Tiqtaqa

IBN AL-TIQTAQÂ

 

 

 Histoire des dynasties MUSULMANES

SECTION DEUXIEME CONTENANT L'HISTOIRE DES DYNASTIES, L'UNE APRÈS L'AUTRE

III. LA DYNASTIE ABBASIDE (partie I - partie II - partie III - partie IV)

la dynastie abbaside partie III - partie V

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

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IBN AL-TIQTAQÂ

HISTOIRE DES DYNASTIES MUSULMANES


 

 

III. — LA DYNASTIE ABBASIDE

 

XI. —REGNE DE MUHAMMAD MOUNTASIR[99] (247 / 861 — 248 / 862)

Après Moutawakkil régna son fils Muhammad Mountasir, qui reçut le serment de fidélité le lendemain matin de la nuit où son père fut assassiné. Ce prince était énergique, téméraire, sanguinaire. Lorsqu'on apprit qu'il avait assassiné son père, les gens disaient qu'il ne lui survivrait pas longtemps. On le comparait au fils de Chosroès, Chîroûyêh (Siroès),[100] qui assassina son père, mais ne jouit guère longtemps[101] du trône après lui.

On raconte que lorsque Mountasir tua son père et qu'il fut proclamé khalife, il s'assit sur un tapis tel qu'on n'en avait jamais vu de pareil. Ce tapis était orné d'une magnifique inscription persane. Le khalife, en l'apercevant, la contempla avec plaisir, et dit aux personnes qui étaient présentes : « Est-il quelqu'un de vous qui comprenne le sens de cette inscription. » Les assistants se récusèrent, en disant : « Nous n'y comprenons rien. » Alors Mountasir fit venir un homme originaire de la Perse [qui se trouvait à Bagdad] et lui ordonna de lire l'inscription. L'étranger garda le silence ; mais le khalife insista, en disant : « Parle, il ne te sera fait aucun mal ; car il n'y a point là de ta faute. » Alors, l'étranger répondit : « Il est écrit sur ce tapis : « Je suis Chîroûyéh (Siroès), fils de Kisra (Chosroès) ; j'ai assassiné mon père, et je n'ai joui de la couronne après lui que pendant six mois. » Le khalife tira un mauvais présage de cet incident et quitta la salle du Conseil, tout bouleversé.[102] Six mois n'étaient pas encore révolus, qu'il mourait, en l’an 248 (862).

HISTOIRE DU VIZIRAT SOUS LE REGNE DE MOUNTASIR

Lorsqu'il fut proclamé khalife, ce prince prit pour vizir son secrétaire Ahmad, fils d'al-Khasîb.[103]

VIZIRAT D’AHMAD, FILS D’AL-KHASIR, SOUS LE REGNE DE MOUNTASIR

Ahmad était un homme incapable de remplir ses fonctions, et on le trouvait peu intelligent. Il avait cependant du caractère, mais il était emporté et étourdi. Pour peu qu’on pût supporter ses bizarreries, on obtenait de lui tout ce qu'on voulait. Un solliciteur, l’ayant rencontré, mit tant d'insistance à le prier que, marchant trop près de lui, il alla jusqu’à lui presser le pied dans l'étrier. Emporté par la colère, le vizir relira son pied de l'étrier, el le lança en plein dans la poitrine du solliciteur.[104] C'est à ce sujet qu'un poète a dit de lui :

Dis au khalife : « cousin du Prophète ! mets des entraves à ton vizir, car il rue.[105]

« Il a déjà porté atteinte à notre honneur avec sa langue, et maintenant il nous lance des coups de pied dans nos poitrines. »

Lorsque Mountasir mourut, Ahmad, fils d'al-Khasib[106] était encore au vizirat.

Ici finit le règne de Mountasir.

XII. — REGNE DE MOUSTA'ÎN[107] (248 / 862 — 252 / 866)

Après Mountasir régna Mousta'în. Il se nommait Ahmad, fils de Muhammad, fils de Mou'tasim.

Lorsque Mountasir mourut, les émirs et les grands d'entre les mamelouks se réunirent et dirent : « Quand nous aurons investi du pouvoir un des enfants de Moutawakkil, il nous réclamera son sang et nous fera périr. » Ils se mirent alors d'accord pour prêter le serment d'investiture à Mousta'în, en disant : « Il est le petit-fils de notre seigneur Mou'tasim. En lui prêtant le serment d'investiture, le khalifat ne sera pas sorti des enfants de Mou'tasim. » En conséquence, ils le reconnurent khalife en l’année 248 (862).

Cette époque fut une époque de guerres civiles, de guerres politiques, de révolte des Khâridjites. Parmi ceux qui levèrent l’étendard de la révolte à cette époque, est l'homme tué à Ghâhî, Abou-l-Housain Yahya,[108] fils d’Omar, fils de Yahya, fils de Housain, fils de Zaid, fils d'Ali, fils de Housain, fils d'Ali, fils d'Abou Thâlib (sur eux soit le salut!).

Exposé de cette affaire. — Yahya, fils d’'Omar, l'homme tué à Châhî, était arrivé du Khorasan sous le règne de Moutawakkil, étant dans la gêne et tenu d'une dette. Il en parla à un[109] des grands de la cour de Moutawakkil. Cet homme lui répondit durement et le mit en prison à Samarra. Puis, sa famille s’étant portée garante pour lui, il fut élargi et se rendit[110] à Bagdad. Il y resta pendant un certain temps, dans une situation peu satisfaisante, par suite de sa pauvreté. Il était — Allah lui fasse miséricorde ! — pieux, vertueux, très pratiquant des bonnes œuvres, d'une belle conduite. Etant revenu une seconde fois à Samarra, il parla de sa situation à l'un[111] des émirs de Moutawakkil, qui le traita avec dureté et lui dit : « Pour quel motif donnerait-on à un homme comme toi ? » Il revint alors à Bagdad, descendit de là jusqu'à Koûfa, et invita les populations à suivre l'élu de la famille de Muhammad. Un certain nombre des habitants de Koûfa, parmi les Chiites décidés, le suivirent, ainsi que quelques Arabes. Il se jeta sur Koûfa, s'empara de ce qu'il y avait dans le trésor public et le distribua à ses compagnons. Il fit sortir ceux qui étaient dans les prisons et chassa de Koûfa le gouverneur de cette ville. Ses troupes devinrent alors nombreuses.

L'émir de Bagdad, qui se nommait Muhammad, fils d’Abd Allah, fils de Tahir, envoya alors contre lui une armée. La rencontre eu lieu à Châhi, qui est un bourg à proximité de Koûfa. La victoire resta à l'armée d’Ibn Tahir. Quand la poussière se dissipa, Yahya, fils d'Omar, était tué. Sa tête fut alors portée à Muhammad, fils d’Abd-Allah, fils de Tahir, à Bagdad. Celui-ci tint audience pour recevoir les félicitations. Les hommes entrèrent alors auprès de lui par troupes nombreuses le félicitant. Parmi eux était un homme[112] de la postérité de Djafar, fils d'Abou-Thâlib (sur eux soit le salut !). Il dit au gouverneur : « O émir ! tu reçois des félicitations à l'occasion du meurtre d'un homme pour lequel le Prophète, s'il était vivant, aurait reçu des condoléances. » Muhammad, fils d'Abd Allah, baissa la tête et les yeux vers le sol pendant un moment, puis se leva et congédia l'assistance.[113] Les poètes pleurèrent Yahya, fils d’Omar, dans des élégies. Parmi ces poètes est Ibn ar-Roumi, qui composa sur lui une élégie rimant en djîm, dont voici le commencement :

Devant toi, regarde lequel de tes deux chemins tu dois suivre ; — ce sont deux routes bien différentes : une droite et une tortueuse.

De cette élégie sont encore les deux vers suivants :

Salut, myrthe, repos et miséricorde sur toi ! et que sur toi s'étende une douce ombre !

Que sur la terre, dont tu es le voisin, palpite sans cesse la camomille éclose.

C'est une qasîda très violente, dans laquelle il a injurié les Abbâsides, en des termes que nous avons omis, pour ne pas en user. La rencontre de Châhi eut lieu en l’année 250 (864).

D'autres Alides[114] se révoltèrent contre Mousta’în, mais, dans toutes ces guerres, la victoire resta au khalife. Et sache que Mousta’în était regardé comme faible de jugement, d'intelligence et de discernement dans la conduite des affaires. Son époque fut remplie de guerres civiles, et son autorité fortement ébranlée. Il n'avait pas d'autres qualités louables que d'avoir été généreux, d'une grande libéralité. Il fut destitué en l'année 202 (860), puis ensuite mis à mort.

DE L’ETAT DU VIZIRAT SOUS LE REGNE DE MOUSTA’ÎN

Lorsque Mousta'în prit possession du pouvoir, il maintint Ahmad, fils d'al-Khasib, dans sa dignité de vizir, pendant deux mois. Il prit ensuite comme vizir, après lui, Abou Sâlih 'Abd Allah, fils de Muhammad, fils de Yazdad.

VIZIRAT D’ABOU SALIH ABD ALLAH, FILS DE MUHAMMAD, FILS DE YAZDÂD.[115]

C'était un homme lettré, supérieur. Ses réponses aux placets et ses lettres étaient parmi les plus belles du genre. Du nombre de ses réponses est la suivante, adressée à un homme : « Il ne t'arrivera aucun mal, tant qu'il n'arrivera de toi aucun mal. » On raconte que lorsqu'Abou Sâlih, fils de Yazdâd, devint vizir de Mousta'in, il mit l'ordre dans les finances. Cela fut pénible aux émirs de l'empire, étant donné qu'il les avait mis à l'étroit. Ils le menacèrent alors de le tuer, et il dut fuir.[116] Puis, les événements se succédèrent, Mousta’în prit, tour à tour, Muhammad, fils de Fadl al-Djardjarâ'î et Choudjâ, fils de Qasim, comme secrétaires. Mais aucun d'eux n'eut le titre de vizir. Cette époque, d'ailleurs, ne fut pas longue. Elle fut marquée par des guerres civiles, des guerres politiques et un grand désordre.

Fin du règne de Mousta’în et de l’administration de ses vizirs.[117]

XIII. — RÈGNE DE MOU'TAZZ[118] (252 / 866 — 255 / 868).

Après Mousta’în régna Mou'tazz billah, dont le nom est Abou 'Abd Allah Muhammad, fils de Moutawakkil. Il reçut le serment d'investiture comme khalife en l’année 252 (866) à la suite de la destitution de Mousta'în. Mou'tazz était beau de physique, bien fait. Il n'y avait dans sa conduite, dans son jugement et dans son intelligence rien à reprocher. Mais les Turcs s'étaient emparés du pouvoir royal depuis que Moutawakkil avait été tué, et méprisaient les khalifes. En sorte que le khalife fut entre leurs mains comme l'esclave qu'ils maintenaient ou destituaient ou tuaient selon leur gré.

Lorsque Mou'tazz s'assit sur le trône du khalifat, ses intimes tinrent séance, firent venir les astrologues et leur dirent : « Voyez combien il vivra et combien il restera à la tête du khalifat. » Or, il y avait dans l'assistance un homme spirituel, qui dit : « Moi, je sais mieux que ces astrologues quelle sera la durée de sa vie et de son khalifat. — Combien crois-tu, dirent les assistants, qu'il vivra et régnera ? — Tant que les Turcs le voudront bien ! « répondit l'homme. Il ne resta pas alors une personne dans l'assistance qui n'éclatât de rire.

Sous le règne de Mou'tazz, apparut Yakoub, fils de Laith as-Saffâr,[119] qui s'empara de Faris. Il réunit de nombreuses troupes, et Mou'tazz ne put lui tenir tête. Puis, les Turcs assaillirent Mou'tazz et lui réclamèrent une somme d'argent. Le khalife leur présenta ses excuses en leur disant qu'il n'y avait rien dans les caisses. Alors, les Turcs tombèrent d'accord pour le destituer et le tuer. En conséquence, ils se présentèrent à sa porte et lui envoyèrent dire : « Sors nous trouver. » Le khalife donna comme excuse qu'il avait bu une médecine. Alors, les Turcs l’assaillirent, le frappèrent avec leurs massues, mirent sa tunique en lambeaux et le firent rester debout au soleil. Il levait alors un pied et posait l'autre, tant le soleil était ardent. Un des Turcs le souffletait, tandis que lui se garantissait avec la main. Puis, ils le placèrent dans une chambre, dont ils bouchèrent la porte, jusqu'à ce qu'il mourût, et cela après avoir fait constater par témoins à son encontre qu'il avait abdiqué.[120] Cela se passait en l'année 255 (868).

DE L’ETAT DU VIZIRAT SOUS LE REGNE DE MOU’TAZZ

Le premier de ses vizirs fut Abou-l-Fadl Djafar, fils de Mahmoud al-Iskafi.

VIZIRAT D’IBN AL-ISKAFI, SOUS LE REGNE DE MOU’TAZZ

Ce vizir[121] n'avait ni instruction, ni culture, mais il gagnait les cœurs par les largesses et les donations. Mou'tazz le détestait, et les gens l'accusaient de chi'itisme. Une fraction des Turcs pencha vers lui, tandis que l'autre fraction le détestait. Une révolte ayant éclaté à cause de lui, Mou'tazz le destitua.

VIZIRAT D’ABOU MOUSSA ISA, FILS DE FARROUKHAN CHAH, SOUS LE RÈGNE DE MOU’TAZZ

Ce vizir[122] était généreux. On a raconté, à son sujet, qu'avant d'être vizir, il était chargé de l'un des bureaux des finances.[123] Il en fut destitué, par la suite, ayant encore droit à une somme de 1.000 dinars. Il fit alors des démarches polies auprès du fonctionnaire qui lui succéda, jusqu'à ce que celui-ci lui rédigeât un écrit par lequel il lui donnait délégation sur un des fonctionnaires (du Trésor). Lorsque la somme fut réalisée, ce lieutenant écrivit à 'Isa, fils de Farroukhân Chah, l'informant que la somme était prête et lui demandant l'autorisation de la faire porter chez lui, étant de ses amis. 'Isa, fils de Farroukhân Chah, lui écrivit : « Un tel, le poète, s'était attaché à moi pendant un certain temps, sans qu'il ait rien gagné de moi ; remets-lui cette somme. » Le fonctionnaire remit la somme au poète, qui la prit et s'en alla.

Une révolte ayant éclaté entre les Turcs[124] à cause de ce vizir aussi, Mou'tazz le destitua.

VIZIRAT D’ABOU DJAFAR AHMAD, FILS D’ISRA’IL AL-ANBARI SOUS LE RÈGNE DE MOU’TAZZ

Ce vizir était un homme d'Etat habile et intelligent. Il retenait de mémoire, dit-on, tous les comptes pécuniaires, recettes et dépenses. On a raconté qu'une fois, un compte ayant été perdu du diwan, il l'établit de mémoire. Puis, le compte ayant été retrouvé, il était conforme à ce qu'avait dit Ahmad, sans plus ni moins. Les Turcs ayant assailli par la suite Ahmad, fils d'Isrâ'îl, se saisirent de lui, le frappèrent et lui enlevèrent tous ses biens. Mou'tazz et sa mère intercédèrent en sa faveur auprès du chef des Turcs, qui se nommait Sâlih,[125] fils de Wasif. Mais celui-ci, sans les écouter, le mit en prison, le frappa ensuite, sous le règne de Mouhtadî, jusqu'à ce qu'il mourût.

