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table des matières de MÉNANDRE

MÉNANDRE

 

LA SAMIENNE

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

autre traduction

MENANDRE

 

ΣΑΜΙΑ(?).

 

De cette comédie nous avons 567 vers ou fragments de vers, tracés sur les quatorze pages de sept feuillets complets et sur trois médiocres débris de papyrus. Les feuillets ont été trouvés dans l'ordre suivant : dans la jarre, inv. F 1 et 2, 3 et 4; G 1 et 2 — G étant intercalé entre les deux feuillets de F; hors de la jarre, inv. I 1 et 2, 3 et 4; J 1 et 2, 3 et A; fragments L, P, S. La feuille F et le feuillet G sont bien conservés; la feuille I l'est moins bien; quant à la feuille J, rongée par le sebakh et les vers, à demi détruite, elle est dans un état pitoyable. Des fragments L, P, S, il n'y a pour ainsi dire rien à tirer.

Il en est de cette comédie comme du Ἥρως; j'ai dû en faire suivre le titre d'un point d'interrogation, l'identification n'en étant pas certaine. Aucun de ces 567 vers ne se rencontre ni parmi les débris des pièces connues de Ménandre, ni parmi les fragments comiques non identifiés, rassemblés par Kock ou Meineke. L'importance du rôle de Chrysis la Samienne (vers 50 et 139) m'a fait supposer que nous avions affaire à la ΣΑΜΙΑ, pièce dont nous ne connaissons guère d'ailleurs que le nom.

La mise en ordre des feuillets si dispersés de cette comédie présentait une difficulté que je n'aurais pas pu surmonter sans l'assistance de M. Maurice Croiset : c'est lui qui a reconnu que les feuillets G 1 et 2— I 3 et 4 — F 1 et 2 devaient se suivre et former un premier groupe. Ceci acquis, il faut nécessairement admettre que F 3 et 4— I 1 et 2 se font suite, constituant un second groupe. Les quatre pages si mutilées de la feuille J paraissent devoir prendre place à la fin de la comédie, mais c'est tout ce qu'on en peut dire. Quant aux fragments L, P, S, ils demeurent tout à fait obscurs, et leur place dans la pièce est, semble-t-il, impossible à déterminer.

C'est également à M. Croiset qu'est dû l'heureux essai de reconstitution de cette pièce si compliquée et, par endroits, si obscure, que le lecteur trouvera ci-dessous, après la liste des personnages.

 

ΔΗΜΕΑΣ. Déméas, père de Moschion.

ΝΙΚΗΡΑΤΟΣ. Nikératos, père de Plangôn.

ΜΟΣΧΙΩΝ. Moschion.

ΧΑΙΡΕΑΣ. Chaereas.[1]

ΠΑΡΜΕΝΩΝ. Parménon, esclave.

ΔΑΟΣ. Daos, esclave.

ΧΡΥΣΙΣ (ἡ Σαμία). Chrysis, la Samienne, maîtresse de Déméas.

ΠΛΑΓΓΩΝ. Plangôn.[2]

MΥPPINH. Myrrhine, femme de Déméas.[3]

ΜΟΣΧΙΩΝΟΣ ΤΡΟΦΗ. La Nourrice de Moschion, affranchie de Déméas.

Quelques explications sur les événements antérieurs à la pièce sont nécessaires.[4] Déméas, brave homme, faible de caractère, vit à la campagne avec une Samienne, nommée Chrysis. Sa femme, pendant ce temps, habite la ville. Ils ont un fils nommé Moschion. Tout près de Déméas, habite Nikératos, homme brutal et violent, père d'une fille, Plangôn, que Moschion aime secrètement et qu'il a rendue mère. L'accouchement a été dissimulé, et l'enfant a été transporté dans la maison de Déméas, avec la complicité de Chrysis qui l'a présenté à ce dernier comme un enfant trouvé qu'elle voulait élever. Cependant Nikératos et Déméas se sont entendus pour marier leurs enfants, Moschion et Plangôn, dont ils ignoraient les relations antérieures, et les noces vont avoir lieu.

Acte premier. — Il semble bien que la pièce commençait par un récit formant prologue : le début (une cinquantaine de vers) ne nous en est point parvenu. Déméas expose comment, au milieu du désordre des préparatifs de la noce, il a surpris un secret qu'on lui cachait. De quelques propos entendus par lui, il conclut que Chrysis est la mère de l'enfant qu'elle lui a fait recueillir et il soupçonne fort que Moschion en est le père. Le voilà très irrité contre la Samienne infidèle, moins contre Moschion, qu'il n'ose accuser formellement, connaissant les mœurs du jeune homme et le respect qu'il lui a toujours témoigné (v. 1-65). Il essaye d'éclaircir ses doutes, en questionnant son esclave Parménon, mais il ne peut rien tirer de lui (v. 66-109). Toutefois, l'embarras de l'esclave, ses faux-fuyants confirment les soupçons du maître. Et il en veut à la Samienne, qu'il accuse d'avoir abusé de la jeunesse de Moschion. Il se décide à chasser Chrysis; mais, pour ne pas mettre en cause Moschion, il taira son véritable grief; il la chassera pour avoir introduit l'enfant dans la maison, sans son autorisation formelle (v. 110-154). Scène violente : Déméas chasse Chrysis qui s'en va avec l'enfant et se réfugie chez Nikératos (v. 155-201). Notre premier fragment se termine avec le premier acte.

