον ἤγαλλε, καὶ ὅτι τά τε οἰκοδομήματα, ἃ προκατεβάλετο μὲν οὐκ ἐξετέλεσε δέ, ἐκποιῶν τὸ ὄνομα αὐτοῦ ἐπέγραφέ σφισι, τά τε ἀγάλματα καὶ τὰ ἡρῷα αὐτοῦ, καὶ ὅσα οἱ δῆμοι καὶ ὅσα οἱ ἰδιῶται ἐποίουν, τὰ μὲν αὐτὸς καθιέρου, τὰ δὲ τῶν ποντιφίκων τινὶ προσέτασσε. Τοῦτο δὲ τὸ κατὰ τὰς ἐπιγραφὰς οὐκ ἐπ´ ἐκείνοις μόνοις τοῖς τοῦ Αὐγούστου ἔργοις, ἀλλ´ ἐπὶ πᾶσιν ὁμοίως τοῖς ἐπισκευῆς τινος δεηθεῖσιν ἐποίησε· πάντα γὰρ τὰ πεπονηκότα ἀνακτησάμενος (αὐτὸς γὰρ οὐδὲν τὸ παράπαν ἐκ καινῆς, πλὴν τοῦ Αὐγουστείου, κατεσκευάσατο) οὐδὲν αὐτῶν ἰδιώσατο, ἀλλὰ τὰ τῶν πρώτων οἰκοδομησάντων αὐτὰ ὀνόματα πᾶσί σφισιν ἀπέδωκεν. Ἐλάχιστα γὰρ ἐς ἑαυτὸν δαπανῶν πλεῖστα ἐς τὸ κοινὸν ἀνήλισκε, πάντα μὲν ὡς εἰπεῖν τὰ δημόσια ἔργα τὰ μὲν ἀνοικοδομῶν τὰ δὲ ἐπικοσμῶν, πολλὰ δὲ καὶ πόλεσι καὶ ἰδιώταις ἐπαρκῶν. Τῶν τε βουλευτῶν συχνοὺς πενομένους καὶ μηκέτι μηδὲ βουλεύειν διὰ τοῦτ´ ἐθέλοντας ἐπλούτισεν. Οὐ μέντοι καὶ ἀκρίτως αὐτὸ ἐποίει, ἀλλὰ καὶ διέγραφε τοὺς μὲν ὑπ´ ἀσελγείας τοὺς δὲ καὶ ὑπὸ πτωχείας, ὅσοι μηδένα αὐτῆς λογισμὸν εἰκότα ἀποδοῦναι ἐδύναντο. Πᾶν τε ὃ ἐδωρεῖτό τισιν, εὐθὺς καὶ ἐν τοῖς ὀφθαλμοῖς αὐτοῦ ἠριθμεῖτο· ἐπεὶ γὰρ ἐπὶ τοῦ Αὐγούστου μεγάλα ἐκ τῶν τοιούτων οἱ δοτῆρες αὐτῶν ἀπετέμνοντο, δεινῶς ἐφυλάττετο μὴ καὶ ἐφ´ ἑαυτοῦ τοῦτο γίγνεσθαι. Καὶ ταῦτα μέντοι πάντα ἐκ τῶν νενομισμένων προσόδων ἐδαπάνα· οὔτε γὰρ ἀπέκτεινε χρημάτων ἕνεκα οὐδένα, οὔτ´ οὐσίαν τινὸς τότε γε ἐδήμευσεν, ἀλλ´ οὐδὲ ἐξ ἐπηρείας τι ἠργυρολόγησεν. Αἰμιλίῳ γοῦν Ῥήκτῳ χρήματά ποτε αὐτῷ πλείω παρὰ τὸ τεταγμένον ἐκ τῆς Αἰγύπτου ἧς ἦρχε πέμψαντι ἀντεπέστειλεν ὅτι κείρεσθαί μου τὰ πρόβατα, ἀλλ´ οὐκ ἀποξύρεσθαι βούλομαι.

E

Matières contenues dans le cinquante-septième livre de l'Histoire romaine de Dion :

Sur Tibère, § 1 et suivants.

Comment la Cappadoce commença à être soumise aux Romains, § 17.

Comment mourut Germanicus César, § 18.

Comment mourut Drusus César, § 22.

Espace de temps : onze années, durant lesquelles les consuls furent :

Drusus César, fils de Tibère, et Caius Norbanus Flaccus, fils de Caius.

Titus Statilius Sisenna Taurus, fils de Titus, et Lucius  Scribonius Libon, fils de Lucius.

Caius Cécilius Népos, fils de Quintus, ou Rufus, et L. Pomponius Flaccus, fils de Lucius.

Tibère César, fils d'Auguste, III, et Germanicus César, fils de Tibère, II.

Marcus Junius Silanus, fils de Marcus, et L. Norbanus Flaccus, fils de Caius, ou Balbus.

Marcus Valérius Messala, fils de Marcus, et Marcus Aurélius Cotta, fils de Marcus.

Tibère César, fils d'Auguste, IV, et Julius Drusus, fils de Tibère, II.

Décimus Hatérius Agrippa, fils de Quintus, et C. Sulpicius Galba.

Caius Asinius Pollion, fils de Caius, et Caius Antistius Véter, fils de Caius.

Sergius Cornélius Céthégus, fils de Sergius, et Lucius Visellius Varron, fils de Lucius.

Marcus Asinius Agrippa, fils de Marcus, et Cossus Cornélius Lentulus, fils de Cossus.

[1] Voilà ce qui eut lieu sous le règne d'Auguste. Tibère était de race et d'éducation patriciennes, mais il avait un caractère tout à fait à lui. Il n'avouait rien de ce qu'il désirait et ne voulait à peu près rien de ce qu'il disait vouloir ; tenant sans cesse un langage en contradiction avec ses vues, tout ce qu'il avait à coeur d'obtenir, il le repoussait; tout ce qui lui était désagréable, il le proposait ; il s'emportait lorsqu'il était le moins en colère ; il paraissait doux, lorsqu'il était le plus mécontent ; on le voyait plaindre ceux qu'il punissait avec rigueur, s'irriter contre ceux auxquels il pardonnait; quelquefois il accueillait son plus grand ennemi comme un ami intime, et il traitait son meilleur ami comme le plus étranger des hommes. En un mot, il pensait qu'un prince ne doit pas laisser voir ce qu'il a dans l'âme; car, selon lui, cela entraînait de nombreux et graves inconvénients; tandis que, disait-il, le système contraire avait des avantages beaucoup plus nombreux et beaucoup plus grands. Si c'eût été là son seul trait caractéristique, il eùt été facile de se tenir en garde contre lui, quand une fois on en aurait eu l'expérience; on aurait, prenant le contre-pied de toutes ses paroles, conclu de ce qu'il ne voulait pas une chose, qu'il la souhaitait avec ardeur; de ce qu'il demandait telle autre chose, qu'il ne s'en souciait nullement ; mais il se fâchait dès qu'il se voyait compris, et il fit périr beaucoup de malheureux pour le seul crime de l'avoir deviné. Aussi était-il dangereux de ne le comprendre pas (beaucoup, en effet, se compromettaient en appuyant ce qu'il disait et non ce qu'il voulait), et plus dangereux encore de le comprendre, car alors on était soupçonné d'avoir surpris le secret de sa conduite, et, par suite, de la détester. Le seul, pour ainsi dire (encore la chose était-elle bien rare), qui échappât au danger, était celui qui n'ignorait ni ne démasquait son caractère; c'était le moyen de n'être ni trompé pour avoir cru à ses discours, ni haï pour avoir témoigné qu'on pénétrait ses desseins. On lui causait un grand déplaisir soit que l'on combattît ses avis, soit qu'on les soutînt : en effet, tenant en même temps à faire que telle chose eût lieu, et à paraître en vouloir une autre, il trouvait nécessairement des opposants à cette double intention ; et il les haïssait pour avoir combattu, les uns sa pensée véritable, les autres sa volonté apparente.

[2] Fidèle à ce caractère, il écrivit aussitôt de Nole aux armées et à toutes les provinces comme empereur, sans toutefois en prendre le titre ; bien qu'il lui eût été comme les autres, décerné, il ne l'accepta pas, et, bien qu'héritier d'Auguste, il ne voulut pas en porter le surnom; de plus, quoiqu'il eût déjà des gardes autour de sa personne, il pria le sénat de lui venir en aide pour le garantir de la violence lors des funérailles; il craignait, disait-il, qu'on n'enlevât le corps d'Auguste, comme autrefois celui de César, pour le brûler sur le Forum. Quelqu'un ayant, pour se moquer de cette demande, proposé de lui donner une garde, comme s'il n'en avait pas eu une, Tibère comprit la raillerie, et répondit : « Ce n'est pas à moi, mais à l'État que les soldats appartiennent. » Telle fut sa conduite en cette circonstance, et, bien qu'il disposât en réalité de toutes les affaires, il disait qu'il n'avait nul besoin de l'empire. D'abord il s'excusa de ne pas l'accepter tout entier sur son âge (il avait cinquante-six ans) et sur la faiblesse de sa vue (quoiqu'il vît très bien dans l'obscurité, ses yeux, le jour, étaient très faibles); puis il demanda des citoyens pour partager avec lui le soin des affaires et pour l'aider à gouverner, non tout l'empire à la fois, ainsi que cela se pratique dans un gouvernement oligarchique, mais une des trois divisions qu'il établissait, et dont il prenait une pour lui et cédait deux aux autres. Ces divisions comprenaient : la première, Rome et le reste de l'Italie; la seconde, les armées; la troisième, le reste des peuples soumis. Comme il insistait avec force sur ce partage, et que les sénateurs; de leur côté, faisaient semblant de le contredire et le priaient de se charger de tout, Asinius Gallus, qui usait sans cesse, même contre ses intérêts, d'une liberté de parler qu'il tenait de son père, s'écria : « Eh bien donc, choisis la part qu'il te plaira. » — « Comment, repartit Tibère, est-il possible que le même fasse les parts et choisisse? » Gallus, comprenant alors dans quel malheur il s'était précipité, essaya d'adoucir Tibère par ses paroles, en ajoutant : « Ce n'est pas pour que tu te contentes d'un tiers de l'empire, c'est parce que son partage est impossible que je t'ai fait cette offre; » mais, en réalité, il ne l'apaisa pas et finit, après beaucoup de mauvais traitements, par être mis à mort. Il est vrai aussi de dire que Gallus avait épousé la première femme de Tibère, et qu'il revendiquait Drusus pour son fils, ce qui lui avait valu, déjà même avant cette époque, la haine du prince.

[3] Cette conduite de Tibère lui était dictée, avant tout, par son naturel et par sa politique, et aussi par ses soupçons à l'égard des légions de Pannonie et de Germanie, et par la crainte de Germanicus, alors gouverneur de Germanie et l'amour de ces légions. Quant à celles qui étaient en Italie, il y avait pourvu en exigeant d'elles le serment institué par Auguste ; mais, soupçonnant la fidélité des autres, il hésitait à prendre l'un ou l'autre parti, afin de pouvoir, dans le cas où une révolte leur assurerait l'avantage, vivre en sûreté comme n'étant qu'un simple particulier. Plusieurs fois, pour ce motif, il feignit d'être malade et se renferma chez lui, afin de ne pas être contraint de faire ou dire rien de positif. On m'a raconté aussi que Livie prétendant l'avoir fait arriver à l'empire malgré Auguste, il usait de ce stratagème, afin de paraître le tenir non pas de sa mère (il était vivement irrité contre elle), mais du sénat, qui lui aurait fait violence, à cause de la supériorité de son mérite ; et aussi que, voyant les esprits mal disposés en sa faveur, il attendait et traînait le temps en longueur, afin que, dans l'espérance de le voir renoncer volontairement à l'empire, personne ne vînt, en se révoltant, devancer le moment où il se sentit bien le maître. Néanmoins je rapporte ces choses moins pour affirmer que telles furent les causes de sa conduite, que pour montrer quel était le tour de son esprit et quels soulèvements eurent lieu parmi les troupes. Il envoya sur-le-champ de Nole un agent tuer Agrippa; il prétendit ensuite que le meurtre n'avait pas été ordonné par lui, et fit des menaces à celui qui l'avait commis. Néanmoins il ne le punit pas, et laissa dire aux uns qu'Auguste, sur la fin de sa vie, avait fait périr Agrippa; aux autres, que le centurion chargé de sa garde l'avait tué de son propre mouvement, parce qu'il tentait de se révolter; à d'autres encore, que c'était Livie, et non Tibère, qui avait ordonné la mort de ce prince.

[4] Tibère fit donc sur-le-champ disparaître Agrippa; mais il redoutait beaucoup Germanicus. En effet, les légions de Pannonie se mutinèrent aussitôt qu'elles apprirent la mort d'Auguste ; les soldats, rassemblés dans un camp qu'ils fortifièrent, s'y livrèrent à une foule d'actes séditieux. Ainsi, ils tentèrent de tuer leur chef, Junius Blésus, et se saisirent de ses esclaves, qui furent mis à la torture. En un mot, ils voulaient ne pas servir plus de seize ans, gagner une drachme par jour, et demandaient à recevoir immédiatement leur récompense, dans le camp même, menaçant, s'ils n'obtenaient leur demande, de soulever la province et de marcher sur Rome. A la fin, cependant, cédant avec peine aux conseils de Blésus, ils envoyèrent à Tibère des députés chargés de leurs intérêts: ils espéraient, à la faveur du changement de gouvernement, arriver au but de leurs désirs, soit en effrayant le prince, soit en donnant l'empire à un autre. Drusus étant ensuite venu vers eux avec les gardes prétoriennes, des troubles éclatèrent, vu qu'il ne leur promettait rien d'assuré; quelques hommes de sa suite furent blessés, et lui-même fut cerné, pendant la nuit, de peur qu'il ne prît la fuite. Mais une éclipse de lune leur inspira une crainte qui émoussa leur courroux, au point qu'ils renoncèrent à faire aucun mal à personne, et envoyèrent de nouveaux députés à Tibère. Pendant ce temps, l'hiver, qui fut rigoureux, les ayant décidés à se retirer chacun dans son propre camp, les plus mutins, mandés comme pour un tout autre motif, furent mis à mort par Drusus, dans sa tente même et par ceux de sa suite, l'un d'une façon, l'autre d'une autre; le reste se calma, au point de livrer, pour être traînés au supplice, quelques-uns d'entre eux qu'ils accusaient d'avoir été les instigateurs de la sédition. C'est ainsi que le calme fut rétabli.