Après que Sâlih, fils de Wasif, eut ainsi agi envers Ahmad, fils d'Isrâ'il, il fit venir Djafar, fils de Mahmoud al-Iskâfî, et le nomma, une seconde fois, vizir de Mou'tazz. Ce vizir a déjà été mentionné plus haut. Lorsqu’il prit possession du vizirat, la deuxième fois, un poète composa les vers suivants :

O mon âme ! cesse de prendre plaisir à démentir ! Berce, au contraire, mon cœur de douces promesses.

Espère ! maintenant que tu as vu ce qu'Allah a donné à Djafar, fils de Mahmoud.[126]

Fin du règne de Mou'tazz et de l administration de ses vizirs.

XIV. — RÈGNE DE MOUHTADI (255 / 868 — 256 / 869).

Après Mou'tazz, régna Mouhtadi billah, qui se nommait Abou 'Abd Allah Muhammad, fils de Wâthiq.

Mouhtadi[127] était un des meilleurs khalifes quant à ses opinions religieuses, un de ceux qui avaient la plus belle conduite, la plus belle vie, enfin un de ceux qui montrèrent le plus de vertu religieuse, et qui furent les plus pratiquants. Il se comparait volontiers à Omar, fils d’Abd al-'Aziz (717-720), et disait : « J’ai honte que les Omeyyades comptent un homme tel que lui, sans que les 'Abbâsides aient un homme semblable [à. leur opposer]. » Quand il siégeait au criminel, il rendait la justice d'une manière dont les gens étaient satisfaits. Il apportait beaucoup de modération dans sa nourriture et son vêtement.

Certain Hachémite[128] a raconté : « J'étais auprès de Mouhtadi durant une nuit de Ramadan. M'étant levé pour partir, il m'ordonna de m'asseoir. Je m'assis alors jusqu'à ce que Mouhtadi eût fait avec nous la prière du soir (al-maghrib). Il ordonna ensuite d'apporter la nourriture. On présenta alors un plateau en osier portant de petits pains minces et ronds, un récipient contenant du sel et un autre du vinaigre. Il mangea ; je mangeai aussi, mais peu, croyant qu'il se présenterait une nourriture plus délicate que la première. Voyant ma façon de manger, le khalife me dit : « Tu n'as donc pas jeûné ? — Mais si », répondis-je. Le khalife reprit : « Tu ne veux pas jeûner demain, alors ? — Comment non, répondis-je, quand demain c'est le mois de Ramadan ? — Eh bien ! alors, mange et finis ton souper, car, ici, il n'y a pas autre chose que ce que tu vois. » Je fus étonné et je lui dis : « Pourquoi cela. Emir des Croyants, quand Allah a étendu largement sur toi ses faveurs et t'a pourvu abondamment des moyens d'existence? » Il me répondit : « Les choses sont, en effet, telles que tu les dis, et j'en rends grâce à Allah. Mais il me répugne qu'il y ait, parmi les Omeyyades, un homme tel qu’Omar fils d'Abd al-’Aziz, sans que les 'Abbâsides comptent parmi eux un homme comme lui. »

Mouhtadi avait rejeté loin de lui les divertissements, et interdit le chant et la boisson. Il défendit à ses compagnons[129] l’injustice et l'exaction.

Sous le règne de Mouhtadi eut lieu la révolte de l'homme des Zendj, dont le récit viendra sous le règne de Mou'tamid, si Allah le Très-Haut le veut. Mouhtadi, ayant mis à mort un esclave affranchi (un mollâ[130]), les Turcs se révoltèrent contre lui, s'indignèrent et le firent captif. Ils le torturèrent pour qu’il abdiquât, mais il ne le fit pas. Alors, ils le destituèrent eux-mêmes, puis il mourut en l'année 256 (869).

EXPOSE DE L’ETAT DU VIZIRAT SOUS LE REGNE DE MOUTHADI

Lorsqu'il reçut le serment d'investiture comme khalife, il maintint Djafar, fils de Mahmoud al-Iskafi dans sa dignité de vizir. Ensuite, il le destitua et prit comme vizir Soulaimân, fils de Wahb.

VIZIRAT DE SOULAIMÂN, FILS DE WAHB, FILS DE SA’ID, AU SERVICE DE MOUHTADI

La famille de ce vizir est originaire d'un village de la province de Wâsit. Ils furent d'abord chrétiens, puis embrassèrent l'Islamisme, et servirent dans les divans, jusqu'à ce que leur fortune les fît parvenir au point où ils parvinrent.

Abou Ayyoub Soulaimân, fils de Wahb, était un des meilleurs écrivains du monde, un de ses chefs par sa supériorité, sa culture, sa connaissance de l'art d'écrire les actes et de tenir les registres publics.[131] Il était un des hommes les plus intelligents de l'univers, un de ceux qui étaient doués de jugement.[132] Son fils 'Oubeïd Allah a raconté : « Voici ce que mon père ma raconté : « Le début de ma fortune, dit-il, fut que je me trouvais, alors que j'étais jeune homme, au service de Muhammad, fils de Yazdâd, le vizir de Mamoun (813-833). Nous étions quelques gens à son service; lorsqu'il s'en retournait le soir chez lui, l'un de nous passait la nuit au palais de Mamoun, à tour de rôle, en prévision de quelque affaire importante survenant pendant la nuit.

« Quand vint mon tour de passer la nuit, un serviteur du palais sortit et dit: « Y a-t-il ici un des lieutenants de Muhammad, fils de Yazdâd ? — Parfaitement, lui dit le chambellan ; le voici », et il m'introduisit vers Mamoun. Prépare, me dit le khalife, un brouillon dans tel sens, laisse un large intervalle entre les lignes, et présente-le, afin que j'y corrige ce que je désirerai y corriger. » Je sortis promptement, j'écrivis la lettre sans brouillon, je la mis directement au net et je la lui présentai. M'ayant aperçu, il me dit : « Tu as écrit le brouillon ? — Bien mieux, répondis-je, j'ai écrit la lettre. — L'as-tu mise au net, demanda-t-il ? — Parfaitement, répondis-je. » Il se mit alors à me regarder davantage, comme étonné de moi. Lorsqu'il lut la lettre, je reconnus la satisfaction sur son visage. Il leva la tête vers moi et dit: « Que c'est bien, ce que tu as écrit, jeune homme ! mais je désire que tu avances cette ligne et que tu recules cette autre » ; et il les marqua toutes les deux d'un trait de son qalam. Je pris la lettre et, sortant dehors, je restai à l'écart, puis j'effaçai les deux lignes, exécutai ce qu'il désirait et lui apportai la lettre. Or, il avait cru que j'annulerais cette lettre et en écrirais une autre. Aussi, la lut-il et, n'avant pas reconnu l'endroit effacé, il en fut satisfait et me dit : « Jeune homme! je ne sais quoi le plus admirer, de l'habileté de ta manière d'effacer ou de la promptitude de ton intelligence, ou de la beauté de ta calligraphie, ou enfin de ta rapidité. Qu'Allah te bénisse ! » « Alors, je lui baisai la main et sortis. Ce fut le premier degré de l’élévation de mon rang. Depuis, il ne se présentait jamais quelque chose d'important sans que Mamoun dit : « Amenez-moi Soulaimân, fils de Wahb. »

Lorsque cet événement arriva à Soulaimân, fils de Wahb, un poète lui écrivit les deux vers suivants :

Ton père[133] t'a imposé une lourde tâche, de même que jadis il se l'était imposée.

Ne récoltant pas d'éloges si tu l'égales, et ne trouvant pas d'excuse si tu ne l'égales pas, étant précédé par un tel père, ne reste pas au-dessous de ta tâche.

Soulaimân, fils de Wahb, avait, dit-on, de l'amour pour Ibrahim, fils de Maïmoun.[134] Celui-ci, de son côté, aimait une chanteuse répondant au nom de Khalâs.[135] S'étant réunis tous les trois pour une partie de vin, Ibrahim s'enivra. Alors Soulaimân, fils de Wahb, se pencha sur lui, l'embrassant sur la bouche et le suçant, pendant que Khalâs le regardait. Lorsqu’Ibrahim revint de son ivresse, Khalâs l'informa de ce que Soulaimân lui avait fait, et elle ajouta :

« Comment mon cœur pourra-t-il l'appartenir sans arrière-pensée, quand tu es l'objet de pareils agissements. » Alors Ibrahim cessa toutes relations avec Soulaimân et resta fâché contre lui. C'est alors que Soulaimân lui écrivit les vers suivants :

Dis à celui dont les amoureux n'ont aucun espoir de délivrance[136] :

« Est-ce parce que Khalâs m'a aperçu quand je t'embrassais sur la bouche

« Que tu m'as fui ? qu'insulte et humiliation m'ont atteint ?

« Notre brouille a réjoui des gens, qui, sur notre compte, forgent des mensonges.[137]

« Des calomniateurs les ont aidés, des calomniateurs avides de nous nuire.

« Tiens ! Exerce le talion sur moi, car les blessures sont punissables du talion. »

Voici ce qu'a raconté Ahmad, fils d'al-Moudabbir[138] : « Nous étions, dit-il, en prison, par ordre de Wâthiq (842-847), moi, Soulaimân, fils de Wahb, et Ahmad, fils d'Isrâ'il, tenus à raison de sommes d'argent. Un jour, Soulaimân, fils de Wahb, nous dit : « J’ai vu en songe comme « si quelqu'un me disait : Wâthiq mourra dans un mois. » Alors, Ahmad, fils d'Isrâ’il, se mit à crier au secours, et dit à Soulaimân : « Par Allah ! tu n'auras pas de cesse tant que notre sang n'aura pas été versé. » Il conçut une peur terrible que cette nouvelle ne se répandît sur notre compte. Je comptai, ajoute Ibn al-Moudabbir, trente jours à partir de ce jour-là, et lorsque fut le trentième jour, Ahmad fils d'Isrâ'îl me dit: « Où est donc la preuve de la vérité de la chose et de la réalité du songe? » C'est qu'il avait calculé la date et compté [les jours], sans que nous le sachions. « Le songe, lui répondit Soulaimân, fils de Wahb, tantôt se réalise, tantôt ne se réalise pas. » Lorsqu'arriva l'heure de la dernière prière du soir, on frappa violemment à notre porte, pendant que quelqu'un criait : « Bonne nouvelle ! Bonne nouvelle ! Wâthiq est mort ; allez où vous voudrez, » Ahmad, fils d'Isrâ'îl, se mit à rire et dit: Levez-vous, le songe s'est réalisé, et la joie consolatrice est arrivée. — Comment pourrions-nous marcher à pieds, dit Soulaimân, fils de Wahb, nos demeures étant éloignées ; mais, envoyons chercher des montures que nous enfourcherons. » Ahmad, fils d'Isrâ'îl, se mit alors en colère et la mélancolie s'empara de lui, car il était d'un caractère morose et difficile. Aussi, répondit-il à Soulaimân, fils de Wahb : « Malheur à toi, ô Soulaimân ! tu veux attendre l'arrivée de ta jument, jusqu'à ce qu'un autre khalife prenne possession du pouvoir; alors on lui dira : Il y a en prison quelques secrétaires [du diwan], et il répondra : « Qu'on les laisse en l'état, jusqu'à ce que nous examinions leurs affaires. » Nous resterons alors encore plus longtemps en prison, et cela pour que tu te rendes monté vers ta demeure, espèce de gredin, de chenapan! » Nous nous mîmes à rire, et nous sortîmes à pied pendant la nuit. Nous fûmes unanimement d'avis d'aller nous cacher chez un de nos amis, jusqu'à ce que les nouvelles soient vérifiées. Or, par Allah! nous rencontrâmes sur notre chemin deux hommes, dont l’un disait à l'autre : « Ce nouveau khalife a été mis au courant de la situation de ceux des secrétaires et des criminels qui sont incarcérés ; il a répondu : « Qu'on ne relaxe aucun d'eux avant que j'examine sa situation. » Nous nous cachâmes alors, jusqu'à ce qu'Allah — qu'il soit exalté! — nous eût touchés de sa faveur dans un très bref délai. A lui est due la louange ! »

Voici des vers composés par Ahmad, fils d'al-Moudabbir :

Les malheurs du temps m'ont corrigé, et, seul, l'homme cultivé se laisse avertir.

J'ai goûté le doux et l'amer : la vie de l'homme est également diverse.

Il ne s'est passé aucun malheur, aucune volupté, sans que je n'en eusse eu ma part.

Les Benou Wahb étaient des hommes dignes de la première place, capables, supérieurs, généreux. Leur famille au pouvoir était brillante, leur époque éclatante ; de leur temps, les foires des belles-lettres étaient florissantes, et les marqués de générosité étaient évidentes. Quand Mouhtadi fut destitué, Soulaimân, fils de Wahb, était son vizir.

Fin du règne de Mouhtadî et de l’administration de ses vizirs.

XV. — REGNE DE MOU'TAMID[139] (256 / 869 — 279 / 892)

Après Mouhtadi régna Mou'tamid 'alâ-Allah, qui se nommait Abou-l-Abbas Ahmad, fils de Moutawakkil. Il reçut le serment d'investiture en l’année 256 (869). Mou'tamid était regardé comme faible, et c'est son frère, Mouwaffaq Talha an-Nasir, qui l'emportait sur lui. Le règne de Mou'tamid fut un règne d'un caractère étrange, Mou'tamid et son frère, Mouwaffaq Talha, étaient comme deux associés au khalifat ; à Mou'tamid appartenaient la khotba (prône), le droit de battre la monnaie et le droit de porter le titre d'Emir des Croyants; à son frère Talha le droit d'ordonner et de défendre, la conduite des troupes, l'exercice des hostilités contre les ennemis, la sarde des frontières, l'installation des vizirs et des émirs. Mou’tamid était distrait de tout cela par ses plaisirs. A cette époque eurent lieu les événements du chef des Zendjs.

