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Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer


 

AVANT PROPOS.

 

LA ville de Caryande, dans l’Asie mineure a produit des hommes célèbres sous le nom de Scylax. Le premier, qui paraît avoir été attaché à la cour de Perse, fut envoyé par fils d’Histaspes, dans toute l’Asie, alors connue, pour en faire la description. Le second qui vivait sous Darius Nothus voyagea dans, les trois parties du monde qui formaient alors le globe connu, et publia le résultat de ses voyages. C’est celui qu’on va lire. Le troisième, qui fut un homme très expérimenté dans l’art de la guerre, écrivit le siècle d’Héraclides, roi des Mylassiens, et publia une critique de l’histoire de Polybe, dont il était contemporain. Quelques écrivains confondent notre Scylax avec celui qui vivait sous Darius, fils d’Histaspes, mais l’ouvrage qu’on va lire, prouve évidemment qu’il est beaucoup moins ancien que ce prince, puisqu’il parle de l’athénien Callistrate, qu’on, sait avoir vécu longtemps après Darius ! Il parle aussi d’Amphipolis qui, plus d’un siècle après, fut bâtie par Brasidas, et dont l’emplacement du temps de Darius, dont nous portait le nom de Neuf Chemins, ἐννὲα ὁδοὶ. Enfin, on trouve dans cet ouvrage le nom de la ville de Daton en Thrace que l’on sait avoir été bâtie par l’Athénien Callistrate pendant son exil, sous le règne de Darius Nothus.

L’ouvrage que nous publions, et qui paraît pour la première fois en français, n’est assurément pas tel qu’il est sorti de la plume de Scylax, ce n’est que le sommaire fait par quelque mauvais abréviateur d’une description complète du monde, que ce citoyen de Cariande avait publiée. Ce qui prouve que voyage n’est pas complet c’est qu’on en voit dès phrase citées par des anciens auteurs et qui ne se retrouvent plus dans nos manuscrits. Il paraît d’ailleurs qu’il très longtemps que la république des lettres a fait cette perte; car le scholiaste d’Apollonius, qui vivait il y a plusieurs siècles, ne s’est servi que de l’abrégé que nous traduisons. S’il eût connu l’ouvrage tel qu’il a dû sortir des mains de Scylax, il eût sans doute préféré l’écrivain original son insipide abréviateur. Quelque imparfait que soit cette description du monde, elle est fort précieuse pour nous, qui n’avons rien de mieux dans une antiquité aussi reculée. Scylax, après le carthaginois Hannon est le plus ancien géographe que nous connaissions; et au milieu des erreurs sans nombre que lui font commettre son abréviateur et ses copistes, on aperçoit une grande exactitude dans ses descriptions. Peut-être sera-t-on étonné qu’un homme aussi judicieux ait quelquefois mélangé ses récits de quelques puérilités ; mais si l’on prend la peiné de lire nos voyageurs modernes, on verra que dans tous les siècles le merveilleux fut leur apanage, et que peu d’entre eux ont eu le courage de s’en préserver. D’aucun, ceux qui reprocheront à Scylax d’avoir vu des hommes de cinq coudées de haut; sont invités à se rappeler qu’il y a environ dix ans toute la France s’émerveillait sur les miracles de Bleton, paysan franc-comtois, qui découvrait tout ce qui se passait dans les entrailles de la terre. Peut-être aussi en jetant quelques regards sérieux autour de nous, pourrions-nous nous persuader que nous sommes plus crédules encore que ne l’étaient ceux qui, comme Saint-Augustin, croyaient que des nations cyclopes habitaient l’intérieur de l’Afrique. Chaque siècle a ses erreurs ; les plus supportables sont celles qui ne nuisent pas à l’espèce humaine. Nous avons cru servir nos compatriotes, en ajoutant le voyage de Scylax à celui de Pausanias. Quoique ce dernier soit incomparablement plus curieux que le premier, ils s’éclairent l’un par l’autre, et forment, réunis, un corps complet de géographie ancienne. Nous avons rendu, aussi littéralement qu’il a été possible, les descriptions de Scylax, mais quand la négligence des copistes nous a ôté la faculté de le bien comprendre, nous avons cru, avec Isaac Vossius, devoir interpréter ses idées, et suivant nous, c’était la seule manière de rendre en notre langue un ouvrage qu’une longue série de siècles a si étrangement défiguré. Les notes de Saumaise et de Vossius nous ont été fort utiles en cette occasion; et nous nous sommes aussi servi avec fruit de notes marginales, dont un savant a enrichi l’exemplaire que nous avons suivi dans notre traduction.


 

VOYAGE

DE

SCYLAX DE CARYANDE,

EN EUROPE, EN ASIE ET EN LYBIE;

COMPRENANT l’état des nations qui habitent ces trois parties du monde, la description des pays qu’elles occupent, celle des ports et des fleuves, leur distance par mer, et celle des îles avec leur distance du continent.

 

DE L’EUROPE.

EN décrivant l’Europe, je commencerai par celles des colonnes d’Hercule qui sont dans cette partie du monde ; et je décrirai l’espace qui les sépare de celles qui sont en Libye jusqu’aux grands Ethiopiens. Ces colonnes sont éloignées les unes des autres d’un jour de navigation. Au delà de celles des colonnes d’Hercule qui sont en Europe, les Carthaginois possèdent beaucoup de ports, de Comptoirs, d’arsenaux et de mers.

Les premiers peuples de l’Europe qui se présentent sont les Ibères, nation indigène, dont le territoire est baigné par le fleuve Ibère. Là, sont deux îles, qui portent le nom de Gadès. Dans l’une d’elles est une ville éloignée d’un jour de chemin des colonnes d’Hercule.[1] On y voit aussi une ville grecque appelée Emporion.[2] Elle a été peuple par une colonie de Marseillais. Les côtes de l’Ibérie comportent une navigation de sept jours et de sept nuits.

A la suite des Ibères sont les Ligures dont la population est mélangée avec celle des premiers ; ils s’étendent jusqu’au fleuve Rhodanos.[3] La navigation des Ligures depuis Emporion jusqu’au Rhodanos, est de deux jours et deux nuits. Au delà de ce fleuve, sont les Ligures proprement dits; lesquels s’étendent jusqu’au fleuve Arnum;[4] il est une ville grecque appelée Marseille, avec un port...[5] Telles sont les colonies fondées par les Marseillais. L’espace qui sépare le fleuve Rhodanos de l’Arnum, est de quatre jours et quatre nuits de navigation. Toute la côte qui s’étend des colonnes d’Hercule jusqu’à l’Arnum, est couverte de ports vastes et commodes.

Lorsque vous avez passé l’Arnum, vous trouvez les Tyrrhéniens nation puissante qui s’étend jusqu’à la ville de Rome. On emploie quatre jours et quatre nuits à parcourir leurs côtes.

Vis-à-vis des Tyrrhéniens est l’île de Corse. Les navigateurs mettent un jour et demi à franchir l’espace qui les sépare. Vous trouvez à moitié chemin une île habitée, appelée Œthalie et plusieurs autres îles désertes.

De l’île de Corse à celle de Sardaigne, il n’y a qu’un tiers de jour de chemin; au milieu est une île déserte. De Sardaigne en Libye, la navigation est d’un jour et d’une nuit; mais elle est de deux jours et d’une nuit de Sardaigne en Sicile. Je reviens au continent.

Après les Tyrrhéniens viennent les Latins, qui s’étendent jusqu’à Circé. On voit chez eux le tombeau d’Elpenor, en vénération parmi ces peuples. Les côtes du pays latin présentent une navigation d’un jour et d’une nuit.

Aux Latins succèdent les Volsques, dont le pays est baigné par une étendue de mer qui peut être parcourue dans un jour.

A la suite de ces derniers, sont les Campaniens, qui habitent deux villes grecques, Cyme et Neapolis. Vis-à-vis est l’île Pithecousa, sur laquelle est construite, une ville grecque. La côte des Campaniens est d’un jour de navigation.

Ils ont pour voisins les Samnites, dont la côte petit être parcourue dans un jour et demi. On trouve ensuite les Lucaniens, qui s’étendent jusques aux Thuriens. Les côtes de la Lucanie ne peuvent être parcourues qu’en six jours et six nuits. Ce pays-là est une péninsule. On y trouve plusieurs villes grecques, telles que Posidonia Eléa, colonie thurienne ; Pandoria, fondée par les Phocéens ; Terina, Hipponium, Medma et Rhegium, qui est en même temps ville et promontoire.

En face de Rhegium est l’île de Sicile, éloignée de l’Europe de douze stades ; de Rhegium vous passez à Pelore, promontoire sicilien. Cette île est habitée par de Grecs et par des Barbares. Les nations barbares sont les Elymiens, les Sicaniens, les Sicules, les Phéniciens et les Troyens. Les villes grecques sont Messine avec un port, Tauromanion, Naxos, Catane et la cité des Léontins. Si vous voulez aller chez ceux-ci par le fleuve Teriam, votre navigation sera de vingt stades. On trouve aussi dans cette île le fleuve Sinethos, la ville de Mégare et le port Xiphon. A la suite de Mégare, vous trouvez la ville de Syracuse, qui a deux ports. L’un est enveloppé dans les murs même de la ville; l’autre est en dehors. On voit ensuite la ville d’Elore et le promontoire Pachin. A la suite de ce promontoire, ou trouve les villes grecques de Camarine, de Gela, d’Agrigente, de Selinous, et le promontoire de Libye, à la suite duquel est la ville d’Himera, bâtie par les Grecs.

L’île de Sicile est de forme triangulaire, et ses côtes sont d’environ deux mille cinq cents stades d’étendue. En face de la ville d’Himera est l’île de Lipara, et plus loin la ville Mylé, construite par des Grecs. De Mylé à Lipara, la navigation est d’une demi-journée; mais je retourne au continent.

Après la ville de Rhegium, on trouve celle de Locres, de Caulonia, de Crotone, de Sybaris et de Thurium; le temple: de Lacinium, l’île de Calypso, qu’Ulysse a habitée avec la déesse de ce nom, et le fleuve Crathis. Tous ceux qui habitent la Lucanie sont Grecs.

Viennent ensuite les Iapiges, qui s’étendent jusqu’au mont Arion, dans le golf Adriatique. On peut parcourir les côtes de la Iapigie en six jours et six nuits; ces peuples sont Grecs, et les villes qu’ils habitent sont Héraclée, Métaponte, Tarente, et le port d’Hydros, placé à l’embouchure même du golf Adriatique, ou mer Ionienne.

Après les Iapiges, lorsque vous avez franchi le mont Arion, vous trouvez la nation des Daunites. Ces peuples sont divisés en plusieurs langues; les tribus qui les composent sont les Lateriens, les Opiques, les Cramones, les Ferentins, et les Peucetins, qui s’étendent depuis la mer Tyrrhénienne jusqu’à Adria. Toutes leurs côtes peuvent être parcourues en deux jours et deux nuits.

