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table des matières d'Athénée de Naucratis

introduction à athénée de naucratis

ATHÉNÉE DE NAUCRATIS

LIVRE VII. Phagésies, Phagésiposie, Lagénophorie. Fête des congés. Repas de nuit; leur avantage. Nuit, fait pourrir les viandes. Opson désigne particulièrement le poisson comme aliment. Philippe, Roi de Macédoine, aimait les pommes. Combat livré avec des pommes. Poissons muets. Nomenclature des poissons.

Amie, ou boniton ; ses qualités. Sentiment et conseils d’Archestrate sur ce poisson; (Archestrate, guide d'Epicure. Critique d’Épicure et de ses sectateurs. Tantale : son supplice. Eratosthène de Cyrène, Denys d’Héraclée, devenus Épicuriens.) Alpheste: antilias ou callichthys : pompile, poisson sacré : aphye : acharne : raie : bogue : bebrade : blenne ou morveux : soles, plies, etc.: congre (Ménécrate, surnommé Jupiter : sa lettre à Philippe : réponse. Thémison, surnommé Hercule : jactance des cuisiniers. Divers passages cités à ce sujet.) : chien de mer : glauque (Glaucus, dieu marin ; son état antérieur, ses amours.) : foulon, espèce de raie : anguilles : salines offertes aux dieux : ellops : rouget : encrasichole : epsète : foie marin : fuseau : thon, mâle et femelle : hippure : lampuge : coryphène : cheval marin : julides ou girelles : grive de mer : merle marin : sanglier marin : kremys, inconnu : aiguille : citharus : cordyle : écrevisse : requin : muges : coracins : carpe : boulerots : rouget-grondin : chien carcharias, ou requin : loup marin : latos inconnu : raie-lisse : raies : murène : myre : mendoles : oblade : melanderin : morme : torpille : espadon : orphe : orcyn : ânes de mer : scare : spare : scorpène : maquereau : sargin : saupe : synodon : synagride : lézard marin : scepinos, ou attageinos : ombrine : syagride : sphyrène, ou spet : sèche surmulet : bandeau: trachure, espèce de maquereau : aulopias, ou anthias: calmar grand et petit : porcs marins : hycca, ou girelles : pagre : chromis : dorade : chalcis, ou grosse sardine : la dorée : aloses : la pucelle : eritime : thrattes : plies.

Le Livre VΙI des Deipnosophistes

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

texte grec

 

 

  

 

trADUCTION

LE BANQUET DES SAVANTS D'ATHÉNÉE.

LIVRE SIXIÈME.

 

 

ATHÉNÉE

DEIPNOSOPHISTES

LIVRE SEPTIÈME.

 

Phagésies, Phagésiposie, Lagénophorie. Fête des congés. Repas de nuit; leur avantage. Nuit, fait pourrir les viandes. Opson désigne particulièrement le poisson comme aliment. Philippe, Roi de Macédoine, aimait les pommes. Combat livré avec des pommes. Poissons muets. Nomenclature des poissons.

Amie, ou boniton ; ses qualités. Sentiment et conseils d’Archestrate sur ce poisson; (Archestrate, guide d'Epicure. Critique d’Épicure et de ses sectateurs. Tantale : son supplice. Eratosthène de Cyrène, Denys d’Héraclée, devenus Épicuriens.) Alpheste: antilias ou callichthys : pompile, poisson sacré : aphye : acharne : raie : bogue : bebrade : blenne ou morveux : soles, plies, etc.: congre (Ménécrate, surnommé Jupiter : sa lettre à Philippe : réponse. Thémison, surnommé Hercule : jactance des cuisiniers. Divers passages cités à ce sujet.) : chien de mer : glauque (Glaucus, dieu marin ; son état antérieur, ses amours.) : foulon, espèce de raie : anguilles : salines offertes aux dieux : ellops : rouget : encrasichole : epsète : foie marin : fuseau : thon, mâle et femelle : hippure : lampuge : coryphène : cheval marin : julides ou girelles : grive de mer : merle marin : sanglier marin : kremys, inconnu : aiguille : citharus : cordyle : écrevisse : requin : muges : coracins : carpe : boulerots : rouget-grondin : chien carcharias, ou requin : loup marin : latos inconnu : raie-lisse : raies : murène : myre : mendoles : oblade : melanderin : morme : torpille : espadon : orphe : orcyn : ânes de mer : scare : spare : scorpène : maquereau : sargin : saupe : synodon : synagride : lézard marin : scepinos, ou attageinos : ombrine : syagride : sphyrène, ou spet : sèche surmulet : bandeau: trachure, espèce de maquereau : aulopias, ou anthias: calmar grand et petit : porcs marins : hycca, ou girelles : pagre : chromis : dorade : chalcis, ou grosse sardine : la dorée : aloses : la pucelle : eritime : thrattes : plies.

 

 

1. [275c] Chap. I. Le souper allait déjà bon train, lorsque les Cyniques, s'imaginant qu'on faisait la fête des Phagésies,[1] s'en réjouissaient plus que tous les autres convives. Alors Cynulque dit à Ulpien : Pendant que nous soupons (car, pour toi, tu ne te repais que de discours), je te demanderai ici en quel auteur on trouve la fête des Phagésies et des Phagésiposies. Ulpien embarrassé, commande aux esclaves, qui portaient les plats à la ronde; de s'arrêter, et lui répond : sage Cynulque, il se fait déjà tard, ainsi je ne serai pas assez complaisant pour te satisfaire à présent. Tu as tout le temps de parler ; peut-être même que tu en souperas avec plus d'appétit. Eh ! bien répartit Cynulque, [275d] si tu es disposé à m'en savoir gré, je vais te l'apprendre. Oui, certes, dit l'autre.

Cléarque, répond Cynulque, disciple d'Aristote, en parle précisément en ces termes, liv. 5 de son ouvrage sur les Griphes ; car je me rappelle très bien le passage, parce que c'est un auteur que j'aime beaucoup : « On appelle Phagésie, ou, selon quelques-uns, Phagésiposie, une fête pendant laquelle chacun de ceux qui passaient étaient obligés de payer au dieu le tribut d'une rapsodie; mais cette fête et les rapsodes ne sont plus d'usage. » Voilà donc ce que dit Cléarque. [276a] Comme j'ai le livre, je ne t'en refuserai pas la communication. Tu y apprendras bien des choses, et tu ne manqueras pas de questions à proposer. Il raconte, par exemple, que Callias, le grammairien, natif d'Athènes, a fait une tragédie dont Euripide a imité les vers et tout le plan dans sa Médée, de même que Sophocle dans son Œdipe.

2. Tout le monde fut étonné de cette érudition de Cynulque. Alors Plutarque prit la parole : Messieurs, dit-il, on célébrait pareillement dans Alexandrie, ville où je suis né, une fête appelée Lagénophorie, dont parle Ératosthène, dans son ouvrage intitulé Arsinoé. Voici ce qu'il dit :

[276b] « Ptolémée établissant une fête et divers sacrifices, surtout en l'honneur de Bacchus, Arsinoé dit à celui qui portait les rameaux:[2] Quel jour célèbre-t-on? quelle est donc cette fête-ci? Celui-ci répondit : ce sont les Lagénophories, et chacun mange au souper ce qu'il a apporté[3] pour soi, couché sur un lit de verdures, et boit aussi de sa propre bouteille dont il s'est muni.

[276c] Cet homme ayant passé outre, Arsinoé nous regarda, en disant : Voilà des chambrées qui seront sans doute bien sales ; car ce ne sera nécessairement qu'une tourbe ramassée de toutes sortes de gens, et qui ne se servira que des viandes rances et dégoûtantes. Si cette fête avait plu à la reine,[4] elle n'aurait pas eu, à faire ces préparatifs, autant d'embarras qu'il y en a dans la fête des Congés. Chacun, il est vrai, y mange[5] séparément; mais c'est à celui qui invite à faire les frais du repas.

3. Un des grammairiens qui se trouvaient à table, considérant cet appareil, dit : Mais la nuit nous suffira-t-elle pour consommer tant de plats qui feraient autant de soupers? Le charmant [276d] Aristophane s'est servi de l'expression dia nyktos, dans son Æolosikon, pour cette expression la nuit, au lieu de dire toute la nuit, di’ holees nyktos. C'est ainsi qu'Homère a dit:[6]

« Il était couché, étendu le long de ses brebis (dia meeloon), »

pour désigner sa grandeur.

Le médecin Daphnus dit alors : Mon cher, les soupers qui se font avant dans la nuit, sont plus avantageux pour le corps, en général ; car l'astre de la lune, qui de lui-même fait tendre à la putréfaction, est, pour cette raison, très convenable à la coction des aliments. En effet, la coction ne se fait que par putréfaction.[7] [276e] C'est aussi pour cette raison que les animaux qu'on tue la nuit, tendent plus vite à l'état de putridité, de même que les bois qu'on coupe au clair de la lune : c'est même à cette clarté que mûrissent la plupart des fruits.

 

4. Chap. II. Comme on servait continuellement nombre de poissons différents, tant par leur grandeur que par leur variété, Myrtile dit : Mes amis, c'est avec raison que de tous les mets qu'on appelle opsa, le poisson fut ainsi nommé de préférence ; d'ailleurs, chacun est surtout avide de cet aliment particulier. C'est pourquoi nous appelons opsophages, non ceux qui mangent du bœuf comme Hercule, qui dévorait du bœuf et des figues fraîches par dessus, ni celui qui aime des figues, comme Platon le philosophe, selon ce que dit Phanocrite, dans son ouvrage sur Eudoxe (où il ajoute qu'Arcésilas aimait le raisin), mais nous donnons particulièrement ce nom à ceux qui vont souvent faire un tour à la poissonnerie.

[277a] Philippe de Macédoine et Alexandre, son fils, aimaient beaucoup les pommes, comme le rapporte Dorothée, dans le sixième livre de son histoire d'Alexandre. Charès de Mitylène dit, à ce sujet, qu'Alexandre ayant trouvé de très belles pommes dans les campagnes voisines de Babylone, en fit remplir des esquifs, et se donna un spectacle très agréable, en ordonnant à de jeunes gens de se battre avec ces pommes.

Je n'ignore pas qu'on appelle proprement opson tout aliment préparé au feu, soit qu'on prenne ce mot pour hepson, une chose bouillie, soit qu'on le déduise d'optân, qui signifie faire griller.

5. Excellent Timocrate, vous savez que nous mangeons dans chaque saison quantité de différents poissons : or, pour parler avec Sophocle,

[277b] « Il vint en bouillonnant une troupe de poissons muets, flattant de leur queue, non celle qui les possède comme un bien propre. »

mais nos plats; ou, selon l'expression d'Achée, dans ses Parques:

« Une grande troupe d'habitants de la mer[8] qui environne le globe, s'agitant avec tumulte; spectacle marin de poissons, qui troublaient par leurs queues la tranquillité des ondes. »

Ainsi je vais vous rapporter ce que nos convives ont dit sur chaque poisson ; car ils contribuèrent tous à cet égard par les extraits qu'ils produisirent [277c] de leurs livres, et dont je ne rapporterai pas tous les noms, tant ils sont nombreux.

« Quiconque va au marché pour avoir du poisson, et désire acheter des raves, lorsqu'il peut avoir d'excellents[9] poissons, est un fou. »

dit Amphis, dans sa Leucade ; mais pour donner la facilité d'en retenir les détails, je rangerai les noms par ordre alphabétique.[10] Mais Sophocle ayant dit, dans ce vers de son Ajax Flagellant :

« Il donna aux poissons (hellois) muets une maladie contagieuse. »

 

Chap. III. Quelqu'un demanda si l'on s’était servi de ce nom avant lui. Zoïle lui répondit : Je ne suis ni Opsophagistate,[11] [277d] ni Blakistate, comme écrit Xénophon, dans ses Dits mémorables (de Socrate, liv. 3 y ch. 13, n° 4) mais je sais que celui qui a écrit la Titanomachie (soit Eumèle de Corinthe, ou Arétinus, ou quel que soit le nom de l'auteur), a ainsi parlé dans son second Chant :

« Des poissons muets (helloi), à face dorée, y flottent, et jouent en nageant à travers des ondes d'ambroisie. »

Or, Sophocle aimait beaucoup le poème intitulé le Cycle épique. [277e] Il en tira même plusieurs de ses pièces en totalité, et en suivit la fable.

 

6. Chap. IV, V.

Amia. Boniton.

Comme on servait des amies,[12] quelqu'un dit : Aristote rapporte que ce poisson a les ouïes couvertes,[13] les dents rangées en forme de scie. Il est de la classe des poissons grégaux et carnivores. Sa vésicule du fiel est de la longueur de l'intestin, de même[14] que sa rate. On dit que, quand ces poissons sont pris à l'hameçon, ils s'élancent, [277f] saisissent la ligne qu'ils rongent,[15] et se sauvent. Archippus fait mention des amies dans ses Poissons :

« Lorsque tu mangeais des amies bien en chair. »

Epicharme dit, dans ses Sirènes :

« A. Dès le matin, au lever même de l'aurore, nous fîmes griller des aphyes bien dodues, rôtir de la chair de porc, des polypes, et nous bûmes par-dessus un vin savoureux. B. Hélas ! ah ![16] que je suis malheureux après qu'elle m'eut appelé au monument, elle me dit,[17] reste-là. Ah ! quel sort funeste ! [278a] tandis qu'il y avait des surmulets, deux amies bien charnues, qui étaient arrangées au milieu, et autant de ramiers et de scorpènes. »

Aristote forge ici une étymologie, disant que ce poisson se nomme amia, du mot hama, ensemble, parce qu'il va toujours avec ses semblables. En effet, l’amie est grégale.

Icésius dit, dans son Traité des aliments, que les amies sont d'un bon suc, tendres, passent médiocrement bien, mais d'une qualité moins nourrissante.

7. Archestrate, ce grand maître de cuisine, en parle ainsi dans sa Gastrologie. C'est le titre qu'a son ouvrage, [278b] de même que celui de Cléostrate de Ténédos, selon Lycophron, dans son Traité de la Comédie:

« Préparez de la manière que vous voudrez l’amie en automne, lorsque les pléiades se couchent; car pourquoi vous donnerais-je[18] des avis à cet égard, puisque vous ne la gâteriez[19] même pas, quand vous le voudriez? Mais si tu désires, mon cher Moschus, apprendre de quelle manière tu la prépareras le mieux, [278c] enveloppe-la de feuilles de figuier, que tu lieras par le haut avec un jonc, te contentant de cela, sans fromage, ni autre bagatelle : fourre-la ensuite sous la cendre bien chaude, en faisant attention au temps où elle doit être cuite, de peur de la laisser brûler ; mais tâche de t'en procurer une de l'aimable Byzance, si tu la veux de bonne qualité; car c'est dans les parages de cette mer que tu en trouveras d'exquises. Elles sont moins bonnes loin des ondes [278d] de l'Hellespont. Si tu quittes cette mer pour passer dans celle d'Egée, tu ne trouveras plus les pareilles, mais des amies indignes des louanges que je viens de donner aux autres. »

8. Cet Archestrate a, je crois, parcouru la terre et toutes les mers, voulant examiner avec le plus grand soin tout ce qui pouvait intéresser son ventre, tant il était voluptueux. Semblable à ceux qui nous ont exactement écrit leurs voyages par terre et par mer, il veut nous instruire de tous les lieux où l'on trouve ce qu'il y a de meilleur à manger et à boire; car c'est ce qu'il promet dans le début des préceptes intéressants qu'il adresse à ses amis Moschus et Cléandre, paraissant leur recommander, comme par la bouche de la Pythie, de chercher

« Une jument en Thessalie, une femme à Lacédémone, et des hommes dans le pays où l'on boit l'eau de la belle fontaine d'Aréthuse. »

Chrysippe, vraiment philosophe, et homme en tout, dit qu'Archestrate fut le guide que suivit Epicure, [278f] et qu'il préluda aux délices des sectateurs de ce philosophe ; délices qui perdirent toute la société. En effet, Épicure ne dit pas, en se voilant, mais crie à haute voix : « Non, je ne saurais concevoir de bien, si l'on retranche les plaisirs de la table[20] et du lit ; » car ce sage croyait qu'une vie déréglée était exempte de reproches, pourvu qu'on fût[21] sans crainte, et satisfait à tous égards : aussi les poètes comiques, qui plaisantent sur la volupté, ont-ils recours aux Épicuriens même[22] pour faire valoir leurs sarcasmes.

9. [279a] Platon le comique, dans son Trompeur associé, introduit sur la scène un père irrité contre le pédagogue de son fils, et lui fait dire ce qui suit:[23]

 

« A. Scélérat, tu as perdu mon fils, dont tu t'étais chargé, et tu l'as persuadé de prendre un train de vie étranger à sa naissance. C'est toi qui es cause qu'il boit dès le matin ; ce à quoi il n'était pas accoutumé. B. Mais, monsieur, s'il a appris à vivre, pourquoi me blâmez-vous? car, selon les sages,[240] boire, c'est vivre. Certes, Épicure assure que la volupté est le souverain bien : [279b] or, peut-on en jouir autrement qu'en vivant sans gêne?  A. Mais, Sosie, tu te rendras peut-être à ce que je vais te dire en deux mots. As-tu jamais vu un philosophe s'enivrer en cédant aux attraits des plaisirs dont tu me parles? B. Tous. Oui, ces gens qui froncent le sourcil, et qui cherchent le sage en se promenant au portique, et dans leurs entretiens, comme un esclave fugitif, lorsqu'on leur sert un glaucisque, savent très bien par où il faut l'attaquer,  [279c] et veulent d'abord la tête, au point que les convives sont tous étonnés de ce qu'ils voient. »

 Le même Platon s'amuse, dans son Homicide, d'un des philosophes qui passent pour avoir certaine réserve, et ajoute :

« Pouvant avoir une jolie femme, être couché à côté d'elle, et prendre deux flacons de vin de Lesbos : or, c'est ce que j'appelle la sagesse, le vrai bien. Voici d'ailleurs ce que dit Épicure : Si tous les hommes menaient [279b] le même train de vie que moi, il n'y aurait ni fripon,[24] ni adultère. »

Hégésippe dit, dans ses Philétaires :

« Quelqu'un demandait un jour à Épicure, de lui dire quel était ce souverain bien que les hommes recherchent sans cesse? C'est, répondit-il, la volupté. O excellent homme ! ô sage des sages ! si c'est la volupté, il n'y a donc[25] plus d'autre vrai bien que de bien manger. »

10. Les Epicuriens ne sont pas les seuls qui se proposent le plaisir pour but : ceux de l'école de Cyrène et les disciples de Mnésistrate [279e] pensaient de même ; car, selon Posidonius, ceux-ci ne cherchaient qu'à vivre dans les délices ; et Speusippe, disciple et parent de Platon, ne s'éloignait pas trop de leur opinion. C'est pourquoi Denys le tyran lui représente, dans ses lettres, son amour pour le plaisir et pour l'argent ; lui reproche la contribution qu'il avait tirée de nombre de personnes, et le censure amèrement sur sa passion pour Lasthénée de Sardes. Enfin, il ajoute : [279f] « Tu reproches à quelques personnes leur amour pour l'argent ! toi qui n'a pas laissé échapper l'occasion d'un lucre honteux ! car que n'as-tu pas fait? Les dettes qu'avait Hermias, et que tu as payées, ne t'ont-elles pas servi de prétexte pour une contribution dont tu t'es appliqué tout le profit?

11. Timon dit, dans le liv. 3 de ses Silles, au sujet d'Epicure :

« Accordant tout à son ventre, le plus insatiable qui existât. »

C'est pour ce ventre, et pour tout autre plaisir sensuel, qu'il flattait Idoménée et Métrodore ; aussi Métrodore ne cache pas son sentiment sur ces beaux dogmes d'Epicure, concernant les plaisirs du ventre ; et ce qu'il dit, [280a] mon cher Timocrate,[26] sur l'article du ventre, en suivant ce qu'il appelle la nature, est traité avec le plus grand soin. Épicure, leur maître, disait à haute voix : « Le principe et la racine de tout bien est le plaisir du ventre ; c'est là que se rapporte tout ce qu'on peut concevoir de sage et d'excellent. » Voici même ce qu'il dit, dans son Traité des Fins : « Non, je ne puis concevoir de bien sans les plaisirs du goût,[27] du lit, des oreilles [280b] et des yeux. » Il dit plus loin : « Il faut faire cas de ce qui est beau (ou honnête), vertueux, et autres choses semblables, autant que le plaisir y est attaché; mais s'il ne s'y trouve aucun plaisir, il faut le laisser là.

Voici ce que Sophocle avait dit avant Epicure, dans son Antigone : »

« Non, tout homme qui renonce au plaisir, ne me paraît pas vivre : c'est pour moi un cadavre inanimé. [280c] Qu'il soit opulent chez lui, autant qu'il voudra; qu'il mène un train de prince, si le plaisir ne s'y trouve pas, je ne donnerais pas l'ombre d'une fumée pour tout cela, comparé au plaisir qu'on peut goûter. »

 

Chap. VI. Philétaire dit, dans sa Chasseresse :

« Mais, je vous prie,[28] que doit faire un mortel, autre chose que de vivre avec plaisir d'un jour à l'autre, s'il a de quoi? Oui, c'est tout ce qu'on doit envisager, [280d] lorsqu'on réfléchit bien aux choses humaines, et ne pas s'inquiéter du lendemain. C'est bien en pure perte qu'on laisse vieillir des tas d'argent enfermé. »

Le même écrit, dans son Œnopion :

« Que je trouve malheureux ceux qui, avec beaucoup de bien, ne savent pas vivre à l'aise ! Après ta mort, tu n'auras pas une seule anguille à manger, et l'on ne fait pas de repas[29] de noces chez les morts. »

13. Apollodore de Caryste dit, dans son Huissier :

[280e] « O ! vous tous mortels, pourquoi, renonçant à vivre avec plaisir, ne cherchez-vous que des maux, en vous offensant[30] les uns les autres? est-ce donc, ô dieux ! un sort impitoyable, inhumain, qui règle à présent notre vie? ou ce sort ne connaît-il absolument pas ce qu'il y a de bien, ce qu'il y a de mal, pour nous rouler ainsi au hasard et aveuglément, comme il me paraît? En effet, si c’était vraiment la fortune qui s'intéressât à la Grèce, préférerait-elle de nous voir nous attaquer[31] les uns les autres, [280f] et périr sous les coups; tandis que, le verre à la main, pleins de joie et de gaité, nous pourrions dire, au son des flûtes : O divinité charmante, arrête le sort inhumain qui nous maîtrise ! »

Il dit plus loin :

« Non, ce n'est pas, comme on dit, mener vraiment la vie[32] des dieux. Que tout irait bien mieux qu'à présent dans nos villes, si nous changions de vie ! si tous les Athéniens [281a] pouvaient aller bien boire[33] jusqu'à trente ans ; si les Chevaliers se rendaient à Corinthe avec dix couronnes, pour y faire quelque partie de débauche ; si ceux qui vendent les raves de Mégare préparaient sur le feu des parfums, de grand matin ; si nos alliés allaient aux bains, et mêlaient de bon vin d'Eubée,[34] c'est là ce qu'on pourrait appeler délices, et vraiment la vie ! Mais nous sommes maîtrisés [281b] par une fortune qui ne sait ce qu'elle fait. »

14. Les poètes disent aussi que l'ancien Tantale était ami de la volupté. C'est pourquoi celui qui a composé le Retour des Atrides, dit que Tantale alla un jour trouver les dieux, et que conversant familièrement avec eux, Jupiter lui donna la liberté de demander ce qu'il voudrait. Comme il était livré sans réserve aux jouissances, il en toucha quelque chose, et demanda de vivre comme les dieux. Jupiter le lui accorda en se rendant à son désir, parce qu'il le lui avait promis ; [281c] mais indigné de cette hardiesse, il ne voulut pas qu'il jouît de ce qu'il aurait devant lui. C'est pourquoi il suspendit une roche sur sa tête, afin de le tenir dans une crainte continuelle, et de l'empêcher ainsi de manger rien de ce qui lui serait servi.

Quelques Stoïciens n'ont pas été non plus ennemis[35] de la volupté. Voici ce qu'Ératosthène de Cyrène rapporte à ce sujet : Disciple d'Ariston le Stoïcien, natif de Chio, il nous montre, dans son ouvrage intitulé Ariston, que ce philosophe, son maître, s’était en dernier lieu rangé du parti de la volupté. Voici ses termes : [281d] « Je le surpris enfin perçant le mur mitoyen qui séparait la volupté et la vertu, et se montrant du côté de la première. » En outre Aphanès, qui a aussi écrit un Ariston, nom de ce philosophe avec qui il était particulièrement lié, dévoile de même le penchant que son maître a eu pour le plaisir.

Mais que dirai-je de Denys d'Héraclée, qui se dépouilla ouvertement de la robe de la vertu, pour en prendre une à fleurs,[36] et s'entendait volontiers appeler le déserteur, [281e] quoiqu'il fût vieux lorsqu'il quitta la doctrine des Stoïciens pour passer dans le parti d'Épicure? Timon a dit de lui assez spirituellement :

« Au moment de cesser de vivre,[37] il veut vivre dans le plaisir : il y a temps pour aimer, pour se marier, et pour renoncer à tout cela. »

15. Apollodore d'Athènes (dans son troisième commentaire sur les Mimes virils de Sophron), après avoir ajouté, elle est plus salace qu'une alpheste, dit :

[281f] Alphestes.

Les alphestes[38] sont totalement de couleur de cire, ayant une teinte pourpre à quelques parties. On dit qu'on les prend toujours deux ensemble, et que l'un paraît suivre l'autre à la queue. Ces poissons se suivant ainsi, l'un au derrière de l'autre, quelques anciens en ont pris occasion de nommer alphestes les hommes incontinents et lascifs. Aristote dit que ce poisson n'a qu'une épine,[39] et est de couleur fauve. [282a] Numénius d'Héraclée en fait ainsi mention :

« Les tanches marines, l’alpheste et la scorpène rouge. »

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé :

« Des moules, des alphestes de couleur de cire, et des coracins. »

 

Chap. VII.

16. Anthias.

Ce poisson est aussi nommé callichthys.[40] Epicharme en parle, dans ses Noces d'Hébé:

[282b] « L'espadon et le chromis qui, selon Ananius,[41] est le meilleur des poissons, au printemps; et l'anthias, en hiver. »

Or, Ananius s'exprime ainsi :

« Le chromios est excellent au printemps, et l'anthias en hiver; mais ce qu'il y a de mieux parmi les plats de poisson, est lasquille cuite dans des feuilles de figuier. La chair d'une chèvre de l'année se mange avec plaisir en automne ; et celle de jeune cochon, lorsqu'on foule et pressure la vendange. C'est aussi la saison avantageuse pour manger des chiens,[42] des lièvres et des renardeaux. L'été est le temps où l'on doit manger la brebis, lorsque les cigales font retentir leurs cris. Le thon sortant de la mer est ensuite un bon manger; mais il excelle sur tous les poissons, étant bien imprégné d'une sauce à l'ail et autres ingrédients piquants. [282c] Quant au bœuf qui a été engraissé, nous pensons qu'il est agréable tant à minuit que de jour. »

J'ai rappelé plusieurs réflexions d'Ananius, pensant que ce seraient des préceptes que je donnerais ici aux amateurs de la bonne table.

17. Aristote, parlant des habitudes des animaux, dans son histoire,[43] dit qu'on ne trouve aucun monstre marin malfaisant dans les endroits où est l’anthias. Ceux qui vont pêcher les éponges mettent à profit cette indication, et y plongent avec confiance, appelant l’anthias poisson sacré.

Dorion parle aussi de l’anthias, dans son Traité des Poissons. Quelques-uns l'appellent encore callichthys, [282d] et même callionyme, ou ellops.

Selon Icésius, dans son Traité des Substances alimentaires, plusieurs le nomment aussi lykos,[44] et d'autres, callionyme. Il ajoute que c'est un poisson cartilagineux, d'un bon suc, et qui passe aisément, quoiqu'il n'aille pas bien à l'estomac. Aristote dit que le callichthys a les dents en forme de scie, qu'il est carnivore et grégal.

Epicharme fait entrer l’ellops dans le nombre des poissons dont il parle dans ses Muses ; mais il n'a pas parlé du callichthys[45] et du callionyme, comme étant le même poisson. Voici ce qu'il dit de l’ellops :

« Et l’ellops très estimé (qui se vend une pièce de cuivre) : or, il n'y en avait qu'un ; Jupiter le prit pour lui, [282e] et ordonna qu'on le lui servît et à son épouse Héra (Junon). »

Cependant Dorion assure, dans son Traité des Poissons, que l’anthias et le callichthys sont différents, de même que le callionyme et l’ellops.

18. Qu'est-ce, d'ailleurs, que le poisson sacré?[46] Celui qui a composé l'histoire des Telchines, soit Epiménide de Crète, soit Téléclide, ou tout autre, dit que les dauphins et les pompiles[47] sont les poissons sacrés. Or, le pompile est un animal amoureux, avant été engendré du sang du ciel en même temps que Vénus.

[282f] Nicandre dit, dans le second liv. de ses Oitaïkes:[48]

« Les pompiles[49] qui s'empressent à montrer aux nautonniers égarés la route qu'ils doivent tenir, et le (ont mieux que s'ils pouvaient parler. »

[283a] Alexandre l'Étolien a dit, dans son Krike,[50] si cependant ce petit poème est de lui :

« Le pompile, sous la direction des dieux, conduit le haut du gouvernail (la barre) et ce qui est en bas, par derrière. »

Pancrate l'Arcadien, après avoir dit, dans ses Travaux de la mer :

« Le pompile, que les marins appellent poisson sacré. »

raconte que ce poisson est considéré non seulement de Neptune, mais même des dieux protecteurs de Samothrace : [283b] que dans l'âge d'or un pêcheur fort âgé, fut puni pour n'avoir pas respecté le pompile. Cet homme se nommait Épopeus, et était de l'île d'Icare. Etant à pêcher avec son fils, le hasard voulut qu'il ne prit que de ce poisson, et il s'en régala, mangeant tout avec son fils, au lieu de s'abstenir de cet aliment; mais il fut bientôt puni de son impiété. Un monstre marin, se jetant sur la barque, dévora Épopeus sous les yeux de son fils.

[283c] Pancrate dit encore que le pompile fait la guerre au dauphin, et que si celui-ci le mange, il ne s'en tire pas impunément, car il devient perclus et convulsé dès qu'il l'a dévoré ; alors jeté par le flot sur le rivage, il est la proie des mouettes et des plongeons.

Cependant il arrive quelquefois que ceux qui tendent des appâts aux cétacés ne le respectent pas, et en font leur proie.

Timachidas de Rhodes, parle aussi du pompile, dans le neuvième liv. de son Souper:

« Les boulerots marins, et le pompile, poisson sacré. »

[283d] Corinne,[51] ou l'auteur du petit poème qu'on lui attribue, a dit :

« Pompile, poisson qui procure aux marins une navigation heureuse, puisses-tu diriger, à l'avant de la proue, ma charmante maîtresse ! »

19. Apollonius de Rhodes, ou de Naucrate, dit, dans son ouvrage sur la fondation de cette ville-ci, que le pompile avait été homme ; mais qu'Apollon le métamorphosa en poisson, à cause d'une belle passion : [283e] « Le fleuve Imbrase, dit-il, baigne les murs de Samos. »

« Chésias, née de parents distingués, ayant reçu ce fleuve dans ses bras, enfanta la très belle nymphe Ocyrrhoé, à qui les Heures donnèrent les charmes les plus éclatants. Elle était dans l'âge brillant de la jeunesse, »

lorsqu'Apollon, pris d'amour pour elle, essaya de l'enlever. Se rendant par mer à Milet pour y assister à une fête de Diane, et craignant de devenir la proie d'un ravisseur, elle pria certain pompile (c’était un homme de mer), et ami de sa famille, de la rendre en sûreté [283f] dans sa patrie :

« Pompile, qui es ami de mon père, use ici de toute ta prudence, toi qui connais les gouffres de la mer qui retentit au loin, et sauve-moi. »

Pompile lui fit faire heureusement le trajet, et la conduisit au rivage; mais Apollon, paraissant à l'improviste, ravit la jeune fille, pétrifia, le vaisseau, changea pompile en un poisson qui porte son nom,

[284a] « Et est prêt à servir en mer les vaisseaux qui la traversent rapidement. »

20. Théocrite de Syracuse, dans sa Bérénice, appelle sacré, le poisson qu'on nomme leukos.[52] Voici le passage :

« Et si quelqu'un cherche bonne capture, et sa vie à la met, d’où il tire sa subsistance, ayant son filet pour charrue, qu'il immole, à nuit tombante, à cette déesse, le poisson sacré qu'on nomme leukos : c'est le plus sacré de tous; [284b] qu'il tende ensuite ses filets, et il les retirera pleins. »

Denys, surnommé l’Iambe, écrit ce qui suit, dans son Traité des Dialectes. « J'ai entendu un pécheur d'Érétrie, et plusieurs autres pêcheurs, nommer le pompile, poisson sacré. C'est un poisson de mer qui paraît souvent autour des vaisseaux. Il ressemble à la pélamide, et il a différentes couleurs! Un poète nous représente

[284c] « Un homme qui, assis sur le rivage escarpé, tire à soi un poisson sacré. »

Or, c'est celui-ci; à moins que ce n'en soit encore un autre qui ait le même nom. En effet, Callimaque, parlant de la dorade dans sa Galatée, dit:

« Ou plutôt le poisson sacré qui est doré dans les yeux, ou des perches, et tout ce que le vaste abîme de la mer produit. »

Le même poète dit, dans ses Épigrammes:

« Mais sacré, certain poisson sacré. »

D'autres entendent par sacré, un poisson consacré, comme on dit sacré pour consacré ; [284d] d'autres, interprètent ce mot par grand, comme la force sacrée d'Alcinoüs : quelques-uns prennent ce mot (hiéros) comme venant d'ienai pros rhoun,[53] suivre le courant.

21. Clitarque dit, dans le septième livre de son Glossaire : « Les marins appellent le pompile poisson sacré, parce qu'il conduit (propempei) les vaisseaux de la mer jusque dans le port, nageant en avant, et que c'est pour cette raison qu'il a été nommé pompile,[54] quoiqu'il ait les yeux dorés. Eratosthène dit, dans son Mercure:

« Ils laissèrent une partie de leur capture, des iules[55] encore vivants, un surmulet barbu, une grive-de-mer, (tourd) de cou-ce leur noirâtre, ou un poisson sacré,[56] doré dans les yeux, et qui s'élance rapidement. »

[284e] Après ces détails sur les poissons, que l'aimable Ulpien cherche pourquoi Archestrate a dit, dans les charmantes instructions qu'il donne sur les salines du Bosphore:

« Faites aussi provision d'autres très blancs, sortis des eaux du Bosphore, mais qu'il n'y ait pas de la chair dure d'un poisson[57] qui a grandi dans le Palus-Méotides, et dont le nom se refuse à la mesure du vers. »

Quel est donc ce poisson dont on ne peut placer le nom dans la mesure d'un vers?

 

22. [284f] Chap. VIII.

Aphyes.

On dit aussi aphye au singulier. Aristonyme dit, dans son Soleil glacé :

« De sorte qu'il n'y a même pas à présent aphye.[58] »

Il y a plusieurs espèces d’aphyes. Celle qu'on nommé aphritis (écumeuse) ne vient pas de fécondation, comme le dit Aristote, mais de l'écume qui surnage à la superficie de la mer, et qui prend une forme concrète après de grandes pluies. Il y en a une autre qu'on nomme goujonne ; elle se forme de méchants petits goujons qui se tiennent dans le sable. [285a] De cette aphye, il en résulte d'autres qu'on appelle encrasicholes.[59] Outre cela, on voit une aphye qui est une engeance des mendoles. Il en vient aussi d'autres de la membrade, ou même de petits muges, qui sont une production du sable et de la vase. La meilleure de toutes est l’aphritis.

Dorion appelle hepsète[60] l’aphye-goujonne, et celle qui vient de l’athérine[61] ou ivoil. Le mot athérine est le nom d'un petit poisson. Il dit qu'il y a aussi une aphye nommée triglite.[62] Epicharme, dans ses Noces d'Hèbé, [285b] compte les aphyes parmi les membrades, les homards;[63] mais il distingue soigneusement celle qu'on appelle aphye de frai. Icésius reconnaît deux sortes d'aphyes, l'une blanche, très mince et spumeuse, que quelques-uns appellent goujonne ; l'autre est de couleur terne et plus épaisse: celle qui est blanche et mince l'emporte par sa qualité.

Archestrate, ce grand cuisinier, parle ainsi :

« Méprisez[64] toute aphye, excepté celle d'Athènes, je veux dire celle de frai, que les Ioniens appellent écume, et qu'il faut prendre toute nouvelle dans le fond du golfe sacré de Phalère. [285c] Il y en a aussi de bonne sur les côtes de l'île de Rhodes, pourvu qu'elle ait réellement été jetée dans ces eaux. Si vous voulez alors en manger, il faut y joindre des orties, les assaisonner ensemble ; après ce mélange, broyez des fleurs odorantes de légumes dans de l'huile, et faites frire le tout dans une poêle. »

Cléarque le péripatéticien dit, au sujet de l'aphye, dans son Traité des Proverbes : « L'aphye ne devant, pour ainsi dire, que sentir le feu [285d] dans la poêle, Archestrate veut qu'on l'en retire lorsqu'elle produit un pétillement dans l'huile. »

« Elle est cuite en même temps qu'elle fait encore pétiller l’huile. »

Voilà pourquoi l'on dit communément : « L’aphye[65] a vu le feu. »

Chrysippe le philosophe dit, dans son Traité des choses désirables en elles-mêmes : « L'abondance des Athéniens leur fait mépriser l’aphye ; ils la regardent comme un manger qui n'est que pour les indigènes; tandis que dans toute autre ville qu'Athènes, on en fait un délice, quoiqu'elle y soit devenue bien plus mauvaise.[66] En outre, chacun est curieux d'avoir chez soi des poules du golfe Adriatique, qui sont moins bonnes, et beaucoup plus petites que les nôtres; d'un autre côté, les habitants de ce golfe font venir des nôtres chez eux.

[285e] Hermippe s'est servi du singulier dans ses Déemotes ou Gens du peuple :

« Il semble que tu ne peux même remuer une aphye. »

Callias dit, dans ses Cyclopes :

« Devant la plus savoureuse aphye. »

Aristonyme dit, dans son Soleil glacé :

« De sorte qu'il n'y a même[67] pas seulement une aphye. »

Aristophane s'est servi du diminutif aphydion, au pluriel, dans ses Tagénistes :

« Ni même ces petites aphyes (aphydia) de Phalère. »

24. Lyncée de Sattios, écrivant une lettre à Diagoras, lui fait l'éloge des aphyes de Rhodes ; et comparant plusieurs des productions d'Athènes avec celles de cette île : [285f] « Rhodes, dit-il, peut opposer aux aphyes de Phalère, celles qu'on nomme ainiatides; au glaucisque, l'ellops et l'orphe. A l'égard des plies d'Eleusis, des maquereaux, et de tout autre poisson, fussent-ils même plus vantés chez les Athéniens que Cécrops, Rhodes produit en revanche son renard marin, qu'elle peut leur opposer. »

Lyncée ajoute : « Que celui qui a écrit l’Hédypathie, conseille à celui qui ne peut mettre le prix au poisson, de le prendre par force. [286a] Or, c'est le friand Archestrate que Lyncée veut indiquer ici; car voici ce qu'il dit dans son fameux Poème, en parlant du chien de trier :

« Si l'on ne veut pas te vendre à Rhodes un galeus (chien de mer), (que les Syracusains appellent chien gras, kyoon, pioon,) ou un renard marin, dûs-tu mourir, emporte-le de force; ensuite résigne-toi à souffrir tout ce qui sera décidé a ton sujet. »

 

25. Chap. IX.

Acharne.

Callias dit, dans ses Cyclopes :

[286b] « Du citharos rôti,[68] de la raie, cette tête de thon, des anguilles, des langoustes, cet acharne[69] d'Ainus. »

26. Batis, Batos; Batrachos. Raie. Diable de mer.

Aristote fait mention de la raie (batis, batos) et de la grenouille de mer, ou diable de mer, dans ses Traités[70] sur les animaux, et les range parmi les selaques, ou poissons cartilagineux. Eupolis, dit dans ses Flatteurs :

« On a beaucoup de plaisir chez Callias; on y trouve des langoustes, des raies, des lièvres,[71] et des femmes qui font voltiger leurs pieds. »

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé :

« Il y avait des torpilles, des raies ; il y avait des zygænes, ou marteaux, des preestis,[72] ou souffleurs, [286c] des cames, et des raies mâles, des limes à peau rude. »

Il écrit dans sa Mégaride :

« Puisses-tu avoir les côtes comme la raie femelle (batis) ; le derrière absolument semblable à celui de la raie mâle; la tête branchue comme un cerf, et non comme la raie femelle ; et que tes iles[73] soient tels que les a le scorpion, enfant de la mer. ».

Sannyrion dit, dans sa pièce intitulée le Rire :

« O raies femelles! ô hures de glauques ! »

Aristote dit au liv. 5, ch. 3 des Parties[74] des animaux : Du nombre des selaques, ou cartilagineux sont la pastenaque, le bdeuf marin, la lamie, l'aigle de mer, la torpille, le diable de mer, et toutes les espèces de chiens de mer.

[286d] Sophron parle d'un poisson nommé botis,[75] dans ce passage :

« Les spets ayant dévoré le botis. »

Or, il ne parle pas d'une plante.