HISTOIRE DU CHEF DES ZENDJS, DE SA GENEALOGIE ET DE CE QUI SE TROUVA SOUS SES ORDRES

Sous le règne de Mou'tamid, apparut un homme appelé 'Ali,[140] fils de Muhammad, fils d'Ahmad, fils d'Isa, fils de Zaid, fils d’Ali, fils de Housain, fils d’Ali, fils d'Abou Thâlib. Quant à sa généalogie, aux yeux des hommes versés dans cette science, elle n'est pas authentique ; ils le mettent au nombre de ceux dont la généalogie est suspecte. Quant à sa situation, c'était un homme supérieur, d'une éloquence claire et persuasive, intelligent, qui gagna les cœurs des esclaves Zendjs[141] à Basra et dans ses environs. Il se réunit à lui, parmi ces esclaves Zendjs, beaucoup de monde, ainsi que des gens d'une autre provenance. Son importance grandit et sa puissance s'accrut. Au début de sa carrière, il était pauvre, ne possédant que trois sabres, au point que, ayant reçu comme cadeau une jument, il n'avait ni bride, ni selle pour la monter. Il enfourcha alors la jument avec une corde [comme bride]. Puis, il advint qu'il eut des combats et des incursions, où il fut vainqueur ; il s'enrichit de ce chef, sa situation devint considérable, de même que son butin. Ses soldats nègres se répandirent dans les pays de l'Iraq, dans le Bahreïn et à Hadjar.[142] Mouwaffaq Talha marcha alors contre lui avec des troupes nombreuses. La rencontre eut lieu entre Basra et Wâsit. La guerre dura entre eux pendant plusieurs années. Ils bâtirent des villes dans cette région, et chacun des deux partis se mit à observer l'autre, mais à la fin la victoire resta à l'armée 'abbâside, qui consomma la perte des ennemis par le meurtre et la captivité. Le chef des Zendjs[143] fut tué, sa ville pillée. C'est lui qui l'avait bâtie et nommée Moukhtâra (l'Elue).[144] Sa tête fut portée à Bagdad, et ce fut un jour mémorable.

Le nombre des tués, au cours de ces événements, fut, dit-on, de 2.500.000 hommes.

Mou'tamid mourut en l'année 279 (892).

DE L’ETAT DU VIZIRAT SOUS LE REGNE DE MOU’TAMID

Il a été dit précédemment que c'était le frère de Mou’tamid, Mouwaffaq, qui détenait en fait le khalifat. C'était lui qui destituait les vizirs et leur donnait l'investiture.

VIZIRAT D’ABOU-L-HASAN OUBEÏD ALLAH, FILS DE YAHYA, FILS DE KHAKAN, AU SERVICE DE MOU'TAMID

Lorsque Mou'tamid prit possession du khalifat, les avis tombèrent d'accord sur la personne de 'Oubeïd Allah, fils de Yahya, fils de Khâkân. En conséquence, il fut mandé et investi du vizirat, absolument contre son gré et en dépit de ses efforts pour y échapper et s'en défendre. Oubeïd Allah était bien au courant de l'état des sujets et des affaires, bon administrateur des finances. Il a, d'ailleurs, été mentionné précédemment, sous le khalifat de Moutawakkil (847-861).[145]

VIZIRAT DE HASAN, FILS DE MAKHLAD, AU SERVICE DE MOU’TAMID

Hasan, fils de Makhlad, devint vizir de Mou'tamid, lorsque mourut 'Oubeïd Allah, fils de Yahya (fils de Khâkân). Mou'tamid investit du vizirat Hasan, fils de Makhlad, alors qu'il était secrétaire de son frère Mouwaffaq. En sorte qu'il cumula la qualité de vizir de Mou'tamid avec celle de secrétaire de Mouwaffaq. Hasan, fils de Makhlad, était originaire de Dair-Qounnâ.[146]. Son père était, dit-on, batelier, et cependant son fils devint ce que l'on sait. Hasan était un des vizirs les plus capables de ce monde. Il avait, dit-on, un petit carnet, qu'il tenait lui-même, et dans lequel figuraient les ressources des provinces de l'empire et leurs importations, avec leurs dates. Chaque soir, il ne dormait pas, jusqu'à ce qu'il eût lu ce carnet et qu'il en eût appris indubitablement le contenu, en sorte que s'il était interrogé, le lendemain, sur n'importe quoi de ce qui s'y trouvait, il répondait de mémoire, sans hésitation, ni recours à un registre.

« J'étais une fois, a raconté Hasan,[147] fils de Makhlad, debout en présence de Mouwaffaq, fils de Moutawakkil ; Je le vis alors palper de sa main son vêtement, puis me dire : « O Hasan ! cette étoffe m'a plu ; combien en avons-nous dans les magasins? » Alors, je sortis sur-le-champ de ma bottine un petit rouleau, où figuraient les totaux des marchandises et des étoffes qui se trouvaient dans les magasins, exposés dans leurs détails. Je trouvai alors 6.000 pièces de l'espèce de ce vêtement. « Hasan ! me dit Mouwaffaq, nous voilà nus ; écris au pays de [provenance] pour qu'on fabrique 30.000 pièces de cette espèce et qu'on les expédie dans le plus bref délai. »

Mou'tamid le destitua,[148] par la suite, et investit du vizirat Soulaimân, fils de Wahb, dont nous avons donné plus haut une partie de la biographie. Depuis cette époque, la maison des fils de Wahb commença à s'élever.

VIZIRAT D’ABOU-S-SAQR ISMA’IL, FILS DE BOULBOUL

Mouwaffaq le nomma vizir de son frère Mou'tamid. Abou-s-Saqr[149] était généreux, très hospitalier, digne. Il atteignit dans le vizirat un rang considérable, et réunit entre ses mains les pouvoirs militaire et civil. En effet, il administra également les affaires militaires. Il fut appelé al-wazîr ach-chakoûr (le vizir très reconnaissant). Il eut dans sa jeunesse une conduite peu satisfaisante, puis arriva au rang que l'on sait. Les poètes, tels que Bouhtourî, Ibn ar-Roumi et d'autres,[150] firent à son sujet des panégyriques et des satires. Abou-s-Saqr faisait remonter sa généalogie aux Benou Chaibân. J'ai vu son arbre généalogique rattaché à Chaibân, écrit de la main d'un généalogiste. D'autres l'ont calomnié et ont dit: « C'est un enfant illégitime. »

Ibn ar-Roumi l'avait loué dans une longue qasîda rimant en noûn, et dont voici le début:

De tendres rameaux et des mamelons de sables, où croissent deux espèces, des pommes et des grenades, ont produit pour toi le fruit de la douce intimité.

Ce sont de tendres rameaux de saule portant des fruits à perpétuité, et cependant les fruits ne sont pas de ce que porte habituellement le saule.

Les gens appelèrent ce poème Dâr al-battîkh « le marché au melon », à cause du grand nombre des fruits qui y sont mentionnés. Or, l'endroit où se vendaient les fruits s'appelait a le marché au melon.[151]

De cette qasîda sont encore les vers suivants :

Abou-s-Saqr, a-t-on dit, est issu de Chaibân. Nullement, leur répondis-je ; par ma vie, c'est plutôt Chaibân qui est issu de lui !

Que de fois un père est monté en noblesse, grâce à son fils, de même que, par l’Apôtre d'Allah, 'Adnân[152] devint illustre !

Lorsqu'Abou-s-Saqr entendit le passage où le poète a dit: « Abou-s-Saqr, a-t-on dit, est issu de Chaibân. Nullement, leur répondis-je », il crut qu'Ibn ar-Roumi s'en était servi pour le blesser à mots couverts, et laisser entendre qu'il était enfant illégitime.

Le sens étant devenu ambigu pour lui, Abou-s-Saqr s'accrocha inébranlablement à son idée et se détourna d'Ibn ar-Roumi. Celui-ci chercha par tous moyens à lui faire comprendre la réalité de la situation, mais Abou-s-Saqr n'admit, à ce sujet, l'explication de personne.

« Par Allah ! lui dit-on, mais regarde le deuxième vers et la beauté de l'idée qui y est exprimée ! C'est une idée originale, dont la pareille n'a été appliquée à personne avant toi, dans un panégyrique ! » Mais Abou-s-Saqr ne voulut pas prêter l'oreille, demeura convaincu qu'Ibn ar-Roumi a entendu lancer contre lui une satire ; et il éloigna le poète. Alors Ibn ar-Roumi composa contre lui des épigrammes et en fit de très méchantes. De ce nombre est le distique suivant :

L'on s'étonne qu'Abou-s-Saqr ait été investi du diwan, après avoir été un domestique à gages;

C'est que la fortune a la vertu chimique de métamorphoser tout chien qu'elle touche en homme.

De même ces vers :

Doucement, Abou-s-Saqr ! Que de fois l'oiseau[153] tombe gisant après avoir plané dans les airs !

Tu as été marié à une félicité,[154] dont tu n’étais pas digne;[155] qu'Allah la préserve par une répudiation !

Point de bénédictions à une félicité dont tu t'es drapé ! Que d'arguments y trouverait un manichéen !

Parmi les épigrammes curieuses qu'Ibn ar-Roumi composa à son sujet, est le distique suivant :

Quelle présomption, de la part d'un petit oiseau dont le père est un chétif rossignol, de se surnommer « père du faucon », oh ! dites, vous, les hommes des diwans!

Enlevez-lui ce surnom qui ne lui convient pas : on nomme « père du faucon » celui qui est fils de faucon.[156]

Mou’tamid fit arrêter ce vizir, l'emprisonna, le frappa d'une peine, puis le tua dans son cachot et confisqua tous ses biens.

Et sache que ces vizirs de Mou’tamid, comme Hasan, fils de Makhlad, Soulaimân, fils de Wahb, et Abou-s-Saqr, fils de Boulboul, devinrent vizirs et furent destitués à diverses reprises, deux et même trois fois.

VIZIRAT D’AHMAD,[157] FILS DE SALUT, FILS DE CHIRZAD AL-QOUTROUBOULLÎ, AU SERVICE DE MOU'TAMID

C'est Mouwaffaq qui le nomma vizir de son frère, Mou'tamid. Ahmad était bon écrivain, éloquent, supérieur, sachant ce qu'un homme de sa condition doit savoir, écrivant bien en vers et en prose. Il a décrit une femme calligraphe en ces termes : « Son écriture est aussi belle que son physique. Son encre est comme la noirceur de ses cheveux, son papier comme l'épiderme de son visage, son qalam comme l'extrémité d'un de ses doigts, son éloquence comme le charme[158] irrésistible de sa prunelle, son couteau[159] comme l'œillade langoureuse de son regard, enfin son ivoire[160] comme le cœur de son amant. »

Ahmad, fils de Chîrzâd, demeura vizir environ un mois; il tomba ensuite malade et mourut. Cela se passait en l'année 265 (879).

VIZIRAT D’OUBEÏD ALLAH, FILS DE SOULAIMÂN, FILS DE WAHB, AU SERVICE DE MOU'TAMID

'Oubeïd Allah, fils de Soulaimân, fut du nombre des grands vizirs et des maîtres des hommes d'Etat. Il était tout à fait supérieur dans son métier, capable, habile, intelligent, grave.

Mou'tadid[161] ayant perdu une concubine qu'il aimait, en fut très affligé. Alors, 'Oubeïd Allah,[162] fils de Soulaimân, lui dit : « Un homme tel que toi, ô Emir des Croyants ! supporte facilement les malheurs, car tu peux trouver un équivalent de tout ce que tu perds, tandis que personne ne peut trouver ton remplaçant. On dirait que le poète t'a visé dans ce vers :

On nous pleure, tandis que nous ne pleurons personne; c'est que nos poils sont plus gros que ceux des chameaux.[163]

C'est au sujet d'Oubeïd Allah, fils de Soulaimân, que le poète dit :

Lorsque les deux mains d'Abou Qasim[164] nous donnent généreusement, on ne peut plus faire l'éloge des deux généreux par excellence : la mer et la pluie !

Lorsque pénètre son esprit ou le tranchant de sa résolution, on voit reculer les deux pénétrants par excellence : l'épée et le destin.

Lorsque nous éclairent les lumières de son visage, on voit s'éclipser les deux grands luminaires : le soleil el la lune.

Quiconque n'a pas passé la nuit dans la crainte de son assaut impétueux, ignore encore ce que sont les deux inquiétants : l'effroi et la crainte.

C'est un homme qui arrive par la supposition à ce que la constatation visuelle est impuissante à faire connaître, et les deux témoins de ce que j'avance, c'est l'homme lui-même et sa réputation.

'Oubeïd Allah mourut en l'année 288[165] (900).

Fin du règne de Mou’tamid el de l'administration de ses vizirs.

XVI. — RÈGNE DE MOU’TADID[166] (279 / 892 — 289 / 902)

Après Mou'tamid, régna son neveu, Mou'tadid, qui se nommait Abou-l-'Abbas Ahmad, fils de Mouwaffaq Talha, fils de Moutawakkil.

Mou'tadid était énergique, intelligent, supérieur. Sa conduite fut jugée digne d'éloges. Quand il prit possession du pouvoir, tout était en ruines et les frontières abandonnées. Il s'occupa alors d'une manière satisfaisante jusqu'à ce que son empire devint florissant, que les frontières fussent raffermies. Il avait une politique ferme et était dur pour les partisans du désordre. Il savait mettre un terme à l'avidité de ses troupes s'exerçant au détriment des sujets, et faisait du bien à ses cousins de la famille d'Abou Thâlib. Son règne fut une époque de calamités et de révoltes de nombreux Khâridjites, dont 'Amr, fils de Laith as-Saffâr.[167] La situation de cet homme devint considérable et son pouvoir prit une grande importance. Il s'empara de la majeure partie des pays de la Perse. Il avait coutume de dire : « S'il me plaisait de jeter sur le fleuve de Balkh un pont en or. je le ferais. » Sa cuisine était transportée sur six cents chameaux. Il a fini, cependant, dans les liens, la captivité et l'humiliation.

Mou'tadid s'occupa de réparer ce qui était gâté dans son empire, de maintenir l'équité entre ses sujets, jusqu'à ce qu'il mourût, laissant[168] dans le Trésor plus de 10 millions de dinars. Sa mort eut lieu en l'année 289 (902).

DE L’ETAT DU VIZIRAT SOUS LE RÈGNE DE MOU'TADID

Ce prince maintint dans son vizirat Oubeïd Allah, fils de Soulaimân, fils de Wahb, dont une partie de sa biographie a été donnée plus haut. Puis, lorsque 'Oubeïd Allah mourut, Mou'tadid résolut d'exterminer ses enfants et de confisquer tous leurs biens. Mais Qasim, fils de 'Oubeïd Allah, se présenta, fit appel à l’aide de Badr al-Moutadidi[169] et signa une reconnaissance de 2 millions de dinars; Mou'tadid le prit alors comme vizir.

VIZIRAT DE QASIM, FILS D’OUBEÏD ALLAH, FILS DE SOULAIMAN, FILS DE WAHB

Qasim, fils d’Oubeïd Allah, était un homme des plus fins de l’Univers et un des meilleurs vizirs. Il était énergique, supérieur, plein de tact, ayant beaucoup d'acquis, généreux, imposant, fier. Il était suspecté quant à ses sentiments religieux. C'est lui qui tua Ibn ar-Roumi au moyen du poison. Ibn ar-Roumi était entièrement attaché à cette famille et faisait leur panégyrique, tandis qu'ils ne faisaient pas pour lui tout ce qu'ils devaient, à de certains moments. Il composa alors contre eux des épigrammes, et c'était un satirique très violent.