Les Ombriens occupent le pays qui touche aux Daunites. La ville qu’ils habitent s’appelle Ancône Ce peuple a une vénération particulière pour Diomède, dont il prétend avoir reçu des bienfaits. Il adresse à ce héros ses vœux dans un temple qu’il lui a consacré. La côte de l’Ombrie est de deux jours et d’une nuit de navigation.

En sortant du territoire des Ombriens, vous entrez sur celui des Tyrrhéniens. Ces peuples s’étendent depuis la mer qui porte leur nom, jusqu’à la mer Adriatique. La ville qu’ils habitent a été fondée par des Grecs. Elle est éloignée de vingt stades du fleuve qui baigne leur territoire. Toute la Tyrrhénie s’étend depuis la mer extérieure jusqu’au golfe Adriatique, depuis la ville de Pise[6] jusqu’à celle de Spina; c’est-à-dire, l’espace de trois jours de chemin.

Viennent ensuite ceux des Celtes, que leurs compatriotes laissèrent ici en marchant contre les Grecs. Ils occupent le terrain qui s’étend depuis le détroit jusqu’à la mer Adriatique. Leur territoire forme précisément le fond du golfe.

On trouve alors les Vénètes, dont le territoire est baigné par le fleuve Eridan.[7] De ce fleuve à la ville de Spina, il y a un jour de navigation.

Les Istriens sont voisins des Vénètes, leur pays est arrosé par l’Ister. Ce fleuve, comme le Nil en Egypte, se dégorge dans la mer par sept bouches. Toutes les côtes des Istriens peuvent être parcourues en un jour et une nuit.

Les Liburniens, voisins des Istriens, ont plusieurs villes bâties sur le bord de la mer. Telles sont Lias, Idassa; Attienites, Dyyrta, Halupsi, Olsi, Pedeté, Emiones. Ces peuples obéissent à des femmes. Ces princesses sont obligées d’épouser des hommes libres; mais elles ne font aucune difficulté de se livrer à leurs propres valets, ou à des hommes de leur voisinage. Les côtes de ce pays sont semées d’îles ; les unes ont des noms, mais le plus grand nombre d’entre elles n’en ont pas encore. L’île Istris a trois cent dix stades de long sur cent vingt de large. Celles connues sous les noms de Clitré-Litria et de Mentorides, sont les plus grandes. Là, coule le fleuve Catarbates. La côte des Liburniens est de deux jours de navigation.[8]

Les Illyriens qui habitent les bords de la mer jusqu’à la Chaonie, vis-à-vis Corcyre, île d’Alcinous, sont limitrophes des Liburniens. Là; est une ville grecque, nommée Héraclée avec un port. Parmi ces peuples sont des barbares[9] connus sous les noms de Hierastames, de Bulins et de Hyllins. Ces derniers, voisins des Bulins, assurent que Hyllus, fils d’Hercule, a habité leur pays. Ces barbares occupent une péninsule un peu plus petite que le Péloponnèse. Les Bulins, leurs voisins, tirent leur origine de l’Illyrie. La côte des Bulins jusqu’au golfe. Nesteon exige une navigation d’un grand jour.

En partant de ce golfe, la côte offre plusieurs sinuosités. C’est ce qui forme le golfe Manios, dont la navigation est d’un jour. Dans ce golfe sont plusieurs îles, telles que Protéras, Crateia et Olynte. Ces trois îles, voisines des îles Pharos et Issa, sont éloignées l’une de l’autre d’environ deux stades. Elles sont habitées par des Grecs qui y ont bâti des villes. Avant d’arriver au fleuve Naronos, il faut traverser une langue de terre qui s’avance dans la mer.

Il y a aussi dans le voisinage de ce pays, une île appelée Mélité qui a. pour voisine une autre île appelée Corcyre la noire. Cette dernière a deux promontoires ; l’un est fort éloigné de la côte ; et par l’autre, elle touche, pour ainsi dire à l’embouchure Naronos. Elle est distante de Mélité de vingt stades, et de sept stades de la côte.

Après avoir traversé le territoire des Nestéens vous trouvez le Naronos ; le lit de ce fleuve n’est pas étroit car on y fait remonter des trirèmes et d’autres vaisseaux qui vont jusqu’au grand comptoir, éloigné de quatre vingt stades de la mer. Là sont placés les Maniens, nation Illyrienne. Au delà de ce comptoir est un grand lac, qui s’étend jusqu’aux Autoriates, nation également Illyrienne. Dans ce lac est une île de cent vingt stades de diamètre, et dont les terres sont très fertiles. Le fleuve Naronos prend sa source dans ce lac; il s’est éloigné du Drilon d’un jour de chemin. Auprès de ce fleuve sont deux pierres[10] et un temple consacrés à Cadmus et Harmonie. En remontant le Drilon, vous trouvez la ville de Buthoë et le comptoir de Ridzon ; de Buthoë à Ipidamne, ville grecque, il y a pour un jour et une nuit de navigation; et si vous y allez par terre, il y a pour trois jours de marche.

En sortant de Ridzon vous rencontrez les Echéléens, nation illyrienne. Ce dernier peuple habite le pays qu’on appelle Œdention ; là est la ville d’Epidamne, qui est traversée par le fleuve Palamnos. D’Epidamne à Apollonie, ville grecque, il y a deux jours de chemin. Apollonie, au milieu de laquelle coule le fleuve Æas, qui prend sa source dans la montagne du Pinde, est éloignée de la mer de cinquante stades, et de trois cent-vingt stades de la ville d’Amante. La ville d’Oricia, chef lieu des Oriciens, située dans le golfe Ionique, est éloignée de quatre-vingt stades de la mer, et de soixante de la ville d’Amante. On assure que ces peuples ont pour voisins, dans les terres, les Atintates, placés au dessus de l’Orithie et de la Carie, jusqu’à Hédonie, dans le pays de Casticle.[11] On trouve ensuite le champ d’Erithie; c’est-là, dit-on, que Geryon vint faire paître ses bœufs. Près de ce lieu sont les monts Cérauniens en Epire, et une petite île appelée Sason. De là, jusqu’à la ville d’Oricos, la navigation est d’un tiers de jour.

Les Oriciens habitent la région Amantias, dont les indigènes sont Illyriens; ces derniers s’étendent depuis les Bulinéens jusque là. Quant au golfe Ionique, il s’étend depuis les monts. Cérauniens jusqu’au promontoire de Iapigie. Des monts Cérauniens jusqu’à la ville d’Hydrente en Iapigie, il y a environ cinq cents stades de navigation. Il y a plusieurs ports dans le golfe Adriatique, que l’on appelle indifféremment golfe Ionique.

Les Chaoniens viennent à la suite des Illyriens. Ces peuples habitent par bourgades, et la région qu’ils occupent a des ports très commodes. La côte n’est que d’un demi-jour de navigation. En face de la Chaonie est l’île de Corcyre, dans laquelle sont une ville grecque et trois ports voisins l’un de l’autre. Cette île est plus près de la Thesprotie que la Chaonie; mais retournons au continent dont nous venons de sortir.

Les Thesprotiens sont au-dessus des Chaoniens. Ces peuples habitent aussi par bourgades, et leur pays a également plusieurs ports. Le principal s’appelle Elée; il est situé au confluent de l’Achéron, qui tire sa source du Palus du même nom. On peur parcourir en une demi-journée la côte de la Thesprotie.

Viennent ensuite les Cassopiens, qui habitent également par bourgades, et qui s’étendent jusqu’au golfe Anactorium. Leur côte est d’une demi-journée de navigation. Ce golfe, depuis son embouchure jusqu’à l’extrémité de sa profondeur, n’est pas moins de cent vingt stades. Son ouverture est de quatre stades.

Les Molosses, qui suivent les Cassopiens, et qui, comme eux, sont réunis en bourgades, s’étendent par une langue de terre fort étroite jusqu’à la mer. La plus grande partie de la nation habite l’intérieur des terres. Toute la côte du pays des Molosses est de quarante stades.

Ambracie, ville grecque est située sur les confins de cette région,[12] éloignée de quatre-vingt stades de la mer, à laquelle elle est néanmoins réunie par un mur; elle a un très beau port. C’est là que commence le territoire de la Grèce, qui s’étend jusqu’au fleuve Penée, sur les bords duquel a été bâtie la ville dé Magnésie. Toute la côte de l’Ambracie comprend un espace de cent vingt stades.

On entre alors sur le territoire de l’Acarnanie. Là sont la ville d’Argos, bâtie par Amphiloque; le fleuve Euripe, l’Ouridte dans l’Iconium et au-delà du golfe Anactorium, la ville de ce nom ; le port Acta, et la ville de Leucate avec un port. Ses murs se prolongent jusqu’au promontoire de Leucate. Elle était autrefois plus éloignée de la mer, et ses habitants s’appelaient Epileucadiens. Mais une violente sédition s’étant élevée chez les Acarnaniens, et ceux-ci ayant été obligés de demander aux Corinthiens mille de leurs concitoyens pour réparer leur population affaiblie par les guerres civiles, ces nouveaux colons tuèrent ceux qui les avaient appelés et s’emparèrent de leur territoire, qu’ils habitent actuellement. L’isthme qui réunissait l’Acarnanie à la terre, ayant été rompu, cette région est devenue une île. On trouve ensuite la ville de Pheres, vis-à-vis de laquelle est l’île d’Ithaque où est une ville et un port ; puis l’île de Céphalonie : mais je retourne au continent d’où j’étais sorti.

 On trouve aussi dans l’Acarnanie la ville d’Alyze, voisine de l’île de Karnos, la ville d’Astaque avec un port, celle d’Œniades, et le fleuve Achelous. Les Acarnaniens ont plusieurs autres villes au milieu des terres. Leur côte, sur laquelle sont des ports fort commodes, peut être parcourue en deux jours. Elle est semée de plusieurs îles, que l’Achelous réunit quelquefois au continent lorsqu’il charrie des monceaux de sable. Ces îles s’appellent Echinades et ne sont pas habitées.

L’Ætolie, qui suit l’Acarnanie, a pour villes Calydon, Ancyrne et Molycrie. Le golfe Delphique, qui fait partie de cette région, a une embouchure de dix stades. C’est dans ce golfe qu’est la ville de Naupacte et un temple.[13] Les Ætoliens ont d’ailleurs plusieurs autres villes situées au milieu des terres, Leur côte peut être parcourue en un jour de navigation; mais dans l’intérieur des terres, cette région s’étend jusqu’aux Œnianes et au-delà de toute la Locride.

Parmi les Loériens, il en est qui portent le nom d’Ozoles. Leurs villes maritimes sont Evanthe et Amphisse; mais ils en ont aussi au milieu des terres. Leur côte est d’un demi-jour de navigation.

