Dion Cassius, traduit par E. Gros Tome VII

DION CASSIUS

HISTOIRE ROMAINE.

TOME SIXÈME : LIVRE XLVII

Traduction française : E. GROS.

livre XLVI - livre XLVIII

 

 

TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE SIXIÈME VOLUME.

LIVRE QUARANTE-SEPTIÈME.

Prodiges qui annoncent à chacun des triumvirs le sort qui l'attend 143

Arrivée des triumvirs à Rome ; proscriptions 143—149

Différence entre les proscriptions de cette époque et celles du temps de Sylla 149— 151

Les triumvirs s'abandonnent l'un à l'autre leurs amis et leurs ennemis 151—153

Antoine et Lépidus, principaux auteurs de ces violences ; César sauve un grand nombre de proscrits. 155—159

Fulvie fait mourir beaucoup de citoyens, dont quelques-uns inconnus de son mari 159

La tête de Cicéron est apportée à Antoine et à Fulvie, puis exposée sur les Rostres 159—161

Dévouements d'esclaves pour leurs mattres 163—165

Popilius Laenas meurtrier de Cicéron son bienfaiteur 165—167

M. Térentius Varron 167

Exemple de l'instabilité de la vie 167—169

Sextus recueille les proscrits 169—171

Un édit des triumvirs ordonne aux Romains de célébrer les fêtes du commencement de l'année et de se livrer à la joie. 171—173

Ce qui se passa pour les biens des citoyens 173—175

Licence accordée par les triumvirs à la masse des soldats, afin de les avoir à leur dévotion. Appâts par lesquels ils prennent les chefs 175—177

César abdique le consulat en faveur de P. Ventidius 177

Les triumvirs décrètent un temple à Sérapis et à Isis. 179

Nouvelles mesures employées par les triumvirs pour se procurer de l'argent, gêne où ces mesures réduisent les citoyens. 179—183

Honneurs rendus au premier César 183— 187

Les triumvirs accordent un licteur à chaque vestale 189

César et Antoine se mettent en campagne et laissent Lépidus à Rome pour administrer les affaires de la ville et celles de l'Italie 189

Conduite tenue par Brutus et par Cassius au sortir de Rome; honneurs que les Athéniens leur décernent 189—193

Au lieu de se rendre en Crète et en Bithynie, Brutus et Cassius se rendent en Syrie et en Macédoine 191—193

Position de ces provinces dans le moment 193—195

Brutus se remet, lui, ses troupes et ses conquêtes, à la disposition du sénat; il cherche d'abord à se réconcilier avec César dont il ignore les dispositions 195

Conduite de Caius Antoine à l'égard de Brutus; il provoque, parmi les soldats de Brutus, une défection qui est découverte avant d'éclater 197

Brutus sauve le questeur et les lieutenants d'Antoine, réclamés par ses soldats irrités 199

Brutus emmène son armée d'abord dans la Macédoine supépérieure, et de là il fait voile pour l'Asie où il se concilie l'alliance de Déjotarus 199

Marc-Antoine essaye de faire enlever son frère Lucius; Clodius, chargé de la garde du prisonnier, le met à mort. Diverses opinions à ce sujet 199—201

Gellius Publicola conspire contre Brutus et contre Cassius. Son ingratitude 201

Brutus revient en Europe et prend possession du territoire légué par Sadalus aux Romains 201

Expédition de Brutus contre les Besses; il est aidé par Rhascyporis, est nommé Imperator, repasse en Macédoine, et de là en Asie 203

Monnaies frappées par Brutus 203

Cassius rejoint Trébonius en Asie, range à son alliance Tarcondimotos et les Tarsiens 203

Position des affaires en Syrie au moment où Cassius y arrive. Complot de Cécilius Bassus contre Sextus, gouverneur de cette contrée. Lutte de Bassus et d'Antistius après la mort de Sextus 205—209

Présage qui survient à Cassius 211

Cassius, comme Brutus, se met à la disposition du sénat, et cherche à se réconcilier avec César 211

Dolabella tue Trébonius, dont il jette la tête au pied de la statue de César. La guerre lui est déclarée 213

Après divers succès, Dolabella, enfermé dans Laodicée, se donne la mort pour ne pas tomber vivant au pouvoir de Cassius 215-217

Les Tarsiens essayent d'abord de barrer à Tillius Cirmber le passage du Taurus; puis ils font avec lui un traité qu'ils n'exécutent pas. Ils sont ensuite forcés de se rendre à Rufus envoyé contre eux par Cassius 219

Cléopâtre obtient que le fils qu'elle prétendait avoir eu de César soit proclamé roi d'Egypte 221

Cassius ya rejoindre Brutus en Asie. Tous les deux prennent la résolution de passer en Macédoine et d'empêcher l'ennemi d'y arriver, ou de passer eux-mêmes les premiers en Italie; néanmoins ils n'exécutent pas immédiatement ce projet . 221

Siège et prise de Rhodes 223-225

Brutus défait Tannée des Lyciens, s'empare de Xanthe et de Patare 225—227

Entrevue de Brutus et de Cassius. Ils se rendent en Macédoine. 227—229

Situation de leur armée et de celle des triumvirs commandée par Norbanus et par Saxa 231

Antoine et César partent de Rome pour rejoindre leur armée.César tombe malade à Dyrrachium, Antoine pousse jusqu'à Philippes 233

Antoine, dont la présence a relevé le courage des siens, est défait dans une embuscade ; César, à cette nouvelle, se hate, bien qu'encore mal rétabli, de rejoindre son collègue. 233

Antoine et César cherchent à en venir aux mains au plus vite; Brutus et Cassius cherchent à tramer les affaires en longueur 235—237

Réflexions sur les conséquences de la bataille de Philippes. 237

Présages à Rome 241

Présages qui arrivent aux meurtriers 243—245

Songes relatifs à César 245

Bataille de Philippes 247—255

Conséquences de la bataille. Cassius se donne la mort croyant tout perdu 255—257

Brutus envoie secrètement à Thasos le corps de Cassius et se met à la tête de ses soldats 259

Situation des deux partis en présence 259—-261

Antoine et César cherchent à amener leurs adversaires à un engagement 261

Brutus, forcé de combattre, fait mettre à mort les captifs qull a dans son camp 261—263

Brutus, vaincu, prend la résolution de se donner la mort; ses dernières paroles 263—265

Antoine fait donner la sépulture au corps de Brutus et envoie sa tête à Rome  265

Mort de Porcia 265

Les simples soldats passent du côté des triumvirs; sort des personnages marquants 265—267

 

 

Τάδε ἔνεστιν ἐν τῇ Δίωνος Ῥωμαϊκῶν τετταρακοστῇ ἑβδόμῃα.

Ὡς Καῖσαρ καὶ Ἀντώνιος καὶ Λέπιδος ἐς Ῥώμην ἐλθόντες σφαγὰς εἰργάσαντο.

β. Περὶ Βρούτου καὶ Κασσίου καὶ ὧν ἔπραξεν πρὸ τῆς πρὸς Φιλίπποις μάχης.

γ. Ὡς Βροῦτος καὶ Κάσσιος ὑπὸ Καίσαρος ἡττήθησαν καὶ ἀπέθανον.

Χρόνου πλῆθος τὰ λοιπὰ τῆς Γαΐου Οὐιβίου Πάνσου καὶ Αὔλου Ἱρτίου

ὑπατείας, καὶ ἄλλο ἔτος ἕν, ἐν ᾧ ἄρχοντες οἱ ἀριθμούμενοι οἵδε ἐγένοντο

Μ. Αἰμίλιος Μ. υἱὸς, Λέπιδος τὸ βʹ ὕπ. Λ. Μουνάτιος Λ. υἱὸς, Πλάγκος.

[1] Ταῦτ´ οὖν συνθέμενοι καὶ συνομόσαντες ἐς τὴν Ῥώμην, δόξῃ μὲν ὡς καὶ πάντες ἀπὸ τῆς ἴσης ἄρξοντες, γνώμῃ δὲ ὡς καὶ αὐτὸς ἕκαστος πᾶν τὸ κράτος ἕξων, ἠπείγοντο, καίπερ ἐναργέστατα μὲν καὶ πρότερον, σαφέστατα δὲ καὶ τότε τὸ μέλλον ἔσεσθαι προμαθόντες· τῷ μὲν γὰρ Λεπίδῳ ὄφις τέ τις ξίφει ἑκατοντάρχου περιπλακεὶς καὶ λύκος ἔς τε τὸ στρατόπεδον καὶ ἐς τὴν σκηνὴν δειπνοποιουμένου αὐτοῦ ἐσελθὼν καὶ τὴν τράπεζαν καταβαλὼν τήν τε ἰσχὺν ἅμα καὶ τὴν δυσχέρειαν τὴν ἐπ´ αὐτῇ προεσήμηνεν, τῷ δ´ Ἀντωνίῳ γάλα τε πέριξ περὶ τὸ τάφρευμα περιρρυὲν καὶ συνῳδία τις νυκτὸς περιηχήσασα τάς τε θυμηδίας καὶ τὸν ὄλεθρον τὸν ἀπ´ αὐτῶν προέδειξεν. Ἐκείνοις μὲν οὖν ταῦτα πρὶν ἐς τὴν Ἰταλίαν ἐλθεῖν ἐγένετο· τῷ δὲ δὴ Καίσαρι τότε εὐθὺς ἐπὶ ταῖς συνθήκαις ἀετὸς ὑπέρ τε τῆς σκηνῆς αὐτοῦ ἱδρυθείς, καὶ δύο κόρακας προσπεσόντας οἱ τίλλειν τε τῶν πτερῶν πειρωμένους ἀποκτείνας, τὴν νίκην κατ´ ἀμφοτέρων αὐτῶν ἔδωκε.

[2] Καὶ οἱ μὲν οὕτως ἐς τὴν Ῥώμην πρότερος μὲν ὁ Καῖσαρ ἔπειτα δὲ καὶ ἐκεῖνοι, χωρὶς ἑκάτερος, μετὰ τῶν στρατιωτῶν ἁπάντων ἦλθον, καὶ παραχρῆμα τὰ δόξαντά σφισι διὰ τῶν δημάρχων ἐνομοθέτησαν. ἃ γὰρ ἐπέταττον καὶ ἐβιάζοντο, τό τε ὄνομα τὸ τοῦ νόμου ἐλάμβανε καὶ προσέτι καὶ παράκλησιν αὐτοῖς ἔφερε· πάνυ γὰρ ἱκετευθῆναί σφας ἔδει ἵνα αὐτὰ ποιήσωσι. Καὶ διὰ τοῦτο καὶ θυσίαι ἐπ´ αὐτοῖς ὡς καὶ ἐπ´ εὐτυχήμασί τισιν ἐψηφίσθησαν, καὶ ἡ ἐσθὴς ὡς καὶ εὐδαιμονούντων σφῶν μετεβλήθη, καίπερ πολλοῦ μὲν καὶ ἐξ αὐτῶν τῶν πραττομένων, πολλῷ δὲ ἔτι πλείονος ἐκ τεράτων δέους αὐτοῖς ὄντος. Τά τε γὰρ σημεῖα τοῦ στρατεύματος τοῦ τὴν πόλιν φυλάττοντος ἀραχνίων ἀνεπλήσθη, καὶ ὅπλα ἐκ τῆς γῆς ἐς τὸν οὐρανὸν ἀνιόντα ὤφθη, κτύπος τε ἀπ´ αὐτῶν πολὺς ἠκούσθη, καὶ ἐν τοῖς Ἀσκληπιείοις μέλισσαι ἐς τὴν ἄκραν πολλαὶ συνεστράφησαν, γῦπές τε ἐπί τε τοῦ νεὼ τοῦ Γενίου τοῦ δήμου καὶ ἐπὶ τοῦ τῆς Ὁμονοίας παμπληθεῖς ἱδρύθησαν.

[3] Καὶ αὐτῶν ἐνταῦθα ἔτι ὡς εἰπεῖν ὄντων αἵ τε σφαγαὶ ἐκεῖναι αἷς ποτε ὁ Σύλλας ἐκ τῶν προγραφῶν ἐκέχρητο ἐπανήχθησαν, καὶ ἡ πόλις ἅπασα νεκρῶν ἐπληρώθη· πολλοὶ μὲν γὰρ ἐν ταῖς οἰκίαις πολλοὶ δὲ καὶ ἐν ταῖς ὁδοῖς ἔν τε ταῖς ἀγοραῖς καὶ πρὸς τοῖς ἱεροῖς σποράδην ἀπεκτίννυντο, καὶ αἵ τε κεφαλαὶ αὐτῶν ἐπὶ τὸ βῆμα αὖθις ἀνετίθεντο, καὶ τὰ λοιπὰ σώματα τὰ μὲν αὐτοῦ τε ἐρριπτεῖτο καὶ ὑπὸ κυνῶν ὀρνίθων τε ἠσθίετο, τὰ δὲ ἐς τὸν ποταμὸν ἐνεβάλλετο. Τά τε ἄλλα ὅσα ἐπὶ τοῦ Σύλλου πρότερον ἐπέπρακτο, καὶ τότε συνεφέρετο, πλὴν ὅτι δύο μόνα λευκώματα, χωρὶς μὲν τῶν βουλευτῶν χωρὶς δὲ τῶν ἄλλων, ἐξετέθη. Καὶ τὸ μὲν αἴτιον δι´ ὃ τοῦτ´ ἐγένετο, οὔτε παρ´ ἑτέρου τινὸς μαθεῖν οὔτ´ αὐτὸς εὑρεῖν ἠδυνήθην· ὃ γάρ τοι μόνον ἄν τις, τό γε ἐλάττους θανατωθῆναι, ἐνενόησεν, ἥκιστα ἀληθές ἐστι· πολλῷ γὰρ πλείους, ἅτε καὶ ὑπὸ πλειόνων, ἐσεγράφησαν. Τοῦτο δὲ οὐ παρὰ τὰς σφαγὰς τὰς ἐν τῷ πρὶν γενομένας παρήλλαξεν· ἐπεὶ ὅτι γε οὐκ ἀναμὶξ τὰ ὀνόματα τῶν πρώτων τοῖς πολλοῖς ἀλλὰ χωρὶς ἐξετέθη, λῆρόν που πολὺν τοῖς γε ἐκ τοῦ ὁμοίου σφαγησομένοις ἔφερεν. Ἀντ´ ἐκείνου δὲ δὴ ἕτερα καὶ πάνυ δυσχερῆ, καίπερ μηδεμίαν τῶν προτέρων ὑπερβολήν, ὥς γε καὶ ἐδόκει, λιπόντων, οὐκ ὀλίγα αὐτοῖς συνηνέχθη.

[4] Ἐπὶ μὲν γὰρ τοῦ Σύλλου οἵ τέ τι δρῶντες τάς τε τόλμας πρόσχημα, ἅτε καὶ πρῶτον τοῦ τοιούτου πειρώμενοι καὶ οὐκ ἐκ προβουλῆς, ἐποιοῦντο, καὶ διὰ τοῦθ´ ἧττον τὰ πλείω κακοτρόπως, οἷα οὐκ ἐκ προνοίας ἀλλ´ ἐκ συντυχίας, ἔπραττον· καὶ οἱ πάσχοντες ἐξαπιναίαις τε καὶ ἀνηκούστοις συμφοραῖς περιπίπτοντες ῥᾳστώνην τινὰ ἐκ τοῦ ἀνελπίστου τῶν παθῶν ἐλάμβανον. Τότε δὲ πάντα μὲν τὰ προτολμηθέντα οἱ μὲν αὐτοὶ χειρουργήσαντες οἱ δὲ ἰδόντες, οἱ δ´ ἀκοῇ γοῦν ὑπογύῳ ἀκριβοῦντες, πολλὰ δ´ οὖν ἐν τῷ διὰ μέσου τῇ προσδοκίᾳ τῶν ὁμοίων οἱ μὲν ὡς δράσουσι προσεπινοήσαντες, οἱ δ´ ὡς πείσονται προσδείσαντες, ἐκεῖνοί τε πλείστην ἀτοπίαν τῇ τε ζηλώσει τῶν προτέρων ἔργων καὶ τῇ ἀπ´ αὐτῶν ἐς τὸ καινῶσαί πως τὰ ἐπιβουλεύματα ἐξ ἐπιτεχνήσεως παρεῖχον, καὶ οἱ ἕτεροι πάνθ´ ὅσα παθεῖν ἐδύναντο λογιζόμενοι πολὺ ταῖς ψυχαῖς καὶ πρὸ τῶν σωμάτων, ὡς καὶ ἐν αὐτοῖς ἤδη ὄντες, διεκναίοντο.

[5] Κἄν τε τούτῳ χαλεπωτέρως ἢ πρὶν ἀπήλλασσον, καὶ διότι τότε μὲν μόνοι οἱ τοῦ Σύλλου τῶν τε περὶ αὐτὸν δυνατῶν ἐχθροὶ διώλοντο, τῶν δὲ δὴ φίλων αὐτοῦ τῶν τε ἄλλων ἀνθρώπων οὐδεὶς ἐκείνου γε κελεύσαντος ἐφθάρη, ὥστε ἔξω τῶν πάνυ πλουσίων (τούτοις γὰρ οὐκ ἔστιν ὅτε εἰρήνη πρὸς τὸν ἰσχυρότερον ἐν τοῖς τοιούτοις γίγνεται) οἵ γε λοιποὶ ἐθάρσουν· ἐν δὲ δὴ ταῖς δευτέραις ταύταις σφαγαῖς οὐχ ὅπως οἱ ἐχθροὶ αὐτῶν ἢ καὶ οἱ πλούσιοι, ἀλλὰ καὶ οἱ πάνυ φίλοι καὶ παρὰ δόξαν ἐκτείνοντο. Ἄλλως μὲν γὰρ ἤ τις ἢ οὐδεὶς ἐς ἔχθραν ἀπ´ ἰδίας τινὸς αἰτίας τοῖς ἀνδράσιν ἐκείνοις, ὡς καὶ σφαγῆναι πρὸς αὐτῶν, ἐληλύθει· τὰ δὲ δὴ κοινὰ πράγματα καὶ αἱ τῶν δυναστειῶν διαλλαγαὶ καὶ τὰς φιλίας τάς τε ἔχθρας τὰς σφοδρὰς αὐτοῖς ἐπεποιήκεσαν. Πάντας γὰρ τοὺς τῷ πέλας συναραμένους τέ τι καὶ συμπράξαντας ἐν πολεμίου μοίρᾳ οἱ ἕτεροι ἐτίθεντο· καὶ οὕτω συνέβαινε τοὺς αὐτοὺς καὶ φίλους τινὶ αὐτῶν καὶ ἐχθροὺς πάντως γεγονέναι ὥστε, ἐν ᾧ ἰδίᾳ ἕκαστος τοὺς ἐπιβουλεύσαντάς οἱ ἠμύνετο, καὶ τοὺς φιλτάτους κοινῇ συναπώλλυσαν. Ἐκ γὰρ τῶν πρὸς ἀλλήλους πραγμάτων τό τε οἰκειωθέν σφισι καὶ τὸ ἀλλοτριωθὲν ἐν λόγῳ τινὶ τιθέμενοι οὔτε τὸν ἑαυτοῦ τις αὐτῶν ἐχθρὸν τιμωρήσασθαι, φίλον ἑτέρου ὄντα, ἐδύνατο μὴ ἀντιδιδοὺς ἄλλον, καὶ ἐκ τῆς τῶν γεγονότων ὀργῆς τῆς τε ἔπειτα ὑποψίας παρ´ οὐδὲν τὴν τοῦ ἑταιρικοῦ σωτηρίαν πρὸς τὴν τοῦ διαφόρου τιμωρίαν ποιούμενοι ῥᾳδίως σφᾶς ἀντεδίδοσαν.

[6] Κἀκ τούτου τούς τε φιλτάτους ἀντὶ τῶν ἐχθίστων ἀλλήλοις προέβαλλον, καὶ τοὺς πολεμιωτάτους ἀντὶ τῶν ἑταιροτάτων, τοῦτο μὲν ἴσους πρὸς ἴσους, τοῦτο δὲ ἀνθ´ ἑνὸς πλείονας ἢ καὶ ἀντὶ πλειόνων ἐλάττονας, ἠλλάττοντο, τά τε ἄλλα ἐν ἀγορᾶς τρόπῳ ποιούμενοι, καὶ ὑπερβάλλοντες ὥσπερ ἐν πρατηρίῳ. Εἰ μὲν εἷς τις ἑνός τινος ἀντάξιος ὥστ´ ἰσομοιρεῖν εὑρίσκετο, ἁπλῆ ἡ ἀντίδοσις ἐγίγνετο· ὅσους δὲ δὴ ἀρετή τις ἢ ἀξίωσις ἢ καὶ συγγένεια ἀνετίμα, ἀντὶ πλειόνων ἀπώλλυντο. ἅτε γὰρ ἐν ἐμφυλίοις πολέμοις, καὶ πολλῷ μὲν χρόνῳ πολλαῖς δὲ καὶ πράξεσι γενομένοις, συχνοὶ καὶ τοῖς πάνυ συγγενέσι κατὰ τὸ στασιωτικὸν προσεκεκρούκεσαν. Ἀμέλει τῷ τε Ἀντωνίῳ καὶ ὁ θεῖος Λούκιος {Ἀντώνιος} Καῖσαρ καὶ τῷ Λεπίδῳ καὶ ὁ ἀδελφὸς Λούκιος Παῦλος ἐπεπολέμωντο. Ἀλλ´ οὗτοι μὲν ἐσώθησαν, τῶν δὲ δὴ ἄλλων πολλοὶ καὶ παρ´ αὐτοῖς τοῖς τε φίλοις καὶ τοῖς ἀναγκαίοις, ὑφ´ ὧνπερ ἐς τὰ μάλιστα καὶ σωθήσεσθαι καὶ τιμηθήσεσθαι προσεδόκων, ἐσφάγησαν. Ὅπως γὰρ μηδεὶς στερηθήσεσθαι τῶν ἄθλων φοβηθείς, ὅτι τοὺς ἐπὶ τοῦ Σύλλου φονεύσαντάς τινας ὁ Κάτων ὁ Μᾶρκος ταμιεύσας ἀπῄτησε πάνθ´ ὅσα ἐπ´ αὐτοῖς εἰλήφεσαν, ἧττόν τινα ἀποκτείνῃ, προηγόρευσαν ὅτι οὐδένα αὐτῶν ἐς τὰ δημόσια γράμματα ἐσγράψουσι. Τούς τε οὖν ἄλλους ἑτοιμότερον διὰ τοῦτ´ ἔσφαζον καὶ τοὺς εὐπόρους, εἰ καὶ μηδενὶ αὐτῶν ἀπήχθοντο· παμπόλλων τε γὰρ χρημάτων δεόμενοι, καὶ οὐκ ἔχοντες ὁπόθεν ἄλλοθεν τὰς ἐπιθυμίας τῶν στρατιωτῶν ἀποπληρώσωσι, κοινήν τινα κατὰ τῶν πλουσίων ἔχθραν προσέθεντο. Καὶ ἄλλα τε διὰ τοῦτο πολλὰ παρενομήθη, καὶ παιδίσκον τινὰ ἐς ἐφήβους ἐσήγαγον, ἵν´ ὡς ἐς ἄνδρας ἤδη τελῶν ἀποθάνῃ.

[7] Ταῦτα δὲ ἐπράττετο μὲν ὑπό τε τοῦ Λεπίδου καὶ ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου μάλιστα (πρός τε γὰρ τοῦ Καίσαρος τοῦ προτέρου ἐπὶ μακρότατον τιμηθέντες, καὶ ἐν ταῖς ἀρχαῖς ταῖς τε ἡγεμονίαις ἐπὶ πλεῖστον γενόμενοι, πολλοὺς ἐχθροὺς εἶχον), ἐδόκει δὲ καὶ ὑπὸ τοῦ Καίσαρος κατὰ τὴν τῆς δυναστείας κοινωνίαν γίγνεσθαι, ἐπεὶ αὐτός γε οὐδέν τι συχνοὺς ἀποκτεῖναι ἐδεήθη· τῇ τε γὰρ φύσει οὐκ ὠμὸς ἦν, καὶ ἐν τοῖς τοῦ πατρὸς ἤθεσιν ἐνετέθραπτο. Πρὸς δ´ ἔτι νέος τε ὢν καὶ ἄρτι ἐς τὰ πράγματα παριὼν οὔτ´ ἄλλως {ἂν} ἀνάγκην πολλοὺς σφοδρῶς μισεῖν εἶχε καὶ φιλεῖσθαι ἤθελε. Σημεῖον δὲ ὅτι, ἀφ´ οὗ τῆς τε πρὸς ἐκείνους συναρχίας ἀπηλλάγη καὶ τὸ κράτος μόνος ἔσχεν, οὐδὲν ἔτι τοιοῦτον ἔπραξεν. Καὶ τότε δὲ οὐχ ὅσον πολλοὺς οὐκ ἔφθειρεν, ἀλλὰ καὶ ἔσωσε πλείστους, τοῖς τε προδοῦσι τοὺς δεσπότας ἢ τοὺς φίλους χαλεπώτατα καὶ τοῖς συναραμένοις τισὶν ἐπιεικέστατα ἐχρήσατο. Τεκμήριον δέ, Τανουσία γυνὴ ἐπιφανὴς τὸν ἄνδρα Τίτον Οὐίνιον ἐπικηρυχθέντα τὸ μὲν πρῶτον ἐς κιβωτὸν παρὰ ἀπελευθέρῳ τινὶ Φιλοποίμενι κατέκρυψεν, ὥστε καὶ πίστιν τοῦ τεθνηκέναι αὐτὸν παρασχεῖν· μετὰ δὲ τοῦτο δημοτελῆ ἑορτήν, ἣν συγγενής τις αὐτῆς ποιήσειν ἔμελλε, τηρήσασα, τόν τε Καίσαρα διὰ τῆς Ὀκταουίας τῆς ἀδελφῆς ἐς τὸ θέατρον μόνον τῶν τριῶν ἐσελθεῖν διεπράξατο, κἀνταῦθα ἐσπηδήσασα τό τε πραχθὲν ἀγνοοῦντί οἱ ἐμήνυσε, καὶ τὴν κιβωτὸν αὐτὴν ἐσκομίσασα ἐκεῖθεν τὸν ἄνδρα ἐξήγαγεν, ὥστε τὸν Καίσαρα θαυμάσαντα πάντας μὲν αὐτοὺς ἀφεῖναι (καὶ γὰρ τοῖς συγκρύψασί τινα θάνατος προείρητο), τὸν δὲ Φιλοποίμενα καὶ ἐς τὴν ἱππάδα κατατάξαι.

[8] Ἐκεῖνος μὲν οὖν πολλούς, ὅσους γε καὶ ἠδυνήθη, διεσώσατο· ὅ τε Λέπιδος τῷ τε ἀδελφῷ τῷ Παύλῳ ἐς Μίλητον ἐκδρᾶναι ἐπέτρεψε, καὶ πρὸς τοὺς ἄλλους οὐκ ἀπαραίτητος ἦν· ὁ δὲ Ἀντώνιος ὠμῶς καὶ ἀνηλεῶς οὐχ ὅτι τοὺς ἐκτεθέντας ἀλλὰ καὶ τοὺς ἐπικουρῆσαί τινι αὐτῶν ἐπιχειρήσαντας ἔκτεινε. Τάς τε κεφαλάς σφων, εἰ καὶ σιτούμενος ἐτύγχανεν, ἐπεσκόπει, καὶ ἐπὶ πλεῖστον τῆς τε ἀνοσιωτάτης καὶ τῆς οἰκτροτάτης αὐτῶν ὄψεως ἐνεπίμπλατο. Καὶ ἥ γε Φουλουία πολλοὺς καὶ αὐτὴ καὶ κατ´ ἔχθραν καὶ διὰ χρήματα, καὶ ἔστιν οὓς οὐδὲ γιγνωσκομένους ὑπὸ τοῦ ἀνδρός, ἐθανάτωσεν· ἑνὸς γοῦν τινος κεφαλὴν ἰδὼν εἶπεν ὅτι « τοῦτον οὐκ ἠπιστάμην ». Ὡς δ´ οὖν καὶ ἡ τοῦ Κικέρωνός ποτε ἐκομίσθη σφίσι (φεύγων γὰρ καὶ καταληφθεὶς ἐσφάγη), ὁ μὲν Ἀντώνιος πολλὰ αὐτῷ καὶ δυσχερῆ ἐξονειδίσας ἔπειτ´ ἐκέλευσεν αὐτὴν ἐκφανέστερον τῶν ἄλλων ἐν τῷ βήματι προτεθῆναι, ἵν´ ὅθεν κατ´ αὐτοῦ δημηγορῶν ἠκούετο, ἐνταῦθα μετὰ τῆς χειρὸς τῆς δεξιᾶς, ὥσπερ ἀπετέτμητο, ὁρῷτο· ἡ δὲ δὴ Φουλουία ἔς τε τὰς χεῖρας αὐτὴν πρὶν ἀποκομισθῆναι ἐδέξατο, καὶ ἐμπικραναμένη οἱ καὶ ἐμπτύσασα ἐπί τε τὰ γόνατα ἐπέθηκε, καὶ τὸ στόμα αὐτῆς διανοίξασα τήν τε γλῶσσαν ἐξείλκυσε καὶ ταῖς βελόναις αἷς ἐς τὴν κεφαλὴν ἐχρῆτο κατεκέντησε, πολλὰ ἅμα καὶ μιαρὰ προσεπισκώπτουσα. Καὶ οὗτοι δ´ οὖν ὅμως ἔσωσάν τινας, παρ´ ὧν γε καὶ πλείω χρήματα ἔλαβον ἢ τελευτησάντων εὑρήσειν ἤλπισαν· καὶ ἵνα γε μὴ κεναὶ αἱ ἐν τοῖς λευκώμασι χῶραι τῶν ὀνομάτων αὐτῶν ὦσιν, ἑτέρους ἀντενέγραψαν. Πλήν γε ὅτι τὸν θεῖον ὁ Ἀντώνιος, πολλὰ τῆς μητρὸς τῆς ἑαυτοῦ τῆς Ἰουλίας ἱκετευσάσης, ἀφῆκεν, οὐδὲν ἄλλο χρηστὸν εἰργάσατο.