Voici l'avis que le docte Archestrate donne, dans ses Maximes, au sujet du diable de mer :

« Si tu vois quelque part un diable de mer, achète-le, et prépares-en bien le ventre. »

Il donne cet avis au sujet de la raie femelle :

« Mange-moi, dans la saison de l'hiver, une raie cuite au bouillon, et joins-y du fromage et du selphium : fais-en de même pour tous les enfants de la mer qui n'ont pas la chair grasse. [286e] A l'égard de l'apprêt que cela exige, je vais te le dire une seconde fois. »

Éphippus le comique parle ainsi, dans sa pièce intitulée Philyra, nom d'une courtisane :

« Couperai-je la raie par tronçons, pour la faire cuire au bouillon? qu'en dis-tu? Ou la ferai-je griller à la manière des Siciliens? »

27. Box. Bogue.

Aristote dit, dans son ouvrage intitulé Zooïcon,[76] ou concernant les poissons : [286f]Le bogue a le dos marqué de raies ou lignes droites; mais le cogoil l’a de lignes obliques.

Epicharme écrit, dans ses Noces d'Hébé :

« Outre ceux-là, des bogues, des gerres, des aphyes, des écrevisses. »

Numénius nomme les bogues, bœekas, dans son Halieutique :

« Ou le blanc synodon, des bogues (bœekas) et des brinques.[77] »

Speusippe et les autres Attiques écrivent boakes, au pluriel (bogues).

Aristophane écrit, dans ses Femmes en foire :

[287a] « Mais après m'être bien remplie le ventre de boaques, je me suis retirée furtivement cher moi. »

Ce poisson a été ainsi nommé de bœe,[78] cri. Voilà pourquoi l'on dit qu'il est consacré à Mercure, comme le citharus à Apollon ; mais Phérécrate, après avoir ainsi fait parler un acteur dans ses Myrmécanthropes :

« On dit qu'aucun autre poisson n'a de voix, »

ajoute :

« Non, par nos deux divinités,[79] il n'y a point d'autre poisson qui en ait que le bogue (boax). »

Aristophane de Byzance écrit : «Nous parlons mal, en nommant ce poisson box; il faut dire boops[80] [287b] puisque étant petit, il a de grands yeux. » Mais on peut lui répondre : Si nous le nommons mal, pourquoi disons-nous coracin, et non corocin?[81] car il a été ainsi nommé de horas kinein, agiter les prunelles des yeux. Pourquoi ne disons-nous pas seiure, mais silure? car ce poisson-ci a eu ce nom de ce qu'il remue sans cesse la queue.[82]

28. Bebrades. Célerins, Harengade.

Phrynique dit, dans ses Tragodes :

« O célerins de mer à tête dorée ! »

Epicharme les nomme bebradones dans ses Noces d'Hébé:

« Il y avait des bebradones, des tourds ou grives de mer, des vives[83] (ou dragons de mer). »

[287c] Sophron, dans ses Mimes virils, écrit bebradones :

« A la bebradone, à l'aiguille.[84] »

Numénius[85] dit, dans son Halieutique, ou Traité de la pêche :

« (Ou pour la petite squille une nouvelle vie. Quant à la manière de la prendre, faites attention aux appâts). »

Dorion écrit, dans son Traité des poissons: « Après avoir ôté la tête de la bebrade, si elle est déjà forte, et l'avoir bien lavée avec de l'eau et du sel fin, faites-la cuire comme l'aphye-triglite. » On fait, dit-il, de la seule bebrade, un mets qu'on appelle bebraphye,[86] nom du poisson qu'Aristonyme rappelle dans son Soleil glacé :

[287d] « Le carcinobate de Sicile ressemble aux membraphyes. »

Cependant les Attiques disaient bembrades. Aristomène écrit, dans ses Trompeurs ou Prestigiateurs :

« Des bembrades qui coûtaient une obole. »

Aristonyme dit pareillement, dans son Soleil glacé:

« Il n'y a certainement[87] pas à présent ni aphye, ni bembrade ! Hélas, que je suis malheureux ! »

Aristophane écrit, dans sa Vieillesse :

« Nourrie de bembades à peau blanche. »

Et Platon, dans ses Ambassadeurs :

« O ! quelles bembrades! »

On trouve ce mot écrit par m dans les Chèvres d'Eupolis ; [287e] mais Antiphane l'écrit par b, dans sa Knoïsthide:[88]

« On crie à la poissonnerie une grande absurdité. Tel y crie à tue-tête, qu'il a des membrades plus douces que le miel; mais s’il en est ainsi, rien n'empêche que le marchand de miel ne dise aussi, en criant, aux acheteurs : miel à vendre, plus pourri que les membrades. »

Alexis a écrit ce mot par m dans sa Choreegide :

[287f] « Lui qui, traitant, fit servir, ces jours derniers, aux Tetradistes, des membrades, de la purée de lentilles, et du marc d'olives ; »

et dans son Protochœur,

« Par Bacchus, non je n'ai rien trouvé de plus pénible depuis que je suis parasite; il me vaudrait mieux n'avoir que des bembrades[89] car je sais parler attique, et je m'en serais arrangé. »

 

28. [288a] Chap. X.

Blenne.

Sophron en parle ainsi dans sa pièce intitulée le Pêcheur :

« Le campagnard au blenne[90] nourricier.

Il a quelque ressemblance avec le goujon.

Baïoon.

Epicharme nomme ainsi certains poissons dans ses Noces d'Hëbé :

« Mais, en outre, des surmulets bossus et des baïons[91] désagréables. »

Les Attiques ont un proverbe relatif à ce poisson :

« Point de baïon pour moi ; c'est un mauvais poisson. »

30. Sole. (Langue de bœuf, langue de chien).

Archestrate, ce pythagoricien pour la tempérance, dit :

[288b] « Ensuite prenez un turbot et une sole, dont la peau est un peu rude, et pêchez-la près de la glorieuse ville de Chalcis.[92] »

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé :

« Il y avait des soles et des cithares. »

Il y a aussi des soles qu'on appelle cynoglosses, ou langues de chien, et qui diffèrent des soles bouglosses.

Epicharme en parle :

« Il y avait des murènes bigarrées[93] et des cynoglosses ; il y avait aussi des umbrines. »

Or, les Attiques appellent plie, la sole cynoglosse.

31. [288c] Congre.

Icésius dit que les congres sont plus coriaces que les anguilles, ont la chair moins dense et moins nourrissante, quoique l'estomac s'en accommode assez bien. Nicandre, le poète épique, dit, au troisième livre de ses Gloses, qu'on appelle aussi ces poissons grylles. Eudoxe assure, dans le sixième livre de son ouvrage sur le Tour du globe, qu'on prend, près de Sicyone, des congres qui font la charge d'un homme, et même quelques-uns celle d'un chariot. Philémon le comique fait aussi mention des congres excellents [288d] de Sicyone, et introduit sur la scène un cuisinier qui, tout fier de son art, parle ainsi dans le Soldai :

32. « Oui, je grille de raconter au ciel et à la terre quels mets je lui ai apprêtés pour son retour. Par Minerve ! qu'il est gracieux de bien réussir en tout ! que j'ai eu là un poisson tendre ! quel plat je lui ai servi ! Or, ce n’était pas du poisson couvert de fromage, ni sophistiqué à la superficie par de fausses couleurs : il était ma foi comme vivant. Oui, rôti, on l'eût pris pour tel. [288e] Je lui ai donné un feu doux, un feu si doux, qu'on ne m'eût pas cru quand j'aurais juré que c’était du poisson rôti. Mais qu'est-il arrivé? Imaginez-vous voir une poule saisir un morceau qu'elle ne peut avaler; elle court en tournant çà et là pour tâcher de le faire passer : une autre la poursuit avec le même empressement. Eh bien ! ce fut la même chose ici. Le premier qui goûte le délice de ce plat l'enlève, [288f] et saute de sa place, s'enfuit, en tournant, le plat à la main : les autres le suivent sur les talons ; il s'élève de grands cris; les uns attrapent un morceau, les autres rien, et d'autres empoignent tout le reste. Encore n'avais-je pour ce service que des poissons d'eau douce, nourris de bourbe. Oh ! si l'on m'avait donné un scare tout frais, ou un glaucisque de l'Attique ; ô ! Jupiter-Sauveur ! ou bien un porc[94] d'Argos, [289a] ou un congre de l'aimable Sicyone; un congre, dis je, de ceux que Neptune porte même dans le ciel aux dieux ; oui, tous ceux qui en auraient mangé seraient devenus autant de divinités, car j'ai trouvé le moyen de rendre immortel, et je ressuscite les morts à l'odeur seule de mes plats. »

33. Par Minerve ! Ménécrate de Syracuse n'a pas eu cette jactance, lui qu'on avait surnommé Jupiter, et qui était si orgueilleux ; disant que par son art iatrique, il était l'arbitre de la vie des hommes. I[289b] l exigeait de ceux qu'il traitait de maladies regardées comme incurables,[95] de s'engager par écrit à le servir, comme ses esclaves, lorsqu'ils seraient guéris, et réellement ces sujets ne le quittaient plus. Tel fut, entre autres, un Nicostrate d'Argos, qui l'accompagnait sous l'extérieur d'Hercule, dont il avait pris le nom après avoir été guéri. Ephippus en fait mention dans son Peltaste :

« Mais Ménécrate disait ainsi qu'il était dieu ; et Nicostrate d'Argos, qu'il était un autre Hercule. »

Un autre de ces sujets guéris, prenait la chlamyde et le caducée de Mercure, un autre y ajoutait ses talonnières et les ailes de son chaperon, [289c] comme fit Nicagoras de Zélée, qui fut tyran de sa patrie, selon ce que dit Batton, dans ce qu'il raconte des tyrans d'Ephèse.

Hégésandre rapporte que Ménécrate, ayant guéri Astycréon, lui fit prendre le nom d'Apollon. Un autre, qu'il avait pareillement traité avec succès, prit l'habit d'Esculape, et l'accompagna partout. Quant à Ménécrate, il portait, sous le nom de Jupiter, une robe de pourpre, une couronne d'or sur la tête, le sceptre à la main, des crépides aux pieds, et allait partout avec son cortège de divinités; [289d] il écrivit un jour à Philippe une lettre conçue en ces termes :

34. Menécrate Jupiter, à Philippe, salut.

« Tu es roi de Macédoine, et moi je le suis de la médecine. Tu peux faire périr les gens qui sont en santé, quand tu le veux ; et moi, sauver les malades, garantir de maladie jusque dans l'extrême vieillesse, ceux qui se portent bien, s'ils suivent mes ordres. Si tu as donc des gens à ta solde pour garder ta personne et ta vie, j'ai, pour garder la mienne, tous ceux que j'aurai[96] arrachés à la mort ; car c'est moi, Jupiter, qui leur donne la vie. »

[289e] Philippe répondit à ce fou par ces trois mots:

« Philippe à Menécrate, santé. »

Menécrate écrivait presque dans les mêmes termes à Archidamus, roi de Lacédémone, et à d'autres dans l'occasion, n'omettant jamais son titre de Jupiter. Philippe l'invita un jour à souper, lui et les dieux qui lui appartenaient. Il les fit placer sur le lit du milieu, dont les ornements très élevés, étaient de la plus grande magnificence, et avaient l'appareil de la pompe la plus sacrée. On leur présenta par ses ordres une table où l'on avait placé un autel; les prémices de tous les fruits se trouvaient dessus, et lorsqu'on servait de toutes sortes d'aliments aux autres convives, les esclaves ne présentaient que l'odeur des parfums et des libations à Ménécrate et à sa suite. [289f] Enfin, le nouveau Jupiter, devenu la risée de la compagnie avec ses serviteurs dieux, s'enfuit du repas, selon le rapport, d'Hégésandre. Alexis rappelle aussi Ménécrate dans son Minos.

35. Pytherme d'Éphèse dit, dans le liv. 8 de ses histoires d'Éphèse, que Thémison de Chypre avait été l'objet des amours du roi Antiochus; que non seulement un héraut criait, dans les assemblées publiques :

« Thémison le Macédonien, Hercule du roi Antiochus, »

[290a] mais même que tous les habitants de la contrée lui faisaient des sacrifices en le désignant par cette acclamation:

« A Hercule Thémison. »

Lorsque c’était quelque personne distinguée qui sacrifiait, Thémison ne manquait pas de s'y trouver, se couchait à part sur un lit, vêtu de la peau du lion, ayant à l'épaule un arc scythe, et la massue à la main.

Mais ce Ménécrate, tel que je l'ai dépeint, n'avait cependant pas l'orgueil du cuisinier dont j'ai parlé.

« J'ai trouvé le moyen de rendre immortel, et je ressuscite les morts à la seule odeur de mes plats. »

 

36. Chap. XI. [290b] Mais la gente cuisinière a partout beaucoup de jactance, comme le montre Hégésippe,[97] dans ses Adelphes:

« A. Mon cher, on a déjà dit beaucoup de choses, dans nombre d'ouvrages, sur la cuisine ; ainsi, ou apprends-moi quelque chose de neuf dans ce que tu vas me dire, ou ne me casse pas la tête. B. Ne craignez rien. Pour moi, je pense être certainement arrivé à ce qui passe pour le dernier degré de l'invention, en fait de cuisine;[98] car, pendant deux ans que j'ai porté le tablier, je n'ai pas appris à la légère: j'ai voulu approfondir l'art dans toutes ses parties; [290c] connaître combien il y a d'espèces de plantes potagères, comment on doit assaisonner les bembrades, toutes les espèces de lentilles. Enfin, venons[99] au terme de l'art. Lorsque je suis appelé pour servir à ces repas de famille, à peine le monde est-il revenu de l'enterrement, ayant encore les habits de deuil, je lève promptement le couvercle de la marmite, et je fais rire ceux qui pleurent encore, tant il leur passe vite certain prurit délicieux dans tous les membres, et ils s'imaginent être à la noce. B. Mais, de grâce, dis-moi donc, quoi ! pour leur avoir servi des lentilles et des bembrades? A. Oh ! ceci n'est qu'un prélude qui ne compte pas; mais si j'obtiens une fois tout [290d] ce qu'il me faut, et que j'aie ma cuisine[100] bien garnie, tu verras arriver, mon cher Syrus, ce qui s'est passé jadis devant les Sirènes. Personne ne pourra[101] absolument plus franchir ce détroit, à l'impression seule de la bonne odeur. Si quelqu'un veut tenter de passer outre, il restera bouche béante, et cloué devant la porte, sans dire mot, jusqu'à ce qu'un ami se bouche les narines, et accourt l'arracher[102] de là. B. Te voilà grand maître ! A. Oh ! je vois bien que tu ne sais pas encore à qui tu parles. Tiens, vois-tu tous ceux qui sont assis devant nous? [290e] Eh bien ! j'en connais un grand nombre qui ont grugé toute leur fortune, pour avoir le plaisir de me faire cuisiner. » :

En vérité ! quelle différence trouvez-vous entre cet homme et ces Célédones[103] qui, dans Pindare, font, comme les Sirènes, oublier de manger, et dessécher ceux qui se livrent au plaisir de les entendre?

37. Nicomachus, dans son Ilithye, produit sur la scène un cuisinier qui l'emporte même par sa fierté sur le corps des ouvriers consacrés au culte de Bacchus.[104] Voici donc ce qu'il dit à celui qui vient de le prendre à gage.

[290f] « A. Maître, vous me montrez beaucoup de politesse et de douceur ; mais n'avez-vous pas été un peu trop insouciant ici? Vous ne vous informez seulement pas de mon habileté, ou l’auriez-vous apprise de ceux qui me connaissent parfaitement, avant de m'arrêter? B. Ma foi, je ne crois même pas y avoir pensé. [291a] A. Vous ne savez sans doute pas la différence qu'il y a entre serviteur[105] et cuisinier? B. Je le saurai quand tu me l'auras dit. A. Eh ! bien, pensez-vous que ce soit le fait d'un serviteur quelconque de servir, avec l'ordre et l'appareil convenables, un poisson qu'on lui remet en revenant du marché? Tudieu![106] un cuisinier accompli est bien un autre homme ! je pourrais vous citer ici plusieurs arts très honorables qu'il n'est pas possible d'apprendre directement, si l'on veut les bien savoir; mais il faut par exemple, apprendre d'abord la peinture. C'est ainsi qu'avant d'apprendre la cuisine, il faut préalablement avoir étudié d'autres arts, [291b] et qu'il vous importait encore plus qu'à moi de savoir, avant de me prendre à votre service, comme l'astrologie, la médecine, la géométrie. Moyennant l'astrologie, vous connaîtrez les propriétés, les habitudes des poissons, en suivant l'ordre des saisons, et vous saurez quand un poisson n'est pas bon à prendre, quand il le devient ; car, n'en doutez pas, le plaisir de la saveur en devient bien différent. En certain temps, le bogue vaut mieux que le thon. B. Soit : mais de quoi te sert ici la géométrie? A. D'abord nous regardons notre cuisine[107] comme une sphère : or, c'est le talent de l'art que de bien savoir diviser les parties, de manière que chaque chose y soit à sa place. [291c] C'est donc de la géométrie que nous devons apprendre à faire cette distribution. B. Bien! oui, je te crois : finissons sur cet article. Parlons donc de la médecine. A. Eh ! bien, certains aliments sont flatueux, et difficiles à digérer, ou ils ont des qualités plus nuisibles que nutritives. [291d] Or, vous savez que ceux qui soupent aux dépens d'autrui ont toujours la main leste au plat, et les dents longues d'une aune. C'est la médecine qui nous montre par quels antidotes nous devons corriger ces mauvaises qualités. C'est ainsi que mon art apprend de la tactique où chaque plat doit être placé avec intelligence et symétrie. L'arithmétique me montre à bien fixer le nombre des personnes intéressées à mon art. B. Quant à moi, tu n'auras que ma personne, (aujourd'hui).à mettre sur la liste.[108] Ainsi, écoute deux mots à ton tour. A. Parlez. B. ne t'inquiètes de peu, et laisse-moi tranquille; tu peux passer la journée à ne rien faire. »

38. Mais un autre cuisinier qui veut faire le docteur [291e] dans Philémon, second du nom, s'exprime de cette manière :

« Allons, laissez cela ainsi ; faites seulement du: feu au rôti, et qu'il aille bien; car s'il y en a pour faire bouillir, il en faut plus pour rôtir : cependant qu'il ne soit pas trop vif, car il grille tout ce qu'il saisit au dehors, et ne peut plus pénétrer jusque dans l'intérieur. Venir se présenter à quelqu'un avec la cuiller à pot et le couteau à la main [291f] n'est pas ce qui fait lui cuisinier ; c'est l'intelligence qui fait le talent. »

39. Le cuisinier qui paraît dans le Peintre de Piphile, s'explique en ces termes sur ceux à qui il veut louer son service :

« Souvent même[109] je refuse de m'engager avec qui que ce soit, lorsque je n'ai pas pu apercevoir que j'y serais occupé toute la journée, de sorte que j'aie à cuisiner au milieu de la plus grande abondance. D'ailleurs, je ne vais chez personne qu'après m'être[110] bien informé [292a]  quel est celui qui traite de quoi sera composé le repas, quelles personnes on a invitées. Je tiens un registre de gens de toutes classes, moyennant lequel je sais dans quelles circonstances je puis louer mon service, et quand je dois le refuser. Je vous cirerai, par exemple, la classe de ceux qui trafiquent par mer. C'est, si vous voulez, un patron de vaisseau qui aussitôt qu'il arrive, après avoir perdu son mât, ou dont le gouvernail s'est brisé, ou qui a jeté sa cargaison à la mer à cause d'une trop grande voie d'eau. Eh ! bien, je laisse la un tel personnage ; car cet homme ne fait rien pour le plaisir: il ne songe qu'à se conformer à l'usage. [292b] Il calcule avec les gens de l'équipage[111] la part dont chacun doit contribuer aux libations qu'il va faire. Chacun met devant soi, et mange sa portion des entrailles de la victime. Mais tel autre est entré au port depuis trois jours, arrivant de Byzance sans contretemps, ayant bien fait ses affaires, et fort joyeux d'avoir gagné dix et douze pour cent. Il a reçu son fret, ne parle que de son gain, ne pense plus qu'aie divertir avec les filles que lui fournissent de vieux coquins. Voilà l'homme que je vais enjôler au débarquement. Je lui prends la main ; je fais retentir le nom de Jupiter-Sauveur, j[292c] e le force, pour ainsi dire, d'accepter mes services. C'est ainsi que je me conduis. D'un autre côté, c'est un jeune homme pris d'une belle passion, qui gruge et dissipe son patrimoine : oh ! je ne manque pas d'aller le trouver. Mais ailleurs c'en est un autre[112] qui, chargé de recueillir les symboles, jette dans un petit pot de terre ceux qui se trouvent, et crie : qui veut nous apprêter un plat de poisson du marché? Il a beau agiter le pan de sa robe, et crier, je le laisse ; car il n'y a que des coups à gagner pour arrhes, si l'on s'y présente, et en passant même la nuit toute entière à servir. Si vous vous avisez de demander votre salaire, l'un vous dit : apporte-moi le pot-de-chambre, le coulis de lentille n'est pas assez vinaigré. [292d] Demandez une seconde fois, et l'on vous répond au cuisinier: le premier de vous autres qui ouvrira encore la bouche, va être relancé de manière à s'en souvenir longtemps. Je pourrais citer mille cas semblables. B. Mais l'endroit où je vais te mener est un magasin de femmes galantes, où l'on célèbre avec pompe la fête d'Adonis. C'est une grisette qui en régale plusieurs autres, et l'on n'y épargne rien. Remplis bien le devant de ta tunique, et tu iras te décharger[113] à la hâte. »

40. Un autre petit cuisinier, grand raisonneur, [292e] tient ce discours[114] dans la pièce d'Archédique, intitulée le Trésor:

« A. Quoi! les poissons (me dit-il) ne sont pas encore cuits, et voilà les convives qui arrivent ! Donnez l'eau pour laver les mains. B. Vous ne serez pas sorti d'ici que le poisson sera prêt. Aussitôt mettant les casseroles sur le feu, j'arrose la braise d'huile, je mets tout en flamme sous les vaisseaux où étaient le potage, et sous les plats qu'on allait servir. Les sauces piquantes font plaisir à mon bourgeois : lorsqu'il fait servir du poisson, [292f] il veut qu'il soit dans tout son jus, et qu'il nage dans une saumure où chaque honnête convive puisse tremper ce qu'il mange. Une cotyle d'huile consommée au feu, m'a quelquefois sauvé l'honneur d'un repas où il y avait cinquante lits. »

Philostéphanus cite les noms de quelques cuisiniers renommés ; c'est dans son Délion :

[293a] « Comme je sais que tu excelles dans ton art, mon cher Dédale, et que tu ne le cèdes en génie qu'à Thembron d'Athènes, qu'on appelle le coryphée des cuisiniers, me voici pour te payer[115] le salaire que tu m'as demandé. Je ne t'amène que pour cela. »

41. Sotades, non le poète de Maronée qui a écrit les chansons ioniques, mais le poète de la moyenne comédie, fait tenir le discours suivant à un cuisinier, dans sa pièce intitulée les Recluses:

« D'abord,[116] me donne-t-on des squilles? je les fais toutes [293b] cuire dans la poêle. Si je reçois un grand chien de mer, j'en fais griller le milieu du corps : le reste n'étant plus grand-chose, je le mets bouillir, et j'y fais un coulis aux mûres. Si j'ai deux grandes hures de glauques, je les ferai proprement dans un large plat, y ajoutant une sauce faite avec de fines herbes, du cumin, du sel, de l'eau et de l'huile. Ai-je ensuite acheté un très beau labrax? je le ferai bouillir dans de la saumure avec des fines herbes, et ce sera un friand morceau; mais je ne le servirai[117] qu'après tous les rôtis qui sont en broche. [293c] Ai-je eu au marché de beaux surmulets, de belles grives de mer? je les jette tout simplement sur la braise, et j'ajoute de l'origan a la saumure grasse qui en fait la sauce. M'a-t-on remis des sèches, des calmars? comme le calmar est un fort joli plat avec une sauce friande,[118] de même que les ailerons de la sèche, simplement rôtis, j'y approprie un coulis bien relevé, et de tout ce qu'il y a de meilleur. Nous avons ensuite l'hepsète : je mets là-dessus une petite sauce grasse aigrelette. [293d] Ai-je d'ailleurs acheté un gros congre? je le fais cuire entre deux plats dans la saumure la plus piquante. Quant à ces petits goujons et à tout ce fretin saxatile, je vous en ôte les têtes, je roule tout cela[119] dans un peu de farine, et je le fais rôtir comme[120] les squilles. Si j'ai un boniton seul, et que ce soit une belle pièce, d'abord je l'imbibe bien d'huile, et je le saupoudre d'origan : [293e] puis je vous l'enveloppe[121] de feuilles de figuier, et je la mets sous une cendre chaude épaisse, comme on ferait un tison. Si j'ai en même temps une aphye à servir, un cyathe d'eau que j'y verse suffit pour la cuire : je hache alors quantité[122] de fines herbes, et j'y verse encore plus d'huile, quand la cruche tiendrait même deux cotyles. Enfin, que dire de plus? voilà tout le mystère de notre art. Il ne faut ni recettes, ni commentaires. »

42. Mais en voilà assez sur les cuisiniers. Disons quelque chose de particulier au congre.

Congre.

Archestrate raconte, dans ce passage [293f] de sa Gastronomie, dans quelles contrées il faut acheter chaque partie de ce poisson :

« Mon cher, tu auras à Sicyone la tête d'un congre gras, fort, grand, et tous ses intestins : ensuite fais-le bouillir longtemps dans de la saumure, après l'avoir enveloppée d'herbes fines. »

[294a] Parlant après cela des différents parages de l'Italie, cet élégant voyageur dit :

« On y prend aussi d'excellent congre, et qui l'emporte autant sur les autres poissons, que le thon le plus gras sur les coracins, poissons fort méprisables. »

Alexis dit, dans ses Sept devant Thèbes :

« Des tronçons de congre cru amoncelés, et chargés de graisse. »

[294b] Archédicus introduit, dans son Trésor, un cuisinier qui parle d'un repas qu'il a fait.

« Un glaucisque de trois dragmes; une tête de congre, et les morceaux les plus près de la tête, cinq autres dragmes. O! déplorable vie! Acheter des cols pour une dragme! Oui, j'en jure par le soleil; s'il m’était possible de prendre ailleurs, ou d'acheter au moins un autre col, j'aurais pendu celui que j'ai avant d'apporter cela ici : [294c] non, jamais personne n'a eu un service plus pénible que le mien. En achetant beaucoup de choses et fort cher, et prenant au marché ce qu'il y a de mieux, je me ruine ; car ce sont eux qui dévorent tout. Mais j'ai beau me dire tout cela à moi-même, ils s'en moquent. Hélas! combien de vin ne voilà-t-il pas à terre! »

 

43. Chap. XII.

Chien de mer.

Icésius, dans son Traité des Substances alimentaires, dit que les meilleurs et les plus tendres des chiens de mer sont ceux qu'on surnomme astéries ou étoilés.[123] [294d] Aristote dit qu'il y a plusieurs espèces de ce poisson, comme l’acanthias ou épineux,[124] celui à peau lisse, le bigarré, le scymus, l’alopecias (et la lime).

Dorion dit, dans son Traité des Poissons, que le renard a une nageoire près de l'anus, et n'en a pas sur l'épine du dos.

Aristote dit, au liv. 5[125] des Parties des Animaux, que le centrine est une des espèces de chien de mer, de même que le nootidanos[126] Epænète le nomme épinootidees, dans son Art d'assaisonner. Suivant lui, le centrine est plus mauvais à manger, et d'une odeur fétide : On le distingue par l'épine[127] qu'il a près de la première nageoire, ce que n'ont pas ceux des espèces analogues : [294e] d'ailleurs, ces poissons n'ont ni matière sébacée, ni graisse, parce qu'ils sont cartilagineux. Il est particulier à l’acanthias[128] d'avoir le cœur pentagone; mais le chien de mer (galeus) fait tout au plus trois petits chaque fois, et lorsqu'ils sont nés, il les reçoit encore par la bouche,[129] et les rejette dehors à son gré. L'astérias et l'alopécie sont particulièrement ceux qui peuvent faire ce manège, impraticable pour les autres espèces, à cause des aspérités de leur superficie.

44. Archestrate, cet homme qui a mené la vie d'un Sardanapale, parlant du chien de mer des environs de Rhodes, pense que c'est le même poisson que celui que les Romains [294f] appellent accipenser (esturgeon), et qu'on sert couronné de guirlandes au son des flûtes : ceux qui le servent ayant aussi des couronnes; mais ce poisson-ci est plus petit, a le museau plus allongé, et la forme du corps plus triangulaire que ceux-là. D'ailleurs, le moins cher, et le plus petit des chiens de mer de Rhodes[130] ne se vend pas moins de mille dragmes attiques, Appion le grammairien, dit, dans son ouvrage sur la volupté d'Apicius, que l’accipenser est le poisson qu'on nomme ellops;[131] mais Archestrate, parlant, à ses amis, du galeus de Rhodes, leur donne ce conseil, du ton d'une amitié paternelle:

[295a] « Si l'on ne veut pas te vendre, à Rhodes, un galeus-renard, que les Syracusains appellent chien gras, enlève-le de force, quand tu devrais mourir; et ensuite souffre ce qui sera décidé à ton sujet. »

Lyncée rappelle aussi ses vers dans son Epître à Diagoras, et dit que le poète engage avec raison à prendre par force l'objet de ses désirs, lorsqu'on ne peut en compter le prix. En effet, dit-il, je sais que Thésée, [295b] qui était un homme honnête,[132] ravit à Tlépolème un de ces mêmes poissons qu'il lui refusait,[133] après le lui avoir promis.

Timoclès dit, dans sa pièce intitulée l’Anneau,

« Des chiens de mer, des raies, et toutes les espèces que l'on apprête avec un coulis aigrelet. »

Glauque.

45. Epicharme dit dans ses Noces d'Hébé :

« Des scorpènes bigarrés, des lézards[134] et de gras glauques. »

On lit dans l’Halieutique de Numénius :

« L'hycca, le callichthys, ou le chromis ; mais une autre fois l'orphe, [295c] ou le glauque[135] qui va et vient dans les algues brillantes (ou silencieuses). »

Archestrate écrit, en louant la hure du glauque :

« Mais achète-moi une hure de glauque dans Olynthe et à Mégare ; car on le prend excellent dans les fonds bourbeux couverts d'herbes. »

Antiphane dit, dans son Berger :

« L'anguille de Béotie, la moule du Pont, les thons de Mégare,[136] les mendoles de Caryste, les pagres [295d]  d'Érétrie, les langoustes de Scyros. »

Le même écrit, dans sa Philootis:

« Ainsi fais bouillir ce petit glauque, selon l'usage : tu rôtiras ce petit loup tout entier. Quant au chien de mer, tu le mettras[137] sur un coulis. Saupoudre de sel et d'origan la petite anguille. Pour le congre, qu'il soit cuit dans l'eau, de même que la raie avec des herbes. Voici un tronçon de thon ; tu le feras rôtir, de même que la viande de chevreau, et des deux côtés[138] également : farcis ce muge avec une raie. »

46. [295e] Eubule dit, dans son Kampylion :

« Elle porte un beau plat de ce glauque marin, et un excellent loup bouilli dans de la saumure, un boniton.[139] »

On lit dans la pièce d'Anaxandride, intitulée Nérée:

« Celui qui a imaginé le premier de servir une magnifique hure de glauque, détachée du reste, le corps d'un excellent thon, et tous les autres aliments qu'on tire des ondes de la mer, est sans doute Nérée, qui fait sa résidence dans tous ces lieux. »

[295f] Amphis écrit, dans ses Sept devant Thèbes :

« Mais des glauques entiers, et des morceaux bien charnus détachés des hures. »

On lit dans son Philétaire:

« Avoir devant soi proprement accommodée une petite anguille, avec une hure[140] de petit glauque et des tronçons de loup. »

Antiphane l'emporte sur le friand Archestrate dans son Cyclope, disant :

« Qu'on nous serve un surmulet d'Hymette, une torpille cuite entre deux plats, une perche fendue, un calmar farci, un synodon rôti, les hauts tronçons d'un glauque, la tête d'un congre, le ventre d'un diable de mer, les iles d'un thon, le dos d'une raie, les lombes d'un surmulet, des plies, des grives, des mendoles, des squilles, du muge, de la tanche, et qu'il ne manque rien de tout ceci. »

47. [296a] Nausicrate écrit, dans ses Pilotes :

« A. Il y en a deux,[141] dit-il, tendres et beaux, de celui qui s'est déjà montré plusieurs fois aux pilotes dans le vaste sein des ondes, et qui, dit-on, prédit aux hommes le mal qui va leur arriver. B. Tu veux dire le glauque? A. Tu l'as deviné. »

Théoclyte de Méthymne dit, dans ses vers bacchiques, que Glaucus, dieu marin, était pris d'amour pour Ariadne, lorsque Bacchus enleva cette femme dans l'île de Die,[142] et que Bacchus, s'étant saisi de lui, le lia avec des sarmens; mais que l'ayant délié sur les prières qu'il lui fit, [296b] Glaucus lui dit ceci :

« Il est une ville nommée Anthédon sur les côtes de la mer, en face d'Eubée, près des courants de l'Euripe : c'est de ce lieu que je tire mon origine, et Kopée est celui à qui je dois la naissance. »

Promathidas d'Héraclée, dans ses Hémiambes, fait descendre Glaucus de Polybe, fils de Mercure et d'Eubée, fille de Larymnus; mais Mnaséas dit, liv. 3 de ses histoires d'Europe, que Glaucus descendait d'Anthédon[143] et d'Alcyone. Qu'étant marin et devenu grand nageur, il fut surnommé Pontius (marin) ; [296c] mais qu'ayant enlevé Symée, sœur d'Ialyse et de Dotis, il passa par mer en Asie, de là dans une île voisine et déserte où il fixa son séjour, et qu'il l'appela l’île Symée, du nom de cette femme. Euanthès, le poète épique, dit, dans son Hymne en l'honneur de Glaucus, que celui-ci était fils de Neptune et d'une Nayade : que pris d'une belle passion pour Ariadne, il jouit de ses faveurs lorsqu'elle avait été abandonnée par Thésée. Aristote raconte, dans sa République de Délos, que Glaucus s'étant fixé dans cette île-ci avec les Néréides, prédisait l'avenir aux dieux.

[296d] Posis de Magnésie dit, dans son Amazonide, liv. 3, que Glaucus fut le constructeur du vaisseau argo, et y servit de pilote; et que dans le combat que Jason eut à soutenir avec les Tyrrhéniens, Glaucus eut seul le bonheur de n'être pas blessé; mais que pour se rendre à la volonté de Jupiter, il parut dans le fond des mers, devint ainsi dieu marin, et ne fut aperçu que de Jason. Nicanor de Cyrène dit, dans son Traité sur les changements de noms, que Mélicerte prit le nom de Glaucus.

48. [296e] Alexandre l’Etolien raconte, au sujet du même, dans son Pêcheur, qu'il se précipita dans la mer après avoir mangé de certaine plante :

« Que la terre produit sans culture au printemps, dans les îles fortunées, en faveur du soleil. Cet astre donne à ses chevaux cette nourriture agréable qui croit dans la forêt, afin qu'ils achèvent leur course journalière sans fatigue, et sans qu'ils éprouvent aucune incommodité. »

Æschrion de Samos raconte ce qui suit, dans quelques-uns de ses ïambes :

« Glaucus te marin devint amoureux d'Hydnée, fille de Scyllus le plongeur de Sicyone.[144] »

Quant à l'herbe que Glaucus mangea, et moyennant laquelle il devint immortel, [296f] il dit particulièrement:

« Tu trouvas l’agrostis[145] des dieux, que Saturne sema lui-même. »

Nicandre écrit, liv. 3 de ses histoires d'Europe,[146] que Glaucus fut aimé de Nirée. Le même dit, dans ses histoires d'Etoile, liv. 1, que ce fut Glaucus qui instruisit Apollon à rendre des oracles : que Glaucus, chassant un jour sur des montagnes, [297a] poursuivit un lièvre sur un de ces monts élevés d'Étolie. Ayant pris cet animal qui expirait de fatigue, il l’apporta près d'une fontaine, et l'essuya avec certaine herbe, comme il se refroidissait déjà. Le lièvre se ranimant par la vertu[147] de cette plante, Glaucus voulut en éprouver la vertu dont il était témoin ; rempli d'un enthousiasme divin, à l'approche de l'hiver, il se précipita dans la mer selon la volonté de Jupiter.

Hédyle de Samos[148] ou d'Athènes, dit que Glaucus, ayant de la passion pour Mélicerte, se jeta dans la mer; mais Hédylée, mère de ce poète, [297b] et fille de Mosquine, Athéniène, qui fit des vers iambiques, raconte que Glaucus étant amoureux de Scylla, se rendit dans son Antre:

« Apportant en présents des conques prises à la pierre rouge, ou des petits d'Alcyon qui n'avaient pas encore de plumes, pour servir d'amusement à cette nymphe, qui ne voulait pas[149] l'entendre. Une jeune Sirène du voisinage eut pitié de ses larmes : [297c] car il passait à la nage le long de cette côte, et dans les lieux voisins de l'Etna. »

 

49. Chap. XIII.

Gnapheus. Foulon.

Dorion dit qu'on peut enlever toute saleté avec la décoction du foulon. Epænète parle aussi de ce poisson[150] dans son Art d'assaisonner.

50. Anguilles.

Epicharme fait mention des anguilles de mer dans ses Muses. Dorion, parlant des anguilles du lac Copaïs, ne les nomme qu'avec éloge. [297d] Elles deviennent extrêmement grandes. C'est pourquoi, si l'on en croit ce que dit Agatharcide, dans le liv. 6 de ses histoires d'Europe, les Béotiens couronnent les grandes anguilles de ce lac, comme des victimes, et y posant les gâteaux sacrés, les immolent aux dieux en faisant des prières. Un étranger ne sachant que penser de cette espèce d'offrande extraordinaire, en demanda la raison : « Je ne puis vous la dire, répondit un Béotien ; tout ce que je sais, c'est qu'il faut observer les usages des ancêtres, et qu'il ne convient à personne de vouloir en rendre raison. »

Mais il ne faut pas être étonné qu'ils immolent des anguilles pour victimes, [297e] puisqu'Antigone de Caryste dit, dans son Traité de la Diction, que les pêcheurs qui offrent des sacrifices à Neptune lors de la pêche du Thon, lui en immolent ; ce sacrifice, dit-il, s'appelle Thynnée.

51. Chez les Phasélites, on offre même en sacrifice des salines. Voici ce qu'Héropyte dit à ce sujet, dans son ouvrage sur les Limites de Colophone, à l'endroit où il parle de la fondation de cette ville : [297f] « Lacius, celui qui y amena une colonie, donna pour prix du terrain, à un berger nommé Cylabras, qui paissait les brebis, des salines, selon la demande que ce berger lui en avait faite; car Lacius lui avait proposé, pour acquérir la propriété du lieu, ou de la farine, ou du sel,[151] ou des salines; mais Cylabras accepta des salines. Voilà pourquoi les Phasélites font encore tous les ans une offrande de salines à Cylabras.

Mais Philostephanus rapporte ainsi la chose dans le liv. 1 de son ouvrage concernant les villes d’Asie : « Lacius, que quelques-uns font Lindien [298a] et frère d'Antiphème, fondateur de Gela, fut envoyé par Mopsus, avec certain nombre de personnes,[152] à Phasélis, selon un oracle de Mantoo, femme de Mopsus; mais les proues des vaisseaux s'étant entre-heurtées près des iles Chélidoniènes se brisèrent, et ceux qui étaient avec lui ne purent aborder que de nuit, vu le retard que cela leur causa. On dit qu'alors il acheta le terrain où est actuellement cette ville, d'un nommé Cylabras, selon l'oracle de Mantoo, et qu'il donna des salines en paiement. Voilà pourquoi les Phasélites offrent tous les ans des salines à Cylabras, qu'ils honorent comme un héros.

52. Icésius, parlant des anguilles dans son Traité des substances alimentaires, [298b] dit qu'elles ont le meilleur suc de tous les poissons, et l'emportent presque sur tous pour la facilité de la digestion. En effet, elles remplissent bien, et nourrissent beaucoup. Il range les anguilles de Macédoine parmi les salines.

Selon Aristote, les anguilles aiment l'eau la plus pure : voilà pourquoi ceux qui en nourrissent leur en donnent de pareille ; autrement elles périssent suffoquées dans un fond bourbeux : c'est pour cette raison que ceux qui en pêchent troublent l'eau, et les étouffent par ce moyen. Comme elles ont les ouïes très délicates, la bourbe en obstrue bientôt tous les pores : [298c] aussi sont-elles suffoquées lorsque l'eau est violemment agitée par quelque tempête. Elles s'entortillent mutuellement pour s'accoupler; à la suite de cette coalition, elles répandent une liqueur visqueuse sur la vase,[153] d'où résulte la propagation de leur espèce. Ceux qui élèvent des anguilles disent qu'elles vont paître la nuit, mais que de jour elles demeurent immobiles dans la vase : elles vivent tout au plus huit ans.[154]

Aristote ajoute ailleurs qu'elles ne sont ni ovipares, ni vivipares, qu'elles ne naissent pas non plus d'accouplement, mais du résultat d'une fermentation putride[155] qui se fait dans la vase, [298d] comme on le dit au sujet des vers qu'on appelle entrailles[156] de la terre. C'est pourquoi Homère, distinguant la nature des poissons, a dit :

« Les anguilles[157] et les poissons en souffrent horriblement dans les gouffres. »

53. Certain Épicurien, Eikadiste,[158] qui était du nombre de nos convives, voyant qu'on servait une anguille : oh ! voilà, dit-il, l’Hélène des repas; j'en serai donc le Pâris. Personne n'y avait encore porté la main lorsqu'il la saisit, et leva tout un côté dans la longueur de l'arrête. [298e] On servit ensuite une galette toute brûlante, dont personne n'osait toucher; mais lui disant très haut :

« C'est moi qui va la combattre, eût-elle les mains aussi ardentes que du feu, »

y jeta précipitamment les mains, la dévora; mais on l'emporta tout brûlé. Cynulque dit aussitôt : Voici la mouette qu'on emporte du champ de bataille du gosier.