Les Phocéens, sur le territoire desquels est le champ de Kouros et le temple d’Apollon, sont voisins des Locriens. Là est la ville de Delphes et celle d’Anticyre si célèbre par la bonté et son ellébore Leur côte est de la même étendue que la précédente.

On entre alors dans le pays des Béotiens, dont les villes sont Corsia, Siphé, le port Curetre et le bourg Béotique.[14] Leur côte n’exige pas une demi-journée de navigation.

La nation mégarienne, limitrophe des Béotiens, a pour villes Agosthene, Peges, Aris et le bourg Gerania. Toute cette côte est de cent stades. On trouve alors la ville de Corinthe, et l’isthme de ce nom sur lequel est le temple de Junon.

En sortant du territoire de Mégare, vous entrez dans le Péloponnèse. De cette mer jusqu’à la nôtre, la route, en traversant l’isthme, est de quarante stades. La côte, qui est pleine de sinuosités, peut être parcourue en moins d’une demi-journée.

La ville de Sicyone, dont la côte est de cent vingt stades, est voisine du territoire de Corinthe, On trouve ensuite la nation achéenne, qui habite les villes de Pellène, Ægire, Ægium, Ægès, Rhypé, Patras, Dyme, et le promontoire de Rhium. L’étendue de la côte des Achéens est de sept cent stades.

L’Elide, baignée par le fleuve Alphée, touche à l’Achaïe. Cette région, dont la côte, qui s’étend jusqu’aux Lepreates, a sept cents stades d’étendue, et possède plusieurs villes maritimes. La principale est Cyllène, avec un port. Ces peuples ont aussi plusieurs villes dans l’intérieur des terres. Vis-à-vis l’Elide est l’île de Zacynthe, dans laquelle est une ville avec un port.

Vient ensuite l’Arcadie, dont le territoire s’étend jusqu’à la mer à l’Eprée, elle possède plusieurs grandes villes méditerranées, telles que Tegée, Mantinée, Herée, Orchomène et Stymphale. Sa côte est de cent stades.

Celle de la Messénie a deux fois plus d’étendue. Ses principales villes sont Messène, le port Cyparisse, éloigné de la mer de sept stades; et Ithome, dans l’intérieur des terres, et éloigné de la mer de quatre-vingt stades.

Le pays de Lacédémone touche à celui des Messéniens. Les principales villes de cette région sont Asine, Métone, le port d’Achille et celui de Psamathe, qui lui est opposé. Au milieu de ces deux ports sont, le temple de Neptune, qui domine sur la mer ; Tainare, la ville de Las avec un port, celle de Cythium, où est un port et un arsenal; celle de Bœa, le promontoire Malée et le fleuve Eurotas. Non loin de cette côte est l’île de Crète et celle de Corcyre, dans laquelle est une ville et un port. Après avoir franchi le promontoire Malée, vous trouvez les villes de Sida, Epidaure, Prasia et Methana, toutes trois avec un port. Les Lacédémoniens ont plusieurs autres villes, tant maritimes que méditerranées.[15] Leur côte est de trois journées de navigation.

Le pays de Lacédémone est de toutes les régions de l’Europe celle qui est le plus près de l’île de Crète, car l’un n’est séparé de l’autre que par une journée de navigation. Sur le promontoire de Crète, est la ville de Phalasarne. Vous trouvez ensuite le promontoire Criu-Metopon. Si vous naviguez vers le sud, vous découvrez la Libye. De la Chersonnèse jusqu’à la côte des Cyrénéens, il y a pour un jour et une nuit de navigation. L’île de Crète, qui s’étend du levant au couchant; a deux mille cinq cents stades de longueur; mais elle est fort étroite. Cette île est habitée par des Grecs, dont les uns sont Lacédémoniens, les autres Argiens, ceux-ci Athéniens, et ceux-là de diverses parties de la Grèce; parmi eux sont des indigènes. Ces peuples habitent plusieurs villes dont la principale est Phalasarne, dont j’ai déjà parlé, qui est située sur le promontoire au couchant, et qui a un port fermé. Au sud est Polyrrhène, et au nord, le temple de Diane dans la province de Pergame. Au sud est aussi Hyrtacine. Au nord encore est Cydonia avec un port fermé, et la ville de Lissa avec un port près de Criu-Metopon. Au milieu des terres est la ville d’Elyce; au nord est une très belle montagne, sur laquelle on a bâti une ville et le port d’Olus. Au nord est aussi la province d’Aptère, puis celle de Lampée, qui, baignée par le fleuve Mesapos, s’étend des deux côtés de la mer. On y trouve aussi les villes d’Osmida et d’Eleutherne. Au sud sont Sybrite avec un port, Phœstus, Gortyne et Caunus, et au nord Oaxos et Gnosse. Dans l’intérieur des terres est Lyctos, dont le territoire est baigné des deux côtés par la mer. Il en est ainsi de Praisos. Le promontoire Itanos est à l’Orient. Il y a dans cette île plusieurs autres villes, car on assure quelle en a cent.[16]

Vis-à-vis le territoire de Lacédémone sont aussi les îles Cyclades, qui sont habitées. Telles sont Melos avec un port, Timolos, Oliaros, et Sicinos, sur laquelle est une ville; Tuera, Anaphe et Astypale:[17] mais retournons au continent.

En quittant le pays de Lacédémone, vous entrez dans celui d’Argos, où est Naupha avec un port. Les villes méditerranées de cette région sont Cléoné, Mycènes et Tirynthe La côte, qui est de cent cinquante stades, forme un golfe qu’on appelle le golfe d’Argos.

De ce golfe au territoire d’Epidaure, il n’y a que trente stades. Sur son embouchure est bâtie la ville d’Halia avec un port. Toute la côte des Argiens a cent stades d’étendue. On trouve alors la ville de Hermion qui possède une côte de quatre-vingt stades. Vous apercevez ensuite le promontoire de Scylla, qui, formant une partie de l’isthme, domine sur le golfe. Ce promontoire est du territoire de Trœzène. A l’opposite est le promontoire de Sunium qui appartient à l’Attique; vis-à-vis est l’île de Belbine avec une ville. De l’embouchure de ce golfe jusqu’à l’isthme, dans lequel la nature l’a pratiqué, il y a sept cent quarante stades; il est d’ailleurs fort étroit vers son embouchure. La ville de Trœzène,[18] que l’on trouve ensuite, a un port, et la côte qui en dépend a trente stades d’étendue. De là on appelait l’île de Calaurée, de trois cents stades de diamètre, et sur laquelle on a construit une ville et un port. Près de là et aussi l’île d’Egine, avec une ville et deux ports; mais je reprends la description, du continent.

En sortant de la Trœzenie, vous rencontrez la ville d’Epidaure avec un port.[19] Son territoire présente une côte de trente stades. Vous abordez ensuite cette partie du territoire des Corinthiens qui regarde le soleil levant, la ville de Chenchrée, l’isthme et le temple de Neptune. C’est-là que se termine le Péloponnèse. Les Corinthiens possèdent encore du territoire au-delà de l’isthme, avec les villes de Sidos et de Kremmuon. La côte qui comprend tout le territoire des Corinthiens jusqu’à celui de Mégare, est de trois cents stades.

Dans cette dernière région est la ville de Mégare avec un port, et celle de Nisa.[20] Toute la côte de Mégaréens, jusqu’à Apidos, la dernière place des Athéniens de ce côté-là, est de cent quarante stades. On rencontre alors les villes athéniennes, dont la première est Eleusis, avec un temple et un monument élevés à Cérès. Vis-à vis est l’île de Salamine avec une ville et un port. Viennent ensuite le Pirée, qui a trois ports, le bourg de ce nom et la ville d’Athènes; puis Anaphlystos avec un port, et le promontoire de Sunium avec un bourg et deux ports. L’Attique, dont la côte a onze cent quarante stades d’étendue, possède plusieurs autres ports. Du territoire d’Epidos jusqu’à Sunium, il y a … stades;[21] et de Sunium jusques aux confins de la Béotie, six cent cinquante.

Vis-à-vis l’Attique sont les Cyclades, îles peuplées, et sur lesquelles on a bâti des villes. Ces îles sont Ceos, qui a quatre villes; Poinesse avec un port, Koresia, Ioulis et Cartheia; Helène, avec une ville, Seriphe avec une ville et un port; Siphnos, Paros avec un port, dont, l’un est très beau; Naxos, Délos, Rhené, Scyros et Mycene avec deux villes; Tenos et Andros, chacune avec un port. Sous le vent de ces îles en sont d’autres, telles qu’à l’ouest, Ios avec un port, et dans laquelle Homère a été enterré;[22] Amorgos qui a trois villes et un port ; et Icare qui a deux villes. Lorsqu’on a passé l’île d’Andros, on trouve celle d’Eubée où sont quatre villes, Caryste Eretrie, Chalcis et Persée; ces trois dernières ont chacune un port. La longueur de l’Eubée depuis le temple de Jupiter Cenéen jusqu’à celui de Neptune de Gereste, est de mille trois cent cinquante stades, sa largeur est fort modique. Il y a aussi des îles dans la mer Egée. Vis-à-vis Eretrie est celle de Scyros avec une ville; Icos, où sont deux villes ; Peparethos, qui a trois villes et Sciathos, qui a deux villes et un port. Je reprends mon voyage du continent.

Après les Athéniens viennent les Béotiens, qui s’étendent jusqu’à la mer, dont je viens de parler. Le premier monument qu’on trouve est le temple de Delios. On y voit ensuite le temple d’Auliss, l’Euripe, la ville d’Arthedon, celle de Thèbes, Thespis, et Orchomène, dans l’intérieur des terres. Cette région a plusieurs antres villes. Ses côtes, depuis Delios jusqu’au Mont-Blanc, sont de deux cent cinquante stades.

Ils ont pour voisins les Locriens, dont le territoire est de deux cents stades d’étendue. Ils ont plusieurs villes. Celles qui font face à l’Eubée ont Larymne, Cynosure et Alopé. Au-delà sont les Phocéens, dont la côte a la même étendue, et qui habitent les villes maritimes de Thronium, Cnemis, Elatée et Panope Ils ont plusieurs autres villes situées dans l’intérieur des terres.

Ici sont les Méliens et le golfe Méliaque. Sur ce golfe sont des peuples qu’on appelle Limodoriens, et qui habitent les villes d’Erinos, Boion et Cytinium. Là, sont les Thermopyles, Trachis, l’Œta, Héraclée, et le fleuve Sperchion.

Plus loin sont les Maliens, dont la première ville qui s’offre sur votre passage, est Larnia et la dernière Echinos. Ces peuples possèdent plusieurs autres villes jusqu’au golfe Maliaque. Au-dessus d’eux, dans l’intérieur des terres, sont les Anianes, dont les terres sont arrosées par le Sperchion, dont les eaux vont se décharger dans la mer au-delà du golfe Maliaque.

