Didachè
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La Didachè
fut écrite vers la fin du Ier siècle
ou au début du IIe siècle. Le
mot grec Διδαχη (à prononcer
"didakè") signifie « enseignement » ou « doctrine » en grec koinè.
Le manuscrit retrouvé est intitulé : « Doctrine du Seigneur
transmise aux nations par les douze apôtres ». Paradoxalement, les
douze apôtres ne sont jamais mentionnés dans le texte lui-même.
Historique
Les Pères de
l'Église (Irénée de Lyon, Clément d'Alexandrie, Origène) y font
référence, ainsi qu'Eusèbe de Césarée.
Après avoir
disparu pendant des siècles, le texte a été retrouvé vers 1873 (ou
1875) par le métropolite Philothée Bryennios de Nicomédie, dans un
manuscrit grec conservé depuis dans la Bibliothèque du Patriarcat
grec de Jérusalem contenant par ailleurs le texte complet de
l'"Epître de Barnabé" et deux épîtres de Clément d'Alexandrie. Le
manuscrit a été copié à Jérusalem en 1056, par « Léon, scribe et
pécheur ».
Pratiquement
contemporaine des Évangiles, la Didachè remonterait aux
années 60 à 90. La formulation des paroles du Christ qu'elle
rapporte semble être plus ancienne encore que celle des textes
canoniques. Les prescriptions disciplinaires témoignent d'une époque
où vivaient les apôtres et où existaient des prophètes itinérants.
« Malgré
cette antiquité vénérable, la Didachè n'a quasiment jamais
été confondue avec les Écritures du Nouveau Testament » ; Athanase
d'Alexandrie en conseillait la lecture en tant que texte non
canonique. L'Église catholique romaine, reconnaissant son
orthodoxie, l'a reçu parmi les écrits des Pères apostoliques.
Structure
Elle comprend
quatre parties :
1. Enseignement moral (ch.
1-6) : « Les deux voies », de la vie et de la mort ; de tendance
judéo-chrétienne.
2. Prescriptions liturgiques
(ch. 7-10) : nourriture, baptême, jeûnes, prière, eucharistie.
3. Prescriptions disciplinaires
(ch. 11-15), notamment sur l'accueil des prêcheurs itinérants,
l'assemblée du dimanche, l'élection des évêques et des diacres.
4. Parénèse eschatologique
finale (ch. 16).
Actualité
Bien que non
explicitement canonique, la Didachè est fréquemment citée dans les
textes du Vatican.
Exemples :
·
du décret Ad gentes sur l'activité missionnaire de l'Église
(1965).
·
de la Lettre apostolique Orientale Lumen de Jean-Paul II aux
évêques, au clergé, et aux fidèles à l'occasion du centenaire de la
Lettre apostolique Orentalium Dignitas du Pape Léon XIII (2
mai 1995)
·
des normes fondamentales pour la formation des diacres permanents
(1998) publiées par la congrégation pour l'éducation catholique
(chapitre II, profil des candidats au diaconat permanent, paragraphe
1 Qualités générales) :
« Nous trouvons un écho du
rappel de Saint Paul en d'autres textes des Pères apostoliques,
spécialement dans la Didachè et dans saint Polycarpe. La Didachè
exhorte « à choisir les évêques et des diacres dignes du Seigneur,
hommes pleins de douceur, détachés de l'argent, véridiques et
éprouvés ».
LES PÈRES
APOSTOLIQUES
I-II
DOCTRINE DES APOTRES
ÉPITRE
DE BARNABÉ
TEXTE GREC, TRADUCTION FRANÇAISE INTRODUCTION ET
INDEX
PAR
HIPPOLYTE HEMMER, GABRIEL OGER
ET
A. LAURENT
PARIS
LIBRAIRIE ALPHONSE PICARD ET FILS
82, RUE BONAPARTE, 82
1907
LA DOCTRINE DES DOUZE APOTRES
Doctrine du Seigneur enseignée aux nations par les douze Apôtres.
I. Il y a deux chemins : l'un de la vie, l'autre de la mort ; mais
il est entre les deux chemins une grande différence.
