Eznik

DOCTEUR  EZNIG,

 

REFUTATION DES DIFFÉRENTES SECTES DES PAÏENS,

LIVRE IV : RÉFUTATION DE LA SECTE DE MARCION.

LIVRE III

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

REFUTATION

 

DES

DIFFÉRENTES SECTES DES PAÏENS,

DE LA RELIGION DES PERSES, DE LA RELIGION DES SAGES DE LA GRÈCE,

DE LA SECTE DE MARCION,

PAR LE   DOCTEUR  EZNIG,

Auteur arménien du cinquième siècle ;

TRADUIT   EN   FRANÇAIS

M. LE VAILLANT DE FLORIVAL,

 

Professeur à l’Ecole spéciale des langues orientales près la Bibliothèque impériale.

 

Membre de l'Académie arménienne de Saint-Lazare.

 

PARIS.

CHEZ  L'AUTEUR; A  LA  LIBRAIRIE  RELIGIEUSE  DE  LECOFFRE,

RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 29 ;

A LA LIBRAIRIE ORIENTALE DE BOUTAREL ,

rue   jacob, 50.

1853


 

LIVRE QUATRIÈME.

RÉFUTATION DE LA SECTE DE MARCION.

 

1. Marcion, égaré, introduit l'étranger[1] contre le dieu des lois, admettant avec lui aussi ὑλη (matière) en essence, et trois cieux. Dans l'un, disent (les marcionites) habite l'étranger, et dans le second le dieu des lois, et dans le troisième ses forces, et sur terre ὑλη, et ils l'appellent puissance de la terre.

Et ainsi (Dieu) dispose du monde et des créatures, comme disent les lois : mais aussi Marcion ajoute qu'en communauté avec ὑλη, (Dieu) a fait tout ce qu'il a fait ; et, comme si femelle et femme (propre) au mariage était ὑλη, (il dit) : Et, après avoir fait le monde, Dieu monta avec ses forces dans les cieux, et ὑλη et ses enfants restèrent sur la terre ; et ils prirent chacun leur principauté, ὑλη sur la terre, et le dieu des lois dans les cieux.

Et le dieu des lois, ayant vu que le monde était beau, pensa à y faire l'homme ; et, étant descendu près de ὑλη sur terre, il dit : Donne-moi de ton argile, et de mon côté je donne le souffle, et nous ferons l'homme selon notre ressemblance, ὑλη, lui ayant donné de sa terre, Dieu la façonna et souffla en elle le souffle, et Adam fut (créé) au souffle vital ; et pour cela, il fut nommé Adam, parce que de limon il a été fait. Et, ayant créé Adam et sa femme, et les ayant placés dans le paradis terrestre, comme disent les lois, ils allaient sans cesse, et lui obéissaient ; et ils étaient joyeux en lui comme dans leur fils commun.

Et, dit (Marcion,) le seigneur des lois, qui était le maître du monde, ayant vu qu'Adam était (un être) excellent et digne de service, s'ingénia comment il pourrait le soustraire à ὑλη, et l'attacher à son parti. L'ayant pris à part, il (lui) dit : Adam, moi je suis Dieu, et il n'y en a pas d'autre ; et hors moi, qu'il ne soit point pour toi d'autre Dieu ! Si tu as quelque autre Dieu que moi, sache que tu mourras de mort (certaine). Et, quand il lui eut dit cela, et qu'Adam se rappela le nom de mort, frappé d'épouvante, il commença un peu à se séparer deux.

Et &x, étant venu lui donner des ordres selon sa coutume, voyait (bien) qu'Adam ne lui obéissait pas, mais réfléchissant se tenait à l'écart, et ne se rapprochait plus de ὑλη. Alors étonné en son esprit, ὑλη comprit que le Seigneur des créatures lui avait dressé des embûches. Il dit : dès l'orifice de la source, corrompue est son eau. Qu'est-ce que ceci ? Adam n'a pas encore multiplié en générations, et (Dieu) me l'a enlevé par le nom de sa divinité. Puisqu'il m'a haï, et n'a pas gardé avec moi le traité ; moi je ferai beaucoup de dieux, et j'en remplirai le monde avec leur entité, afin qu'il cherche qui est Dieu, et qu'il ne le trouve pas.

Eux fît, disent-ils, beaucoup d'idoles, et les nomma dieux, et en remplit le monde. Et englouti fut le nom de Dieu, qui est (le nom) du maître des créatures, au milieu des noms de beaucoup de dieux, et (Dieu) ne se trouvait nulle part ; et la postérité (d'Adam) s'égara avec ces (dieux), et ne conservait pas (le vrai Dieu), car ὑλη attira tous à lui, et ne donna pas même à un seul d'entre eux permission de cultiver (Dieu). Alors, disent-ils, fut irrité le maître des créatures de ce qu'elles le laissaient et obéissaient à ὑλη. Et l'une après l'autre, (les âmes) qui sortaient des corps, il les jetait par colère dans la géhenne ; et il jeta Adam dans la géhenne à cause de l'arbre ; et ainsi il jetait dans la géhenne tous les (hommes) jusqu'à vingt-neuf générations.

Ce qu'ayant vu, disent-ils, le Dieu bon et étranger, qui était assis aux troisièmes cieux, que tant de générations étaient perdues et persécutées, entre deux êtres rusés, le maître des créatures, et fa, s'émut de pitié pour les (malheureux) tombés dans le feu et les supplices ; il envoya son Fils les sauver, et prendre la ressemblance de l'esclave, et se produire sous forme d'homme au milieu des enfants du Dieu des lois. Guéris, dit Dieu, leurs lèpres, ressuscite leurs morts, ouvre (les yeux à) leurs aveugles, et fais en eux les plus grandes guérisons gratuitement ; tant enfin que le maître des créatures te voie, qu'il devienne jaloux de toi, et qu'il te mette en croix ; et puis, à ta mort, tu descendras dans les enfers, et tu en tireras (les victimes) ; car les enfers ne sont pas accoutumés à recevoir au milieu d'eux la vie. Et pour cela tu seras élevé en croix, afin que tu ressembles aux morts ; et l'abîme ouvrira la bouche (pour) te recevoir, et tu entreras au milieu de lui, et tu le feras vide.

Et quand (Dieu) eut élevé (son Fils) en croix, disent-ils, (celui-ci) descendit dans les enfers et les vida ; et, en ayant retiré les âmes, il les porta aux troisièmes cieux à son Père. Et le maître des créatures (tout) irrité, par colère déchira son manteau et le voile de son palais ; et il obscurcit son soleil, et il vêtit de noir son monde, et il s'assit dans le deuil par tristesse.

Puis une deuxième fois, Jésus étant descendu avec la forme de sa divinité auprès du maître des créatures, engagea jugement avec lui à cause de sa mort ; et le maître du monde, voyant la divinité de Jésus, sut qu'il était un autre Dieu que lui, et Jésus lui dit : Mon jugement est sur toi, et que nul ne soit juge entre nous, mais que tes lois que tu as écrites (prononcent). Et, quand il eut mis les lois en présence, Jésus lui dit : N'as-tu pas écrit dans tes lois que celui qui tuera, mourra, et que de celui qui répand le sang du juste, on répandra son sang ? Et (le maître du monde) dit : Oui, je l'ai écrit. Et lui dit Jésus : Livre-toi entre mes mains, afin que je te tue et répande ton sang, comme tu m'as tué et tu as versé mon sang ; car je suis juste en droit plus que toi, el j'ai fait d'immenses bienfaits à tes créatures. Et Jésus commença à énumérer les bienfaits qu'il a faits aux créatures (du maître du monde).