[9] Πολύτροποι μὲν οὖν διὰ ταῦτα αἱ σφαγαί, πολυειδεῖς δὲ καὶ σωτηρίαι τισὶν ἐγένοντο. Συχνοὶ μὲν γὰρ καὶ πρὸς τῶν φιλτάτων ἀπώλοντο, συχνοὶ δὲ καὶ ὑπὸ τῶν ἐχθίστων ἐσώθησαν. Ἄλλοι σφᾶς αὐτοὺς ἀπέκτειναν, ἄλλους αὐτοὶ οἱ ἐπελθόντες ὡς καὶ φονεύσοντες ἀπέλυσαν. Προδόντες δέ τινες δεσπότας ἢ καὶ φίλους ἐκολάσθησαν, καὶ ἕτεροι δι´ αὐτὸ τοῦτο ἐτιμήθησαν· οἵ τε περιποιήσαντές τινας οἱ μὲν δίκην ἔδοσαν οἱ δὲ καὶ γέρα ἔλαβον. Οἷα γὰρ οὐχ ἑνὸς ἀνδρὸς ἀλλὰ τριῶν πρός τε τὴν ἐπιθυμίαν τὴν ἑαυτοῦ ἑκάστου καὶ πρὸς τὸ ἴδιον συμφέρον πάντα ποιούντων, καὶ μήτε τοὺς αὐτοὺς ἐχθροὺς ἢ φίλους ἡγουμένων, σωθῆναί τε πολλάκις ὃν ὁ ἕτερος ἀπολέσθαι, καὶ φθαρῆναι αὖ ὃν ὁ ἕτερος περιγενέσθαι ἤθελε, σπουδαζόντων, πολλὰ καὶ ποικίλα συνέβαινεν, ὥς που καὶ εὐνοίας ἢ μίσους πρός τινα ἔχοντες ἦσαν.

[10] Ἐγὼ οὖν τὸ μὲν πάντα αὐτὰ ἀκριβῶς καθ´ ἕκαστον ἐπεξελθεῖν παραλείψω (πάμπολύ τε γὰρ ἔργον ἂν εἴη, καὶ οὐδὲν μέγα τῇ συγγραφῇ παρέξεται), ἃ δὲ ἀξιομνημόνευτα μάλιστα εἶναι νομίζω, διηγήσομαι. Τοῦτο μὲν γὰρ ἐς σπήλαιόν τις τὸν δεσπότην κατακρύψας, εἶτ´ ἐπειδὴ καὶ ὣς καθ´ ἑτέρου τινὸς μήνυσιν ἀπολεῖσθαι ἔμελλε, τήν τε ἐσθῆτα πρὸς αὐτὸν ἠλλάξατο, καὶ μετ´ αὐτῆς τοῖς ἐπιοῦσιν ὡς καὶ αὐτὸς ἐκεῖνος ὢν προαπήντησε καὶ ἐσφάγη· καὶ οὕτως οἱ μὲν ἀπετράποντο, νομίσαντες ὃν ἐβούλοντο πεφονευκέναι, ὁ δὲ ἀπελθόντων αὐτῶν ἑτέρωσε διέφυγε. Τοῦτο δὲ ἄλλος τις τὴν σκευὴν ὁμοίως ἅπασαν πρὸς τὸν δεσπότην διαλλάξας αὐτός τε ἐς φορεῖον κατάστεγον ἐσῆλθε καὶ ἐκεῖνον διφροφορεῖν ἐποίησε· κἀκ τούτου καταληφθέντες ὁ μὲν οὐδ´ ὀφθεὶς ἐφονεύθη, ὁ δὲ ὥς τις σκευοφόρος διεσώθη. Καὶ ταῦτα μὲν ἴσως ἐκεῖνοι ἐξ εὐεργεσίας τινὸς προϋπαρχούσης σφίσι τοῖς εὖ ποιήσασιν ἀνταπέδοσαν· στιγματίας δέ τις οὐχ ὅσον οὐ προέδωκε τὸν στίξαντα, ἀλλὰ καὶ πάνυ προθύμως ἔσωσεν. Ὡς γοῦν ὑπεκκομίζων ποι αὐτὸν ἐφωράθη καὶ ἐδιώκετο, ἀπέκτεινέ τέ τινα ἐντυχόντα οἱ κατὰ τύχην, καὶ τὴν στολὴν αὐτοῦ τῷ δεσπότῃ δοὺς τὸν μὲν ἐπὶ πυρὰν ἐπέθηκεν, αὐτὸς δὲ τήν τε ἐσθῆτα καὶ τὸν δακτύλιον τοῦ δεσπότου λαβὼν ἀπήντησε τοῖς διώκουσι, καὶ πλασάμενος ὡς καὶ φεύγοντα αὐτὸν ἀπεκτονὼς ἐπιστεύθη ἔκ τε τῶν σκύλων καὶ ἐκ τῶν στιγμάτων, καὶ ἐκεῖνόν τε ἅμα ἔσωσε καὶ αὐτὸς ἐτιμήθη. Ταῦτα μὲν οὖν ἐς οὐδεμίαν ὀνόματος μνήμην ἀνήκει· Ὁσίδιον δὲ δὴ Γέταν ὁ υἱός, ἐκφορὰν δή τινα αὐτοῦ ὡς καὶ τεθνηκότος σκευάσας, ἐξέσωσε, καὶ Κύιντον Κικέρωνα τὸν τοῦ Μάρκου ἀδελφὸν ὁ παῖς ἐξέκλεψε καὶ ὅσον ἐφ´ ἑαυτῷ ἔσωσεν. Αὐτὸς μὲν γὰρ καὶ κατέκρυψε τὸν πατέρα ὥστε μὴ εὑρεθῆναι, καὶ στρεβλωθεὶς ἐπὶ τούτῳ πάσαις βασάνοις οὐδὲν ἐξελάλησε· μαθὼν δὲ ἐκεῖνος τὸ γιγνόμενον, καὶ θαυμάσας τε ἅμα τὸν παῖδα καὶ ἐλεήσας, ἦλθεν ἐθελοντὴς ἐς τὸ ἐμφανὲς καὶ αὐτὸς ἑαυτὸν τοῖς σφαγεῦσι παρέδωκεν.
 

Matières contenues dans le quarante-septième livre de l'Histoire romaine de Dion.

Comment César, Antoine et Lepidus, de retour à Rome, y firent beaucoup de meurtres, § 1-19.

Brutus et Cassius, ce qu'ils firent avant la bataille de Philippes, § 20-36.

Comment Brutus et Cassius furent vaincus par César, et moururent, § 37-49.

Espace de temps :

le reste du consulat de C. Vibius Pansa et d'A. Hirtius, et, en plus, une autre année, pendant laquelle les consuls furent :

M. Aemilius Lepidus Il et L. Munatius Plancus, fils de Lucius.

1. L'accord ainsi conclu et juré, ils se hâtèrent de marcher sur Rome, en apparence pour y commander avec une égale autorité, mais chacun avec la pensée de posséder seul le pouvoir, bien que des prodiges, auparavant très significatifs et alors encore très clairs, les eussent à l'avance instruits de ce qui devait arriver. Pour Lepidus, un serpent qui s'enroula autour de l'épée d'un centurion : un loup qui entra dans son camp et dans sa tente, au moment où il soupait, et renversa la table, semblèrent un signe de sa puissance et des difficultés qui l'accompagnèrent. Pour Antoine, du lait qui coula dans le fossé tout à l'entour de son camp, une harmonie qui retentit pendant la nuit, lui présagèrent et ses plaisirs et la ruine qui en fut la suite. Voilà ce qui leur était arrivé avant de venir en Italie. Quant à César, un aigle se posant sur sa tente aussitôt après le traité, et tuant deux corbeaux qui avaient fondu sur lui et essayaient de lui arracher les ailes, lui donna la victoire sur ses deux rivaux.

2. Ce fut sous de tels auspices qu'ils vinrent à Rome; César arriva le premier, les autres ensuite, chacun séparément avec tous ses soldats. Aussitôt ils firent passer, à l'aide des tribuns, une loi confirmative de leurs résolutions. Toutes leurs ordonnances, en effet, et toutes leurs violences prenaient le nom de loi et leur attiraient des prières; car il fallait les presser avec les plus vives instances de les mettre à exécution. Aussi des sacrifices furent-ils décrétés à cette occasion comme pour des succès remportés, et on changea d'habit, comme si l'on eût été dans des jours de bonheur, bien que grande fût la crainte inspirée par ce qui se passait, et beaucoup plus grande encore celle que faisaient naître les prodiges. En effet, les enseignes de l'armée qui gardait la ville se couvrirent de toiles d'araignées: on vit des armes monter de terre au ciel, et on les entendit retentir à grand bruit. Pendant les fêtes d'Esculape, des abeilles allèrent en grand nombre se réunir en grappes au sommet du temple de ce dieu : une troupe immense de vautours se posa sur le temple du Génie du peuple romain et sur celui de la Concorde.

3. On était encore, pour ainsi dire, dans cette situation, lorsque les meurtres dont Sylla avait donné l'exemple par ses proscriptions se renouvelèrent, et la ville entière fut remplie de cadavres. Bien des gens, en effet, furent tués ça et là dans leurs maisons; beaucoup aussi sur les chemins et sur les places publiques, ainsi que près des lieux sacrés. Les têtes furent, comme précédemment, exposées sur les Rostres, et les troncs, tantôt laissés à l'endroit même du meurtre et dévorés par les chiens et les oiseaux, tantôt jetés dans le fleuve. Tous les maux du temps de Sylla se renouvelèrent alors, si ce n'est toutefois qu'il n'y eut que deux listes affichées, une à part pour les sénateurs et une pour les autres citoyens. Quant à la raison de ce fait, nul n’a pu me la dire, et moi-même je n'ai pu la découvrir. La seule supposition possible, en effet, celle d'une moindre quantité de morts, n'est nullement fondée; car les victimes furent beaucoup plus nombreuses, attendu le nombre plus grand des proscripteurs. Il y eut donc, avec les meurtres de l'époque précédente, cette différence, que les noms des personnages importants ne furent pas confondus avec ceux de la foule, mais affichés séparément; atroce dérision à l'égard de gens qui n'en devaient pas moins être pareillement égorgés. En revanche, une foule d'horreurs nouvelles, bien que les premières n'eussent à ce que l'on croyait, laissé rien à faire de plus, vinrent fondre sur les victimes.

4. Sous Sylla, en effet, les auteurs des massacres se faisaient comme un rempart de leur audace même : c'était la première fois qu'on essayait pareille chose, et ce n'était pas de dessein prémédité. Aussi la plupart des meurtres étaient-ils commis avec moins de perversité, étant le résultat non de la réflexion, mais du hasard, et les victimes, succombant à des accidents subits et inouïs jusqu'alors, trouvaient une sorte d'adoucissement à leurs malheurs dans ce qu'ils étaient imprévus. Mais, à l'époque dont je parle ici, tout ce qu'on avait osé auparavant, les uns pour l'avoir eux-mêmes exécuté, les autres pour l'avoir su exécuter; d'autres, enfin, pour en avoir récemment entendu le détail, ayant d'avance, pendant l'intervalle et dans l'attente de circonstances pareilles, ceux-ci médité de le commettre, ceux-là appréhendé de le souffrir; les premiers, pour rivaliser avec les crimes précédents et renchérir par la nouveauté sur les raffinements d'autrefois, se livraient à une foule d'actions des plus étranges; tandis que les autres, réfléchissant à tout ce qu'ils pouvaient souffrir, sentaient , comme s'ils y eussent été déjà en proie, leurs âmes déchirées bien avant que le fût leur corps.

5. C'est pour cela que les résultats furent alors pires que la première fois, et aussi parce que, au temps de Sylla, ses ennemis et ceux d'hommes puissants près de lui furent les seuls qui périrent, et que nul autre, par son ordre du moins, ne fut mis à mort de telle sorte qu'en dehors des gens tout à fait riches (pour ceux-là en effet, jamais, en pareil cas, il n'y a de paix avec le plus fort), le reste des citoyens était sans crainte; au lieu que, dans ces nouveaux massacres, non seulement les ennemis des triumvirs et les riches, mais même leurs plus grands amis, étaient tués contre toute attente. Presque personne d'ailleurs n'avait, pour une cause privée, encouru l'inimitié de ces hommes au point d'être égorgé par eux; mais les affaires publiques et des compromis d'ambition avaient fait naître chez eux des amitiés et des haines très fortes. Quiconque avait favorisé l'un et pris son parti, les autres le mettaient au rang de leurs ennemis. Aussi arriva-t-il que les mêmes hommes étaient inévitablement amis de l'un et ennemis des autres; en sorte que si chacun, en son particulier, se vengeait de ceux qui avaient agi contre lui, en commun, tous faisaient périr leurs amis les plus chers. Car comme, vis-à-vis les uns des autres, ils tenaient compte des bonnes et des mauvaises dispositions qui leur avaient été témoignées, aucun d'eux ne pouvait punir son ennemi, quand il était ami d'un autre, sans en livrer un autre en échange; et leur ressentiment pour ce qui s'était passé, ainsi que les soupçons qui en étaient la suite, les poussant à ne faire aucun cas du salut d'un ami en comparaison de la punition d'un adversaire, les décidaient sans peine à consentir à cet échange.

6. Aussi se livraient-ils les uns aux autres ceux qui leur étaient les plus chers en échange de ceux qui leur étaient les plus odieux, et leurs plus grands ennemis en échange de ceux avec qui ils avaient les liaisons les plus intimes. Tantôt ils donnaient nombre pour nombre, tantôt plusieurs pour un seul, ou un nombre moindre pour un plus grand, trafiquant ainsi que sur un marché public et mettant tout à l'enchère comme pour des objets vendus sous la haste. Quand l'un était trouvé égal à l'autre, de manière à en être, pour ainsi dire l'équivalent, alors l'échange se faisait purement et simplement; mais ceux à qui quelque vertu, quelque dignité ou quelque parenté donnait un prix supérieur, étaient mis à mort en échange d'un nombre plus grand. Car, ainsi qu'il arrive dans les guerres civiles, surtout quand elles se prolongent avec des incidents très divers, plusieurs avaient, dans les séditions, offensé leurs parents les plus proches. Ainsi, Antoine avait eu à combattre contre son oncle Lucius César ; Lepidus, contre son frère L. Paulus. Ces derniers, cependant, furent sauvés; tandis que, parmi les autres, beaucoup rencontrèrent dans les amis et dans les parents dont ils attendaient le plus secours et respect, des gens qui les égorgèrent. Pour que la crainte d'être dépouillé de ses récompenses (M. Caton, dans sa questure, réclama des assassins du temps de Sylla tout ce qu'ils avaient reçu pour ces meurtres) ne rendît aucun meurtrier moins hardi à verser le sang, les triumvirs déclarèrent qu'aucun écrit public ne conserverait leur nom. Aussi les meurtriers n'en furent que plus disposés à égorger leurs concitoyens et les riches, sans avoir contre eux aucune animosité. La quantité d'argent dont ils avaient besoin, et l'impossibilité de contenter autrement les désirs des soldats, rendirent les triumvirs ennemis communs des riches. Entre autres contraventions aux lois, qui en furent la suite, ils mirent un enfant au nombre des adolescents, afin qu'étant déjà entré dans la classe des hommes. on pût le faire mourir.

7. Antoine et Lepidus étaient les principaux auteurs de ces violences (honorés pendant longtemps par le premier César, et ayant exercé plusieurs magistratures et commandements, ils avaient beaucoup d'ennemis); mais, parce qu'il partageait la puissance avec eux, César semblait en être coupable aussi, bien qu'il n'eût aucun besoin de faire mourir beaucoup de monde : car il n'était pas cruel de sa nature, et il avait été élevé dans les mœurs de son père. En outre, jeune encore et récemment arrivé aux affaires, il n'avait eu aucune occasion de haine bien vive contre personne, et, de plus, il voulait être aimé. La preuve en est que, dès qu'il fut délivré de ses collègues et seul maître du pouvoir, il ne fit plus rien de pareil. Même alors. non seulement le nombre de ses victimes fut peu considérable, mais encore il en sauva beaucoup ; il en usa durement envers ceux qui trahirent leurs maîtres ou leurs amis, tandis qu'il se montra plein de bonté envers ceux qui leur vinrent en aide. Par exemple. Tanusia, femme d'une naissance distinguée, cacha d'abord dans un coffre, chez son affranchi Philopœmen, T. Vinius, son mari, qui était proscrit, pour faire croire â sa mort; profitant ensuite de jeux publics que devait célébrer un de ses parents, elle s'arrangea, avec l'aide d'Octavie, sœur de César, pour qu'il vînt au théâtre seul des triumvirs, et là, s'élançant vers lui, elle lui découvrit son secret, et faisant apporter le coffre, en tira son mari ; de telle sorte que César, frappé d'admiration, leur fit grâce à tous (car il y avait peine de mort pour ceux qui recelaient un proscrit) et éleva Philopœmen à la dignité de chevalier.

8. César donc sauva tous ceux qu'il put; Lepidus aussi permit à son frère Paulus de s'enfuir à Milet, et ne se montra point inexorable à l'égard des autres ; mais Antoine faisait cruellement et sans pitié mourir non seulement les proscrits, mais encore ceux qui avaient essayé de secourir quelqu'un d'entre eux. Il examinait leurs têtes, même lorsqu'il se trouvait à table, et restait longtemps à se rassasier de ce funeste et déplorable spectacle. Fulvie aussi, tant pour satisfaire sa haine particulière que pour avoir leur argent, fit mourir beaucoup de citoyens, dont quelques-uns n'étaient même pas connus de son mari. C'est ainsi qu'en voyant la tète de l'un d'eux Antoine s'écria : « Je ne le connaissais pas. » Quand la tête de Cicéron leur fut enfin apportée (arrêté dans sa fuite, il avait été mis à mort), Antoine, après lui avoir adressé de sanglants reproches, ordonna de l'exposer sur les Rostres, plus en vue que les autres, afin qu'en ce même endroit d'où le peuple l'avait entendu parler contre lui, il l'y pût voir, la main droite coupée; Fulvie prit la tête dans ses mains, avant qu'on l'emportât, et, après l'avoir insultée par des paroles amères et avoir craché dessus, elle la plaça sur ses genoux ; puis, lui ouvrant la bouche, elle en tira la langue, qu'elle perça avec les aiguilles dont elle se servait pour parer sa tête, tout en l'accablant de railleries criminelles. Tous les deux, cependant, épargnèrent quelques proscrits dont ils reçurent plus d'argent qu'ils n'espéraient en retirer de leur mort; et, pour ne pas laisser vides, sur les tables de proscription, la place occupée par leurs noms, ils leur substituèrent d'autres victimes. Ainsi donc, excepté la grâce de son oncle, accordée aux instantes supplications de sa mère Julia, Antoine ne fit rien d'honnête.

9. Durant ces malheurs, il y eut diverses façons d'être mis à mort, de même qu'il y eut diverses façons d'être sauvé. Beaucoup, en effet, durent leur perte à leurs plus grands amis: beaucoup durent leur salut à leurs plus grands ennemis. Les uns se donnèrent eux-mêmes la mort : d'autres furent épargnés par les meurtriers eux-mêmes, qui firent semblant de les avoir tués. Il y en eut de punis pour avoir trahi leurs maîtres, ou leurs amis: d’autres qui reçurent des honneurs pour le même fait; quelques-uns de ceux qui tirèrent du danger des proscrits furent livrés au supplice, quelques autres furent récompensés. Comme il y avait non pas un seul magistrat, mais trois, faisant tout chacun suivant sou caprice et son intérêt particulier, qu'ils n'avaient pas les mêmes hommes pour ennemis ou pour amis, et que souvent même l'un s'efforçait de sauver celui que l'autre voulait perdre et de faire périr celui que l'autre voulait laisser vivre, il arriva une foule d'événements étranges, selon que les triumvirs avaient pour quelqu'un de la bienveillance ou de la haine.

10. Quant à moi, je ne m'arrêterai pas à les raconter tous en détail (ce serait me charger d'une tâche pénible et sans aucune utilité sérieuse pour cette histoire), je rapporterai seulement ceux que je crois le plus dignes de mémoire. Ici, c'est un esclave qui, ayant caché son maître dans une caverne, le voyant ensuite sur le point de périr par suite de la dénonciation d'un autre, change de vêtements avec lui, et, comme si c'eût été lui qui était le maître, va à la rencontre de ceux qui le poursuivaient, et se laisse égorger. Grâce à ce stratagème, ceux-ci s'en retournent persuadés qu'ils ont tué celui qu'ils voulaient, et, quand ils sont éloignés, le maître s'enfuit autre part. Là, c'est un autre esclave qui, ayant également changé en entier son costume pour celui de son maître, monte dans sa litière couverte et la lui fait porter; puis, quand ils sont arrêtés, l'esclave est tué sans même être vu et le maître échappe à la mort comme n'étant qu'un des porteurs. Voilà des dévouements d'esclaves pour leurs maîtres en retour de bienfaits qu'ils avaient reçus d'eux. Mais un esclave stigmatisé, loin de trahir l'auteur de ses stigmates, prit un soin tout particulier pour le sauver. Tandis qu'il l'emmenait secrètement, il avait été vu et on le poursuivait; l'esclave alors tue un homme qu'il rencontre par hasard, et met sur un bûcher le cadavre, dont il donne la toge à son maître; lui-même, avec les vêtements et l'anneau de son maître, va au-devant de ceux qui le poursuivaient, et, feignant d'avoir tué son maître qui s'enfuyait, il réussit à se faire croire en leur montrant les dépouilles et les stigmates: il sauva son maître et en même temps fut comblé d'honneurs. Il n'a survécu aucun souvenir du nom des auteurs de ces actions. Hosidius Geta dut la vie à son fils qui célébra publiquement ses funérailles comme s'il eût été mort; Quintus Cicéron, frère de Marcus, fut dérobé à tous les regards par son fils et sauvé par lui, tant du moins qu'il fut au pouvoir de l'enfant. Le fils, en effet, cacha le père si bien qu'on ne put le trouver, et la question, à laquelle on l'appliqua ne put, malgré toutes les tortures, lui arracher aucun aveu ; mais le père, instruit de ce qui se passait et plein à la fois d'admiration et de compassion pour le fils, se montra volontairement aux yeux de tous et se livra lui-même aux meurtriers.

[11] Ἀρετῆς μὲν δὴ καὶ εὐσεβείας τοσαῦτα τότε ἐπιφανῆ ἔργα ἐγένετο· Ποπίλιος δὲ δὴ Λαίνας τὸν Κικέρωνα τὸν Μᾶρκον ἀπέκτεινε καίπερ εὐεργέτην αὐτοῦ ἐκ συνηγορήματος ὄντα, καὶ ἵνα γε μὴ ἀκουόμενος μόνον ἀλλὰ καὶ ὁρώμενος πίστιν τοῦ πεφονευκέναι αὐτὸν λάβῃ, εἰκόνα ἑαυτοῦ πλησίον τῆς ἐκείνου κεφαλῆς ἐστεφανωμένην ἔθηκε, καὶ τὸ ὄνομα καὶ τὸ ἔργον αὐτοῦ ἐπιγεγραμμένον ἔχουσαν. Καὶ οὕτω γε καὶ τῷ Ἀντωνίῳ διὰ τοῦτ´ ἤρεσεν ὥστε καὶ χρήματα πλείω τῶν ἐπηγγελμένων λαβεῖν. Μᾶρκος δὲ Τερέντιος Οὐάρρων ἠδίκησε μὲν οὐδέν, ὁμώνυμος δὲ δή τινι τῶν ἐπικεκηρυγμένων πλὴν μιᾶς προσηγορίας ὤν, καὶ δείσας μή τι κατὰ τοῦτο, οἷα καὶ ὁ Κίννας, πάθῃ, ἐξέθηκε γράμμα αὐτὸ τοῦτο δηλῶν· ἐδημάρχει δέ. Καὶ ὁ μὲν διατριβὴν καὶ γέλωτα ἐπὶ τούτῳ ὠφλίσκανεν· τὸ δὲ δὴ ἀστάθμητον τοῦ βίου καὶ ἐξ ἐκείνου ἐτεκμηριώθη, ὅτι Λούκιος μὲν Φιλούσκιος ὑπό τε τοῦ Σύλλου πρότερον ἐπικηρυχθεὶς καὶ διαφυγὼν ἔς τε τὸ λεύκωμα αὖθις τότε ἐσεγράφη καὶ ἀπέθανε, Μᾶρκος δὲ Οὐαλέριος Μεσσάλας ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου θανατωθεὶς οὐχ ὅπως ἐν ἀσφαλείᾳ διεβίω, ἀλλὰ καὶ ὕπατος ἀντ´ αὐτοῦ ἐκείνου ὕστερον ἀπεδείχθη. Οὕτως ἔκ τε τῶν ἀπορωτάτων πολλοὶ περιγίγνονται καὶ ἐκ τῶν θαρσούντως ἐχόντων οὐκ ἐλάττους ἀπόλλυνται· καὶ διὰ τοῦτο χρὴ μήτε ἐς τὸ ἀνέλπιστον πρὸς τὰς αὐτίκα συμφορὰς ἐκπλήττεσθαί τινα μήτε ἐς τὸ ἀφρόντιστον ὑπὸ τοῦ παραχρῆμα περιχαροῦς ἐπαίρεσθαι, ἀλλ´ ἐς τὸ μέσον ἐπ´ ἀμφότερα τὴν ἐλπίδα τοῦ μέλλοντος τιθέμενον ἀσφαλεῖς ἐφ´ ἑκάτερα τοὺς λογισμοὺς ποιεῖσθαι.

[12] Καὶ τότε γοῦν ταῦτά τε οὕτως ἐγένετο, καὶ πλεῖστοι μὲν τῶν μὴ προγραφέντων διά τε ἔχθραν καὶ διὰ χρήματα παραπώλοντο, πλεῖστοι δὲ τῶν ἐπικηρυχθέντων οὐχ ὅτι περιεγένοντο ἀλλὰ καὶ κατῆλθον αὖθις, καί τινες αὐτῶν καὶ ἀρχὰς ἔσχον. Ἡ δ´ ἀναχώρησίς σφισι πρός τε τὸν Βροῦτον καὶ πρὸς τὸν Κάσσιον τόν τε Σέξτον ἐγίγνετο. Καὶ οἵ γε πλείους πρὸς τοῦτον συγκατέφυγον· ναυαρχεῖν τε γὰρ πρότερον αἱρεθεὶς καὶ χρόνον τινὰ ἐν τῇ θαλάσσῃ δυνηθεὶς ἰσχύν τε οἰκείαν, καίπερ τῆς ἀρχῆς μετὰ τοῦθ´ ὑπὸ τοῦ Καίσαρος ἀποστερηθείς, περιεβάλετο, καὶ τὴν Σικελίαν κατασχών, ἔπειθ´ ὡς καὶ ἐκείνῳ ἐπεκηρύχθη αἵ τε ἄλλαι σφαγαὶ ἐγίγνοντο, πλεῖστον τοῖς ὁμοίοις συνήρατο. Τῇ γὰρ Ἰταλίᾳ ἐγγύθεν ἐφορμῶν διέπεμπεν ἔς τε τὴν Ῥώμην καὶ ἐς τὰς ἄλλας πόλεις, τά τε ἄλλα τοῖς τινα περισώσασι καὶ διπλάσια τῶν τοῖς φονεύσουσι προκειμένων ἐπαγγελλόμενος, καὶ αὐτοῖς ἐκείνοις καὶ ὑποδοχὴν καὶ ἐπικουρίαν καὶ χρήματα καὶ τιμὰς ὑπισχνούμενος. Ὅθενπερ συχνοὶ πρὸς αὐτὸν ἦλθον.

[13] Ἀριθμὸν γὰρ οὔτε τῶν προγραφέντων οὔτε τῶν φονευθέντων ἢ καὶ διαφυγόντων οὐδὲ νῦν ἔγραψα, ὅτι πολλοὶ μὲν τῶν τὸ πρῶτον ἐς τὰ λευκώματα ἐγγραφέντων ἀπηλίφησαν, πολλοὶ δὲ ὕστερον ἀντ´ αὐτῶν ἀντενεγράφησαν, καὶ τούτων τε οὐκ ὀλίγοι διεσώθησαν καὶ ἄλλοι συχνοὶ διεφθάρησαν. Καὶ αὐτοὺς οὐδὲ πενθεῖν τισιν ἐξουσία ἦν, ἀλλὰ πολλοὶ καὶ ἐκ τούτου παραπώλοντο. Καὶ τέλος, ὡς τό τε πεπλασμένον αὐτῶν πᾶν αἱ συμφοραὶ ἐξενίκων, καὶ οὐδεὶς οὐδὲ τῶν πάνυ ἀνδρικῶν ἀντικαρτερεῖν πρὸς αὐτὰς ἐδύνατο, ἀλλ´ ἔν τε τοῖς ἄλλοις πᾶσι καὶ ἔργοις καὶ λόγοις ἐσκυθρώπαζον καὶ ἐν τῇ ἀρχῇ τοῦ ἔτους οὐκ ἤμελλον, ὥσπερ εἰώθασιν, ἑορτάσειν, ἐκελεύσθησαν διὰ προγραφῆς εὐθυμεῖσθαι, θάνατον ὀφλήσοντες ἂν μὴ πειθαρχήσωσιν· οὕτω που, ὡς καὶ ἐπ´ ἀγαθοῖς, τοῖς κοινοῖς κακοῖς χαίρειν ἠναγκάζοντο. Καὶ τί τοῦτο εἶπον, ὁπότε καὶ ἐκείνοις (τοῖς τρισὶν ἀνδράσι λέγω) ἄλλα τε ὡς εὐεργέταις καὶ σωτῆρσι τῆς πόλεως γεγονόσι καὶ τοὺς στεφάνους τοὺς πολιτικοὺς ἐψηφίσαντο; οὐ γὰρ ὅτι τινὰς ἐφόνευον, αἰτίαν ἔχειν ἠξίουν, ἀλλ´ ὅτι μὴ πλείονας, προσεπαινεῖσθαι ἤθελον. Καὶ πρός γε τὸν δῆμον φανερῶς ποτε εἶπον ὅτι οὔτε τὴν τοῦ Μαρίου τοῦ τε Σύλλου ὠμότητα, ὥστε καὶ μισηθῆναι, οὔτ´ αὖ τὴν τοῦ Καίσαρος ἐπιείκειαν, ὥστε καὶ καταφρονηθῆναι καὶ ἀπ´ αὐτοῦ καὶ ἐπιβουλευθῆναι, ἐζηλώκασι.