Acte II. — Le début de cet acte manque. On peut supposer d'une part que Moschion a révélé à son père son amour pour Plangôn, ses relations avec elle et la naissance de l'enfant. Il semble d'autre part que Chrysis a mis au courant Nikératos, sinon d'une façon explicite, du moins à mots couverts, de ce qui s'est passé chez lui... Déméas, informé de cette demi-révélation, tremble de voir paraître Nikératos furieux (v. 203-211). En effet, voici Nikératos, fou de colère. Il veut tuer Chrysis, qu'il suppose complice de tout ce qu'on lui a caché; il veut lui arracher l'enfant, afin de s'en servir comme d'un otage pour faire parler sa femme et sa fille. Il s'élance dans la maison (v. 211-218). Chrysis fuit avec l'enfant. Déméas la fait entrer chez lui. Dispute entre les deux hommes (v. 218-242). Puis, explication : Déméas garantit à Nikératos que Moschion épousera Plangôn (v. 242-270).

Entr'acte (chœur musical).

Acte III. — Moschion, quoique reconnu innocent par son père, garde contre lui un certain ressentiment (v. 271-277). Sans son amour pour Plangôn, il irait au loin, il se ferait soldat. Mais comment pourrait-il abandonner sa bien-aimée? Tout au moins, il veut faire peur à Déméas, en simulant un faux départ au milieu même des préparatifs de la noce (v. 278-293). Parménon paraît (v. 294-312). Moschion l'interpelle et lui donne des ordres comme s'il allait partir pour l'étranger. Déméas survient : conversation très animée entre le père et le fils; il semble que Parménon y prend part à la fin (312-341).

[Lacune].[5]

Fragments des Actes IV et V. — Tout ce qui suit est très obscur. La scène semble se passer à la ville. Plangôn, épouvantée des violences de son père, s'est enfuie chez la mère de Moschion. Toutes les femmes se trouvent réunies là (v. 362-367). — Chœur. — Moschion cependant a simulé un faux départ. Daos est à sa recherche. Moschion se sert de lui pour avoir des nouvelles. Il apprend que Chrysis est aussi chez sa mère. Il semble en faire reproche à Daos. Finalement, il entre dans la maison (v. 368-636). — Monologue de Parménon (v. 635-666). — Nikératos survient accompagné d'esclaves. Il pense que sa fille a couru quelque aventure galante. Il veut forcer la porte de la maison. On parlemente; on s'explique (v. 667 ad finem).

L'arrangement final est facile à imaginer : Moschion épouse Plangôn et Déméas reprend chez lui Chrysis.

L'action se passe d'abord à la campagne, puis à la ville. Sur la scène, la maison de Déméas, celle de Nikératos, celle de Moschion, à la campagne. En ville, la maison de Myrrhiné.

 


 

TRADUCTION.

[Acte premier. — Prologue (dont les cinquante premiers vers environ ne nous sont point parvenus) : Déméas va marier son fils Moschion à Plangôn, la fille de son voisin Nikératos. On fait les préparatifs des noces. La maison est toute bouleversée. Au milieu du désordre général, Déméas vient de surprendre quelques propos relatifs à la naissance d'un enfant que sa maîtresse Chrysis l'avait contraint à recueillir chez lui :]

[ACTE PREMIER. - PROLOGUE (suite).]

[Déméas.]

DÉMÉAS.

------------- Aussitôt que je fus entré, très pressé de célébrer les noces, j'expliquai en peu de mots aux serviteurs ce qu'il en était; je leur ordonnai de mettre en état et de nettoyer la maison, d'apprêter le repas, de commencer le sacrifice. Tout se faisait promptement, et même la hâte des gens qui travaillaient causait parmi eux un certain désordre, comme on peut se l'imaginer.

Le petit enfant, qui pleurait, avait été mis de côté et jeté sur un lit. Et tous criaient en même temps : « Apporte-moi de la farine, de l'eau, de l'huile, du charbon ». Comme c'était moi qui allais chercher et leur distribuais ce dont ils avaient besoin, il arriva que je me rendis à l'office, et, occupé à y faire d'abondantes provisions et à tout y passer en revue, je m'y attardai quelque peu. Or, tandis que j'y étais, une femme descendait du premier, se dirigeant vers l'entrée de l'office. Car ce magasin sert de pièce pour tisser; la disposition en est telle qu'on le traverse pour monter au premier et que nous y avons aussi installé notre chambre à provisions. C'était une femme âgée, ancienne nourrice de Moschion; elle avait été d'abord servante chez moi, elle est aujourd'hui affranchie. Elle aperçut l'enfant qu'on avait délaissé et qui pleurait; alors ne me sachant pas dans l'office et se croyant à l'abri de toute indiscrétion, elle se met à bavarder et à tenir ces propos qu'on tient à tous les enfants : « Cher petit être, mon trésor. » Puis cette bonne maman embrassa l'enfant, le berça et, quand il eut cessé de pleurer, elle dit, s'adressant à elle-même : « Malheureuse que je suis! Jadis, quand il était comme ce petit, mon cher Moschion, je l'allaitais, je l'aimais. Et aujourd'hui qu'à son tour il a un enfant-------------

[Lacune de cinq ou six vers.]