Et, quand le maître des créatures vit que (Jésus) l'avait vaincu, il ne savait quoi dire ; car, par ses lois mêmes il était condamné, et ne trouvait pas de réponse à donner ; car il était passible de mort, en représailles de la mort de (Jésus). Puis, se jetant dans les supplications, il implorait (Jésus, disant) : Attendu que j'ai péché, et que je t'ai fait mourir sans le savoir, car je n'ai pas su que tu étais Dieu, mais je te croyais homme, jeté donne en expiation tous ceux qui voudront croire en toi ; mène-les là où tu voudras. Puis Jésus, ayant laissé le maître des créatures, prit et ravit Paul, et lui découvrit la rédemption, et l'envoya prêcher (et annoncer) que : Nous sommes rachetés (par la rédemption), et quiconque croit en Jésus a été vendu par le juste à (l'être bon).

C'est là le commencement de la secte de Marcion, en laissant de côté bien d'autres futilités. Tous ne savent pas cela, peu (de ses disciples) le savent, et se transmettent cet enseignement de bouche en bouche les uns aux autres. Ils disent : L'étranger nous a rachetés du maître des créatures, mais comment et avec quoi nous a-t-il rachetés ? (C'est) ce que tous ne savent pas.

2. Réponse. Justement comme le bienheureux apôtre dit que : La sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Que prennent-ils, ou que mêlent-ils, ou, par le verbe de qui parlent-ils ? Si, pour Marcion, véritable est le dieu des lois, de qui il suppose (émanées) les créatures, l'étranger qu'il introduit comme son auxiliaire ne devait pas convoiter [ses créatures, quoiqu'elles fussent dans les tourments ou en repos : car, s'il était Dieu, il était lui-même digne de faire des créatures, et (ne devait) pas convoiter les créatures d'un autre. Mais, comme il ne fit rien, il est évident que lui n'était pas du tout ; car, s'il était comme Dieu, il lui fallait avoir en lui toute puissance. Et si, de lui-même, il n'avait pas semblable sagesse, du moins, en contemplant le créateur du monde, (il eût su) comment apprendre de lui l'art ; mais s'il ne pouvait devenir semblable au (créateur du monde), du moins (il fallait) qu'il fût semblable à ὑλη qui était étendu sur le sol, et fût participant de la création du créateur. Mais il est évident que sottises sont (les doctrines de) cette secte, et non pas vérité.

Mais d'abord, admettre le dieu des lois, et ὑλη égal à lui, (c'est) un système volé des philosophes, qui imputent l'impuissance à Dieu, disant que : De rien il n'a pu faire quelque chose, mais (qu'il a tout tiré) de la matière présente (devant lui). Et, quoique de mille manières dans le nom de l'étranger et de son fils Jésus, qu'ils appellent bienfaiteur, ils se réfugient, ils ne sont pas séparés des païens ; car, comme ceux-là disent (qu'il y a) plusieurs dieux, de même aussi ceux-ci prêchent les mêmes dieux. Et ils sont mille fois passibles de mort ; car, créés par le dieu des lois, au nom de l'étranger ils s'encouragent comme des félons, (au nom de l'étranger) qui parmi les hommes n'est pas adoré ; car le serviteur du roi des rois ne peut pas se vouer à César, ni le serviteur de César se vouer au Sassanide ; sinon, il est trouvé digne de la peine capitale.

Puis ceux-là (les païens) disent (qu'il y a) des lignées de plusieurs dieux ; et ceux-ci (les marcionites) du mariage du dieu des lois et de ὑλη (ou la matière), ils disent procréées toutes les créatures. Et que sont-ils (donc) plus que les mages qui, par mariage, supposent (issus) tous leurs dieux ? Qu'ils montrent donc quel esprit leur a donné ces lois ; car, l'Esprit saint, qui parla aux prophètes et aux apôtres, ils l'ont renié.

3. Mais Paul, disent-ils, a été ravi aux troisièmes cieux, et a entendu ces paroles indicibles que nous prêchons.

Voici (ce que) dit Paul : (Paroles) qu'il ne faut pas que l'homme parle. Or, (quant à Marcion, s'il est homme, pour lui indicibles étaient ces paroles ; lui qui, 'en effet, est homme, est pire que ; tous les hommes. Laissant (de côté) la vérité de l'Esprit (saint), il s'assoit dans (l'erreur des) fables qu'il débite. Et tellement il est possédé de l'esprit satanique, qu'il ose faire un triage dans les préceptes de l'Esprit saint, extraire une partie de l'Évangile, et en laisser une partie (comme chose) inutile ; de même aussi, (il faisait) des épîtres apostoliques. L'ancien Testament, il le niait entièrement, comme s'il était donné par (un être) insensé, et non pas par (un être) bon.

Et l'apôtre dit : Inénarrables sont les paroles que j'ai entendues. Et Marcion dit : Moi, je les ai entendues. Or, est-ce l'apôtre, qui croit ces paroles inénarrables, (qu'il) faut écouter, ou Marcion qui, les rejetant, les met au néant ?

4. Puis, si éternel était le dieu des lois, il lui faudrait être aussi prescient et omniscient, et, s'il n'était pas prescient et omniscient, il n'était donc pas parfait. Voilà qu'il paraît parfait, par cela même qu'il a fait les cieux et toute la terre, et non seule ment un ciel, mais deux (cieux) et beaucoup de forces. Et lui qui atout cela suffit, comment ne pouvait-il pas savoir cela, qu'il y a quelqu'un au-dessus de lui dont il aurait quelque soupçon ? et, s'il le savait, pourquoi ne fortifia-t-il pas sa place, afin qu'il n'y eût pas entrée pour l'adversaire qui se tenait là, et faisait révolter ses créatures contre lui ?

Et puis l' (être) bon qu'ils appellent ainsi, si, comme ils disent, par nature était bon, et que la méchanceté ne fût pas en lui, puisqu'il pensait à (faire du) bien aux autres, pourquoi pensa-t-il à (se faire du) mal à lui, à se faire contrister par ses créatures ? car celui-ci, continuellement, fait des hommes, et celui-là, en les détournant toujours de lui, le fait misérable ; ce qui est l'œuvre non du bon, mais du méchant.

5. Puis encore, celui qu'ils disent le juste, s'il était vraiment juste, après avoir partagé ses principautés, fait pour lui les deux cieux, et à fou et à ses fils laissé seulement la terre, comment était-il (possible) que, une autre fois, convoitant son monde, il dit : Donne-moi de ton argile, et moi, de mon côté, je donnerai le souffle, et nous ferons l'homme selon notre ressemblance ; ce qui est l'œuvre, non pas du juste, de convoiter le monde d'un autre, mais bien l'œuvre d'un (être) injuste ?

Ou bien ὑλη (matière), comment était-elle frappée de cette idée, une fois séparée du (dieu des lois), d'avoir de nouveau communauté avec lui, de se ruser elle-même, de donner entrée à l'étranger dans son monde, afin qu'il y fasse Adam et sa compagne, (Adam) qui tantôt donnait la main à celui-ci, et tantôt à celui-là ?

Mais aussi le maître des créatures, comment l'appellent-ils seulement le juste ? car, en premier, comme ils disent, il n'a pas seul fait quelque chose, mais (lui et ὑλη) ont fait en commun ce qu'ils ont fait ; et, en second, de matières communes ils ont fait l'homme, et tous deux ensemble ils se réjouissaient en lui ; car si, comme ils disent, juste était seul le dieu des lois, il est évident qu'il donnerait des ordres de justice à ὑλη, et, si méchant seul était ὑλη, il fallait qu'il donnât (au dieu des lois) seulement des avis de méchanceté.