Les Achéens sont une nation originaire de la Pthiotide. Les villes que ces habitent, au milieu du golfe Pagasetique, à gauche en rentrant dans la mer, sont Alitropes, Larisse, Mélitée, Démétrion et Thèbes. Ils possèdent aussi plusieurs villes au milieu des terres.

La Thessalie est limitrophe de la région qu’habitent les Achéens. Le trajet, depuis cette langue de terre qui s’avance dans la mer, jusqu’au golfe Pagasetique, est de trente stades. Les îles maritimes de la Thessalie, sont Amphanes et Pagasis et les méditerranées sont Pheres, Larisse, Pharsale, Scotuse, Cranon, le temple de Sellène, et plusieurs autres cités. Cette région, dans l’intérieur des terres, s’étend jusqu’à Tempé, des Ænianes, des Dolopes, des Maliens, des Achéens et des Magnètes. Le golfe Pagasetique, de son embouchure l’extrémité de sa profondeur, peut être parcouru en une matinée. Son ouverture à cinq stades de largeur. C’est dans ce voisinage qu’est l’île Cicynetos avec une ville.

La nation des Magnètes qui habitent la côte, possède les villes de Iolcos, Methone, Coracé, Spalatra et Olizon avec un port. Ces cinq cités sont situées en deçà du golfe. Celles qui sont au-delà sont Meliboia, Ridzous, Eurymènes et Myres. Dans l’intérieur des terres sont les Perrhebiens, nation grecque. C’est-là que finit la Grèce, qui commence à Ambracie; mais sur la côte, toutes les différentes nations qui l’habitent, portent sur leur physionomie l’empreinte de leur origine grecque.

Au-delà du fleuve Penée sont les Macédoniens et le golfe Thermé. La première ville macédonienne que vous rencontrez, est Héraclée, Dion, Pydna et Methone, villes grecques; Alocos, Pella, Therma, Œnea, villes grecques, les fleuves Aliacmon, Lydias, Axios et Echedore, et le promontoire de Pellène qui domine majestueusement sur la mer. C’est sur les bords de ce dernier qu’est bâtie la ville de Pella, où la cour du roi de Macédoine fait sa résidence. Plusieurs villes ont été construites sur le promontoire de Pellène. Telles sont Potidée placée au milieu même de l’isthme; Mendé, Aphytis, Thrarnbos, Scioné et le temple de Œnastre, où sont les Dieux tutélaires du promontoire. Au delà de l’isthme on voit plusieurs autres villes qui toutes sont habitées par des Grecs. Telles sont Olynthe, Mecyberne, Sermylie, Toroné avec un port; Dion, Thysos, Cleoné, Acrotès, Charadriée, Olophixis, Acantos, Alapta, Aréthouse et Apollonie. Là sont aussi le golfe Syrmonique, le mont Athos et le lac Bolbé. Les Macédoniens ont beaucoup d’autres villes dans l’intérieur des terres. Leur côté est hérissée de sinuosités. On peut parcourir ce golfe en deux jours.

Lorsque vous avez passé la Macédoine, vous trouvez le fleuve Strymon qui sépare cette région de la Thrace. Cette dernière s’étend depuis le Stryrnon jusqu’à l’Istros, qui tire sa source du Pont-Euxin. Les villes de Thrace sont Amphipolis, Phagres, Galepsos, Oisigmé, Sagion et plusieurs autres comptoirs. Vis-à-vis de cette dernière est l’île de Thasos, avec une ville et deux ports, dont l’un est fermé. Non loin de Sagion sont la ville de Neapolis, celle de Daton ville grecque, bâtie par l’athénien Callistrate; Abdère, Dicée, Maronée, et les fleuves Nestos et Coudetos. Dans le voisinage de ces villes, et dans l’intérieur de terres, sont les comptoirs de Drys et de Zoné. Près de ce dernier est l’île de Samothrace, qui a un port; le fleuve Hebros, les villes d’Annos avec un port et de Cypasis, les bourgs de Douriscos et Ænon: le golfe Melas et le fleuve du même nom, le comptoir de Deris, et celui de Cobrys, habité par les Cardianiens. A l’embouchure du golfe Melas, sont les deux îles d’Imbros et de Lemnos. La première a une ville, et la seconde un port. Au-delà du golfe Melas est la Chersonnèse de Thrace, dort les villes sont Cardia, Idé, Pæon, Alopeconnesos, Araples, Elaos et Sestos.[23] Ici l’embouchure de la Propontide a six stades de largeur. Au fond du golfe sont les villes d’Aigospotamos, de Cressa, de Crethote et de Pactye. C’est-là que finit la Chersonnèse de Thrace. Depuis Pactye jusqu’à Carda, il y a d’une mer à l’autre, quarante stades par les défilés. Au milieu de la route est la ville d’Angora. La plus grande longueur de la Chersonnèse, depuis Cardie jusqu’à Elœunte, est de cent cinquante stades.

Les premières villes que vous rencontrez, après avoir traversé la Chersonnèse de Thrace, sont Acté la Blanche, Tiristase, Héraclée, Ganos, Ganies, le Bourg-neuf, la ville de Perinthe, avec un port; le bourg de Daminon, et la ville de Selymbria, avec un port. De cette ville à l’embouchure du Pont-Euxin, il y a cinquante stades. Le chemin se fait par le Bosphore jusqu’au temple.[24] Là, le Pont-Euxin a sept stades de largeur.

Les villes situées sur cette mer, et dépendantes de la Thrace, sont Apollonie, Mesembrie, Odesopolis et Callatis. Cette région est baignée par le fleuve Istros. Les côtes de la Thrace, depuis le Strymon jusqu’à Sestos, exigent une navigation de deux jours et de deux nuits, il en est ainsi depuis Sestos jusqu’à l’embouchure du Pont-Euxin, et la distance qui sépare ces dernier endroit du fleuve Istros, est telle qu’il faut trois jours et trois nuits pour la franchir. Ainsi, pour parcourir toutes les côtes de la Thrace, depuis le Strymon jusqu’à l’Istros, il faut employer huit jours et huit nuits.[25]

La Scythie touche à la Thrace. Là, sont plusieurs villes grecques, telles que Niconion et Ophiousa Leur territoire est baigné par le fleuve Tyras. Le peuple Taurien habite une péninsule qui avance beaucoup dans la mer; et les Grecs habitent la Tauride proprement dite, où ils occupent le promontoire de Chersonnèse et le front du Bélier, sur le promontoire de la Tauride. On trouve ensuite la Scythie propre, où les Grecs ont bâti les îles de Theudosie, Cythée, Nymphée, Panticapée, et Nyrmecion. Si vous suivez la ligne droite de l’Istre au front du Bélier, il vous faut trois jours et trois nuits de navigation pour la parcourir; mais si vous faites la route par terre, elle est beaucoup plus longue; car la mer coupe souvent le chemin par des sinuosités C’est dans l’un de ces petits golfes, qu’est une île déserte, appelée Leucé, consacrée à Achille.

Du front du Bélier jusqu’à Panticapée, iI y a un jour et une nuit de navigation, et de Panticapée à l’embouchure du Palus Méotides, il y a vingt stades. On dit que le Paléus Méotide fait la moitié du Pont-Euxin. Ceux qui naviguent sur cette mer, trouvent d’abord à leur gauche les Scythes. Au-delà de la mer, dans la Tauride, jusqu’au Paléus Méotide, sont les Syrmates,[26] dont le territoire est arrosé par le fleuve Tanaïs, qui sépare l’Europe de l’Asie.

Si vous rappeliez ici toutes les distances dont j’ai fait le dénombrement, et les divers espaces de temps que j’ai dit être nécessaire pour les parcourir, vous trouverez qu’en comptant cinq cents stades pour la navigation d’un jour, il vous faut cent cinquante trois jours pour parcourir toute l’Europe, depuis les colonnes d’Hercule qui sont auprès de Gadès, et en visitant les diverses sinuosités que fait la mer sur les côtes. Les plus grands fleuves de l’Europe sont le Tanaïs, l’Istros, et le Rhodanos,[27]

DE L’ASIE

LORSQUE vous avez passé le fleuve Tanaïs, vous entrez en Asie. La première nation qui se présente, est celle des Sauromates, qui habitent le Pont. L’une de leurs tribus s’appelle Gynecocratumène, nom qu’ils tirent de l’usage où ils sont de se gouverner par des femmes.

Les Gynecocratumènes ont pour voisins les Mœotes, nation Sintique, qui habite au delà du Paléus Méotides. On trouve chez eux des villes grecques, telles que Phanagorou, Cepès, Patous et le port Sindicos. Au-delà de ce port sont les Cercètes, et la ville grecque de Toricos, avec port. Viennent ensuite succesivement les Achéens, les Henioques, les Coraces, les Coliques, les Melanchleniens, les Gelons et les Colches. Ceux-ci habitent les villes de Dioscourias, de Thyenis et de Phasis. Ces deux dernières ont été fondées par les Grecs. Leur territoire est baigné par les fleuves Cherobios, Chorsos et Arios. Si l’on veut aller de Phasis par ce dernier fleuve jusqu’à Malé la grande, ville barbare,[28] d’où était Médée, il faut naviguer l’espace de cent quatre-vingt stades. On trouve aussi dans ce pays les fleuves Ris, Iris et Apsaros.

Au-dessus de la Colchide sont les Byzères, dont le territoire est arrosé par les fleuves Daraanon et Arion. On trouve ensuite les Byzères qui habitent les villes de Limné et d’Odinios. Celle-ci est de fondation grecque. Les deux fleuves Prytanis et Archabis coulent dans cette région, qui a pour voisins les Bechires, qui habitent une ville grecque du même nom, et le port Bechirique.

Plus loin vous rencontrez les Macrocephales,[29] qui habitent une ville grecque appelée Trapezunte, et le port Psoron. Ils ont pour voisins les Mossynœques, qui habitent les montagnes. Il y a néanmoins chez eux une ville grecque appelée Chœrades, et le port Zephyriose. Vis-à-vis est l’île de Mars.

Viennent ensuite les Tibareniens, puis les Chalybes, chez lesquels on voit un port clos nommé Genetes, une ville grecque appelée Arménie, et le promontoire Jasonion sur lequel est une ville grecque. Vous entrez alors dans l’Assyrie, où vous trouvez plusieurs villes grecques, telles que Themiscyra[30]…. Caroussa, Synope, Carasous, Armené avec un port, et Tetracis. Le pays est coupé par les fleuves Thermodon, Halys et Ocherenos.

De l’Assyrie vous entrez dans la Phlagonie. Là sont les villes grecques de Colyssa, Cinolis, Carambis, Cytoros, Sesnios, Tijon, les ports de Stephané et de Psylla, et les fleuves Parthenios et Callichoros. Vous abordez ensuite les terres des Maryandinéens, où sont la ville d’Héraclée, et les fleuyes Lycos et Ypios.