[2] Or le chemin de la vie est le suivant : « d'abord, tu aimeras
Dieu qui t'a créé ; en second lieu, tu aimeras ton prochain comme
toi-même ; et ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait, toi non plus
ne le fais pas à autrui. »
[3] Et voici l'enseignement signifié par ces paroles : « Bénissez
ceux qui vous maudissent, priez pour vos ennemis, jeûnez pour ceux
qui vous persécutent. Quel mérite, en effet, d'aimer ceux qui vous
aiment! Les païens n'en font-ils pas autant? Quant à vous, aimez
ceux qui vous haïssent », et vous n'aurez pas d'ennemis. [4]
« Abstiens-toi des désirs charnels » et corporels. « Si quelqu'un te
donne un soufflet sur la joue droite, présente lui l'autre aussi, et
tu seras parfait; si quelqu'un te requiert de faire un mille,
fais-en deux avec lui ; si quelqu'un t'enlève ton manteau, donne-lui
encore ta tunique ; si quelqu'un t'a pris ton bien, ne le réclame
pas », car tu n'en as pas le pouvoir. [5] « Donne à quiconque
t'implore, sans rien redemander », car le Père veut qu'il soit fait
part à tous de ses propres largesses. Heureux celui qui donne, selon
le commandement ! car il est irréprochable. Malheur à celui qui
reçoit ! certes si le besoin l'oblige à prendre, il est innocent;
mais, s'il n'est pas dans le besoin, il rendra compte du motif et du
but pour lesquels il a pris ; il sera mis en prison, examiné sur sa
conduite et « il ne sortira pas de là qu'il n'ait rendu le dernier
quart d'as ». [6J Mais il a été dit également à ce sujet : « Laisse
ton aumône se mouiller de sueur dans tes mains, jusqu'à ce que tu
saches à qui tu donnes. »
II. Deuxième commandement de la doctrine : [2] « Tu ne tueras pas,
tu ne seras pas adultère, » tu ne souilleras point de garçons, tu ne
commettras ni fornication, « ni vol, » ni incantation, ni
empoisonnement ; tu ne tueras point d'enfants, par avortement ou
après la naissance ; « tu ne désireras pas les biens de ton
prochain. [3] Tu ne te parjureras pas, tu ne diras pas de faux
témoignage », tu ne tiendras pas de propos médisants, tu ne garderas
pas de rancune. [4] Tu n'auras pas deux manières de penser ni deux
paroles : car la duplicité de langage est un piège de mort. [5] Ta
parole ne sera pas menteuse ; pas vaine non plus, mais remplie
d'effet. [6] Tu ne seras ni avare, ni rapace, ni hypocrite, ni
méchant, ni orgueilleux; tu ne formeras pas de mauvais dessein
contre ton prochain. [7] Tu ne dois haïr personne ; mais tu dois
reprendre les uns, et prier pour eux, et aimer les autres plus que
ta vie.
III. Mon enfant, fuis tout ce qui est mal et tout ce qui ressemble
au mal. [2] Ne sois pas irascible, car la colère mène au meurtre;
pas jaloux, ni querelleur, ni violent, car c'est de là que viennent
les meurtres. [3] Mon enfant, ne sois pas convoiteux, car la
convoitise mène à la fornication; ne sois pas répandu en propos
obscènes et en regards effrontés, car tout cela engendre les
adultères. [4] Mon enfant, n'observe pas le vol des oiseaux, car
cela mène à l'idolâtrie ; garde-toi des incantations, des calculs
astrologiques, des purifications superstitieuses, refuse même de les
voir et de les entendre, car tout cela engendre l'idolâtrie. [5] Mon
enfant, ne sois pas menteur, car le mensonge mène au vol ; pas avide
d'argent ou de vaine gloire, car tout cela engendre les vols. [6]
Mon enfant, ne sois pas adonné aux murmures, car ils mènent au
blasphème; ni insolent et malveillant, car tout cela engendre les
blasphèmes. [7] Au contraire sois doux, car « les doux auront la
terre en partage ». [8] Sois patient, miséricordieux, sans malice,
paisible et bon ; tremble continuellement aux paroles que tu as
entendues. [9] Tu ne t'élèveras pas toi-même, tu n'ouvriras pas ton
âme à la présomption. Ton âme n'adhérera pas aux superbes, mais tu
fréquenteras les justes et les humbles. [10] Tu accueilleras comme
autant de biens les événements qui t'arrivent, sachant que rien ne
se fait sans Dieu.
IV. Mon enfant, souviens-toi nuit et jour de celui qui t'annonce la
parole de Dieu ; honore-le comme le Seigneur, car là où est annoncée
sa souveraineté, là est aussi le Seigneur. [2] Recherche tous les
jours la compagnie des Saints, afin de te réconforter par leurs
conversations. [3] Tu ne feras point de schisme, mais tu mettras la
paix entre ceux qui se combattent. « Tu jugeras avec justice » ; tu
ne feras pas acception de la personne en reprenant les fautes. [4]
Tu ne demanderas pas avec inquiétude si une chose arrivera ou non.
