SÉQUENCE
I : UNE BELLE CRAPULE : REGULUS
Texte
1 : Présentation du personnage
(1, 5, 5 - 7)
A
diverses reprises, Pline nous parle d'un certain Régulus, individu peu
reluisant tristement connu dans Rome pour sa malhonnêteté et sa nuisance.
Pline avait des raisons personnelles de lui en vouloir.
Qui
était ce Régulus?
-
Pline ne l’aimait pas :
La
poitrine faible, l’air embarrassé, le débit hésitant, dénué de tout
esprit d’à-propos et tout autant de mémoire, il n’a vraiment d’autre
don que son esprit extravagant.
Et avec tout cela, il s’est acquis par son effronterie et sa sottise
un grand renom d’orateur. (IV, 7)
Régulus
a fort bien fait de mourir et il aurait fait mieux encore s’il était mort
plus tôt. (VI, 2)
-
Il avait une grosse situation :
Regulus est locuples, factiosus, curatur a multis, timetur a pluribus; quod plerumque fortius amore est.
a,
prép. :
ab,
prép. : (+abl) à partir de, après un verbe passif = par
amor,
oris,
m. : l'amour
curo,
as, are
: se charger de, prendre soin de, + acc. : entourer de soin
factiosus,
a, um
: intrigant, factieux, qui fait partie d=un
parti
fortius,
adv. : plus courageusement, plus fort
locuples,
etis :
riche, opulent
multus,
a, um :
en grand nombre (surtout au pl. : nombreux)
plerumque,
inv. : la plupart du temps
plus,
pluris
: plus
quod,
pronom
relatif :
ce que, ce qui
Regulus,
i,
m. : Régulus
sum,
es, esse, fui
: être
timeo,
es, ere, timui
: craindre
- Il était féroce envers ses ennemis. Arulenus était l'un de ceux-ci. Il était stoïcien et avait reçu une blessure au service de l’empereur Vittelius. Les « gens biens » n’admettaient pas qu’on attaque quelqu’un sur ses défauts physiques mais Régulus ne s’arrêtait pas pour si peu.
Regulus Rustici Aruleni periculum foverat, exultaverat morte, adeo ut librum recitaret publicaretque, in quo Rusticum insectatur atque etiam "Stoicorum simiam" appellat; adicit "Vitelliana cicatrice stigmosum".
adeo,
adv. : tellement adeo...
ut
+ subj : tellement... que
adicio,
is, ere, ieci, iectum
: ajouter
appello,
as, are :
appeler
Arulenus,
i,
m. : Arulenus
atque,
inv. : et, et aussi (= ac)
cicatrix,
icis,
f. : la cicatrice
etiam,
inv. : même
exulto,
as, are
: sauter, bondir, être dans les transports de joie
foveo,
es, ere, fovi, fotum
: réchauffer, choyer, soutenir
in,
prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
insector,
aris, ari :
s'acharner sur qqn.
liber,
bri,
m. :le livre
mors,
mortis,
f. : la mort
periculum,
i,
n. : le danger
publico,
as, are
: publier
quo
:
ablatif du pronom relatif : lequel
recito,
as, are
: réciter, déclamer
Regulus,
i,
m. : Régulus
Rusticus,
i,
m. : Rusticus
simia,
ae,
f. : le singe
stigmosus,
a, um
: marqué d'un fer chaud
stoicus,
a, um
: stoicien
Vitellianus,
a, um
: de Vitellius
-
Tout en se moquant du monde, il n’aimait pas qu’on se moque de lui :
Modestus avait dit de lui :
Modestus scripsit in epistula quadam, quae apud Domitianum recitata est : Regulus, omnium bipedum nequissimus.
