GAUDENCE
INTRODUCTION HARMONIQUE
AVANT-PROPOS.
« Je chante pour les savants; fermez la porte (sur vous), profanes.
Tel pourrait être à bon droit le début de quiconque se dispose à
discourir sur l'harmonique. Ces sortes de discours concernent les
sons, les intervalles et les systèmes, les tons et les métaboles,
enfin la mélopée dans tous les genres de chant
celui qui voudra entendre discourir sur ces matières devra exercer
d'avance son oreille à une exacte perception par une pratique
expérimentale, de façon à reconnaître, parmi les intervalles, le
consonant et le dissonant, afin que, en s'appliquant, par un
raisonnement suivi, à saisir les propriétés des sons, il puisse
acquérir une science complète, grâce à l'appoint de l'expérience et
du raisonnement. Quant à celui qui viendrait écouter ces leçons sans
être capable de bien percevoir un son mélodique ou dont l'oreille
n'aurait pas été exercée, qu'il s'en aille en «fermant la porte» sur
ses oreilles
; car, même étant présent, ses oreilles seront bouchées, vu qu'il ne
serait pas préparé à connaître par la perception les matières
traitées. Pour notre part, nous nous adressons dès le commencement
aux personnes qui, par l'exercice, ont acquis une pratique
rigoureuse.
I.
Sur la Voix.
Le
lieu de la voix,
c'est l'intervalle qui va du grave à l'aigu et inversement; c'est
dans ce lieu que se produit tout mouvement de la voix, soit parlée,
soit discontinue,
soit surtendue, soit relâchée.
Les
sons employés dans la voix parlée, qui nous sert à converser entre
nous, parcourent ce lieu, contigus les uns aux autres, soumis à une
sorte de flux qui les porte vers l'aigu ou en sens contraire, mais
sans qu'ils s'arrêtent sur une tension donnée
; tandis que la voix appelée «discontinue» ne sera en aucune façon
contiguë à elle-même
et n'éprouvera rien qui ressemble à un flux, mais espacée dans ses
propres parties et franchissant, sans qu'on s'en aperçoive, un
certain intervalle, elle semble s'arrêter sur les limites des lieux
qu'elle franchit, et rend manifeste sa propre tension.
Voilà pourquoi elle a reçu, ajuste titre, la qualification de «
discontinue », par opposition à la voix « parlée ».
A la
voix discontinue se rattachent particulièrement le (chant) mélodique
et le non mélodique. Quand elle emploie des intervalles rationnels
et qu'elle n'est ni en défaut ni en excès à cet égard, (le chant)
est mélodique; si le chant est en défaut ou en excès, si peu que ce
soit, par rapport aux intervalles déterminés,
il est non mélodique. On constate en outre une certaine opposition
entre le mélodique et le non mélodique.
Quand
le mouvement de la voix, d'un degré plus grave, la fait passer à un
degré plus aigu, il y a ce qu'on appelle
« surtension » ; dans
le cas inverse on dit qu'il y a et il y a en effet relâchement.
La surtension engendre l'acuité et le relâchement la gravité; mais
la gravité diffère du relâchement et l'acuité de la surtension, non
seulement comme la cause diffère de l'effet qu'elle produit, mais de
plus en ce que, lorsque la surtension a pris fin et cesse d'exister,
l'acuité naît et existe. Il en est de même de la gravité par rapport
au relâchement; car un résultat commun se produit par l'une comme
par l'autre : la tension. En effet, l'acuité comme la gravité
comportent visiblement (toutes deux) une certaine tension.
II. Sur le
Son.
Le
son est la chute de la voix sur une seule tension. La tension est le
repos et la station de la voix. Lors donc que la voix semble
stationner sur une tension unique, nous disons que la voix émet
un son capable de prendre rang dans un chant.
Le
son possède une couleur, un lieu, un temps.
Le temps (du son) consiste en ce que nous chantons des sons plus
lents en plus de temps et des chants plus courts
en moins de temps, de sorte que, dans ce sens, le rythme a
évidemment lui aussi un lieu ; seulement les chants doivent être
rythmés d'après le temps (la durée) des sons. Le lieu du son
consiste en ce que nous émettons tels sons plus graves, tels autres
plus aigus; car ceux qui sont manifestement émis dans le même lieu,
nous les appelons « homophones »; et ceux qui sont plus aigus ou
plus graves (les uns que les autres), nous disons qu'ils sont situés
dans des lieux différents. La couleur est ce en quoi peuvent
différer entre eux des sons qu'on voit situés dans le même lieu et
de la même durée, comme cela arrive dans la voix pour la nature du
chant parlé et dans des cas semblables.
III. Sur
l'Intervalle.
L'intervalle est ce qui est compris entre deux sons. Il est évident
que les sons diffèrent nécessairement entre eux par la tension; car,
s'ils avaient la même tension, il n'y aurait pas du tout
d'intervalle, attendu que la voix paraîtrait demeurer dans le même
lieu (sur le même degré). Ainsi donc la différence entre un son plus
aigu et un son plus grave, comme celle entre un son plus grave et un
son plus aigu, constitue ce qu'on appelle un intervalle. Le ton en
est un. D'ailleurs le ton est tantôt une grandeur d'intervalle,
tantôt une variété de système
; car le mot ton a cette double acception. Lorsque le ton est
un intervalle, il se divise en demi-tons et en diésis
et il
forme d'autres intervalles qui excèdent sa propre étendue, comme par
exemple des trihémitons,
des ditons
et d'autres semblables; mais lorsque ce mot sert à désigner une
variété de système, il indique la quantité de tension de tout le
système (donné).
IV. Sur
les Systèmes.