[5] « Ne tiens pas les mains étendues quand il s'agit de recevoir,
et fermées quand il faut donner ». [6] Si tu possèdes quelque chose
grâce au travail de tes mains, donne afin de racheter tes péchés.
[7] Ne balance pas avant de donner, mais donne sans
murmure et tu reconnaîtras un jour qui sait récompenser dignement.
[8] Ne repousse pas l'indigent, mets tout en commun avec ton frère
et ne dis pas que tu as des biens en propre, car si vous entrez en
partage pour les biens immortels combien plus y entrez-vous pour les
biens périssables?
[9] Tu ne retireras pas la main de dessus ton fils et ta fille; mais
dès leur enfance tu leur enseigneras la crainte de Dieu. [10] Tu ne
commanderas pas avec aigreur à ton esclave ou à ta servante qui
mettent leur espérance dans le même Dieu que toi, de peur qu'ils ne
perdent la crainte de Dieu, qui est au-dessus des uns et des autres;
car il n'appelle pas suivant la qualité de la personne, mais il
vient à ceux que l'esprit a préparés. [11] Pour vous, esclaves, vous
serez soumis à vos seigneurs comme à une image de Dieu, avec respect
et avec crainte.
[12] Haïs toute hypocrisie et tout ce qui déplaît au Seigneur ; [13]
ne mets pas de côté les « commandements du Seigneur, mais observe »
ceux que tu as reçus « sans rien ajouter ni rien retrancher ». [14]
Dans l'assemblée, tu feras l'exomologèse de tes péchés et tu n'iras
pas à la prière avec une conscience mauvaise. Tel est le chemin de
la vie.
V. Voici maintenant le chemin de la mort. Avant tout il est mauvais
et plein de malédiction : « meurtres, adultères », convoitises, «
fornications, vols, » idolâtrie, pratiques magiques,
empoisonnements, rapines, « faux témoignages », hypocrisie,
duplicité du cœur, « ruse, orgueil, malice », arrogance, « avarice
», obscénité de langage, jalousie, insolence, faste, « forfanterie
», absence de toute crainte. [2] Persécuteurs des hommes de bien,
ennemis de la vérité, amateurs du mensonge, qui ignorent la
récompense de la justice, « qui ne s'attachent pas au bien » ni au
juste jugement, qui sont en éveil, non pour le bien, mais pour le
mal, qui sont loin de la douceur et de la patience, qui « aiment la
vanité », qui « courent après la récompense », qui n'ont pas de
pitié pour le pauvre et ne se mettent point en peine des affligés,
qui méconnaissent leur propre créateur, « meurtriers d'enfants », et
meurtriers par avortement des créatures de Dieu, qui se détournent
de l'indigent et accablent les opprimés, avocats des riches, et
juges iniques des pauvres, pécheurs de part en part! Puissiez-vous,
ô mes enfants, être préservés de tous ces gens-là !
VI. Veille « à ce que nul ne te détourne » de ce chemin de la
Doctrine, car celui-là t'enseigne en dehors de Dieu. [2] Si tu peux
porter tout entier le joug du Seigneur, tu seras parfait; sinon,
fais du moins ce qui est en ton pouvoir. [3] Quant aux aliments,
prends sur toi ce que tu pourras ; mais abstiens-toi complètement
des viandes offertes aux idoles, car c'est là un culte rendu à des
dieux morts.
VII. Pour le baptême, donnez-le de la manière suivante: après avoir
enseigné tout ce qui précède, « baptisez au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit », dans de l'eau courante. [2] S'il n'y a pas
d'eau vive, qu'on baptise dans une autre eau et à défaut d'eau
froide, dans de l'eau chaude. [3] Si tu n'as (assez) ni de l'une ni
de l'autre, verse trois fois de l'eau sur la tête « au nom du Père
et du Fils et du Saint-Esprit ». [4] Que le baptisant, le baptisé et
d'autres personnes qui le pourraient, jeûnent avant le baptême ; du
moins au baptisé ordonne qu'il jeûne un jour ou deux auparavant.
VIII. « Que vos jeûnes n'aient pas lieu en même temps que ceux des
hypocrites »; ils jeûnent en effet le lundi et le jeudi ; pour vous,
jeûnez le mercredi et le vendredi. [2] « Ne priez pas non plus comme
les hypocrites », mais de la manière que le Seigneur a ordonné dans
son évangile : « Priez ainsi :
Notre Père qui es au ciel,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton royaume arrive,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui le pain nécessaire à notre existence,
Remets-nous notre dette
Comme nous remettons aussi la leur à nos débiteurs,
Et ne nous induis pas en tentation,
Mais délivre-nous du mal » ;
Car à toi est la puissance et la gloire dans les siècles !