C'est au sujet des fils de Wahb qu'Ibn al-Mou’tazz a dit :

Je dois à la famille de Soulaimân, fils de Wahb, des bienfaits et des services qu'ils m'ont rendus précédemment.

Ce sont eux qui ont dressé pour moi le sort, d'abord rétif, et lavé le sang du vêtement de mon père.[170]

Comme épigramme contre eux, voici ce qu'un poète a dit :

Lorsque tu vois les Benou Wahb dans un local, tu ne saurais distinguer, parmi eux, l'homme de la femme;

Car chez eux la chemise de la femme est découpée par devant, tandis que les chemises des hommes se découpent par derrière.[171]

Quand Mou'tadid mourut, Qasim, fils d’Oubeïd Allah,, était encore vizir.

Fin du règne de Mou'tadid et de l'administration de ses vizirs.

XVII. — REGNE DE MOUKTAFI (289 / 902 — 295 / 908)

Après Mou'tadid régna son fils Mouktafî billah, qui s'appelait Abou Muhammad 'Ali, fils de Mou'tadid. Il reçut le serment d'investiture en l'année 289 (902). Mouktafî était du nombre des meilleurs khalifes. C'est lui qui bâtit la mosquée cathédrale dans la place dite Rahba,[172] à Bagdad.

Sous le règne de Mouktafî apparurent les Qarmates,[173] qui sont une secte de Khâridjites. Ils se révoltèrent et coupèrent la route aux pèlerins, qu'ils cherchèrent à exterminer. Ils en firent un immense carnage. Mouktafî envoya contre eux des troupes nombreuses, leur livra combat et tua un de leurs chefs.

C'est Mouktafî qui bâtit le Tadj,[174] à l'endroit appelé ad-dâr ach-châtyija[175] (la maison riveraine), à Bagdad.

Le décès de Mouktafî eut lieu en l'année 296 (908).

DE L’ETAT DU VIZIRAT SOUS LE REGNE DE MOUKTAFI

Lorsque mourut Mou'tadid, Mouktafî était à Raqqa. Le vizir Qasim, fils d’'Oubeïd Allah, se chargea alors de recevoir le serment d'investiture au nom de Mouktafî, d'une manière satisfaisante. Il lui écrivit pour l'en informer, et lui adressa le manteau et le sceptre. Mouktafî vint alors à Bagdad, maintint Qasim, fils d'Oubeïd Allah, dans son vizirat et lui conféra des surnoms honorifiques. Le pouvoir de Qasim grandit sous le règne de Mouktafî et sa situation devint considérable. Lorsqu'il fut au moment de mourir, il conseilla à Mouktafî (de prendre comme vizir) 'Abbâs,[176] fils de Hasan. Mouktafî le prit alors comme vizir.

VIZIRAT D’ABBÂS, FILS DE HASAN

Souli a dit : « Parmi les vicissitudes du sort et les revirements des choses, les plus étonnants auxquels j'aie assisté est la scène suivante : J'ai vu 'Abbas, fils de Hasan, au début du mercredi, avant la mort du vizir Qasim, fils d’Oubeïd Allah; il s'était présenté à la maison de celui-ci et embrassé la main de son fils. Puis, à la fin de ce même jour, Qasim mourut, et Mouktafî ayant été revêtu des insignes et nommé vizir, 'Abbâs, fils de Hasan, le fils du vizir Qasim, fils d’Oubeïd Allah, vint et lui embrassa la main, »

'Abbas, fils de Hasan était fin, rusé, très cultivé, mais il était faible dans le calcul. Sa conduite ne fut pas digne d'éloges. Il était absorbé par ses plaisirs, pendant que les affaires étaient à l'abandon. Il avait coutume de dire à ses lieutenants dans les provinces : « Moi, je vous envoie mes ordres scellés ; mais vous, faites ce qui est avantageux. » Les affaires ne cessèrent pas d'être en désordre sous son administration, jusqu'à ce que Housain, fils de Hamdân[177] et un groupe de soldats l'assaillirent et le tuèrent, et cela sous le règne de Mouqtadir (908-932).[178]

Fin du règne de Mouktafî et de l’administration de ses vizirs.

XVIII. — REGNE DE MOUQTADIR (295 / 908 — 320 / 932)

Après Mouktafî régna Mouqtadir billah, qui se nommait Abou-l-Fadl Djafar, fils de Mou'tadid. Il reçut le serment d’investiture du khalifat en l'année 295 (908 de J.-C.),[179] à l’âge de treize ans.[180] Mouqtadir était bienfaisant, généreux, très dépensier. Il rétablit la pompe, les traitements et les payes élevées, l'abondance des cadeaux et des présents, qui caractérisaient le khalifat. Il y avait dans sa maison 11.000 esclaves eunuques, grecs et nègres. Le garde-meuble des joyaux était, sous son règne, rempli de pierres précieuses. Il y avait, entre autres, le chaton en hyacinthe, que Rachid acheta pour 300.000 dinars, et « la perle orpheline » (unique) qui pesait 3 mithqâls,[181] ainsi que d'autres pierres précieuses. Il distribua tout cela et le dilapida en un très court délai.

Sous son règne, fut tué Al-Halladj.[182]

RÉCIT DE CET ÉVÉNEMENT. — Al-Halladj, dont le nom est Housain, fils de Mansour, et la kounya Abou-l-Ghaith, était mage d'origine, de la population du Fars. Il grandit à Wâsit, ou selon d'autres à Toustar. Il fréquenta les soufis et se fit le disciple de Sahl[183] at-Toustari. Il vint ensuite à Bagdad et rencontra Abou-l-Qasim Djounaid[184] Al-Halladj variait constamment : tantôt, il portait la laine[185] et les cilices, tantôt les vêtements teints, tantôt le grand turban et la dourrâ'a,[186] tantôt la qabâ'[187] et le costume des soldats. Il parcourut les pays, puis arriva, en fin de compte, à Bagdad et y bâtit une maison. Les gens eurent, à son sujet, des opinions et des convictions différentes. Il montra un mélange de bons et de mauvais principes. Il passa d'un rite à un autre et chercha à égarer le peuple par des impostures (ou des jongleries) auxquelles il recourait délibérément. Ainsi, il creusait un trou dans le haut d'un chemin et y plaçait une outre contenant de l'eau ; puis il faisait un trou dans un autre endroit et y plaçait de la nourriture. Ensuite, il passe par cet endroit, ayant avec lui ses adeptes ; alors, quand ils ont besoin d'eau là-bas, pour boire et faire leurs ablutions, il s'avance, lui, vers l'endroit qu'il a précédemment creusé et y fouille avec un bâton muni d'un fer pointu. Alors l'eau sort, et lui et ses amis boivent et font leurs ablutions. Il agit ensuite de même à l'autre endroit, quand ils ont faim, et fait sortir la nourriture du sein de la terre, leur faisant accroire qu'il s'agit là de miracles qu'accomplissent les hommes saints. Il faisait la même chose au moyen des fruits, qu'il cachait et conservait pour les sortir hors de leur saison. Les gens eurent alors pour lui une véritable passion.

Il parla le langage des soufis, mais il mêlait des choses purement profanes qu'il n'est pas licite de mentionner.

Il est l'auteur de poésies. En voici un spécimen[188] :

Mon ami est étranger à toute injustice :

Il m'a fait boire de sa boisson, comme l'hôte agit envers son hôte.

Mais, lorsque la coupe eut circulé, il fit apporter le tapis de cuir[189] et le sabre.[190]

Tel est le sort de celui qui, en été, boit le vin avec le Dragon.

On eut une telle passion et un tel engouement pour lui, que le vulgaire cherchai l la guérison dans son urine. Il disait à ses adeptes : « Vous êtes Moïse, Jésus, Muhammad et Adam ; leurs âmes ont passé en vous. » Les ravages qu'il commettait ayant pris une grande extension, Mouqtadir ordonna à son vizir Hamid, fils d’Abbâs,[191] de le faire comparaître et de le soumettre à une controverse. En conséquence, le vizir le fit comparaître, réunit à son intention les qâdîs et les imâms, et la controverse eut lieu. Il reconnut alors certaines choses, qui rendirent sa mise à mort obligatoire. Il reçut 1.000 coups de lanières, dans l'intention qu'il en mourrait. Mais il ne mourut point. On lui coupa alors les mains et les pieds, on lui trancha la tête et on brûla son tronc. Au moment de sa mise à mort, il dit à ses adeptes : « Que cela ne vous effraie point, car je reviendrai vers vous dans un mois. »

Avant sa mise à mort, il récita, dit-on, les vers suivants[192] :

J'ai cherché le paradis dans tout pays, mais je n'ai vu pour moi, dans aucun pays, un lieu de repos.

J'ai obéi à mes désirs, ils m'ont alors asservi ; si j'avais été sobre, j'aurais conservé ma liberté.

Cet événement se passa en l'année 309 (921).[193] Le tombeau d'Al-Halladj est à Bagdad, sur la rive occidentale, près de la chapelle élevée sur le tombeau de Ma'roûf al-Karkhî[194] (qu'Allah soit satisfait de lui !).[195]

A cette époque, les Qarmates arrachèrent la pierre noire, qui resta entre leurs mains pendant plus de vingt ans, jusqu'au jour où elle fut restituée par l'entremise du chérif Yahya,[196] fils de Housain, fils d'Ahmad, fils d’Omar, fils de Yahya, fils de Housain, fils de Zaid, fils d’Ali, fils de Housain, fils d'Ali, fils d'Abou Thâlib (sur eux soit le salut !).

Sache que le règne de Mouqtadir fut un règne plein de désordre, à cause du jeune âge du souverain et de l'empire que sa mère, ses femmes et ses serviteurs avaient sur lui, pendant que lui-même était absorbé dans la volupté. Aussi, sous son règne, l'empire fut-il en ruines, le trésor vide, le désaccord général. Mouqtadir fut destitué,[197] puis restauré, puis tué. A cette époque, apparut la dynastie Fâtimide[198] au Maghreb.

HISTOIRE ABREGEE DE LA DYNASTIE ALIDE,

DE SES DÉBUTS ET DE SA FIN

Cette dynastie eut un vaste empire et une longue durée. Ses débuts coïncidèrent avec l'apparition du Mahdî au Maghreb, en l'année 296 (908) ; elle prit fin en l'année 567 (1171).

Peu s'en est fallu que cette dynastie n'ait exercé un empire universel et que les peuples ne se soient trouvés sous sa domination.

C'est à elle que le chérif Rida al-Moûsâwî[199] (qu'Allah sanctifie son âme !) fait allusion dans les vers suivants :

Pourquoi resterai-je dans l'humiliation quand je possède une langue acérée et un nez fier;

Quand mon orgueil me fait planer bien loin de l'oppression, comme un oiseau sauvage plane dans les airs?

Pourquoi supporterai-je l'injustice dans le pays des ennemis, alors qu'à Misr règne le khalife 'Alide (Fatimide).

Celui dont le père est mon père, dont le défenseur est mon défenseur, lorsque je suis opprimé par un ennemi, même le plus éloigné.

Notre origine à tous les deux se confond dans les deux seigneurs[200] de tout le genre humain, Muhammad et 'Ali.

Vivre abaissé dans ce pays-là est pour moi encore un honneur, et y souffrir de la soif m'est aussi doux que l'eau en abondance.

DÉBUTS DE LA DYNASTIE FATIMIDE.

— Le premier khalife de cette dynastie est Mahdî billah, qui se nommait Abou Muhammad 'Oubeïd Allah, fils d'Ahmad, fils d'Ismâ’îl, le troisième du nom, fils d'Ahmad, fils d'Ismâ'îl, le deuxième du nom, fils de Muhammad, fils de Ismâ'îl al-A'radj le boiteux), fils de Djafar as-Sâdiq (sur eux soit le salut !). Leur généalogie a été quelquefois rapportée d'une autre manière. Elle est l'objet d'un grand désaccord, mais ce qui est certain, c'est qu'ils sont 'Alides, descendants d'Ismâ’îl, d'une origine incontestable.[201] Cette généalogie, que j'ai citée ici, est celle qui a le plus de crédit; elle porte les signatures des maîtres des généalogistes.

Mahdî était un des hommes marquants des Benou Hâchim, à son époque. Il naquit, dit-on, à Bagdad en l'année 260 (873). Selon d'autres, il naquit à Salamya,[202] puis arriva à Misr, déguisé en marchand. Il agit ouvertement au Maghreb et appela les gens à lui. On inclina vers lui et beaucoup de monde le suivirent. On le salua du titre de khalife. Sa puissance s'accrut et sa situation devint considérable. Il se retira ensuite vers la région de Qairouwân, et bâtit une ville qu'il nomma Mahdiyya.[203] Il s'y fixa et se rendit maître d'Ifriqiya, du pays du Maghreb et de toutes ces régions. Il s'empara ensuite d'Alexandrie, en perçut le kharâdj, de même que celui d'une partie du Sa’id (Haute-Egypte), et mourut en l’année 322 (= 933).[204] Ensuite ses successeurs se transmirent le khalifat, l'un après l’autre, jusqu'à ce que le tour arrivât à 'Adid,[205] le dernier khalife fatimide, et qui s'appelait Abou Muhammad 'Abd Allah, fils de l’Emir Yousouf, fils d'Hâfidh lidin Allah.

FIN DE LA DYNASTIE FATIMIDE

'Adid reçut le serment d'investiture en l’année 555 (1160), étant encore enfant. Les émirs et les vizirs s'occupèrent alors de l'administration de son empire, jusqu'à ce que Asad ad-Dîn Chîrkoûh,[206] oncle de Salah ad-Din (Saladin, Yousouf, fils d'Ayyoub, se dirigea vers l'Egypte, à cause du désordre qui s'est révélé dans l'état de l'empire, par suite du jeune âge du khalife et de la divergence d'opinions de ses vizirs et de ses émirs. Salah ad-Dîn se mit en marche à contrecœur avec son oncle Asad ad-Dîn Chîrkoûh. Mais celui-ci ne dura pas longtemps et mourut.[207] Salah ad-Dîn s'empara alors du royaume. 'Adid le prit comme vizir et le revêtit des insignes du vizirat en l'année 564 (1168 de J.-C). Salah ad-Dîn,[208] se rendit maître du pouvoir, et sa famille l'ayant rejoint, il leur donna les plus beaux fiefs. Il écarta les partisans d'Adid et garda seul le pouvoir 'Adid tomba malade, et ses maladies furent bien longues; puis il mourut en 567 (1171 de J.-C). Les gens s'abstinrent de désigner celui qu'on proclamerait khalife sur les minbars (chairs). Lorsqu'arriva le vendredi, un homme persan gravit le minbar, fit la khotba (prône) et mentionna le khalife Moustadî. Personne ne protesta contre lui, et l'on continua, à Misr, à faire la khotba (prône) au nom des 'Abbâsides. La dynastie des Fâtimides s'éteignit dans ce pays, et Salah ad-Dîn Yousouf, fils d’'Ayyoub, devint le souverain indépendant de l'Egypte, sans compétiteur. Il mit en prison ceux des proches d’'Adid qui s'étaient tenus à l'écart et fit main basse sur les trésors et les richesses, au nombre desquelles se trouvait « la montagne de jacinthe », dont le poids était de 16 mithkals. « Je l'ai vue, dit l'historien Ibn al-Athir, et je l'ai pesée. » De ce nombre était encore un manche de couteau en émeraude, d'une longueur de quatre doigts sur une largeur d'une phalange.[209] On trouva aussi un tambour près de l'endroit où restait 'Adid, et l'on crut qu'il a été fabriqué comme objet d'amusement. On railla alors 'Adid ; mais un individu ayant joué de l'instrument, se mit à péter. Puis un autre individu joua de l'instrument, et il lui arriva la même chose qu'au premier. En sorte que quiconque battait du tambour se mettait à péter. L'un d'eux le jeta alors de sa main et le brisa. Et l'on trouva que le tambour avait été fait pour « soulager » de la colique. On se repentit alors de l'avoir brisé.