Parmi
les intervalles,
les uns sont mélodiques, les autres non mélodiques. Parmi les
mélodiques,
les uns sont consonants, les autres inconsonants,
les uns majeurs, les autres mineurs, les uns premiers et incomposés,
les autres ni premiers ni incomposés. Quant à reconnaître les
intervalles mélodiques, ceux qui sont consonants et ceux qui ne le
sont pas, 5. c'est le propre de l'oreille ; car la différence qui
distingue les sons consonants et les dissonants, les sons mélodiques
et les non mélodiques réside principalement dans la différence de la
résonance. Au surplus on ne dira que peu de chose à ce sujet dans le
présent traité.
Les
intervalles sont incomposés lorsque, entre les sons qui les
comprennent, on ne peut chanter un seul son mélodique par rapport à
ceux du même genre dans lequel l'intervalle incomposé est considéré.
Les intervalles composés sont ceux entre lesquels on chante un ou
plusieurs sons. Ces intervalles sont les mêmes que les systèmes
car, en somme, le système, c'est l'intervalle formé de plus d'un
intervalle; or les intervalles premiers et incomposés, dans chaque
genre, sont les communes mesures de tous les autres intervalles et
systèmes compris dans ce même genre.
V. Sur les
Genres.
Le
genre est une division et disposition d'une certaine nature affectée
au tétracorde. Les genres sont au nombre de trois, le diatonique, le
chromatique, l'enharmonique, mais les espèces ou nuances des genres
sont en plus grand nombre. Dans le genre enharmonique, l'intervalle
premier et incomposé est le quart du ton; on l'appelle diésis
enharmonique. Dans le chromatique, c'est le tiers du ton; on
l'appelle diésis chromatique minime. Dans le diatonique, notamment
dans celui qu'on nomme synton,
c'est le demi-ton qui est l'intervalle premier et incomposé.
On
chante le diatonique synton (en allant du grave) à l'aigu, par
demi-ton, ton et ton, et (de l'aigu) au grave, naturellement dans
l'ordre inverse. Le chromatique se chante, lui aussi,
sous plusieurs formes. Une de ses formes, que nous prendrons pour
exemple, procède (du grave) à l'aigu par demi-ton, demi-ton et
trihémiton; — (de l'aigu) au grave, dans l'ordre inverse. Dans le
genre enharmonique, le chant procède par quart de ton, quart de ton
et diton.
VI
En
voilà assez pour le moment sur le genre. Revenant sur nos pas, nous
allons parler actuellement du nombre, de l'ordre et des intervalles
des sons, en ce qui concerne le genre diatonique; car c'est le seul
des trois genres qui soit chanté généralement aujourd'hui, et
l'emploi des deux autres est bien près de disparaître.
Diagramme des trois genres pour un seul tétracorde.
Les
anciens ont donné au son le plus grave de tous, celui dont ils
firent le point de départ de l'harmonie
(du grave) à l'aigu, le nom de
« proslambanomène
»; et ce son, ils ne le considèrent pas comme étant toujours le plus
grave par nature, mais comme l'étant par position.
En effet, dans chacun des tropes le proslambanomène n'était pas
toujours le même son, mais, au contraire, toujours un son différent,
. comme on le montrera un peu plus loin.
Après
le proslambanomène, on plaça l'hypate des hypates, toujours distante
du son précédent de l'intervalle tonié (d'un ton) dans les divers
genres de l'harmonie. A la suite on plaça la parhypate des hypates,
d'un demi-ton plus aiguë que l'hypate; puis la lichanos des hypates,
éloignée d'un ton, à l'aigu, de la parhypate, et nommée aussi
diatonique des hypates, dans le genre diatonique. Après cette note
prit rang l'hypate des moyennes, pareillement éloignée d'un ton de
la lichanos ou diatonique; et par cette note fut complété le
tétracorde des hypates, commençant par l'hypate des hypates et
finissant sur l'hypate des moyennes.
Avec
cette même note, on fit commencer à son tour le tétracorde des
moyennes, de telle façon que le son commun aux deux tétracordes fût
l'hypate des moyennes, note la plus aiguë du premier tétracorde,
celui des hypates, et la plus grave du second, celui des moyennes.
Après cette note, vient la parhypate des moyennes, d'un demi-ton
plus aiguë que l'hypate (des moyennes), et, après cette parhypate,
la lichanos des moyennes ou diatonique des moyennes, pareillement
d'un ton plus aiguë que la parhypate (des moyennes).
Vient
ensuite la mèse, éloignée d'un ton aussi de la lichanos des
moyennes, et avec celle-ci fut complété le second système de
tétracorde, celui des moyennes.
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De
cette mèse, à son tour, on fit le point de départ, tantôt du
tétracorde contigu, appelé pour cette raison tétracorde conjoint,
tantôt du tétracorde des disjointes, lequel ne partit 8. plus de la
mèse, mais de la note appelée paramèse, qui, toujours,
c'est-à-dire dans tous les genres de la mélodie, est éloignée d'un
ton de la mèse.
Les
anciens formèrent donc deux systèmes parfaits, qu'ils nommèrent,
l'un système en conjonction, l'autre système en disjonction.
Lorsqu'ils formèrent le système en conjonction, ils placèrent
immédiatement après la mèse, la trite des nètes conjointes,
éloignée d'un demi-ton de la mèse, et,
immédiatement après la trite, la paranète des nètes conjointes, plus
aiguë d'un ton que la trite; et, à leur suite,
la nète des nètes conjointes, plus aiguë d'un ton que la paranète.