[14] Τοιαῦτα μὲν περὶ τὰς σφαγὰς ἐγίγνετο, πολλὰ δὲ δὴ καὶ ἄτοπα καὶ περὶ τὰς τῶν ἄλλων οὐσίας συνέβαινε. Καίτοι ταῖς τε γυναιξὶ ταῖς τῶν φονευομένων τὰς προῖκας καὶ τοῖς τέκνοις τοῖς μὲν ἄρρεσι τὸ δέκατον ταῖς δὲ θηλείαις τὸ εἰκοστὸν τῆς ἑκάστου σφῶν οὐσίας δώσειν, ὡς καὶ δὴ δίκαιοι φιλάνθρωποί τε ὄντες, ἐπηγγείλαντο. Ἀλλ´ οὔτε ταῦτα πλὴν ὀλίγων ἐδόθη, τά τε τῶν λοιπῶν καὶ πάνυ πάντα ἀδεῶς ἐπορθεῖτο. Τοῦτο μὲν γὰρ ἐνοίκιον ἐνιαύσιον πασῶν τῶν τε ἐν τῷ ἄστει καὶ τῶν ἐν τῇ ἄλλῃ Ἰταλίᾳ οἰκιῶν, ὧν μὲν ἐμεμισθώκεσάν τινες, ὅλον, ὧν δὲ αὐτοὶ ᾤκουν, ἐξ ἡμισείας, πρὸς τὴν τῆς καταγωγῆς ἀξίαν ἐσέπραξαν· τοῦτο δὲ τοὺς τὰ χωρία ἔχοντας τὸ ἥμισυ τῶν προσόδων αὐτῶν ἀφείλοντο. Καὶ προσέτι καὶ τοὺς στρατιώτας τήν τε τροφὴν παρὰ τῶν πόλεων, ἐν αἷς ἐχείμαζον, προῖκα λαμβάνειν ἐποίησαν, καὶ κατὰ τὴν χώραν, ὡς ἐπὶ τὰ δεδημευμένα τά τε τῶν ἀνθισταμένων ἔτι, διαπέμποντες (καὶ γὰρ ἐκείνους, ὅτι μὴ ἐντὸς τῆς προρρηθείσης σφίσιν ἡμέρας μετέστησαν, πολεμίους ἐποιήσαντο) πάντα καὶ τὰ λοιπὰ προσδιήρπαζον. ἵνα γὰρ καὶ πρὸ τῶν ἔργων τοὺς μισθοὺς ἔχοντες πᾶν τὸ πρόθυμόν σφισι παρέχωνται, ταῦτά τε αὐτοῖς πράττειν ἐπέτρεπον καὶ πόλεις χώρας τε δώσειν ὑπισχνοῦντο· καὶ ἐπὶ τούτῳ καὶ γεωνόμους ὁμοῦ καὶ οἰκιστὰς αὐτοῖς προσαπέδειξαν. Τὸ μὲν οὖν πλῆθος τῶν στρατιωτῶν τούτοις ἀνηρτῶντο, τῶν δὲ δὴ λογιμωτέρων τοὺς μὲν τοῖς κτήμασι τοῖς τῶν ἀπολλυμένων ἐδελέαζον, τὰ μὲν ἐπευωνίζοντες τὰ δὲ καὶ προῖκά σφισι χαριζόμενοι, τοὺς δὲ καὶ ταῖς ἀρχαῖς ταῖς τε ἱερωσύναις αὐτῶν ἐτίμων. Ὅπως γὰρ ἀδεῶς αὐτοί τε τὰ κάλλιστα καὶ τῶν χωρίων καὶ τῶν οἰκοδομημάτων λαμβάνωσι καὶ ἐκείνοις ὅσα βούλονται διδῶσι, προεῖπον μηδένα τῶν ἄλλων μὴ ὠνησείοντα ἐς τὸ πρατήριον ἀπαντᾶν, εἰ δὲ μή γε, θνήσκειν τὸν τοῦτο ποιήσαντα. Καὶ ἐκείνους γε οὕτω μετεχειρίζοντο ὥστε μήτε τι καταφωρᾶν καὶ πλείστου ὅσου ἀγοράζειν ὧν ἔχρῃζον, καὶ διὰ τοῦτο μηδ´ ὠνητιᾶν ἔτι.

[15] Περὶ μὲν οὖν τὰ κτήματα τοῦθ´ οὕτως ἐγίγνετο, τὰς δὲ ἀρχὰς τάς τε ἱερωσύνας τῶν θανατωθέντων οὐ πρὸς τὸ νομιζόμενον ἐκ τῶν νόμων, ἀλλ´ ὥς που καὶ ἔδοξεν αὐτοῖς, διέδοσαν. Καὶ ὑπάτους τε, τοῦ μὲν Καίσαρος τὴν ἀρχὴν ἀπειπόντος (ἧς γὰρ οὕτως ἐπεθύμησεν ὥστε καὶ πολεμῆσαι δι´ αὐτήν, ταύτης ἑκὼν ἐξέστη) τοῦ δὲ συνάρχοντος αὐτοῦ μεταλλάξαντος, ἄλλον τέ τινα καὶ τὸν Οὐεντίδιον τὸν Πούπλιον καίπερ στρατηγοῦντα ἀπέδειξαν, ἔς τε τὴν στρατηγίαν αὐτοῦ τῶν ἀγορανομούντων τινὰ ἐσήγαγον· καὶ πάντας μετὰ τοῦτο τοὺς στρατηγούς, πέντε ἡμέρας ἔτι ἄρχοντας, παύσαντες ἐκείνους μὲν ἐς τὰς ἡγεμονίας τῶν ἐθνῶν ἔστειλαν, ἑτέρους δὲ ἀντ´ αὐτῶν ἀντικατέστησαν. Νόμους τε τοὺς μὲν ἀπήλειψαν τοὺς δὲ ἀντενέγραψαν. Καὶ συνελόντι εἰπεῖν, καὶ τἆλλα πάντα ὅπως ποτὲ καὶ ἐδόκει αὐτοῖς ἔπρασσον· τῶν μὲν γὰρ ἐπικλήσεων τῶν ἐπιφθόνων καὶ διὰ τοῦτο καταλυθεισῶν οὐκ ἀντεποιήσαντο, τὰ δὲ δὴ πράγματα πρός τε τὸ βούλημα καὶ πρὸς τὸ ἐπιθύμημα τὸ ἑαυτῶν διῆγον, ὥστε χρυσὸν τὴν τοῦ Καίσαρος μοναρχίαν φανῆναι. Τὸν μὲν οὖν ἐνιαυτὸν ἐκεῖνον ταῦτά τε οὕτως ἐποίησαν, καὶ νεὼν τῷ τε Σαράπιδι καὶ τῇ Ἴσιδι ἐψηφίσαντο·

[16] Τοῦ δὲ δὴ Λεπίδου τοῦ Μάρκου τοῦ τε Πλάγκου τοῦ Λουκίου ὑπατευσάντων λευκώματα αὖθις ἐξετέθη, θάνατον μὲν μηδενὶ ἔτι φέροντα, τὰς δὲ οὐσίας τῶν ζώντων ἀποσυλῶντα προσδεόμενοι γὰρ χρημάτων, ἅτε πολλὰ μὲν καὶ πολλοῖς στρατιώταις προοφειλήσαντες, πολλὰ δὲ καὶ ἐπὶ τοῖς γιγνομένοις δι´ αὐτῶν δαπανῶντες, πολλῷ δὲ ἔτι πλείω ἐς τοὺς προσδοκωμένους πολέμους ἀναλώσειν νομίζοντες, ἠργυρολόγουν. Οὐ μὴν ἀλλὰ τὸ μὲν τῶν τελῶν τῶν πρότερον μέν ποτε καταλυθέντων τότε δὲ αὖθις ἐπαναχθέντων ἢ καὶ ἐκ καινῆς προσκαταστάντων, τό τε τῶν συντελειῶν, ἃς πολλὰς μὲν ἐπὶ τῇ γῇ πολλὰς δὲ καὶ ἐπὶ τοῖς οἰκέταις ἐπράττοντο, μετρίως πως τοὺς ἀνθρώπους ἐλύπει· τὸ δὲ δὴ τοὺς καὶ ἐφ´ ὁποσονοῦν ἔτι οὐ μόνον τῶν βουλευτῶν ἢ καὶ τῶν ἱππέων, ἀλλὰ καὶ τῶν ἐξελευθέρων, καὶ ἀνδρῶν ὁμοίως καὶ γυναικῶν, εὐποροῦντας ἐς λευκώματα ἐσγραφῆναι καὶ δεκατείαν τινὰ καινὴν δεκατευθῆναι σφόδρα πάντας ἠνίασε. Τῷ μὲν γὰρ λόγῳ τὸ δέκατον τῆς οὐσίας παρ´ ἑκάστου σφῶν ἐπράχθη, ἔργῳ δὲ οὐδὲ τὸ δέκατόν τινι κατελείφθη· ἐπειδὴ γὰρ οὐ ῥητόν τι ἀργύριον πρὸς τὴν τῶν κτημάτων ἀξίαν ἐσενεγκεῖν ἐκελεύσθησαν, ἀλλ´ ἐπ´ αὐτοῖς αἱ τιμήσεις τῶν σφετέρων ἐγένοντο, κἀκ τούτου ὡς οὐκ ὀρθῶς αὐτὰ τετιμημένοι διεβάλλοντο, καὶ τὰ λοιπὰ προσαπώλλυσαν.

[17] Εἰ δ´ οὖν τινες τοῦτό πως διέφυγον, ἀλλ´ ὑπό τε τῶν τάξεων ἐς στενὸν κατακλειόμενοι καὶ ἀργυρίου δεινῶς σπανίζοντες πάντων καὶ αὐτοὶ τρόπον τινὰ ἀπεστεροῦντο. Καὶ μέντοι καὶ ἕτερόν τι τοιόνδε, βαρὺ μὲν καὶ ἀκοῦσαι βαρύτατον δὲ πραχθῆναι, ἐγένετο· τῷ γὰρ βουλομένῳ σφῶν ἐδόθη, πάσης τῆς οὐσίας ἐκστάντι, τὸ τρίτον μετὰ ταῦτα αὐτῆς ἀπαιτῆσαι, τοῦτ´ ἔστι μήτε τι λαβεῖν καὶ προσέτι καὶ πράγματα σχεῖν. Ὁπότε γὰρ βίᾳ τὰ δύο μέρη φανερῶς ἐσυλῶντο, πῶς ἂν τὸ τρίτον ἀπέλαβον, ἄλλως τε καὶ ἐλαχίστου αὐτῶν πωλουμένων; τοῦτο μὲν γὰρ πολλῶν ἅμα ἀποκηρυττομένων, καὶ τῶν ἀνθρώπων τῶν πλειόνων καὶ ἀχρύσων καὶ ἀναργύρων ὄντων, τῶν δὲ λοιπῶν μὴ τολμώντων ὡς καὶ ἐχόντων τι ἀγοράσαι, ἵνα μὴ καὶ ἐκεῖνο προσαπολέσωσιν, αἱ τιμαὶ ἀνεῖντο· τοῦτο δὲ τοῖς στρατιώταις πολὺ παρὰ τὴν ἀξίαν πάντα ἐπιπράσκετο. ὥστε τῶν μὲν ἰδιωτῶν οὐδεὶς οὐδέν, ὅ τι καὶ ἄξιον εἰπεῖν, διεσώσατο· πρὸς γὰρ αὖ τοῖς ἄλλοις ἔς τε τὸ ναυτικὸν οἰκέτας, εἰ καὶ μὴ εἶχόν τινες, ὠνούμενοί γε ἐδίδοσαν, καὶ τὰς ὁδοὺς οἰκείοις οἱ βουλευταὶ δαπανήμασιν ἐπεσκεύαζον. Μόνοι δὲ δὴ οἱ τὰ ὅπλα ἔχοντες ὑπερεπλούτησαν. Οὐδὲ γὰρ οὐδὲ ἐξήρκει σφίσιν οὔτε ἡ μισθοφορὰ καίπερ ἐντελὴς οὖσα, οὔτε αἱ ἔξωθεν ἐπιφοραὶ καίτοι παμπληθεῖς γενόμεναι, οὐ τὰ ἆθλα τῶν φόνων μέγιστα δὴ δοθέντα, οὐχ αἱ κτήσεις τῶν χωρίων προικιμαῖαι τρόπον τινὰ αὐτοῖς ὑπάρξασαι· ἀλλὰ καὶ προσέτι οἱ μὲν τὰς οὐσίας τῶν τελευτώντων ὅλας καὶ ᾔτουν καὶ ἐλάμβανον, οἱ δὲ καὶ ἐς τὰ τῶν ζώντων ἔτι γερόντων τε καὶ ἀτέκνων γένη ἐσεβιάζοντο. Ἐς τοσοῦτον γὰρ τῆς τε ἀπληστίας καὶ τῆς ἀναισχυντίας ἐχώρησαν ὥστε τινὰ καὶ τὴν τῆς Ἀττίας τῆς τοῦ Καίσαρος μητρὸς οὐσίαν, ἀποθανούσης τότε καὶ δημοσίᾳ {τε} ταφῇ τιμηθείσης, παρ´ αὐτοῦ τοῦ Καίσαρος αἰτῆσαι.

[18] Ταῦτά τε οὖν οὕτως οἱ ἄνδρες ἐκεῖνοι οἱ τρεῖς ἐποίουν, καὶ ἅμα καὶ τὸν Καίσαρα τὸν πρότερον ἐπὶ πλεῖστον ἐσέμνυνον. ἅτε γὰρ τῆς μοναρχίας ἐφιέμενοι καὶ πρὸς αὐτὴν ἐπειγόμενοι τούς τε σφαγέας αὐτοῦ τοὺς λοιποὺς ὀργῇ μετῄεσαν, ὡς καὶ ἐκ τούτου τήν τε ἄδειάν σφισιν ὧν ἐποίουν καὶ τὴν ἀσφάλειαν πόρρωθεν προπαρασκευάσοντες, καὶ πάνθ´ ὅσα ἐς τιμὴν αὐτοῦ ἔφερε, προθύμως ἔπραττον ἐς ὑποδοχὴν τοῦ καὶ αὐτοί ποτε τῶν ὁμοίων ἀξιωθῆναι· καὶ διὰ τοῦτο τοῖς τε ἐψηφισμένοις ἤγαλλον αὐτὸν καὶ ἑτέροις ἃ τότε προσέθεσαν. Ἔν τε γὰρ τῇ πρώτῃ τοῦ ἔτους ἡμέρᾳ αὐτοί τε ὤμοσαν καὶ τοὺς ἄλλους ὥρκωσαν βέβαια νομιεῖν πάντα τὰ ὑπ´ ἐκείνου γενόμενα (καὶ τοῦτο καὶ νῦν ἐπὶ πᾶσι τοῖς τὸ κράτος ἀεὶ ἴσχουσιν, ἢ καὶ ἐπ´ αὐτοῦ ποτε γενομένοις καὶ μὴ ἀτιμωθεῖσι, γίγνεται), καὶ ἡρῷόν οἱ ἔν τε τῇ ἀγορᾷ καὶ ἐν τῷ τόπῳ ἐν ᾧ ἐκέκαυτο προκατεβάλοντο, καί τι καὶ ἄγαλμα αὐτοῦ ἐν ταῖς ἱπποδρομίαις μεθ´ ἑτέρου Ἀφροδισίου ἔπεμπον. Εἴ τε νίκη τις ἠγγέλθη ποθέν, χωρὶς μὲν τῷ κρατήσαντι χωρὶς δὲ ἐκείνῳ καὶ τεθνεῶτι τιμὴν ἱερομηνίας ἔνεμον. Τά τε γενέσια αὐτοῦ δαφνηφοροῦντας καὶ εὐθυμουμένους πάντας ἑορτάζειν ἠνάγκασαν, νομοθετήσαντες τοὺς μὲν ἄλλους τοὺς ἀμελήσαντας αὐτῶν ἐπαράτους τῷ τε Διὶ καὶ αὐτῷ ἐκείνῳ εἶναι, τοὺς δὲ δὴ βουλευτὰς τούς τε υἱεῖς σφων πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδας ὀφλισκάνειν. Καὶ συνέβαινε γὰρ ἐν τῇ αὐτῇ ἡμέρᾳ καὶ τὰ Ἀπολλώνια γίγνεσθαι, ἐψηφίσαντο τῇ προτεραίᾳ τὰ γενέσια ἀγάλλεσθαι, ὡς καὶ λογίου τινὸς Σιβυλλείου ἀπαγορεύοντος μηδενὶ θεῶν τότε πλὴν τῷ Ἀπόλλωνι ἑορτάζεσθαι.

[19] Ταῦτά τε οὖν αὐτῷ ἔδωκαν, καὶ τὴν ἡμέραν ἐν ᾗ ἐφονεύθη, κυρίαν ἀεί ποτε ἕδραν βουλῆς ἔχουσαν, ἀποφράδα ἐνόμισαν. Τό τε οἴκημα ἐν ᾧ ἐσφάγη, παραχρῆμά τε ἔκλεισαν καὶ ὕστερον ἐς ἄφοδον μετεσκεύασαν· καὶ τὸ βουλευτήριον τὸ Ἰούλιον ἐπ´ αὐτοῦ κληθὲν παρὰ τῷ Κομιτίῳ ὠνομασμένῳ ᾠκοδόμουν, ὥσπερ ἐψήφιστο. Πρὸς δὲ τούτοις ἀπεῖπον μὲν μηδεμίαν εἰκόνα αὐτοῦ, καθάπερ θεοῦ τινος ὡς ἀληθῶς ὄντος, ἐν ταῖς τῶν συγγενῶν αὐτοῦ ἐκφοραῖς πέμπεσθαι, ὅπερ ἐκ τοῦ πάνυ ἀρχαίου καὶ τότε ἔτι ἐγίγνετο· ἀπηγόρευσαν δὲ μηδένα ἐς τὸ ἡρῷον αὐτοῦ καταφυγόντα ἐπ´ ἀδείᾳ μήτε ἀνδρηλατεῖσθαι μήτε συλᾶσθαι, ὅπερ οὐδενὶ οὐδὲ τῶν θεῶν, πλὴν τῶν ἐπὶ τοῦ Ῥωμύλου γενομένων, ἐδεδώκεσαν. Καίτοι καὶ ἐκεῖνο τὸ χωρίον ὀνόματι τὴν ἀσυλίαν, μετὰ τὴν τῶν ἀνδρῶν ἄθροισιν, ἄνευ τοῦ ἔργου αὐτῆς ἔσχεν· οὕτω γὰρ περιεφράχθη ὥστε μηδένα ἔτι τὸ παράπαν ἐσελθεῖν ἐς αὐτὸ δυνηθῆναι. Τῷ μὲν δὴ Καίσαρι ταῦτ´ ἔδωκαν, ταῖς δὲ ἀειπαρθένοις ῥαβδούχῳ ἑνὶ ἑκάστῃ χρῆσθαι, ὅτι τις αὐτῶν ἀπὸ δείπνου πρὸς ἑσπέραν οἴκαδε ἐπανιοῦσα ἠγνοήθη τε καὶ ὑβρίσθη. Τάς τε ἀρχὰς τὰς ἐν τῇ πόλει ἐπὶ πλείω ἔτη προαπέδειξαν, τούς τε ἐπιτηδείους σφίσιν ἅμα δι´ αὐτῶν τιμῶντες, καὶ τὰ πράγματα ἐπὶ μακρότερον ταῖς τῶν ἀρξόντων διαδοχαῖς κρατυνόμενοι.

[20] Πράξαντες δὲ ταῦτα, Λέπιδος μὲν αὐτοῦ, τήν τε πόλιν καὶ τὴν ἄλλην Ἰταλίαν διάξων, ὥσπερ εἶπον, ὑπέμεινε, Καῖσαρ δὲ καὶ Ἀντώνιος ἐξεστράτευσαν. Ὅ τε γὰρ Βροῦτος καὶ ὁ Κάσσιος τὸ μὲν πρῶτον μετὰ τὴν ὁμολογίαν τὴν πρὸς τὸν Ἀντώνιον τούς τε ἄλλους σφίσι γενομένην καὶ ἐς τὴν ἀγορὰν ἐσῄεσαν, καὶ τὰς στρατηγίας ἐν τῷ αὐτῷ ᾧ καὶ πρὶν κόσμῳ διῴκουν· ἐπεὶ δ´ ἤρξαντό τινες ἐπὶ τῇ τοῦ Καίσαρος σφαγῇ χαλεπαίνειν, ἐξεχώρησαν ὡς καὶ ἐπὶ τὰς ἔξω ἀρχάς, ἃς προσετετάχατο, ἐπειγόμενοι. Καίτοι καὶ ἀστυνόμος ὁ Κάσσιος ἦν, τά τε Ἀπολλώνια οὐδέπω διεωρτάκει. Ἀλλ´ ἐκεῖνα μὲν δι´ Ἀντωνίου τοῦ συστρατηγοῦ καὶ ἀπὼν ἐκπρεπέστατα ἐπετέλεσεν, αὐτὸς δὲ οὐκ εὐθὺς ἐκ τῆς Ἰταλίας ἀπέπλευσεν, ἀλλ´ ἐν τῇ Καμπανίᾳ μετὰ τοῦ Βρούτου χρονίσας ἐπετήρει τὰ γιγνόμενα. Καί τινα καὶ γράμματα ἐς τὴν Ῥώμην, ἅτε καὶ στρατηγοῦντες, πρὸς τὸν δῆμον ἔπεμπον, μέχρις οὗ ὁ Καῖσαρ ὁ Ὀκταουιανὸς τῶν τε πραγμάτων ἀντιλαμβάνεσθαι καὶ τὸ πλῆθος σφετερίζεσθαι ἤρξατο. Τότε γὰρ τῆς τε δημοκρατίας ἅμα ἀπογνόντες καὶ ἐκεῖνον φοβηθέντες ἀπῆραν. Καὶ αὐτοὺς οἱ Ἀθηναῖοι λαμπρῶς ὑπεδέξαντο· ἐτιμῶντο μὲν γὰρ καὶ ὑπὸ τῶν ἄλλων σχεδόν τι πάντων ἐφ´ οἷς ἐποίησαν, ἐκεῖνοι δὲ καὶ εἰκόνας σφίσι χαλκᾶς παρά τε τὴν τοῦ Ἁρμοδίου καὶ παρὰ τὴν τοῦ Ἀριστογείτονος, ὡς καὶ ζηλωταῖς αὐτῶν γενομένοις, ἐψηφίσαντο.

11. Voilà jusqu'ici d'illustres exemples de vertu et de piété qui se produisirent à cette époque. Au contraire, Popilius Laenas tua Marcus Cicéron qui pourtant était devenu son bienfaiteur en le défendant en justice, et, comme si ce n'eût pas été assez de la renommée et qu'il eût aussi fallu la vue pour confirmer qu'il était l'auteur de ce meurtre, il plaça près de la tête de Cicéron son buste avec une couronne et une inscription relatant son nom et son action. II se rendit par là tellement agréable à Antoine que celui-ci lui donna une somme plus forte que celle qui avait été promise. M. Terentius Varron n'était coupable d'aucune offense ; mais comme son nom était, à un seul prénom près, le même que celui d'un des proscrits, et qu'il craignait, par suite de cette ressemblance, d'éprouver le sort de Cinna, il fit poser une affiche pour en donner avis : il était alors tribun du peuple. Par là il se rendit l'objet des entretiens et des railleries de tout le monde. Mais voici un exemple qui témoigne bien de l'instabilité de la vie : L. Philuscius, dont la tête avait été autrefois mise à prix par Sylla et qui avait alors échappé au péril, fut inscrit de nouveau sur les tables de proscription et fut tué, tandis que M. Valerius Messala, quoique condamné à mort par Antoine, non seulement vécut en sûreté, mais même fut, dans la suite, créé consul à sa place. Ainsi, beaucoup se tirent sains et saufs des circonstances les plus difficiles, tandis que beaucoup périssent de ceux qui étaient pleins d'assurance ; ce qui montre bien qu'il ne faut ni se laisser abattre, en présence d'un malheur subit, au point de perdre toute espérance, ni se laisser emporter à des sentiments insensés par l'excès d'une joie inattendue, mais, prenant pour intermédiaire dans les deux cas l'attente de l'avenir, rester ferme dans l'une comme dans l'autre fortune.

12. Voilà comment se passèrent les choses; en outre, beaucoup, qui n'étaient pas proscrits, furent tués à cause d'inimitiés privées ou bien à cause de leurs richesses, comme aussi un grand nombre de ceux dont la tête fut mise à prix non seulement survécurent, mais rentrèrent par la suite dans leurs foyers ; quelques-uns même furent revêtus de magistratures. Les proscrits se retirèrent auprès de Brutus et de Cassius, ou bien auprès de Sextus. La plupart se réfugièrent auprès de ce dernier: choisi d'abord pour commander la flotte et ayant joui quelque temps de la puissance maritime, il s'était, bien que dépouillé plus tard de ce commandement par César, acquis des forces personnelles, et, maître de la Sicile, lorsque ensuite il fut lui-même proscrit à son tour, il rendit, pendant que durèrent les massacres, des services signalés à ceux qui étaient en butte à la même fortune que lui. Stationnant près de l'Italie, il envoya à Rome et dans toutes les villes offrir, entre autres avantages, à ceux qui sauveraient un proscrit le double de la récompense proposée aux meurtriers et promettre aux proscrits eux-mêmes retraite, assistance, argent et honneurs. Aussi beaucoup vinrent-ils à lui.

13. Quant au chiffre, je ne rapporte, aujourd'hui encore, ni celui de ceux qui furent proscrits, ni celui de ceux qui furent tués ou qui échappèrent par la fuite, attendu que beaucoup de ceux qui, dans le premier moment, avaient été inscrits sur les listes, en furent effacés, et que beaucoup d'autres y furent, dans la suite, inscrits à leur place; que, parmi ceux-ci, un assez grand nombre furent sauvés et que d'autres, également en assez grand nombre, furent tués. Il n'était permis à personne de pleurer, et plusieurs moururent pour l'avoir fait. A la fin, comme la calamité était plus forte que toute dissimulation, et que personne, même les plus courageux, ne pouvait v résister, une sombre tristesse éclata partout, et dans les actions et dans les paroles: et même les fêtes ordinaires du commencement de l'année n'auraient pas été célébrées sans un édit qui ordonna de se livrer à la joie, avec peine de mort contre quiconque n'obéirait pas. C'est ainsi que les Romains étaient forcés de se réjouir des maux publics comme d'un bonheur. Mais à quoi bon rapporter ces détails, quand, entre autres honneurs, on leur décerna (je dis aux triumvirs) des couronnes civiques comme avant été les bienfaiteurs et les sauveurs de la ville? Car non seulement ils prétendaient ne pas être accusés pour avoir tué quelques citoyens, mais ils voulaient être loués pour n'en avoir pas tué davantage. Ils allèrent même jusqu'à dire un jour ouvertement au peuple qu'ils n'imitaient ni la cruauté de Marius et de Sylla, afin de ne pas être haïs, ni la clémence de César, afin de ne pas être méprisés et, par suite, en butte à des complots. Voilà ce qui se passa durant les massacres.

14. Quant aux biens des citoyens, il se passa une foule de choses qui n'ont pas de nom. Ils promirent de donner aux femmes de ceux qui avaient été tués leur dot ; aux enfants mâles, le dixième ; aux filles, le vingtième des biens de chacun d'eux, afin de paraître justes et cléments. Mais, à très peu d'exceptions près, cette portion ne fut même pas donnée, et tous les biens du reste des citoyens furent pillés impunément. Ici, ce fut un droit annuel d'habitation qu'ils exigèrent pour toutes les maisons dans Rome et dans les autres parties de l'Italie, savoir, une année entière pour celles qui étaient occupées par des locataires, et un semestre pour celles qui l'étaient par leurs propriétaires eux-mêmes, d'après l'estimation des édifices; là, ce fut une moitié de leurs revenus qu'ils prirent à ceux qui possédaient des terres. De plus, ils firent fournir gratuitement des vivres aux troupes par les villes dans lesquelles elles étaient en quartiers d'hiver, et, avec les soldats qu'ils envoyaient de côté et d'autre par tout le territoire comme dans des biens confisqués et appartenant à des gens qui leur résistaient encore (les habitants, en effet, pour ne leur avoir pas cédé au jour fixé étaient réputés ennemis publics), ils enlevaient tout ce qui restait. Car, afin d'avoir, en leur donnant à l'avance la récompense de leurs services, les soldats à leur dévotion, les triumvirs leur permirent cette licence, promirent de leur accorder des villes et des terres et leur nommèrent à cet effet des chefs pour partager les terres et fonder des villes. Ils s'attachaient par ces mesures la masse des soldats; quant aux principaux, ils prenaient les uns par l'appât des biens de ceux qui étaient tués, tantôt les leur vendant à vil prix, tantôt les leur donnant pour rien; les autres, ils les revêtaient des magistratures et des sacerdoces de leurs victimes. En effet, afin de s'emparer eux-mêmes impunément des plus belles terres et des plus belles maisons, et de donner aux soldats tout ce qu'ils voudraient, ils firent défense à tout autre d'approcher de la haste sans acheter, sous peine de mort pour le contrevenant. Quant aux acheteurs, on s'arrangeait de façon à leur faire voir des choses dont ils avaient besoin, pour les forcer d'acheter au prix le plus élevé et leur faire ainsi passer l'envie des achats.

