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RUFUS D'ÉPHÈSE.

TRAITÉ ANONYME

(attribué à Rufus).

 

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

RUFUS D'ÉPHÈSE.


 

TRAITÉ ANONYME

(attribué à Rufus).

 

 

I.

DE L'ANATOMIE DES PARTIES DU CORPS.

 

Après avoir donné la nomenclature des parties qui se voient à l’extérieur, nous allons maintenant nous livrer à l'examen des parties intérieures; l'homme, en effet, aux yeux des philosophes, passe pour un petit monde (microcosme) ; il est une représentation du bel arrangement des choses célestes, manifestant un art varié dans la construction de ses parties et dans l'accomplissement de ses fonctions; en conséquence, il importe d'apprendre les sujets d'étude que fournissent l'anatomie aussi bien que les autres branches de la médecine. Posant donc les principes de l'art comme fondement de notre enseignement, nous dirons quelle place la nature assigne à chaque partie et quels noms elle leur a imposés.

Dans la tête, entre les parois du crâne, est renfermé avec les méninges qui le tapissent, l’encéphale, plus volumineux, eu égard au corps, chez l'homme que chez les autres animaux; c'est une concrétion pulpeuse et visqueuse ; il est cendré ; la partie qui est située en dessous, à l'occiput, se nomme parencéphale (cervelet). Des deux méninges, l'une (dure-mère) se moule sur les os du crâne; elle a un mouvement analogue à celui du pouls; l'autre (pie-mère), suivant les sinuosités du cerveau, le maintient en un tout et préserve de désagrégation sa substance fragile. Ces deux enveloppes sont nerveuses (fibreuses) et membraneuses; elles jouissent d'une certaine sensibilité et présentent un entrelacement de vaisseaux. La membrane la plus interne est privée de mouvement; la membrane la plus épaisse et la plus externe se meut librement. De l'encéphale naît la moelle (m. épinière) qui s'échappe par le trou du crâne à l'occiput (grand trou occipital), et qui descend jusqu'au bas du rachis à travers toutes les vertèbres ; ce n'est pas une substance particulière, mais un écoulement du cerveau ; on la nomme moelle du dos. Du cerveau partent et sortent [par des trous qui leur sont destinés], des canaux nerveux (nerfs) qui se distribuent aux sens : par exemple, aux oreilles, au nez et aux autres parties sensorielles. — Un de ces prolongements se détache en avant de la base du cerveau, se divise en deux branches, et se rend en s'inclinant à chacun des yeux, dans la partie qu'on appelle bassin ou cavité du visage en forme de fosse, et qui se trouve de chaque côté du nez, là où s'opère, comme je vais l'indiquer, l'entrelacement des tuniques qui constituent la charpente de l'œil. — La tunique qui est en avant de toutes les autres (sclérotique et cornée) se nomme première à cause de sa position, blanche en raison de sa couleur; on l'appelle tunique première-blanche; mais on la désigne aussi par les mots semblable à de la corne (cornée transparente), soit à cause de sa force de résistance, soit en raison de la transparence brillante, comme à travers une corne, du liquide qu'elle contient (humeur aqueuse de la chambre antérieure), ou enfin, parce que, semblable à de la corne, elle se résout en lamelles. La seconde (choroïde et iris) se modèle sur la première jusqu'au cercle que l'on nomme couronne (corps ciliaire), et s'y rattache; là, offrant à sa partie moyenne une solution de continuité, elle est percée en rond. La partie percée (iris) est lisse au dehors, c'est-à-dire par la face qui est en rapport avec la cornée, et rugueuse à la face interne, comme dit Hérophile, attendu que, formée d'un tissu de vaisseaux, cette surface ressemble à la surface interne de la peau d'un grain de raisin (couche pigmentaire ou uvée). On appelle cette tunique seconde en raison de sa position, percée à cause de sa structure, semblable à un grain de raisin (uvée), eu égard à son apparence, enfin semblable au chorion (chorioïde), parce qu'elle est entrelacée de vaisseaux comme est le chorion. La troisième tunique (rétine) partant du canal dont il a été question (nerf optique), renferme un liquide analogue au blanc d'œuf et qu'on appelle liquide semblable à du verre en fusion (corps vitré). Cette membrane est très mince; on la dit semblable à du verre (hyaloïde), eu égard à la consistance du liquide qu'elle contient; semblable à une toile d'araignée (arachnoïde), vu sa ténuité; enfin semblable à un filet (membrane réticulaire, rétine), si l'on considère l'entrelacement des vaisseaux, ou sa forme, car elle va en s'évasant, en s'aplatissant et en se creusant pour recevoir la quatrième membrane (capsule du cristallin), laquelle renferme un liquide semblable à du cristal (cristallin); par une de ses moitiés, cette quatrième tunique penche en avant, étant contiguë au trou de la seconde (ouverture pupillaire); par l'autre, elle repose sur la membrane arachnoïde. On appelle la quatrième tunique, en raison de sa forme, tunique semblable à un disque ou semblable à une lentille ; ou semblable à du cristal, eu égard à la consistance du liquide qu'elle renferme. Certains médecins, ne jugeant pas à propos de l'appeler tunique, disent que c'est une certaine substance membraneuse coagulée. — Passons maintenant aux parties contenues dans la bouche. On voit d'abord la glotte (langue), qui a une forme arrondie, et qui, de large à la base, devient pointue à son extrémité; la langue prend racine au pharynx; elle a une structure à la fois charnue et un peu nerveuse; elle se meut dans la mastication des aliments, dans la déglutition et aussi pour l'articulation des sons, façonnant, conformément à la direction de l'âme, l'air qui est poussé au dehors ; enfin elle participe à la sensation du goût. A la base de la langue, prend naissance la surglotte (épiglotte) comme une petite langue qui, se dressant de toute la largeur de la grande langue sur le pharynx, est large à son origine et étroite à sa terminaison; l'épiglotte est de construction cartilagineuse, là où elle est en rapport avec le pharynx; elle sert de couvercle pour la trachée-artère ; elle est la route et la directrice vers l'œsophage. Au-dessus de l'épiglotte pend la colonnette (luette) ; elle prend naissance des parties voisines du voile du palais, au niveau des trous qu'on remarque à la voûte palatine (ouverture postérieure des fosses nasales); on l'appelle aussi grain de raisin, parce que son extrémité est arrondie; elle n'est pas d'une grande utilité; aussi, quand on la coupe, aucune fonction n'est altérée. A la partie la plus reculée de la langue, et de chaque côté de cet organe, se moulent, sur sa base, les excroissances dites glandes latérales de l’isthme (amygdales); au nombre de six, elles ont une structure glanduleuse; la forme en est arrondie ; mobiles et faciles à enlever, elles sont attachées à l'aide de membranules (membrane muqueuse?) qui les suspendent par la base; quatre se voient de chaque côté au fond de la bouche; deux sont moins visibles. On les appelle glandes latérales de l’isthme parce qu'elles sont placées de chaque côté d'un passage étroit (car les anciens appelaient isthmes de tels passages), ou glandes opposées, attendu qu'elles paraissent opposées l'une à l'autre quand on ouvre la bouche, et cela surtout lorsqu'elles sont enflammées.

