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HISTOIRE
LEGOSE,
Ecrite far Sazoménc. LIVRE CINQUIEME.
CHAPITRE PREMIER. tjptfafiedê Julien. Mort de Confiance.
C
Epcndant Julien ayant donné bataille aux Va* peuples qm habítent'f
ur les bors du Rhin, en de tua un grand nombre, et en fit un grand
nom- ^ bre pmouniers. Cette Yidtoire ayant accru iâ î^1, réputation,
fie la douceur de ion naturel lui ayant aquis l'affection des gens
de guerre, ils ?^ le proclamèrent Empéfein*. Au lieu de se met- ^
tre en peine de faire agréer à Confiance l'acceptation qui! aToit
faite de l'autorité souveraine, il changea les Officiers, et montrai
tout le abonde les lettres par lesqueltes cet Empereur avoit invité
les étrangers à entret sur les* terres de
l'Eua-
*5* HISTOIRE DE L'EGLISE, Vsu l'Empire, pour lui donucr du fecours
contre Ma-'# gnence. Apréscçia il chargea tout d'uuxoupde Religion,
et au lieu qu'il avôit fait proscáion d'é-
* treCnrêtien, il le déclara ibuvcnùn Pontife, entra Cm- ^ans *cs
tc^pics des Paicns» J offrit des facrifices, a4r¡cgt et tâcha de
perfuader à ses sujess de fuivrc fon
' exemple. Comme Pon appréhendoit que les Pcr-fes ne fîiTcnt
irruption sur les terres des Romains, et que Confiance était allé en
Syrie pour s'oppo-ièr a leurs deifeins, Julien jugea qu'il pourroit
fans peine se rendre maître de l'IIlirie, etpour cétefièc s'en
approcha, sous prétexte d'aller faire ses cxcu-fes à l'Empereur> de
ce qu'il avoit reçu fans fou confentement les marques de la
souveraine puif-tance. On dit que quand il fut sur la frontière
* d'IUirie, les vignes parurent chargées dégrafes vertes, bien que
lereros des vendanges fu t parié, et que les Pléiades le couchaiTent,
et qu'il tomba sur lui, et sur sa fuite unerofée, dont chaque goûte
avoit la figure d'une croix. II prit les grapes pour un bon préface,
et attribua au hazard la chute de là roièe. D'autres jugèrent que
ces gtapes vertes fîgnifioient que Julien feroit enlevé par une mort
précipitée, et que les croix formées par les goûtes de la rofée
fîgnifioient que la Religion Chrétienne vient du Ciel, et qu'il n'y
a perfonne
Î
jui n'en doive porter la marque. Pour moi, je uis perfuadé que ceux
qui prenoient ces deux éve-nements pour des préfàges ftineftes à
Julien, ne le trompoient point, et que le tenis a fait voir la
vérité de leur jugement. Au refte Confiance ayant appris que Julien
rnarchoit contre lui à la tête de íes troupes, renonça à
l'expédition contre les Pcr-fes, et partit pour revenir à
Conftantinople. Mais en revenant, il mourut à Mopfucréncs entre la
Cilicie, etlaCappadoce. II vécut quarante cinq ans, en régna treize
avec Conftantin son pere, et vînt-cinq depuis famore, Julien qui des
auparavant
PAR SOZOMENE, LIV. V. 157 vantétait maître de la Thracc, entra dans
Con- V* ftantinople, où il fut proclamé Empereur. Les * Paiens
difoient que les Devins, et les Démons 7* loi avaient prédit ce
changement de fortune, et * la mort de Confiance, avant qu'il partît
des Gau-les, et luiavaientconfeillé d'entreprendre cette «pédition.
On pourroit demeurer d'accord de la vérité' de cette prédiction,
si Julien n'était mort fî-tôt après fans avoir jouï autrement de
l'Empire W comme du plaisir d'un fonge. Mais il me lemble que ce
feroit une extravagance.d'avancer «ju'ayant prévu que Confiance
mourroit de la forte) et qu'il feroit lui-même rué dans une
bataille» contre les Perfès, il (è feroit jette volontairement
dans un danger, d'où il n'auroir tiré aucun fiait, qne de paner au
jugement de la poftîrijé four un Prince peu habile, et peu
"expérimenté en l'arr de la guerre, et qui auroir caulé aux Ro* mains
la perte d'une partie considerable de l'Em-ire. Je ne remarque ceci,
que de peur d'être lamé dé l'avoir omis et n'empêche pas que chacun
en juge, comme il lui plaira.
CHAPITRE II.
Education de Julien. Sa manière de vivre, et fin avènement à
l'Empire.
D
Es que Conftancç fut mort, les Chrétiens commencèrent à craindre la
perfécution, k a être plus fenïîblement tourmentez par cette
crainte, qu'ils ne l'aurorcnt été par Ja perfécu-ion-même. Ce qui
procédoit (ans doute de la oogue paix dont ils avaient jouï > du fou
venir, et le l'horreur qu'ils confer voient de la cruauté que
15« HISTOIRE DE L'EGLISE, Vm les tirans a voient exercée contre
leurs peres, k de * s la connoirTance qu'ils avaient de la haine,
dont %4i ' Julien était animé contreeux. On dit qu'il renon-5 ça à
la foi de 1 i's u s - C H R I S T, avec une si horrible impudence,
qu'il eut recours à des facri-it*. fiecs, et à des expiations,
pourefracer son Bàtê-me, et que depuis ce temps la il s'adonna tant m
particulier, qu'en public, aux augures, au culte des Idoles, et à
toutes les fiiperftitions Païennes. On ailure que comme il consultoit un jour les entrailles des victimes, il y vit une Croix
entourée d'une couronne, ce qui remplit de fraieur tons ' ceux qui
croient prefens ; parce qu'ils jugèrent que la couronne qui cft le
fymbole de la victoire, 9c le cercle que ccrrccouronne raisoit au
tour de Ja/Troix en roulant toujours sur foi-même, fans avoir ni
fin, ni commencement, signifioient q* nôtre Religion dureroir
éternellement, fie rédni-roit ses ennem is (bus sa puiffance.