Archestrate parle ainsi de l'anguille :

« Je loue toutes sortes d'anguilles, mais celle qu'on prend en face de Regio, dans le détroit, [298f] est de beaucoup préférable. Messénien, tu as sur tous les mortels l'avantage de pouvoir t'y repaître d'un pareil mets. Cependant celles du lac Copaïs et du Strymon sont aussi fort renommées pour leur excellente qualité : d'ailleurs, elles sont fort grandes et prodigieusement grosses. [299a] Quoi qu'il en soit, celui qui flatte le plus de tous les mets qu'on peut servir, est l'anguille, seul poisson qui naturellement est stérile.[159] »

54. Quant à la pénultième de ce mot dans ces cas obliques,[160] Homère ayant dit par y :

« Les anguilles (enchelyes) étaient dans la douleur, etc. »

Archiloque a suivi la même forme dans ce vers:

« Tu as reçu plusieurs anguilles (enchelyas) aveugles. »

Mais les Attiques, comme l'observe Tryphon, fléchissant les cas du singulier par y, n'en usent pas de même au pluriel, comme ils devroient le faire ; ainsi Aristophane dit à l'accusatif singulier, dans ses Acharnes:

« Mes enfants, regardez cette grosse anguille (enchelyn). »

Il dit, dans ses Lemniènes :

[299b] « Une anguille (enchelyn) de Béotie. »

Cratinus écrit, dans ses Riches:

« Thon, orphe, glauque, anguille (enchelys), chien de mer. »

Mais au pluriel ils s'écartent d'Homère, écrivant la pénultième par e. Aristophane écrit, dans ses Chevaliers :

« Tu as essuyé ce qui arrive à ceux qui pèchent des anguilles (encheleis). »

On lit, dans ses Nuées retouchées :

« Imitant mes figures d'anguilles (encheleoon). »

Et dans ses Guêpes au datif pluriel (ou ablatif) :

« Je n'aime ni les raies, ni les anguilles (enchelesi). »

Et, dans ses Détalées :

« Lisse comme une anguille. »

Strattis écrit, dans ses Fleuves:

« Il est de la race des anguilles (encheleoon). »

[299c] Simonide a dit, dans ses Iambes :

« C'est comme une anguille[161] frottée de fine huile (enchelys.) »

Il a dit à l'accusatif:

« Un Héron ayant trouvé un balbutard qui mangeait une anguille du Méandre, la lui ravit (enchelyn). »

Aristote écrit la finale par i, dans son Traité des parties des animaux ; mais on voit clairement, par le passage suivant d'Aristophane, que le mot enchelys, anguille, est pris d’ilys, vase ou bourbe, et que c'est pour cette raison que le mot enchelys a été terminé par y.

Voici ce qu'il dit, dans ses Chevaliers:

« Tu as essuyé ce qui arrive à ceux qui pèchent des anguilles (encheleis) : lorsque l'eau de l'étang est tranquille, ils ne prennent rien; [299d] mais lorsqu'ils remuent et troublent toute la vase, ils prennent quelque chose : de même tu trouves ton profit lorsque tu as troublé toute la ville. »

Homère, voulant donc montrer que le feu brûlait jusqu'au fond du fleuve, dit :

« Les anguilles (enchelyes) et les poissons sentaient une douleur cuisante. »

Mais ce sont particulièrement les anguilles qu'il nomme, afin de faire voir que c’était sur tout le fond de l'eau qui brûlait.

55. [299e] Antiphane, se moquant des Egyptiens, dit, dans son Lycon :

« D'ailleurs, on dit que les Égyptiens ont de l'esprit : car ils mettent l'anguille au même rang que les dieux. En effet, l'anguille est beaucoup plus précieuse[162] que les dieux, puisque nous pouvons toujours jouir de leur présence en allant les prier, et qu'il ne nous est même possible de flairer des anguilles qu'en payant au moins douze dragmes, et même plus, tant cet animal est sacré! »

Anaxandride, faisant aussi tomber le discours sur les Egyptiens, [299f] dit, dans ses Villes :

« Non, je ne puis me joindre à toi dans cette guerre ; nos mœurs, nos lois, bien loin de s'accorder ensemble, sont, à tous égards, en contradiction. Tu adores un bœuf; moi je l'immole aux dieux: tu crois que l'anguille est une très grande divinité; nous autres, au contraire, nous la considérons comme un excellent mets: tu ne manges pas de cochon ; moi, c'est ce que j'aime [300a] le mieux : tu adores un chien; moi je le bats, si je le surprends à manger mon poisson : nos lois statuent que nos prêtres auront toutes leurs parties ; et chez vous, il paraît qu'on exclut du sacerdoce ceux qui les ont. Si tu vois un chat malade, tu pleures ; mais moi je le tue et l'écorche avec plaisir : la musaraigne est en très grande vénération chez vous; chez moi, il n'en est rien. »

Timoclès dit aussi, dans ses Egyptiens :

« Comment un ibis ou un chien deviendront-ils une protection assurée dans le danger, puisque ceux qui commettent des impiétés [300b] contre les dieux, reconnus généralement pour tels, ne sont pas[163] aussitôt punis? Quel homme sera puni par la divinité[164] d'un chat? »

56. On mangeait les anguilles cuites dans des feuilles de poirée, comme les anciens comiques l'ont souvent dit. Eubule dit, dans son Écho :

« Voici une nymphe qui ne connaît pas le mariage ; c'est une anguille dont le corps blanc est enveloppé de poirée : ah! quelle brillante lumière pour toi et pour moi ! »

Et, dans son Ion:

[300c] « Et après cela ii vint vers toi à la nage de magnifiques bas-ventres de thons rôtis : il y avait aussi des anguilles de Béotie enveloppées de poirée, déesses dont le corps s'est formé dans le lac. »

Et, dans sa Médée :

« D'une vierge du lac Copaïs en Béotie : car je n'ose prononcer le nom de la déesse. »

[300d] Antiphane dit, dans son Thamyras, que les anguilles du Strymon étaient renommées.

« Il y a un fleuve de même nom que toi, fameux parmi les mortels : il arrose la Thrace : c'est le Strymon. Les anguilles y sont des plus grandes. »

On prenait aussi des anguilles le long du fleuve Euclée, dont Antiphane a parlé dans sa pièce intitulée les Tablettes :

« Venant aux sources de l'Euclée, dont les eaux tournaient dans nombre de gouffres. »

Démétrius de Scepse dit qu’il y a d'excellentes anguilles, comme on le voit dans le liv. 16 de son Armement de Troie.

 

57. Chap. XIV.

Ellops.

J'en ai déjà dit quelque chose précédemment; mais voici le conseil que donne Archestrate sur ce poisson :

[300e] « Mange préférablement l’ellops[165] dans la fameuse Syracuse; ce poisson y est excellent. C'est absolument là que l'ellops reproduit son espèce. Mais si on le prend près d'autres îles,[166] ou sur une autre côte, ou aux environs de Crète, il est maigre, dur, ayant été battu du flot. »

58. Rouget (ou mieux Pagel ici).

Aristote, dans son Traité des Animaux, et Speusippe disent que l’érythrinos (rouget)[167] et le foie marin sont des poissons semblables au pagre. Dorion dit presque la même chose dans son Traité des Poissons, [300f] mais les Cyrénéens appellent hykka l’érythrinos, comme Clitarque le dit dans ses Gloses.

59. Encrasicholes.

Aristote en parle comme de très petits poissons, dans son ouvrage intitulé Zoïques. Dorion fait mention de l’encrasichole[168] en parlant des hepsètes. Il faut, dit-il, ranger parmi les hepsètes les encrasicholes, les iopes, les athérines, les goujons, les petits surmulets, les petites sèches, les petits calmars et les petits cancres.

60. [301a] Hepsète.

C'est un des petits poissons minces. Aristophane dit, dans son Anagyre:

« Il n'y a pas un plat d’hepsètes. »

Archippe dit, dans sa pièce intitulée les Poissons:

« L’hepsète rencontrant l'aphye, l'a avalée. »

On lit, dans les Chèvres d'Eupolis:

« O Grâces ! qui vous[169] intéressez aux hepsètes ! »

Eubule écrit, dans sa Prosousia, ou son Cygne :

« Se contentant d'un hepsète dans de la poirée, qui cuit déjà depuis douze jours. »

Alexis dit, dans son Apeglaucomène :

« Nous avions quelques hepsètes accommodés comme par Dédale. »

On appelle ouvrage de Dédale, tout ce qui est parfaitement exécuté. [301b] Ailleurs il dit:

« Quoi ! tu ne tâtes pas de ces coracins, ni de ces trichides,[170] ni de quelques hepsètes? »

Ce mot se dit le plus souvent au pluriel. Aristophane écrit, dans la Niobé recueillie parmi les drames:[171]

« Non, certes, je ne dirai rien du plat d'hepsètes. »

Ménandre, dans sa Périnthiène :

« L'enfant entra, apportant des hepsètes (hepseetous). »

Nicostrate dit aussi au singulier, dans son Hésiode:

« Une bombrade, un hepsète et une aphye. »

On lit, dans la Recluse de Posidippe:

« Acheter au marché quelque hepsète. »

[301c] On appelle hepsètes dans Naucrate, ma ville natale, les petits poissons que le Nil laisse dans les fossés, lorsque ses eaux se sont retirées.

61. Foie marin.

Selon Dioclès, c'est un des poissons saxatiles. Speusippe le fait semblable au pagre. Selon Aristote, il est solitaire, Carnivore : il a les dents en forme de scie, la couleur noire, et les yeux trop grands proportionnément à son corps. Son cœur est triangulaire et blanc.[172] Archestrate, ce grand maître en fait de repas, écrit :

« Prenez le bias,[173] le même que l’hepatus (foie marin), sur les côtes [301d] de Délos ou de Ténos. »

62. Éelacateènes : Fuseaux.

Mnésimaque dit, dans son Maquignon:

« Le maquereau, le thon, le goujon, les fuseaux. »

Les élacatènes[174] sont des cétacés propres à saler. On lit, dans les Flatteurs de Ménandre :

« Du goujon, des élacatènes, de la queue de chien de mer salé. »

Mnaséas de Patras dit :

« D'ichthys et d'hésychie, sa sœur, naquirent galène,[175] muræne et les élacatènes. »

63. [301e] Thon.

Aristote dit qu'il entre dans le Pont[176] en suivant la côte à droite, et qu'il en sort en prenant sur la gauche, parce qu'il a la vue plus perçante de l'œil droit, et ne voit qu'obscurément du gauche. En certain temps[177] il a, sous les nageoires, certain œstre ou insecte qui le pique. Le thon aime la chaleur du soleil : voilà pourquoi il s'approche du sable de la côte. Il devient comestible lorsque l’œstre le quitte. Selon Théophraste, il s'enfonce dans des profondeurs pour s'accoupler. Il est fort difficile à prendre tant que ses petits sont très faibles ; [301f] mais lorsqu'ils sont plus forts, il se prend sans peine, parce que c'est alors que l'œstre le tourmente. Le thon aime à s'enfoncer dans les gouffres,[178] quoiqu'il soit fort sanguin. Archestrate dit :

« Tu verras prendre près de la vaste et sacrée Samos, du thon extrêmement grand qu'on appelle orcyn. D'autres le nomment cète. Achètes-en promptement, et à quelque prix que ce soit;[179] [302a] il est très bon à Byzance, à Caryste, et dans la fameuse île des Siciliens. Les thons que Cefalù[180] et la côte de Tyndare nourrissent sont beaucoup meilleurs. Cependant si un jour tu vas à Hippone, ville de l'illustre Italie, chez les Brutiens,[181] environnés d'eau, les thons y sont infiniment meilleurs que tous les autres et après ces thons il n'y a plus rien à mettre en parallèle. Or, ceux qui viennent dans nos parages se sont égarés en venant de ce pays après avoir traversé une grande mer, dans des flots violemment agités ; [302b] de sorte que nous les péchons lorsqu'ils ne sont pas bons à prendre. »

64. Le thon (thynnos) a été ainsi nommé du mot thyein,[182] qui signifie s'avancer avec vélocité ; car c'est un poisson qui s'élance violemment, parce qu'il a en certaine saison un œstre près de la tête, et qui le pousse fortement, selon Aristote. Voici ce qu'il écrit : « Les thons et les espadons sont tourmentés d'un œstre vers la canicule. C'est alors qu'ils ont près des nageoires, de chaque côté,[183] une espèce de vermisseau [302c] nommé œstre, semblable à un scorpion, et à-peu-près de la grandeur d'une araignée : c'est ce qui les fait s'élancer ou bondir autant que le dauphin, et souvent tomber dans les barques, »

Théodoridas dit :

« Les thons pressés par l'œstre prennent leur course vers Cadix. »

Mais Polybe de Mégalopolis, parlant de la Lusitanie, contrée de l'Espagne, dit, dans le liv. 34 de ses histoires, qu'il y croît au fond de la mer des chênes[184] dont les thons mangent les glands, et s'en engraissent. [302d] C'est pourquoi on ne se tromperait pas en disant que les thons sont des porcs marins, puisqu'ils croissent, comme les porcs, en mangeant du gland.

65. On loue surtout l’hypogastre[185] ou le bas-ventre de ce poisson, comme le dit Eubule, dans son Ion :

« Après cela il vint vers toi des hypogastres somptueux de thons. »

On lit, dans les Lemniènes d'Aristophane :

« Ni d'anguille de Béotie, ni de glauque, ni de bas-ventre de thon. »

Strattis écrit, dans son Atalante :

« Un bas-ventre de thon, des issues, [302e] et pour une dragme de chair de porc. »

Il dit, dans ses Macédoniens :

« Des bas-ventres appétissants de thons. »

Ériphe produit ces vers dans sa Mélibée :

« Les pauvres ne pouvant acheter ces choses-ci, un bas-ventre de grand thon, ni une tête de loup marin, ni un congre,[186] ni des sèches, que les dieux,[187] selon moi, ne regardent pas avec indifférence. »

Lorsque Théopompe dit, dans son Kallaischre (beau laid: mais nom propre).

« O Cérès! un hypogastre ou bas-ventre de poisson. »

[302f] Il faut observer qu'on se sert de ce terme en parlant de poissons, et rarement en parlant de porcs, ou d'autres animaux ; mais il est incertain de quel animal Antiphane a dit l’hypogastre, dans son Pontique :

« Quiconque est[188] venu apporter du marché ces maudites mustèles et tant d’hypogastres et qui veut encore mettre avec cela un fort carré (de côtelettes), puisse Neptune l'abîmer! »

Alexis, dans son Ulysse tisserand, dit, en louant la tête du thon :

« Oui, j'enverrai paître tous ces pêcheurs, qui ne me prennent que du fretin bon pour des affranchis; [303a] tel que de petites trichides, de petites sèches, et ces méchantes fritures. Encore[189] si j'avais auparavant une tête de thon, je m'imaginerais avoir réellement des anguilles et des thons. »

On vantait aussi ce qu'on appelle les clavicules du thon, comme on le voit dans le Pirithoüs d'Aristophane :

« A. Certes, voilà tout le poisson perdu ! [303b] oui, deux clavicules rôties et toutes préparées. B. Qu'entends-tu par clefs? sont-ce celles avec quoi l'on ferme les portes? A. Eh! ce sont celles du thon! B. Oh ! c'est un excellent manger. A. Il y en a encore une troisième espèce : c'est la clef secrète laconique. »

 

66. Chap. XV. J'ai dit ci-devant qu'on immolait le thon à Neptune : c'est ce que confirme Antigone de Caryste, dans son Traité de la diction.

Héracléon d'Ephèse dit que les Attiques nomment le thon orcyn;[190] mais Sostrate écrit, dans son Traité des Animaux, que la thynnide se nomme pélamide;[191] thon, lorsqu'elle est devenue plus grande, et orcyn, quand le thon est encore plus grand ; mais que ce poisson est rangé parmi les cétacées lorsqu'il est d'une extrême grandeur. [303c] Eschyle a aussi fait mention du ton:

« J'ai ordonné à cet homme de prendre des marteaux, et de forger des masses ardentes de fer, lui[192] qui se vantait comme un thon, ne pouvant ni gémir, ni parler. »

Il dit ailleurs :

« Il tourne l'œil de côté comme un thon. »

Ménandre dit, dans ses Pêcheurs :

« Et la mer et la vase qui nourrit le thon et le fait devenir grand. »

On trouvera dans Sophron le mot thynnoteeres, ou pêcheurs de thon. Ce que quelques-uns appellent thon (thynnos), les Attiques le nomment thynnis.

67. Thynnis, Thynnée, Thynnas (thon femelle).

[303d] Aristote dit que la thynnis[193] diffère du thon mâle, en ce qu'elle a sous le ventre une nageoire qu'on appelle atheer. Dans le Traité des parties des Animaux,[194] il écrit que la thynnis ne diffère du thon qu'en été ; vers le mois de juin, elle dépose une espèce de poche dans laquelle il y a nombre de petits œufs. Speusippe, dans le second livre des Choses semblables, et Epicharme, dans ses Muses, distinguent aussi le thon et la thynnis. Cratinus dit, dans ses Riches :

« Pour moi,[195] Je suis thynnis, ou oblade, ou thon même, orphe, glauque, anguille, chien de mer. »

Aristote, traitant des poissons, dit que la thynnis est grégale et change de contrée. [303e] Archestrate,[196] cet observateur si scrupuleux, écrit :

« Prenez ensuite une queue de thynnee, que j'appelle grande thynnis, et qui se trouve surtout à Byzance. Ensuite coupez cela par morceaux, faites-le bien rôtir totalement ; ne le saupoudrez que de sel fin; versez-y de l'huile, et faites tremper les tronçons tout chauds dans une forte saumure. Si après cela vous voulez le manger[197] sans sauce, c'est un excellent mets, et qui donnerait de l'appétit aux dieux; [303f] mais si vous le servez arrosé de vinaigre, vous lui ôtez toute sa qualité. »

Antiphane, dans son Pœdéraste, écrit thynade:

« Un tronçon du milieu[198] d'une excellente thynade de Byzance, est couvert de feuilles déchirées de poirée, qui l'enveloppent. »

Le même loue la queue de la thynnis dans sa Kouris :

« A. Cet homme,[199] nourri à la campagne, préfère à tout aliment tiré de la mer, [304a] un congre pris sur la côte, ou une torpille, ou un morceau de thynnée, coupé vers la.... B. Lequel? A. Je veux dire vers la queue. B. Voilà donc les poissons dont tu manges? C. Oui : car je tiens les autres poissons pour anthropophages. A. Mais, mon ami, pourquoi donc manges-tu de ce méchant? De quoi veux-tu parler? des anguilles du Copaïs? Eh! tu ne sais guère ce que tu veux dire! car je laboure ici près de ce lac ; et je vais les dénoncer comme ayant déserté ; car je n'en vois absolument plus dans aucun endroit. »

On retrouvera quelques-uns de ces iambes dans son Acestrie, et dans son Paysan ou Butalion.

[304b] Lysanias, dans son ouvrage sur les Poètes Iambiques, nous rapporte ce passage d'Hipponax:

« Car celui-ci, qui est un des leurs, après avoir mangé en silence et à foison de la thynnée, et les ragoûts les plus friands tous les jours, comme cet Eunuque de Lampsaque, a dévoré tout son patrimoine:[200] de sorte qu'il est forcé de labourer, la bêche à la main, des terrains pierreux sur les montagnes, ne mangeant même pas autant qu'il en voudrait, des figues, du gros pain d'orge, nourriture ordinaire des esclaves. »

Strattis a rappelé la thynnis, dans sa Callipède.

68. [304c] Hippure : Lampuge, ou Coryphène.

Aristote dit, dans son liv. 5 des Animaux,[201] que les lampuges déposent des œufs, et que de très petits, ces œufs deviennent très gros, comme ceux de la Murène ; en outre, qu'ils déposent ces œufs au printemps.

Selon Dorion, le lampuge se nomme aussi coryphène, mais Icésius les appelle hiîppures. Epicharme en fait mention dans ses Noces d'Hébé:

« Et les oxyrinques, les aiguilles, les hippures et les dorades. »

Numénius, exposant la nature de ce poisson, dans son Traité de la Pêche, dit qu'il saute continuellement, [304d] et que c'est pour cette raison qu'on le nomme arneutees.[202]

« Ou un grand synodon, ou le lampuge sauteur. »

Archestrate a dit :

« Le lampuge de Caryste est excellent : d'ailleurs, Caryste est un lieu où l'on trouve de très bon poisson. »

Épænète dit, dans son Art d'assaisonner, qu'on appelle coryphène le lampuge.

69. [304e] Cheval marin.[203]

Epicharme en a peut-être parlé en employant le mot hippidia, de petits chevaux :

« Des coracins gras, de couleur de corbeau, des hippidia ou petits chevaux lisses, des plies,[204] des squilles tendres. »

Numénius dit, dans son Traité de la Pêche :

« Ou le scare, ou le boulerot bien charnu, le cinœdus[205] et des serrans, des anguilles, et le nocturne eritime, des porcs marins, ou des chevaux marins, ou la bleue coquillade. »

Antiphane de Colophone, rappelle aussi le cheval marin dans sa Thébaïde. Voici ce qu'il dit :

« Ou l'hycca, ou le cheval, ou celui qu'on appelle grive. »

70. [304f] Julides, ou Girelles.

Dorion en parle dans son Traité des Poissons, disant de faire bouillir les julides dans la saumure, mais de les faire rôtir dans la poêle. Numénius en dit ceci :

« Prends garde à celui-là ; c'est la julide vorace:[206] éloigne-t-en beaucoup, de même que de la scolopendre venimeuse.[207] »

Le même nomme julous (d’iulos), les vers qu'on appelle entrailles de la terre[208] (les lombrics terrestres). Voici son passage :

[305a] « Et toi, n'oublie point les appâts : tu les trouveras sur les terrains des rivages élevés. On les appelle iules : ce sont des vers noirâtres, entrailles de la terre, et qui en mangent. On prend de petites cigales[209] aux longs pieds, lorsque les roches couvertes de sables sont battues par le flot qui s'élève sur le haut du bord : c'est-là que tu dois creuser pour les trouver, et en mettre une grande quantité dans ton vase. »

71. Grives ou Tourds, et Merles de mer.

Les Attiques écrivent kichlee, non kichla ; en voici la raison : [305b] les noms féminins terminés en la, prennent toujours ll double, comme scylla, rocher;[210] scilla, squille; kolla, de la colle; bdella, une sangsue; amilla, dispute, combat; hamalla, une poignée; mais il n'en est pas de même des mots terminés en lee ; comme homiklee, ténèbres ; phytlee, germe, sexe, semence ; genethlee, race, génération, naissance; aiglee, splendeur; trooglee, excavation, trou; c'est ainsi qu'on dit triglee, surmulet. Cratinus écrit:

« La grive marine (triglee), est faite pour un friand, lorsqu'il en a senti la saveur. »

Dioclès écrit, dans son premier livre des Choses salubres : « Tous ces poissons qu'on appelle saxatiles, ont la chair tendre, comme les merles, les grives, les perches, les goujons, les tanches de mer, les alphestes. » Numénius écrit, dans son Traité de la Pêche :

[305c] « L'engeance marine du glauque, ou de l'orphe, ou des merles de couleur noire, ou des grives qui ont la couleur de la mer. »

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé :

« Des bebradones (célerins) et des grives, et des lièvres marins, et de vaillants dragons de mer ou vives. »

On lit, dans le Traité d'Aristote sur les Animaux : Les uns sont tachetés de noir, comme le merle ; les autres tachetés de diverses couleurs, comme la grive.[211]

Selon Pancras d'Arcadie, la grive a plusieurs noms. Voici ce qu'il dit dans ses Travaux de mer:

« En outre,[212] une grive vineuse (ou rougeâtre) que les pêcheurs appellent [305d] lézard, et le petit orphe bigarré, très gras à la tête. »

Nicandre dit au liv. 4 de ses Métamorphoses (heteroioumena) :

« Ou le scare, ou la grive qui a plusieurs noms. »

72. Le Sanglier marin et le Kremys.

Aristote écrit, dans son Traité des Animaux : « Il y a des poissons sans dents et sans écailles, comme l'aiguille; d’autres ont des pierres dans la tête, comme le kremys ; d'autres sont très durs, et ont la peau rude, comme le sanglier marin (kapros). Quelques-uns sont marqués de deux raies ou lignes, comme le séserin;[213] quelques-autres présentent beaucoup de lignes, ou sont rayés de rouge, comme la saupe. [305e] Dorion et Epænète parlent du sanglier de mer. Voici ce qu'en dit Archestrate :

« Mais lorsque tu viendras à Ambracie, pays fortuné, achète un sanglier, même au poids de l'or, si tu en vois un, de peur que la colère redoutable des dieux ne s'appesantisse sur toi; car ce poisson est les délices mêmes (la fleur du nectar). Il n'est pas permis à tout le monde d'en manger, [305f] ni même de le regarder avec quelque désir, lorsqu'on ne tient pas à la main le tissu creux d'une corbeille faite de jonc produit dans les marais, et qu'on n'a pas coutume de faire sonner les jetons, en calculant avec toute l'activité imaginable, jetant de côté,[214] sur le carreau, les présents qu'on apporte en pièces de viandes. »

 

73. Chap. XVI.

Le Cithare, ou Folio.

Aristote, dans son Traité des Animaux[215] ou des Poissons, dit que le cithare a les dents en forme de scie, la langue libre, le cœur large et blanc, qu'il est solitaire, et vit d'algue. Phérécrate écrit, dans son Doulodidascale, ou Valet Précepteur :

« Acheter[216] et marchander des cithares : cithare à vendre. Le cithare est une excellente chose. Par Apollon, ceci me trouble ; car on dit, ma bonne, qu'il y a dans le cithare quelque chose de mauvais. »

Epicharme écrit, dans ses Noces d'Hébé:

[306a] « Il y avait des hyænides,[217] des soles et du cithare. »

Apollodore a dit que ce poisson était consacré à Apollon, en conséquence de son nom.[218] Callias ou Dioclès dit, dans ses Cyclopes:

« Ou un cithare rôti, ou une raie, et cette hure de thon. »

Archestrate en parle ainsi, dans son Hédypathie (sa Gastronomie) :

[306b] « Si le cithare est blanc, et qu'il se trouve avoir la chair ferme, je veux qu'on le fasse bouillir dans une saumure bien nette, en y jetant un peu d'herbage. Mais s'il a une couleur roussâtre, et qu'il ne soit pas fort grand, on le fera rôtir, après l'avoir piqué par tout le corps avec un couteau frais émoulu, et qu'on tiendra droit. On l’oindra d'huile et de beaucoup de fromage. Ce poisson voit avec plaisir qu'on fesse beaucoup de dépense pour lui; il est même très exigeant.[219] »

74. Cordylos, Uromastix.

Aristote dit que c'est un amphibie, et qu'il meurt desséché par le soleil;[220] [306c] mais Numénius l'appelle kouryle[221] dans son Traité de la Pêche :

« Ceux-ci ont tout l'apprêt requis; mais désarmez le myre,[222] le kouryle, la sphyrène et la cigale marine. »

Il fait aussi mention de la kordylis[223] dans ce passage:

« Ou des porcs, ou des chevaux marins, ou une korydeelis de couleur de mer. »

75. Ecrevisses.

Epicharme écrit, dans ses Noces d'Hébé:

« Il y avait outre ceux-là des bogues, des gerres, des aphyes, des écrevisses[224] (kammaroi). »

Sophron en fait mention dans ses Mimes féminins. Cest une espèce de squilles, [306d] et les Romains les appellent ainsi.

76. Requin.

Numénius d'Héraclée dit, dans son Traité de la Pêche :

« Tantôt le harcharias ou requin,[225] tantôt le psammathide qui roule avec le flot. »

Sophron écrit:

« Votre ventre ne demandait que du thon, tandis que celui-ci s'occupait à manger du requin. »

Nicandre de Colophone dit, dans ses Gloses, qu'on appelle aussi ce poisson lamie, scylla.

77. Kestreus, Muge.

Icésius dit qu'il y a plusieurs espèces de poissons désignés sous le nom de leucisques ; [306e] car on appelle les uns capitons, les autres kestres,[226] quelques-uns grosses lèvres, quelques-autres morveux. Les meilleurs sont les capitons, tant pour la saveur, que pour le bon suc. Ceux de la seconde qualité sont les kestres : après eux viennent les morveux; mais les grosses lèvres, qu'on appelle aussi bacchoi, sont les moins bons de tous. En général, ces poissons ont un fort bon suc, sans être trop nourrissants, et passent bien.

Dorion, dans son Traité des Poissons, fait cas du kestre marin, mais n'estime pas celui de rivière. Les espèces du marin sont le capiton,[227] et le jeûneur. [306f] Il appelle sphondyle,[228] l’échinus qui se trouve à la tête du kestre. Il ajoute que le capiton (kephalos) diffère de celui qu'on appelle kephalin, et blepsias.

Aristote dit, dans son cinquième livre des Parties des Animaux:[229] « Ceux des muges qui ont des œufs les premiers, sont les grosses lèvres, et c'est au mois de décembre. Il en est de même du sarge, de celui qu'on appelle morveux, et du capiton. Ces muges portent leurs œufs trente jours. Quelques muges ne naissent pas de l'accouplement, mais ils sont une production de la vase et du sable. »

[307a] Aristote dit encore ailleurs : « Le muge ne mange pas de poisson de son espèce, quoiqu'il ait des dents[230] en forme de scie ; car il ne mange absolument pas de chair.[231] Les espèces de muges sont[232] le capiton, le grosse lèvre, et lepheraios. Le grosse lèvre prend sa pâture près de la terre ; mais le phéraios ne prend d'autre nourriture que la matière muqueuse[233] qui sort de lui-même. Quant au grosse lèvre, il paît dans le sable et la vase. On dit qu'aucun gros poisson marin ne mange les petits des muges,[234] parce que celui-ci ne mange aucun poisson. »

[307b] Ethydème d'Athènes dit, dans son Traité des Salines : « Les espèces de muges sont le sphène et les dactylées. On les appelle capitons, parce qu'ils ont la tête volumineuse; sphènes,[235] parce qu'ils sont minces et quadrangulaires. Les dactylées ont eu ce nom parce qu'ils sont moins larges que deux doigts (dactyles).

Les muges qu'on prend près d'Abdère sont admirables, comme l'a dit Archestrate. Après ceux-ci, les meilleurs sont les muges de Sinope.

78. Quelques personnes appellent les muges plootes,[236] selon ce que dit Polémon, dans son ouvrage sur les Fleuves de la Sicile, Epicharme les nomme ainsi dans ses Muses :

[307c] « Il y avait des plotes bigarrés,[237] des soles et des ombrines. »

Aristote, parlant des habitudes et de la vie des animaux, dit que les muges vivent après avoir perdu leur queue. Le labrax ou loup dévore le muge, comme le congre dévore la murène. Il y a un proverbe pris de ce poisson :

« Le muge est à jeun.[238] »

Il se dit de ceux qui agissent avec droiture; car le muge ne mange point de chair. Anaxilas, dans son Monotrope, reproche au sophiste Matron son extrême gourmandise, et dit :

« Matron s'est saisi de la tête du muge, l'a dévorée, et moi je meurs de faim, ou j'en suis puni. »

[307d] Mais le charmant Archestrate dit :

« Achète au marché un muge de l’île d'Egine, et tu trouveras la compagnie de bons grivois. »

Dioclès écrit, dans sa pièce intitulée la Mer :

« Le muge saute de plaisir. »

79. Mais Archippe, dans Hercule qui se marie, fait des nestis une espèce de muge.

« Des nestis,[239] des muges, des capitons. »

Antiphane écrit, dans son Lampon :

« Tu as des soldats qui sont de vrais muges-nestis. »

On lit, dans le Phrygien d'Alexis :

« Pour moi, muge-nestis (affamé), je m'en vais chez moi en courant. »

Ameipsias dit, dans ses Joueurs au cottabe :

[307e] « A. Pour moi, je vais aller voir à la place si je pourrai entreprendre quelque ouvrage. B. Tu me suivras donc moins comme un muge nestis (affamé) »

Euphron dit, dans son Effrontée :

« Midas est un muge ; il rôde (à jeun) nestis. »

Philémon, dans ses Mourants ensemble :

« J'ai acheté au marché un muge nestis rôti, et assez petit. »

Aristophane, dans sa Gérytade :

« Est-ce donc ici une colonie de muges? car il est facile de voir qu'ils sont tous nestis (affamés). »

Anaxandride, dans son Ulysse :

[307f] « Il rôde le plus souvent sans souper ; c'est un vrai muge nestis. »

Eubule, dans sa Nausicaa:

« Il y a trois jours qu'il lutte, à la nage, contre les flots, et à jeun (nestis), menant la vie d'un muge. »

80. Lorsqu'on eut dit toutes ces choses sur cet excellent poisson, un des Cyniques, arrivé dans la soirée, leur dit : Messieurs et amis, célébrons-nous donc la journée du jeûne[240] (la nestée), ou la seconde de la fête des Thesmophories? car on nous fait jeûner comme des muges. Diphile ne dit-il pas dans ses Lemniènes :

« Pour eux, ils ont soupé ; mais moi, pauvre diable ! [308a] l'excès du jeûne fera bientôt de ma personne un muge. »

prenant la parole, dit ces vers de l’Hedycharees de Théopompe :

« Ensuite il parut une troupe, à jeun, de muges bieri traités avec des herbes,[241] comme les oies. »

Eh bien! ajouta-t-il, vous autres Cyniques, vous ne toucherez de rien, que vous ou votre condisciple Ulpien, vous ne nous ayez dit pourquoi le muge est le seul des poissons qu'on surnomme nestîs.

C'est, répond Ulpien, parce qu'il ne mord pas à l'appât pris d'une substance animale, et qu'il ne se laisse point tirer hors de l'eau alléché par la chair, ou par toute autre chose qui ait eu vie, comme le rapporte [308b] Aristote. Il dit même dans cet endroit que le muge est mauvais lorsqu'il n'est pas à jeun;[242] que d'ailleurs s'il est effrayé, il se cache seulement la tête, pensant avoir ainsi caché tout son corps.

Platon le comique dit, dans ses Fêtes :

« Un pêcheur se trouve à ma rencontre comme je sortais, et m'apporte des muges, poissons à jeun, et qui n'étaient pas mauvais (ou, et qui étaient fort bons). »

Eh bien ! toi, Myrtile, lutteur Thessalien, dis-moi pourquoi les poètes appellent les poissons ellops (à qui la voix manque) ou muets?

— Eh ! c'est parce qu'ils ne rendent pas de son articulé. Pour parler selon l'analogie, ce sont des ellops pour illops, parce qu'ils sont privés de voix ; car le mot illesthai[243] [308c] signifie être empêché, comme eirgesthai : ensuite, ops, ou phonée, voix, sont synonymes. Or, toi, qui es un ellops, tu ne sais pas cela. Ainsi, le Cynique ne répondant rien, je vais, selon le sage Epicharme, faire seul ce que deux faisaient auparavant;[244] et je dis, pour répondre à ma demande, que les poissons ont été appelés ellops, parce qu'ils sont lépidotes[245] (ou couverts d'écaillés): Je dirai en outre, quoiqu'on n'ait pas proposé cette question : « Pourquoi les Pythagoriciens, qui mangent d'un petit nombre d'êtres animés, sacrifiant même quelques animaux, ne touchent absolument pas aux poissons? C'est sans doute parce que le poisson garde le silence. Or, ces philosophes regardent le silence comme quelque chose de divin. [308d] Mais Cyniques Molosses[246] que vous êtes, puisque vous ne dites pas le mot, sans cependant être Pythagoriciens, nous allons parler d'autres poissons.

 

Chap. XVII.

81. Coracins.

Les coracins de mer, dit Icésius, sont peu nourrissants, passent bien, et ont un suc médiocrement bon. Aristote observe, au liv. 5 de son histoire des Animaux, qu'il est ordinaire aux poissons de s'accroître promptement, mais surtout au coracin.[247] Il jette ses œufs près de terre, dans les endroits vaseux pleins de mousse ou d'algue épaisse. Speusippe dit, dans son second livre des Choses Semblables, que l'oblade et le coracin sont semblables. [308e] Numénius écrit, dans sa Pêche :

« Il tirerait facilement hors de l'eau un coracin bigarré. »

Epicharme aurait-il désigné le coracin dans ses Muses sous le simple nom d’œolie ou bigarré? car il dit :

« Les plootes bigarrées et les soles. »

Mais dans ses Noces d’Hébé, il rappelle les œolies[248] comme différentes du coracin.

« Le porc, et les alphestes,[249] et les Coracins, les æolies[250] couleur de cire ; les plootes et les soles.

Euthydème, dans son Traité des Salaisons, dit que plusieurs appellent le coracin saperda. [308f] Héracléon d'Ephèse, et Philotime, dans sa Cuisine, ont dit la même chose.[251] Parménide de Rhodes dit, dans le premier livre de ses Préceptes de Cuisine, que le saperda et le coracin se nomment aussi platistaque. Aristophane a dit:

« Des coracins à nageoires noires. »

Phérécrate, dans son Epilesmon (ou celui qui oublie), écrit ce mot en diminutif:

[309a] « Étant avec vos petits coracins (korakinidiois) et vos petites mendoles. »

Amphis dit, dans son Ialème :

« C'est un fou que celui qui mange un coracin de mer, lorsqu'il a devant soi un glauque. »

Ceux qui ont goûté des coracins du Nil, savent qu'ils ont une saveur douce, outre qu'ils sont bien en chair, et flattent le palais.

On a nommé ce poisson coracin, de koras kinein (remuer les prunelles), parce qu'effectivement il les agite toujours. Les Alexandrins les appellent plataques, vu le contour de leur forme.[252]

82. La Carpe.

Ce poisson est grégale, et carnivore, comme le rapporte [309b] Aristote;[253] la carpe n'a pas la langue libre sous le palais, mais dans le fond et au défaut de la bouche. Dorion la range parmi les poissons d'étang et de rivière, et en parle ainsi : « Le poisson à écailles que quelques-uns nomment carpe. »

83. Goujons de mer ou Boulerots.

Icésius dit que les goujons abondent en suc ; flattent beaucoup le palais, passent bien, mais qu'ils font un mauvais chyle. Ceux qui sont plus blancs ont une saveur plus agréable que les noirs. La chair des goujons verdâtres est plus lâche, moins grasse, et rend moins de suc, mais plus délié. Comme ils sont plus grands, ils nourrissent davantage. [309c] Selon Dioclès, les saxatiles ont la chair plus molle. Numénius les appelle koothes dans sa Pêche:

« Je donnerais ou un scarre, ou un koothe nourrissant, un cynœdus.[254] »

Sophron (dans son Campagnard) rappelle ce mot dans le composé kootholinoplytai,[255] et c'est peut-être de ce mot (koothos boulerot) qu'il a nommé koothoonias le fils du pêcheur de thon.

Ce sont les Siliciens qui appellent le boulerot koothoon, comme le rapportent Nicandre, dans ses Gloses, et Apollodore, dans ce qu'il a écrit concernant Sophron. [309d] Epicharme nomme les boulerots dans ses Noces d'Hébé :

« Des pastenaques armés de pointes à la queue, et des boulerots dont la chair est lâche.[256] »

Antiphane, parlant des boulerots avec éloge dans son Timon, dit en même temps d'où l'on a les meilleurs:

« Me voici donc : j'ai acheté pour les dieux et pour toutes les déesses, de l'encens qui me coûte cher : une obole ! J'ai destiné des gâteaux pour les héros : quant à nous autres mortels, j'ai fait emplette de boulerots. [309e] Mais lorsque j'ai dit à ce triple fripon de poissonnier de mettre le par-dessus; ce que j'ajoute, me répondit-il, est de vous apprendre de quelle peuplade ils sont : ils viennent de Phalère. Sans doute que les autres n'a voient à vendre que des boulerots d'Otryne.[257] »

Ménandre dit, dans ses Ephésiens :

« A. Un des marchands de poisson me fit dernièrement des boulerots quatre dragmes. B. C'est bien cher! »

Dorion parle des goujons de rivière[258] dans son Traité des Poissons.

84. Rouget-grondin.

Epicharme dit :

« Et les brillants rougets (kokkyges) que nous fendons tout du long ; [309f] mais après les avoir fait rôtir, nous les assaisonnons, et les mangeons avidement. »

Dorion donne cet avis :

« Il faut les fendre tout le long de l'épine, les assaisonner avec de fines herbes, du fromage, du sumac, du silphium et de l'huile. On les en arrosera en les retournant, puis on les saupoudrera d'un peu de sel ; enfin on les arrosera d'un peu de vinaigre en les retirant. »

Numénius appelle ce poisson rouget, par ce qui lui arrive.[259]

« Tantôt des coucous rouges, ou quelques pempherides,[260] tantôt un lézard marin. »

85. [310a] Chien Carcharias ou Requin.

Archestrate l'Hésiode, ou le Théognis des gourmands, en parle. Je dis Théognis, car ce poète aimait la bonne table et les plaisirs, comme il le dit en parlant de lui-même :

« Pendant que le soleil annoncera que ses chevaux viennent d'arriver au point culminant de sa course, et sera au milieu du jour, occupons-nous[261] de dîner si l'envie nous en prend, faisant à notre estomac tout le bien qu'il demande; [310b] et qu'une jeune et charmante Lacédémonienne vienne à la porte présenter l’eau pour laver, et entre pour donner de ses mains délicates les couronnes aux convives. »

Il ne cache pas non plus qu'un joli cupidon ne lui déplaisait pas ; voici ce que dit ce Sage :

« Ensuite, Acadème, qu'il s'agisse de chanter un impromptu,[262] et qu'on propose pour prix un beau garçon, ayant tous les attraits, si tu veux voir avec moi lequel de nous deux aura le plus de talent, tu connaîtras, sans tarder, combien le mulet[263] l'emporte sut l'âne. »

Quant à ce que dit Archestrate dans ses Instructions, [310c] voici le passage :

« Il faut acheter le bas-ventre d'un chien carcharias dans la ville de Torone ; ensuite tu le saupoudreras de cumin, pour le faire cuire avec un grain de sel : mais n'y ajoute alors plus rien, mon cher, que de l'huile. Lorsqu'il sera bien cuit, [310d] répands-y une sauce, et sers-le avec cela. Quant à ceux que tu feras bouillir dans la capacité ventrue d'une hugenotte, n'y mêle ni eau, ni vinaigre; n'y verse que de l'huile, du cumin sec et de fines herbes odorantes : alors fais bouillir cela sur du charbon embrasé, sans qu'il jette aucune flamme qui puisse toucher le vaisseau. Remue-le souvent, de peur qu'il ne brûle à ton insu. Mais nombre de mortels ignorent ce mets divin ; [310e] et tous les gens dépourvus[264] de sens refusent d'en manger : ils en ont même horreur, parce que cet animal est anthropophage ; cependant tout poisson mange avec plaisir la chair humaine lorsqu'il en trouve. »

Les Romains appellent thurianos[265] certaine partie de ce poisson : elle est très agréable à manger, et fort nourrissante.