apud,
prép+acc : près de, chez
bipes,
edis :
qui a deux pieds, bipède
Domitianus,
ii,
m. : Domitien (empereur)
epistula,
ae,
f. : lettre
in,
prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
Modestus,
i,
m. : Modestus
nequissimus,
a, um
: superlatif de nequam
(indecl. ) mauvais
omnis,
e
: tout
qui,
quae, quod
: qui
quidam,
quaedam, quoddam/quiddam :
un certain, quelqu'un, quelque chose
recito,
as, are :
réciter, déclamer
Regulus,
i,
m. : Régulus
scribo,
is, ere, scripsi, scriptum :
écrire
sum,
es, esse, fui
: être
Texte
2 : Tous les moyens sont bons
(2, 20, 2-5)
Verania graviter iacebat. Ad hanc Regulus venit. Proximus toro sedit, quo die, qua hora nata esset interrogavit. Ubi audiit, componit vultum, intendit oculos, movet labra, agitat digitos, computat, nihil. Ut diu miseram exspectatione suspendit, "Habes", inquit, climactericum tempus, sed evades. Quod ut tibi magis liqueat, haruspicem consulam, quem sum frequenter expertus." Nec mora, sacrificium facit, affirmat exta cum siderum significatione congruere. Illa, ut in periculo credula, poscit codicillos, legatum Regulo scribit. Mox ingravescit, clamat moriens hominem nequam, perfidum, ac plus etiam periurum qui sibi per salutem filii peieravisset.
ac,
atque,
conj. : et, et aussi
ad,
inv. : vers, à, près de
affirmo, as, are
: affirmer
agito, as, are :
mettre en mouvement, s'occuper de
audio, is, ire, ivi, itum :
entendre, ouïr
clamo, as, are :
crier
climactericus, a, um :
critique, climatérique (époque où la vie humaine est particulièrement
menacée et qui revient tous les sept ans)
codicillus, i,
m. : la tablette (pour écrire)
compono, is, ere, posui, positum
: mettre ensemble, disposer, préparer, concerter, arranger
computo, as, are :
calculer, compter, supputer
congruo, is, ere, congrui, - :
être d'accord
consulo, is, ere, consului, consultum
: consulter
credulus, a, um
: crédule, qui croit facilement qqch.
cum,
inv. : conj., comme ; prép, avec
dies, ei, m.
et f. : jour
digitus,i,
m. : doigt
diu, adv.
: longtemps
etiam,
inv. : même
evado, is, ere, vasi, vasum
: s'échapper ; finir par devenir
experior, iris, iri, expertus sum
: faire l'essai de, l'expérience
exspectatio, ionis,
f. : l'attente
extum, i,
n. : toujours employé au pluriel : les entrailles
facio, is, ere, feci,
factum : faire
filius, ii,
m. : fils
frequenter,
inv. : souvent, fréquemment
graviter,
inv. : lourdement, gravement
habeo, es, ere, bui, bitum
: avoir
haruspex, icis,
m. : l'haruspice
hic, haec, hoc
: ce, cette
homo, minis,
m. : homme, humain
hora, ae,
f. : heure
iaceo, es, ere, cui, citurus :
être étendu, s'étendre
ille, illa, illud :
ce, cette
in,
prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
ingravesco, is, ere, -, - :
aller plus mal
inquit,
v. : dit-il
intendo, is, ere, tendi, tentum
: tendre, diriger vers
interrogo, as, are
: interroger
labrum, i,
n. : la lèvre
legatum, i : le
legs
liqueo, es, ere, -, - :
être clair
magis, adv.
: plus
miser, a, um :
malheureux
mitto, is, ere, misi, missum
: envoyer
mora, ae,
f. : le retard
morior, eris, i, mortuus sum :
mourir
mos, moris,
f. : sing. : coutume ; pl. : mœurs
moveo, es, ere, movi, motum
: déplacer, émouvoir
mox, adv.
: bientôt
nascor, eris, i, natus sum
: naître
nata, ae,
f. : la fille
nec, neque = et non
, et...ne...pas
nequam,
inv. : méchant, dépravé
nihil,
ou nil
:
rien
oculus, i,
m. : l'oeil
peiero, as, are :
faire un faux serment
per salutem alicuius peierare :
faire un faux serment sur la tête de quelqu'un
per, prép.
