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RUFUS D'ÉPHÈSE.

PRÉFACE

 

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

RUFUS D’EPHESE

 

PRÉFACE.

 

M. Ch. Daremberg écrivait en 1851, dans les premières pages des Œuvres d'Oribase publiées par lui avec M. Bussemaker : « La publication de Rufus suivra de près celle du premier volume d'Oribase.[1] »

Une série de circonstances dont le détail serait inutile a mis obstacle à la réalisation de cette promesse, soit avant, soit depuis la mort de M. Daremberg, et c'est seulement dans le courant de 1877 qu'il a été possible de songer à terminer la publication de Rufus, poussée par le savant médecin-philologue jusqu'à la page 246 de ce volume. Ce n'est pas à dire que M. Daremberg soit resté entièrement étranger à la préparation de ce qui vient ensuite. Sans considérer ce que son continuateur pourrait gagner ou perdre à ne pas fixer sa part de responsabilité, il nous répugnerait à tous égards de laisser cette question dans le vague.

MM. J.-B. Baillière et fils nous ont mis entre les mains l’apparatus de notre regrettable ami, où nous avons trouvé la majeure partie des textes qui restaient à publier, ainsi que des collations de manuscrits non encore utilisées. Les traductions françaises de ces textes sont notre œuvre. En l'accomplissant, nous avons eu, le plus souvent, à établir le texte grec que notre prédécesseur avait simplement transcrit ou fait transcrire en y joignant des collations. Il n'avait laissé que des indications très sommaires sur les manuscrits consultés par lui ou pour lui. Quant à la notice sur la vie et les œuvres de Rufus, annoncée dans le cours de la partie qu'il a imprimée lui-même, rien des matériaux qui ont pu être réunis par ses soins dans cette vue ne figurait parmi ceux de ses papiers qui nous ont été remis.

Il nous eût été complètement impossible de songer à terminer cette publication, si nous n'avions eu lieu de compter sur la haute direction et les conseils d'un savant académicien, l'ami et le maître de M. Daremberg, le traducteur d'Hippocrate. M. E. Littré nous a soutenu et guidé dans cette tâche. Il a certes plus que nous-même bien mérité de Rufus. Pour l'économie générale du travail, nous nous sommes, autant que possible, conformé au « Plan de la collection » exposé par M. Ch. Daremberg en tête des Œuvres d'Oribase, et nous avons souvent recouru, chemin faisant, aux conseils et aux indications de M. Ém. Egger, dont l'obligeance n'a d'égale que son érudition si variée.

 

I.

RUFUS D'ÉPHÈSE.

 

Bien que Rufus ait été célèbre dans l'antiquité, on ne sait rien ou presque rien de sa vie. L'auteur du Kitab el-Hokama, ouvrage de biographie médicale écrit en arabe, et plus tard Grégoire Aboulfaradj (Histor. dynast., IV, p. 59, édit. Pocock), l'ont fait contemporain de Platon. Jean Tzetzès le présente dans ses Chiliades (VI, xliv, vers 300) comme ayant été le médecin de la reine Cléopâtre.[2] L'opinion à laquelle s'est arrêtée la critique le place avec Suidas sur la limite du ier et du iie siècle de notre ère, au temps de l'empereur Trajan. Galien, né lui-même l'an 131, compte Rufus parmi les νεώτεροι. (De atra bile, chap. i.) Il faut noter que Damocrate, qui a écrit sous Tibère, le cite déjà comme une autorité. On a dit que les écrits de ce médecin ne fournissaient aucune donnée sur sa vie. Toutefois, d'après un passage de son traité De l'interrogatoire des malades, il fit un voyage et peut-être même un séjour de quelque durée en Egypte. M. Daremberg exprimait, en 1870, l'opinion que Rufus a résidé à Rome (Histoire des sciences médicales, t. I, p. 190); mais nous ignorons sur quelles données.

On peut, en outre, se faire une idée de son caractère moral, de sa valeur scientifique et littéraire. Quoi qu'en ait dit G. Aboulfaradj, qui paraît avoir confondu Rufus avec un autre médecin de l'antiquité, Galien se range à l'avis de son devancier plus souvent qu'il ne le réfute. Les écrits de Rufus font voir en lui un esprit généralement droit, inspiré par la philosophie aristotélique, cherchant à donner la raison des faits et des prescriptions. Il distingue avec une grande précision les variétés de chaque maladie, en détaille avec soin le traitement, et ne se départ jamais d'une méthode rigoureuse. M. Daremberg l'a déjà dit ailleurs: d'après Haller, Rufus est le premier qui ait décrit le chiasma des nerfs optiques. Il reconnaissait deux ordres de nerfs, ceux de mouvement et ceux de sentiment. Ackermann (dans la Bibliothèque grecque de Fabricius, édit. Harles, t. IV, p. 715) a porté, sur le style de Rufus, ce jugement auquel on souscrira : « Dictione utitur attica, simplici, gravi, concisa, et brevitate omni verborum pompa ornatiore. » Un de ses éditeurs, Clinch, l'avait déjà loué pour la netteté et la simplicité de son style. (P. xvii.) Frédéric Dübner écrivait à M. Daremberg : « J'ai toujours regardé Rufus comme un écrivain sérieux, très bon et fort intéressant, même pour les ἀνίατροι tels que moi : son style a un cachet à lui, ce que l'on ne peut pas dire d'un grand nombre. » (Lettre inédite du 28 juillet 1859)

On voit par ses écrits qu'il était à la fois praticien et professeur. Il étudia l'anatomie sur le singe. Il se fit un nom dans la botanique médicale. Haller a fait ressortir son mérite en botanique, en anatomie et en thérapeutique.[3] S'il faut en croire Galien, Rufus connaissait à fond les livres hippocratiques.[4] Il fit faire plus d'un pas à la science et à la pratique. Ainsi Clinch remarque que, sur la question du contenu des veines et des artères, la doctrine d'Erasistrate, renversée par Galien, avait été déjà fortement ébranlée par Rufus d'Éphèse, qui établissait la présence et du sang et du pneuma dans les artères aussi bien que dans les veines. (Voir plus loin, p. 183.) Le même éditeur signale aussi ce fait que Rufus paraît avoir reconnu, dans la cavité de l'utérus, certains vaisseaux dont la connaissance avait échappé à ses devanciers. (Voir p. 159.) Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir M. Daremberg, dans son Histoire des sciences médicales (résumé de ses leçons publié en 1870), s'exprimer ainsi (t. I, p. 10) : « Si l'on avait soigneusement consulté les archives de la médecine, on aurait depuis longtemps trouvé … dans Rufus, dans Soranus, dans Héliodore et dans Galien, la torsion des artères; dans Hérophile et dans Rufus, toute une théorie des mouvements du pouls, mouvements qu'on apprécie aujourd'hui à l'aide d'instruments ingénieux. »

La sculpture antique ne nous a pas laissé la représentation de la figure de Rufus; mais un manuscrit de Dioscoride remontant au vie siècle,[5] conservé à Vienne et décrit par Lambécius, renferme des dessins reproduits en partie par ce bibliographe (Biblioth. Cœsar., t. II, p. 566), par J. P. Bellori (ad calcem Illustr. philosophorum, pœt., rhetor. rom., 1685, in-folio), et par Gronovius (Thésaurus antiq. grœc, t. III, tab. CCCC). Deux de ces dessins représentent, l'un, Chiron, Machaon, Pamphile, Xénocrate, Niger, Héraclide (de Tarente ?) et Mantias, l'autre, Galien, Cratevas, Apollonius (de Cittium?), Andréas, Dioscoride, Nicandre et Rufus. La ressemblance de notre auteur, bien que le dessin soit treize fois séculaire, n'est guère plus certaine pour nous que celle du centaure-médecin qui commence cette curieuse galerie.[6]

Le récent ouvrage d'histoire médicale du docteur Lucien Leclerc[7] renferme les informations suivantes sur la place occupée par Rufus d'Éphèse dans le mouvement scientifique qui s'est produit chez les Arabes au xie siècle (t. I, p. 230, et suiv.) :

« Rufus, dit Ebn Abi Ossaïbiah, naquit à Ephèse et fut le premier médecin de son temps.[8] Galien l’a cité et en faisait grand cas. Le Fihrist n'est pas plus explicite, et le Kitab el-Hokama, suivi par l'auteur des Dynasties, le fait contemporain de Platon, etc. On croit généralement que Rufus vivait au commencement du second siècle. »

Suit la liste des écrits de Rufus donnée par Ebn Abi, dont nous avons tiré parti plus loin.

« Si les biographes arabes ne nous fournissent aucun renseignement sur les traductions de Rufus, il n'en est pas moins incontestable que ses ouvrages ont été traduits en arabe. Nous en ayons la preuve dans les nombreuses citations que nous rencontrons dans Sérapion, dans Mésué, dans le Continent de Rhazès et dans les Simples d'Ebn el-Beïthar.[9] »

Nous ne pouvons mieux faire, pour exposer synoptiquement l'œuvre conservée de Rufus et l'économie de la présente édition, que de reproduire, avec des détails et des notes complémentaires, la notice que M. Ch. Daremberg a consacrée à cet auteur dans son Plan de la collection des médecins grecs et latins. (Œuvres d'Oribase, t. I, p. xxiii.)

Ce que nous connaissons de Rufus d'Ephèse consiste en fragments qui se trouvent dans divers autres médecins grecs et arabes, surtout dans Oribase, dans Aétius,[10] dans Paul d'Égine et dans Rhazès, et en véritables traités malheureusement trop peu nombreux.

Des trois ouvrages de Rufus qui sont arrivés jusqu'à nous, l'un traite des maladies de la vessie et des reins, l'autre du nom qu'ont reçu les diverses parties du corps, le troisième de la goutte.[11]

De Matthæi a publié le premier traité avec plus de deux cents lacunes, d'après deux manuscrits, l'un de Moscou, l'autre d'Augsbourg.[12] Je suis parvenu à combler toutes ces lacunes, soit par la collation de sept autres manuscrits,[13] soit par la comparaison du texte original avec les fragments qui font actuellement partie de la Collection médicale et de la Synopsis d'Oribase, de la Tétrabiblos d'Aétius et de l'Encyclopédie de Paul d'Égine. J'ai eu soin de collationner tous ces fragments sur les meilleurs manuscrits d'Oribase, d'Aétius et de Paul.[14]

Le texte du traité Du nom des parties a été publié d'abord par Goupyl (1554) et reproduit ensuite avec toutes les fautes par Clinch (1726). J'ai collationné ce texte sur plus de dix manuscrits. Le plus important est sans contredit celui de la collection de Nicétas, qui se trouve à Florence. Je dois la collation du manuscrit de Turin à mon ami M. Maury, sous-bibliothécaire à l'Institut.[15] Des gloses en partie inédites, faites aux dépens d'un ouvrage de Soranus analogue à celui de Rufus, et que j'ai copiées dans un manuscrit du Vatican, ajouteront un nouvel intérêt au traité de Rufus.

Le traité De podagra n'est connu qu'en latin ; il a été publié pour la première fois par M. Littré dans la Revue de philologie (t. I, 1845, p. 229 et suiv.). Il existe aussi dans Rhazès des fragments de ce traité qui pourront servir à corriger, pour quelques passages, le texte donné par M. Littré.

La collection des fragments de Rufus, déjà connus ou découverts par moi, est très considérable. M. Munck l'enrichira de plusieurs morceaux tirés d'ouvrages arabes ou persans.[16]

Après avoir réuni et résumé à peu près tout ce que l'on sait sur les traités conservés en tout ou partiellement et publiés dans cette édition, nous énumérerons les autres portions de son œuvre. On aura d'abord sous les yeux la nomenclature dressée par Ackermann (nos 1 à 27);[17] ensuite une liste supplémentaire formée avant nous d'après les historiens ou médecins arabes (nos 28 à 73);[18] puis un second et dernier supplément renfermera les titres des écrits non encore signalés dont l'indication nous aura été procurée par les compilations d'Oribase et surtout de Rhazès (nos 74 à 102). Quant à la question de savoir si les titres relevés dans cette triple nomenclature désignent un traité proprement dit ou un simple chapitre, nous avons dû souvent renoncer à la résoudre. La plupart des éléments dont l'ensemble constitue la liste raisonnée des écrits de Rufus, qui se lira plus loin, ont été puisés dans de grandes compilations médicales formées par les Grecs et, plus tard, par les Arabes. En voici les titres :

1. Galien, Œuvres diverses.[19]

2. Oribase, Collections médicales; Synopsis; Euporistes.

3. Aétius d'Amida, Synopsis médicale.

4. Alexandre de Tralles, Thérapeutiques.

5. Paul d'Egine, Traité de médecine.

6. Traité anonyme grec sur les fièvres.

7. Rhazès, Continent.

8. Ibn el Beïthar, Traité des simples.

Nous reviendrons sur ces textes et sur les fragments que nous aurons à leur emprunter. Qu'il nous suffise d'observer dès à présent que ces emprunts sont au nombre de plus de cinq cents.

 

II.

ÉCRITS CONSERVÉS.

 

I. MALADIES DES REINS ET DE LA VESSIE.

 

Un livre mutilé à la fin.

Manuscrits:

1. Leyde. Fonds Vossius, ci-devant à la Bodléienne. (Catalog. mss. Angl. et Hib. t. Ier, 1re partie, n° 2182.)

2. Leyde. Biblioth. de l'Université. (P. 395 du catalogue.)

3. Augsbourg. Aujourd'hui à Munich sous le n° 469.

Extrait de la notice de Matthæi : Cod. Augustanus. In catalogo Hæschelii notatur num. CXI, p. 54. In Reiseri, p. 63, num. 77. In eo continente hæc ;

a. Galeni expositio IV librorum Hippocratis, Περὶ διαίτης ἐπὶ τῶν ὐζέων νοσημάτων, fol. 1-50.

b. Ejusd. ρωτήματα ἰατρικῆς τέχνης, fol. 51-55.

c. Ejusd, Περὶ τής τῶν ἁπλῶν φαρμάκων δυνάμεως, a l. VIII, ad finem l. XI, fol. 56-131.

d. Ejusd. Τίνας δεῖ καθαίρειν, fol. 132-137.·

e. Ῥούφον μονόβιβλον π. φαρμάκων καθαρτικν, fol. 137-147, qui liber totus legitur etiam in cod. mosq. Oribasii (Collection médicale, VII, 26.)

f. Ejusd. Π. τῶν ἐν κύστει καὶ νεφροῖς παθν, fol. 148-160.

g. Ejusd. fragmentum, fortasse ex libello π. ἀφροδισίων, fol. 161-165. (Voir plus loin, p. xvi.)

Primus libellus Rufi scriptus est in charta bombyc. sec. XIV. Reliqua ejusd. scripta sunt in chartis vulgaribus, sec. XV.

M. Daremberg avait obtenu le prêt de ce manuscrit. Il en a fait une description détaillée et multiple à laquelle nous emprunterons textuellement ou en substance les parties qui ne feront pas double emploi avec la notice précédente.

1° (= a de Matthæi) Galeni, etc. (voir ci-dessus). Ecriture fine et régulière.

2° (= b) La main est plus mauvaise que la précédente, mais de la même époque. (T. XIX, p. 350-377, éd. Kühn.) Texte peu différent de l'imprimé.

3° (omis par Matthæi) fol. 55 v°. Γαληνού περἐτησίων καιρῶν ὡς ἔστι διοριστᾶσθαι (sic?) : ἀπὸ Πλειάδων δύσεως ως πρ τῶν χειμερινῶν. — Au bas du folio : καὶ ἀφροδίσια ταύτι τ διαίτ χρησάμενοε ζήσας... χρόνῳ (?).

4° (= c) fol. 56. Une autre main, du xiiie siècle, belle et régulière. Fragments du traité de Galien, π. ἀπλ. φαρμ. Je les ai collationnés en partie sur l'édition de Bâle. Titres à la marge.

5° (= d) Même écriture.

6° (= e) Rufus, Médicaments purgatifs. Le texte du manuscrit s'arrête avec le mot πνεύμονοε. (Œuv. d'Orib., t. II, p. 129, l. I.) [Il reprend plus loin.]