------------- [s'adressant] à une jeune servante qui accourait : « Allons! qu'on lave cet enfant, paresseuse! » lui dit-elle. « Qu'est-ce à dire? Le jour même où son père se marie, vous laissez ce petit à l'abandon? » Mais aussitôt la jeune servante de répondre : « Malheureuse! que dis-tu? Il est là tout près. — Mais non, ce n'est pas possible. Où dis-tu qu'il est? — Dans l'office. » Et, changeant de propos, elle ajouta : « Tiens! voilà la nourrice qui t'appelle. Va vite, cours. Il n'a rien entendu, fort heureusement! » Puis ayant dit : « Infortunée! j'ai trop parlé! » la vieille nourrice s'en alla, je ne sais où. Et moi, je sortis de ma cachette, sans faire plus de bruit qu'en y entrant quelques instants plus tôt, comme si je n'avais rien entendu et ne me doutais de rien. Or, tout en passant, je vois la Samienne hors de la maison, portant l'enfant dans ses bras et lui donnant le sein. Qu'elle soit sa mère, cela n'est pas douteux, mais qui en est le père? Est-ce moi? Est-ce. . . ? Mais, je ne veux rien dire devant vous, spectateurs, ni me livrer à des suppositions. Je me contente de vous exposer l'affaire et de vous rapporter ce que j'ai entendu, sans me laisser encore aller à la colère. Car je sais, par les dieux, que le jeune homme a toujours été de mœurs réglées, et qu'il m'a toujours témoigné autant d'égards que possible. Mais quand je réfléchis que la femme qui parlait a été jadis sa nourrice, et qu'elle parlait en se cachant de moi, — quand d'autre part ma pensée s'arrête sur celle qui témoigne tant d'affection à l'enfant et qui m'a obligé de force à l'élever, je suis tout hors de moi. Mais voici que, fort à propos, j'aperçois Parménon qui sort de la maison -------------

(Déméas reste à l'écart pendant la scène qui suit.)

[SCÈNE II.]

[ParmÉnon et un cuisinier.]

parmÉnon.

Cuisinier, ------------- je ne sais pourquoi tu portes à la ceinture tant de couteaux. Tu as la langue pourtant assez bien effilée pour qu'elle te serve à couper tous -------------

le cuisinieR.

[Tais-toi], profane.

PARMÉNON.

Moi?

le cuisinier.

Tu m'en as l'air. Fais-je de vains discours, si je demande combien de tables vous vous proposez de dresser ici, combien il y aura de femmes, pour quelle heure est le dîner, s'il faudra prendre un serveur, si vous avez à la maison assez de vaisselle, si la cuisine est couverte, enfin si je trouverai chez vous tout ce qu'il me faut?

PARMÉNON.

Tu me coupes, sais-tu bien, mon cher, en petits morceaux, et cela de main de maître.

LE CUISINIER.

Va te faire pendre!

PARMÉNON.

Et toi aussi, pour toutes les raisons possibles. (S'adressant au cuisinier et à ses aides.) Allons, entrez, vous autres.

[SCENE III.]

[DÉmÉas, ParmÉnon.]

DÉMÉAS (de l'intérieur de la maison).

Parménon !

ParmÉnon.

On m'a appelé.

DÉMÉAS.

Oui.

ParmÉnon.

Bonjour, mon maître.

DÉMÉAS.

Dépose -------------, et viens ici.

PARMÉNON.

A la bonne fortune!

DÉMÉAS.

De tout ce qui se passe ici, il n'est rien, je pense, que tu ne saches.

PARMÉNON.

-------------l'ouvrage qui se fait; car il est plus soigneux que qui ce soit.

Mais voici qu'il fait claquer la porte et qu'il sort de la maison (Déméas sort).

DÉMÉAS (sur la scène).

Tiens-toi, Chrysis, à la disposition du cuisinier pour tout ce qu'il demandera. Vous autres, empêchez la vieille de toucher à la vaisselle.

PARMÉNON.

Au nom des dieux, que dois-je faire, mon maître?

DÉMÉAS.

Ce que tu dois faire? Allons, sors de la maison. . . Encore un peu plus loin.

PARMÉNON.

M'y voici.

DÉMÉAS.

Ecoute maintenant, Parménon. Eh! je ne veux pas, par les douze dieux, te faire donner le fouet, et j'ai pour cela de bonnes raisons!

PARMÉNON.

Me faire donner le fouet? Mais qu'est-ce que j'ai fait? Tu (me) caches quelque chose -------------

PARMÉNON.

Moi? par Dionysos, par Apollon! Moi? par Zeus sauveur, par Asklépios!

DÉMÉAS.

Cesse de jurer ------------.

PARMÉNON.

Est-ce que, par hasard...? Eh! toi, regarde un peu là-bas.

PARMÉNON.

------------ c'est le petit enfant

DÉMÉAS.

Oui, l'enfant. Quelle est sa mère?

PARMÉNON.

C'est Chrysis.

DÉMÉAS.

Et son père?

PARMÉNON.

Mais c'est toi, par Zeus!