Les Thraces, nation Bithinienne, habitent plus loin les bords des fleuves Sangarios, Artanès et Rhebas. Ils ont aussi l’île de Thynias, habitée par les Héracleotes, Vous trouvez ensuite un détroit, et le temple dont j’ai déjà parlé, à l’embouchure du port, à la suite duquel vous voyez la ville de Chalcédoine, située hors de la Thrace, et le golfe Olbianos. La côte des Bithiniens de Thrace est fort étendue, et il faut trois jours pour la parcourir, depuis les Maryandinéens jusqu’à l’extrémité du golfe. Quant au Pont-Euxin, que l’on parte de l’Asie ou de l’Europe, il faut le même temps pour arriver de son embouchure à celle des Paléus Méotide.

En sortant de la Thrace, vous entrez chez les Mysiens, qui habitent la gauche du golfe Olbianos, en allant dans le golfe Cianos jusqu’à Cios. La Mysie est une péninsule, couverte de villes grecques. Ce sont Olbia et Callipolis avec un port, et Cios. On y trouve aussi le promontoire Cianos, et le fleuve Cios. La navigation de la côte de la Mysie jusqu’à cette dernière ville, est d’un jour.

Les Phrygiens, qui viennent ensuite, ont plusieurs villes, bâties par les Grecs. Ce sont Myrlea, Cycique au milieu de l’isthme, et Astace dans les défilés. Cette région est arrosée par le fleuve Rhyndacos ; à l’embouchure duquel est l’île Besbicos. En face de la ville d’Astace est l’île Proconnèse, dans laquelle est une ville et une autre île appelée Claphonèse, qui a plusieurs ports très commodes. Cette dernière est habitée par les Proconnésiens. Dans le continent sont plusieurs villes, telles que Priapos, Penon, Lampsaque, Percoté, Abydos, située sur la rive la Propontide, vis-à-vis Sestos.

Ici commence la Troade, dont les villes grecques sont Dardanos, Rhæteion et Ilium, qui, est arrosée par le fleuve Scamandre, et éloignée de vingt-cinq stades de la mer. Vis-à-vis cette ville est l’île de Tenedos avec un port. C’est-là que prit naissance l’astrologue Cléostrate.[31] Dans l’intérieur des terres, on trouve Achéon, les cratères des Achéens,[32] Colones, Larisse, Amaxiton, et le temple d’Apollon, où le grand prêtre Chryses offrait ses sacrifices.[33]

La région qui suit, s’appelle l’Eolide. Toutes les villes sont situées sur le bord de la mer. Ce sont Cebrène, Scepsis, Neandria et Pitya. Toute la côte de Phrygie, depuis la Myse jusqu’à Antendre, sont de...[34]

Vis-à-vis l’Eolide est l’île de Lesbos, habitée par les Eoliens. Il y a cinq villes, Méthymne, Antisse, Cresse, Pyrrlia avec un port, et Mytilène avec deux ports.[35] Vis-à-vis cette dernière est l’île Perdoselène, avec une ville.

Au-delà d’Antandre est la Mysie inférieure, car cette dernière région s’étendait autrefois jusqu’à Teuthranie, et le pays connu sous le nom de Lydie. C’est la Mysie supérieure, située dans l’intérieur des terres, et que les Mysiens ont cédée au Lydiens. On y trouve deux villes grecques, Adramytion et Astyre, où est le temple de Diane. Cette portion, de la Lydie est habitée par les Lesbiens. Au-delà est la province habitée par une colonie de l’île de Chio, qui y a bâti la ville d’Atarne. Plus bas, sur les bords de la mer, le port Pitare, au confluent du Caïque. Au-dessus de Pitane sont Ælée, et le port de Gryneon, habité par les Achéens. C’est-là, dit-on, que les Grecs délibérèrent autrefois s’ils feraient la guerre à Télephe, où s’ils se retireraient sans coup férir.

Plus loin sont les villes de Myrine et de Cymé, toutes les deux avec un port. Au-delà de Cymé, et au milieu des terres, est la ville grecque d’Ægès, celle de Leucès avec un port, celle de Smyrne[36] où vivait Homère, et celles de Phocée, de Clazornène et d’Erithrès, toutes trois avec un port. Le fleuve Hermos va se décharger dans la mer auprès de Phocée. En face de ces villes est l’île de Chio avec un port.

Outre ces différentes villes, il a encore dans la Lydie celles d’Agra,[37] de Teos, de Notium et d’Ephèse,[38] chacune avec un port; et au milieu des terres, Lebedos, Colophen, Magnésie, ville grecque, Anæa, Penionium, Crasistratios, Charadrous, Phocée, Acadamis et Mycale. Ces dernières sont situées dans le pays des Samiens. On trouve aussi dans cette région, qui traverse le Caistre, le temple d’Apollon Clarien. Au-dessous de Mycale est l’île de Samos, qui a une ville et un port fermé. Cette île n’est pas moins grande que celle de Chio. Au-dessus de Mycale est la ville de Prienne, qui a deux ports, dont un est fermé. Un peu plus loin vous trouvez le fleuve Méandre, qui va se dégorger dans la mer; toute la côte de la Mysie et de la Lydie, depuis les Astyriens jusqu’au fleuve Méandre, exige deux jours et une nuit de navigation. La Carie qui vient ensuite, a plusieurs villes grecques, Héraclée, Milet, Mynde avec un port, Halicarnasse, avec deux ports, dont un est fermé; l’île de Calymne, et celle de Caryande, avec une ville et un port. Les habitants de cette dernière île sont les Cariens indigènes.[39] En face est l’île de Cos, avec une ville et un port fermé. Près de là est le golfe Céramique, l’île de Symé et Nisyros, avec un port; le promontoire sacré appelé Triopion, la ville grecque de Gnide et la province des Rhodiens, la ville de Caune, celle de Carique, avec un port, et le promontoire Cragos.

L’île de Rhodes,[40] qui est en face de la Carie, dont la population est très ancienne a trois villes, Ialyse, Linde et Camire. Près de cette île sont plusieurs autres habitées telles que Chalcia, Telos, Casos et Carpathos, sur laquelle il y a trois villes. En partant du Méandre, pour aller au promontoire Cragos, le trajet par mer est de deux jours.

Vous entrez ensuite en Lydie, où vous trouvez d’abord les villes grecques de Telmissos, Patara et Phellos, chacune avec un port. Celle de Patara est construite sur le Xanthe. En face de Phellos est l’île de Megista, dépendante des Rhodiens; et si vous remontez le fleuve, vous rencontrez la ville de Limyra. Il y a aussi sur cette côte la ville de Gagès, le promontoire Chélidonien, bordé de deux îles; la ville de Dionysias, le promontoire et le port Siderous. Sur ce dernier, dont les entrailles sans cesse agitées par un volcan, jettent feu et flammes, est un temple de Vulcain. Si vous remontez un peu plus haut, vous rencontrez la ville de Phaselis avec un port; puis le golfe et la ville d’Idyros, l’île Lyrnatia, Olbia, Magydos, Pergé, le temple de Diane et le fleuve Cataracte. Toute cette côte peut être parcourue en un jour et une nuit par mer. Le trajet serait plus long par terre; car la mer défigure la côte par de nombreuses sinuosités.

A la Lycie succède la Pamphylie, dont les villes sont aussi habitées par des Grecs. Si vous remontez le fleuve Eurymeden, vous trouvez la ville d’Aspende; plus bas sont celles de Syllium et de Sidé. Cette dernière, qui a un port à été peuplée par une colonie de Cuméens. Il y a encore en Pamphylie, les villes de Cybira et de Coracesium. Toute cette côte, à partir de Pergé, peut être parcourue en une demi-journée.

La Cilicie, limitrophe de la Pamphylie, est aussi habitée par des colonies grecques. On y trouve les villes de Selinous, de Charadros avec un port ; de Nagidos qui a une île dans sa dépendance, et le promontoire Anomourion. Sur la même côte, où est le port de Setos vous voyez Poscitherion, Solous, Calenderis, le port d’Aphrodise, et un autre nommé ….[41] Vous découvrez ensuite la ville grecque de Hoani, éloignée de … de celles de Sarpedon, Cremos, le fleuve de … la ville grecque de Soli, celles de Zephyrion, de Mallos et de Myriandros, occupée par les Phéniciens; le comptoir Adana avec un port et les fleuves Pyramos et Thapsacos. Le trajet par mer de toute la Cilicie, depuis les confins de la Pamphylie jusqu’au fleuve Thapsacos, est de trois jours et de deux nuits Si vous faites le voyage par terre, depuis Sinope, qui et dans le pont jusqu’a Solos en Cilicie, le trajet d’une mer à l’autre est de cinq jours.

Vis-a-vis la Cilicie est l’île de Chypre. Ses cités sont, Salamis, ville grecque, et Soli, toutes les deux avec un port commode, très propre à l’hivernage des vaisseaux; Carpasia, Cerynia, Lapethos, habitées par les Phéniciens ; Marion, ville grecque, et Amathous, dont les habitants sont indigènes. Toutes ces villes ont des ports vides Au milieu des terres sont des villes habitées par des barbares ; mais revenons au continent.

Les Syriens habitent la région située à l’extrémité de la Cilicie. Ses côtes sont habitées par Phéniciens; mais ce pays forme un cordon si étroit, que dans sa plus grande largeur, il n’est pas éloigné de dix stades de la mer, et qu’il est des endroits où il n’a pas même quatre stades d’étendue. Au delà du fleuve Thapsacos sont la ville de Tripolis, habitée par ls Phéniciens, l’île et le port d’Arados, la ville et le port de Tyr, où le roi du pays tient sa cour, et qui n’est éloignée de la mer que de huit stades, et une autre ville appelée Tripolis dans une péninsule. Cette dernière est formée de trois villes distinctes, Arados, Tyr et Sidon. Chacune d’elles est environnée d’un mur particulier. La montagne sur laquelle elles sont situées a la figure d’un Dieu. Les villes de Tyr, de Béryte et de Sidon ont chacune un port, dont le dernier est fermé. On trouve de plus dans cette région les villes de Borinos, de Porphyréon, et des Oiseaux. Cette dernière est habitée par les Sidoniens. Entre la ville des Lions et celle des Oiseaux, est Sarra au-delà de laquelle est une autre ville de Tyr avec un port renfermé dans ses murs. C’est dans cette ville, éloignée de la terre de quatre stades, qu’est le siège du gouvernement tyrien.[42] Les voyageurs peuvent encore remarquer dans ce pays la ville de Palœtyre, au milieu de laquelle passe le fleuve, du même nom, celle d’Ecdippos, que baigne le fleuve de … celles d’Acé, de Belos et d’Ascalon des Tyniens, d’Arados et de Doros, habitées par les Sidoniens ; de Sycaminon et de Joppé; le mont Carmel et le temple de Jupiter. C’est, dit-on, à Joppé qu’Andromède fut exposée. C’est à Ascalon que sont les arsenaux et les chantiers maritimes de la cour de Syrie. . . . de . . . jusqu’à Ascalon, il y a dix-sept cent stades.[43] L’autre s’appelle Pelusiaque il se sous-divise encore en deux branches, dont l’une porte le nom de Sebennetique, et l’autre de Mendesienne, il se précipite ensuite dans la mer. La branche mendesienne se dégorge dans le golfe Phetnique et la pélusiaque dans le golfe Tanique Quant la branche Bolbé, elle coule depuis Canope et vient se jeter dans le palus Sebennetique. Les côtés de la mer d’Egypte sont couvertes de lacs et de marais. Telle est la figure de cette région qu’elle ressemble à une coignée ; elle est large le long de la mer moins étendue dans l’intérieur des terres; et plus étroite encore à Memphis. Si vous remontez plus haut, elle s’élargit et sa partie supérieure est très étendue. La partie de l’Egypte qui est au-dessus de Memphis, est beaucoup plus vaste que celle qui borde la mer. C’est l’embouchure canopique qui divise l’Asie de la Libye. La côte de l’Egypte, depuis l’embouchure pelusiaque est de sept cent quatre-vingt stades; Quant au diamètre de l’Asie, qui est très inégale, si l’on se sert de la même manière de compter que j’ai employée pour l’Europe, il est de quatre-vingt-sept jours de navigation. A l’embouchure canopique est une île du même nom. On assure que l’un des généraux de Ménélas, appelé Canapos, vint s’y établir, et ce qui paraît confirmer cette tradition, c’est son tombeau que l’on y voit encore. Les Egyptiens, et ceux qui habitent ces lieux, assurent que Pélouse aborda à Casios, et Canope dans cette île, où on lui a élevé depuis ce monument.