7° (= f) Rufus, Maladies des reins et de la vessie. Autre papier et autre main.

Les raccommodages sont antérieurs à la reliure, mais non les déchirures. Après le fol. 160 vient le fol. 161 (= σν de la pagination grecque, premier mot εὑρίσκεται), qui doit être placé après le fol. 164; puis doivent venir les fol. 161, 162, 163, 165. La déchirure et autres avaries des fol. 160 et 164 se correspondent; celles de 164 et 161 se correspondent moins, en sorte qu'il pourrait bien y avoir eu un feuillet intermédiaire; celles de 163 et 165 se correspondent assez bien. La pagination en chiffres arabes est antérieure au collage des feuillets déchirés.

4. Middlehill. N° 1536, olim Meerm. 231, xve siècle.[20] Notice de ce ms. par M. Daremberg, dans les Archives des Missions, t. III, p. 30 : « Papier in-folio, xve siècle. »

« Contenu : 1° Ῥούφου φεσίου μονόβιβλος. Τίνας δεῖ καθαίρειν, καὶ ποίοις καθαρτηρίοις, καὶ πότε; ... Le cod. Phillippicus ne contient que la partie fournie par le cod. Aug. (et publiée par de Matthæi, p. 3-60). La collation que j'ai faite m'a donné la certitude qu'il ne diffère pas du ms. d'Augsbourg lorsque le texte est intégral, mais il comble les lacunes qui existent dans le cod. August. Le plus souvent, le ms. de Moscou remplit aussi ces lacunes, mais ses restitutions ne concordent pas toujours avec celles de mon manuscrit. » Puis renvoi à la notice des mss. contenant ce morceau de Rufus dans les Œuvres d'Oribase (t. II, p. v).

« 2° Πολυδεύκους ὀνομαστικῶν, et immédiatement au-dessous : Ῥούφου φεσίου ὀνομασίαι τῶν τοῦ άνθρωπου μορίων. J'ai collationné ce ms. sur l'édition de Clinch. Il n'offre que de très-rares et de très petites différences ; il a été relu et corrigé avec soin par le copiste.

« 3° Τοῦ αὐτοῦ περὶ τῶν ἐν κύστει καὶ νεφροῖς παθῶν. Le ms. ne diffère pas de ceux dont j'ai parlé plus haut. (Voyez cod. Laud. 58, [Archives, t. II, p. 486] § 10). Je l'ai néanmoins collationné avec le plus grand soin sur le texte de Matthæi. »

5. Oxford. Bibl. Bodl. fonds Laud. n° 58, nunc 59. Cod. Bodl. 708.

Description détaillée avec morceaux inédits, par M. Daremberg, dans les Archives des Missions, t. II, p. 486. Extrait concernant Rufus.

10° (Maladies de la vessie et des reins.) Cette copie du traité de Rufus, la plus ancienne après le ms. prototype d'Augsbourg (actuellement à Munich) était tout à fait inconnue. Elle n'est pas même indiquée dans le Catalogue mss. Angliæ et Hiberniæ. »

Editions et traductions :

1. Rufi Ephesii De vesicœ renumqne morbis. De purgantibus medicamentis. De partibus corporis hamani. Sorani de utero et muliebri pudendo. Ex biblioth. reg. Parisiis, ap. Adr. Turnebum typogr, reg. 1554, in-8° (édition due aux soins de Jacques Goupyl. et contenant quelques variantes recueillies dans les divers manuscrits du Roi).

2. Autre édition citée par Haller (Bibl. anatom. t. I, p. 79) d'après le catalogue d'Astruc [Paris] 1556, in-8°, mise en doute par Ackermann.

3. Edition grecque-latine: Rufi Eph. De ves. ren.q. morbis. De purgantib. medicam. De partib. corp. hum. Nunc iterum typis mandavit Gulielm. Clinch, qui et dissert. de auctore ejusq. scriptis, una cum commentariolo de usu idoneo vesicantium in morbis curandis adjecit. Londini, 1726, in 4°.

4. Traduction latine, dans le volume intitulé : Aretœi libri VIII Rufi Eph. de hominis partibus libri III, Junio Paulo Crasso interprete. Access, quæ Crassus non vertit: Aretæi aliquot capita, Rufi liber De vesicœ ac ren. affectibus. Ejusd. De medicament. purgant. Parisiis, ap. Guil. Morelium, 1554, in-12. La traduction des Maladies de la vessie et des Purgatifs est attribuée tantôt à Goupyl, tantôt à G. Morel.

5. Même traduction dans le recueil d'Henri Estienne, Artis medicæ principes. Paris, 1667, in fol.

6. Édition. Rufi Ephesii .. . opera et fragmenta græce, post éditiones Parisinam 1554, 8, et Londinensem 1726, 4· novis accessionibus quadruplo auctiora ex codd. Mosquensi[21] et Augustano edidit et notatioiies subjecit Christianus Fridericus de Matthæi. Mosquæ, 1806, in-8°.

7. La présente édition du Traité des maladies des reins et de la· vessie commence notre volume (p. 1-63). On trouvera dans l'Appendice (section 1) le peu de notes critiques relatives à ce traité que nous avons pu recueillir dans les papiers de M. Daremberg. Voici la signification des sigles employés dans sa recension:

A,               ms. d'Augsbourg, actuellement à Munich, sous le n°4692,

B,               ms. de Rome (cod. Barberin.) inconnu jusqu'ici.

D.               conj. conjecture de Dübner.

E.               conj. conjecture d'Ermerins.

G,               édition de Goupyl.

L,                ms. de Leyde (xvie siècle) n° 9 du fonds Vossius.

M,               ms. de Middlehill (xvie siècle).

Ma,             lecture de Matthæi.

O,               ms. d'Oxford (Bodléienne).

P,                ms. de Paris, n° 2231 (xviie siècle).

Q,               ms. de Paris, n° 2288, in-4° (xve siècle). S'arrête aux premières pages. Type de l'éd. Goupyl.

V,               ms. du Vatican, collationné par Dietz et revu par M. Daremberg pour les passages importants.

Rapports entre les divers manuscrits.

(Note inédite de M. Daremberg.)

« Dans l'histoire des manuscrits du Traité de Rufus sur les maladies des reins et de la vessie, il y a d'abord un fait certain, c'est que le ms. d'Augsbourg (A) est celui d'où dérivent directement ou indirectement tous les manuscrits connus jusqu'à présent, puisque c'est A qui est mutilé et que tous les autres le sont aux mêmes endroits que lui, à cette exception près que, dans ces derniers, il y a moins de lacunes que dans A. (Voir ci-dessous.) Il s'agit de savoir si tous les manuscrits que nous connaissons proviennent directement de A ou si une de ces copies a servi à en reproduire d'autres.

« Comme le manuscrit d'Augsbourg tombait en pourriture, ses copies, si elles eussent été faites toutes sur le manuscrit, attesteraient des dégradations successives, mais il n'en est rien, et, d'un autre côté, les manuscrits se ressembleraient tous pour les leçons, tandis qu'il y a entre eux diverses familles, bien que tous les membres de ces familles dérivent médiatement du manuscrit d'Augsbourg.

« Les mss. O et V paraissent avoir été copiés directement. BVLP viennent de la même souche. — Omission par tous les manuscrits du περἀφροδισίων.[22] Certains se ressemblent plus entre eux qu'ils ne ressemblent au ms. d'Augsbourg. L'identité de la reproduction des lacunes est une preuve qu'ils ont tous été copiés les uns sur les autres, et la diversité des leçons dans l'intérieur du texte ne montre aucune particularité dans les manuscrits. La copie des mss. a été faite avant la reliure, puisqu'on n'y voit pas les traces de désordre qui sont dans l'édition de Matthæi; et d'ailleurs ils renferment des mots qui ne sont plus dans le manuscrit depuis qu'il est retrouvé; et depuis, il n'a rien perdu ou n'a pu que perdre très-peu. Aucune copie n'a été faite sur ce ms. après sa restauration, car elles contiennent des mots qui sont tellement cachés derrière le papier collé, qu'il est impossible de les voir et que ce papier n'a jamais été décollé. (Une seule exception, X, 29, ὅταν ἐκπέση.) Quand Matthæi a fait sa copie, le ms. était collé, et il n'a pas pris la peine de voir à travers le papier et de soulever légèrement ce voile qui lui aurait permis de lire quelques mots. Le collage n'est fait qu'au verso, en sorte que les mss. ne contiennent partiellement ou en totalité que les lacunes du verso, tandis qu'ils ne donnent, pour le recto, que ce qu'on y lit sans difficulté. Les vers se sont mis dans ce ms., même depuis qu'il est réparé, car les papiers restaurateurs en sont percés.

« Il n'y a que P et L qui présentent des variantes isolées, suivies. OM marchent toujours ensemble ou ces deux manuscrits et V plus particulièrement avec A. PL peuvent avoir été faits sur une copie commune ou l'un sur l'autre; Ο et M, sur une copie commune, mais non sur la même que P et L.

« En résumé, il me semble que P et L proviennent d'une même copie secondaire; P a pu être copié sur L. Quant aux mss. OM, ils n'ont que des rapports éloignés avec A d'une part et PL de l'autre. Ils ne sont pas non plus uniformes d'une manière constante; ils ont donc été copiés isolément sur une même ou sur deux copies secondaires. Il n'y a pas assez de rapports entre ces quatre manuscrits pour qu'on puisse admettre qu'ils ont été exécutés d'après la même copie secondaire et que les changements soient le fait d'un copiste. De leur côté, ΟM n'ont pas de rapports assez constants pour provenir d'une seule copie. PLOM diffèrent généralement de A. Je remarque aussi que M est le manuscrit avec lequel PL ont le plus d'analogie, mais on ne saurait en tirer rien pour en conclure une dérivation de l'un ou de l'autre.

« Il est très probable qu'il existe ou qu'il s'est perdu d'autres copies que celles que nous avons, qui furent primitivement faites sur A et sur lesquelles ont été faits Ο et M. Pour les lacunes qui ne sont pas particulières à PL, ces deux manuscrits s'accordent en général avec OM. Quant à V, il a beaucoup plus de rapports avec A, quant au nombre des lacunes, d'où je suis tenté de croire que V a été copié sur A, et que les autres manuscrits proviennent d’une copie faite sur A, et qu’ainsi beaucoup de variantes seraient introduites par cette transmission secondaire ou tertiaire.[23]

 « Les titres des chapitres, vu le désordre qui règne dans les feuillets de A, me paraissent avoir été primitivement introduits de la marge dans le texte par celui qui a copié ce manuscrit sur l'original non mutilé. Dans les autres, ce désordre avait été corrigé par le seul instinct des copistes.

« Depuis la page 8 [de notre édition] jusqu'à la fin, le manuscrit d'Augsbourg offre un très grand nombre de lacunes représentées, dans mon texte, par des crochets. Toutes ces lacunes sont maintenant comblées. Quand la restitution totale ou partielle vient des manuscrits que j'ai collationnés, je l'indique de la manière suivante dans les variantes : [...] codd.; quand c'est par Aétius : [. . .] Æt, avec le renvoi au chapitre , à la page et à la ligne; quand c'est par conjecture :[...] par conj. Toutes les fois que les débris de texte conservés par le manuscrit d'Augsbourg correspondent exactement aux mots ou parties de mots que supposent les autres manuscrits ou Aétius, j'ai soin de l'indiquer, et, quand les manuscrits ne sont pas d'accord, je ne me contente pas de marquer la lacune par des crochets, j'indique les différentes leçons des manuscrits en donnant les mots ou parties de mots qui précèdent ou qui suivent la lacune, afin qu'on juge de celle que j'ai adoptée. Le système d'indication des variantes est le même que celui qui a été suivi dans l'édition d'Oribase. (Voy. Plan de la collection, en tète du Ier volume des Œuvres d'Oribase, p. xlv.) »

On trouvera un fragment de ce traité dans les Extraits de Rhazès, fol. 207, 242.

 

II — Sur le Satyriasis et la Gonorrhée.

 

Il existe un fragment de cet opuscule dans le manuscrit d'Augsbourg. Matthasi l'a publié et nous le rééditons, avec traduction française de M. Daremberg, à la suite du Traité des maladies des reins et de la vessie, sans autre secours que ce même manuscrit. Matthæi suppose que ce texte ne fait qu'un avec le Περὶ ἀφροδισίων (Ruf. Ephes. opuscula, p. 151), dont Oribase nous a conservé un fragment (Coll. méd. VI, 38); mais il est probable que le Περὶ ἀφροδισίων doit plutôt être rattaché aux livres concernant le régime, d'autant plus qu'Oribase, s'il faut en croire les copies de son texte, a rappelé lui-même, ce rapport : ἔχει καὶ τν διαίτην.

 

Le livre XI d'Aétius.

 

On sait que, sur les seize livres qui composent la Synopsis d'Aétius, les huit premiers ont seuls été publiés dans le texte grec. Les analogies du livre XI de cette compilation avec les écrits de Rufus relatifs aux affections des reins et de la vessie, au satyriasis et à la gonorrhée, ont amené M. Daremberg à placer à la suite de ces textes les chapitres de ce même livre qui traitent des mêmes questions. On verra plus loin (p. lii) comment M. Daremberg lui-même nous a fourni les moyens de compléter la publication du livre XI de la Synopsis (Appendice, section III) et quel parti nous avons tiré des collations recueillies par notre prédécesseur postérieurement à la publication partielle de ce livre.

M. Bussemaker, qui s'est occupé d'Aétius pour M. Daremberg, avait transcrit non seulement le livre XI, mais en outre, pour lui aussi, le XVIe livre, dont la copie ne se trouve pas parmi les papiers qui nous ont été communiqués.

Manuscrits consultés et éditions.[24]

Manuscrits :

A,               Paris, 2196, xie siècle. M. Daremberg en a fait photographier le recto du fol. 148.

B,                Paris, 2191.

C,                Paris, 2193. Prototype des textes publiés dans ce volume.

M,               Middlehill, 1534· « Exécuté par une main inintelligente.» (dar.)

O,               Oxford Bodl. canonic. 109, ms. du xve siècle, sur papier in-4°. P, Paris, 1883. « Grande analogie avec B; probablement copié sur d. » (dar.).

U,               Vienne, cod. médical vi.

V,               Vienne, cod. médical xii.

X,               Paris, ms. Mynas. (Bibliothèque nationale, n° 630, 631, 632 du suppl. grec.) 3 vol. écrits au xie siècle et contenant les seize livres d'Aétius.

Y,               Venise, 291, XVe siècle.

Ζ,               Venise; 596, xve siècle.

a,                Florence, plut, lxxv, 2.

b,                Florence, plut, lxxv, 10.

c,                             Florence, plut, lxxv, 18.

d,                Florence, plut, lxxv, 21,

Éditions et traductions :

Ed. grecque des huit premiers livres, ex Asulani et Aldi officina. Venet. 1534, in fol.

Trad. latine des livres VIII à XIII, d'après un manuscrit grec, par Janus Cornarius.

--- complétée des seize livres, par J. B. Montanus, Basil. Froben. 1535, in-fol.

--- latine complète, par Janus Cornarius. Francof. 1541, in fol.

--- latine complète, revue sur deux manuscrits, sur Gal. et Paul d'Ég., Basil. 1542, in fol.

--- latine complète, réimprimée, Basil. 1549, in fol.

--- latine de J. Cornarius, comprise par Henri Estienne dans sa collection des principaux médecins, Genève, 1567, in fol.

Éd. grecque (seulement), Lyon, 1549, in fol.

—-grecque (seulement), Lyon, 1560, in-12, avec « Scholia » de Hugo Solerius « ad II primos libros. »

M. Daremberg avait réuni quelques notes pour expliquer les rapports du livre XI d'Aétius avec le traité de Rufus sur les maladies de la vessie. Nous reproduisons ci-après la plupart de celles qui se sont retrouvées dans ses papiers.