: (acc) à travers, par
perfidus,
a, um
: perfide, sans foi
periculum, i,
n. : danger
periurus, a, um
: parjure
plus,
inv. : plus
plus, pluris :
plus (au pluriel plures,a
: un grand nombre)
posco, is, ere, poposci :
réclamer, demander
proximus, a, um
: proche
qua,
adv. : par où?
queor, ris, eri, questus sum :
se plaindre
qui, quae, quod :
qui
quo,
inv. : où ? (avec changement de lieu)
quod,
conj. : parce que
Regulus, i,
m. : Regulus
sacrificium, ii,
n. : le sacrifice
salus,
utis, f.
: le salut
saluto, as, are :
saluer
scribo, is, ere, scripsi, scriptum :
écrire
se,
pron. réfl. : se, soi
sed,
conj. : mais
sedeo, es, ere, sedi, sessum
: être assis
sidus, eris,
n. : l'étoile, l'astre
significatio,ionis,
f. : l'annonce, le signe
sum, es, esse, fui :
être
suspendo, is, ere, pendi, pensum :
1. suspendre 2. retenir,
tempus, oris,
n. : le temps,
torus, i, m.
: la banquette, le coussin (au pluriel) les muscles
tu, tui :
tu, te, toi
ubi,
inv. : où, quand
ut,
conj. : pour que, que, comme
venio, is, ire, veni, ventum
: venir
vultus, us,
m. : le regard, le visage
Verania, ae,
f. : Verania
Verania
graviter
iacebat.
ad hanc
Regulus
venit.
Proximus
toro sedit,
quo die, qua hora nata
esset
interrogavit.
Ubi audiit,
componit
vultum,
intendit
oculos,
movet labra,
agitat
digitos,
computat,
nihil.
(computat)
Ut diu miseram
exspectatione
suspendit,
"Habes", inquit, climactericum
tempus,
sed evades. (Futur
simple)
Quod
ut
tibi
magis
liqueat, (faux
relatif = et id)
haruspicem
consulam,
quem
sum
frequenter expertus."
Nec mora,
sacrificium facit,
affirmat exta
cum
siderum
significatione
congruere.
Illa,
ut in
periculo credula,
poscit codicillos,
legatum
Regulo
scribit. (ici :
le legs)
Mox ingravescit,
clamat moriens
hominem
nequam, perfidum,
ac plus etiam periurum
(s/e
: esse)
qui sibi
per
salutem filii
peieravisset.
Dès le début de l’écriture, le bois a
servi dans toutes les civilisations aux notes, brouillons, comptes ou
exercices d’écoliers. Les tablettes étaient enduites de stuc ou de cire
puis écrites à l’aide d’un calame et d’encre ou d’un stylet
pointu, et il suffisait de les laver ou d’un lisser la surface pour les
effacer.
En Grèce et à Rome, on se sert des rouleaux, des volumen
de papyrus, des ostraca, mais on
utilise aussi pour les missives privées des tablettes de cire réutilisables
constituées de planchettes de bois, de la dimension de la main, protégées
par des bords surélevés et des couvercles décorés.
Les Romains écrivaient, comme les Grecs, en majuscule dans la pierre et utilisaient les minuscules pour les tablettes de cire. L’emploi d’un stylet d’ivoire, d’os ou de métal était adapté à la cire. Tiro, le secrétaire de Néron, utilisait stylet et tablettes de cire pour "sténographier" les discours du grand orateur. Son stylet de bronze comprenait deux parties : une tige pointue, qui donne à la trace une épaisseur constante, et une palette. La palette, légèrement concave, servait à effacer les lettres.
Pour
comprendre le texte ...
A
la ligne 4, il est question d'un haruspice. Il est indispensable de savoir
de quoi il s'agit. Note ci-dessous le résultat de ta recherche personnelle
:
Réfléchissons
...
1.
Dans un passage du texte non cité ici, Pline signale que Régulus était un
ennemi personnel du mari de Vérania et qu'elle-même ne pouvait pas le
souffrir. En quoi ces faits rendent-ils Régulus plus odieux encore ?
2.
Décris la "stratégie" de Régulus.
3.