DÉMÉAS.

Je te tue. Tu me trompes.

PARMÉNON.

Moi?

DÉMÉAS.

[Oui, je sais] parfaitement que l'enfant est de Moschion; tu le sais aussi, toi ------------ et que c'est (Chrysis) qui l'élève.

PARMÉNON.

------------

DÉMÉAS.

Mais réponds-moi : qui est (son père)?

PARMÉNON.

J'ai dit que j'ignorais tout le reste.

DÉMÉAS.

Que parles-tu d'ignorance? Une courroie, esclaves, qu'on me donne une courroie pour flageller ce misérable!

PARMÉNON.

Non, je t'en prie, par les dieux!

DÉMÉAS.

Je te marquerai au fer rouge, par Hélios!

PARMÉNON.

Tu me marqueras?

DÉMÉAS.

Oui, si tu ne cesses pas de mentir.

PARMÉNON.

Je suis perdu! (Il s’enfuit.)

[SCÈNE IV.]

[DÉmÉas.]

DÉMÉAS.

Où fuis-tu, où, gibier de fouet? Qu'on l'arrête! O citadelle de la terre de Kékrops! ô espaces infinis du ciel! Mais pourquoi crier, Déméas? Pourquoi crier, insensé? Contiens-toi, sois ferme. Moschion ne te fait aucun tort. Ce que je dis là est peut-être paradoxal, spectateurs, mais c'est la vérité. Si Moschion avait fait cela volontairement pour satisfaire son amour, ou par haine pour moi, il serait aujourd'hui encore dans les mêmes dispositions que précédemment ------------- Au contraire, le voilà maintenant justifié, puisqu'il a appris avec plaisir ce mariage que je lui annonçais à l'improviste. Il n'avait donc pas hâte de s'abandonner à l'amour, comme je l'avais cru, mais il voulait à tout prix s'échapper d'ici, pour fuir mon Hélène; c'est elle la seule responsable de ce qui est arrivé. Elle l'aura sans doute surpris en état d'ivresse et ne se possédant plus lui-même; le vin, la fougue de l'âge peuvent beaucoup même sur un jeune homme, qui certes ne méditait jamais rien de mal contre son prochain. Car c'est là une chose qui ne me paraît guère vraisemblable jusqu'à présent, qu'un garçon qui est si honnête, si bien élevé à l'égard de tous les étrangers, se soit montré tel envers moi, même s'il était dix fois mon fils par l'adoption, et non mon fils par la nature. Toutefois, ce n'est pas le fait lui-même que je considère, c'est la manière dont la chose s'est passée. Cette créature est une prostituée, un fléau! Mais quoi? elle n'aura pas le dessus! Déméas, il faut maintenant que tu te montres un homme. Oublie ta passion, cesse d'aimer, et, si désespéré que tu sois, cache ce qui est arrivé à cause de ton fils. Chasse de la maison, la tète la première, et envoie aux corbeaux cette maudite Samienne! Tu as pour prétexte qu'elle a adopté l'enfant; tiens caché tout le reste; mors-toi la lèvre vigoureusement, sois ferme et plein de courage! (Déméas rentre.)

[SCÈNE V.]

[ParmÉnon, le cuisinier.]

le cuisinier.

Est-ce qu'il n'est pas ici devant sa porte, esclave, Parménon? L'homme m'a échappé, sans vouloir m'aider le moins du monde.

PARMÉNON.

Va-t'en d'ici, toi!

Le CUISINIER.

Par Héraklès! qu'est-ce, ô esclave? Il vient de se précipiter comme un fou dans la maison. Quel est donc ce vieillard? N'est-ce pas terrible? Qu'est-ce que tout ceci? Qu'est-ce que cela signifie? Par Poséidon! mais il est fou, je crois! Le voilà qui pousse des hurlements! Ce sera charmant s'il réduit en morceaux toute ma vaisselle! Mais il a heurté la porte. Que tu meures de la maie mort, Parménon, pour m'avoir amené ici. Je resterai quelque temps à l'écart.

[SCÈNE VI.]

[DÉmÉas, Chrysis.]

DÉMÉAS. (chassant Chrysis).

N'entends-tu pas? Va-t'en.

CHRYSIS.

Mais où, malheureuse! Aux corbeaux?

DÉMÉAS.

Pauvre fille!

CHRYSIS.

Oui, je suis à plaindre. Est-ce une larme de pitié que je vois couler?

DÉMÉAS.

Je te ferai cesser, je pense. .

CHRYSIS.

De quoi faire?

DÉMÉAS.

Rien. Tu as avec toi l'enfant et la vieille. Va-t'en à la male heure, et vite!

CHRYSIS.

Quoi! C'est parce que j'ai adopté cet enfant que, sans le moindre délai. . .

DÉMÉAS.

Justement, c'est pour cela. C'est là ta faute, je pense : tu n'as pas su jouir de mes bienfaits.

CHRYSIS.

Je n'ai pas su? Que veux-tu dire?

DÉMÉAS.

Quand je t'ai recueillie ici, tu n'avais pour tout vêtement, Chrysis, qu'une mince robe de lin. Comprends-tu bien ce que je veux dire? Je te le demande.

CHRYSIS.

Eh bien?

DÉMÉAS.