«... Dans le chapitre sur la phlegmonie des reins, on trouve, en comparant le texte de Rufus avec celui d'Aétius, toute la différence d'un style original à celui d'un compilateur, et cette seule circonstance est déjà à considérer pour la question qui nous occupe. Rufus est précis, il compte les mots, ne disserte que sur ce qui suffit à l'expression de l'idée ou du fait, tandis qu'Ætius délaye cette pensée, etc. Quelquefois même on reconnaît à peine le texte original. Cependant on voit bien que c'est Rufus que le compilateur a eu sous les yeux; mais nous allons voir tout à l'heure qu'Ætius change d'auteur sans avertir, et que peut-être il intercale lui-même ses propres opinions.

« D'abord, nous ne retrouvons pas, dans Rufus, la première phrase du chapitre. Quant à la seconde, je n'oserais pas affirmer qu'elle soit empruntée à Rufus, et que ce soit le commentaire de ces seuls mots : ὀδύνη ἔχει ὑπὸ τοῦ κενεῶνος. Dans la troisième, Aétius a retranché quelques détails anatomiques qui lui étaient inutiles, et il ajoute la mention de l'engourdissement des jambes, qui se trouve dit un peu plus bas d'une autre façon dans Rufus. —Voici maintenant des exemples d'additions [et de changements de mots moins ordinaires en ceux qui sont le plus habituellement employés]. Je souligne ce membre de phrase : ψύχεταί... (dans ce volume, p. 3, 1. 12). Ce qui suit dans Rufus manque dans Aétius; mais, de son côté, Aétius a une phrase qui ne se trouve pas dans Rufus, et qu'il a sans doute prise ailleurs. Donc je conclus que les chapitres sont inscrits sous le nom de celui qui a le plus fourni. — Voici une nouvelle phrase semblable à celle que je viens de citer : Θερατεύειν Θερμῷ. Mais, à côté de cette phrase empruntée à Rufus, avec quelques modifications à côté desquelles se retrouve le texte, en voici une qui est la même au fond, mais toute différente pour la rédaction, et beaucoup moins précise, bien qu'Ætius paraisse avoir eu l'intention d'abréger. Dans les explications qu'Ætius a cru devoir y ajouter, nous voyons seulement que quelques médecins, donnaient des purgatifs, tandis que Rufus dit cela d'une façon plus générale.

« On remarquera aussi que A, le plus ancien manuscrit, se rapproche le plus de ce texte (d'Aétius), ce qui prouve que le copiste renchérit sur Aétius lui-même pour modifier les textes originaux, et que c'est une raison de plus pour croire que nous possédons le texte original, puisque c'est d'Ætius que A copie le plus.

 

III. Médicaments purgatifs.

 

Simple fragment où manquent le commencement et la fin. Ce morceau ne figure pas seulement dans la collection médicale d'Oribase (VII, 26). Il en existe des copies isolées dans les manuscrits ci-après :

1. Leyde. Fonds de Vossius, n° 9. (Voir ci-dessus.)

2. Leyde. Ms. de l'Université. (Id.)

3. Augsbourg, aujourd'hui à Munich. (Id.)

4. Florence. Cod. 7 plut. lxxv. Bandini, t. III, p. 152. (Voir plus loin, p. 23.)

5. Paris, n° 2261.

6. Middlehill, n° 1536. (Voir ci-dessus.)

7. Moscou. Cod. typographei synodalis. (Id.)

Editions et traductions.

1.  Éd. incomplète de Goupyl, chez Turnèbe, 155Α· (Voir ci-dessus.)

2.  Éd. de 1556, douteuse. (Id.)

3.  Ed. gr. lat., 1726, incomplète (Id.)

4.   Trad. lat, 1554 (Id.)

5.  Même trad. lat., 1667. (Id.)

6.  Éd. complétée de Matthæi, 1806, in-8°.

7.  Rufi Ephesii de medicamentis purgantibus fragmentum e cod. parisin. descriptum.» Edidit Car. Gottlob Kühn. Fasc. I, II, Progr. acad., Lipsiæ, 1831, in-4°.

8.  La dernière édition de ce morceau est comprise dans les Œuvres d'Oribase, t. II, p. 90 à 145. Le texte y est traduit en français pour la première fois. Nous nous sommes borné à donner l'analyse du fragment, comme nous l'avons fait de tous ceux que nous avons empruntés aux compilations d'Oribase.

 

IV. - Du nom des parties du corps humain.

 

D'après Ackermann (Fabric., Bibl. gr., édit. Harl., t. IV, p. 715), le livre Ier (texte dont notre édition fait un traité spécial) aurait eu deux rédactions. La seconde serait le livre Ier de Clinch, devenu pour nous un abrégé du traité précité. M. Daremberg a supprimé toute classification des morceaux relatifs à l'anatomie. Voici un tableau comparé de la disposition adoptée dans l'édition de Clinch et dans celle-ci :

EDITION CLINCH.

P. 22-45. Ῥούφου φ. Περὶ ὀνομ. τῶν τοῦ ἀνθρ. μορίων. (Dans la traduction latine Cl. ajoute : liber I.)

P. 46-52. Τοῦ αὐτοῦ ὀνομασιῶν τῶν κατὰ ἄνθρωπον Cl. (Trad. lat. : Alter liber I.)

P. 53-65. T. α. ὀνομασιῶν β'.

P. 66-71. . φ. ὀνομασιῶν τ. κ. ἄνθρ. ὀστέων γ'.

EDITION DAREMBERG.

P. 133-167. Rufus d'Éphèse, Du nom des parties du corps. (Texte correspondant exactement à celui que renferme la collection de Nicétas, § 386.)

P. 233-236. Même titre que l’éd. Clinch.

P. 168-185. Traité anonyme (attribué à Rufus). I. Anatomie des parties du corps.[25]

P. 186-194. Π. Des os. (Collection de Nicétas, § 387.)

 

La disposition adoptée par M. Daremberg nous porte à exprimer une opinion qu'il avait peut-être dans l'esprit, mais dont nulle trace ne se retrouve dans ses papiers : c'est que le traité du nom des parties du corps et celui des os n'ont figuré isolément dans les manuscrits qu'après avoir pris place dans la collection de Nicétas, dont l'archétype présumé, conservé à Florence, fera l'objet de l'article suivant. En effet, ce manuscrit date du xiie siècle, ou même de la fin du xie, et partant est le plus ancien monument paléographique où l'on rencontre ces deux textes. Cette hypothèse, qui n'a rien d'exagéré, rendrait fort suspecte l'authenticité des morceaux publiés par Clinch, pages 46 à 65. Ces deux textes ne sont probablement qu'une paraphrase byzantine d'un Syméon Seth, d'un Michel Psellus ou de quelque autre compilateur polygraphe du même temps.

Manuscrits connus :

1. Florence. Plut, lxxiv, n° 7. Manuscrit probablement original de la fameuse collection de textes médicaux formée, à la fin du xie siècle, par le médecin Nicétas sur la demande des empereurs grecs Constantin Ducas, Michel son fils ou Alexis Comnène.

Bandini, dans son Catalogue des manuscrits grecs de la Laurentienne, a donné une description détaillée de celui-ci, l'un des plus importants de cette riche bibliothèque. (T. III, col. 53-93.) En 1679, Gaspar Bartholin le reçut en communication des mains d'Antoine Magliabecchi, alors bibliothécaire des ducs de Toscane, et a exprimé en termes enthousiastes l'admiration que lui causa l'examen du « codex Laurentianus.» (De Tibiis, p. 349-350.) Antoine Cocchi en a publié quelques parties inédites, sous le titre suivant : Grœcorum chirurgici libri; Sorani unus de fracturarum signis; Oribasii duo de fracturis et de luxatis e collectione Nicetœ (= livres XLVI et XLVII de la Collection médicale), Florentiæ, 1754, in fol. Nous avons relevé les articles suivants dans la notice de Bandini :

§ 189 : Τὸ πποκράτονι βάθρον. Ε libris Rufi, Scamnum Hippocratis. Fol. 173-178. Premiers mois : 'Ο θαυμασιώτατος πποκράτης ; derniers mots : ν τ ὀλισθημάτων πραγματεί. (Voir dans le présent volume, page 305, l'analyse du morceau correspondant d'Oribase, Coll. méd., xlix, 26 et suiv., et les notes placées à la suite.) Ce texte a été traduit en latin par Vidius. (Chirurgie, Paris, 1544, in fol.)

§ 239: Même titre que pour le § 189, mais attribué dans Nicétas, avec le groupe des §§ 200-235, à Apollonius de Cittium. (Publié par Dietz, Scholia in Hippocratem et Galenum, l. I, p. 33-41.)

§ 386 : Ρούφου ρεσίον ὀνομασίαι τῶν κατὰ ἄνθρωπον, fol. 270.

§ 387 : Τοῦ αὐτοῦ περὶ ὀστῶν, fol. 283 b.

2. Ms. de Paris, 2247. Copie du Codex Laurentianus, faite sous François Ier, et offerte à ce prince par le cardinal Nic. Rodulfi. (Voir Dietz, l. c, vol. Ι, p. viii.) Ms. noté P dans la recension d'Oribase (t. IV, p. iv.)

3. Ms. de Paris 2248, autre copie de la collection de Nicétas, datant aussi du xvie siècle. (Dietz, l. c., p. 1.)

4. Berne, n° 459, fol. 23 a-28 a. Ms. utilisé, dit Fabricius (B. Gr., anc. éd., t. III, p. 103), par Martinus Bogdanus, qui entreprit une édition grecque-latine de ce texte. (Bartholin. Centur. IV, Medic. Epist., p. 37; cf. Matthæi, éd. de Rufus, p. xv; Sinner, Catalog. Codd. in biblioth. Bern., p. 589; Hagen, Catalog. coda, biblioth. Bongarsianœ, 1875, n°459.)

5. Rome. Codex Ottob. 235[26] (Montfaucon, t. I, p. 186).

6. Milan. Ackermann cite deux manuscrits ambrosiens d'après Montfaucon, t. I, p. 504. Nous donnons la collation de l'un d'eux (T. 141) à l'Appendice (section v).[27]

7, 8, 9, 10. Paris. Ancien fonds Colbert nos 3161, 3162, 3163 (aujourd'hui nos 2261, 2262, 2263).

11. Turin. (Montf., t. II, p. 1401.) Voir aussi Catalog. codd. gr. bibl. Taur., p. 415.

12. Escurial. Ms. Φ. I. 2 (n° 177 du catalogue de M. Miller). En 1871, dans le cours d'une mission littéraire en Espagne, nous avons transcrit un feuillet de ce manuscrit à la demande de M. Daremberg. La collation n'a donné, nous a-t-il dit, qu'un résultat sans importance. Notre copie ne s'est pas retrouvée dans ses papiers.

13. Paris. Ancien fonds Colbert n°5068. (Montf., t. II, p. 1011.)

14. Ms. de Guill. Pellicier, évêque de Montpellier. « Nunc, dit Montfaucon (1739), in bibliotheca episcopatus. » (T. II, p. 1199.)

15. Ms. du Président de Mesmes, in-4°. (Montf., t. II, p. 1327.)

16. Londres Brit. Mus. Cod. Burneiensis, XCIV, 4; xvie siècle, in fol., papier. (Daremberg, Archives des Missions, t. III, p. 37.)

17. Londres. Société de médecine. Ms. d'Arétée contenant, d'une main plus récente, Les noms des parties, de Rufus. (Daremberg, Archives des Missions, t. III, p. 43.) « Peu de différence avec les éditions. »

18. Ms. de Rome. Fonds Colonna n° 12. Voir, sur le contenu de ce manuscrit la notice qui précède les scholies que M. Daremberg en a tirées sur le traité de Rufus (ci-après p. 237).

19. Ms. de Paris n° 2220.

20. Ms. de Paris n° 2151. (Ms. noté A dans le t. III des Œuvres d'Oribase, p. x.)

21. Ms. de Rome, Vaticane, n° 291.

22. Vienne, Cod. philosoph. 303.

23. Ms. de Paris n° 2321. (Ms. noté Ε dans Oribase, l. c.)

Editions :

1.  Ed. de Turnèbe. Voir ci-dessus, I, 1.

2.  Éd. de 1556 (douteuse).

3.  Éd. de 1726. Voir ci-dessus.

4.  Traduction latine de Junius Paulus Crassus : « Aretæi libri VII et Rufi Ephesii de corp. hum. appellationibus libri III latinitate donati. » Venetiis, apud Juntas, 1552, gr. in-4°.

5.  Même traduction dans le recueil précité d'Henri Estienne.

6.  Rufi Ephesii, De corporis humani appellationibus libri tres, latine. Dans la collection intitulée : Medici antiqui Grœci, Basileæ, ex off. Petri Perna, 1581, in-4°. (Révision de la traduction publiée en 1552.)

Nous citerons encore, d'après Hoffmann (Bioliograph. Lexic.) : « Epitome Rufi libri de corpore humano, latine adjectis appellationibus græcis. » Dans le Dictionanum medicum d'Henri Estienne. Paris, 1564, in-8°, p. 528-548.

7.  A ces publications se rattache celle d'André Vesale, ayant pour titre : Anatomia, addita nunc postremo etiam antiquoram anatome, dans laquelle figure un appendice ainsi désigné : Universa antiquorum anatome tam ossium quam partium externarum : ex Rufo Ephesio medico antiquissimo, tribus tabellis explicata per Fabium Paulinum, etc. Venetiis apud Jo. Antonium et Jacobum de Franciscis, 1604, in fol.

8.  Dans notre édition, le texte a été revu par M. Daremberg sur un grand nombre de manuscrits. Toutefois plusieurs d'entre eux ne furent collationnés par lui ou pour lui qu'après l'impression du traité. Nous avons placé ces collations dans l'Appendice, section v.

Sigles.

A, ms. de Milan, bibliothèque Ambroisienne. Τ 141.·

B, ms. de Londres, British Museum, fonds Burney, XCIV, 4·

Col. ms. de Rome, bibliothèque du Vatican, fonds Colonna n° 12.

Cl. Edition de Clinch.

F, ms. de Paris 2261 (ms. B dans le tome III des Œuvres d'Oribase, p. x.)

F1, ms. de Paris 2262 (ms. C, ibid.).

F², ms. de Paris 2263 (ms. D, ibid.). Corrigé sur l'édition princeps.

L, ms. de Florence, lxxiv, 7.

N, ms. de Paris 2247.·

N1, ms. de Paris 2248.

O, ms. de Rome, bibliothèque du Vatican, fonds Ottoboni, 235.

P, ms. de Paris 2220.

R, ms. de Paris 2151.

T, ms. de Turin.

V, ms. de Rome, Vaticane, 291.

W, ms. de Vienne, Cod. philosoph. 303.

X, ms. de Berne.

Note inédite de M. Daremberg.

« Le plus ancien manuscrit est celui de Florence (collection Nicétas). Le plus ordinairement j'ai suivi ce manuscrit. Toutes les fois que je me contente de mettre au bas la leçon du texte de Clinch, c'est que la leçon de mon texte vient de L. Dans le cas contraire, j'indique la source où j'ai puisé ma correction. -— Quand il y a des dissemblances entre L et nos copies de la collection de Nicétas N et N1, je l'indique. J'ai négligé les autres manuscrits comme n'ayant nulle valeur et nulle autorité, puisqu'ils procèdent tous de mon prototype, ou qu'ils appartiennent à la mauvaise famille. »

(Pour mémoire.) Chirurgica. Ackermann, fautivement, considère à part et mentionne sous cette rubrique les textes de Rufus compris dans la collection de Nicétas. Ce sont évidemment les paragraphes 189, 386 et 387 de cette collection, ceux-là mêmes que nous venons de citer.

M. Daremberg, par des motifs à lui seul connus, a placé les textes V et VI, dont nous allons parler, avant l'« Abrégé des traités anatomiques » et les « Scholies sur le traité du nom des parties du corps. » Il convient de mentionner dès à présent ces deux morceaux, qui se rattachent directement au texte IV. Cet abrégé figure dans l'édition de Clinch, pages 46-52, où il est présenté simplement comme un ouvrage de Rufus. Le nouvel éditeur y voit avec une grande vraisemblance une synopsis des notions contenues dans le traité proprement dit qui porte le même titre. Il a indiqué tous les rapprochements possibles entre ce traité et le texte résumé. Quant aux scholies, elles sont précédées d'observations assez complètes pour que nous n'ayons pas à nous y arrêter ici.