Sur quelles faiblesses joue-t-il?
4.
Les derniers mots du texte (ac plus etiam ...) contiennent une information que Pline n'a pas
mentionnée au cours de son récit. Où doit-elle se situer ? Pourquoi Pline
a-t-il gardé ce fait pour la fin ?
Création
Forme équipe avec un condisciple et transforme l'anecdote que nous venons de lire en scène de théâtre.
TRADUCTION
Préparez
votre écot et écoutez une histoire qui vaut son pesant d'or; je vous eu
dirai même plus d'une car la dernière m'en rappelle d'autres; et
qu'importe d'ailleurs leur ordre !
Verania, femme de Pison, qu'adopta Galba, était gravement malade. Regulus
la vint voir : en premier lieu, quelle effronterie à un homme de venir chez
une malade, alors qu’on fut l’ennemi déclaré du mari et non moins médisant
de la femme! S'il n'avait fait qu'entrer! Mais il se permit encore de
s'asseoir tout auprès du lit, d'interroger Verania sur le jour et l'heure
de sa naissance. Elle répond; aussitôt, notre homme de prendre un air
grave, le regard fixe, les lèvres entrouvertes, les doigts agités, il
suppute ! Il ne suppute rien du tout, mais après avoir longtemps tenu la
pauvre femme dans l'expectative : « Voici pour vous, dit-il, l'année
climatérique, c'est-à-dire dangereuse. Vous en reviendrez mais, pour plus
de certitude, j'irai consulter un haruspice que j'ai souvent mis à l'épreuve
et avec succès. » Sans
tarder, il fait un sacrifice, jure que les entrailles des victimes sont
d'accord avec les astres. Verania, crédule comme on l'est dans le péril,
demande des codicilles, laisse un legs à Regulus. Bientôt sa santé périclite
et la voici qui meurt maudissant le pervers, le scélérat, le trompeur
capable de commettre un faux serment sur la tête de son propre fils. Car ce
crime, Regulus le commet d'une manière aussi odieuse que quotidienne : il
appelle sur la tête de son malheureux fils la colère des dieux que chaque
jour il trompe sans scrupule.
Texte
3 :
La série continue (2, 20, 7-9)
Velleius Blaesus ille locuples consularis novissima valetudine conflictabatur; cupiebat mutare testamentum. Regulus qui speraret aliquid ex novis tabulis, quia nuper captare eum coeperat, medicos hortari, rogare quoquo modo spiritum homini prorogarent. Postquam signatum est testamentum, mutat personam, vertit allocutionem iisdemque medicis : "Quousque miserum cruciatis ? Quid invidetis bona morte cui dare vitam non potestis ?" Moritur Blaesus et tamquam omnia audivisset, Regulo ne tantulum quidem.
aliquis,
a, id :
quelqu'un, quelque chose
allocutio, ionis,
f. : le propos
audio, is, ire, ivi, itum :
entendre, ouïr
Blaesus, i,
m.
: Blaesus
bonus, a, um :
bon
capto, as, are
: séduire, chercher à tendre un piège à qqn.
coepio, is, ere, coepi, coeptum :
(plutôt avec rad. pf et supin) : commencer
conflicto, as, are
: accabler
consularis, e :
consulaire, ancien consul
crucio, as, are
: martyriser
cupio, is, ere, ivi, itum :
désirer
do, das, dare, dedi, datum
: donner
et,
inv. : et
ex,
prép. : (+abl) hors de, de
homo, minis, m.
: homme, humain
hortor, aris, ari
: exhorter, engager à
idem,
eadem, idem :
le (la) même
ille, illa, illud
: ce, cette
invideo, es, ere, vidi, visum
: envier, jalouser
is, ea, id :
ce, cette
locuples, etis,
m. : le riche (adj. = riche)
medicus, i,
m. : médecin
miser, a, um :
malheureux
miseror, aris, ari
: compatir
modus, i, m.