Ces événements se passèrent sous le règne du khalife 'abbâside Moustadî. Les bonnes nouvelles annonçant la conquête de l'Egypte et la célébration de la khotba en son nom dans ce pays parvinrent au khalife. Il manifesta publiquement sa joie, à Bagdad, et les poètes le complimentèrent. Moustadî adressa à Salah ad-Dîn le diplôme d'investiture du sultanat avec pleins pouvoirs et délégation générale.[210] Gloire à celui qui donne le pouvoir h. qui il veut, et qui l'enlève à qui il lui plaît[211] !

Revenons à la fin du khalifat de Mouqtadir.

Mouqtadir fut destitué et 'Abd Allah, fils de Mou'tazz,[212] reçut le serment d'investiture. Celui-ci demeura un seul jour khalife ; Mouqtadir l'emporta sur lui et, l'ayant pris, le tua. 'Abd Allah, fils de Mou'tazz, ne fut pas compté au nombre des khalifes, à raison du peu de temps pendant lequel il fut investi du pouvoir.

Il y eut entre Mouqtadir et Mounis al-Mouzaffar,[213] l'émir des troupes, une dispute, qui amena une guerre, dans laquelle Mouqtadir fut tué. Sa tête fut tranchée et portée devant Mou'nis al-Mouzaffar, et son cadavre demeura gisant sur le haut de la route. On raconte qu'un homme, marchand de fagots d'épines, passant auprès de lui, vit sa nudité à découvert et jeta alors sur lui un fagot d'épines dont il le couvrit. Cet événement eut lieu en l'année 320[214] (932 de J.-C).

HISTOIRE DU VIZIRAT SOUS LE REGNE DE MOUQTADIR

Lorsque Mouqtadir s'assit sur le trône du khalifat, il maintint 'Abbas, fils de Hasan, le vizir de son frère Mouktafî, dans son vizirat. Lorsqu'Abbâs, fils de Hasan, fut tué et que la guerre eut lieu entre Mouqtadir et 'Abd Allah, fils de Mou'tazz, Mouqtadir triomphant fit venir Ibn al-Fourât et l’investit du vizirat.

VIZIRAT D'IBN AL-FOURAT.[215]

La famille de ce vizir, dit Souli, est originaire de Sarifîn,[216] dans la province de Doudjail. Les Benou-l-Fourât étaient du nombre des hommes les plus distingués, par le mérite, la générosité, la capacité, le respect de la parole donnée, la grandeur d’âme. » Abou-l-Hasan Ali, fils d'al-Fourât, dont il est ici question, était un homme des plus distingués, des plus éminents par la noblesse du caractère et la générosité. Son époque fut une série de fêtes pour le peuple.

Lorsque Mouqtadir fut victime de la révolution et destitué, tandis qu'Ibn al-Mou'tazz recevait le serment d'investiture, dès qu'il triompha de son adversaire et qu'il se fut affermi dans son khalifat, il envoya un message à Abou-l-Hasan 'Ali, fils d'al-Fourât, le fit venir, l'investit du vizirat et lui en remit les insignes. Ce vizir s'occupa alors d'apaiser la guerre civile, de la meilleure façon, mit l'ordre dans le gouvernement en un seul jour, posa les principes fondamentaux, se concilia la population et ne passa point cette nuit que tout était rentré dans l'ordre en faveur de Mouqtadir, dont l'empire se trouvait en parfait état.

C'est à ce sujet qu'un poète du règne de Mouqtadir dit :

Tu as mis, en une heure, l'ordre dans un empire, qui aurait périclité, entre les mains d'un autre que toi, pendant des mois.

Ibn al-Fourât fut investi du vizirat à trois reprises, et au service de Mouqtadir. Quand Ibn al-Fourât, dit-on, prenait possession du vizirat, la chandelle, la neige et le papier augmentaient de prix, à cause du grand usage qui en était fait à cette occasion. En effet, aucune personne, quelle qu'elle fût, ne buvait chez le vizir, pendant les trois saisons,[217] si ce n'est de l'eau glacée.[218] De même personne ne sortait de chez le vizir, après le coucher du soleil, sans être précédé d'une grande chandelle fine, qu'il s'agît d’un jeune ou d'une grande personne. Enfin, il y avait dans la maison du vizir un cabinet, connu sous le nom de « cabinet du papier », où toute personne qui entrait chez le vizir et avait besoin de papier prenait ce qui lui était nécessaire.

On a raconté, au sujet de ce vizir, qu’il aurait dit : « Je n’ai jamais vu, à ma porte, une personne ayant besoin de quelque chose, sans que ma préoccupation de lui faire du bien fût plus forte que la sienne. »

Avant d'être investi du vizirat, il avait coutume de mettre à la disposition de ses compagnons et de ses commensaux, des coussins sur lesquels ils s'appuyaient. Lorsqu'il fut investi du vizirat, les valets de chambre n’apportèrent pas ces coussins aux commensaux et aux compagnons. Le vizir désapprouva leur conduite et ordonna d'apporter les coussins. Il ajouta : « Allah ne me verra pas m'élever en dignité par rabaissement du rang de mes amis. »

Lorsqu'eut lieu la révolte d’Ibn al-Mou'tazz et que, ayant triomphé, Mouqtadir eut investi du vizirat Abou-l-Hasan, fils d'al-Fourât, on présenta au vizir des placets émanant de quelques-uns des grands de l'Empire, indiquant leur sympathie pour Ibn al-Mou'tazz et leur éloignement d'al-Mouqtadir. Un des assistants conseilla au vizir d'ouvrir ces placets et d'en prendre connaissance afin de savoir distinguer, par ce moyen, l'ennemi de l’ami. Mais Ibn al-Fourât ordonna d'apporter un brasero contenant du feu, et quand on l'apporta, il y mit ces placets en présence des assistants, sans en lire quoi que ce soit. Il dit ensuite aux assistants : « Ces papiers émanent des grands de l'Empire; si nous en avions pris connaissance, nos dispositions à l'égard de ceux qui les ont écrits se seraient altérées, de même que leurs intentions à notre égard. Et alors, si nous les punissons, nous ferons périr des hommes utiles au gouvernement, et il en résultera une très grande faiblesse pour le royaume. Si, au contraire, nous les laissons tranquilles, nous les aurons laissés, alors que, de chaque côté, les intentions se sont altérées, de sorte que nous ne pourrons plus nous servir d'eux. »

Ibn al-Fourât ne cessa pas de revenir au vizirat jusqu'à la troisième fois, où il fut pris et mis à mort, et cela en l’année 312 (924 de J.-C).

VIZIRAT D’AL-KHAQANI

Il s'appelait Abou 'Ali Muhammad, fils d’Oubeïd Allah, fils de Yahya fils de Khâkân.[219]

Lorsque Mouqtadir arrêta Ibn al-Fourât, lors de son premier vizirat,[220] il fit venir Al-Khaqani, qui craignait Ibn al-Fourât, le rassura, le prit comme vizir et lui remit les insignes du vizirat.

Al-Khaqani était d'une conduite et d'une administration déplorables. Il abusait des nominations et des destitutions. Il nomma, dit-on, en un seul jour, dix-neuf gouverneurs pour la ville de Koûfa, et reçut de chacun d'eux un cadeau. Ils se mirent en route l'un après l'autre, jusqu'à ce que, s'étant réunis à un point de la route, ils se dirent : « Comment allons-nous faire ? » L'un d'eux dit : « Si vous voulez agir selon l'équité, il convient que seul se rende à Koûfa le dernier d'entre nous qui a vu le vizir. C'est lui dont l'investiture est valable, car personne n'est venu après lui. » Ils se mirent alors d'accord là-dessus, et l’homme qui était arrivé le dernier se dirigea vers Koûfa, tandis que les autres revinrent trouver le vizir, qui les répartit dans un certain nombre de fonctions. Les poètes composèrent contre lui des épigrammes. Voici ce qu'on a dit contre lui, entre autres choses :

Depuis que tu es arrivé au pouvoir, les bureaux se lamentent et les recettes du kharâdj sont atteintes d'une longue maladie.[221]

Lorsque les graves affaires te visitent, elles sont reçues par ton sot[222] jugement et ta pauvre intelligence.

Si vous[223] avez pu engraisser par la perfidie et l'injustice, rappelez-vous que la hauteur[224] s'accompagne d'un corps maigre.

Voici ce qu'on a dit encore contre lui :

C'est un vizir qui ne se lasse pas d'être impudent : il nomme à une fonction, puis en destitue une heure après.

Il rapproche celui dont il a reçu de l'argent et éloigne celui qui l'implore au nom de l'intercession du Prophète.[225]

Lorsque les porteurs de cadeaux corrupteurs arrivent auprès de lui, le plus considéré parmi eux est celui dont le cadeau est le plus riche.

Mouqtadir le fit arrêter et mettre en prison,[226] et investit du vizirat 'Ali, fils d'Isa, fils de Djarrâh.[227]

VIZIRAT D’ALI, FILS D’ISA, AU SERVICE DE MOUQTADIR

'Ali, fils d'Isa, était un maître comme homme d'État. C'était un homme supérieur, religieux, scrupuleux, menant une vie d'austérité et d'abstinence. Je ne sache pas, a dit Souli, que les Abbâsides aient eu un vizir qui ressemblât à Ali, fils d'Isa, quant à son abstinence, sa chasteté, sa connaissance par cœur du Coran, sa science du sens intime de ce livre, son habileté comme écrivain et comme calculateur, ni qui ait fait autant d'aumônes et d'œuvres charitables que lui. »

Le revenu qu’'Ali, fils d’Isa retirait, chaque année, de ses domaines ruraux était, dit-on, de plus de 80.000 dinars, dont il dépensait la moitié au profit des pauvres et des indigents, et l'autre moitié pour lui, sa famille et ceux qui lui étaient attachés.

Il s'occupa activement des affaires du vizirat, mit de l’ordre dans les bureaux et la comptabilité, et en établit les règles fondamentales. Son époque fut la meilleure époque d'un vizir.

Le plus grave défaut, dit-on, qu'on ait eu à reprocher, à 'Ali fils d'Isa, c'est qu'on disait de lui qu'il considérait trop les détails des affaires, en sorte que, souvent, ils lui firent perdre la vue de l'ensemble. Lorsqu'il fut investi du vizirat, ses aumônes et ses œuvres charitables se répandirent partout. Il constitua en waqf (fondations pieuses) plusieurs immeubles, faisant partie des domaines du Sultan, et créa spécialement pour eux un bureau, qu'il appela « Bureau des œuvres pies », dont il destina les revenus à l'entretien des places frontières et aux deux villes saintes et nobles.[228] Il tenait audience pour redresser les griefs depuis l'aube jusqu'à l'heure du 'asr.[229] Il se borna à la nourriture la plus frugale et au vêtement le plus grossier. Il fut investi du vizirat, au service de Mouqtadir, à diverses reprises. Lui et Abou-l-Hasan 'Ali, fils d'al-Fourât, se succédaient à tour de rôle au vizirat, tantôt celui-ci, tantôt celui-là.[230]

VIZIRAT DE HAMID, FILS D’ABBAS

Hamid s'était toujours occupé de l’administration financière du Sawâd ; il n'avait aucune expérience de la comptabilité financière de la capitale. Il était généreux, très charitable, magnifique, d'un commerce agréable, maître de lui, très galant homme. Il était, par contre, d'un cœur dur pour extorquer l'argent, peu persévérant, prompt à perdre patience et à s'emporter, mais sa générosité faisait passer tout cela inaperçu.

On a raconté à son sujet qu'il entra une fois au palais de Mouqtadir, et l'un des courtisans du khalife lui ayant demandé de l'orge pour ses montures, le vizir prit l'encrier et lui signa un bon pour 100 kourr.[231] Alors, un autre courtisan lui dit : « Moi aussi, j'ai besoin d'orge pour mes montures. » Et le vizir de lui signer un bon de 100 kourr. Les courtisans du khalife ne cessèrent pas de lui demander l'un après l'autre, et lui de signer, jusqu'à ce qu'il eut distribué 1.000 kourr en une heure. Aussi, lorsque Mouqtadir connut le peu d'intelligence de Hamid et son manque d'expérience des affaires du vizirat, il fit sortir, pour lui, de la prison Ali, fils d'Isa, fils d'al-Djarrâh et le lui adjoignit, en faisant de lui une espèce d'assesseur du vizir.[232] En sorte qu'Ali fils d'Isa, par suite de son expérience, était le principal; tout ce qu'il concluait se réalisait, et tout ce qu'il dénouait cessait d'avoir aucune force. Nominalement, le vizirat appartenait à Hamid et, effectivement, à Ali, fils d’'Isa, au point qu'un poète a dit :

Dis au fils d'Isa une parole qu'accepterait Ibn Moudjahid[233] lui-même :

« C'est toi qui es le vizir; et l'on s'est simplement moqué de la barbe de Hamid.

« On l’a placé auprès de lui pour cacher [son incapacité] et pour remédier à une chose en mauvais état.

« Si tu en doutes, demande-lui combien un et un font-ils. »

Hamid portait le vêtement noir[234] et s'asseyait sur le coussin du vizirat, tandis qu’Ali, fils d'Isa, s'asseyait devant lui comme un assesseur, sans porter de vêtement noir ni rien du costume des vizirs ; mais, en réalité, c'était lui le vizir. C'est ce qui a fait dire à un poète[235] :

Plus étonnant que tout ce que nous avons vu est la présence de deux vizirs dans une même ville.