86. Labrax ou Loup.

Ces poissons, dit Aristote, sont solitaires[266] et carnivores. Ils ont la langue osseuse et adhérente, le cœur triangulaire. [310f] Il dit, liv. 5 des Parties des Animaux : « Qu'ils jettent leurs œufs comme les muges et les dorades, surtout à l'embouchure des rivières. C'est ce qu'ils font en hiver, et deux fois. »

Selon Icésius, les loups de mer ont un bon suc, sans être très nourrissans : ils ne passent pas trop aisément ; mais leur saveur les fait mettre au premier rang parmi les poissons. On a nommé ce poisson loup, à cause de sa voracité. On le dit le plus intelligent de tous ces poissons, et le plus attentif à sa conservation. Voilà pourquoi Aristophane le comique a dit :

[311a] « Le loup, le plus fin de tous les poissons. »

Alcée, le poète lyrique, dit

« Qu'il s'élève, en nageant, à la superficie[267] de l'eau. »

Mais voici ce qu'en dit le docte Archestrate :

« Lorsque tu iras à Milet, achète un muge, ou un capiton de Geson, ou un loup, cet enfant des dieux ! car ces poissons y sont excellents, et c'est au lieu même qu'ils doivent leur qualité. Il en est nombre d'autres plus gras dans l'illustre Calydon, dans la riche Ambracie, et dans l'étang de Bolbe; mais ils ont une graisse qui n'a ni l'odeur agréable, ni la saveur piquante des autres; [311b] car, à mon avis, ces premiers sont les délices mêmes par leur bonne qualité. Pour les manger bien tendres, fais-les rôtir entiers avec leurs écailles, et sers-les dans une sauce faite avec de la saumure.[268] Gardez-vous de prendre, pour faire ce plat, ou un Sicilien, ou un Italien, car ils ne savent pas assaisonner les poissons de manière à les faire manger avec plaisir ; [311c] mais ils gâtent tout, en y mettant maladroitement du fromage, ou en l'arrosant de vinaigre, ou de leur infusion saumâtre de silphium. Mais ce sont les plus habiles, pour bien, accommoder tout, ce méchant fretin saxatile, et pour préparer proprement nombre de petits plats qui accompagnent les services, et toutes ces friandes bagatelles pâteuses. »

87. Aristophane rappelle les loups de Milet comme étant excellents. [311d] Voici ce qu'il en dit, dans ses Cavaliers :

« Après avoir[269] mangé des loups de Milet, tu n'y causeras pas de trouble. »

Il dit, dans ses Lemniènes:

« N'achète ni une hure de loup, ni une langouste, »

voulant faire entendre que la cervelle des loups de mer est excellente et chère comme celle des glauques. Eubule dit, dans ses Nourrices:

« Fais les choses,[270] non avec un luxe somptueux, mais proprement : qu'il y ait un nécessaire honnête; de petites sèches, de petits calmars, de petits bras de polypes, un muge, une vulve de truie, des intestins, du premier lait épaissi, une belle hure de loup marin. »

Geson, dont Archestrate a fait mention, est un étang qui porte ce nom, situé [311e] entre Priène et Milet, et qui communique avec la mer, comme Néanthe de Cyzique le rapporte dans le liv. 6 de ses Helléniques. Ephore dit, dans son cinquième livre, que Geson est un fleuve des environs de Priène, et qui se décharge dans l'étang. Archippe parle des loups marins, dans sa pièce intitulée les Poissons, et dit:

« Hermée, ce scélérat poissonnier Egyptien, écorchant les anges et les chiens de mer, malgré les acheteurs, vide aussi les entrailles des loups marins en les vendant. »

88. Latos.

Archestrate dit que le latos[271] des environs de l'Italie est excellent. [311f] Voici le passage :

« Le détroit de Scylla contient dans ses eaux, qui baignent l'Italie couverte de bois, le fameux latos qui est un manger admirable. »

Les latos qu'on trouve dans le Nil sont quelquefois assez grands pour peser plus de deux cents livres. Ce poisson qui est très blanc, est aussi excellent accommodé de toute manière. Il ressemble au glanis qu'on pêche dans le Danube. Le Nil fournit aussi nombre d'autres espèces de poissons, et tous très bons, surtout des espèces de coracins; [312b] car celles-ci sont très variées. On y trouve en outre de ceux qu'on appelle mæotes, et dont Archippus a fait mention dans ce passage :

« Les Mæotes, les saperda et les glanis. »

Il a y aussi dans le Pont quantité de poissons de ce nom, et qui ont été ainsi appelés du Palus mœotis. Quant aux autres poissons du Nil,[272] si je m'en souviens encore depuis nombre d'années que j'en suis dehors, ce sont la torpille, qui est un manger très délicat, le porc, le simus ou camard, le pagre, l’oxirinque, l’allabees, le silure, le sinodon, l’eleootris, l'anguille, l'alose, la brème, la typhlée, le lépidoot, la physe, le muge. Il y en a encore beaucoup d'autres.

89. Leiobatos : Raie-lisse.

(Ce poisson se nomme aussi rhinee,[273] ou lime, ange). La chair en est blanche, comme le dit Epænète, dans son Art d'assaisonner. Platon le comique dit, dans ses Sophistes :

« Quand ce serait un chien de mer, une raie-lisse, ou une anguille. »

 

Chap. XVIII.

90. Murènes.

La murène et l'anguille peuvent demeurer longtemps hors de l'eau, parce que leurs ouïes étant petites ne demandent que peu d'humidité. C'est ce qu'assure Théophraste,[274] dans le liv. ou ch. 5 concernant les Poissons qui peuvent demeurer sur et en terre. [312c] Selon Icésius, les murènes sont aussi nourrissantes que les anguilles, et même que les congres. Aristote rapporte, dans son liv. 5 des Parties des Animaux, que l'accroissement de la murène est fort rapide; qu'elle a la denture en forme de scie, et qu'elle jette de petits œufs en toutes saisons.

Epicharme écrit ce mot sans s dans ses Muses, et appelle ces poissons myrènes. Voici le passage :

« Ni un morceau de congres épais, ni de murènes. »

Sophron parle de même. Platon le comique ou Cantharus, dans sa Confédération, écrit ce mot avec s.

« Il y a de la raie et de la smyrène. »

[312d] Dorion, dans son Traité des Poissons, dit que la murène fluviatile a une seule épine, semblable à celle du petit âne de mer appelé callarias.[275] André dit, dans son ouvrage sur les Animaux qui mordent, que la morsure des murènes nées de l'accouplement de ces poissons avec un serpent, est mortelle : or, selon lui, cette espèce est plus petite, ronde et tachetée. Voici ce qu'en dit Nicandre, dans son poème sur les Animaux venimeux :

« Mais souvent la terrible murène, sortant du vivier, vient en courroux se jeter sur les pêcheurs insidieux,[276] les oblige de se précipiter de leurs barques, et de se sauver dans les ondes, l'on d'un côté, l'autre de l'autre ; car on assure[277] que, quittant la mer, [312e] ce poisson va sur terre s'accoupler avec les vipères venimeuses. »

André, dans son ouvrage sur les choses que l'on croit contre toute vérité, soutient qu'il est faux que la murène s'accouple avec la vipère, en passant dans des endroits marécageux; car, dit-il, la vipère ne va jamais chercher sa pâture dans des marais; elle aime, au contraire, des lieux déserts, où elle supporte même longtemps la faim; mais Sostrate, qui a écrit un ouvrage en deux livres sur les animaux, croit cet accouplement vrai.

91. Myre ou Murène mâle.

Mais le myre[278] est différent de la murène, selon Aristote, liv. 5 des Parties des Animaux: [312f] celle-ci est tachetée, et a moins de force; celui-là, au contraire, a la peau lisse;[279] il est plus fort : sa couleur est semblable à celle du hochequeue.[280] Il a des dents rentrantes et prominentes. Selon Dorion, le myre n'a pas d'arête dans sa chair; mais on peut le manger entier, et il est extrêmement tendre. Il y en a, dit-il, deux espèces, savoir, de noires, et d'autres qui tirent sur le roux-brun ; mais les meilleures sont celles qui tirent sur le noir. Archestrate, ce Sage voluptueux, parle ainsi de la murène :

[313a] « Si tu vois une murène prise entre l’Italie et le détroit battu par les flots, achète-la, car ce poisson, qu'on nomme aussi plootee, est un manger délicieux. »

92. Mendoles.

Icésius dit qu'elles ont un meilleur suc que les goujons ; mais qu'elles ne flattent pas tant le palais : que du reste elles favorisent les selles. Selon Speusippe, liv. 2 des Choses Semblables, le bogue et les gerres sont analogues à la mendole. [313b] Epicharme fait mention de ces deux premiers dans la Terre et la Mer.

« Quand tu verras beaucoup de bogues et de gerres. »

Epænète, dans son Art d'assaisonner, dit : « Les gerres, poisson que quelques-uns appellent kynos euna[281] ou lit de chien. Antiphane, dans son Rustre ou son Butalion, appelle les mendoles manger[282] d'Hécate, à cause de leur petitesse.[283] Voici le passage :

« A. Oui, je regarde tous ces grands poissons comme anthropophages. B. Que dis-tu anthropophages, mon ami? Comment ! un poisson mange-t-il des hommes? [313c] A. Voilà justement pourquoi ces mendoles et ces barbillons sont un manger d'Hécate, comme l'a dit quelqu'un. »

Il y a une espèce de mendole qu'on appelle leuco-mœnide ou mendole blanche : d'autres lui donnent le nom de bogue. Polyochus dit, dans son Corinthiaste :

« Fais en sorte que personne ne vienne te persuader d'appeler les bogues leucomenides, je t'en conjure. »

93. Oblade, ou Melanure.

Numénius dit, dans son Traité de la Pêche : [313d] « Le scorpion, ou l'oblade qui conduit les perches. » Selon Icésius, l'oblade est semblable au sarge, mais elle lui cède pour la qualité de son suc, et le charme de la saveur ; elle est même un peu obstructive, et peu nourrissante. Epicharme en a fait mention dans ses Noces d'Hébé :

« Il y avait des sargins et des oblades. »

Aristote, dans son ouvrage sur les Animaux, s'exprime ainsi : « Parmi les poissons, l'oblade et le sarge sont marqués de taches vers l'origine de la queue ; on leur remarque plusieurs raies, et même de noires.

Mélanderin.[284]

Il dit qu'il est semblable [313e] au mélanure ; mais Speusippe, liv. 2 des Choses semblables[285] ……Celui qui est appelé psyros, que Numénius nomme psoros, ainsi :

« Ou le psoros, ou les saupes, ou la vive de rivage. »

94. Mormyre : Morme.

Ce poisson est très nourrissant, selon Icésius. Epicharme l'appelle myrme, si cependant ce n'est pas un poisson différent qu'il indique. Voici le passage :

« Des hirondelles[286] de mer, des myrmies, des porcs de mer qui sont plus grands que les cogoils. »

Dorion les nomme mormyles, dans son Traité des Poissons. [313f] Lyncée de Samos parle ainsi dans son Art de la cuisine, qu'il a dédié à certain ami qui n'achetait que difficilement : « Ceux qui attendent avec impatience le bon marché, ou qui ne veulent pas convenir du prix avec le poissonnier, feront bien de déprécier les poissons qui sont devant eux, en répétant ce qu'a dit Archestrate dans son Hédypathie, ou tout autre poète : »

« Le mormyle de rivage est un mauvais poisson, et jamais on ne le trouve bon. [314a] Achète le boniton en automne (mais nous sommes au printemps). Achète le muge lorsque l'hiver est venu ; il est alors admirable (mais nous sommes en été). »

Et plusieurs autres propos semblables. Par ce moyen, vous écarterez la plupart de ceux qui sont là pour acheter, et vous forcerez le poissonnier de recevoir le prix que vous lui en offrirez.

95. La Torpille.

Platon le comique, ou Cantharus, dit, dans sa Confédération :

« La torpille est un manger délicat. »

Mais on lit dans le Menon de Platon le philosophe : « Tu me parais ressembler beaucoup à la torpille ; car elle engourdit ceux qui la touchent. »

[314b] On lit aussi le mot narkân, engourdir, dans Homère :

« Il lui engourdit la main depuis le poignet. »

Ménandre a écrit narka pour narkee, dans son Phanos ou Lanterne, ce qu'aucun ancien n'avait fait avant lui :

« Certaine stupeur (narka) me passa par toute la peau. »

Selon Icésius, la torpille est assez peu nourrissante, a peu de suc ; mais on y trouve une substance cartilagineuse généralement répandue, et dont l'estomac s'accommode assez bien. La torpille se cache sous terre, selon ce que dit Théophraste, dans son Traité sur les Animaux qui se retirent dans des trous pour éviter le froid ; [314c] mais dans ce qu'il a écrit sur les animaux qui mordent ou qui piquent, il assure que la torpille transmet sa vertu par les bois,[287] et les tridents, et engourdit les mains de ceux qui les tiennent. Cléarque de Soli en a détaillé la cause dans son Traité de la Torpille (ou stupeur), mais comme ils sont un peu longs, je les ai oubliés, et je vous renvoie au traité même.

La torpille, comme le dit Aristote, est un des sélaques ou poissons cartilagineux et vivipares. Elle chasse les petits poissons, les prend en les engourdissant et leur ôtant tout mouvement, pour en faire sa nourriture ; [314d] mais Diphile de Laodicée assure, dans ses Commentaires sur les Thériaques de Nicandre, que la vertu stupéfiante de la torpille ne réside pas dans tout le corps de l'animal, et qu'il a connu, par des expériences réitérées, que ce n'est qu'une partie qui cause cette stupeur. Voici l'assaisonnement d'Archestrate :

« Et la torpille bouillie dans l'huile, ou même dans le vin, en y joignant des herbes odorantes et un peu de râpure de fromage. »

Alexis écrit, dans sa Galatée :

« Faire rôtir toute entière une torpille, comme on dit, assaisonnée de toutes sortes d'ingrédients. »

Et, dans son Démétrius:

« Ensuite je pris une torpille,[288] voulant [314e] que ma femme ne fut piquée d'aucune épine, si elle y portait ses doigts délicats. »

96. L'Espadon.

Selon Aristote, ce poisson a la mâchoire inférieure petite, et la supérieure osseuse, grande et de la longueur même de tout son corps:[289] or, c'est cela qu'on appelle l'épée ; mais il n'a pas de dents.[290] Archestrate en parle ainsi :

« Mais lorsque tu seras venu à Byzance, prends un tronçon salé d'espadon, et de la vertèbre qui est près de la queue. Il n'est pas moins recommandable [314f] dans le détroit de Sicile jusqu'aux flots qui se portent au cap Pélore. »

Or, quel tacticien a jamais mieux su l'art de ranger une armée, que cet homme des plats? qui a su juger des qualités des poissons aussi scrupuleusement que cet homme de Gela, ou pour mieux dire que ce poète Catagélaste;[291] lui qui parcourut si attentivement tout le détroit par le pur motif de friandise, examina les qualités de chaque partie des poissons, en éprouva tous les sucs, comme s'il avait à poser les principes d'une doctrine des plus utiles pour la vie?

97. [315a] Orphoos. Orphe.

On écrit aussi ce mot orphos, avec o bref à la finale, comme l'écrit Pamphile. Aristote, parlant de l'accroissement rapide des poissons, dans son cinquième livre sur les Animaux,[292] dit que l'orphe (orphoos) devient promptement grand, de petit qu'il était. Il est carnivore, a les dents en forme de scie, et d'ailleurs il vit isolé. Il y a ceci de particulier dans ce poisson, qu'on n'en aperçoit pas les conduits spermatiques, et qu'il peut vivre assez de temps, même, après avoir été coupé par morceaux. C'est un de ceux qui se cachent dans des trous pendant les jours de l'hiver : il se plaît plus près de terre qu'en pleine mer, [315b] et ne vit guère que deux ans. Numénius :

« Par ce moyen, vous enlèverez facilement le long scorpion, ou l'orphe à peau rude. En effet, sur la cime de ces[293] …………. »

Et ailleurs:

« Les glauques,[294] ou la gent marine des orphes, ou le merle de couleur noire. »

Dorion dit que quelques-uns appellent orphacin le jeune orphe.

Archippe écrit, dans ses Poissons :

« Car il leur vint un orphe prêtre[295] du dieu.

Cratinus dit, dans ses Ulysses :

« Un tronçon salé d'orphe, et tout chaud. »

On lit, dans le Cléophon de Platon le comique:

[315c] « Car il t'a placée dans sa maison, toi vieille, comme un morceau pourri qui doit servir de pâture aux orphes, aux selaques et aux pagres. »

Aristophane dit, dans ses Guêpes :

« Si quelqu'un achète des orphes, et ne veut pas de membrades. »

Les Attiques mettent l'accent aigu sur la finale du mot orphoos, au nominatif singulier, comme on le voit dans le vers cité d'Archippus ; mais Cratinus en use de même au génitif, comme dans le passage cité plus haut, de ses Ulysses.

98. Orcyn ou le Thon le plus grand.

Dorion écrit, dans son Traité des Poissons : « Les orcyns viennent de la mer voisine des colonnes d'Hercule dans la nôtre : voilà pourquoi on en prend beaucoup dans la mer d'Espagne [315d] et celle de Toscane; c'est aussi de là qu'ils se dispersent dans l'autre mer. »

Selon Icésius, ceux qu'on prend dans le golfe de Cadix sont les plus gras ; ensuite, ceux qu'on pêche en Sicile ; mais ceux qu'on prend loin des colonnes d'Hercule, sont maigres, parce qu'ils ont eu plus d'espace à franchir. On sale séparément à Cadix les clavicules de ce poisson, de même que les mâchoires et les voiles du palais des antacées,[296] et c'est de ces poissons qu'on fait les salines appelées mélandryes. [315e] Selon Icésius, leurs bas-ventres, qui sont fort gras, l'emportent sur les autres parties par leur saveur agréable, excepté les clavicules[297] qui flattent encore plus le palais.

99. Onos ; Oniskos[298] (Anes de mer).

« L'âne de mer, dit Aristote, dans son Traité des Animaux, a la bouche très fendue, comme les musteles,[299] et il n'est pas grégale. C'est le seul poisson qui ait le cœur dans le bas-ventre, et, dans la cervelle, des pierres semblables, pour la forme, à des meules. C'est aussi le seul qui se cache dans des trous, pendant les jours caniculaires; car les autres poissons ne se cachent que dans le fort de l'hiver.

Epicharme en fait mention [315f] dans ses Noces d'Hébé:

« Des serrans à bouche très béante,[300] des ânes de mer à ventre très prominent.[301] »

L’onos est un poisson différent de l’oniskos,[302] selon ce qu'écrit Dorion, dans son Traité des Poissons, où il s'exprime ainsi : « L’onos, que quelques-uns appellent gados; le galleridas, que quelques-uns nomment oniskos, et même maxeinos. » Euthydème dit, dans son ouvrage sur les Salines ou Poissons salés : « Les uns l'appellent bacchos,[303] les autres gelariees ; mais d'autres onisque. » Voici ce qu'Archestrate en dit :

[316a] « Anthédon nourrit l'âne de mer qu'on appelle callarias, grand poisson ; mais il a une chair spongieuse qui n'est pas agréable[304] pour moi, mais .... car l'un aime certaines choses, un autre d'autres. »

 

100. Chap. XIX.

Polype.

Les Attiques disent polypous,[305] de même qu'Homère.

« Comme il s'attache beaucoup de petites pierres aux bras d'un polype tiré hors de son trou. »

Ce mot est formé selon les règles de l'analogie ; car il vient de pous, génitif podos, pied; mais on dit à l'accusatif polypoun, comme alkinoun, oidipoun (Alcinoüs, Ulysse). [316b] Eschyle a dit tripoun lebeeta, une marmite à trois pieds, dans son Athamanie, le prenant du simple pous, comme nous, esprit : mais si l'on écrit polypos, c'est la forme æolique, car les Attiques disent polypous, Aristophane dit, dans son Dœdale :

« Ayant des polypes (polypous) et des sèches. »

Dans un autre passage :

« Il me servit le polype (polypoun).

Et ailleurs:

« C'est ce qu'on appelle être battu comme un polype qu'on attendrit (Polypou, etc. au génitif). »

Alcée dit, dans ses Sœurs prostituées :

« C'est un fou, qui n'a pas plus de sens commun[306] qu'un polype. »

Ameipsias écrit, dans son Vorace :

« J'ai besoin, comme il me semble, de-beaucoup de polypes. »

[316c] Platon le comique dit, dans son Enfant :

« Toi, d'abord, comme les polypes (polypodas). »

Alcée écrit :

« Je me ronge comme un polype.[307] »

Mais d'autres disent polypoda à l'accusatif, conformément à pous, podos, podi, poda : Eupolis dit, dans ses Bourgades:

« Un homme[308] qui gère les affaires publiques doit, dans sa conduite, imiter le polype. »

101. Dioclès dit, dans le premier livre des Choses Salubres, que les mollusques sont bons pour le plaisir de la table et du lit, surtout les polypes. Aristote[309] rapporte que le polype a huit pieds, dont deux en haut, et en bas sont les plus petits. Il a les suçoirs doubles, et c'est parleur moyen qu'il approche de soi sa nourriture. [316d] Ses yeux sont au-dessus de deux de ses pieds, et il a la bouche ou le bec et les dents entre les pieds[310] et au milieu. Si on l'ouvre, on voit qu'il a la cervelle partagée en deux. Il a aussi la liqueur qu'on appelle tholos:[311] elle n'est pas noire comme celle qu'a la sèche ; mais rouge, et en réserve dans ce qu'on appelle le mecon.[312] Ce réservoir est situé au-dessus de l'estomac, comme une vessie; mais le polype n'a pas de viscère analogue.[313] Le polype mange, selon qu'il en trouve, les poissons des petits coquillages, jetant les écailles hors de son nid ; [316e] et c'est par là même que les pêcheurs le découvrent. Il embrasse sa femelle lorsqu'il s'accouple, et il demeure longtemps accouplé,[314] parce qu'il n'a pas de sang. La femelle jette ses œufs par ce qu'on nomme physeter, ou évent, qui lui sert d'entrée pour l'accouplement:[315] elle les jette en forme de grappes.[316]

102. On dit que le polype se mange lui-même, lorsqu'il manque d'aliment.

Phérécrate, le comique, est un de ceux qui l'assurent; car il dit, dans sa pièce intitulée les Campagnards :

« Vivre de cerfeuil sauvage,[317] de plantes champêtres et de strabèles, mais lorsqu'ils ]316f] ont grand faim, ils se rongent les doigts, comme les polypes, pendant la nuit. »

Diphile dit, dans son Trafiquant:

« C'est un polype[318] qui a tous ses filets dans leur intégrité, et qui, ma chère ! ne s'est pas rongé. »

Mais il est faux que le polype se mange. S'il est mutilé de ses pieds, c'est par le congre qui le poursuit. On croit qu'en répandant du sel devant son nid, il en sort aussitôt. On rapporte aussi qu'il change de couleur, lorsque la crainte le fait fuir, et qu'il prend[319] celle du lieu [317a] où il se cache, comme le dit Théognis de Mégare, dans ses Elégies :

« Aie l'esprit du polype rusé ; il paraît de la même couleur que la pierre de laquelle il s'approche. »

Cléarque raconte la même chose, dans son second livre des Proverbes, où il cite ces deux vers, sans dire de qui ils sont :

« Mon fils, héros amphiloque, aie l'esprit du polype pour sympathiser [317b] avec ceux chez le peuple desquels tu te trouveras. ».

103. Autrefois, dit le même Cléarque, il n’était pas permis de pêcher, aux environs de Trézène, le polype nommé sacré, ni le polype rameur;[320] mais on s'abstenait d'y toucher, de même qu'à la tortue de mer.

Le polype périt toujours de dessèchement, et est fort étourdi ; car il vient à la main de ceux qui veulent le saisir, et quelquefois même il ne se sauve pas lorsqu'il est poursuivi. Les femelles se dessèchent et tombent en langueur après avoir jeté leurs œufs : voilà pourquoi on les prend facilement.

On a quelquefois vu les polypes quitter l'eau pour rôder sur terre, surtout dans les endroits raboteux ; [317c] car ils évitent les surfaces lisses. Ils se jettent volontiers sur les végétaux, particulièrement sur l'olivier, et souvent on en a trouvé qui en embrassaient les troncs de leurs bras. Cléarque raconte, dans son Traité des Animaux aquatiques, qu'on en a même surpris embrassant des figuiers qui croissaient près de la mer, et mangeant les figues.

Mais voici une expérience qui prouve que le polype aime l'olivier. Plongez une branche de cet arbre en mer, dans un endroit où il y a des polypes ; tenez-la ainsi dans l'eau peu de temps, [317d] vous en tirerez autant que vous voudrez, et sans peine, attachés à la branche qu'ils embrassent. Ces mollusques ont les parties du corps très fortes, à l'exception du col[321] qui est très faible.

104. On dit que le mâle a une espèce de membre génital dans un de ses filets ou bras, auquel on aperçoit deux grands cotylédons.[322] Cette verge est (supposée) nerveuse, et attachée jusqu'à la moitié du bras. Aristote dit encore, liv. 5 des Parties des Animaux,[323] que le polype s'accouple en hiver, et jette ses œufs au printemps : il se tient caché pendant deux mois. C'est un animal très fécond.

[317e] Le mâle diffère de la femelle en ce qu'il a la tête plus allongée, et par la verge, que les pécheurs lui supposent dans son bras. Il couve ses œufs[324] lorsqu'il les a jetés : voilà pourquoi ces mollusques sont fort mauvais pendant ce temps-là. Il jette ses œufs ou dans son lit, ou dans une coquille, ou dans toute autre chose creuse semblable. Cinquante jours après, il sort des œufs nombre de petits polypes, qui ressemblent à de petites araignées. La femelle du polype[325] tantôt se tient sur ses œufs, tantôt s'arrête à l'entrée de son lit, ramenant ses filets sur elle-même.

[317f] Théophraste (dans ce qu'il a écrit sur les animaux qui changent de couleur) dit que le polype prend la couleur surtout des lieux pierreux[326] il s'arrête. C’est ce que ces mollusques font par crainte, ou pour se conserver. Le même, dans son Traité concernant les Animaux qui vivent sur terre, dit que les polypes ne peuvent pas admettre l'eau de la mer. Le même dit, dans son ouvrage sur les différences qui résultent des lieux, qu'il n'y a pas de polype sur les côtes de l'Hellespont, parce que cette mer est froide, et moins salée ; deux circonstances contraires aux polypes.

105. Le nautile,[327] comme on l'appelle, n'est pas un polype, selon Aristote; quoiqu'il lui soit analogue quant à ses filets,[328] son dos est une coquille testacée.[329] Il s'élève du fond de l'eau, [318a] et renverse sa coquille sur lui, afin de ne pas prendre d'eau de la mer ; puis la retournant en sens contraire, il navigue. Pour cet effet, il porte deux de ses filets en haut, tendant ainsi la membrane mince qui se trouve entre ces deux filets auxquels elle est adhérente, comme les oiseaux palmipèdes en présentent une coriace entre leurs doigts. Quant aux deux autres filets, il les descend dans la mer pour s'en servir comme de gouvernails. S'il voit quelque chose s'avancer, la crainte lui fait contracter ses pieds; il remplit sa coquille, et descend promptement au fond de la mer.[318b]  Le même dit dans son Traité des Animaux et des Poissons : « Il y a un polype change-couleur, et un autre nautile ou navigateur ».

106. On produit çà et là une épigramme de Callimaque de Cyrène sur ce nautile : en voici la teneur.

« Zéphyritis,[330] je suis une ancienne conque ; mais toi, Vénus ! reçois-moi nautile, première offrande de Sélène. Je naviguais sur les ondes, lorsqu'il y avait du vent, tendant ma voile avec mes propres cordages : mais s'il régnait un calme serein, ô déesse ! j'étais occupé tout entier à ramer[331] [318c] avec mes pieds, comme mon nom (nautile) le porte lui-même. Le hasard m'a jeté sur les côtes de Julide, ô Arsinoé ! afin que je devinsse un joujou des plus brillants pour toi. Que la cruelle Alcyone ne ponde plus pour moi, dans son nid, comme auparavant ; car je ne respire plus : mais accorde ta faveur à la fille de Clinias; elle sait faire[332] de bonnes choses, elle qui est de Smyrne, ville d'Eolie. »

[318d] Posidippe a écrit l'épigramme suivante sur cette Vénus honorée dans le Zephyrium.[333]

« Rendez-vous propice, sur le fleuve (le Nil), sur terre et sur mer, ce temple de Vénus Arsinoé, épouse de Philadelphe : c'est Callicrate, amiral, qui le premier a consacré cette reine sous ce nom, sur le promontoire Zéphyrion. Elle vous donnera une heureuse navigation ; et si vous l'invoquez au milieu de la tempête, elle aplanira[334] la vaste surface de la mer. »

Ion le tragique fait aussi mention du polype [318e] dans son Phoenix :

« Je hais le polype qui s'attache aux pierres avec ses filets privés de sang, et qui change de couleur. »

107. Il y a différentes espèces de polypes, l’hélédone, la polypodène,[335] la bolbotine et l'osmyle, comme le rapportent Aristote et Speusippe. On lit, dans le Traité des Animaux d'Aristote, que les polypes,[336] l’osmyle, l’hélédone, la sèche et le calmar sont des mollusques. Epicharme écrit, dans ses Noces d'Hébé:

« Les polypes, et les sèches, et les calmars[337] volants, et la fétide bolbitis, des pulpes épaisses[338] d'entrailles de mollusques. »

[318f] Archestrate dit :

« Les polypes sont excellents à Thase et dans la Carie. Corfou en produit aussi nombre de très grands. »

Les Doriens écrivent la première syllabe par un o long, comme poolypoun qui se trouve dans Epicharme : Simonide a dit de même :

« Cherchant un polype, poolypon. »

Mais les Attiques disent polypous par o bref.[339] Les chiens de mer appartiennent aux selaques ou cartilagineux ; les polypes et les calmars sont du genre qu'on appelle mollusques.

 

108. [319a] Chap. XX.

Pagures ou Crabes.

Timoclès en a fait mention, de même que Xénarque, dans sa Pourpre. Voici ce qu'il dit :

« Ensuite, moi, pêcheur si habile, qui ai imaginé tant de ruses pour prendre les crabes haïs des dieux et des petits poissons, je ne pourrais pas me saisir aussi d'une vieille sole ! Cela serait bien honorable pour moi ! »

109. Pélamide.

Phrynicus en parle dans ses Muses. Aristote dit, dans le liv. 5 des Parties des Animaux : La pélamide, et le thon femelle[340] jette ses œufs dans le Pont; et non ailleurs. Sophocle les rappelle aussi dans ses Bergers.

[319b] « Ensuite la pélamide va passer l'hiver ailleurs.[341] Habitant de l'Hellespont, en été, elle revient de très bonne heure dans le Bosphore où elle se rassemble en très grand nombre. »

110. Perches.

Dioclès en fait mention, de même que Speusippe, dans son second livre des Choses semblables, où il dit que la perche, le serran et la tanche marine, sont des poissons analogues. Epicharme dit :

« Des gerres,[342] des chiens de mer, des muges et des perches de diverses couleurs. »

Numénius écrit, dans son poème sur la Pêche :

« Tantôt des perches, tantôt des tanches pêchées autour des roches des Strophades,[343] [319c] l'alpheste et la scorpène qui a du rouge dans ses couleurs. »

Phykis : Tanche marine.

Epicharme la rappelle dans ses Noces d’Hébé. Speusippe et Numénius en font mention, comme je viens de le dire en les citant. Aristote dit, dans son Traité des Animaux, que la phykis est garnie d'épines,[344] et qu'elle a les couleurs variées. La perche est du nombre des poissons qui ont diverses couleurs, et des lignes obliques. Il y a un proverbe qui dit : « La perche suit l'oblade. »

111. Rhaphides : Aiguilles.

Epicharme en fait mention :

[319d] « Les aiguilles à bec aigu, et les lampuges. »

Dorion dit, dans son Trailé des Poissons, la belonee, aiguille, qu'on appelle raphis. Aristote l'appelle belonee[345] dans son liv. 5 des Parties des Animaux ; mais il la nomme raphis, dans son Traité des Animaux ou des Poissons,[346] et dit qu'elle n'a pas de dents. Speusippe l'appelle aussi belonee.

112. Rhince : l'ange de mer, créæ.

Dorion dit, dans son Traité des Poissons, que les anges sont excellents à Smyrne, et qu'en général les poissons cartilagineux de ce golfe sont très bons; mais Archestrate en parle ainsi :

« Quant aux sélaques, la vénérable Milet[347] en a d'excellents. [319e] Cependant il faut aussi faire cas de l'ange, ou de la raie lisse, à large dos. Néanmoins je mangerais volontiers d'un lézard de haies, rôti, sortant du four, et qui est un délice pour les Ioniens. »

113. Scare.

Selon Aristote, ce poisson a les dents[348] en forme de scie : il vit isolé, et est Carnivore. Il a la bouche petite, la langue assez dégagée, le cœur triangulaire, le foie blanc, et divisé en trois lobes, [319f] le fiel et la rate noire; les ouies composées de deux lames, l'une double, l'autre simple.[349] C'est le seul des poissons[350] qui rumine. Il vit d'algue, et c'est avec cet appas qu'on le prend. Il est à son vrai point en été. Epicharme dit, dans ses Noces d’Hébé :

« Nous péchons des spares et des scores, dont il n'est même pas permis aux dieux de jeter les excréments.[351] »

[320a] Seleucus de Tarse dit, dans son Halieutique, que le scare est le seul poisson qui (ne) dorme (point),[352] voilà pourquoi on n'en prend pas la nuit ; mais peut-être est-ce parce que ce poisson, trop craintif, se tient en garde contre la surprise.

Archestrate écrit, dans sa Gastronomie :

« Procure-toi le scare d’Éphèse; mais, en hiver, mange le surmulet pris à Tichionte, bourgade de Milet, située dans un terrain aride, près des Cariens qui ont des membres ramassés.[353] »

Il dit, dans un autre endroit :

[320b] « Fais rôtir le grand scare à Calcédoine,[354] qui est de l'autre côté de la mer, après l'avoir lavé;[355] mais tu en verras de très bon à Byzance, et qui, pour la largeur, a le dos égal à un bouclier rond. Arrange-le donc ainsi tout entier, lorsque tu l'auras: lorsqu'il sera bien enduit de fromage et d'huile, suspends-le dans un four bien chaud, et fais-le ensuite bien rôtir. Répands-y du sel broyé, avec du cumin et de l'huile, versant de ta main, comme si tu puisais à une fontaine[356] où préside une divinité. »

[320c] Nicandre de Thyatire[357] dit qu'il y a deux espèces de scares, dont l'un se nomme onias, l'autre aiolos.

114. Sparallon.

Icésius dit que ce poisson est d'un meilleur suc que les mendoles, et plus nourrissant que beaucoup d'autres. Epicharme écrit, dans ses Noces d'Hébé:[358]

« Agité près de là, au milieu des flots, sur des vaisseaux phéniciens et des esquifs, il chante ceci tout joyeux. — Nous péchons des spares et des scares, dont il n'est pas permis aux dieux de jeter les excréments. »

Numénius dit, dans son Halieutique :

[320d] « Ou un spare, ou des girelles[359] qui vont en troupe. »

Dorion parle aussi du spare, dans son Traité des Poissons.

115. Scorpion, ou Scorpène.

Dioclès, dans le premier livre des Choses salubres (ouvrage qu'il adresse à Plistarque), dit que les chairs des jeunes poissons ont trop de sécheresse, comme celles des scorpènes, des rougets-grondins, des plies, des sarges, le maquereau, le trachure;[360] mais que les surmulets l'ont moins sèche, car ces poissons-ci ont la chair plus molle, et sont saxatiles.

Selon Icésius, il y a la scorpène de haute mer, et celle des lagunes. La première est rousse, la seconde noirâtre. [320e] La première l'emporte par sa saveur et par sa qualité nutritive. Les scorpènes[361] sont détersives, passent facilement, ont beaucoup de suc, et nourrissent bien, car elles sont cartilagineuses. Ce poisson fraie[362] deux fois, comme dit Aristote, au livre 5 des Parties. Numénius écrit, dans son Halieutique :

« Des tanches (phykidas), l'alpheste et la scorpène de couleur rouge, ou l'oblade qui conduit les perches. »

Aristote, dans son Traité des Animaux ou des Poissons, dit que la scorpène pique.[363] Epicharme écrit, dans ses Muses, que ce poisson a les couleurs variées.

[320f] « Les scorpènes bigarrées, les glauques et les lézards marins gras. »

Ce poisson vit isolé, et se nourrit d'algue. Aristote fait mention des scorpioi, et des scorpides, en différents endroits du liv. 5[364] des Parties des Animaux. Il est incertain s'il entend parler du même poisson ; mais nous avons mangé de la rascasse (scorpiaina) et des scorpènes (scorpioi) même assez souvent : or, personne n'ignore que les sucs et les couleurs de ces poissons diffèrent. Le grand cuisinier Archestrate en parle ainsi dans ses Vers dorés:[365]

[321a] « Achète, à Thase, une scorpène, si elle est moins longue que du coude à l'extrémité du poing fermé;[366] mais garde-toi d'en prendre une grande. »

116. Scombros : Maquereau.

Aristophane le rappelle dans sa Géryiade. Icésius dit que les maquereaux sont très petits, nourrissants,[367] plus succulens que les cogoils, mais qu'ils ne passent pas trop bien. Voici comme en parle Epicharme dans ses Noces d'Hébé :

« Des hirondelles, et des mormes qui sont plus grands que les cogoils et les maquereaux, mais moindres que les thons femelles. »

117. Sargoi : Sarges.

Ces poissons, dit Icésius, sont plutôt obstruants, mais plus nourrissants que les oblades. [321b] Numénius écrit, dans son Halieutique, que le sarge[368] est très rusé pour attraper sa proie :

« Le merle ou la grive de couleur de mer, mais le sarge, poisson qui se lance impétueusement, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et qui frappe violemment les filets. »

Aristote dit, dans le liv. 5 des Parties des Animaux,[369] que ce poisson fraie deux fois; d'abord au printemps, ensuite en automne.

Epicharme écrit, dans ses Noces d'Hébé:

« Si tu veux même (il y avait) des sarges, des chalcides,[370] mais de l'espèce marine. »

[321c] Il compte les sargins[371] parmi les suivants, comme différents du sarge.

« Il y avait des sargins, des oblades, des tœnia estimées, minces, agréables. »

Dorion, dans son Traité des Poissons, nomme aussi, pour cette raison, les sargins comme distingués, et les chalcis, mais voici ce qu'en dit le docte Archestrate :

« Quand, Orion[372] disparaissant du ciel, la mère de la grappe qui porte le vin, se dépouillera de sa chevelure, alors procure-toi un sarge rôti, bien garni de fromage; qu'il soit grand, chaud: arrose-le de bon vinaigre, car ce poisson est naturellement sec; et souviens-toi [321d] d'apprêter ainsi tout poisson qui a la fibre dure. Quant à celui qui est naturellement bon, tendre, et qui a la chair grasse, saupoudre-le seulement de sel, et arrose-le ensuite d'huile ; car il a par lui-même la qualité qui le rend savoureux. »

118. Saupe.

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé :

« Des pagres qui coûtent peu,[373] des loups de mer gras, des saupes qui mangent de la fiente, abominables, cependant qui plaisent en été. »

[321e] Aristote dit que la saupe jette une fois ses œufs, et que c'est en automne, liv. 5 des Parties des Animaux.[374] Elle est marquée de plusieurs lignes rouges; solitaire, et a les dents en forme de scie. Il ajoute que les pêcheurs la prennent à l'appât de la courge, parce qu'elle aime beaucoup cet aliment. Voici ce qu'Archestrate en dit :

« Pour moi, je regarde la saupe comme un manger toujours mauvais; cependant on peut s'en accommoder, surtout lorsqu'on moissonne le blé. Prends-la donc à Mitylène. »

Pancrate écrit, dans ses Travaux de mer :

[321f] « Les saupes qui sont d'une égale grandeur, et que les pécheurs, vivant du produit de la mer, appellent bœufs, parce qu'elles broient toujours sous leurs dents du fucus pour leur ventre. »

C'est un poisson de couleurs variées,[375] et c'est de cette variété de couleurs que les amis de Mnaséas de Locres, ou de Colophon, le surnommèrent la saupe, parce que, dans l'ouvrage qu'il avait composé sous le titre de Jeux, il avait répandu beaucoup de variété. Nymphiodore de Syracuse dit, [322a] dans son Périple d'Asie, que cet ouvrage sur les jeux a été composé par une femme de Lesbos, nommée la Saupe (ou Salpée). Alcime dit, dans son Histoire de Sicile, qu'il y eut dans Messine, ville de cette île un nommé Botrys, qui inventa des jeux semblables à ceux qu'on attribuait à Salpée. Archippe a dit le salpees au masculin, pour la saupe.

« Le bogue fut le héraut, et le salpees sonna de la (salpinx) trompette, ayant pour salaire sept oboles. »

Il y a dans la mer Rouge un poisson semblable à la saupe, et qu'on appelle stromathée,[376] ayant des raies comme dorées, qui s'étendent sur tout son corps, selon ce que dit Philon, dans son ouvrage sur l'art de traiter les métaux.

119. [322b] Synodon : et Synagris.