: la manière, la mesure
morior, eris, i, mortuus sum
: mourir
mors, mortis,
f. : mort
muto, as, are :
changer
ne,
inv. : pour que... ne... pas, de peur que, que
ne tantulum quidem
: même pas la plus petite chose
non,
neg. : ne...pas
nosco, is, ere, novi, notum
: apprendre ; pf. savoir
novissimus, a, um
: tout récent
novus, a, um
: nouveau
nuper,
inv. : naguère, récemment
omnis, e :
tout
persona, ae,
f. : le masque
possum, potes, posse, potui
: pouvoir
postquam,
conj. : après que
prorogo, as, are
: prolonger
qui, quae, quod
: qui
quia,
inv. : parce que
quid,
adv. : pourquoi?
quidem,
inv. : certes
quisquis :
n'importe
quel
quousque,
conj. : jusqu'à quand
Regulus, i,
m. : Regulus
rogo, as, are
: demander
signo, as, are :
marquer d'un sceau, sceller
spero, as, are
: espérer
spiritus, us,
m. : l'esprit, le souffle, la respiration
sum, es, esse, fui :
être
tabula, ae,
f. : la table, la tablette à écrire, le livre, le registre
tamquam,
inv. : comme
tantulum,
adv. : pas plus que cela
tantulum, i, n.
: si peu que ce soit, la plus petite chose
testamentum, i,
n. : testament
valetudo, inis,
f. : la santé, la mauvaise santé
verto,
is, ere, verti, versum tourner
vita, ae,
f. : vie
Velleius, ii,
m : Velleius
Réfléchissons
...
1.
Le texte que nous venons de lire entretient des liens très étroits avec le
précédent. montre ce qui les rapproche.
2.
Etablis la chronologie des faits rapportés. En quoi est-elle différente de
l'anecdote précédente.
3.
Que s'est-il passé dans la tête de Régulus ? A-t-il vu clair ?
4.
L'anecdote se termine-t-elle de la même manière que la précédente ?
5.
Nous avons lu ces deux anecdotes dans l'ordre où Pline les présente dans
sa lettre. Cette présentation des faits a un sens. Lequel ?
Création
Imagine que Régulus a un ami aussi dépourvu de scrupules que lui. Il lui écrit une lettre où il raconte ses récents "exploits".
Traduction
Velleius
Blesus, ce riche consulaire bien connu, en proie à sa dernière maladie, désirait
modifier son testament. Regulus pressent qu'il y a quelque chose de bon à
retirer d'un nouvel acte car il vient justement de s'insinuer dans les
bonnes grâces du malade . Il
exhorte donc les médecins, sollicitant tout leur zèle pour prolonger cette
vie. Mais dès la signature du nouveau testament, il change de personnage et
tient, aux mêmes médecins, un tout autre discours "Jusques à quand
tourmenter ce malheureux? Pourquoi le priver d'une mort sereine si vous ne
pouvez lui rendre la vie ?" Blesus
meurt... et comme s'il eût tout entendu, à Regulus il ne laisse rien.
Velleius
Blaesus ille locuples consularis
novissima valetudine conflictabatur;
cupiebat mutare testamentum.
Regulus
qui
speraret aliquid ex
novis tabulis,
quia nuper captare eum coeperat,
medicos
hortari,
rogare
quoquo modo spiritum
homini prorogarent.
Postquam signatum est testamentum,
mutat
personam,
vertit
allocutionem iisdemque
medicis :
"Quousque miserum cruciatis ?
Quid invidetis bona morte
cui
dare vitam non potestis ?"
Moritur
Blaesus et
tamquam omnia audivisset,
Regulo
ne tantulum quidem.
