INTRODUCTION Virgile est sans conteste une des personnalités les plus marquantes de la littérature latine. Reconnu dès son époque, il ne cessa d'influencer la littérature postérieure et son oeuvre fut, dès l'Antiquité, considérée comme une source inépuisable de savoir et de beauté. Rien d'étonnant dans ces conditions qu'il ait suscité des commentaires et des analyses sans nombre. Aussi le modeste travail ci-après nécessite-t-il quelques justifications. En premier lieu, il se veut une incitation à relire l'Énéide dans sa totalité et avec une certaine neutralité de regard. Texte considérable par son ampleur et sa signification, l'Énéide comporte d'incontestables moments forts qui ne peuvent manquer d'attirer l'attention (on pense surtout aux amours de Didon et Énée, mais il en est quelques autres). Cette médaille a cependant son revers : le reste s'en trouve relégué au second plan, voire complètement négligé. Je suis donc parti du point de vue inverse : ne pas traiter les épisodes les plus connus, choisir des extraits peu fréquentés. Ensuite, je me suis efforcé d'adopter pour les extraits choisis des points de vue particuliers susceptibles de soutenir le commentaire. Les extraits n'ont donc pas été sélectionnés uniquement en fonction de leurs qualités internes, mais aussi parce qu'ils permettent une réflexion spécifique. Il suffit de se livrer à une lecture attentive et complète de l'Énéide pour voir apparaître un grand nombre d'extraits susceptibles d'être lus en classe et répondant aux deux critères énoncés ci-dessus. Pour maintenir ce travail dans des dimensions raisonnables, cinq thèmes ont été traités (14 extraits de longueurs diverses) : 1. Le cheval de Troie 2. Des dieux à l'image des hommes 3. Le présage et le rêve 4. Lausus et Mézence 5. La prophétie ou le futur du passé Les cours de langues anciennes intègrent les domaines linguistique, littéraire et historique. Il va de soi que la lecture de l'Énéide fait la part belle à l'aspect littéraire. Les séquences sélectionnées ici contiennent un épisode nettement épique (Lausus et Mézence); deux renvoient à des genres littéraires différents : la comédie (des dieux à l'image des hommes) et la tragédie (le cheval de Troie); deux enfin sont consacrées au mystère et au merveilleux inhérents à l'épopée. Même si incidemment, les lectures proposées nous permettent d'accéder aux mentalités, c'est-à-dire à la culture d'une époque donnée prise dans son ensemble, elles sont surtout porteuses de questions dont le texte reste l'objet central : que signifie exactement tel mot, telle expression? à quoi est-il fait allusion? quels sont les liens qui se tissent à travers l'oeuvre d'abord, entre l'oeuvre et son environnement littéraire et culturel ensuite ? D'un point de vue matériel, l'utilisateur trouvera : 1. les textes des extraits sélectionnés (accompagnés de notices d'introduction portant sur le contexte); 2. des notes de grammaire et de vocabulaire 3. des commentaires dont il est utile de préciser les caractéristiques : a) Ils sont partiels (la richesse stylistique de Virgile est inépuisable); il faut signaler qu'on n'y trouvera aucune remarque sur la métrique. b) Ils sont conçus surtout comme une illustration du point de vue retenu. c) Ils ne sont pas destinés à être communiqués tels quels aux élèves; ils ne peuvent que constituer un élément parmi d'autres de la réflexion préalable du professeur. d) Ils sont souvent accompagnés d'annexes destinées à être éventuellement communiquées à la classe dans le but d'approfondir la lecture. D'autres sujets sont envisageables : 1. Les lieux et les noms : les pérégrinations d'Énée donnent leur nom à un certain nombre de lieux (Misène, Palinure, Gaiète, ...). Des liens anciens sont ainsi établis entre Rome et l'Italie, légitimation de la conquête d'abord, de la politique d'Auguste ensuite. 2. Nisus et Euryale : l'épisode peut être étudié dans une perspective morale : l'exploit individuel, malgré son héroïsme, ne profite pas à la collectivité et entraîne comme sanction la mort des héros. 3. Les monstres (Polyphème, Allecto, ...) : de quoi sont constituées les peurs de l'homme? 4. Les métamorphoses : dieux et déesses prennent des formes humaines (définies ou non) ou animales. Et il en est certainement d'autres ... Rem. : J'ai utilisé l'édition de F. PLESSIS et P. LEJAY, Oeuvres de Virgile, Hachette, éd. 1959; destinée aux classes de l'enseignement secondaire, cette édition présente l'avantage de comporter de nombreuses notes qui répondent à la plupart des questions que se pose le lecteur (langue, histoire, mythologie, ...). |