La chronologie de
I. Introduction II- Etat des lieux II.1- Les sources II.2- Les bases de la chronologie athénienne II.3- Les dates ne posant pas de difficultés II.4- Deux approches chronologiques rivales III- Les causes des difficultés III.1- Commencement de l’année athénienne III.2- Exactitude et méthode chronologique de Diodore III.3- La durée du règne de Xerxès IV- Chronologie des années 478 à 466 IV.1- Trahison de Pausanias et transfert de l’hégémonie IV.2- La durée du second séjour de Pausanias et sa mort IV.3- Ostracisme et exil de Thémistocle IV.4- La mort de Thémistocle IV.5- Le séisme à Sparte et la révolte de Thasos IV.6- Les campagnes de Cimon IV.7- Révoltes égyptiennes et expéditions athéniennes V- Conclusion
Le terme Pentèkontaétie vient de Thucydide qui parle de "la période de cinquante années qui va de la retraite de Xerxès au début de la présente guerre"[1]. Aristote (384 av. n. è. – 322) dit qu’il s’écoula quarante-huit ans de la bataille de Salamine au début de la guerre du Péloponnèse[2]. La bataille de Salamine eut lieu en 480 avant notre ère et la guerre du Péloponnèse éclata au printemps 431, ce qui fait un peu plus de quarante-huit ans.
Alors que les chronologies des invasions perses et de la guerre du
Péloponnèse sont bien établies, la reconstitution de la chronologie de
L’objet de cette étude est de tenter de résoudre
ces difficultés et de proposer une chronologie de la première partie de II- Etat des lieux :II.1- Les sources :
On dispose de deux récits détaillés pour cette
période, celui de Thucydide sur
Thucydide, homme politique et historien athénien (v. 460 av. n. è. – v. 395
av. n. è.), est le plus proche des événements qu’il relate. Il n’expose pas
une histoire détaillée de l’expansion athénienne car le but de son ouvrage
est de raconter la guerre du Péloponnèse. Les renseignements qu’il donne sur
Diodore, historien grec (v. 90 av. n. è. – 21 av. n. è.), travailla plus de
trente ans à sa Bibliothèque Historique en quarante livres,
dont quinze nous sont parvenus. Ses livres XI et XII racontent les
événements des années 480 à 416 avant notre ère. Diodore est le seul auteur
qui propose une chronologie précise, année après année, de cette période de
l’histoire de Plutarque, historien et moraliste grec (v. 46 de n. è. – 125 de n. è.), est l’auteur de nombreuses biographies de personnages de l’Antiquité. Les vies de Thémistocle, Aristide, Cimon et Périclès sont particulièrement intéressantes car ces hommes politiques ont tous joué un rôle très important dans la montée en puissance d’Athènes au Ve siècle avant notre ère. Les indications chronologiques de Plutarque sont parfois contradictoires, certainement parce qu’il utilisa de nombreuses sources. Elles montrent ainsi que la chronologie de cette période était déjà très embrouillée à son époque.
L’authenticité des lettres de Thémistocle a été
rejetée par Bentley au XVIIe siècle[4].
Celui-ci a appuyé sa thèse sur cinq points : Le fait que ces lettres n’aient
été mentionnées pour la première fois que dans
II.2- Les bases de la chronologie athénienne :Pour établir une chronologie de leur Histoire et dater précisément les événements, les Grecs utilisèrent les olympiades associées aux listes des archontes athéniens. Cependant cet usage ne se généralisa qu’à partir du IIIe siècle avant notre ère chez les écrivains de l’école d’Alexandrie. Hérodote utilise une fois l’archonte éponyme d’Athènes pour dater un événement. Il s’agit de l’invasion de l’armée de Xerxès qu’il date de l’archontat de Calliade (480)[6]. Thucydide fixe précisément le début de la guerre du Péloponnèse mais il donne peu d’indications chiffrées sur les faits antérieurs. Il indique que l’attaque de Platées par les Thébains, événement qui déclencha la guerre, eut lieu "Pythodoros étant, pour quatre mois encore, archonte à Athènes"[7]. A partir de cette date, il précise qu’il va raconter les événements dans un ordre chronologique par été et par hiver suivant ainsi les saisons plutôt que les années archontiques. La cité d’Athènes, comme les autres cités grecques, observait un calendrier luni-solaire. Ce calendrier et son évolution sont mal connus faute d’informations suffisantes. Avant la réforme du calendrier par Solon au début du VIe siècle avant notre ère, l’année comportait douze mois lunaires de trente jours chacun et un mois intercalaire était ajouté tous les deux ans[8]. On soustrayait parfois des jours pour que les mois soient toujours calés sur les lunaisons. A priori, l’intercalation ne devait pas être systématique car le retard de l’année lunaire sur l’année solaire n’atteint que vingt-trois jours tous les deux ans et il passe à trente-quatre jours et demi au bout de trois ans. Solon alterna des mois de vingt-neuf et de trente jours[9], tout en conservant le cycle de deux ans. Il semble également qu’un cycle de quatre ans ait été utilisé par la suite. Puis, vers 520 avant notre ère semble-t-il[10], sur proposition de l’astronome Cléostrate de Ténédos, fut introduit un cycle de huit années comportant trois mois intercalaires et appelé Octaétéride. Ce cycle semble avoir été utilisé jusqu’au milieu du IVe siècle malgré la proposition d’un cycle de dix-neuf ans, appelé Ennéadécatéride, par Méton en 432.
Table 1. Les mois du calendrier attique.
L’année était également divisée en dix prytanies. Selon Aristote, "chaque tribu exerce la prytanie à son tour, dans l'ordre fixé par le sort : les quatre premières pendant trente-six jours, les six autres pendant trente-cinq, car l'année athénienne est l'année lunaire"[11].
II.3- Les dates ne posant pas de difficultés :
Après les victoires grecques à Platées et à Mycale en 479, les Athéniens
commencèrent immédiatement la construction d’un mur d’enceinte autour de
leur ville détruite par les Perses[12].
Un congrès des Hellènes fut réuni à Platées peu après la victoire pour
décider des moyens à mettre en œuvre pour la poursuite de la guerre contre
les Perses. D’après Plutarque, "On levât sur toute Au printemps suivant, conformément aux décisions prises au congrès de Platées l’année précédente, les Grecs menèrent une expédition contre les Perses. Thucydide relate ainsi cette campagne : "Pausanias, fils de Cléombrote, général des Hellènes, fut envoyé de Lacédémone avec vingt vaisseaux du Péloponnèse. Les Athéniens joignirent à cette flotte trente navires, et les alliés en fournirent un grand nombre. Les Grecs firent voile vers Chypre, soumirent beaucoup de places de cette île, se dirigèrent ensuite sur Byzance, qu’occupaient les Mèdes, et s’en emparèrent, sous le même commandement"[14]. L’expression "sous le même commandement" signifie que l’ensemble des opérations eut lieu dans la même année. Le choix de Byzance comme objectif final de cette campagne était judicieux car le contrôle du Bosphore en plus de celui de l’Hellespont permettait aux Grecs de couper les communications entre les forces perses stationnées en Europe et en Asie. La première partie de la campagne en Chypre s’explique probablement par la volonté de soutenir les cités grecques de cette île. Celle-ci était en effet d’une importance capitale pour l’empire du fait de sa position stratégique et de ses chantiers navals. Ici commencent les difficultés car on affirme généralement qu’il est impossible de dater précisément les différentes phases de la campagne et, par conséquent, les événements qui suivent directement celle-ci, c’est-à-dire les intrigues de Pausanias et son rappel à Sparte, la nomination de Dorkis pour le remplacer et le transfert de l’hégémonie à Athènes. Le jalon chronologique suivant est l’avènement d’Artaxerxès Ier en 465 d’après le Canon de Ptolémée. Thucydide fournie un synchronisme important puisqu’il relate que Thémistocle exilé en Asie écrivit une lettre à Artaxerxès "qui venait de monter sur le trône"[15]. Tout le problème pour l’historien consiste donc à situer dans cet espace d’une douzaine d’années des événements liés aux vies de Pausanias et de Thémistocle et qui semblent pourtant s’enchaîner relativement vite. La prochaine date fermement établie est celle de la conclusion de la paix de trente ans entre Sparte et Athènes. Thucydide place le début de la guerre du Péloponnèse (printemps 431) dans la quinzième année après la conclusion de la paix qui fut maintenue pendant quatorze ans[16]. Cette paix fut donc conclue durant l’année 446. Cette date est confirmée par Diodore qui dit qu’elle eut lieu sous l’archontat de Callimaque[17]. La chronologie devient ensuite plus solide que durant la période précédente malgré quelques différences notables entre Thucydide et Diodore.