15. Voilà comment les choses se passaient pour les terres; quant aux magistratures et aux sacerdoces de ceux qui étaient mis à mort, les triumvirs les distribuaient non pas d'après les prescriptions des lois, mais suivant leur bon plaisir. César avant abdiqué le consulat (après s'être montré désireux de cette magistrature au point de faire la guerre pour l'obtenir, il en sortit de son plein gré), et son collègue étant mort, ils nommèrent consuls un autre citoyen et P. Ventidius, bien qu'il fût alors préteur, et mirent préteur en sa place un des édiles: ensuite, destituant les autres préteurs, qui avaient encore cinq jours à exercer leur charge, ils les envoyèrent gouverner des provinces et en établirent d'autres à leur place. Ils abolirent aussi plusieurs lois pour y en substituer d'autres. En un mot, ils agirent dans tout le reste suivant leur bon plaisir : sans prendre des titres devenus odieux et pour cette raison abolis, ils administrèrent les affaires d'après leurs volontés et leurs caprices, de telle sorte que la domination de César paraissait un siècle d'or. Voilà ce qu'ils firent cette année: de plus, ils décrétèrent un temple à Sérapis et à Isis.

16. Sous le consulat de M. Lepidus et de L. Plancus, de nouvelles tables furent affichées qui ne condamnaient plus personne à mort, mais qui dépouillaient de leurs biens ceux qui avaient conservé la vie; car, ayant besoin d'argent, devant beaucoup à beaucoup de soldats, dépensant beaucoup pour les actes qu'ils accomplissaient par leurs mains et prévoyant plus de dépenses encore pour les guerres auxquelles ils s'attendaient, ils se mirent à lever des contributions. Cependant les impôts auparavant abolis et alors rétablis ou ajoutés aux anciens, les contributions sans nombre qu'ils levaient et sur les terres et sur les esclaves, n'affligeaient pas encore trop les Romains : mais l'inscription sur ces tables de ceux qui, non seulement parmi les sénateurs ou les chevaliers, mais même parmi les affranchis, avaient conservé un revenu quelque faible qu'il fût, la dîme que l'on exigeait d'eux, causaient à tout le monde une vive douleur. Car, bien qu'en apparence, ils ne prissent que le dixième du bien de chacun, en réalité, ils ne lui en laissaient même pas le dixième, En effet, au lieu d'imposer le payement d'une somme fixée d'après la valeur des propriétés, ils en faisaient faire l'estimation par les propriétaires eux-mêmes et tiraient de là un prétexte pour les accuser d'estimation mensongère et les spolier du restant.

17. Si quelques-uns parvenaient à y échapper, comme ils étaient réduits par les contributions à une gêne étroite et à une grande disette d'argent, ils se trouvaient, eux aussi, en quelque sorte dépouillés de tout. Voici encore une autre chose qui eut lieu, chose pénible à entendre, excessivement pénible â subir : on donna à qui le voulut la faculté de pouvoir, en cédant tout son bien, en réclamer le tiers, c'est-à-dire de ne rien recevoir du tout et en outre de s'attirer des tracas. Comment, en effet, lorsqu'on s'est laissé ouvertement arracher les deux tiers par force, recouvrer le troisième, surtout les ventes se faisant à vil prix ? Car, d'un côté, le grand nombre de propriétés mises en vente à la fois, dans un moment où la plupart des citoyens n'avaient ni or ni argent et ou le reste n'osait acheter, par crainte de perdre même le peu dont il paraîtrait possesseur, faisait diminuer les prix ; d'un autre côté, on vendait tout aux soldats bien au-dessous de sa valeur. Aussi parmi les simples particuliers personne ne sauva rien qui vaille : car, en outre des autres charges, ils avaient à fournir pour la marine des esclaves qu'il leur fallait acheter, quand ils n'en avaient pas; les sénateurs avaient à entretenir les routes à leurs frais. Seuls, les hommes de guerre regorgèrent de richesses. Loin de se contenter de leur solde, bien qu'elle fût parfaitement suffisante, de leurs gratifications, bien qu'ils en eussent reçu de fort nombreuses, des larges récompenses qu'on leur avait données pour les meurtres, de la possession de terres abandonnées, pour ainsi dire, à leur dévolu, les uns réclamaient et obtenaient les biens entiers des citoyens qui mouraient, les autres s'introduisaient par violence dans la famille de vieillards encore vivants et sans enfants. Ils devinrent à tel point insatiables et impudents que, Attis, mère de César, étant morte alors et ayant été honorée de funérailles aux frais de l'État, l'un d'eux osa demander ses biens à César lui-même.

18. Telle était la conduite des triumvirs. En même temps ils comblaient d'honneurs le premier César. Car, comme ils désiraient son pouvoir souverain et qu'ils marchaient à grands pas vers ce but, ils poursuivaient avec acharnement le reste de ses meurtriers, dans la pensée que, par là, ils se ménageraient de loin pour l'avenir impunité et sûreté pour leurs actes: aussi, tout ce qui tendait à lui rendre des honneurs, ils l'exécutaient avec empressement, dans l'espoir d'en obtenir un jour autant pour eux-mêmes, et, dans cette intention, ils accumulaient sur lui tous les honneurs qui lui avaient été précédemment décernés, et ils en ajoutèrent de nouveaux. Le premier jour de l'année, ils jurèrent eux-mêmes et firent jurer aux autres de ratifier tous ses actes (cette coutume, aujourd'hui encore, s'observe à l'égard de tous ceux qui se succèdent au pouvoir suprême ou qui l'ont exercé, toutes les fois qu'ils n'ont pas été notés d'infamie), ils lui érigèrent un heroôn sur le Forum, à la place même où son corps avait été brûlé, et promenèrent, dans les jeux du cirque, une statue de César avec une statue de Vénus. Quand on annonçait de quelque part une victoire, ils décrétaient des supplications distinctes en l'honneur, et de celui qui avait remporté cette victoire, et de César, bien qu'il fût mort. Ils contraignirent aussi tous les citoyens à célébrer son jour natal, des couronnes de laurier sur la tête et la joie sur le visage, sous peine, pour ceux qui négligeraient ce devoir, d'être, de par la loi, dévoués à Jupiter et à César lui-même; et, si les coupables étaient sénateurs ou fils de sénateurs, de payer deux cent cinquante mille drachmes. Bien plus, les jeux Apollinaires tombant le même jour, on décréta de fêter, la veille, la naissance de César, attendu qu'un oracle sibyllin défendait de fêter ce jour-là un autre dieu qu'Apollon.

19. Tels furent les honneurs rendus à César; de plus, le jour de sa mort, jour auquel le sénat avait toujours siégé, fut réputé néfaste. On ferma sur-le-champ la salle où il avait été tué, et, dans la suite, on la convertit en latrines. On bâtit encore, conformément au décret, près du Comitium, la curie Julia, ainsi appelée du nom du dictateur. En outre, on ordonna qu'aucune image de César, attendu qu'il était véritablement dieu, ne serait portée aux funérailles de ses parents, ainsi que cela s'était pratiqué de toute antiquité et se pratiquait encore à cette époque. On défendit d'entraîner ou d'arracher par force celui qui, pour s'assurer l'impunité, se serait réfugié dans son heroôn, privilège qui, si l'on excepte ce qui eut lieu sous Romulus, n'avait été accordé à aucun des dieux. Cet endroit, d'ailleurs, bien que déclaré asile, ne conserva, depuis l'accroissement de la population, qu'un nom sans valeur effective: car on l'obstrua de façon que personne désormais ne pût y entrer. Les triumvirs attribuèrent donc à César ces privilèges, et accordèrent aux Vestales celui d'être accompagnées chacune d'un licteur, parce que l'une d'elles revenant le soir chez elle, au sortir d'un souper, avait été outragée par ignorance. Ils nommèrent aussi aux magistratures urbaines pour plusieurs années, afin d'honorer par ce moyen leurs partisans et, en assurant ainsi la succession des magistrats, d'affermir leur pouvoir pour un temps plus long.

20. Une fois ces actes accomplis, Lepidus resta à Rome, ainsi que je l'ai dit, pour administrer les affaires de la ville et celles de l'Italie; César et Antoine se mirent en campagne. Brutus et Cassius. en effet, après leur convention avec Antoine et le reste des citoyens, étaient d'abord descendus au Forum, où ils exercèrent leur préture avec le même appareil qu'auparavant ; puis, lorsque quelques citoyens eurent commencé à s'irriter de la mort de César, ils sortirent comme pour se rendre en hâte dans les provinces qui leur étaient confiées. Cassius, cependant, était préteur urbain et n'avait pas encore célébré les jeux Apollinaires. Il les fit, bien qu'absent, célébrer avec une grande magnificence par son collègue Antoine, et, au lieu de faire voile immédiatement pour quitter l'Italie, il s'arrêta dans la Campanie avec Brutus, pour observer les événements. Ils envoyèrent même à Rome, en leur qualité de préteurs, des lettres au peuple, jusqu'au moment où César Octavien commença à s'occuper des affaires et à s'attacher le peuple. Alors, désespérant du gouvernement populaire et redoutant César, ils levèrent l'ancre. Athènes leur fit une réception brillante : presque tous les autres peuples leur rendaient des honneurs pour ce qu'ils avaient fait, mais les Athéniens leur décernèrent publiquement des statues d'airain à côté de celles d'Harmodius et d'Aristogiton, comme à des imitateurs de ces héros.

[21] Κἀν τούτῳ πυθόμενοι τὸν Καίσαρα ἐπὶ μεῖζον αἴρεσθαι, Κρητῶν μὲν καὶ Βιθυνῶν, ἐφ´ οὓς ἐστέλλοντο, ἠμέλησαν, οὐδεμίαν ἐν αὐτοῖς ἀξιόχρεων ὠφελίαν ὁρῶντες οὖσαν, πρὸς δὲ δὴ τήν τε Συρίαν καὶ τὴν Μακεδονίαν, καίπερ μηδέν σφισι προσηκούσας, ἀλλ´ ὅτι τῷ καιρῷ καὶ τοῖς χρήμασι ταῖς τε δυνάμεσιν ἤκμαζον, ἐτράποντο. Καὶ Κάσσιος μὲν πρὸς τοὺς Σύρους ὡς καὶ συνήθεις οἱ καὶ φίλους ἐκ τῆς μετὰ τοῦ Κράσσου στρατείας ὄντας ὥρμησε, Βροῦτος δὲ τήν τε Ἑλλάδα καὶ τὴν Μακεδονίαν συνίστη. Ἄλλως τε γὰρ ἔκ τε τῆς δόξης τῶν πεπραγμένων καὶ ἐπὶ ταῖς ἐλπίσι τῶν ὁμοίων προσεῖχον αὐτῷ, καὶ διότι καὶ στρατιώτας συχνούς, τοὺς μὲν ἐκ τῆς πρὸς Φαρσάλῳ μάχης ἐκεῖ που καὶ τότε ἔτι περιπλανωμένους, τοὺς δὲ καὶ ἐκ τῶν τῷ Δολοβέλλᾳ συνεξελθόντων ὑπολειφθέντας ἢ διὰ νόσον ἢ διὰ ἀταξίαν, προσλαβὼν εἶχε· καί οἱ καὶ χρήματα ἐκ τῆς Ἀσίας παρὰ τοῦ Τρεβωνίου ἦλθε. Τὸ μὲν οὖν Ἑλληνικὸν ἀπονητότατα ἐκ τούτων, ἅτε μηδὲ δύναμίν τινα ἀξιόλογον ἔχον, προσεποιήσατο· ἐς δὲ δὴ τὴν Μακεδονίαν ἦλθε μὲν ἐν ἐκείνῳ τῷ καιρῷ ἐν ᾧ ὅ τε Ἀντώνιος ὁ Γάιος ἄρτι ἀφῖκτο καὶ Κύιντος Ὁρτήσιος ὁ προάρξας αὐτῆς ἀπαλλαγήσεσθαι ἔμελλεν, οὐ μέντοι καὶ πρᾶγμά τι ἔσχεν. Οὗτός τε γὰρ εὐθὺς αὐτῷ προσεχώρησε, καὶ ὁ Ἀντώνιος κωλυθεὶς κατὰ τὴν τοῦ Καίσαρος ἐν τῇ Ῥώμῃ ἐπικράτησιν πράσσειν τι τῶν τῇ ἀρχῇ προσηκόντων ἀσθενὴς ἦν. Ὅ τε Οὐατίνιος ἦρχε μὲν Ἰλλυριῶν τῶν πλησιοχώρων, καὶ τό τε Δυρράχιον ἐκεῖθεν ἐπελθὼν προκατέλαβε καὶ ἦν αὐτῷ κατὰ τὸ στασιωτικὸν διάφορος, οὐ μὴν ἠδυνήθη τι αὐτὸν βλάψαι· οἱ γὰρ στρατιῶται ἀχθόμενοί τε αὐτῷ καὶ προσκαταφρονήσαντες αὐτοῦ διὰ νόσον μετέστησαν. Καταλαβὼν οὖν καὶ τούτους ἐπί τε τὸν Ἀντώνιον ἐν τῇ Ἀπολλωνίᾳ ὄντα ἐστράτευσε, καὶ προαπαντήσαντός οἱ αὐτοῦ τούς τε στρατιώτας ᾠκειώσατο, καὶ ἐκεῖνον ἐς τὸ τεῖχος προκαταφυγόντα ἀπετείχισε μὲν καὶ ἐζώγρησεν ἐκ προδοσίας, κακὸν δὲ οὐδὲν εἰργάσατο.

[22] Πράξας δὲ ταῦτα, καὶ τήν τε Μακεδονίαν μετὰ τοῦτο πᾶσαν καὶ τὴν Ἤπειρον προσλαβών, ἐπέστειλε τῇ γερουσίᾳ, τά τε πραχθέντα οἱ δηλῶν καὶ ἑαυτὸν τά τε ἔθνη καὶ τοὺς στρατιώτας ἐπ´ αὐτῇ ποιούμενος. Οἱ δέ (ἔτυχον γὰρ ὑπόπτως ἤδη πρὸς τὸν Καίσαρα ἔχοντες) ἰσχυρῶς τε αὐτὸν ἐπῄνεσαν καὶ πάντων τῶν ἐκεῖ χωρίων ἄρχειν ἐκέλευσαν. Ὡς οὖν καὶ ἐκ τοῦ δόγματος τὴν ἡγεμονίαν ἐβεβαιώσατο, αὐτός τε ἐπὶ πλεῖον προεθυμήθη καὶ τὸ ὑπήκοον ἀπροφασίστως συναιρόμενον ἔσχε. Καὶ τέως μὲν τῷ τε Καίσαρι πέμπων, ὅτε ἐδόκει τῷ Ἀντωνίῳ πολεμεῖν, παρῄνει ἐκείνῳ τε ἀνθίστασθαι καὶ ἑαυτῷ συναλλαγῆναι, καὶ αὐτὸς ἐς τὴν Ἰταλίαν πλεῦσαι παρεσκευάζετο, ὅθεν ἡ γερουσία μετέπεμψεν αὐτόν· ἐπεὶ δὲ ὁ Καῖσαρ τά τε ἐν τῇ Ῥώμῃ ἀκριβῶς κατέσχε καὶ τοὺς τοῦ πατρὸς φονέας φανερῶς ἐτιμωρεῖτο, κατὰ χώραν ἔμεινε, καὶ διεσκόπει ὅπῃ ποτὲ ἐπιόντα αὐτὸν καλῶς ἀμύναιτο, καὶ τά τε ἄλλα ἄριστα δὴ τήν τε Μακεδονίαν διήγαγε, καὶ τὰ στρατεύματα στασιασθέντα οἱ ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου κατεστήσατο.

[23] Ἐκεῖνος γάρ, καίτοι ὑπ´ αὐτοῦ οὐδὲ τοῦ στρατηγικοῦ κόσμου στερηθείς, οὐκ ἠγάπησε τὴν ἡσυχίαν ἔν τε ἀδείᾳ καὶ ἐν τιμῇ ἔχων, ἀλλ´ ἐς τοὺς τοῦ Βρούτου στρατιώτας ἔπραττεν ἀπόστασιν· φωραθείς τε ἐπὶ τούτῳ πρὶν μέγα τι κακὸν δρᾶσαι, καὶ τῶν τε ἐπισήμων τῆς στρατηγίας ἀφαιρεθεὶς καὶ φυλακῇ τινι ἀδέσμῳ, ἵνα μηδὲν νεοχμώσῃ, παραδοθεὶς οὐδ´ ὣς ἡσύχασεν, ἀλλὰ καὶ ἐπὶ μᾶλλον ἢ πρὶν ἐνεωτέρισεν, ὥστε καὶ τῶν στρατιωτῶν τοὺς μὲν ἀλλήλοις ἐς χεῖρας ἐλθεῖν, τοὺς δὲ καὶ ἐπ´ ἐκεῖνον ἐς τὴν Ἀπολλωνίαν, ὅπως ἐξαρπάσωσιν αὐτόν, ὁρμῆσαι. Καὶ τοῦτο μὲν οὐκ ἠδυνήθησαν ποιῆσαι· ὁ γὰρ Βροῦτος ἐκ γραμμάτων τινῶν ἁλόντων προμαθὼν τὸ γενησόμενον ὑπεξήγαγεν αὐτόν, ὡς καὶ νοσοῦντά τινα ἐς δίφρον κατάστεγον ἐμβαλών· οὔτε δὲ ἐκεῖνον εὑρεῖν δυνάμενοι καὶ τὸν Βροῦτον φοβούμενοι λόφον ὑπὲρ τῆς πόλεως κατέλαβον. Καὶ αὐτοὺς ὁ Βροῦτος ἐς τε ὁμολογίαν ὑπαγαγόμενος, καὶ ὀλίγους τῶν θρασυτάτων τοὺς μὲν θανατώσας τοὺς δὲ ἀπαλλάξας ἐκ τῆς συστρατείας, οὕτω διέθηκεν ὥστε σφᾶς τούς τε ἀποπεμφθέντας ὡς καὶ τῆς στάσεως αἰτιωτάτους συλλαβεῖν καὶ ἀποκτεῖναι, καὶ τὸν ταμίαν τούς τε ὑποστρατήγους τοῦ Ἀντωνίου ἐξαιτῆσαι.

[24] Ὁ οὖν Βροῦτος ἐκείνων μὲν οὐδένα σφίσιν ἐξέδωκεν, ἀλλ´ ἐς πλοῖα αὐτοὺς ἐμβαλὼν ὡς καὶ καταποντώσων ἐς τὸ ἀσφαλὲς ἀπέπεμψε· φοβηθεὶς δὲ μὴ καὶ αὖθις τῶν ἐν τῇ Ῥώμῃ πραττομένων ἐπὶ τὸ φοβερώτερον ἀγγελλομένων πυνθανόμενοι μεταβάλωνται, τὸν μὲν Ἀντώνιον ἐν τῇ Ἀπολλωνίᾳ κατέλιπε, Γαΐῳ τινὶ Κλωδίῳ παραδοὺς φυλάσσειν, αὐτὸς δὲ τό τε πλεῖστον καὶ τὸ ἰσχυρότατον τοῦ στρατοῦ λαβὼν ἔς τε τὴν ἄνω Μακεδονίαν ἀνεχώρησε, κἀντεῦθεν ἐς τὴν Ἀσίαν ὕστερον ἔπλευσεν, ὅπως σφᾶς ὅτι τε πορρωτάτω τῆς Ἰταλίας ἀπαγάγῃ κἀκ τῶν ἐκεῖ ὑπηκόων διατρέφῃ. Καὶ ἄλλους τε ἐν τούτῳ συμμάχους προσεποιήσατο καὶ τὸν Δηιόταρον, καίπερ ὑπεργήρων τε ὄντα καὶ τῷ Κασσίῳ ἀπειπόντα τὴν βοήθειαν. Διατρίβοντος δὲ αὐτοῦ ταύτῃ, ἐκείνῳ τε Γέλλιος Ποπλικόλας ἐπεβούλευσε καὶ τὸν Ἀντώνιον ὁ ἀδελφὸς ὁ Μᾶρκος ἐξαρπάσαι, πέμψας τινάς, ἐπεχείρησε. Καὶ τοῦτον μὲν ὁ Κλώδιος ὡς οὐκ ἠδυνήθη σῶον φυλάξαι, ἀπέκτεινεν, εἴτ´ αὐτογνωμονήσας εἴτε καὶ ἐξ ἐντολῆς τοῦ Βρούτου· καὶ γὰρ λόγος ἔχει ὅτι πρότερον μὲν ἐν παντὶ τὴν σωτηρίαν αὐτοῦ ἐποιεῖτο, ὕστερον δέ, μαθὼν τὸν Δέκιμον ἀπολωλότα, παρ´ οὐδὲν αὐτὴν ἤγαγεν. Ὁ δὲ δὴ Γέλλιος ἐφωράθη μέν, ἔπαθε δὲ δεινὸν οὐδέν· ὁ γὰρ Βροῦτος ἐκεῖνόν τε ἐν τοῖς φιλτάτοις ἀεί ποτε νομίσας εἶναι, καὶ τὸν ἀδελφὸν αὐτοῦ Μᾶρκον Μεσσάλαν πάνυ τῷ Κασσίῳ προσκείμενον εἰδώς, ἀφῆκεν αὐτόν. Καὶ ὃς ἐπέθετο μὲν καὶ τῷ Κασσίῳ, οὐδὲν δὲ οὐδὲ τότε κακὸν ἔπαθεν. Αἴτιον δὲ ὅτι ἡ μήτηρ αὐτοῦ Πώλλα προμαθοῦσα τὴν ἐπιβουλήν, καὶ δείσασα περί τε τῷ Κασσίῳ μὴ προκαταληφθῇ (σφόδρα γὰρ αὐτὸν ἠγάπα) καὶ περὶ τῷ υἱῷ μὴ καταφωραθῇ, τό τε ἐπιβούλευμα αὐτὴ ἑκοῦσα τῷ Κασσίῳ προεμήνυσε καὶ τὴν σωτηρίαν τοῦ παιδὸς ἀντέλαβεν. Οὐ μέντοι καὶ βελτίω αὐτὸν ἐποίησεν· πρός τε γὰρ τὸν Καίσαρα καὶ πρὸς τὸν Ἀντώνιον ἀπὸ τῶν εὐεργετῶν ἀπηυτομόλησεν.

[25] Ὁ δ´ οὖν Βροῦτος ὡς τάχιστα τήν τε τοῦ Ἀντωνίου τοῦ Μάρκου πείρασιν καὶ τὴν τοῦ ἀδελφοῦ αὐτοῦ σφαγὴν ἔμαθεν, ἔδεισε μὴ καὶ ἄλλο τι ἐν τῇ Μακεδονίᾳ παρὰ τὴν ἀπουσίαν αὐτοῦ νεωτερισθῇ, καὶ εὐθὺς ἐς τὴν Εὐρώπην ἐπειχθεὶς τήν τε χώραν τὴν τοῦ Σαδάλου γενομένην παρέλαβεν (ἄπαις γὰρ τελευτῶν τοῖς Ῥωμαίοις αὐτὴν κατέλιπε), καὶ ἐς Βησσοὺς ἐμβαλών, εἴ πως ἀμύναιτό τε ἅμα αὐτοὺς ὧν ἐκακούργουν, καὶ ὄνομα ἀξίωμά τε αὐτοκράτορος, ὡς καὶ ῥᾷον ἐκ τούτου τῷ τε Καίσαρι καὶ τῷ Ἀντωνίῳ προσπολεμήσων, περιβάλοιτο, ἀμφότερα διεπράξατο, Ῥασκυπόριδός οἱ δυνάστου τινὸς ἐς τὰ μάλιστα βοηθήσαντος. Ἐντεῦθεν δὲ ἐς τὴν Μακεδονίαν ἐλθὼν καὶ πάντα τὰ ἐκεῖ κρατυνάμενος ἐς τὴν Ἀσίαν αὖθις ἀνεκομίσθη. Βροῦτος μὲν ταῦτά τε ἔπρασσεν, καὶ ἐς τὰ νομίσματα ἃ ἐκόπτετο εἰκόνα τε αὑτοῦ καὶ πιλίον ξιφίδιά τε δύο ἐνετύπου, δηλῶν ἐκ τε τούτου καὶ διὰ τῶν γραμμάτων ὅτι τὴν πατρίδα μετὰ τοῦ Κασσίου ἠλευθερωκὼς εἴη·

[26] Ἐν δὲ τοῖς αὐτοῖς ἐκείνοις χρόνοις ὁ Κάσσιος ἔς τε τὴν Ἀσίαν πρὸς τὸν Τρεβώνιον, φθάσας τὸν Δολοβέλλαν, ἐπεραιώθη, καὶ λαβὼν παρ´ αὐτοῦ χρήματα, τῶν τε ἱππέων συχνούς, οὓς ὁ Δολοβέλλας ἐς τὴν Συρίαν προεπεπόμφει, καὶ ἑτέρους πολλοὺς τῶν τε Ἀσιανῶν καὶ τῶν Κιλίκων προσέθετο. Κἀκ τούτου καὶ τὸν Ταρκονδίμοτον τούς τε Ταρσέας καὶ ἄκοντας ἐς τὸ συμμαχικὸν προσηγάγετο· οὕτω γὰρ προσφιλῶς τῷ Καίσαρι τῷ προτέρῳ, καὶ δι´ ἐκεῖνον καὶ τῷ δευτέρῳ, οἱ Ταρσεῖς εἶχον ὥστε καὶ Ἰουλιόπολίν σφας ἀπ´ αὐτοῦ μετονομάσαι. Ταῦτ´ οὖν ὁ Κάσσιος πράξας ἐς τὴν Συρίαν ἦλθε, καὶ ἀμαχεὶ πάντα τά τε τῶν δήμων καὶ τὰ τῶν στρατευμάτων προσεποιήσατο. Ἡ δὲ δὴ κατάστασις ἡ ἐν τῇ Συρίᾳ τότε τοιάδε ἦν. Καικίλιος Βάσσος ἱππεὺς συστρατεύσας τε τῷ Πομπηίῳ καὶ ἀναχωρήσας ἐς Τύρον, ἐκεῖ ἐν τῷ ἐμπορίῳ τὰς διατριβὰς λανθάνων ἐποιεῖτο. Ἦρχε δὲ τῶν Σύρων Σέξτος· τούτῳ γὰρ καὶ ταμίᾳ καὶ συγγενεῖ αὑτοῦ ὄντι ὁ Καῖσαρ πάντα τὰ τῇδε κατὰ τὴν ἐκ τῆς Αἰγύπτου ἐπὶ τὸν Φαρνάκην ἔλασιν ἐπέτρεψεν. Ὁ οὖν Βάσσος τὸ μὲν πρῶτον ἡσυχίαν ἦγεν, ἀγαπῶν εἴ τις αὐτὸν ζῆν ἐάσειεν· ὡς δὲ τῶν τε ὁμοίων τινὲς πρὸς αὐτὸν συνελέγησαν, καὶ τῶν τοῦ Σέξτου στρατιωτῶν ἄλλοτε ἄλλους ἐς φυλακὴν τῆς πόλεως φοιτῶντας ἀνηρτήσατο, περί τε τοῦ Καίσαρος πολλὰ καὶ δεινὰ ἐκ τῆς Ἀφρικῆς ἠγγέλλετο, οὐκέτι τοῖς παροῦσιν ἔστερξεν, ἀλλ´ ἢ τοῖς ἀμφὶ τὸν Σκιπίωνα τόν τε Κάτωνα καὶ τοὺς Πομπηίους συναιρόμενος, ἢ καὶ ἑαυτῷ δυναστείαν τινὰ περιβαλλόμενος, ἐνεόχμου. Φωραθείς τε ὑπὸ τοῦ Σέξτου πρὶν παρασκευάσασθαι, ἔφη τε τῷ Μιθριδάτῃ τῷ Περγαμηνῷ τὴν ἐπικουρίαν ἐπὶ τὸν Βόσπορον ἀθροίζειν, καὶ πιστευθεὶς ἀπελύθη. Καὶ οὕτω μετὰ ταῦτα γράμματά τινα συνέπλασεν ὡς καὶ παρὰ τοῦ Σκιπίωνός οἱ πεμφθέντα, καὶ ἐξ αὐτῶν τόν τε Καίσαρα ἐν τῇ Ἀφρικῇ ἡττῆσθαι καὶ ἀπολωλέναι διήγγελλε, καὶ ἑαυτῷ τὴν ἀρχὴν τῆς Συρίας προστετάχθαι ἔλεγε. Κἀκ τούτου τήν τε Τύρον μετὰ τῶν προπαρεσκευασμένων κατέλαβε, κἀντεῦθεν πρὸς τὰ τοῦ Σέξτου στρατόπεδα προσχωρῶν περιέπεσεν αὐτῷ καὶ ἡττηθεὶς ἐτρώθη. Παθὼν δὲ τοῦτο κατὰ μὲν τὸ ἰσχυρὸν οὐκέτ´ αὐτοῦ ἐπείρασε, τοῖς δὲ δὴ στρατιώταις προσπέμπων τινὰ τρόπον οὕτω τινὰς αὐτῶν ἐσφετερίσατο ὥστε καὶ αὐτόχειρας τοῦ Σέξτου γενέσθαι.