On a nommé le tétracorde ainsi formé «tétracorde des nètes
conjointes», «des nètes s à cause de sa position extrême (véaTov)
et parce qu'il est la limite de la progression vers l'aigu; «des
conjointes» parce qu'il n'est pas séparé (du tétracorde) des
moyennes, mais qu'il est contigu à ce tétracorde qui le précède,
moyennant un son commun, la mèse. On a nommé « trite
» la note voisine de la mèse parce qu'elle arrive troisième à partir
de la fin, « paranète» celle qui vient à sa suite, et «nète» la
dernière, comme étant la limite du mouvement vers l'aigu, ainsi que
nous l'avons dit.
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Maintenant, lorsqu'on forma le système en disjonction, immédiatement
après la mèse, on plaça la paramèse, toujours et dans tous les
genres distante d'un ton de la mèse, comme c'était le cas, on l'a
vu, (de l'intervalle) du proslambanomène à l'hypate des hypates. Cet
intervalle reçut le nom de ton de la disjonction.
Avec la paramèse on fit commencer le tétracorde des nètes
disjointes; et, de même (que pour le tétracorde précédent), on plaça
la trite un demi-ton à l'aigu de la paramèse, (puis la paranète,
d'un ton plus aiguë),
et, à la suite, plus aiguë d'un ton, la nète des nètes disjointes,
de laquelle on fit à son tour le commencement du tétracorde des
nètes hyperboléennes, comme étant aussi le terme et la corde la plus
aiguë du tétracorde des nètes disjointes et le commencement, en même
temps que la note la plus grave, du tétracorde des nètes
hyperboléennes.
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A la
suite de cette note, on plaça la trite des nètes hyperboléennes,
plus aiguë qu'elle d'un demi-ton. Puis, à la suite, on plaça la
paranète, éloignée d'un ton de la trite; puis, à l'aigu, la nète des
nètes hyperboléennes, éloignée d'un ton de la précédente, et devenue
la limite du second système, appelé (système) en disjonction.
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VII
Dans
le petit système (dit) système en conjonction, il y a trois
tétracordes conjoints les uns aux autres moyennant deux sons, la
mèse et l'hypate des moyennes. Le proslambanomène est en dehors.
Les
valeurs
des sons (dans ce système) sont au nombre de onze, savoir :
Proslambanomène ;
Hypate des hypates;
Parhypate des hypates;
Lichanos des hypates ;
Hypate des moyennes;
Parhypate des moyennes;
Lichanos des moyennes;
Mèse;
Trite
des nètes conjointes;
Paranète des nètes conjointes;
Nète
des nètes conjointes.
Dans
le grand système, appelé système en disjonction, les tétracordes
sont au nombre de quatre, savoir : tétracordes des hypates et des
moyennes, plus deux tétracordes des nètes. Parmi ces tétracordes,
ceux des hypates et des moyennes sont conjoints l'un à l'autre
moyennant un son commun, l'hypate des moyennes, et ils sont mis en
disjonction avec les autres par le ton qui va de la mèse à la
paramèse. Les deux autres tétracordes sont nécessairement en
disjonction avec les (deux) premiers moyennant le même ton; mais ils
sont en conjonction l'un avec l'autre moyennant un son commun, la
nète des disjointes, et, semblablement,
le proslambanomène est situé en dehors de ces tétracordes.
Les
valeurs des sons (dans le grand système) sont au nombre de quinze :
Proslambanomène ;
Hypate des hypates;
Parhypate des hypates;
Lichanos des hypates ;
Hypate des moyennes;
Parhypate des moyennes ;
Lichanos des moyennes ;
Mèse;
Paramèse ;
Trite
des nètes disjointes;
Paranète des nètes disjointes;
Nète
des nètes disjointes;
Trite
des nètes hyperboléennes;
Paranète des nètes hyperboléennes ;
Nète
des nètes hyperboléennes.
Ainsi
donc la réunion des deux systèmes porte le total des valeurs de sons
au nombre de vingt-six, d'entre lesquelles huit sont communes aux
deux systèmes jusqu'à la mèse inclusivement.
Par conséquent, les valeurs se rapportent en tout à dix-huit sons
avec lesquels s'exécute un chant quelconque par la voix, sur la
flûte et sur la cithare, en un mot toute sorte de mélodie. Au
surplus, les explications qui précèdent seront rendues encore plus
claires par le diagramme ci-dessous, dans lequel sont réunis les
deux systèmes conjoint et disjoint.
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Cette
combinaison et classification des sons s'applique au genre
diatonique, mais ces dénominations subsistent
dans tous les genres, sauf que, pour les sons mobiles, dans le cas
d'un changement de genre, on ajoute en chacun d'eux une
qualification propre à la dénomination commune, telle que parhypate
« enharmonique
», lichanos « chromatique », lichanos « diatonique ». Ce qu'on vient
de dire sera plus évident par la suite.
VIII
Parmi
les sons mélodiques, les uns sont homophones, les autres consonants,
(d'autres dissonants),
d'autres encore paraphones.
Les
sons homophones sont ceux qui ne diffèrent entre eux ni par la
gravité ni par l'acuité.
Les
sons consonants sont tels que' lorsqu'ils sont émis simultanément,
soit sur des instruments à cordes, soit sur des instruments à vent,
le chant d'un son plus aigu par rapport à un son plus grave ou d'un
son plus grave par rapport à un son plus aigu est toujours le même,
comme s'il se produisait pour l'oreille l'illusion d'une fusion et
d'une sorte d'unification dans l'émission des deux sons; c'est alors
que nous disons qu'ils sont consonants.
Les
sons dissonants sont tels que lorsqu'ils sont émis simultanément sur
des instruments à cordes ou sur des instruments à vent, aucune
partie du chant, dans son rapport du grave à l'aigu ou de l'aigu au
grave, ne paraît être la même; ou encore, tels que, lorsqu'ils sont
émis simultanément, il ne se manifeste aucune fusion entre eux.