II.4- Deux approches chronologiques rivales :La difficulté évoquée ci-dessus concernant la chronologie des événements jusqu’à l’avènement d’Artaxerxès est résolue de deux manières différentes avec parfois de légères divergences selon les auteurs. Les uns allongent la durée du second séjour de Pausanias à Byzance jusqu’en 471/470. Les autres préfèrent allonger la durée du séjour de Thémistocle en Asie avant d’écrire sa lettre à Artaxerxès en faisant débuter celui-ci vers 470. On peut aussi imaginer un compromis entre ces deux solutions. La comparaison des chronologies proposées par Badian[18] et Delorme[19], qui adhèrent chacun à l’une de ces solutions, montre à quel point les divergences sont importantes (Table 2). L’écart est souvent de plusieurs années pour certains événements. Comme on le verra par la suite, aucune de ces deux approches n’est satisfaisante car elles n’intègrent pas l’ensemble des faits connus. Les partisans de l’hypothèse suivie par Badian se fondent sur une indication chronologique fournie par Justin, apologiste chrétien du IIe siècle de notre ère, qui déclare que Pausanias resta sept ans à Byzance après l’avoir fondée[20]. Badian déclare que cet unique témoignage chiffré "devrait être accepté, du moins jusqu’à ce que nous puissions l’améliorer. Il provient probablement de sources locales"[21]. L’erreur grossière concernant la fondation de Byzance par Pausanias incite à la prudence. De plus, Justin tient ce renseignement de Trogue Pompée qui est notre seule source et rien ne prouve que ce renseignement provient de sources locales et pas des ses propres conclusions. Il ne faut donc pas l’accepter aussi facilement que Badian le suggère parce que celui-ci s’accorde avec la trame chronologique qu’il défend. Afin de préserver le synchronisme de Thucydide qui situe la traversée de la mer Egée par Thémistocle lors de sa fuite en Asie au moment où Naxos est assiégée par les Athéniens[22] et l’ordre des faits, toujours donné par Thucydide, qui situe la révolte de Naxos avant la bataille de l’Eurymédon[23], les tenants de cette hypothèse ont recours à une solution extrêmement fragile. En effet, la révolte est datée de 467 mais le siège se serait poursuivit jusqu’en 465 et la bataille de l’Eurymédon est située en 466. Non seulement, on peut douter qu’Athènes, ayant à faire face à une révolte qui mobilisa une partie de ses forces, se soit lancée dans une offensive de grande envergure contre les Perses, mais rien n’indique non plus que le siège de Naxos ait duré aussi longtemps. Pour éviter cette acrobatie, certains défendent l’idée exprimée par Plutarque qui, bien qu’il affirme suivre le récit de Thucydide, fait traverser la mer Egée par Thémistocle au moment où Thasos était assiégée par les Athéniens et le fait débarquer à Kymè en Eolide au lieu d’Ephèse[24]. Le début de la révolte de Thasos étant situé généralement entre 467 et 465, le problème de la durée du séjour de Thémistocle en Asie se trouverait ainsi résolu. Flacelière explique que cette correction de "Naxos" en "Thasos" correspond mieux aux faits "géographiquement" en ce sens qu’un navire "qui part de Pydna a plus de chance d’être déporté vers Thasos que vers Naxos"[25]. Cependant, Frost a montré que la leçon Naxos est bien plus vraisemblable[26]. En effet, le Meltem, vent dominant de la mer Egée, souffle du Nord ou du Nord-Est. Un navire à voile, comme l’holkas empruntée par Thémistocle, pris dans une tempête en cette saison à toutes les chances de dériver vers le Sud ou le Sud-Est et pas vers l’Est et le Nord-Est comme cela est nécessaire pour que l’embarcation dérive de Pydna vers Thasos. En effet, ce type de navire n’avait qu’une seule voile carrée et était incapable de remonter le vent[27]. De plus, la côte thasienne est fort inhospitalière alors que le détroit entre Paros et Naxos est assez bien abrité et peut offrir un mouillage aux navires en difficulté. Enfin, détail important, le navire faisait route vers l’Ionie et non vers l’Eolide selon Thucydide.
Table 2. Chronologies comparées de Badian et Delorme.
Les partisans de l’hypothèse suivie par Delorme s’appuient sur la bataille de l’Eurymédon qu’ils datent de 470 ou 469. Le siège de Naxos est placé l’année précédente mais Thucydide indique seulement que celui-ci est placé entre la prise de Skyros (476) et la bataille de l’Eurymédon. C’est donc le souci de limiter au minimum la durée du séjour de Thémistocle en Asie avant sa rencontre avec Artaxerxès, dont la durée est déjà difficile à justifier, qui motive ce choix. Pour justifier ce séjour d’environ cinq années, Delorme s’appuie sur Thucydide qui relate que Thémistocle récompensa le capitaine du navire qui l’avait fait traverser la mer Egée avec des fonds qu’il avait en dépôt à Athènes et à Argos et que ses amis lui firent parvenir, puis, guidé par un Perse de la côte, il "monta" vers l’intérieur du pays et écrivit au roi[28]. Selon lui, bien que le récit de Thucydide semble suggérer un court délai, Thémistocle a pu voyager sans se presser, s’initiant à la langue du pays et observant les hommes et les mœurs[29]. C’est oublier qu’il était poursuivi par les Grecs[30], que sa tête était mise à prix par les Perses[31] et qu’il demanda une année au roi pour se familiariser avec la langue et les usages perses afin de pouvoir présenter lui-même sa défense[32]. Delorme indique d’ailleurs lui-même que la principale difficulté soulevée par sa chronologie est la durée du séjour de Thémistocle en Asie.
III- Les causes des difficultés :III.1- Commencement de l’année athénienne :Les événements de l’histoire grecque sont souvent datés d’après l’archonte éponyme athénien en fonction. Il est donc important de connaître la période de l’entrée en fonction des archontes car, selon que l’on place celle-ci en été ou en hiver, un événement peut être décalé jusqu’à une année complète. Par exemple un événement daté au printemps l’année de l’archonte x sera daté de l’année A si l’on considère que l’archonte est entré en fonction en hiver ou de l’année B si l’on considère qu’il est entré en fonction en été (figure 1). De nos jours, le point de vue selon lequel l’année civile athénienne a toujours commencé en été semble faire l’unanimité puisque l’on essaie même plus de le prouver[33]. Cette opinion fut présentée pour la première fois par Fréret[34], et développée surtout par Clinton[35]. Suivant l’opinion de Scaliger[36], Koutorga, comme la majorité des spécialistes de son temps, pensait qu’à l’époque des guerres médiques l’année athénienne commençait en hiver[37]. Il soutient, comme avant lui Dodwell[38], Corsini[39] et Larcher[40], que le commencement de l’année n’a été fixé en été qu’en 432 par l’astronome grec Méton au moment où celui-ci proposa le fameux cycle de dix-neuf ans qui porte son nom. Ceux-ci s’appuient sur le témoignage d’Avienus, auteur du IVe siècle, qui rapporte ce fait sous une forme poétique :
"Par exemple, l'antique Harpalus, qui pense qu'il
faut que le Soleil roule pendant neuf hivers pour que
Figure 1. Impact du commencement de l’année sur la datation d’un événement.
Si c’est effectivement le cas, de l’archontat de Calliade (480) à celui de Pythodore (432/431) il s’est écoulé quarante-huit ans et demi. Diodore ne signalant que quarante-huit années olympiques et quarante-sept archontes (il omet l’année de l’archonte de Chairéphanès), Corsini en a déduit qu’Apseudès, l’archonte précédent le changement, est resté en fonctions pendant un an et demi. Dodwell et Koutorga soutiennent quant à eux qu’Apseudès n’est resté en fonction que six mois. Le décalage entre les deux chronologies atteint donc une année complète (Table 3). D’après Koutorga, Diodore, par souci d’uniformité, a été contraint d’omettre volontairement un archonte dans sa liste. Il s’agirait en l’occurrence de l’archonte Apséphion, mentionné par Plutarque et par Diogène Laërce, qu’il situe en 469 entre Démotion et Phéon. Les autres historiens résolvent cette difficulté en supposant qu’il y eut deux archontes dans une même année, l’un remplaçant probablement l’autre mort au cours de son mandat, ou qu’il s’agit du même personnage mais sous deux appellations différentes[42]. L’hypothèse selon laquelle les archontes athéniens entraient en fonctions en hiver du temps des guerres médiques ne semble plus soutenue aujourd’hui. Pourtant le récit de Diodore est on ne peut plus clair à ce sujet. On peut montrer qu’il s’efforce de suivre les années archontiques commençant en été quand il raconte la guerre du Péloponnèse en comparant son récit avec celui très précis de Thucydide. Si l’on peut prouver que les récits de Diodore vont d’hiver en hiver lors des guerres médiques, on prouve du même coup que les années archontiques commençaient en hiver à cette époque. Lors de la guerre du Péloponnèse, dans les événements qu’il situe sous l’archontat de Stratoclès (425/424), Diodore mentionne une campagne de Démosthène en Leucade et ses suites, son retour à Athènes, puis il enchaîne sur son expédition dans le Péloponnèse avec la fortification de Pylos[43]. Les campagnes militaires avaient généralement lieu lors de la belle saison qui dure du mois de mars au mois d’octobre. Le fait que la flotte rentra à Athènes semble indiquer qu’il y eut effectivement un hiver entre les deux expéditions. Ce point est confirmé par Thucydide qui situe la campagne en Leucade puis en Etolie dans la belle saison de l’année 426, son retour à Athènes dans l’hiver 426/425 et les travaux de fortification de Pylos dans la belle saison de l’année 425[44]. Malgré le décalage d’un an entre les dates de Thucydide et de Diodore, il est évident que ce dernier raconte les événements d’été en été. Il en est de même l’année suivante, sous l’archontat d’Isarque (424/423), quand Nicias rentre à Athènes entre la prise de la citadelle de Crommyon et l’invasion de l’île de Cythère[45]. Thucydide date ces événements respectivement de l’été 425 et de l’été 424[46].
Table 3. Série des archontes éponymes d’Athènes. Enfin, dans le récit qu’il place sous l’archontat d’Appolodore (430/429), Diodore indique que "le général athénien ne cessait point de prendre toutes les forteresses du Péloponnèse et de détruire tout ce qui se présentait à lui dans la campagne"[47]. Il s’agit de la campagne d’une flotte autour du Péloponnèse qui débuta sous l’archontat précédent[48]. Diodore montre ainsi que la belle saison chevauchait ces deux années.
Passons maintenant aux guerres médiques. Diodore
débute la rédaction de son livre XI en précisant que "Le livre X de
notre ouvrage se termine aux événements accomplis pendant l’année qui
précédait le passage de Xerxès en Europe, et à l’exposé des discussions qui
ont eu lieu au congrès des Hellènes à Corinthe, concernant l’alliance des
Grecs avec Gélon. Dans le présent livre XI, pour nous conformer à l’ordre
des faits, nous commencerons par la campagne de Xerxès contre les Grecs, et
nous poursuivrons notre récit jusqu’à l’année qui précéda l’expédition des
Athéniens en Chypre, sous le commandement de Cimon. Car, sous l’archontat de
Calliade à Athènes, les Romains élurent consuls Spurius Cassius et Proclus
Virginius Tricostus ; les Eléens célébrèrent la soixante-quinzième
olympiade, dans laquelle Astyle de Syracuse fut vainqueur au stade. C’est à
ce moment que le roi Xerxès entreprit la guerre contre La soixante-quinzième olympiade débuta dans l’été de l’année 480 alors que la campagne de Xerxès commença au printemps de cette même année. Les années archontiques n’étaient donc pas, à cette époque, calées sur les années olympiques. Le livre X de Diodore est malheureusement perdu mais Hérodote raconte en détail le congrès de Corinthe et ses suites. Il indique notamment que les Grecs, "instruits de la présence à Sardes de Xerxès et de son armée, résolurent d’expédier des émissaires chargés d’espionner les faits et gestes du Grand Roi"[50]. Il rapporte par ailleurs que l’armée de Xerxès "après avoir passé l’hiver à Sardes, se mit en marche à l’arrivée du printemps pour gagner Abydos"[51]. Il ressort de ces deux passages que le congrès de Corinthe s’est tenu en hiver au moment où l’armée de Xerxès était à Sardes. En disant que le congrès de Corinthe conclue l’année précédente, Diodore indique donc qu’à l’époque des guerres médiques, les années archontiques commençaient en hiver.