[5] D'un autre côté, en Germanie, les troupes qu'on y avait concentrées en grand nombre à cause de la guerre, voyant que Germanicus était aussi un César et qu'il était supérieur à Tibère, ne gardèrent aucune mesure ; mettant en avant les mêmes prétextes, elles se répandirent en injures contre Tibère, et saluèrent Germanicus empereur. Celui-ci n'ayant pu, malgré de nombreuses remontrances, les faire rentrer dans l'ordre, et même, à la fin, ayant tiré son épée comme pour se tuer, elles se mirent à pousser un cri de douleur; alors un soldat lui tendant la sienne Prends celle-ci, lui dit-il, elle est plus pointue. Germanicus alors, voyant à quel point les choses en étaient venues, n'osa pas se donner la mort, parce que, entre autres motifs, il pensait que la sédition n'en continuerait pas moins. Composant une lettre qu'il dit avoir été envoyée par Tibère, il leur paya double les legs faits par Auguste, comme s'il eût agi d'après les ordres de Tibère, et accorda leur congé aux soldats qui avaient passé l'âge; car le plus grand nombre d'entre eux appartenait à cette foule de citadins qu'Auguste avait enrôlés après le désastre de Varus. C'est ainsi que se termina cette sédition. Plus tard, à l'arrivée de sénateurs députés par Tibère, qui ne leur donna en secret d'autres instructions que ce qu'il voulait faire connaître à Germanicus (il savait bien, en effet, qu'en n'importe quel état de choses, ils ne manqueraient pas de lui découvrir tous ses desseins, et son intention était qu'en dehors de ces desseins, comme s'ils eussent été les seuls qu'il méditait, ni eux ni Germanicus ne se préoccupassent de rien), à l'arrivée, dis-je, des députés, les soldats, comprenant le stratagème de Germanicus et soupçonnant les sénateurs de n'être venus que pour annuler les concessions de leur général, recommencèrent à se mutiner ; ils faillirent même égorger quelques-uns des députés ; ils pressèrent vivement Germanicus, et se saisirent de sa femme Agrippine, fille d'Agrippa et de Julie fille d'Auguste, ainsi que de son fils, qu'ils nommaient Caius Caligula, parce que, élevé en grande partie dans le camp, il portait la chaussure militaire au lieu de la chaussure des habitants des villes, tous les deux secrètement éloignés. A sa prière, ils relâchèrent Agrippine, qui était grosse, et retinrent Caius. Au bout de quelque temps, comme ils ne gagnaient rien, ils se tinrent en repos, et changèrent de dispositions au point que, de leur propre mouvement, ils se saisirent des plus mutins, et, de leur autorité privée, en mirent quelques-uns à mort ; puis, après avoir produit les autres au milieu d'une assemblée, ils massacrèrent les uns et relâchèrent les autres, sur décision prise à la pluralité des voix.

[6] Germanicus, redoutant malgré cela une nouvelle sédition, mena son armée sur la terre ennemie, où il séjourna longtemps, afin de donner de l'occupation aux soldats et de leur procurer des vivres en abondance, aux dépens de l'étranger. Bien qu'il pût arriver à l'empire (l'amour de tous les Romains, celui des peuples soumis inclinait en sa faveur), il ne le voulut pas. Tibère, à cette occasion, lui donna des éloges, et lui écrivit, à lui et à Agrippine, une foule de choses agréables, sans pour cela se réjouir de ses exploits; l'attachement des légions lui était, au contraire, un motif de le craindre davantage. La conscience qu'autres étaient chez lui les paroles, autres les actions, lui laissait croire que Germanicus n'avait pas les pensées qu'il faisait paraître ; en sorte qu'il le soupçonnait, et qu'il soupçonnait aussi sa femme, dont les sentiments répondaient à la grandeur de sa race. Il feignit néanmoins de ne pas en être mécontent; il combla Germanicus d'éloges dans le sénat, proposa d'offrir des sacrifices, à l'occasion de ses exploits, comme on l'avait fait à l'occasion de ceux de Drusus. Il accorda aux soldats de Pannonie les mêmes récompenses que celles qui avaient été accordées à ceux de Germanie. Néanmoins, dans la suite, il ne donna de congé définitif qu'après vingt ans de service à ceux qui avaient porté les armes hors de l'Italie.

[7] Comme on ne parlait plus de nouveaux soulèvements, et que tout ce qui se passait chez les Romains conspirait pour lui assurer la souveraineté, Tibère accepta l'empire, sans désormais dissimuler, et, tant que vécut Germanicus, il se conduisit de la sorte. Il ne décidait rien ou presque rien par lui-même et portait au sénat toutes les affaires, même les moins importantes, et les lui communiquait. On avait élevé sur le Forum un tribunal du haut duquel il présidait à l'administration de la justice, et, à l'exemple d'Auguste, il prenait toujours des conseillers; mais, néanmoins, il ne réglait aucune affaire un peu importante sans l'avoir communiquée aux autres sénateurs. `Lorsqu'il avait proposé son avis, non seulement il accordait à tous la liberté de le contredire, mais il souffrait parfois qu'on rendît des décrets contraires à ses propositions. Lui-même, en effet, donnait souvent sa voix. Drusus était sur le pied de l'égalité avec tous, parlant tantôt le premier, tantôt après d'autres; mais Tibère parfois gardait le silence, parfois aussi exprimait son avis, tantôt le premier, tantôt après plusieurs autres membres, tantôt même le dernier, proposant hautement certaines choses, et, la plupart du temps, afin de ne point paraître enlever la liberté de la parole, il ajoutait : « Si j'avais à donner un avis, je prendrais telle et telle résolution. » Bien que cette opinion eût la même force que toutes les autres, le reste des sénateurs n'étaient pas néanmoins empêchés de dire ce qu'ils pensaient ; souvent même Tibère ouvrait un avis, et si les sénateurs qui parlaient après lui en opposaient un autre, parfois ce dernier l'emportait. Il ne se fâchait contre personne à ce propos. Il rendait donc la justice de la façon que j'ai dit, et allait fréquemment aux jugements que rendaient les magistrats, soit qu'il y fut appelé par eux, soit qu'il ne le fut pas. Il permettait qu'ils demeurassent sur leurs siéges, et, assis sur un banc en face d'eux, il leur adressait, comme s'il eût été leur assesseur, les observations qu'il jugeait convenables.

[8] En tout, il se conduisait de la même façon. Il ne souffrait pas, en effet, d'être appelé « maître » par des hommes libres; « empereur », par d'autres que par les soldats; il refusa obstinément le surnom de Père de la patrie; il ne s'arrogea pas non plus celui d'Auguste (jamais il ne permit qu'on le lui décernât ; mais il le supportait quand il l'entendait prononcer, ou qu'il le lisait écrit; bien plus, toutes les fois qu'il écrivait à quelque roi, il l'ajoutait à la suscription de sa lettre. En un mot, le nom de César, parfois aussi celui de Germanicus, à cause des exploits de Germanicus, et celui de prince du sénat, au sens antique, était celui qu'il se donnait lui-même; souvent il répétait : « Je suis le maître des esclaves, l'empereur des soldats, le premier des autres Romains. » Toutes les fois que l'occasion s'en présentait, il souhaitait de ne vivre et de ne commander qu'autant de temps qu'il serait utile à l'État. Il était même si populaire en toutes choses, qu'à son jour natal il ne permit de rien faire d'extraordinaire : il ne laissa personne jurer par sa fortune, et refusa de poursuivre ceux qui, après avoir juré de la sorte, étaient accusés de parjure. Bref, l'usage, toujours nécessairement observé jusqu'à notre temps, le premier jour de l'année, en l'honneur d'Auguste et de ceux qui ont régné après lui, de ceux du moins dont nous faisons quelque cas, comme aussi en l'honneur de ceux qui se succèdent au pouvoir, usage en vertu duquel les citoyens existants s'engagent à ratifier les actes passés et futurs du prince ; cet usage, dis-je, il ne souffrit pas, dans les premiers temps, qu'on l'observât à son égard, bien qu'il eût fait jurer tout le monde sur les actes d'Auguste, et qu'il eût lui-même prêté ce serment. Ce fut afin de rendre cette intention plus manifeste qu'aux calendes de janvier, évitant de venir au sénat et de se montrer, ce jour-là, nulle part dans la ville et restant dans un faubourg, il entra ensuite dans la curie, le temps écoulé, et prêta isolément son serment. Ce fut donc pour ce motif qu'il passa les calendes au dehors, et aussi pour ne distraire aucun citoyen au moment où l'on était occupé des nouveaux magistrats et de la fête, ou encore pour ne pas recevoir la quête annuelle. En effet, il n'approuvait pas en cela Auguste, à cause de l'embarras qu'occasionnait cet usage et de la dépense qu'entraînait la réciprocité.

[9] Par de tels actes, il faisait aimer au peuple son gouvernement, et aussi parce qu'alors il n'y eut aucun temple élevé en son honneur, non seulement de son consentement, mais encore d'une manière quelconque, et qu'il ne permit à personne de lui dresser des statues ; car il le défendit expressément, dès les premiers jours, aux villes et aux particuliers. Il ajouta bien cette réserve à sa défense : « sans ma permission, » mais il ajouta cette déclaration à la réserve : « laquelle permission je n'accorderai jamais. » Quant aux crimes d'injures et d'impiété envers sa personne (on donnait déjà le nom d'impiété à ces sortes de crimes, et beaucoup de citoyens étaient cités en justice sous cette prévention), il feignit de s'en soucier fort peu et n'accueillit aucune accusation de cette sorte relative à sa personne, bien qu'il employât ce moyen pour faire vénérer le nom d'Auguste. Dans les premiers temps, en effet, il ne condamna personne, même de ceux qui étaient accusés d'être coupables envers Auguste; il acquitta même plusieurs citoyens appelés en justice pour avoir fait un faux serment en jurant par sa fortune ; mais, dans la suite, il en punit de mort un grand nombre.

[10] Outre cet hommage rendu à Auguste, il lui en rendit encore un autre, qui fut, en achevant les édifices qu'il avait commencés et non terminés, d'y graver le nom de ce prince ; quant aux statues et aux sanctuaires que les villes ou les particuliers lui élevaient, il fit lui-même la dédicace des uns, et confia celle des autres à un pontife. Cette modestie à l'égard des inscriptions, il l'observa non seulement pour les ouvrages d'Auguste, mais aussi pour tous ceux qui avaient besoin de réparation ; car, bien qu'il relevât les édifices tombant en ruines (il ne construisit lui-même absolument aucun monument nouveau, si ce n'est le temple d'Auguste), loin de s'en approprier la gloire pour aucun d'eux, il y rétablit jusqu'aux noms de ceux qui les avaient entrepris les premiers. D'une grande parcimonie pour lui-même, il dépensait largement pour l'intérêt commun, reconstruisant pour ainsi dire tous les édifices publics ou les décorant, accordant de nombreux secours aux villes et aux particuliers. Il enrichit plusieurs sénateurs qui se trouvaient réduits à l'indigence, et qui, pour ce motif, ne voulaient plus faire partie du sénat. Là encore, il n'agissait pas sans examen : il rayait ceux qui avaient des moeurs licencieuses et ceux qui étaient tombés dans une pauvreté dont ils ne pouvaient rendre un compte satisfaisant. Il ne faisait jamais un don à personne que la somme ne fût comptée immédiatement, sous ses yeux ; car, comme il savait que, du temps d'Auguste, les dispensateurs retenaient une forte partie de ces largesses, il prenait un soin extrême que cet abus ne se commît pas sous son règne. Toutes ces dépenses, néanmoins, étaient prélevées sur les revenus que lui accordaient les lois ; car il ne fît mourir personne pour avoir ses biens, et, du moins alors, il ne confisqua la fortune d'aucun citoyen ; loin de là, jamais il n'amassa d'argent par des voies iniques. Ainsi, AEmilius Rectus lui ayant un jour envoyé de l'Égypte, dont il était gouverneur, une somme plus forte que celle qui avait été fixée, il lui écrivit : Je veux qu'on tonde mes brebis, et non qu'on les écorche. »  

[11] Καὶ μέντοι καὶ εὐπρόσοδος καὶ εὐπροσήγορος ἰσχυρῶς ἦν. Τοὺς γοῦν βουλευτὰς ἀθρόους ἀσπάζεσθαι αὑτὸν ἐκέλευσεν, ἵνα μὴ ὠστίζωνται. Τό τε σύμπαν τοσαύτην ἐπιείκειαν ἤσκει ὥστε, ἐπειδή ποτε οἱ Ῥοδίων ἄρχοντες ἐπιστείλαντές τι αὐτῷ οὐχ ὑπέγραψαν τῇ ἐπιστολῇ τοῦτο δὴ τὸ νομιζόμενον, εὐχὰς αὐτῷ ποιούμενοι, μετεπέμψατο μέν σφας σπουδῇ ὡς καὶ κακόν τι δράσων, ἐλθόντας δὲ οὐδὲν δεινὸν εἰργάσατο, ἀλλ´ ὑπογράψαντας τὸ ἐνδέον ἀπέπεμψε. Τούς τε ἀεὶ ἄρχοντας ὡς ἐν δημοκρατίᾳ ἐτίμα, καὶ τοῖς ὑπάτοις καὶ ὑπανίστατο· ὁπότε τε αὐτοὺς δειπνίζοι, τοῦτο μὲν ἐσιόντας σφᾶς πρὸς τὰς θύρας ἐξεδέχετο, τοῦτο δὲ καὶ ἀπιόντας προέπεμπεν. Εἴ τέ ποτε ἐπὶ τοῦ δίφρου κομίζοιτο, οὐδένα οἱ παρακολουθεῖν οὐχ ὅπως βουλευτὴν ἀλλ´ οὐδὲ ἱππέα τῶν πρώτων εἴα. Ἔν τε ταῖς πανηγύρεσι, καὶ εἰ δή τι καὶ ἄλλο τοιουτότροπον ἀσχολίαν τοῖς πολλοῖς παρέξειν ἔμελλεν, ἐλθὼν ἂν ἀφ´ ἑσπέρας πρός τινα τῶν Καισαρείων τῶν πρὸς τοῖς χωρίοις ἐκείνοις ἐς ἃ συμφοιτῆσαι ἔδει οἰκούντων, ἐνταῦθα τὰς νύκτας ἐνηυλίζετο, ὅπως ἐξ ἑτοιμοτάτου καὶ ἀπονωτάτου τοῖς ἀνθρώποις ἐντυγχάνειν αὐτῷ γίγνοιτο. Καὶ τούς γε τῶν ἵππων ἀγῶνας ἐξ οἰκίας καὶ αὐτὸς τῶν ἀπελευθέρων τινὸς πολλάκις ἑώρα. Συνεχέστατα γὰρ ἐπὶ τὰς θέας ἀπήντα τῆς τε τιμῆς τῶν ἐπιτελούντων αὐτὰς ἕνεκα καὶ τῆς τοῦ πλήθους εὐκοσμίας, τοῦ τε συνεορτάζειν σφίσι δοκεῖν. Οὐ γὰρ οὔτε ἐσπούδασέ ποτε τὸ παράπαν τῶν τοιούτων οὐδέν, οὔτε δόξαν τινὰ ὡς καὶ συσπεύδων τινὶ ἔσχεν. Οὕτω τε ἐς πάντα ἴσος καὶ ὅμοιος ἦν ὥστ´ ὀρχηστήν τινα τοῦ δήμου ἐλευθερωθῆναί ποτε βουληθέντος μὴ πρότερον συνεπαινέσαι πρὶν τὸν δεσπότην αὐτοῦ καὶ πεισθῆναι καὶ τὴν τιμὴν λαβεῖν. Τοῖς τε ἑταίροις ὡς καὶ ἐν ἰδιωτείᾳ συνῆν· καὶ γὰρ δικαζομένοις σφίσι συνηγωνίζετο καὶ θύουσι συνεώρταζε, νοσοῦντάς τε ἐπεσκέπτετο μηδεμίαν φρουρὰν ἐπεσαγόμενος, καὶ ἐφ´ ἑνί γέ τινι αὐτῶν τελευτήσαντι τὸν ἐπιτάφιον αὐτὸς εἶπε.