J'étais alors tout pour toi, quand tu étais dans une situation misérable.

CHRYSIS.

Mais maintenant encore, je te...

DÉMÉAS.

Pas un mot! Tu vois, je te donne tout ce qui t'appartient : toilette, servantes, bijoux. Va, quitte la maison!

chrYsis (à part).

Tout cela n'est qu'un accès de colère. (Haut.) Où faut-il donc que j'aille? O mon cher Déméas, vois toi-même.

DÉMÉAS.

Pourquoi me parles-tu?

CHRYSIS.

Pour que tu ne me déchires pas le cœur.

DÉMÉAS.

Une autre désormais accueillera mes présents avec joie, Chrysis, et elle offrira aux dieux un sacrifice d'actions de grâces.

CHRYSIS.

Mais enfin qu'y a-t-il?

DÉMÉAS.

Tu as adopté un Gis, tu as tout ce qu'il te faut.

CHRYSIS.

Quoi! cela te blesse à ce point! Cependant...

DÉMÉAS.

Je te casserai la tête, créature, si tu me parles encore.

CHRYSIS.

Bien, bien, je rentre, tu vois. (Elle rentre un instant dans la maison.)

DÉMÉAS.

Toi qui faisais l'importante dans la ville, tu vas voir exactement le peu que tu es. Les hétaïres de ton espèce, Chrysis, qui se font payer dix drachmes seulement leurs faveurs, courent à tous les dîners, boivent du vin jusqu'à ce qu'elles meurent, et crèvent de faim, à moins qu'elles ne meurent et ne crèvent de faim tout de suite. Tu apprendras ce métier-là, je suppose, comme n'importe quelle autre femme. Tu sauras ce que tu vaux et quelle sottise tu as faite. Reste ici.

chrysis (qui vient de sortir de la maison).

Infortunée! Combien triste est mon sort! (Déméas rentre chez lui.)

[scène vii.]

[Chrysis, NikÉratos.]

NIKÉRATOS.

Voici un agneau que j'offrirai en sacrifice aux dieux, en remplissant tous les rites, et je n'oublierai pas les déesses. Il a du sang, pas mal de bile, de beaux os, une rate énorme : c'est ce qu'exigent les habitants de l'Olympe. Quant à la peau, je la découperai et je l'enverrai à mes amis; car c'est là tout ce qui me reste. (Il aperçoit Chrysis.) Mais, par Héraklès! que se passe-t-il devant ma porte? C'est Chrysis qui se tient là tout en pleurs, oui, c'est bien elle. Qu'est-il donc arrivé?

CHRYSIS.

Tu le demandes! Il m'a mise à la porte, ton cher ami.

NIKÉRATOS.

Par Héraklès! Quel ami? Déméas?

CHRYSIS.

Oui.

NIKÉRATOS.

Et pour quel motif?

CHRYSIS.

A cause de l'enfant.

NIKÉRATOS.

En effet, j'ai appris par les femmes, moi aussi, que tu avais adopté et que tu nourrissais un enfant. Vraie folie de ta part! Mais il est plaisant Déméas! Il ne se fâchait pas tout d'abord, puis, après quelque temps, voilà qu'il se met en colère !

CHRYSIS.

Il m'avait dit de tout préparer à la maison en vue des noces, et, tout d'un coup, il s'est précipité sur moi comme un fou furieux et m'a mise à la porte.

NIKÉRATOS.

Déméas ------------

[Le début du second acte manque. D'une part, une explication devait avoir lieu entre Déméas et Moschion: celui-ci révélait à son père son amour pour Plangôn, ses relations avec elle, et la naissance de l'enfant. D'autre part, Nikératos commence à se douter de ce qui s'est passé chez lui.]

[ACTE II. — SCÈNE (suite).]

[DÉMÉAS ET -----?-----.]

DÉMÉAS.

------------ mais étant venu de nouveau.

(-?-)

En vérité, tout, ou peu s'en faut, est perdu, mon cher, tout est bouleversé, tout est fini! (Le personnage semble se retirer.)

DÉMÉAS.

Par Zeus! quand (Nikératos) aura vent de l'affaire, il se fâchera, il poussera les hauts cris. C'est un homme rude, grossier, intraitable. Je devais m'attendre à cela, misérable que je suis! Par Héphaestos! j'ai mérité la mort! O Héraklès! quel cri il a poussé! C'est bien ce que j'attendais, il demande à grands cris du feu. Il déclare qu'il veut brûler l'enfant et le servir tout grillé à mon fils pour qu'il le mange. Il a fait claquer la porte. C'est un tourbillon ou une trombe, ce n'est pas un homme.

[SCÈNE.]

[DÉmÉas, NikÉratos.]

NIKÉRATOS.

Déméas, cette Chrysis conspire contre moi et me fait toute sorte de méchancetés.

DÉMÉAS.

Que dis-tu ?

NIKÉRATOS.

Elle a persuadé à ma femme de ne rien avouer, et à ma fille aussi. Elle garde de force l'enfant, elle prétend qu'elle ne l'abandonnera pas. Ne t'étonne donc pas si je la tue.

DÉMÉAS.

Tuer cette femme?

NIKÉRATOS.

Oui, car elle sait tout. (Nikératos se retire brusquement.)