Epicharme fait aussi mention de ceux-ci:[377]

« Des synagrides plus grandes, et des synodons d'un rouge bigarré. »

Numénius écrit aussi la première syllabe par y.

« Ou un brillant synodon,[378] et des bogues, et des trigkes.[379] »

Il dit ailleurs :

« Péchez avec ces appâts, si vous désirez manger du poisson, soit le grand synodon, soit le lampuge sauteur. »

Mais Dorion écrit sinodon par i à la première syllabe. [322c] Archestrate parle de même, dans ce passage :

« Mais pour le sinodon que tu veux avoir gras, tâche, mon ami, de le prendre au détroit: c'est-là tout ce que je conseille à Cyrus, et à toi, Cleænète. »

Antiphane dit, dans son Archestrate:

« Mais, qui mangera une anguille, ou une hure de sinodon ! »

120. Sauros : Lézard marin.

Alexis fait mention (de cette espèce de maquereau) dans sa Leucée. C'est un cuisinier qui parle ainsi :

« A. Sais-tu comment il faut accommoder le lézard?[380] [322d] B. Oui, quand tu me l'auras dit. A. D'abord ôtes-en les ouïes, lave-le, coupe tout autour ses nageoires, fends-le proprement, et ouvre-le tout entier, imprègne-le bien de silphium, et farcis-le de fromage mêlé avec du sel et de l'origan. »

Ephippus nommant ensuite beaucoup d'autres poissons dans son Cydon, rappelle entre autres le lézard.

« Des tronçons salés de thon, de glanis, de chien de mer, d'ange, de congre, un capiton, une perche, [322e] un lézard, la tanche marine[381] de la petite espèce et de la grande espèce, un tapecon (brinke), un surmulet, un rouget grondin, un pagre, un moyen coracin,[382] un foie marin, un spare varié,[383] une alose, une hirondelle de mer, une squille, un petit calmar, un boulerot, une vive, des aphyes, des aiguilles, des muges. »

Mnésimachus dit, dans son Hippotrophe :

« La torpille, le diable de mer, la perche, le lézard, la petite alose, la tanche de mer, le brinke, le surmulet, le rouget grondin. »

Skepinos.

Dorion le rappelle, dans son Traité des Poissons,[384] et dit qu'on l'appelle aussi attageinos.

121. [322f] Skiaina. Ombre, ou Maigre.

Epicharme écrit, dans ses Noces d'Hébé :

« Il y avait des plootes variées,[385] des soles, des ombrines. »

Mais Numénius nomme ce poisson skiadée, dans ce passage :

« Péchez avec ces appâts» si vous désirez prendre du poisson, soit un grand synodon, ou un lampuge-sauteur, ou un pagre-lophie,[386] ou une ombrine (skiadeea) grégale. »

Syagrides.[387]

Epicharme en fait mention, dans ses Noces d'Hébé [323a] et dans la Terre et la Mer.

 

122. Chap. XXI.

Sphyrainai : Sphyrène ou Spet.

Icésius dit que ce poisson est plus nourrissant que le congre, mais d'une saveur qui ne provoque pas le convive, et désagréable au palais. Il a d'ailleurs un suc médiocrement bon. Dorion dit la sphyrène,[388] que l'on appelle kestra. Epicharme après avoir nommé la kestra, dans ses Muses, n'y parle plus de sphyrènes, faisant entendre que c'est le même poisson :

« Les chalcides, les chiens de mer, les kestra et les perches bigarrées. »

Sophron dit, dans ses Mimes Virils :

« Les kestres dévorent la raie. »

Speusippe, dans son liv. 2 des Choses semblables, présente la kestra ou le spet, l'aiguille et le lézard, comme des poissons analogues. [323b] Les Attiques emploient aussi le plus souvent le mot de kestre, pour désigner ce poisson : rarement ils le nomment sphyrène. Un Athénien, qui est supposé ignorer ce poisson, demande, dans les Macédoniens de Strattis :

« . . . . Mais, qu'est-ce que la sphyrène?[389] »

Un autre répond :

« C'est ce que vous autres Attiques appelez kestra. »

Antiphane dit, dans son Euthydique :

« A. . . . . Voilà bien des sphyrènes. B. Il faut dire kestra, selon les Attiques. »

123. Sèche.

Aristophane dit, dans ses Danaïdes :

« Et cela ayant des sèches et des polypes. »

Philémon dit que comme la pénultième d'aitia est marquée d'un accent aigu, ces mots-ci portent de même cet accent, savoir (scepia,[390] sèche), paidia, enfance; tainia, bandelette; oikia, maison.

Aristote dit que la sèche a huit pieds (ou bras), dont deux placés au-dessous sont les plus grands, ou les deux trompes (proboscides). Entre ces pieds sont les yeux et le bec, où il se trouve deux dents; l'une en haut, l'autre en bas ; ensuite est ce qu'on appelle l'os de sèche, et qui forme le dos. [323d] L'encre est dans la partie qu'on nomme mylis, placée à l'issue de la bouche, en forme de vessie. Elle a le ventre large et lisse, semblable au second estomac du bœuf.

Les petites sèches se nourrissent de petits poissons qu'elles attrapent en tendant leurs trompes, comme autant de lignés de pêcheurs. On dit que lorsqu'il s'élève une tempête, elles saisissent les petites roches avec leurs trompes, et s'y attachent comme avec des ancres. Si la sèche est poursuivie, [323e] elle lâche son encre, à la faveur de laquelle elle se dérobe, faisant semblant de se sauver en avant.[391] On dit que si la femelle est prise avec un trident, les mâles la secourent et la tirent à eux ; mais si les mâles sont pris, les femelles se sauvent. La sèche, comme le polype, ne vit pas deux ans.

Il dit, dans le cinquième livre des Animaux : « Les sèches et les calmars nagent[392] en se tenant accouplés en se tenant accouplés bouche contre bouche, et bras sur bras, opposés l'un l'autre, tenant leur trompe réciproquement ajustée l'une avec l'autre. »

Les sèches sont, entre les mollusques, les premières qui jettent leurs œufs au printemps ; [323f] elles emploient quinze jours à jeter leurs œufs, et ne portent pas en toute saison. Lorsque les femelles ont jeté leurs œufs, le mâle les suit immédiatement, y jette son sperme,[393] et les consolide ensemble. Elles marchent deux ensemble, ou par couple : le mâle est plus bariolé, et a le dos plus noir que la femelle.

124. Epicharme écrit, dans ses Noces d’Hébé :

« Des polypes, des sèches et des calmars volants.[394] »

C'est ce qu'il est bon d'observer contre Speusippe, qui dit que la sèche et le calmar sont semblables.[395] [324a] Hipponacte ayant dit, dans ses ïambes :

« Un hyposphagme de sèche. »

Ses interprètes ont expliqué ce mot par l'encre de la sèche; mais l’hyposphagme est, selon Erasistrate (dans son Art de la Cuisine), ce que l’on appelle hypotrimme. Voici ce qu'il écrit : « l’hyposphagme se fait pour les viandes rôties, de sang bien battu avec du miel, du fromage, du sel, du cumin, du silphium que l'on fait bien cuire[396] en bouillant. » Mais voici ce que dit Glaucus de Locres dans son Art de la Cuisine : « l’hyposphagme est (fait) de sang, de silphium, de bouillon de viande, de miel, de vinaigre, de lait, de fromage et d'herbes aromatiques hachées.[397] »

[324b] Mais le très docte Archestrate dit :

« Mais des sèches à Abdère, et au milieu de Maronée. »

Aristophane écrit, dans ses Thesmophores:

« On a eu au marché quelque poisson, ou une petite sèche. »

Et, dans ses Danaïdes :

« De petits osmyles,[398] de petites mendoles, et de petites sèches. »

Théopompe dit, dans sa Vénus:

« Mais prends et mange cette sèche, et ce petit polype. »

Alexis, dans sa Méchante femme, introduit sur la scène un cuisinier qui parle ainsi sur la manière d'apprêter les sèches :

[324c] « A. ..... Combien les sèches?[399] B. J'en ai trois pour une dragme. D'abord j'en coupe les filets et les nageoires, et je les fais bouillir; ensuite je coupe le reste du corps en plusieurs tronçons : je les saupoudre de sel fin, et pendant qu'on est à table, j'entre, les apportant sur la poêle, toutes pétillantes. »

125. Triglee : Surmulet.

Ce nom grec a la finale en lee, comme kichlee, une grive; car les noms féminins terminés en a veulent deux ll, comme Scylla, Telesilla; [324d] mais dans les noms où il se combine g devant l, la finale est en ee, comme trooglee, un trou; aiglee, splendeur; zeuglee, joug.

Le surmulet, selon Aristote, liv. 5 des Parties,[400] fraie trois fois dans l'année : C'est, dit-il, ce que les pêcheurs conjecturent de ce que le fretin de ce poisson paraît trois fois en certains lieux. Ne serait-ce pas aussi de cette circonstance[401] qu'il aurait eu son nom? C'est ainsi que l’amie, le boniton a eu le sien de ce qu'il ne va pas seul, mais par bandes ; le scare, de skairein, sautiller ; et de même scaris,[402] vermisseau ; aphye, d'aphyees,[403] dans le sens de dysphyees; le thon, de thyoo, se ruer impétueusement, parce que, vers le lever de la canicule, il se lance avec violence et trouble, pressé par l'œstre qu'il a près de la tête.

[324e] Le surmulet a les dents en forme de scie,[404] va en troupe ; il est marqueté partout, et carnivore. Lorsqu'il a frayé trois fois, il ne produit plus;[405] car il s'engendre dans sa matrice de petits vers qui dévorent ses œufs.

Epicharme, vu la circonstance de la forme, appelle les surmulets kyphai,[406] bossus, dans ses Noces d'Hébé. Voici ses termes :

« Çà, des surmulets kyphas et des baions[407] déplaisants. »

Sophron, dans ses Mimes virils, nomme certaines trigoles.

« A la trigole omphalotome.[408] »

En outre:

« Une trigole calme. »

[324f] Le même dit, dans ses Mimes intitulés paidika:[409]

« Tu souffleras les surmulets gras ; mais le dos de la trigole... »

Dans ses Mimes féminins, il écrit:

« Le surmulet barbu.[410] »

Dioclès, dans l'ouvrage qu'il adresse à Clitarque, dit que le surmulet a la chair dure. Speusippe dit que le rouget-grondin, l'hirondelle de mer, le surmulet sont analogues. C'est ce qui fait dire à Tryphon, dans son Traité des Animaux, que, selon quelques-uns, [325a] la trigole est le rouget-grondin, à cause de leur ressemblance et de la dureté de la partie postérieure; dureté que Sophron a indiqué en disant :

« Des surmulets gras, mais le derrière de la trigole ... »

126. Platon dit, dans son Phaon :[411]

« Le surmulet n'est pas favorable pour tendre les nerfs : il est consacré à la chaste Diane; aussi ne dispose-t-il jamais aux ébats amoureux. »

Le surmulet, triglee, est consacré à Hécate, à cause de l'analogie du nom ; car on la nomme aussi triodite et trigleenos : d'ailleurs, on lui en prépare un souper[412] tous les mois, au bout de trois fois dix jours. C'est aussi en conséquence de l'analogie des noms qu'on a consacré le citharus à Apollon, le bogue [325b] à Mercure, le kittos[413] à Bacchus, la phaleris (ou piette) à Vénus, comme Aristophane le dit, dans ses Oiseaux, vu l'analogie du mot phaleris avec le phalle. Quelques-uns donnent à Neptune l'oiseau que nous appelons néetta, canard. Quant à la production marine que nous nommons aphye, ou aphrye, et même aphros, écume, selon d'autres, c'est un poisson très aimé de Vénus, parce que cette divinité est elle-même née de l'écume de la mer.

Apollodore dit, dans son ouvrage sur les Dieux, qu'on sacrifie le surmulet à Hécate, à cause de l'affinité du nom ; car c'est une déesse à trois formes. [325c] Mélanthius, dans son ouvrage sur les Mystères d'Eleusis, dit qu'on sacrifie à cette déesse le surmulet et la mendole, parce qu'Hécate est une divinité de la mer.

Hégésandre de Delphes dit qu'on offrait un surmulet dans les fêtes de Diane, parce que ce poisson chasse soigneusement, et détruit le lièvre marin qui a un poison mortel. Le surmulet faisant cela pour le bien des hommes, on le consacre comme chasseur à une divinité chasseresse. Sophron a dit le surmulet barbu,[414] parce que les surmulets qui ont des barbes sont plus agréables à manger que les autres. [325d] Il y a dans Athènes un endroit qu'on appelle trigla, où l'on voit un monument consacré à Hécate triglanthine : c'est pourquoi Chariclide le comique a dit, dans sa pièce intitulée la Chaîne :

« Hécate triodite, déesse à trois formes, à trois vidages, toi qu'on rend propice avec des surmulets.[415] »

127. Si l'on boit du vin où l'on a étouffé un surmulet vivant, on ne peut plus se livrer aux ébats amoureux, comme le rapporte Terpsile, dans son ouvrage sur les Plaisirs de l'amour : et si une femme en boit, elle ne peut concevoir, ni même[416] pareillement une poule.

Archestrate, cet homme si érudit, parle ainsi des surmulets, après avoir fait l'éloge de ceux de Tichionte, dans le ressort de Milet:

[325e] « Achète un surmulet à Thase : tu en trouveras cependant d'aussi bon à Stagire;[417] en effet, il est fort estimé. On en prend même de bon sur les côtes, à Erythres. »

Cratinus dit, dans son Trophonius :

« Il n'est pas possible[418] de manger de rouget d'Æxone, ni de surmulet, ni de pastenaque, ni d'oblade rusée. »

Nausicrate le comique fait l'éloge des rougets-barbus d'Æxone dans ses Pilotes. Voici ce qu'il dit :

« A. Il y avait avec ces (choses) des poissons de couleur jaune, que le flot d'Æxone nourrit comme autant d'habitants[419] de son onde ; les meilleurs de tous, [325f] et dont les mariniers font hommage à la déesse pucelle Porte-lumière,[420] lorsqu'ils envoient les présents du souper. B. Tu veux dire des surmulets? »

 

128. Chap. XXII.

Tainia : les Bandes.

Epicharme fait aussi mention de ce poisson :

« Et des bandes,[421] minces, à la vérité, mais agréables, et qui ne demandent que peu de feu. »

Mithæcus écrit, dans son Art Culinaire :

« Videz la bande, ôtez-en la tête, lavez-la bien, coupez-la par pièces, et versez-y de l'huile, en y joignant du fromage. »

[326a] Il y en a beaucoup et de très belles à Canope, près d'Alexandrie, et à Séleucie, près d'Antioche; mais lorsqu'Eupolis dit, dans sa pièce intitulée les Prospaltes :

« Il avait pour mère une femme Thrace, vendeuse de bandelettes ou de rubans. »

Il entend parler de ces tissus et de ces ceintures qui sont à l'usage des femmes.

 

129. Chap. XXII.

Trachure : Maquereau bâtard.

Dioclès en parle comme de poissons d'une chair trop sèche. Numénius dit, dans son Halieutique ou Traité de la Pèche :

« Des grives de mer variées, des ellopes[422] et des trachures. »

[326b] Auloopias ou Anthias.[423]

Archestrate en parle :

« Achète, dans l'été, la hure d'un jeune et grand aulopias, lorsque le soleil aura poussé son char au point culminant de sa course, et sers-le promptement chaud avec un coulis ; quant à son bas-ventre, enlève-le pour le faire rôtir à la broche. »

130. Teuthis : Calmar (la petite espèce).

Aristote dit que ce mollusque[424] est des animaux grégaux. Il a beaucoup de rapport avec la sèche, comme, le même nombre de pieds, de trompes. Les pieds d'en bas sont petits, [326c] ceux d'en haut plus grands, et la trompe droite est plus épaisse. Tout son petit corps est délicat, et un peu plus allongé. Il a, dans son réservoir (mytis), une liqueur non noire,[425] mais d'un jaune pâle. L'os ou le couteau du petit calmar est fort petit et cartilagineux.

Teuthos : Calmar (le grand).

Le teuthos ne diffère de la theutis (ci-dessus) que par la grandeur il a jusqu'à trois empans (spithames), sa couleur est rougeâtre. [326d] Il a sa dent inférieure plus petite, et la supérieure plus grande. L'un et l'autre calmar les a noires et semblables au bec d'un épervier. Lorsqu'on ouvre ce mollusque, on lui trouve le ventre semblable à celui des cochons.[426] Le même Aristote dit, au liv. 5 des Parties, que le calmar et la sèche vivent peu. Archestrate, qui a parcouru la terre et la mer par gourmandise, parle ainsi :

« Tu verras quantité de petits calmars à Dion, ville de Piérie en Macédoine, sur le fleuve Baphyra, et dans Ambracie. »

Alexis introduit un cuisinier, parlant ainsi dans son Erétrique :

« De petits calmars, des pinnes, de la raie, des cames,[427] des aphyes, [326e] quelques viandes, des intestins; mais pour les petits calmars, je leur ai d'abord coupé les ailerons, puis y mêlant un peu de graisse, je les ai saupoudrés de divers ingrédients, et les ai bien assaisonnés avec de fines herbes fraîches. »

Pamphile dit qu'Iatroclès, dans son Art de la Boulangerie, a nommé teuthis, ou petit calmar, certaine pâtisserie.

131. Hyes. Porcs marins. Hyænes, Hyœnides.

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé :

« Il y avait des hyœnides,[428] des soles ; il y avait aussi du citharus. »

Mais il parle d'hyes ou porcs dans ce passage-ci :

« Des chalcis, des hyes, porcs, des milans de mer[429] et du gras chien de mer. »

[326f] Cependant ces hyes ou porcs ne seraient-ils pas les mêmes que le hapros[430] ou sanglier de mer? Numénius, dans son Halieutique, compte expressément un poisson hyœne dans ce passage :

« Un canthéno[431] qui avait paru auparavant, une hyœne et un rouget barbu. »

Denys fait aussi mention du poisson hyæne, dans son Art culinaire. Archestrate, ce docte cuisinier, emploie le mot hys dans ce passage :

« Achète à Ænos, et dans le Pont, un porc (hyn) que quelques-uns appellent fouille-sable, fais-en cuire la tête, sans y joindre d'assaisonnement ; mets-la seulement dans l'eau, et remue souvent. Ajoutes-y ensuite de l’hysope broyé, avec ce que tu voudras employer, [327a] y répandant un filet de fort vinaigre : alors mets-la en sauce, et dévore-la avec tant de rapidité, que tu sois sur le point d'étouffer. Pour le haut du dos, il faut le faire rôtir comme presque tout ce qui reste. »

Ne serait-ce pas le porc hys que Numënius aurait désigné par le mot psammathida, lorsqu'il dit, dans son Halieutique:

« Tantôt un requin, tantôt un impétueux psammathis.[432] »

132. Hykkai : Girelles.

Callimaque appelle poisson sacré celui qu'on nomme hykkee. Voici ce qu'il dit dans ses Epigrammes :

« Mais le dieu à qui l’hykkee est consacré. »

Numénius écrit, dans son Halieutique :

[327b] « Ou un spare, ou des hykka grégales, ou un pagre pris sur des roches. »

Timée, parlant de la petite ville d'Hykkares en Sicile, dans le liv. 13 de ses Histoires, dit qu'elle a eu ce nom de ce que les hommes qui vinrent les premiers à cet endroit-là, y trouvèrent des hykka, comme on les appelle, et même pleins d'œufs.[433] Ce qui leur fut un augure qu'ils interprétèrent en leur faveur. Zénodote dit que les Cyrénéens appellent l’hykka, erythrinos, pagel ; mais Hermippe de Smyrne dit, dans [327c] son ouvrage sur Hipponax, que la julis (girelle) est prise pour l’hykka,[434] que d'ailleurs ce poisson est fort difficile à prendre, et que c'est pour cette raison que Philétas a dit :

« Ni même l’hykka n'a échappé, quoique la dernière à se laisser prendre. »

133. Phagre ou Pagre.

Speusippe dit, liv. 2 des Choses semblables, que le pagre, le pagel et le foie marin sont analogues. Numénius en a parlé dans ce qui a été cité précédemment. Selon Aristote, ce poisson est carnivore, solitaire,[435] a le cœur triangulaire, et est à son vrai point au printemps.

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé:

« Des pagres à vil prix,[436] et des loups de mer. »

[327d] Métagène en fait mention dans ses Thurioperses. Ameipsias dit, dans son Kormos ou la Barbe :

« Tu seras la pâture des orphes, des selaques et des pagres. »

Selon Icésius, les pagres, le chromis, l'anthias, les akarnes[437] ou phagolini, les orphes, les synodons et les synagrides, se ressemblent quant à l'espèce de leur chair; car ils sont douceâtres, styptiques et nourrissants, et conséquemment difficiles à passer. Les plus nourrissants d'entre eux, sont ceux qui ont plus de chair et en même temps moins de graisse, mais dont la chair est alors plus grossière. Archestrate conseille :

[327e] « De manger le pagre, au lever de la canicule, à Délos et à Érétrie, dans les tavernes où la mer forme[438] des ports avantageux. Mais, dit-il, n'en achète que la tête ; et après la tête, la queue : quant au reste, ne l'emporte pas chez toi. »

 

Chap. XXIII, XXIV. Strattis[439] fait aussi mention du pagre dans sa Limmoncde:

« Ayant avalé plusieurs pagres, et même fort grands. »

Il dit, dans son Philoctète:

« Ensuite, s'étant rendus au marché, ils achetèrent nombre de grands pagres, des tronçons de tendres anguilles du Copaïs, et dont les côtés étaient bien arrondis. »

Il y a certaine pierre qu'on appelle pagre : or, c'est la pierre à aiguiser que les Crétois nomment ainsi, [327f] selon Simmias.

134. Channai : Serrans.

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé :

« Des serrans à large bouche, et des ânes de mer à ventre monstrueux. »

Numénius dit, dans son Halieutique:

« Des serrans, et des anguilles, et des pagels qui se prennent la nuit. »

Dorion en fait aussi mention dans son Traité des Poissons. Aristote, dans son ouvrage sur les Animaux,[440] dit le serran bariolé de rouge et de noir, et rayé de diverses couleurs, parce qu'il est marqué de différentes lignes noires.

135. [328a] Chromis.

Epicharme rappelle aussi ce poisson,[441] disant:

« L'espadon, et le chromis qui, selon Ananius, est, au printemps, le meilleur de tous les poissons. »

Numenius dit, dans son Halieutique :

« L'hykka, ou le Callichthys, ou le chromis, mais quelquefois l'orphe.

Et Archestrate :

» Tu prendras le chromis le plus grand, à Pella, ou dans Ambracie : c'est en été qu'il est gras. »

136. Chrysophrys : la Dorade.

Archippus dit, dans ses Poissons :

» La dorade, poisson consacré à Vénus de Cythère. »

[328b] Selon Icésius, ce sont les poissons qui l'emportent sur tous les autres, pour la délicatesse et tout le charme de la saveur. Ils sont aussi les plus nourrissants. Ils jettent leurs œufs, comme les muges, selon Aristote,[442] à l'embouchure des rivières. Epicharme en fait mention dans ses Muses, de même que Dorion dans son Traité des Poissons. Eupolis dit, dans ses Flatteurs :

« Ayant acheté pour cent dragmes de poisson, il ne se trouve que huit labrax (loups de mer), douze dorades. »

Voici ce que conseille le docte Archestrate, concernant ce poisson :

« Ne laisse pas échapper une grasse dorade d'Éphèse, poisson [328c] qu'on appelle ionisque dans cette ville. Achète aussi celle qui vient de la respectable Sélinonte ; lave-la bien ; fais-la rôtir toute entière, et sers-la, eût-elle même dix coudées de long. »

137. Chalcis : ou grosse Sardine.

Les chalcis et semblables, comme les aloses, les trichis, les éritimes. Icésius dit : « Celles qu'on appelle chalcis, et les tragoi,[443] et les aiguilles et les aloses sont remplies d'arêtes et maigres, et sans suc. »

Epicharme dit, dans ses Noces d'Hébé.

« Des chalcis, des porcs de mer, des milans de mer, et le chien gras. »

[328d] Dorion appelle ces poissons chalcidianes ; mais Numénius dit:

« C'est en vain que tu voudrais percer, avec le trident, cette chalcis et la petite mendole. »

Chalkeus : la Dorée.

Mais le chalkeus (la dorée) diffère de la chalcis. Héraclide fait mention de la dorée dans son Art culinaire. Ethydème en parle aussi dans son Traité des Salines, et dit que ce poisson se trouve dans la contrée de Cyzique ; qu'il est rond,[444] et de forme circulaire.

Thrissai : Aloses.

Aristote fait mention des aloses, dans son Traité des Animaux ou des Poissons. Voici ce qu'il dit : [328e] « L'alose,[445] l'encrasichole, la membrade, le coracin, le pagel, la trichis, ne changent pas de lieu. »

Trichis : la Pucelle.

Eupolis parle des trichides[446] dans ses Flatteurs :

« Cet homme vivait avec une extrême lésine; il n'a même mangé qu'une fois des trichides avant la guerre, lorsque la viande ne valait[447] qu'une demi-obole à Samos. »

Aristophane dit, dans ses Cavaliers :

« Si le cent de trichides[448] valait une obole. »

Dorion, dans son Traité des Poissons, rappelle la thrisse, ou alose de rivière, et appelle trichia la trichis. Nicocacharès dit, dans ses Lemniènes:

« Mais des trichiades[449] et des premades. »

[328f] Les thynnides, ou thons femelles, s'appelaient premades.[450] Platon le comique dit, dans son Europe.

« En péchant, il prit un jour un poisson,[451] de la charge d'un homme, avec des premades,[452] mais ensuite il le lâcha, parce que c’était un bogue. »

Aristote, liv. 5 des Parties des Animaux, parle aussi des trichides; mais, dans son ouvrage intitulé Zoikon ou des Animaux, il dit que la trichide[453] aime le chant et la danse, et qu'elle saute hors de la mer lorsqu'elle entend chanter.

Eritimes.

Dorion parle des éritimes, disant qu'ils sont du même genre que les chalcis, mais qu'ils se mangent avec plaisir dans un coulis. Epœnète dit, dans son Traité des Poissons : « La mustèle, le gerres, que quelques-uns appellent lit de chien,[454] les chalcis, qu'on appelle sardines, [329a] les érimes (éritimes), le milan de mer, l'hirondelle de mer. » Aristote les appelle sardinoi[455] dans son Hist. Anim., liv. 5.

Callimaque écrit ceci dans sa Nomenclature des Nations : « Les Chalcédoniens[456] appellent êritime, l’en-crasichole, chalcis, la trichide ; l’athérine ou l'épi, iktar. » Dans un autre passage, où il donne de suite des noms de poissons, il dit : « Des ozœnes,[457] des osmyles, des thurioi, des ioopes, des éritimes, selon les Athéniens. »

Nicandre fait mention des ioopes dans son ouvrage sur la Béotie:[458]

« Ainsi, lorsque des pagres, ou des bogues[459] excellents, ou un orphe, se trouvent parmi une troupe d'iopes distingués par leur race. »

[329b] Aristophane dit, dans ses Holcades :

« O ! malheureux celui qui s'est plongé le premier dans une saumure[460] de trichides. »

On trempait d'abord, dans une saumure, qu'on appelait saumure de Thase, les poissons propres à être rôtis sur la braise, comme le dit Aristophane, dans ses Guêpes,

« Car ayant bu deux fois de la saumure,[461] avant d'être mis sur la braise. »

Mais puisque nous en sommes sur cet article, et que nous avons déjà parlé des thrisses, aloses, disons qu'est-ce que le poète Archippus a entendu par thrattai, dans sa comédie des Poissons?

138. Thrattai.

Voici donc les vers qu'il a fait sur le traité qu'il suppose entre les poissons et les Athéniens:

[329c] « Nous convenons de nous rendre ce que nous avons les uns aux autres : Nous, poissons, de rendre les thrattes, et l'épi joueuse de flûte ; en outre, la sèche, fille de Thyrsus, avec les triglides et Euclide l'archonte, les Coraciontes d'Anagyronte, le fils de Goujon de Salamine, la grenouille assesseur de la ville d'Orée. »

On demandera donc ici ce que sont parmi, les poissons, ces thrattes qu'ils conviennent de rendre aux hommes. Comme j'ai traité cet article particulièrement, je ne dirai ici que ce qu'il y a d'essentiel.[329d]  La thratta[462] est vraiment un petit poisson de mer. Mnésimaque, poète de la moyenne comédie, en fait mention dans son Hippolrophe. Voici ce qu'il dit :

« Un moyen coracin, un foie marin, un spare varié, une thratte, une hirondelle de mer, une squille, un petit calmar. »

Dorothée d'Ascalon écrit thetta dans le cent-huitième chapitre de son Lexique, soit qu'il ait eu un texte altéré de cette pièce, soit qu'il ait voulu corriger ce mot, qui était insolite pour lui; mais le mot theita[463] n'est absolument pas dans les écrivains Attiques. [329e] Quant à thratta, Anaxandride prouve, dans son Lycurgue, que ce mot était d'usage chez eux. Voici ce qu'il dit :

« Et jouer avec de petits coracins, de petites perches et de petites thrattes. »

Antiphane dit aussi dans son Tyrrhénien :

« A. Il est de la bourgade d'Halai.[464] Il ne me fallait plus que cela pour faire tempêter après moi. B. Pourquoi donc? A. Il va me donner quelque thratte, ou une plie, ou une murène, ou quelque méchant gros poisson de mer. »

139. Psettai : Plies.

Dioclès les compte parmi les poissons qui ont la chair la plus sèche. [329f] Speusippe dit, dans le second livre des Choses semblables, que la plie, la sole, le bandeau, sont analogues. Aristote écrit, dans le liv. 5 des Parties:[465] « Il en est de même des poissons, qui la plupart ne fraient qu'une fois l'an, comme ceux qui vont par bande, et qui se prennent en grand nombre, et en même temps, dans les filets, tels que le chromis, la plie, [330a] le thon, la pélamide, le muge, les chalcis,[466] et semblables. Le même, dans son Traité des Animaux, nomme la plie, qu'il range parmi les seîaaues ou cartilagineux, tels que le bœuf marin,[467] la pastenaque, la torpille, la raie, la grenouille de mer, la sole,[468] la plie, le porc de mer.

Dorion écrit, dans son Traité des Poissons : « Parmi les poissons plats sont la sole, la plie, la pégouse (escharos) qu'on appelle aussi koris[469] en grec. » Epicharme nomme les soles, dans ses Noces d'Hébé:

« Des hyœnides, des soles et des citharus.[470] »

Lyncée de Samos dit, dans ses Lettres, que les plus belles plies se trouvent aux environs d'Eleusis dans l'Attique. Voici le conseil d'Archestrate :

« Ensuite prenez une grande plie, et une sole un peu rude[471] au toucher; [330b] mais pêchez-la près de l'illustre ville de Chalcis. »

Les Romains appellent la plie, rhombe, nom pris du grec. Nausicrate après avoir parlé du glauque,[472] ajoute :

« A. Ceux que le flot d'axone nourrit comme ses habitants, et les meilleurs de tous, et desquels font hommage, à la pucelle Porte-lumière, les Nautonniers, lorsqu'ils envoient les prémices de leurs soupers. B. Tu veux dire les surmulets? A. Je veux parler de ce poisson, couleur de lait, que le peuple de Sicile pêche avec le trident:[473] la plie.

140. Après avoir ainsi détaillé, [330c] mon cher Timocrate, toute la conversation qu'ont tenue nos érudits sur les poissons, je finis ici mon discours, à moins que vous ne vouliez encore que je vous présente quelques autres aliments, comme ceux qu'Eubule a nommés dans ses Lacédémoniens ou sa Léda.

« Outre cela, il y avait un tronçon de thon salé, de la viande de jeunes porcs, des intestins de chevreaux, un foie de sanglier, des testicules[474] de bélier, de gros boyaux (ou du gras-double) de bœuf, des têtes d'agneaux, les intestins grêles d'un chevreau, une panse de lièvre, un saucisson, une andouille, un poumon et du boudin. »

Mais puisque vous voilà rassasié de toutes ces choses, permettez-moi d'avoir soin de ma personne, afin que vous puissiez vous repaître raisonnablement de ce qui va venir après ce service.

 

FIN DU LIVRE SEPTIÈME.


 

[1] Autrement Phagésiposies : c'étaient les festins qu'on faisait pendant la célébration des Dionyses, ou de la fête de Bacchus. Cette fête, que les interprètes de l'antiquité n'ont pas expliquée, exigerait ici une très longue discussion ; mais j'aurais à faire un parallèle qui pourrait être pris en mauvaise part. Il est des vérités qu'il faut savoir taire, lorsqu'elles touchent aux religions des différentes nations, surtout à celles qui n'ont pour base que les absurdités les plus étranges ; ainsi je me tairai. Potier en a ramassé les écorces dans ses Antiquités. On le consultera sur les diverses fêtes de Bacchus, dont cependant il n'a pas eu d'idées bien directes. Voyez aussi Stuck, Antiq. Conviv., liv. I, fol. 122; et Meurs. Græc. feriat. Il sera parlé des Griphes dans un autre livre de notre auteur.

[2] Je trouve phallous, indiqué pour thallous, dans le manuscrit A. Quant aux lagénophories, voyez Stuck, Antiq. Conviv., liv. I, fol. 122.

[3] Je lis ta kom. autois deipn, sans hoi, comme les manuscrits A B. Le mot deipnein est souvent suivi d'un régime. Baduell en fournira des exemples. La correction de Casaubon est inutile.

[4] Je suppose, avec tous les textes, l'accent sur si dans basileia. Adam le supposait mal à propos sur ei, et changeait tout le texte.

[5] Voyez Meursius sur la fête des Congés, Græc. feriat. On y mangeait séparément; ce qui, dans l'origine, avait été établi à cause d'Oreste, qui, n'ayant pas encore été purifié du meurtre de sa mère, ne pouvait manger en commun ; mais les auteurs n'étant pas d'accord sur l'origine de la fête des Congés, voyez Meursius, Grœc. fer. ; et Potter, Antiq. gr. Quant au meurtre commis par Oreste, Winckelman a fait graver un monument qui le représente, mais que ce célèbre antiquaire a mal vu, l'appliquant au meurtre d'Agamemnon tué par Égiste, tandis qu'il représente Égiste, Clitemnestre tués par Oreste, accompagné de Pylade. Montfaucon avoue, dans son Antiquité expliquée, ne pas comprendre ce monument ; mais M. Arnold Heeren de Brème l'a très bien détaillé à Rome, en 1786, dans une dissertation latine très intéressante, et dont M. d'Ansse de Villoison m'a donné un exemplaire; ainsi le monument y étant gravé, j'y renvoie le lecteur.

[6] En parlant de Polyphème, cette remarque grammaticale n'est relative qu'aux sens de la préposition dia, qui s'emploie pour marquer une totalité, ou la longueur.

[7] St. Eustathe, évêque d'Antioche, parlant des poissons, édit. Léon. Allat., p. 22, et d'autres parmi les anciens et les modernes, rappellent cette théorie des plus absurdes, qui a fait même donner à l'estomac le nom de ventre pourrissant, mais qui ne mérite plus d'être réfutée. Je laisse aussi ce que dit l'auteur sur les bois et les fruits. Excusons les erreurs, profitons du vrai.

[8] J'exprime la leçon kyklou que je trouve dans mes manuscrits, pour kyllou qui ne signifie rien. On sait, par le récit de Théopompe dans Élien que Midas regardait notre ancien hémisphère comme une île, et qu'il plaçait le vrai continent à l'occident, c'est-à-dire, l'Amérique. Je trouve ensuite thyraiois, pour theooria, mais je n'en vois pas le sens bien clairement.

[9] Le texte porte vrais. Serait-ce une allusion à la rave dont un cuisinier sut faire une aphye, comme on l'a vu? mais Alexis parle ici de raphanides, raiforts; au lieu que le cuisinier se servit d'une vraie rave, gongylee.

[10] L'auteur observe cet ordre dans la nomenclature, grecque : je ne pouvais la suivre en français qu'en dérangeant la suite de ses détails.

[11] Ni très avide de bonne chère, ni très lâche. Conférez le même, ch. 14. Il paraît que le terme opsophage y est pris, dans un sens général, pour manger de toutes sortes de mets, ou de la bonne chère, et non du poisson seulement.

[12] Le boniton, autant qu'on peut le présumer des détails des naturalistes les plus instruits. Je préviens ici, qu'à l'égard des éclaircissements qu'on peut espérer sur la nomenclature des anciens, je renverrai préférablement à Cyprian, continuateur de Franzius, parce que c'est, pour ainsi dire, le seul des modernes qui ait bien fait le parallélisme des anciens et des modernes sur l'article des poissons : cependant je n'exclurai pas l’Ichtyologie d'Artedi, le Regnum animale de Linné, Gronove ; et je citerai avec plaisir l'ouvrage indispensable de M. Camus, sur l’Histoire des animaux d'Aristote. Voyez donc ici Cyprian, p. 2674 ; Linné, § 146, n° 7.

[13] Ceci n'est plus dans ce que nous avons d'Aristote. Il dit seulement que ce poisson a les dents fortes, ischyrous ; Hist. liv. 9, ch. 37 ; voyez M. Camus.

[14] Casaubon attaque ici Athénée avec sa morgue ordinaire, et lui reproche d'en avoir altéré le texte. C’était assez de dire que les exemplaires qu'avait Athénée différaient des nôtres. Aristote dit actuellement, et la rate se replie sur elle-même.

[15] Si cela est vrai, l’amie n'est pas le seul poisson qui use de cette ruse pour se sauver.

[16] Je lis, avec le manuscrit A, oi ! boi ! boi!

[17] J'ignore ce qu'on doit lire après kaloisa, dorique : le texte est trop altéré. Les manuscrits ne me donnent rien. Je suppose donc, elle me dit, reste-là, sur le faux texte. D'autres liront peut-être kathista, legei. Casaubon lit kai lis m' alegoi? et qui s'intéresse à moi? Ceci est bon ; mais d'où cela dépend-t-il? Avouons que nous ne voyons rien ici.

[18] Je lis ti soi avec mes manuscrits.

[19] Il faut sy, quoique les manuscrits portent se.

[20] Texte, dia chyloon, le plaisir procuré par les saveurs, dans mes manuscrits, non par les lèvres, dia cheiloon.

[21] Cela est bien faux.

[22] Je garde le texte imprimé avec le manuscrit B : le manuscrit A. porte katatrechontas, mais pourquoi changer un sens clair pour un autre qu'on ne peut établir qu'en supposant des mots? L'auteur veut dire que les comiques s'autorisaient même des écrits des Epicuriens, pour les mieux tourner en ridicule.

[23] Ce passage est dans le livre 3, ch. 23, où le manuscrit A renvoie, omettant ici les vers.

[24] Texte, atopos, qui peut s'entendre de la passion contre nature, ou de tout homme qui manque aux principes d'une droite raison.

[25] Lisez ici eti, pour esti, qui est dans prosesti.

[26] Texte: ô vous, Timocrate physiologue ! On opposera aux détails de l'auteur ces deux réflexions d'Epicure : « Il ne peut pas exister de plaisir sans vertu. — Toute passion, qu'on peut ne pas satisfaire sans s'exposer à la douleur, doit être arrêtée. » Telle était la base solide de la morale d'Epicure.

[27] Tout ceci est susceptible de la meilleure interprétation : en effet, excluez les plaisirs de tous les sens, que reste-t-il de l'homme? Un tronc mort.

[28] Cela est rigoureusement vrai dans la morale la plus pure.

[29] Proverbe : « On ne cuit pas le gâteau de noces chez les morts. »

[30] Le manuscrit B porte zeetountes, en texte; mais, en marge, polemountes.

[31] Le manuscrit A porte lepomenous, non lypomenous. Le manuscrit B porte les deux leçons. Lepomenous est la véritable, s'écorchant les uns les autres.

[32] Malgré Casaubon, gardez bion avec les manuscrits, vivere vitam.

[33] Otez, avec les manuscrits, hai devant mechri, qui est de trop pour le vers et le sens.

[34] Est-ce un sarcasme contre ce vin? Adam lisait Euboas, les habitants d'Eubée, c'est-à-dire, que le poète, dans ce sens, leur ferait mêler le vin; ce qui ne me déplaît pas.

[35] Se sont rangés du parti de, etc.

[36] C’était celle des courtisanes; elle était passée en proverbe pour une vie licencieuse.

[37] Le texte grec présenté un jeu de mots dans dynein, se coucher, aller chez les morts ; et heedynesthai, se réjouir : ensuite, il y a temps, etc. Salomon a dit la même chose. Il est singulier que dans son Ecclésiaste il présente sur les plaisirs les réflexions qu'on a si mal à propos reprochées à Epicure.

[38] En latin, cynœdus, nom que ce poisson a eu, dit-on, parce qu'il ne quitte pas sa femelle : c'est à cette circonstance qu'Apollodore fait allusion. C'est le labre jaune d'Artédi. Voyez Linné, Pisces, § 142, n° 40.

[39] C'est-à-dire, pinna a capite ad caudam continua. Idem.

[40] Ce mot signifie beau poisson : il ne faut pas le confondre avec le callionyme, comme quelques Grecs l'ont fait. Voyez Cyprian, sur l’anthias, p. 2692. Les uns ont cru voir ce poisson parmi ceux qui sont à nageoires molles ; d'autres, parmi ceux qui sont à nageoires épineuses. Joignez à ces indications le dictionnaire des animaux, et surtout M. Camus, tom. 2. Il est fort douteux que le poisson indiqué sous le nom d'anthias, par les anciens, nous soit connu. Linné le range, avec Artedi, parmi les labres, § 142, n° 3. Le callichthys paraît être le stromate.

[41] C'est le texte rappelé par les manuscrits.

[42] Le chien a été, et est encore une viande alimentaire chez plusieurs peuples. Les plus anciens médecins Grecs en ordonnaient même la chair à des convalescents.

[43] Hist. liv. 9, ch. 37.