[27] Ἀποθανόντος δὲ ἐκείνου τό τε στράτευμα πᾶν πλὴν ὀλίγων προσηταιρίσατο (τοὺς γὰρ ἐν Ἀπαμείᾳ χειμάζοντας ἐπεδίωξε μὲν ἐς Κιλικίαν προαποχωρήσαντας, οὐ μὴν καὶ προσεποιήσατο), καὶ ἐς τὴν Συρίαν ἐπανελθὼν στρατηγός τε ὠνομάσθη καὶ τὴν Ἀπάμειαν ἐκρατύνατο, ὅπως ὁρμητήριόν οἱ τοῦ πολέμου γένηται. Τήν τε ἡλικίαν οὐχ ὅτι τὴν ἐλευθέραν ἀλλὰ καὶ τὴν τῶν δούλων κατέλεγε, καὶ χρήματα ἤθροιζε καὶ ὅπλα κατεσκευάζετο. Πράσσοντα δὲ αὐτὸν ταῦτα Γάιός τις Ἀντίστιος ἐς πολιορκίαν κατέκλεισε. Καὶ μετὰ τοῦτο ἀγχώμαλα ἀγωνιζόμενοι, καὶ μηδέτεροι ἰσχυρόν τι παραλαβεῖν δυνάμενοι, ἀσπόνδῳ διοκωχῇ πρὸς συμμάχων ἐπαγωγὴν διελύθησαν. Καὶ Ἀντιστίῳ μὲν ἔκ τε τῶν περιχώρων οἱ τὰ τοῦ Καίσαρος φρονοῦντες καὶ ἐκ τῆς Ῥώμης στρατιῶται ὑπ´ αὐτοῦ πεμφθέντες προσεγένοντο, τῷ δὲ δὴ Βάσσῳ ὁ Ἀλχαυδόνιος ὁ Ἀράβιος· οὗτος γὰρ τῷ τε Λουκούλλῳ πρότερον, ὥσπερ εἴρηταί μοι, ὁμολογήσας, καὶ τοῖς Πάρθοις μετὰ τοῦτο κατὰ τοῦ Κράσσου συναράμενος, τότε παρεκλήθη μὲν ὑπ´ ἀμφοτέρων, ἐλθὼν δὲ ἐς τὸ μέσον τῆς τε πόλεως καὶ τῶν στρατοπέδων, πρίν τι ἀποκρίνασθαί σφισι, τήν τε συμμαχίαν ἀπεκήρυξε, καὶ ἐπειδὴ ὁ Βάσσος ὑπερέβαλε τοῖς χρήμασιν, ἐπεκούρησέ τε αὐτῷ καὶ ἐν τῇ μάχῃ πολὺ τοῖς τοξεύμασιν ἐπεκράτησεν. Οἱ δὲ δὴ Πάρθοι ἦλθον μὲν καὶ αὐτοὶ τῷ Βάσσῳ ἐπίκλητοι, οὐ μέντοι καὶ ἐπὶ πολὺ αὐτῷ διὰ τὸν χειμῶνα συνεγένοντο, καὶ διὰ τοῦτο οὐδὲ ἔπραξάν τι ἀξιόλογον. Καὶ ὁ μὲν δυνηθείς τινα χρόνον, ἔπειτα ὑπό τε Μαρκίου Κρίσπου καὶ ὑπὸ Λουκίου Σταΐου Μούρκου αὖθις κατείρχθη.

[28] Τοιούτων δὲ δὴ τῶν πραγμάτων αὐτοῖς ὄντων, ὁ Κάσσιος ἐπελθὼν τάς τε πόλεις πάσας εὐθὺς πρός τε τὴν δόξαν ὧν ἐν τῇ ταμιείᾳ ἐπεποιήκει καὶ πρὸς τὴν λοιπὴν εὔκλειαν ᾠκειώσατο, καὶ τὰ στρατόπεδα τά τε τοῦ Βάσσου καὶ τὰ τῶν ἑτέρων οὐδὲν ἐπιπονήσας προσέθετο. Καὶ αὐτῷ καθ´ ἓν μετὰ πάντων αὐτῶν αὐλιζομένῳ ὕδωρ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ αἰφνίδιον πολὺ ἐπεγένετο, κἀν τούτῳ σύες ἄγριοι ἐς τὸ στρατόπεδον κατὰ πάσας ἅμα τὰς πύλας ἐσπεσόντες πάντα τὰ ἐν αὐτῷ ὄντα συνέχεαν καὶ συνετάραξαν, ὥστε τινὰς ἐκ τούτων τήν τε ἰσχὺν αὐτοῦ τὴν αὐτίκα καὶ τὴν μετὰ ταῦτα καταστροφὴν τεκμήρασθαι. Παραλαβὼν οὖν τὴν Συρίαν ἐς τὴν Ἰουδαίαν ὥρμησε, πυθόμενος τοὺς στρατιώτας τοὺς ἐν τῇ Αἰγύπτῳ ὑπὸ τοῦ Καίσαρος καταλειφθέντας προσιέναι, καὶ ἐκείνους τε ἀκονιτὶ καὶ τοὺς Ἰουδαίους παρεστήσατο. Καὶ μετὰ τοῦτο τὸν μὲν Βάσσον καὶ τὸν Κρίσπον, τούς τε ἄλλους τοὺς οὐκ ἐθελήσαντάς οἱ συστρατεῦσαι, ἀπέπεμψε μηδὲν ἀδικήσας, τῷ δὲ δὴ Σταΐῳ τό τε ἀξίωμα μεθ´ οὗ ἀφῖκτο ἐτήρησε, καὶ προσέτι καὶ τὸ ναυτικὸν ἐπέτρεψεν. Οὕτω μὲν καὶ ὁ Κάσσιος ἰσχυρὸς διὰ ταχέων ἐγένετο, καὶ τῷ τε Καίσαρι περὶ τῶν συναλλαγῶν καὶ τῇ γερουσίᾳ περὶ τῶν παρόντων ὅμοια τῷ Βρούτῳ ἐπέστειλε. Καὶ αὐτῷ διὰ ταῦτα ἡ βουλὴ τήν τε ἀρχὴν τῆς Συρίας ἐβεβαίωσε καὶ τὸν τοῦ Δολοβέλλου πόλεμον ἐψηφίσατο.

[29] Οὗτος γὰρ ἐτέτακτο μὲν τῆς Συρίας ἄρχειν καὶ τὴν ἔξοδον ὑπατεύων ἐπεποίητο, χρόνιος δὲ διά τε τῆς Μακεδονίας καὶ διὰ τῆς Θρᾴκης ἐς τὴν Ἀσίαν τὸ ἔθνος κομισθεὶς καὶ ἐκεῖ ἐνδιέτριψεν. Ἐπειδή τε ἐνταῦθα ἔτι ὄντι αὐτῷ τὸ δόγμα ἠγγέλθη, πρὸς μὲν τὴν Συρίαν οὐ προεχώρησεν, αὐτοῦ δὲ δὴ καταμείνας τὸν Τρεβώνιον οὕτω μετεχειρίσατο ὥστε δόξαν οἱ εὐνοίας πλείστην παρασχεῖν, καὶ τήν τε τροφὴν τοῖς στρατιώταις παρ´ ἑκόντος αὐτοῦ λαβεῖν καὶ τὴν δίαιταν ἀδεῶς σὺν αὐτῷ ποιεῖσθαι. Ἐπειδή τε ἔν τε τῷ θαρσοῦντι διὰ ταῦτ´ ἐγένετο καὶ φυλακὴν οὐδεμίαν ἑαυτοῦ ἐποιεῖτο, τήν τε Σμύρναν, ἐν ᾗ ἦσαν, νυκτὸς ἐξαπιναίως κατέλαβε, καὶ ἐκεῖνον ἀποκτείνας τὴν κεφαλὴν αὐτοῦ πρὸς τὴν τοῦ Καίσαρος εἰκόνα ἔρριψε, κἀκ τούτου πᾶσαν τὴν Ἀσίαν κατέσχε. Πυθόμενοι δὲ ταῦτα οἱ ἐν οἴκῳ Ῥωμαῖοι πόλεμον αὐτῷ ἐπήγγειλαν· οὐδέπω γὰρ ὁ Καῖσαρ οὔτε τὸν Ἀντώνιον ἐνενικήκει οὔτε τὰ ἐν τῷ ἄστει διὰ χειρὸς ἐπεποίητο. Καὶ τοῖς τε συνοῦσίν οἱ ῥητὴν ἡμέραν ἐς ἔκλειψιν τῆς φιλίας αὐτοῦ προεῖπον, ἵνα μὴ καὶ ἐκεῖνοι ἐν ἐχθρῶν μοίρᾳ γένωνται, καὶ τὴν ἀντίταξιν τόν τε πόλεμον τὸν πρὸς αὐτὸν τὸ μὲν σύμπαν τοῖς ὑπάτοις προσέταξαν, ἐπειδὰν τὰ παρόντα κατορθώσωσι, ποιήσασθαι (τὸν γὰρ Κάσσιον οὐδέπω τὴν Συρίαν ἔχοντα ᾔδεσαν), ἵνα δὲ μὴ ἐπὶ μεῖζον ἐν τῷ μεταξὺ χρόνῳ αὐξηθῇ, τοῖς τῶν προσόρων ἐθνῶν ἄρχουσιν ἐνεχείρισαν· καὶ μετὰ τοῦτο μαθόντες τὰ κατὰ τὸν Κάσσιον, πρὶν καὶ ὁτιοῦν ὑπ´ ἐκείνων πραχθῆναι, ταῦθ´ ἅπερ εἶπον ἐψηφίσαντο.

[30] Ὁ δ´ οὖν Δολοβέλλας ἐγκρατὴς οὕτω τῆς Ἀσίας γενόμενος ἐς τὴν Κιλικίαν ἦλθε, τοῦ Κασσίου ἐν τῇ Παλαιστίνῃ ὄντος, καὶ τοὺς Ταρσέας ἑκουσίους προσλαβὼν φρουρούς τινας αὐτοῦ ἐν Αἰγέαις ὄντας ἐνίκησε, καὶ ἐς τὴν Συρίαν ἐνέβαλε. Καὶ τῆς μὲν Ἀντιοχείας ὑπὸ τῶν ἐμφρουρούντων αὐτὴν ἀπεκρούσθη, τὴν δὲ δὴ Λαοδίκειαν ἀμαχεὶ διὰ τὴν φιλίαν αὐτῶν, ἣν πρὸς τὸν Καίσαρα τὸν πρότερον εἶχον, προσεποιήσατο. Κἀκ τούτων ἡμέρας τινὰς ἰσχύσας (τά τε γὰρ ἄλλα καὶ τὸ ναυτικὸν αὐτῷ διὰ ταχέων ἐκ τῆς Ἀσίας ἐπῆλθε) διέβαλεν ἐς Ἄραδον, ὅπως καὶ παρ´ ἐκείνων καὶ χρήματα καὶ ναῦς λάβῃ· κἀνταῦθα ἀποληφθεὶς μετ´ ὀλίγων ἐκινδύνευσε. Διαφυγὼν δ´ οὖν ἀπήντησέ τε τῷ Κασσίῳ προσελαύνοντι, καὶ συμβαλὼν αὐτῷ ἡττήθη. Κατακλεισθείς τε ἐς τὴν Λαοδίκειαν ἐπορθεῖτο, τῆς μὲν ἠπείρου παντελῶς εἰργόμενος (ἄλλοι τε γὰρ τῷ Κασσίῳ καὶ Πάρθοι τινὲς ἐβοήθησαν), ταῖς δὲ δὴ ναυσὶ ταῖς τε Ἀσιαναῖς καὶ ταῖς Αἰγυπτίαις, ἃς ἡ Κλεοπάτρα αὐτῷ ἔπεμψε, καὶ προσέτι καὶ τοῖς χρήμασι τοῖς παρ´ αὐτῆς ἐλθοῦσιν ἰσχύων, μέχρις οὗ ὁ Στάιος τό τε ναυτικὸν συνεκρότησε, καὶ ἐς τὸν τῶν Λαοδικέων λιμένα ἐσπλεύσας τούς τε ἀνταναχθέντας ἐκράτησε καὶ ἀπέκλεισέν οἱ καὶ τὴν θάλασσαν. Τότε γὰρ ἀμφοτέρωθεν τῆς ἐπαγωγῆς τῶν ἐπιτηδείων εἰρχθεὶς ἐπεκδρομὴν μὲν σπάνει τῶν ἀναγκαίων ἐποιήσατο, καταραχθεὶς δὲ διὰ ταχέων ἐς τὸ τεῖχος, καὶ προδιδόμενον αὐτὸ ἰδών, ἐφοβήθη μὴ ζῶν ἁλοίη καὶ ἑαυτὸν κατεχρήσατο. Ὅπερ που καὶ Μᾶρκος Ὀκτάουιος ὑποστράτηγος αὐτοῦ ἔπραξε. Καὶ οἱ μὲν ταφῆς ὑπὸ τοῦ Κασσίου, καίπερ τὸν Τρεβώνιον ἄταφον ῥίψαντες, ἠξιώθησαν· οἵ τε συστρατεύσαντές σφισι καὶ περιγενόμενοι καὶ σωτηρίας καὶ ἀδείας, καίτοι πολέμιοι ὑπὸ τῶν οἴκοι Ῥωμαίων νομισθέντες, ἔτυχον. Οὐ μέντοι οὐδ´ οἱ Λαοδικεῖς κακόν τι πλὴν συντελείας χρημάτων ἔπαθον. Ἀλλ´ οὐδὲ ἄλλος οὐδείς, συχνῶν μετὰ τοῦτο ἐπιβουλευσάντων τῷ Κασσίῳ, ἐκολάσθη.

21. Sur ces entrefaites, ayant appris que César devenait de plus en plus fort, Brutus et Cassius renoncèrent à se rendre en Crète et en Bithynie où ils étaient envoyés, parce qu'ils virent qu'il n'y avait aucun secours important à en tirer; et comme, d'un autre côté, la Syrie et la Macédoine, sans leur appartenir, leur offraient une position forte, de l'argent el des troupes, ils se portèrent de ce côté. Cassius se dirigea vers les Syriens, parce qu'ils étaient liés avec lui et ses amis depuis l'expédition de Crassus ; Brutus rangeait la Grèce et la Macédoine à son parti. La gloire de ses actions et l'espérance d'autres semblables lui valurent l'obéissance des peuples; d'ailleurs un grand nombre de soldats. les uns errants çà et là depuis la bataille de Pharsale, les autres, venus avec Dolabella et abandonnés ensuite pour cause de maladie ou d'indiscipline, avaient renforcé son armée, et il lui était venu d'Asie de l'argent envoyé par Trebonius. Avec ces ressources, il n'eut pas de peine à soumettre la Grèce qui n'avait pas même une armée digne de ce nom; quant à la Macédoine, il y vint au moment où Caius Antoine venait d'y arriver, et où Q. Hortensius, qui la gouvernait auparavant, était sur le point d'en partir; cependant il n'éprouva pas de difficultés. Hortensius se joignit aussitôt à lui, et Antoine, empêché qu'il était par la prépondérance de César à Rome de faire aucun acte de magistrat, restait sans force. Vatinius commandait aux Illyriens limitrophes de la Macédoine, il partit de chez eux pour se saisir de Dyrrachium. C'était un adversaire politique de Brutus; il ne put cependant lui causer aucun dommage, car les soldats, qui le haïssaient et le méprisaient parce qu'il était malade, l'abandonnèrent. Brutus, les prenant également avec lui, marcha contre Antoine qui était à Apollonie, gagna ses soldats comme il s'avançait à sa rencontre, l'enferma dans les murailles où il s'était réfugié et le prit vivant par trahison, mais ne lui fit aucun mal.

22. Après s'être ensuite emparé de toute la Macédoine et de toute l'Épire, il écrivit au sénat pour l'instruire de ce qu'il avait fait et se soumettre à ses décisions, lui, ses provinces et ses soldats. Le sénat, qui commençait à se défier de César, lui donna de grands éloges et lui ordonna de prendre le gouvernement de tous ces pays. Quand il vit son autorité ainsi confirmée par un sénatus-consulte, il sentit lui-même s'augmenter son courage, et trouva les sujets de Rome disposés à le secourir sans hésitation. Tant que César sembla faire la guerre â Antoine, il ne cessa d'envoyer vers lui pour l'exhorter à résister à cet ennemi et à se réconcilier avec lui; lui-même il se tenait prêt à faire voile pour l'Italie, quel que fût l'endroit d'où l'appellerait le sénat. Mais quand César fut complètement maître des affaires a Rome et qu'il se fut mis à punir ouvertement les meurtriers de son père, Brutus garda son poste et songea aux moyens de repousser avantageusement son attaque; il se montra plein de bonté dans l'administration des autres provinces et dans celle de la Macédoine, et fit rentrer dans l'obéissance les légions soulevées contre lui par Antoine.

23. Antoine, en effet, bien que Brutus ne lui eût pas même enlevé les ornements de la préture, au lieu de se contenter de jouir tranquillement de l'impunité et des honneurs qui lui étaient accordés, provoqua une défection parmi les soldats de Brutus: mais, découvert avant d'avoir causé un grand mal, et mis, après avoir été dépouillé de ses ornements de préteur, en garde libre, de crainte de nouveaux mouvements, loin de se tenir en repos, il recommença de plus belle ses menées, à tel point qu'une partie des soldats en vinrent aux mains avec leurs camarades, et qu'une autre partie marcha sur Apollonie dans l'intention de l'en enlever. Ils ne purent toutefois y réussir, car Brutus, instruit de leur projet par des lettres qu'il intercepta, emmena secrètement hors de la ville Antoine qu'il jeta, comme une personne malade, dans une litière couverte : les soldats, n'ayant pu trouver Antoine et redoutant Brutus, s'emparèrent d'une colline au-dessus de la ville. Brutus, après les avoir lui-même amenés à se rendre, et, parmi les plus audacieux, puni les uns de mort, et chassé les autres de son armée, inspira au reste des dispositions telles qu'ils se saisirent de ceux qui avaient été renvoyés et les mirent à mort comme ayant été les principaux auteurs de la sédition, et réclamèrent le questeur et les légats d'Antoine.

24. Brutus ne leur en livra aucun, mais, les jetant dans des barques, sous l'apparence de les faire périr dans les flots, il les envoya en lieu sûr : d'un autre côté, craignant que les soldats, s'ils apprenaient les événements de Rome, événements qu'on exagérait d'une façon effrayante, ne fissent de nouveau défection, il laissa dans Apollonie Antoine sous la garde d'un certain C. Clodius, et lui-même, avec le gros et l'élite de son armée, se retira dans la Macédoine supérieure d'où, plus tard, il fit voile pour l'Asie, afin de les emmener le plus loin possible de l'Italie et de les nourrir aux dépens des populations de cette province. Dans cette circonstance il s'acquit, entre autres alliances, celle de Déjotarus, bien que ce prince fût arrivé à une extrême vieillesse et eût refusé son secours à Cassius. Pendant son séjour en Asie, Gellius Publicola conspira contre lui, et Marc Antoine essaya de faire enlever son frère Lucius par des émissaires. Clodius, ne pouvant plus garder vivant son prisonnier, le tua, soit de sa propre autorité, soit d'après l'ordre de Brutus : car Brutus, à ce que l'on rapporte, s'intéressa. d'abord, de toutes les manières au salut d'Antoine, mais, dans la suite, ayant appris la mort de Decimus, il ne s'en occupa plus. Pour ce qui est de Gaius, il fut découvert, mais ne subit aucun supplice, car Brutus, qui avait toujours mis ce Gellius au nombre de ses grands amis et qui savait que son frère M. Messala était tout dévoué à Cassius, lui accorda son pardon. Cependant il trama un complot contre Cassius aussi, mais alors encore il ne lui arriva aucun mal. La raison en est que sa mère Pola, instruite à l'avance du complot, craignant que Cassius. qu'elle aimait beaucoup, n'en fût victime et que son fils ne fût découvert, révéla d'elle-même la conspiration à Cassius, et reçut en retour la vie de son fils. Cependant elle ne le rendit pas plus honnête; car il abandonna ses bienfaiteurs pour passer à César et à Antoine.

25. Brutus donc, dès qu'il eut connaissance de la tentative de Marc Antoine et du meurtre de son frère, craignit qu'il ne survînt encore de nouveaux mouvements dans la Macédoine pendant son absence; il se hâta de revenir en Europe, où il prit possession du territoire qui avait appartenu à Sadalus (Sadalus, mort sans enfants, avait légué son royaume aux Romains) ; il entreprit aussi une expédition contre les Besses pour tâcher de les punir du mal qu'ils lui avaient fait, et de conquérir le titre et la dignité d'Imperator, afin de faire, s'il les obtenait, plus aisément la guerre à César et à Antoine, double but qu'il atteignit, aidé surtout du concours de Rhascyporis, un des princes de ce pays. Après être de là passé en Macédoine, où il rétablit l'ordre, il retourna en Asie. Tels furent les exploits de Brutus; de plus, il frappa des monnaies sur lesquelles il fit graver un pileum et deux poignards, pour montrer, par cette image aussi bien que par l'inscription, qu'il avait, de concert avec Cassius, affranchi sa patrie.

26. Dans ce même temps, Cassius, prévenant Dolabella, passa en Asie pour rejoindre Trebonius, et, avec l'argent qu'il reçut de lui, rangea à son parti un grand nombre des cavaliers que Dolabella avait envoyés en avant-garde en Syrie, ainsi que beaucoup d'autres appartenant aux Asiatiques et aux Ciliciens. Par suite, il contraignit Tarcondimotus et les Tarsiens à entrer malgré eux dans son alliance ; car les Tarsiens étaient tellement portés pour le premier César et, â cause de lui, pour le second, qu'ils avaient changé le nom de leur ville en celui de Juliopolis. Cassius donc, après avoir fait ces choses, vint en Syrie, et là, réduisit sans coup férir tous les peuples et toutes les armées. Car, voici quelle était alors la situation en Syrie. Cecilius Bassus, de l'ordre équestre, après avoir servi sous Pompée et s'être retiré à Tyr, y séjournait secrètement dans l'entrepôt. Le gouverneur de la Syrie était Sextus : il était questeur et parent de César qui, lors de son expédition contre Pharnace, à son retour de l'Égypte, lui avait donné l'administration de toutes ces contrées. Bassus donc se tint d'abord tranquille, satisfait de ce qu'on le laissât vivre; puis, quand il eut réuni autour de lui quelques-uns de ceux de son parti, qu'il se fut attaché des soldats de Sextus venus, les uns à une époque, les autres à une autre, en garnison dans la ville, comme on recevait d'Afrique beaucoup de nouvelles fâcheuses sur le compte de César, il ne se contenta plus de sa condition présente; mais, soit pour favoriser Scipion, Caton et les Pompéiens, soit pour se faire â lui-même une certaine puissance. il excita un soulèvement. Découvert par Sextus avant d'être prêt, il dit qu'il rassemblait des secours pour Mithridate de Pergame contre le Bosphore, et, ayant réussi à se faire croire, il fut relâché. Après cela, il feignit des lettres envoyées par Scipion, lettres d'après lesquelles il annonçait que César avait été défait et était mort en Afrique ; le gouvernement de la Syrie, ajoutait-il, lui avait été confié à lui-même. Par cet artifice, il s'empara de Tyr avec l'aide des soldats qu'il avait mis dans ses intérêts; de là, marchant contre les troupes de Sextus, il tomba sur lui à l'improviste et fut mis en déroute et blessé. A la suite de cet échec, il n'essaya plus d'agir par la force; mais, par le moyen d'émissaires qu'il envoya aux soldats, il s'en concilia si bien un certain nombre qu'ils tuèrent Sextus de leur propre main.

27. Sextus mort, Bassus attira a lui toutes les troupes à peu d'exceptions près, car il poursuivit celles qui, étant en quartiers d'hiver à Apamée, s'étaient, avant son arrivée, retirées en Cilicie, sans pouvoir les amener à son parti. A son retour en Syrie, il prit le titre de préteur et fortifia la ville d'Apamée, pour s'en faire une place de guerre. Il leva, non seulement parmi les hommes libres, mais aussi parmi les esclaves, ceux qui étaient en âge, ramassa de l'argent et se procura des armes. Il était ainsi occupé, quand un certain C. Antistius vint l'assiéger. Après des combats où la chance fut à peu près égale et où ni l'un ni l'autre ne purent obtenir aucun avantage sérieux, ils suspendirent la lutte bien que sans aucune convention, pour faire venir des renforts. Antistius eut pour lui ceux des habitants du pays qui étaient favorables à César, et les soldats que celui-ci envoya de Rome; Bassus, l'Arabe Alchaudonius. Alchaudonius, en effet, qui précédemment avait, comme je l'ai rapporté, traité avec Lucullus, et avait ensuite prêté secours aux Parthes contre Crassus, fut alors appelé par les deux partis à la fois: arrivé au milieu de la ville et des légions, avant de donner aucune réponse, il mit son alliance aux enchères, et, comme Bassus donnait davantage, il se joignit à lui et avec ses archers remporta un avantage signalé. Les Parthes aussi vinrent au secours de Bassus qui les avait appelés, sans cependant rester longtemps avec lui à cause de l'hiver; aussi ne fit-il rien d'important. Bassus. après avoir un instant eu l'avantage, fut ensuite assiégé par M. Crispus et par L. Statius Murcus.

28. Les choses étaient dans cet état, lorsque survint Cassius qui gagna aussitôt toutes les villes à sa cause, tant par la renommée de ce qu'il avait fait étant questeur que par toutes ses autres sortes de célébrité, et n'eut pas de peine à s'adjoindre les légions de Bassus et celles des autres. Tandis qu'il avait toutes ses troupes campées dans un seul endroit, il tomba tout à coup du ciel une grande pluie, et, pendant ce temps, des sangliers, se précipitant par toutes les portes a la fois, renversèrent et bouleversèrent tout dans son camp: en sorte que quelques-uns virent dans ces sangliers un présage de la puissance qu'il allait obtenir sur le moment et de la catastrophe qui devait suivre. Maître de la Syrie, il marcha coutre la Judée, ou il avait appris que se dirigeaient les soldats laissés en Égypte par César, et les fit sans efforts passer, eux et les Juifs, dans son parti. Ensuite il congédia, sans leur faire aucun mal, Bassus, Crispus et les autres. qui refusaient de s'allier avec lui ; quant à Statius, il lui conserva la dignité qu'il avait en venant le trouver, et, de plus, lui donna le commandement de sa flotte. Cassius, de la sorte, devint puissant en peu de temps: il écrivit à César en vue d'une réconciliation, et au sénat au sujet des affaires présentes une lettre semblable à celle de Brutus. C'est pourquoi le sénat lui confirma le gouvernement de la Syrie et lui décerna la conduite de la guerre contre Dolabella.

29. Le gouvernement de la Syrie avait été confié à Dolabella, et il était consul quand il partit de Rome, mais, s'étant attardé en traversant la Macédoine et la Thrace pour se rendre dans la province d'Asie, prolongea son séjour. La nouvelle du sénatus-consulte. qui lui parvint lorsqu'il y était encore, fit qu'au lieu d'aller en Syrie, il resta en Asie, où il s'empara si bien de l'esprit de Trebonius que, lui ayant donné une haute opinion de sa bienveillance à son égard, il reçut pour ses troupes des vivres qui lui furent volontairement fournis, et vécut sans crainte en société avec lui. Comme, par suite de ces rapports, Trebonius était plein de confiance et ne se tenait pas sur ses gardes. Dolabella s'empara tout à coup, la nuit, de Smyrne où ils résidaient, tua Trebonius, dont il jeta la tête au pied de la statue de César, et se rendit ensuite maître de toute l'Asie. A Rome, quand on fut instruit de ces événements, on déclara la guerre à Dolabella; car César n'avait encore ni vaincu Antoine ni mis la main au gouvernement de la République. On fixa un terme à ceux qui étaient avec lui pour renoncer a son amitié sous peine d'être, eux aussi, traités en ennemis; les consuls reçurent ordre de prendre la conduite générale de la guerre contre lui, quand ils auraient terminé les affaires présentes, car on ignorait encore que Cassius était en possession de la Syrie : les gouverneurs de provinces limitrophes devaient, dans l'intervalle, l'empêcher d'augmenter ses forces: lorsqu'ensuite on eut connaissance des succès de Cassius, avant que ces gouverneurs eussent pu rien faire, on rendit le décret dont j'ai parlé.