Néanmoins celui qui préfidoira'cette cérémonie impie, tàclss de
diffiper la crainte de l'Empereur, en Passurant que les entrailles
des viétimes ne rnenaçoient rien de fâcheux, qu'au contraire, elles
metroienc des bornes fort étroites, à lascâbe des Chrétiens, et
l'enfermoient dans un petit efbace, hors duood il lui fèroit
impoiîible de s'étendre. j'ai oui dire qu'étant un jour dêccndo dans
un ancre fameox,et terrible, foie pour participer à quelque myftéro
ou pour confufeerim Oracle, il fut tellement i-pouvanté de la vûë
des spectres qu'on fit paroîrre devant lui, soit par le relTort de
quelque machine» | ou par la force des enchantements, qu'oubliant
se
lien oii il était^ et le fu jet pour lequel il y était aile', il
se munit fans y penser du signe de laQoii> filon la coutume
qu'obfèrvent les Chrériens, quand ils fê fentent menacez de quelque
danger A l'heure même les spcétres disparurent,et lemj-ftére se
diffipa. Le maître de la cérémonie f*
PAR SOZOMÈNE, LIY. V. 259 •"atord surpris de la fuite des démons >
mais L'an euand il en fut la caufe, il dit que c'était une *'
prophanation, exhorta l'Empereur à ne rien **• *• craindre, et à ne
rien faire qui eût rapport a la * Religion Chrétienne, et recommença
se myllére. La paffion qu'il témoiguoit pour ces fuperftirions
dcsplaisoit extrêmement aux Chrétiens, sur tout, parce qu'il avoit
été lui-même Chrétien. Il était nldeparens forr attachez a nôtre
Religion, avoit àébâtifé dés son enfance, selon l'ulage de
l'E-glise, élevé dans l'étude de l'Ecriture sainte sous la conduite
des Evêqucs, et des antres Eccléfia-ftiqocs. Gallus et lui éroient
fils de Confiance frere de l'Empereur Conssantin, et de Dalmàtius,
pere d'un autre Dalmatius qui ayant été déclaré Céfàr, fut tué par
les soldats, après la mort de Conssantin. Peu s'en fàlut que Gallus
et Juïieut qui n'avaient plus de pere, ni d'appui, nefufTenc
toassacrez de la même forte. Mais on abandonna Gallus à la maladie,
dont il fembloit devoir bien-tôt mourir, et on épargna Julien
parcom-paffion de fbn bas âge. 11 n'avoit pas encore huit ans
accomplis lors qu*aiaut été fàuvé de la sorte avec son frere, on
leur afsigna pour leur demeure une maifbû nomméeMacelle feize en
Cappado-ce, proche du monr-Argée, et non loin de Cé-fâree, bien
bâtie, et embellie de jardins, de fontaines, et de bains fort
magnifiques. Il y furent élevez d'une manière digne de la grandeur
de leur nahTance, y apprirent les fienecs, et les exercices dont
l'âge les rendoit capables, et eurent des maîtres, tant des lettres
humaines, que de l'Ecriture sainte, sous lesquels ils firent des
progrez si confi-dérables, qu'ils furent reçus dans le Clergé,
et emploiez à lire les livres fàcrez devant le peuple. Leurs mœurs
avaient aussi quelque apparence de piété. Ils respeéloient les
Eccléna-ftîoaes, et les perfonnes les plus attachées aux
Uo HISTOIRE DE L'EÇLISÈ, È'*» devoirs de la Religion, se tcnôient
aludus a 1*E-* glise, et rendoient aux tombeaux des Martyrs les
honneurs qui leur font dûs. On dit qu'ayant î entrepris d'enfermer
dans une grande Eglise le ~ tombeau de saint Mamas Martyr, ils
parragérent ¿¿ cotr'eux l'ouvrage, et que comme ils travail-loient
à l'cnvi pour Îè surpaiTer en piété, il arriva une chosemerveilleuse, et qui feroit tout-à-fait incroiable, iî elle n'était confirmée par
le témoignage de pluiîcurs perfonnes qui l'ont vue. et qui vivent
encore. Le côté ou travailloit Gai lus s'éleva, et s'avança autant
qu'on le pouvoir délirer. # Au contraire celui de Julien tomba eo ^
ruine. En un endroit les pierres se détachèrent des fbndemens, et en
l'autre les fondements mêmes se féparérent de la terre» comme ficile
les eut repoussez par une force iècréte. Cela fut regardé de tout le
monde, comme un prodige. Le
I
»euple n'en jugea que, par l'événement 5 mais es iàges îè doutèrent
dés Ions, que Julien n'était pas Chrétien au fond de l'ame, qu'il
n'en faiibit qu'une proscsslon extérieure de peur de déplaire à
l'Empereur, et qu'il diifimuloit (es véritables ícntiments, parce
qu'il n'était pas feur de les dé-couvrir. On prétend que ce fut la
familiarité qu'il eut avec les Dévins qui le porta à renoncera la
Religion de lès peres. Car la colère que Con-ftanee avoir conçue
contre lui, et contre Gallas, s'étant un peu appaisée, ce dernier
alla à Ephéiê, ou il avoit la plus grande partie de ion bien» de
Julien vint à Conftantinople, où ayant fréquenté les écoles des
ProscfTcurs, il fit bien- tôt connoître ion csprit, et ion lavoir.
Il paroilToit en public avec un habir de partieulier, et converfoit
familièrement avec un grand nombre de perfonnes. Mais parce qu'il
était confín de l'Empereur, et capable de gouverner un Etat, et que
plusîeurs le dcftiqoicnt a cet emploi si çmiqent,oufouhairoicni
mé-
FAR SOZOMENE, LIV. V. 1*1 même publiquement de l'y voir élevé, il
eut or- V** dre d'aller demeurer à Nicomédie. Il y trouva le *
Philosophe Maxitnc,natif d'Ephésc, qui lui enfèi- *A9 gna la
Pmlosophie, lui inspira la haine de la Reli- * gion Chrétienne, et
l'affura qu'il parviendrait un jour à l'Empire,ou il ferabJoir déjà
porté par l'espé-rance, et par les fouhaitsdu peuple. Julien ssatté
de cette Promesse qui cft toujours fort douce dans le temps de la
de rapprendre,
et fit
des expériences que les Chrétiens tiennent dJfenduës. Il conserva
depuis ce tcms-là, une habitude particulière avec ceux de cette
profelfion, et étant allé en Afie, s'appliqua à cette impiété avec
une ardeur in-croiable. Gallus César son frere ayant été exécuté à
mort, pour avoir voulu apporter des change ments dangereux dans
l'Etat, Confiance fbyp-conna Julien de brûler d'un defir extrême de
pof* scder la souveraine puiffance,et lui donna des Gardes.
Néanmoins, Eufébie femme de Confiance ayant obtenu pour lui
permiffion d'aller à Athènes, il s'Jr rendit, et sous prétexte
d'écouter les Philosophes ; il consulta les Dévins touchant sa future grandeur. Confiance le manda peu de
temps . Après, le déclara
César, lui promit Conssancie fà foeur en mariage, et l'envoya dans
les Gaules, ou les étrangers*, dontil avoir imploré le fecours
•contre Magnence, ri'ayantcu occafion de rendre 'aucun fèrvice,
faifbient un horrible dégât }.Sc parce qu'il ètoit encore fort
jeune, il voulut que
1«
xtt HISTOIRE DE L'EGLISE, les chefs qu'il envoient avec lui,
formaffent les re-folucioris : mais ces chefs là s'ctànc abandonnez!
l'oifiveté, Juliefî se chargea seul du poids delà guerre, anima par
toute sorte de moiens les fol-dats à affronter le danger, et principale nent en promettant une certaine récompensè à quiconque
auroit tué unennemi. Ayant gagne* par-là l'affection des gens de
guerre, il avertit l'Empereur Confiance de la négligence des chefs,
et quand ou lui eut envoie un autre Général, il en vint aux mains
avec lès Barbares, et remporta la victoire. Ils lui envoiérent
demander la paix, et montrer la lettre par laquelle Confiance les
avoit invitai entrer sur les terres de l'Empire ; mais au lien
d'expédier leur AmbafTadeur, il le retint, et ayant trouvé une
occafien avantageuse de donner une nouvelle bataille, il la gagna.
Quelques-uns ont crû que Confiance ne l'avoit chargé de cette
guerre que pour l'cxpofer au péril -, mais cela ne me parolt
nullement probable., Car puis qu'il ne dépendoit que de lui de le
déclarer César,pour- \ quoi i'auroit-il déclaré, s'il avoiteu
deiTcindele perdre ? Pourquoi luiauroit-il donné la feeuren mariage
? Pourquoi auroit-il reçu favorablement I la plainte qu'il lui
faifoit de 1 a négligence du Gc-néral,3cpourquoi lui en auroit-il
envoie un autre? Il en usa fans doute de la forte, par;ce qu'il
l'ai-moit fîneerement, et qu'il fbuhaitpit qu'il rem* | portât la
victoire. Pour moi, ma conjecturecft, qu'il le déclara César, pour
l'amour qu'il lui pot-toit, mais que quand il vit qu^il avoit
étéprocla-1 mé Empereur fans sa participation, il fut bien-aisc de
l'cxpofer aux hazars de la guerre, Si aux armes des Barbares, qui
coùxoient le long, du R^0* tant par l'aprehenfîon qu'il n'eût envie
de fève* ger des mauvais rraitements qu'il avoit rcc,J$^ lui avec
Gallusfbn frère durant leur jeuneueyq* pat jalonne dç ce qu'il
euireptenait de partage
PAR SOZOMENE, LIV. V. xS
atee lui l'autorité (buveraine. Mais enfin • un lait dont on juge
diversement. J*
CHAPITRE III.
Julien diminue CT affoiblit la R^elipon Chrétienne, Crfayorisc le
Pagoni fine.
T Orsqu'il se vit scul en pofscffion paifible de 1 ^'autorité
souverainc, il commanda qu'on ouvrit les temples des Dieux dans
toute l'étendue* de l'Orient,qu'on réparât ceux quiavaient été
négligez, qu'on relevât ceux qui étaient tombez en raine,* et qu'on
redressat les Autels* 11 af-signa pour cela des revenus, rétablit
les facrifiecs, et les anciennes cérémo||es. 11 offrit lui même des
(acrifices, répandit des liqueurs dans les temples, rendit de
grands hopneurs à ceux qui s'aquitoient de ces devoirs de l'ancienne
fuper-ftition, et rérablit les Prêtres, et les minimes des Idoles
dans la jouïlTance de leurs privilèges, et les exemta comme autrefois
des charges publiques, rendit aux gardes des temples les pensions
dont ils avaient autrefois été gratifiez, et leur ordonna de
s'abstenit des viandes, dont s'abstien-nent ceux qui veulent vivre
dans une pureté fin-
«ire du Nil, JSC les autres fy mboles au temple de Serapis,, au
lieu que fuivant J'ordre de Conftan-tin, on les portait à l'Eglisc
des Chrétiens. Il écrrvokfomcotaax habitons des villes adonnées «tut
fuperftttkasPaicnnes qu'ilslui demandaient ce qu'ils jleettf oient,
et bien loin de faire le mé-aœ imitèrent aux Chiéricns, iUeur
donnait des «arque* publiques de son indignation en reniât
dcicsJbonc^deAF*^^ ^edosotswe
ç leurs
z*4 HISTOIRE DE L*EGLI$E> X'sm leurs dépurez, ou d'écouter leurs
plaintes. Les ^ habitants de Nifible ayant envoie lui demander du •
s' fecours contre les Perles, qui écoient prêts de fai-* •1 * rc
irruption sur les terres de l'Empire, il leur en „ refufà, en haine
de ce qu'ils n'ouvroient point les x£J£ temples, et de ce qu'ils ne
prefentoient point de iacnfîces, et les menaça de n'entrer jamais
dans leur ville qu'ils n'eulTent fait profeiîion du culte des Dieux.