Texte 4 : Méprisable, même dans le malheur (4,
2)
Regulus filium amisit. Amissum tamen luget insane. Habebat puer mannulos multos iunctos et solutos, habebat canes maiores minoresque, habebat luscinias, psittacos, merulas: omnes Regulus circa rogum trucidavit. nec dolor erat ille, sed ostentatio doloris. Convenitur ad eum mira celebritate. Cuncti detestantur, oderunt et quasi probent, quasi diligant, cursant, frequentant, utque breviter quod sentio enuntiem, in Regulo demerendo Regulum imitantur. Dicit se velle ducere uxorem, hoc quoque sicut alia perverse. Audies brevi nuptias lugentis, nuptias senis; quorum alterum immaturum, alterum serum est.
ad,
inv. : vers, à, près de
alius, a, ud
:
autre, un autre
alter, era, erum
:
l'autre (de deux) ; alter...
alter
: l'un...l'autre
amitto, is, ere, misi, missum
:
laisser échapper, perdre
audio, is, ire, ivi, itum
: entendre, ouïr
brevi :
d'ici
peu, bientôt
brevis, e :
bref
breviter,
adv. : brièvement
cano, is, ere, cecini, cantum :
chanter
celebritas, atis,
f. : l'affluence
circa,
prép + acc. : autour de
convenio, is, ire, veni, ventum :
être l'objet d'un accord
convenitur
: on se rassemble
cunctus, a, um :
tout entier
curso, as, are
: courir souvent
demereo, es, ere, demerui, demeritum :
s'attirer les bonnes grâces de (in Regulo demerendo : en s'attirant les bonnes grâces de R.)
detestor, aris, ari :
détester
dico, is, ere, dixi, dictum
:
dire
diligo, is, ere, lexi, lectum :
aimer
dolor, oris, m.
: la douleur
duco, is, ere, duxi, ductum :
conduire, -uxorem se marier
enuntio, as, are :
dire haut et clair
et,
inv. : et
filius, ii, m.
: fils
frequento, as, are :
être assidu, fréquenter
habeo, es, ere, bui, bitum
: avoir
hic, haec, hoc
: ce, cette
ille, illa, illud
: ce, cette
imitor, aris, ari :
imiter
immaturus, a, um
: qui vient trop tôt
in,
prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
insanus, a, um
:
furieux, immodéré, excessif
is, ea, id :
ce, cette
iungo, is, ere, iunxi, iunctum
: joindre, unir
iunctus, a, um
: à atteler
lugeo, es, ere, luxi, luctum :
être affligé, être en deuil
luscinia, ae,
f. : le rossignol
maior, oris
:
comparatif de magnus.
Plus grand.
mannulus, i,
m. : le poney
merula, ae,
f. : le choucas
minor, oris :
comp. de parvus
: plus petit
mirus, a, um :
étonnant
multus, a, um :
en grand nombre (surtout au pl. : nombreux)
nec, neque = et non
, et...ne...pas
nuptiae, arum
:
les noces, le mariage
odi, isse :
haïr
omnis, e :
tout
ostentatio, ionis,
f. : l'étalage, la parade, l'ostentation
perverse,
adv. : de manière perverse
probo, as, are :
approuver
psittacus, i,
m. : le perroquet
puer, eri,
m. : l'enfant,
le jeune esclave
quasi,
inv. : presque, comme si
qui, quae, quod
: qui
quo,
inv. : où ? (avec changement de lieu)
quod,
conj. : parce que
quoque,
inv. : aussi
Regulus, i,
m. : Regulus
rogo, as, are :
demander
rogus,i,
m. : le bûcher funèbre
se,
pron. réfl. : se, soi
sed, conj.
: mais
senex, senis, m.
: le vieillard
sentio, is, ire, sensi, sensum :
percevoir, s'apercevoir
serus, a, um
:
qui vient trop tard
sicut,
inv. : comme
solvo, is, ere, ui, utum :
détacher, payer
solutus, a, um :
à monter
sum, es, esse, fui :
être
tamen,
adv. : cependant
trucido, as, are
:
tuer
ut,
conj. : pour que, que, comme
uxor, oris,
f. : épouse, femme
volo, vis, velle, volui
: vouloir
Réfléchissons
...
1.
Que critique Pline dans les manifestations de deuil de Régulus ?
2.
Que critique Pline chez ceux qui lui présentent leurs condoléances ?
3.
Pourquoi le futur mariage de Régulus est-il scandaleux ?
4.