Au fond du palais et à la base de la langue, s'ouvrent deux canaux qui plongent de haut en bas ; celui qui est en avant se nomme pharynx (larynx, trachée) ; l’estomac (œsophage) descend entre le pharynx et les vertèbres du cou. Le pharynx est cartilagineux et s'ouvre circulairement; il est plus large en haut et plus étroit en bas; s'avançant au niveau des clavicules et de l’anti-sternum, il se fixe aux deux poumons, occupe le milieu de l'espace qui les sépare et en forme la charpente par l'intrication des anneaux qu'on appelle bronchies (bronches). Le pharynx se nomme aussi trachée-artère à cause des rugosités de sa surface [externe], ou, suivant quelques-uns, bronche, attendu qu'il est disposé pour recevoir l'air attiré par la respiration et pour la production de la voix. A la bronche sont suspendus les poumons, organes poreux et perméables, contenus dans la cavité de la poitrine, arrondis, et se terminant en queue de souris, divisés en cinq lobes, de couleur cendrée et blanchâtre, toujours en mouvement, remplissant, pour la circulation de l'air, l'office de deux entonnoirs ; car l'air qui arrive par le pharynx dans les bronchies se répand à travers les pertuis du poumon dans la cavité de la poitrine, d'où il est repris et rejeté au dehors au moyen des canaux disposés par la nature.