Les
sons paraphones sont intermédiaires entre le consonant et le
dissonant; mais quand on les fait entendre sur un instrument,
ils donnent la sensation du consonant
; tel est l'effet produit avec un intervalle de trois tons, celui
(par exemple) de la parhypate des moyennes à la paramèse,
et avec un intervalle de deux tons (tel que) celui de la diatonique
des moyennes à la paramèse.
IX
Les
consonances, dans le système parfait, sont au nombre de six. La
première est la quarte (diatessaron); la seconde, la quinte
(diapente), laquelle surpasse la quarte de l'intervalle d'un ton. De
là vient que quelques-uns ont défini l'intervalle tonié «la
différence en grandeur des deux premiers consonants
». La troisième consonance se compose des deux précédentes;
c'est l'octave (diapason).
En effet la quinte ajoutée à la quarte rend les sons extrêmes
consonants entre eux.
Ce mode de consonance est appelé octave (diapason). La quatrième
consonance est la réunion de l'octave et de la quarte
; la cinquième, la réunion de l'octave et de la quinte; la sixième,
la double octave (disdiapason).
On
peut concevoir d'autres consonances en combinant celles-là entre
elles; mais les instruments ne pourraient en supporter la tension
(l'intonation). On a donc égard à la puissance des instruments et de
la voix humaine, qui nous servent à n'établir en tout que six
consonances.
La
consonance de quarte, dans un genre quelconque de la mélodie,
comprend ainsi 4 sons, 3 intervalles, 2 tons ½, 5
demi-tons. Semblablement, la consonance de quinte comprend, dans
tous les genres, 5 sons, 4 intervalles, 3 tons ½, 7
demi-tons. La consonance d'octave comprend 8 sons, 7
intervalles, 6 tons, 12 demi-tons. La quarte redoublée (diapason et
diatessaron) comprend 11 sons, 10 intervalles, 8 tons ½, 17
demi-tons. La quinte redoublée (diapason et diapente) comprend 12
sons, 11 intervalles, 9 tons ½, 19 demi-tons.
La
double octave comprend 15 sons, 14 intervalles, 12 tons, 24
demi-tons.
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X
On a
trouvé dans certains nombres les rapports des consonances et l'on a
calculé exactement, par toute sorte de procédés, que le rapport de
la quarte
est sesquitiers, celui de 24 à 1 8 ; le rapport de la quinte,
sesquialtère, celui de 24 à 16 ; le rapport de l'octave, double
comme celui de 24 à 12 ; le rapport de la quarte redoublée
diplasiépidimère (8/3),
celui de 24 à 9, et, à son tour, le rapport de la quinte redoublée,
triple, celui de 24 à 8; le rapport de la double octave, quadruple,
celui de 24 à 6.
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XI
Quant
à la découverte de ces rapports, on raconte que Pythagore en saisit
le principe par hasard un jour qu'il passait devant une forge. Il
constata que la percussion des marteaux sur l'enclume donnait des
sons, les uns dissonants, les autres consonants. Aussitôt qu'il fut
entré (dans la forge), il recherchait la cause de la dissonance
et de la consonance produite par les coups de marteau, et voici
celle qu'il découvre en voyant que les marteaux
étaient de poids différents, et que les rapports des grandeurs
constatés dans les poids étaient la cause de la dissonance et de la
consonance des sons produits. En effet, il trouve que les (marteaux)
qui ont entre eux, dans leurs poids, un rapport sesquitiers, donnent
un son consonant à la quarte; quant à ceux qui ont entre eux un
poids en rapport sesquialtère, il reconnaît que leur percussion
produit la consonance de quinte; considérant ceux qui ont entre eux
un poids double (2/1), il s'aperçoit qu'ils donnent des sons
accordés à l'octave
dans les intonations.
Partant de là pour établir un principe de corrélation entre les
consonants et les nombres, il porte son investigation sur un autre
mode (d'expérience). Attachant (à un clou)
deux cordes égales et semblables et de fabrication identique, il
suspend à l'une d'elles un poids de 3 parties et à l'autre un poids
de 4 parties, et en les frappant toutes deux, il trouve (deux sons)
consonnant suivant la consonance dite diatexsaron (quarte).
Puis suspendant à l'une et à l'autre des poids sesquialtères (entre
eux), il trouve qu'elles consonnent entre elles suivant la
consonance de diapente (quinte); suspendant des poids doubles (l'un
de l'autre), il obtint le diapason (octave)
et en produisant le rapport triple, il reconnut (la consonance) de
diapason et diapente (quinte redoublée), et ainsi de suite pour les
autres.
Mais
il ne se contenta pas de faire cette seule expérience : il en
vérifia la méthode par un autre procédé. Tendant une corde sur une
règle, il divisa celle-ci en douze parties. Alors, frappant d'abord
la corde entière, puis la moitié de sa longueur, soit six parties,
il trouva que la corde totale sonnait l'octave avec la demi-corde,
résultat que, par les autres pro.5. cédés, il avait reconnu donner
le rapport double. Ensuite, frappant la corde entière, puis les
trois quarts de cette corde, il vit que la consonance produite était
la quarte. La percussion de la corde totale et de ses deux tiers lui
fait trouver la consonance de quinte, et ainsi des autres. Puis
après avoir vérifié ces faits de beaucoup d'autres manières, il
trouve que les mêmes rapports de consonance résident dans les
nombres précités.
XII
Il
résulte de ce qui précède que l'intervalle tonié (d'un ton) est dans
le rapport sesquioctave (9/8). En effet, si le ton est l'intervalle
dont la consonance de quarte diffère de la quinte,
on devra établir que la quarte correspond aux nombres 6 et 8, la
quinte aux nombres 6 et 9
; or, l'excès du rapport sesquialtère sur le sesquitiers est dans le
rapport de 8 à 9. De plus, l'excès de la quinte sur la quarte est
d'un ton; par conséquent le ton est dans le rapport de 8 à 9.