Denys d’Halicarnasse confirme le témoignage de
Diodore quand il rapporte que "le sénat de Rome élut consul Caeso Fabius, et
les plébéiens, Spurius Furius, dans la soixante-quinzième olympiade, sous
l’archonte athénien Calliade, au temps où Xerxès entreprit la guerre contre
Il semble donc qu’il existait une règle chez les
anciens pour accorder les années olympiques avec les années archontiques.
Cette règle consistait à nommer l’année olympique débutant dans l’année
archontique. Le fait que le mois supplémentaire était un second posidéon, posidéon correspondant approximativement à décembre/janvier selon les lunaisons, appuie encore un commencement de l’année en hiver car les mois supplémentaires étaient insérés en fin d’année. C’est ce qui ressort des textes de Géminos, auteur grec du milieu du 1er siècle avant notre ère, et de Censorinus, auteur du milieu du 3e siècle. Géminos, lorsqu’il parle du cycle de huit ans, ou Octaétéride, indique que les "mois intercalaires furent insérés après la troisième, la cinquième et la huitième année"[54]. Censorinus, lorsqu’il évoque le cycle de deux ans, ou diétéride, qui précéda l’octaétéride, indique que "l’intercalation d’un mois avait lieu chaque troisième année", ce qui veut dire au moment où devait débuter la troisième année et après la deuxième[55]. Enfin, Hérodote, lorsqu’il parle des guerres médiques, utilise des années qui commencent en hiver comme l’a fait remarquer Koutorga[56]. Mais on ne sait pas quel calendrier il utilisait. Etant originaire d’Halicarnasse, il a pu utiliser le calendrier de cette ville mais il a aussi résidé à Samos et à Athènes. L’hypothèse de Fréret, selon laquelle l’année archontique a toujours commencé en été, est fragilisée par les données disponibles sur la vie de Socrate. Celui-ci est né, selon Diogène Laërce qui cite Appolodore, "sous l’archontat d’Apséphion, la quatrième année de la soixante-dix-septième olympiade, le sixième jour du mois de thargélion, lorsque les Athéniens fêtent la consécration de la ville et les Déliens la naissance d’Artémis. Il mourut dans la première année de la quatre-vingt-quinzième olympiade, âgé de soixante-dix ans"[57]. Cette date est confirmée par Diodore qui place sa mort sous l’archontat de Lachès (400/399)[58] et par Platon (427 av. n. è. – 348), qui lui attribue un peu plus de soixante-dix ans[59]. Cela pose problème car s’il est né au mois de thargélion (mai/juin) 468 et est mort dans la première moitié de l’année 399, il a atteint au mieux l’âge de soixante-neuf ans. Ce problème n’existe plus si l’année archontique commençait en hiver. En effet, Socrate serait ainsi né en 469, l’année de l’archonte Apséphion coïncidant, selon la règle des anciens, avec la quatrième année de la soixante-dix-septième olympiade. Le fait que l’année athénienne commençait en hiver étant établi, il reste à trancher entre les hypothèses de Corsini et de Koutorga sur la durée de l’archontat d’Apseudès, le premier lui accordant un an et demi et le second six mois. La chose est facile car l’hypothèse de Koutorga est contredite par Diodore lui-même qui place la célébration de la soixante-dix-huitième olympiade (été 468) sous l’archontat de Théagénides[60] et pas sous celui de Phéon comme cela devrait être le cas puisque Koutorga place cet archonte dans l’année 468. Toutes les dates de célébrations des olympiades suivantes seraient également incorrectes. Diodore n’aurait certainement pas adopté cette chronologie artificielle et erronée "par souci d’uniformité". De plus, Diodore daterait la mort de Xerxès de l’année 464 alors que le Canon des rois situe celle-ci en 465[61]. Il faut donc retenir l’hypothèse de Corsini et admettre qu’il y eut bien deux archontes dans une même année sans pouvoir l’expliquer de façon certaine. Plutarque en indiquant que le concours dramatique où Sophocle triompha d’Eschyle fut présidé par l’archonte Apséphion montre qu’il fut le premier, ces concours ayant lieu aux grandes dionysies durant le mois d’élaphébolion (mars/avril)[62]. Phéon fut donc archonte durant la fin de l’année 469. Enfin, il faut garder à l’esprit que le calendrier athénien était luni-solaire et donc que les années ne correspondent pas exactement à nos années solaires. En fonction des lunaisons et des intercalations de mois supplémentaires, l’année athénienne pouvait être en avance ou en retard par rapport à l’année solaire.
III.2- Exactitude et méthode chronologique de Diodore :La seconde difficulté concerne l’exactitude d’un auteur comme Diodore qui propose une chronologie détaillée des événements quatre siècles après qu’ils se soient produits. Quelques historiens du passé ont laissé entendre que les sources de Diodore n’étaient pas dignes de foi. De nos jours l’appréciation est beaucoup plus nuancée. D’après Haillet, "dans la pratique, les modernes adoptent des dates qui, le plus souvent, sont celles mêmes de Diodore, mais ils continuent cependant à proclamer leur confiance en Thucydide et leur méfiance envers Diodore. […] La chronologie donnée dans le livre XI n’est pas, dans la pratique, plus souvent mise en doute ou réfutée que celle d’un Hérodote ou d’un Thucydide, elle n’est donc ni plus ni moins sûre"[63]. Pour commencer, la chronologie de Diodore pose quelques problèmes mineurs sans conséquences sur sa chronologie. L’écart avec la chronologie des consuls romains de Varron est de six à sept années selon les passages. De plus, il omet l’année de l’archontat de Chairéphanès. D’autres problèmes sont plus graves car Diodore se contredit lui-même sur certaines données chronologiques. Dans le passage où il dit qu’Archidame est devenu roi de Sparte, il lui attribue un règne de quarante-deux ans, alors que dans celui où il relate sa mort, il ne lui en donne plus que trente-cinq[64]. De plus, il situe sa mort sous l’archontat de Charès (434) alors qu’il le met à la tête de l’armée d’invasion de l’Attique sous celui d’Euthydème (431/430) trois ans plus tard[65]. Idem pour un certain Spartacus qui se voit attribuer sept ans de règne à son avènement et dix-sept à sa mort, cinq ans plus tard[66]. Il existe également quelques désaccords avec Thucydide qui est souvent considéré comme plus fiable. Diodore situe la trêve de cinq ans sous l’archontat d’Ariston (454), l’année suivant la campagne de Périclès autour du Péloponnèse qui vit le siège d’Oïniadaï, alors que Thucydide dit que cette trêve eut lieu trois ans après cette campagne[67]. Diodore situe la bataille de Tanagra après la grande expédition athénienne en Egypte alors que d’après le texte de Thucydide elle s’est produite avant la fin de celle-ci[68].
Diodore fait commencer la guerre entre Corinthe
et Corcyre sous l’archontat de Glaucides (439)[69].
Il date la prise d’Epidamme par Corcyre et sa victoire navale sur Corinthe
de l’archontat suivant en 438. Dans l’année 437, il expose les préparatifs
des deux cités pour continuer la guerre. L’année suivante, Corcyre repousse
la flotte corinthienne avec l’aide de renforts athéniens. Dans l’année 435,
les Corinthiens détachent Potidée d’Athènes et y envoient une garnison. Les
Athéniens assiègent la ville qui résiste encore sous l’archontat de
Pythodore (432/431). Thucydide, de son côté, date la bataille de
Potidée, colonie corinthienne qui venait de se retirer de la ligue
athénienne, de l’été 432[70].
L’affaire de Potidée avait débuté aussitôt après la seconde bataille navale,
près de l’île de Sybota, quand Athènes, craignant la vengeance de Corinthe,
voulut imposer des mesures sévères à cette cité[71].
Toutes les démarches diplomatiques qui s’ensuivirent durèrent
quelques mois et une première flotte athénienne se rendit dans les parages
au printemps 432 pour combattre Enfin, Thucydide date l’attaque de Platées, événement déclencheur de la guerre du Péloponnèse, de l’archonte de Pythodore et plus précisément au printemps de l’année 431, alors que Diodore situe cet événement sous l’archontat d’Euthydème, l’année suivante (431/430)[73]. Ensuite, le décalage d’un an entre les deux chronologies subsiste durant la majeure partie de la guerre du Péloponnèse. D’un autre côté, Diodore suit Thucydide pour certaines dates. Il date la trêve de trente ans, conclue entre Athéniens et Péloponnésiens, de l’archontat de Callimaque (446). Thucydide fait débuter la guerre du Péloponnèse au printemps 431 dans la quinzième année après la conclusion de la paix qui fut maintenue pendant quatorze ans[74]. Diodore date la guerre entre Samos et Milet de l’archontat de Timoclès (441). Thucydide dit que cette guerre eut lieu cinq ans après la conclusion de la trêve[75]. Certaines dates données par Diodore sont appuyées par d’autres sources. Diodore date le tremblement de terre à Sparte sous l’archontat de Phéon (469)[76] et le scholiaste de Lysistrata (v. 1137) situe l’expédition de Cimon pour secourir Sparte face à la révolte des hilotes sous l’archonte suivant (Théagénides). Le corps expéditionnaire athénien ayant été envoyé dans l’urgence, le séisme date probablement de la fin de l’année 469. C’est ce qu’appuie encore l’emploi du nom de Phéon comme archonte pour cette année, qui en contient deux, car il occupa effectivement cette position à la fin de cette année[77]. Comme l’année athénienne pouvait déborder légèrement sur l’année suivante, il faut retenir le début de l’hiver 469/468 pour la date du séisme. La date de la fondation d’Amphipolis, située sous l’archontat d’Euthymène (437)[78], est confirmée par le scholiaste d’Eschine (2.31).
Diodore mentionne des événements que l’on ne
trouve pas chez Thucydide. Cependant, il faut garder à l’esprit le fait que
le texte de ce dernier n’est qu’un résumé de Enfin, il existe un problème qui peut avoir des conséquences graves s’il n’est pas bien compris. Diodore rattache quelquefois à une seule année des événements se rapportant à un même personnage ou à un même sujet mais qui se sont étalés sur une période plus longue. C’est ce qu’il fait par exemple lorsqu’il raconte les dernières années de la vie de Thémistocle. Il place dans un récit qu’il date de l’archontat de Praxiergos (471), tous les événements depuis les lendemains de la bataille de Salamine en 480 jusqu’à sa mort. Diodore ne le précisant pas, il est difficile de savoir à quel événement la date mentionnée en tête du récit se rapporte. Certains y voient la date de l’ostracisme de Thémistocle et d’autres celle de sa condamnation. Koutorga quant à lui affirme que la date placée en tête du récit se rapporte au dernier événement mentionné[83]. On verra, au fur et à mesure de la reconstitution de la chronologie de cette période, la justesse de cette déduction mais dans certains cas seulement.