Et comment était-il (advenu) que tous deux se réjouissaient en l'homme, (eux) qui contrairement l'un à l'autre donnaient des ordres ? L'un (des ordres) de bien, comme (être) bon, et l'autre (des ordres) de mal, comme (être) méchant ; car ni au juste, puisqu'il était juste par nature, il ne peut (convenir) de donner des ordres mauvais, ni au méchant, puisqu'il était méchant par nature, de donner des ordres pour le bien.

Mais encore être joyeux, d'où était (venue cette disposition) au méchant, (lui) qui toujours était ténébreux et morose ? Ou, ruser, (d'où venait cette pensée) au juste, qui naturellement était très juste, et animé de pensées d'équité, à qui il n'était pas possible de penser (et croire) seulement sienne (créature), l'homme créature (faite en) commun ? mais, comme juste, c'était un devoir pour lui de penser que : Comme nous avons fait l'homme ensemble, il nous faut aussi en commun jouir en lui ; mais (ce n'est) pas comme être infiniment juste, mais comme être rusé et soupçonneux (que), ayant pris l'homme à part, il le séduisait (en disant que) : Moi, je suis Dieu, et il n'y en a pas d'autre, hors moi. Et il convenait à Adam de dire que : Quand tu as voulu me faire, il était un autre Dieu, lorsque tu lui demandais de la terre, et, maintenant, comment veux-tu que je pense que je suis seulement à toi, qui serais seul Dieu, et qu'il n'y en a pas d'autre ?

Mais peut-être (Adam) fut-il effrayé par l'annonce de la mort, que cependant il subit, qu'il le voulût ou qu'il ne le voulût pas. Et il ne savait pas cela, (le dieu des lois), que ὑλη lui dressait piège sur piège, engloutissait son nom unique au milieu de beaucoup de dieux, qu'il faisait le scandale de l'homme ; de ce dommage ne fut pas cause le dernier pécheur, mais (la cause fut) celui qui d'abord rusa ; car, s'il ne lui avait pas montré un tel art, (ta ne l'eût pas imaginé ; mais lui-même rot le précepteur de les propres embûches, et de la fourberie de &xn.

6. Comme il vit que nul ne l'adorait, il fit les hommes mortels ; et ceux, dont les âmes sortaient des corps, il les jetait l'un après l'autre dans la géhenne.

Or, plutôt que de les jeter dans la géhenne, pourquoi, celui qui les trompa, ne le jetait-il pas dans la géhenne ? Est-ce parce qu'il ne pouvait le vaincre ? Si donc ὑλη était plus dominateur que lui, pourquoi ὑλη lui donna-t-il ses dupes à tourmenter ?

Mais encore le juste, si vraiment il était juste, ne devait pas dorénavant faire des hommes ; car il savait que ὑλη devait les tromper ; mais, comme juste, il lui fallait penser (à cela) : Quelle utilité y a-t-il que je fasse (des créatures), tandis qu'un autre les détourne de moi ? De plus, les tourmenter n'était pas équitable, puisqu'il savait que, par le fait des autres, elles péchaient.

7. Mais encore une autre chose, qu'ils disent, est plus impie que tout (le reste) : c'est que, quand le bon (principe), qui siégeait aux troisièmes cieux vit les âmes de ces vingt-neuf générations tourmentées dans la géhenne, compatissant à leur sort, il envoya Jésus, son fils, aller prendre la ressemblance de l'esclave, et se produire sous la forme des hommes.

S'il était si compatissant, de suite pourquoi n'envoya-t-il pas son fils sauver (les hommes) ; mais (il ne l'envoya) qu'après (avoir vu) les aines de vingt-neuf générations tourmentées dans la géhenne.

Mais d'abord, dire trois cieux, d'où est (venue cette idée) à Marcion ? car Moïse dit deux cieux ; mais, comme en tout ont extravagué les sectaires, de même aussi en ce (point) ; car l'un dit dix cieux, un autre sept, Marcion trois ; et, d'après les livres saints, ils veulent établir leur erreur, (soutenant) que les livres (saints) disent les cieux et les cieux des cieux, d'une manière multiple.

Quand les sectaires ne sont refrénés par personne, en dehors des livres saints, ils extravaguent ; et puis, lorsqu'ils sont en péril, dans les livres saints ils se réfugient ; mais cieux, et cieux des cieux, nous trouvons (ces mots) dans l'Ecriture, parce que dans la langue des Hébreux on ne peut pas dire ciel, comme dans la langue syriaque (on ne dit) pas eau, ou ciel ; mais un se dit pluriellement.

Et de là, il est évident que par les Septante (il a été) traduit (ainsi) en grec, disent-ils : Dès le commencement Dieu a fait le ciel et la terre, montrant ainsi (qu'il est question) d'un (seul) ciel ; et dans la langue syriaque, comme on ne peut pas dire ciel, il est dit : Dès le commencement Dieu fit l'élément cieux et l'élément terre. Quoiqu'on ne puisse pas dire au singulier un ciel, cependant en disant hain, c'est-à-dire élément, la traduction indique comme un élément d'un ciel. De plus, le firmament, qui est séparé des eaux, les Septante l'ont traduit ciel ; d'où il est évident que le ciel supérieur et le ciel intérieur sont deux cieux, et non pas trois ou plus.

Mais ils disent, Paul a dit que ; il fut ravi tel (qu'il était) jusqu'aux troisièmes cieux, et ils ne savent pas cela qu'il n'est pas même certain que (Paul) dise jusqu'aux troisièmes cieux, ou jusqu'à la troisième partie des nombreuses parties d'un ciel, et surtout que, sans article, il dit qui est ; car il ne dit pas jusqu'au troisième ciel, mais jusqu'au troisième du ciel, dit au singulier. Donc Paul donne (comme) acception, que dans une partie troisième du ciel fut ravi Paul. C'est pourquoi après cela il dit qu'il fut ravi tel (qu'il était) dans le Paradis terrestre ; et le Paradis terrestre n'était pas dans les troisièmes cieux, ni nulle part dans les cieux, mais sur terre, C'est ce qu'ils témoignent eux-mêmes, disant que ; ils firent l'homme, et le mirent dans le Paradis ; lequel (Paradis) est sur terre, et non pas aux cieux.

Mais l'élévation est aussi appelée cieux, comme quand l'Ecriture dit Les oiseaux des cieux, et les rosées des cieux, les nuées, et les vents des cieux ; non pas que (tout cela) soit dans les cieux, mais parce que c'est dans l'élévation, (les oiseaux, etc.,) sont appelés (oiseaux, etc.) des cieux. De plus, des arbres qui sont à quelque hauteur, nous disons qu'ils sont élevés jusqu'aux cieux ; et de la fumée, (nous disons qu) 'elle se mêle au ciel. D'après cet exemple, il faut entendre cette expression de Paul ; troisièmes cieux.

Commence par le premier, et descends au second, et arrive au troisième air qui, par les Livres (saints,) est appelé ciel, et tu trouves ce que dit le bienheureux apôtre : Et il entendit des paroles indicibles que personne ne doit proférer. Quoique l'Apôtre fût un vase d'élection, cependant il était compagnon de Pierre, compagnon de joug des fils du tonnerre, co-prédicateur avec Barnabé. Comment était-il (arrivé) qu'à lui seul il lui fallût entendre, et proférer des paroles indicibles, et à ses compagnons, non (cela n'était pas donné) ? N'y avait-il donc pas mêmes grâces en tous, et un seul et même esprit en eux ? Mais indicibles (étaient) ces paroles ; non pas qu'elles fussent pour lui possibles à dire, et, pour ses autres compagnons, indicibles ; mais, selon ce que, dans sa première épître aux Corinthiens, l'apôtre dit : Ce que l'œil n'a pas vu, que l'oreille n'a pas entendu, et qui n'est pas tombé dans le cœur de l'homme, (c'est) cela que Dieu a préparé pour ses amis.