Il accula du même crime les habitants de Confiance en PaleftineSe les
rendit tributaires de ceux de Gaza. Confiance s'appelloit
autrefois Majume, et fèrvoit de retraite aux navires de Gaza. Mais
en faveur de la piété Chrétienne, à laquelle elle était fort
attachée, Conftantin l'exigea en ville, etlui donna le nom de
Confiance ton fils, dans la créance qu'il n'était pas juftc qu'elle
dépendit de Gaza, qui demeuroit afiujet-tieaufèrvice dcsIdoleSj
Lorsque Julien fut parvenu à l'Empire, les habitants de Gaza firent
un procez à ceux de Confiance. Ce Prince jugea en faveur des
premiers, éc ordonna que Confiance dépendroit de Gaza, bien qu'elles
fbient éloignées de vingt ftades. Elle a été nommé depuis la partie
maritime de Gaza. Ainfi elles ne font plus.qu'une ville gouvernée
par les mêmes Magiftrats: Elles ont néanmoins dans l'ordre
Ecclénaltique, chacune leur Evêque, leurClergé, les fêtes de leurs
Martyrs, la commémoration des Evéques qui les ont autrefois
conduits, et les limites qui fépa-rent les territoires. Un Evêque de
Majume ' estant mort de nos jours, celui de Gaza voulut réunir tout
le Clergé, prétendant qu'une ville se pouf oit avoir qu'un Evêque.
Les habitants de Majume s'étant oppofez à sa prétention, le Goo-cile
de la Province prit connoiltance du dissérend, et ordonna un autre
Evêque. Il jugea qu'il étok de l'équité de conserver au moins
l'avantage d'a-joir un Evêque à des peuples qui n'avaient été pri-..
' m vez
CHAPITRE IV". u$Hm
Julien perfécute cruellement, les babitants de Qé-farée. Maris Evèque
de Caleédoine lui par" le avec une généreu/e liberté.
DAos le même-temps Julien dépouilla Cé-farée, capitale de la
Cappadoce >^ûlfe pro-che du mont-Argée, de la dignité denrille,
et lai ôta même le nom de Césarée, qui luiavoir été donné sous le régne
de l'Empereur Claude, au lieu qu'elle se nommoit auparavant
Ma-zaca. II y avoit long-tcms, qu'il'haïlToit les ha-bitans, parce
qu'ils étaient fort affectionnez à la Religion Chrétienne, et qu'ils
avaient autre- * fois démoli deux temples, celui de Jupiter
tu-tclaire de la ville, et celui d'Apollon. Mais quand il fut que
depuis qu'il était parvenu à l'Empire, ils avaient encore abatu
celui de la Fortu* ne, qui était le feni qui rcftojfdans leur ville, il en conçut une furieule colère., et blâma fort les Paiens qui
n'étaient qu'en petit nombre, de n'être pas accourus au
lecours^ et de ne s'être pas expofez à toute sorte de dangers, pour
sa défen-fe de la fortune publique. II fît rechercher avec la
dernière rigueur les herirages, et les meubles qui appartenoient
tant aux Egliscs de la ville,
3u'à celles des lieux d'alentour, et commanda 'en porter trois cens
livres d'or au trefor public. Il commanda outre cela/d'cnroUcr tous
les Ecclé*» fiaftiques parmi les soldats qui servent sous le
Gouverneur de 1* Province,qui eft 1* milice la plus JomcUI. . M
PAR SOZÔMENE, LIV. V. t*$ vezdo droit de Gfté, qu'en haine du zele
qu'ils V** ayoieat pour la véritable Religion. Mais cela i arriva
pas il-tôr.
%66 HISTOIRE DE L'EGLISE, Us* onércule, et toutenfemble la-moins
honorable. ¡2* ç À" l'égard du peuple, il en fit faire le
dénombre-N' ment, fans excepter les femmes, nilesenfants,et *
leurir^pofa le même tribut qu'aux habitants des jUmm bourgs; Illes
menaça de plus, de leur faire fen-tir de plus terribles effets de sa vengeance,
et de ne pas laiiTeraux Galiléenslajouïssàncc delà vie,
c'eft ainfi qu'il appeiloitpar raillerie les Chrêticnsj s'ils ne
relevoient promptement les temples, je croi qu'il n'y eut que la
mort qui furvint bien-tot ' après, qui détourna les fuites terribles
de cette menace. Ce ne fnt par aucune tendrelTc pour les Chrétiens
qu'il les traita d'abord avec moins de rigueur que leurs premiers
perfécuteurs n'avaient fair. Mafsc'eit qu'il avoir reconnu que les
Paiera n'avaient tiré aucun fruit de leur cruauté, au heo que les
Chrétiens avaient été honorez par la généralité deceuxd'entr'eux,
qui n'avaient point appréhendé de mourir pour la détente de leur
foi. Ce ne fut donc par aucun defirde les épargner} mais.par la seule paioufie qu'il avoir de leur gloire, qu'il n'emploia contre
eux, ni le fer, ni le feu, et qu'il n'ordonna, comme
avaient
autrefois fait d[autres Princes, ni de les enterrer tous vivans, ni
de les jetter dans la mer pour les contraindre de changer de
sentiméfe, et qu'il ufà plutôt de douceur* et de perfuafioa pour
lès gagner, et pour les corrompre. On dit que comme il îâcnssoit nn
jour à Confscufjinopic dans le temple de la Fortune publique, Maris
Evêque de Caleédoine y entra, et lui reprocha devant tout le monde, qu'il était un impie, un athée, et un apo-ftat. Julien n'eut rien
à lui répondre, fiuon qu'il dtoit aveugle 5 parce qu'ayantja vue
fortfoible, il'fe faifbit conduire par un enfant, et ne pouvant
s'abstenir de vomir toujours quelone blaf-phéme, il ajouta en
raillant, le Galileen, toa i>iea ne te guérira pas. Je remercie
Dieu, respon-
PAR SOZOMEtfE, HV. V. %é7 dit Maris, de ce que je fuis aveugle, et
de ce que Û* jcBcfçauroisvoir unapoftar, comme vous. Ju- /j* lien
paffa (ans repartir, dans la créance que c'était ^ nnmoien fort
propre a augmenter > età multi- * plier le Pagamfme,quc de faire
patoître envers les Chrétiens une plus grande douceur, et une plus
Uew grande patience, que selon les apparences on
n'au-roitpiicspércr.
CHAPITRE V.
. Fguffe indulgence de Julien. Nouvelle manière de ferfecuter
l*Bgli/e.