 

V. Interrogatoire des malades. Ἰατρικὰ ἐρωτήματα ια'.

 

Ce texte est publié ici pour la première fois. La traduction française est de M. Daremberg.

Manuscrits :

Vienne (Catalogue de Nessel, part. III, p. 22), cod. viii, olim 19. Ms. rapporté d'Orient par Minoïde Mynas et conservé à la Bibliothèque nationale sous le n° 637 du supplément grec, fol. 65 v°. Sigles : V=ms. de Vienne. — M = ms. de Mynas.

Nous n'avons pas à discuter l'attribution de l’Interrogatoire des malades à Rufus, laquelle repose uniquement sur la suscription des manuscrits. On peut dire seulement que cet opuscule est de tout point digne de notre auteur. C'est une application très intéressante de la méthode dogmatique ou rationnelle exposée depuis par Galien.[28]

 

VI. Traité sur le pouls attribué à Rufus.

 

Nous n'ajouterons guère ici aux observations dont M. Daremberg a fait précéder et suivre son édition princeps de 1846, et que nous reproduisons avec ses additions manuscrites et quelques notes qui nous sont personnelles.[29] Un seul point doit nous demander quelques développements.

On pourra s'étonner que M. Daremberg admette le Traité du pouls dans son édition des Œuvres de Rufus après avoir fait les plus expresses réserves sur son authenticité.[30] Pour notre part, après avoir examiné de près le texte en question au point de vue philologique, et relu attentivement toute l'annotation déjà publiée ou inédite de M. Daremberg, nous sommes disposé à tenir grand compte de l'attribution que les copistes en ont faite à Rufus d'Éphèse. Voici nos principaux motifs :

M. Daremberg, dans sa note 24 bis,[31] semble avoir péremptoirement établi que ce texte a été rédigé dans la période comprise entre l'an 50 avant l'ère chrétienne et l'époque de Galien. Partant de ce premier point, qui nous permet de considérer la rédaction de la Synopsis comme contemporaine de Rufus, on est amené à chercher dans la doctrine du rédacteur et dans son langage technique des éléments de comparaison avec celui du médecin d'Éphèse. Or nous voyons celui-ci, dans un texte que personne ne songe à lui contester, le Traité du nom des parties, présenter le cœur comme τὴν ἀρχὴν τοῦ σφύζειν (voir plus loin, p. 155, l. 12). Il dit encore (l. c. p. 183, l. 14) : « C'est dans les artères que le pouls se produit, et c'est à travers les artères que le pneuma, chassé avec force par le cœur, se répand dans tout l'organisme. » On reconnaît ici la théorie du médecin alexandrin Hérophile, légèrement modifiée par Erasistrate. L'auteur du Traité sur le pouls dit à son tour (l. c. p. 223, l. 9) : « Il arrive donc que le cœur, exactement rempli par le pneuma qu'il a attiré du poumon, se porte sur les côtés et s'éloigne (notablement du sternum ; quand il retombe sur lui-même et que, se vidant, il revient à sa forme naturelle, il se rapproche vivement du sternum, le frappe; par conséquent, c'est en s'affaissant qu'il produit le pouls. » Ce rapprochement était au moins à signaler.[32]

Il y a plus. L'auteur du περὶ σφυγμῶν renvoie εἰς τὴν ἀνατομὴν ceux qui voudront examiner plus à fond la question des mouvements du cœur (l. c. p. 222, l. 11). Il y a deux façons d'interpréter ce renvoi. M. Daremberg a donné à ce mot, ανατομή, la signification de « science anatomique. » N'y a-t-il pas plutôt, dans ce passage, la mention d'un traité d’anatomie, composé par le médecin même qui fait le renvoi? A dire le vrai, ce renvoi, une fois admis, nous paraît se rapporter parfaitement au texte, intitulé par M. Daremberg Anatomie des parties du corps, que Clinch attribue à Rufus, d'autant plus que la doctrine n'a rien de contradictoire dans l'un et l'autre texte. Quant à l'authenticité de cette Anatomie, tout en admettant que ce livre a pu subir une transformation byzantine, un nouveau rapprochement de textes tend à la rendre incontestable. Dès les premiers mots de ce morceau, l'auteur rappelle qu'il vient de terminer la nomenclature des parties externes apparentes de l'organisme humain, et annonce qu'il va maintenant parler de ses parties intérieures. La connexité des deux textes anatomiques est donc déjà bien visible, et cependant Rufus lui a donné un caractère encore plus manifeste dès le début du premier, lorsqu'il s'est exprimé dans les termes suivants (l. c. p. 134, l. 9) : « Si vous regardez cet esclave et si vous écoutez ce que je vais dire, vous mettrez d'abord en votre mémoire le nom des parties apparentes ·, ensuite, disséquant l'un des animaux qui ressemblent le plus à l'homme (le singe), je tâcherai de fixer dans votre esprit la nomenclature des parties internes. » Il y a là, ce nous semble, comme un programme qui, pour être rempli, exige la réunion en un traité unique de deux opuscules, dont l'un est déjà jugé authentique.[33] Gela admis, on arriverait à ces conclusions :

1° Le Traité du pouls est du même auteur que l’Anatomie;

L'Anatomie est de Rufus; donc, etc.

La question du vocabulaire a été traitée par M. Daremberg lui-même. Une remarque ingénieuse l'a conduit, comme on le verra dans sa note préliminaire (p. 612), à rapprocher ce texte du temps où notre auteur a écrit. Nous ajouterons que vérification faite dans le Thésaurus d'Henri Estienne, la langue employée dans le Traité du pouls ne renferme pas un seul mot qui le fasse descendre plus bas que Plutarque.

Manuscrits, éditions, traductions.

Le traité Περὶ σφυγμν ne se trouve que dans deux mss. : 1. Ms. de Florence (notice d'après Bandini), plut, lxxv, n° 7, codex sur papier in fol. du xive siècle, exécuté par Johannicius et contenant: I-III, fol. 1. Aétius, livres XIII-XVI.

IV, fol. 214. Synopsis de pulsibus. Bandini traduit les mots, τὸ γὰρ σύνταγμα οὐκ εἴχεν, par « opus enim non habebat; » ce qui doit signifier « car [le ms. prototype] ne possédait pas le traité [lui-même], ne contenait que la Synopsis, l'abrégé.[34] »

Bandini rappelle la vieille traduction latine de cette Synopsis, publiée par René Chartier (Œuvres d'Hippocrate et de Galien, t. VIII, p. 330), traduction que nous croyons du xiie siècle.

V, fol. 217. Galeni, Τινάς δεῖ καθαίρειν.

VI, fol. 219. 'Εκ τοῦ Ρούφου περὶ καθαρτηρίων. Premiers mots comme dans Oribase (p. 90, l. 4); derniers mots : οὐδενὸς ἐδεήθεσαν (p. 130, l. 7)·

VII-VIII, fol. 124. Fragments d'Antylle.

IX. fol. 225 b. Fragment du médecin Sévère.

X. Galeni, Περὶ ἐθῶν.

2. Ms. de Paris, n° 2193, xive siècle. Codex ayant appartenu à François Asulanus.

Sigles : G = ms. de Florence. — P = ms. de Paris. — G = traduction latine contenue dans le Galien de Chartier.

Le texte du Περὶ σφυγμών a été collationné sur le ms. de Florence par M. Pietro del Furia, postérieurement à l'édition de 1846·

Par des motifs que M. Daremberg eût seul été capable d'expliquer, le présent volume contient, à la suite du Traité sur le pouls, un abrégé de celui qui concerne les parties du corps humain. Dans l'impossibilité où nous sommes de pénétrer ces motifs, nous eussions volontiers placé cet abrégé immédiatement à la suite du traité proprement dit, si la feuille d'impression contenant les premières pages du Traité sur le pouls n'avait été tirée du vivant de notre regrettable prédécesseur. Le texte de cet abrégé, qui figure déjà dans les éditions de Turnèbe et de Clinch, a été collationné par M. Daremberg sur le manuscrit déjà cité de Londres (sigle B) et, postérieurement à l'impression, sur une copie conservée à Berne (fonds de Bongars), n° 459 (sigle X).

Après cet abrégé viennent les scholies relatives au Traité de Rufus sur le nom des parties du corps, scholies dont le texte a été trouvé par M. Daremberg dans deux manuscrits, l'un du Vatican, l'autre de Florence, et sur lesquelles il s'est suffisamment expliqué. Des emprunts d'une certaine importance faits à divers écrits étymologiques, notamment aux compléments inédits du Magnum etymologicum, publiés par M. Emm. Miller (Mélanges de littérature grecque), terminent la portion de ce volume préparée pour l'impression par le savant dont nous avions à continuer l'œuvre.

 

VII. Traité de la goutte.

 

Afin de ne pas démembrer le travail de M. Littré sur ce texte, travail que nous reproduisons en y joignant une traduction française, nous renvoyons simplement à son Introduction. Quelques détails sommaires suffiront ici.

Ce traité de Rufus ne nous est connu que par une vieille traduction latine renfermée dans un manuscrit de notre bibliothèque nationale,[35] copie qui remonte au viie ou viiie siècle. L'attribution du texte à notre auteur est confirmée par la transcription des chapitres xxx et xxxi qu'en a faite Aétius (XII, 24 et 25), et par quelques fragments cités dans la Collection médicale d'Oribase et dans le Continent de Rhazès.[36] Cette traduction latine offre un grand intérêt, au point de vue de l'histoire, de la médecine et de la linguistique. Elle se recommande au moins autant à ceux qui étudient les monuments encore si peu nombreux de la basse latinité qu'aux personnes dont les recherches restent limitées dans le domaine médical.

D'accord avec l'éminent éditeur du De podagra, nous avons mieux aimé maintenir la rédaction de l'édition primitive et rejeter les formes barbares au bas des pages que de les faire rentrer dans le texte, ce qui, d'après les notes laissées par M. Daremberg, semblait être dans ses intentions. Les linguistes distingueront tout aussi bien ces formes ainsi groupées, et les lecteurs d'un autre ordre goûteront mieux la teneur d'un texte médical ramené à une forme moins éloignée du latin ordinaire.

 

Récapitulation des écrits conservés avec renvois aux citations connues ou présumées.

 

I. Maladies des reins et de la vessie. (Orib., Synopsis, ΙΧ, xxv, xxviii ; Aét., XI, passim; Alexandre de Tralles, VIII, passim; Paul d'Égine, III, xlv; Rhazès, fol. 207, 208, 212, 242, 250, 252, 254, 256.)

II. Satyriasis et gonorrhée. (Cp. Aét. XI, vers la fin.)

III. Médicaments purgatifs. (Orib., Coll. méd., VII, xxvi.)

IV. Parties du corps humain. (Orib., Coll. méd., XXV, i.)

V. Interrogatoire des malades.

VI. Traité sur le pouls.

VII. Traité de la goutte. (Orib. Coll. méd., VIII, xlvii Aét. XII, 24, 25; Rh., fol. 141, 195, 206, 275, 284, 289, 290, 292, 296.)

III

AUTRES ÉCRITS MENTIONNÉS DANS LES AUTEURS ET PERDUS OU CONSERVÉS EN FRAGMENTS.

 

Liste d'Achermann.[37]

D'après Suidas.

1. Du régime,[38] 5 livres.[39] (Orib. passim Aét. passim Rh., fol. 91, 148, 167, 420; cp. fol. 482 ; t. II, fol. 2, 5, 11, 17, 22, 24, 26, 32, 38, 39, 42, 43, 44, 47, 48, 49, 50.)

2. Du régime des navigateurs, i l.

3. Du traitement des blessures, i l.

4*. De la blessure (alias des douleurs) des articulations, 1 1. (Rh., fol., i4i, 206,284.) 5*. Des fies, 11.

6*. De l'ancienne médecine,[40] i l. (Rh., fol. 269.)

7*. Du lait (alias de l'usage du lait), i l. (Orib., Coll. méd., II, xli;[41] Synopsis, IV, xl; Aét., II, lxxxvi, xciii; Rh., fol. 38, 148, 483, 485; t. II, 14·)

8*. Du vin, i l [42] (Orib. passim Rh. fol. 483, 485; t. II, fol. 60.)

9*. Du miel. (Orib., Coll. méd., II, lxiii.[43])

D'après divers auteurs :

10. Thérapeutiques. (Gal., Prœf. ad l. VII, De simpl. medicam. facult.)

11*. De la mélancolie, 2 l. (Gal. De Atra bile, VII; Aét., III, cxv; VI, ix, x; Rh., fol. 7, 14, 16, 110, 116, 120, 141, 144, 146, 153, 154, 249, 381, 422, 424, 437, 450, 451, 478, 483[44])

12*. De l'acte vénérien. (Orib., Coll. méd., VI, xxxviii;[45] Livres incertains, 9, Synopsis, I, xvi; Rh., fol. 274, 276, 277, 279.)

13*. De la peste. (Orib., Synopsis, VI, xxv; Aét. III, viii; V, xcv; Paul d'Égine...)

14· Sur la médecine, et Collections médicales (à l'Escurial, d'après Monfaucon, Biblioth., t. I, p. 623, et Casiri, Cod. Biblioth. scor. arab.). Titre donné, sans doute arbitrairement, dans quelque manuscrit, à une réunion d'écrits médicaux attribués à Rufus.

15*. Du régime des enfants. (Rh., fol. 58, 72, 73.) Doit être une partie de l'article 1 ci-dessus.

16. Médicaments populaires, alias Médecine pour le peuple. (Rh., fol. 28, 34, 35, 40, 41, 42, 44, 51, 55, 57, 66, 72, 76, 77, 137, 206, 230, 244, 251, 252, 274; 275, 382, 479, 482, 483, 485, 501, 502; t. II, fol. 61.[46])

17*. Maladies des yeux. (Rh. fol. 48.)

18*. Contre la morsure d'un chien enragé. ( Aét., VI, xxiv[47] ; Paul, V, iii ; Rh. fol. 495.)

19. Poésie. (Citée par Gal., Compos. medicam. sec. loc. I, 1.)

20. Poème en vers hexamètres sur les plantes, en 4 livres. (Gal., Præf. in i. VI, De simpl. medicam. facult.[48])

21*. Du glaucome et delà cataracte. (Orib., Syn., VIII, xlix; Paul, III, xxiii. Cf. l'art. 17 ci-dessus.)

22. De la préparation des aliments. (Orib., IV, ii ; Aét, III, cviii.[49])

23. De l'eau ou Des eaux. (Orib., Coll. méd., V, iii ; Aét, III, 16.[50])

24. Des instruments usités dans l'art médical. (Orib...)

25. Sur la santé.[51]

26*. Des lavements. (Orib., Coll. méd., VIII, xxiv; Syn., I, xix; Aét., III, clix; Rh., fol. 147, 154, 205, 216.[52])

27*. Commentaires sur Hippocrate,[53] notamment :

a,      sur les Humeurs;

b,      sur les Épidémies (Gal. in VII. Epidem., § 31, t. IX, p. 414 éd. Ch);

c,      sur le Ier livre des Prorrhétiques ;

d,      sur les Aphorismes, au moins 5 livres. (Rh., fol. 138, 479, 485.[54])

Premier supplément à la liste d'Ackermann.

D'après les historiens arabes:[55]

28. Traité en 40 livres ou chapitres.[56]

29. De l'hydrophobie. (Cp. l'article 17.)

30*. De l'ictère et de la bile ou Du choléra[57] (Aétius X, xvii).

31*. De la diminution des chairs (entraînement?).[58]

32*. Des soins à donner en l'absence du médecin (Rh., fol. 40, 52, 80,

33. De l'enrouement.[59]

34. De la médecine hippocratique. (Rh., fol. 276.)

35. De la stérilité.

36*. De la conservation de la santé. Cp. l'article 25. (Rh., fol. 483.)

37*. De l'épilepsie. (Aét., VI, xiv, xvii.)

38*. Des fièvres, au moins 11 livres.[60] (Rh., fol. 30, 5.)