Il est aussi (bon) d'entendre ainsi : Non pas que moi j'ai été seul digne de ce mystère, moi qui suis le dernier des apôtres, mais, quoique Pierre, (lui) qui est le chef des apôtres, voie cela, il ne peut le redire ; quoiqu'il l'entende, il ne peut le raconter ; car inénarrables sont ces (choses) et au-dessus de l'intelligence et de la langue des hommes. Et pour cela, dit l'apôtre, quoique j'aie vu, je ne puis raconter ; quoique j'aie entendu, je ne puis le redire.

Puis quel Dieu, des créatures de quel Dieu était le soutien, que (ces créatures fussent dans les tourments ou en paix ; ou, quant au passage de Jésus dans son monde, comment (ce Dieu) ne le sut-il pas lui-même, (ni lui) ni quelqu'un d'entre ses troupes, ni des autres, (pas plus qu'ils ne surent) la sortie de Jésus hors (de ses domaines) ? Et si, touchant lui, comme (étant) Dieu, ils ne pouvaient rien savoir, de tant d'âmes qu'il attira près d'eux dans ses cieux, comment ne percevaient-ils pas quelque bruit ; ou les gardiens des prisons de ces âmes comment ne faisaient-ils pas (parvenir) avis à leur maître ? Mais il est évident que vains sont ces discours, et incroyables ces histoires.

8. Et si, en ressemblance seulement, Jésus fut fait homme, et en forme seulement étaient sa croix, et ses tourments, et sa mort, donc le salut n'a point été opéré. Mais aussi pourquoi sauvait-il les créatures d'un autre, créatures qu'il n'avait pas faites ? (car) c'est l'œuvre, non pas d'un (être) bon, mais d'un (être) pervers de pénétrer furtivement, d'entrer dans la maison d'autrui, et de lui tendre des embûches. Mais nous demanderons encore ceci : Jésus était-il (un être) corporel ou incorporel ? S'ils disent qu'il était incorporel, qu'ils écoutent ceci : Si Jésus vint (comme être) incorporel, et qu'ici-bas, ainsi qu'ils disent, il ne revêtit pas un corps, il est évident qu'il en donna rien, et ne prit rien, ne mourut pas, et ne sauva pas. Et absurde est ce dire de Marcion, que du sang de Jésus nous sommes le prix ; car son sang ne fut pas répandu, et les hommes ne furent pas rachetés, par cela même qu'ils disent que, en forme et apparence étaient sa croix, et sa mort, et non en réalité ; et les juifs les réfutent, eux qui, jusqu'aujourd'hui, sont assurés que leurs pères ont mis Jésus en croix. D'où il est évidemment démontré que, non pas en apparence Jésus fut élevé en croix, mais bien en réalité ; car de notre véritable (on de la vérité de notre) résurrection, il a donné sa propre résurrection pour exemple.

9. Et si, comme ils disent, Jésus demanda les lois du juste pour juge et médiateur (de sa conduite), d'après ces lois même, il se trouve déjà passible de mort, puisque, avant son crucifiement, il a (capté) beaucoup de monde. Non seulement (il a fait cela), mais il a choisi beaucoup d'autres hommes d'entre eux, et les a envoyés afin qu'ils fissent des disciples, et les lui attirassent.

Et non seulement (il fit) tout cela, mais encore il revêtit leur propre force pour fouler aux pieds les forces de leur maître, et jeta le glaive et la division dans sa maison, et alluma le feu contre ses créatures ; (il alla) jusqu'à abroger, à détruire ses lois, aux jours de Jean-Baptiste, jusqu'à évangéliser (ou publier) son propre règne, lançant partout beaucoup de prédicateurs pour prêcher (sa foi), beaucoup de moissonneurs pour moissonner ce que lui-même n'avait pas semé ; et cela, quand nul n'avait encore péché contre lui, ni (qu'il n'avait pas été) mis en croix, ni (n'avait pas) répandu son sang, il dévasta la maison (du maître des créatures), et ruina son royaume, et lui restait silencieux, et ne faisait aucun mal à (son ennemi).

Et comment, disent-ils, (advint-il) que, par son crucifiement, Jésus racheta Marcion, puisque toutes ces multitudes, tandis qu'il n'était pas encore élevé en croix, il se les concilia ?

Mais, disent-ils (ces multitudes), il les gagna pour prix de guérisons. Il guérit les malades, et il purifia les lépreux ; il ressuscita les morts, il rétablit les paralytiques, et il fit fuir les démons. Et est-il un médecin (qui), quand il guérit le fils d'un individu, ne reçoive pas de récompense ? mais, pour principal prix de sa cure, réclame son malade guéri, et nous consignerons ici que, (pour lui), ses malades guéris lui étaient (attachés) à cause de ses bienfaits. Quant à ceux qu'il n'a pas guéris, pourquoi les a-t-il détachés de leur maître ? Ce qui est le fait, non d'un (être) bon, mais d'un (être) rusé.

Et ces lois, comment (Jésus) pouvait-il les demander pour juges ? (les lois) de celui à qui, avant sa mort, il avait fait tant de tort dans sa maison, surtout qu'il savait que ces lois le condamnaient à mort et ne le justifiaient pas. Or si, sous la forme d'un Israélite, il vint en sa maison, cependant il devait être condamné, car il était écrit dans ces lois que tout juif qui rompra les lois soit tué, et celui qui ne sera pas circoncis, et ne gardera pas le sabbat, meure. Et (Jésus) a rompu les lois, ruiné la religion ; il était (donc) condamné par les lois, et, si sous la forme d'autres nations il vint chez (les juifs), précédemment il leur était ordonné d'exterminer les étrangers, et non pas de les épargner.

Et puis sur les étrangers et les hôtes pesait cet ordre : S'ils ne gardent pas le culte des lois, qu'ils meurent de mort certaine. Ainsi, d'après toutes les lois, il était passible de mort.

Est-il quelqu'un qui entrerait furtivement dans la maison de son compagnon (pour y) dérober quelque chose, (et qui), pris sur le fait, ne soit pas condamné à mort ? Ou est-il quelqu'un qui, s'approchant, dispose les fils d'une autre personne, ou ses esclaves à l'insolence et à la perversité, (et à qui, si on arrive sur lui), on ne fasse perdre la tête ? Ou est-il quelqu'un qui, entrant comme un espion, espionne furtivement le royaume d'un autre, espion (une fois) connu, ne soit promptement exterminé ?

De même aussi Jésus, avant son crucifiement, fit beaucoup de dommage dans la maison du juste, et, selon les lois qu'il demanda pour juges, il se trouva passible de mille morts ; car, (comme) un étranger venu dans la maison d'autrui, il lui a fait (subir) les plus grands désastres, a brisé ses lois, les prophètes, et a proclamé son propre royaume. Qui donc était celui-là qui put faire de si grandes choses, si ce n'est le Seigneur de tout, qui a dit que : Tout m'a été donné par mon Père ? D'où il est évident que, non pas comme un étranger pour la dilapidation, mais par un père (tout lui) a été donné, et comme Seigneur des lois, il a fait cesser les lois ; et, avant d'être élevé en croix, il a montré son royaume.