30. Quant à Dolabella, devenu ainsi maître de l'Asie, il vint en Cilicie, tandis que Cassius était en Palestine, et, avant pris Tarse qui se rendit volontairement, vainquit plusieurs des garnisons que Cassius avait à Égées et se jeta sur la Syrie. A Antioche, il fut repoussé par les troupes qui gardaient la ville, mais il prit Laodicée sans coup férir, attendu l'amitié qu'avaient les habitants pour le premier César. Puissant durant quelques jours, par suite de ces succès entre autres avantages, il avait su sa flotte arriver promptement d'Asie, il passa à Aradus pour s'y procurer de l'argent et des vaisseaux : là, surpris avec une poignée de gens, il courut risque de la vie. Dans sa fuite, il fut rencontré par Cassius, qui s'avançait contre lui. et défait dans l'engagement qui s'ensuivit. S'étant enfermé dans Laodicée, il en soutint le siège, complètement coupé du côté du continent (quelques Parthes, entre autres peuples, prêtèrent secours à Cassius), mais resté puissant néanmoins par les vaisseaux d'Asie et par ceux d'Égypte que lui envoya Cléopâtre, et, de plus, par l'argent qui lui était venu de sa part; jusqu'au moment où Statius rassembla sa flotte, et, pénétrant dans le port de Laodicée, vainquit les troupes opposées à son attaque et lui ferma également la mer. Ayant alors les vivres coupés des deux côtés. il fut réduit à tenter une sortie par manque du nécessaire, mais promptement rejeté dans ses murs, et voyant qu'on les livrait à l'ennemi, il craignit d'être pris vif et se donna la mort. M. Octavius, son lieutenant, se tua comme lui. Cassius leur accorda la sépulture, bien qu'ils eussent jeté Trebonius sans la lui accorder; ceux qui avaient combattu avec eux et qui survécurent, bien qu’à Rome on les eût déclarés ennemis de l'État, obtinrent la vie sauve et l'impunité. Les Laodicéens, non plus, n'eurent d'autre mal à souffrir qu'une contribution en argent. De même, aucun autre de ceux qui, dans la suite, conspirèrent en grand nombre contre Cassius ne fut puni.

[31] Ἐν ᾧ δὲ ταῦτ´ ἐγίγνετο, οἱ Ταρσεῖς Τίλλιον Κίμβρον φονέα τε τοῦ Καίσαρος ὄντα καὶ τότε Βιθυνῶν ἄρχοντα, πρός τε τὴν τοῦ Κασσίου ἐπικουρίαν ἐπειγόμενον ἐπεχείρησαν τῶν τοῦ Ταύρου διόδων εἶρξαι, προεκλιπόντες δὲ αὐτὰς ὑπὸ δέους παραχρῆμα μὲν ἐσπείσαντο αὐτῷ, νομίσαντες ἰσχυρὸν αὐτὸν εἶναι, μετὰ δὲ τοῦτο τὴν ὀλιγότητα τῶν στρατιωτῶν κατανοήσαντες οὔτε τῇ πόλει αὐτὸν ἐδέξαντο οὔτε τὰ ἐπιτήδειά οἱ παρέσχον. Ἐπειδή τε φρούριόν τι ἐπιτειχίσας σφίσιν ἐς τὴν Συρίαν ἀπῆρε, προτιμότερον τὸ τῷ Κασσίῳ βοηθῆσαι τοῦ τὴν πόλιν αὐτὸς ἐξελεῖν ποιησάμενος, τοῦτό τε ἐπιστρατεύσαντες αὐτῷ παρεστήσαντο, καὶ πρὸς τὰ Ἀδανὰ ὅμορά τέ σφισι καὶ διάφορα ἀεὶ ὄντα ὥρμησαν, πρόφασιν ὡς καὶ τὰ τοῦ Κασσίου πράσσοντα ποιησάμενοι. Πυθόμενος δὲ ταῦτα ἐκεῖνος πρότερον μέν, ὡς ἔτι ὁ Δολοβέλλας ἔζη, Λούκιον Ῥοῦφον ἐπ´ αὐτοὺς ἔπεμψεν, ὕστερον δὲ καὶ αὐτὸς ἦλθε, καὶ (ἤδη γὰρ ἀμαχεὶ τῷ Ῥούφῳ προσεκεχωρήκεσαν) ἄλλο μέν σφας οὐδὲν δεινὸν εἰργάσατο, τὰ δὲ χρήματα τά τε ἴδια καὶ τὰ δημόσια πάντα ἀφείλετο. Κἀκ τούτου Ταρσεῖς ἐπαίνους τε παρὰ τῶν τριῶν ἀνδρῶν (ἐκεῖνοι γὰρ τὰ πράγματα ἤδη τὰ ἐν τῇ Ῥώμῃ εἶχον) καὶ ἐλπίδα ἀντιλήψεσθαί τι ἀντὶ τῶν ἀπολωλότων ἔλαβον· ἥ τε Κλεοπάτρα διὰ τὴν συμμαχίαν ἣν τῷ Δολοβέλλᾳ ἔπεμψεν, εὕρετο τὸν υἱόν, ὃν Πτολεμαῖον μὲν ὠνόμαζεν, ἐπλάττετο δὲ ἐκ τοῦ Καίσαρος τετοκέναι καὶ κατὰ τοῦτο Καισαρίωνα προσηγόρευε, βασιλέα τῆς Αἰγύπτου κληθῆναι.

[32] Κάσσιος δὲ ἐπειδὴ τά τε ἐν τῇ Συρίᾳ καὶ τὰ ἐν τῇ Κιλικίᾳ κατεστήσατο, ἐς τὴν Ἀσίαν πρὸς τὸν Βροῦτον ἀφίκετο. Ὡς γὰρ τήν τε συνωμοσίαν τῶν τριῶν ἀνδρῶν ἔμαθον καὶ τὰ πραττόμενα ὑπ´ αὐτῶν κατὰ σφῶν ᾔσθοντο, συνῆλθόν τε ἐκεῖ καὶ τὰ πράγματα ἔτι καὶ μᾶλλον ἐκοινώσαντο· τήν τε γὰρ αἰτίαν τὴν τοῦ πολέμου τὴν αὐτὴν ἔχοντες καὶ τὸν κίνδυνον τὸν αὐτὸν προσδεχόμενοι, τήν τε ὑπὲρ τῆς τοῦ δήμου ἐλευθερίας γνώμην μηδὲ τότε ἐξιστάμενοι, καὶ ἐκείνους ἅτε καὶ τρεῖς ὄντας καὶ τοιαῦτα δρῶντας προσκαταλῦσαι γλιχόμενοι, πολλῷ προθυμότερον κοινῇ πάντα καὶ ἐβουλεύοντο καὶ ἐποίουν. Καὶ τὸ μὲν σύμπαν ἔγνωσαν ἔς τε τὴν Μακεδονίαν ἐλθεῖν καὶ περαιωθῆναι αὐτοὺς ἐκεῖσε κωλῦσαι, ἢ καὶ ἐς τὴν Ἰταλίαν προδιαβῆναι· ἐπεὶ δὲ τά τε ἐν τῇ Ῥώμῃ καθίστασθαι ἔτ´ ἐλέγοντο, καὶ πρὸς τὸν Σέξτον ἅτε καὶ ἐγγύθεν ἐφεδρεύοντά σφισιν ἀσχολίαν ἕξειν ἐνομίζοντο, οὐκ εὐθὺς ταῦτ´ ἐποίησαν, ἀλλ´ αὐτοί τε περιιόντες καὶ ἑτέρους διαπέμποντες τούς τε μηδέπω ὁμοφρονοῦντάς σφισι προσεκτῶντο καὶ χρήματα καὶ στρατιώτας ἤθροιζον.

[33] Καὶ αὐτοῖς οἱ μὲν ἄλλοι ταύτῃ πάντες, καὶ οἱ πρόσθεν περιορώμενοι, παραχρῆμα ὡμολόγησαν, ὁ δὲ δὴ Ἀριοβαρζάνης οἵ τε Ῥόδιοι καὶ οἱ Λύκιοι ἄλλως μὲν οὐκ ἀνθίσταντο, οὐ μέντοι καὶ συμμαχῆσαι ἤθελον. Ὑποπτεύσαντες οὖν αὐτοὺς τὰ τῶν ἐναντίων, ἐπειδὴ εὖ ὑπὸ τοῦ Καίσαρος τοῦ προτέρου ἐπεπόνθεσαν, φρονεῖν, καὶ φοβηθέντες μὴ καὶ αὐτοί τε ἀπελθόντων σφῶν ταράξωσί τι καὶ τοὺς ἄλλους συναποστήσωσι, γνώμην ἐποιήσαντο ἐπ´ ἐκείνους πρῶτον τραπέσθαι, ἐλπίσαντές σφας, ἅτε καὶ τοῖς ὅπλοις πολὺ αὐτῶν ὑπερέχοντες καὶ ταῖς εὐεργεσίαις ἀφθόνως χρώμενοι, διὰ βραχέος πείσειν ἢ καὶ βιάσεσθαι. Καὶ Κάσσιος μὲν Ῥοδίους, καίτοι τοσοῦτον ἐπὶ τῷ ναυτικῷ φρονοῦντας ὥστε ἔς τε τὴν ἤπειρον ἐπ´ αὐτὸν προδιαπλεῦσαι καὶ τὰς πέδας ἃς ἐκόμιζον ὡς καὶ ζῶντας πολλοὺς αἱρήσοντες ἐπιδεικνύναι σφίσι, ναυμαχίᾳ πρότερον μὲν περὶ Μύνδον, ἔπειτα δὲ πρὸς αὐτῇ τῇ Ῥόδῳ διὰ τοῦ Σταΐου, τῷ τε πλήθει καὶ τῷ μεγέθει τῶν νεῶν τὴν ἐμπειρίαν σφῶν κρατήσας, ἐνίκησε· καὶ μετὰ τοῦτο καὶ αὐτὸς ἐς τὴν νῆσον περαιωθεὶς ἄλλο μὲν κακὸν οὐδὲν αὐτοὺς ἔδρασεν (οὔτε γὰρ ἀντέστησάν οἱ, καὶ εὔνοιαν αὐτῶν ἐκ τῆς διατριβῆς ἣν ἐκεῖ κατὰ παιδείαν ἐπεποίητο εἶχε), τὰς δὲ δὴ ναῦς καὶ τὰ χρήματα καὶ τὰ ὅσια καὶ τὰ ἱερά, πλὴν τοῦ ἅρματος τοῦ Ἡλίου, παρεσπάσατο. Καὶ μετὰ ταῦτα καὶ τὸν Ἀριοβαρζάνην συλλαβὼν ἀπέκτεινε.

[34] Βροῦτος δὲ τό τε κοινὸν τῶν Λυκίων στράτευμα ἀπαντῆσαν αὐτῷ πρὸς τὰ μεθόρια μάχῃ τε ἐκράτησε καὶ συγκαταφυγὸν ἐς τὸ ἔρυμα αὐτοβοεὶ εἷλε, καὶ τῶν πόλεων τὰς μὲν πλείους ἀμαχεὶ προσηγάγετο, Ξάνθον δὲ ἐς πολιορκίαν κατέκλεισε. Καὶ αὐτῶν ἐξαίφνης ἐκδραμόντων καὶ πῦρ ἐς τὰς μηχανὰς ἐμβαλόντων, τά τε τοξεύματα καὶ ἀκόντια ἅμα ἀφέντων, ἐς πᾶν κινδύνου ἀφίκετο. Κἂν πασσυδὶ ἀπώλετο, εἰ μὴ δι´ αὐτοῦ τοῦ πυρὸς ὠσάμενοι οἱ στρατιῶται προσέμιξαν αὐτοῖς ἀπροσδόκητοι γυμνητεύουσιν, καὶ ἐκείνους τε ἐς τὸ τεῖχος κατήραξαν, καὶ αὐτοὶ συνεσπεσόντες σφίσι τοῦ τε πυρὸς ἐς οἰκίας τινὰς ἐνέβαλον, καὶ τοὺς μὲν ὁρῶντας τὸ γιγνόμενον προκατέπληξαν, τοῖς δ´ ἄπωθεν οὖσι δόξαν ὡς καὶ πάντα ἄρδην ᾑρηκότες παρέσχον· ἐκ γὰρ τούτου καὶ οἱ ἐπιχώριοι τὰ λοιπὰ ἐθελονταὶ συγκατέπρησαν καὶ ἀλλήλους οἱ πλείους ἀνεχρήσαντο. Μετὰ δὲ τοῦτο πρὸς τὰ Πάταρα ὁ Βροῦτος ἦλθε, καὶ προεκαλέσατο μὲν αὐτοὺς ἐς φιλίαν, ὡς δ´ οὐχ ὑπήκουσαν (οἵ τε γὰρ δοῦλοι καὶ τῶν ἐλευθέρων οἱ πένητες, οἱ μὲν ἐλευθερίας οἱ δὲ χρεῶν ἀποκοπῆς προτετυχηκότες, ἐκώλυόν σφας συμβῆναι), τὸ μὲν πρῶτον τοὺς αἰχμαλώτους τῶν Ξανθίων (καὶ γὰρ ἐν γένει αὐτοῖς κατ´ ἐπιγαμίαν πολλοὶ ἦσαν) ἔπεμψέ σφισιν, ἐλπίδα ἔχων δι´ ἐκείνων αὐτοὺς προσάξεσθαι· ἐπεὶ δ´ οὐδὲν μᾶλλον ἐνέδοσαν καίπερ προῖκα αὐτοῦ τοὺς ἀναγκαίους ἑκάστῳ διδόντος, πρατήριόν τι ὑπ´ αὐτὸ τὸ τεῖχος ἐν ἀσφαλεῖ κατεστήσατο, καὶ παράγων ἕνα ἕκαστον τῶν πρώτων ἀπεκήρυττεν, εἴ πως διά γε τούτου τοὺς Παταρέας ὑπαγάγοιτο. Ὡς δ´ οὐδὲ τότε αὐτῷ προσεχώρησαν, ὀλίγους ἀποδόμενος τοὺς λοιποὺς ἀφῆκεν. ἰδόντες δὲ τοῦτο οἱ ἔνδον οὐκέτ´ ἀντῆραν, ἀλλ´ εὐθὺς αὐτῷ ὡς καὶ ἀρετὴν ἔχοντι προσέθεντο, μηδὲν ἔξω τῶν χρημάτων ζημιωθέντες. Καὶ τοῦτο καὶ οἱ Μυρεῖς ἐποίησαν, ἐπειδὴ τὸν στρατηγὸν αὐτῶν ἐν τῷ ἐπινείῳ λαβὼν ἀπέλυσε. Καὶ οὕτω καὶ τἆλλα δι´ ὀλίγου παρεστήσατο.

[35] Ταῦτ´ οὖν ἀμφότεροι πράξαντες ἔς τε τὴν Ἀσίαν αὖθις ἦλθον, καὶ πάνθ´ ὅσα ἐκ διαβολῶν, οἷα ἐν τοῖς τοιούτοις φιλεῖ συμβαίνειν, ὕποπτα πρὸς ἀλλήλους εἶχον, ἔς τε τὸ μέσον καὶ κατὰ μόνας προενεγκόντες καὶ διαλυσάμενοι ἐς τὴν Μακεδονίαν ἠπείγοντο. Καὶ αὐτοὺς Γάιός τε Νωρβανὸς καὶ Δεκίδιος Σάξας ἔφθησαν τόν τε Ἰόνιον, πρὶν τὸν Στάιον ἐλθεῖν, περαιωθέντες, καὶ πᾶσαν τὴν μέχρι τοῦ Παγγαίου χῆν προκατασχόντες, καὶ πρὸς τοῖς Φιλίπποις στρατοπεδευσάμενοι. Τὸ δὲ δὴ ἄστυ τοῦτο παρά τε τῷ Παγγαίῳ καὶ παρὰ τῷ Συμβόλῳ κεῖται· Σύμβολον γὰρ τὸ χωρίον ὀνομάζουσι καθ´ ὃ τὸ ὄρος ἐκεῖνο ἑτέρῳ τινὶ ἐς μεσόγειαν ἀνατείνοντι συμβάλλει, καὶ ἔστι μεταξὺ Νέας πόλεως καὶ τῶν Φιλίππων· ἡ μὲν γὰρ πρὸς τῇ θαλάσσῃ κατ´ ἀντιπέρας Θάσου ἦν, ἡ δὲ ἐντὸς τῶν ὀρῶν ἐπὶ τῷ πεδίῳ πεπόλισται. Καὶ ἔτυχον γὰρ τὴν συντομωτάτην αὐτοῦ ὑπερβολὴν ὅ τε Σάξας καὶ ὁ Νωρβανὸς προκαταλαβόντες, ταύτῃ μὲν ὁ Βροῦτος ὅ τε Κάσσιος οὐδὲ ἐπείρασαν διαβῆναι, ἑτέραν δέ τινα μακροτέραν κατὰ τὰς Κρηνίδας ὠνομασμένας περιελθόντες φυλακῇ μὲν καὶ ἐκεῖ ἐνέτυχον, βιασάμενοι δὲ αὐτὴν εἴσω τε τῶν ὀρῶν ἐγένοντο, καὶ πρὸς τὴν πόλιν κατὰ τὰ μετέωρα ἐπιπαρελθόντες ἐνταῦθα χωρὶς ἑκάτερος, ὥς γε τῷ λόγῳ εἰπεῖν, ἐστρατοπεδεύσαντο· τῷ γὰρ ἔργῳ καθ´ ἓν ηὐλίσαντο. Τὰ μὲν γὰρ στρατόπεδα, ὡς καὶ εὐτακτότεροι οἱ στρατιῶται καὶ ῥᾴους ἄρχειν ὦσι, διχῇ κατέστη, παντὸς δὲ δὴ καὶ τοῦ διὰ μέσου αὐτῶν καὶ τάφρῳ καὶ σταυρώματι περιληφθέντος εἷς τε ὁ πᾶς περίβολος ἀμφοτέρων ἐγένετο, καὶ ἐν κοινῷ τὴν ἀπ´ αὐτοῦ ἀσφάλειαν εἶχον.

[36] Ἦσαν δὲ πολὺ τῷ πλήθει τῶν ἐναντίων τῶν τότε παρόντων καθυπέρτεροι, καὶ διὰ τοῦτο τό τε Σύμβολον ἐκκρούσαντες αὐτοὺς κατέλαβον, καὶ τὰ ἐπιτήδεια ταύτῃ τε δι´ ἐλάττονος ἐκ τῆς θαλάσσης ἐπήγοντο καὶ ἐκ τοῦ πεδίου καταθέοντες ἐλάμβανον. Ὁ γὰρ Νωρβανὸς ὅ τε Σάξας πανστρατιᾷ μὲν οὐδὲ ἐτόλμησαν αὐτοῖς προσμῖξαι, ἐκπέμποντες δ´ ἱππέας ἐκδρόμους ὅπῃ παρείκοι, οὐδὲν ἐπέραινον, ἀλλ´ αὐτοί τε διὰ φυλακῆς μᾶλλον ἢ διὰ κινδύνων τὸ στρατόπεδον ἐποιοῦντο, καὶ τὸν Καίσαρα τόν τε Ἀντώνιον σπουδῇ μετεπέμποντο. Οὗτοι γὰρ τέως μὲν περί τε τοὺς Ῥοδίους καὶ περὶ τοὺς Λυκίους τόν τε Κάσσιον καὶ τὸν Βροῦτον ἀσχόλους ὄντας ἐπυνθάνοντο, ἐπὶ πλεῖόν τε αὐτοὺς ἔδοξάν σφισι προσπολεμήσειν, καὶ οὐκ ἠπείχθησαν ἀλλὰ τόν τε Σάξαν καὶ τὸν Νωρβανὸν ἐς τὴν Μακεδονίαν προέπεμψαν· αἰσθόμενοι δὲ αὐτοὺς ἑαλωκότας, τοῖς μὲν Λυκίοις καὶ τοῖς Ῥοδίοις ἐπαίνους τε ἔδοσαν καὶ χρήματα χαριεῖσθαι ὑπέσχοντο, αὐτοὶ δὲ ἐκ μὲν τῆς πόλεως εὐθὺς ἐξώρμησαν, ἐγχρονίσαντες δὲ Ἀντώνιος μὲν περὶ Βρεντέσιον (ὑπὸ γὰρ τοῦ Σταΐου καθείργετο) Καῖσαρ δὲ περὶ Ῥήγιον (πρὸς γὰρ τὸν Σέξτον τήν τε Σικελίαν ἔχοντα καὶ τῆς Ἰταλίας πειρῶντα προαπετράπετο) διετρίβησαν.

[37] Ὡς δ´ οὖν οὗτός τε οὐ καθαίρετος ἔδοξεν εἶναί σφισι, καὶ τὰ τοῦ Κασσίου τοῦ τε Βρούτου μᾶλλον αὐτοὺς ἤπειξε, μέρος μέν τι τοῦ στρατοῦ πρὸς φρουρὰν τῆς Ἰταλίας κατέλιπον, τῷ δὲ δὴ πλείονι τὸν Ἰόνιον ἀσφαλῶς ἐπεραιώθησαν. Καὶ Καῖσαρ μὲν ἐν Δυρραχίῳ νοσήσας ὑπελείφθη, Ἀντώνιος δὲ πρὸς τοὺς Φιλίππους ἤλασε, καὶ παραυτίκα μὲν ῥώμην τινὰ τοῖς σφετέροις παρέσχεν, ἐνεδρεύσας δέ τινας τῶν ἐναντίων σιταγωγοῦντας καὶ σφαλεὶς οὐκέτ´ οὐδ´ αὐτὸς ἐθάρσει. Ὁ οὖν Καῖσαρ πυθόμενος τοῦτο καὶ δείσας ἑκάτερον, εἴτε τι ἐλαττωθείη κατὰ μόνας συμβαλὼν εἴτε καὶ κρατήσειεν (ἐκ μὲν γὰρ τοῦ τόν τε Βροῦτον καὶ τὸν Κάσσιον, ἐκ δὲ τοῦ τὸν Ἀντώνιον πάντως ἐφ´ ἑαυτὸν ἰσχύσειν ἐνόμισεν), ἠπείχθη καίπερ καὶ τότε ἔτι ἀρρωστῶν. Κἀκ τούτου ἀνεθάρσησαν μὲν οἱ περὶ τὸν Ἀντώνιον· ἐπεὶ δ´ οὐκ ἀσφαλὲς ἐφαίνετο τὸ μὴ οὐχ ἅμα πάντας αὐτοὺς αὐλίζεσθαι, ἔς τε χωρίον ἓν καὶ ἐς ἔρυμα ἓν τὰ τρία στρατεύματα συνήγαγον. Ἀντικαθημένων δὲ αὐτῶν ἀλλήλοις ἐκδρομαὶ μὲν καὶ ἀντεπέξοδοι παρ´ ἀμφοτέρων ὡς ἔτυχεν ἐγίγνοντο, μάχη δὲ ἐκ παρατάξεως οὐδεμία χρόνον τινὰ συνηνέχθη, καίτοι καὶ τοῦ Καίσαρος καὶ τοῦ Ἀντωνίου πάνυ συμβαλεῖν σπουδαζόντων· ταῖς τε γὰρ δυνάμεσι μᾶλλον τῶν ἐναντίων ἔρρωντο, καὶ τῶν ἐπιτηδείων οὐχ ὁμοίως αὐτοῖς ηὐπόρουν διὰ τὸ τῆς θαλάσσης, ἅτε τοῦ ναυτικοῦ σφων τῷ Σέξτῳ προσπολεμοῦντος, μὴ κρατεῖν.

[38] Οὗτοι μὲν οὖν δὴ διά τε ταῦτα καὶ διὰ τὸν Σέξτον τήν τε Σικελίαν ἔχοντα καὶ τῆς Ἰταλίας πειρῶντα, μὴ καὶ χρονισάντων αὐτῶν τήν τε Ἰταλίαν καταλάβῃ καὶ ἐς τὴν Μακεδονίαν ἔλθῃ, ὤργων. Ὁ δὲ δὴ Κάσσιος ὅ τε Βροῦτος ἄλλως μὲν οὐκ ὤκνουν τὴν μάχην (ὅσον γὰρ τῇ ῥώμῃ τῶν στρατιωτῶν ἠλαττοῦντο, τοσοῦτον τῷ πλήθει ἐπλεονέκτουν), ἐκλογιζόμενοι δὲ τά τε ἐκείνων καὶ τὰ σφέτερα (σύμμαχοί τε γὰρ αὐτοῖς καθ´ ἑκάστην ἡμέραν προσεγίγνοντο, καὶ τὴν τροφὴν ἄφθονον ὑπὸ τῶν νεῶν εἶχον) ἀνεβάλλοντο, εἴ πως ἄνευ κινδύνου καὶ φθόρου τινῶν ἐπικρατήσειαν· ἅτε γὰρ δημεράσται τε ἀκριβῶς ὄντες καὶ πρὸς πολίτας ἀγωνιζόμενοι ἐκείνων τε οὐδὲν ἧττον ἢ τῶν συνόντων σφίσι διεσκόπουν, καὶ ἐπεθύμουν ἑκατέροις ὁμοίως καὶ τὴν σωτηρίαν καὶ τὴν ἐλευθερίαν παρασχεῖν. Χρόνον μὲν οὖν τινα διὰ ταῦτα ἀνέσχον, οὐκ ἐθέλοντές σφισιν ἐς χεῖρας ἐλθεῖν· ὡς μέντοι τὰ στρατεύματα, ἅτε ἐκ τοῦ ὑπηκόου τὸ πλεῖστον ὄντα, τῇ τε τριβῇ βαρυνόμενα καὶ τῶν ἀντιπολεμούντων καταφρονήσαντα, ὅτι τὸ καθάρσιον τὸ πρὸ τῶν ἀγώνων γιγνόμενον ἐντὸς τοῦ ἐρύματος ὡς καὶ δεδιότες ἐποιήσαντο, ἔς τε τὴν μάχην ὥρμησαν καὶ διελάλουν ὅτι, ἂν ἐπὶ πλεῖον διατριφθῶσι, τό τε στρατόπεδον ἐκλείψουσι καὶ διασκεδασθήσονται, οὕτω δὴ καὶ ἄκοντες συνέμιξαν.

[39] Μέγιστον δὴ τὸν ἀγῶνα τοῦτον καὶ ὑπὲρ πάντας τοὺς ἐμφυλίους τοὺς τοῖς Ῥωμαίοις γεγονότας οὐκ ἀπεικότως ἄν τις συμβῆναι νομίσειεν, οὐχ ὅτι καὶ τοῖς πλήθεσιν ἢ καὶ ταῖς ἀρεταῖς τῶν μαχεσαμένων διήνεγκεν αὐτῶν (πολλῷ γὰρ καὶ πλείους καὶ ἀμείνους σφῶν πολλαχόθι ἠγωνίσαντο), ἀλλ´ ὅτι περί τε τῆς ἐλευθερίας καὶ τῆς δημοκρατίας τότε ὡς οὐπώποτε ἐπολέμησαν. Συνέπεσον μὲν γὰρ καὶ αὖθις ἀλλήλοις, ὥσπερ καὶ πρότερον· ἀλλ´ ἐκείνους μὲν τοὺς ἀγῶνας ὑπὲρ τοῦ τίνος ἐπακούσουσιν ἐποιήσαντο, τότε δὲ οἱ μὲν ἐς δυναστείαν αὐτοὺς ἦγον, οἱ δὲ ἐς αὐτονομίαν ἐξῃροῦντο. Ὅθεν οὐδ´ ἀνέκυψεν ἔτι πρὸς ἀκριβῆ παρρησίαν ὁ δῆμος καίπερ ὑπ´ οὐδενὸς ἀλλοτρίου ἡττηθείς (τὸ γάρ τοι ὑπήκοον τό τε συμμαχικὸν τὸ τότε αὐτοῖς παραγενόμενον ἐν προσθήκης μέρει τοῦ πολιτικοῦ ἦν), ἀλλ´ αὐτός τε ἑαυτοῦ κρείττων τε ἅμα καὶ ἥττων γενόμενος καὶ ἔσφηλεν ἑαυτὸν καὶ ἐσφάλη, κἀκ τούτου τό τε δημοκρατικὸν συμπαρανάλωσε καὶ τὸ μοναρχικὸν ἐκράτυνε. Καὶ οὐ λέγω ὡς οὐ συνήνεγκεν αὐτοῖς ἡττηθεῖσι τότε· τί γὰρ ἄν τις ἄλλο περὶ αὐτῶν ἀμφοτέρωθεν μαχεσαμένων εἴποι ἢ ὅτι Ῥωμαῖοι μὲν ἐνικήθησαν, Καῖσαρ δὲ ἐκράτησεν; ὁμοφρονῆσαι μὲν γὰρ ἐν τῷ καθεστῶτι τρόπῳ τῆς πολιτείας οὐκέθ´ οἷοί τε ἦσαν· οὐ γὰρ ἔστιν ὅπως δημοκρατία ἄκρατος, ἐς τοσοῦτον ἀρχῆς ὄγκον προχωρήσασα, σωφρονῆσαι δύναται· πολλοὺς δ´ ἂν ἐπὶ πολλοῖς καὶ αὖθις ἀγῶνας ὁμοίους ἀνελόμενοι πάντως ἄν ποτε ἐδουλώθησαν ἢ καὶ ἐφθάρησαν.