XIII
L'intervalle appelé demi-ton n'est pas exactement la moitié d'un
ton. On l'appelle communément demi-ton, mais c'est à proprement
parler un limma,
et il est dans le rapport de 243 à a56. Il faut donc considérer,
d'abord que le soi-disant demi-ton est dans le rapport de 243 à a
56, puis, que le rapport de 243 à 256 comprend un intervalle moindre
que le demi-ton.
En effet, soit donnée une valeur de son représentée par le nombre
64, et rapproché de ce son
un son qui -ml. 16.
en est distant d'un ton, c'est-à-dire représenté par le nombre 72,
et (supposons) qu'on en rapproche un troisième, éloigné d'un ton du
deuxième, c'est-à-dire noté 81 ; le quatrième son, destiné à
compléter le tétracorde, consonant nécessairement à la quarte avec
le premier, sera dans le rapport sesquitiers avec 64 ; ce son sera
donc représenté par 85 ⅓, et le rapport
le sera en nombres entiers, par (la fraction) 256/243, et tous (les
sons) qui, en nombres supérieurs, après deux sesquioctaves,
compléteront le reste du tétracorde, le compléteront à leur tour
suivant ce rapport, c'est-à-dire suivant le rapport de 243 à 256.
…………………………………………………………………………………………………….
XIV
Cela
considéré, il faut avancer de nouveau que ce rapport est inférieur à
un demi-ton. Le rapport 256/243 est plus petit que le rapport sesqui
dix-septième (18/17). Le produit de deux rapports sesqui
dix-septièmes l'un par l'autre ne complète pas le sesquioctave; de
sorte que, d'une part le rapport sesqui dix-septième est moindre que
la moitié du sesquioctave,
et d'autre part le rapport de 256 à 243, qui est moindre que le
sesqui dix-septième, serait à bien plus forte raison moindre que la
moitié du sesquioctave. Donc le soi-disant demi-ton est moindre que
le demi-ton proprement dit. Voilà pourquoi on l'a nommé limma
et qu'il est dans le rapport de 256 à 243.
Quant
à l'intervalle qui manque au limma pour compléter le ton, il
s'appelle apotome, mais communément demi-ton aussi, de sorte
qu'il y aura un demi-ton majeur et un demi-ton mineur.
Le genre diatonique emploie le mineur, mais le chromatique, l'un et
l'autre.
XV
Cela
établi, exposons le diagramme diatonique des sons avec les nombres
correspondant à chaque son (en attribuant le plus grand nombre au
son le plus grave)
dans ce même diagramme. Dans un autre, c'est le plus petit nombre
qui correspondra au proslambanomène.
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Donc,
dans le premier diagramme, le proslambanomène étant placé sous le
nombre 2304,
l'hypate des hypates, éloignée du
proslambanomène suivant le rapport de 9 à 8, est placée sous le
nombre 2048.
La parhypate des hypates, éloignée d'un demi-ton de l'hypate,
intervalle appelé proprement limma, suivant le rapport de 256 à 243,
est placée naturellement sous le nombre
1944.
Les
autres intervalles sont établis semblablement selon qu'il s'agit de
rapports de tons ou de demi-tons.
Dans
le second diagramme, le proslambanomène étant placé sous le nombre
648, l'hypate des hypates est placée consécutivement sous le nombre
729.
La parhypate est placée sous le nombre 768 et tous les autres
(intervalles) progressent consécutivement par tons et demi-tons
d'une façon semblable à la progression des premiers, sauf que les
nombres procèdent (ici) des plus petits aux plus grands.
XVI
J'exposerai à la suite le diagramme du genre chromatique synton,
portant les sons avec les nombres qui leur correspondent. On y verra
clairement que le genre chromatique emploie les deux sortes de
demi-ton, le mineur et le majeur, c'est-à-dire le limma et
l'apotome.
Le proslambanomène commence avec le nombre le plus fort, savoir :
20736. Vient ensuite l'hypate.
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XVII
Parmi
les dix-huit sons, les uns sont stables et les autres mobiles. Les
sons stables sont :
Le
proslambanomène;
L'hypate des hypates;
L'hypate des moyennes;
La
mèse;
La
nète des nètes conjointes ;
La
paramèse;
La
nète des nètes disjointes;
(La
nète des nètes hyperboléennes).
Les
sons mobiles sont :
Les
parhypates;
Les
lichanos ;
Les
trites;
Les
paranètes.
(Ils
sont mobiles) en ce que dans les modifications
de genres, ils modifient leur propre tension. Voilà pourquoi on
ajoute au nom commun
un nom particulier emprunté à celui de chaque genre. C'est ainsi que
l'on dit, par exemple : « lichanos des moyennes enharmonique,
lichanos des moyennes chromatique, lichanos des moyennes diatonique.
» II en est de même pour la dénomination des paranètes, des
parhypates et des trites.
XVIII
Je
reviendrai encore sur les systèmes.
Les
formes ou espèces des tétracordes sont au nombre de trois. Elles se
produisent lorsque, étant conservés l'étendue d'un tétracorde et le
nombre de ses intervalles, il n'y a que son ordonnance et sa
composition qui éprouvent une altération. La première espèce est
celle qui va de l'hypate des hypates à l'hypate des moyennes; dans
cette espèce le demi-ton est le premier intervalle au grave.
La
seconde va de la parhypate des hypates à la parhypate des moyennes;
le demi-ton y occupe le troisième rang à l'aigu. La troisième va de
la lichanos à (l'autre) lichanos; le demi-ton y est placé au milieu.
Les autres (combinaisons)
sont semblables à celles-ci.