O insensés ! comment n'avez-vous pas compris que le Père de Jésus est le maître de tout, par cela même qu'il lui a tout donné dans les mains ? Il est le maître du monde, et non pas celui que vous pensez, et qui n'était pas même ; car quiconque en dehors de lui est nommé Dieu, n'est pas naturellement Dieu. Et il est encore bien d'autres (choses) par lesquelles il est démontré que notre Seigneur est venu parmi les siens, et non parmi des étrangers ; et lui et son Père sont un seul (et même) maître du monde ; et de plus, par (l'exemple du) blessé qui, pendant qu'il descendait de Jérusalem à Jéricho, fut blessé par des bandits, il est démontré que le Christ n'était pas un étranger pour le blessé, mais un voisin, un médecin. Comme aussi lui-même dit au pharisien : Tu as jugé droit (et juste). Et par (l'exemple de) la brebis et de la pièce d'argent, qui étaient perdues et ont été trouvées, il est évident que chez les siens il est venu, et non chez des étrangers.

10. Puis cette autre parole de l'apôtre, qui est si justement dite, ils la renversent. Quand (dit l'apôtre) il aura détruit tous les royaumes et toutes les principautés, car il lui faut régner, si bien que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Et ils disent que le maître du monde se détruit lui-même, lui et son monde, dans l'éternité.

O insensés ! si dans sa main est (le pouvoir d') édifier et (de) briser, et qu'il brise son monde parce qu'il devient vieux et caduc, pourquoi n'en fait-il pas un autre nouveau et plus beau que celui-ci ? Si, quand le monde n'était pas, il sut le méditer, et le faire par sa parole ; maintenant qu'il a appris et a été informé qu'il est un autre monde étranger plus beau, plus excellent que le sien, comment n'en fera-t-il pas un plus parfait que celui-là ? de sorte que les gens de l'étranger portent envie à son monde, à cause de sa beauté et de sa splendeur ; car, comme il a été (assez) puissant (pour) faire son premier (monde), ainsi, s'il veut, il est (assez) puissant (pour) en faire un autre plus excellent que celui-là. Et lui, qui est ainsi puissant, pourquoi se réduira-t-il lui-même à être escabelle sous les pieds d'un autre ? et ne fera-t-il pas son monde nouveau et plus beau que le premier, et il y régnerait dans l'éternité ?

Mais si l'étranger l'en empêche, et si (l'étranger) est plus fort que lui au point qu'il puisse l'empêcher ; donc lui, il n'est pas le maître de tout, comme il dit lui-même, mais l'esclave d'une autre domination.

Ou (bien), d'où montrerez-vous que le Dieu des lois doit briser son monde ? Si c'est parce qu'il est écrit dans les prophètes que les cieux seront roulés comme du parchemin, et que la terre comme la cire fondra ; mais il a aussi écrit, dans ses prophéties : Je ferai des cieux nouveaux et une terre nouvelle. D'où il est évident, selon la prophétie, qu'il briserait ce (monde), mais en ferait un nouveau, comme vous-même en avez témoigné.

Mais encore, à cette autre question, faites réponse. Quel est celui qui brisera sa puissance et sa domination ? Et ne savez-vous pas, d'après l'apôtre, que le Christ renverse les puissances, et met tous ses ennemis sous ses pieds ? Et non pas celui-là dont vous parlez, qui n'est même pas, et n'a rien fait et ne fait (rien) ; mais Notre Seigneur et son Père, qui sont (assez) puissants (pour) faire tout, et soumettent toutes les inimitiés sous leurs pieds.

11. Et puis, si assez puissant était l'étranger, comme ce Marcion dit pour affranchir les âmes de ces tourments, pourquoi, par force, ne mit-il pas la main (dessus), et n'attira-t-il pas à lui les âmes de ces victimes ? Mais, d'abord, il donnait (comme) permission qu'elles soient tourmentées, puis il les tirait (de peine). Et cela, non avec audace, mais avec (crainte et) soupçons, et par un rachat au prix de son sang.

Mais, disent-ils, (Dieu) fit cela, à cause de sa miséricorde. Ayant vu les âmes des victimes tourmentées dans les enfers, il envoya son Fils les sauver. Si (Jésus) les sauva ; les dernières, que seront-elles, (ces âmes) qui doivent tomber dans les enfers ? Si, par miséricorde (Dieu) a fait ce qu'il a fait, que n'a-t-il gardé la venue de son Fils jusqu'à la fin du monde, puis envoyé (ce Fils) ; car, (alors), sur tous il faisait miséricorde, et (de l'abîme) les attirait (tous) à la vie, plutôt que de se hâter d'envoyer (ce Fils) au milieu des siècles, et (alors) il n'est pas possible aux derniers qui sont tombés (dans l'abîme) d'en sortir ; car, désormais, sur ses gardes s'est mis leur persécuteur.

Mais, très égarés sont ces (gens-là), et ils ont oublié qu'il n'est pas d'arbre mauvais qui fasse du fruit bon : et qu'on ne recueille pas de raisin des épines, ni la figue du buisson, et le sien contient le sien.

Et encore une autre chose qu'ils disent, c'est que les enfers ne contiennent pas la vie ; pour cela, (Jésus) est monté en croix, afin que, descendant comme mort, les enfers le reçussent.

Or donc, personne n'y sera-t-il envoyé vivant, ou les hommes pécheurs, ou Satan, et les démons de Satan vivant. S'il en est ainsi, les enfers ne les reçoivent pas.

Ou Jésus comme mort, où est-il allé ? est-ce dans le tombeau de la terre, que l'Ecriture appelle enfers, et là ne sont pas les âmes, ni le feu qui les tourmente ; et, s'ils disent qu'il est allé dans la géhenne comme mort, il n'y a pas lieu à leurs discours, car l'Apôtre ne donne pas (à croire) que Jésus mourut de deux morts, mais d'une seule (mort), qu'il subit corporellement, (la mort) de la croix, et fut soumis à la mort de la croix ; et (l'Apôtre) ne met pas qu'un autre le jugea et le jeta dans la géhenne, mais que son Père le livra à la mort, et puis qu'il se livra lui-même comme rançon pour plusieurs, par la mort du corps, et non par les tourments de l'âme.

12. Mais, si fort contraires, disent-ils, sont les lois du juste aux grâces de Jésus, que là le bonheur est donné aux riches, et la misère aux pauvres ; ici le bonheur aux pauvres, et le malheur aux riches ; ici (le juste) dit : Ne tue pas ; et là, Jésus dit : Celui qui se met en colère contre son compagnon injustement, est passible de la géhenne ; ici (le juste) dit :Ne fornique pas ; et là, (Jésus) dit que : Celui qui regarde une femme par concupiscence, a déjà forniqué dans son cœur ; ici (le juste) dit : Ne jure pas en vain, mais paye au Seigneur (le prix de) tes serments ; et là (Jésus) dit : Ne jurez point du tout.

Et maintenant comment ces lois et les grâces sont-elles contraires les unes aux autres ? car Abraham, pour avoir reçu les étrangers et les pauvres, a été appelé ami de Dieu ; et le Christ dit que : Le pauvre dans le sein d'Abraham est allé, et le riche dans les tourments du feu. Le Christ donne le bonheur aux pauvres et aux miséricordieux, (en disant) qu'ils trouveront miséricorde. Et le Dieu des lois montre tant de miséricorde, [que ' la bête d'un ennemi tombée sous le faix, il ne veut pas qu'on l'abandonne, que (le maître) soit du peuple (juif) ou de nation étrangère ; et le chevreau (encore nourri) du lait de la mère, il ne veut pas qu'on le fasse rôtir, et la poule assise sur ses œufs ou sur ses petits, (il ne veut pas qu'on les prenne ensemble) ; là Dieu dit : Tu aimeras ton compagnon comme toi-même ; et ici (Jésus) dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et tu aimeras ton compagnon comme toi-même ; car de ces deux commandements dépendent les lois et les prophètes. Et il dit : Je ne suis pas venu dissoudre les lois et les prophètes, mais les remplir.