Table 4. Comparaison des indications chronologiques de Thucydide et de Diodore.
Pour conclure, bien que la chronologie de Diodore suive le système des olympiades associées aux archontes éponymes d’Athènes, elle n’est pas exacte. Certaines dates sont correctes et d’autres manifestement décalées de plusieurs années. Il faut donc la considérer comme approximative quand elle n’est pas confirmée par d’autres sources.
III.3- La durée du règne de Xerxès :La dernière difficulté concerne la durée du règne de Xerxès et a une grande incidence sur la chronologie. Jusque vers la fin du XIXe siècle, il existait deux opinions contradictoires concernant celle-ci, l’une lui attribuant vingt et un ans de règne et l’autre seulement onze. Cette différence est importante car le début du règne d’Artaxerxès Ier est ainsi placé en 465 ou en 475 avant notre ère. Parce qu’elle s’accordait avec la prophétie des soixante-dix semaines annonçant la venue du Messie, la deuxième opinion fut défendue par Bossuet[84], Uscher[85], Vitringa[86], Rollin[87] et Hengstenberg[88]. Ce dernier pense que Xerxès a régné pendant dix ans avec son père Darius et onze ans seul, soit vingt et un ans au total. Koutorga, qui ne semble pas avoir eu de motivation religieuse, est le dernier historien à avoir défendu cette opinion. La découverte des archives des Murashû en 1893, qui semblent confirmer un règne de quarante et un ans pour Artaxerxès, semble être à l’origine de l’abandon définitif de celle-ci.
Parmi les arguments avancés par ces auteurs, on
peut citer : Plutarque semble évoquer cette double opinion chez les historiens qui le précédèrent quand il parle de la lettre que Thémistocle écrivit au roi de Perse : "D’après le récit de Thucydide et de Charon de Lampsaque, Xerxès était mort, et ce fut son fils que Thémistocle rencontra, mais d’après Éphore, Deinon, Cleitarchos, Héraclide et bien d’autres encore, il rencontra Xerxès lui-même. Les tables chronologiques confirment plutôt, semble-t-il, la version de Thucydide, mais elles ne sont pas très sûres, elles non plus"[91]. Plutarque ne précise pas si le désaccord porte sur la date de cet événement ou sur la durée de règne de Xerxès. S’il s’agit de la durée du règne de Xerxès, cela montre que cette polémique est très ancienne. Charon est contemporain de Xerxès et Thucydide est de la seconde moitié du Ve siècle avant notre ère. Les autres auteurs cités par Plutarque sont tous du IVe siècle avant notre ère et donc plus loin des événements. Cornélius Népos préfère s’en tenir à l’autorité de Thucydide en ces termes : "Je sais que la plupart des historiens ont écrit que Thémistocle passa en Asie sous le règne de Xerxès ; mais j’en crois préférablement Thucydide, parce qu’il vivait à l’époque la plus rapprochée de ceux qui ont laissé l’histoire de ces temps-là, et qu’il était de la même ville"[92]. L’indication de Thucydide selon laquelle Thémistocle écrivit une lettre à Artaxerxès qui venait de monter sur le trône est précieuse. Cependant, elle n’est utile pour reconstituer la chronologie grecque de cette période que dans la mesure où la date de l’avènement d’Artaxerxès est connue avec certitude. Il faut donc établir une chronologie grecque indépendante en ne tenant pas compte de la date de l’avènement d’Artaxerxès. En suivant cette démarche, on verra les récits des auteurs grecs s’harmoniser et les prétendues incohérences disparaître.
IV- Chronologie des années 478 à 466 :IV.1- Trahison de Pausanias et transfert de l’hégémonie :Selon Thucydide, Pausanias, qui venait de conquérir Byzance, nouait "des intrigues avec le Roi […] dans son ambition d'établir son pouvoir sur les Grecs. Voici le premier service qu'il rendit au Roi et l'origine de toute l'affaire. Lors de sa première expédition, après sa retraite de Chypre, Pausanias s'était emparé de Byzance ; c'était une ville que tenaient les Mèdes ; des parents et des alliés du Roi y furent faits prisonniers. Il les renvoya au Roi, à l'insu des alliés, en déclarant qu'ils s'étaient enfuis. Il avait agi avec la complicité de Gongylos d'Erétrie à qui il avait remis le gouvernement de Byzance et la garde des prisonniers. Bien plus il envoya Gongylos porteur d'une lettre à l'adresse du Grand Roi"[93].
Dans cette lettre, Pausanias demande au roi la
main de sa fille et lui promet de lui soumettre toute
"Au reçu de cette lettre, Pausanias, qui était déjà en haute
considération auprès des Grecs, en raison de son commandement à Platée,
s'enorgueillit encore davantage. Incapable désormais de suivre les coutumes
établies, il sortit de Byzance vêtu à la perse et, dans sa traversée de Cette conduite associée à la violence de Pausanias provoqua l’irritation chez les alliés et "particulièrement les Ioniens et tous ceux qui venaient de s'affranchir de la domination du Roi. Ils allèrent trouver les Athéniens, auxquels ils proposèrent de se mettre à leur tête, en raison de leur communauté d'origine […] Les Athéniens accueillirent cette demande et prirent leurs dispositions pour parer à cette éventualité et adopter les mesures qui leur paraîtraient les meilleures. C'est alors que les Lacédémoniens rappelèrent Pausanias pour le mettre en jugement au sujet des faits dont ils avaient été informés […] Il fut rappelé précisément au moment où les alliés, à l'exception des soldats du Péloponnèse, passaient en haine de sa personne du côté des Athéniens". Ce synchronisme implique que les Spartiates furent au courant du rejet de leur hégémonie dès l’arrivée de Pausanias à Sparte. "Par la suite les Lacédémoniens ne lui accordèrent plus de commandement ; ils envoyèrent Dorkis et quelques autres avec des troupes peu nombreuses"[96]. "Les alliés leur refusèrent le commandement en chef, aussi Dorkis et les autres revinrent-ils chez eux. Les Lacédémoniens n'expédièrent plus personne, dans la crainte de voir leurs envoyés se corrompre hors du pays, comme c'était arrivé avec Pausanias. D'ailleurs ils désiraient en finir avec la guerre contre le Mède, estimaient que les Athéniens étaient en état de la conduire et, pour l'instant, les deux peuples entretenaient de bonnes relations"[97]. Cet événement capital nécessita un nouveau congrès des Hellènes qui se tint à Délos pour fixer les contributions de chacun des alliés continuant la guerre. Alors, d’après Thucydide, "fut institué à Athènes le collège des hellénotames, nouveaux magistrats chargés de percevoir le tribut ou phoros, ... Le montant de ce tribut fut à l’origine fixé à quatre cent soixante talents. Le trésor de la ligue fut déposer à Délos et les congrès alliés se tinrent dans le sanctuaire"[98]. Les partisans d’une solution courte situent le remplacement de Pausanias par Dorkis vers la fin de l’été et font valoir que le renoncement de Sparte était la condition d’une réorganisation de la ligue par Athènes[99]. Delorme situe cet événement au début de l’hiver mettant en avant la difficulté de faire tenir tant d’événements dans les six mois du printemps et de l’été[100]. D’autres situent la nomination de Dorkis au printemps suivant. Le fait que Dorkis fut envoyé avec des forces peu nombreuses semble indiquer que les contingents péloponnésiens étaient restés sur place jusqu’à son arrivée. Les Spartiates pensaient donc probablement avoir une chance de retourner la situation en leur faveur et, dans ce cas, il leur fallait agir au plus vite avant l’arrivée du printemps. Aristote relate qu’Aristide "imposa aux villes alliées les premiers tributs, deux ans après la bataille de Salamine, sous l'archontat de Timosthénès ; et il fit prêter aux Ioniens le serment que désormais amis et ennemis seraient communs, en foi de quoi on jeta dans la mer des masses de fer rougies"[101]. Les archontes étant à cette époque élus en hiver, cela signifie que tous ces événements se sont produits durant l’année 478. Cela fait beaucoup d’événements pour une seule année mais il faut tenir compte du fait que l’année athénienne pouvait déborder largement sur le mois de janvier. Le choix de faire débuter les années archontiques en été permet de repousser cet événement jusqu’au début de l’été 477. Les tenants de l’hypothèse suivie par Badian affirment que l’échange de lettres n’a pu se produire durant le premier séjour de Pausanias à Byzance faute de temps et qu’il faut donc le reporter au second. Toutefois, Byzance a pu être prise avant la fin de l’été ce qui a pu laisser quelques mois pour le séjour de Pausanias à Byzance. Etant donné l’efficacité du système de communication de l’empire perse tel que le décrit Hérodote[102], cela est amplement suffisant pour l’échange de lettres et pour que les échos de la conduite de Pausanias, suite à la réponse favorable de Xerxès, parviennent jusqu’à Sparte. Dans le récit qu’il date de l’archontat d’Adeimantos (477), Diodore relate trois faits distincts : l’aménagement du Pirée en port de guerre ; l’expédition de Pausanias, sa trahison et sa mort ; la perte de l’hégémonie de Sparte au profit d’Athènes et la réunion d’un congrès à Délos afin de fixer les contributions de chacun des membres de la nouvelle alliance[103]. Thucydide dit que "Thémistocle persuada aussi les Athéniens de terminer les fortifications du Pirée, qu’on avait commencé à élever l’année de son archontat", c’est-à-dire en 493[104]. Il semble donc que Diodore avait en vue l’achèvement des travaux. Concernant le transfert de l’hégémonie et le congrès de Délos, les faits se sont produits durant l’année 478 et Athènes dirigeât effectivement les alliés lors de la campagne de l’année 477. La date assignée par Diodore se rapporte également au dernier événement mentionné. Si cette déduction sur la méthode de Diodore s’avère exacte, cela signifie qu’il faut situer la mort de Pausanias cette année là également. Il existe un énorme désaccord sur cet événement qui est situé à des dates aussi diverses que 477[105], 471[106] et 467/466[107].