De chaque côté du tronc, dans les hypocondres, se cachent la rate et le foie; le foie, placé sous le poumon, occupe surtout la droite; il est suspendu au diaphragme; renflé à sa partie postérieure, il se subdivise en quatre ou cinq lobes; sa couleur est celle des lentilles, mais elle tire un peu plus sur le 'rouge; il est de structure veineuse, attendu qu'il est une agrégation de sang coagulé. Les anciens appelaient portes les orifices des veines qui rattachent la veine cave (partie de la v. c. infér.) à celle qui se rend au cœur à travers le diaphragme (autre partie). A la face concave (face inférieure), le foie présente une espèce de petit vaisseau semblable à une vessie et nerveux, où se rassemble et se trouve renfermée la bile qui se forme dans cet organe (vésicule biliaire); de ce vaisseau part un canal également nerveux (canal cholédoque), qui traverse le mésentère pour s'ouvrir dans les intestins (duodénum) et y verser peu à peu la bile qui colore les matières fécales et excite l'intestin à les rejeter au dehors; quand cette voie est oblitérée, l'ictère se produit, là bile étant répandue dans l'organisme; c'est pourquoi les excréments sortent blancs et argileux. — La rate, étendue en long, est placée à l'opposite du foie ; elle ressemble assez à la plante d'un pied d'homme ; à sa partie supérieure, arrondie et résistante, à sa partie inférieure, rétrécie et mince, elle est étroite à sa partie moyenne; sa couleur est celle de la lie de vin; sa structure est lâche et poreuse, car elle est un tissu de vaisseaux; c'est un organe qui ne remplit aucun office et ne sert à rien. — Le cœur, enveloppé par les lobes du poumon, est placé dans le thorax sur la ligne médiane ; mais, se portant plus à gauche qu'à droite, il se trouve sous le sein gauche ; il a la forme d'une pomme de pin ; large par sa base, il se termine en cône à son extrémité; de structure musculeuse et nerveuse, il est continuellement agité par un mouvement semblable à celui du pouls; creusé au centre, il a deux cavités distinctes, l'une à droite, qu'on appelle sanguine parce qu'elle renferme surtout du sang (ventricule droit), l'autre à gauche appelée pneumatique, parce qu'elle contient surtout du pneuma (ventricule gauche); elle est agitée par l'intromission du pneuma ; de chaque côté, le cœur est pourvu de larges membranes en forme d'oreilles (oreillettes et auricules), parce qu'elles sont placées sur ce viscère comme les oreilles [sur la tête]. Du cœur naissent un grand nombre de vaisseaux, veines et artères, qui se ramifient dans tout le corps. Le cœur est entouré d'une membrane nerveuse et mince (péricarde) qui se meut en vertu de l'impulsion que lui donne le cœur. — Toutes ces parties sont renfermées dans le thorax; cette cavité résulte d'un assemblage de cartilages et d'os que constituent les côtes et l'antisternum; le thorax a aussi des parties nerveuses et charnues; à l'extérieur, il est plutôt charnu; à l'intérieur, il est plutôt nerveux, là-où il est tapissé parla membrane enveloppante (plèvre pariétale). Le diaphragme ferme obliquement le thorax en s'insérant à la terminaison des côtes. On le nomme diaphragme (cloison) parce qu'il sépare les viscères contenus dans le thorax de ceux qui sont au dehors. — Vers les parties supérieures, comme nous l'avons dit précédemment (p. 174, l. 9), l'estomac (œsophage) prend naissance au même point que la trachée-artère et descend avec elle; mais, à sa terminaison, il ne se comporte pas comme la trachée; il ressemble par sa capacité à une trompette : étroit au haut, il s'élargit en bas, la où il touche au ventre (estomac); sa structure est nerveuse. Il est chargé de la transmission des aliments solides et liquides ; comme il est très sensible, c'est en lui-même que se produit l'appétence pour les aliments. Le gaster (estomac), qui naît de l'œsophage, est placé à la partie moyenne du diaphragme ; inclinant surtout à gauche, il s'élargit à partir de l'ouverture [relativement] étroite de l'œsophage; la portion convexe se dirige vers les parois du ventre, tandis que la partie concave regarde le rachis; plus nerveux et plus ample que l'œsophage, il est rugueux à sa surface interne, mais pas beaucoup; ses parois s'écartent quand les aliments arrivent, et retombent sur elles-mêmes quand ils sont descendus dans les intestins, car il est fait en vue de la réception des aliments. —De ce viscère naissent les entrailles (intestins), qui s'enroulent en spirale pour recevoir les aliments que leur envoie le ventre (l’estomac); ils offrent une voie continue qui se poursuit depuis leur origine jusqu'au rectum et au siège. Le portier (pylore), qu'on nomme aussi duodénum, ouvre cette voie; on l'appelle portier parce qu'il ferme, quand il est contracté, l'issue aux aliments contenus dans l'estomac; au contraire, quand il est relâché, les aliments sont mis en marche dans les intestins, comme si c'était par un sphincter; on le nomme l’intestin de douze doigts (duodénum) parce que sa longueur est de douze travers de doigts; il est nerveux et épais. Au duodénum fait suite le jeûneur (jéjunum), le plus charnu de tous les intestins; il est presque toujours à peu près vide d'aliments ; c'est même de là que lui vient son nom. Après le jéjunum se présentent les intestins appelés grêles; allongés, repliés plusieurs fois sur eux-mêmes, ils ont une longueur d'environ treize coudées ; ils sont situés à la région hypogastrique sous l'ombilic. Après tous ces intestins, naissent au même point le borgne (cœcum) et le colon; le cœcum, fermé à son extrémité, se dirige en droite ligne vers l'aine droite; le colon naît dans le flanc droit, monte vers le haut (colon ascendant), opère une courbe qui le conduit, en décrivant un pi (Π), vers le foie et dans l'hypocondre [gauche] (colon transverse), puis il se dirige vers la rate et dans le flanc gauche (colon descendant) pour s'aboucher en arrière avec le rectum. Quelques médecins considèrent le colon comme le ventre inférieur. C'est dans le colon que le plus ordinairement l'aliment se change en matière fécale. L’intestin droit (rectum), qui fait suite au colon, est plus charnu que les autres et descend tout droit, circonstance d'où lui vient son nom. Il se termine par l’anneau (anus) et le constricteur (sphincter); l'un est nerveux et dur; l'autre, qui forme la partie extrême des intestins, est charnu et plissé. Au milieu des intestins se trouvé l’entre-deux des intestins (mésentère); on l'appelle aussi l’entre-deux du rare (mésaraée). —Les reins sont placés au niveau des dernières vertèbres du rachis ; ils sont de forme arrondie ; leur couleur est celle des lentilles, tirant un peu sur le cendré; on constate que le droit est un peu plus élevé et plus volumineux que le gauche ; leur structure est dense et lobuleuse; ce sont des organes si susceptibles, que leur blessure peut même causer la mort. Leur face concave est recouverte de membranes qui sont percées comme des cribles (voy. notes) et d'où partent deux canaux (uretères) qui vont se fixer au sommet de la vessie; c'est par ces canaux que l'urine est poussée dans la vessie pour être expulsée au dehors. — Sur toute l'étendue de la partie supérieure des intestins prend naissance la membrane flottante (épiploon), corps graisseux, membraneux et festonné. La nature l'a disposé de façon que, flottant sur les intestins, il les protège contre la rudesse de la tunique enveloppante (péritoine) qui les environne. C'est un organe dont l'incision et la blessure n'entraînent aucun danger.