Voici ce que dit un passage de cette lettre non repris dans le texte lu en
classe :
Régulus
a perdu son fils. Il ne méritait pas ce malheur, mais je ne sais pas s'il le
considère comme tel. C'était un enfant à l'esprit vif, mais à l'évolution
problématique: en effet, il était parfaitement capable de bien se conduire à
condition qu'il ne prenne pas modèle sur son père. Régulus l'a émancipé
pour qu'il puisse hériter de sa mère; depuis l'émancipation, il l'amadouait
en simulant l'indulgence d'une manière scandaleuse et inhabituelle chez un père.
On a peine à y croire, mais c'est de Régulus qu'il s'agit, penses-y.
Que
s'est-il passé ? Que cherchait Régulus ? Pourquoi la mort de son fils
n'est-elle peut-être pas un malheur ? Ce comportement est-il surprenant ?
Création
Pline
qui détestait Régulus, interprète de manière très négative son
comportement dans cette affaire. Ne peut- on supposer que la douleur de Régulus
ait été bien réelle ? En adoptant ce point de vue, imagine la lettre que Régulus
aurait pu écrire à un ami pour lui annoncer la mort de son fils et son mariage
prochain.
Regulus
filium amisit.
Amissum
(filium)
tamen luget insane.
Habebat puer
mannulos
multos iunctos
et solutos,
habebat canes
maiores minoresque,
habebat luscinias,
psittacos, merulas:
omnes
Regulus
circa
rogum
trucidavit.
Nec dolor
erat ille,
sed ostentatio
doloris.
Convenitur
ad
eum
mira
celebritate.
Cuncti
detestantur, oderunt
et quasi probent, quasi diligant,
cursant,
frequentant,
utque breviter (id)
quod
sentio enuntiem, in
Regulo demerendo Regulum
imitantur.
Dicit se
velle
ducere uxorem,
hoc
(est)
quoque sicut alia
perverse.
audies brevi
nuptias
lugentis,
nuptias
senis;
quorum alterum
immaturum, alterum serum
est.
Traduction
Régulus
a perdu son fils. (c'est
bien la seule disgrâce dont il soit indigne car je doute qu'elle l'atteigne
vraiment. C'était
un enfant d'un esprit pénétrant mais équivoque;
il aurait pu cependant vivre honnêtement, s'il n'avait imité son père.
Régulus l'émancipa pour lui permettre de recueillir l'héritage de sa mère;
l'ayant ainsi soudoyé -c'est, d'après ses moeurs, l'opinion communément
répandue-, il briguait pour lui-même cet héritage par une complaisance
honteuse et feinte, indigne des parents.
Cela vous semble incroyable, mais imaginez qui est Régulus!). Cependant
il pleure de façon insensée celui qu'il a perdu.
L'enfant avait beaucoup de poneys à atteler et à monter, il avait des
chiens grands et petits, il avait des rossignols, des perroquets, des merles.
Régulus les fit tuer devant le bûcher.
Ce n'était pas de la douleur mais de l'ostentation de douleur.
On vient chez lui avec une admirable affluence.
Tous le détestent, le haïssent et c'est comme si on l'approuvait, comme
si on l'aimait, on courre chez lui, on le fréquente, et pour dire en un mot ce
que je pense, en courtisant Régulus, on imite Régulus.
(Il se retire dans ses jardins, au-delà du Tibre.
Il y a là un vaste espace couvert d'immenses colonnades et des statues
sur le rivage, car il est homme à se montrer magnifique dans la plus profonde
avarice, et vaniteux dans la plus noire infamie.
Dans une saison fort fâcheuse, il incommode toute la ville, et, ce
faisant, il y trouve une consolation).
Il dit qu'il veut se remarier, cela aussi comme toutes les autres choses
de manière perverse.
Tu entendras dans peu de temps les noces d'un homme en deuil, des noces
d'un vieillard, l'une est prématurée, l'autre est tardive.
D'où je tiens cela, me demandez-vous ? Je ne l' augure pas de sa propre parole,
car il n'est rien de plus menteur,
mais bien de la certitude que Regulus est tout prêt à faire tout juste
ce qu'il ne devrait pas faire!
Adieu.
(IV,
2)