DE LA LIBYE.

ENTRONS maintenant en Libye. Après avoir franchi l’embouchure canopique, vous rencontrez les Adyrmachides, nation libyenne; puis vous passez l’embouchure thonide, puis vous voguez vers le Phare, île déserte de cent cinquante stades de diamètre, et ayant des ports fort commodes. Comme on n’y trouve pas d’eau fraîche, les navigateurs vont s’en pourvoir au marais Maria, où elle est très potable. De l’île de Phare à ce marais, la navigation n’est pas longue. Vous découvrez ensuite la Chersonnèse avec un port, et dont la côte est de deux cents stades; puis, vous arrivez Plinthinos, dont le golfe jusqu’à Acte la Blanche, s’est ouvert jour et nuit aux navigateurs. L’étendue, de ce golfe est double à l’extrémité de sa profondeur, de ce qu’elle est à son embouchure. Ses côtes sont couvertes d’habitations. D’Acte la blanche jusqu’au port de Laodanuntium, il y a une demi journée de navigation. Il en est ainsi de ce dernier port à celui du Paraitononion. Vient ensuite la ville d’Apis C’est là que finit le territoire de l’Egypte.

La contrée qui s’étend depuis la ville d’Apis jusqu’aux Hespérides, est habitée par les Marmarides, nation libyenne Le trajet par mer, depuis Apis jusques aux écueils de Tyndare, est d’un jour. L’espace est le même depuis ce dernier lieu jusqu’au port de Plynos, de la moitié moins de Plynos au port de Petrante, d’un jour de navigation, de Petrante à Menelas; d’un jour aussi, de Menelas à Cyrthanion, d’un demi-jour de Cyrthanion au port d’Antipygos, et enfin d’un demi jour d’Antipygos au petit port de Petrante. Lorsqu’en sortant de ce petit port de Petrante, vous avez navigué pendant un jour, vous trouvez sur votre route, le port des Anchitides-Chersonnèses, situé dans la contrée de Cyrène, vous avez dû découvrir au milieu de cette route, les deux îles Acdonia et Platée, qui ont des ports.

Le pays situé au-delà de la Chersonnèse, fournit le Laserpitium; si vous le parcourez dans les terres jusqu’aux Hespérides, vous lui trouverez une étendue d’environ deux mille cinq cents stades. L’ile l’Aphrodisias fournit des rafraîchissements aux vaisseaux. Il y a aussi un port à Naustathmos, éloigné d’un jour de chemin de la Chersonnèse, de cent stades du port de Cyrènes et de quatre vingt stades seulement de la ville de Cyrènes, car on sait qu’elle est placée au milieu des tettes et plus près de la Chersonnèse que son port. Tous ces ports sont fort commodes, et fournissent un abri sûr aux vaisseaux dans toutes les saisons. De distance en distance on trouve encore des havres dans de petites îles isolées, et plusieurs péninsules utiles aux navigateurs. Du port de Cyrènes à celui de Barcès, il y a cinq cent stades; la ville de Barcès est éloignée de la mer de cent stades. Du port de Barcès aux Hespérides, il y a six cent vingt stades.[44] . ………………………………………... le golfe Phycos ; là est le jardin des Hespérides. Ce lieu a dix-huit orgys de profondeur. Escarpé de tous côtés il ne présente nulle part un accès facile; il a la forme carrée, et son étendue en tout sens est de deux stades. Ce jardin est couvert d’arbres très épais et entrelacés les uns dans les autres ; les principaux sont le loto, des pommiers de toute espèce, des grenadiers, des poiriers, des arboisiers, le mûrier, la vigne, le myrte, le laurier, le lierre, l’olivier, l’olivier sauvage, l’amandier et le noyer. Outre les divers lieux dont j’ai parlé et qui sont auprès de ce jardin, il y a Ampelos, éloigné d’Apis de trente stades; Chersonnèse, remarquable par la variété de ses jardins; Zenertes, Tauchira, le bourg Caucalos, et la ville et le port des Hespérides, dont les murs sont baignés par le fleuve Ecceios. Ces divers lieux sont épars sur les bords de la mer, les uns du côté de Chersonnèse des Aulides, les autres en face de Cyrènes, et ceux-ci sous le vent jusqu’aux Hespérides.

Lorsque vous avez quitté ce dernier lieu, vous trouvez un grand golfe qu’on appelle Syrtis, qui peut avoir quatre vingt stades d’ouverture. Sa largeur depuis les Hespérides jusqu’à la ville de Néapolis, située sur son rivage, est de trois jours et trois nuits de navigation. Ce pays est habité par les Nasamones, nation libyenne qui s’étend sur la ligne gauche du golfe jusqu’à l’extrémité de sa profondeur. Au-delà sont les Libyens proprement dits. Depuis Syrte jusqu’à l’embouchure de ce golfe, vous voyez les Maces qui, pendant l’hiver; réunissent leurs troupeaux sur les bords de la mer. Pendant l’été, comme l’eau leur manque dans cette région, ils vont les faire paître dans l’intérieur des terres. Au-delà de Syrtis, vous trouvez une vaste et magnifique campagne, au milieu de laquelle est la ville déserte de Cinyps. De Néapolis à Syrtis, il y a quatre vingt stades de chemin. Près de cette dernière est le fleuve Cinyps, au-dessous de l’embouchure duquel est une île. La profondeur de ce golfe depuis les Hespérides jusqu’aux autels de Philainos peut être parcourue en trois jours et trois nuits; mais sa largeur, à partir du fleuve Cinyphe jusqu’aux îles Blanches, comporte une navigation de quatre jours et de quatre nuits.

Une tribu libyenne, connue sous le nom de Lotophages, habite le pays qui s’étend au-delà de Syrtis jusqu’à l’embouchure du second golfe du même nom. Ces peuples emploient le loto tant pour leur nourriture que pour leur breuvage. Après avoir passé la ville de Néapolis, vous trouvez celle de Graphara, qui est dans la dépendance des Carthaginois. Ces deux villes sont éloignées l’une de l’autre d’un jour de chemin. Celle d’Abrotone est à la même distance de Graphara; et d’Abrotone à... il y a la même étendue de chemin. En face de celle-ci est une île appelée Brachion; c’est dans cette île, dont la longueur est de trois; cents stades, et la largeur un peu moindre, qu’habitent les Catarichiens. Elle est éloignée d’environ trois cent stades du continent; là, naît le loto ; il y en a de deux espèces. L’une sert à la subsistance des habitants; et avec l’autre ils font du vin la grosseur de ce fruit est égale à celle du fruit de l’arboisier. Ils font beaucoup d’huile avec le fruit de l’olive sauvage. Le territoire de cette île est très fécond, et outre les fruits en abondance qu’il produit, on y récolte aussi du froment et de l’orge. Pour aller de Tarichie dans cette île, on emploie un jour de navigation. Vient ensuite la ville d’Epichon qui en est éloignée d’un demi-jour. Vis-à-vis, d’elle est une île déserte. Plus loin est l’île Cercinnitis, avec une ville. A une journée et demie de navigation est Thapsos la petite, sise dans le golfe Tritonites, où est aussi le petit golfe Syrtis, appelé Cercinnitique, où la navigation est beaucoup plus dangereuse et difficile que dans l’autre Syrtis. La petite Syrtis a deux mille stades de diamètre. Là est l’île Tritonos; à l’embouchure du fleuve du même nom est le temple de Minerve Tritonienne. L’ouverture de ce golfe est très petite, et il s’y forme une île lorsque la mer se retire. Ses bas fonds sont tels qu’à la haute marée même, les vaisseaux ne peuvent en approcher. Le lac que forment ici les eaux de la mer, est très grand. Son diamètre est d’environ mille stades. Ses côtes sont entièrement habitées par des Libyens, dont la ville capitale est au couchant. Tous ces Lybiens sont beaux hommes, de couleur blonde, et sans parure artificielle. Le pays qu’ils habitent est très riche et très fécond. Ils ont de nombreux troupeaux, d’une espèce très belle. Aussi, sont-ils aussi opulents qu’ils sont remarquables par la richesse de leur taille.

Après avoir traversé cette Syrte, vous trouvez Acapœis, éloignée d’Adrymète de trois jours. Plus loin, à un jour et demi de navigation, est le promontoire Hermès, sur lequel est une ville. Si de Néapolis à l’autre mer qui baigne les murs de Carthage, vous faites la route par terre, en traversant l’isthme, vous trouverez cent quatre vingt stades. Ce pays forme une péninsule dans lequel il y a beaucoup de défilés. Si vous jugez à propos de vous embarquer, vous faites la même route en un jour et demi. Vous savez que le territoire de Carthage est dans un golfe.