V
Oila pourquoi il permit à ceux qui avaient éré (exilez au sujet de
la Religion de retourner en leur païs, '5c qu'il leur nt rendre le
bien qui a voit été confisqué sur eux. H défendit aussi au peuple
de faire aucune injure > ni aucune infolte aux Chrétiens", ni de les
contraindre à facrifier, et ordonna que quand ils vendaient
fàcrifier d'eux-mêmes, ils feroient obligez d'appaiferauparavant
les démons, ausquels les Paiens attribuent la force de détourner les
maux de demis les hommes, et de se purifier par les expiations
ordinaires. Itôtaaux Eçcléfia-ftiques les immunitez, les
prérogatives, 8c les pennons que Conftantin leuc avoit accordées %
abolit les lois qui avaient été faites en leur faveur, 8ç les
fournit, comme autrefois à la né-ccûjté de s'aquitter des charges
qu'ils avaient à la Cour. U obligea même les filles, 2c les veuves
qui parle privilège de leur pauvreté étoieot confédérées, comme
une portion du Clergé > de rendre les aumônes qu'elles
avaient
reçues des deniers publics* Car lorsquc l'Empereur Conteutin régla
Mi les
yGc 16% HISTOIRE DE L'EGLISE, les affaires de l'Eglise, il allîgna
au Clergé decha-
3
ue ville pour sa fubfïitancc une certaine fomme 'argent sur les
importions publiques, et pour lui en assurcr la jouïlTance, il fit
une loi qui a toujours été observée depuis la mort de Julien. Ou dit
que cette exaction fut cres-racheuie, 8c très-cruelle, comme ¿1
paraît par les décharges que les receveurs leur donnèrent des
fommes qu'ils reçurent d'elles. Elle ne pût néanmoins appaifer la
haine que Julien avoit conçue contre nôtre Religion. Il -n'omit rien
de ce qu'il pût inventer à la* ruine de l'Eglise. 11 la dépouilla de
ses vales, etdcfes ornemens, et condamna ceux qui avaient démoli les
temples sous le régne de Conftantiu, et de Confiance, à les rebâtir,
ou à en paier le prix. Quantité d'Evêqucs, d'Eccléfiaftiques,
et
d'autres fidèles furent cruellement tourmentez, et mis en prifbnpour
ce sujet. On peut jueer par ce que je viens de dire, que si Julien
arepanau moins de fang que les précédens persécuteurs de Ja piété,
8c s "il n'a point recherché commeeux de nouveaux fupplices, pour
tourmenter les corps, il n'a pas été pour cela mains animé
con-tre-elle, ni moins ingénieux à lui nuire. Iieft vrai qu'il
rappela les Evêqucsque Confiance avoit réléguez, mais on dit que ce
ne fut qu'à dessein de les diviler", 8c d'accroître leurs
conteftations i ou au moins de des honorer la mémoire de Con-,
ftanec, qu'il s'imaginoit pouvoir rendre odieuse à tous Ces
sujets,en favorifànt d'un côté les Paiens, et en témoignant de
l'autre quelque compaffioo pour les Chrétiens, qui avaient fbuffèrt
une per-îeçution injufte sous le régne précédent. Il chaffales
Eunuques de la Cour > parce que Confiance les avoit aimez. Il
condamna à la mort Eufébe, Gouverneur du Palais, sous un loup-çon
qu'il avoit, que c'était par ion avis r^u'on avoitiait mourir Gallus
fonfrerc. Il rappela Aece
c se
r
PAR SOZOMENE, LIV. Y. to> chef de la sccle de EiinorhéeDs du lieu où
Conftan- U*n
■ ce favoit relègue7, tant en haine de cette fecle, que 49 sur le
foupçpn qu'il a voit conçu contre lui ; à eau-ic de Pamitié qu'il
avoit autrefois entretenue avec * •1 '
\ Gallus, et lui écrivit pour cet effet une lettre très- „ obligeante, et lui nt fournirdes voitures publi- fi£ qoes. Il condamna par le
même motif Eleufius Êvcqnc de Cyziquea rebâtir en deux mois àfes.
dépens une Eglisc de Novatiens qu'il avoit fait démolir. Il feroit
aisé de remarquer beaucoup d'autres choses qu'il fit, ou qu'il
permit, en haine de son prédécefTeur.
CHAPITRE VI.* Retour d^^Athanase à ^Alexandrie.
L
Orsqu'Àthanase fut la mort de Confiance* il fbrtit du lieu où il
était demeuré si long-temps caché, et parut une nuit dans son Ighfè au
grand étonnement dé tout le monde. Ayant évité de tomber entre les
mains du Gouverneur d'Egypte, qui le cherchoit i la fufeitation des
amis de George, comme nous l'avons dit ci-devànt, il se cacha dans
la maifen d'une fille confacrée au service de Dieu. Nous avons
appris qu'ejle avoir une beauté si finguliére, que ceux qui la
regardoient cro-ioient voit un ipiracle de la nature, et que les
hommes qui avaient quelque sorte de gravité» et de pudeur
s'éloignoient d'elle pour éviter des bruits, ou des foupçpns
defàvantagenx à leur réputation. Elle avoit dans la sseut de sa jeuncsse une modeftie,
et une sageffe qui auroient donné de la
beauté à une perfbnne qui n'en auroic point reçu de la nature. Car
ce que quelques-uns M j croient 17© HISTOIRE DE L'EGLISE, 1M croient
n'eft pas véritable, que la qualité de i'ef-* prit dépend de la
conftitution du corps. Au con-traite le corps cft une image
del'eiprit, unta-* * bleau qui le reprefente, un miroir qui reçoit
l'im-ju- Prc*Eei1 <*e affections, et de ses pensées. C'eft /f„, une
vérité dont demeureront d'accord tous ceux qui auront pris la peine
de l'examiner. Au refte, on dit qu* Athanale ne Ce retira chez cette
saintc fille, que par une révélation de Dieu, qui le voo-loit fauver
par ce moien. Pour moi > quand je -fais réssexion sur la fuite de
cette affaire, je ne doute point qu'elle n'ait été conduite par un
foui particulier de la Providence. Les par en s d* A tha-nase auroient été pat-là délivrez de peine,
si on eût été le chercher
chez-eux, et si on les eue obli-gez à jurer qu'il n'y était point
caché. D'ail-leurs, il n'y avoir point d'apparence de
se douter
qu'un Evéque fut caché daus la maifbn d'une si belle perfonne. Elle
eut pourtant le courage de le recevoir, et la prudence de le garder.
Elle lui rendit seule tous les fèrvices quelamifèrede ' nôtre nature
rend néccssàires durant cette vie. Elle lui lava les piez, die lui
porta à manger, elle alla lui chercher les livres, dont il avoir
bc-fbin, et lui garda si fidèlement le fecret, pendant tout le temps
qu'il fut chez-elle, que jamais perfonne n'en eut de connoifTancc.
CHA-
FAR SOZOMENE, tIV. V. %ix
' 4ê
H. /.
CHAPITRE VII. Mort de George»
Q
Uand AthanaJè fê montra tout d'un coup contre l'attente de tout le
monde, on ne fa-▼oitd'ou il droit fôrti: mais, enfin le peuple fort
joieux de son retour > le mit en possèûlon des Egliics, don les
Ariens ayant été chafïcz, ils furent contraints de s'assèmbier dans
des mai* fons particulières sous Loàus leur Evèque. George Ion
prédécefTeur avoit été tué un peu aupara*-vant. Car les Magiitrats
n'eurent pas fi-tot fait lavoir au peuple la mon de Confiance,
et
l'arène-ment de Julien à l'Empire, que les Païens quide-meuroient
dans Alexandrie le loûlevércnt, et le jettérent sur George, avec de
grands cris, comme s'ils l'cufTent voulu déchirer en pièces. Us
se
contentèrent pourtant alors de le mettre en pri-fon y mais dés la
pointe du jour fuivant, ils le tuèrent, mirent Ion corps sur un
chameau, lui firent mille outrages durant tout le jour, et furie
loir le brûlèrent Je n'ignore pas que les Ariens publient qu'il
reçut ce cruel traitement de la part des amis d? Athanasc, mais je
croi plutôt qu'il le fourTrit de la part des Paiens, parce qu'ils
avoieat de plus grands sujets de le haïr, poux les outrages qu'il
avoit faits à leurs Temples, et à leurs Dieux, et pour la rigueur
avec laquelle il les avoit privez de la liberté de facrifier, et de
s'a-qpiter des antres devoirs de leur religion, selon la coutume
qu'ils avoienr reçue de leurs ancêtres. D'ailleurs, le crédit
extraordinaire qu'il s'était aquis auprès de l'Empereur, avoit
tellement ac* crû contre lui l'indignation publique, que le peu-M 4
?le ty% HISTOIRE DE L'EGLISE, pic à qui la grandeur cft toujours
odieuse, ne le pouvoir plus souffrir. Outre cela, il était arrivé un
accident dans un lieu appelé le Temple de Mitra. L'Empereur
Confiance ayant donné ce lieu-là aux Chrétiens, et George ayant voulu
le faire ncttoier pour y bâtir uncEglise; encrenfànr on trouva un
antre, oùil y avoit des Idoles, et des infini ments dont se 1er
voient ceux qui participoient autrefois aux myftéres prophanes de
l'antiquité païenne : les Chrétiens ayant vu qu'ils étotent fort
ridicules, lescxpoferent en public pour taire honte aux Païens.