[12] Καὶ μέντοι καὶ τὴν μητέρα πάνθ´ ὅσα πρέποντα αὐτῇ τῶν τοιούτων ποιεῖν ἦν, τὸ μέν τι τῆς ἑαυτοῦ ζηλώσεως ἕνεκα, τὸ δὲ ἵνα μὴ ὑπεραυχῇ, πράττειν ἐκέλευε. Πάνυ γὰρ μέγα καὶ ὑπὲρ πάσας τὰς πρόσθεν γυναῖκας ὤγκωτο, ὥστε καὶ τὴν βουλὴν καὶ τοῦ δήμου τοὺς ἐθέλοντας οἴκαδε ἀσπασομένους ἀεί ποτε ἐσδέχεσθαι, καὶ τοῦτο καὶ ἐς τὰ δημόσια ὑπομνήματα ἐσγράφεσθαι. Αἵ τε ἐπιστολαὶ αἱ τοῦ Τιβερίου καὶ τὸ ἐκείνης ὄνομα χρόνον τινὰ ἔσχον, καὶ ἐγράφετο ἀμφοῖν ὁμοίως. Πλήν τε ὅτι οὔτε ἐς τὸ συνέδριον οὔτε ἐς τὰ στρατόπεδα οὔτε ἐς τὰς ἐκκλησίας ἐτόλμησέ ποτε ἐσελθεῖν, τά γε ἄλλα πάντα ὡς καὶ αὐταρχοῦσα διοικεῖν ἐπεχείρει. Ἐπί τε γὰρ τοῦ Αὐγούστου μέγιστον ἠδυνήθη καὶ τὸν Τιβέριον αὐτὴ αὐτοκράτορα πεποιηκέναι ἔλεγε, καὶ διὰ τοῦτο οὐχ ὅσον ἐξ ἴσου οἱ ἄρχειν, ἀλλὰ καὶ πρεσβεύειν αὐτοῦ ἤθελεν. Ὅθεν ἄλλα τε ἔξω τοῦ νενομισμένου ἐσεφέρετο, καὶ πολλοὶ μὲν μητέρα αὐτὴν τῆς πατρίδος πολλοὶ δὲ καὶ γονέα προσαγορεύεσθαι γνώμην ἔδωκαν. Ἄλλοι καὶ τὸν Τιβέριον ἀπ´ αὐτῆς ἐπικαλεῖσθαι ἐσηγήσαντο, ὅπως ὥσπερ οἱ Ἕλληνες πατρόθεν, οὕτω καὶ ἐκεῖνος μητρόθεν ὀνομάζηται. Ἀγανακτῶν οὖν ἐπὶ τούτοις οὔτε τὰ ψηφιζόμενα αὐτῇ πλὴν ἐλαχίστων ἐπεκύρου, οὔτ´ ἄλλο τι ὑπέρογκον ποιεῖν ἐπέτρεπεν. Εἰκόνα γοῦν ποτε αὐτῆς οἴκοι τῷ Αὐγούστῳ ὁσιωσάσης, καὶ διὰ τοῦτο καὶ τὴν βουλὴν καὶ τοὺς ἱππέας μετὰ τῶν γυναικῶν ἑστιᾶσαι ἐθελησάσης, οὔτ´ ἄλλως συνεχώρησέν οἱ τοῦτο πρᾶξαι πρὶν τὴν γερουσίαν ψηφίσασθαι, οὔτε τότε τοὺς ἄνδρας δειπνίσαι, ἀλλ´ αὐτὸς μὲν τούτοις ἐκείνη δὲ ταῖς γυναιξὶν εἱστίασε. Καὶ τέλος τῶν μὲν δημοσίων παντάπασιν αὐτὴν ἀπήλλαξε, τὰ δ´ οἴκοι διοικεῖν οἱ ἐφείς, εἶθ´ ὡς καὶ ἐν τούτοις ἐπαχθὴς ἦν, ἀποδημίας τε ἐστέλλετο καὶ πάντα τρόπον αὐτὴν ἐξίστατο, ὥστε καὶ ἐς τὴν Καπρίαν δι´ ἐκείνην οὐχ ἥκιστα μεταστῆναι. Ταῦτα μὲν περὶ τῆς Λιουίας παραδέδοται·

[13] ὁ δὲ δὴ Τιβέριος αὐτὸς μὲν τραχύτερον τοὺς αἰτιαζομένους τι μετεχειρίζετο, τῷ δὲ δὴ Δρούσῳ τῷ υἱεῖ καὶ ἀσελγεστάτῳ καὶ ὠμοτάτῳ, ὥστε καὶ τὰ ὀξύτατα τῶν ξιφῶν Δρουσιανὰ ἀπ´ αὐτοῦ κληθῆναι, ὄντι καὶ ἤχθετο καὶ ἐπετίμα καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ πολλάκις. Καί ποτε αὐτῷ καὶ ἄντικρυς πολλῶν παρόντων εἶπεν ὅτι « ζῶντος μέν μου οὐδὲν οὔτε βίαιον οὔθ´ ὑβριστικὸν πράξεις· ἂν δέ τι καὶ τολμήσῃς, οὐδὲ τελευτήσαντος. » σωφρονέστατα γὰρ χρόνον τινὰ διεγένετο, καὶ οὐδὲ τῶν ἄλλων οὐδενὶ ἀσελγαίνειν ἐφίει, ἀλλὰ καὶ συχνοὺς ἐπὶ τούτῳ ἐκόλαζε, καίτοι τῶν βουλευτῶν ποτε ἐπιτίμιόν τι κατὰ τῶν ἀσώτως ζώντων νομοθετηθῆναι ἐθελησάντων μήτε τι τάξας, καὶ προσεπειπὼν ὅτι ἄμεινόν ἐστιν ἰδίᾳ τρόπον τινὰ αὐτοὺς σωφρονίζειν ἢ κοινήν σφισι τιμωρίαν ἐπιθεῖναι. Νῦν μὲν γὰρ ἂν τῷ φόβῳ τῆς αἰσχύνης καὶ μετριάσαι τινὰ αὐτῶν, ὥστε καὶ λαθεῖν ἐπιχειρῆσαι· ἂν δ´ ἅπαξ ὁ νόμος ὑπὸ τῆς φύσεως ἐκνικηθῇ, μηδένα αὐτοῦ προτιμήσειν. Καὶ ἐπειδή γε πολλῇ ἐσθῆτι ἁλουργεῖ καὶ ἄνδρες συχνοὶ καίπερ ἀπαγορευθὲν πρότερον ἐχρῶντο, διεμέμψατο μὲν οὐδένα οὐδὲ ἐζημίωσεν οὐδένα, ὑετοῦ δὲ ἐν πανηγύρει τινὶ γενομένου φαιὰν μανδύην ἐπενέδυ· κἀκ τούτου οὐκέτ´ οὐδεὶς αὐτῶν ἀλλοῖον ἔσθημα λαβεῖν ἐτόλμησε. Ταῦθ´ οὕτω πάντα μέχρι γε καὶ ὁ Γερμανικὸς ἔζη ἐποίει· μετὰ γὰρ τοῦτο συχνὰ αὐτῶν μετέβαλεν, εἴτ´ οὖν φρονῶν μὲν οὕτως ἀπὸ πρώτης ὡς ὕστερον διέδειξε, πλασάμενος δὲ ἐφ´ ὅσον ἐκεῖνος ἐβίω, ἐπειδήπερ ἐφεδρεύοντα αὐτὸν τῇ ἡγεμονίᾳ ἑώρα, εἴτε καὶ πεφυκὼς μὲν εὖ, ἐξοκείλας δ´ ὅτε τοῦ ἀνταγωνιστοῦ ἐστερήθη.

[14] Λέξω δὲ καὶ κατὰ τοὺς καιροὺς ὡς ἕκαστα ἐγένετο, ὅσα γε καὶ μνήμης ἄξιά ἐστιν. Ἐπὶ μὲν τοῦ Δρούσου τοῦ υἱέος αὐτοῦ Γαΐου τε Νωρβανοῦ ὑπάτων τῷ δήμῳ τὰ καταλειφθέντα ὑπὸ τοῦ Αὐγούστου ἀπέδωκεν, ἐπειδὴ προσελθών τις πρὸς νεκρὸν διὰ τῆς ἀγορᾶς ἐκφερόμενον καὶ πρὸς τὸ οὖς αὐτοῦ προσκύψας ἐψιθύρισέ τι, καὶ ἐρομένων τῶν ἰδόντων ὅ τι εἰρήκοι, ἐντετάλθαι ἔφη τῷ Αὐγούστῳ ὅτι οὐδέπω οὐδὲν ἐκομίσαντο. Ἐκεῖνον μὲν γὰρ αὐτίκα ἀπέκτεινεν, ἵνα αὐτάγγελος αὐτῷ, ὥς που καὶ ἐπισκώπτων εἶπε, γένηται, τοὺς δ´ ἄλλους οὐκ ἐς μακρὰν ἀπήλλαξε, κατὰ πέντε καὶ ἑξήκοντα δραχμὰς διανείμας. Καὶ τοῦτο μὲν τῷ προτέρῳ ἔτει γενέσθαι τινὲς λέγουσι· τότε δὲ ἱππέων τινῶν ἐν τοῖς ἀγῶσιν οὓς ὁ Δροῦσος ὑπέρ τε ἑαυτοῦ καὶ ὑπὲρ τοῦ Γερμανικοῦ {δὴ} διέθηκε μονομαχῆσαι ἐθελησάντων τὸν μὲν ἀγῶνα αὐτῶν οὐκ εἶδε, σφαγέντος δὲ τοῦ ἑτέρου τὸν ἕτερον οὐκέτ´ εἴασεν ὁπλομαχῆσαι. Ἐγένοντο δὲ καὶ ἄλλαι ἐν τῇ τῶν τοῦ Αὐγούστου γενεσίων ἱπποδρομίᾳ μάχαι, καί τινα καὶ θηρία ἐσφάγη. Καὶ τοῦτο μὲν καὶ ἐπὶ πολλὰ ἔτη οὕτως ἐποιήθη· τότε δὲ ἡ Κρήτη τοῦ ἄρχοντος αὐτῆς ἀποθανόντος τῷ τε ταμίᾳ καὶ τῷ παρέδρῳ αὐτοῦ τὸν λοιπὸν χρόνον προσετάχθη. Ἐπειδή τε συχνοὶ τῶν τὰ ἔθνη κληρουμένων ἐπὶ πολὺ ἔν τε τῇ Ῥώμῃ καὶ ἐν τῇ λοιπῇ Ἰταλίᾳ ἐνδιέτριβον, ὥστε τοὺς προάρξαντας αὐτῶν παρὰ τὸ καθεστηκὸς χρονίζειν, ἐκέλευσέ σφισιν ἐντὸς τῆς τοῦ Ἰουνίου νουμηνίας ἀφορμᾶσθαι. Κἀν τούτῳ τοῦ ἐκγόνου αὐτοῦ, ὃν ἐκ τοῦ Δρούσου εἶχε, τελευτήσαντος οὐδὲν ὅ τι τῶν συνήθων οὐκ ἔπραξε, μήτ´ ἄλλως ἀξιῶν τὸν ἄρχοντά τινων πρὸς τὰς ἰδίας συμφορὰς τῆς τῶν κοινῶν ἐπιμελείας ἐξίστασθαι, καὶ τοὺς λοιποὺς ἐθίζων μὴ διὰ τοὺς οἰχομένους καὶ τὰ τῶν ζώντων προΐεσθαι. Τοῦ τε ποταμοῦ τοῦ Τιβέριδος πολλὰ τῆς πόλεως κατασχόντος ὥστε πλευσθῆναι, οἱ μὲν ἄλλοι ἐν τέρατος λόγῳ καὶ τοῦτο, ὥσπερ που τό τε μέγεθος τῶν σεισμῶν ὑφ´ ὧν καὶ μέρος τι τοῦ τείχους ἔπεσε, καὶ τὸ πλῆθος τῶν κεραυνῶν ὑφ´ ὧν καὶ οἶνος ἐξ ἀγγείων ἀθραύστων ἐξετάκη, ἐλάμβανον, ἐκεῖνος δὲ δὴ νομίσας ἐκ πολυπληθίας ναμάτων αὐτὸ γεγονέναι πέντε ἀεὶ βουλευτὰς κληρωτοὺς ἐπιμελεῖσθαι τοῦ ποταμοῦ προσέταξεν, ἵνα μήτε τοῦ χειμῶνος πλεονάζῃ μήτε τοῦ θέρους ἐλλείπῃ, ἀλλ´ ἴσος ὅτι μάλιστα ἀεὶ ῥέῃ. Τιβέριος μὲν ταῦτα ἔπραττεν, ὁ δὲ δὴ Δροῦσος τὰ μὲν τῇ ὑπατείᾳ προσήκοντα ἐξ ἴσου τῷ συνάρχοντι ὥσπερ τις ἰδιώτης διετέλεσε, καὶ κληρονόμος γε ὑπό τινος καταλειφθεὶς τὸ σῶμα αὐτοῦ συνεξήνεγκε, τῇ μέντοι ὀργῇ οὕτω χαλεπῇ ἐχρῆτο ὥστε καὶ πληγὰς ἱππεῖ ἐπιφανεῖ δοῦναι καὶ διὰ τοῦτο καὶ Κάστωρ παρωνύμιον λαβεῖν. Τῇ τε μέθῃ κατακορὴς οὕτως ἐγίγνετο ὥστε ποτὲ νυκτὸς ἐμπρησθεῖσί τισιν ἐπικουρῆσαι μετὰ τῶν δορυφόρων ἀναγκασθείς, ὕδωρ αὐτῶν αἰτούντων, θερμόν σφισιν ἐγχέαι κελεῦσαι. Τοῖς τε ὀρχησταῖς οὕτω προσέκειτο ὥστε καὶ στασιάζειν αὐτοὺς καὶ μηδ´ ὑπὸ τῶν νόμων, οὓς ὁ Τιβέριος ἐπ´ αὐτοῖς ἐσενηνόχει, καθίστασθαι.