Celui-ci est un costume noir sans vizir, et celui-là est un vizir sans costume noir.[236]

Hamid fut ensuite destitué, et Mouqtadir prit comme vizir, après lui, Ali, fils d'al-Fourât, auquel il remit l’ancien vizir. 'Ali, fils d'al-Fourât, le tua secrètement.[237]

VIZIRAT D’ABOU-L-QASIM OUBEÏD ALLAH, FILS DE MUHAMMAD, FILS D’OUBEÏD ALLAH, FILS DE YAHYA, FILS DE KHÂKÂN

Son vizirat ne fut pas long, et il n'eut pas une histoire méritant d'être relatée, ni mise par écrit. Les événements ayant été plus forts que lui, il fut contraint de payer une certaine somme, puis destitué. Il mourut en l'année 312 (924).[238]

VIZIRAT D’ABOU-L-'ABBAS AHMAD, FILS D’OUBEÏD ALLAH, FILS D’AHMAD, FILS D’AL-KHASIB, AU SERVICE DE MOUQTADIR

Ce vizir[239] avait une bonne culture intellectuelle ; il était d'une intelligence supérieure, bon calligraphe, éloquent, et citait de jolies anecdotes et de jolis vers. La cause de son arrivée au pouvoir fut une circonstance tout extraordinaire, dont voici le récit. Abou-l-'Abbas susnommé faisait la cour aux amis de Mouqtadir, leur témoignait de l'affection et leur faisait des cadeaux. De leur côté, ils l'aimaient, le protégeaient toujours et faisaient son éloge auprès de Mouqtadir. Or, il arriva qu'une calamité s'étant produite dans une certaine région, Mouqtadir équipa une armée et l'envoya, sous les ordres d'un de ses émirs, vers cette région. Depuis, Mouqtadir attendait impatiemment les nouvelles de cette armée. Ibn al-Khasib envoya alors des pigeons voyageurs avec un de ses hommes de confiance, accompagnant l'armée. Il dit à son homme : « Lâche, chaque jour, des pigeons portant les nouvelles, heure par heure. » Aussi, les nouvelles arrivaient-elles, par les pigeons, vers Ahmad, fils d’Oubeïd Allah, fils d'al-Khasib, qui les présentait à Mouqtadir, une heure après l'autre, au point que rien de ce qui touchait l'armée ne passait ignoré de Mouqtadir. Celui-ci en fut émerveillé et dit : « D'où Ahmad, fils d'al-Khasib, sait-il les nouvelles de cette armée ? » On le mit alors au courant de la manière dont la chose s'était passée, et on lui dit : « Celui dont le souci va jusqu'à faire une pareille chose, alors qu'il n'a aucun intérêt engagé dans cette affaire, quelle activité et quels efforts ne déploierait-il pas, s'il était vizir? » C'est alors que Mouqtadir l'investit du vizirat.

Abou-l-Abbâs Ahmad, fils d’Oubeïd Allah, fils d'al-Khasib, était chaste, s'abstenait scrupuleusement des deniers du Sultan et des sujets, évitait la déloyauté et observait rigoureusement la bonne foi. Son autorité s'affaiblit par la suite, et il perdit les bonnes grâces de la douairière, la mère de Mouqtadir, dont il était le secrétaire avant d'être vizir. Il fut alors destitué, et ses biens confisqués, et cela en l'année 314[240] (926 de J.-C).

VIZIRAT D’ABOU ALI MUHAMMAD IBN MOUQLA, AU SERVICE DE MOUQTADIR[241]

Ce vizir est l'auteur de la belle écriture bien connue, et dont la beauté est devenue proverbiale. C'est lui qui, le premier, inventa cette écriture et l'emprunta au système koûfique pour en faire le système actuel.[242] Il fut ensuite suivi par Ibn al-Bawwâb.[243]

Au début, il travaillait dans un des bureaux administratifs, moyennant six dinars par mois. Ensuite, il s'attacha à Abou-l-Hasan 'Ali, fils d'al-Fourât, le vizir, et devint son intime. Or Ibn al-Fourât était comparable à la mer en bienfaisance, et en générosité. Il éleva donc son rang et améliora sa position. Ibn Mouqla demeura alors à son service, lui présentant des placets ayant trait à des affaires importantes intéressant la population, et tirant lui-même profit de ce chef. Ibn al-Fourât lui ordonnait de percevoir des taxes de ce côté, dans le désir de le faire gagner. Il ne cessa pas d’être ainsi jusqu'à ce que sa situation s'élevât et que sa fortune augmentât. Lorsqu'Ibn al-Fourât fut investi du vizirat la seconde fois, Ibn Mouqla prit pied solidement dans son administration, sa position s'éleva et son influence grandit. Satan jeta ensuite la discorde entre lui et Abou-l-Hasan Ali, fils d’al-Fourât, et chacun d'eux devint méfiant à l'égard de l'autre. Ibn Mouqla renia le bien que lui avait fait Ibn al-Fourât, et entra dans l'ensemble de ses ennemis et de ceux qui intriguaient contre lui, jusqu'à ce que la disgrâce eût atteint Ibn al-Fourât. Aussi, lorsqu'Ibn al-Fourât revint au vizirat, il fit arrêter Ibn Mouqla et le contraignit au paiement de 100.000 dinars, que sa femme, qui était très riche, paya pour lui. Ibn Mouqla était un écrivain très habile, versé dans le style protocolaire. Ses réponses aux placets n'étaient pas mauvaises dans leur genre. Il est aussi l'auteur de poésies, dont voici un distique :

Le sort m'a mis à l'épreuve de ses revirements : mais je n'ai point faibli devant ces changements.

Je me suis habitué à ses deux jours;[244] que de fois l'on se fait à une chose à laquelle on n'était pas habitué !

Abou[245] 'Abd Allah Ahmad, fils d'Ismâ'îl, qui est connu sous le nom de Zandji, secrétaire d'Ibn al-Fourât, a raconté : « Lorsqu'Ibn Mouqla fut disgracié et mis en prison, je n'entrai point auprès de lui dans sa prison; je ne Un écrivis point, et ne lui témoignai aucune compassion pour sa douleur malgré l'affection et l'amitié sincère qui existaient entre nous deux, par crainte d'Ibn al-Fourât. Puis, son épreuve s'étant prolongée, il m'écrivit un billet contenant les vers suivants :

Est-ce que les lettres ont été défendues entre les amis ? Explique-moi. Ou bien est-ce le papier qui est devenu trop cher ?

Quel mal y aurait-il eu, si tu nous avais demandé comment nous nous portions, alors que nous avons été surpris par un malheur, et quel malheur !

Ton vrai ami est celui qui a des égards pour toi dans toute adversité, car, quand tu es dans l’abondance, tu vois tout le monde t'entourer d'égards.

Suppose même que tu sois mon ennemi et non mon ami, eh bien, j'ai vu les ennemis compatir à leurs ennemis.

De sa poésie, sont encore les deux vers suivants, qu'il a adressés à son fils, qui était tombé malade :

Que ton Seigneur t'accorde bonne santé et salut, et qu'il te préserve, en m'exposant à ta place, des coups du sort?

On m'a annoncé ta maladie, tandis que j'avais mon verre en main, je le mélangeai[246] alors de mes larmes, à la place de l'eau.

Les deux vers suivants sont également de lui[247]:

Je ne suis point humilié lorsque le sort me frappe, ni fier lorsqu'il m'est favorable.

Je suis un feu qui prend l'envieux à l'endroit où monte sa respiration, une eau coulante avec les amis.

Mouqtadir prit Ibn Mouqla comme vizir et le revêtit des insignes du vizirat, en l'année 316 (928).[248] Il se chargea seul du fardeau du vizirat, tant pour les ordres que pour les défenses, et il donna, pour en être investi, une somme de 500.000 dinars. Il fut ensuite destitué et arrêté, puis rappelé au pouvoir. Et il ne cessa pas d'être ballotté par le sort jusqu'au moment où Radi l’investit du vizirat. Puis, de graves événements[249] se produisirent, qui amenèrent Radi à l'emprisonner dans sa maison et à le mettre à l'étroit. Ses ennemis le calomnièrent auprès de Radi, auquel ils firent appréhender la méchanceté d'Ibn Mouqla. Alors, Radi l'amputa de la main droite. Ibn Mouqla demeura dans la prison pendant un certain temps, ayant la main amputée. Il se lamentait sur le sort de sa main et disait : « Une main avec laquelle j'ai écrit tant d'exemplaires du Coran et tant de hadiths (traditions) parmi les hadiths du Prophète (puisse Allah répandre ses faveurs sur lui et sa famille, et leur accorder le salut!), avec laquelle j'ai répondu aux requêtes de l'orient et de l'occident de la terre, serait donc coupée comme sont coupées les mains des voleurs[250] ! »

Voici quelques-uns de ses vers, dans lesquels il fait allusion à l'amputation de sa main :

Je ne suis pas lassé de la vie, mais j'ai eu confiance dans leurs[251] serments, et ma main droite[252] s'est alors séparée de moi.

Je fis ensuite de mon mieux, dans la mesure de mes forces, pour préserver leurs vies ; mais eux ne m'ont pas préservé.

Il n'y a aucun plaisir à vivre après la disparition de sa main droite : ô ma vie ! ma main droite m'a quitté, quitte-moi[253] !

C'est à ce sujet qu'un poète a dit :

Si on l'a amputé d'une de ses deux mains, parce qu'on redoute ses qalams (plumes) et non ses épées tranchantes.

On ne l'a pas privé[254] de son intelligence, qui, lorsqu'il lui fait décrire des moulinets, te fait voir la mort entre les luettes et les larynx.

Lorsque Radi coupa la main d'Ibn Mouqla, celui-ci écrivit avec la main gauche comme il écrivait avec la droite. Il attacha ensuite un qalam sur son bras[255] dont la poignée a été coupée et écrivit avec ; on ne put pas distinguer entre son écriture faite avant l'amputation de sa main et celle faite après.

Parmi les coïncidences extraordinaires, on a remarqué qu'Ibn Mouqla fut investi du vizirat à trois reprises, fit trois voyages,[256] et fut enterré trois fois. Il fut enterré au palais du khalife, quand il fut mis à mort, et cela peu de temps après l'amputation de sa main. Puis, les siens ayant demandé qu'il leur fût remis, on l'exhuma et on le leur remit ; ils l'enterrèrent à leur tour. Puis, sa femme l'ayant recherché, l’exhuma, puis l'enterra dans sa maison.[257]

VIZIRAT D'ABOU-L-QASIM SOULAIMÂN, FILS DE HASAN, FILS DE MAKHLAD, AU SERVICE DE MOUQTADIR

Ce vizir[258] n'eut pas une histoire méritant d'être rappelée, ni d'être racontée. Il ne fut pas du nombre des hommes intelligents, et il n'a atteint ce qu'il a atteint que par l'effort et la chance.

Il entra, dit-on, une fois, auprès de Qasim, fils d’Oubeïd Allah, le vizir de Mou'tadid et de Mouktafî. Le vizir lui fit bon accueil, se tourna vers lui et l'honora d'une manière qui dépasse ce qu'on fait d'ordinaire pour ses pareils. On en demanda la raison au vizir, qui répondit : « J'ai vu en songe comme si j’avais sur la tête une qalansoua,[259] puis cet individu, l'ayant prise, la mit sur sa tête. Il n'y a pas de doute que ce jeune homme sera un jour investi du vizirat. » Les événements confirmèrent ses paroles.

La conduite d’Ibn Makhlad, durant son vizirat, ne fut pas digne d'éloges.

Lorsque Mouqtadir destitua Ibn Mouqla, il demanda conseil à 'Ali, fils d'Isa, fils de Djarrâh, au sujet de celui qu'il prendrait comme vizir. Ibn Djarrâh lui conseilla[260] alors Ibn Makhlad, et Mouqtadir l'investit du vizirat en l'année 318 (930). Il le fit ensuite arrêter,[261] et confia le vizirat à Al-Kalwadzâni.[262]

VIZIRAT D’ABOU-L-QASIM OUBEÏD ALLAH, FILS DE MUHAMMAD AL-KALWADZANI, AU SERVICE DE MOUQTADIR

Son vizirat ne fut pas long[263] et il ne put arriver à ses désirs. Les confiscations se multiplièrent sous son administration. L'armée se révolta contre lui et les soldats l'insultèrent et lui lancèrent des pierres, alors qu'il était dans une barque. Il jura alors qu'il n'entrerait plus désormais dans la charge de vizir. Il se retira dans sa maison et ferma sa porte. Son vizirat eut une durée de deux mois.

VIZIRAT DE HOUSAIN,[264] FILS DE QASIM, FILS DE OUBEÏD ALLAH, FILS DE SOULAIMÂN, FILS DE WAHB, AU SERVICE DE MOUQTADIR

On appelait ce vizir Abou-l-Djamal (le Père de la Beauté).

Il est, dit-on, celui des hommes dont les racines plongent le plus profondément dans le vizirat. Lui-même était vizir de Mouqtadir; son père, Qasim vizir de Mou'tadid et de Mouktafi ; son aïeul, 'Oubeïd Allah, vizir de Mou'tadid, et son bisaïeul, Soulaimân, fils de Wahb, vizir de Mouhtadî. C'est à ce sujet que le poète lui dit :

O vizir, fils de vizir, fils de vizir, fils de vizir!

Toute une série, comme des perles, lorsqu'elles sont enfilées dans un collier ornant les cous des belles.

Housain, fils de Qasim, n'était pas remarquable dans sa profession, et sa conduite, dans son vizirat, ne fut pas louée. Il ne se passa pas longtemps pour lui qu'il se montrât au-dessous de la tâche et que les événements furent plus forts que lui.

'Oubeïd Allah, fils d'Abd Allah, fils de Tahir, le loua en ces termes :

Si je t'offre des vers, c'est que je suis moi-même fils d'une famille[265] à qui on offre des vers.

Mais je le vois d'une famille [plus noble que la mienne]. Or, il n'y a aucune honte pour l'homme à avoir des seigneurs.

Par contre, Djahza[266] lança contre lui l'épigramme suivante:

Lorsque dans une ville le vizir se nomme Abou-l-Djamal, et le mohtasib[267] Ad-Dâniyâlî,[268]

Laisse derrière toi cette ville, car, sous peu, tu y verras les jours transformés en nuits.

La gaîté est finie, disparue, et tout le reste annonce son prochain départ.

Lorsqu'apparurent clairement à Mouqtadir l'insuffisance et l'incapacité[269] du vizir, il le fit arrêter et le contraignit[270] par la torture à payer des sommes d'argent. Il demeura ainsi jusqu'au règne de Radi et fut ensuite éloigné de l'Iraq. Puis, lorsqu'Ibn Mouqla fut investi du vizirat, il ordonna sa mise à mort, et dépêcha vers lui quelqu'un qui lui trancha la tête. Sa tête fut portée au palais du khalifat dans un panier en feuilles de palmier. On plaça le panier dans le trésor, car c'était leur habitude en pareil cas.

On a raconté que lorsqu'eut lieu la guerre civile, à Bagdad, sous le règne de Mouttaqî, on sortit du trésor un panier contenant une main coupée et une tête coupée. Sur la main était une étiquette collée, portant écrit : « Cette main est la main d'Abou 'Ali ibn Mouqla, et cette tête est la tête de Housain, fils de Qasim. Cette main est celle-là même qui a écrit l'ordre de trancher cette tête. » Les gens en furent alors saisis d'étonnement.  