Quatre canaux spermatiques descendent auprès des reins; il y en a deux, qui se dirigent en droite ligne et qu'on nomme aussi parastates glanduleux (prostates); les deux autres sont appelés canaux variqueux (canaux déférents), parce qu'ils s'enroulent comme des varices. Dans ces derniers vaisseaux, que quelques médecins désignent aussi sous le nom de veines génératrices, se forme le liquide fécondant, grumeleux et épais (sperme); dans les autres se trouve un liquide non fécondant, ténu (humeur prostatique), qui est sécrété avec le premier en vue de sa nourriture. Du reste ces vaisseaux, accolés à leur point d'origine, descendent deux par deux le long du rachis; les canaux inféconds se fixent ensemble sur le col de la vessie; les canaux variqueux traversent les aines et s'insèrent, un de chaque côté, sur les tuniques des testicules; aussi les eunuques éjaculent bien du sperme, mais du sperme non fécondant, qui provient des canaux glanduleux, le liquide des canaux variqueux étant supprimé par l'ablation des testicules. — On appelle bourse (scrotum), soit toute la partie lâche et pendante où sont renfermés les jumeaux (testicules), soit particulièrement l'enveloppe extérieure charnue. La bourse se compose de tuniques : l'externe, écorchée et rugueuse (peau du scrotum), l'interne, en forme d'étui (dartos). La bourse ou tunique écorchée forme une enveloppe commune et sans cloisonnement pour les deux testicules qu'elle rattache aux parties susjacentes; la membrane en forme d'étui se replie sur elle-même et enferme chaque testicule dans une cavité sphéroïdale. Les testicules ont une consistance de bouillie; ils sont, jusqu'à un certain point, humides; une membrane nerveuse (tunique albuginée?) les maintient solidement dans leur forme. —Le membre génital de la femme (vagin) est un vaisseau merveilleusement disposé... L'organe appelé matrice est situé entre le rectum, sur lequel elle repose, et la vessie, qui s'appuie sur elle; elle ressemble aux ventouses dont se servent les médecins; c'est là que s'achève la copulation.