 [15] Τότε μὲν ταῦτ´ ἐγένετο, Στατιλίου δὲ Ταύρου μετὰ Λουκίου Λίβωνος ὑπατεύσαντος ὁ Τιβέριος ἀπεῖπε μὲν ἐσθῆτι σηρικῇ μηδένα ἄνδρα χρῆσθαι, ἀπεῖπε δὲ καὶ χρυσῷ σκεύει μηδένα πλὴν πρὸς τὰ ἱερὰ νομίζειν. Ἐπεί τε διηπόρησάν τινες εἰ καὶ τὰ ἀργυρᾶ τὰ χρυσοῦν τι ἔμβλημα ἔχοντα ἀπηγορευμένον σφίσιν εἴη κεκτῆσθαι, βουληθεὶς καὶ περὶ τούτου τι δόγμα ποιῆσαι, ἐκώλυσεν ἐς αὐτὸ τὸ ὄνομα τὸ τοῦ ἐμβλήματος ὡς καὶ Ἑλληνικὸν ἐμβληθῆναι, καίτοι μὴ ἔχων ὅπως ἐπιχωρίως αὐτὸ ὀνομάσῃ. Ἐκεῖνό τε οὖν οὕτως ἐποίησε, καὶ ἑκατοντάρχου ἑλληνιστὶ ἐν τῷ συνεδρίῳ μαρτυρῆσαί τι ἐθελήσαντος οὐκ ἠνέσχετο, καίπερ πολλὰς μὲν δίκας ἐν τῇ διαλέκτῳ ταύτῃ καὶ ἐκεῖ λεγομένας ἀκούων, πολλὰς δὲ καὶ αὐτὸς ἐπερωτῶν. Τοῦτό τε οὖν οὐχ ὁμολογούμενον ἔπραξε, καὶ Λούκιον Σκριβώνιον Λίβωνα, νεανίσκον εὐπατρίδην δόξαντά τι νεωτερίζειν, τέως μὲν ἔρρωτο, οὐκ ἔκρινε, νοσήσαντα δὲ ἐπιθάνατον ἔν τε σκιμποδίῳ καταστέγῳ, ὁποίῳ αἱ τῶν βουλευτῶν γυναῖκες χρῶνται, ἐς τὴν γερουσίαν ἐσεκόμισε, καὶ ἐπειδὴ ἀναβολῆς τινος γενομένης ἑαυτὸν προαπεχρήσατο, καὶ τελευτήσαντα εὔθυνε, τά τε χρήματα αὐτοῦ τοῖς κατηγόροις διέδωκε, καὶ θυσίας ἐπ´ αὐτῷ οὐχ ἑαυτοῦ μόνον ἕνεκα ἀλλὰ καὶ τοῦ Αὐγούστου τοῦ τε πατρὸς αὐτοῦ τοῦ Ἰουλίου, καθάπερ ποτὲ ἐδέδοκτο, ψηφισθῆναι ἐποίησε. Ταῦτα δὲ περὶ τοῦτον πράξας, Οὐιβίῳ Ῥούφῳ οὔτε ἐνεκάλεσέ τι ἀρχὴν ὅτι τῷ τοῦ Καίσαρος δίφρῳ, ἐφ´ οὗ ἀεί ποτε ἐκαθίζετο καὶ ἐφ´ οὗ καὶ ἐσφάγη, ἐχρῆτο. Τοῦτό τε γὰρ ὁ Ῥοῦφος ἐπιτηδεύσας ἔπραττε, καὶ τῇ τοῦ Κικέρωνος γυναικὶ συνῴκει, σεμνυνόμενος ἐφ´ ἑκατέρῳ ὥσπερ ἢ διὰ τὴν γυναῖκα ῥήτωρ ἢ διὰ τὸν δίφρον Καῖσαρ ἐσόμενος. Οὐ μὴν οὔτε αἰτίαν τινὰ ἐπὶ τούτῳ ἔσχε καὶ προσέτι καὶ ὑπάτευσε. Καὶ μέντοι τῷ τε Θρασύλλῳ ἀεὶ συνὼν καὶ μαντείᾳ τινὶ καθ´ ἑκάστην ἡμέραν χρώμενος, αὐτός τε ἀκριβῶν οὕτω τὸ πρᾶγμα ὥστε ποτὲ ὄναρ δοῦναί τινι ἀργύριον κελευσθεὶς συνεῖναί τε ὅτι δαίμων τις ἐκ γοητείας οἱ ἐπιπέμπεται καὶ τὸν ἄνθρωπον ἀποκτεῖναι, πάντας τοὺς ἄλλους τούς τε ἀστρολόγους καὶ τοὺς γόητας, εἴ τέ τινα ἕτερον καὶ ὁποιονοῦν τρόπον ἐμαντεύετό τις, τοὺς μὲν ξένους ἐθανάτωσε, τοὺς δὲ πολίτας, ὅσοι καὶ τότε ἔτι, μετὰ τὸ πρότερον δόγμα δι´ οὗ ἀπηγόρευτο μηδὲν τοιοῦτον ἐν τῇ πόλει μεταχειρίζεσθαι, ἐσηγγέλθησαν τῇ τέχνῃ χρώμενοι, ὑπερώρισε· τοῖς γὰρ πειθαρχήσασιν αὐτῶν ἄδεια ἐδόθη. Καὶ σύμπαντες δ´ ἂν οἱ πολῖται καὶ παρὰ γνώμην αὐτοῦ ἀφείθησαν, εἰ μὴ δήμαρχός τις ἐκώλυσεν. Ἔνθα δὴ καὶ μάλιστα ἄν τις τὸ τῆς δημοκρατίας σχῆμα κατενόησεν, ὅτι ἡ βουλὴ τοῦ τε Δρούσου καὶ τοῦ Τιβερίου, συνέπαινος Γναίῳ Καλπουρνίῳ Πίσωνι γενομένη, κατεκράτησε, καὶ αὐτὴ ὑπὸ τοῦ δημάρχου ἡττήθη.

[16] Ταῦτά τε οὖν οὕτως ἐπράχθη, καὶ ἐκ τῶν πέρυσι τεταμιευκότων ἐς τὰ ἔθνη τινὲς ἐξεπέμφθησαν, ἐπειδήπερ οἱ τότε ταμιεύοντες ἐλάττους αὐτῶν ἦσαν. Καὶ τοῦτο καὶ αὖθις, ὁσάκις ἐδέησεν, ἐγένετο. Ἐπεί τε πολλὰ τῶν δημοσίων γραμμάτων τὰ μὲν καὶ παντελῶς ἀπωλώλει, τὰ δὲ ἐξίτηλα γοῦν ὑπὸ τοῦ χρόνου ἐγεγόνει, τρεῖς βουλευταὶ προεχειρίσθησαν ὥστε τά τε ὄντα ἐκγράψασθαι καὶ τὰ λοιπὰ ἀναζητῆσαι. Ἐμπρησθεῖσί τέ τισιν οὐχ ὅπως ὁ Τιβέριος ἀλλὰ καὶ ἡ Λιουία ἤμυνε. Κἀν τῷ αὐτῷ ἔτει Κλήμης τις, δοῦλός τε τοῦ Ἀγρίππου γεγονὼς καί πῃ καὶ προσεοικὼς αὐτῷ, ἐπλάσατο αὐτὸς ἐκεῖνος εἶναι, καὶ ἐς τὴν Γαλατίαν ἐλθὼν πολλοὺς μὲν ἐνταῦθα πολλοὺς δὲ καὶ ἐν τῇ Ἰταλίᾳ ὕστερον προσεποιήσατο, καὶ τέλος καὶ ἐπὶ τὴν Ῥώμην ὥρμησεν ὡς καὶ τὴν παππῴαν μοναρχίαν ἀποληψόμενος. Ταραττομένων τε οὖν ἐπὶ τούτῳ τῶν ἐν τῷ ἄστει, καὶ συχνῶν αὐτῷ προστιθεμένων, ὁ Τιβέριος σοφίᾳ αὐτὸν διά τινων ὡς καὶ τὰ ἐκείνου φρονούντων ἐχειρώσατο, καὶ μετὰ τοῦτο βασανίσας ἵνα τι περὶ τῶν συνεγνωκότων αὐτῷ μάθῃ, ἔπειτ´ ἐπειδὴ μηδὲν ἐξελάλησεν, ἐπύθετο αὐτοῦ « πῶς Ἀγρίππας ἐγένου; » καὶ ὃς ἀπεκρίνατο ὅτι « οὕτως ὡς καὶ σὺ Καῖσαρ. »

[17] Τῷ δ´ ἐχομένῳ ἔτει τὸ μὲν τῶν ὑπάτων ὄνομα Γάιός τε Καικίλιος καὶ Λούκιος Φλάκκος ἔλαβον, ὁ δὲ δὴ Τιβέριος, ἐπειδὴ καὶ μετὰ τὴν νουμηνίαν τινὲς ἀργύριον αὐτῷ προσήνεγκαν, οὔτε ἐδέξατο καί τι καὶ γράμμα περὶ αὐτοῦ τούτου ἐξέθηκε, ῥήματί τινι μὴ Λατίνῳ χρησάμενος. Ἐνθυμηθεὶς οὖν νυκτὸς περὶ αὐτοῦ πάντας τοὺς τὰ τοιαῦτα ἀκριβοῦντας μετεπέμψατο· πάνυ γὰρ δὴ ἔμελεν αὐτῷ τοῦ καλῶς διαλέγεσθαι. Καί τινος Ἀτεΐου Καπίτωνος εἰπόντος ὅτι « εἰ καὶ μηδεὶς πρόσθεν τὸ ὄνομα τοῦτ´ ἐφθέγξατο, ἀλλὰ νῦν γε πάντες διὰ σὲ ἐς τὰ ἀρχαῖα αὐτὸ καταριθμήσομεν, » Μάρκελλός τις ὑπολαβὼν ἔφη « σύ, Καῖσαρ, ἀνθρώποις μὲν πολιτείαν Ῥωμαίων δύνασαι δοῦναι, ῥήμασι δὲ οὔ. » Ἐκεῖνον μὲν οὖν οὐδὲν ἐπὶ τούτῳ κακόν, καίπερ ἀκρατῶς παρρησιασάμενον, ἔδρασε· τὸν δὲ δὴ Ἀρχέλαον τὸν τῆς Καππαδοκίας βασιλέα δι´ ὀργῆς σχών, ὅτι πρότερόν οἱ ὑποπεπτωκὼς ὥστε καὶ συνηγόρῳ, ὅτε ἐπὶ τοῦ Αὐγούστου ὑπὸ τῶν ἐπιχωρίων κατηγορήθη, χρήσασθαι, μετὰ τοῦτο αὐτοῦ μὲν ἐς τὴν Ῥόδον ἀπελθόντος ἠμέλησε, τὸν δὲ δὴ Γάιον ἐς τὴν Ἀσίαν ἐλθόντα ἐθεράπευσε, μετεπέμψατο ὡς καὶ νεωτερίζοντά τι, καὶ τῇ τῆς γερουσίας ψήφῳ παρέδωκεν, οὐ μόνον ὑπεργήρων ὄντα, ἀλλὰ καὶ δεινῶς ποδαγρῶντα καὶ προσέτι καὶ παραφρονεῖν δοκοῦντα. Ἔπαθε μὲν γάρ ποτε τοῦτο ὄντως, ὥστε καὶ ἐπίτροπον παρὰ τοῦ Αὐγούστου τῆς ἀρχῆς λαβεῖν, οὐ μέντοι καὶ τότε ἔτι παρελήρει, ἀλλ´ ἐπλάσσετο, εἴ πως ἔκ γε τούτου σωθείη. Κἂν ἐθανατώθη, εἰ μὴ καταμαρτυρῶν τις αὐτοῦ ἔφη ποτὲ αὐτὸν εἰρηκέναι ὅτι ἐπειδὰν οἴκαδε ἐπανέλθω, δείξω αὐτῷ οἷα νεῦρα ἔχω. Γέλωτος γὰρ ἐπὶ τούτῳ, διὰ τὸ τὸν ἄνθρωπον μὴ ὅτι στῆναι ἀλλὰ μηδὲ καθίζεσθαι δύνασθαι, πολλοῦ γενομένου οὐκέτ´ αὐτὸν ὁ Τιβέριος ἀπέκτεινεν. Οὕτω γάρ τοι κακῶς διέκειτο ὥστε ἐν σκιμποδίῳ καταστέγῳ ἐς τὸ συνέδριον ἐσκομισθῆναι (νομιζόμενον γάρ που καὶ τοῖς ἀνδράσιν ἦν, ὁπότε τις αὐτῶν ἀσθενῶς ἔχων ἐκεῖσε ἐσίοι, κατακείμενον αὐτὸν ἐσφέρεσθαι, καὶ τοῦτο καὶ ὁ Τιβέριός ποτε ἐποίησε), καὶ διελέχθη γέ τινα ἐκ τοῦ σκιμποδίου προκύψας. Τότε μὲν οὕτως ὁ Ἀρχέλαος ἐσώθη, ἄλλως δ´ οὐ πολλῷ ὕστερον ἀπέθανε, κἀκ τούτου καὶ ἡ Καππαδοκία τῶν τε Ῥωμαίων ἐγένετο καὶ ἱππεῖ ἐπετράπη. Ταῖς τε ἐν τῇ Ἀσίᾳ πόλεσι ταῖς ὑπὸ τοῦ σεισμοῦ κακωθείσαις ἀνὴρ ἐστρατηγηκὼς σὺν πέντε ῥαβδούχοις προσετάχθη, καὶ χρήματα πολλὰ μὲν ἐκ τῶν φόρων ἀνείθη πολλὰ δὲ καὶ παρὰ τοῦ Τιβερίου ἐδόθη· τῶν γὰρ ἀλλοτρίων ἰσχυρῶς, μέχρι γε καὶ τὴν ἄλλην ἀρετὴν ἐπετήδευσεν, ἀπεχόμενος, μηδὲ τὰς κληρονομίας ἅς τινες αὐτῷ συγγενεῖς ἔχοντες κατέλιπον προσιέμενος, πάμπολλα ἔς τε τὰς πόλεις καὶ τοὺς ἰδιώτας ἀνήλισκε, καὶ οὔτε τιμὴν οὔτε ἔπαινον οὐδένα ἐπ´ αὐτοῖς προσεδέχετο. Ταῖς τε πρεσβείαις ταῖς παρὰ τῶν πόλεων ἢ καὶ τῶν ἐθνῶν οὐδέποτε μόνος ἐχρημάτιζεν, ἀλλὰ πολλούς, καὶ μάλιστα τοὺς ἄρξαντάς ποτε αὐτῶν, κοινωνοὺς τῆς διαγνώμης ἐποιεῖτο.

