LA TRAGÉDIE DU CHEVAL
II. Les premières incertitudes
Pars
stupet innuptae donum exitiale Minervae et molem mirantur equi, primusque Thymoetes duci intra muros hortatur et arce locari, sive dolo, seu iam Troiae sic fata ferebant. At Capys et quorum melior sententia menti aut pelago Danaum insidias suspectaque dona praecipitare iubent subiectisque urere flammis, aut terebrare cavas uteri et temptare latebras. Scinditur incertum studia in contraria vulgus. VIRGILE, Enéide, 2, 31-39 |
innuptus,a,um : non marié, vierge exitialis,is,e : mortel, qui donne la mort Thymoetes,ae : Thymoetes neveu de Priam; celui-ci avait fait exécuter la femme et l'enfant de Thymoetès hortatur : ici, construit avec prop.inf. (sujet s. -e : eum). Capys,yos ou yis : Capys (d'après Ovide, il est le père d'Anchise, donc, le grand-père d'Enée praecipitare,o,avi,atum : précipiter, jeter terebrare,o,avi,atum : percer avec une vrille cavus,a,um : creux uteri : voir v.20 latebra,ae : la cachette |
Certains restent stupéfaits devant le funeste présent à la vierge Minerve,
admirant des dimensions du cheval; Thymétès, le tout premier,
est d'avis de l'introduire dans les murs et de l'installer sur la citadelle;
était-ce fourberie, ou le destin de Troie était-il à l'oeuvre déjà !
Mais Capys et les mieux inspirés recommandent
soit de précipiter dans la mer le piège des Danaens
et leur présent suspect, d'y bouter le feu et de le brûler,
soit de forer le ventre du cheval et d'en explorer les coins secrets.
Le peuple indécis est divisé en partis opposés.
Commentaire :
Les Troyens sont étonnés par le cheval; il reste à savoir qu'en faire. Thymoétès propose de le faire entrer dans Troie, sans donner de raison et sans qu'on sache à quels mobiles il obéit (est-il un traître ? ou un instrument du destin?) (5).
Capys et d'autres proposent de le détruire ou de l'ouvrir, ce qui implique que, pour eux, le cheval est un piège (grille de lecture n° 2 2). Leur proposition repose sur un argument simple : l'offrande est suspecte, parce qu'elle vient de l'ennemi (v. 36).
(5) Cette hésitation sur l'origine du désastre (esprit égaré de l'homme / volonté des dieux) réapparaît plus loin (v. 54).