Les veines sont des vaisseaux qui contiennent du sang et qui distribuent ce liquide à toutes les parties du corps; les artères sont des vais seaux qui renferment une certaine quantité de sang et beaucoup plus de pneuma; c'est dans les artères que le pouls se produit, et c'est à travers elles que le pneuma, chassé avec force par le cœur, se répand dans tout l'organisme. — La graisse est un épanchement coagulé blanc, onctueux; on l'appelle aussi suif. — Les glandes sont des agrégats tirant sur la graisse et charnues, qui sont surtout logées dans les parties creuses, par exemple, aux aisselles aux aines (glandes axillaires et inguinales), et aussi dans le mésentère (ganglions mésentériques). —Les os sont des concrétions dures, exsangues et insensibles; c'est par eux que s'accomplissent les mouvements actifs et l'action de s'appuyer. — Le muscle est un corps ferme et dense, non simple, mais résultant d'un entrelacement de nerfs, de veines et d'artères; non dépourvu de sensibilité, il est l'organe du mouvement volontaire. — Le cartilage est un agrégat qui tient de l'os et du nerf; il est plus mou que l'os et plus dur que le nerf, particulièrement celui qui est fixé sur les extrémités des os. — Le nerf est un corps simple et dense; il est la source du mouvement volontaire; mais il est insensible quand on le coupe. D'après Erasistrate et Hérophile, il y a des nerfs sensitifs; mais, suivant Asclépiade, il n'en existe pas de cette nature. Ainsi Erasistrate professe qu'il y a deux espèces de nerfs, ceux du mouvement et ceux du sentiment; ces derniers sont creux, on voit leur origine sur les méninges ; les autres naissent de l'encéphale (cerveau.) et du parencéphale (cervelet). Si l'on en croit Hérophile, il y a des nerfs du mouvement volontaire qui proviennent de l'encéphale et de la moelle dorsale, d'autres qui vont s'insérer, ceux-ci d'un os sur un autre os (ligaments), ceux-là d'un muscle sur un autre muscle (aponévroses), d'autres enfin qui attachent les articulations (tendons). — La moelle est une substance graisseuse, exsangue, et qui se trouve toujours dans les os.

 

II.

DES OS.

 

Puisque nous venons de faire, aussi bien qu'il nous a été possible, l'exposé des parties internes du corps, il nous reste à parler de l'ostéologie.