[18] Γερμανικὸς δὲ τῇ ἐπὶ τοὺς Κελτοὺς στρατείᾳ φερόμενος εὖ μέχρι τε τοῦ ὠκεανοῦ προεχώρησε, καὶ τοὺς βαρβάρους κατὰ τὸ καρτερὸν νικήσας τά τε ὀστᾶ τῶν σὺν τῷ Οὐάρῳ πεσόντων συνέλεξέ τε καὶ ἔθαψε, καὶ τὰ σημεῖα τὰ στρατιωτικὰ ἀνεκτήσατο. Τῷ δὲ Τιβερίῳ τῆς βουλῆς ἐγκειμένης, καὶ τὸν γοῦν μῆνα τὸν Νοέμβριον, ἐν ᾧ τῇ ἕκτῃ ἐπὶ δέκα ἐγεγέννητο, Τιβέριον καλεῖσθαι ἀξιούσης, « καὶ τί » ἔφη « ποιήσετε, ἂν δεκατρεῖς Καίσαρες γένωνται; » Μάρκου δὲ δὴ Ἰουνίου Λουκίου τε Νωρβανοῦ μετὰ ταῦτα ἀρξάντων τέρας ἐν αὐτῇ τῇ νουμηνίᾳ οὐ σμικρὸν ἐγένετο, ὅπερ που ἐς τὸ Γερμανικοῦ πάθος ἀπεσήμαινεν· ὁ γὰρ Νωρβανὸς ὁ ὕπατος σάλπιγγι ἀεὶ προσκείμενος, καὶ ἐρρωμένως τὸ πρᾶγμα ἀσκῶν, ἠθέλησε καὶ τότε ὑπὸ τὸν ὄρθρον, πολλῶν ἤδη πρὸς τὴν οἰκίαν αὐτοῦ παρόντων, σαλπίσαι. Καὶ τοῦτό τε πάντας ὁμοίως ἐξετάραξε καθάπερ ἐμπολέμιόν τι σύνθημα τοῦ ὑπάτου σφίσι παραγγείλαντος, καὶ ὅτι καὶ τὸ τοῦ Ἰανοῦ ἄγαλμα κατέπεσε. Λόγιόν τέ τι ὡς καὶ Σιβύλλειον, ἄλλως μὲν οὐδὲν τῷ τῆς πόλεως χρόνῳ προσῆκον, πρὸς δὲ τὰ παρόντα ᾀδόμενον, οὐχ ἡσυχῇ σφας ἐκίνει· ἔλεγε γὰρ ὅτι· τρὶς δὲ τριηκοσίων περιτελλομένων ἐνιαυτῶν Ῥωμαίους ἔμφυλος ὀλεῖ στάσις, καὶ ἁ Συβαρῖτις ἀφροσύνα. Ὁ οὖν Τιβέριος ταῦτά τε τὰ ἔπη ὡς καὶ ψευδῆ ὄντα διέβαλε, καὶ τὰ βιβλία πάντα τὰ μαντείαν τινὰ ἔχοντα ἐπεσκέψατο, καὶ τὰ μὲν ὡς οὐδενὸς ἄξια ἀπέκρινε τὰ δὲ ἐνέκρινε. Τοῦ δὲ δὴ Γερμανικοῦ τελευτήσαντος ὁ μὲν Τιβέριος καὶ ἡ Λιουία πάνυ ἥσθησαν, οἱ δὲ δὴ ἄλλοι πάντες δεινῶς ἐλυπήθησαν. Κάλλιστος μὲν γὰρ τὸ σῶμα ἄριστος δὲ καὶ τὴν ψυχὴν ἔφυ, παιδείᾳ τε ἅμα καὶ ῥώμῃ διέπρεπε, καὶ ἔς τε τὸ πολέμιον ἀνδρειότατος ὂν ἡμερώτατα τῷ οἰκείῳ προσεφέρετο, καὶ πλεῖστον ἰσχύων ἅτε Καῖσαρ ὢν ἐξ ἴσου τοῖς ἀσθενεστέροις ἐσωφρόνει, καὶ οὐδὲν οὔτε πρὸς τοὺς ἀρχομένους ἐπαχθὲς οὔτε πρὸς τὸν Δροῦσον ἐπίφθονον οὔτε πρὸς τὸν Τιβέριον ἐπαίτιον ἔπραττεν, ἀλλὰ συνελόντι εἰπεῖν ἐν ὀλίγοις τῶν πώποτε οὔτ´ ἐξήμαρτέ τι ἐς τὴν ὑπάρξασαν αὐτῷ τύχην οὔτ´ αὐτὸς ὑπ´ ἐκείνης διεφθάρη· δυνηθεὶς γοῦν πολλάκις καὶ παρ´ ἑκόντων, οὐχ ὅτι τῶν στρατιωτῶν ἀλλὰ καὶ τοῦ δήμου τῆς τε βουλῆς, τὴν αὐτοκράτορα λαβεῖν ἀρχὴν οὐκ ἠθέλησεν. Ἀπέθανε δὲ ἐν Ἀντιοχείᾳ, ὑπό τε τοῦ Πίσωνος καὶ ὑπὸ τῆς Πλαγκίνης ἐπιβουλευθείς· ὀστᾶ τε γὰρ ἀνθρώπων ἐν τῇ οἰκίᾳ ἐν ᾗ ᾤκει κατορωρυγμένα καὶ ἐλασμοὶ μολίβδινοι ἀράς τινας μετὰ τοῦ ὀνόματος αὐτοῦ ἔχοντες ζῶντος ἔθ´ εὑρέθη. Ὅτι δὲ καὶ φαρμάκῳ ἐφθάρη, τὸ σῶμα αὐτοῦ ἐξέφηνεν ἐς τὴν ἀγορὰν κομισθὲν καὶ τοῖς παροῦσι δειχθέν. Ὁ δὲ Πίσων χρόνῳ ὕστερον ἐς τὴν Ῥώμην ἀνακομισθεὶς καὶ ἐς τὸ βουλευτήριον ἐπὶ τῷ φόνῳ ὑπ´ αὐτοῦ τοῦ Τιβερίου ἐσαχθείς, διακρουομένου τὴν ὑποψίαν τὴν ἐπὶ τῇ φθορᾷ τοῦ Γερμανικοῦ, ἀναβολήν τέ τινα ἐποιήσατο καὶ ἑαυτὸν κατεχρήσατο.

[19] Τιβέριος δὲ, ἐπεὶ δὲ τὸ ἐφεδρεῦον οὐκέτ´ εἶχεν, ἐς πᾶν τοὐναντίον τῶν πρόσθεν εἰργασμένων αὐτῷ, πολλῶν ὄντων καὶ καλῶν, περιέστη. Τά τε γὰρ ἄλλα ἀγρίως ἦρξε, καὶ ταῖς τῆς ἀσεβείας δίκαις, εἴ τις οὐχ ὅσον ἐς τὸν Αὔγουστον ἀλλὰ καὶ ἐς αὐτὸν ἐκεῖνον τήν τε μητέρα αὐτοῦ πράξας τι ἢ καὶ εἰπὼν ἀνεπιτήδειον ἐπεκλήθη, δεινῶς ἐπεξῄει. Ἐβασανίζοντο δὲ οὐχὶ οἰκέται μόνον κατὰ τῶν ἰδίων δεσποτῶν, ἀλλὰ καὶ ἐλεύθεροι καὶ πολῖται. Οἵ τε κατηγορήσαντες ἢ καὶ καταμαρτυρήσαντές τινων τὰς οὐσίας τῶν ἁλισκομένων διελάγχανον, καὶ προσέτι καὶ ἀρχὰς καὶ τιμὰς προσελάμβανον. Πολλοὺς δὲ καὶ τὴν ἡμέραν καὶ τὴν ὥραν ἐν ᾗ ἐγεγέννηντο ἐξετάζων, καὶ ἐκεῖθεν καὶ τὸν τρόπον καὶ τὴν τύχην αὐτῶν διασκοπῶν, ἀπεκτίννυεν· εἰ γάρ τῳ ὑπέρογκόν τι καὶ εὔελπι πρὸς δυναστείαν ἐνεῖδε, πάντως ἀπώλλυεν. Οὕτω δ´ οὖν τὸ πεπρωμένον ἑκάστῳ τῶν πρώτων καὶ ἐξήταζε καὶ ἠπίστατο ὥστε καὶ τῷ Γάλβᾳ τῷ μετὰ ταῦτα αὐταρχήσαντι ἀπαντήσας, γυναῖκα ἐγγεγυημένῳ, εἰπεῖν ὅτι καὶ σύ ποτε τῆς ἡγεμονίας γεύσῃ.«  Ἐφείσατο γὰρ αὐτοῦ, ὡς μὲν ἐγὼ δοκῶ, ὅτι καὶ τοῦτ´ αὐτῷ εἱμαρμένον ἦν, ὡς δ´ αὐτὸς ἔλεγεν, ὅτι καὶ ἐν γήρᾳ καὶ μετὰ πολὺ τῆς τελευτῆς αὐτοῦ ἄρξοι. Συνήρατο δὲ καὶ συγκατειργάσατο αὐτῷ πάντα προθυμότατα Λούκιος Αἴλιος Σεϊανός, υἱὸς μὲν τοῦ Στράβωνος ὤν, παιδικὰ δέ ποτε Μάρκου Γαβίου Ἀπικίου γενόμενος, Ἀπικίου ἐκείνου ὃς πάντας ἀνθρώπους ἀσωτίᾳ ὑπερεβάλετο οὕτως ὥστε, ἐπειδὴ μαθεῖν ποτε ἐθελήσας ὅσα τε ἤδη καταναλώκει καὶ ὅσα ἔτ´ εἶχεν, ἔγνω ὅτι διακόσιαι καὶ πεντήκοντα αὐτῷ μυριάδες περιεῖεν, ἐλυπήθη τε ὡς καὶ λιμῷ τελευτήσειν μέλλων καὶ ἑαυτὸν διέφθειρεν. Οὗτος οὖν ὁ Σεϊανὸς χρόνῳ μέν τινι μετὰ τοῦ πατρὸς τῶν δορυφόρων ἦρξεν· ἐπεὶ δὲ ἐκείνου ἐς τὴν Αἴγυπτον πεμφθέντος μόνος τὴν προστασίαν αὐτῶν ἔσχε, τά τε ἄλλα συνέστησεν αὐτήν, καὶ τοὺς λόχους ἰδίᾳ καὶ χωρὶς ἀλλήλων, ὥσπερ τοὺς τῶν νυκτοφυλάκων, ὄντας ἐς ἓν τεῖχος συνήγαγεν, ὥστε τὰ παραγγέλματα καὶ ἀθρόους καὶ διὰ ταχέων λαμβάνειν, καὶ φοβεροὺς πᾶσιν ἅτε καὶ ἐν ἑνὶ τείχει ὄντας εἶναι. Τοῦτον οὖν ὁ Τιβέριος ἐκ τῆς τῶν τρόπων ὁμοιότητος προσλαβὼν ταῖς τε στρατηγικαῖς τιμαῖς ἐκόσμησεν, ὃ μήπω πρότερον μηδενὶ τῶν ὁμοίων οἱ ἐγεγόνει, καὶ σύμβουλον καὶ ὑπηρέτην πρὸς πάντα ἐποιεῖτο. Τὸ μὲν οὖν σύμπαν οὕτω μετὰ τὸν τοῦ Γερμανικοῦ θάνατον μετεβάλετο ὥστε αὐτὸν μεγάλως καὶ πρότερον ἐπαινούμενον πολλῷ δὴ τότε μᾶλλον θαυμασθῆναι. - - -.

 [20] Ἐπεὶ δὲ ὁ Τιβέριος τὴν ὕπατον ἀρχὴν ἦρξε μετὰ τοῦ Δρούσου, εὐθὺς οἱ ἄνθρωποι τὸν ὄλεθρον τῷ Δρούσῳ ἐξ αὐτοῦ τούτου προεμαντεύσαντο· οὐ γὰρ ἔστιν ὅστις τῶν ὑπατευσάντων ποτὲ μετ´ αὐτοῦ οὐ βιαίως ἀπέθανεν, ἀλλὰ τοῦτο μὲν ὁ Οὐᾶρος ὁ Κυιντίλιος, τοῦτο δὲ ὁ Πίσων ὁ Γναῖος ὅ τε Γερμανικὸς αὐτὸς βιαίως καὶ κακῶς ἀπώλοντο. Τοιούτῳ τινί, ὡς ἔοικε, διὰ βίου δαίμονι συνεκεκλήρωτο. Ἀμέλει καὶ ὁ Δροῦσος τότε καὶ ὁ Σεϊανὸς μετὰ ταῦτα συνάρξαντές οἱ ἐφθάρησαν. Ἐκδημοῦντος δὲ τοῦ Τιβερίου Γάιος Λουτώριος Πρίσκος ἱππεύς, ἄλλως τε μέγα ἐπὶ ποιήσει φρονῶν καὶ ἐπιτάφιον ἐπὶ τῷ Γερμανικῷ ἐπιφανῆ συγγράψας, ὥστε καὶ χρήματα δι´ αὐτὸν πολλὰ λαβεῖν, αἰτίαν ἔσχεν ὡς καὶ ἐπὶ τῷ Δρούσῳ ποίημα παρὰ τὴν νόσον αὐτοῦ συντεθεικώς, καὶ ἐκρίθη τε διὰ τοῦτο ἐν τῇ βουλῇ καὶ κατεδικάσθη καὶ ἀπέθανεν. Ὁ οὖν Τιβέριος ἀγανακτήσας, οὐχ ὅτι ἐκεῖνος ἐκολάσθη ἀλλ´ ὅτι τις ὑπὸ τῶν βουλευτῶν ἄνευ τῆς ἑαυτοῦ γνώμης ἐθανατώθη, ἐπετίμησέ τε αὐτοῖς, καὶ δόγματι παραδοθῆναι ἐκέλευσε μήτ´ ἀποθνήσκειν ἐντὸς δέκα ἡμερῶν τὸν καταψηφισθέντα ὑπ´ αὐτῶν, μήτε τὸ γράμμα τὸ ἐπ´ αὐτῷ γενόμενον ἐς τὸ δημόσιον ἐντὸς τοῦ αὐτοῦ χρόνου ἀποτίθεσθαι, ὅπως καὶ ἀποδημῶν προπυνθάνηται τὰ δόξαντά σφισι καὶ ἐπιδιακρίνῃ.1] Τ

[11] Il était d'un abord facile, et on lui parlait sans peine. Il ordonna que les sénateurs viendraient ensemble le saluer, afin de ne pas être bousculés dans la foule. En un mot, il montrait une telle modération que les magistrats de Rhodes lui ayant écrit sans mettre à la fin de leur lettre la formule par laquelle il était d'usage de faire des voeux pour sa personne, il se hâta de les mander, comme pour les punir, et, quand ils furent venus, il ne leur infligea aucun châtiment, et se contenta de les renvoyer, après leur avoir fait ajouter à leur lettre ce qui y manquait. Il honorait les magistrats comme s'il eût vécu sous un gouvernement républicain, et se levait devant les consuls ; les invitait-il à un festin, il allait jusqu'à la porte les recevoir à leur arrivée, et les reconduisait à leur départ. Si, parfois, il se faisait porter en litière, il ne permettait pas qu'aucun sénateur ou chevalier des premiers rangs le suivit. Quand il y avait des jeux ou quelque autre spectacle qui devait occuper la multitude, il se rendait, le soir, pour y passer la nuit, dans la maison de quelqu'un des Césariens qui fut voisine du lieu de la réunion, afin qu'on pût l'aborder facilement et sans peine. Souvent aussi, il regardait les jeux équestres de la maison d'un de ses affranchis. Il venait, en effet, fréquemment à ces spectacles, tant pour faire honneur à celui qui les donnait, que pour maintenir la décence parmi la foule et paraître prendre part à la fête. Car, pour lui, jamais il n'eut la moindre inclination pour ces sortes de divertissements et ne se montra jaloux en aucune façon de rivaliser avec personne. Il était en tout si attentif observateur de l'égalité, qu'un jour le peuple ayant voulu affranchir un danseur, il n'y consentit que lorsque le maître y eut acquiescé et eut reçu le prix de son esclave. Ses rapports avec ses amis étaient ceux d'un simple particulier : il les défendait en justice, et prenait part avec eux au banquet, lorsqu'ils offraient un sacrifice ; il venait, dans leurs maladies, les visiter sans escorte ; il y en eut même un dont, à sa mort, il prononça l'oraison funèbre.