[40] Πάρεστι δὲ καὶ ἐκ τῶν σημείων τῶν τότε συμβάντων σφίσι τεκμήρασθαι ὅτι μέγιστος διαφανῶς ὁ ἀγὼν αὐτοῖς ἐγένετο· τὸ γὰρ δαιμόνιον, ὥσπερ που καὶ ἀεὶ πρὸ τῶν ἀτοπωτάτων φιλεῖ προσημαίνειν, πάντα σφίσιν ἀκριβῶς καὶ ἐν τῇ Ῥώμῃ καὶ ἐν τῇ Μακεδονίᾳ τὰ ἐκβάντα ἀπ´ αὐτοῦ προεμαντεύσατο. Ἐν γὰρ τῷ ἄστει ὅ τε ἥλιος τοτὲ μὲν ἠλαττοῦτο καὶ ἐλάχιστος ἐγίγνετο, τοτὲ δὲ καὶ μέγας καὶ τριττὸς ἐξεφαίνετο, καί ποτε καὶ νυκτὸς ἐξέλαμψε· καὶ κεραυνοὶ ἄλλοσέ τε πολλαχόσε καὶ ἐς τὸν τοῦ Νικαίου Διὸς βωμὸν ἐφέροντο, λαμπάδες τε ἐνταῦθα κἀκεῖσε ᾖττον, καὶ σαλπίγγων ἠχαὶ ὅπλων τε κτύποι καὶ στρατοπέδων βοαὶ νυκτὸς ἔκ τε τῶν τοῦ Καίσαρος καὶ ἐκ τῶν τοῦ Ἀντωνίου κήπων, ὁμόρων ἀλλήλοις παρὰ τῷ Τιβέριδι ὄντων, ἠκούοντο. Καὶ προσέτι καὶ κύων κυνὸς σῶμα πρὸς τὸ Δημήτριον προσελκύσας τήν τε γῆν τοῖς ποσὶν ὤρυξε καὶ κατέχωσεν αὐτό. Καί τι παιδάριον δεκαδακτύλους χεῖρας ἔχον ἐγεννήθη, ἡμίονός τε διφυὲς τέρας ἔτεκε· τὰ μὲν γὰρ πρόσθια ἵππῳ τὰ δὲ λοιπὰ ἡμιόνῳ ἐῴκει. Καὶ ὁ τῆς Ἀθηνᾶς ὀχὸς πρὸς τὸ Καπιτώλιον ἐξ ἱπποδρομίας τινὸς ἐπανιὼν συνετρίβη, τό τε ἄγαλμα τὸ τοῦ Διὸς τὸ ἐν τῷ Ἀλβανῷ ὂν αἷμα παρ´ αὐτὰς τὰς ἀνοχὰς ἔκ τε τοῦ δεξιοῦ ὤμου καὶ ἐκ τῆς δεξιᾶς χειρὸς ἀνέδωκε. Καὶ ταῦτα μὲν ἐκ τοῦ δαιμονίου σφίσι προεδείχθη, ποταμοί τε ἐν τῇ χώρᾳ αὐτῶν οἱ μὲν παντάπασιν ἐξέλιπον οἱ δ´ ἀνάπαλιν ῥεῖν ἤρξαντο· συνενηνέχθαι δέ πως ἐς ταὐτὸ καὶ ὅσα παρὰ τῶν ἀνθρώπων κατὰ συντυχίαν ἐπράχθη ἔδοξεν· ἔν τε γὰρ ταῖς ἀνοχαῖς ὁ πολίαρχος τὰ Λατιάρια, οὔτ´ ἄλλως προσήκοντα αὐτῷ οὔτ´ ἐν τῷ καιρῷ ἐκείνῳ γίγνεσθαι εἰωθότα, ἐποίησεν, καὶ οἱ ἀγορανόμοι τοῦ πλήθους ὁπλομαχίας ἀγῶνας ἀντὶ τῆς ἱπποδρομίας τῇ Δήμητρι ἐπετέλεσαν. Ἐν μὲν οὖν τῇ Ῥώμῃ ταῦτ´ ἐγίγνετο, καί τινα καὶ λόγια καὶ πρὸ αὐτῶν καὶ ἐπ´ αὐτοῖς ἐς τὴν κατάλυσιν τῆς δημοκρατίας συμβαίνοντα ᾔδετο· ἐν δὲ δὴ τῇ Μακεδονίᾳ (ταύτης γὰρ τό τε Παγγαῖον καὶ ἡ περὶ αὐτὸ γῆ νομίζεται) μέλισσαί τε πολλαὶ τὸ τοῦ Κασσίου στρατόπεδον περιέσχον, κἀν τῷ καθαρσίῳ αὐτοῦ τὸν στέφανόν τις τραπέμπαλιν αὐτῷ ἐπέθηκε, παῖς τε ἐν πομπῇ τινι, οἵας οἱ στρατιῶται ἄγουσι, νίκην φέρων ἔπεσε. Καὶ ὅ γε μάλιστα τὸν ὄλεθρόν σφισιν ἐσήμηνεν ὥστε καὶ τοῖς ἐναντίοις ἔκδηλον γενέσθαι, πολλοὶ μὲν γῦπες πολλοὶ δὲ καὶ ἄλλοι ὄρνιθες νεκροφάγοι ὑπέρ τε ἐκείνων μόνων διεφοίτων καὶ ἐς αὐτοὺς κατέβλεπον, δεινόν τέ τι καὶ φρικῶδες κλάζοντές τε καὶ τρίζοντες.

31. Sur ces entrefaites, les habitants de Tarse essayèrent de barrer le passage du Taurus à Tillius Cimber, l'un des meurtriers de César, alors gouverneur de Bithynie, qui venait en hâte au secours de Cassius: puis, ayant, par crainte, abandonné les défilés, ils firent sur le moment un traité avec Cimber, croyant qu'il était en force, mais s'étant ensuite aperçus du petit nombre de ses soldats, ils refusèrent de le recevoir dans leur ville et de lui fournir des vivres. Cimber, après avoir élevé une forteresse contre eux, s'en alla, estimant qu'il valait mieux secourir Cassius que d'emporter la ville; les Tarsiens alors, se mettant en campagne, lui firent tête et marchèrent contre Adana, ville voisine et toujours en différend avec eux, sous prétexte qu'elle tenait pour Cassius. A cette nouvelle. Cassius envoya d'abord contre eux L. Rufus, car Dolabella vivait encore: plus tard, il y vint en personne, et, comme déjà ils s'étaient rendus à Rufus sans combat, il ne leur fit aucun mal et se contenta d'enlever tout l'argent des particuliers et tout l'argent de l'État. A la suite de ces événements, les Tarsiens reçurent des triumvirs (ils étaient déjà en possession des affaires à Rome) des éloges et l'espérance d'un dédommagement pour ce qu'ils avaient perdu: Cléopâtre, pour avoir envoyé des Secours à Dolabella, obtint que son fils qu'on nommait Ptolémée et qu'elle prétendait avoir eu de César et que, pour ce motif, elle appelait Césarion, fût proclamé roi d'Egypte.

32. Cassius, après avoir mis ordre aux affaires de Syrie et de Cilicie, se rendit en Asie auprès de Brutus. Car, lorsqu'ils apprirent la conjuration des triumvirs et furent informés des décrets portés contre eux, ils se réunirent en ce pays et agirent avec plus de concert : ayant le même motif de faire la guerre, s'attendant au même danger et n'ayant pas encore alors renoncé au dessein de défendre la liberté du peuple romain, pleins d'ailleurs du désir de renverser cette association de trois hommes qui commettaient de telles atrocités, ils n'en furent que plus disposés à unir leurs projets et leurs efforts. En somme, ils résolurent de se rendre en Macédoine et d'empêcher l'ennemi d'y arriver, ou de passer eux-mêmes les premiers en Italie. Mais comme on disait les triumvirs encore occupés à rétablir l'ordre à Rome, et que Sextus, qui les observait de près, leur donnerait, à ce qu'ils croyaient, assez à faire, au lieu d'exécuter immédiatement leur projet. ils se mirent à courir le pays et envoyèrent des émissaires chez les peuples qui ne s'étaient pas encore rangés a leur parti, afin de les attirer à eux et de ramasser de l'argent.

33. Les autres peuples de ces contrées, même ceux dont on ne s'était pas occupé auparavant, se rangèrent tous immédiatement de leur côté: mais Ariobarzane, les Rhodiens et les Lyciens, sans opposer aucune résistance, refusèrent de s'allier avec eux. Brutus et Cassius les soupçonnant d'être, à cause des bienfaits qu'ils avaient reçus du premier César, favorables à leurs ennemis, et craignant qu'en leur absence ils n'excitassent quelques troubles et ne poussassent les autres à la défection, résolurent de se tourner contre eux d'abord, espérant, grâce à la grande supériorité de leurs armes et aux bienfaits qu'ils prodiguèrent, les réduire promptement par la persuasion ou par la force. Cassius, bien que les Rhodiens eussent de leur marine une opinion assez haute pour être allés avec leurs vaisseaux au-devant de lui jusque sur le continent et lui montrer les entraves qu'ils apportaient pour les nombreux captifs dont ils comptaient s'emparer, les défît néanmoins sur mer, d'abord auprès de Mynde, puis sous les murs mêmes de Rhodes, avec l'aide de Statius, le nombre et la grandeur des vaisseaux l'ayant emporté sur l'expérience. Après cela, il passa lui-même dans l'île, sans leur faire aucun mal, ils n'opposèrent pas de résistance, (et le séjour qu'il avait fait parmi eux au temps de son éducation le rendait bienveillant à leur égard); il leur enleva seulement leurs vaisseaux et leurs richesses tant profanes que sacrées, à l'exception du char du Soleil. Quant à Ariobarzane dont il s'empara ensuite, il le fit mettre à mort.

34. Brutus, de son côté, défit dans une bataille l'armée commune des Lyciens qui était venue à sa rencontre, lui prit d'emblée, sur ses frontières mêmes, son camp où elle s'était réfugiée ; puis il s'empara de la plupart des villes sans coup férir, mais il dut investir Xanthe. Les Xanthiens, dans une sortie, ayant lancé le feu sur ses machines et décoché des flèches et des javelots, lui firent courir le plus grand danger. Bien plus, il était perdu sans ressource, si ses soldats, sautant tout à coup à travers les flammes, n'eussent, contre toute attente, fondu sur l'ennemi armé à la légère et ne l'eussent refoulé dans l'enceinte de ses murs, où, se précipitant avec lui, ils lancèrent le feu sur quelques maisons, et frappèrent de terreur ceux qui assistaient à ce spectacle, tandis qu'à ceux qui étaient au loin ils donnaient lieu de croire que tout était pris: car alors les habitants eux-mêmes incendièrent volontairement le reste, et la plupart se donnèrent la mort les uns aux autres.

Après cela, Brutus se dirigea vers les Pataréens et les exhorta à être ses amis ; comme ils ne l'écoutèrent pas (les esclaves et, parmi les hommes libres, les pauvres qui avaient obtenu, les uns la liberté, les autres l'abolition de leurs dettes, s'opposaient à un traité), il commença par leur envoyer les prisonniers xanthiens (beaucoup leur étaient parents par alliance), dans l'espoir de les amener par eux à son parti ; puis, s'apercevant qu'ils n'en étaient pas plus disposés à capituler, bien qu'il rendît à chacun ses parents sans rançon, il établit au pied même des murailles, dans un endroit sûr, un lieu d'exposition où il amena l'un après l'autre les principaux d'entre ses prisonniers, afin d'arriver par là à émouvoir les Pataréens. Ce moyen ne lui avant pas réussi davantage, il se décida, après en avoir vendu un petit nombre, à mettre le reste en liberté. Voyant cela, ceux qui étaient dans l'intérieur de la ville cessèrent la résistance et embrassèrent aussitôt sa cause comme celle d'un honnête homme, sans qu'il leur infligeât d'autre châtiment qu'une amende pécuniaire. Les Myriens les imitèrent également après qu'il eut relâché leur stratège fait prisonnier dans le port maritime. Le reste du pays ne tarda pas à se soumettre de même.

35. Ces exploits accomplis, ils revinrent l'un et l'autre en Asie; puis, après s'être, dans un entretien particulier, mutuellement exposé tous les sujets de défiance que les calomnies, ainsi que cela arrive ordinairement en semblables occurrences, leur avaient inspirés à l'un contre l'autre, et les avoir dissipés, ils se hâtèrent de se rendre en Macédoine. Ils y furent devancés par C. Norbanus et Decidus Saxa, qui traversèrent la mer Ionienne avant l'arrivée de Statius, occupèrent tout le pays jusqu'au Pangée et établirent leur camp près de Philippes. Cette ville est située au pied du Pangée et du Symbolon: ce lieu est en effet nommé Σύμβολον (signe de ralliement) parce que cette montagne συμβάλλει (rallie) une autre montagne qui s'étend dans l'intérieur des terres : il se trouve entre Naples et Philippes. L'une de ces villes est au bord de la mer, en face de Thasos : l'autre est bâtie dans l'intérieur des montagnes, au milieu d'une plaine. Aussi Brutus et Cassius (Saxa et Norbanus s'étaient d'avance saisis de ce passage qui était le plus court) n'essayèrent pas même de traverser de ce côté : ils firent le tour jusqu'à un autre passage plus long, vers l'endroit nommé les Crénides, et trouvèrent là aussi une garnison: cette garnison forcée, ils parvinrent dans l'intérieur de la montagne, et, s'approchant de la ville par les hauteurs, y assirent leur camp chacun séparément, si l'on peut s'exprimer ainsi, puisque. en réalité, ils n'eurent qu'un seuil et unique retranchement. Ils divisèrent, en effet, leur camp en deux, afin d'avoir les soldats mieux rangés et plus dociles au commandement; mais, tout l'espace compris entre eux étant entouré d'un fossé et d'une palissade, la ligne d'enceinte tout entière des uns et des autres n'en formait qu'une seule et leur donnait une commune sûreté.

36. Ils étaient bien supérieurs en nombre aux ennemis alors présents; aussi ils s'emparèrent du Symbolon après les avoir délogés de cette position, reçurent plus promptement les vivres par la voie de la mer et en tirèrent de la plaine par des incursions. Car Norbanus et Saxa n'osèrent pas engager contre eux une action générale, et se contentèrent de les faire charger, à l'occasion, par leur cavalerie, sans rien tenter de décisif: ils songeaient plutôt à garder leur armée qu'à l'exposer aux chances d'un combat, pendant qu'ils mandaient â César et à Antoine de venir en hâte. Ceux-ci, tant que par leurs informations ils surent Brutus et Cassius occupés avec les Lyciens et les Rhodiens, pensaient que la guerre était encore éloignée, et, sans se presser, ils avaient envoyé en avant Saxa et Norbanus en Macédoine. Mais, quand ils virent les Lyciens et les Rhodiens soumis. ils leur donnèrent des éloges, leur promirent une gratification en argent, et partirent eux-mêmes aussitôt de Rome. Mais, s'étant attardés, Antoine à Brindes, où il était arrêté par Statius, et César â Rhegium, où il s'était porté contre Sextus qui occupait la Sicile et tentait de passer en Italie, ils perdirent du temps.

37. Or donc, comme Sextus ne leur semblait pas facile à vaincre, et que, du côté de Brutus et de Cassius, les affaires les pressaient plus vivement, ils laissèrent une portion de leur armée pour garder l'Italie, et, avec le gros de leurs troupes, passèrent sans danger la mer Ionienne. César étant tombé malade à Dyrrachium fut laissé en arrière, Antoine poussa jusqu'à Philippes et apporta sur-le-champ une certaine force aux siens ; mais un échec dans une embuscade contre quelques fourrageurs ennemis lui fit perdre courage à lui-même. A cette nouvelle, César, craignant également qu'Antoine n'essuyât une défaite en combattant isolément ou qu'il ne remportât une victoire, dans le premier cas, il voyait Brutus et Cassius, dans le second, Antoine tout-puissant contre lui, se hâta d'aller le rejoindre, bien qu'il se trouvât encore mal rétabli. Son arrivée rendit le courage aux soldats d'Antoine, et, comme les deux chefs crurent qu'il y avait péril à camper séparément, ils réunirent leurs trois corps d'armée dans un seul endroit et dans un seul retranchement. Les camps ainsi placés vis-à-vis l'un de l'autre, il y eut, des deux côtés, quelques sorties et quelques escarmouches fortuites ; mais, pendant quelque temps, il ne se livra aucune bataille rangée, bien que César et Antoine eussent hâte d'engager une action; car, s'ils étaient plus forts que l'ennemi par leurs troupes, ils avaient moins d'approvisionnements, attendu que, leur flotte se trouvant engagée contre celle de Sextus, ils n'étaient pas maîtres de la mer.

38. Ces motifs et la crainte que Sextus, qui occupait la Sicile et tentait de passer en Italie, ne s'emparât de ce pays, s'ils tardaient, et ne vînt en Macédoine, enflammaient leur impatience. Quant à Cassius et à Brutus, ils ne redoutaient pas un combat (car, s'ils étaient inférieurs pour la valeur des soldats, ils avaient l'avantage pour le nombre) : d'un autre côté, considérant la situation de l'ennemi et la leur (chaque jour il leur arrivait des alliés, et leurs vaisseaux leur fournissaient des vivres en abondance), ils différaient dans l'espoir de remporter peut-être la victoire sans danger et sans perte d'hommes; car, comme ils aimaient véritablement le peuple et qu'ils combattaient contre des concitoyens, ils ne songeaient pas moins à leurs adversaires qu'à leurs propres soldats, et ils désiraient procurer aux uns et aux autres le salut et la liberté. Ils restèrent donc quelque temps en suspens, sans vouloir en venir aux mains. Cependant, comme leurs troupes, composées en majeure partie de peuples soumis, étaient fatiguées du retard et pleines de mépris pour des ennemis qui avaient fait dans l'intérieur des retranchements la lustration ordinaire avant une bataille comme s'ils y eussent été obligés par la frayeur, brûlaient de combattre et parlaient, si l'on tardait plus longtemps, d'abandonner l'armée et de se séparer, ils se virent, malgré eux, contraints d'engager l'action.

39. Que cette bataille ait été la plus grande et la plus importante de toutes celles qui eurent lieu dans les guerres civiles entre les Romains, on peut justement se le figurer. Ce n'est pas qu'elle l'ait emporté par le nombre ou par la valeur des combattants (il y eut maintes fois en présence des combattants bien plus nombreux et bien plus braves), mais c'est que la liberté et la République étaient ici, plus qu'elles ne l'avaient jamais été, le motif de la guerre. On en vint donc de nouveau aux mains comme auparavant ; mais, dans les luttes précédentes, il s'agissait de décider à qui on obéirait, au lieu que, dans la circonstance actuelle, un parti conduisait le peuple romain à la domination d'un seul, tandis qu'un autre s'efforçait de lui rendre son indépendance. Aussi le peuple, bien que n'ayant été vaincu par aucune nation étrangère, ne leva-t-il plus désormais la tête à un langage vraiment libre (les sujets et les alliés qui prirent part à la lutte n'étaient, en quelque sorte, que l'accessoire des citoyens romains): supérieur et, en même temps, inférieur à lui-même, il fut lui-même l'auteur et la victime de sa chute, et à partir de ce moment l'esprit populaire se perdit, tandis que l'esprit monarchique se fortifia. Je ne prétends pas dire par là que cette défaite ne fut pas alors utile pour les Romains. Que dire, en effet. de ceux qui combattirent des deux côtés, sinon que des Romains furent vaincus et que ce fut César qui remporta la victoire? Les Romains, dans la position où se trouvait la République, n'étaient plus capables de concorde; car il n'est pas possible qu'un gouvernement purement populaire, parvenu à un empire aussi excessif, puisse se maintenir dans les bornes de la modération. Plus d'une lutte pareille, engagée pour plus d'une raison, aurait inévitablement amené la servitude ou la ruine.

40. Les prodiges, d'ailleurs, qui arrivèrent alors, témoignent assez que, pour les Romains, cette bataille fut de la plus haute importance : la divinité, suivant sa coutume de presque toujours annoncer à l'avance les événements extraordinaires, leur prédit exactement, à Rome et en Macédoine, les résultats de cette lutte. A Rome, le soleil tantôt diminuait et devenait très petit, tantôt il se montrait grand et triple, parfois même il brilla la nuit : la foudre frappa, entre autres endroits, l'autel de Jupiter Victorieux : des torches traversèrent le ciel ; le son des trompettes, le cliquetis des armes, le cri des armées, se faisaient entendre, la nuit, dans les jardins de César et dans ceux d'Antoine, voisins les uns des autres, sur les bords du Tibre. De plus, un chien, traînant le cadavre d'un autre chien, près du temple de Cérès, creusa la terre avec ses pattes et l'y enfouit; un enfant naquit avec dix doigts à chaque main; une mule mit au monde un monstre à deux natures, semblable pour la partie de devant à un cheval, et à un mulet pour le reste du corps. Le char de Minerve se brisa en revenant des jeux du cirque au Capitole, la statue de Jupiter sur le mont Albain répandit du sang de son épaule et de sa main droites dans le temps même des Féries Latines. Outre ces présages donnés par la divinité, des fleuves se tarirent complètement dans le pays même qu'ils arrosent, d'autres se mirent à remonter leur cours. A ces mêmes présages semblèrent se rapporter aussi toutes les actions que les hommes firent par l'effet du hasard : pendant les Féries Latines, le préfet de la ville célébra les Latiares, bien que ce ne fût ni dans ses attributions ni à l'époque habituelle : les édiles plébéiens donnèrent, en l'honneur de Cérès, des combats de gladiateurs en remplacement des jeux du cirque. Tels étaient les prodiges qui avaient lieu à Rome : on y répandit, de plus, avant comme après, certains oracles qui avaient trait au renversement de la République; en Macédoine (car le Pangée et le pays qui l'entoure sont censés en faire partie), d'innombrables abeilles enveloppèrent le camp de Cassius : lors de la lustration de l'armée, on lui mit sur la tête sa couronne à l'envers: un enfant qui, dans une de ces processions habituelles aux soldats, portait une Victoire, fit une chute. Mais ce qui. plus que tout le reste, annonça leur perte, au point que leurs adversaires eux-mêmes le remarquèrent. c'est qu'un grand nombre de vautours et autres oiseaux qui mangent les cadavres voltigeaient sans cesse au-dessus d'eux seulement et dirigeaient sur eux leurs regards, faisant entendre des cris et des sifflements terribles qui donnaient le frisson.

[41] Τούτοις μὲν δὴ ταῦτα τὸ κακὸν ἔφερε, τοῖς δὲ ἑτέροις τέρας μὲν οὐδέν, ὅσα γε ἡμεῖς ἴσμεν, ἐγένετο, ὄψεις δὲ δὴ ὀνείρων τοιαίδε ἐφάνησαν. Ἀνὴρ Θεσσαλὸς ἔδοξέν οἱ τὸν Καίσαρα τὸν πρότερον κεκελευκέναι εἰπεῖν τῷ Καίσαρι ὅτι τε ἐς ἕνης ἡ μάχη γενήσοιτο, καὶ ἵνα ἀναλάβῃ τι ὧν δικτατορεύων αὐτὸς ἐφόρει· καὶ διὰ τοῦτο τὸν δακτύλιον αὐτοῦ τότε τε εὐθὺς περιέθετο καὶ ἔπειτα πολλάκις ἔφερεν. Οὗτος μὲν δὴ τοῦτο εἶδεν, ὁ δ´ ἰατρὸς ὁ συνὼν τῷ Καίσαρι ἐνόμισέν οἱ τὴν Ἀθηνᾶν προστάσσειν ἔκ τε τῆς σκηνῆς αὐτόν, καίτοι καὶ τότε ἔτι κακῶς ἀρρωστοῦντα, ἐξαγαγεῖν καὶ ἐς τὴν παράταξιν καταστῆσαι· ὑφ´ οὗπερ καὶ ἐσώθη. ὃ γάρ τοι τοῖς ἄλλοις ἐν μὲν τῷ στρατοπέδῳ τῷ τε ἐρύματι αὐτοῦ μένουσι σωτηρίαν, ἐς δὲ δὴ τὰ ὅπλα τάς τε μάχας ἰοῦσι κίνδυνον φέρει, τοῦτο τότε ἐπὶ τοῦ Καίσαρος διηλλάγη· ἔκ τε γὰρ τῆς ἐξόδου τῆς ἐκ τοῦ ταφρεύματος καὶ ἐκ τῆς πρὸς τοὺς μαχομένους ὁμιλίας περιφανέστατα, καίπερ χαλεπῶς καὶ ἄνευ τῶν ὅπλων ὑπὸ τῆς ἀσθενείας ἑστώς, περιεγένετο.

[42] Ἐπράχθη δὲ ὧδε. Οὐχ ὡμολόγησαν μὲν ὁπότε τὴν μάχην ποιήσονται, ὥσπερ δὲ ἀπὸ συγκειμένου τινὸς πάντες ἅμα ἕῳ ἐξωπλίσαντο, καὶ ἔς τε τὸ χωρίον τὸ μεταίχμιόν σφων καθάπερ ἀγωνισταί τινες σχολῇ προῆλθον, κἀνταῦθα ἡσυχῇ παρετάξαντο. Ὡς δ´ ἀντικατέστησαν, παραινέσεις, τοῦτο μὲν ἀθρόοις τοῦτο δὲ καὶ καθ´ ἑκάστους, ἀμφοτέροις ἀπό τε τῶν στρατηγῶν καὶ ἀπὸ τῶν ὑποστρατήγων τῶν θ´ ὑπομειόνων ἐγένοντο, πολλὰ μὲν πρὸς τὸ αὐτίκα τοῦ κινδύνου ἀναγκαῖα πολλὰ δὲ καὶ ἐς τὸ ἔπειτα ἁρμόζοντα αὐτῶν λεγόντων, οἷα ἄν τινες ἔν τε τῷ παραχρῆμα κινδυνεύσοντες καὶ τῷ μέλλοντι προκάμνοντες εἴποιεν. Καὶ τὰ μὲν ἄλλα ὁμοιοτροπώτατα, ἅτε καὶ Ῥωμαίων ἀμφοτέρωθεν ὁμοίως μετὰ τῶν συμμάχων σφῶν ὄντων, ἐρρήθη· διήλλαξε δὲ ὅτι οἱ μὲν περὶ τὸν Βροῦτον τήν τε ἐλευθερίαν καὶ τὴν δημοκρατίαν τό τε ἀτυράννευτον καὶ τὸ ἀδέσποτον τοῖς σφετέροις προεβάλλοντο, καὶ τά τε ἐν ἰσονομίᾳ χρηστὰ καὶ τὰ ἐν μοναρχίᾳ ἄτοπα, ὅσα ποτὲ αὐτοί τε ἐπεπόνθεσαν καὶ περὶ ἑτέρων ἠκηκόεσαν, προέφερον, παραδεικνύντες τε καθ´ ἓν ἕκαστον ἑκάτερα καὶ ἱκετεύοντές σφας τῶν μὲν ὀριγνήσασθαι τὰ δὲ ἐκκλῖναι καὶ τῶν μὲν ἔρωτα λαβεῖν τὰ δὲ μὴ παθεῖν φυλάξασθαι, οἱ δὲ ἕτεροι τῷ σφετέρῳ στρατῷ τούς τε σφαγέας τιμωρήσασθαι καὶ τὰ τῶν ἀντικαθεστώτων σχεῖν, ἄρξαι τε πάντων τῶν ὁμοφύλων ἐπιθυμῆσαι, παρῄνουν, καὶ ὅ γε μάλιστα αὐτοὺς ἐπέρρωσε, καὶ κατὰ πεντακισχιλίας σφίσι δραχμὰς δώσειν ὑπέσχοντο.

[43] Κἀκ τούτου πρῶτον μὲν τὰ συνθήματα αὐτοῖς διῆλθεν (ἦν δὲ τοῖς μὲν ἀμφὶ τὸν Βροῦτον Ἐλευθερία, τοῖς δὲ ἑτέροις ὅ τι ποτὲ καὶ ἐδόθη), ἔπειτα σαλπικτὴς εἷς ἑκατέρωθεν ὑπεσήμηνε, καὶ οὕτω καὶ οἱ λοιποὶ ἐπήχησαν, πρῶτοι μὲν οἱ τό τε στάσιμον καὶ τὸ παρασκευαστικὸν ἐν τόπῳ τινὶ κυκλοτερεῖ διὰ σαλπίγγων μελῳδοῦντες, ἔπειτα δὲ καὶ οἱ ἄλλοι οἱ τόν τε θυμὸν τῶν στρατιωτῶν ἐπεγείροντες καὶ ἐπὶ τὴν σύνοδον αὐτοὺς ἐξοτρύνοντες. Καὶ μετὰ τοῦτο σιωπή τε ἐξαπίνης πολλὴ ἐγένετο, καὶ σμικρὸν ἐπισχόντες αὐτοί τε διάτορον ἐξεφώνησαν καὶ αἱ τάξεις ἑκατέρωθεν συνεβόησαν. Κἀκ τούτου ἀλαλάξαντες οἱ ὁπλῖται τάς τε ἀσπίδας τοῖς δορατίοις ἔκρουσαν καὶ ἐκεῖνα ἐπ´ ἀλλήλους ἐξηκόντισαν, καὶ οἱ σφενδονῆται οἵ τε τοξόται βέλη καὶ λίθους ἧκαν. Καὶ μετὰ ταῦτα τό τε ἱππικὸν ἀντεξήλασαν καὶ τὸ θωρακοφόρον συνεπισπόμενόν σφισιν ἐν χερσὶν ἐγένετο.