Ceux-ci ne pouvant souffrir cet outrage, prirent les uns une épée,
les autres un bâ-
nombre de Chrccichs, et même en crucifièrent Quelques-uns, pour
faire infulte à nôtre Religion. Cela fut caufè que les Chrétiens
abandonnèrent l'ouvrage qu'ils avoiént commencé, et que les Paiens
firent mourir George auûi-tôt que Julien fut parvenu à l'Empire. Il
en demeure lui- même d'accord dans une de fès lettres, ce qu'il
n'aurott jamais fair, s'il n'y avoit été contraint par la force de
la vérité. Car il aurait fins doute mieux aimé rejetrer ce meurtre
sur les Chrétiens, que sur les Paiens. Il témoigna une grande colère
contre les habitants d'Alexandrie, dans la lettre qu'il leur écrivit
sur ce finet : mais il leur pardonna pourtant, en confîdétation de
Serapis leur Dieu tuté-laire, d'Alexandre leur fondateur, et de
Julien fou oncle, autrefois,"Gouverneur d'Egypte, homme si fort
attaché aux fupcrssitious du Paganifme, et si fort envenimé contre
les Chrétiens, qu'il les pessécutoit jusqucs à la mort» contre
l'intention des Empereurs.
CH A-
PAR SOZOMENE, LIV. V. xyx
^, *
CHAPITRE VIII. 3*i.
Mort de Théodore garde des vafes de VEeJife d*tJntioche. Mort de
Julien oncle de l'Etnfé- ' reur du m%ie nom.
C
E Julien oncle de l'Empereur ayant alors en- \ trepris d'enlever
quantité d'orriemensrte 3c vaies précieux pour les porter au trefor
de l'Empereur, fit fermer l'Eçliic. Les Ecclétl-aitiques s'érant
enfuis, il t\ y eut qu'un Prêtre nommé Théodore, qui avoir charge de
garder ces ornemens, qui demeura. Julien Gouverneur d'Egypte s'étant
faiiî de lui le fit tourmenter j et parce qu'il ne répondoit pas à
Ion gré au milieu des tourmens, et qu'il défendoit sa Religion avec
une fermeté inébranlable, il commanda de lui trancher la téte. Il
pilla après cela les vafes lacrez) les jettaà terre, iê mit delîus,
ets'en moqua avec une. impiété incroiabie.- Mais sur le enamp, il fut
puni de cette impiété $ car ses parties naturelles iè corrompirent,
les chairs d'alentour le refolurent en pourriture, et pro-daifirent
une si çfTroiable quantité de vers, que les Médecins avouèrent que
la malignité de cette corruption était au delîus delà force de leur
art. ils éprouvèrent pourtant tousîeurs remèdes, de peur d'encourir
les mauvaifes grâces de l'Empereur. Ils appliquèrent sur íes chairs
pourries les plus gras oifeaux qu'ils purent trouver, pour attirer
les vers au dehors : mais cela np servit derien,parce qu'à
mefurequ'ils en tiroicnt,il s'en formoit drautres qui rougeoient^
toujours les chairs,et qui ne celTerent pomt de Le conûimer jusanes
à ce qu'ils lui enssent oté la vic.Quclques- u ns
M $ crt- •
174 HISTOIRE DE L'EGLISE, V** crûrent que Dieu lui avoit envoie
cette maladie 49 pour punir son impiété, et cela eft d'autant pin*
probable, que le Tréforier des deniers defscua ' aux largesses de
l'Empereur, et quelques autre*
Officiers considérables de la Cour, périrent mi-%tn4 férablement
pour avoir deshonoré la saintctc de
notre Religion. .
CHAPITRE IX.
iufébe, Nessabe, et Zenon souffrent le martyn dans lé ville de Ga*a.
P
Uisque je fuis engagé si avant dans ce discoors» et que j'ai fait le
récit de la mort de George, et de Théodore > je croi devoir aussi
raconter celle de trois frères, Eûlébe, Neftabe, et Zéooo, Les
habitants de la ville de Gaza étant animez coo-tr'eurd'une haine
tres-violente, allèrent les pres-dre dans leur maifon ou ils
s'étaient cachez, les fuftigérent avec la dernière cruauté, et les
enfer-mèrent dans une affreuse prifon. S'étant cnfhiœ affemblez au
théâtre, ils commencèrent à décla-mer contr'eux, et à se plaindre de
ce qu'ils avoieot violéla sainteté de leurs temples, et avaient
abo-fédu pouvoir que le régne précèdent leur avoit .donné pour
deshonorer, et pour détruire, s'il leur eut été possibîe, leur
'Religion. En crias* de la *fbrte, ils s'animèrent si fort les uns
les ancres, qu'ils coururent en foule à la prifon : les en
tirèrent avec une fureur noupareille, les trahirent par les rues, et par les places publiques, tantôt fnr le ventre,
et tantôt fut le
dos » Se- les batu-xent cependant les uns à coups de pierre, les
astres à coups de bâton. J'ai oui dire qu'il y est des femmes qui
quittèrent leur ouvrage pour les
itizedby G00gle
*AR SOZOMENI, LIV. V. aller piquer arec la pointe de leurs fuieaux,
3c £'<*» que les cuiiuiiers fortirent de leurs cmfines, pour **
jetterfur eux l'eau bouillante de leurs marmites-, \\ *' et pour les
percer avec leurs broches. Quand ils * les eurent déchirez en
pièces, ôc qu'ils curent ré- ~ Pandit leur cervelle sur le pavé: ils
les traînèrent nors de la ville, au lieu oà l'on jette les corps des
* bétes, et 7 ayant allumé un grand bûcher, ils les brûlèrent, et mêlèrent les os que le feu n'avoir pu réduire en cendres avec les
os des ânes, 5c des chameaux, afin qu'il fut mal-aisé de les
diffin-guer. Il y eut pourtant une femme qui demeuroic dans cette
ville-là, bien qu'elle n'en eût pas tiré ûnaissànce, qui les ramassà
la nuit par l'inspira-tion de Dieu, 3c les ayant mis dans une
marmite les donna à Zenon leur coufin, comme-Dieu le lui avoit
commandé en longe. Car elle ne lé con-noi/Toit point auparavant, et peu s'enétaitfala qu'il n'eût été pris : mais il s'était enfui
durant que le peuple était acharné au meurtre de ses trois parer»,
et s'était fauve à Antédone, ville maritime, diftante d'environ
vingt ftades de Gaza, et fort adonnée à la foperftition, et au culte
des Idoles. Les habitants de cette ville-là ayant appris qu'il étok
Chrétien le fuftigérent avec beaucoup ec rigueur, et le chaiîérent.
La femme le trouva au havre de Gaza, ou il s'était retiré, et lui
donna les Reliques. Il les garda avec grand foin dans famarfbn
jusqnes à cequ'ayantétéfaitEvéquede cette même ville sous le régne
de l'Empereur Théodose, il fit bâtir uneEglise hors des murailles,
3c mit les Reliques sous l'Autel, proche dn
M 6
avoit été lié durant sa vie d'une amitié très-étroite avec ses confins, il avoit été pris avec eux par le peuple de Gaza, fuftigé,
et cm p ri son né ; mais qui letraînoient pour le faire mourir ayant
été touchez de (abonne mine, le jettérent à
demi-
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17* HISTOIRE DE L'EGLISE; Mfsm demi-mort hors de la ville. Quelques
uns Tataaf
* enlevé le portèrent à la maifon de Zenon, ou 7¿ " il expira comme
on mettoit le premier appa-
* * reil a íes bleiîureSr Quand les habitaos de Ga-
za firent réssexion sur Ténor mité de leur crime, ¿*# ils
appréhendèrent d'en être punis, comme ils méntoient. Le bruit
couroit que l'Empereureo avoit conçu une tres - grande indignation >
# qu'il avoit reiblu de les décimer. Mais ce bruit-là n'était fondé
que sur la crainte dont les coupables étaient ttoublez > sur les
reproches que leur confienec leur fàifbit de leur cruauté, et sur l'affreuiè peinture qu'elle leur tra-çoit fans ceffe des châtiments qu'ih n'avaientqoe trop méritez. En effet, Julien bien loin de Jet
châtier du meurtre de ces trois Chrétiens, ne les bjâma pas seulement comme il avoit blâmé les -nabitaosd'AléxaneticdumafTacrc Ai
contraire, il dépofa le Gouverneur de la Province, et après avoir
ordonné d'infrruire fbnprocez» il voulut qu'on crût qu'il lui
faifoit grande grâce de ne lui pas ôter la vie. Le crime dont ¿1
l'acco-foit, était d'avoir commandé d'arrêter quelques habitants de
Gaza coûpablesvdc fédition, k de jneurrre,et d'avoir ordonné qu'on
informâteoo-tre eux, 3c qu'on les jugeât selon les lois. Cat
qu'était-ii befoin, dit-il, de se ûifîr d'eux, et * leur faire une
affaire, dece qu'ils avaientveogc sur un petit nombre de Galilécns*,
ieursinjores, et celles de leurs Dieux ? Qn dit que cela se pafi de
la forte.