[12] Il ordonna aussi à sa mère de se conformer, dans ces sortes de choses, à tout ce qu'exigeait la bienséance, partie pour qu'elle imitât son exemple, partie pour qu'elle ne s'abandonnât pas à son orgueil. Livie, en effet, affichait une morgue plus grande que n'en eût auparavant montré aucune femme, au point qu'elle ne cessait de recevoir chez elle les sénateurs et les citoyens qui venaient la saluer, et que mention en était faite dans les actes publics. Les lettres de Tibère portèrent même le nom de Livie et celui du prince pendant un certain temps, et on écrivait pareillement à l'un et à l'autre. Car, si ce n'est qu'elle n'osa jamais paraître ni au sénat, ni aux armées, ni aux assemblées du peuple, elle essayait de tout régler, comme si elle eût été maîtresse de l'empire. Son pouvoir, sous Auguste, avait été fort grand, et elle se vantait d'avoir fait Tibère empereur; et, pour cela, elle prétendait avoir moins une autorité égale à la sienne, qu'une autorité supérieure. Aussi y eut-il en son honneur diverses propositions en dehors de tous les usages : plusieurs voulurent lui donner le nom de « Mater patriae », plusieurs même celui de « Parens ». D'autres furent d'avis d'appeler Tibère du nom de Livie, afin que, de même que chez les Grecs les enfants prenaient le nom de leur père, de même Tibère prît le nom de sa mère. Indigné de ces adulations, Tibère ne ratifia que les moins importants des honneurs décernés à sa mère, et ne lui laissa faire rien qui sortît des bornes. C'est ainsi que Livie, ayant une fois consacré chez elle une statue à Auguste, et voulant, à cette occasion, donner un banquet au sénat et aux chevaliers, ainsi qu'à leurs femmes, il ne lui permit ni de procéder à cette consécration avant d'y avoir été autorisée par un sénatus-consulte, ni, après cette autorisation, de donner un banquet aux hommes; ce fut lui qui traita les hommes, et elle les femmes. ll finit même par l'écarter complétement des affaires publiques, ne lui laissant que la conduite des affaires domestiques ; puis, comme là encore elle lui était à charge, il se mit à voyager, et se déroba de toutes les façons à son empire; en sorte qu'elle ne fut pas une des moindres causes de sa retraite à Caprée. Voilà ce que la tradition rapporte de Livie.

[13] Du reste, si Tibère se montrait sévère à l'égard ceux qui étaient accusés de quelque crime, il souffrait aussi de voir son fils Drusus si fort adonné à la débauche et à la cruauté qu'on appelait, de son nom, des Drusus les épées les plus pointues, et plusieurs fois il lui adressa des réprimandes et en particulier et en public. Un jour même, en présence de nombreux témoins, il lui dit : «Garde-toi, tant que je vis, de commettre aucune violence, ni aucun excès ; si tu l'osais, tu n'en commettrais même pas après ma mort. » Pendant un certain temps, en effet, Tibère garda une grande modération, sans souffrir aucun déréglement ; fil punit même, pour ces désordres, un grand nombre de citoyens, bien que, le sénat ayant un jour voulu porter une loi contre ceux qui menaient mauvaise vie, il n'eût rien statué, et se fût contenté de dire « qu'il valait mieux les corriger de quelque façon en leur particulier, que de leur imposer un châtiment public. Maintenant, ajoutait-il, quelques-uns d'entre eux pouvaient se modérer par crainte de la honte, au point de chercher à se cacher; mais, si une fois la nature l'emportait sur la loi, personne n'en aurait plus souci. » Beaucoup, et même des hommes, malgré les défenses précédentes, portaient des vêtements de pourpre : il ne blâma et ne punit personne; mais la pluie étant venue à tomber pendant des jeux, il se couvrit d'un manteau de couleur sombre, et, depuis ce temps, nul n'osa prendre un vêtement autre que celui de son rang. Telle était sa conduite en tout, tant que vécut Germanicus; car, après ce malheur, il s'opéra en lui de nombreux changements, soit que son caractère fût tel dès le principe, comme il le fit voir plus tard, soit qu'il l'eût dissimulé pendant la vie de Germanicus, en qui il voyait une menace contre sa puissance absolue; soit encore qu'il ait eu un bon naturel et qu'il soit sorti de son chemin, une fois débarrassé d'un rival.

[14] Je vais rapporter, suivant que le temps les présentera, les faits dignes de mémoire. Sous le consulat de Drusus, fils de Tibère, et de C. Norbanus, Tibère paya au peuple les sommes léguées par Auguste, parce qu'un jour, au moment où un convoi traversait le Forum, un homme, s'étant approché du cadavre et penché à son oreille, lui murmura quelques mots, et que, aux spectateurs qui demandaient ce qu'il avait dit, il fit réponse qu'il avait chargé le défunt de rapporter à Auguste qu'on n'avait encore rien reçu. Tibère fit mettre à mort cet homme sur-le-champ, afin qu'il allât, disait-il en raillant, porter lui-même le message; quant aux autres citoyens, il ne tarda pas à s'acquitter envers eux, en leur distribuant environ soixante-cinq drachmes par tête. Voilà, au rapport de certains historiens, ce qui se passa la première année ; pour l'instant, des chevaliers ayant voulu, dans les jeux célébrés par Drusus, tant en son nom personnel qu'en celui de Germanicus, se faire gladiateurs, Tibère refusa de voir la lutte, et, comme l'un d'eux fut tué, il défendit â l'autre de combattre désormais. Dans les jeux du cirque en l'honneur du jour natal d'Auguste, il y eut, entre autres combats, des bêtes féroces égorgées. Cela se répéta ainsi plusieurs années ; en outre, l'administration de la Crète, dont, le gouverneur vint alors à mourir, fut dorénavant confiée au questeur et à son assesseur. Comme beaucoup de ceux à qui étaient échues des provinces séjournaient longtemps à Rome et en Italie, ce qui faisait que leurs prédécesseurs restaient dans leur gouvernement au-delà du temps prescrit, Tibère leur ordonna d'y être rendus aux calendes de juin. Sur ces entrefaites, le petit-fils qu'il avait de Drusus étant mort, il n'interrompit aucune de ses occupations habituelles ; il ne convenait pas, selon lui, que des malheurs privés fissent abandonner à un prince le soin des affaires de l'État, et c'était aux autres un enseignement de ne pas négliger les affaires des vivants à cause de ceux qui s'en vont de la terre. Le Tibre ayant envahi une partie considérable de la ville, au point de la rendre navigable, tout le monde prenait ce débordement pour un prodige, de même que les violents tremblements de terre qui firent tomber une partie des murailles, et les foudres nombreuses qui tarissaient le vin dans les vases, sans les briser; mais lui, pensant que la chose tenait à l'abondance des eaux du fleuve, ordonna que cinq sénateurs, désignés par le sort, veilleraient continuellement à ce qu'il ne débordât pas l'hiver et ne tarît pas l'été, et que son cours fût toujours aussi égal que possible. Tels étaient alors les actes de Tibère. Quant à Drusus, il remplit, comme un simple particulier, les fonctions consulaires sur le pied d'égalité avec son collègue; institué héritier par un citoyen, il accompagna son convoi; mais il se laissait tellement emporter à la colère qu'il frappa du poing un chevalier des plus considérables, ce qui lui valut le surnom de Castor. Il était tellement adonné à l'ivresse qu'une nuit, forcé d'aller avec ses gardes porter secours à des incendiés, et ceux-ci lui demandant de l'eau, il ordonna qu'on leur en jetât de la chaude. Il avait pour les histrions de telles complaisances qu'ils se révoltèrent et sortirent des bornes assignées par les lois de Tibère sur leur profession.

[15] Voilà ce qui eut lieu alors. Statilius Taurus et L. Libon étant consuls, Tibère défendit aux hommes de porter des étoffes de soie; il défendit aussi de faire usage de vases d'or, excepté pour les sacrifices. Comme quelques-uns étaient embarrassés de savoir si l'interdiction s'appliquait aussi à la possession de vaisselle d'argent avec ornements d'or (« emblemata »), il refusa de laisser employer, dans l'édit qu'il eut intention de rendre à ce sujet, le mot « emblema », comme étant un mot grec, bien que, dans la langue latine, il n'y en eût pas pour le traduire. Autre exemple de ces exigences : un centurion ayant voulu rendre témoignage en grec sur une affaire, en plein sénat, il ne le permit pas, bien que souvent lui-même il y écoutât ou y discutât des causes plaidées en cette langue. Ce fut là une contradiction dans sa conduite; quant à L. Scribonius Libon, jeune homme de famille patricienne, accusé de complot contre l'ordre établi, tant qu'il fut en santé, Tibère ne le mit pas en jugement; mais, aussitôt qu'il fut atteint d'une maladie mortelle, il le fit apporter au sénat, dans une litière couverte, semblable à celles dont font usage les femmes des sénateurs; puis, quand, à la suite d'un sursis, Libon eut échappé par la mort à la condamnation, Tibère poursuivit l'affaire, malgré le trépas du coupable, partagea ses biens entre les accusateurs, et fit décréter des supplications non seulement en son nom, mais aussi en celui d'Auguste et de Jules, père d'Auguste, ainsi que cela avait été autrefois établi. Malgré sa conduite dans cette conjoncture, il n'inquiéta en rien Vibius Rufus, qui se servait du siége sur lequel César s'asseyait constamment et sur lequel il avait été tué. Rufus affectait d'en agir ainsi; il était marié à la femme de Cicéron, deux choses dont il s'enorgueillissait, comme si la femme devait faire de lui un orateur et le siége un César. Aucune accusation ne lui fut néanmoins intentée à ce sujet, et même il parvint au consulat. Du reste, Tibère, bien qu'ayant constamment auprès de lui Thrasylle, et recourant chaque jour à la divination, art dans lequel il était lui–même si habile, qu'ayant une fois reçu en songe l'ordre de donner de l'argent à quelqu'un, il comprit que c'était un sort magique qui lui était envoyé, et fit tuer cette personne. Tibère n'en fut pas moins rigoureux pour tous les autres astrologues, magiciens, en un mot, pour ceux qui s'occupaient d'une manière quelconque de divination : les étrangers furent mis à mort; les citoyens romains accusés de se livrer alors encore à ces pratiques depuis le premier décret leur interdisant toute occupation de ce genre dans Rome, furent bannis ; ceux qui avaient obéi obtinrent l'impunité. Tous les citoyens romains auraient même, contre l'avis de Tibère, obtenu leur pardon, sans l'intervention d'un tribun. Ce fut là surtout qu'on vit l'image du gouvernement républicain, car le sénat, s'étant rangé à l'avis de Cn. Calpurnius Pison, l'emporta sur Drusus et Tibère, et fut, à son tour, vaincu par le tribun.

[16] C'est ainsi que les choses se passèrent; de plus, on envoya dans les provinces quelques-uns des questeurs de l'année précédente, attendu que le nombre de ceux de l'année présente était insuffisant, et cette mesure eut lieu dans la suite toutes les fois qu'il y eut besoin. Beaucoup d'actes publics étaient complétement perdus, l'écriture des autres était effacée par le temps; trois sénateurs furent élus pour transcrire ceux qui existaient et faire la recherche des autres. Plusieurs citoyens, qui avaient été victimes d'incendies, reçurent des secours non seulement de Tibère, mais aussi de Livie. Cette même année, un certain Clément, qui avait été esclave d'Agrippa et qui avait quelque ressemblance avec lui, se fit passer pour son maître, et, étant allé en Gaule, il attacha nombre de gens à sa cause dans cette contrée, et, plus tard, en Italie aussi ; il finit même par marcher sur Rome, pour reconquérir, disait-il, la souveraineté de son aïeul. Le trouble s'étant par suite répandu parmi les habitants, et beaucoup d'entre eux se rangeant du parti de l'imposteur, Tibère le réduisit adroitement en son pouvoir par l'intermédiaire d'agents qui feignirent d'embrasser sa cause; puis, comme malgré la torture qu'on lui infligea pour lui arracher des révélations sur ses complices, il ne faisait aucun aveu, il lui demanda : « Comment es-tu devenu Agrippa ? » — « Comme toi César, » répondit Clément.

[56,17] L'année suivante, C. Cécilius et L. Flaccus prirent le titre de consuls. Quelques citoyens ayant apporté de l'argent à Tibère, passé les calendes de janvier, il ne l'accepta pas, et publia à cette occasion un édit où il employa un mot qui n'était pas latin. Ayant ensuite, la nuit, réfléchi à ce mot, il manda tous ceux qui étaient experts en ces matières, car il avait grand soin de la pureté du langage. Atéius Capiton lui ayant dit : « Bien que personne ne se soit servi jusqu'ici de ce mot, nous ne laisserons pas désormais, à ta considération, de le compter tous parmi les mots anciens »; un certain Marcellus répliqua : « César, tu peux donner à des hommes le droit de cité romaine, mais non à des mots. » Tibère ne fit aucun mal à Marcellus pour cette réponse, bien que la franchise en fût vive. Irrité contre Archélaüs, roi de Cappadoce, qui, après l'avoir, à une époque antérieure, lorsqu'il était accusé devant le tribunal d'Auguste par les habitants de cette contrée, supplié de se charger de sa cause, l'avait ensuite négligé, pendant son séjour à Rhodes, pour faire sa cour à Caius venu en Asie, il le manda comme coupable de révolte, et le livra au jugement du sénat, bien qu'il fût non seulement dans une extrême vieillesse, mais, de plus, fort incommodé de la goutte, et qu'en outre il semblât atteint de folie. Archélaüs avait été autrefois attaqué de cette dernière maladie, au point qu'Auguste lui avait donné un tuteur pour gouverner son royaume ; mais, en ce moment, il n'avait plus l'esprit aliéné, et ce n'était qu'une feinte de sa part pour tâcher de se sauver. Il eût néanmoins été condamné à mort, sans un témoin qui déposa que le roi en effet, tant qu'il fit profession de quelque vertu, non content de s'abstenir scrupuleusement du bien d'autrui et de ne pas recueillir les successions qui lui étaient léguées par des citoyens qui avaient des parents, dépensa des sommes considérables en largesses à des villes et à des particuliers, sans accepter en reconnaissance ni honneurs ni éloges. Jamais il n'était seul, quand il donnait audience aux députations des villes et des provinces; il prenait pour l'assister plusieurs citoyens, principalement ceux qui avaient gouverné le pays.