DÉMÉAS.

Je t'en prie, Nikératos. . . je voulais t'informer plus tôt...

[SCÈNE.]

[DÉmÉAs.]

Cet homme a l'humeur noire. Il s'est enfui brusquement. Que sortira-t-il de tout cela et qui profitera de tous ces maux? Je ne me suis jamais trouvé, les dieux en sont témoins, dans un pareil embarras. En tout cas, le mieux, de beaucoup, est de lui faire connaître nettement la situation. Mais, par Apollon, voici que de nouveau on heurte à la porte.

[SCÈNE.]

[DÉMÉAS, ChRYSIS.]

CHRYSIS.

O malheureuse! que faire? où fuir? Il va me prendre l'enfant.

DÉMÉAS.

Chrysis, ici!

CHRYSIS.

Qui m'appelle?

DÉMÉAS.

Entre vite.

[SCÈNE.]

[DÉmÉas, NikÉratos, Chrysis.]

NIKÉRATOS.

Où fuis-tu, toi, où?

DÉMÉAS.

(A part.) Par Apollon, il faut donc qu'aujourd'hui, à ce qu'il paraît, je livre un combat singulier. (A Nikératos.) Que veux-tu? qui poursuis-tu?

NIKÉRATOS.

Déméas, laisse-moi le chemin libre, que je m'empare de l'enfant et que je m'informe auprès des femmes de ce qui s'est passé.

DÉMÉAS.

(A part.) Il est fou. (A Nikératos.) Mais, tu ne vas pas me battre, je pense?

NIKÉRATOS.

Si, je te battrai.

DÉMÉAS.

Va te faire pendre auparavant, (A Chrysis.) Mais fuis, Chrysis; il est plus fort que moi. (Chrysis s'enfuit.) (A Nikératos.) A présent, éloigne-toi le premier.

NIKÉRATOS.

Je fais constater cela par témoins.

DÉMÉAS.

[Et tu ne fais pas constater aussi que] lu te saisis de cette femme, [que tu as levé sur elle] ton bâton?

NIKÉRATOS.

Tu mens, sycophante.

DÉMÉAS.

C'est toi qui mens.

NIKÉRATOS.

Rends-moi l'enfant.

DÉMÉAS.

Tu plaisantes! Il est à moi.

NIKÉRATOS.

C'est faux, il n'est pas à toi.

DÉMÉAS.

Pas à moi, vous l'entendez?

NIKÉRATOS.

Crie à ton aise. Quant à moi, je vais entrer chez toi et tuer la femme. C'est tout ce qui me reste à faire.

DÉMÉAS.

Voilà qui est très mal. Je t'en empêcherai. Où veux-tu aller? Reste ici.

NIKÉRATOS.

Ne porte pas la main sur moi; contiens-toi. Tu me nuis, Déméas, c'est évident, car tu connais à fond la situation.

DÉMÉAS.

Je t'en instruirai à condition que tu ne tourmenteras plus du tout cette femme.

NIKÉRATOS.

Est-ce que, par hasard, ton fils m'aurait cuisiné à sa façon? Trêve de paroles. Il épousera ta fille. L'affaire n'est pas telle que tu l'imagines. Mais promène-toi un peu avec moi.

NIKÉRATOS.

Je veux bien.

DÉMÉAS.

------------- [Tiens-toi tranquille]. Dis-moi, n'as-tu pas entendu des acteurs raconter sur la scène comment Zeus, s'étant transformé en or, s'était laissé couler à travers un toit et avait fait l'amour avec une jeune fille enfermée dans une chambre?

NIKÉRATOS.

Et puis après?

DÉMÉAS.

Il faut s'attendre à tout. Considère ceci : est-ce que, quand Zeus fait pleuvoir, tu n'as pas ta part du bénéfice commun?

NIKÉRATOS.

Mais quel rapport cela a-t-il avec notre affaire?

DÉMÉAS.

Tantôt Zeus se transforme en or, tantôt en eau, tu vois. Nous avons constaté avec quelle promptitude il agit.

NIKÉRATOS.

Mais tu te moques de moi, par Apollon !

DÉMÉAS.

Moi, jamais de la vie! Mais enfin tu es sans doute inférieur à Akrisios, et de beaucoup. Or, s'il a daigné honorer ainsi la fille de ce dernier, il a bien pu en faire autant pour la tienne.

NIKÉRATOS.

Hélas! malheureux, Moschion a bien arrangé mes affaires.

DÉMÉAS.

Il épousera ta fille, ne crains rien. C'est une aventure divine, absolument. Je pourrais te citer une foule de gens, parmi ceux qui se promènent ici, qui doivent leur naissance à des dieux. Penses-tu que ce qui vient de t'arriver soit chose si fâcheuse? Ce Chaerephon tout le premier, qui réussit à se faire nourrir sans jamais bourse délier, ne te fait-il pas l'effet d'un dieu?

NIKÉRATOS.

Oui, oui. Que m'en coûte-t-il (d'être de ton avis)? Je ne disputerai pas contre toi pour des riens.

DÉMÉAS.