[44] Loup. On a aussi donné ce nom au blenne. On voit qu'il ne faut pas confondre le poisson désigné par labrax, avec celui qui est désigné par lykos. Voyez Cyprian, p. 2431.

[45] Si la leçon ou note interlinéaire du manuscrit A, écrite de la même main, est fondée sur un ancien texte, il faudrait dire qu'il en a parlé comme, etc. ; car j'y vois ho de autos kallyonymos. Ainsi on devrait mettre ou (non) avant sesigeeken. Cela paraît d'autant plus vraisemblable, que l'auteur oppose ensuite le sentiment de Dorion, à ce qui vient d'être dit sur cette identité.

[46] Cette épithète, donnée à plusieurs autres poissons, en rend le sens très vague; ainsi il est inutile d'examiner si ce mot peut signifier ici grand, etc.

[47] Poisson qu'on range parmi les thons, comme on le verra plus loin. Il ne faut pas le confondre avec un coquillage dont il sera parlé.

[48] Le livre 2 de cet ouvrage de Nicandre, est cité à la fin du livre 9 d'Athénée. Le Scholiaste d'Apollonius en cite le premier livre dans son commentaire, vers la fin du n° 50; ce qui n'a pas échappé à M. Bandini, dans le catalogue des ouvrages de Nicandre.

[49] Lisez dans ces vers, pompiloi hoi, gardez phileroosi, lisez aphthongoi, et ameinoo avec les manuscrits.

[50] Texte, krikæi. Le manuscrit A porte krikai. On ne sait ce que signifie ce titre, que Casaubon change sans raison en haliei, pécheur.

[51] Dans le manuscrit A, krinna, comme dans B, où la même main a écrit o sur r.

[52] Ce mot signifie blanc : c'est, la leçon constante. Eustathe, dans Casaubon, semble, indiquer que c’était un autre nom du glauque. En ce cas, ce poisson aurait le nom de glauque, de la couleur de son dos, et de lenkos, de celle de son ventre, qui est réellement blanc et brillant! Le mot glauque pourrait même être relatif à cet éclat; car ce mot signifie éclatant, selon le Scholiaste d'Apollonius. Le passage est remarquable: Tode glaukonhai charopon synonymoos legetai : amphotera gar epi tou lamprou diaglausousin anti tou phootisousin, ee dialampousin. Hothen kai hee Athena glaukoopis, — para to glausein, ho esti lampein. On a donc eu bien tort de traduire Minerve aux yeux bleus; il fallait dire brillants. Schol. liv. 1, n° 50. On voit aussi que kukos et glaukos peuvent être synonymes dans Eustathe, et qu'ainsi leukos se prendrait, sans erreur, pour le glauque. Il faut donc conserver la leçon du texte. Le Scholiaste d'Apollonius est peut-être le plus savant de tous les interprètes Grecs; et l'on doit s'en rapporter à lui, sur le sens qu'il donne aux mots. Au reste, je laisse la liberté de juger.

[53] Texte, hiemenon, pour lequel il faut lire, selon Casaubon, iemenon, comme Eustathe. Je trouve dans mes manuscrits echomenon, mais en A sur la marge, et de la même main, neechomenon, natantem ; ce qui paraît une bonne glose, et la preuve d'iemenon.

[54] Je crois le texte altéré ici.

[55] L'iule est un insecte qui se trouve ici confondu avec l’iulis, poisson : voyez p. 304 du texte grec, à la fin ; ou ch. 15 suivant; et ce que dit Linné, § 142, n° 14.

[56] La dorade, qui se jette sur plusieurs poissons volants.

[57] L'antacée.

[58] Nom de plusieurs très petits poissons compris sot» cette dénomination. Voyez M. Camus, t. 2; Cyprian, p. 2710; Linné, § 161, n° 11. Je suis mes manuscrits préférablement aux corrections; ils s'accordent avec les imprimés, et c'est ainsi qu'il faut lire, p. 285 du grec, où il y a men pour nyn. Ce passage est cité plus au long à l'article des Bebrades.

[59] Voyez plus bas, au mot encrasichole. Linné le range sous l’alose, § 160, n° 4.

[60] Linné le range sous l’esox, § 154, n° 6. Le mot du texte désigne tantôt un poisson seul, tantôt tout le petit fretin, comme on le verra.

[61] Que M. Camus rend par épi : voy. tome 2 ; et Linn., § 156.

[62] De triglee, surmulet.

[63] Texte, kammarois, manuscrits et imprimés. Entendez ainsi la lettre ; Epicharme parle des aphyes dans un passage où il fait mention des membrades et des homards : c'est ainsi que, p. 286, F, fig. 6, il parle en même temps des aphyes et des homards ; mais il ne les comprend pas parmi les homards comme du même genre.

[64] Texte, minthou, dans les manuscrits; ce qui est exact. Merda consperge, ou merdam existima.

[65] Pour dire qu'une chose a été faite promptement.

[66] Par le temps du transport.

[67] Comme précédemment.

[68] Le cithare est une espèce de turbot. Voyez Cyprian, p. 2405; et ch. 16 de ce livre-ci.

[69] Poisson qui ne diffère que peu du pagre, si ce n’est pas le même. Voyez Cyprian, p. 2317. Athénée en parle trois fois, et se contredit sur ses qualités, comme l'observe très bien M. Camus.

[70] Hist. liv. 5, ch. 5.

[71] Sont-ce des lièvres de mer, nom qu’on donne à deux espèces de poissons? mais il ne faut pas les confondre avec le lièvre de mer venimeux. Voyez à ce sujet les détails de Cyprian, p. 3028.

[72] Texte au pluriel, preesties : c'est le même poisson que le souffleur, non la scie. Les détails de Cyprian ne permettent pas d'en douter, p. 2147, seq. Il ne faut pas perdre de vue, au sujet du mot cames suivant, qu'Epicharme fait paraître aux Noces d'Hébé, les coquillages avec les poissons ; cette observation est nécessaire pour la suite de ce livre. Je lis chamai, kai, etc.

[73] Il faut lire t. d. laparan hoos s. p. e. te ousan. La rencontre de deux, san sannyr, en a fait disparaître un. Le manuscrit A porte même te ousan annyr.

[74] Lisez Hist. liv. 5, ch. 5. Je préviens que le livre 5, non existant des parties des animaux, est presque toujours cité ici pour les livres de l'Histoire, sans qu'on puisse voir la raison de cette méprise.

[75] C'est la leçon des manuscrits. Je trouve batis en interligne dans le manuscrit B; mais il faut garder botis. Hésychius l'explique par boltion, mot inintelligible. Alberti devait corriger bolbition, espèce de polype, rappelé d'Hippocrate par Foës et Gorrée. Ce qui a tenu Athénée incertain, est que le nom de poisson a été aussi donné aux coquillages, crustacées, etc.—Athénée nomme ce polype, bolbotine, vers la fin du chap. 9 de ce livre. Le spet est un poisson goulu, à qui ces petits crustacées peuvent servir d'aliment.

[76] On trouve aussi cet ouvrage cité en Zooikoo, ou Zooikoon, au génitif. Si l’on en croit Antigone de Caryste, Aristote avait écrit soixante-dix livres concernant les animaux, § 67.

[77] Nom d'un céutacée, ou en général d'un gros poisson, chez les Thébains. On l'appelait aussi anoodorkas ; voilà ce qu'en dit Hésychius : mais anoodorkas, qui regarde en haut, est certainement l’ouranoscope ou le rapecon, tapecon, Ainsi le brinque serait connu.

[78] Ce poisson fait comme un cri ; c'est à ce titre qu'il est consacré à Mercure, dieu de l'éloquence, comme le cithare à Apollon, à cause de sa forme, qui l'a fait appeler kitkaros, nom analogue à kithara, instrument à cordes.

[79] C'est Cérès et Proserpine, non Castor et Pollux.

[80] Qui a des yeux de bœuf. On a aussi donné ce nom (boops), chez les modernes, à une espèce de baleine que M. Otho Fabricius a décrite dans sa Fauna Grœnlandica, elle a pour ennemi le preestis micropsy ou souffleur à petits yeux.

[81]Athénée, p. 309 du grec, dit, comme ici, que les coracins ont été ainsi nommés de l'agitation de leur prunelle, koras kinein, d'où l'on devrait faire corocins. Salvien a douté du fait : Aldrovand le soutient vrai ; mais je ne puis rien discuter ici. Cyprian donnera tous les détails qu'on peut désirer, p. 2300, seq.

[82] Si l'on doit rapporter le mot silure à la langue grecque, ce dont je doute beaucoup, l'étymologie d'Athénée est fausse : ce nom viendrait plutôt de siloo, ou silloo, latin vibrare, et oura, cauda.

[83] Lisez drakontes t’ alkimoi. Cyprian a mieux traité que tout autre ce qui regarde ce poisson (la vive), p. 2417.

[84] Il sera parlé plus loin de l'aiguille, ch. 14; et liv. 8, ch. 20.

[85] Ce passage de Numénius ne revient pas au sujet, ou il a été tronqué par les copistes, ce que je crois plutôt. J'y trouve kainec, pour keinee, dans les manuscrits; mais il n'en résulte aucun bon sens. D'ailleurs, agroostoio est équivoque, et peut s'entendre d'une espèce de phalangium. Ainsi regardez ma version comme nulle. Daléchamp a supposé un texte qu'il n'avait pas.

[86] Il faut ici membraphye, ou bebraphye, dans le passage cité. C’était le nom qu'on donnait au poisson regardé comme production de l'aphye-phalérique.

[87] Ce passage est cité moins complet précédemment.

[88] C'est la leçon de mes manuscrits. En retranchant a de knoisthideia, pour en faire atopon avec topon, Casaubon propose skoithidei pour ce mot, de skoithees, calomniateur. Antiphane est cité, liv. 10, ch. 17, dans la pièce intitulée Knoisthis, ou Gastroon, deux mots qui doivent avoir quelque rapport. Le dernier signifie ventru, et est relatif à la gourmandise ; mais koitis, dans Hésychius, diminutif de koitees, signifie une petite caisse, buffet, pour serrer du manger. Je préférerais donc koitidi pour le titre de la pièce d'Antiphane. Chacun peut prendre de ces mots celui qui lui plaira.

[89] Écrivez ici membrades; mais lisez au premier vers hestioon, traitant, non esthioon, faute de copiste. « Lui qui, traitant, présenta, etc. » Écrivez encore membrades au passage suivant d'Alexis.

[90] Poisson dont Gronove a décrit et fait graver la forme dans son Musæum ichthyolog., p. 32 seq. et p. 65. On a donné ce nom à plusieurs espèces. Artedi en compte sept. La chair en est assez mauvaise. Le passage de Sophron ne présente aucun sens. J'ai suivi la lettre des manuscrits, laissant de côté toute correction hasardée. Je lis ensuite koobioo, goujon, avec les manuscrits ; et Junius, Adag. Érasm., col. 1184.

[91] Ou bœons. Rondelet prend ce poisson pour le blenne même ; c'est tout ce que j'en sais. Voyez Junius, loc. cit.

[92] Lisez kata, avec les manuscrits, pour kai.

[93] Texte, aiolai plootes, pour plootai; latin, flutœ. Voyez Nonnius, de Esu piscium, ch. 17, Hésych. La terminaison tes, pour tai, est dorique, comme dans Homère, erieeres, pour erieeroi, etc. — Quant aux différentes espèces de soles, comme cynoglosses, langue de chien ; bouglosse, langue de bœuf, et même arnoglosse, langue d'agneau, etc., on consultera Cyprian, p. 2490, et Rondelet. Il est étonnant, dit Nonnius, que les Attiques, selon Athénée, appellent la plie, langue de chien, tandis que les autres écrivains font de cette langue de chien une espèce de sole, ibid.

[94] Texte, kapros, on a donné le nom de porc à plusieurs poissons. D'autres entendent ici kapros, du poisson nommé sanglier de mer. Il faut lire ici Cyprian, p. 2377. Au reste, je ne suis aucune des corrections de Casaubon, qui fait de vers, les uns trop longs, les autres trop courts. Le texte est clair : ainsi je n'ai pris que mes manuscrits pour guides.

[95] Texte, sacrées. Ce mot, selon Aretée même, parlant de l’épilepsie, ch. 4, des signes et des causes des malad. chron., s'est dit pour grandes, considérables. Plutarque, cité par Casaubon, parle de même ; mais ce n'est pas présenter le mot dans son vrai sens. Les maladies rebelles à tous les moyens curants quelconques, ont été regardées, par la superstition, comme ayant en elles-mêmes ti theioon, selon l'expression d'Hippocrate, ou comme un mal dont il fallait rapporter la cause à la divinité. C'est cette absurdité qu'Hippocrate combat avec force dans sa dissertation, de morbo sacro, ou de l’épilepsie. Aretée dit même que les épileptiques passaient pour être possédés d'un mauvais démon, ibid. Cette terrible maladie était très commune en Judée : quelques-uns prenaient même des plantes pour en paraître attaqués, et toucher la pitié du monde : stratagème encore pratiqué en Asie ; mais en même temps on connaissait, comme Joseph nous l'apprend, une plante propre à guérir tous ces possédés, qui, dans leurs accès, étaient violemment secoués, jetés à terre, écumaient. Est-il donc étonnant qu'on ait donné le nom de maladie sacrée à ces symptômes, que les ignorants prenaient pour l'effet de la malignité d'un démon, et que toutes les maladies incurables qui tenaient aux convulsions, aient été comprises sous cette dénomination? Ménécrate, homme instruit, pouvait faire jouer à ses convulsionnaires le rôle que les Jansénistes ont fait jouer aux leurs à Paris ; car il n'y a pas de spécifique contre l’épilepsie, qu'on ne guérit, par l'empirisme, que dans quelques cas particuliers, parce qu'elle peut avoir pour cause un vice des organes. Or, le vice interne d'un organe ne se guérit que par la nature seule» ou reste toujours tel ; c'est alors qu'il y a comme ti theion, aliquid divinum dans la maladie. Mais voyez Casimir Medicus, Malad. périod:

[96] Je lis ici periesesthai, pour esesthai. Les copistes ont oublié la préposition. Casaubon n'a pas compris ce passage.

[97] C'est ainsi qu'il faut lire, tant pour le nom de l'auteur, que pour celui de la pièce. Voyez liv. 9, ch. 8, ou p. 405 du grec.

[98] Casaubon arrange mal ces vers. Lisez legoo, pour eure, à la fin du quatrième, et le cinquième ainsi, monon heureem' eid. to nomizomenon, eme : on évite ainsi toute supposition. Il ne faut que rétablir et ranger ce que les copistes ont altéré. To peras heureema est très grec.

[99] Il lui donne ce repas pour exemple.

[100] Lisez t'ouptanion ; pour la mesure du vers, et g' pour m'. Adam.

[101] Lisez comme les manuscrits, oude heis, c'est une allusion à ce qui arriva aux compagnons d'Ulysse.

[102] Otez auton de ce vers, où il n'est que supposé. Il a passé de la marge dans le texte. On lit même encore plus mal autoon dans les manuscrits.

[103] J’ignore ce qu'étaient ces Célédones, ainsi nommées du charme de leur chant. Voyez Hésychius, au mot keleesis. Les Sirènes sont connues. Conférez Clément Alex. Stromat., liv. 2.

[104] Il en a déjà été parlé dans un des livres précédents.

[105] Je lis ici mageiron mageiros avec mes manuscrits, qui portent en outre poteron au vers 9; il dépend de oistha, vers 7, qu'il faut supposer pour le sens. Proteron trouble tout, quoique Casaubon l'admette sans autorité.

[106] C'est le cuisinier qui dit cela, non le maître : la suite le prouve.

[107] Lisez encore ici t'ouptanion.

[108] Je suis le texte marginal de Casaubon. Il se présente de lui-même comme plus exact ici.

[109] Je conserve le texte, dont le sens était déterminé par ce qui précédait, mais que nous ignorons : ce n'est pas une raison pour le changer. Je lis tou dans le sens de tinos, et drakoon au second aoriste, au premier vers : au second, je lis hou pour ou, comme adverbe ; et ensuite meen diatel' es teen heemeran (diateloo est, etc.) : expression très grecque ; ainsi tout est clair sans altérer le texte.

[110] On voit par ce passage et les précédents, qu'il s'agit de cuisiniers qu'on louait au besoin.

[111] Ou les passagers.

[112] Lisez —synagoon ta nee dy’ heteros pou enebalen es to keramion an heureemena. Quant à apothlib. kekrag. ils sont régis par eoo boân. L'expression apo symboloon est très reconnaissable dans les analogues, a secretis, etc. Ce passage n'est donc devenu obscur que par la faute des copistes qui ont confondu les genres, et mal divisé. Par kraspeda, j'entends le bord de la robe que tenait et agitait celui qui voulait se faire remarquer, et réunir des convives.

[113] Texte, tu le déchargeras, toi et ton sein, en courant; aposaxeis, etc.

[114] Ce passage est un dialogue, où il n'y a rien d'obscur ni d'altéré, quoiqu'en dise Casaubon. Adam, qui l'écoute trop souvent, s'en est fort mal tiré. Je ne néglige que quelques fausses leçons des manuscrits.

[115] Laissons la mesure, que les copistes ont dérangée ; le sens est clair.

[116] Ceci n'est pas le récit d'un repas fait, comme on l'a cru : c'est un cuisinier qui dit au parfait, selon le style attique, comment on doit s'y prendre pour accommoder les différents poissons.

[117] Adam lit très bien : Apodous hos' estin ep' obeloisin optana.

[118] Texte, oonthyleumenee : mot qui désigne tout apprêt très recherché. C'est ici une sauce analogue à celle qu'on fait dans nos ports pour manger la sèche : du beurre, ou de l'huile, des appétits, oignons, ciboules, vinaigre, etc.

[119] Je suppose panta, ou tanta, avec les interprètes, pour frire le sens et le vers.

[120] Lisez, avec mes manuscrits, teen auteen hodon, de la même manière que, etc. S'il n'y avait que teen hodon, ce serait, selon l'usage, ou bien comme il faut. Ceci confirme le sens que j'ai donné à cette expression, liv. 2.

[121] Je trouve ici dans mes manuscrits, halos heladioo d.3 sans doute pour halas' hel. d., ce qui paraît être le vrai texte; car heileesa, ou heilysa, est de trop ici, puisque ce serait le synonyme d’esparganoosa. Il faut donc traduire : je l'imbibe bien d'huile et de sel ; ensuite, je la saupoudre d'origan, et je l'enveloppe de feuilles de figuier, pour la mettre sous, etc.

[122] Mettez un point avant poly, dans le grec.

[123] Il a ce nom des taches blanches rondes, ou en forme d'étoiles, dont sa peau est marquée. C'est en français le lentillat.

[124] Athénée cite ici un texte d'Aristote que nous n'avons plus. Voici les noms français de ces poissons, selon l’ordre où ils sont ici. L'aguillat, l'émisole, le lentillat, la roussette, le renard marin. Quant au mot lime, il ne peut être ici d'Aristote : mon manuscrit B ne le porte pas ; ainsi c'est à tort que Gesner y suppléait le mot zygœne, marteau, ou poisson juif Je n'entrerai dans aucun détail sur les chiens de mer. Cyprian, p. 2561, seqq., et M. Camus, tom. 2, ont bien rempli cette tâche : on les consultera ; mais Cyprian est beaucoup plus intéressant.

[125] Fausse citation, continuée par la suite comme j'en ai prévenu. On trouvera dans M. Camus et Cyprian les passages indiqués.

[126] Le nootidanas serait le poisson bossu, gibbosus, dont on verra la figure dans Jonston : le mot grec indique son dos relevé en bosse pointue. Voyez Jonston, tab. 13, n° 2.

[127] C'est de cette épine qu'il a eu le mot centrine comme piquant. Voyez sur ce chien de mer, Cyprian, p. 2592, § 267

[128] Les détails de Cyprian sur ce poisson méritent d'être lus avec attention.

[129] Voyez Cyprian sur ce fait, p. 2565.

[130] Voyez Nonnius, de Esu piscium, ch. 20, sur ce chien de mer, que les uns disent être l’alopécie, ou le chien-renard, ou le chien gras des Syracusains. Conférez Cyprian, p. 2582; et Jonston, tab. 24, n° 1 ; Pline et St. Eustathe, dans son Hexaéméron, p. 22, disent que ce poisson saute à la ligne pour la couper, lorsqu'il est pris à l'hameçon; mais Léo Aliatius observe qu'Elien dit qu'il vomit, et retourne ses intestins pour en détacher l'hameçon : voyez Hexaém., notes, p. 108.

[131] L'Ellops, selon quelques écrivains, paraît être analogue à l'anthias, et peut-être le même. Il en sera parlé plus loin.

[132] Texte, parekmykenai, emunxisse, forme particulière aux Attiques qui négligent souvent les augments. Aristophane en présente de fréquents exemples.

[133] Je lis mee paraschontos, non exhibente.

[134] J'ai déjà dit deux mots de ce poisson, dont j'ai rendu le nom au texte: sauros, espèce de maquereau.

[135] Je conserve le mot original. J'ai dit plus haut deux mots de sa couleur. On l'a nommé derbio. Quant à l’hycca, c'est la julide, ou girelle, selon quelques-uns. Mais Nonnius prend aussi l’hykka pour un des noms de l’esturgeon, ch. 33. Il a été parlé du callichthys, voyez Linn. R. an. § 150, n° 13. Le chromis est une espèce de spare comme l’orphe. Voyez sur le glauque, Cyprian, p. 2374 ; M. Camus, t. 2; Linn. § 146, n. 5.

[136] Lisez les glauques de Mégare ; autrement ce passage est inutile.

[137] Je lis thesthai : en général, le sens de ce passage est assez obscur.

[138] Je lis eis ta'nantia, pour avoir un sens, et faire le vers. Ce qui suit n'a pas de sens : je le traduis, pour ne rien laisser. Le passage est tronqué, ou pris incomplet.

[139] Je lis amian pour mian. Ce passage obscur n'est cité que pour amener le mot glauque.

[140] Je lis kephalaion.

[141] Je suis la lettre de ce passage isolé.

[142] Ile de la mer Egée, où Thésée avait abandonné Ariadne. Il y avait plusieurs îles et villes de ce nom. C'est de celle-ci que parle Ovide, Métamorphoses

[143] Il faut conférer les trois articles qu'Eudocie, publiée par M. de Villoison, à Venise, donne sur ce dont il s'agit ici, p. 97, seq.

[144] C'est ici une ville de Thrace.

[145] Espèce de gramen qui produit un grain noirâtre : gramen dactylum. On le sème en quelques contrées de l'Allemagne, et on l'emploie comme le millet et le riz. On l'a aussi nommé manna cœlestis.

[146] Au lieu d'Europe, Casaubon veut lire métamorphoses. Il est vrai qu'Athénée cite deux fois ces métamorphoses : mais Casaubon pouvait voir le liv. 2 de l'ouvrage de Nicandre sur l'Europe, cité par le Scholiaste d'Apollonius, au sujet des amours de la Lune et d'Endymion, § 7, liv. 4: ainsi je lis Euroopes, comme ce Scholiaste, ou Euroopiaka, comme Nicandre écrit Altoolika, etc. M. Bandini note aussi l’Europe de Nicandre, Préface de son édition, et observe que Stephanus en cite le liv. 5 au mot athoos.

[147] Suivant Eudocie, citée plus haut, c'est un poisson mort que Glaucus jeta sur cette herbe par la vertu de laquelle il se ranima. Il en fit l'épreuve sur lui-même, et devint immortel. Or, cette herbe merveilleuse est la grande joubarbe, ou semper vivum.

[148] Je lis Hédyle avec le manuscrit A et l'Epitomé. L'autre, B, porte Hédylogos par erreur.

[149] Dyspistos dans mes manuscrits, rapporté à Glaucus, en lisant dyspistoo. Ce mot se dit, tant de celui qui ne peut se faire croire, que de celui qu'on ne peut persuader. Par pierre rouge entend-t-il le rocher de Scylla?

[150] C'est une espèce de raie, ainsi nommée de la forme et de la position de ses épines.

[151] Je lis halata, comme on l'a indiqué. Les copistes ont écrit halita, selon la terminaison du mot alphita précédent.

[152] C'est-à dire, pour fonder Phasélis à l'endroit où elle exista.

[153] Je lirais volontiers ici bryon men en tee ilyi, qui fermente dans la vase, etc. Au reste, cette idée sur la génération purement spermatique des anguilles, n'est plus dans ce qui nous reste d'Aristote. Voyez, sur la génération des anguilles, Cyprian, p. 2611 : ses détails sont intéressants.

[154] Arist., Hist. anim., liv. 8, ch. 2.

[155] Casaubon a reproché à notre auteur d'avoir altéré ici le texte d'Aristote. M. Camus trouve le reproche bien fondé ; mais il fallait faire attention aux termes. Athénée parle de la génération, in primo actu, et Aristote, in secundo. Il a donc raison de dire que les anguilles, selon Aristote, viennent d'une fermentation putride, puisque c'est à cette fermentation que sont dus les vermisseaux dans lesquels sont contenues les anguilles, comme il s'explique, de Generat., liv. 3, ch. 11, p. 1300, édit. 8°. 1697. Je ne parlerai pas de la génération spontanée. M. Camus a traité cet article un peu trop superficiellement. L'exemple qu'il prend de Cicéron, et qui a été répété mille fois, est bien peu de chose, ou plutôt un grand défaut de jugement qu'on peut passer au siècle de Cicéron, dénué des connaissances que nous avons aujourd'hui, et qui ne fait rien contre une opinion qui a toute la nature pour preuve. Cette vérité éternelle avait paru si frappante à Saint Basile, qu'il dit, dans une de, ses Homélies sur l’Hexaéméron, qu'un seul acte de la volonté du premier être suffisait pour que la matière produisît sans cesse des êtres organisés et des animaux d'espèces différentes, sans l'accouplement du mâle et de la femelle ; mais je ne puis entrer ici en discussion.

[156] Le mot enteroon manque dans mon manuscrit B, et est interlinéaire dans le manuscrit A, d'une main plus récente.

[157] Iliade 21, vers 353. Les naturalistes s'accordent aujourd'hui avec Homère, et distinguent, des poissons, l'anguille, qu'ils rangent parmi les serpents d'eau.

[158] Voyez liv. 5, ch. 1. Hélène indique aussi la Murène. Linn. § 119, n. 1.

[159] Texte, apyreenos. Casaubon croit, d'après Eusthate, que ce mot signifie sans arêtes, et il en appelle à l'expérience pour preuve du contraire. Il devait ouvrir Théophraste, de Causis plant., liv. 3, ch. 25, il aurait vu qu'apyreenos et aphoros ou stérile, sont synonymes. Apyreenia, dans Théophraste, n'est pas l’épuisement d'une glèbe, ou effœta terra, mais la privation de tout principe végétatif. Le naturaliste Grec y enseigne comment on peut en imprégner la terre. Ce mot répond donc à ce qu'Aristote avait dit plus haut sur la production de l'anguille, qui n'est, selon lui, ni vivipare, ni ovipare, etc. J'explique le mot par un exemple. Lorsqu'on plante de jeunes arbres, on fait une fosse, qu'on laisse pendant quelque temps ouverte : pourquoi? Pour que la terre crue s'imprègne des principes de l'atbmosphère et les fournisse à la jeune racine. Or, cette terre nouvellement ouverte, est proprement apyreenos, privée de principes végétatifs, et c’est en le laissant ainsi qu'on les lui donne, sans quoi l'arbre y mourrait nécessairement.

[160] J'ajoute ce qui est en italique, pour faire mieux saisir les détails suivants, mais qu'on peut passer, si on les trouve trop minutieux. Cependant rien n’était petit pour les Grecs, surtout lorsqu'il s'agissait de leur langue.

[161] Il est encore plus difficile de la tenir. Voyez Junius, Adag. Erasm.

[162] Texte, timiootera, mot à double sens, plus chère ou plus vénérable.

[163] Les Grecs ont un très beau proverbe, qu'on peut appliquer ici, concernant la vengeance céleste : « La meule des dieux moud lentement, mais elle n'en moud que plus fin. »

[164] Texte, autel pour divinité.

[165] Elops ou ellops. M. Brotier observe sur le liv. 32 de Pline, que plusieurs naturalistes croient que ce poisson est Je même que l’Anthias, d'autres l'ont pris pour l'esturgeon. Les opinions sont trop différentes pour en rien conclure de certain. Varron et Pline vantaient celui de Rhodes; Archestrate, celui de Syracuse; d'autres, celui de la mer de Pamphylie. On voit cependant qu'il n’était pas particulier à ces mers-ci. Je renvoie donc à M. Camus, t. 2, à Nonnius. c. 20, de esu pisc. Vlitius, sur le fragment d'Ovide, ou de Gratius, Rei venat. scriptor. 4°, et à l'errata du t. 2, p. 518.

[166] Je suppose ici heteras pour faire le vers, et un sens quelconque. Les manuscrits me donnent theen après gegonoos. Faut-il lire enthen? C'est tout ce que je vois ici. La correction de Casaubon s'éloigne trop du texte.

[167] Poisson du genre des spares. Voyez M. Camus, aux mots rouget et pagre. Quant à l'autre nom hykka, on a vu plus haut qu'on le donnait à la julis et à l'esturgeon. Voyez Linn. R. an. n° 141, § 10.

[168] Il a été fait mention plus haut de ces petits poissons, et des hepsètes, ainsi nommés, dit le Schol. d'Aristophane, parce qu'on les faisait cuire dans l'huile ; hoti en elaioo hepsontai. L’encrasichole et l’hepsète, sont tantôt des poissons particuliers, comme on l'a vu plus haut, tantôt compris parmi les poissons les plus petits, sans en désigner de particuliers. Voyez Nonnius, M. Camus, t. 2, p. 102; et Cyprian, p. 2714, seq. Linn. § 156, n° 1, § 160, n° 4. Quant à l’ioops, on lit ailleurs iaups. L'auteur le comprenant dans ce fretin, ce doit être un petit poisson.

[169] Lisez melousin avec les manuscrits.

[170] Petite alose fort jeune.

[171] Recueil de plusieurs comédies qu'on croyait être d'Aristophane, mais sans assez de certitude. On les distingua par le nom de drames.

[172] Rondelet, lit : « Le cœur triangulaire et le foie blanc. » On corrigera, dans M. Camus, t. 2, p. 412, lig. 8, cœur pour corps, faute d'impression. Il faut conférer ici Cyprian, p. 1824.

[173] Le texte est ici altéré. Je trouve dans le manuscrit A, hoos kai ton heepaton, ce qui indique cependant le sens que je prends. Le vers sera exact en lisant, k. l. de lab. (hos k' heepatos) en p.

[174] Il faut conférer ici la note n° 51, d'Hardouin sur Pline, liv. 32, ch. 11. Festus, qu'il cite, prend l’élacatène pour des tronçons de thon salé, qu'on appelait mélandryes. Rondelet en fait un poisson qu'il range parmi les thons.

Columelle rappelle l’elacata, liv. 8, ch. 17, t. 2, p. 660. R. R. Scrip., édit. Gesner, et autres. Ce poisson a les deux extrémités allongées, et le corps proportionnellement fort gros. Le mot grec signifie fuseau à filer.

[175] Galeene : ce mot signifie calme. Adam lisait galee mustela, poisson que nous appelons aussi mustele. C'est, je pense, la vraie leçon. Ce badinage du poète pouvait avoir une juste application, de son temps; car il ne l'a pas fait sans raison. Voyez Cyprian, sur les différentes espèces de mustèles, ou belettes de mer, p. 2453, seq.

[176] Le thon est fort connu ; mais ses différentes espèces n'ont pas encore été clairement déterminées. Cf. ensemble Willugby, M. Camus, Cyprian, p. 1650 ; le Voyage de Sicile et de Malle, de M. Houel ; Dapper, Archipel, § canal. p. 25, pour ce qui concerne ce poisson ; Aristote, Hist., liv. 8, ch. 13. Cette faiblesse de la vue du thon est une fausse assertion.

[177] Hist. liv. 8, ch. 19. Le thon souffrant est alors moins bon. Voyez M. Camus, t. 2, p. 802 ; et Cyprian, p. 2654. Mais il est bien faux que la chair de thon soit dangereuse dans ce temps-là. Les anciens ont souvent trop aimé le merveilleux ou l'hyperbole.

[178] Voyez Cyprian, p. 2653. Il se tient aussi dans l'algue, et en mange, quoiqu'Aristote avance que le thon soit seulement Carnivore. Hist., liv. 2, ch. 2 ; ce qui est faux.

[179] Je lis pasees peri timees : correction qui se présentait naturellement. Casaubon s'éloigne étrangement du texte. Adam ne voit pas mieux que lui.

[180] Lisez kephaloidis ameinous.

[181] Casaubon lit ici avec probabilité l'Abbruze; mais on ne verra pas pourquoi le poète la dit environnée d'eau ou de la mer, si l'on ne se rappelle que le nom de Brenia désigna anciennement toute l'Italie.

[182] Thon, est un mot Phénicien qui désigne en général une chose d'une longue dimension, et a été le nom des gros poissons compris sous le nom de cète. L'auteur de l'ouvrage attribué à Aristote, sous le titre de Récits merveilleux, nous apprend que ce furent les Phéniciens qui péchèrent le thon les premiers. Laissons aux Grecs leurs étymologies.

[183] Hist. liv. 8, ch. 19.

[184] Le lecteur peu instruit sera sans doute étonné d'entendre nommer des chênes qui croissent au fond de la mer. Il trouvera cette plante marine parmi les fucus dont parle Théophraste, Hist. Plant., liv. 4, ch. 7, vers la fin, où il dit, dryn pontian hee kai harpon pherei: kai hee balanos autees chreesimee. « Chêne marin qui produit aussi du fruit, et le gland en est comestible. » Il en indique encore une troisième espèce plus grande ; mais voyez Dale, Supplément. Pharmacolog., p. 42; et Linné, t. 2, Spec. plant, class. 24 Cryptogam. fucus, p. 1626.

[185] Columelle rend assez singulièrement ce mot par ventriculos.

[186] Je lis gongron avec mes manuscrits.

[187] Makaras est la leçon corrigée du manuscrit A.

[188] Je lis au second vers : Tautas meen galeas tas kakist’ apoloumenas! Je conserve elthoon au troisième; et apolesei, au futur pour l'optatif, selon le style attique. Daléchamp paraît avoir lu brattein, pour tattein, au quatrième. Je ne le vois nulle part.

[189] Je lis ainsi ce vers, outoos de kephaleen proteron ei laboo thynnou, et ensuite enomizon avec le texte. C'est toujours le même qui parle en première personne. Adam tenait avec raison pour ce sens.

[190] Le plus grand thon.

[191] La pélamide n'est pas le thon proprement dit. Voyez M. Camus et Cyprian, sur les différentes opinions relatives à ce poisson. La discussion me mènerait trop loin. Brotier est ici dans l'erreur.

[192] Je ne vois pas la raison de ce proverbe. — Mes manuscrits portent, an lydos, pour anaudos, qui certainement est une glose d’astenakti.

[193] Hist. liv. 5, ch. 9.

[194] Hist. liv. 5, ch. 11.

[195] Je sépare comme Adam écrit à propos ces deux vers, et j'y lis melanouros, pour melainos.

[196] Mes deux manuscrits portent distinctement Archelaos, pour Archestrate.

[197] Lisez kai xeer' an ethelees, rapportant xeera à temachee, comme gennaia des manuscrits, quoiqu'en dise Casaubon.

[198] Mesaion avec les manuscrits, quoiqu'assez rare; on en forme mesaitatos.

[199] Casaubon a voulu rétablir ces vers, mais sans succès. Adam y change trop. Je lis seulement oo tan ! pour oota, et poia, pour ploia, et tout est clair. Il y a ici trois interlocuteurs.

[200] Corrigez kleeron dans l'imprimé.

[201] Hist. liv. 5, ch. 10. Conférez, liv. 8, ch. 15, et lisez les détails de Cyprian, p. 2429; et de M. Camus, Hippure, t. 2, p. 420.

[202] Du mot ars arnos, agneau, dont il imite les bondissements. On a mal rendu ce terme par urinator, plongeur.

[203] Espèce de syngnathus. Linné, § 168, n° 7. Syngnathus corpore quadrangulo, pinna caudœ carens. Artedi, ibid.

[204] Texte : pseechei, il palpe, ou ratisse. Daléchamp lit psettai, des plies. Je le suis : ce passage est trop peu important pour qu'on s'y arrête.

[205] Ou alpheste : l'auteur, dans un autre passage, ajoute doieen, mot que personne n'a voulu comprendre. Casaubon rejette avec raison le sentiment de Gesner ; mais il ne voit pas mieux que lui. On sait que le mâle et la femelle de ce poisson ne se quittent point. Le poète a donc bien dit, geminus cynœdus : doios est très connu dans ce sens. Si le poète n'a pas fait le mot anaidees féminin, il faut lire doion. Je lis le vers suivant : Chaunas t' enchelias te kai ennychieen eritimon. Casaubon, qui lisait chaunous, n'en pouvait tirer aucun sens, ce mot étant adjectif masculin; mais on a dit chaunee et channee, pour le serran. Quant au mot eritime, qui se retrouvera ailleurs, je le suppose, avec Casaubon, pour pitinou, qui n'a aucun sens. Ce même vers se retrouvera encore plus défiguré plus loin ; mais les leçons que je suis sont celles du texte, excepté eritimon, et le vers est exact. Je rends myas par porcs. On a désigné ces poissons par mys et hys. Voyez Cyprian, p. 2377. Il sera parlé de l’hykka plus loin.

[206] La ligne que la girelle présente de la tête à la queue, et analogue à celle que décrit le corps du millepieds, nommé julos, a fait présumer que ce poisson en avait eu son nom. L'épithète de vorace convenait à la girelle, qui vient mordre ceux qui sont dans l'eau.

[207] Daléchamp lisait iobolos, pour iobaros du texte. Casaubon l'a suivi.

[208] Aristote donne indubitablement cette épithète aux lombrics terrestres, à cause de leur forme analogue à celle d'un boyau. Voyez M. Camus, t. 2. Mais il s'agit ici, à ce qu'on croit, de l'insecte nommé millepieds. Les raisons de Casaubon ne me convainquent pas suffisamment, quoique je sois assez de son avis, d'après les auteurs qu'il cite. Il est cependant vrai que l'épithète gaïeephage, qui mange de la terre, ne convient guère à cet insecte. Les anciens ont plutôt dû présumer cela du ver de terre, que du millepieds, qui d'ailleurs ne se voit guère sur les hauts rivages. Le ver de terre s'y trouve au contraire presque partout. Il est plus que vraisemblable que ce ver-ci tire de la terre une grande partie de sa substance nutritive. Il n'y a pas de terre qui n'en contienne. Les Sauvages de l'Orénoque, sans en citer d'autres, savent trouver même une terre comestible : voyez Gumilla. Les Nègres de l'Afrique en découvrent aussi en Amérique d'analogue à celle qu'ils mangeaient chez eux.

[209] Texte, herpeelas. Il ne faut pas confondre cet insecte, dont parle Cyprian, p. 3616, avec le crustacée dont parle l'auteur ci-après, sous le nom d’herpilla, au mot cordylos.

[210] Le rocher de Scylla, ou le prétendu monstre : Skilla, oignon de Squille.

[211] Mais Aristote observe que les couleurs de la grive changent selon les saisons, Hist. liv. 8, ch. 3o. Du reste, on lira avec plaisir les détails de M. Camus, t. 2, p. 397, 505 ; et Cyprian, p. 26961 sur la grive et le merle de mer.

[212] Le sens du texte, hois eedee, est coupé : on ne sait à quoi cela pouvait se rapporter. Il est inutile de changer le texte : ainsi je traduis en outre.

[213] Rondelet croit que c'est le tronchon, poisson analogue au glauque par les couleurs du dos et du ventre ; et par les ouïes, les nageoires, etc. au lampuge. Ce passage n'est plus dans ce qui nous reste d'Aristote. On y trouve seulement que le chromis a, comme le loup de mer, l'ombre, le pagre, une pierre dans la tête, et qui les expose à périr de froid. Hist. liv. 8, ch. 19. Le chromis, qui est du genre des spares (voyez Linné, § 141, n° 14), est-il donc le même que le kremys? Casaubon l'assure. Oppien nomme le kremes qui est une espèce de foie marin. Du reste, on lira avec plaisir ce que rapporte Cyprian sur le sanglier marin, p. 2379.

[214] L'auteur dit d'abord qu'il faut être pécunieux pour acheter de ce poisson ; ensuite qu'on laisse de côté toutes les viandes pour le kapros ou sanglier. Je conserve balloon du texte, que Casaubon veut changer en ballein, qui n'a aucun sens ici. Il n'a pas fait attention au changement de nombre, si fréquent dans les auteurs grecs. On en verra des exemples dans les notes du dernier éditeur d'Oppien.

[215] Tel est ce titre dans tous les textes.

[216] Adam lit ici hitharous g'ooneis thai k’agorazein, kitharosoonios. Je suis cette idée pour avoir un sens : un autre trouvera peut-être mieux: c'est en partie l'idée de Daléchamp ; mais il n'explique pas plus que Casaubon ce qu'il y a de mauvais dans ce poisson. Il s'agit de la langue, sur laquelle l'auteur badine, prenant au figuré la liberté de sa langue. Une langue libre est aussi chez nous une mauvaise langue.

[217] De jeunes porcs. Texte, hyœnides. Ce vers est répété au mot suivant, hys, porc, p. 325 du texte grec.

[218] Ce poisson fut, dit-on, ainsi nommé des lignes dont il est marqué, et qui a l'apparence des cordes d'une cithare, instrument de musique. Il était donc naturel de le consacrer à Apollon.

[219] Ou il porte volontiers à la débauche, c'est-à-dire, qu'on s'y abandonne volontiers en le mangeant. Choisissez dans ces deux sens.

[220] Texte du manuscrit A, auanthenta, comme il le faut ici.