JAR SOZOMENE, LIV. V. tff
• —» . de
CHAPITRE X. yêx.
Humilité O1 miracles d'Hilarion. Martyre dé 7** quelques Vierges
confacrées à Dieu, <T *** de Marc Evâque d'^irétufe.
L
E* habrtants de Gaza aiaoc cherche an même-tempsle Moine Hilarion
àdefièin de lui faire lui pareil traitement, il s'enfuit en Sicile,
où il gagna (à vie à ramasser du bois dans les deferts, et iur les
montagnes, et aie porter fut fbn dos dans les villes. Un homme de
qualité qu'il a-, voit délivré d'un démon, qui le possédoit aianî
découvert anz autres qui il était, il passa en Dak : matie, où par
la force que Dieu lui donnent» il fit quantité de miracles, et arrêta même l'inénda-tion de la mer. Mais ces miracles ne lui eurent
pas Ci- tôtaquis la vénération des peuples, qu'il changea de pais
sclon la coutume qu il avoit de se cacher, et de tacher de vivre
inconnu, pont éviter les louanges, et pour perdre l'eitime des
hommes. En côtoiant l'isse de Chypre, il arriva àcelledePaphos,
et à
la priérenc l'Evêquc de Chypre, il demeura proche d'un lien nommé
Carburis. Peu s'en falut qu'il ne souffrit-là le martyre s mais il
l'évita en pratiquant le précepte que le Sauveur nous a laisse de
fuir la perlécurion, face n'eft que nousfoions pris, et obligez de
fur-monter par nôtre patience, la fureur de nosper-fécuteurs.
Au rcfteles habiuns de Gaza,etd'Alexandre ne turent pas les seuls qui
exercèrent contre les Chrétiens des violences pareilles à celles
dont je viens de parler. Ceux d'Heliopole proche du mont-Li-ktojsc
çevu d*Aréwfe en Syrie les surpallérenten M 7 S**z *7l HISTOIRE DE
L'ÉGLISE, U** cruauté. Les premiers se portèrent à une action *
si inhumaine, que perfonne ne lapourroitcroi-*^ re,. ficllen'avoitéte
rapportée par ceux-mêmes ' quien ont été témoins, lis dépouillèrent
des vier-~. ges confacr? cruauté contre ces facrées vierges en haine de ce qu'on avoit aboli
l'abominable coutume qu'ils «voient de proftkucr les filles avant
que de les donner à celui qui les avoir époufées. Ce fut
l'Em-pereur Conftantin qui après avoir fait rafèr k temple de Venus,
et élever une Eeiisc sur ses nulles, défendit par une loi expresse
cette infame proftitution.
Les habitants d'Arétufè firent mourir d'un cruel genre de mort Marc
leur Evêque, vieillard encore plus vénérable par sa venu, que par
ion age, contre lequel ils étaient fort aigris depuis long-temps
defee qu'au lieu de fecontenter d'ufêr de perfuafion pour les
retirer du Paganifme, il avoit agi avec beaucoup de chaleur ious le
régne de Confiance, et avoit fait démolir un temple fort riche, et
fort magnifique. LorsqueJulien foc parvenu à PEmpire,* il le
condamna ou à paicr le prix que le temple feroit eftimé, ou à le
rebatir. Marc voyant d'un côté les Paiens extrêmement irritez contre
lui, et considérant de l'autre qu'il n'avoit pas de quoi paier le
prix du temple, et que quand ¿1 auroit eu de quoi le rebâtir, cela
n'é-toit permis à aucun Chrétien, et bien moins à un
Evéquequ'àuiiautrCjUs'cnjfijitt Maisayantap-
prif
PAR SOZOMENE, IIV» V.
les uns étoicnt trairiez devant les Tribunaux . 5c * les autres
appliquez à laqucftion, il retourna 5c s'offrit à iouffrir toutes
les cruautés: que la tu- * rcur do peuple pour roi c intenter. Ces
Barbâtes au lieu d'admirer uneaâion si généreuiècrurent jÇ que fbn
retour était nue marque du mépris qu'il avoir pour eux, se jetrércntfurlui, le traînèrent parlesruês,5clecbareércntdccoops. H
n'y eut pertoooe de quelque texe, ni de quelque âge que ce fut,
quiinc voulût avoir part à cette crueue exécution. Les femmes > 5c
les enfant y coururent avec la même ardeur que les antres. Les uns
lui percèrent les orcilles>5t y palTérent du fil, les écoliers s'en
jouèrent, en se le jettant les uni aux antres, 3c en le piquant
avec leurs canifs. Lorsqu'il fut tout couvert de plaies>ilsle
frottèrent de miel, 5c relevèrent en l'air dans une corbeille de
jonc. On dit que pendant qu'il étok élevé de la forte, 5c qu'il
était piqué 5c mot do parles mouches, il dit aux habitâns d'Àrétufè
qn'il les voioit fort bas an défions de lui, 5c qu'il iugeoit par-là
de la difK-reuce des éuts ou ils te trouveroient en l'antre vie. On
afiure anffi oue le Préfet do Prétoire qui était Païen, mais
d'ailleurs si fort efttmé, queû raémoire eft encore en vénération
dans le ^ats, admira la confiance de Mare, blàosa la cruauté de
l'Empereur, 5c dit qu'il lui était bonecox d'être vaincu par un
vieillard, 5c qu'il et mettoit erf danger de devenir ridicule, dans
letemps même qu'il rendoit illûltres ceux qu'il perféentoit. Voila
comment Marc fupporta avec une fermeté si iné-branlable les
tourmens, que les habitants de Gaza inventèrent contre lui, qu'il en
fat loué par les Paiens mêmes.
CHA*f» HISTOIRE DE L'EGLISE,
***
de _ —
tf. S.
CHAPITRE XL
Martyre de MacedoniuSy de Théodu/e>de Tatien, ■
deBu[ms,deBafiU,erd'Eupfyque.
M
Jscedonius, Théodule, et Tatdcn Phryg^ cns de nation, souffrirent au
même-tem* le martyre, avec un courage invincible. Le Gou-verneur de
la Province ayant ouvert dans la ville de Mero un temple cjui avoit
été fermé durant
Î
riuûeurs années, ils y entrèrent la nuit, et bri-èrent les Idoles.
D'autres ayant été arrêtez, et étant prêts d'être condamnez pour ce
sujet, ils se prefentérent, et avouèrent qu'ils étaient les
coupables. U leur croit aisé de s'exemter du fupplice en fàcrifiant
aux Idoles. Mais le Gou-verneur ne pût leur perfuader d'expier parce
moien, la faute qu'ils avaient faite. N'afeat donc rien gagné
sur leur esprit» il les fit tourmenter de diverfes façons » et enfin
les fit étendre sur un gril, au défions duquel il y avoir . un
grand feu. Pendant qu'ils rotiffoient, ils dirent au Gouverneur,
Arnaque ; c'eft ainfi qu'il s'appeloit, si vous voulez manger du
rôti, commandez qu'on nous tourne de l'autre coté, de J>eur que
nôtre ebair à demi-cuite, ne vous donnât du dégoût. Us moururent de
la sorte au milieu des tourmens.
On dit que Bùfiris se signala aulfi â Ancyrc,ville de Galaticpar la
gènéronté avec laquelle il fit pro-fèffion publique de la foi, il
étaitde lafeetedcs ceux qu'on appelle Encratites. Le Gouverneur
Ta-lantfàit arrêter pour s'être moqué desPaiens>com-manda de
l'étendre sur le chcvalet.Mais Bufiris k-•Tant fesmains,et découvrant
ses côtcz»lui dit,quil
PAR SOZOMENE, LIV. V. xtt a'eroitpasnéceu^rcque les soldats enssent
la pei- Dm ne de l'élever sur le chevalet pour rabaiffer enfui- **
te, et qu'il se prefèncerok de lui-même pour rece- * voiries coups
comme il lui plairoit .LeGouverneur * ftttfùrprisde fà promess^mais
il le fut encore plus ~. de la manière dont il s'en aquita* car il
tint toû-jours les mains levées, Si demeura ferme dans la même place
pendant qu'on lui déchiroit les cotez avec des ongles de fer. 11 fut
enfuite mené en pri-foo j mais après la mort de Julien, il fut mis
en lu • berté, et vécut jusques sous le régne de Theodofè. 11
renonça à l'erreur des Encratites, et rentra dans la communion de
l'Eglifè Catholique.