Tu as bien raison, Nikératos. Et Androklès, depuis tant d'années, il vit, il élève un enfant, il gagne beaucoup d'argent; il est noir quand il se promène, il ne deviendra pas blanc en mourant. ----------------- Allons, demande aux dieux que ce qui est arrivé tourne à ton avantage ; brûle de l'encens ------------

NIKÉRATOS.

Quoi, tout est prêt (pour la noce) chez toi?

DÉMÉAS.

-----------------

NIKÉRATOS.

Tu es un homme aimable.

DÉMÉAS.

Ma foi, je rends grâce à tous les dieux; aucune de mes craintes ne s'est trouvée justifiée ------------

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LE CHŒUR.

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[ACTE III. — SCÈNE PREMIERE.]

[MOSCHION.]

MOSCHION.

Une fois déchargé de l'accusation qui avait été jadis portée contre moi, je m'étais tenu pour satisfait C'était là, pensais-je, un assez grand bonheur. [Mais quand je reviens sur tout ce qui s'est passé, quand] j'essaie de m'en rendre compte, je me sens hors de moi et m'irrite, en songeant que mon père a pu me soupçonner d'une pareille faute. Ali! si la situation de la jeune fille était satisfaisante, et s'il n'y avait pas tant d'obstacles, mon serment, mon amour, le temps, l'habitude, toutes choses dont je me suis rendu l'esclave, on ne m'adresserait pas une seconde fois, du moins en ma présence, semblable accusation; je m'en irais plutôt bien loin de mon pays, là-bas, à Bactres ou en Carie, pour y faire la guerre. Mais à cause de toi, chère Plangôn, je ne suis plus capable d'aucune résolution virile; je n'en ai plus la force; l'Amour, désormais maître de ma raison, m'en enlève le pouvoir. Néanmoins, il faut sortir de là sans m'humilier, ni me montrer par trop faible, et par mes paroles du moins, à défaut d'action, je veux faire peur à mon père, en déclarant que je pars; de cette façon, il fera plus attention une autre fois à ne pas se montrer injuste envers moi, lorsqu'il verra que je ne suis pas indifférent à (de pareils procédés). (Apercevant Parménon.) Mais voici, fort à propos, celui que je désirais le plus rencontrer.

[SCÈNE II.]

[PaRMÉNON.]

parmÉnon. (qui se croit seul).

Oui, par Zeus très grand, je viens de me conduire d'une façon insensée et parfaitement ridicule. Je n'ai rien fait de mal, et cependant, prenant peur, je me suis enfui loin de mon maître. Qu'avais-je fait qui pût m'obliger à fuir? Examinons plutôt et voyons clairement dans le détail ce qui s'est passé. Mon maître s'est mal conduit envers une jeune fille de condition libre; Parménon n'est certes pas coupable. La jeune fille est devenue enceinte; ce n'est pas la faute à Parménon. L'enfant qui naquit fut introduit dans notre maison : qui l'y a apporté? C'est mon maître; ce n'est pas moi : un des serviteurs l'a avoué alors. Quel mal dans tout cela a fait Parménon? Aucun. Pourquoi donc as-tu si sottement pris la fuite, imbécile? -------------C'est ridicule.

M'a-t-il menacé? --------------------------Ce n'est pas la conduite d'un homme d'esprit.

[scène iii.]

[Moschion, ParmÉnon.]

MOSCHION.

Eh! l'homme!

PARMÉNON.

Bonjour, mon maître.

MOSCHION.

Laisse là ces sornettes. Rentre bien vite à la maison.

PARMÉNON.

Pour quoi faire?

MOSCHION.

Apporte-moi une chlamyde et une épée.

PARMÉNON.

Que je t'apporte une épée?

MOSCHION.

Oui, et vivement.

PARMÉNON.

Dans quel but?

MOSCHION.

Va, et fais, sans rien dire, ce que je t'ai ordonné.

PARMÉNON.

Mais de quoi s'agit-il ?

MOSCHION.

Si je prends un fouet.. .

PARMÉNON.

Je t'en prie, j'y cours. (Il sort.)

MOSCHION.

Pourquoi tardes-tu tant? (A part.) Mon père va venir; il me demandera de rester -------------------------- Or, c'est là, par Dionysos, ce que je ne peux pas faire. Mais justement il a ouvert violemment la porte, il vient.

[SCÈNE IV.]

[DÉmÉas, Moschion.]

DÉMÉAS.

Tu me parais ne pas te presser beaucoup------------Tu n'es au courant de rien, tu ne t'informes de rien, tu ne te remues pas. Tu me mets dans l'inquiétude.

MOSCHION DÉMÉAS.

Ne veux-tu pas m'entendre? C'est maintenant que les noces -------------

HOSCHION.

Hé ! -------------Va-t-on déjà approcher la torche de l'autel d'Hephaestos?

DÉMÉAS.

Voyons, je le répète, ne veux-tu pas m'entendre? On n'attend plus que toi.

MOSCHION.

Moi? Et pour quoi donc? -------------

[SCÈNE V.]

[Les prÉcÉdents et ParmÉnon.]

parmÉnon (qui rentre).

Oui, fais (ce que te dit ton père); c'est pour ton bonheur. Tu n'as rien à redouter dans la maison. Courage.

MOSCHiON (à Parménon).

Qu'est-ce que tu me veux, toi? Vas-tu me faire des réprimandes, dis-moi, animal?