[3] Priez ainsi trois fois par jour.
IX. Quant à l'eucharistie, rendez grâce ainsi. [2] D'abord pour le
calice :
Nous te rendons grâce, ô notre Père, Pour la sainte vigne de David
ton serviteur, Que tu nous as fait connaître par Jésus ton
serviteur. Gloire à toi dans les siècles ! [3] Puis, pour le pain
rompu :
Nous te rendons grâce, ô notre Père,
Pour la vie et la science
Que tu nous as fait connaître par Jésus ton serviteur.
Gloire à toi dans les siècles ! [4] Comme ce pain rompu, autrefois
disséminé sur les montagnes, a été recueilli pour devenir un seul
tout,
Qu'ainsi ton Eglise soit rassemblée des extrémités de la terre dans
ton royaume, Car à toi est la gloire et la puissance par
Jésus-Christ dans les siècles ! [5] Que personne ne mange et ne
boive de votre eucharistie, si ce n'est les baptisés au nom du
Seigneur, car c'est à ce sujet que le Seigneur a dit : « Ne donnez
pas ce qui est saint aux chiens. »
X. Après vous être rassasiés, rendez grâce ainsi : [2] Nous te
rendons grâce, « ô Père Saint ! » Pour ton saint nom Que tu as fait
habiter dans nos cœurs, Pour la connaissance, la foi et
l'immortalité Que tu nous as révélées par Jésus ton serviteur.
Gloire à toi dans les siècles ! [3] C'est toi, maître tout-puissant,
Qui as « créé l'univers » à l'honneur de ton nom, Qui as donné aux
hommes la nourriture et la boisson en jouissance pour qu'ils te
rendent grâces ; Mais à nous tu as donné une nourriture et un
breuvage spirituel et la vie éternelle par ton serviteur. [4] Avant
tout, nous te rendons grâces, parce que tu es puissant. Gloire à toi
dans les siècles ! [5] Souviens-toi, Seigneur, de délivrer ton
Eglise de tout mal, Et de la rendre parfaite dans ton amour.
Rassemble-la des quatre vents, cette Eglise sanctifiée, Dans ton
royaume que tu lui as préparé,
Car à toi est la puissance et la gloire dans les siècles ! [6]
Vienne la grâce et que ce monde passe ! « Hosanna au Dieu de David !
» Si quelqu'un est saint, qu'il vienne ! Si quelqu'un ne l'est pas,
qu'il fasse pénitence ! Maran Atha, Amen. [7] Laissez les prophètes
rendre grâce autant qu'ils voudront.
XI. Si quelqu'un vient à vous et vous enseigne tout ce qui vient
d'être dit, recevez-le ; [2] mais si le prédicateur lui-même, étant
perverti, enseigne une autre doctrine, et travaille à détruire, ne
l'écoutez pas ; enseigne-t-il, au contraire, pour accroître la
justice et la connaissance du Seigneur, recevez-le comme le
Seigneur.
[3] A l'égard des apôtres et des prophètes, agissez selon le
précepte de l'Evangile, de la manière suivante : [4] Que tout apôtre
arrivant chez vous soit reçu comme le Seigneur ; [5] mais il ne
restera qu'un seul jour, ou un deuxième en cas de besoin ; s'il
reste trois jours, c'est un faux prophète. [6] A son départ que
l'apôtre ne reçoive rien, sinon du pain pour gagner un gîte ; s'il
demande de l'argent, c'est un faux prophète.
[7] Vous n'éprouverez et ne critiquerez aucun prophète qui parle en
esprit : car « tout péché sera remis, mais ce péché-là ne le sera
pas ». [8] Tout homme qui parle en esprit n'est pas prophète, mais
seulement s'il a les façons de vivre du Seigneur. C'est donc d'après
leur conduite que l'on distinguera le faux prophète et le vrai
prophète. [9] Ainsi tout prophète qui ordonne en esprit de dresser
une table, s'abstient d'en manger, à moins qu'il ne soit un faux
prophète ; [10] et tout prophète qui enseigne la vérité, mais sans
faire ce qu'il enseigne, est un faux prophète ; [11] et tout
prophète éprouvé, véridique, qui opère en vue du mystère terrestre
de l'Eglise, mais qui n'instruit pas les autres à exécuter les
choses qu'il fait lui-même, ne doit pas être jugé par vous : car
c'est Dieu qui le jugera, et d'ailleurs les anciens prophètes ont
agi de même. [12] Quiconque vous dit en esprit : Donnez-moi
de l'argent ou quelque autre chose, vous ne l'écouterez pas; mais
s'il prie qu'on donne pour d'autres indigents, que nul ne le juge.