IV.2- La durée du second séjour de Pausanias et sa mort :Pausanias retourna à Byzance, sans l’autorisation de son gouvernement, dans l’espoir de renouer contact avec Xerxès. D’après Thucydide, "quand il fut parti pour la seconde fois sans leur aveu avec un navire d'Hermionè, il ne fut plus possible de douter de ses desseins. Contraint par les Athéniens de sortir de Byzance, il ne revint pas à Sparte ; il s'établit à Kolônes en Troade ; on apprit alors qu'il intriguait avec les Barbares et que son retard n'était pas explicable par de bonnes intentions. Les Lacédémoniens n'en purent supporter davantage et lui dépêchèrent un héraut porteur d'un message sur scytale lui enjoignant de suivre le héraut, sinon les Spartiates lui déclareraient la guerre. Pausanias voulant éviter le plus possible la suspicion et confiant dans ses richesses pour dissiper l'accusation, revint une seconde fois à Sparte. D'abord les éphores le firent jeter en prison ; car ils ont le droit de condamner le Roi à cette peine ; puis il obtint sa liberté et s'offrit à comparaître en jugement devant ses accusateurs"[108]. A Kolônes, Pausanias épousa la fille de Mégabatès, selon Hérodote[109]. Le texte de Thucydide donne l’impression que ce séjour a été court mais il ne donne aucune indication sur sa durée. Il existe donc un énorme désaccord sur sa datation qui va selon les auteurs de 477 à 471/470. Delorme, partisan d’un séjour court, suggère que Pausanias s’empara de Byzance au moment où les alliés étaient occupés à assiéger Eïon et donc que les Athéniens l’en expulsèrent qu’après la chute de cette place[110]. Etant donné qu’il situe la prise d’Eïon dans la première moitié de l’année 476, il faudrait placer l’expulsion de Pausanias et son séjour à Colonaï cette année là. Il situe également le second rappel à Sparte en 476, les Spartiates ne pouvant tolérer trop longtemps les intrigues de Pausanias. On évoque à l’encontre des partisans d’un séjour encore plus court la prise de Byzance, alors aux mains de Pausanias, par Cimon, histoire populaire parmi les écrivains tardifs et relatée par Plutarque[111], et l’affirmation de Thucydide selon laquelle la prise d’Eïon fut la première opération de la nouvelle ligue. Ce qui ne permettrait pas de placer cette prise de Byzance avant celle d’Eïon qui est datée de 477. Cependant, Thucydide qui est plus proche des événements, dit simplement que les Athéniens expulsèrent Pausanias de Byzance par la force. De plus, Pausanias ne disposait pas d’une armée puisqu’on ne lui rendit pas son commandement. Tout au plus disposait-il d’une petite troupe rémunérée grâce aux subsides de Xerxès. Il n’aurait donc certainement pas pu s’emparer de Byzance et défendre la ville contre Athènes et ses alliés. Rien n’interdit donc de placer le second rappel de Pausanias dans l’année 477. Pausanias, lors de son procès, eut à répondre des accusations de médisme et de s’être écarté des coutumes établies. Il fut également accusé de vouloir pousser les Hilotes à se soulever. Mais les Spartiates, selon leur tradition ne condamnaient pas un des leurs sans preuve irréfutable. Finalement, un accusateur se présenta avec une lettre que Pausanias avait écrite pour le roi de Perse. Cet homme qui devait remettre la lettre au roi de Perse, constatant qu’aucun de ceux qui l’avaient précédé n’était revenu, ouvrit celle-ci et vit qu’on recommandait de le mettre à mort. Il confondit donc Pausanias au cours d’une entrevue où les éphores furent secrètement présents ; ce qui ne laissa plus aucun doute sur sa culpabilité. Pausanias se réfugia dans un temple, puis, cerné, y mourut de faim[112]. Diodore relate l’histoire de Pausanias en donnant comme date l’archontat d’Adeimantos (477). On a vu plus haut que l’année indiquée est relative à la fin du récit. Pausanias serait donc mort cette année là. Si l’on en croie White, les Spartiates atteignaient la majorité politique à vingt ans[113]. Pleistoanax, l’aîné de ses trois fils, était encore trop jeune à la bataille de Tanagra pour exercer lui-même le commandement[114]. Mais il avait l’âge requis en 446 lors de l’offensive lacédémonienne en Attique[115]. Cela situerait la mort de Pausanias au plus tôt en 475. Cette date extrême est obtenue en estimant que les trois fils de Pausanias sont nés à un an d’intervalle et que Pleistoanax est né au mieux en 478. Mais d’une part, la date de Diodore pour la bataille de Tanagra (458) est incertaine. D’autre part, Cawkwell conteste le point de vue sur l’âge de la majorité à Sparte et s’il a raison, l’âge des fils de Pausanias n’a aucune portée sur la date de sa mort[116].
IV.3- Ostracisme et exil de Thémistocle :Thémistocle fut archonte durant l’année 493 et comprit le besoin d’augmenter fortement la puissance maritime d’Athènes. Il fit donc construire de nombreux navires et un nouveau port de guerre et de commerce au Pirée. Ces mesures permirent aux Grecs coalisés de vaincre la flotte perse à Salamine en 480. Thémistocle conçut également le projet de reconstruire les murailles d’Athènes qui venaient d’être ravagées par l’armée de Xerxès. Sa ruse permit de mettre Sparte, qui se méfiait de la puissance athénienne grandissante, sur le fait accompli[117]. Le prestige et l’ambition de Thémistocle étaient tels que ses ennemis le présentèrent comme un danger pour les institutions républicaines. Malgré les éminents services qu’il avait rendus à sa patrie, ils eurent donc recours à l’ostracisme qui le tenait pour quelques années éloigné des affaires publiques, sans le priver de son titre et de ses droits de citoyen. L’ostracisme de Thémistocle est généralement daté entre 474/473[118] et 471/470[119]. Diodore place son récit sous l’archontat de Praxiergos (471)[120]. Toutefois, cette date ne s’applique pas au récit dans son ensemble car les faits énoncés se sont accomplis sur plusieurs années. La date avancée par Diodore est prise par les tenants d’un long séjour de Thémistocle en Asie comme celle de son exil tandis que les tenants d’un séjour long de Pausanias à Byzance y voient celle de son ostracisme. Cette dernière datation est contredite par le témoignage positif suivant. D’après Plutarque, Périclès débuta sur la scène politique "Aristide étant mort, Thémistocle en exil, et Cimon presque toujours occupé à des expéditions militaires hors de Grèce"[121]. Un peu plus loin il ajoute que "Périclès tint le premier rang de la république pendant quarante ans". Or, comme Périclès mourut en 429, il s’ensuit que sa suprématie sur la république a commencé en 469. Comme d’après Cornélius Népos, Aristide mourut environ quatre ans après l’ostracisme de Thémistocle[122], il faudrait placer celui-ci en 473 au plus tard. Et bien plus tôt si l’on tient compte du fait qu’il soit extrêmement improbable que Périclès obtint le premier rang dès son apparition à l’assemblée. La chorégie de Thémistocle, qui est évidemment antérieure à son ostracisme, eut lieu selon Plutarque, qui se réfère à l’inscription rédigée pour la circonstance, sous l’archontat d’Adeimantos (477) et permet donc d’en fixer la limite haute[123]. Selon Aristote, l’archonte choisissait des chorèges pour les Dionysies et pour les Thargélies[124]. Ces fêtes se tenaient respectivement durant les mois d’élaphébolion (mars/avril) et de thargélion (mai/juin). Plutarque indique que Pausanias, voyant Thémistocle "chassé de la cité et plein d’amertume, s’enhardit et le pria de s’associer à son entreprise"[125]. L’ostracisme de Thémistocle doit donc être daté entre 477 et 473 et il est antérieur à la mort de Pausanias. D’après Thucydide, après la mort de Pausanias, "une ambassade lacédémonienne vint accuser, devant les Athéniens, Thémistocle du même crime de médisme que Pausanias. Les Lacédémoniens disaient en avoir trouvé les preuves au cours de l'enquête menée sur Pausanias il fallait donc que Thémistocle fût puni d'une manière identique. Celui-ci avait subi l'ostracisme et résidait à Argos, tout en faisant des séjours dans le reste du Péloponnèse. Les Athéniens firent droit à la demande des Lacédémoniens et envoyèrent, de concert avec les gens chargés de cette mission, des hommes pour se saisir de Thémistocle en quelque lieu qu'ils le trouvassent"[126]. Diodore et Plutarque précisent que Thémistocle présenta sa défense par écrit[127]. Le délai entre la mort de Pausanias et l’accusation de Thémistocle n’a pu être que très court puisque toute attente aurait éveillé la suspicion chez les Athéniens. En effet, si les Spartiates détenaient des preuves de la culpabilité de Thémistocle, pourquoi auraient-ils attendu pour les présenter aux Athéniens ? "Thémistocle, informé à temps, quitta le Péloponnèse pour se réfugier chez les Corcyréens, dont il avait reçu le titre d'évergète. Mais ceux-ci prétextèrent qu'en le gardant ils s'attireraient l'inimitié des Lacédémoniens et des Athéniens. Aussi le firent-ils passer sur le continent en face de leur île"[128]. La première lettre à Polygnote (lettre III) indique qu’il a été informé par un messager venu expressément d’Athènes après les délibérations de l’assemblée le concernant. Les détails de son parcours sont connus grâce à la seconde lettre à Polygnote (lettre XX) qui relate qu’en quittant Argos, Thémistocle se dirigea vers Cyllène, ville maritime de l’Elide, située en face de Zacynthe et de Céphalonie et qu’il y loua un vaisseau pour se rendre à Corcyre. Cette même lettre indique ensuite qu’il désira se réfugier auprès de Gélon de Syracuse, mais la nouvelle de la mort de ce dernier mit fin à ce projet. Ce détail chronologique est d’une importance capitale car Gélon est mort en 476. D’après Aristote, "La tyrannie de Gélon et celle d’Hiéron ne furent pas longues, et ne durèrent ensemble que dix-huit ans ; Gélon a gouverné Syracuse, comme tyran, pendant sept années, et il est mort pendant la huitième de son règne. Hiéron a occupé le trône dix ans, et Thrasybule a été renversé dans le onzième mois de son avènement au pouvoir"[129]. Diodore, quant à lui, attribue onze ans de règne à Hiéron dans un passage, et, dans un autre, onze ans et huit mois[130]. Il situe la mort de Gélon sous l’archontat de Timosthénès (478), celle d’Hiéron sous l’archontat de Lisistrate (467)[131] et l’expulsion de Thrasybule par les Syracusains sous l’archontat de Lysanias (466)[132]. Si l’on suit la donnée d’Aristote, Gélon est bien mort durant l’année 476 et pas en 478 comme l’indique Diodore. Le fait que les dates de règnes fournies par Diodore soient souvent erronées ne joue pas en sa faveur[133], d’autant plus que le témoignage d’Aristote est soutenu par ceux du scholiaste de Pindare[134] et de la chronique d’Eusèbe[135], qui placent tous deux le commencement du règne d’Hiéron dans la soixante-seizième olympiade (été 476 – été 475). Ce fait positif permet de dater la mort de Pausanias et l’ostracisme de Thémistocle au plus tard en 476.