Les
formes ou espèces de la quinte sont au nombre de quatre. La première
espèce est celle qui va de l'hypate des moyennes à la paramèse; le
demi-ton s'y trouve au premier rang au grave.
La
deuxième espèce va de la parhypate des moyennes à la trite des
disjointes; le demi-ton s'y trouve au dernier rang à l'aigu.
La
troisième espèce va de la lichanos des moyennes à la paranète des
disjointes; le demi-ton y occupe le second rang à partir de la fin.
La
quatrième espèce va de la mèse à la nète des disjointes; le demi-ton
y occupe le dernier rang à partir du commencement.
……………………………………………………………………………………………………..
XIX
Les
formes ou espèces du diapason octacorde (quarte) sont en tout au
nombre de douze, par cette raison que la quarte a trois formes et la
quinte quatre, comme on vient de le montrer, et que l'octave est
formée de leur réunion; mais les formes ou espèces mélodiques et
consonantes sont au nombre de sept. Nous en donnerons la raison plus
tard.
La
première espèce est celle qui va de l'hypate des hypates à la
paramèse; elle se compose de la première espèce de la quarte et de
la première de la quinte.
La
deuxième va de la parhypate des hypates à la trite des disjointes;
elle se compose de la deuxième espèce de la quarte et de la deuxième
de la quinte.
La
troisième espèce va de la lichanos des hypates à la paranèse des
disjointes; elle se compose de la troisième espèce de la quarte et
de la troisième de la quinte.
………………………………………………………………………………………………………..
La
quatrième espèce va de l'hypate des moyennes à la nète des
disjointes; elle se compose de la première espèce de la quinte et de
la première de la quarte.
La
cinquième espèce va de la parhypate des moyennes à la trite des
hyperboléennes; elle se compose de la deuxième espèce de la quinte
et de la deuxième de la quarte.
La
sixième espèce va de la lichanos des moyennes à la paranète des
hyperboléennes ; elle se compose de la troisième espèce de la quinte
et de la troisième de la quarte.
La
septième espèce va de la mèse à la nète des hyperboléennes, ou du
proslambanomène à la mèse; elle se compose de la quatrième espèce de
la quinte et de la première de la quarte, ou, inversement, de la
troisième de la quarte et de la quatrième de la quinte.
La
première espèce de l'octave s'appelle mixolydienne;
La
deuxième, lydienne;
La
troisième, phrygienne ;
La
quatrième, dorienne;
La
cinquième, hypolydienne ;
La
sixième, hypophrygienne;
Quant
à la septième, elle a été appelée commune, locrienne, et
hypodorienne.
……………………………………………………………………………………………………...
XX
Les
anciens ont eu recours, pour désigner les dix-huit sons, à des
dénominations (particulières)
et à des lettres appelées signes musicaux, dont c'est le moment de
parler. L'établissement des signes musicaux a eu pour but la
notation des sons, afin que l'on n'eût pas à écrire le nom de chacun
d'eux, mais que l'on pût distinguer et noter tel ou tel son par un
signe unique. Et comme les sons changent (de valeur) suivant leurs
divers degrés de tension et ne restent pas absolument à la même
place, il a fallu, par suite, non pas un seul signe pour chaque son,
mais des signes variés, de façon à pouvoir noter les différences de
tension; car, dans chaque trope ou ton, tous les sons sans exception
deviennent différents par la tension.
Par exemple, tantôt nous posons le proslambanomène, son le plus
grave par nature, ce qui est le cas dans le trope hypodorien, et la
mèse, son antiphone (son octave), et nous dénommons les autres sons
d'après leur rapport avec ceux-ci; tantôt, donnant à la mèse
elle-même, actuellement antiphone du proslambanomène, le rang de
proslambanomène, et plaçant ensuite la mèse, antiphone de celle-ci,
et les autres sons en rapport avec ces derniers,
nous employons ainsi le système tout-entier.
Souvent aussi, prenant un des sons compris entre le proslambanomène
et la mèse,
comme son initial d'un système, nous l'employons comme
proslambanomène et nous rapportons à ce son l'intonation de tout le
système.
Or, dans chaque système, lorsqu'il y a plusieurs systèmes avant (le
système donné), le rapport qui existe entre la mèse (de l'un) et la
mèse (de l'autre) ou entre proslambanomène (et proslambanomène)
existe aussi entre une note homonyme et son homonyme, comme aussi
entre système et système. On a donc eu besoin, non pas d'un signe
unique pour chacun des sons, mais de plusieurs, en aussi grand
nombre qu'il y a de demi-tons dont peut progresser chacun des sons.
Quant au nombre des demi-tons dont peut être élevé
chacun des sons, il n'est pas facile à déterminer, car cette
détermination est subordonnée à la facture des divers instruments et
à la puissance de la voix humaine.
Comment il se fait qu'un son élevé progressivement est noté par
autant de signes différents, on le comprendra facilement à
l'inspection des diagrammes contenus dans les (introductions)
musicales.
XXI
Maintenant, il faut voir seulement
de quelle façon est établi le classement des signes par demi-tons.
Soit donnée telle valeur de son comme étant la plus grave et (en
même temps) la première perceptible à l'oreille.
Les anciens l'ont notée au moyen d'un demi-phi couché
et
l'ont posée comme signe initial. Or il est évident que cette valeur
même est assignée au proslambanomène, et non pas à un autre son. En
effet, si elle l'était à quelque autre, où placerait-on le
proslambanomène, puisque le demi-phi est le signe de la
valeur la plus grave? Soit donné à la suite un son plus aigu à son
tour d'un demi-ton. Les anciens l'ont noté du signe tau T,
et il est clair que le classement de ce son convient au seul
proslambanomène.