[221] Aristote, Hist. liv. 1, ch. 1, le compte simplement parmi les animaux aquatiques ; mais, liv. 8, ch. 2, c’était de son temps le seul animal aquatique qu'on connût, qui, ayant des bronches, et avalant l'eau, allait chercher sa nourriture à terre ; ce qui ne nous donne aucun caractère. Gesner avoue son ignorance sur cet animal aquatique. Rondelet en présente un, mais plutôt d'idée, que d'après l'expérience. Voyez les observations judicieuses de M. Camus. — Le myre est le mâle de la myrène. — Sphyrène, ou spet, est dans notre texte, peireena : lisez pyreena, retranchant la lettre s, comme on a dit kordylos, skordylos ; myrœna, smyræna ; kordylee, skordylee, thon très jeune.

[222] Otez les épines. Par cigale, entendez ici la squille rouge.

[223] Le poète dit korydeelis, pour faire son vers; ce qui a donné lieu de croire qu'il indiquait ici le poisson alouette : mais Athénée prévient l'erreur, ou il s'est trompé lui-même en citant ce vers qui ne serait pas relatif à son but ; car il doit avoir eu intention de parler du cordyle femelle, kordylis. Mais ce vers de Numénius se lit plus haut, à l'article cheval, où il n'est pas fait mention du kordylos; ainsi c'est Athénée qui serait dans l'erreur.

[224] Texte, kammaroi. On a pensé que ce mot, dont nous avons fait homard, désignait particulièrement la squille rouge. Je ne puis rien déterminer.

[225] Je ne m'arrêterai pas à l'étymologie de ce mot français, qui répond au karcharias : il est bon à manger lorsqu'il est jeune. Je renvoie, pour les détails, à Cyprian, p. 2566, seqq. On lira avec beaucoup de plaisir ce qu'il a dit de ce redoutable monstre marin, dans le ventre duquel on a quelquefois trouvé un homme entier. Par psammathide, entendez une espèce de porc marin. Le mot signifie sablonneuse.

[226] Je conserve le mot kestres, qu'on rend par muge, parce que le titre ferait croire qu'il est pris pour le genre, tandis que, selon Icésius, c'est une des espèces de leucisques. Cyprian a bien discuté cet article, p. 2343, seqq. Conférez les détails de M. Camus, t. 2, p. 525, et suiv. Ces discussions sont hors de mon but.

[227] Notez cette distinction à cause de ce qui suit plus loin.

[228] Entendez ceci comme Cyprian : « Nimirum accipit echinum pro capillo echinata specie, idest aspero, quem habet in capite, p. 2351, seq.

[229] Lisez Hist. liv. 5, ch. 11.

[230] Athénée prête cela au philosophe, ou c'est une erreur de copiste.

[231] Arist. Hist. liv. 8, ch. 2.

[232] On rectifiera ce texte d'Athénée sur celui d'Aristote, tom. I, ibid. p. 463, édit. de M. Camus.

[233] M. Camus, t. 2, croit de là que le phéraios est le même que le morveux : on peut le conclure.

[234] Rectifiez encore ceci ubi supra. Aristote y parle spécialement du capiton, et ne dit pas dans son texte ce qu'en produit Athénée.

[235] Indique la forme d'un coin. Ce passage a été discuté par Cyprian, p. 2846.

[236] Nonnius, de Esu piscium, ch. 18, a noté ce passage en parlant du muge.

[237] Je traduis ici bigarrés, le mot aioliai. J'ai déjà parlé du mot plootai, ou plootes, comme désignant le muge. L'anguille de mer et la murène sont aussi indiquées sous ce nom. Je ne sais cependant si Athénée ne se trompe pas en citant ce vers d'Epicharme pour le muge : j'aimerais mieux y entendre ploote de la murène.

[238] C'est-à-dire, qu'il n'y a que les fripons d'heureux, ou que l'honnête homme l'est rarement. Probitas laudatur, et alget. Le muge ne fait de mal à aucun poisson, et il est toujours affamé.

[239] Neestis : à jeun, affamé. Le nom adjectif devient ici nom substantif.

[240] Cf. ici Meursius, Grœc. Feriat, liv. 4, p. 160, seq.

[241] Ceci peut être pris, ou comme une allusion à l'algue dont se nourrit le muge, ou littéralement pour les plantes avec lesquelles on l'avait fait cuire. Quant à l'oie, on sait qu'elle mange de l'herbe, et endommage même les prairies : voilà pourquoi il est défendu chez nous de les y laisser paître.

[242] On a rétabli à propos la négation qui manque aussi dans mes manuscrits : la forme de kai et de mee dans les manuscrits, en aura imposé à un copiste peu attentif. Mais le texte d'Aristote est formel pour l'affirmation. On mangeait les intestins de la plupart des poissons : or, ceux du muge n'auraient pu se manger remplis de la pâture rebutante de l'algue. On a donc aussi rendu avec raison le mot ou, non, au passage suivant de Platon, d'où les copistes l'avaient ôté en altérant même la mesure du vers.

[243] Casaubon nie mal à propos cette identité de sens.

[244] Interroger et répondre.

[245] Il n'y a aucun rapport entre ce mot et ellops.

[246] Le texte porte chiens molosses, ou dogues.

[247] Hist. liv. 5, ch. 10. Conférez Cyprian, Nonnius et M. Camus sur ce poisson.

[248] Si Athénée était incertain sur le vrai sens du mot æolie, nous pouvons encore moins que lui prendre un parti à cet égard. Ce mot se trouve tantôt seul, tantôt comme adjectif! Dans ce dernier cas, il est applicable à nombre de poissons, dont les couleurs sont fort variées, et forment une fort belle bigarrure : ainsi je reste indécis.

[249] Ou cinœdus, espèce de labre. Linné, § 142, n° 40.

[250] Ceci semblerait désigner une des espèces de surmulet. La plupart des poissons étant désignés chez les anciens par des noms adjectifs, pris comme substantifs, le mot aiolia, qui indique les diverses couleurs des différentes parties de ce poisson, peut avoir pour épithète couleur de cire 3 puisque l'auteur donne ailleurs au surmulet l'épithète de jaune. Au reste, toutes ces dénominations sont fort obscures pour nous, et ne l'étaient pas moins du temps d'Athénée.

[251] Le seul coracin du Pont avait le nom de saperda, selon Cyprian. Conférez Nonnius, ch. 30. Outre cela, le coracin avait trois noms, le grand était le platistaque, le moyen, myllos, le plus petit, gnotidie.

[252] Casaubon fait ici le physicien bien mal à propos. Periechon est la circonférence du poisson, non de l’atmosphère, etc. Une expression analogue, que l'auteur emploie en parlant du rouget, devait l'éclairer. Il a été ainsi nommé, dit Athénée, par la circonstance particulière de sa couleur ; apo tou symbebeekotos.

[253] Voyez M. Camus, tom. 2, sur ce poisson très connu. Cyprian instruit encore mieux le lecteur à plusieurs égards. Il parle même de carpes royales de Bohême, sur lesquelles on ne voit que deux rangs d'écailles de la tête à la queue. Le reste du corps est à découvert. Ces carpes, dit-il, privées de la cuirasse qui pourrait les garantir, ne vivent pas longtemps. J'ajouterai que les autres carpes vivent très vieilles. Athénée ne dit pas, d'après Aristote, si la carpe est poisson de mer ou de rivière, d'étang, de lac. Ce philosophe répète cependant plusieurs fois que c'est un poisson de rivière et d'étang, Hist. liv. 4, ch. 8; liv. 6, ch. 14, etc.; mais on ne lit pas chez lui que la carpe soit carnivore. Elle mange néanmoins les vers ou lombrics qui sortent de terre, des mouches et autres petits insectes. On a prétendu qu'il y avait une carpe de mer. Il ne s'agit que de convenir du nom ; mais cette opinion n'est pas fondée.

[254] Voyez précédemment.

[255] Laveurs de boulerots et de filets. C'est le texte de mes deux manuscrits, et je le garde, comme une épithète convenable à des pêcheurs; mais il y a en même temps une plaisanterie sur les mots kothoon, vaisseau à boire en usage chez les Lacédémoniens, et plynein, qui, dans le style badin, signifie boire. L'auteur veut désigner un grand buveur, ivrogne. On voit alors la raison du mot kothoonian, qui suit.

[256] Texte, chalandroi. Je lis chalaroi, synonyme ici de chaunoteroi qui est plus haut. L'auteur désigne le boulerot qui a une teinte verdâtre et obscure tirant sur le jaune. C'est la seule correction dont cet endroit soit susceptible. Ainsi je laisse Casaubon.

[257] Bourgade obscure de l'Attique.

[258] On a donc eu bien tort d'avancer que les anciens ne les avaient pas connus.

[259] C'est-à-dire, par la circonstance de sa couleur. Voyez les détails de Cyprian sur ce poisson, et les espèces analogues qu'on y rapporte, p. 2397, seqq., et conférez M. Camus, t. 2.

[260] Terme de tous les textes, le même que pempheerides, expliqué par trachys, dans Hésychius; en latin, asper. Je ne doute pas qu'il ne s'agisse du trachinus, capite scabro, depresso, cirris multis in maxilla inferiore: d'Artedi, Gen. 42, syn. 71.

[261] Adam corrige bien le vers 993 de Théognis, deipnou dee alegoimen, etc. La correction de Casaubon fait un contre-sens palpable.

[262] Texte, epheemeron, ce qui se fait sur le champ. On voit que les improvisateurs de l'Italie ne présentent rien de nouveau. Selon Denys d'Halicarnasse, on chanta des impromptus en l'honneur de Romulus, lorsqu'il triompha des Cécimens. Voyez Essai sur la Musique, etc. t. 1, p. 40.

[263] Proverbe tiré des travaux de la campagne : on chercherait à tort une idée lubrique dans ces termes. Au reste, si telle était l'intention de l'auteur, on doit ne pas perdre de vue que les anciens nommaient chaque chose par son nom. C'est ainsi que le prophète Ézéchiel, reprochant aux femmes juives leur lubricité, dit qu'elles cherchaient des hommes dont la verge fût telle que celle d'un mulet, et l'éjaculation telle que celle d'un cheval. Biblia, 4e édit. hébr. Forsteri. Oxon. Ézéch. ch. 23, v. 20.

[264] Voyez, sur cette expression obscure, la note qui accompagne le même passage, liv. 4, ch. 17, vers la fin.

[265] Voyez liv. 6, ch. 21, note. Le texte porte ici thyrsioon, mais le manuscrit A porte en marge thyrsioon ee thounoon. Ce dernier mot revient au thurianos du liv. 6.

[266] Athénée avait sans doute écrit ou moneereis, non solitaires, car Aristote compte le loup parmi les poissons dont on prend un plus ou moins grand nombre (chytous) d'un coup de filet. Hist. liv. 5, ch. 9 : il le dit carnivore; que cependant il mange aussi de l'algue, Hist. liv. 8, ch. 2. Quant au lieu du frai, voyez Hist. liv. 5, ch. 10 : au temps, voyez Hist. liv. 5, ch. 11 ; et liv.6, ch. 17. Conférez M. Camus, t. 2, et surtout les détails de Cyprian, p. 2431 seqq..

[267] « Les loups, dit le Schol. d'Aristophane, p. 308, sont très grands à Milet, ville d'Asie, a cause de la communication de l'étang et de la mer où il s'écoule. Ces poissons, qui aiment l’eau douce, viennent dans cet étang contre le cours de l'eau. Voilà aussi pourquoi on en voit une grande quantité à Milet. »

[268] Texte, di’ almeen, expression familière aux médecins, c'est-i-dire, dont la saumure fait l'excipient ou la base.

[269] Voyez, sur ce proverbe, Aristophane même, p. 308, et le Scholiaste, qui s'est étendu à ce sujet, supra.

[270] Ces vers ont déjà été rapportés.

[271] Jonston dit deux mots de ce poisson, liv. 2, ch. 2, tit. 1. Rondelet en a cru donner la figure. Strabon le nomme comme poisson du Nil, liv. 17 : il y avait même dans la Thébaïde une ville (Latopolis) qui en avait pris son nom. Il y était adoré avec Minerve. Jablonski observe qu'il ne faut pas confondre cette ville avec d'autres du même nom, mais consacrées, à Lato, (autrement Buto) mère d'Apollon chez les Grecs. Panth. tom. 2, p. 87. J'avoue que je ne trouve aucune instruction certaine sur ce latos.

[272] Strabon rappelle encore, à l'article de l'Egypte, quelques autres poissons du Nil qui ne sont pas nommés ici. Quant aux mœotes, Gesner en parle, mais sans rien éclaircir. — Le mot simos est indéterminé, sans description qui en fixe l'application à tel individu. Il peut convenir à plusieurs poissons connus sous le nom de naze chez les Allemands, et rangés, par Linné, sous le genre de la carpe, ou à une espèce d'alose, ou à d'autres. — L’oxyrinque, ou mâchoire allongée, est un poisson du Nil qui se voit sur quelques monuments de l'Egypte. — Allabees est un mot inconnu, s'il n'est pas relatif à alabee, qui indique une couleur noire dans Hésychius. Ce dictionnaire présente karkinos pour synonyme d’alabee. On a cru pouvoir y lire le coracin : ce n'en serait qu'une espèce, d'autant plus que le coracin est nommé auparavant dans Strabon. Ce changement ne paraîtra pas étrange si l’on se rappelle qu'il a été fait dans Hésychius, au mot saperdees, on y lit karkinon ichthyn, pour korakinon ichthyn. Nonnius, ch. 3, observe que Popma lisait aussi dans Varron, carcinum piscem lingua pontica pour coracinum piscem, etc. ; ainsi on peut supposer korakinos, pour synonyme d’alabee, ou mieux alabees dans Hésychius, puisque l'un et l'autre désignent la couleur noire. — Eleootris (que d'autres ont lu eleautris) est une espèce de goujon. — Typhlee est une des espèces d'anguilles. Voyez Cyprian, p. 2646. — Physe, poisson dont Élien parle avec sa bonhommie ordinaire, liv. 12, ch. 13, mais sans nous rien apprendre. — Lepidot est le nom particulier de la carpe. De laquelle Strabon l'entendait-il? de la rouge du Nil? Hérodote emploie le même mot, liv. 2, ch. 72.

[273] Je lis houtoos kal. k. rh. Casaubon et autres ont mal vu ce texte-ci, en confondant rhinobatos avec rhinee, qui est vraiment la leiobatos, mais opisthokentros, ou pastinaca, corpore glabro aculeo longo anterius serrato in cauda aplerygia, définition exacte d’Artedi dans Linné, § 114, n° 8. C'est la trygone de Pline, liv. 9, ch. 14, et de laquelle il dit, sed millum usquam execrabilius quam radius super caudam eminens trygonis, etc. Une note marginale de mon exemplaire du Règne animal de Linné, la décrit ainsi : Tota glabro, Sulcus inter oculos longitudinalis longus, latus ; frons prominens ; facies bufonis, Linné ajoute : Caudæ aculeus venenatus veteribus et recentioribus. Conférez Léo Allatius, p. 138, notes sur l’Hexaéméron de St. Eustathe, Notre texte n'est donc pas si absurde que Casaubon le trouvait, par défaut de connaissances. Cyprian s'en est laissé imposer par ce mauvais critique.

[274] Voyez Théophraste, p. 468, édit. Heinsii. Je ne relèverai pas ici ce que dit Casaubon au sujet de Théophraste : ses réflexions sont pitoyables. Quant à la citation dans le cinquième, c'est la leçon des manuscrits. Mais est-ce livre ou chapitre? Rien ne nous le détermine. Diogène de Laërce n'a connu cet ouvrage que dans l'état où nous l'avons. Les anciens écrivaient murène, smurène et zmurène, si l'on s'en rapporte aux manuscrits. Au, reste, voyez sûr cet animal aquatique et ses espèces, Linné, § 119, apodes. M. Camus, t. 2; mais surtout Cyprian, qui intéresse le plus, p. 1634-1646.

[275] Espèce de morue. Gadus callarias, Linné, § 139, n° a.

[276] Je lis epi smogerous halieeas. Tous mes textes portent epi, qu'on change mal à propos en epei, faute de voir qu'il faut smog., non mog. Smogeros signifie ici insidieux, tels que sont les pêcheurs pour prendre le poisson. Salvini n'y a pas fait attention dans sa version italienne, poi che i pescatori seiagurati, p. 114 ; mais il faut sous-entendre autous après katepreenixen.

[277] Texte, ei d'etymon, ou ei g'etymon, puisqu'il est vrai. Ei ge est pour quippe, dans les variantes de Bandini. Hardouin prend le sens du doute, Plin. liv. 9, chap. 23, n° 4. Archélaüs, selon le Schol. de Nicandre, édit. Colon. 1530, p. 55, soutenait l'affirmative; mais cet interprète cite aussi André pour la négative. Voyez Hardouin sur les auteurs connus qui l'ont cru ; et Pline, liv. 35, sect. 5.

[278] Le passage cité d'Aristote est Hist. liv. 5, ch. 11. Hardouin observe seulement qu'Aristote présente l'opinion d'autrui, non la sienne. Pline, t. 1, p.513, sect. 39. Licinius Macer ne reconnaissait pas de murène mâle; Pline, liv. 32, sect. 5; mais les anciens sont inexacts à ce sujet. Voyez Linné, § 119, n° 1 et n° 5.

[279] Casaubon cite Aristote et Pline contre Athénée ; mais Casaubon confond chrous, qui se dit de la couleur, avec chroos dans les composés, pour désigner la peau ou le corps : or, Pline rend leiochroos d'Athénée, à la lettre, par molli cute, t. 1, p. 505, liv. 9, ch. 12. Voilà ce qu'il fallait citer. D'ailleurs, il est ensuite parlé de la couleur, to chrooma, etc.

[280] Ce texte est exact, quant à la comparaison des couleurs, qui sont blanche et noire sur celui-ci. Murœna, pinna ambiente alba, margine nigro, dit Linné, supra n° 5 ; l'autre est, murœna maculala nigra et viridis, n° 1 : ainsi ne changeons rien dans Athénée, quel que soit le texte d'Aristote. Il y a des pins dont l’écorce est cendrée, ou d'une teinte rouge, ou noirâtre. Ce terme de comparaison, dans Aristote, serait donc bien vague. Ensuite ne confond-il pas, comme le font souvent les anciens, le pitys avec le peukee? ce qui jette encore plus d'obscurité. Casaubon ne songe pas à toutes ces circonstances.

[281] Cette leçon est constante ; ne changeons rien.

[282] Cette leçon est constante, et confirmée par la dernière ligne du ch. 14, liv. 8. Si Antiphane avait écrit partout Hélène, pourquoi Athénée observerait-il qu'Antiphane, après avoir appelé les mendoles manger d'Hélène, a dit manger d'Hécate? L'observation devenait inutile. Ainsi laissons les textes comme ils sont dans chaque passage, quoiqu'en dise Casaubon. Le surmulet étant carnivore, selon Aristote, Hist. liv. 8, ch. 2, l'auteur l'appelle manger d'Hécate, parce qu'il se nourrit de morts, comme on a vu ailleurs la laitue appelée manger des morts, à cause de la mort d'Adonis; les mendoles étant avec les triglides dans le même vers, sont comprises dans la même expression.

[283] C'est ce qu'on voit par le passage du liv. 14, et le commencement du liv. 15.

[284] Je traduis le texte comme il est dans mes manuscrits. Le. mot pheesi ne doit pas être pris ici dans un sens pluriel, quoique souvent il réponde à notre on, comme, on dit. Il paraît que cet article, détaché par une lacune, faisait suite avec le précédent, pris d'un texte perdu d'Aristote. Ce philosophe ne dit rien du mélanure, sinon qu'il vit d'algue, comme le scare, Hist. liv. 8, ch. 2 ; mais je ne crois pas que mélanderin, qui est dans tous les textes, soit un mot dû aux copistes.

[285] Personne n'a fait sentir qu'il manquait ici un verbe. Ensuite on n'a pas repris la leçon psyros des manuscrits, pour psygros. Psyros est, à ce que je pense, pour psauros, que Memmius écrivait psoros, selon les copistes, et probablement mieux sauros, comme on a dit psittakos, sitta hos, perroquet. Il faut ensuite observer que l'auteur vient d'appeler mélanure orropygostiktos : or, le mot sauros me persuade qu'il y avait ici une comparaison faite entre les taches et la couleur de ce poisson, et celles d'une espèce de lézard ou du maquereau, qui, dans Hésychius, est mal indiqué par les copistes ; on y lit saura, ichthys megistos : saura ou lézard, très grand poisson ; ce qui est très faux : mais lisez melanostiktos, tacheté de noir. On entrevoit aussitôt quelque jour sur le mélanderin, qui probablement était comparé ici, tant à l'oblade, qu'au maquereau, ou lézard tacheté de noir. Voilà au moins mes idées ; elles mèneront peut-être d'autres à la vérité.

[286] Voyez ce passage, ch. 20, suivant, au mot maquereau.

[287] On lira les détails les plus intéressants à ce sujet, dans le discours préliminaire que le docte médecin Hahn a joint au traité de la lèpre de Schilling. Les faits qu'il rapporte sont vraiment étonnants. On sera amplement dédommagé de ce que Cléarque avait dit.

[288] On a vu ce passage plus étendu dans un des livres précédents.

[289] Cela est faux. Elle est au reste du corps, comme trois à neuf ou dix, c'est-à-dire, du tiers.

[290] Cela est faux. Élien avait vu la vérité. Bartholin, Blome l'ont prouvé. Voyez les détails toujours intéressants de Cyprian, p. 2662 seqq. Nous n'avons plus dans Aristote ce qu'Athénée en cite.

[291] Jeu de mots sur Gela, ville de Sicile, où Archestrate était né. Catagélaste signifie risible, ridicule.

[292] Orphe, espèce de spare. Linné, § 141, n° 8. Aristote, Hist. liv. 5, ch. 10. Conférez M. Camus, t. 2 ; et Cyprian, p. 2326.

[293] Le sens est suspendu, suivons les textes sans changement.

[294] On a vu précédemment ce passage écrit autrement. Glaukou, ee orpho enalon genos, etc. ; ce qui ne change pas les choses.

[295] Texte, hiereus : leçon de mes manuscrits, de ceux de le Comte et des premières éditions; ainsi ne changeons rien. Il est appelé prêtre, parce qu'il avait les restes des victimes qu'il était censé manger avec les prêtres. Voyez Elien, liv. 12, ch. 1. On peut même dire qu'il était prêtre, ou prophète, en ce qu'il prédisait l'avenir (selon le préjugé) par la manière dont il prenait ce qu'on lui jetait.

[296] Aujourd'hui, par retranchement, le tuck ou tick, tock, autrement belug : le huso du Danube, du Niéper, etc., analogue à l’attile du Po. Voyez les détails que j'ai déjà cités de Cyprian, p. 2831, seqq.

[297] Parties voisines des ouïes. Le collet.

[298] Proprement asinus, asellus. Les naturalistes modernes ont rangé ces poissons sous la dénomination générale de gadus, terme qui est le gados des Grecs, et qu'on trouve ailleurs dans notre auteur. Ces ânes de mer sont les différentes espèces de morue, le cabillaud, le merlan, etc. Linnée, § 129, Cyprian, p. 2361, le Dict. des Anim., M. Camus, me dispensent de tout commentaire : on les consultera. Je ne m'attache qu'au texte.

[299] Je lis galeais avec Cyprian, non galeois selon nos textes.

[300] Je lis megalochasmonas avec le manuscrit A. Adam corrigeait de même. Casaubon bat la campagne.

[301] Je suis la correction de Junius, ektrapelogastoras, mot du style d'Épicharme.

[302] Ou l’âne diffère de l'ânon. Voyez les auteurs cités sur la différence de ces deux poissons, mais surtout Cyprian, p. 2354.

[303] J'ai déjà observé que, dans les premiers temps de la Grèce, ce poisson y avait probablement été appelé balchos, mot du nord, où bolch est encore le nom de la grande morue. Je ne sais pourquoi ce passage d'Euthydème est omis dans la version de Daléchamp. Quant au galleridas, c'est le callarias gelariees, ou clarias des auteurs. Voyez Linné; Cyprian, l. c.: mais rien de si confus que toutes ces dénominations des anciens, surtout dans Athénée qui n'avait pas les sujets sous les yeux en copiant.

[304] Mes manuscrits portent kaloos, comme les imprimés; et pour fin de vers, emoi ge all’ hydainousan ; ce qui ne donne aucun sens. Casaubon dit que sa correction est certaine, et il fait un vers hexamètre de cinq pieds, pour nous écraser ensuite de seize passages inutiles sur trephoo, dont le sens est connu dans toutes les langues. Je laisse le texte tel qu'il est, d'autres y chercheront un meilleur sens.

[305] Le lecteur peut passer ces misères grammaticales. Je traduis le passage entier d'Homère, pour avoir le sens. Odyss. 5, 432.

[306] Ou aussi borné, sot qu'un polype. Anœeton, dit Aristote, Hist., liv. 9, ch. 37 ; ce que Pline rend par brutum, en parlant de ce mollusque, liv. 9, chap. 29.

[307] Ce sont les congres qui les rongent, dit Aristote, Hist. liv. 8, ch. 2. Voyez dans Cyprian les opinions pour et contre, p. 3001, seqq.

[308] Ce passage isolé avait peut-être un autre sens. Tout sot qu'est le polype, il a un instinct fort adroit pour son besoin. Au reste, on lira les détails très intéressants de Cyprian sur les polypes, p. 2996-3014, sans négliger M. Camus, t. 2.

[309] Je rends la lettre de tous les textes, pour ne pas exposer Athénée à aucune critique mal fondée sur la lettre de ses détails vrais ou faux. Les mots en haut et en bas sont relatifs à la position des dents, ou du bec formé par les deux parties qu'Aristote appelle dents. Voyez Arist. Part. Anim., liv. 4, ch. 9; conférez sa description, Hist. liv. 4, ch. 1. Il est inutile de faire des corrections dans Athénée, qui écrit sur les idées qu'il a conçues d'après la lecture d'Aristote, et non en copiant son texte. On suppléera à son inexactitude, en lisant les passages que je cite, et l'exposé de M. Camus, t. 2, au mot mollusque, p. 511.

[310] Aristote dit, au milieu des pieds qu'on appelle les filets, Hist. liv. 4.

[311] En général, tholos se dit d'un fluide trouble.

[312] Athénée se sert ici du mot par lequel Aristote désigne ailleurs le réservoir de la pourpre, mais non en décrivant la sèche; Part. liv. 4, chap. 5 ; Hist. liv. 4, ch. 1. Je soupçonne cependant que ce mot s'y trouvait. En effet, pourquoi dit-il que quelques-uns appelaient mytis, une partie membraneuse qui contient un fluide, selon lui, le long du milieu de laquelle l'œsophage se rend à l'estomac, et approuve-t-il cette dénomination, en disant d'une autre partie, on l'appelle aussi mytis? Part. liv. 4, ch. 5. Il y aurait donc deux mytis dans une sèche. Je croirais qu'on pourrait lire ici meekoon, et qu'il y a kai de trop. Il ajoute : or, c'est le long de ce réservoir et du milieu de la mytis que passe l'œsophage. Di' autou n'est pas ici à travers, mais le long de lui. Dia mesou n'est pas non plus à travers le milieu, mais sous le milieu de laquelle mytis, comme on aurait dû le rendre, en observant le couteau à la main. Aristote l'avait indiqué, Hist. liv. 4, ch. 1, en disant que le tholos, ou l'humeur colorante, était epi tautee qu'on a mal rendu par dans elle (la mytis), il fallait dire à côté d'elle, ou, en aidant à la lettre, d'après les dissections, sous une de ses faces. C'est ainsi qu'en parlant de l'intestin, Part. liv. 4, ch. 5, il dit, epi tees mytidos, il est à côté de la mytis, etc. Je ne ferai que cette observation anatomique sur le texte d'Aristote qu'on a mal saisi : le reste peut facilement servir à corriger Athénée.

[313] Ou dont la forme et la situation aient du rapport avec ceux des animaux qui ont du sang, Hist. liv. 4, ch. 1.

[314] Il dit aussi des insectes, polyn chronon ho syndyasmos, Hist. liv. 5, ch. 6. L'accouplement est très long. La grenouille demeure aussi très longtemps accouplée. Le célèbre médecin Triller a bien décrit cet accouplement dans une pièce de vers allemands.

[315] Je lis ici, avec confiance, poros too ocheumati, le trou pour l'accouplement; ce qu'Aristote indique kath' hon enioi kai ocheuesthai phasi, Hist. liv. 5, ch. 6, à la fin.

[316] Texte, botrydon: dans Aristote, bostrychion. Si l'on avait fait attention à la fleur du peuplier, on aurait senti ce que voulait dire Aristote, Hist. liv. 5, ch. 12 et ch. 18, où le texte est plus exact. Le pauvre Casaubon n'y entend rien.

[317] Il est indifférent de lire enthryskois, ou anthriskois : il s'agit du cerfeuil sauvage, plante ombellifère : enthousikon, dans Théophraste. M. Adanson lit entasikon. Le strabèle est le grand buccin : je l'ai déjà dit.

[318] Polypous fait la fin d'un vers, et ne devait pas être sur la même ligne que le suivant. Lisez auton, sans aspiration, selon les Attiques, pour la mesure du troisième vers, au lieu de heauton; comme plus haut autoon3 non hautoon.

[319] Ce changement de couleur est nié par les naturalistes actuels.

[320] Celui qu'Aristote appelle nautile, ou, selon d'autres, nautique. On a raconté des merveilles de ce prétendu rameur. Voyez Élien, liv. 9, ch. 34. Oppien ne l'a pas oublié : c'étaient autant de mensonges de plus à son poème; mais cf. Cyprian, p. 3035, ou la note 2 de la page 167 suivante de ma version.

[321] Il suffit de le leur serrer pour qu'ils lâchent prise.

[322] Aristote dit de très grands cotylédons ; ou le plus grand cot., mais, après avoir donné ces détails comme de simples opinions, Hist. liv. 5, ch. 6 il les réfute, de Generat., liv. 1, ch. 15, all'ouch organou chreesimou pros teen geneesin, mais non comme organe utile à la génération.

[323] Fausse citation ordinaire.

[324] Lisez Arist. Hist. liv. 5, ch. 18, sur tout ce qui concerne les œufs des mollusques.

[325] Hist. liv. 5, ch. 18.

[326] Voyez Théophr., édit. Heins., p. 460 (lisez 470). Je suppose topois, comme il est dans ce texte-ci. Les manuscrits d'Athénée portent monois, qui n'est pas dans Théophraste. Malista y manque aussi ; c'est la première phrase de ce fragment-là; et elle est conçue autrement. Monois, qui paraît répondre au monon de Théophraste, me fait croire que la phrase d'Athénée n'est plus celle qu'il avait écrite.

[327] Voyez M. Camus, t. 2, p. 542. Klein, Ostracolog. genus 1.

[328][328] Aristote dit simplement, esti d’hoion polypous, comme lit très bien M. Camus, Hist. liv. 4, ch. 1. Le texte vicieux qu'avait suivi Gaza s’était conservé dans toutes les éditions, comme je le vois par l'édit. de Basle, in fol. 1539, t. 1, p. 482 ; et dans la belle édition in 8°. de 1697, p. 898. Salvien corrigeait d'aptes la marge d'un ancien exemplaire, ho te kaloumenos hypo tinon nautilos, kai ho pontilos hyp' enioon : esti de hoion polypous. « Celui que quelques-uns appellent nautile, et d'autres pontile : « or, il est analogue au polype. » Il est probable que Pline avait connu le mot pontile, lorsqu'il écrivait, liv. 9, ch. 29, qui vocatur nautilos, ab aliis pompilos, ou il faudrait lire pontilos, ainsi le pompile n'est plus qu'une chimère dans la nomenclature de l'histoire naturelle, lorsqu'on ne parle pas d'une espèce de thon. Cependant je ne suis plus de l'avis de Salvien, Hist. Liv. fol. 162, lorsqu'il veut lire, dans Athénée, p. 318, liv. ii, pontilos pour trepsichroos. Il faudrait avoir le passage entier d'Aristote, exact ou non, pour établir la correction. Il ne paraît pas que trepsichroos soit ici synonyme de nautile, comme on l'a pensé.

[329] Aristote dit, sa coquille est comme un pétoncle creux, auquel il n'est pas attaché. Ibid.

[330] Arsinoé, femme de Ptolémée Philadelphe, avait été mise au rang des divinités, sous le nom de Vénus Zephyritis. On l'appelait aussi Clitoris : voyez Catulle, Carm. lxvii, sur la chevelure de Bérénice. Sélène, en se mariant, lui consacre ce joujou de son enfonce, selon l'usage. Voyez l'ancienne édit. In fol. Varior. Je traduis cette épigramme presqu'à la lettre. C'est le nautile qui parle ici.

[331] Je conserve oulos avec les manuscrits, quoiqu'il n'ait qu'un sens vague. Au vers suivant, je ne vois, dans les manuscrits, que ge, ou goo, après kai ; ce qui n'a pas de sens. Julide était une ville de l'île de Cée. Trois vers plus bas, je lis tiktoit' ainoteree oœon Halkyone. On sait qu'Halcyone fut assez cruelle envers elle-même, pour se jeter à la mer, et se noyer. Quant aux Alcyons, qui en ont pris leur nom, la fable nous apprend que le temps de leur ponte est toujours calme. C'est ce que le nautile indique ici, par pondre pour lui, c'est-à-dire qu'il ne demande plus de calme. Voyez, sur les Alcyons, le Diction. des Animaux.

[332] Savoir faire de bonnes choses, désigne, dans une femme, la vertu, la sagesse.

[333] Temple où l'on adorait Arsinoé, sous le nom de Zephyritis. Le promontoire de même nom est le cap Bonandrea, Il y en avait plusieurs autres de ce nom.

[334] Texte, rendra grasse, ou brillante. On a vu plus haut, dans l'épigramme de Callimaque, un gras calme. Une surface grasse et frottée est brillante ; mais cette expression ferait-elle allusion au calme qu'on produit sur les flots, en y jetant de l'huile, car les anciens n'ont pas ignoré ce moyen de les calmer? Voyez M. Dutens, Origines des Découvertes, etc.

[335] Ceci est pris d'Aristote, Hist. liv. 4, ch. 1. On n'y lit pas polypodène.

[336] On peut traduire : les mollusques sont les polypes, etc. Voyez M. Camus, t. 2, p. 685.

[337] Loligo volitat extra aquam, dit Pline, liv. 9, ch. 9. Je lis donc peteinai, ou potanai.

[338] Graiai erithakoodees : c'est le texte de tous les livres. Graiai désigne proprement l'espèce de peau qui se forme sur une bouillie, une crème. Il ne faut donc pas écouter Casaubon. Erithakoodees désigne une matière épaisse et visqueuse. Il s'agit donc d'un aliment semblable à la consistance d'une tourte frangipane. Ceci est analogue à l'hyposphagme de sèche, ch. 21, p. 324 du texte grec.

[339] Le texte imprimé porte ici o bref; c'est une faute. Le manuscrit B porte o bref; mais le manuscrit A omet ces trois mots, at. d. pol. Il paraît donc que c'est une glose marginale, après ce qui a été dit plus haut. Quant à ce qui suit sur les selaques, le texte est si altéré, qu'il faut s'en tenir au sens de Daléchamp. Comme il est vrai, je le suis, en attendant de meilleurs textes. D'ailleurs cette fin est inutile ici.

[340] Ce passage prouve évidemment que la pélamide était distinguée du thon proprement dit. Arist. Hist. liv. 5, ch. 10, vers la fin.

[341] Paroikos : qui n'habite que pour un temps un lieu quelconque.

[342] Je lis smaridas pour komaridas des textes. Adam lisait de même. De pheesi manquent dans le manuscrit A; ce qui prouve que le texte a été altéré ici.

[343] Je lis Strophadoon, avec Daléchamp. Ce mot est indiqué par Strophados, dans le manuscrit A. La conjecture de Casaubon est insoutenable. Ces îles sont connues en géographie.

[344] Je suis l'opinion d'Artédi. Quant à ses couleurs variées, elle ne les a telles qu'au printemps, selon Arist., Hist. liv. 8, ch. 30, tou de earos poikilee. En tout autre temps, elle est blanche, selon lui. Les naturalistes n'ont pas fait assez d'attention à ce passage, pour déterminer la tanche d'Aristote et des autres anciens : au moins prouve-t-il que ce n'est pas la mole telle qu'on la décrit. M. Camus prend, avec raison, le parti du doute sur la mole de Rondelet, t. 2. Conférez Cyprian, p. 2703. Ce qui suit sur la perche, appartient à l'article précédent.

[345] Hist. liv. 5, chap. 11, en parlant du temps où les poissons jettent leurs œufs: il dit même belonai, au pluriel. On ne voit plus raphis, dans ses écrits. La citation de notre texte est l'erreur ordinaire.

[346] Le mot ee (ou, vel) manque dans le manuscrit A. Cet ouvrage est cité ailleurs, peri zoo'ikoon, ee kai ichthyoon3 ou p. z. kai i., ou en zooïkoo. C'est probablement un ouvrage qui lui était attribué, comme les trois livres de Rhétorique, selon Aldobrandin, Diog. Laërt.

[347] Je lis men toi g' ainee, correction qui se présentait d'elle-même. Celle de Casaubon est insoutenable. Quant au mot lézard, il nous dit qu'il y pensera : laissons-le penser. C'est celui que les Ioniens appelaient crocodile, nom qui est resté au crocodile, ou grand lézard, appelé autrement caïman. C'est des Ioniens qu'est venu ce mot grec. Conférez Bochart, Hiéros. t. 1, part. 1, liv. 4, ch. 1. Ce grand homme ne laisse rien à désirer sur ce crocodile terrestre. On ne doit pas être étonné que les Ioniens mangeassent ce lézard, lorsqu'on voit l’iguana, ou le leguana, grand lézard des deux continents, servir d'aliment. Je lis ensuite, an opton, de deux mots. Le grand crocodile est très bon à manger, si on lui enlève promptement son musc, avant qu'il meure ; autrement sa chair en est infectée.

[348] Ceci est contradictoire avec ce que dit Aristote, Hist. liv. 2, ch. 13; et Part. liv. 3, ch. 14. Les copistes ont donc altéré notre texte : en outré, ce poisson est grégal, non solitaire.

[349] Aristote dit, l'une simple, l’autre double s ce qui n'est pas la même chose. Hist. l. 2, ch. 13. —Piscis hodie obscurus, dit Linné, § 142, n° 1.

[350] Aristote dit, qui paraisse ruminer, dokei meerykazein ; ce qui n'est pas une assertion, ibid. et Part., ibid. Voyez Bochart, Part. 1, l. 6, ch. 1.

[351] Voyez la remarque de Belon dans M. Camus, t. 2, p. 751.

[352] Il faut ici la négation que Casaubon rend au texte, d'après Ægius. Ce poisson se retire la nuit sous les roches. Voyez Cyprian, p. 2684-2690, sur tout ce qui concerne ce poisson ; et M. Camus, quoique moins intéressant.

[353] Texte, ankylokooloon. Comme il s'agit des Cariens, je prends ce sens, guidé par Hésychius qui dit karikon mikron, on dit karique pour petit. Daléchamp l'a aussi entendu de membra contracta et torosa, comme parleraient les Latins. Les Cariens, quoique petits, ou, comme nous disons, rabougris, en parlant des arbres, étaient bien faits, braves, et n'avoient mérité de mépris, que parce qu'ils vendaient leur sang à celui qui voulait les payer : c'étaient les Suisses des anciens. Voyez Mém. Académ. Inscrip., t. 9, p. 124; ou M. de Pastoret, Discours couronné sur l'influence de la marine des Rhodiens, etc. p. 18. Il serait donc inutile de m'objecter ici qu’ankylee se prend toujours pour désigner une affection morbifique, comme dans Celse, liv. 5, ch. 18, n° 28, où il désigne un retirement de la fibre musculaire. Conférez aussi Gorrée, Lexic. Médic. Ce qui était naturel chez les Cariens, et ne préjudiciait en rien, ni à la forme, ni a la force, n’était plus un défaut.

[354] On lit mal ici Carthage, comme Cyprian, d'après Bochart, l’avait observé avant moi. Archestrate nomme ensuite Byzance, qui était à l'opposite, sur le Bosphore : ces deux villes n'étaient éloignées l'une de l'autre que d'environ un mille. Casaubon laisse passer l’erreur, trompé sans doute par paraloo qu'il aura mal entendu.

[355] Lisez plynas, avec les manuscrits.

[356] Le manuscrit A fait, avec raison peegeen de pygeen.

[357] Je lis thyateireenos, avec mes manuscrits : c'est le vrai terme. Le scare onias est l'espèce de labre que je viens d'indiquer dans Linné. L’aiolos est le labre qui présente des couleurs pourpre, verte, bleuâtre et noire, selon Artedi. Linné, § 142, n° 38.

[358] Voici comme je lis, sans rien déranger, ce passage dorique que Casaubon abandonne : Ho potisdalaoon gauloos en phoinikikoos, en kai listroos, adeitauta ganoomenos. Halieuomes, etc. Potisdalaoon est pour proszalauon, agité par le tumulte des flots. Ensuite j'écris les terminaisons de l'ablatif en oos, selon les Doriens. Daléchamp et Adam, après lui, ont vu la ville de Potidée dans ce passage : j'avoue que cette erreur est singulière. Le gaulos était un vaisseau de forme presque ronde, et assez plat, dont se servaient les Phéniciens pour leur commerce, parce qu'ils s'éloignaient peu des côtes, à moins que la tempête ne les en écartât. Voyez M. de Pastoret, Discours cité, p. 12. C'est aussi ce que fait entendre la préposition pros dans proszalaoon.

[359] Texte, narkas, torpilles; mais je lis hykkas, comme P. 327, ch. 22, où ce vers reparaît, et je suis l’opinion d’Hermippus qui l’interprète par julis, la girelle. Voyez cet endroit-là. Je laisse Casaubon de côté sur le mot ageleeidas. Il ne mérite pas qu’on l’entende.

[360] Voyez Linné, § 146, n° 6.

[361] Je traduis scorpios par scorpène. La scorpène des Grecs est ce que nous appelons rascasse.

[362] Hist. liv. 5, ch. 9.