39*. De la pleurésie et de la pneumonie. (Rh., fol. 98, 101.)

40. Des opérations faites dans les hôpitaux.

41. De la distinction [?] (ferq) ou du hoquet (fouâq).[61]

42*. Des vierges ou du régime des jeunes filles. (Orib., Livres incertains, 2.)

43. Des marisques (?)[62]

44· Du régime à suivre en voyage.

45. De la fétidité de la bouche.

46*. Des vomissements.[63] (Orib., Coll., VIII, xxi; Synopsis, I, xviii, Aét., III, cxix.)

47. Des médicaments toxiques.

48. De l'usage des remèdes pendant les repas.[64]

49· Des tumeurs indurées.

50*. De la mémoire. (Aét., VI, xxiii; Rh., fol. 1, 9, 19.)

51. De la suppuration.

52. Des blessures.[65]

53. Du régime des vieillards.

54. Des préceptes des médecins.[66]

55. De la parturition.

56. Des luxations.[67]

57. De la suppression des règles.

58. Des maladies chroniques suivant Hippocrate.

59. Des classes de médicaments.[68]

60*. De l'éducation des enfants. (Orib., Liv. incert, 12, 13, 14, 20.)

61. Du vertige.

62*. De l'urine.[69] (Rh., fol. 497·)

63. Du vin dit d'une nuit (?).[70]

64· Des fluxions du poumon.

65. Des affections chroniques du foie.

66. De la suppression de la respiration.

67*. De l'achat des esclaves. (Rh., fol. 57.)

68*. Du traitement d'un enfant épileptique.[71] (Rh., fol. 14·)

69*. Du régime des femmes enceintes. (Orib., Coll., Liv. incert., 3.)

70. De l'indigestion.

71*. De la rue. (Rh., fol. 211.)

72*. De l'iléus. (Rh., fol. 207, 215.)

73*. De la sueur.[72] (Rh., fol. 438.)

Second supplément à la liste d'Ackermann.

D'après divers auteurs;[73]

74. Liste des poisons. (Cf. l'art, 47.)

75. De l'hypocondrie.

76*. Des évacuations. (Aét., III, cxx; Rh., fol. 449, 450.)

77*. Sur le jeûne (ou la diète). (Rh., fol. 483.)

78*. Sur les laxatifs. (Rh., fol. 485.)

79. Livre du complément et de la fin (?). (Rh., fol. 91, 496.)

80*. De l'alimentation des enfants. (Cf. l'art. 60. Rh., fol. 91, 498.[74])

81*. Des salaisons. (Rh., fol. 501.)

82*. De l'alimentation. (Cf. l'art. 22. Rh., t. II, fol. i, 4.)

83*. Traité des chymes (=humeurs ?). (Rh., t. II, fol. 14.)

84*. Des bains. (Rh., fol. 167, 170, 171, 444, 486, 492.)

85*. De l'air et du climat. (Rh., fol. 192.)

86*. Sur les découvertes médicales. (De medicinis inventis, fol. 57, 502, 503.)

87*. Du régime des femmes. (Cp. l'art. 69. Rh., fol. 133.)

88*. De la suppuration ayant lieu à la poitrine (=phtisie ?). (Rh., fol. 93.)

89*. Exposition [médicale], au moins six livres, (Rh., fol 438 ; citation du livre VI, ch. iv.)

90*. Sur le moyen de diagnostiquer les affections chroniques (en grec : τὸ τῶν χρονίων πατθογνωμιχόν[75]). (Orib., t. IV, p. 63.)

91*. Traité des affections externes. Plusieurs scholies d'Oribase rattachent à ce traité en un seul livre (μονόβιβλος) : a, le fragment περὶ ἐρυσιπελάτων (Orib., t. III, p. 655; cf. p. 689. Cf. ci-dessous les articles 95 et suivants) ; b, le fragment περὶ γαγγλίου (ibid., t. IV, p. 15; cf. p. 527), et c, le fragment περὶ τοὺς ἕλκους (t. IV, p. 517 ; cf. p. 541).[76]

92. Entretiens sur la médecine. Cité par un scholiaste d'Oribase. (Orib., t. III, p. 686.)

93*. Du bubon. (Orib., Coll., XLIV, xvii; LI, xli.)

94*. Des ulcères. (Orib., Coll., XLIV, xx.)

95*. De l'érésipèle. (Orib., Coll., XLIV, xxviii. Cf. l'art. 91, a.)

96*. Des ganglions. (Orib., Coll., XLV, 8.)

97*. Des affections cancéreuses. (Orib., Coll., XLV, xi, xxviii.)

98*. Dépôts et substitutions. (Orib., Coll., XLV, xxx.)

99*. Banc d'Hippocrate.[77] (Orib., Coll., XLIX, xxvi.)

100*. Des spasmes; du tétanos. (Aét. VI, xxxviii.)

101*. Des affections du colon. (Alex. de Tr., IX, 1, dans nos fragments, n° iii.)

102*. Des épidémies.[78] (Rh., fol. 499·) — Cp. le n° 27b.

Nous essayerons de grouper les divers écrits de Rufus, de façon à rapprocher des ouvrages proprement dits certains chapitres qu'une tradition assez incertaine en a pu détacher pour former des traités spéciaux. Ce travail fournira quelques données pour une classification plus précise.

Généralités. Articles 89, 10, 6, 86, i4, 16, 54; V, 90, 91, 92, 98.

Explication des écrits hippocratiques. Art. 34, 27, 77, 58.

Régime et hygiène. 1, 53, 87, 69, 42, 15, 60, 80, 44, 2, 67, 25, 36, 85, 32, 82, 22, 48, 77, 23, 7, 8, 9, 63, 9, 5, 43, 81, 84, 12, 26, 76, 78, 79, 31, 83, 73, 62, 57, 70, 45, 12.

Maladies spéciales. 50, 38, 13, 18, 28, 37, 68, 61, 11, 30, 46, 75, 72; I, II, V, 17, 21, 33, 55, 35, 89, 51, 84, 88, 66, 41, 65, 4, 5, 93, 94, 95, 96, 97, 100, 101, 102.

Chirurgie et anatomie. IV, VI (Apocryphe?), 3, 40, 56, 3, 52, 4, 24, 99.

Pharmacopée. 59, III, 20, 19, 71, 47, 74·

 

IV.

FRAGMENTS DE RUFUS.

 

On a vu plus haut les noms des auteurs auxquels est due la conservation de très-nombreux fragments des ouvrages laissés par Rufus et perdus pour nous. De plus, la nomenclature de ses écrits a déjà donné au lecteur l'occasion de faire la part de contribution apportée par chacun de ces auteurs.[79] Nous allons maintenant les passer rapidement en revue.

 

I. Fragments extraits de Galien.

 

Moins d'un siècle après Rufus, Galien, en plusieurs endroits de son œuvre immense, a fait mention de son devancier, auquel il n'a pas ménagé les éloges. On nous dispensera sans doute d'aborder la bibliographie même la plus sommaire de cette œuvre. Qu'il nous suffise de dire que, pour le texte, nous suivons, à moins d'avis spécial, le texte adopté dans l'édition de Kühn, et que la traduction française nous est propre. On sait que l'édition princeps de Galien date de chez les Aide (1525, in fol.), et que la première gréco-latine est celle de René Chartier, professeur de l'École de médecine de Paris (13 volumes in-folio portant la date de 1679). Tout en souscrivant aux critiques sérieuses, portées sur cette édition par Ackermann, dans sa Notice littéraire sur Galien,[80] et par M. Daremberg, il faut reconnaître avec eux l'utilité et la difficulté de cette vaste publication, qui n'a pas été mise hors d'usage par celle du professeur Ch. G. Kühn, ainsi qu'on serait porté à le croire.

L'édition de Kühn commence la collection gréco-latine intitulée Medicorum Græcorum opera quœ exstant, dont elle comprend les vingt premiers tomes, en vingt-deux volumes in-8° (Lipsiæ, 1821-1833). A dire le vrai, ces deux grands monuments de la philologie médicale, qui ne s'excluent pas, sont loin d'avoir donné la dernière expression de la critique sur le médecin de Pergame. Telle était l'opinion de M. Daremberg.

 

II. Fragments extraits d'Oribase.

 

Oribase, médecin et ami de l'empereur Julien, avait composé sous le titre d'Ιατρικαὶ συναγωγαί, Collections médicales, un recueil en soixante-dix livres,[81] uniquement formé d'extraits textuels de trente et un médecins et chirurgiens grecs les plus renommés, entre autres Rufus d'Ephèse et Galien. Tout ce que l'on connaît de cette compilation a pris place dans l'édition générale de Bussemaker et Daremberg. Sont encore inconnus les livres XVI à XX, XXIII, XXVI à XLIII et LII à LXX; toutefois une partie de ces livres, renfermée dans un manuscrit de Paris (n° 446 du supplément grec, xiie siècle), a été signalée, en 1846, par M. E. Littré, qui en publia dès lors une portion,[82] et reproduite complètement dans le tome IV des Œuvres d'Oribase avec d'autres parties empruntées à nos manuscrits 2237, 1883, etc., et au Codex medicus XVI de Vienne.

Deux autres ouvrages d'Oribase étaient demeurés inédits, et l'on n'en avait imprimé qu'une traduction latine : ce sont la Synopsis, en neuf livres, réduction des Collections médicales, et le Recueil des remèdes faciles à préparer, Έὐπαριστα, en quatre livres. Ces deux textes remplissent le tome V des Œuvres d'Oribase, qui a paru peu de temps après la mort de M. Daremberg.[83]

Nous avons pensé qu'il était superflu de reproduire le texte et la traduction des fragments de Rufus conservés dans les divers ouvrages d'Oribase. Nous nous contentons d'en rapporter les titres et d'en donner une analyse sommaire. Il sera facile, pour plus ample informé, de recourir à l'édition des Œuvres d'Oribase.

MM. Bussemaker et Daremberg parlent d'une règle d'après laquelle « tout chapitre sans nom d'auteur provient toujours de la même source que celui qui le précède immédiatement. » (Œuvres d'Oribase, t. III, p. 694.) Un peu plus loin (p. 695), ils invoquent cette règle, mais M. Daremberg n'en a pas tenu compte lorsqu'il a relevé et transcrit, dans les deux premiers volumes de l'Oribase les extraits attribués à Rufus. Nous avons fait de même, sauf dans certains cas signalés en leur lieu. Cocchi et Dietz, dans leurs emprunts à la compilation chirurgicale de Nicétas, ont suivi la règle précitée. En ce qui concerne Oribase, nous laissons à d'autres le soin de préciser ces attributions, qui d'ailleurs garderont toujours un caractère hypothétique.[84]

 

III. Fragments extraits d'Aétius.

 

La compilation d'Aétius intitulée « Synopsis des ouvrages d'Oribase, de Galien, d'Archigène, de Rufus et autres médecins célèbres, » et divisée en quatre τετράβιβλοι est encore inédite en grande partie. Les huit premiers livres ont seuls été imprimés (Aide, 153ά, in fol.). Nous publions le XIe.[85] Quelques fragments des livres IX à XVI ont été donnés en grec à diverses époques.[86] L'ouvrage entier a été traduit complètement en latin par J. Cornarius (1541, in-fol.). Les fragments de notre auteur extraits d'Aétius sont encore les seules parties de la Synopsis qui auront été traduites en français.

Nous empruntons deux morceaux à la seconde moitié de cet ouvrage, restée inédite.[87] Le texte en a été transcrit et constitué par le continuateur d'après deux manuscrits de Paris, les nos 1883 (= P) et 631 du supplément grec (= X). Ce dernier manuscrit, rapporté d'Orient et complété avec d'autres exemplaires par Minoïde Mynas, est une copie excellente faite au xie siècle, qui offre de continuelles ressemblances avec celle qui a servi de texte à la traduction latine de Janus Cornarius.[88]

 

IV. Fragments extraits d'Alexandre de Tralles.

 

Aétius précède de peu Alexandre de Tralles, qui le cite, et qui florissait à Rome vers la fin du règne de Justinien. Il parle dans ses écrits de son séjour en Gaule et en Espagne. M. Daremberg a extrait de ses Thérapeutiques, en douze livres, non pas à proprement parler des fragments de Rufus, mais plutôt quelques chapitres utiles à rapprocher des textes de cet auteur qui nous sont parvenus. Nous y avons ajouté le chapitre du livre XII relatif au diagnostic de la fièvre quotidienne, morceau qui contient l'unique passage d'Alexandre où notre auteur soit nommé. Les autres chapitres que nous rapportons font partie des livres VIII et IX : ils concernent les maladies des reins et de la vessie, ainsi que celles des organes sexuels.

Manuscrits consultés.

Ms. de Paris 2202 = A, volume qui a appartenu au savant médecin anglais Thomas Linacer.

Ms. de Paris 2201 = B.

Ms. de Paris 2200 =C, copie que n'avait pas consultée M. Daremberg et qui nous a fourni une division de l'ouvrage en chapitres plus admissible que celle des éditions et des traductions latines.

Editions et traductions.

Edition grecque exécutée par Jacques Goupyl[89] d'après deux mss. de notre Bibliothèque nationale. Paris, Rob. Estienne , 1548, in fol. Cette belle édition contient, comme plusieurs manuscrits d'Alexandre, le traité de Rhazès De pestilentia traduit de l'arabe en grec.

Traductions :

Latine (d'après l'arabe) en iii livres. Lyon, 1504, in-4°;[90] Pavie, 1520, in-8°. — Venise, 1522, in fol.

Latine d'Alb. Torino. {C'est plutôt une paraphrase) Bâle, 1533, in fol. — Trad. lat. en v livres, Bâle, 1541, in fol.

Latine de J. Gontier d'Andernach. Argentorati in-8° ; — Lyon, 1560, in-12. Reproduite dans la collection d'Henri Estienne, Artis medicm Principes. Genève, 1567, in fol. t. II. Cum notis Jo. Molinæi. Lyon, 1576, in-12.

Edition grecque-latine (avec la trad. de Gontier) « Castigavit J. Goupyl ex mel. cod. Bâle, 1556, in-8°. »

Traduction française du livre XI par Seb. Collin, Poitiers, 1557, in-4°. Alexandri Trall. Opera latine versa, éd. d'Alb. de Haller (dans sa collection intitulée Art. med. Principes, t. VI, Lausanne, 1769-1787, in- 8°.

Lettre d'Alexandre de Tralles à Théodore sar les Helminthes, etc., non comprise dans les Œuvres de ce médecin, reproduite pour la quatrième fois par Fabricius (Biblioth. gr. t. XII, p. 602), et depuis, par Ideler (Physici et mediçi gr. minores, t. I, 1841, in-8°.[91])

 

V. Fragments extraits de Paul d'Égine.

 

Le chirurgien Paul d'Egine était très-renommé dans la seconde moitié du viie siècle. L'archevêque arabe Grégoire Aboulfaradj prétend qu'on le désignait sous le nom de l’accoucheur. Sa compilation médicale, dont il dit lui-même que c'est le plus souvent un abrégé des Collections d'Oribase, se divise en sept livres.

M. René Briau a fait précéder son travail sur le livre VI, qui constitue un véritable manuel chirurgical,[92] d'une introduction sur la vie et les écrits de Paul d'Egine. Il nous paraît avoir péremptoirement établi que Paul florissait vers l'an 650, et qu'il avait fait ses études de médecine à l'école d'Alexandrie. Les assertions relatives aux autres circonstances de sa vie sont, pour M. Briau, presque toutes conjecturales.

Manuscrits consultés.[93]

A,   ms. de Paris 2205. Contient des scholies et des gloses interlinéaires.

B, ms. de Paris 2206.

C, ms. de Paris 2217.

D, ms. de Paris 2292.

E, ms. de Paris 2207. Contient des gloses et des spécimens de traduction latine. .

F, ms. de Paris 2210.

G, ms. de Paris 2209.

H, ms. de Paris 2208. Porte à la marge des indications de chapitres et des recettes d'une date postérieure.

J, ms. de Paris 2211.

K, ms. de Paris 2047.