Plutarque parle de l’ovation que reçut
Thémistocle lors des premiers jeux olympiques qui suivirent l’invasion de
Xerxès, c’est-à-dire ceux de l’été 476, en ces termes : "Thémistocle ayant
paru dans le stade, les spectateurs, oubliant les combattants, eurent toute
la journée les yeux fixés sur lui ; ils le montraient aux étrangers, ils
battaient des mains, et ne pouvaient assez lui témoigner toute leur
admiration. Thémistocle, hors de lui-même, avoua à ses amis que ce jour seul
le payait de tout ce qu'il avait souffert pour Selon Aristote, la question de savoir si l’on appliquerait l’ostracisme ou pas était votée lors de la première séance de l’assemblée de la sixième prytanie[137]. Philocorus dit qu’on appliquait cette peine avant la huitième prytanie[138]. Cette institution fut appliquée de 488 à 417 et étant donné que le commencement de l’année a été déplacé entre temps, la question se pose de savoir si l’ostracisme à toujours eut lieu à la même époque de l’année ou s’il est resté dans la même prytanie. Il semble plus probable qu’il eut toujours lieu à la même époque de l’année car ce changement effectué pour des raisons pratiques ne nécessitait pas de bouleverser le calendrier des événements politiques de la cité. L’ostracisme de Thémistocle date donc du printemps 476. Après avoir quitté Corcyre, Thémistocle s’enfuit chez Admète, roi des Molosses, peuple de l’Epire. Enfin en sécurité, il aurait prit des dispositions pour s’occuper de sa famille et pour sauvegarder autant que possible sa fortune d’après Plutarque qui cite Stésimbrote[139]. "Peu de temps après les Lacédémoniens et les Athéniens arrivèrent et, malgré leur insistance, Admète se refusa à livrer Thémistocle. Comme celui-ci avait manifesté son désir de se rendre auprès du Roi, il le fit conduire par terre jusqu'à Pydna, ville d'Alexandre située sur l'autre mer. Là Thémistocle trouva un vaisseau marchand qui se rendait en Ionie ; il y prit place. Mais la tempête poussa le navire dans la direction du camp des Athéniens, qui assiégeaient Naxos. Craignant d'être pris, il révéla au patron du navire son identité ignorée jusque-là et lui dit les raisons de son exil. Au cas où l'autre le livrerait, ajouta-t-il, il dirait qu'il s'était laissé acheter pour le conduire. La sécurité exigeait que nul ne sortît du navire, jusqu'à ce qu'on pût reprendre la mer. S'il y consentait, Thémistocle n'oublierait pas ce bienfait et le récompenserait dignement. Le patron s'exécuta, mouilla au large un jour et une nuit, au-dessus du camp athénien, puis atteignit Ephèse. Thémistocle, pour montrer sa gratitude, lui donna une somme d'argent, car il en reçut d'Athènes par l'entremise de ses amis et d'Argos où il en avait déposé. Un Perse de la côte le conduisit dans le haut pays ; de là il adressa au Roi Artaxerxès, fils de Xerxès, qui venait de monter sur le trône, une lettre"[140]. Thucydide connecte la traversée de la mer Egée avec la révolte de Naxos qu’il situe par ailleurs entre la prise de l’île de Skyros (476) et la bataille de l’Eurymédon (470 selon Diodore)[141]. La datation du siège de Naxos en 475 concorde avec ces dates et avec le récit de Thucydide. La fuite de Thémitocle jusqu’en Perse fut sans aucun doute rapide et n’a pu excéder quelques mois. Il passa donc l’hiver chez Admète et s’embarqua pour l’Asie au printemps de l’année 475.
Dans sa seconde lettre à Polygnote (lettre XX), Thémistocle dit
qu’arrivé à Ephèse, il s’est adressé aux gens préposés par Artabaze à la
garde de D’après la lettre à Léagre (lettre VIII), Thémistocle écrivit sa lettre à Ephèse et se mit en route immédiatement dès qu’il reçut une réponse favorable du roi. Il s’agit de l’unique point de désaccord avec le récit de Thucydide qui explique qu’il monta d’abord vers l’intérieur du pays avant d’écrire au roi. Il présenta sa défense devant Artaxerxès l’année suivante après s’être initié à la langue et aux coutumes des Perses.
Cicéron donne une indication
chronologique très intéressante. Il dit : "Qui eut en Grèce, plus de
gloire que Thémistocle ? Qui fut plus puissant que lui ? Comme général, il
sauva IV.4- La mort de Thémistocle :La date avancée par Diodore semble être celle de la mort de Thémistocle. Il dit en effet : "Nous assistons à la mort du plus grand des Grecs", ce qui veut dire qu’il raconte sa fin. Thucydide indique que Thémistocle mourut de maladie mais que la rumeur de son suicide était déjà répandue à son époque[147].
Plutarque raconte la mort de Thémistocle au moment où le roi était occupé
par les problèmes intérieurs de son pays et d’une campagne de Cimon contre
Chypre et l’Egypte[148].
Il se serait suicidé pour ne pas remplir sa promesse de prendre parti contre Un autre passage de Plutarque pose également problème. Au commencement de la biographie de Thémistocle, il relate que la victoire de Miltiade à Marathon produisit sur lui la plus grande impression et qu’il était un jeune homme à l’époque. Cependant, Thémistocle et Aristide sont toujours présentés comme étant du même âge, y compris par Plutarque lui-même qui n’est pas à une contradiction près[150]. Elien précise qu’ils "eurent les mêmes tuteurs, furent élevés ensemble, et instruits par le même maître"[151]. Plutarque permet de déterminer approximativement l’âge d’Aristide quand il dit qu’il s’était rangé dans le parti politique de Clisthène[152]. Les réformes de Clisthène remontent à l’archontat d’Isagoras (508)[153] et Aristide, pour prendre part aux affaires politiques, devait avoir au moins vingt ans. Il avait donc largement dépassé la quarantaine à la bataille de Marathon. Cela s’accorde avec Elien qui rapporte que Thémistocle, revenant de l’école, rencontra le tyran Pisistrate, et, lorsque son pédagogue lui commandait de se ranger pour le laisser passer, l’enfant répondit : "Est-ce qu’il ne reste pas assez de place pour lui ?"[154]. On sait que Pisistrate mourut sous l’archontat de Philonéos (527)[155]. Cela signifie que Thémistocle naquit au moins quelques années avant cette date et qu’il avait donc largement dépassé, lui aussi, la quarantaine lors de la bataille de Marathon. Le philosophe Jouncos, cité par Stobée, appuie ce témoignage en disant que Thémistocle était déjà âgé lorsqu’il prit la tête des forces athéniennes lors des guerres médiques[156].
Table 5. Récapitulatif des événements concernant Pausanias et Thémistocle.
Thémistocle étant mort vers 471, sa naissance remonterait aux années 538-536. Cela s’accorde tout à fait avec les données qui viennent d’être examinées. S’il était mort vers 450, sa naissance remonterait aux années 517-515. Non seulement, il n’aurait pas pu rencontrer Pisistrate, mais il n’aurait pas pu être du même âge qu’Aristide. La date indiquée par Diodore est sinon exacte du moins très proche de la réalité.
IV.5- Le séisme à Sparte et la révolte de Thasos :On a déjà évoqué le tremblement de terre à Sparte qui date du début de l’hiver 469/468[157]. Thucydide parle également de ce tremblement de terre en rapport avec la révolte de Thasos : "Après quelques défaites les Thasiens assiégés firent appel aux Lacédémoniens ; ils les supplièrent de venir à leur aide en envahissant l'Attique. Les Lacédémoniens promirent du secours, à l'insu des Athéniens, mais ils tardèrent à l'envoyer et furent empêchés par le séisme qui se produisit. C'est alors que les Hilotes et, parmi les Périèques, ceux de Thouria et d'Aethrea se révoltèrent et se réfugièrent au Mont Ithôme. […] Les Lacédémoniens firent la guerre contre ces réfugiés du Mont Ithôme. Les Thasiens étaient assiégés depuis plus de deux ans, quand ils signèrent une convention avec les Athéniens. Ils s'engageaient à détruire leurs murailles, à livrer des vaisseaux, à fournir immédiatement tout l'argent qu'on leur demandait, à payer tribut à l'avenir et à abandonner le continent et les mines"[158]. On peut déduire de ce passage que la révolte de Thasos précède de peu le séisme. Cette indication incite ceux qui placent le siège de Naxos et la bataille de l’Eurymédon en 466 à rejeter la date de Diodore, qui semble contredire le récit de Thucydide, et donc à dater le séisme en 464. Ils s’appuient aussi sur Diodore qui date la fin de la révolte de Thasos de l’archontat d’Archidémide (464), date qui contredit donc celle que le même auteur donne pour le tremblement de terre[159]. Diodore situerait par ailleurs la capitulation des hilotes sous l’archontat de Callias (456)[160] ce qui contredirait également la date donnée du séisme et la durée de dix ans pour cette guerre (de 469 à 460), durée confirmée par Thucydide[161]. Diodore parle de cette capitulation à l’occasion de l’installation des révoltés à Naupacte et il dit ensuite que c’est "à cette époque là" que les Lacédémoniens venaient de vaincre leurs adversaires. Mais il a pu s’écouler quelques temps entre les deux événements et la date de 460 pour la capitulation peut donc convenir. Badian accepte la date bien attestée du tremblement de terre et critique la tradition fondamentaliste qui accorde une trop grande confiance en Thucydide. Il suppose en effet que Thucydide a travesti la réalité concernant l'affaire de Thasos pour soutenir que Sparte était responsable du futur conflit. Selon cet auteur, la promesse de Sparte d'intervenir en faveur de Thasos serait une invention de Thucydide[162]. Ainsi il peut dater la révolte de Thasos 465/464 sans remettre en cause ses dates pour la bataille de l’Eurymédon (466) et le siège de Naxos (467-465). Les Thasiens ont probablement choisi la fin de l’automne pour montrer ouvertement leur révolte, ce qui leur laissait tout l’hiver pour se préparer à affronter Athènes. Ils auraient donc fait sécession vers la fin de l’automne 470 et Athènes aurait envoyé une flotte au printemps suivant. Après quelques défaites et donc probablement durant l’été 469, commença le siège de Thasos. La cité demanda du secours à Sparte qui promit d’intervenir mais le tremblement de terre qui se produisit au début de l’hiver 469/468 l’en empêcha. La cité capitula donc probablement durant l’hiver 467/466 après un siège de plus de deux ans.