Le crâne est sphéroïdal à la partie appelée petite barque (occiput), renflé au sommet, un peu épais et aplati au niveau du bregma (sinciput); près des tempes où il est déprimé, les os superposés semblent se doubler. Ordinairement le crâne a cinq sutures : l'une, la suture en forme du lambda (Λ sut. lambdoïde), se porte du sommet à la partie postérieure ; l'autre entoure le bregma comme si c'était une couronne (sut. coronale) ; c'est au bregma qu'elle se termine; la troisième rattache en droite ligne la suture lambdoïde à la suture coronale (sut. sagittale)·, les deux autres se trouvent aux oreilles, près de la région des crotaphes (tempes); elles sont dites écailleuses, l'emboîtement n'intéressant pas toute l'épaisseur du crâne, comme cela a lieu pour les autres sutures. — A la partie antérieure du crâne sont les cavités où les yeux ont leur siège ; on les nomme bassins (orbites). Entre les cavités des yeux proémine l’émonctoire du mucus (nez), qui renferme l'os qu'on appelle os en forme de crible (ethmoide), attendu qu'il est percé d'une grande quantité de trous. Le visage offre encore les sutures suivantes : une au-dessous des ophryes (arcade sourcilière.—-Sut. de l’os molaire avec l’apophyse orbitaire externe); deux autres de chaque côté de la substance osseuse du nez (sut. des os propres du, nez avec l’apophyse montante du maxillaire super.); une quatrième qui partage la mâchoire supérieure (sature intermaxillaire), puis celle qui occupe le milieu du palais (sut. interpalatine); puis celle des jougs (sut. de l’apophyse zygomatique avec le bord externe de l’os malaire) ; enfin deux autres difficiles à voir près des pommettes (sut. de l’os malaire avec l’apophyse malaire du maxillaire super.). Le crâne, creusé à sa partie inférieure, est percé de part en part d'un trou rond (grand trou occipital) à travers lequel passe la moelle dorsale. Il y a au cou sept spondyles (vertèbres), qui y unissent l'une à l'autre avec une grande symétrie. C'est sur la première que s'opèrent les mouvements de la tête ; les autres restent immobiles — Après cela vient l’ôme (moignon de l’épaule); puis l’omoplate, dont la forme est triangulaire, et qui, en conséquence, repose comme une tablette en forme de delta (Δ) sur les spathes (côtes) du thorax à la région postérieure. La partie la plus large est aussi la plus mince; l'omoplate devient plus épaisse et plus forte en se ramassant sur elle-même; là, elle offre une certaine cavité (cavité glénoïde) où se loge la tête du bras (tête de l’humérus); de la crête de cette cavité se détache une apophyse semblable à une épine, et qui se nomme apophyse en forme d'ancre ou en forme de crochet (apophyse coracoïde); c'est sur cette apophyse que s'appuie la clavicule par l'intermédiaire d'un cartilage. —-(La clavicule, de. forme triangulaire, ressemble au cathéter qu'on emploie chez les hommes; elle: s'articule avec le sternum et se fixe sur l'omoplate. L'intervalle, qui sépare en avant les deux clavicules et qui a la forme d'un sigma (U—fourchette du sternum), incline vers la première vertèbre du dos. Le bras (humérus) est un os long et arrondi. Sa partie supérieure renflée, et qu'on nomme tête, pénètre par moitié dans la cavité de l'omoplate; à sa partie inférieure, par où il s'articule avec le coude, l'extrémité du bras offre des inégalités, de telle sorte que, de chaque côté, il y a deux éminences en forme de condyles (épicondyle et épitrochlée), et au milieu une cavité (trochlée). Il est retroussé un peu en avant, mais plus en arrière. — Le pêchus (avant-bras) se compose de deux os, le pêchus cubitus) et le rayon (radius). L'extrémité du radius, arrondie et un peu creuse (tête), enveloppe le condyle externe de l'humérus (épicondyle). Le cubitus est plus long que le radius, et se termine là où s'opère la flexion du carpe. Le radius, quand il arrive au carpe, présente deux cavités, l'une directe, qui est le siège de l'articulation, du carpe (artic. avec le semi-lunaire et le scaphoïde), l'autre latérale (échancrure semi-lunaire), où s'insère le condyle du cubitus. — Le carpe résulte de l'assemblage de huit os de forme conique. A ces os s'attachent les phalanges, os longs en forme de doigts (os du métacarpe); et aux phalanges font suite les petits bâtons (phalanges, phalangines et phalangettes) au nombre de trois pour chaque doigt et de grandeur inégale; il faut mettre à part l’antimain (pouce), Car ce doigt-là, à partir de sa base, n'a que deux os. — Après les sept vertèbres du cou, viennent les douze vertèbres du rachis (dos) et les cinq des lombes : en tout vingt-quatre. Les vertèbres sont construites de façon qu'elles sont lisses et arrondies à leur face interne (face antérieure), qui est en rapport avec les viscères, rugueuses et épineuses (lames et apophyses épineuses) à leur face postérieure, laquelle est cachée