BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     180 JEAN LE LYDIEN,

      Des prodiges, etc.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

180. Jean le Lydien, Des prodiges, etc.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη Ἰωάννου Λαυρεντίου Φιλαδελφέως τοῦ Λυδοῦ πραγματεῖαι τρεῖς, περὶ διοσημειῶν, περὶ μηνῶν, περὶ ἀρχῶν πολιτικῶν. Ἀλλ´ ἡ μὲν περὶ διοσημειῶν, ὅσα γε κατ´ ἐμὴν κρίσιν καὶ πεῖραν, οὐδὲν ἢ ἐπ´ ὀλίγον διενήνοχε μύθων· ἡ δὲ περὶ μηνῶν, εἰ καὶ πολὺ τὸ ἄχρηστον ἔχει, ἀλλ´ οὖν πρὸς τὴν τῆς ἀρχαιότητος μάθησιν ἐπίχαρί τε καὶ λίαν χρειῶδες· ἡ δὲ περὶ πολιτικῶν ἀρχῶν τοῖς περὶ τὰ τοιαῦτα μάλιστα φιλοτιμουμένοις οὐκ ἄκομψον παρέχεται τὴν ἱστορίαν.

Κέχρηται δ´ οὗτος ὁ συγγραφεὺς τροπαῖς κατακόρως, καὶ πολλαχοῦ μὲν ψυχρῶς ἄγαν καὶ παραβόλως, ἔστι δ´ ἔνθα οἰκείως καὶ ἐπαφροδίτως.

Κἀν τοῖς ἄλλοις δὲ πολλὴν νοσεῖ τὴν ἀνωμαλίαν, ὑπερόπτης ἐν οἷς οὐ δεῖ, καὶ κατεπτηχὼς πάλιν ἐν οἷς μὴ δεῖ, κόλαξ τε τῶν περιόντων ἀπροφάσιστος, καὶ τῶν ἀποιχομένων, καὶ παρ´ ὧν οὐ νομίζει δίκην ὕβρεως πράττεσθαι, εἰς τὸ φορτικώτατον τοὺς μώμους καταχέων.

Καὶ λέξει μὲν ἔστιν οὗ κέχρηται λογάδι τε καὶ ἐς τὸ ἠττικισμένον ἀνηγμένῃ, ἔστι δ´ ὅπου χαμαιπετεῖ τε καὶ παρεωραμένῃ καὶ μηδὲν ἐχούσῃ τῶν ἐκ τριόδου πλέον.

Ἀλλ´ ἐν μὲν τῇ περὶ διοσημειῶν καὶ περὶ μηνῶν συγγραφῇ τούτου γε ἕνεκα οὐ μάλα ἄν τις ἴσως αὐτῷ νεμεσήσῃ· ὅτε δὲ καὶ πολιτικὰς ἀρχὰς ἀναγράφων καὶ δὴ καὶ ἱστορικοὺς διεξιὼν λόγους, ἀλλὰ καὶ εἰς ἐνίων ἐγκώμια καθιεὶς ἑαυτόν, τῆς αὐτῆς ἐστι φίλος ἀνωμαλίας περί τε τὴν λέξιν καὶ τὸν νοῦν καὶ τὴν σύνταξιν τῶν γεγραμμένων, εἰς οὐδεμίαν λοιπὸν συγγνώμην ὁρῶ τὴν τοιαύτην πλημμέλειαν ἀναφερομένην.

Ἐστρατεύσατο δ´ οὗτος ὁ ἀνὴρ ὑπὸ τοῖς ὑπάρχοις ἄγων ἡλικίας καʹ, ἔτη μʹ δικολόγος ὤν, εἶτα καὶ ματρικουλάριος· μεθ´ ὃν χρόνον καὶ τὰς εἰρημένας συγγράψαι λέγει πραγματείας, καὶ τῆς βασιλικῆς αὐλῆς ψήφῳ βασιλέως ἀξιωθῆναι. Χρόνος δὲ καθ´ ὃν οὗτος ἐβίου, Ἀναστασίου ἥπτετο τῆς βασιλείας καὶ τὴν Ἰουστίνου ἐπεραίου μετρῶν καὶ τοῦ μετ´ ἐκεῖνον Ἰουστινιανοῦ. Τὴν δὲ θρησκείαν ὁ ἀνὴρ ἔοικε δεισιδαίμων εἶναι· σέβεται μὲν γὰρ τὰ Ἑλλήνων καὶ θειάζει, θειάζει δὲ καὶ τὰ ἡμέτερα, μὴ διδοὺς τοῖς ἀναγινώσκουσιν ἐκ τοῦ ῥᾴστου συμβαλεῖν πότερον οὕτω νομίζων θειάζει ἢ ὡς ἐπὶ σκηνῆς.