On dit que Bafile Prêtre de l'Eghfe d* Ancyre,et Eapfyque homme de
qualité, natif de Cefârée en Cappadocc,et qui était marié
depuis-tres-peu de jours couronnèrent au même - temps leur vie parle
martyre. Eupfyque,fi je ne me trompe,dans ma conjecture, fut exécuté
à mort àl'occafion du temple delà Fortune publique, dont la
démolition mit l'Empereur en grande colère contre tous les
habitansde Césarée.Ileft certain que ceux qui en écoient auteurs,
furent condamnez à la mort, ou à l'exil.
Pour Bafile, il avoit toujours défendu la Reli-gion Chrétienne avec
une vigueur nonparcille, et avoir reffifté aux Ariens fbûs le régne
de Confiance, en haine de quoi les partifàns d'Eudoxe l'avo-ient
empêché de tenir les aifemblèes des fidèles, Depuis que Julien fut
parvenu à l'Empire, il parcourut la Province pour exhortet les
Chrétiens a dsmeurcr fermes dans la fende leurs pères, fans fouiller
leur confience par les facrifices, et par b autres cérémonies des
Paicns, à mêprifèr les honneurs que l'Empereur leur offrait, et
+ considerer que ne durant quetres-peu de temps, ils font fuivis d'une
infamie qui dure ércrnellt-ment. Il ne faut pas s'étonner que cette
ardeur
avec m HISTOIRE DE L'EGLISE, ZSm avec laquelle il veillait pour
conicrver les (emejy-* ces de la foi dans le cceur des Chrétiens,
l'eut
* * rendu non seulement fuspcct, mais odieux aux
* 1 ' Infidèles. Les ayant un jour appcrçus, comme ils ~
faifoient un lacrifice en public, il s arrêta, fie ayant
tiré un foupir du fond de son cceur, il pria Dieu de ne pas
Permettre qu'aucun Chrétien tombât dans un si déplorable
aveuglement. Ayant été ar-rêté à l'hcure-méme 6c mené devant le
Gouver-neur de la Province, il soufrritconftamrncnt de cruels
fuppiiecs, etconfommafavie, 6c (à cha-rité par une mon glorieuie.
Bien que tontes ces violences ruifent exercées contre l'intention de
l'Empereur, elles ne laissent pas de faire voir qu'ity eût Ions
son régne on grand nombre d'il-kittres martyrs, l'ai reprelènté tous
leurs com-bats an même endroit, pour les mettre en un pins heaujour,
bien qu'ils n'aient pas été donnez ea la même année.
CHAPITRE XII. Concile d%<AUxauiric.
U
N pen après qu'Athanaiè eut repris possef-fion des Eglises
d'Alexandrie, Lucifer Evé-
3
uc de Cagliari en Sardaigne, 6c Eufébe Evéque e Verceil en Italie,
allèrent le trouver de la haute Thébaïdc, où ils avaient été
réléguez par l'ordre de Confiance > 6t ou ils étaient demeurez
durant tout son régne. Ayant confif ré cnacmble tou-chant les
moiens de rétablir les arrajresde l'Egh-fh y ils demeurèrent
d'accord qu'Eufébc irott à Alexandrie, 6c qu'il y tieadroit un
Concile avec Athanaie pourconfirmer la dodrine décelai de r^icéc.
Lucifer ayant envoie un Diacre avec Eu-fébe
PAR SOZOMENE, LIT. V- il) f<fbc pour tenir sa placera Concile, alla
à Antio- Vm cnc, dont il trouva l'Eglise fort divifèe tant par * les
Ariens qui étaient alors gouvernez par Eu-zoius % que par les
(éclateurs de Mélece, qui aïoicnt des dissérens avec ccux-mémes qui
te- -raient la même doctrine qu'eux. Mélece n'étant g]£ pas encore
alors de retour du lieu de son exil > Lucifer liera Paulin Evéque.
Plusieufs Prélats s'étant cependant assemblez dans Aléxandrieavcc
Albanie 6c Eufébe, ils confirmèrent les décrets du Concile deNicée»
déclarèrent que l'Esprit-saint eft de même fubftancc que le Pere 6c
le Fils, se fexvirent du terme de Trinité » 6c décidèrent qu'il
Éiut croire que la nature humaine à laquelle le Verbe s'eft uni, eft
une nature entière > 6c parnu* te, non seulement quant au corps $
mais auûs quant à l'ara e, ainfi que les Anciens Philosophes du
Chnftianiime l'ont enfeigac. Et parce que TE* gliseavoit été
extrêmement troublée pairies dit potes qui a voient été agitées
touchant les termes de fubftancc 6c d'hypoftafe, ils ordonnèrent
fort prudemment à mon fens, qu'on ne s'en ièrvirotc pas légèrement,
lorsque l'on parletoit de Dieu » fieen eft qu'on voulût réfuter
Terreur des Sabcl* liens, 6c qu'alors on pourrait s'en fèrvir, de
peur que si l'on manquoit de termes, il (enrôlât qu'on n'en eût pas
autant qu'on aurait d'idées cUrTéren-tesà expnmer. Voila ce qui fut
décidé par les Eve-qoes, qnis'assemblércntencetemps.ladans Aie,
tandrie. Athanascleurlûtle diseours qu'il avoir compofé sur (à
retraite,pour leur finie entendre les raisons qu'il avoit euësde
se cacher, 6c d'éviter les violences de (es ennemis.
CHA-
♦
1*4 HISTOIRE DE L'EGLISE,
dé '
J/. S,
»¿1- CHAPITRE XIII.
* Dissérend entre Paulin <T Méléce. Jlutre dissérend entre Eufébe,
<? Lucifer. Hilaire concourt avec Eufébe > pour confirmer les
peuples d^Occidcnt, - dans la foi du Concile de Nicée.
L
Orsque le Concile fut terminé, Eufébe alla à Antioche, où il trouva
grande divifîon parmi les fidèles. Car ceux qui écoiene
affectionnez à Méléce ne vouloient point se fbû-mettre à la
conduite de Paulin y et s'alTembloient â part. Eufébe futtres- fâché
de ce aue Pordina-tion de Paulin avoit été faite fans le
confènte-ment unanime du peuple, comme se doivent faire les
ordinations. 11 en diffimula pourtant son déplaisir par respeâ: pour
Lucifer, et lans participer à la communion de l'un ni de l'autre
des partis, il leur promit de reformer dans un Concile tout ce qui
leur avoit pu fournir quelque sujet de mécontentement. Pendant
qu'Eu-iebe travailloit de la sorte à réunir les esprits di-vifez des
Fidèles de cette ville, Méléce retourna du lieu de son exil,et
aianrtrouvé ceux de ion parti féparez des autres > il s'affembla
avec enx hors de la ville. Paulin s'aiîèmbloit dedans avec ceux qui
étaient fournis à la conduite. Car Enzoius Évéqnedes Ariens, bien
loin d'avoir delTein de le chasser lui avoit laiHé une Eglise comme
a un homme fort aimable-pour la douceur de ion naturel, et fore
vénérable pour son âge, et pour la vertu. Eufébe partit d'Antioche
quand il vit que les soins qu?il prenoit d'y rétablir la paix ne
servoient de rien. Lucifer tenant à injure le refus qu'il avok fait
d'approuver l'ordina-
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PAR SOZOMENE, LIV. V. 1S5 tioa de Paulin, evita la communion
d'Eusebe, et par un pur deiîr de contefter, chercha à re- * prendre
dans ce qu'il avoic ordonné avec les au- v¿Í* tres Evéqucs au
Concile d'Alexandrie. On peur * * dire que lafeete des Lucifériens
eft nee de cette démangeaiion de disputer. Car ceux qui pre- Uw>
noient part à ses intérêts, fteà^fes scntimcns se féparércntdel'Eglise. Pour lui, quelque indignation qu'il eût de ce
qui avoir été fait à ion, deiavantage, néanmoins parce qu'il avoir
envoie un Diacre au Concile d'Alexandrie, ileonT fentit à et qui 7
avoit été ordonné, retourna en Sardaigne, et demeura dans la
communion del'Eglise.
EuÎebe parcourut diverfes Provinces d'Orient, où il reforma te qui
manquoit en la créance de quelques-uns, paiTa delà en Illirie, et enfuite en Italie, ou il trouva Hilaire Evêque do Poitiers en
Aquitaine, qui s'était aquité avant lui des mêmes devoirs. Comme il
éroit parti avant loi du lieu de ion banniffement, il avoit pris le
foin d'enièigner aux peuples d'Italie, et des Gaules la doétnne
qu'il faut tenir, et celle qu'il fane rejetter. H était tres-éloquent
en Latin, et acompofé d'ex eel lens livres contre l'erreur
d'Arias. Voila comment Eufébe, et Hilaire ibû-tiurent en Occident
la doctrine du Concile de Nicéc.