[18] Les succès de Germanicus dans son expédition contre les Germains lui permirent de s'avancer jusqu'à l'Océan, et, vainqueur des barbares par la force de ses armes, il recueillit les ossements des soldats tombés avec Varus, leur donna la sépulture, et recouvra les enseignes. Comme le sénat pressait Tibère pour que le mois de novembre dans lequel il était né (le seize) s'appelât Tibérius : «Que ferez-vous donc, dit-il, si vous avez treize Césars?» - - -. Ensuite, sous le consulat de M. Junius et de L. Norbauus, il arriva aux calendes mêmes de janvier un prodige de haute importance et qui était un présage de malheur pour Germanicus. Le consul Norbanus, qui se plaisait à jouer sans cesse de la trompette, et qui s'y exerçait avec une grande ardeur, voulut, alors encore, au point du jour, en présence d'un grand nombre de citoyens déjà rassemblés devant sa maison, faire retentir son instrument : ce bruit jeta le trouble parmi tous les citoyens, comme si le consul leur donnait ainsi un signal de guerre, et aussi parce que la statue de Janus tomba. En outre, un oracle, prétendu Sibyllin, et qui d'ailleurs ne se rapportait nullement à cette année de Rome, mais qu'on appliquait aux circonstances présentes, excita de vives émotions. L'oracle disait : « Trois fois trois cents ans accomplis, guerre civile, sybaritique délire, perdra les Romains ». Tibère accusa ces vers d'être supposés, et fit examiner tous les livres qui contenaient des prédictions; il condamna les uns comme apocryphes et approuva les autres. La mort de Germanicus causa une grande joie à Tibère et à Livie, mais elle affecta douloureusement tous les autres Romains. Car Germanicus était beau de figure, et il avait une âme noble; il avait aussi une instruction et une force remarquables; {vaillant contre l'ennemi, il était plein de bonté pour les siens; très puissant à titre de César, il avait une modération égale à celle des citoyens les plus humbles; jamais il ne faisait rien qui pût ou être importun aux peuples soumis}, ou attirer l'envie sur Drusus, ou mériter les soupçons de Tibère; {bref, il fut du petit nombre de ceux qui, de mémoire d'homme, ne firent pas défaut à leur fortune et ne se laissèrent pas corrompre par elle.} Plusieurs fois, placé en position de se rendre maître de l'empire, {du consentement non seulement des soldats, mais aussi du peuple et du sénat}, il ne le voulut pas accepter. Il mourut à Antioche, par la perfidie de Pison et de Plancine. On trouva , en effet, pendant qu'il vivait encore, enfouis dans la maison qu'il habitait, des ossements humains, des lames de plomb, où son nom était gravé avec des imprécations. Pison, traduit devant le sénat par Tibère lui-même, à raison de ce meurtre, obtint un délai, et se donna la mort. {Ce fut pour Tibère une occasion de verser le sang; plusieurs citoyens périrent sous l'inculpation de s'être réjouis de la mort de Germanicus.}

 [19] Tibère, une fois libre de tout compétiteur, tint une conduite toute différente d'un passé où il comptait un grand nombre de belles actions. Entre autres cruautés de son gouvernement, il punit avec rigueur, en vertu de la loi de majesté, ceux qui étaient accusés d'un manque de respect, soit par leurs paroles, soit par leurs actes, non seulement envers Auguste, mais aussi envers lui-même et envers sa mère. On interrogeait par la torture non seulement des esclaves contre leurs maîtres, mais aussi des hommes libres et des citoyens. Les accusateurs, et même les témoins, se partageaient au sort les biens de leurs victimes, et recevaient en outre des charges et,des honneurs. Il fit également mourir un grand nombre de personnes, parce qu'il avait examiné le jour et l'heure de leur naissance, et qu'il avait, par ce moyen, vu quels étaient leur caractère et les intentions de la fortune à leur égard ; celui chez qui il découvrait quelque qualité supérieure et donnant l'espoir d'arriver à la souveraine puissance était sûr de périr. Il examinait et connaissait avec tant d'exactitude la destinée de chacun des principaux citoyens, qu'ayant rencontré Galba, celui qui fut empereur dans la suite, au moment où il venait de prendre femme, il lui dit : « Et toi aussi, tu goùteras un jour de l'empire. » Il l'épargna, cependant, selon moi, parce que c'était l'ordre du destin, selon ce qu'il disait, parce que Galba ne devait régner que dans un âge avancé, et longtemps après qu'il ne serait plus. Il trouva un instrument et un aide actif pour toutes ses volontés dans L. Aelius Séjan, fils de Strabon, qui avait été autrefois le mignon de M. Gabius Apicius ; je parle de cet Apicius qui surpassa tous les hommes par ses prodigalités, au point qu'ayant un jour voulu savoir ce qu'il avait dépensé et ce qu'il possédait encore, quand il reconnut qu'il ne lui restait plus que deux millions cinq cent mille drachmes, il s'affligea à la pensée qu'il allait mourir de faim, et se tua. Ce Séjan fut quelque temps le collègue de son père dans le commandement des gardes prétoriennes; puis, lorsque celui-ci ayant été envoyé en Égypte, il fut seul à leur tête, entre autres mesures qu'il prit pour accroître l'autorité de cette charge, il réunit dans un camp leurs cohortes, éparses et logées séparément l'une de l'autre, comme celles des Vigiles, de sorte qu'elles recevaient ses ordres toutes à la fois et promptement, et que cette concentration dans un camp les rendait redoutables à tous. Tibère l'ayant pris en amitié, à cause de la conformité de ses moeurs avec les siennes, le décora des ornements de la préture, chose qui, auparavant, n'était arrivée à aucun de ses pareils, et se servit en toute affaire de son conseil et de son ministère. {En un mot, Tibère changea tellement après la mort de Germanicus, que ce prince, déjà l'objet de louanges magnifiques, obtint, à partir de ce moment, une admiration bien plus grande encore.} - - -.

 [20] Lorsque Tibère fut consul avec Drusus, on tira aussitôt de ce fait même l'augure de la perte de Drusus; car il n'est pas un seul de ceux qu'il eut pour collègues dans le consulat qui ne soit mort de mort violente : ici c'est Quintilius Varus; là c'est Cn. Pison et Germanicus lui-même, qui perdent la vie par la violence et d'une façon misérable. Cela était dû vraisemblablement à l'influence d'un génie attaché par le sort à Tibère durant sa vie. Ce qui est certain, c'est que Drusus, alors son collègue, et Séjan, qui le fut plus tard, périrent de la sorte. Pendant l'absence de Tibère, un chevalier, Cn. Lutorius Priscus, poète d'un grand talent et auteur de vers où il avait déploré avec succès le trépas de Germanicus, et pour lesquels il avait reçu de César une gratification, fut accusé d'avoir également composé un poème pour célébrer Drusus pendant sa maladie : il fut jugé pour ce fait dans le sénat, condamné et exécuté. Tibère, qu'irrita non le châtiment de Lutorius, mais la mise à mort d'un citoyen par ordre du sénat sans sa participation, fit des réprimandes aux sénateurs, et les obligea de porter un règlement en vertu duquel aucun de ceux qu'ils auraient condamnés ne serait exécuté qu'après un délai de dix jours, et que le décret de condamnation ne serait déposé au trésor public qu'après même délai; il voulait pouvoir, même absent, prendre auparavant connaissance de leur résolution, et prononcer en dernier ressort.

[21] Καὶ μετὰ τοῦτο ἐξελθούσης αὐτῷ τῆς ὑπατείας ἔς τε τὴν Ῥώμην ἦλθε, καὶ τοὺς ὑπάτους συναγορεύειν τισὶν ἐκώλυσεν, εἰπὼν ὅτι « εἰ ὑπάτευον, οὐκ ἂν ἐποίησα τοῦτο. » Ἐπειδή τε τῶν στρατηγούντων τις αἰτίαν, ὡς καὶ ἀσεβές τι ἐς αὐτὸν εἰρηκὼς ἢ καὶ πεποιηκώς, λαβὼν ἐξῆλθέ τε ἐκ τοῦ συνεδρίου, καὶ τὴν ἀρχικὴν στολὴν ἐκδὺς ἐπανῆλθέ τε καὶ κατηγορηθῆναι παραχρῆμα ὡς καὶ ἰδιωτεύων ἠξίωσε, δεινῶς τε ἤλγησε καὶ οὐκέτ´ αὐτοῦ ἥψατο. Τοὺς δὲ ὀρχηστὰς τῆς τε Ῥώμης ἐξήλασε καὶ μηδαμόθι τῇ τέχνῃ χρῆσθαι προσέταξεν, ὅτι τάς τε γυναῖκας ᾔσχυνον καὶ στάσεις ἤγειρον. Ἄλλους μὲν δὴ οὖν καὶ πολλούς γε τῶν τελευτώντων καὶ ἀνδριᾶσι καὶ δημοσίαις ταφαῖς ἐτίμα, τὸν δὲ δὴ Σεϊανὸν ζῶντα ἐν τῷ θεάτρῳ χαλκοῦν ἔστησε. Κἀκ τούτου πολλαὶ μὲν ὑπὸ πολλῶν εἰκόνες αὐτοῦ ἐποιήθησαν, πολλοὶ δὲ καὶ ἔπαινοι καὶ παρὰ τῷ δήμῳ καὶ παρὰ τῇ βουλῇ ἐγίγνοντο, ἔς τε τὴν οἰκίαν αὐτοῦ οἵ τε ἄλλοι οἱ ἐλλόγιμοι καὶ οἱ ὕπατοι αὐτοὶ ὑπὸ τὸν ὄρθρον συνεχῶς ἐφοίτων, καὶ τά τε ἴδια αὐτῷ πάντα, ὅσα τινὲς ἀξιώσειν παρὰ τοῦ Τιβερίου ἔμελλον, καὶ τὰ κοινά, ὑπὲρ ὧν χρηματισθῆναι ἔδει, ἐπεκοίνουν. Καὶ συνελόντι εἰπεῖν οὐδὲν ἔτι χωρὶς αὐτοῦ τῶν τοιούτων ἐπράττετο. Κατὰ δὲ τὸν χρόνον τοῦτον καὶ στοὰ μεγίστη ἐν τῇ Ῥώμῃ, ἐπειδὴ ἑτεροκλινὴς ἐγένετο, θαυμαστὸν δή τινα τρόπον ὠρθώθη. Ἀρχιτέκτων γάρ τις, οὗ τὸ ὄνομα οὐδεὶς οἶδε (τῇ γὰρ θαυματοποιίᾳ αὐτοῦ φθονήσας ὁ Τιβέριος οὐκ ἐπέτρεψεν αὐτὸ ἐς τὰ ὑπομνήματα ἐσγραφῆναι), οὗτος οὖν ὅστις ποτὲ ὠνομάζετο, τούς τε θεμελίους αὐτῆς πέριξ κρατύνας ὥστε μὴ συγκινηθῆναι, καὶ τὸ λοιπὸν πᾶν πόκοις τε καὶ ἱματίοις παχέσι περιλαβών, σχοίνοις τε πανταχόθεν αὐτὴν διέδησε, καὶ ἐς τὴν ἀρχαίαν ἕδραν ἀνθρώποις τε πολλοῖς καὶ μηχανήμασιν ὀνευσάμενος ἐπανήγαγε. Τότε μὲν οὖν ὁ Τιβέριος καὶ ἐθαύμασεν αὐτὸν καὶ ἐζηλοτύπησε, καὶ διὰ μὲν ἐκεῖνο χρήμασιν ἐτίμησε, διὰ δὲ τοῦτο ἐκ τῆς πόλεως ἐξήλασε· μετὰ δὲ ταῦτα προσελθόντος οἱ αὐτοῦ καὶ ἱκετείαν ποιουμένου, κἀν τούτῳ ποτήριόν τι ὑαλοῦν καταβαλόντος τε ἐξεπίτηδες καὶ θλασθέν πως ἢ συντριβὲν ταῖς τε χερσὶ διατρίψαντος καὶ ἄθραυστον παραχρῆμα ἀποφήναντος, ὡς καὶ συγγνώμης διὰ τοῦτο τευξομένου, καὶ ἀπέκτεινεν αὐτόν.

[22] Δροῦσος δὲ ὁ παῖς αὐτοῦ φαρμάκῳ διώλετο. Ὁ γὰρ Σεϊανὸς ἐπί τε τῇ ἰσχύι καὶ ἐπὶ τῷ ἀξιώματι ὑπερμαζήσας τά τε ἄλλα ὑπέρογκος ἦν, καὶ τέλος καὶ ἐπὶ τὸν Δροῦσον ἐτράπετο καί ποτε πὺξ αὐτῷ ἐνέτεινε. Φοβηθείς τε ἐκ τούτου καὶ ἐκεῖνον καὶ τὸν Τιβέριον, καὶ ἅμα καὶ προσδοκήσας, ἂν τὸν νεανίσκον ἐκποδὼν ποιήσηται, καὶ τὸν γέροντα ῥᾷστα μεταχειριεῖσθαι, φάρμακόν τι αὐτῷ διά τε τῶν ἐν τῇ θεραπείᾳ αὐτοῦ ὄντων καὶ διὰ τῆς γυναικὸς αὐτοῦ, ἥν τινες Λιουίλλαν ὀνομάζουσιν, ἔδωκε· καὶ γὰρ καὶ ἐμοίχευεν αὐτήν. Αἰτίαν μὲν γὰρ ὁ Τιβέριος ἔλαβεν, ὅτι μήτε νοσοῦντος τοῦ Δρούσου μήτ´ ἀποθανόντος ἔξω τι τῶν συνήθων ἔπραξε, μηδὲ τοῖς ἄλλοις ποιῆσαι ἐπέτρεψεν· οὐ μέντοι καὶ πιστὸς ὁ λόγος. Τοῦτό τε γὰρ ἀπὸ γνώμης ἐπὶ πάντων ὁμοίως ἔπραττε, καὶ τῷ υἱεῖ ἅτε καὶ μόνῳ καὶ γνησίῳ ὄντι προσέκειτο, τούς τε χειρουργήσαντας τὸν ὄλεθρον αὐτοῦ, τοὺς μὲν εὐθὺς τοὺς δὲ μετὰ ταῦτα, ἐκόλασε. Τότε δ´ οὖν ἐσῆλθέ τε ἐς τὸ συνέδριον, καὶ τὸν προσήκοντα ἐπὶ τῷ παιδὶ ἔπαινον ποιησάμενος οἴκαδε ἐκομίσθη. Ἀπεῖπε δὲ ὁ Τιβέριος τοῖς πυρὸς καὶ ὕδατος εἰρχθεῖσι μὴ διατίθεσθαι· καὶ τοῦτο καὶ νῦν φυλάττεται. Αἴλιον δὲ Σατορνῖνον, ὡς καὶ ἔπη τινὰ ἐς αὐτὸν οὐκ ἐπιτήδεια ἀπορρίψαντα, ὑπό τε τὴν βουλὴν ὑπήγαγε καὶ ἁλόντα ἀπὸ τοῦ Καπιτωλίου κατεκρήμνισε.