[363] Avec danger pour celui qui est piqué : c'est ce que veut dire l'auteur; mais on doute de cet effet. Voyez M. Camus, t. 2, p. 767. Cyprian paraît tenir pour l'affirmative. Les détails qu'il donne sur le scorpion et la scorpène, méritent d'être conférés, p. 2423-2429. Voyez Linné, § 136 et 137.

[364] Lisez, Hist, liv. 5, ch. 9 et 10. Les anciens qui ont suivi Aristote, ont confondu et les noms et les couleurs des différentes espèces. Ils font le scorpios, erythros, rouge; pyrrhos, roux; kirrhos, cendré; poikilos 3 varié ou bigarré. On reconnaît toutes ces couleurs, mais non sur deux espèces seulement.

[365] Ironie relative aux vers dorés, attribués à Pythagore.

[366] Je lis, à la fin du premier vers, qui est spondaïque, an meen meioon; et au suivant, eiee tou pygonos, etc. Casaubon faisait un vers hexamètre de cinq pieds. Je ne change que ee du premiers vers, où il est inutile, en eiee. Je fais go bref dans pygonos, avec Hésychius, quoique notre texte, et Théon sur Aratus, p. 97, écrivent par oo long, pygoonos, pygoona, et je rends la mesure comme ces écrivains et le lexique de Photius l'interprètent. Archestrate n'en veut pas de plus grand, parce qu'il est trop dur. La rascasse ou scorpène des Grecs n'est jamais si grande.

[367] Je ne change rien à mes manuscrits.

[368] Du genre des spares, Linné, § 141, n° 3. Il y a un autre sarge, qui est notre gardon, rapporté au genre des carpes. Cf. les détails de Cyprian, p. 2306 ; et M. Camus.

[369] Hist. liv. 5, ch. 9. J'ajoute des animaux, avec le manuscrit B, sur la marge. Le manuscrit A l'omet : c'est toujours la même fausse citation.

[370] Casaubon veut ici poulypoi, mais il ne savait pas que les anciens distinguaient deux espèces de chalcis : l'une des chalcis de mer, tai pontiai, qu'Epicharme nomme ici, ou la grosse sardine, et celle des chalcis d'eau douce. Le vers est trop altéré pour le rétablir : le sens suffit. Lisez donc tai pontiai, et non toi poulypoi. Daléchamp avait bien vu ; mais Daléchamp n’était pas l'homme de Casaubon. Cf. Cyprian, p. 2341 seqq., et M. Camus, t. 2, p. 183 : ses détails sont très justes. Je lirais aussi dans ce passage, aigleeentes sargoi, car le mot sarg, qui est phénicien et arabe, signifie éclat, splendeur. Les sarges éclatants.

[371] Aristote les distingue aussi. M. Camus ayant très bien discuté cet article, j'y renvoie le lecteur; il aura lieu d'en être satisfait. Le mot tænia qui suit, reparaît dans le même passage, à la fin du ch. 22.

[372] Orion se couche cosmiquement en novembre, et les feuilles tombent alors.

[373] Texte, euones : le Comte a lu euoonoi, mais les Doriens terminaient ces pluriels oi en es, comme erieeres pour erieeroi, etc. : poulypes, comme de poulyps, pour poulypoi : ainsi je lis euoones, vil, à bon marché. Le pagre est très commun. Casaubon veut lire aoones d'aoon qui se trouve, dans Hésychius, pour un poisson indéterminé; mais c'est trop s'écarter de la lettre. Le poète donne une épithète à phagroi (non phagioi), comme aux autres dont il parle. Il pouvait donner celle-ci, sans scrupule, au pagre, puisqu'il appelle les saupes, mangeuses de merde, comme le dit Aristote, Hist. liv. 4, ch. 8; liv. 8, ch. 2. Pline, pour cette raison, appelle la saupe, obscœnus piscis. Voyez M. Camus, t. 2, p. 746. — Je garde ensuite bdelychrai, mot formé comme penichros, penichraleos, et je laisse à Casaubon son Eustathe.

[374] Lisez Hist. liv. 5, 19; mais liv. 6, ch. 17, il dit que c'est au commencement de l'été, et, en quelques endroits, en automne. — Quant à l'appât, c'est Hist. liv. 8, ch. 2. M. Camus traduit coloquinte, le mot kolokynthee, c'est la courge ou calebasse. Il laisse le mot prasium sans le traduire: c'est le marrube blanc, à feuilles étroites, marrhubium album, angusti folium, peregrinum. C. Bauhin. Outre cela, elles mangent aussi de l'algue, ibid.; comme le dit ensuite Pancrate.

[375] La saupe est un spare ; Linné, § 141, n° 15 : Sparus lineis utrimque undecim aureis parallelis longitudinalibus. C'est ce que l'auteur entend par couleurs variées.

[376] Dans Linné, fiatola; stromateus sub fasciatus. Dans la Méditerranée et la mer Ronge.

[377] On a mal à propos confondu ces deux espèces de spares. Aristote parle du synodon, liv. 8, ch. 2, où il le dit Carnivore et littoral ; au liv. 9, ch. 2, il le dit grégal. Il parle de la synagris, liv. 2, ch. 10, au sujet de ses ouïes; et ibid. ch. 13, au sujet de sa vésicule du fiel. Voyez M. Camus. Voici comme Linné les présente, § 141, n° 17 : Dentex, ou synodon : Sparus cauda bifida corpore variegato, dentibus quatuor majoribus. C'est de ces dents qu'on l'a appelé dentex, chez nous, dentale, ou dentillac.

N° 16. Synagris : Sparus cauda bifida, rubra, corpore purpurascente, lineis utrimque septem aureis. Voyez les détails de Cyprian, p. 2320, seqq.

[378] Je rends leuheen par brillant : ce qui est relatif au ventre de ce poisson, comme le dit Salvien. Rondelet pense que Numénius voulait indiquer la première couleur du synodon.

[379] Trigkous. Est-ce le même que l'auteur appelle plus bas brigkous, dans le passage d'Ephippus, à l'article lézard? C'est ce qui paraît fort probable. En ce cas, le poisson n'est pas inconnu : c'est l’ouranoscope, ou tapecon, selon l'interprétation d'Hésychius, qui rend brigkos par anoodorkas, de anoo, en haut ; et derkoo, regarder, fixer des yeux. Mes manuscrits portent trikkos par deux k. Voyez Cyprian, p. 2409, § 115.

[380] Les anciens nous rappellent ce maquereau, ou ses espèces, sous quatre noms, saura, souris, sauros, trachuros. Est-ce par les différences qu'ils y avaient remarquées, ou simplement par synonymie? Il paraît néanmoins qu'ils ne les confondent pas toujours. Le beau lézard de la mer Rouge était pour eux très différent des autres par ses couleurs. Les ichtyologistes modernes en ont fait plusieurs espèces, sous les noms de sieurel, bécasse et lézard,

[381] Texte des manuscrits, phykia, phykis, pour phyaia, phykis. Je présume que phykia était une faute de copiste, qu'on aura corrigé phykis sur la marge, et que l'un et l'autre seront entrés dans le texte ; ou il faut lire, phykidia, phykis. Aristote suppose en effet deux espèces de ce poisson, et qui se propagent comme indépendantes l'une de l'autre.

[382] Myllos, qu'il ne faut pas confondre avec le mullus des latins; ce que Casaubon devait observer.

[383] Je suppose aiolias adjectif, mais le mot varié peut convenir à plusieurs espèces de spares. Il paraît que l'auteur a mis cette épithète comme générale, car le spare jaunâtre, désigné par l'épithète unicolor, a même une ligne noire qui forme un anneau à sa queue. D'autres, trompés par une erreur d'Athénée, prennent ici le mot aiolias pour un individu différent : ce n'est pas mon opinion. Le muge, la perche et autres, ont la même épithète, ci-après, note 3, etc. Le passage suivant de Mnésimachus, présente taon karcharoon, dont je ne vois pas la liaison, Daléchamp a lu, ou supposé, meta taon karcharioont avec les requins, la torpille, etc.

[384] Skepanos, dans Oppien. Ce nom indiquerait un poisson qui fouille dans la vase, mais il convient à plusieurs espèces. Son autre nom attageinos vient peut-être aussi de ce que, comme l’attagos, ou francolin, il fouille la terre. On sait que cet oiseau gratte la terre, s'y roule, et s'en couvre, pour se délivrer de la piqûre des insectes. Ce nom est probablement celui d'un poisson connu sous une autre dénomination.

[385] Ou muges variés. Voyez l'article Muge, ch. 16.

[386] C'est-à-dire, surmonté d'une crête. Numénius, dit Jonston, lophian, quasi cristatum, dixit, quod ea corporis pars quœ cervici respondet, subli-mis sit et alta. De Piscib., p. 67, édit. 1767.

[387] Syagrides : je ne vois pas ce poisson désigné ailleurs. Serait-il ici pour hyænides, dont il est parlé plus loin?

[388] Linné la rapporte à l’ésox, § 154, n° 1. Il ne faut pas confondre kestra avec kestreus, qui est le muge. On a rapporté la sphyrène au genre du maquereau.

[389] Ceci est la fin d'un vers iambique que j'ai séparé.

[390] J'ajoute ce qui est en parenthèse, pour faire entendre l'auteur. Casaubon veut expulser le mot paidia, enfance, parce que l’épitomé d'Athénée ne le porte pas. Il ajoute que ce mot n'est pas grec. Baduell, Scapula, qui citent ce mot de Platon, en ce sens, la concordance des Septantes, prouvent que Casaubon était un homme bien léger. Quant à la sèche, consultez les passages cités au mot polype.

[391] Aristote ajoute, Hist. liv. 9, ch. 37, qu'elle revient dans son encre.

[392] Hist. liv. 5, ch. 6. Casaubon devait observer ici que le texte d'Athénée était défectueux, et qu'il faut lire Aristote pour le comprendre. Daléchamp paraît avoir lu kyousi, pour neousi, mais inutilement. Athénée le suppose, par les détails précédents d'Aristote. Voici le passage, selon la version de M. Camus : « Les sèches et les calmars nagent ainsi unis ensemble (mâle et femelle de chaque espèce), bouche contre bouche, bras sur bras. Le mouvement commun se fait, par rapport à chacun d'eux, dans des sens opposés. La trompe de l'un est ajustée à celle de l'autre, et, nageant ainsi accouplés, si l'un va en avant, l'autre va en arrière ; » ce que Casaubon n'a pas compris.

[393] Ce passage mérite attention. Ce sperme est ce qu'Aristote appelle hygrooteeta tina myxoodee, Hist. liv. 5, ch. 18, ou autrement thoron. Il faut donc lire, dans Athénée, kataphysâ ton thoron, comme je lis dans Aristote, Hist. liv. 5, ch. 12, où le texte porte mal tholon, car tholos est très bien distingué, chez lui, de thoros. Je sais qu'Aristote se sert ailleurs, l. 6, ch. 13, simplement du mot eppirrhainei, mais il suppose thoron, dont il venait de faire mention en parlant des poissons en général, eppirrhainei ton thoron. On voit donc, en même temps, que M. Camus a eu raison de nier que la fécondation des œufs de la sèche ne fût due qu'à l'insufflation du mâle. Kataphysâ suppose toujours thoron. Je ne m'arrêterai pas ici à d'autres passages.

Athénée dit que la sèche ne porte pas en toute saison. Cette leçon est constante dans tous ses textes connus. Aristote dit le contraire, liv. 5, ch. 12 ; mais ch. 18, il dit que la sèche est pleine, ou porte ses œufs au printemps, kyei de tou earos, et jette ses œufs en quinze jours. Pourquoi donc cette distinction, si elle porte en toute saison? Athénée a donc lu la négation ou, dans Aristote; au moins c'est ce qu'on doit présumer.

[394] Lisez potanai, dorique, ou peteinai. Potanon, dorique, neutre de potanai, est dans Hésychius. J'ai déjà cité Pline, qui, d'après Varron, attribue aussi au calmar certaine faculté de voler. Epicharme n'a pas écrit potainai, quoi qu'en dise Casaubon, qui ne me fait que trop multiplier mes notes, pour détruire ses inepties.

[395] L'un et l'autre sont mollusques, et analogues à cet égard ; mais la sèche ne s'élance pas hors de l'eau. C'est en cela que Speusippe peut avoir tort : ainsi je laisse l'explication de Casaubon.

[396] Casaubon, avec sa morgue ordinaire, change la fin de ce passage, faute de le comprendre. L'auteur dit qu'il faut faire bien bouillir ensemble le sang et les ingrédients ; ce qui est exact, comme on le voit par les mots haima hephthon, suivants. Mais Casaubon veut que cela se fasse avec des viandes bouillies, comme si l'auteur avait dit auparavant, que les viandes rôties entraient dans le mélange même de ce coulis, et non qu'on le préparait pour le rôti. Il ne comprend pas or avec ephthos, qui veut dire très bouilli : comme ex avec erythros signifie très rouge; eneryrthros, rougeâtre, ou d'un rouge clair. Il faut seulement lire, dans ce passage, tetaragmenon syn meliti, etc. et tout est clair

[397] C'est la leçon de mes manuscrits, tetmeemena. Eustathe dit tetrimmena. L'un et l'autre ont pu être dans le texte sans erreur.

[398] Polype, ainsi appelé de son odeur. J'en ai parlé.

[399] J'observerai ici en passant, que les Athéniens étaient fort friands de ce mollusque : c’était un régal que les parents s'envoyaient réciproquement, le jour des Amphidromies, ou de la nomination d'un enfant ; fête célébrée en famille. Voyez Potter, sur cette fête, Antiq. Grœc.

[400] Manuscrit B des Parties des animaux. Fausse citation ordinaire. Voyez Hist. liv. 5, ch. 9.

[401] C'est ce qu'assure Élien, liv. 10, ch. 2.

[402] C'est la leçon du manuscrit B ; ce mot désigne l'ascaride, très petit vers : le manuscrit A porte karis, nom de la squille.

[403] Aldrovand et Rondelet prennent le mot aphye pour non née, en ce qu'elle n'est pas la production d'une autre aphye; on les appelle de même, non née, en Ligurie. Le mot dysphyeis a été interprété dans le sens de très petit, ou à peine née. Les deux premières éditions, savoir, d'Alde et de Basle portent disphyes, comme deux fois née, en ce qu'Aristote fait périr l'aphye, pour renaître dans un autre individu, etc. voyez Hist. liv. 6, ch. 15, mais cette leçon est une erreur. On sait que dys et dis s'écrivent de même dans les manuscrits modernes, où le second trait de y est, en grec, compris dans la finale s. Mes manuscrits portent dysphyeis. Pline déduit le mot aphye d’aphyoo, ou apo kyein, pleuvoir de ; en ce que l'origine de l’aphye est rapportée à l'écume produite par les eaux de pluie. Il y a une espèce d’aphye, comme on l'a vu, qui se nomme aphritis, ou écumeuse, ou produite de l'écume. Malgré moi, je m'arrête à ces misères. Voyez Cyprian, p. 2710.

[404] Cela n'est pas vrai. Quant à carnivore, Aristote dit oui et non, Hist. liv. 9, ch. 37 ; liv. 8, ch. 2. Pline le suppose carnivore, mais quant à la chair de poisson, comme le croyait aussi Aldrovand. Oppien, Elien disent, au contraire, qu'il se repaît même de chair humaine, s'il en trouve ; ce que Gesner et Aldrovand ont nié. Voyez Cyprian, p. 2891.

[405] Athénée est le seul qui le dise parmi les anciens qui nous restent. Comme il connaissait peu les matières qu'il copie, on ne peut dire qu'il l'ait imaginé. Il est certain qu'il s'engendre des vers dans plusieurs poissons, et que même ils en périssent; mais c'est particulièrement dans la laite du mâle. L'alose, le merlan, la brème, le hareng et autres, sont fort sujets à être attaqués d'une espèce de tœnia. Il est même si vivace, qu'il vit encore dans la gueule du poisson rôti sur le gril : voilà pourquoi il est souvent dangereux de manger de la laite de poisson. Aristote n'ignorait pas que les poissons étaient quelquefois attaqués de vers ; mais Athénée n'a pas pris ce qu'il dit dans ce qui nous reste de ce philosophe.

[406] Ils ont la tête et le dos comme voûtés, ou arqués.

[407] Poisson relaté ci-devant, ch. 10, au commencement.

[408] Wotton en fait un poisson analogue au rouget; Gesner, le surmulet, sans barbillon. Ce serait alors le trigla, capite glabro, tota rubra cirris carens, d'Artedi. Mais que veut dire omphalotome ici? Ce mot peut désigner une sage-femme qui coupe le cordon ombilical d'un enfant; mais le mot nombril ayant quelquefois désigné, chez les anciens, les parties de la génération du mâle, ce mot serait ici relatif à l’impuissance qui résulte, selon les anciens, de la chair de surmulet, si on en mange souvent. Je ne vois rien que cette conjecture. Pourquoi le nomme-t-il ensuite calme, ou serein, eudios? C'est qu'il calme les désirs du coït.

[409] Je garde le texte de mes manuscrits. Il s'agit d'une partie des Mimes de Sophron, intitulée paidika, mot que je ne répète pas, comme le veut répéter Casaubon, qui est absurde ici, eh citant le Schol. de Nicandre. Cet interprète cite la partie paidika de ces Mimes, uniquement pour produire poiphyxies dont il avait besoin pour expliquer son texte; mais il ne lui donne pas paidika pour régime. L'édition de Cologne, de 1530, a très bien séparé ces deux mots par un point que ne devait pas négliger Alberti sur Hésychius. Ce verbe est donc, dans Athénée, ce qui régit triglas : poiphyxies triglas, etc. Tu souffleras le feu, pour faire rôtir, etc. Voilà le sens unique qu'il soit possible d'avoir ici. Casaubon donne ensuite à paidika un sens généralement obscène; ce qui n'est pas toujours vrai, comme Forster l'a bien vu dam ses notes sur la page 182 de son édition du Phédon de Platon.

[410] Ce mot barbu a été regardé comme inutile par quelques naturalistes; mais il est certain qu'il y a le surmulet sans barbe. Comme ci-devant, voyez Cyprian, p. 2387 et 2897.

[411] La citation manque : les vers qui suivent sont d'Archestrate. Je ne m'arrêterai pas aux étymologies suivantes : elles sont dignes des Grecs.

[412] J'ai parlé de ce souper.

[413] C'est la leçon du manuscrit A. A-t-il été d'usage pour koitos, le même que kottos, espèce de chabot, dans les manuscrits d'Aristote, comme on a dit kittai et koitai, pour la malacie, ou appétit absurde des femmes grosses. Le Comte lisait koitos, dans ses manuscrits. Il y a une espèce de kottos qui a comme des cornes : or, on sait que Bacchus était appelé Tauropolos, et représenté sous la forme cornue d'un taureau. Ce serait donc là ce qu'on pourrait trouver d'analogue entre ce poisson et Bacchus. Quant à la piette, oiseau aquatique, consacré à Vénus, voyez le Schol. d'Aristophane, p. 568, Oiseaux.

[414] C'est notre rouget barbu.

[415] Je lis triglais avec mes manuscrits, et il le faut.

[416] Je rends la lettre de ceci que Daléchamp a passé. Casaubon se tait aussi. Ornis, oiseau, désigne le plus souvent une poule. La poule est Carnivore, comme je l'ai souvent vu. Elle serait donc stérile, selon l'auteur, si elle mangeait du surmulet.

[417] Il faut ici trois vers ; le texte n'en donne que deux. Lisez au second :

Tautees en tee stageiroo : kednee de kai autee Ein Erythr., etc.

Tee stageiroo est une correction très heureuse d'Adam. Les manuscrits de Casaubon portent en de too geiroo. Les miens et ceux de le Comte, e. d. t. cheiroo. On a dit stageiros, stageira, féminin; et stageira, pluriel neutre.

[418] Je lis esti pour eiti. L'auteur veut dire qu'on n'en avait pas comme on l'aurait désiré. Je lis ensuite trygonas et deinophyee melanouron, k l'accusatif, comme trigleen précédent.

[419] Casaubon voit la bonne leçon, et la laisse pour une fumée. Entopous, pour entopious, comme enalos, pour enalios, et autres, indique ici que ces poissons y vivaient habituellement.

[420] Diane, Hécate, la Lune.

[421] On a fait quatre espèces de ce poisson, sur lesquels on consultera Artédi, Gesner, aquatil., Jonston. Le poisson a eu ce nom de sa forme longue, mince et étroite.

[422] Gesner rétablit le vers que Casaubon donne, d'après lui, sur sa marge.

[423] Labrus totus rubescens cauda bifurca, Linné, § 142, n° 3. Le quatrième, authias, de Rondelet. Lisez, dans le texte, auloopias, pour tauloopias des copistes, et suivez la marge de Casaubon. Otez la virgule après oonoû.

[424] Voyez, au mot précédents polype, les passages d'Aristote et les auteurs cités sar les mollusques; ce qui concerne le calmar s'y trouve Hist. liv. 4, ch. 1 ; liv. 5, ch. 18 ; Part. liv. 4, ch. 5.

[425] Oppien, liv. 3, v. 167, est du même avis. Bellon la soutient noire, comme Horace l’avait dit. D'autres, comme Wormius, Rondelet, Cyprian, lui donnent une liqueur noire et une rougeâtre. Voyez Cyprian ; c'est de tous les naturalistes celui qui a le mieux traité l'article des mollusques, p. 2983-3038. Il relève les erreurs des anciens avec exactitude, et supplée à ce qu'ils ont omis.

[426] Le manuscrit A porte ici hyeiaias. Pursan et Daléchamp indiquent seepiais, aux sèches, ou à celui des sèches. Aristote dit que si l'on ouvre le calmar, on y verra deux intestins qui ont l'apparence de mamelles, Hist. liv. 5, ch. 18. Je ne sais où Athénée a copié ce qu'il avance, selon nos textes actuels. Quant à la citation suivante, lisez le livre que j'indique. Aristote donne deux ans au plus au calmar. Le petit calmar ou casseron, teuthis, est une espèce différente du grand ou teuthos, calmar proprement dit, et non la femelle du teuthos, comme Cyprian l'a prouvé.

[427] Je lis cames, au hasard, pour deemos du texte. Ce mot n'a pas de sens bien clair ici. Peut-on lire deemos aphyoon, quantité d'aphyes; pour pleethosa. Dans le style comique, on le soutiendrait peut-être; mais deemos est aussi de la graisse. Le cuisinier raconte d'abord son marché, dans lequel il se trouve de la graisse, et dit ensuite qu'en accommodant les calmars, il en a peu employé. Je ne vois que cela pour conserver le texte.

[428] L'auteur dit hyes en titre, poros de mer, nom applicable à plusieurs poissons : ce qui rend ce passage indéterminé.

[429] Trigla volitans, etc. Linnée, §148, n° 8.

[430] Cf. ici Cyprian, p. 2377.

[431] Texte, kantharis, pour kantharus. C'est le sparus cauda immaculata, etc. Linné, § 141, n° 13.

[432] Poisson relatif aux ammodytes, dont parle Jonston, p. 91 : Huc pertinet alter piscis porci marini nomine, etc., cf., p. 110.

[433] Texte des manuscrits, egkyous, ce qu'ils regardèrent sans doute comme le présage de la fécondité et de la fertilité. Le texte de l'épitomé porte eggeious, en terre, ou terrestres. Je ne vois pas pourquoi on préférerait cette leçon ; mais Casaubon aime toujours le merveilleux, et, le plus souvent, l'absurde.

[434] Jonston réfute ceux qui ont pris l’hykka pour l'esturgeon. Nonnius et Hermolaus l'ont pensé. Je suis l'opinion d'Hipponax, qui devait mieux connaître le sens du mot que nous.

[435] Il est grégal. Ce passage n'est plus dans Aristote.

[436] Je lis ici, comme précédemment, euoones pagroi, des pagres à vil prix. Le texte porte lones. Casaubon veut encore ici aones, mais on a vu que ce mot est adjectif dans ce vers : ainsi, passons.

[437] L'acarne, le pagel, le pagre sont très semblables; l'acarne doit même être regardé comme une espèce de pagre.

[438] Je lis eulimenous-halos.

[439] Les érudits, qui cherchent des titres de comédies perdues, salueront ici le panu Casaubon qui leur fournira de leur gibier.

[440] Texte du manuscrit B, zooikoon, le manuscrit A cite simplement Aristote. Le serran, selon Aristote, Hist. liv. 8, ch. 2, est carnivore; et ch. 13, poisson de haute mer. Le texte que cite Athénée est perdu; mais la description paraît assez vraie. Voyez M. Camus, t. 2, p. 771. On a dit qu'il n'y avait que des femelles parmi les serrans, et qu'ainsi ce poisson se reproduisait de lui-même. Aristote en parle avec doute, et ensuite plus affirmativement. Rondelet l'a cru, a voulu l'expliquer. Voyez M. Camus. Parthénius a répété cette erreur dans ses Halieutiques, édit. 2, p. 42, liv. 2.

[441] Chromis; poisson du genre des spares. Linné, § 141, n° 14.

[442] Hist. liv. 5, ch. 10.

[443] Rondelet les comprend avec la mendole. Aristote dit que c'est la mendole mâle. « Lorsque la mendole femelle est pleine d'œufs, le mâle change de douleur, contracte une odeur forte. » C'est ce qui l'a fait appeler alors tragos, ou bouc, par quelques-uns. Hist. l. 8, c. 30. Cf. Cyprian, p. 2706.

[444] Voyez Linné, § 138, n° 3; Jonston, p. 59. Cyprian en parle ainsi: « Piscis est valde latus compresso ad modum corpore, œqualis ubique crassitiei, ad passerem (la plie) figura accedens, etc. p. 2371.

[445] C'est une des espèces comprises sous le genre du clupea. Voyez Linné, g. 160, n° 5. L'Encrasichole y est aussi rapporté n° 4. La citation d'Athénée n'est plus dans les textes d'Aristote. Il parle de l'alose, liv. 9, ch.37. Il est faux que l'alose ne change pas de lieu. Oppien le nie à propos. Ce poisson court toute la mer, et entre dans nombre de rivières. Voyez Jonston, p. 105. Quelques anciens ont confondu la thrissa avec la trichis. Voyez note suiv.

[446] Aristote fait ainsi naître la trichis. « Des membrades viennent les trichides, des trichides, les trichiai, et de l'aphye, du port d'Athènes, l'encrasichole. » Mais voyez M. Camus, aux mots trichis et aphye. Ses détails méritent attention. Cf. Cyprian, p. 2336. En général, il règne beaucoup d'incertitude sur les mots thratta, thrissa, trichis, trichiai. Je suis Bellon, sur le sens de trichis, mais la trichia paraît être du nombre des sardines.

[447] Ce dernier vers présente un sens assez vague. En mettant un point après apax, avec le manuscrit B, il faut traduire : « Mais lors de l'affaire de Samos, il n'achetait que pour une demi-obole de viande. » Je crois que c'est le sens qu'il faut suivre. Casaubon, pour autoriser sa conjecture, avance que tous les manuscrits portent un point après een, mais cela est faux à l'égard des miens ; il n'y a ni point ni virgule. C'est ce que j'assure avec candeur. Quant à l'affaire de Samos, voyez Thucydide, liv. 1, p. 75, édit. Porti, 1594.

[448] Aristophane, p. 328. Le Scholiaste dit : « Espèce de poisson que nous appelons thrissa. Le même, sur les acharnes, p. 397, dit, avec certain doute : « Peut-être ceux que nous appelons thrissas, parce qu'ils ont les os semblables à des poils, thrixi. » Il reprend le ton affirmatif, p. 726, sur les concionatrices, « de ceux qu'on appelle thrissai. » Voilà donc, selon lui, la trichis, le même poisson que l'alose : je l'entends de la jeune alose.

[449] Du singulier trichias, pour trichis, sans doute. Aristote parle du trichias, Hist. liv. 5, ch. 9; mais est-ce le mot qui a le génitif en ados, et dont Nicocharès produit le pluriel trichiadas, pour trichis, trichidos, trichidas? ou le trichias, dont le pluriel est trichiai dans quelques manuscrits, et dont la leçon commune, et imprimée, est trichaioi, Hist. liv. 8, ch. 13? Quoi qu'il en soit, je dois relever ici une erreur étonnante qu'on a injustement reprochée au philosophe, en suivant Pline sans réflexion. Que le trichias soit la sardine, ou tout autre poisson, cela ne fait rien. Il s'agit du chemin que le philosophe lui fait tenir. On le prend, dit-il, lorsqu'il sort de l’Adria (ou Andria, selon deux bons manuscrits), et entre dans le Pont; il gagne le Danube, et, à l'endroit où ce fleuve se sépare en plusieurs bras, il descend pour revenir dans l’Adria, ou Andria. On ne le voit pas lorsqu'il sort du Bosphore où il était entré ; et il est si rare qu'on en prenne près de Byzance, que les pêcheurs purifient leurs filets si cela leur arrive. On n'en prend donc que quand il sort de l'Adria (Andria), et jamais quand il se rend dans l'Adria (Andria).

Voilà le sens exact du narré d'Aristote. Il est clair, et tout y est d'accord. Avant de passer outre, qu'est-ce que l’Adria ? C'est, selon les anciens géographes, ou la mer Adriatique (golfe de Venise), ou la mer Ionienne qui avait aussi ce nom, d'une ancienne ville grecque près de l'Illyrie.

On sait que plusieurs poissons de mer viennent dans les rivières pour frayer, et s'en retournent ensuite à la mer (comme le saumon dans la Loire, et le Rhin où j'en ai vu pêcher une quantité prodigieuse devant Huningue, dernière forteresse de France de ce côté-là). Ce trichias, selon Aristote, remonte dans le Danube jusqu'à la jonction de ses bras; puis ils s'en revient. Mais on ne le voit pas lorsqu'il descend avec le courant du Bosphore, car il y en a un sensible qui porte l'eau dans la Méditerranée, et se rend dans l'Adria : cela doit être. Le poisson qui nage contre l'eau, est obligé de faire effort, et parla sa pesanteur spécifique diminue ; mais en même temps il est forcé de s'élever à la surface de l'eau contre laquelle il lutte : voilà pourquoi on le voit, on le prend lorsqu'il entre dans le Pont ; mais quand il revient, livré pour ainsi dire à son propre poids, pour le peu qu'il fasse de mouvement, il avance, et fait sa route, parce qu'il n'a plus à lutter ; et ainsi il revient en tenant le fond de l'eau : voilà pourquoi on ne le voit pas, on n'en prend pas. Aristote dit donc très justement : On n'en prend pas qui revienne dans l'Adria. On ne le voit pas revenant; mais il dit trop, lorsqu'il ajoute : Il n'a pas coutume de revenir du Bosphore. Mais est-ce dans la mer Ionienne qu'il revient? je ne le crois pas, et encore moins dans le golfe Adriatique. La leçon Andrian n'est pas des copistes ; c'est un précieux reste de vérité qui avait disparu dans les manuscrits de Pline, ou que ses secrétaires ou copistes ont lu Adrian, comme plus connu. Andria était une ville maritime de Macédoine, qui avait donné son nom à la mer voisine. Or, c'est du poisson de ces eaux que parle Aristote. Ce golfe devait lui être très familier. C'est là que revenait, sans être vu, ce trichias ou trichaios, après avoir frayé dans le Danube. Il est inconcevable combien M. Camus a maltraité Aristote, dans la version qu'il nous a donnée de ce passage. Il a trouvé un bras qui part du Danube pour aller dans la mer Adriatique, etc. etc. J'aurais trop d'absurdités à combattre. Scaliger regrette qu'Aristote ait supposé ce bras pour aller dans cette mer : on voit combien il se trompe. Ce bras a occasionné, de nos jours, une grande querelle littéraire. Le savant Scipion Maffée écrivit, en 1737, le 20 avril, une lettre assez courte, mais bien faite pour réfuter l'arrivée des Argonautes en Istrie, par ce prétendu bras : il avait raison. Fortis, homme de mérite, a tout remué, au contraire, pour en prouver la vérité, dans son ouvrage sur les îles Cherzo et Ozero, mais il n'a pas persuadé. Les raisons que M. le Comte Carli a produites dans son ouvrage sur les Argonautes, sont très puissantes pour la négative; et Fortis ne les a pas détruites. M. Hacquet, habile naturaliste, a repris la matière dans sa lettre italienne, très intéressante, à M. de Born, ou son Voyage en Servie. J'avoue que ses raisons sont spécieuses ; mais il ne prouve pas assez pour se faire croire. L'opinion de Maffée est la seule vraie, si l'on envisage le voyage des Argonautes comme l'a présenté le célèbre Bianchini, dans son Histoire prouvée par les monuments, p. 374. Maffée entend par Istrie, la ville d’Istria, ou Istropolis, bâtie près d'une des embouchures du Danube. Il y a eu plusieurs villes de ce nom dans le continent et les îles de la Grèce. Voilà donc comme l'erreur, concernant les voyages des trichias et des Argonautes, disparaît après tant de siècles. Cette note est déjà trop longue ; je ne puis entrer dans de plus amples détails.

[450] Le manuscrit A porte men pelamidas, au-dessus de tas preemadas. C'est l'interprétation d'Hésychius.

[451] Je lis ichthyn heilen : correction heureuse d'Adam ; et ensuite androchthee, avec l’épitomé d'Athénée.

[452] Aristote en parle sous le nom de primadiai, Hist. liv. 8, chap. 15. En le lisant attentivement, on voit qu'il en parle comme de vrais thons; ce que M. Camus devait observer.

[453] Porphyre, de Abstinent., liv. 3; Elien, liv. 6, ch. 32. Rondelet, d'après l'expérience, et autres cités dans Cyprian, p. 2338, s'accordent à dire de l'alose, ou thrissa, ce que notre texte dit de la trichis, ce qui prouve ultérieurement que la trichis est une jeune alose.

[454] Texte, kynos euna. Je corrige avec confiance kynos eulai, ou eula, d’eulea, neutre pluriel ; et je traduis ici, vers de chien. Ce petit gerres pourri dans la saumure, a réellement une apparence de ver confondu dans des excréments. Ce passage est cité plus haut d'Épœnète. Voyez Mendoles, p. 3i3 du grec, où il y a aussi euna : même erreur qu'il faut y corriger.

[455] C'est-à-dire, les chalcis. — On ne trouve plus le mot sardines dans Aristote.

[456] Le manuscrit B porte Chalkidonioi. J'avoue que ce passage est fort obscur pour moi. Je le traduis selon le sens le plus probable.

[457] Ce passage n'est pas moins obscur. L'auteur y nomme-t-il simplement les choses, selon l'idiome des Athéniens? ou veut-il faire entendre que l’ozène est le même que l’osmyle, les thurioi, les mêmes que les ioopes: pour finir par un trait de flatterie, les éritimes sont les athéniens? L’osmyle est le polype musqué. Thurioi est-il ici le même que les thurianoi dont il a été parlé? Je ne connais les ioopes que de nom. Eritime est la chalcis ; mais il signifie aussi jaloux d'honneur.

[458] Mes manuscrits portent Boiootiakoon, non Boiootiakoo.

[459] Le même que le boops, poisson du genre des spares, Linné, § 141, n° 12; et très bon, selon Athénée, liv. 8, ch. 14. Je lis donc boopes avec Daléchamp, et je traduis areiones par excellents. Voyez Cyprian, p. 2332 ; et Jonston, p. 84 et 89.

[460] Casaubon nous renvoie au docte Schol. d'Aristophane ; mais cet interprète est assez candide pour avouer qu'il ne sait pas ce qu’était cette saumure de Thase, dont parle Athénée d'après Aristophane. Voyez Acharn., p. 403. Quant au mot epanthrakizein, rôtir sur la braise : voyez le Schol. sur les Oiseaux ; et Bizet, ibid. p. 612.

[461] Je crois que la suite du discours veut ici trichidoon, pour anthrakidoon, car il vient de citer, halmee trichidoon. Je traduirais donc : « Ayant été auparavant deux fois trempé dans la saumure de trichis. »

[462] Petit poisson qu'on a pris pour la thrissa, ou l'alose. D'autres nient cette identité, mais ne déterminent pas l'espèce de ce poisson. V. Cyprian, p. 2336; et Jonston, p. 105. Exceptez Euclide, dont le nom n'a aucun rapport avec un nom de poisson, tous les autres sont relatifs à des personnages connus de ce temps-là, hommes ou femmes. C'est ainsi que deux courtisanes d'Athènes se nommaient Aphie, mais je garde korakioontas avec les manuscrits: c'est un trait sanglant contre des gens qui s'appelaient sans doute kora-cion. Korakioun est un jeu de mots, analogue à skorakizein, et relatif à l'imprécation es korakas, va te faire pendre. Les Septante ont employé le mot skorakismos dans le sens de réprimande faite avec colère.

[463] Je lis ici thettas, avec Daléchamp ; autrement l'auteur se contredit manifestement. Il va prouver que les Attiques disaient thratta. Quant aux petits coracins, ce sont ceux qu'on appelait gnotidies.

[464] Stephanus nomme deux bourgades de ce nom; l'une surnommée Araphenides, de la tribu Ægéide, l'autre, Æxonide, de la tribu Cécropie. De ce mot est formé Halaiæus, comme le portent mes deux manuscrits. Il y avait aussi une ville Halai, en Béotie ; mais l'habitant s'appelait Haleus: ainsi je lis, deemon d'Halaieus esti, non Dekelieus, comme écrit mal à propos Casaubon. Halaieus est une syncope, à cause du vers.

[465] Lisez Hist. liv. 5, ch. 9, où le texte porte ichthyoon, ce qui est plus exact, et je le suis. Le thon, la pélamide ne sont assurément pas de petits poissons, quoique chytoi 3 c'est-à-dire, de ceux dont on prend une grande quantité ensemble.

[466] Aristote dit ailleurs que la chalcis fraie trois fois par an, Hist. liv. 6, ch. 14.

[467] Il nomme ce poisson en parlant de quelques selaques, Hist. liv. 5, ch. 5; et liv. 6, ch. 12. Il range le bœuf parmi les vivipares. Voy. M. Camus sur cet article, t. 2, p. 128; et surtout Cyprian. p. 2510, ou 2497-2535, sur les différentes espèces de raies. Linné, § 114. On a aussi donné au phoque, et à d'autres poissons, le nom de bœuf, ce qu'il faut observer.

[468] Ou langue de bœuf. Les anciens ont encore désigné d'autres poissons plats, analogues, par langue de chien, langue de cheval. Voyez Linné, dans les pleuronectes, § 189, n° 6, suiv.

[469] Voyez Rondelet, liv. 11, ch. 12. Je n'adopte sa conjecture que comme telle. Il s'agit d'une sole marquée de taches, qui lui ont fait donner, chez les naturalistes, le nom de solea oculata. Hésychius dit seulement, escharos kai koris, ichthys poios. Escharos et koris, certain poisson. V. Cyprian, p. 2494.

[470] Ou folio. Voyez Cyprian, p. 2495.

[471] Squammis tegitur parvis, per margines, spinulis velut fimbriatis, dit Bonanui, Micrograph. curios.: ou l'auteur indiquerait-il le passer asper, ou le turbot, rhombus asper, car il est certain qu'Archestrate et autres ont confondu les limandes sous la dénomination de psetta.

[472] Il en a été souvent parlé. Voyez Linné, § 146, n° 5. Celui qu'indique Artedi est le premier glauque de Rondelet, p. 252.

[473] Il est étonnant que Casaubon et Adam se soient mis à la torture pour altérer un passage où il n'y a rien à changer. Peegnysi est fiche, perce, avec le trident, comme il a été dit. Le mot triglan doit rester, comme on le voit p. 325 du grec, où ce passage est cité, à l'exception de ce qui suit triglan. L'épithète galaktochroota indique un lait dont la superficie est jaunâtre, couleur analogue à celle que l'auteur suppose à la sole. Je traduis rhombe par plie, selon l'intention que doit avoir eue ici l'auteur : autrement c'est la limande ou le turbot. Je lis rhombon. Voyez, sur cette confusion des noms, Cyprian, p. 2480. Casaubon n'a rien compris à la fin de ce passage.

[474] Les anciens mangeaient les testicules des animaux. Je ne citerai que le seul zodiaque de Pétrone, où l'on avait mis, au signe des gémeaux, testiculi ac renes. Ainsi on ne peut dire que les anciens aient pris les uns pour les autres. Les médecins des derniers siècles ont aussi employé les testicules des animaux les plus salaces dans des potions aphrodisiaques ; mais il faut excuser les préjugés que Lotichius n'a que trop suivis dans ses commentaires sur Pétrone, tom. I, p. 123. Burman a eu raison de négliger l'aphrodisiaque de Gordon, quelque éloge qu'on en a fait. On est vraiment étonné que des médecins de la plus grande célébrité aient donné dans de pareils idées, tels que Gordon, Rodéiïcus a Castro, Amatus, Forestus, Solénander et autres. On peut les excuser en conséquence des fausses théories qu'ils avaient de l'économie animale, et dont Galien, les Arabes après lui étaient les auteurs. Les compositions de ces aphrodisiaques prouvent encore plus l'ignorance de ces temps-là que les détails dans lesquels ils nous exposent ces théories. En effet, si l'on considère les substances qui entraient dans ces mixtes, on voit que les testicules, les priapes, les reins des animaux salaces qu'ils nomment, y produisaient infiniment moins d'effet que les autres principes avec lesquels ils les mélangeaient : néanmoins il est encore des gens attachés à ces anciens préjugés qui ont été généraux. Ce qu'il y a de plus singulier dans ces recettes, c'est que ces anciens docteurs y faisaient entrer des substances dont les effets dévoient arrêter ceux des autres simples. On demanderait ensuite pourquoi le testicule droit d'un animal aurait-il plus de vertu que le gauche ; mais des gens qui ne connaissaient aucunement l'économie animale, et qui ignoraient les principes des substances qu'ils employaient, pouvaient donner dans ces absurdités. En général, il n'y a pas de meilleur aphrodisiaque que l'eau, l'exercice et la sobriété. Pindare a dit, selon la plus exacte vérité, que l'eau est la meilleure chose de la nature ; et les anciens ont eu raison de faire sortir Vénus du sein d'Amphitrite, ou des ondes.