VIZIRAT D’ABOU-L-FADL DJAFAR, FILS D’AL-FOURAT

Son vizirat ne fut pas long, et il n'eut pas une conduite que la tradition ait transmise. Mouqtadir fut tué, alors qu'il était encore son vizir. Il se tint alors caché.

Fin du règne de Mouqtadir et de l’administration de ses vizirs.

suite

 

 


 

[99] Notice spéciale sur ce prince dans Al-Wâfi bil-Wafayât, par Khalil Ibn Aibak as-Safadî, manuscrit de Paris, n° 5860, f° 213 v°. Cf. de Hammer-Purgstall, Litteraturgeschichte der Araber, IV, 33.

[100] Siroès était le fils aîné de Chosroès II, roi de Perse. Ce prince ayant disposé de la couronne en faveur d'un cadet, Siroès, irrité, mit son père en prison el le fit mourir quinze jours après, avec tous ses enfants. Ce fait arriva l’an de J.-C. 628. Siroès mourut lui-même peu de temps après (note de Cherbonneau, op. cit.). Cf. Noldeke, Geschichte der Perser und Araber, p. 166; Massoudi, Prairies d’or, II, 232-233; VII, 290-291 et aussi VI, 124-127; Ibn al-Athir, I, 360 et suiv.

[101] Huit mois. Cf. Ibn al-Athir, loc. cit.

[102] Cette anecdote est racontée aussi par Massoudi, Prairies d’or, VII, 290-291 ; de même dans le Nigiaristân, Marigny, III, p. 314.

[103] Massoudi (Prairies d’or, VII, 296) dit que le khalife ne tarda pas à se repentir de ce mauvais choix.

[104] Massoudi (Prairies d’or, VII, 296) ajoute que le solliciteur en mourut. Mais un autre ms. des Prairies d’or dit qu'il fut seulement renversé.

[105] Ce premier vers se trouve dans Massoudi (loc. cit.) avec d'autres anecdotes caractéristiques sur ce même vizir.

[106] Sous le règne de Wâthiq, Ahmad, fils d'al-Khasib, occupa déjà des fonctions importantes au diwan. C'est à cette époque (229 de l'Hégire) qu'il fut condamné par le khalife à payer une amende d'un million de dinars. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, p. 6; Kitab al-aghâni, XXI, p. 253.

[107] Massoudi, Prairies d’or, VII, 193 et suiv. ; Ibn al-Athir, VII, p. 76 et suiv.

[108] Cf. le récit de Massoudi, Prairies d’or, VII, 330-341. Cet auteur donne une généalogie différente, il appelle cet 'Alide Abou-l-Hasan Yahya, fils d'Omar, fils de Yahya, fils de Housain, fils d'Abd Allah, fils d’Ismâ'îl, fils d’'Abd Allah, fils de Djafar at-Tayyâr, fils d’'Ali. La confusion me paraît devoir être attribuée au copiste, car, de même qu’Ibn al-Athir (Chronicon, VII, 82), Massoudi, (loc. cit.) donne la généalogie de la mère de l'Alide Yahya. C'est dans cette dernière généalogie qu'on trouve les noms que nous avons transcrits ci-dessus en italique. Le copiste a pu sauter une ligne et confondre ainsi les deux généalogies.

[109] Ce personnage, d'après Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 864, se nommait 'Omar, fils de Faradj. Il était chargé, sous le règne de Moutawakkil, de tout ce qui concernait les Alides.

[110] En suivant le cours du Tigre. C'est ainsi qu'il faut comprendre le verbe employé dans le texte arabe.

[111] C'est le grand émir Wasif, qui joua un rôle très important sous le règne de Moutawakkil. Cf. Ibn al-Athir, loc. cit.

[112] Cet homme se nommait Abou Hâchim Dawoud, fils de Haitham al-Djafarî. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 84.

[113] Ce récit est conforme à celui d'Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 82 et sq.

[114] L’auteur fait ici allusion à la révolte de Hasan, fils de Zaid. qui eut lieu tout de suite après la mort de Yahya et dont le récit est donné avec beaucoup de détails par Ibn al-Athir, op. cit., VII. 85 et Massoudi, Prairies d’or, VII, 342 et suiv.

[115] Ce vizir me paraît être le fils de Muhammad, fils de Yazdâd, vizir de Mamoun (voy. ci-dessus et de Hammer-Purgstall, Litteratur Geschichte der Araber, III, 60. Cela me paraît d'autant plus vraisemblable que le vizir de Mamoun avait pour kounya : Abou 'Abd Allah (le père d’Abd-Allah) et que le vizir de Mousta'în se nommait précisément 'Abd Allah.

[116] A Bagdad. Ibn al-Athir, VII, 81.

[117] D'après Massoudi (Prairies d’or, VII, .324 et 369), Mousta'în eut encore un vizir : Ahmad, fils de Sâlih, fils de Chirzâd al-Qoutrouboulli, qui devient plus tard vizir de Mou'tamid.

[118] Notice spéciale sur ce prince dans Al-Wâfi bil-Wafayât, par Khalil Ibn Aibak as-Safadî, manuscrit de Paris, n° 5860, f° 214 v°. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon VII, 92 et suiv.

[119] Cf. le récit de Massoudi, Prairies d’or, VIII, 44-62. Voy. aussi la très intéressante notice consacrée à ce khâridjite par Ibn Khallikan, Wafayât al-a’yân, éd. Wüstenfeld, n° 838, pp. 53-76); Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 128 et sq.

[120] Ce récit est textuellement emprunté à Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 132.

[121] Je ne trouve aucun renseignement sur ce vizir. Ibn al-Athir (Chronicon, VII, 148) le nomme une seule fois en disant qu'il était chargé des affaires sous le règne de Mou'tazz.

[122] 'Isa, fils de Farroukhân Chah, a été aussi vizir de Mousta'în. Cf. Massoudi, Prairies d’or, VII, 325. Il occupait encore le pouvoir en 246 (= 860). D'après cet auteur, 'Isa occupa également le vizirat sous Mouhtadi. Voy. op. cit., VIII, 2.

[123] D'après Ibn al-Athir (Chronicon, VII, p. 81), 'Isa était chargé de diriger le bureau de l'impôt foncier (le kharâdj) sous le règne de Mousta'în. Il succéda dans ces fonctions à Fadl, fils de Marvân (voy. ci-dessus), en l'année 249 de l’Hégire.

[124] 'Isa a même été frappé par la milice turque. Cf. Ibn al-Athir, op. cit., VII, 146.

[125] Voy., sur ce personnage, Massoudi, Prairies d’or, VII, 379, 396-397 ; VIII, 3 à 8 ; Kitab al-aghâni, XIV, 113 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 127 et suiv.

[126] La disgrâce d'Ahmad, fils d'Isrâ'il, et l’arrivée de Djafar, fils de Mahmoud, au vizirat pour la seconde fois, sont racontées par Ibn al-Athir (Chronicon, VII, 148) dans des termes identiques. D'après cet auteur, ces événements eurent lieu en l'année 255 (= 862 de J.-C).

[127] La biographie de Mouhtadi est copiée mot à mot d'Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 161-162.

[128] Ce personnage se nommait Abou-l-'Abbâs, fils de Hâchim, fils d’al-Qasim al-Hâchimi. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VII. 162.

[129] Ibn al-Athir (loc. cit.) dit avec plus de raison: « Les compagnons du Sultan. »

[130] Les Mollâs, comme on le sait, remplissaient à la cour des khalifes de Bagdad des services, parfois très importants, qui faisaient d'eux des personnages considérables. Le Mollâ, dont il est ici question, devint un des chefs les plus redoutés de la milice turque de cette époque. Il se nommait Baïkiâl. Dans Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 158 et sq. : Bâbkiâl. Sa révolte, à la suite de laquelle Mouhtadi fut destitué, puis mis à mort, est racontée par Massoudi, Prairies d’or, VIII, 6 et sq. ; Ibn al-Athir, loc. cit.

[131] C’est ainsi que je crois comprendre les termes techniques. Le katib ad-dardj emprunte son nom au genre de papier dont il se servait ordinairement. Cf. Quatremère, Mamlouks, I, i, 175; II, ii, 221 ; Dozy, Suppl., I. 431.

[132] La biographie de Soulaimân est donnée par Ibn Khallikan, Wafayât, notice 276, par le manuscrit arabe de Paris, n° 2064. f° 184 Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât. Voy. aussi Massoudi, Prairies d’or. VII, 149 ; VIII, 10, 39, 64 ; Ibn al-Athir, Chronicon, 6, 31 et passim ; de Hammer Purgstall, Litteraturgeschichte der Araber, IV, 433. 5N1.

[133] Le père de Soulaimân se nommait Abou-l-Hasan Wahb, fils de Sa’id. Il fut secrétaire des vizirs Barmékides, notamment de Djafar, fils de Yahya. Après la disgrâce des Barmékides, il entra au service du vizir Dzoûr-Riâsalain Fadl, fils de Sahl, puis au service du frère de celui-ci, Hasan, fils de Sahl, qui le nomma gouverneur de Kirmân et de la province du Faris. Il fut ensuite chargé par ce vizir de porter un message à Mamoun, mais il mourut en route, entre Fam as-Soulh, d’où il venait et Bagdad. Ibn Khallikan, Wafayât al-a’yân, éd. Wüstenfeld, n° 276.

[134] Cet individu s'appelait plutôt Ibrahim, fils de Sawwâr, fils de Maïmoun. L'anecdote est rapportée dans le Kitab al-aghâni, XX, 70. A ce propos, je signale que l'auteur de l'Index historique de l’Aghâni, 389, l. 6, dit que la poésie qu'on lira plus loin a été composée par Soulaimân, fils de Wahb, en réponse à une satire d'Ibrahim, fils de Sawwâr, fils de Maïmoun. Aucun texte cependant ne cite cette satire, dont il n'est même question nulle part. En me reportant au texte de l’Aghâni, XX, 70, l. 21, je trouve, comme dans le Fakhrî : Ibrahim cessa de voir Soulaimân.

[135] L’Aghâni XX, 70, nomme cette chanteuse Roukhâs, mais le calembour est ici moins bon que dans le Fakhrî.

[136] Le calembour entre le mot « délivrance » et le même mot, nom propre, est évident, mais il est intraduisible.

[137] L'Aghâni, ibid., a une variante sans importance.

[138] Son nom entier est : Ahmad, fils de Muhammad, fils d’'Oubeïd Allah Abou-l-Hasan al-Katib, connu sous le nom d’Ibn al-Mouddabbir ad-Dibbî ad-Dastamisâni. Il était percepteur du kharâdj à Misr, et mourut, dit-on, en prison, en safar 290 (janvier 903). Voy. Ibn Khallikan, édit. Wüstenfeld, notice 844. Voy. aussi des anecdotes où Ahmad, fils d’al-Moudabbir, a joué un rôle dans le Kitab al-aghâni, IX, 29, 34 ; XVIII, 41, et XIX, 113.

[139] Massoudi, Prairies d’or, VIII, 32 et suiv. ; Ibn al-Athir, Chronicon. VII, 162. Une notice spéciale sur ce prince est donnée par le manuscrit n° 2130 de Paris, f° 92 (Histoire de Bagdad, par Mouhibb ad-Dîn ibn an-Nadjdjâri.

[140] Cf. Massoudi, Prairies d’or, VIII, 31, 404.

[141] Ibn al-Athir (Chronicon) donne beaucoup de détails sur les Zendjs et les troubles auxquels ils prirent part. L'abondance des renseignements a, comme toujours, empêché Ibn at-Tiqtaqâ de suivre le récit de son guide : il a préféré le résumer en quelques mots. Cf. le t. VII. p. 236 et suiv. ; Massoudi, Prairies d’or, VIII, 31 et sq. Déjà sous le règne d’'Abd al-Malik, en l'année 75 (= 695) il y a eu un soulèvement d'esclaves venus à Basra de l'Afrique orientale et principalement de la côte des Somalis. C'était aussi des Zendjs. Ce soulèvement fut réprimé par le fameux Hadjdjâdj, le gouverneur des deux 'Iraq. Cf. Tabari, Annales, II, 871 ; Ibn al-Athir, Chronicon, IV, 313 et suiv. ; J.-B. Périer, Vie d’al-Hadjdâjdj, pp. 86-87.

[142] Ces régions ont été souvent le théâtre de soulèvements importants, contre l'autorité des khalifes. C'est là qu'eut lieu, en 287, la révolte d'Abou Sa’id al-Djannâbi, le Qarmate, sous le règne de Mou'tadid. Cf. Massoudi, Prairies d’or, VIII, 193-194 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 344-345 et voyez plus loin.

[143] On le nommait al-Khabith (le vilain, l'ignoble). Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 244.

[144] Ibn al-Athir, ibidem. De son côté, Mouwaffaq Talha avait bâti une ville et l'avait nommée Mouwaffaqiyjya. Ibidem.

[145] Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 63,66 et suiv. ; Massoudi, Prairies d’or. VIII, 39, 125.

[146] Ville située sur le bord du Tigre, dans le canton de Nahrawân, en aval de Bagdad. Cf. Yakout, Mou’djam, s. v. ; Sacy, Chrestomathie, I, 327-328; Massoudi, Prairies d’or, II, 300, 453: Ibn al-Athir, Chronicon, V, 310.

[147] Sur ce khalife, voy. aussi Massoudi, Prairies d’or, VII, 245-246 ; VIII, 39; Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 215.

[148] En réalité, ce n'est pas le khalife qui destitua son vizir Ibn Makhlad: mais celui-ci prit lui-même la fuite lorsque le général de la milice turque, Moussa, fils de Boghâ, vint de Samarra à Bagdad, et cela en l'année 263 de l'Hégire. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 215. Il revint au pouvoir l’année suivante, 264, pour prendre la fuite de nouveau, quelques mois après. Ibidem.

[149] Il fut nommé vizir en l'année 265 ;= 878 de J.-C). Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 227. Il a dû être destitué quelque temps après, car nous le trouvons en 272 (= 885 de J.-C.) seulement secrétaire de Mouwaffaq. Plus tard, il trahit son maître pour gagner les bonnes grâces de Mou'tamid ; mais son complot ne réussit pas et il vit sa maison pillée par la milice qui s'était retournée contre lui. Ibn al-Athir, op. cit., VII, 306-309.

[150] Le philologue Moufaddal ad-Dibbi était également du nombre de ses courtisans. C'est à la suite d'un cadeau donné à celui-ci qu’Ibn ar-Roumi, jaloux, composa contre lui une mordante satire, que rapporte Ibn Khallikan, Wafayât, M. Wüstenfeld, n° 590.

[151] Le marché, dont il est ici question, était située Bagdad et se tenait dans la rue des savetiers (darb al-asâkifa), la rue de l’huile (darb az-zait) et la rue de l’ivoire (darb al-'âdj). Sous le règne de Mahdî, le « marché aux melons » fut transféré à l'intérieur du quartier chi'ite de Bagdad, le Karkh (Cf. Yakout, Mou’djam, II, p. 317 ; Salmon, Introduction topographique, p. 100). Dans ce nouveau quartier, le marché se tenait en face du point où le grand canal rencontre le Nahr 'Isa. Salmon, ibid., p. 155.