IV.6- Les campagnes de Cimon :Les forces perses isolées en Europe par la prise de Sestos (hiver 479/478) et de Byzance (478) s’enfermèrent dans Eïon et Doriskos, deux places fortes situées en Thrace, et attendirent l’ennemi. Après avoir reçu l’hégémonie, "sous la conduite de Cimon, fils de Miltiade, les Athéniens assiégèrent et prirent Eiôn, à l'embouchure du Strymôn, ville occupée par les Mèdes et réduisirent en esclavage la population ; les habitants de Skyros, île de la mer Égée, qu'habitaient les Dolopes, eurent le même sort et les Athéniens y installèrent une colonie. Ils firent la guerre aux Karystiens, sans qu’intervint le reste de l'Eubée, finalement conclurent un accord. Les habitants de Naxos, qui voulaient quitter la ligue, eurent à subir une guerre et par un siège furent mis à la raison. Ce fut la première ville alliée qui perdit la liberté, contrairement aux conventions fédérales ; chacune des autres par la suite subit le même sort"[163]. La campagne de Cimon contre Eïon débuta au printemps 477. Une colonie fut installée dans cette cité et un passage du scholiaste d’Eschine (2.31) indique que les colons furent défaits par les Thraces et périrent sous l’archontat de Phédon (476). L’installation des colons eut certainement lieu au printemps de cette même année. Plutarque place la prise de Skyros sous ce même archonte[164]. La date de la guerre contre Karistos, ville du sud de l’Eubée, n’est pas connue et la formulation de Thucydide indique qu’elle fut parallèle ou consécutive à la prise de Skyros. La traversée de la mer Egée par Thémistocle lors de sa fuite en Perse date du printemps 475 et permet de dater le siège de Naxos de cette année. Selon Thucydide, après les campagnes d’Eïon, de Skyros et de Naxos "eurent lieu, à l'embouchure du fleuve Eurymédôn, en Pamphylie, un combat sur terre et un combat sur mer, entre les Athéniens et leurs alliés et les Mèdes. Les Athéniens sous le commandement de Cimon, fils de Miltiade, remportèrent le même jour une double victoire, s'emparèrent des trières phéniciennes et en détruisirent deux cents"[165]. Diodore place la victoire de l’Eurymédon dans un récit daté de l’archontat de Démotion (470)[166]. Son récit englobe la prise d’Eïon et celle de Skyros qu’il semble placer la même année. La bataille de l’Eurymédon a été fixée selon les auteurs à des dates aussi extrêmes que 476[167] et 462[168], mais elle est généralement située entre 470 et 466.
Thucydide indique également que la révolte de
Thasos se produisit "quelques temps après" la bataille de l’Eurymédon[169].
Cette bataille précède donc le séisme qui date du début de l’hiver au
469/468 et doit donc être datée au plus tard en 470. Le fait que Diodore
regroupe cette bataille avec les prises d’Eïon (477) et de Skyros (476)
semble montrer qu’elles sont relativement proches dans le temps. Le silence
de Thucydide sur les événements qui se produisirent en le siège de Naxos et
la bataille de l’Eurymédon va également dans ce sens. Plutarque évoque la
période suivant la prise de Skyros en relatant que Cimon n’accorda aucun
répit au Grand Roi, "il ravageait et saccageait certaines de ses
possessions, il en détachait d’autres et les annexait aux Grecs. Il parvint
ainsi à libérer entièrement l’Asie de l’Ionie à
IV.7- Révoltes égyptiennes et expéditions athéniennes :Diodore place l’insurrection des Egyptiens, à l’instigation d’Inarus et appuyée par Athènes, sous l’archontat de Tlépolème (463)[171]. Thucydide la situe après la bataille de l’Eurymédon et le siège de Thasos et donc vers la même période que Diodore[172]. Les deux auteurs ne semblent pas s’accorder sur la durée de la campagne athénienne en Egypte car Thucydide affirme qu’elle dura six ans alors que Diodore conclue son récit sous l’archontat de Phrasicléidès (460) et semble donc lui attribuer trois ou quatre années[173]. Cependant, Diodore précise que la révolte de l’Egypte fut la conséquence immédiate de la mort de Xerxès. Elle débuta donc, selon lui, sous l’archontat de Lysithée (465) sous lequel Diodore situe la mort de celui-ci et dura donc cinq ou six ans[174]. La remarque de Diodore selon laquelle la révolte d’Inarus est la conséquence de la mort de Xerxès pose problème si Xerxès est mort en 475. Cependant, il s’agit peut-être d’une déduction qui lui est propre du fait qu’il situe l’avènement d’Artaxerxès en 465. Ou bien, il y eut réellement des troubles en Egypte une dizaine d’années plus tôt et Diodore les aurait amalgamés avec la révolte d’Inarus.
Platon, qui est né une quarantaine d’années après
les événements, semble faire référence à une précédente expédition
athénienne en Egypte pour soutenir une rébellion : "Nous avons donc le
devoir de rappeler aussi ceux qui complétèrent les exploits de leurs
prédécesseurs, et achevèrent l’œuvre de salut en purgeant et en débarrassant
la mer de toute la gent barbare. C’étaient les combattants sur mer de
l’Eurymédon, les soldats qui firent campagne contre Chypre, ceux qui
cinglèrent vers l’Egypte et vers bien d’autres contrées. Il faut rappeler
leur souvenir, et leur savoir gré d’avoir obligé
On pense généralement que la campagne contre
Chypre est celle de 450-449, mais la façon dont Platon présente les
événements montre que ce n’est pas le cas. Il poursuit : "C’est ainsi que
notre cité tout entière vint à bout de cette guerre, soutenue contre les
Barbares pour son propre salut et pour celui des autres peuples de même
langue. Mais la paix une fois faite, alors que notre cité était dans sa
gloire, elle essuya le sort que les hommes se plaisent à infliger au
succès : d’abord la rivalité ; puis, à la suite de la rivalité, l’envie ; et
c’est ainsi que notre cité fut malgré elle mise en guerre avec Table 6. Récapitulatif des opérations militaires.
Les scholiastes d’Aristophane, en interprétant ces paroles, "Est-ce que l’alliance avec les Egyptiens ne te regarde pas ?", disent qu’il est question du corps auxiliaire que les Athéniens avaient envoyé en Egypte du temps de la révolte de ce pays contre Xerxès[176]. Il semble s’agir d’une erreur puisqu’il n’y eu pas d’expédition athénienne en Egypte sous Xerxès. En fait, il s’agirait d’une première expédition sous le règne d’Artaxerxès mais l’attribution de vingt et un an de règne à Xerxès les aura fait dater cette expédition sous ce roi. Du fait qu’il attribue vingt et un ans de règne à Xerxès, plaçant ainsi l’avènement d’Artaxerxès en 465, Diodore a donc amalgamé ces deux expéditions distinctes. Thucydide ne mentionne pas une première expédition en Egypte mais son récit est condensé et il ne relate que les événements principaux de la montée en puissance d’Athènes. Pour preuve, il ne mentionne pas non plus la paix qui survint après cette victoire qui, d’après Plutarque, est tant mentionnée dans les histoires anciennes[177]. V- Conclusion :
C’est le choix de l’année 465 pour l’avènement
d’Artaxerxès qui est la cause de tant de difficultés et de désaccords entre
les historiens. L’acceptation de l’ordre des faits transmis par Thucydide et
par les lettres de Thémistocle permettent en effet de résoudre les
difficultés chronologiques de la première partie de La datation des événements de la vie de Thémistocle, et par conséquent ceux de la vie de Pausanias, sont étroitement liés au choix de la date de l’avènement au trône d’Artaxerxès. Etant donné que cet avènement est daté dix ans plus tard qu’il ne faudrait, les événements ont du être artificiellement étirés dans le temps causant des difficultés parfois insurmontables qui ont conduit à s’appuyer sur des argumentations peu solides et parfois sur des témoignages douteux. Delorme, parlant des tenants de l’hypothèse adverse, explique que "faute de pouvoir déplacer l’avènement d’Artaxerxès, on rabaisse la date de l’arrivée à Ephèse"[178]. Inconsciemment, il touche au cœur du problème, la date de l’avènement d’Artaxerxès, mais il n’a pas compris que la date actuellement acceptée est erronée. Le déplacement de la date de l’avènement d’Artaxerxès, que l’on peut situer entre les Ve et IVe siècles avant notre ère grâce au témoignage de Plutarque, a causé une grande confusion chez les auteurs grecs qui ont raconté l’histoire de cette période[179]. Du fait que la bataille de l’Eurymédon (entre 474 et 470) ne se trouvait plus située sous le règne d’Artaxerxès, certains ont confondu celle-ci avec la seconde expédition similaire de Cimon un vingtaine d’années plus tard (vers 450). La double chronologie de la vie de Thémistocle que nous transmet Plutarque est un exemple frappant de cette confusion chez les auteurs anciens[180]. L’une nous montre Thémistocle encore jeune lors de la bataille de Marathon (490) et situe sa mort durant la seconde expédition de Cimon (vers 450). L’autre le présente comme du même âge qu’Aristide et donc ayant la quarantaine passée au moment de la bataille de Marathon et situe sa mort peu avant la bataille de l’Eurymédon, première grande expédition de Cimon.
Table 7. Chronologie des années 480 à 466.
La paix de Callias est un autre exemple troublant. Suivant les auteurs antiques, elle est la conséquence de la première ou de la seconde expédition de Cimon. Cette confusion a poussé Badian formuler l’hypothèse d’un renouvellement de la paix de Callias après le seconde expédition pour concilier les différents témoignages. Enfin, les difficultés pour fixer la date du tremblement de terre à Sparte n’existent plus si Artaxerxès a commencé son règne en 475. En effet, il n’y a plus besoin de rejeter la date bien attestée de Diodore ou de mettre en cause l’honnêteté de Thucydide[181].