L, ms. de Paris 2212.

M, ms. de Paris 2192·.

N, ms. de Paris 2213.

O, ms. de Paris 2214.

P, ms. de Paris 2215.

Q, ms. de Rome (Vatican) fonds de la reine de Suède, n° 176, fol. 101 v°.

R, ms. de Paris 2204.

S, ms. de Paris 1883.

T, ms. de Paris 338 du supplément.

q, ms. de Rome (Vatican) 296, fol. 152; xvie siècle.

V, ms. de Rome (Vatican) 295, fol. 680.

X, ms. de Paris 494 du supplément,

φ, ms. de Florence, plut, lxxiv, n° 2.

χ, ms. de Florence, plut, lxxiv, n°27.

ψ, ms. de Florence, plut, lxxiv, n° 21.

Voici l'appréciation que M. Daremberg a faite de ces manuscrits ; nous la reproduisons textuellement. Bonne forme : D, H, J, K, R. — Copies médiocres : E, F, M, N, O, X. — Copies mauvaises : G, L, P. —. Manuscrits généralement semblables aux éditions : A, B, C, T, q.[94]

Editions et traductions.

Éditions :

Grecque (seulement), éd. Ald. et And. Asulan. socer. 1528, in fol.[95] Grecque « Melior. » Basil, ex off. And. Cratandri, 1538, in fol. cura Hieronymi Gemusæi, d'après un ms. communiqué par le médecin helléniste Jean Ruel, et, accessoirement, d'après d'autres mss.

Traductions :

Latine d'Albert Torinus (moins le livre VI) Baie, 153a, in-4°.

Latine d'Albert Torinus, complète, i534,in-4°.

Latine d'Albert Torinus, complète, 1546, in-8°. Jo. Oporinus.

Latine d'Albert Torinus, complète, 1555, in-8°. Jo. Oporinus.

Latine de Gontier d'Andernach, Paris, Simon Colineus, 1532, in fol.

Latine de Gontier d'Andernach, Cologne, 1534, in fol.

Latine de Gontier d'Andernach, Cologne, 1546.

Latine de Gonlier d'Andernach, avec notes de J. Goupil, Lyon, 1551, in-8°.

Latine de Gontier d'Andernach, avec notes de J. Goupil, Lyon, 1563, in-8°.

Latine de Gontier d'Andernach, avec notes de J. Goupil, Lyon, 1589, in-8°.

Latine de Janus Comarius, Bâle, Hervag, 1556, in fol.

Latine de Janus Cornarius, publiée en 1567, par Henri Estienne, dans ses Medicœ artis principes, p. 344.

Française du livre VI (Chirurgie), par Pierre Tolet, Lyon, 1539, in-12.

Française (Nouvelle) de ce même livre; avec le texte en regard, par M. René Briau. Paris, 1855, in-8°.

 

VI. Fragments extraits de Rhazès.

 

Mohammed Abou Beker ibn Zacaria er Rhazi (alias Ar-rhazi), écrivain médical du Khorassan auquel on a donné le nom de sa ville natale Rhay, Rhazès ou Rhazi, puis, plus communément, Rhazès, a composé, vers le milieu du xe siècle, et dédié à un Al-Mansor, prince indépendant du califat de Bagdad, un traité ou plutôt une vaste compilation intitulée el Hawi (le « contenant » ou « continent, » en latin continens), dont la Bibliothèque nationale possède une belle copie, mais incomplète[96] (mss. arabes, n° 1005 du supplément). C'est une réunion de matériaux d'un grand travail laissé inachevé par Rhazès et que ses disciples ont recueilli, augmenté et fort mal coordonné.[97]

Le département des imprimés de notre Bibliothèque nationale possède une traduction latine du Continent : Rasis continens, imprimée à Venise en 1509, 2 vol. in fol.[98] M. Daremberg en a fait extraire tous les fragments de Rufus qui sont au nombre de trois cent soixante-dix-sept.[99]

Rhazès, autant que nous pouvons en juger par l'interprétation de son vieux traducteur latin,[100] ne s'est pas astreint à copier in extenso notre auteur. Il est facile de voir, par certains rapprochements à notre portée, qu'il laissait de côté des membres de phrase, même des paragraphes entiers, dans le cours d'un morceau donné.[101]

 

VII. Fragments extraits d'Ibn el-Beïthar.

 

« Ebn el-Beïthar, écrit M. L. Leclerc, notre seul guide dans ce que nous avons à dire de ce médecin arabe ou plutôt persan,[102] est le plus grand botaniste de l'Orient. » Né, vers la fin du xiie siècle, à Malaga, il mourut à Damas en 1248. Il s'appelait, de son vrai nom, Dhya Eddin Abou Mohammed Abd Allah ben Ahmed, dit Ennabaty (le botaniste). Ebn el-Beithar signifie « le fils du vétérinaire. » Il dut séjourner tour à tour à Séville, à Tunis, à Constantine, à Tripoli, à Barca, sur les côtes de l'Asie Mineure, à Alexandrie, etc. Ses principaux ouvrages sont le Traité des simples (Djami el-Mouffridat), compilation où Rufus est cité une trentaine de fois, et le Traité ou Livre suffisant (Morny). Ce n'est autre chose qu'un « mémorial de thérapeutique. » (L. Leclerc, l. c.)

M. Daremberg avait demandé à M. le Dr Leclerc une traduction française des fragments de Rufus compris dans le Djami el-Mouffridat ou Recueil des simples du médecin botaniste Ibn el-Beïthar. M. le Dr Leclerc a bien voulu nous communiquer en bonnes feuilles la traduction d'Ibn el-Beïthar qu'il publie dans les Notices et extraits des manuscrits.[103] C'est donc son œuvre proprement dite que nous insérons dans cette édition de Rufus ; seulement, comme nous avons voulu n'y faire entrer que les citations d'Ibn el-Beïthar comprises dans la partie de cette traduction publiée jusqu'à ce jour, il nous a fallu rejeter ces fragments dans l'Appendice (section X) à cause des retards apportés dans l'impression du Traité des simples. On reste, ce déplacement est purement matériel, et le numérotage des fragments de Beïthar continue la série unique commencée avec ceux de Galien.

Nous terminerons cette revue des auteurs qui nous fournissent des fragments de Rufus en rappelant simplement deux médecins du moyen âge auxquels Rufus n'était pas inconnu.

 

VIII. Fragments extraits de Sylvaticus et de Valescus.

 

Matthieu Sylvaticus de Mantoue, qui vivait à Salerne en 1297, a laissa un grand dictionnaire de médecine intitulé Pandectœ medicinœ ou Liber cibalù et medicinalis Pandectorum, dédié à Robert, roi de Sicile, en 1336, ouvrage qui eut plusieurs éditions (Bologne, 1474; Naples, même date; Venise, 1478, 1480, 1489; Turin, 1526, in fol.). Fabricius dit et prouve qu'il savait très imparfaitement le grec (Biblioth. grœca, t. XIII, p. 324). Rufus est compris parmi les auteurs qu'il a cités; mais Fabricius, qui a dressé la liste de ces auteurs, n'a pas indiqué le lieu des citations.

Valescus Tarentinus ou de Tarente, disciple de Bernard Forestier et médecin à Montpellier en 1382, puis à la cour de Charles VI, a cité plusieurs fois Rufus, notamment le purgatif « ἱερὰ Rufi, » dans son Philoniam, ouvrage de pratique pharmaceutique et de chirurgie, publié à Venise en 1521, à Lyon en 1560, in-8°, etc. Fabricius (Biblioth. grœca, t. XIII, p. 444) nous indique les citations de Rufus d'après l'édition de Francfort 1599, in-4°, bien qu'il y en ait une plus récente, même ville, 1686, in-4°. (Voir le Philoniam, p. 3, 576 et 577.)

En terminant cette révision des auteurs auxquels on doit les nombreux fragments de Rufus, nous avons à présenter une observation ou plutôt un avertissement sur l'authenticité qu'il y aurait lieu d'attribuer ou de contester â ces fragments. Premièrement il est moralement certain que la section qu'ils forment dans le présent volume renferme plusieurs textes qui ne sont pas et ne peuvent pas être de Rufus. Telles seront, par exemple, quelques parties indéterminables des morceaux qui, dans Oribase, Aétius, etc., sont indiqués comme étant tirés communément et de Rufus et d'une autre autorité médicale. De plus, le rapprochement de quelques fragments reproduits par deux compilateurs sur un sujet donné fera voir des différences de rédaction qui prouvent que, croyant ou pouvant croire que nous possédons l'œuvre de Rufus, nous n'avons parfois que sa pensée revêtue d'une expression propre au compilateur qui nous l'a transmise. Nous avons touché ailleurs la question des attributions énoncées implicitement d'après la rubrique placée en tête d'une série de chapitres provenant peut-être d'une même source, attributions essentiellement hypothétiques, qui réclameraient une étude toute spéciale. Enfin il existe, nous l'avons dit, un certain désaccord entre les attributions indiquées par les divers manuscrits des compilateurs. Gomment reconnaître celles qui méritent créance? Nous devions faire ces réserves pour fixer les idées sur la valeur toute relative que nous donnons au terme de « fragments de Rufus. »

V.

APPENDICE.[104]

Section I. Notes sur le traité des maladies des reins et de la vessie. — M. Daremberg, dans la partie de ce volume imprimée par ses soins, a visé plusieurs fois,[105] par anticipation, le commentaire qu'il avait projeté sur ce traité. Nous avons essayé de le constituer avec les matériaux retrouvés sous différents chefs, dans les papiers de notre prédécesseur. On nous pardonnera ce que doit avoir d'incomplet un travail exécuté dans ces conditions. Les citations de textes inédits ont été revues sur le manuscrit de Paris 2193.

Section II. Notes et nouvelles variantes relatives au livre XI d'Aétius. — Nous avons reproduit deux notes préliminaires où le savant éditeur expose l'usage qu'il a fait des manuscrits et donne son opinion sur leur valeur. Puis viennent les collations des manuscrits de Florence, consultés postérieurement à l'impression du texte d'Aétius. Nous avons eu à coordonner ces collations.

Section III. -— Vient ensuite le complément du livre XI d'Aétius. M. Bussemaker avait exécuté une copie des chapitres de ce livre qui n'avaient pas un rapport direct avec les textes connus de Rufus, et que, pour cette raison, M. Daremberg n'avait pas cru devoir, dans le principe, insérer à la suite du traité de notre auteur. Mais le soin que M. Daremberg a pris de mettre un renvoi dans son Apparatus à chacun des endroits où doivent être placés les fragments complémentaires, rend manifeste l'intention qu'il avait de les publier, pour donner le livre XI dans son entier. Cette copie, faite sur X, manuscrit rapporté d'Orient par. Minoïde Mynas, a été collationnée sur le ms. d (cod. laurent. plut, lxxv, n° 21), et (par nous), sur G (ms. de Paris 2193). Il sera donc facile de reconstituer le livre XI de la Synopsis d'Aétius. Nous ne mentionnons que les variantes offrant quelque détail particulier.

Section IV. Extraits inédits des Ephodes d'Abou Djafar traduits en grec. — M. Daremberg avait donné déjà quelques parties des Ephodes ou Viaticam (en arabe, Ζad el-Muçafir), dans le t. II des Archives des Missions scientifiques et littéraires.[106] Les fragments que nous éditons se rattachent à notre publication, le premier par la mention du nom de Rufus et les autres par la communauté des sujets traités. Le texte de ces extraits a été transcrit en partie par M. Daremberg sur le ms. 2239 de Paris (décrit Archives, p. 492), partie pour lui sur le ms. 708 de la Bodléienne. Nous l'avons constitué en ayant sous les yeux le ms. 2239.

Section V. Variantes nouvelles et autres notes relatives au traité du Nom des parties du corps. — Ici comme ailleurs nous n'avons retenu, dans les collations de M. Daremberg, que les leçons qui pouvaient avoir d'autres causes que l'ignorance ou l'inadvertance des copistes.

Section VI. Premier texte anonyme inédit. Dénominations de la nature de l'homme. — Dès 1852, M. Daremberg signalait ce texte inédit dans les Archives des missions (t. III, p. 5). Il l'a tiré d'un ms. du Vatican (fonds palatin, n° 302, fol. 84 r°), puis collationné sur une copie du fonds Colonna, n° 12. Ce court morceau offre quelques analogies avec un texte publié par M. Constantin Sathas dans l'introduction du t. V de sa Bibliotheca Grœca medii ævi, p. lii, et mérite d'être rapproché du Traité du nom des parties de l'homme.

Section VII. Second texte anonyme inédit sur les variétés de fièvres. — M. Daremberg a fait copier dans le ms. de Paris 2260 un traité anonyme (omis au catalogue imprimé) sur les variétés de fièvres, traité dans lequel se rencontre un court fragment de Rufus. Ce manuscrit, déplus de 100 feuillets, écrit sur papier au xve siècle, renferme un grand nombre de textes sur les fièvres, sur les urines, sur le pouls, etc., placés sous les noms d'Hippocrate, Galien, Etienne, Théophile, Actuarius, Avicenne, Siméon, Dioscoride, enfin le traité Περὶ ψυχῆς de Jean Chrysostome. Nous publions en partie, le Traité des fièvres, en faveur du fragment de Rufus que nous lui devons, et aussi par cette considération qu'il ne manque pas d'un certain intérêt pour l'histoire du traitement des fièvres. C'est une sorte de commentaire sur le traité de Galien portant le même titre.

La Laurencienne, à Florence, possède le même texte (plut, lxxiv, cod. 11) dans un manuscrit du xvie siècle.[107]

Section VIII. Synopsis ou Traité abrégé sur le pouls. Notice préliminaire et commentaire. — Nous avons eu dans les mains un exemplaire de l'édition de 1846 annoté par le savant éditeur et préparé vraisemblablement pour le volume que nous publions. Nous nous sommes borné le plus souvent à raccorder le travail ancien avec les modifications portées sur cet exemplaire. On a vu plus haut notre opinion sur l'authenticité de la Synopsis.[108]

Section IX. Fragment de Paul d'Égine relatif aux maladies, des reins et de L· vessie. — Ce morceau continue le texte publié parmi les fragments de Rufus sous le n° 117 (pages àliz-ΙιΙχη). Il s'est retrouvé après coup dans une seconde copie du ^chapitre faite pour M. Daremberg, indépendamment des matériaux réunis en vue de la présente publication. Nous le donnons pour être rapproché des notions analogues énoncées dans notre auteur.

Section X. Fragments de Rufus extraits d'Ibn el-Beïthar. — Voir ci-dessus, p. xlix.

Telle est, dans son ensemble, notre édition de Rufus d'Éphèse. En résumé, nous pouvons dire que l'on n'a pas laissé sans usage une seule des remarques ou des recherches dues à l'éditeur proprement dit de cet auteur; heureux si nous avons réussi à faire moins regretter que la multiplicité des travaux entrepris par M. Daremberg, puis une mort prématurée, ne lui aient pas permis d'achever cette œuvre de restauration, à laquelle il eût apporté plus de compétence que nous. Notre zèle, du moins, a fait ce qu'il a pu pour y suppléer.

 

Ch.-ém. ruelle.

Septembre 1879.

 


 

[1] Dès 1842, L. Ideler annonçait l'intention de commencer le tome III de ses Scriptores media minores par les écrits de Rufus. (t. II, Præf., p. v.) Dans les « Instructions de l'Académie des inscriptions et belles-lettres relatives à la nouvelle mission de M. Daremberg en Allemagne et en Italie. » M. Littré, rédacteur de ces Instructions, s'exprimait ainsi: « Rufus sera aussi un objet tout particulier de l'attention de M. Daremberg, qui, depuis longtemps, amasse les matériaux nécessaires à une nouvelle et complète édition de cet auteur.» (Arch. des missions scient, et litt., t.III, 1853, p. 424.)

[2] Probablement pour l'avoir confondu avec Dioscoride, dont Suidas a écrit: Κλεοπάτρ συνῆν.

[3] Voir Haller, Bibl. bot., t. I, § 48, p. 107; Bibl. anat., t. I, § 53, p. 78; et Bibl. med. pract., t. I, § 53, p. 172.