XII. Tout homme « qui vient au nom du Seigneur » doit être accueilli
; ensuite éprouvez-le pour le juger, car vous devez discerner la
droite et la gauche. [2] Si le nouveau venu ne fait que
passer, secourez-le de votre mieux; mais il ne demeurera chez vous
que deux ou trois jours, si c'est nécessaire ; [3] s'il veut
s'établir chez vous, et qu'il soit artisan, qu'il travaille et qu'il
se nourrisse ; [4] mais s'il n'a pas de métier, que votre prudence
avise à ne pas laisser un chrétien vivre oisif parmi vous. [5] S'il
ne veut pas agir ainsi, c'est un trafiquant du Christ ; gardez-vous
des gens de cette sorte.
XIII. Tout vrai prophète voulant s'établir chez vous « mérite sa
nourriture » ; [2] pareillement le docteur véritable gagne lui
aussi, comme « l'ouvrier, sa nourriture ». [3] Tu prendras donc, du
pressoir et de l'aire, des bœufs et des brebis, les prémices de tous
les produits, tu les donneras aux prophètes, car ils sont vos
grands-prêtres ; [4] et si vous n'avez pas de prophète, vous
donnerez aux pauvres [5] Si tu fais du pain, prélève les prémices et
donne-les selon le commandement. [6] De même, si tu ouvres une
amphore de vin ou d'huile, prélèves-en les prémices et donne-les aux
prophètes. [7] Sur ton argent, sur tes vêtements, sur toute sorte de
richesse, prélève les prémices, selon ton appréciation, et donne-les
selon le commandement.
XIV. Réunissez-vous le jour dominical du Seigneur, rompez le pain et
rendez grâces, après avoir d'abord confessé vos péchés, afin que
votre sacrifice soit pur. [2] Celui qui a un différend avec son
compagnon ne doit pas se joindre à vous avant de s'être réconcilié,
de peur de profaner votre sacrifice, [3] car voici ce qu'a dit le
Seigneur : « Qu'en tout lieu et en tout temps, on m'offre un
sacrifice pur ; car je suis un grand roi, dit le Seigneur, et mon
nom est admirable parmi les nations ».
XV. Ainsi donc, élisez-vous des évêques et des diacres dignes du
Seigneur, des hommes doux, désintéressés, véridiques et éprouvés ;
car ils remplissent eux aussi, près de vous, le ministère des
prophètes et des docteurs. [2] Donc ne les méprisez pas ; car ils
sont les hommes honorés d'entre vous, avec les prophètes et les
docteurs.
[3] Reprenez-vous les uns les autres, non avec colère, mais
pacifiquement, comme vous le tenez de l'Evangile ; et si un homme
offense son prochain, que personne ne converse avec lui, qu'il
n'entende un mot de personne avant qu'il ait fait pénitence. [4]
Pour vos prières, vos aumônes et toutes vos actions, faites-les
comme vous le trouverez marqué dans l'Evangile de notre Seigneur.
XVI. « Veillez » sur votre vie ; ne laissez ni « s'éteindre vos
lampes » ni se détendre « la ceinture de vos reins » ; mais « soyez
prêts car vous ignorez l'heure où notre Seigneur viendra ». [2]
Assemblez-vous fréquemment pour rechercher ce qui intéresse vos
âmes, car tout le temps de votre foi ne vous servira de rien, si au
dernier moment vous n'êtes devenus parfaits. [3] Car aux derniers
jours on verra se multiplier les faux prophètes et les corrupteurs,
les brebis se changer en loups et l'amour en haine. [4] Avec les
progrès de l'iniquité, les hommes se haïront, se poursuivront, se
trahiront les uns les autres ; et alors paraîtra le Séducteur du
monde, se donnant pour Fils de Dieu ; il fera « des signes et des
prodiges », la terre sera livrée entre ses mains, et il commettra
des iniquités telles qu'il n'en fut jamais commis depuis le
commencement des siècles.
[5] Alors toute créature humaine entrera dans le feu de l'épreuve :
« beaucoup se scandaliseront » et périront ; « maïs ceux qui auront
persévéré » dans leur foi « seront sauvés » par Celui-là même qui
aura été un objet de malédiction. [6] Alors « apparaîtront les
signes » de la vérité : premier signe, les cieux ouverts ; deuxième
signe, le son de la trompette; troisième signe, la résurrection des
morts ; [7] non de tous, il est vrai, mais, selon qu'il a été dit :
« le Seigneur viendra et tous les saints avec lui ». [8] Alors le
monde « verra » le Seigneur « venant sur les nuées du ciel ».
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