En effet, s'il est rapporté à l'hypate ou à quelque autre son, où
placera-t-on par suite le proslambanomène, lui qui doit être plus
grave d'un ton que l'hypate des hypates, puisqu'on n'a laissé qu'une
seule place au demi-ton dans le grave
? Soit donné maintenant un son plus aigu d'un demi-ton que le son
noté tau, son que les anciens ont noté au moyen du double
sigma
.
Ce son peut être lui aussi le proslambanomène d'un système,
mais il peut être en outre une hypate des hypates,
car il est distant d'un ton du son initial le plus grave.
Ainsi
donc, en notant toujours d'après la même méthode le son plus aigu
d'un demi-ton (que le précédent), ils (les anciens) ont poursuivi la
progression jusqu'à la trentième rangée de demi-tons,
et ils exprimèrent au moyen des mêmes signes les notes comprises
dans la suite de cette progression des sons par demi-ton, en y
ajoutant des accents aigus à partir de la dix-neuvième rangée qui a
pour signes

Ils
placèrent un double signe dans chaque rangée : le signe supérieur
sert à noter les paroles, et le signe inférieur, le jeu
instrumental.
Ils
placèrent aussi
les signes appelés homotones
qu'il est loisible d'employer indifféremment à la place des autres;
et (en effet) il n'importera aucunement d'employer pour la notation
un quelconque des signes quand il y en a plusieurs qui sont
homotones.
Mais les signes homotones présentent encore un autre avantage :
c'est que les diésis sont notés au moyen de ces signes, placés
consécutivement, dans les genres enharmonique et chromatique.
On s'est expliqué à leur sujet dans les Introductions.
XXII
Exposons maintenant, en un tableau, les signes (se succédant) par
demi-tons avec leurs homotones, en plaçant les homotones
respectivement dans la même colonne, et les sons plus aigus d'un
demi-ton à la suite.
………………………………………………………………………………………………………...
La
première rangée de notes, qui indique parmi les sons la valeur la
plus grave,
a pour signes le demi-phi couché
et
le demi-phi (couché) retourné
.
La
deuxième rangée, plus aiguë d'un demi-ton que le premier son, a pour
signes l’upsilon couché, retourné et l’upsilon couché,
.
Les signes homotones, c'est-à-dire notant parmi les sons la même
valeur, sont le tau couché, retourné et le tau droit,
.
La
troisième rangée, d'un demi-ton plus aiguë que la seconde,
suivant le rapport des rangées successives, a pour signes le double
sigma retourné et le double sigma,
.
La
quatrième rangée a (pour signes) le rho (renversé)
et (le double sigma couché)
;
et leurs homotones sont dans la première rangée
le pi renversé et le double sigma retourné,
.
La
cinquième rangée, qui est semblablement plus aiguë d'un demi-ton que
la quatrième, — car toutes les rangées consécutives sont distantes
entre elles d'un demi-ton, — a pour signes un omicron portant
une barre à sa partie inférieure et un êta,
.
La
sixième rangée a (pour signes) un double xi renversé et un
double pi renversé,
.
Leurs homotones sont l’antinu et le double pi,
.
(Manquent les neuf rangées suivantes.)
*****************************
Viennent ensuite (chap.
xxiii de l'édition G. de Jan) dans les manuscrits de Gaudence
et dans l'édition de Meibom, les tableaux, pour le genre diatonique,
des tropes hypolydien, hyperlydien, éolien et hypoéolien, ce dernier
interrompu après l’hypate des moyennes. Nous jugeons inutile de
reproduire ces tableaux, qui ne diffèrent de ceux d'Alypius que par
des variantes sans importance, et dont l'attribution à Gaudence nous
paraît d'autant plus douteuse que notre auteur, un peu plus haut (p.
22, Meibom au début), semble renvoyer le lecteur aux traités
théoriques contenant ces sortes de tableaux plutôt qu'à son propre
ouvrage. — Voir l'Avertissement.
(suite)
‘Αείδω
(alias
ἀείξω)
ξυνετοῖσι θύρας δ' ἐπιθεσθε, βέβηλοι,
Cp.
Orphica,
p. 448, G. Hermann, p. 144, Abel :
Φθέξομαι οἷς θέμις ἐστὶ * θύρας δ' ἐπιθεσθε, βέβηλοι
πάντες
ὁμοῦ
(alias
ὁμῶς).
Ce fragment orphique a été cité souvent par les écrivains
païens et chrétiens avec ou sans la variante
βεβήλοις πᾶσιν ὁμοῦ.
Les divers manuscrits de Clément d’Alexandrie donnent l’une
et l’autre. Au surplus, voici une note intéressante et assez
complète sur la question, tirée de l’édition bénédictine de
Justin, martyr (1762), p. 18 : Grotius (De
Veritate,
1. 1)
legit
βεβήλοις.
Fronto Ducaeus in notis ad Tatianum [p. 34] eodem modo
legendum censet. Plerique codices Tatiani
βεβήλοις.
Sic etiam habent Clemens Alexandrinus, in Cohortat.,
p. 48, et Theodoretus, serm.
I,
De curandia Graec. affect.,
p. 478 et 483.
Lectionem Clementis [βεβήλοις]
tuentur Hoeschel et Polter vin doctissimi. Sed tamen
retinendum esse
βεβήλοι
patet ex Aristobulo qui apud Eusebium, Praepar. evang.,
l. XIII, hunc versum addit a Justino omissum:
φεύγοντες δικαίων θεσμοὺς θείοιο τεθέντος
πᾶσι νόμου.
Vient ensuite l'hypate. Le texte grec dit :
'Εξῆς ἡ πάτω.
Vatic. 191 : 'Εξῆς
ἡ
,
altération probable de 'Ε,
ἡ
Correction
de Meibom :
'Εξῆς ἡ ὑπάτη.