[4] Galien, Traité sur ses propres ouvrages, t. IV, p. 370, éd. Basil. M. Littré (Œuvres d’Hippocrate, t. I, p. 104) a dit : « Nous ne savons pas au juste quels sont les écrits hippocratiques que Rufus avait commentés. Galien, qui seul nous donne quelques renseignements sur ce sujet, nous prouve, par les citations qu'il rapporte, que Rufus avait commenté les Aphorismes, le livre des Epidémies, le Ier livre des Prorrhétiques, le traité des Humeurs. C'est là tout ce que nous savons de ses commentaires sur les écrits hippocratiques. Galien dit que Rufus s'efforçait toujours de conserver les vieilles leçons du texte. (Gal., t. V, p. 188, édit. Basil.) On voit, par quelques lignes que Galien a conservées du Commentaire de Rufus sur le Ier livre des Prorrhétiques, que le médecin d'Ephèse estimait peu les travaux de Zeuxis : « Zeuxis, dit-il, s'il faut aussi en faire mention, qui fuit ordinairement la raison, en donne ici une preuve, car, rencontrant une erreur, il l'a conservée; il veut qu'on interprète (il s'agit d'un passage du Ier livre Des Prorrhétiques) urine cuite ορα πέπονα, comme signifiant urine purulente et épaisse, chose fâcheuse; ne sachant pas que la coction des urines est comptée parmi les phénomènes les plus utiles. » (Gal., ibid.) Rufus voulait qu'on lût urines rendues avec douleur, ορα ἐπιπονα. »

[5] Si, du moins, est exact le calcul que fait Lambécius sur l'âge de ce précieux manuscrit.

[6] Voir ce que dit M. Littré (Œuvres, complètes d'Hippocrate, t. I, p. 43) sur la représentation sculpturale du médecin de Cos.

[7] Histoire de la médecine arabe. Exposé complet des traductions du grec ; les sciences en Orient, leur transmission à l'Occident par les traductions latines, Paris, E. Leroux, 1876. 2 vol. gr. in 8°.

[8] Ebn Abi dans un autre endroit appelle notre auteur « le grand Rufus, » comme l'avait fait Oribase (Euporistes, I, Préambule).

[9] M. Paul Foucart nous a donné le conseil de compulser l'ouvrage de J. T. Wood (Discoveries at Ephesus, etc.), mais nous y avons cherché vainement quelque inscription portant la mention de notre médecin éphésien. Deux textes épigraphiques publiés par Wood méritent toutefois de nous arrêter un instant : 1° (Inscriptions from the great theatre, n° 11) : Μάρκος Αὐρήλιος ουφεῖνος λεξανδρεὺς καὶ φέσιος όδιος βούλει (sic). Cette inscription nous a rappelé que le nom de Rufus est quelquefois produit sous la forme Rufinus, notamment dans Rhazès. 2° (Inscriptions from tombs, etc., n° 7) : Tombeau et autel élevés à la mémoire d'un Marcus Pomponius Boron, médecin, ami d'Auguste et d'Ulpia Niké, sa femme. Dernières lignés : Τῆς σοροῦ κήδονται τσυνέδριον οἱ ἐν φέσἀπτοῦ Μουσείου ἰατροὶ, ος καθιερωσάτην εἰς κλῆρον Μ. Δ. Κ. Il semble résulter de ce texte qu'il existait à Ephèse, sous la domination romaine (comme plus   anciennement à Smyrne), une sorte de centre médical, ce qui expliquerait la pluralité des médecins célèbres originaires de cette cité; mentionnons entre autres Daphnus (un des déipnosophistes d'Athénée), Soranus, Magnus, Ménécrate.

Le nom de Rufus se rencontre dans Stobée (Eglogæ physicæ, § 48), en tête d'un fragment, De voce, mais ce morceau pourrait être attribué, sous toutes réserves d'ailleurs, au Rufus auteur d'un traité De musica, plutôt qu'au médecin d'Ephèse.

Galien, dans son traité De compositione medicam. sec. loca, mentionne, en passant, un remède employé avec succès contre la goutte par un médecin qu'il nomme Μήνιος Ροῦφος, mais il s'agit ici probablement d'un homonyme de notre Rufus. (Galien, t. XIII, p. 850, éd. Chartier; t. XIII, p. 1010, éd. Kühn.)

[10] Ajoutons : dans Alexandre de Tralles. (c. e. r.)

[11] « Il est fort douteux que le traité Du pouls, Περὶ σφυγμν, attribué à Rufus, et que j'ai publié en 1846, soit réellement de cet auteur. » (daremberg.)

Cette restriction n'a pas empêché M. Daremberg de comprendre dans la présente publication ce traité, Περὶ σφυγμών, dont l'authenticité ne nous paraît pas inadmissible. (Voir plus loin, p. xxvii.) Par contre, M. Daremberg ne parle pas du traité Des médicaments purgatifs, qui d'ailleurs figure dans la Collection, médicale d'Oribase. (Liv. VII, ch. xxvi.)

[12] Voir plus loin la notice de ces manuscrits. (c. e. r.)

[13] Deux de Paris, un du Vatican, un de la Bibliothèque barberine à Rome, un d'Oxford, un de Middlehill (ces trois derniers étaient inconnus), enfin un de Leyde, dont je dois la collation à mon ami M. Ermerins, de Groningue.

« Les manuscrits d'Oxford, de Middlehill, d'Augsbourg et de Paris, proviennent tous d'un même original et sont mutilés, aux mêmes endroits. » (Autre note de M. Daremberg retrouvée dans ses papiers.)

[14] Le cardinal Angelo Mai découvrit quelques nouveaux fragments du Traité de la vessie, et le» a publiés en 1831 dans le tome IV de ses Classici auctores. (c. e. r.)

[15] Aujourd'hui directeur général des Archives nationales. (c. e. r.)

[16] M. Daremberg continuait ainsi : « A Rufus je joindrai la partie anatomique de l’Onomasticon de Pollux (l. IΙ, ch. iii-v, § 22-235), Hypatus, et d'autres opuscules sur le même sujet. »

En ce qui regarde Pollux, nous sommes loin de contester l'intérêt qu'il peut y avoir à rapprocher ses chapitres sur les parties du corps humain des textes de Rufus relatifs au même sujet (voir Haupt, Pollux und Rufus Ephesius, dans Hermès, 1869, t. III, p. 224-228); mais il serait peu utile de donner une simple reproduction de cette portion de l’Onomasticon que M. Daremberg aurait sans doute commentée avec une autorité toute spéciale, et d'ailleurs les rapprochements seront faciles, les bonnes éditions de Pollux n'étant pas rares. (Voir, plus loin)

Le nom d'Hypatus doit être rayé de la liste des anciens médecins grecs. C'est par suite d'une singulière confusion qu'il y figure. Le texte qu'on lui attribue a été retrouvé parmi les opuscules de Michel Psellus, qui portait, comme on le sait, le titre honorifique de ὕπατος τῶν φιλοσόφων. M. Constantin Sathas, l'auteur de cette découverte, à peine entrevue par Lambecius (VII, 297), a réédité ce morceau et raconté tout au long la série de méprises auxquelles il a donné lieu, dans la savante introduction placée en tête des Mélanges inédits de Psellus. (Voir sa collection d'anecdota intitulée : Bibliotheca grœca medii œvi, t. V, 1876, Maisonneuve, p. li.) Sa réédition nous dispense d’insérer le prétendu Hypatus dans le présent volume; mais nous publierons (Appendice, section vi) un texte inédit intitulé Ὀνοματοποιία τῆς τοῦ ἀνθρώπου φύσεως, tiré d'un codex du Vatican, par M. Daremberg. (Cf. Archives des missions scientifiques et littéraires, t. III, 1852, p. 5 ; cf. aussi un petit poème grec de G. Sanginatius, comte palatin du xve siècle, sur les parties du corps humain, publié pour la première fois, par M. Daremberg, dans les Archives des missions, t. III, p. 1-16.—Voir aussi, même recueil, t. II, p. 548. Cf. Fabricius, Bibliotheca græca, anc. éd. t. X, p. 477 et 484; t. XII, p.781, éd. Harles, t.XII, p. 135; et C. Sathas, l. c.)

[17] La bibliographie de Rufus d'Éphèse, par J. Chr. G. Ackermann, médecin et professeur d'Altdorf à la fin du XVIIIe siècle, figure dans la Bibliothèque grecque de Fabricius, édition Harles, t. IV, p. 714-721.

[18] Wenrich, De auctorum Grœcorum versionibus et commentariis syriacis, arabicis, etc., commentatio, etc. Lipsiæ, 1842. — Dr L. Leclerc, Histoire de la médecine arabe.

[19] Galien n'a cité textuellement qu'un seul passage de Rufus. Nous croyons néanmoins, tout compte fait, devoir reproduire les endroits de ses écrits où il a mentionné le médecin d'Ephèse. Il en est de même d'Alexandre de Tralles. (Voir ci-après.)

[20] Voir plus bas.

[21] Extrait de la notice du ms. de Moscou (Matthœi, p. xviii) : « Codex typographei synodalis in-fol. num. xxv. Continet Oribasii collectaneorum libros priores XV. Ex hoc codice multa ac nota bilia Rufi fragmenta subjeci post fragm. a Paulo Ægineta servata. Mirabilia fata habuit hic codex ac multa per dissitissimos locos itinera fecit. Primo fuit in bibliotheca Jo. Bapt. Rasarii, translatus est in bibliothecam Maximi deinde Margunii, Cytherorum episcopi. Post hujus obitum pervenit in bibliothecam monasterii Iberorum montis Athus. Inde cum aliis pluribus (avis aux philologues-paléographes) ex mandate Alexii Michælidis Rossorum imperatoris, Petri Magni Parentis, emtus, huc Mosquam translatas est. » — On voit que le ms. de Moscou n'a servi à Matthæi que par les extraits de Rufus conservés dans Oribase.

[22] Ou plutôt περσατυριασμοῦ. Voir ci-dessus.

[23] Nous donnerons sommairement les résultats à peu près conformes auxquels nous a conduit un nouvel examen des variantes, 1 ° Tous les manuscrits consultés proviennent directement ou indirectement de A ; Ο, directement ; aucun des manuscrits consultés ne provient de Ο, même indirectement ; M peut venir de A, V de M, et Q de V; L vient indirectement de A ; de L dérivent B, peut-être avec un intermédiaire et P immédiatement. De là une généalogie qui est résumée dans le tableau suivant :

[24] Voir Fabric. B. Gr., anc. édit. vol. VIII, p. 318. Labbe, Bibl. mss., p. 212. Lambec. Bibl. cœsar., t. VI, p. 102.

[25] Texte tantôt abrégé, tantôt complété par Oribase, Coll. méd., l. XXV, ch. 1. Cf. Daremberg, Archives des missions, t. III, p. 25. Voir aussi le traité de Théophile le Protospathaire (viie s.) Sur la structure du corps humain, publié pour la première fois (grec-latin) dans l'ancienne édition de Fabricius (Bibl. gr., t. XII, p. 785-911). Cf. Meletius, De natura hominis, éd. Cramer (Anecd. Oxon., t. III).

[26] M. Daremberg n'a pas vu ce manuscrit, mais il a obtenu de M. Albert Jahn une copie que ce philologue en avait faite.

[27] C'est une copie du xvie siècle, écrite sur papier in-4°. Une main qui n'est pas celle de M. Daremberg (c'est probablement celle de M. Ermerins) a écrit, en marge des collations: « sans valeur. »

[28] Notamment dans le passage qui suit : « La secte, dit Galien, qui procède par le raisonnement ordonne d'étudier la nature du corps que l'on veut traiter et la puissance de toutes les causes à l'action desquelles l'homme étant exposé tous les jours devient mieux portant ou plus malade; de plus, elle prescrit au médecin de connaître d'avance la nature des airs, des eaux et des lieux, du genre de vie, des aliments, des boissons et des habitudes, pour trouver la cause de toutes les maladies, la vertu des médicaments, et pour devenir capable de calculer, à l'aide de comparaison et de raisonnement, quels effets produira, contre une certaine espèce de cause, un moyen de traitement doué d'une certaine propriété déterminée, etc. » (Des sectes, aux étudiants, chap. iii : Méthode des dogmatiques. Traduction de M. Daremberg.) D'autre part, Galien s'exprime ainsi : « Nous nous efforçons, comme tu sais, d'indiquer nous-même la cause antécédente sans attendre les renseignements du malade. . . .Si les passions de l'âme persistent encore pendant l'examen du malade, c'est surtout par le pouls qu'il faut s'efforcer d'arriver au diagnostic, ainsi qu'il est écrit dans mes livres sur le· pouls. Après le pouls, on arrivera au diagnostic par les autres signes. » (P. 711.

[29] Voir l'Appendice, section viii. dans sa Thérapeutique à Glaucon, I, ii.

[30] Edition de 1846, p. 3. Œuvres d'Oribase, 1851, t. I (Plan de la collection des médecins grecs et latins), p. xxiii.

[31] Dans la présente édition, p. 635, note sur la page 326, 1. 10.

[32] Cf. Pollux, sur le cœur (Onom. II, ch. iv, § 216)... ἡ καρδία κόλπους ἔχουσα αἵματος τε καὶ πνεύματος, ὧν τὸ μὲν ἐκπέμπει δι' ἀρτηριῶν, τὸ δὲ διὰ φλεβῶν § 217.  Οἱ δὲ κόλποι καλοῦνται κοιλίαι· ἡ μὲν αρισρερᾷ παχυτέρα ὡς πνεύματοι οὖσα ἄγεσις. ἡ δὲ ἐν δεξίᾳ λεπτοτέρα μὲν ἐπὶ μείζονος δὲ εὐρυχωρίας, ἀγ' ἧς οἱ τοῦ αἵματος ὀχετοὶ φέρονται. Voir page suivante.

[33] L'édition de Pollux donnée en 1706 par Lederlin et Hemsterhuis rapporte cette observation de Jungermann sur les emprunts faits à Rufus par l'auteur de l’Onomasticon dans le cours de son IIe livre, consacré à l'homme physique : « In hunc suum secundum totum fere Rufi Ephesii iihrum de appellatione partium corporis humani transtulit noster, ut monet Casaubon (IX, in Athen. xiii). » Or la nomenclature du grammairien grec ne présente pas moins d'analogies avec l'Anatomie « attribuée à Rufus » qu'avec le Traité du nom des parties du corps ; nouvel argument en faveur de la connexité qui relie les deux textes.

[34] Je propose une autre interprétation p. 613, note 2 de la p. 612.

[35] Autrefois, n° 621 du supplément latin ; aujourd'hui, n° 10233 de l'ancien fonds. Voir la description de ce ms. par M. Aug. Molinier, Œuvres d'Oribase, t. V, p. v.

[36] Le passage d'Oribase nous donne probablement le titre grec de ce traité : Περί τν κατ ρθρα νοσημάτων. Le traducteur latin de Rhazès l'intitule généralement : De dolore articulorum (fol. 141, 195, 275, 284). Il en fait aussi une section du livre de la médecine populaire (Liber ad vulgus, f. 206, 289, 290). — Cp. Fabricius, Biblioth. gr., t. XI, p. 417, éd. Harl., note y.

[37] Voir ci-dessus.

[38] L'astérisque désigne les écrits dont quelques parties nous sont parvenues et figurent, par conséquent, soit dans les Œuvres d'Oribase, soit dans le présent volume.

[39] Cf. dans la collection hippocratique (éd. Littré, t. VI) le traité portant le même titre, notamment le l. I, ch. ii (p. 469).

[40] C'est là peut-être un commentaire de Rufus sur l'opuscule d'Hippocrate portant le même titre, véritable « discours de la méthode » du père de la médecine grecque. Sur l'authenticité de cet opuscule, voir Littré, Œuvres d'Hippocrate, t. I, p. 203-320.

[41] Présenté par Oribase comme situé vers le milieu du l. V du Régime.

[42] Présenté par Oribase comme extrait du l. II du Régime, livre consacré aux boissons.

[43] Présenté par Oribase comme extrait du l. II du Régime (boissons), vers la fin.