CHÁ*
%U HISTOIRE DE L'EGLISE,
C H A P I T R E XIV.
Dissérend entre les parti fans de Macédonius, <sceuxd%^4caee.
L
is parafant de Macédonius entre Icsquds Eleufius, Euftate, et Sophronius tenoieut les premiers rangs,ayant repris la liberté après
la mort de Confiance de rauTembler tous ceux qty s'étaient autrefois
trouvez avec eux à Seleucie, tinrent quelques Conciles où ils
condamnèrent les partt-fans d'Acace, et la doctrine confirmée dans
le Concile de Rimini,et approuvèrent celle qui avoit été d'abord
publiée à Antioche, et depuis confirmée par eux à Seleucie.
Lorsqu'on leur demanda pourquoi ils le fépatoient des partifans
d'Acace, avec lesquels ils avaient été autrefois si étroitement unis
y ils répondirent par la bouche de Sophro-nius, que les Occidentaux
avaient approuvé le I • terme de confubftanciel, et qu'Aëce avoit
foutenu en Orient celui de dissemblable quant à la fubftan-ce, que
les premiers avaient confondu mal à pro- | pos tous le terme de
confubftanciel, les perfonnes du Pcre et du Fils, bien qu'elles
foient dirTércn- j tes, et que le second avoit mis une trop grande
dissérence entre la nature du Pcre et celle du Fils : mais que pour
e^ils se tenoient dans les bornes I de la-piété, quand ils
reconnoissoient que le Fils de Dieu cft femblable à fbn Pcre quant à
rhypo-ftafe, et qu'ils gardoient le iufte milieu de la vérité
entre les extrémitez de deux erreurs oppofèes. Voila comment ils
défèndoient leurs sentiments •outre ce qu'on y orouvoit à redire. j
ÇHA-
tSS HISTOIRE DE L'EGLISE, Jêéti dans, et qu'ils ne fiiTcnt tous
cnscmble fédition. ** 11 y avoit en effet un grand nombre d'ouvriers
qui **' ^ travailloient en laine, et à la monnoie, qui * -
étaient
divifèz en deux bandes t et qui avaient obtenu pcrmiiuon des
precédeos Empereurs de demeurer dans cette ville, à laebargede
fournir tous les ans au trefbr public des habits pour les gens de
guerre, et une certaine quantité d'argent nouvellement monnoié< Bien
que Julien eût rcíb-lu de favorifer la fupêrfhtion Paienue par toute
sorte de voies, il ne croioit pas néanmoins que la prudence permît
d'ufer de contrainte, ni d'établir des fuppliccs contre ceux qui
rcfuièroicnt delà, crificr. Dailleurs le nombre des Chrétiens étoû û
«anden chaque ville, que les Jugesauroientea beaucoup de peine à en
faire le dénombrement. Il ne leur défendit pas même de s'afscmbler
pour faire leurs prières > parce qu'il fâvokcjue la violence eft
inutile dans les choses qui dépendent uniquement de la liberté. U
chaffa pourtant les E?ê-ques, et les Eccléfiafbques de toutes les
villes ioûsprétexte qu'ils y excitoient des féditions, et en effet,
à dehein d'abolir les assèmblées par leur absènce, et d'effacer par
ladite du temps les maximes, et les pratiques de piété, del'esprit,
etdu ceeur des Fidèles, lorsqu'ils n'auroienc plus de Pafteurs qui
priffent le foin de les confèrver. 11 fê fèrvitde cette couleur
pourchaffer Eleufîus, et íes disciples hors de Gyzique, bien qu'il
n'y eût ai fédition, ni aucun sujet d'en appréhender. Il exhorta par
un ai public les habitants de Boftra i chaíTcr Tite leur Evêque. Je
dirai ici sur quoi cet ordre pouvait être fondé. Julien Tayant
menacé de fejetter sur lui, et for ses Eccléuaftíques la iaute des
defordres, et des troubles qui te pour-rotent élever parmi le
peuple, il lui envoya un écrit, par lequel il protefta qu'encore
que les ÇhnStkût Ment CU plosgraiiiüíMlxbjcc que les
FAR SOZOMENE, LIV. V. ztf
Paiens, fuivant pourtant ses exhortations ils Vsm
étpicnt très -diposcz à demeurer en repos, ettres- *
éloignez de se ioûlever. Julien ayant deiîein de rcn-
dreTite odieux aux habitants de Boftrane manqua * * u
pas de marquer dans la lettre qu^il leur écrivit,quc ?
cet Evéquc avoit avancé contre eux une calomnie f£
en faifàut entendre que c'étoic plutôt par défé-
rence à ses avis, que par leur propre inclination
qu'ils n'excitoient point de {édition -, 8c les exhor-
ta aie chafTer de leur ville, comme un ennemi pu-
blic. 11 y a apparence que les Chrétiens fbufrri-
reat de pareilles injuftiecs* en d'autres lieux, /bit
par des ordres fècrets de Julien, ou par l'ardeur in-
discrète du peuple. On en peut avec raison rejet-
ter la faute sur ce Prince* puisqu'au lieu d'exercer
lafevérité des lois contre les auteurs de ces violen-
ces, il se contentoit de les blâmer dans le temps
qu'il les autorifbit par ses actions. Voila pour-
quoi les Chrétiens fuioient de ville en ville, bien
u'ilncles pourfuivît paspubliquement.T)lufieurs
e mes parens, 6c mon ajeul entre autres furent
obligez de fuir de la forte, 11 était né de parens
Paiens, 8c avoit le premier avec toute sa maifbn,et
arec toute la famille d'Alaph'on cmbrafTé la Re-
ligion Chrétienne dans'Béchélie bourg forr peuplé
cependant de la ville de Gaza, où il y a des temples
que l'antiquité rend fort vénérables à ceux du
païs, 8c entre autres le Panthéon bâti sur une hau-
teur faite de mains d'hommes, 8c qui commande
le bourg de tous cotez. Le nom de ce temple a
été traduit du Syriaque, 8c lignifie que c'cftle
lieu, où les Dieux font leur demeure. On dit que
ces familles-la furent converties à la foi par le rai-
niftére du Moine Hilarion. Car comme Alaphion
était polTédé du démon,et que ni les Paiens, ni les
Juifs ne pou voient l'en délivrer par la force de leurs
cochantemens, ce saint Solitaire l'en délivra en in-
voquant seulement Je nom de Dieu f 8c àl'henrc-
JtmllI. N •même
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29 HISTOIRE DE L'EGLISE, Van même il fit professiou Je la foi avec
toute sa fa-
* mille. Quant à mou aïeul il a voit rcfyru io:t f^jj pénétrant, et
excdloit dans l'explication
In».
CHAPITRE XVL
Soins de Julien pour la propagation du Faganifrif-lettre qu'il
écrivit à un Prêtre Pàien jur et
L'Empereur ërok ftnfîblemcnt afssigé et voir que le Pagauifmc qu'il
appuioic depuis long-rems de tout fbn pouvoir, ne "h soit point de
progrez scmblables à ceux de ■ Religion Chrétienne. Il eft vrai que
lespoH tes des Temples étaient ouvertes, que les /" tels
étaient
chargez de Viétimes, que les si étaient célébrées avec les
cérémonies ordinaire
* lainte Ecritn re. 11 a voit aussi qticlq uc teinture iti fiences
proprune:;, et fivoit quelquechosedel'A-rithmétique, La facilite avec
laquelle il ciftï-quoir les partages les plus obscurs des Livres
fa-crez, leur aimer parles habitansd'Ascalonetdc Gaza, comme un homme
qui leur était absoto-ment nécessaire. Perfonne ne fauroit jamais
palier affez dignement 4u mérite et de la vertu Je l'autre famille.
Ceux qui la compoloient fondèrent les premières Eghies, et les
premiers Mo-, nafteres qu'il y ait eu dans le païs, et lesenrichi-rent.par l'éclat de leur
sainteté, et par laprofo-fion de
leurs aumônes. Quelques-uns d'entre eux ont furvêcu jusques à nôtre
temps, et f aieo le bonheur de tes ;voir fort âgez lorsque j'étois
encore fort jeune. Je ferai obligé de parler d'eux plus amplement
dans la fuite de mon hiftoirc.
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