[23] Πολλὰ δ´ ἂν καὶ ἄλλα τοιουτότροπα γράφειν ἔχοιμι, εἰ πάντα ἐπεξίοιμι. Τοῦτό τε οὖν ἐν κεφαλαίῳ εἰρήσθω, ὅτι συχνοὶ διὰ τὰ τοιαῦτα ὑπ´ αὐτοῦ ἀπώλοντο, καὶ ἐκεῖνο, ὅτι ζητῶν καθ´ ἓν ἕκαστον ἀκριβῶς ὅσα τινὲς ᾐτιάζοντο φλαύρως περὶ αὐτοῦ εἰρηκέναι, αὐτὸς ἑαυτὸν πάντα τὰ ἐξ ἀνθρώπων κακὰ ἔλεγε. Καὶ γὰρ εἰ ἐν ἀπορρήτῳ τις καὶ πρὸς ἕνα διελέχθη τι, καὶ τοῦτο ἐδημοσίευεν ὥστε καὶ ἐς τὰ κοινὰ ὑπομνήματα ἐσγράφεσθαι. Καὶ πολλάκις ἃ μηδ´ εἶπέ τις, ὡς εἰρημένα, ἐξ ὧν ἑαυτῷ συνῄδει προσκατεψεύδετο, ὅπως ὡς δικαιότατα ὀργίζεσθαι νομισθείη. Κἀκ τούτου συνέβαινεν αὐτῷ πάντα τε ἐκεῖνα, ἐφ´ οἷς τοὺς ἄλλους ὡς ἀσεβοῦντας ἐκόλαζεν, αὐτὸν ἐς ἑαυτὸν πλημμελεῖν, καὶ προσέτι καὶ χλευασμὸν ὀφλισκάνειν· ἃ γὰρ ἀπηρνοῦντό τινες μὴ λελαληκέναι, ταῦτα αὐτὸς διισχυριζόμενος εἰρῆσθαι καὶ κατομνύων ἀληθέστερον ἑαυτὸν ἠδίκει. Ἀφ´ οὗ δὴ καὶ ἐξεστηκέναι τινὲς αὐτὸν τῶν φρενῶν ὑπώπτευσαν. Οὐ μέντοι καὶ ὄντως παραφρονεῖν ἐκ τούτου ἐπιστεύετο· τὰ γὰρ ἄλλα καὶ πάνυ πάντα δεόντως διῴκει. Τοῦτο μὲν γὰρ βουλευτῇ τινι ἀσελγῶς ζῶντι ἐπίτροπον ὥσπερ τινὶ ὀρφανῷ προσέταξε· τοῦτο δὲ τὸν Καπίτωνα τὸν τὴν Ἀσίαν ἐπιτροπεύσαντα ἐς τὸ συνέδριον ἐσήγαγε, καὶ ἐγκαλέσας αὐτῷ ὅτι καὶ στρατιώταις ἐχρήσατο καὶ ἄλλα τινὰ ὡς καὶ ἀρχὴν ἔχων ἔπραξεν, ἐφυγάδευσεν. Οὐ γὰρ ἐξῆν τότε τοῖς τὰ αὐτοκρατορικὰ χρήματα διοικοῦσι πλέον οὐδὲν ποιεῖν ἢ τὰς νενομισμένας προσόδους ἐκλέγειν καὶ περὶ τῶν διαφορῶν ἔν τε τῇ ἀγορᾷ καὶ κατὰ τοὺς νόμους ἐξ ἴσου τοῖς ἰδιώταις δικάζεσθαι. Τοσοῦτον μὲν δὴ τὸ διαλλάττον ἐν ταῖς Τιβερίου πράξεσιν ἦν,

[24] διελθόντων δὲ τῶν δέκα ἐτῶν τῆς ἀρχῆς αὐτοῦ ψηφίσματος μὲν ἐς τὴν ἀνάληψιν αὐτῆς οὐδενὸς ἐδεήθη (οὐδὲ γὰρ ἐδεῖτο κατατέμνων αὐτήν, ὥσπερ ὁ Αὔγουστος, ἄρχειν), ἡ μέντοι πανήγυρις ἡ δεκαετηρὶς ἐποιήθη. Κρεμούτιος δὲ δὴ Κόρδος αὐτόχειρ ἑαυτοῦ γενέσθαι, ὅτι τῷ Σεϊανῷ προσέκρουσεν, ἠναγκάσθη· οὕτω γὰρ οὐδὲν ἔγκλημα ἐπαίτιον λαβεῖν ἠδυνήθη (καὶ γὰρ ἐν πύλαις ἤδη γήρως ἦν καὶ ἐπιεικέστατα ἐβεβιώκει) ὥστε ἐπὶ τῇ ἱστορίᾳ, ἣν πάλαι ποτὲ περὶ τῶν τῷ Αὐγούστῳ πραχθέντων συνετεθείκει καὶ ἣν αὐτὸς ἐκεῖνος ἀνεγνώκει, κριθῆναι, ὅτι τόν τε Κάσσιον καὶ τὸν Βροῦτον ἐπῄνεσε, καὶ τοῦ δήμου τῆς τε βουλῆς καθήψατο, τόν τε Καίσαρα καὶ τὸν Αὔγουστον εἶπε μὲν κακὸν οὐδέν, οὐ μέντοι καὶ ὑπερεσέμνυνε. Ταῦτά τε γὰρ ᾐτιάθη, καὶ διὰ ταῦτα αὐτός τε ἀπέθανε, καὶ τὰ συγγράμματα αὐτοῦ τότε μὲν τά τε ἐν τῇ πόλει εὑρεθέντα πρὸς τῶν ἀγορανόμων καὶ τὰ ἔξω πρὸς τῶν ἑκασταχόθι ἀρχόντων ἐκαύθη, ὕστερον δὲ ἐξεδόθη τε αὖθις (ἄλλοι τε γὰρ καὶ μάλιστα ἡ θυγάτηρ αὐτοῦ Μαρκία συνέκρυψεν αὐτά) καὶ πολὺ ἀξιοσπουδαστότερα ὑπ´ αὐτῆς τῆς τοῦ Κόρδου συμφορᾶς ἐγένετο. Ἐν δ´ οὖν τῷ τότε ὁ Τιβέριος τὴν τοῦ δορυφορικοῦ γυμνασίαν τοῖς βουλευταῖς, ὥσπερ ἀγνοοῦσι τὴν δύναμιν αὐτῶν, ἐπέδειξεν, ὅπως καὶ πολλούς σφας καὶ ἐρρωμένους ἰδόντες μᾶλλον αὐτὸν φοβῶνται. Τὸν μὲν οὖν χρόνον ἐκεῖνον ταῦτά τε ἐς ἱστορίας ἀπόδειξιν ἐγένετο, καὶ Κυζικηνῶν ἡ ἐλευθερία αὖθις, ὅτι τε Ῥωμαίους τινὰς ἔδησαν καὶ ὅτι καὶ τὸ ἡρῷον ὃ τῷ Αὐγούστῳ ποιεῖν ἤρξαντο οὐκ ἐξετέλεσαν, ἀφῃρέθη. Πάντως δ´ ἂν καὶ τὸν συμπωλήσαντα τῇ οἰκίᾳ τὸν ἀνδριάντα αὐτοῦ καὶ ἐπὶ τούτῳ κριθέντα ἀπεκτόνει, εἰ μὴ ὁ ὕπατος αὐτὸν ἐκεῖνον τὴν γνώμην πρῶτον ἀνήρετο· αἰδεσθεὶς γὰρ μὴ καὶ ἑαυτῷ τι χαρίζεσθαι δόξῃ, τὴν ἀπολύουσαν ἔθετο. Λεντούλου δέ τινος βουλευτοῦ φύσει τε ἐπιεικοῦς καὶ τότε ἐν γήρᾳ πολλῷ ὄντος κατηγόρησέ τις ὡς ἐπιβεβουλευκότος τῷ αὐτοκράτορι. Καὶ ὁ μὲν Λέντουλος (παρῆν γάρ) ἀνεκάγχασεν· ὁ δὲ Τιβέριος, ἐπιθορυβησάσης τι πρὸς τοῦτο τῆς γερουσίας, « οὐδὲ ζῆν ἔτ´ » ἔφη « ἄξιός εἰμι, εἴγε καὶ Λέντουλός με μισεῖ. »

[21] Ensuite Tibère, son consulat fini, revint à Rome, et défendit que les consuls se chargeassent de la cause d'aucun accusé, ajoutant : « C'est chose que, si j'étais consul, je ne ferais pas..!« Un des préteurs, accusé de s'être rendu coupable de lèse-majesté par paroles ou par actions, étant sorti de la curie, puis, après avoir déposé sa toge de magistrat et être rentré dans l'assemblée, ayant demandé à répondre sur-le-champ à l'accusation comme un simple particulier, Tibère fut saisi d'une vive douleur, et cessa de le poursuivre. Il chassa aussi les histrions de Rome et ne leur permit nulle part l'exercice de leur art, parce qu'ils déshonoraient les femmes et suscitaient des séditions. Il accorda après leur mort à plusieurs citoyens des statues et des sépultures aux frais de l'État, et fit ériger à Séjan, durant sa vie, une statue d'airain dans le théâtre. A la suite de cela, une foule de statues furent élevées au favori par une foule de gens, et une foule d'éloges de lui furent récités devant le peuple et dans le sénat. Les hommes les plus considérables et les consuls eux-mêmes se rendaient assidûment le matin à sa demeure et lui communiquaient et toutes les grâces particulières qu'ils avaient intention de demander à Tibère et les affaires publiques sur lesquelles le prince devait prononcer. Bref, rien ne se faisait plus sans lui. Vers cette époque, à Rome, un grand portique qui penchait d'un côté fut redressé d'une façon merveilleuse. Un architecte, dont personne ne sait le nom (jaloux de sa merveilleuse habileté, Tibère ne permit pas de le mettre dans les Actes), cet architecte, dis-je, quel que soit son nom, après avoir solidement appuyé tout à l'entour les fondements de manière qu'ils ne fussent pas ébranlés avec l'édifice, et avoir enveloppé tout le reste de toisons et d'étoffes épaisses, attacha le portique de toutes parts avec des cordes, et, lui imprimant une secousse à l'aide de bras nombreux et de machines, le ramena à son ancienne assiette. Tibère, pour le moment, se contenta d'admirer cet homme et de lui porter envie : il le récompensa d'une somme d'argent, parce qu'il l'admirait, et le chassa de la ville par jalousie; mais, plus tard, lorsqu'étant venu le trouver et lui présenter une requête, cet architecte eut laissé tomber à dessein une coupe de verre qui se déforma ou se brisa, et la lui eut, en la pétrissant dans ses mains, sur-le-champ présentée intacte, dans l'espoir d'obtenir ainsi son pardon, il le fit mourir.

[22] Drusus, fils de Tibère, périt par le poison. Séjan, enflé de sa puissance et de sa dignité, ne mettait aucune borne à sa morgue ; il finit par se tourner contre Drusus, et même un jour leva la main contre lui. Craignant, à la suite de cela, Drusus et Tibère, et en même temps persuadé que, s'il était une fois débarrassé de l'obstacle du jeune prince, il aurait facilement le vieillard en son pouvoir, il fit empoisonner Drusus par ceux qui le servaient et par sa femme, que quelques auteurs nomment Livilla, et qu'il avait séduite. Tibère en fut aussi accusé, parce qu'au temps de la maladie et de la mort de Drusus, il n'interrompit en rien ses occupations habituelles et ne permit à qui que ce fût d'interrompre les siennes; mais ce bruit ne mérite pas croyance. Il en agissait ainsi de parti pris dans toutes les circonstances de ce genre ; mais il était attaché à Drusus, son fils unique et légitime, et les auteurs de sa mort furent punis, les uns sur-le-champ, les autres dans la suite. Pour le moment, il vint au sénat, et, après avoir donné à son fils les éloges exigés par les convenances, il retourna chez lui. Tibère priva du droit de tester ceux à qui on avait interdit le feu et l'eau, et cette règle s'observe encore aujourd'hui. Ælius Saturninus ayant composé contre lui des vers diffamatoires, il le traduisit devant le sénat, et, après qu'il eut été condamné, il le fit précipiter du haut du Capitole.

[23] J'aurais bien des faits de cette sorte à rapporter, si je devais les citer tous. Qu'il me suffise de dire en somme qu'un grand nombre de citoyens furent mis à mort pour de semblables raisons, et que, de la part de Tibère, rechercher avec soin, un à un, les propos outrageants qu'on accusait certaines personnes d'avoir tenus sur son compte, c'était lui-même se déclarer convaincu de tous les vices dont les hommes peuvent être atteints En effet, ce qui était dit en secret et à une seule personne, il le divulguait; en sorte qu'on le mettait dans les Actes publics. Bien des propos que personne n'avait tenus, il les supposait d'après sa conscience, pour qu'on s'imaginât qu'il avait justement sujet d'être irrité. Aussi lui arrivait-il que, tous les crimes pour lesquels il punissait les autres comme coupables de lèse-majesté, se retournaient contre lui-même, et que, de plus, il s'exposait aux railleries ; car, en assurant et en confirmant par serment qu'on avait dit des paroles que les accusés se défendaient d'avoir prononcées, c'était à lui-même qu'il causait plus véritablement tort. Cette conduite donna lieu à quelques-uns de soupçonner qu'il avait perdu l'esprit. Mais il n'y avait aucune raison de croire qu'il fût véritablement insensé ; car, dans toutes les autres parties de son administration, il montrait la plus grande sagesse. Tantôt, c'est un sénateur vivant dans la débauche à qui il nomme un curateur, comme si c'était un orplielin; tantôt, c'est Capiton, procurateur d'Asie, qui est traduit devant le sénat, et qui, accusé d'avoir employé les soldats et d'avoir agi dans d'autres circonstances comme s'il eût été le gouverneur de la province, est condamné à l'exil. Car il n'était pas permis, en ce temps-là, à ceux qui maniaient l'argent de l'empereur, d'outre-passer leurs attributions ; ils devaient percevoir les revenus établis, et, quant à leurs différends, les faire décider sur la place publique, devant les juges et d'après les lois, comme ceux des simples particuliers. On voit combien il y avait d'inégalité dans les actions de T'ibère.

[24] Les dix années de son pouvoir écoulées, Tibère n'eut besoin d'aucun décret pour reprendre l'empire (il n'était pas obligé, en effet, comme Auguste, de partager son règne par périodes); mais on n'en célébra pas moins les jeux décennaux. Crémutius Cordus fut contraint de se donner la mort pour avoir offensé Séjan. Il n'y avait rien dont on pût lui faire un sujet d'accusation (il était déjà aux portes de la vieillesse et avait mené une vie honnête), de sorte qu'il fut mis en jugement, parce que, dans une histoire d'Auguste, qu'il avait autrefois composée, et qu'Auguste avait lue lui-même, il avait loué Cassius et Brutus, et blâmé le sénat et le peuple ; parce que, sans dire aucun mal de César ni d'Auguste, il ne les avait pas exaltés. Telle fut l'accusation, telle fut la cause pour laquelle il mourut et pour laquelle ses écrits furent brûlés : ceux qu'on trouva dans Rome, par les édiles; ceux qu'on trouva dehors, par les gouverneurs de chaque endroit. Plus tard, ils furent de nouveau publiés (plusieurs personnes les cachèrent, et surtout Marcia, sa fille), et ils durent au malheur même de Cordus d'être recherchés avec plus d'empressement. Tibère, alors, fit voir aux sénateurs les exercices de la garde prétorienne, comme s'ils n'eussent pas connu sa puissance, afin qu'en voyant le nombre et la force de ces cohortes, ils le redoutassent davantage. Voilà les faits que présente l'histoire de ce temps; de plus, on enleva de nouveau la liberté aux habitants de Cyzique, coupables d'avoir mis des citoyens romains dans les fers et de n'avoir pas achevé le temple d'Auguste, dont ils avaient commencé la construction. Un homme qui avait vendu, avec sa maison, une statue de l'empereur, et qu'on avait traîné en justice pour ce fait, eût été infailliblement mis à mort sans le consul, qui demanda à Tibère d'opiner le premier. Craignant de paraître se montrer complaisant pour lui-même, Tibère opina pour l'absolution. Lentulus, sénateur d'un naturel doux et alors arrivé à une extrême vieillesse, fut accusé de conspiration contre l'empereur. Lentulus, qui était présent, se mit à rire aux éclats, et Tibère, au milieu du trouble que jeta cet incident parmi le sénat : « Je ne suis plus digne de vivre, s'écria-t-il, si Lentulus aussi me hait. »