J’ai lu trois traités de Jean-Laurentius le Lydien de Philadelphie (1): Des prodiges, Des mois, Des magistratures ro-maines. Le traité Des prodiges, à ce que je peux en juger d'après mon expérience, ne quitte jamais ou très rarement le domaine de la fable ; celui Des mois, alors qu'il regorge de faits inutiles, n'est ni agréable ni très intéressant pour l'étude des temps anciens; quant aux Magistratures, il contient des informations qui ne manquent pas d'élégance pour ceux que ce sujet intéresse plus que tout.

En outre, cet auteur est truffé de tournures d’un style fleuri, il fait preuve d’une froideur excessive et de trop d'audace en de nombreux endroits, mais parfois il écrit d’une façon charmante et appropriée.

Quant au reste, il souffre d'une grande inégalité, arrogant quand il ne devrait pas l’être et d'autre part, humble où il ne devrait pas l’être. Il flatte outrageusement ceux de son époque qui ont réussi ; sur ceux dont il ne redoute aucune réprimande pour son insolence, il déverse le blâme à flots.

Pour le style, il y a certains endroits où ce qu'il dit est bien choisi et s’élève à l’atticisme; ailleurs, il est vulgaire, négligent et sans rien d’autre que de la trivialité. Néanmoins, dans les traités Des prodiges et Des mois il ne fait pas de doute qu’on ne peut pas trop le critiquer sur ce sujet ; mais quand il se targue de traiter des magistratures politiques et de mettre au point certains récits historiques, il est coupable d’une même disparité autant dans le style que dans les idées et dans la composition de son écriture ; je ne vois pas d'excuse qui peut expli-quer une négligence pareille.

Cet écrivain fut soldat, sous commandement des préfets, à l'âge de vingt et un ans, à quarante il fut avocat, puis gardien du registre des impôts ; c’est là, dit-il, qu'il écrivit ces traités et qu'il fut nommé dignitaire de la cour de l'empereur (2). Quant à l'époque où il vécut, il connut le règne d’Anastase, et vécut jusqu’à la fin de ceux de Justin et de son successeur Justinien. Pour la religion, il semble superstitieux, parce qu'il respecte et honore non seulement les croyances des païens mais aussi les nôtres, sans permettre à ses lecteurs de décider facilement s’il leur rend hommage par conviction ou comme quelqu’un jouant un rôle.

 

[1]    Auteur du 6e siècle, surnommé Lydus (~490 - ~ 565). Originaire de Philadelphe, la « Petite Athènes » selon le philosophe Proclus, Jean le Lydien naquit aux alentours de 491 et reçut une éducation chrétienne avant de suivre les leçons des maîtres de son temps dont Agapios. D’abord voué à la carrière des honneurs, il se tourna sur le tard vers la carrière académique tout en conservant un poste dans l’administration du préfet du prétoire. Professeur distingué et serviteur de l’Etat, Jean le Lydien était tout désigné pour proposer une histoire des institutions romaines. Il tomba en disgrâce en 532, vécut alors dans une demi-obscurité, et dut mourir vers 565. Rien d’autre de ses œuvres n’a survécu que les trois ouvrages mentionnés ici. Des mois et Des magistratures publiques ont survécu sous une forme mutilée. Bien loin de l’austérité que le titre pourrait laisser supposer, et que Photius n’apprécie pas vraiment, l’œuvre de Jean le Lydien est une source essentielle pour la connaissance de la période.

[2] Lydus donne son autobiographie dans Des magistratures III, 26-30. C'est la principale source utilisée par Photius. Les sources que Lydus paraît avoir eues effectivement en main, sont en effet bonnes : érudits (Caton, Varron), historiens (Tite-Live), grammairiens (en particulier les scholiastes de Virgile), mais aussi juristes (directement ou par l’intermédiaire du Digeste, à l’élaboration duquel il semble avoir participé) et politologues (Junius Gracchanus), autant de matériaux qui le placent très au-dessus de bien des compilateurs byzantins. Ce qui fait le prix de ses traités, c'est qu'il disposait d'une quantité d'ouvrages spéciaux aujourd'hui perdus, dont il a extrait mainte et mainte information. Mais il l'a fait sans critique, sans intelligence, et en mêlant une foule d'erreurs à des informations exactes.