Emmanuel Bertin
Version révisée d’août 2006 [1] Thucydide, I, 118. [2] Aristote, Constitution d’Athènes, XXVII. [3] Thucydide, I, 89. [4] R. Bentley, Dissertations upon the epistles of Phalaris, Themistocles, Socrates, Euripides, and upon the fables of Aesop, 1836. [5] M. S. Koutorga, Examen de la dissertation de Bentley sur l’authenticité des lettres de Thémistocle, 1861. [6] Hérodote VIII, LI, 1. [7] Thucydide, II, 1-2. [8] Censorin, Livre du jour natal, XVIII. [9] Plutarque, Solon XXV.
[10]
Date incertaine soutenue par E.J. Bickerman, Chronology of the Ancient
World,
[11] Aristote, Constitution d’Athènes, XLIII, 2. [12] Thucydide, I, 89. [13] Plutarque, Aristide LI. [14] Thucydide, I, 94. [15] Thucydide, I, 137. [16] Thucydide, II, 2. [17] Diodore, XII, VII.
[18]
E. Badian, From
[19]
J. Delorme, Histoire des cinquante ans, commentaire sur
[20] Justin, Histoire Universelle, IX, I. [21] Badian, 1993, p. 87. [22] Thucydide, I, 137. [23] Thucydide, I, 98-100. [24] Plutarque, Thémistocle XXV, 2-3. [25] R. Flacelière, Sur quelques points obscurs de la vie de Thémistocle, Revue des études anciennes, 55 (1953), pp. 6-8. [26] F. J. Frost, CR 12, 1962, pp. 15-16. [27] J. Rougé, La marine dans l’Antiquité, Paris, 1977, pp. 28-29. [28] Thucydide, I, 137. [29] Delorme, 1992, p. 63. [30] Thucydide, I, 135. [31] Plutarque, Thémistocle XXIX, 3. [32] Thucydide, I, 138. [33] La question n‘est pas débattue dans l’ouvrage de A. E. Samuel qui fait autorité (Greek and Roman chronology : calendars and years in classical antiquity, Munich, 1972). [34] N. Fréret, Mémoires de l’Académie des inscriptions, XXVI, p. 163. [35] H. F. Clinton, Fasti Hellenici, conversi a Kruegero, Lips., 1830, pp. XVII-XXIII. [36] J. Scaligeri, De emendatione temporum, Genève, 1629, p. 41.
[37]
M. S. Koutorga, Recherches critiques sur l’Histoire de
[38] H. Dodwell, De veteribus Graecorum Romanrumque cyclis, Oxonii, 1701, III, 35. [39] O. Corsini, Fasti Attici, Florence, 1744, vol. I, p. 91. [40] P. H. Larcher, Hérodote, Chronologie, pp. 103, 543, 559. [41] R. F. Avienus, Phénomènes et pronostics d’Aratus. [42] Pélikidis adopte la première solution en plaçant deux archontes, Phaidon et Apséphion, dans la même année archontique (Dodone III, Fac. Philos. Univ. Ioanina, 1974, pp. 409-439). [43] Diodore, XII, LX-LXIV. [44] Thucydide, III, 94, III, 114 et IV, 3. [45] Diodore, XII, LXV-LXXI. [46] Thucydide, IV, 45 et IV, 53. [47] Diodore, XII, XLIII, 1. [48] Diodore, XII, XLI, 7. [49] Diodore, XI, I. [50] Hérodote, VII, 145. [51] Hérodote, VII, 37. [52] Denys d’Halicarnasse, IX, I. [53] Franz, Die Didaskalie zu Aechylus Septem contra Thebus, Berlin, 1848. [54] Géminos, Introduction aux phénomènes célestes (gallica.bnf.fr). [55] Censorinus, Sur le jour natal, XVIII. [56] Koutorga, 1864, part. I, chap. I. [57] Diogène Laërce, II, V, 44. [58] Diodore, XIV, XXXVII, 7. [59] Platon, Apologia Socratis, I. [60] Diodore, XI, LXV, 1. [61] Diodore XI, LXIX. [62] Plutarque, Cimon VIII, 8. [63] J. Haillet, Diodore de Sicile, Livre XI, 2001, p. 32. [64] Diodore, XI, XLVIII, 2 et XII, XXXV, 4. [65] Diodore, XII, XLII, 6. [66] Diodore, XII, XXXI, 1 et XII, XXXVI, 1. [67] Diodore, XI, LXXXV-LXXXVI ; Thucydide, I, 111-112. [68] Diodore, XI, LXXVII, LXXX ; Thucydide, I, 104,108-109. [69] Diodore, XII, XXX-XXXVI. [70] Thucydide, II, 2 et I, 61-65. [71] Thucydide, I, 56-60. [72] Thucydide I, 30-31. [73] Thucydide, II, 2 ; Diodore, XII, XXXVIII-XLI. [74] Diodore, XII, VII ; Thucydide, II, 2. [75] Diodore, XII, XXVII, 1 ; Thucydide, I, 115-117. [76] Diodore, XI, LXIII, 1. [77] Voir le chapitre précédent. [78] Diodore XII, XXXII, 3. [79] Diodore XI, LXX, 2. [80] Diodore XI, LXXVIII, 4. [81] Thucydide, I, 105. [82] Diodore XII, IV, 4. [83] Koutorga, 1864, Introduction. [84] J. B. Bossuet, Discours sur l’histoire universelle à Monseigneur le Dauphin, Paris, 1681, pp. 56-57. [85] Jacobi Usserii, Annales Veteris et Novi Testamenti, Vérone, 1724, p. 83. [86] Vitringa, Observationum Sacrarum Libri sex, Iena, 1723. [87] Rollin, Œuvres complètes, Paris, 1821-1823, tome III, p. 697. [88] E. W. Hengstenberg , Christology of the Old Testament, Alexandria (Washington), 1836-39, vol. II, pp. 394-408. [89] Scaligeri, Thesaurus Temporum, 1618, pp. 58-95. [90] Justin, Histoire universelle, III, 1. [91] Plutarque, Thémistocle XXVII, 1-2. [92] Cornélius Népos, Thémistocle IX. [93] Thucydide, I, 128. [94] Thucydide, I, 129. [95] Thucydide, I, 130. [96] Thucydide, I, 95. [97] Ibid. [98] Thucydide, I, 96. [99] Athenian tribute lists, vol. III, pp. 192-193. [100] Delorme, 1992, p. 54. [101] Aristote, Constitution d’Athènes, XXIII. [102] Hérodote VIII, 98. [103] Diodore XI, XLI-XLVII. [104] Thucydide I, 93. [105] Koutorga, 1864, part. II ,chap. I. [106] Delorme, 1992, pp. 59-61. [107] Badian, 1993, pp. 86-88. [108] Thucydide I, 131. [109] Hérodote V, 32. [110] Delorme, 1992, p. 58. [111] Plutarque, Cimon VI, 6. [112] Thucydide I, 132-134. [113] White, Some agied dates. Pausanias and his sons, JHS, 84 (1964), pp. 140-142. [114] Diodore, XI, LXXIX, 5-6 ; Thucydide, I, 107. [115] Plutarque, Périclès XXII, 2 ; Thucydide, I, 114. [116] Cawkwell, The fall of Themistocles, 1970, p. 46, n. 16. [117] Thucydide I, 89. [118] R. J. Lenardon, The chronology of Themistokles’s ostracism and exile, Historia, 8 (1969). [119] E. Badian, 1993, pp. 88-89. [120] Diodore XI, LIV. [121] Plutarque, Périclès VII, 3. [122] Cornélius Népos, Aristide III. [123] Plutarque, Thémistocle V, 5. [124] Aristote, Constitution d’Athènes, LVI, 2. [125] Plutarque, Thémistocle XXIII, 2. [126] Thucydide, I, 135. [127] Diodore XI, LV, 7 ; Plutarque, Thémistocle XXIII, 4. [128] Thucydide, I, 136. [129] Aristote, Politique V, IX, 23. [130] Comparer Diodore, XI, LXVI et XI, XXXVIII. [131] Diodore XI, XLVI. [132] Diodore, XI, LXVII. [133] Voir le chapitre III.2 sur l’exactitude de Diodore. [134] Scholiaste de Pindare pour Pythiques III. [135] Eusebii Chron. Can. libri duo, edd. Angel. Mai. Et Zohrab. p. 338. [136] Plutarque, Thémistocle XXI. [137] Aristote, Constitution d’Athènes, XLIII, 3. [138] Fragmenta historicorum Graecorum, t. I, p. 396. [139] Plutarque, Thémistocle XXIV, 6. [140] Thucydide, I, 137. [141] Thucydide, I, 98-100. [142] Thucydide, I, 137 ; Hérodote VIII, 109. [143] Cicéron, De Amicitia, XII, 42. [144] Koutorga, 1864, part. II, chap. VII. [145] Tite-Live, Histoire romaine, II, 34-35. [146] Denys d’Halicarnasse, VI, I. [147] Thucydide, I, 138. [148] Plutarque, Thémistocle XXXI, 3-6. [149] Plutarque, Cimon XVIII, 1-7. [150] Cornélius Népos, Aristide I ; Plutarque, Aristide II. [151] Elien, Histoires diverses, XIII, 44. [152] Plutarque, Aristide, II. [153] Aristote, Constitution d'Athènes, V. [154] Elien, Histoires diverses, III, 21. [155] Aristote, Constitution d'Athènes, XVII. [156] Stobée, Florilegium. [157] Voir le chapitre III.2 sur l’exactitude de Diodore. [158] Thucydide, I, 101. [159] Diodore, XI, LXX, 1. [160] Diodore, XI, LXXXIV, 8. [161] Thucydide, I, 103. [162] E. Badian, 1993, pp. 89-96. [163] Thucydide I, 98. [164] Plutarque, Thésée XXXVI, 1. [165] Thucydide, I, 100. [166] Diodore XI, LX.
[167]
J. Papastavrou, Themistokles,
[168] J. H. Schreiner, Historical methods, Hellanikos and the era of Kimon dans Opuscula Atheniensia 15, 1984, p. 167. [169] Thucydide, I, 100. [170] Plutarque, Cimon XII, 1. [171] Diodore, XI, LXXI, 3. [172] Thucydide, I, 100, 104. [173] Diodore, XI, LXXVII. [174] Diodore, XI, LXIX. [175] Platon, Ménéxène, XII. [176] Aristophane, Plutus, v. 178. [177] Plutarque, Cimon XIII, 4. [178] Delorme, 1992, p. 62-63. [179] Voir le chapitre III.3 sur la durée du règne de Xerxès. [180] Double chronologie évoquée à la fin du chapitre IV.4. [181] Voir le chapitre IV.5 sur le séisme à Sparte et la révolte de Thasos.
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