Lorsque vous avez traversé l’isthme, vous apercevez Carthage, ville bâtie par les Phialiens, avec un port. Du promontoire Hermès jusqu’à Carthage, il n’y a qu’une demi-journée de navigation. En face de ce promontoire sont les îles Pontia et Cosyros. Cette dernière en est éloignée d’un jour de navigation. Un peu au delà de ce même promontoire, vers le soleil levant, on aperçoit trois petites îles habitées par les Carthaginois; la ville de Melita avec un port, celle de Gaulos et celle de Lampas où sont deux à trois tours qui servent de fanaux aux navigateurs. De Cosyros au promontoire de Lilybée en Sicile, il y a un jour de navigation. Après Carthage, et à une distance d’un jour de navigation, est la ville d’Utique. De cette dernière au promontoire du Cheval, il y a …[45] sur ce promontoire est une ville du même nom et un lac dans lequel il y a des îles. Les villes bâties sur les bords de ce palus et dans les îles, sont... et Collops la grande, en face de laquelle sont les îles Naxique et Pittecusa, avec un port. Dans ces mêmes parages sont l’île d’Eubée, où est une ville; Thapsa et Caucasis ville et ports; la ville de Sida, le promontoire de Iol, sur lequel est une ville avec un port ; la ville d’Ebdomos avec un port, l’île d’Aciurn, dans laquelle sont une ville et un port ; et l’île Psamathos, qui a une ville, un port et un golfe. C’est dans ce golfe qu’est l’île Bartas avec un port. On trouve aussi dans ces lieux la ville de Cherea, sur le fleuve, celle d’Arylon, celle de Mes avec un port, celle de Sigon avec un port, et en face de laquelle est l’île d’Acia; celle de Me… avec un port, celle d’Acra sur un havre, l’île déserte de Drinaupa, la colonne d’Hercule, le promontoire de Libye, et la ville d’Apanytie sur un fleuve. A l’opposite de cette dernière sont les îles Gadès. Si votre navigation est heureuse, vous employez sept jours et sept nuits à parcourir l’espace qui sépare la ville de Carthæ des colonnes d’Hercule. Les îles Gadès, dont une a une ville, appartiennent l’Europe. Là sont les colonnes d’Hercule, Celle qui est en Libye est très petite, et celle qui est en Europe est très élevée; éloignées l’une de l’autre d’un jour de navigation, elles se tournent le dos.

Si vous suivez le calcul que j’ai employé pour les distances d’Asie et d’Europe, vous trouverez qu’en parcourant les diverses sinuosités que fait la mer, il vous faudra soixante cinq jours un quart pour parcourir toute la Libye, depuis l’embouchure Canopique qui est en Egypte, jusqu’aux colonnes d’Hercule. Toutes les villes, tous les comptoirs que j’ai passé en revue sur la Libye, depuis le golf Syrtis, auprès des Hespérides jusqu’aux colonnes d’Hercule, appartiennent aux Carthaginois. Si vous passez les colonnes d’Hercule, en laissant la Libye à gauche, vous rencontrez un grand golfe qui se prolonge jusqu’au promontoire Hermès ; car il y a encore ici un promontoire de ce nom. Au milieu du golfe est la ville de Pontium, près de laquelle est un grand lac, parsemé de plusieurs îles: les bords de ce lac sont jonchés de roseaux, de troènes, de plantes arborescentes épineuses, et de joncs. On y voit aussi des pintades; et c’est le seul endroit où elles se trouvent. Le lac porte le nom de Cephesias, et le golfe, qu’il ferme, celui de Cotès. Le promontoire Hermès, sur lequel sont les colonnes d’Hercule, se trouve au milieu. Au delà sont de vastes déserts qui s’étendent depuis la Libye jusqu’en Europe, et sur lesquels on ne trouve aucun fruit. Cette solitude est la même sur le promontoire d’Europe, qui est opposé à celui-ci. Il s’appelle le promontoire sacré.

Au delà du promontoire d’Hermès, est le fleuve Adonis, qui va se jeter dans le grand lac. On trouve ensuite le grand fleuve Lixos, sur les bords duquel est une ville phénicienne du même nom, et, en face d’elle, sur le bord opposé, une autre ville avec un port. Après le fleuve Lixos vient le Crabis, sur lequel est Thymiateria, ville phénicienne avec un port. En sortant de cette dernière ville, vous découvrez le promontoire de Solœnte, qui s’avance beaucoup dans la mer. Cette, région-là est la plus célèbre de la Libye. C’est-là que viennent les différents peuples qui habitent, pour y exercer leur piété envers les Dieux. Au haut du promontoire est un grand autel consacré à la douleur et à Neptune. Sur cet autel, que l’on dit construit avec beaucoup d’art, sont des images de lions, de dauphins. Sur le promontoire Solœnte, coule un fleuve qu’on appelle Xion, et dont les bords sont habités par une tribu d’Ethiopiens, appelés sacrés. Près de là est l’île Cerné.

La navigation, depuis les colonnes d’Hercule jusqu’au promontoire Hermès, est de deux jours depuis ce dernier lieu jusqu’au promontoire de Solœnte, de trois jours; et de Solœnte jusqu’à Cerné, de sept jours. Tout ce trajet depuis les colonnes d’Hercule jusqu’à l’île de Cerné, est de douze jours. Les mers qui sont au-delà de cette île, ne sont plus navigables, à cause de bas-fonds, des bancs de sables, et de l’algue marine qui couvre sa surface. Cette plante a une palme de largeur, et elle finit en une pointe tellement acérée, qu’elle tranche tout ce qui s’offre sur la surface de l’eau.

Tous les comptoirs qui sont dans ces parages, appartiennent aux Phéniciens. Lorsqu’ils arrivent dans l’île de Cerné, ils amarrent leurs bâtiments, tendent leurs tentes et, à l’aide de petits vaisseaux plats, ils transportent leurs marchandises sur le continent. Ceux avec lesquels ils trafiquent, sont les Ethiopiens. Ils leur vendent des peaux de cerfs et de lions, et des pierres précieuses, des peaux et des dents d’éléphants, et des troupeaux de bêtes domestiques. Les plus riches ameublements de ces Ethiopiens consistent dans des vases ciselés et dans des bouteilles d’ivoire: Les femmes ont pour ornement des bracelets d’ivoire. Ils emploient aussi cette parure pour décorer leurs cheveux Ces peuples sont, de tous ceux que nous connaissions, les plus grands; car ils ont plus de quatre coudées de haut : quelques uns même ont jusqu’à cinq coudées. Ils portent la barbe et les cheveux longs; ce sont les plus beaux hommes de la terre. Celui qui, parmi eux, a la plus belle taille devient leur chef. Ils sont excellents cavaliers, et archers très adroits. Ils décochent leurs flèches, durcies au feu, avec une dextérité merveilleuse Les négociants Phéniciens portent aussi à ces peuples de l’onguent d’Egypte, des béliers châtrés, des tuiles attiques et des vases. C’est pendant les fêtes de la nation que se fait ce commerce de la vaisselle. Les Ethiopiens sont carnivores et emploient le lait pour leur boisson; cependant ils ont l’usage du vin qu’ils tirent en abondance des vignes qu’ils cultivent. Ils ont une grande ville où les Phéniciens vont porter leurs marchandises. Quelques-uns prétendent que les Ethiopiens habitent un vaste territoire qui confine par l’intérieur des terres à l’Egypte, et de l’autre à la mer. Ils assurent que la Libye n’est autre chose qu’une presqu’île.

Passage par la mer d’Europe en Asie, en suivant la ligne droite.

Ce passage commence à l’Euripe qui est auprès de Chalcis. De là à la Gerœste, il y a sept stades; de Gerœste à Pæonium d’Andros quatre vingt stades; d’Andros à Aulone deux cent quatre vingt stades; d’Aulone à Tenos douze stades; de l’extrémité de cette île jusqu’au promontoire Rhené cent cinquante stades; le trajet de ce promontoire est de quarante stades; celui de Rhéné jusqu’à Mycone autant; de Mycone aux rochers Melantios, environ quarante stades; de ces rochers jusqu’à Icare, vous naviguez une demi-journée. La longueur de cette île et de trois cents stades; d’Icare à Samos le trajet est d’une demi-journée

L’île de Samos a deux cents stades de longueur, de Samos à Micale le trajet est de sept stades, et si en partant le matin de Samos, vous faites deux mille trois cent soixante-dix stades[46] …………… il y a un autre passage qui conduit droit à Cythère qui a sept cent stades. La longueur de cette île est de cent stades. Vous pouvez aller à Egine dans une demi-journée. L’île de Crète a deux mille cinq cents stades de longueur. De cette île à Carpathos, il y a cent stades; et de Carpathos à Rhodes autant : la longueur de cette dernière île est de six cents stades. De Rhodes en Asie il y a cent stades. Tout ce trajet forme un diaphragme de deux stades d’étendue.

GRANDEUR DES ILES.

On compte vingt principales îles, dont la plus grande est la Sardaigne. Viennent ensuite successivement et suivant l’ordre de leur étendue, celles de Sicile de Crète, de Chypre de l’Eubée, de Corse, de Lesbos, de Rhodes, de Chio, de Samos, de Corcyre, de Casos, de Céphallénie; de Naxos, de Lemnos, d’Egine, de Thasos.

 

 

 

 


 

[1] Gadès ou Gadire, dans la Bœtique, aujourd’hui province d’Espagne, est très célèbre parmi les anciens géographes Cette ville fut fondée par les Tyriens, les créateurs du commerce et de la marine sur les côtes d’Europe et d’Afrique. Elle était située dans une île peu étendue, mais jointe par une chaussée à une autre île, que sépare de la terre ferme un canal semblable à celui d’une rivière, et à l’ouverture duquel dans la mer, un monticule isolé portait un temple consacré à Hercule. C’est-là qu’étaient les colonnes qui portaient le nom de ce héros. On ignore l’origine de ce monument mais on est porté à croire que le premier voyageur, nommé Hercule, qui ait osé aller si loin, le fit construire pour éterniser la mémoire de son audacieuse expédition. Dans la suite, un autre voyageur, ayant poussé ses découvertes jusques aux Hespérides, sur la côte d’Afrique, y consacra celles dont parlera Scylax dans ce voyage.

[2] Le texte est ici assez obscur. Il signifie: là est un comptoir, et une ville grecque, appelée Emporien; mais ce qui prouve qu’il y a du désordre dans le texte c’est que les mots ville grecque est à l’accusatif, quoiqu’il dût être au nominatif.

[3] C’est le Rhône.

[4] Le texte porte jusqu’à Antium; mais Vossius croit qu’il faut substituer Arnum à Antium.

[5] Ici manquent plusieurs lignes du texte, qui contenaient le dénombrement des colonies marseillaises.

[6] La ville de Pise n’est pas exprimée dans le texte.

[7] C’est le Pô.

[8] Ici le texte est très corrompu. Nous l’avons plutôt interprété que traduit.

[9] C’est ici pour la première fois que nous trouvons la qualification de barbares donnée aux étrangers par un auteur grec.

[10] Ces pierres étaient sans doute un monument du nombre de ceux qui les peuples de l’antiquité étaient dans l’usage de consacrer à leurs Dieux ou à leurs héros.

[11] Isaac Vossius remarque avec raison que cet endroit du texte est le plus corrompu de tout l’ouvrage de Scylax. Ce serait même inutilement qu’on s’efforcerait de le corriger.