[44] Les papiers laissés par M. Daremberg contiennent le texte et la traduction française du passage d'Ebn Abi Ossaïbiah où se trouve la liste des écrits de Rufus (voir plus loin, p. xxxvi). On y lit, à propos du traité de la Mélancolie: oie meilleur ouvrage de Rufus, en deux parties. »

[45] Présenté par Oribase comme ex trait du Régime. Voir dans nos fragments de Rufus le n° 16 et la note.

[46] Oribase, dans le préambule de ses Euporistes, dit que Rufus avait écrit un traité de médecine : Πρὸς ἰδιώτας, et, d'autre part, annonce qu'il fera dans son ouvrage de fréquents emprunts à ce médecin. Or il n'a spécifié que deux fois, dans ses Euporistes, les emprunts qu'il lui a faits. Nous sommes porté à conjecturer qu'il a rédigé en majeure partie, d'après notre auteur, les articles de cet ouvrage intitulés : De la manière d'élever des enfants (I, 1) ; — Du régime à suivre entre l'enfance et la vieillesse (I, 2); — Du régime à suivre suivant les différentes saisons (I, 10); — Des rapports sexuels (I, 13); — Que le lait nuit aux dents (1, 52).

On trouve dans le Voyage de Hollande de Diderot, t. XVII, p. 429 éd. de Garnier frères, la mention d'un ms. grec in-folio de 30 feuillets environ, acheté aux Jésuites par Meerman fils, de La Haye, et intitulé Rufi Ephesii de morbis popularibus. D'après les renseignements que M. Campbell, administrateur en chef de la bibliothèque royale de La Haye, a bien voulu me communiquer, avec un empressement dont je me plais à le remercier publiquement, ce manuscrit ne porte pas le titre précité, et n'est autre que le codex meermanien 231, acquis par sir Thomas Phillips et décrit ci-dessus (p. xii).

[47] Dans quelques mss. d'Aétius, ce morceau est attribué non pas à Rufus, mais à Posidonius. Voir dans les fragments le n° 76.

[48] Voir Fabricius, Biblioth. gr., anc. édit., t. II, p. 630, et t. IIΙ, p. 103. Un scholiaste d'Oribase mentionne le l. III, τῶν τοῦ ούφου βοτανικῶν. (Œuvr. d'Orib., t. II, p. 744, 1. 9.) M. Daremberg, dans une courte biographie de Rufus, s'est exprimé ainsi en 1857 : « Il (Rufus) avait écrit un poème sur la médecine dont il reste quelques fragments dans l'édition de Dioscoride des Aldes. » (Dictionn. d'hist. de Dezobry et Bachelet.) Nous nous proposons de revenir sur cette assertion et de rechercher si le poème en question, publié de nouveau par Fabricius (t. Π), peut être en effet de Rufus. Il en a été donné une 3e édition à peu près définitive par C. F. Lehrs dans les Bucolici et Didactici de la Bibliotheca grœca de Firmin Didot, 1851.

[49] Présenté par Oribase comme extrait du l. I du Régime, vers la fin.

[50] Partie du l. II du Régime (boissons), d'après Oribase.

[51] Ouvrage de Galien, attribué à Rufus par Rhazès.

[52] Ce livre a été traduit en hébreu et plus tard en latin, d'après la version arabe de Honein. Rhazès, dans le Continent, dit à plusieurs reprises que l’ouvrage, attribué à Galien, est plutôt de Rufus. Cf. Luc. Leclerc, Hist, de la médecine arabe, t. I, p. 149.

[53] Voir ci-dessus.

[54] On lit dans Etienne d'Athènes, préambule de son commentaire sur les Aphorismes (Dietz, Schol. in Hippocr., t. II, p. 238) : Ὅτι γνήσιον πποκράτους τὸ σύγγραμμα ἐμαρτύρεσαν οῦφος τε καὶ Ρουφῖνος (αliαs Σαβῖνος) καὶ Σωρανὸς καὶ Πέλοψ καὶ Γαληνός... Quant à la division des Aphorismes, Etienne s'exprime ainsi: « Soranus a partagé l'ouvrage en 3 parties, Rufus en 4, Galien, que nous suivons, en 7 » (p. 239). Peut-être faut-il corriger : « Rufus en 5. »

[55] Particulièrement d'après Ebn Abi Ossaïbiah, auteur d'une biographie médicale au xiiie siècle. Nous suivons ici Wenrich (De auctorum grmcorum versionïbus et commentariis syriacis, etc., p. 221 et suiv.), et surtout le Dr L. Leclerc (Hist, de la médecine arabe, t I, p. 239 et suiv.).

[56] Mentionné dans la nomenclature d'Ebn Abi, Nous donnons ce titre d'a près l'ouvrage du Dr Leclerc. La traduction manuscrite précitée de cette nomenclature donne : » Le livre des quarante, en une partie.» Wenrich omet cet article.

[57] Cf. dans Rhazès les citations empruntées au Liber flegmaticorum, f. 304.

[58] Sans doute le même traité dont Rhazès rapporte quatre passages en l'intitulant : De extenuando pinguem, f. 229, 274, 275; t. II, fol. 27.

[59] La traduction ms. : de l'angine.

[60] Il faut sans doute rattacher à cet ouvrage le fragment relatif à la fièvre quintane. (Voir Appendice, section vii, p. 609.) Cp. ci-après, p. 343, Aét., V, 83, 84,

[61] Trad. ms. : Sur la boisson des accouchées (?).

[62] Trad. ms. : Des figuiers (sc. fies). (Cf. l'art. 5.)

[63] Ouvrage dédié à un ami nommé Potamonianus.

[64] Trad. ms.: De l'utilité de prendre beaucoup de remèdes dans les repas de noce.

[65] Trad. ms.: Un traité sur les plaies. (Cf. l'art. 3.)

[66] Trad. ms. : Recommandations aux médecins. Il faut peut-être voir une partie de cet ouvrage dans le morceau conservé sous le titre d'Interrogatoire des malades. (Ecrits conservés, art. V.)

[67] Peut-être le Περί ὀλισθημάτων auquel Rufus renvoie lui-même (Orib., Coll., XLIX, xxxii et xxxv.) —: Cf. t. IV, p. 432, l. 3, et la scholie, p. 540, l. 6.

[68] Trad. ms. : Des degrés des médicaments. (Cf. Œuvres d'Oribase, t. II, p. 603 et suiv.)

[69] Cf. dans Rufus, Maladies des reins et de la vessie, p. 22-23, le passage où il annonce l'intention de traiter ce sujet.

[70] Trad. ms. : Sur le médicament appelé Bounya (?).

[71] Trad. ms. : Du traitement des enfants épileptiques.

[72] La trad. ms, ajoute : Traité sur l'embolisme (?) melæna (?).

[73] Nous avons formé cette dernière liste d'après Rhazès, Oribase, etc.

[74] Rhâzès, fol. 91, place cet article dans le livre V [du Régime].

[75] Titre signalé par un scholiaste d'Oribase comme celui d'un ouvrage dont le dernier chapitre serait le morceau περὶ ἐλεφαντιάσεως, rapporté par le compilateur. (Collect. médic, l. XLV, Ch. xxiii; cf. Œuvres d'Oribase, t. IV, p. 529.)

[76] Nous sommes tenté d'y comprendre le fragment sur les pâles couleurs et les taches livides (Orib., Synopsis, III, lxxxviii), et la recette pour enlever les rides (ibid., ΠΙ, clxviii, et Aét., VIII, vi)

[77] Cf. la collection de Nicétas (mentionnée ci-dessus), §§ 189-198.

[78] Peut-être le commentaire sur les Épidémies d'Hippocrate. (Cf. l'article 27 b)

[79] Récapitulation des fragments : Galien, nos 1-6; Oribase, 7-55; Aétius, 56-81 ; Alexandre de Tralles, 82-111 ; Paul d'Égine, 112-117; Rhazès ,118-494; Ibn el-Beïthar, 495-508.

[80] Fabricius, Bibl. gr., éd. Harl., t. V, p. 377-500. Notice reproduite, avec additions et modifications, en tête des Œuvres de Galien, éd. de Kuhn, t. I, p. xvii-cclxiv.

[81] Paul d'Egine (Prœfatio) la nomme Ἑβδομεκοντάβιβλος.

[82] Fragments complémentaires du livre XLIV et autres fragments de livres inconnus (Revue de philologie, t. II, 1846-1847). Cf. Œuvres d'Oribase, t. IV, Préface, p. VI et suiv.

[83] Voir, sur Oribase, sa vie, ses ouvrages et les auteurs cités dans ses compilations, la préface du tome VI et dernier de ses Œuvres, mis en état et publié par M. Auguste Molinier. — Sur la valeur des fragments d'écrivains médicaux contenus dans Oribase, nous citerons cette remarque de Gaspard Barth : « Oribasius... de quo scriptore illud memorare utile videtur, perraro eum veterum auctorum verba excerpere quin de suorum numero muita accudat.» (Adversaria, liv. XXXI, ch. ii, col. 1756.) Signalons en passant un opuscule dont M. Daremberg ne paraît pas avoir connu l'existence: Osann (Fr.), De loco Rufi Epliesii medici apud Oriba sium [sc. Synopsis, VI, xxv] servato, sive De pesta libyca disputatio. Gissæ, 1833, in-8°.

[84] Il suffit qu'un copiste distrait oublie d'inscrire le nom de l'auteur cité à la suite de la rubrique d'un chapitre, pour qu'il y ait fausse attribution. Quelquefois l'attribution varie avec les manuscrits. Le vrai critérium consiste dans l'examen comparé du contexte, du style, du vocabulaire, etc. ·— Cf. Villoison, Anecdot. gr. t. II, p. 98, fine.

[85] Voir ci-dessus, II, ii.

[86] Voir Choulant, Handbuch fur die Bücherkunde der älten Medicin, p. 135, le Lexique bibliographique d'Hoffmann et Engelmann, Bibliotheca scriptorum classicorum, verbo Ætias. — Cp. (Œuvres d’Oribase, t. I, p. xxxvii. Pour les détails bibliographiques et paléographiques, voir plus haut, p. xvii. Voir, sur un ms. partiel d'Aétius conservé à Venise, nos additions et corrections sur les pages 323 et suiv.

[87] Conrad Gesner, dans sa Bibliothèque universelle (Art. Rufus) a relevé les titres des principaux fragments de notre auteur, cités dans la compilation d'Aétius.

[88] Du reste, le manuscrit mis en usage par Comarius ne peut provenir d'un dérivé de X. Ce traducteur donne une phrase omise dans ce ms. Voir, dans le présent volume, le fragm. 80, § 5. Le fragment 61 nous apporte la preuve qu'il a existé, au moins partiellement, une double rédaction de la Synopsis d'Aétius. V. p. 323 et les Additions.

[89] Nous relèverons ici un passage de la Bibliothèque grecque (XII, 597), où Fabricius impute fautivement une erreur au savant Goupyl. Celui-ci déclare, dans sa dédicace aux professeurs de l'Ecole de médecine de Paris, que Galien et Paul d'Égine lui ont été d'un grand secours pour établir le texte d'Alexandre, le premier en ce qu'Alexandre le cite, et Paul, en ce qu'il cite Alexandre. C'est Goupyl et non l'auteur édité par lui qui a profité des écrits de Paul.

[90] Cette, traduction n'est pas complète. Elle se termine avec le texte d'Alexandre relatif au marasme (l. XII, p. 225 de l'édition grecque de Goupyl).

[91] Une édition grecque-allemande d'Alexandre de Tralles vient de paraître à Vienne. (Voir aux Additions sur la page 389.)

[92] Chirurgie de Paul d'Égine, texte grec restitué et collationné sur tous les manuscrits de la Bibliothèque impériale etc., avec une traduction française en regard, etc. Paris, V. Masson, 1855, in-8°. — Il est regrettable que le savant bibliothécaire de l'Académie de médecine n'ait pu donner suite à l'intention exprimée dans sa préface de faire le même travail pour les livres IV et V qui « renferment véritablement la pathologie externe des anciens. » Nous espérons qu'il n'y a pas absolument renoncé.

[93] Les sigles adoptés par M. Daremberg pour les manuscrits de Paris sont les mêmes que ceux de M. Briau, qui a fait suivre son Introduction d'une notice de ces manuscrits. La seule différence, et nous l'avons fait disparaître, portait sur le ms. 2211 = J, que notre prédécesseur siglait I. De plus, M. Briau n'a pas mentionné S (= ms. de Paris 1883).

[94] M. Briau a exprimé les mêmes opinions (p. 79). Ce savant n'a pas examiné les manuscrits conservés à l'étranger; mais il présume, du moins en ce qui concerne le livre VI (dans lequel d'ailleurs ne figure aucun fragment de Rufus), que la plupart des difficultés provenant seulement de la lexicologie de Paul d'Égine peuvent être levées à l'aide du texte et des variantes que donne son édition de ce livre (p. 3).

[95] L'édition Aldine n'a guère plus de valeur que la transcription d'un manuscrit médiocre.

[96] M. le Dr Leclerc dit qu'il en existe une copie plus complète à l'Escurial.

[97] Au xiiie siècle, Ferraguth faisait du Haauy (alias Hawy), sous le nom de Continens, une traduction latine qui a été plusieurs fois imprimée en deux volumes in-folio (L. Leclerc, Médecine arabe, t. I, p. 346). Le traité de Rhazès, De Pestilentia, traduit en latin par Laurent Valla (Placentiæ, 1498, in-4°), a été mis en français par Fr. Paulet, Histoire de la petite vérole. Cf. ci-dessus.

[98] L'édition princeps est intitulée Hawi seu continens (Brescia, 1486, 2 vol. in fol.). Dans le cours d'une mission philologique à Venise dont nous avons été chargé, en 1878, par le Ministre de l'Instruction publique, M. Bardoux, nous avons pu mettre à profit une autre traduction latine de Rhazès, publiée à Venise en 1506, in fol., par Bonetus Locatellus. Ce volume nous a fourni quelques bonnes leçons.

[99] M. Daremberg, pour le dire en passant, a relevé, dans le Continent de Rhazès, en groupes séparés, non seulement les citations de notre auteur, mais, en outre, celles des médecins Antyllus, Philagrius, Timée, Museia (? f. l. Musa), Apollonius, Archigène, Erasistrate, Philumène, etc.

[100] Fl. Pharson, art. Rhazès, dans la Biographie générale. Voir, sur Rhazès, Fabricius, Bibl. gr., ancienne édition, t. ΧIIΙ, p. 46, verbo Abu-Becar et surtout les chapitres consacrés à Rhazès, par le Dr L. Leclerc, dans son Histoire de la médecine arabe, t. Ier, p. 259-276 et p. 336-354.

[101] Voir nos fragments 283 et 284.

[102] Histoire de la médecine arabe, t. II, p. 225-237·

[103] T. XXIII et XXV, 1re part, jusqu'à la p. 96. V. la note à la fin de ces fragments.

[104] Voir l'avis placé en tête de l'Appendice.

[105] Notamment p. 22, 31 et 61.

[106] Voir, dans les Archives, p. 490-527, l'étude approfondie que M. Daremberg a consacrée aux Ephodes, dont il retire la traduction en grec à Constantin l'Africain. Cf. dans le même recueil, 3e série, l. II, nos deux rapports sur une mission philologique en Espagne, notamment le § 37 du deuxième rapport.

[107] Extrait de Bandini, t. III, col. 99, plut. lxxiv, cod. ii, VII, p. i5o b : Περὶ διαφορᾶς πυρετών. De differentia febrium. Anonymus tractatus. Incipit : Σκοπὸν ἔχομεν κ. τ. λ. Desinit : ... ἐν οἷς διαφοραὶ τῶν πυρετῶν. . — Codex græcus bombycinus ms. in-8° minori, sæculi xiii, initio ac fine mutilus, vetustate valde consumtus ac scriptoris manum non satis peritam redolens. Constat foliis scriptis 242.

[108] Page xxvii. — Nous avons cru devoir mettre Synopsis au féminin, comme on l'a fait dans les Œuvres d'Oribase.