DÉMÉAS.

Mon fils, Moschion, que fais-tu? (Il sort désespéré.)

MOSCHiON Parménon).

Cours plutôt à la maison et apporte-moi bien vite ce que j'ai dit. Je me tue à te le répéter. Quoi, tu n'es pas encore parti?

PARMÉNON.

J'y vais, par Zeus. Je viens de découvrir la cause de mes craintes!

MOSCHION.

Tu es encore là?

PARMÉNON.

C'est que réellement on prépare les noces.

MOSCHION.

Eh bien! regarde (ce qui se passe), et rapporte-moi des nouvelles. Le voilà qui va entrer ------------------------------------------- Que dois-je faire? ne pas exécuter mon projet, l'abandonner? -------------- Mais, par Zeus, je serai grotesque, si je recule.

[Lacune indéterminable. — Pour ce qui suit, on ne peut guère qu'indiquer, et seulement par endroits, la marche du dialogue. Les vers 3&1-3&7 seraient la fin d'une scène du quatrième acte :]

[ACTE IV ?]

UN ESCLAVE.

Esclaves, voici venir une bande de jeunes gens ivres. Je loue, entre toutes les femmes, ma maîtresse. C'est elle-même qui introduit la jeune fille auprès de vous. Voilà une véritable mère. Il faut chercher mon jeune maître ------------

********************

CHOEUR.

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 [acte v (?). — scène premiere.]

[Moschion, Daos.]

MOSCHION.

Daos, maintes fois déjà tu m'as apporté de fausses nouvelles; mais tu n'es qu'un menteur et un ennemi des dieux. Quels détours vas-tu, maintenant encore, employer?

DAOS.

Pends-toi sans tarder, Moschion, aujourd'hui même.

MOSCHION.

Que dis-tu?

[Vers 351-375 intraduisibles dans l'état actuel. Le dialogue entre Moschion et Daos continue :]

MOSCHION.

Entre à la maison, Daos, et examine bien tout ce qui s'y passe. Que fait ma mère? où est-elle? dans quelles dispositions m'attend-on? Un tel rôle, je n'ai pas à le l'exposer en détail. L'homme habile sait se tirer d'affaire. Je t'attendrai en me promenant--------------------------Plangôn (?) ne prit pas la fuite quand je la poursuivais, mais me serrant dans ses bras, elle m'embrassait —

daos (qui rentre).

Moschion, Plangôn (?) vient de se baigner; elle est assise.

MOSCHION.

Chère Plangôn!

DAOS.

Quant à ta mère, elle va de côté et d'autre, arrangeant je ne sais trop quoi. Le déjeuner est prêt, et, d'après ce qui se fait, il me semble qu'on attend-------------

[Lacune; puis Moschion envoie de nouveau Daos en mission.]

MOSCHION.

--------— Quant à ma mère, à peine entré, il faut que je l'embrasse, que je rentre en grâce avec elle complètement, que je m'applique à la flatter, que je vive uniquement pour elle. Comme elle prend mes intérêts dans la situation présente! Mais voici que quelqu'un fait claquer la porte et sort. Qu'y a-t-il, esclave? Comme tu es peu pressé de venir à moi, Daos!

DAOS.

Oui, par Zeus, la chose est fort étrange! A peine, en entrant, avais-je dit à ta mère que tu étais présent, que Plangôn (?) me répond : « N'a-t-il rien appris de tout ceci? Lui as-tu dit qu'effrayée (des menaces de mon père?) j'ai dû me réfugier ici? -------------

[Vers 402-411 inutilisables. — Après 411, une lacune indéterminable, a moins, ce qui est encore possible, que ce ne soit la suite immédiate de la scène précédente. — Vers 412-435, scène assez obscure : dialogue entre Moschion et Daos. Moschion interroge Daos au sujet d'une femme (Chrysis?). Puis, entre en scène Parménon :]

PARMÉNON.

Moschion m'a renvoyé avec la chlamyde et l'épée, pour voir ce qu'il (?) fait et le lui raconter en revenant. J'ai envie de dire que j'ai rencontré chez lui le galant, pour qu'il s'y rende tout courant, mais j'ai grand pitié de lui, le malheureux! il n'est pas encore tiré d'affaire, même en songe. Car je sais, pour l'avoir vu, comment l'étranger est revenu de son premier séjour. La situation est tout à fait difficile, oui, par Apollon, et encore j'omets l'essentiel! -------------

[Vers 445-446 très obscurs. — Le début de la scène qui suit, vers 447, est inintelligible. Le texte, jusqu'à la fin, est généralement trop mutilé pour qu'on puisse en donner une traduction, ou même en indiquer le sens général, d'une façon sûre.]


 

[1] Ce personnage apparaît dans les fragments L et S, sans qu'il soit possible de rien dire à son sujet.

[2] Sans doute personnages muets.

[3] Sans doute personnages muets.

[4] L’Argument, tout en laissant entrevoir le dénouement, devait exposer d'une manière très brève, ces événements préliminaires.

[5] Il est impossible de déterminer l’étendue de la lacune. Pour le reste, j'ai divisé en deux groupes les quatre pages de la feuille I, sans pouvoir dire ce qui manque entre ces deux feuillets, ni même s'il manque quelque chose.