Or, comment serait-il contraire aux lois, celui qui est venu remplir les lois et les prophètes ? Et il disait au lépreux, qu'il avait purifié : Va, offre sacrifice pour ta purification, comme Moïse a ordonné dans ses lois. Et au légiste qui lui demanda que dois-je faire, afin que j'hérite de la vie éternelle ? (Jésus) dit : Tu sais les commandements des lois : et interrogé de nouveau, quels (sont ces) commandements ? Il dit : Ne fornique point, ne vole point, ne tue point. Par là, il a fait évident que non pas contraire aux lois (était ce qu') il enseignait, mais (bien) conforme à ces (lois).

Puis, ne pas s'emporter n'est nullement contraire à ne pas tuer, mais extrêmement conforme ; car, si quelqu'un ne s'emporte pas, il ne conçoit pas l'œuvre d'assassinat. De même aussi ne pas convoiter (la chair), n'est nullement contraire à ne pas forniquer, mais encore mieux ; car, si quelqu'un ne convoite pas (la chair), il n'est pas porté à l'œuvre de fornication ; et ne pas jurer du tout, n'est nullement opposé à ne pas se parjurer, mais (c'est chose) très corrélative ; car, si quelqu'un n'est pas accoutumé à (jurer souvent), il ne jure jamais faux. Là, comme (les hommes) juraient au nom des idoles, (Dieu) dit : Paye (ou fais) au (nom du) Seigneur tes serments. Il dit (encore) : Par moi tu jureras, (par moi) qui suis (l'être) vivant, et ne jure point au (nom des) idoles qui ne sont pas (êtres) vivants. Ici, pour rendre parfaits ses disciples, le Christ dit : Ne jurez pas du tout, mais que pour vous le oui soit oui, et le non, non ; et ce qui est plus que cela, est du mal. Si ce qui est plus que oui et non est du mal, combien plus encore (fait mal) celui qui jurera faux au nom terrible (de Dieu) !

Et puis, par (le précepte de) ne pas s'emporter, et ne pas convoiter (la chair, précepte) qu'a enseigné Jésus, il est évident qu'il tient tellement pour Dieu le dieu des lois, qu'il affermit ses paroles dans l'Évangile, et ils extravaguent (en disant que) Jésus enseigne le contraire de ces (paroles). De même aussi, au sujet des aliments, dans l'ancien et dans le nouveau Testament nous trouvons qu'ils sont donnés par Dieu pour l'entretien (de la vie). Là, (Dieu) dit : 'Immole et mange toute brute et les oiseaux mangeables. Et ici (Jésus) dit que : Tout ce qui entre par la bouche de l'homme ne le souille pas, mais ce qui sort de la bouche, cela souille l'homme. Et de tout (aliment) le produit est une seule (et même chose), la chair. Et, si impurs étaient quelques aliments, d'abord (Jésus) n'en eût pas mangé lui-même, et puis n'eût pas donné aux autres ordre d'en manger.

Or, si nulle part nous ne trouvons cette parole dans le nouveau Testament : Ne mangez pas ceci, il est évident que les distinctions d'aliments, qui selon les lois étaient établies, il les a fait cesser, par cela même qu'avec les pécheurs, et avec les publicains, et avec les pharisiens il mangeait et buvait. Et, (au sujet) de la Pâque, il disait à ses disciples : J'ai désiré ardemment manger cette Pâque avec vous. Est-ce qu'au sujet de la Pâque ils diront que c'était du poisson, et non de l'agneau ? car le Christ mangeait indistinctement toute espèce d'aliments, comme il est évident dans l'Evangile.

Or, s'ils disent 'que le Christ, après sa résurrection, mangeait du poisson, et non de la chair, pour cela nous aussi nous mangeons du poisson, et non de la chair ; il fa ut dire que : ils ne doivent pas à présent manger de poisson, mais (seulement) lors de la résurrection, comme le Christ, après sa résurrection, mangea du poisson qu'il trouva chez des pêcheurs.

Mais le poisson est chair, cela à tous est évident ; car (tout être) qui a corps et sang, graisse et os, il faut qu'il soit charnu et vivant ; et il est un poisson sur les côtes duquel, comme sur les côtes du cochon, se trouve une épaisse couche de graisse, et le sang en jaillit autant que d'une brebis. Et ce poisson mange des aliments immondes que même les animaux féroces et les brutes ne mangent pas ; et ce poisson, il faut plutôt l'appeler bête féroce, lui qui mange indistinctement ses semblables ; et, comme bien plus pures que lui (poisson) sont les brutes, (quelques-unes) d'entre elles en sacrifices et holocaustes sont offertes à Dieu, et parmi les poissons, aucun.

Mais, dans ce symbole et exemple du grand mystère qui devait se révéler, les animaux, de petit, de gros bétail, figuraient, et non les poissons. Comme l'agneau par le sang duquel ont été rachetés les aînés des fils d'Israël en Egypte, et le bélier qui a été égorgé en place d'Isaac, étaient la pensée (figurante) du véritable Agneau qui enlève les péchés du monde ; et aussi la génisse qu'en dehors du camp on immolait en holocauste : à l'exemple de ces animaux, le Christ aussi, en dehors de la ville fut supplicié. Et David dit : 'Qu'il soit agréable au Seigneur, comme le veau tendre (et délicat), et non pas comme le poisson délicieux ; car le poisson, quoiqu'il vienne en apologue, vient en apologue (figuratif) du tombeau, non de la vitalité : selon ce que le Seigneur dit que : Comme fut Jonas dans le ventre d'un poisson trois jours et trois nuits, de même aussi il faut au Fils de l'homme entrer dans le cœur de la terre et y être trois jours et trois nuits ; et ainsi nous ne trouvons pas dans les livres saints que (le Seigneur) ait sanctifié le poisson, et (l'ait) donné en nourriture, et ordonné de s'abstenir de viande comme d'une nourriture impure et immonde.

Mais même dans les lois, il est écrit que : Je vous ai donné à manger les brutes et les oiseaux comme les légumes et les herbes ; mais seulement l'animal mort (de lui-même) et le sang, n'en mangez point ; car le souffle de la brute, c'est son sang. Et les apôtres, dans l'épître que de Jérusalem à Antioche ils écrivirent, confirmèrent ce (précepte) de vous garder du sang et de tout animal étouffé, et d'animal mort (de lui-même), et de fornication ; et ils n'ont pas dit de chair. De plus, dans ces (mêmes) lois, les brutes mangeables, (Dieu) les appelle pures, et (celles) non mangeables, impures ; non pas qu'impures par nature fussent (ces brutes), mais celles non agréables au jugement des hommes, Dieu les appelle impures ; car il savait qu'il est certaine bête qu'on a plaisir à manger, et certaine qu'on n'aime pas à manger ; et selon cela, il institua ses lois.