[12] La ville d’Ambracie, colonie corinthienne, était située auprès d’un golfe du même nom. Le fleuve Arethon coulait à son couchant, et au-devant était une forte citadelle. Ses murs, qui jouissaient d’une grande réputation, avaient 2268 toises de circuit.

[13] Ce temple, bâti sur le bord de la mer, était dédié à Neptune. Auprès était un antre consacré à Vénus. C’était là que les jeunes veuves venaient demander à la Déesse un nouvel époux.

[14] C’est sans doute la ville que Scylax désigne ici par ces mots bourg Béotique, τέιχως τῶν βοιωτων, car cette ville, l’une des plus anciennes de la Grèce, existait au temps de ce géographe. Il en parle plus bas.

[15] Il doit paraître étonnant que notre géographe ne dise pas un seul mot de la ville de Sparte, qui était la capitale de la république de Lacédémone. Cela prouve que ce qui nous reste de Scylax n’est que le sommaire d’un plus grand ouvrage.

[16] La principale de toutes était Gnosse qui fut longtemps la capitale de l’île. A quelque distance de cette ville, on voyait une caverne, creusée au pied du mont Ida, où l’on montrait le tombeau de Jupiter. Sur l’un des parvis de cette caverne, on lisait l’inscription suivante, tracée en anciens caractères : c’est ici le tombeau de Zeus. Ce Jupiter, qui devint dans la suite le père des Dieux, fut sans doute quelque roi fameux par ses conquêtes ou par sa législation.

[17] Ces îles portaient le nom de Cyclades, parce qu’elles formaient une espèce de ceinture autour de Délos Sésostris, roi d’Egypte, en soumit une partie Minos ; roi de Crète, en gouverna quelques-unes par ses lois ; et les Phéniciens, les Cariens, les Perses, les Grecs, toutes les nations qui ont eu l’empire de la mer, les ont successivement conquises ou peuplés. Elles appartiennent actuellement à l’empire ottoman. Voyez plus bas.

[18] Les Trœzéniens, comme la plupart des autres Grecs étaient fort orgueilleux de leur origine. Lorsqu’un étranger arrivait dans leur ville, on ne négligeait pas de lui tracer l’histoire, vraie ou fabuleuse, de ses anciens rois, et des héros qui avaient paru dans cette contrée. On y montrait le siège où Pithée, fils de Pélops, rendait la justice; la maison où naquit Thésée, son petit-fils; celle qu’habitait Hyppolite, son temple, où les filles de Trœzène déposaient leur chevelure avant de se marier ; la chapelle dédiée à Vénus, où Phèdre se cachait pour le voir, lorsqu’il poussait son char dans la carrière le lieu de la sépulture de ce héros auprès du tombeau de Phèdre; enfin un édifice en forme de tente, où fut relégué Oreste pendant qu’on le purifiait.

[19] La ville d’Epidaure était célèbre dans l’antiquité, par son temple d’Esculape On s’y rendait de toutes les parties de la Grèce, pour s’y faire guérir. Ce Dieu était représenté dans son temple, par un serpent vivant. Dans cette région, les serpents sont très familiers; et, là, comme à Pella, capitale de la Macédoine, les femmes mêmes se faisaient un plaisir d’en élever; comme nous faisons les oiseaux. Dans les grandes chaleurs de l’été, elles les entrelaçaient autour de leur cou, en forme de collier; et dans leurs orgies, elles s’en paraient comme d’un ornement, ou elles les agitaient au-dessus de leur tête.

[20] La Mégaride séparait les états d’Athènes de ceux de Corinthe On y voyait qu’un petit nombre de villes et de bourgs. Mégare, qui en était la capitale, tenait autrefois au port de Nisée par deux longues murailles que les habitants se crurent obligés de détruire, environ un siècle avant Périclès.

[21] Le nombre des stades manque dans le texte. La distance devait être d’environ 490 stades.

[22] Scylax désigne ici l’île de Chio, qui, si le texte n’est pas corrompu, s’appelait alors Ios. Les habitants de cette île prétendaient, en effet, qu’Homère avait pris naissance chez, eux, et y était enterré. Du temps d Périclès, on y voyait encore une famille, qui, sous le nom d’Homérides, prétendait, descendre de ce poète. Ces Homérides savaient, par cœur tous les vers d’Homère, et s’empressaient de les réciter aux étrangers, vêtus d’une robe magnifique, et la tête couverte d’une couronne d’or.

[23] On trouve ici dans le texte, la ville d’Abydos à côté de celle de Sestos, comme si elles étaient voisines l’une de l’autre, quoiqu’elles fussent séparées par la Propontide. C’est sans doute la faute du copiste, qui, ayant entendu parler des amours de Héro et de Léandre, a cru que les deux châteaux, où ces deux amants faisaient leur résidence étaient contigus. On sait que, quoiqu’ils fussent vis-à-vis l’un de l’autre, l’un était en Europe, l’autre en Asie.

[24] Les anciens géographes distinguaient deux Bosphore, le Bosphore Cimmérien et le Bosphore de Thrace. Le premier joignait le Paléus Méotide au pont Euxin. Celui de Thrace séparait l’Europe de l’Asie. Sa longueur, depuis le temple de Jupiter jusqu’à Byzance, aujourd’hui Constantinople, était de cent vingt stades; mais sa largeur était inégale. C’est vers le milieu de ce canal que Darius, roi de Perse, ut passer sur un pont de bateaux, sept cent mille hommes, qu’il conduisit contre les Scythes.

[25] L’auteur lui-même n’en compte que sept. Il y a donc erreur ou omission dans le texte.

[26] Ce sont sans doute, les Sarmates, appelés depuis Polonais.

[27] La Volga, le Danube et le Rhône.

[28] On ne connaît dans la Colchide aucune ville qui a porté le nom de Malé. Isaac Vossius croit qu’il faut y substituer celle de Cytea, qui fut en effet la patrie de Médée. Unde, dit-il, crebro pœtœ medem vocant Cyteida virginem, quod notissimum. Je ne crois pas non plus que les Achéens doivent figurer parmi les peuples dont on vient de lire le dénombrement.

[29] Ce nom qui, en français, signifie petite tête, était sans doute un sobriquet qu’on avait donné à cette colonie qui avait été fonder la ville de Trapezunte (Trébizonde).

[30] Il manque ici dans le texte le nom d’une ville. Je crois que c’est Lycastos, qui portait le même nom que le fleuve.

[31] Hygin, dans ses astronomiques, assure que c’est ce Cléostrate qui le premier découvrit les deux béliers qu’on aperçoit dans la constellation du charriot. Censorin lui attribue aussi la découverte de l’octadéride, ou révolution en huit années, pour calculer celles des astres.

[32] Si nous traduisions littéralement ces mots Κρατῆρες Αχαιῶν, nous dirions les tasses ou les gobelets des Achéens. Nous ignorons ce que veut dire ici notre géographe. Vossius croit qu’il désigne les marais que forment les eaux du Simœnte et du Scamandre à leur confluent, et qu’il se sert du mot tasse, pour signifier le vase qui reçoit le limon que ces deux fleuves charrient dans leur course.

[33] On sait quel rôle Homère fait jouer à ce grand prêtre dans son Iliade.

[34] Il manque ici quelque chose au texte.

[35] Scylax oublie ici Ariaba, qui était l’une des villes de Lesbos. Cette île, qui avait onze cents stades de diamètre, fut la patrie du sage Pittacus, du poète Alcée, et de l’aimable Sapho. L’histoire de cette île est, comme celle toutes les démocraties, une suite de révolutions plus sanglantes les unes que les autres. Malgré l’agitation continuelle où étaient ses habitants, elle était le séjour des plaisirs et de la volupté, ou plutôt de la licence la plus effrénée. On se piquait surtout à Lesbos de bien jouer de la Cythare. Les noms d’Arion, de Méthymne et de Terpandre d’Antissa, décorent la liste de ses nombreux musiciens.

[36] Cette ville, l’une des plus anciennes de l’Asie mineure, fut détruite par les Lydiens. Elle a été rebâtie depuis; et elle est aujourd’hui l’un des principaux comptoirs du Levant. A une légère distance de cette ville, on voyait autrefois une grotte d’où s’échappait un petit ruisseau nommé Melès. C’est-là que les Smyrnéens disaient qu’Homère avait composé ses ouvrages; aussi la considéraient-ils comme un monument sacré. Ses nouveaux habitants conservent la même tradition. Varron, dans son premier livre des portraits, place l’inscription suivante au bas du portrait de cet illustre poète: « Ce petit temple de marbre blanc couvre le tombeau d’Homère. C’est un autel où les Jetes viennent sacrifier à son immortel génie ».

[37] Peut-être faut-il lire Gera ou Era. C’est le sentiment d’un savant qui a enrichi de notes marginales l’exemplaire de l’ouvrage de Scylax, sur lequel nous faisons cette traduction. Vossius croit au contraire qu’il s’agit ici d’Agara, que Ptolémée dit faire partie de la Lydie.

[38] On connaît le temple d’Ephèse, aussi célèbre par son antiquité que par sa grandeur. Il fut brûlé par un particulier, nommé Hérostrate, qui comme mille autres brigands de nos jours, n’eut d’autre dessein en commettant un si grand forfait, que d’éterniser sa mémoire La diète générale des peuples de l’Ionie publia un décret pour condamner ce nom fatal à l’oubli; mais cette défense même contribua à en perpétuer le souvenir.

[39] C’est de cette île qu’était Scylax, l’auteur de ce voyage. La manière rapide avec lequel il parle de sa propre patrie, prouve bien que ce n’est ici que le sommaire très imparfait d’un grand ouvrage.

[40] L’île de Rhodes, appelée originairement Ophiusa, ou l’île aux serpents, fut, pour ainsi dire, le berceau du commerce et de la marine. On connaît et ses lois maritimes, et les nombreuses colonies qu’elle a établies en Italie, en Sicile et jusques aux pieds des Pyrénées. Elle a produit beaucoup d’artistes et de gens de lettres. Son colosse, a. soixante-dix coudées de haut, entre les jambes du quel les vaisseaux passaient avec leurs mâts, est l’une des sept merveilles du monde.

[41] Il manque ici quelque chose dans le texte, qui d’ailleurs n’est pas fort clair.

[42] Si le texte de Scylax n’est pas corrompu ici, il paraîtrait que les Phéniciens et les Tyriens formaient deux peuples distincts, et que chacun d’eux avait le siège de son gouvernement dans une ville appelée Tyr. L’une de ces villes était éloignée de la mer de huit stades, et l’autre de quatre. Je n’ai vu nulle part qu’ici ce fait historique. Tout ce qui suit est d’ailleurs fort obscur; et les anciens manuscrits sont ici fort mutilés.

[43] Ici était, sans doute, la description des bouches du Nil mais ce morceau est perdu.

[44] Ici est encore une grande lacune dans le texte.

[45] Il y a encore un vide dans le texte.

[46] Il manque plusieurs choses ici dans le texte.