[44] Καὶ πολλῷ μὲν ὠθισμῷ πολλῷ δὲ καὶ ξιφισμῷ ἐχρήσαντο, τὰ μὲν πρῶτα περισκοποῦντες ὅπως τε τρώσουσί τινας καὶ ὅπως αὐτοὶ μὴ τρωθῶσι (τούς τε γὰρ ἀνθεστηκότας ἅμα ἀποκτεῖναι καὶ ἑαυτοὺς σῶσαι ἐβούλοντο), ἔπειτα δὲ ὡς ἥ τε ὁρμή σφων ηὐξήθη καὶ ὁ θυμὸς ἐφλέγμηνεν, ὁμόσε τε ἀπερισκέπτως χωροῦντες καὶ μηδεμίαν ἔτ´ ἀσφάλειαν ἑαυτῶν ποιούμενοι, ἀλλ´ ἐπιθυμίᾳ τοῦ τοὺς ἀντιπάλους ἀπολέσαι καὶ ἑαυτοὺς προϊέμενοι. Καί τινες τάς τε ἀσπίδας ἀπερρίπτουν, καὶ ἀντιλαμβανόμενοι τῶν ἀντιτεταγμένων οἱ μὲν ἔκ τε τῶν κρανῶν αὐτοὺς ἦγχον καὶ κατὰ νώτου ἔπαιον, οἱ δὲ τά τε προβλήματα ἀπέσπων καὶ ἐς τὰ στήθη ἔτυπτον. Ἄλλοι τῶν ξιφῶν αὐτῶν λαμβανόμενοι τὰ σφέτερα ὡς καὶ ἐς ἀόπλους σφᾶς ἐώθουν· καὶ ἕτεροι τρωθῆναί τι μέρος τῶν σωμάτων σφῶν προβάλλοντες ἑτοιμότερον τῷ λοιπῷ ἐχρῶντο. Συμπλεκόμενοί τέ τινες τὸ μὲν παίειν ἀλλήλους ἀφῃροῦντο, τῇ δὲ δὴ συμμίξει καὶ τῶν ξιφῶν καὶ τῶν σωμάτων διώλλυντο. Καὶ οἱ μὲν μιᾷ πληγῇ οἱ δὲ καὶ πολλαῖς ἔθνησκον, καὶ οὔτε τῶν τραυμάτων αἴσθησιν εἶχον, τὸ γὰρ ἀλγῆσον ὁ θάνατος προελάμβανεν, οὔτε τοῦ ὀλέθρου σφῶν ὀλοφυρμὸν ἐποιοῦντο, ἐς γὰρ τὸ λυπῆσον οὐκ ἐξικνοῦντο. Ἄλλος τις ἀποκτείνας τινὰ οὐδ´ ἀποθανεῖσθαί ποτε ὑπὸ τῆς αὐτίκα περιχαρείας ἤλπιζε. Καὶ ὁ ἀεὶ πίπτων ἔς τε τὸ ἀναίσθητον καθίστατο καὶ σύνεσιν τοῦ πάθους οὐκ ἐλάμβανεν.

[45] Ἔμενον δὲ κατὰ χώραν ἀκριβῶς ἀμφότεροι, καὶ οὔθ´ ὑπαγωγαῖς οὔτε διώξεσιν οὐδέτεροι ἐχρήσαντο, ἀλλ´ αὐτοῦ, ὥσπερ εἶχον, ἐτίτρωσκον ἐτιτρώσκοντο, ἐφόνευον ἐφονεύοντο μέχρι πόρρω τῆς ἡμέρας. Καὶ εἴγε πάντες πᾶσιν, οἷα ἐν τῷ τοιούτῳ συμβαίνει, συνεμεμίχεσαν, ἢ Βροῦτος μὲν κατὰ Ἀντώνιον Κάσσιος δὲ κατὰ Καίσαρα ἀντετέτακτο, ἰσοπαλεῖς ἂν ἐγεγόνεσαν. Νῦν δὲ ὅ τε Βροῦτος τὴν τοῦ Καίσαρος ἀρρωστίαν ἐξεβιάσατο, καὶ ὁ Ἀντώνιος τὸν Κάσσιον οὐδέν οἱ ὅμοιον τὰ πολέμια ὄντα ἐξενίκησε. Καὶ τότε δὲ τῷ μὴ πάντας ἅμα τοὺς ἑτέρους, ἀλλ´ ἐν τῷ μέρει ἀμφοτέρους καὶ ἡττηθῆναι καὶ κρατῆσαι ταὐτὸν ὡς εἰπεῖν ἐγένετο· καὶ γὰρ ἐνίκησαν ἀμφότεροι καὶ ἡττήθησαν, ἔτρεψάν τε τοὺς ἀντιτεταγμένους σφίσιν ἑκάτεροι καὶ ἐτράποντο, καὶ αἵ τε διώξεις καὶ αἱ φυγαὶ ἀμφοῖν ὁμοίως συνέβησαν, καὶ τὰ στρατόπεδα ἀμφοτέρωθεν ἑάλω. Τοῦ τε γὰρ πεδίου ἐπὶ πλεῖστον, ἅτε καὶ πολλοὶ ὄντες, ἐπέσχον, ὥστε μὴ καθορᾶν ἀλλήλους· καὶ οὔτε ἐν τῇ μάχῃ πλὴν τὸ καθ´ ἑαυτὸν ἕκαστος ἔγνω, ἐπεί τε ἡ τροπὴ ἐγένετο, ἔς τε τὰ οἰκεῖα ἐρύματα πολὺ ἀπ´ ἀλλήλων ἀφεστηκότα τὴν ἐναντίαν ἑκάτεροι ἀμεταστρεπτὶ ἔφυγον, καὶ ἀπό τε τούτου καὶ ἐκ τοῦ κονιορτοῦ ἀπλέτου γενομένου ἠγνόησαν τὸ τέλος τῆς μάχης, καὶ οἵ τε νενικηκότες πάντα κεκρατηκέναι καὶ οἱ ἡττημένοι πάντα νενικῆσθαι ἐνόμισαν, καὶ οὐ πρότερον τὸ γεγονὸς ἔμαθον πρὶν τά τε ταφρεύματα διαπορθηθῆναι καὶ ἀλλήλοις τοὺς νενικηκότας πρὸς τὸ οἰκεῖον ἑκατέρους ἀναχωροῦντας συντυχεῖν.

[46] Τῆς μὲν δὴ οὖν μάχης ἕνεκα καὶ ἐκράτησαν οὕτως ἀμφότεροι καὶ ἡττήθησαν· οὐδὲ γὰρ οὐδὲ ἐς χεῖρας ἔτι τότε ἀφίκοντο, ἀλλ´ ἐπειδὴ τάχιστα ἰδόντες ἐν τῇ ὑποστροφῇ ἀλλήλους καὶ τὸ συμβεβηκὸς ἔγνωσαν, ἀντιπαρεξῆλθον μηδὲν μηδέτεροι τολμήσαντες. Ἐπλεονέκτησαν δὲ καὶ ἠλαττώθησαν ἀλλήλων τῷ τό τε τάφρευμα τὸ τοῦ Καίσαρος τοῦ τ´ Ἀντωνίου πᾶν καὶ τὰ ἐν αὐτῷ πάντα ἁλῶναι (ἀφ´ οὗπερ καὶ τὰ μάλιστα τέκμαρσιν τὸ ὄναρ ἔσχεν· εἰ γάρ τοι κατὰ χώραν ὁ Καῖσαρ ἐμεμενήκει, πάντως ἂν ἅμα τοῖς ἄλλοις ἀπωλώλει) καὶ τῷ τὸν Κάσσιον ἐκ μὲν τῆς μάχης σωθῆναι, τοῦ τε ἐρύματος στερηθέντα ἄλλοσέ ποι διαφυγεῖν, ὑποτοπήσαντα δὲ καὶ τὸν Βροῦτον ἐσφάλθαι καί τινας τῶν κεκρατηκότων ἐφ´ ἑαυτὸν ἐπιέναι, ἐπειχθῆναι πρὸς τὸν θάνατον. Ἔπεμψε μὲν γὰρ ἑκατόνταρχον κατασκεψόμενον καὶ ἀναγγελοῦντα αὐτῷ ὅπου τε ὁ Βροῦτος εἴη καὶ ὅ τι ποιοίη· ἐπεὶ δὲ ἐκεῖνος συμβαλὼν ἱππεῦσιν οὓς ὁ Βροῦτος ζητήσοντας αὐτὸν ἀπεστάλκει ἀνέστρεψε, καὶ σχολῇ μετ´ αὐτῶν ὡς οὐδενὸς ἐπείγοντος, ἅτε μηδενὸς δεινοῦ ὄντος, ᾔει, ὑπώπτευσέ τε αὐτοὺς πόρρωθεν ὁρῶν πολεμίους εἶναι, καὶ Πινδάρῳ τινὶ ἐξελευθέρῳ ἀποκτεῖναι ἑαυτὸν προσέταξε. Καὶ αὐτῷ καὶ ὁ ἑκατόνταρχος, μαθὼν ὅτι διὰ τὴν βραδυτῆτα αὐτοῦ διώλετο, ἐπαπέθανεν.

[47] Ὁ οὖν Βροῦτος τὸ μὲν τοῦ Κασσίου σῶμα ἐς Θάσον εὐθὺς κρύφα ἔπεμψεν, ὀκνήσας κατὰ χώραν αὐτὸ θάψαι, μὴ τῷ στρατῷ πένθος τε ἅμα καὶ ἀθυμίαν ἐκ τῆς τῶν ποιουμένων ὄψεως ἐμβάλῃ· τοὺς δὲ λοιποὺς τῶν στρατιωτῶν αὐτοῦ παραλαβών, καὶ λόγοις τέ σφας παραμυθούμενος καὶ δόσει χρημάτων ἀνθ´ ὧν ἀπωλωλέκεσαν ἀνακτησάμενος, ἔς τε τὴν ταφρείαν αὐτῶν ἐπιτηδειοτέραν οὖσαν μετεστρατοπεδεύσατο, καὶ ἐκεῖθεν ὁρμώμενος τά τε ἄλλα τοὺς ἐναντίους ἐλύπει καὶ τῷ στρατοπέδῳ σφῶν νυκτὸς προσέμισγε. Μάχῃ μὲν γὰρ αὐτοῖς ἐκ παρατάξεως οὐ διενοεῖτο αὖθις συνενεχθῆναι, πολλὴν δὲ δὴ ἐλπίδα ἀκινδύνως ἐν τῷ χρόνῳ κατεργάσεσθαί σφας ἔχων θορυβεῖν τε αὐτοὺς ἄλλως καὶ ταράττειν νύκτωρ ἐπειρᾶτο, καί ποτε καὶ τὸν ποταμὸν παρατρέψας πολὺ τοῦ ἐρύματος αὐτῶν κατέκλυσεν. Ὁ δὲ δὴ Καῖσαρ ὅ τε Ἀντώνιος ἐσπάνιζον μὲν τῆς τροφῆς καὶ χρημάτων, ὅθεν οὐδὲ τοῖς στρατιώταις τι ἀντὶ τῶν διαρπασθέντων ἔδωκαν· καὶ προσέτι καὶ τὴν δύναμιν τὴν ἐκ τοῦ Βρεντεσίου ἐπιδιαπλέουσαν ἐν ὁλκάσιν ἀπώλεσαν ὑπὸ τοῦ Σταΐου· οὐ μέντοι καὶ ἀσφαλῶς οὔτ´ ἄλλοσέ ποι μεταναστῆναι οὔτ´ ἐς τὴν Ἰταλίαν ἀνακομισθῆναι δυνάμενοι, ἀλλ´ ἐν τοῖς ὅπλοις καὶ τότε ἔτι μόνον τὰς ἐλπίδας οὐχ ὅτι τῆς νίκης ἀλλὰ καὶ τῆς σωτηρίας ποιούμενοι, ὥρμηντο καὶ διακινδυνεῦσαι πρὶν ἔκπυστον τοῖς τε σφετέροις καὶ τοῖς ἐναντίοις τὸ θαλάσσιον πάθος γενέσθαι.

[48] Μὴ βουλομένου δὲ τοῦ Βρούτου συμμῖξαί σφισι βιβλία ἐς τὸ χαράκωμα αὐτοῦ τρόπον τινὰ ἐνέβαλον, προκαλούμενοι τοὺς στρατιώτας ἢ τὰ σφέτερα φρονῆσαι (καὶ γὰρ ὑπισχνοῦντό τινα αὐτοῖς) ἢ ἐς χεῖρας ἐλθεῖν, ἄν γε καὶ τὸ βραχύτατον ἰσχύωσι. Κἀν τῇ διατριβῇ ταύτῃ ηὐτομόλησαν μὲν καὶ παρ´ ἐκείνων πρὸς τὸν Βροῦτον ἐκ τοῦ Κελτικοῦ τινες, ηὐτομόλησαν δὲ καὶ πρὸς αὐτοὺς Ἀμύντας τε ὁ τοῦ Δηιοτάρου στρατηγὸς καὶ ὁ Ῥασκύπορις. Καὶ οὗτος μὲν οἴκαδε εὐθύς, ὥς τινές φασιν, ἀπεχώρησε· δείσας δ´ οὖν ἐκ τούτων ὁ Βροῦτος μὴ καὶ ἐπὶ πλεῖόν τι νεωτερισθῇ, συμμῖξαί σφισιν ἔγνω. Καὶ ἐπειδὴ πολλοί τε αἰχμάλωτοι ἐν τῷ στρατοπέδῳ αὐτοῦ ἦσαν, καὶ οὐκ εἶχεν οὔθ´ ὅπως διὰ φυλακῆς αὐτοὺς ἐν τῷ τῆς μάχης καιρῷ ποιήσηται οὔθ´ ὅπως πιστεύσῃ σφίσι μηδὲν λυμανεῖσθαι, διέφθειρε τοὺς πλείους, τῇ ἀνάγκῃ καὶ παρὰ γνώμην δουλεύσας, ἄλλως τε καὶ ὅτι οἱ ἐναντίοι τοὺς ζωγρηθέντας τῶν στρατιωτῶν αὐτοῦ ἀπεκτόνεσαν. Πράξας δὲ τοῦτο ἐξωπλίσατο. Καὶ αὐτῶν ἀντιπαρατεταγμένων ἤδη ἀετοὶ δύο ὑπὲρ ἀμφοτέρων ὑπερπτόμενοι ἀλλήλοις τε ἐμαχέσαντο καὶ ἐκείνοις τὸ τέλος τοῦ πολέμου προέφηναν· ὥσπερ γὰρ ὁ ἀετὸς ὁ κατὰ τὸν Βροῦτον ὢν ἠλαττώθη τε καὶ ἔφυγεν, οὕτω τό τε ὁπλιτικὸν αὐτοῦ ἀγχώμαλα ἐπὶ πλεῖστον ἀγωνισάμενον ἡττήθη, κἀκ τούτου πεσόντων πολλῶν καὶ τὸ ἱππικόν, καίτοι γενναίως μαχόμενον, ἐνέδωκε. Καὶ μετὰ τοῦτο φυγόντας αὐτοὺς ἄλλους ἄλλῃ ἐπεδίωξαν μὲν οἱ κεκρατηκότες, οὔτε δὲ ἀπέκτειναν οὔθ´ εἷλόν τινα, ἀλλὰ προσεδρεύσαντες αὐτοῖς τὴν νύκτα ὡς ἑκάστοις οὐκ εἴασαν αὖθις συστραφῆναι.

[49] Ὁ οὖν Βροῦτος ἐπεχείρησε μὲν ἐς τὸ στρατόπεδόν πῃ διαπεσεῖν (ἐς γὰρ χωρίον τι ἐρυμνὸν ἀναπεφευγὼς ἦν), μὴ δυνηθεὶς δέ, καὶ προσέτι καὶ μαθὼν ὅτι τινὲς τῶν στρατιωτῶν τοῖς νικήσασιν ὡμολογήκασιν, οὐδεμίαν ἔτ´ ἐλπίδα ἔσχεν, ἀλλὰ ἀπογνοὺς μὲν τὴν σωτηρίαν ἀπαξιώσας δὲ τὴν ἅλωσιν ἐς τὸν θάνατον καὶ αὐτὸς κατέφυγεν. Καὶ ἀναβοήσας τοῦτο δὴ τὸ Ἡράκλειον « ὦ τλῆμον ἀρετή, λόγος ἄρ´ ἦσθ´ {ἄλλως}, ἐγὼ δέ σε ὡς ἔργον ἤσκουν· σὺ δ´ ἄρ´ ἐδούλευες τύχῃ » παρεκάλεσέ τινα τῶν συνόντων, ἵνα αὐτὸν ἀποκτείνῃ. Καὶ αὐτοῦ τὸ μὲν ἄλλο σῶμα ταφῆς ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου ἔτυχεν, ἡ δὲ δὴ κεφαλὴ ἐπέμφθη μὲν ἐς τὴν Ῥώμην, χειμῶνι δ´ ἐν τῷ ἀπὸ τοῦ Δυρραχίου διάπλῳ περιπεσοῦσα ἐς τὴν θάλασσαν ἐρρίφη. Τελευτήσαντος δὲ αὐτοῦ τὸ μὲν πλῆθος τῶν στρατιωτῶν αὐτίκα ἀδείας σφίσι κηρυχθείσης μετέστη, ἡ δὲ δὴ Πορκία ἄνθρακα διάπυρον καταπιοῦσα ἀπέθανε. Τῶν δὲ ἀνδρῶν τῶν πρώτων τῶν ἀρχάς τινας σχόντων ἢ καὶ ἐκ τῶν σφαγέων τῶν τε ἐπικεκηρυγμένων ἔτι ὄντων οἱ μὲν πλείους ἑαυτοὺς παραχρῆμα ἀπέκτειναν ἢ ἁλόντες, ὥσπερ καὶ ὁ Φαουώνιος, ἐφθάρησαν, οἱ δὲ λοιποὶ τότε ἐπὶ τὴν θάλασσαν διέφυγον καὶ μετὰ τοῦτο τῷ Σέξτῳ προσέθεντο.

41. C'était pour ce parti autant de présages de malheur; l'autre n'eut, que je sache du moins, aucun prodige, mais il eut des songes tels que ceux-ci. Un homme de la Thessalie crut que le premier César lui ordonnait de dire au jeune César que la bataille aurait lieu le surlendemain, qu'il eût à prendre quelqu'un des objets qu'il portait étant dictateur. Ce fut pour ce motif que César mit aussitôt à son doigt l'anneau de son père et le porta souvent dans la suite. Voilà ce que vit cet homme. Le médecin qui soignait César crut que Minerve lui commandait de le faire sortir de sa tente, quoique alors encore mal portant, et de le placer devant la ligne de bataille : ce fut ce qui le sauva. Car, si, pour les autres, rester dans leur camp et dans leurs retranchements c'est le salut, tandis que courir aux armes et aux combats c'est le danger, le contraire arriva pour César : sa sortie hors des retranchements et sa présence au milieu des soldats, bien qu'il se tînt difficilement debout, même sans armes, par suite de sa faiblesse, le tira évidemment du péril.

42. Voici comment la chose se passa. Rien n'était décidé relativement au jour de la bataille: cependant tous, à l'aurore, comme par suite d'une convention, prirent leurs armes, s'avancèrent, pareils à des lutteurs, dans la plaine qui séparait les deux armées, et, là, se rangèrent tranquillement en bataille. Quand ils furent en présence les uns des autres, les généraux des deux côtés, leurs lieutenants et les autres chefs inférieurs s'adressèrent à leurs soldats tantôt en masse, tantôt en particulier, leur prodiguant et des exhortations nécessaires à l'instant du combat et des encouragements appropriés aux conséquences qu'on en attendait, comme pouvaient le faire des gens sur le point de s'exposer au danger et inquiets de l'avenir. Les discours furent tous dans le même sens, car il n'y avait pareillement de part et d'autre que des Romains avec leurs alliés. Il n'y eut qu'une seule différence, c'est que, dans les rangs de Brutus, les chefs mettaient sous les yeux des leurs la liberté, la République, l'affranchissement de la tyrannie et du despotisme, tous les avantages de l'égalité et tous les inconvénients de la monarchie, choses qui leur étaient connues, soit pour en avoir fait eux-mêmes l'expérience, soit pour avoir entendu dire que d'autres les avaient éprouvées; et, leur montrant séparément ces avantages et ces inconvénients, ils les conjuraient de rechercher ceux-ci et d'éviter de subir ceux-là, de rechercher les uns et de fuir les autres : l'ennemi, au contraire, exhortait son armée à punir les meurtriers, à s'emparer des biens de leurs adversaires, à désirer l'empire sur tous leurs concitoyens; ils lui promettaient en outre, et c'était l'encouragement le plus puissant, un don de cinq mille drachmes.

43. Après cela, commença la distribution des tessères aux soldats (celles de Brutus portaient le mot Liberté, celles des autres, le mot, quel qu'il soit, qui fut donné); ensuite, un trompette seul, de chaque côté donna le signal : quant aux autres, ils se firent entendre ainsi : d'abord les trompettes, qui, placés dans un endroit circulaire, sonnèrent l'ordre de se former en rangs et de se tenir prêts, puis ceux qui excitaient l'ardeur des soldats et les animaient au combat. Ensuite il y eut tout à coup un profond silence, et, un instant après, éclatèrent des sons perçants et une clameur s'éleva de part et d'autre dans les rangs. Les légionnaires, poussant leur cri de guerre, frappèrent leurs boucliers de leurs javelots qu'ils se lancèrent mutuellement, les frondeurs aussi et les archers décochèrent leurs flèches et leurs pierres. La cavalerie donna ensuite à son tour, puis le corps de soldats cuirassés, qui, marchant derrière elle, en vint aux mains le dernier.

44. Les corps se heurtèrent et les épées se croisèrent, les soldats, au commencement, visant à blesser sans être eux-mêmes blessés (ils voulaient, à la fois, tuer leurs ennemis et sauver leur propre vie) : puis, quand leur ardeur se fut augmentée et que leur courage se fut enflammé, marchant à la rencontre les uns des autres sans désordre, mais sans prendre soin de leur sûreté, et, ne s'inquiétant pas d'eux-mêmes, pourvu qu'ils fissent périr leurs adversaires. Il y en avait aussi qui jetaient leurs boucliers, et, saisissant un antagoniste, l'entraînaient par son casque et le frappaient dans le dos: d'autres lui arrachaient les défenses qui le couvraient et lui perçaient la poitrine: d'autres même, s'emparant de l'épée de l'ennemi, lui enfonçaient la leur au travers du corps, comme s'ils n'eussent pas eu d'armes : d'autres exposaient aux blessures une partie de leur corps, pour être plus libres dans l'usage du reste. Quelques-uns, s'enlaçant à leurs adversaires, s'enlevaient à l'un et à l'autre les moyens de frapper, et périssaient par l'enchevêtrement de leurs épées et de leurs corps. Les uns mouraient d'un seul coup, les autres de plusieurs, sans avoir le sentiment de leurs blessures (la mort prévenait la douleur) et sans gémir sur leur sort, car ils n'avaient pas le temps de souffrir. Celui qui en tuait un autre ne songeait pas, dans le transport subit de sa joie, qu'il allait peut-être mourir à son tour. Ceux qui tombaient s'endormaient dans l'insensibilité sans comprendre leur malheur.

45. Des deux côtés, on restait ferme à son poste; ni les uns ni les autres ne songeaient à reculer ou à poursuivre; tous, à l'endroit même où ils se trouvaient placés, portaient et recevaient des blessures, donnaient et recevaient la mort, jusque bien avant dans le jour. Si, comme il arrive en pareille circonstance, tous en fussent venus aux mains avec tous, ou bien si Brutus eût été opposé à Antoine et Cassius à César, la lutte eût sans doute été égale. Au lieu de cela, Brutus chassa de ses positions César malade, tandis qu'Antoine vainquit Cassius, qui lui était fort inférieur pour l'habileté à la guerre. Il n'y eut pas alors partout à la fois victoire complète de l'un des deux partis sur l'autre; chacun deux à son tour éprouva, pour ainsi dire, le même sort : chacun d'eux, en effet, fut vainqueur et vaincu, mit en déroute ceux qui lui étaient opposés et fut mis en déroute par lui; il y eut poursuite et déroute de part et d'autre: de chaque côté le camp fut pris. Les combattants étaient si nombreux qu'ils occupaient la plus grande partie de la plaine, de sorte que ceux d'un même parti ne se voyaient pas les uns les autres. Dans le combat, chacun ne connut que ce qui le regardait personnellement. Aussi, quand arriva la déroute, les deux armées s'enfuirent en sens inverse, sans retourner sur leurs pas, chacune dans ses retranchements, situés à une grande distance les uns des autres, ce qui, joint à l'immense poussière qui s'éleva, fit qu'elles ignorèrent l'issue de la bataille : ceux qui étaient vainqueurs crurent que tout était emporté, et ceux qui étaient défaits, que tout était perdu: ils ne connurent ce qui s'était passé qu'au moment où leur camp fut pillé et où ceux qui étaient vainqueurs se rencontrèrent mutuellement à leur retour, de part et d'autre, dans leurs propres retranchements.

46. Pour ce qui regarde la bataille, les deux partis remportèrent la victoire et essuyèrent une défaite; car ils n'en vinrent plus aux mains pour le moment. mais aussitôt que, s'étant vus les uns les autres à leur retour, ils connurent ce qui était arrivé, ils se retirèrent chacun de leur côté sans qu'aucun d'eux osât tenter quoi que ce fût. Ils eurent l'avantage et le dessous les uns sur les autres, en ce que le camp de César et d'Antoine fut pris en entier avec tout ce qu'il contenait (circonstance qui confirma le songe de la façon la plus évidente: car, si César fût resté dans le camp, il aurait infailliblement péri avec les autres): et aussi, en ce que Cassius sortit sain et sauf du combat, et trouva, après la perte de son camp, un refuge quelque part : puis, s'imaginant que Brutus avait éprouvé un échec et que les vainqueurs arrivaient sur lui, se hâta de recourir à la mort. Cassius, en effet, envoya un centurion examiner, afin de lui en rendre compte, où était Brutus et ce qu'il faisait. Le centurion. rencontrant des cavaliers détachés par Brutus à la recherche de Cassius, revint sur ses pas, et chemina tranquillement de compagnie avec eux, dans la persuasion que, en l'absence de tout danger, rien ne le pressait. Cassius, qui les vit de loin, s'imagina que c'étaient des ennemis. et ordonna à Pandarus, son affranchi, de le tuer. Le centurion, apprenant que sa lenteur avait fait perdre la vie à son général, se donna la mort sur son corps.

47. Brutus envoya aussitôt à Thasos, en secret, le corps de Cassius, craignant que, s'il lui donnait la sépulture sur le lieu même, ce spectacle ne jetât le deuil et le découragement parmi l'armée; puis, prenant sous sa conduite le reste des soldats de Cassius, les consolant par ses paroles et réparant leurs pertes par un don en argent, il passa dans leur camp, dont la position était plus favorable, et d'où il inquiétait ses adversaires et partait pour attaquer la nuit l'armée ennemie. Son intention, en effet, n'était pas d'engager de nouveau avec eux une bataille rangée; mais, plein d'espoir d'en venir à bout avec le temps, sans rien hasarder, il essaya, entre autres moyens, de jeter le trouble et le désordre parmi eux ; une fois même il inonda une grande partie de leur camp en détournant le cours d'un fleuve. Quant à César et à Antoine, ils manquaient de vivres et d'argent, ce qui les empêcha de rien donner à leurs soldats en retour de ce que le pillage leur avait fait perdre; de plus, les renforts, qui leur arrivaient de Brindes sur des vaisseaux de transport furent écrasés par Statius. Or, réduits à l'impossibilité soit de changer de position sans danger, soit de gagner l'Italie, et mettant, alors encore, leurs espérances. non seulement de victoire mais aussi de salut, uniquement dans leurs armes, ils résolurent d'engager le combat avant que ni les leurs ni leurs adversaires ne fussent instruits du désastre de leur flotte.

48. Voyant que Brutus ne voulait pas livrer bataille, ils s'y prirent de façon à lancer dans son camp des billets pour exhorter les soldats à embrasser leur cause (ils leur faisaient certaines promesses), ou bien à en venir aux mains, s'ils avaient le moindre courage. Pendant ces délais, quelques-unes des troupes celtes passèrent dans les rangs de Brutus, comme, d'un autre côté, Amyntas, général de Déjotarus, et Rhascyporis passèrent des rangs de Brutus dans ceux de l'ennemi. Quant à Rhascyporis suivant quelques-uns, il se retira aussitôt dans ses États. Brutus, alors, craignant des défections plus nombreuses, résolut de combattre. Comme il avait un grand nombre de captifs dans son camp, et qu'il ne pouvait ni les garder durant l'action, ni s'en rapporter à leur promesse de ne pas l'incommoder, il fit périr la plupart d'entre eux, cédant malgré lui à la nécessité : d'autant plus que les ennemis avaient mis à mort ceux de ses soldats qui étaient tombés vifs en leur pouvoir. Cela fait, il mena ses troupes au combat. Les deux armées étaient déjà en présence, quand deux aigles, volant sur leurs têtes, combattirent l'un contre l'autre et leur présagèrent l'issue de la guerre. De même, en effet, que l'aigle qui était du côté de Brutus, fut vaincu et prit la fuite; de même ses légions, après avoir longtemps lutté a chances égales, furent vaincues, et sa cavalerie, après des pertes nombreuses, quoique ayant vaillamment combattu jusque-là, finit par céder. Les vainqueurs, après cela, poursuivirent les vaincus qui fuyaient ça et là: ils ne tuèrent personne et ne firent aucun prisonnier, mais, la nuit, les surveillant homme par homme, ils les empêchèrent de se reformer.

49. Brutus essaya de se frayer un chemin jusqu'à son camp (il s'était retiré dans un endroit naturellement fort); mais, n'ayant pu y parvenir, et apprenant, en outre, que quelques-uns de ses soldats s'étaient rendus aux vainqueurs, il perdit tout espoir. Renonçant à sauver sa vie et croyant indigne de lui d'être pris, il se réfugia, lui aussi, dans la mort. Après s'être écrié, comme Hercule :

« Malheureuse vertu! tu n'étais qu'un mot; je te cultivais comme une réalité, et tu étais l'esclave de la fortune ». Il pria un de ceux qui se trouvaient avec lui de le tuer. Son corps fut enseveli par Antoine et sa tête envoyée à Rome ; mais, dans le trajet de Dyrrachium, une tempête qui s'éleva tout à coup la fit tomber dans la mer. Brutus mort, les simples soldats profitèrent aussitôt de l'impunité qui leur était offerte pour passer dans les rangs opposés; quant à Porcia, elle périt en avalant un charbon ardent. Parmi les personnages marquants qui avaient exercé quelque magistrature, ou qui étaient du nombre soit des meurtriers, soit de ceux dont la tête était encore mise à prix, la plupart se tuèrent eux-mêmes sur-le-champ, ou bien, comme Favonius, furent égorgés après avoir été faits prisonniers; le reste, pour le moment, s'enfuit vers la mer et ensuite se joignit à Sextus.