Mais rien d'impur (ne vient) des aliments : du Seigneur même écoutons cela : Il n'est rien qui entre dans le ventre de l'homme qui puisse souiller l'homme ; mais ce qui sort de l'homme, cela souille l'homme. Et l'apôtre, d'avance ayant en vue par (effet de) prophétie l'injuste orgueil des sectaires, dit : Ils retranchent des aliments, ils prohibent le mariage que Dieu a fait pour la consolation des fidèles, qui avec reconnaissance en jouissent ; car (c'est chose) sanctifiée par la parole de Dieu et par les prières. Non pas qu'il y ait quelque chose impure, et puis sanctifiée ; mais ce qui à eux paraissait impur à cause de l'immolation, (au sujet) de cela, l'apôtre dit que : c'est sanctifié par la parole de Dieu et par les prières. Pour cela, dans une autre épître, il dit que : quand quelqu'un des infidèles vous conviera, et que vous irez, de tout ce qu'on mettra devant vous, mangez, et n'ayez pas scrupule. D'où il est évident que parmi tout (cela) était (comprise) la chair. Et puis il dit que : De tout ce qui est vendu au macellum, c'est-à-dire au marché à la viande, mangez, et n'ayez pas scrupule.

Mais ils disent que l'Apôtre dit que : Mieux est de ne pas manger de chair, ni de boire de vin, afin que par là mon frère no soit pas scandalisé ; et puis que : Je ne mangerai pas de viande à tout jamais, par quoi mon frère serait scandalisé.

Nous dirons : Si, par le poisson aussi est scandalisé lu frère, donc il ne faudrait pas en manger.

Car, à cause du scandale, il ne faut pas manger, et non, parce que quelque impureté serait (provenant) des aliments, et surtout pour le vin par ^influence du) quel beaucoup même trébuchent. La viande ne fait pas autant pécher que le vin, (qui) déprave les buveurs, et scandalise les spectateurs. Et comment est-il (possible) qu'ils se gardent de la chair, et ne se préservent pas du vin, ces marcionites ? car cette parole (de l'apôtre), sur les deux (substances, la chair et le vin), repose : Il dit de ne pas mander de chair, et ne pas boire de vin ; et de ce (précepte) produisant les motifs, il dit : (afin) que par là mon frère ne soit pas scandalisé ou ne faiblisse pas. Par là, il est démontré qu'à cause du scandale, (l'apôtre) a émis cette pensée, et non parce qu'il tenait pour impurs ces aliments, lui qui dit que : Il est celui qui croit (pouvoir) manger de tout. Si tu crois, dit-il, que par la parole de Dieu, et les prières sont sanctifies les aliments, mange, et ne distingue pas. Mais, si tu es faible en foi, et que tu aies scrupule, mange seulement des végétaux, et ne te scandalise point, et, quand tu ne crois pas (pouvoir manger de tout, comme (aliment) pur, ne juge pas celui qui en mange : comme aussi celui qui en mange ne doit pas te blâmer, comme (homme) faible qui ne crois pas (pouvoir) manger de tout, comme (aliment) pur ; car ce n'est pas que les aliments nous mettent devant Dieu, ou nous retirent de sa face, mais c'est ou la foi, ou le scrupule des esprits et le scandale.

13. Or, vos religieux, disent-ils, pourquoi sont-ils privés de chair ? Nos religieux s'abstiennent de (certains) aliments, non pas pour cela qu'ils regardent ces aliments impurs, et produits de la matière comme d'une chose impure. Si, pour regarder comme impurs ces aliments, ils avaient fait vœu, leur vœu ne compterait pour rien. Mais ils s'abstiennent de ces aliments, afin que la sainteté qu'ils ont résolu de garder, ils la gardent plus facilement.

Pour cela aussi, nos pères les saints évêques ont établi des canons ; (statuant) : Si quelque fidèle né mange pas de viande, et que des légumes soient cuits avec la viande, et, si de ces légumes il ne veut pas manger, qu'il soit excommunié : pourquoi ? d'abord parce que des aliments donnés par Dieu, il ne peut pas les regarder (comme) abjects ; et ensuite, afin qu'il ne se nuise pas par un injuste orgueil, comme si par là il était plus que les (autres) hommes.

De plus, les vierges de la sainte Église gardent leur virginité, non pas à cause de cela qu'elles tiennent lo mariage, donné par Dieu, (comme) souillure, comme (font) Marcion, Mani, et les impudiques ; car, si dans cet esprit elles faisaient des vœux, leur virginité ne serait pas dans une honnête virginité ; mais, pour mieux aimer Dieu, elles renoncent aux bonnes créatures de Dieu, afin que, ressemblant aux anges de Dieu, chez qui il n'y a ni mâle ni femelle, elles montrent sur la terre la même vertu ; selon ce qui (est dit) que Il y a des eunuques qui se sont faits eunuques pour le royaume des cieux, (afin d') être, lors de la résurrection, pareils aux anges ; et l'apôtre appelle homme fidèle les vierges. Mais, eu égard à la nature, il ne peut donner un ordre formel ; mais par un coup d'œil (de préférence) il dispose, comme fait aussi le Seigneur, mais il ne presse pas.

14. Tout ceci pour la secte des marcionites a été dit, (pour) eux qui rejettent le mariage, et l'usage de la viande : et, voués avec les laïques à la virginité, ils faussent leur vœu ; car, pour ne pas (pouvoir) résister à la concupiscence, ils les jettent encore une fois dans la pénitence.

Or, s'ils ne croient point aux lois (de celui) qui dit que : L'homme laissera son père et sa mère, et ira après sa femme, et ils seront deux dans un seul corps ; pourquoi ne croiraient-ils pas à Jésus, qui confirme ce (commandement), et ajoute : Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare point ! Or, pour les fidèles qui veulent démontrer la vérité, d'abord leur affaire est celle-là ; comme sont les choses, qu'ainsi ils les confessent. Puis, s'ils deviennent (des hommes) d'élite dans !a vertu, cela est admissible. Et non pas (qu'ils fassent) comme ces gens-là qui anéantissent ce qu'il y a de plus grand, (sous prétexte) que dès la piscine (du baptême) nois faisons vœu de nous abstenir de chair, et du mariage ; et puis rompent leur vœu, et s'en vont entrer dans la pénitence.

Et, si tu demandes si des tourments existent (ne la part) de l'être bon, ils disent : il n'en existe pas. Et, s'il n'y a aucune crainte de tourments, n'est-il donc pas évident que des tourments ils ne craignent rien, et qu'ils sont indifférents dans le péché ? Mais de celui de qui il n'ya pas de tourments (à craindre), il n'ya pas de dons (à espérer).

Mais nous, disent-ils, pour cela nous avons foi loin du juste ; car, d'effrayantes menaces il menace dans ses lois, (disant) que : Le feu est allumé dans ma colère, et consumera (tout) jusque dans les abîmes intérieurs ; et tout ceci était gardé dans mon trésor. Et ailleurs : Dieu juge par le feu,

O (hommes) insensés et égarés ! si, à cause d'effroyables menaces, vous fuyez loin du dieu des lois, quand Jésus, de menaces encore plus terribles, (menace) du feu inextinguible, du ver immortel, et des tourments éternels, où aurez-vous à fuir ? Et, lorsque dans l'ancien et dans le nouveau Testament, nous trouvons les mêmes menaces et les mêmes promesses de biens, n'est-il donc pas évidemment démontré qu’un seul donateur est (donateur) de l'ancien et du nouveau Testament ?

15. Mais, ne pas croire ô la résurrection des corps, d'où est (venue celle pensée) à Marcion, à Mani, et autres gens pareils ?

Ils disent : l'apôtre a dit que : Le corps et le sang n'héritent pas du royaume de Dieu, et que la corruption (n'hérite pas) de l'incorruptibilité.

Puis, que : J'ai désiré (ardemment) sortir du corps, et être avec le Seigneur ; par quoi il est évident, disent-ils, que, puisque de matière est le corps, pour cela il n'est pas fait digne de la résurrection.