par un revêtement de chair; leurs faces supérieure et inférieure (faces horizontales) sont disposées comme une table; toutes creusées à leur centre, elles donnent par leur réunion un trou unique en forme de canal (canal vertébral), à travers lequel descend la moelle, comme nous l'avons dit plus haut (p. 187, l. 15-16); sur les parties latérales se voient des apophyses munies de dépressions (apophyses transverses), dans lesquelles se fixent les côtes. Les côtes les plus élevées se rapprochent l'une de l'autre, courbées en forme de voûte; les suivantes, marchant obliquement à leur rencontre, sont appelées épines cartilagineuses et fausses-côtes; [les plus élevées de ces côtes] sont, dans leur projection, plus longues que les premières ; mais, à la base du thorax, elles diminuent de longueur. La dernière de toutes les vertèbres l'emporte sur les autres par son volume ; nous l'appelons os sacré (sacrum), conformément à la coutume des anciens d'appeler sacré ce qui est grand. — De chaque côté de cette vertèbre, s'étendent d'arrière en avant les os des ischions (os des lies); là où leurs extrémités se rapprochent (pubis), ils sont unis par un cartilage (cartil. et ligaments interosseux) au niveau de l’éphébée (symphyse du pubis). La conformation des ischions est telle, qu'ils sont en partie plats et cependant un peu arrondis (iléon), et en partie étroits et épais (ischions proprement dits et pubis). On y remarque des cavités qui ne les traversent pas de part en part, mais qui, néanmoins, ont de la profondeur, et qu'on nomme cotyles (cavités cotyloïdes); c'est là que se logent les têtes des cuisses (têtes des fémurs). — Les os des cuisses (fémurs), longs et résistants, s'étendant depuis les ischions jusqu'au genou, sont arrondis et bombés à leur face antérieure. Arrivés vers le genou, les fémurs se renflent de nouveau en deux condyles arrondis et saillants (condyles interne et externe avec leurs tubérosités); ils se creusent à leur partie moyenne (partie articulaire) pour aller à la rencontre du cnêmé (tibia), lequel est triangulaire, et dont la tête aplatie offre deux cavités superficielles (surfaces articulaires), où s'insèrent les saillies en forme de condyles. La partie proéminente du tibia (épine du tibia) s'enclave dans la cavité du fémur. Sur la partie externe du tibia descend l’agrafe (péroné) ; plus grêle que le tibia, il n'arrive pas jusqu'au fémur. Plus bas le péroné se porte en arrière; son extrémité inférieure, au côté externe, se renfle en un condyle (malléole externe) que le vulgaire appelle astragale. Le tibia et le péroné s'unissent, à leurs extrémités, au moyen d'un cartilage. En haut, au point de jonction du fémur et du tibia, est couché un osselet que nous appelons épigonatis (rotule); sa forme est celle d'un disque; il occupe la région moyenne du genou et se porte particulièrement sur le tibia dans les mouvements de flexion de la jambe; mais, dans les mouvements d'extension, il est appliqué sur les deux os. Auprès des malléoles le tibia se rétrécit un peu, et son extrémité inférieure se développe régulièrement en forme de sigma , de façon à présenter une proéminence plus allongée, et une autre un peu plus courte (surface articul. péronéale); le condyle interne (malléole interne) appartient à la proéminence la plus grande; le condyle formé par l'autre proéminence est caché par une couche de chair ; il s'unit à la partie descendante du péroné qui porte en saillie, comme nous l'avons dit (plus haut, l. 3-4), le condyle externe (malléole externe); il en résulte qu'il existe entre les deux os un intervalle en forme de sigma (mortaise articulaire). -,— Dans cet intervalle est logé l’astragale; c'est par la surface appelée l’attelage à quatre (face supérieure articulaire) qu'il repose dans cet intervalle; tandis qu'il est en connexion par l'as et par le six (faces latérales ou malléolaires) avec les apophyses latérales du tibia et du péroné; par le trois, il est en rapport avec l'os placé au-dessous et nommé l’os du pterné (calcanéum), de sorte que les inégalités de la surface du trois sont enfermées dans les cavités du calcanéum, et qu'elles sont soudées par un cartilage. La partie antérieure sphéroïdale (tête de l’astragale) s'emboîte (face scaphoïdienne) dans la cavité d'un des os du tarse qu'on nomme os en forme de barque (scaphoïde). La claie (tarse) se compose de huit osselets (voyez notes) à angles inégaux. Après le tarse vient le champ (métatarse), qui se compose de cinq os, minces au centre, plus épais à leur extrémité, voûtés à leur face supérieure, de sorte que cette face paraît concave quand on la regarde en dessous. Aux os du tarse font suite les petits bâtons (phalanges, phalangines et phalangettes) des doigts, comme à la main.

Nous venons d'étudier aussi bien qu'il nous était possible la position de chacun des os.