Les notes de Meibom sur Euclide, p. 68, contiennent une
restitution des calculs relatifs à ce diagramme. Nous les
reproduisons (tableau n° 10), après vérification comme les
précédente, et avec quelques modifications.
Nous avons expliqué plus haut (note 2 de la page 75) comment
le limma est représenté par la fraction 256/243. L'apotome,
qui forme un ton complet avec le limma, est, en conséquence,
représentée par la formule
Cette explication ne se retrouve ni dans Gaudence, ni chez
aucun autre musicographe. Bryenne dit seulement
(Harmoniques, p. 385, Wallis) qu'il y a sept espèces
d'octaves, sautant, ajoute-t-il, que d'intervalles
incomposés».
Meibom, dans ses notes sur Euclide (p. 58), critique
vivement notre auteur (ineptit,
dit-il) d'avoir limité à douze le nombre des espèces
d'octaves, et il porte ce nombre à vingt et un. Il ne s'est
pas aperçu que Gaudence parle exclusivement des espèces «
mélodiques et consonantes », c'est-à-dire des combinaisons
dans lesquelles figurent distinctement les formes ou espèces
des deux consonances de quarte et de quinte. Le tableau
ci-dessous va faire voir que le nombre 12 doit être
maintenu.
1. 1re espèce de la quarte et 1re
espèce de la quinte (1er ton).
2. 1re espèce de la quarte et 2e
espèce de la quinte.
3. 1re espèce de la quarte et 3e
espèce de la quinte.
4. 1re espèce de la quarte et 4e
espèce de la quinte.
5. 2e espèce de la quarte et 1re
espèce de la quinte.
6. 2e espèce de la quarte et 2e espèce
de la quinte (2e ton).
7. 2e espèce de la quarte et 3e espèce
de la quinte.
8. 2e espèce de la quarte et 4e espèce
de la quinte.
9. 3e espèce de la quarte et 1re
espèce de la quinte.
10. 3e espèce de la quarte et 2e
espèce de la quinte.
11. 3e espèce de la quarte et 3e
espèce de la quinte (3e ton).
12. 3e espèce de la quarte et 4e
espèce de la quinte (7e ton).
Nous résumons ci-dessous le contenu du chapitre
xix en
ajoutant aux données de Gaudence (voir nos tableaux nos 12
et 13) la concordance des notes antiques et des notes
modernes. Au lieu de 1ère espèce de quarte, etc.,
nous écrirons, pour abréger, 1ère quarte, etc. —
Les notes modernes, prises dans l'échelle naturelle et
correspondant par conséquent à celles du trope hypolydien,
ne représentent que les sons du genre diatonique synton. La
note en italique est commune aux deux groupes constitutifs
de l'octave.
1ère espèce d'octave : 1ère quarte et
1ère quinte. Hypate des hypates— paramèse. 1er
ton ou ton mixolydien.
½. 1. 1 : ½. 1. 1. 1. (si, ut, ré, mi, fa sol, la,
si.)
2° : 2e quarte et 2e
quinte.
Parhypate des hypates — trite des disjointes. 3e
ton ou ton lydien, 1. 1. ½ : 1. 1. 1. ½. (ut, ré, mi, fa,
sol, la si ut.)
3° : 3e quarte et 3e
quinte. Lichanos des hypates — paranète des
disjointes. 3e ton, ou ton phrygien. 1. ½. 1 : 1.
1. ½. 1. (ré, mi, fa, sol, la, si, ut, ré.)
4° : 1ère quinte et
1ère quarte. Hypate des moyennes — nète des
disjointes. 4e ton
ou ton dorien. ½. 1. 1. 1 : ½. 1. 1. (mi, fa, sol,
la, si, ut, ré, mi.)
5° : 2e quinte et 2e quarte.
Parhypate des moyennes — trite des hyperboléennes. 5e
ton, ou ton hypolydien. 1. 1. 1. ½ : 1. 1. ½. (fa,
sol, la, si, ut, ré, mi, fa.)
6° : 3e quinte et 3e
quarte. Lichanos des moyennes — paranète des
hyperboléennes. 6e
ton, ou ton hypophrygien. 1. 1. ½. 1. : 1. ½. 1. (sol, la,
si, ut, ré, mi, fa, sol.)
7° : 4e quinte et 1ère quarte ou 3e
quarte et 4e quinte. Mèse — nète
des hyperboléennes ou proslambanomène — mèse. 7e
ton, ou ton hypodorien, appelé aussi locrien et commun. 1.
½. 1. 1 : 1. 1. (la, si, ut, ré, mi, fa, sol, la),
ou, à l'octave aiguë : 1. ½. 1 : 1. 1. (la, si, ut, ré,
mi, fa, sol, la.)
La voix humaine se divisait en régions hypatoïde, mésoïde,
nétoïde et hyperboloïde, dénominations auxquelles
correspondent respectivement les anciennes dénominations de
bassus, tenor, contra, superus, en italien : basso, tenore,
alto, soprano (A.-J.-H. Vincent, Notices, etc., p.
120). Aristide Quintilien (De
musica,
p. 24) dit que le ton (ou trope) dorien se chante tout
entier (avec la voix). Pour les instruments, l'Anonyme de
Bellermann, § 23 (trad. Vincent, Notices, p. 13)
indique de la manière suivante la répartition des différents
tropes entre les instruments à vent et à cordes.
Hydraule ou orgue : tropes hypophrygien, hypolydien,
phrygien, lydien, hyperïastien , hyperlydien.
Cithare : tropes hypolydien, iastien, lydien, hyperïastien.
Flûte : tropes hypophrygien, hypoéolien, hypolydien,
ïastien, phrygien, lydien, hyperïastien.
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