Et que, parce que de matière est le corps, il ne sera pas fait digne du royaume, puis, parce que du juste sont (émanées) les (âmes), (il ne faut) pas qu'elles soient dignes du royaume de (l'être) bon. Mais il les réfute, ce même apôtre, ici dans le même passage. Montrant comme du doigt le corps, il dit que : Il faut à notre corruption revêtir l'incorruptibilité, et à ce (corps) mortel revêtir l'immortalité ; d'où il est évident que (ce no sont) pas les âmes qu'il appelle corruptibles et mortelles, mais les corps. Et, dans une autre épître, il dit que : A nous tous, il est (réservé) de comparaître devant le trône du Christ, afin que chacun reçoive avec son corps, (selon) ce qu'il a. fait avant, soit (en) bien et soit (en) mal. Vois-tu qu'avec le corps il dit porter les biens ou les maux, et non pas seulement avec l'âme.

Biais ils disent : l'apôtre a dit que la corruption n'hérite pas de l'incorruptibilité.

O collecteur de passages,[2] ô Marcion ! il écoute une chose, et rejette l'autre. Si, avec un esprit droit, il écoutait cela, (savoir) que la corruption n'hérite pas de l'incorruptibilité, il pourrait se tenir (sur les limites de) la vérité, car l'apôtre confirme tellement la résurrection des corps, que même il en apporte plusieurs exemples.

D'abord, le premier (exemple), c'est la propre résurrection du Christ, (disant que) : Le Christ mourut selon les Écritures, et fut enterré, et ressuscita le troisième jour. Et, bien affermi (à ce sujet), il montre plusieurs circonstances pour la constatation de cette résurrection ; et plus encore, voilà ce qu'il crie à l'oreille de Marcion et de Mani, et il dit : Si les morts ne ressuscitent pas, que feront ceux qui pour les morts auront été baptisés ? Vous, dit (Marcion), vous dites que les corps, parce que de matière ils sont (formés), ne ressuscitent pas ; si les corps mortels ne ressuscitent pas, les âmes, (elles) vivantes, pour les corps morts, pourquoi font-elles profession (de foi) ? Ou les corps mortels avec les âmes vivantes, pourquoi seront-elles baptisées, si, comme vous dites, ne doivent pas ressusciter les corps mortels ?

Ainsi il faut entendre cette parole, et non pas comme Marcion, (qui) extravague (en disant) que : Au lieu d'un enfant mort, il faut baptiser son voisin vivant, afin que (le baptême) à lui mort soit compté ; ce que font, en effet, les marcionites ; mais elle les condamne, cette parole du Seigneur, (qui dit que) : Si quelqu'un ne naît pas de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Et puis : Si quelqu'un ne naît pas de l'eau et de l'esprit, il n'entrera point dans le royaume des cieux. Par quoi il est évident qu'il faut baptiser chaque individu, et non pas l'un pour l'autre.

Et puis, d'après l'apologue des semences, évidemment démontrée est la résurrection des corps. Comme la semence que tu as semée, (ainsi est le fruit). Il n'en vient pas un autre pour un autre, quoiqu'il revête mille aspects charmants. Mais jamais tu n'as semé de l'orge, et moissonné du froment ; et jamais tu n'as semé du mil et moissonné du seigle ; mais (à) ce que tu as semé, tu as moissonné pareil. Selon cet exemple, dit (l'apôtre), aussi le corps qui est tombé, le même doit ressusciter.

Puis encore, ce dire de l'apôtre que : Le corps et le sang n'héritent pas du royaume de Dieu, et que la corruption n'hérite pas de l'incorruptibilité, ne doit pas être compris dans le sens dans lequel Marcion le prend, (savoir) que : parce que de matière sont les corps, ils ne ressuscitent pas ; mais de deux autres manières.

L'une en ce (sens) que : quand dans les pensées du corps et dans ses œuvres est encore l'homme, animés sont aussi le corps et le sang ; et, comme selon le corps seulement (l'homme) pense et agit, il n'est pas digne d'entrer dans le royaume des cieux ; comme aussi dans une autre épître, l'apôtre écrit à ses disciples que : Ceux qui sont en corps pensent les pensées du corps ; mais vous, vous n'êtes pas en corps, mais en esprit. Est-ce que, quand il a écrit cela à ses disciples, la moitié était en corps, et la moitié n'y était pas ? D'où il est évident qu'en corps ils étaient tous, mais non pas tous dans les œuvres du corps, et (ni tous dans les œuvres) de l'esprit.

Puis, dans un autre sens, il faut entendre que : non pas gonflés de chair et de sang ressuscitent les corps, mais renouvelés par la résurrection ; (de) corruptibles qu'ils étaient, ils héritent de l’incorruptibilité ; comme aussi (l'apôtre) l'avance par ces (paroles, en disant) que : La trompette résonne, et les morts, qui (sont morts) dans le Christ, ressuscitent incorruptibles, et nous sommes renouvelés.

Par là, il est démontré que les corps renouvelés par la résurrection, affranchis de tous les besoins, ressuscitent ; et la mort est engloutie dans la défaite, quand (ces corps) corrompus revêtent l’incorruptibilité, mortels (revêtent) l'immortalité, semés par la faiblesse (revêtent) la force, jetés dans le mépris (revêtent) la gloire. Et il n'est pas de corps qui restera dans la terre. Mais l'âme de chacun, revêtant le corps de chacun, en un clin d'œil, (tous) se dresseront devant le terrible tribunal, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les punitions du jugement.

16. Ce Marcion était issu du pays du Pont, fils d'un évêque ; et, ayant, corrompu une vierge, il s’enfuit parce que son père lui-même l'avait séparé de l’Eglise et, étant allé à Rome chercher la pénitence en ce temps-la, et n'y étant pas parvenu, il s'emporta contre la foi. Et, mettant en avant trois (propositions), il enseigne (et traite) du bien, du juste, et du mal ; et, le nouveau Testament, il l'estime différent de l'ancien, et, d'après ce qui était dit dans celui-ci, il méprise (et rejette) la résurrection des corps. Et le baptême, il n'en donne pas un seul, mais trois après avoir péché ; et, en place des enfants morts, il en presse d'autres de recevoir le sceau (du baptême). Et il est tellement impudent qu'il ordonne aux femmes de donner le baptême, ce que personne n'a pu faire dans les autres sectes, ni donner le baptême deux ou trois fois, ni prendre des femmes pour prêtres.

Déplus, d'où lui est venu le sacerdoce, (à lui) qui, ayant corrompu une vierge, fut rayé de l'Église par son père, quand il ne fut pas même digne d'arriver à la pénitence ? Et bien justement il n'en fut pas digne, car, sur les ordres du St-Esprit il osa jeter la main, en retrancher, rejeter une partie comme (chose) inutile, et choisir, et prendre l'autre (partie) comme utile. Et il ne sait pas cela que : quand on coupe un doigt du corps, cette petite partie coupée affecte toutes (les parties) du corps. Plus encore, (Marcion) est condamné par (Jésus-Christ) venant parfaire les lois, qui disait : Je ne suis pas venu dissoudre les lois et les prophètes, mais les remplir. Et par l'apôtre, qui dit que : Le Christ est notre paix, lui qui fit les deux en un : Gloire à lui dans l'éternité de l'éternité ! Amen.

FIN.


 

[1] Le mot étranger n'est pas lui-même le mot consacré en parlant des hérésies de Marcion, mais c’est la traduction fidèle du texte arménien.

[2] Collecteur de passages, signifie : qui fait un triage dans les passages.

 

 

 

quot;,"serif";color:black"> (afin) que par