[152] 'Adnân, comme on le sait, est le premier rejeton connu de la tige d'Ismâ'îl, depuis la génération de Kaidar. Voy. un résumé des sources arabes dans Caussin de Perceval, Essai, I, 179, 181 et suiv. ; Prince de Teano, Annali del Islam, Introduction, § 29 et suiv.

[153] Allusion au nom du vizir : « Père du faucon ».

[154] Dans l’Index (p. 485) de l’édition arabe qui a servi de base à cette traduction, le mot « félicité » a été pris pour un nom propre de femme et classé comme tel dans l'index.

[155] Pour comprendre ce vers, il est nécessaire de savoir qu’en droit musulman, le mari doit être de condition égale à celle de la femme... L'inobservation de cette condition peut donner lieu au divorce prononcé par le juge.

[156] D'autres satires contre ce vizir sont rapportées par Massoudi, Prairies d’or, VIII, 258, 259.

[157] Ahmad occupa déjà le vizirat sous Mousta'în jusqu'à la destitution de ce prince. Cf. Massoudi, Prairies d’or, VII, .324 et 369 in fine. Ibn at-Tiqtaqâ ne mentionne pas du tout ce vizir parmi ceux qui ont occupé ces hautes fonctions sous Mousta'în. Voy. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 87, 92.

[158] Mahomet a déjà dit que l'éloquence est une véritable magie... Sur les circonstances dans lesquelles Mahomet prononça ces mots, voy. Meïdani, Proverbes, éd. de Boulaq, I, p. 6 ; Qastallanî, Commentaire sur Boukhâri, VIII, p. 408. Cf. Doutté, Magie et religion dans l'Afrique du Nord, p. 108.

[159] Pour tailler les qalams.

[160] Le morceau d'ivoire ou d'os… sur lequel on applique le roseau taillé pour en couper le bec, avant d'écrire. Naturellement, il est toujours tailladé.

[161] On s'attendait au nom de Mou'tamid.

[162] La biographie de ce vizir est donnée par Khalil ibn Aibak as-Safadî, al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit arabe de Paris, n° 2066, f° 302 v°. Cf. Hammer-Purgstall, Litteratur Geschichte der Araber, VI, 1129 ; Massoudi, Prairies d’or, VIII, 169, 252, 264.

[163] Nous avons plus de prix.

[164] C'est le surnom patronymique, kounya, du vizir 'Oubeïd Allah.

[165] Cette date est confirmée par Ibn al-Athir, Chronicon, VII, p. 352.

[166] Massoudi, Prairies d’or, VII, 33 et suiv. ; Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 309 et sq.

[167] C'est le deuxième prince de cette petite dynastie des Saffarides, qui régna avec un certain éclat sur une grande partie de la Perse, de l’année 254 (= 868) jusqu'à l’année 290 (= 903), époque à laquelle elle fut renversée par les Samanides. 'Amr, fils de Laith, régna 22 ans, de 265 (= 878) à 287 (900), après son frère Yakoub. Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, pp. 129-130 ; Massoudi, Prairies d’or, VIII, 200 et suiv. ; voy. aussi l'Index, p. 111. Voy. aussi la très intéressante notice d’Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, n° 838, pp. 53 à 76 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VII, p. 290 et suiv.

[168] Mou'tadid a laissé la réputation d un prince très avare. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 356.

[169] Je trouve une notice intéressante sur ce courtisan dans le manuscrit arabe de Paris, n° 1581, fos 60 v°-61 v° ; Dzahabî, Tarikh al-Islâm. Il serait mort en 311 de l'Hégire (= 923 de J.-C.). Cf. Massoudi, Prairies d’or, 216-223 et passim ; Ibn al-Athir, Chronicon, VII, 332 et suiv.

[170] Le père du poète, le khalife Mou'tazz, mourut, en effet, assassiné.

[171] Allusion aux mauvaises mœurs dont la famille de Wahb était accusée.

[172] C'est, je crois la place nommée Rahba de Yakoub fils de Dawoud. Cf. Salmon, Introduction topographique, p. 124. C'est là que devait s'élever la mosquée en question. Sur les mosquées de Bagdad, voy. Ibn Batoutah, Voyages, trad. Defrémery et Sanguinetti. II, 107, 109, 111.

[173] Pour ce qui concerne cette révolte, nous renvoyons à l'excellent travail de M. de Goeje, Mémoire sur les Carmathes du Bahreïn, 2e édition, Leide, 1886, in 8°.

[174] Sur ce palais et l'emplacement sur lequel il a été construit, voy. les renseignements recueillis par G. Salmon dans sa thèse sur la topographie de Bagdad : Introduction topographique à l'histoire de Bagdad par Georges Salmon, p. 52 et sq. et p. 130 (Fasc. 148 de la Section des Sciences historiques et philologiques de l'Ecole des Hautes Etudes).

[175] Ce palais appartenait précédemment à Djafar, fils de Yahya le Barmékide. Après la disgrâce et la confiscation des biens de cette famille, le khalife Haroun er-Rachid le donna à son fils Mamoun, qui en disposa, à son tour, au profit de son vizir Hasan, fils de Sahl, dont il avait épousé la fille Boûrân. C'est ce palais qui fut nommé ainsi « la maison riveraine », nom qui a été défiguré en dur ach-châtibiyya, par Hamdallah Moustaufi, apud Ch. Schefer, Siaset Nameh, Supplément, p. 147.

[176] Il fut aussi vizir du khalife suivant, Mouqtadir; voy. infra. Cf. Massoudi, Prairies d’or, VIII, 248 et suiv. ; Ibn al-Athir, VIII, pp. 6 et 10.

[177] Cf. Massoudi, Prairies d’or, VIII, 24S-249 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 10-13.

[178] Massoudi [loc. cit.] donne la date exacte : onze jours avant la fin de Rabi' I de l’année 296 (= 908).

[179] Cf. les Prairies d’or. VIII, 248.

[180] Ibid.

[181] Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. de Paris, n° 1581, f. 38 v° l. 15).

[182] Sur cet hérétique, voy. Ibn Khallikan. Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 186 ; Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. de Paris, n° 1.581, f° 1 v°, 4 v°, 8 v°, et 37 r° ; L. Massignon, La Passion d'Al-Halladj et l'ordre des Hellâdjiyya (dans Mélanges Derenbourg, Paris, 1909, p. 811 et suiv.). M. Massignon travaille à une monographie sur Al-Halladj, où l'on trouvera réunis tous les passages des auteurs arabes qui ont trait à la question.

[183] Ce mystique était un des principaux élèves de Dzoû-n-Noun al-Misri, le fameux saint musulman de l'Egypte, né en 200 ou 201 (= 815 ou 816 de J.-C.); il mourut en 273 ou 283 (= 886 ou 896), à Basra. Sa biographie est donnée par Ibn Khallikan, Wafayât, notice 280 ; Khalil ibn Aibak as-Safadî, ms. de Paris, n° 2065, f° 113 r.

[184] Sur ce fameux mystique, né dans l’Iraq, et mort en 297 (= 910), voy. C. Brockelmann, Gesch. der arab. Litt., I, 199 ; Cl. Huart, Hist. de la Litt. Arabe, 269; Hammer, Litt. Gesch. der Araber, VII, 1243; Ibn Khallikan, Wafayât, éd. Wüstenfeld, notice 143; enfin on trouve une intéressante biographie de ce mystique dans le manuscrit arabe de Paris, n° 2133, f° 149, v°. (Supplément à l’histoire de Bagdad, par Ibn ad-Doubaithi al-Wâsiti.)

[185] Comme les Soufis.

[186] Sur la description de ce vêtement, d'origine arabe, voy. Dozy, Dictionnaire détaillé des noms des vêtements arabes, pp. 177-181.

[187] Contrairement à la dourrâ'a, la qabâ' est un vêtement persan. Voy sa description dans Dozy, op. cit., p. 352 et suiv.

[188] Ces vers sont donnés par Dzahabî, dans le Tarikh al-Islâm, ms. de Paris, n° 1581, f° 6 r°.

[189] Sur ce tapis circulaire destiné à recueillir le sang du supplicié, voy. Ibn Khallikan, trad. de Slane, IV, 203, note 4; Dozy, Supplément, II, 883, s. v.

[190] Pour le supplice.

[191] Sur ce vizir, voy. plus loin. Il fut nommé vizir en 306 (= 918). Cf. Les Prairies d’or, VIII, 273 et Tarikh al-islâm de Dzahabî, ms. de Paris, n° 1.581, f° 4 r° qui donne d'intéressants détails.

[192] Ces vers sont donnés par Dzahabî, manuscrit cité, f° 8 r°.

[193] Cette date est confirmée par Dzahabî, ms. cité, loc. laud.

[194] Il s'agit ici non pas du participe passif mais d'un nom propre, suivi d'un ethnique et qui n'a du participe passif que la forme. Ma'roûf était un fameux dévot de Bagdad, où il accomplit, dit-on, de nombreux miracles. Son tombeau y est très vénéré. Il est enterré au cimetière dit de Bâb ad-Dair (Porte du Couvent). Cf. Salmon, Introduction topographique à l'histoire de Bagdad, p. 168 et passim. Ma'roûf était d'origine chrétienne. Mais il refusa d'accepter le dogme de la Trinité et même de prononcer seulement le chiffre trois. Finalement, il se convertit à l'islamisme et finit par y convertir ses parents. Cf. Ibn Khallikan, Wafayât, notice 789 ; Hammer-Purgstall, Litteraturgeschichte der Araber, III, 234.

[195] Cf. le récit d'Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 92-94.

[196] Cf. Massoudi, Prairies d’or, VII, 75 ; Ibn al-Athir, op. cit., VI, 310 ; il s'agit ici de son bisaïeul.

[197] En l’année 317. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon. VIII, 147.

[198] En dehors des Histoires générales, on peut consulter sur cette dynastie: John Nicholson, An Account of the establishment of the Fatimite dynastie in Afric, Tübingen and Bristol, 1840, in-8° ; F. Wüstenfeld, Geschichte der Fatimiden Chalifen ; de Goeje, Mémoire sur les Carmates du Bahreïn et sur les Fatimides, Leide, 2e édition, 1890; Paul Casanova, Les Derniers Fatimides, dans les mémoires publiés par les membres de la Mission archéologique française au Caire, t. VI, pp. 415-445); Makrizi, Kitab illi'âz al-hunafâ bi-akhbâr al-a imma al-Khulafâ, Fatimidengeschichte, édition Hugo Bunz, 1909.

[199] Sur ce poète, voy. ci-dessus. Sur la formule qui accompagne son nom, Ch. Clermont-Ganneau, Recueil d'archéologie orientale, VII, pp 200-201.

[200] Lisez le duel. Cette correction est d'ordre tout à fait paléographique. L’alif du duel disparaissant très souvent devant celui de l’article. D'ailleurs le ms. porte cette correction de la main de l'auteur.

[201] L'auteur, fervent 'Alide, comme on le sait, ne veut pas discuter cette question, parce qu'il est très heureux de pouvoir citer une dynastie d’Alides, Cependant leur généalogie est très contestable, et la plupart des historiens arabes leur dénient toute parenté avec 'Ali. Il en est même qui les déclarent d'origine juive ou mage. Voy. Soyoûti (Tarikh al-khoulâfa, éd. du Caire, p. 56), qui cite le qâdî Al-Bâqhâni. Voy. aussi Dzahabî, ms. cité, f° 105 r°.

[202] Salamias, ville située dans le territoire d'Emèse: Cf. les Prairies d'or, VI, 194 ; Ibn Khallikan, Wafayât, notice 365; Yakout, Mou'djâm, s. v. ; Ibn al-Athir, op. cit., VIII, p. 22.

[203] Ville bien connue de la Tunisie.

[204] Le 15 Rabi' I. Cf. Dzahabî, Tarikh al-islâm, ms. cité, f° 104 r°, qui résume les opinions exprimées par la plupart des historiens ; voy. aussi la biographie spéciale qu’il lui consacre, op. cit., f° 118.

[205] Il régna de 555 (= 1160 à 567 = 1171). Cf. Stanley Lane-Poole, The Mohammadan Dynasties, p. 71, et les historiens arabes cités aux notes précédentes.

[206] Les sources de renseignements sur Chîrkoûh sont nombreuses. Tous les historiens des croisades parlent de lui avec beaucoup de détails. En dehors de ces ouvrages auxquels nous renvoyons, on trouve sa biographie dans Ibn Khallikan, Wafayât, notice 297; dans Khallikan, Aibak as-Safadî (Al-Wâfi bil-Wafayât, ms. de Paris n° 2065, f° 182 v°.

[207] Au Caire en .564 (= 1168 de J.-C). Cf. notamment Ibn Khallikan, loc. cit.

[208] Voy., pour toute cette partie, la longue notice qu’Ibn Khallikan (Wafayât, n° 856 a consacrée à Salah ad-Din; Anou Châma. Kitab ar-Raudatain, édition du Caire : Bahâ Ad-Din ibn Chaddâd, Vie de Saladin ; Stanley Lane-Poole, The Life of Saladin : la collection des Historiens orientaux et occidentaux des Croisades, publiée par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, où une grande partie des documents arabes a été publiée et traduite. Cette note, d'ailleurs, n'a nullement la prétention d'être complète. Ce ne .sont que quelques indications ; la bibliographie est une filière, et il suffit d'entrouvrir la porte pour que tout de suite on puisse suivre les autres anneaux de la chaîne. Il est à peine besoin de dire que les histoires générales qui ont été composées à l’époque de Saladin ou après contiennent toutes des chapitres plus ou moins longs sur le règne de ce prince et les circonstances qui l'ont élevé jusqu'au trône.

[209] Cf. Ibn Khallikan, op. cit., notice 856, p. 48. Cet auteur dit que l'émeraude mesurait, en longueur, environ une poignée et demie, ce qui fait plus de quatre doigts. La citation d’Ibn al-Athir se trouve dans Chronicon, t. XI, p. 242.

[210] Termes empruntés à la langue juridique, au fiqh.

[211] Coran, III, 25.

[212] En dehors des traités d'histoire, voy. d'autres références sur ce khalife d'un jour dans Brockelmann, Geschichte der arabischen Litteratur, I, 81, et notamment la monographie de M. O. Loth, Ueber Leben und Werke des Abdallah ibn al Mu'tazz, Leipzig, 1882.

[213] Sur ce fameux eunuque, voy. Massoudi, Prairies d’or, VIII. 274 et suiv. et Index, p. 210; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 123 et suiv.

[214] Au mois de Chawwâl, le mercredi 27 (= 81 octobre 932). Cf. les Prairies d’or, VIII, pp. 248 et 274. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. de Paris, n° 1581, f° 93, r° v° et surtout les folios 58 et 59, où cet événement est raconté avec de nombreux détails. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 178 et suiv.

[215] Sur ce vizir, voy. une intéressante notice dans Ibn Khallikan, Wafayât, n° 498. Sur ces disgrâces successives et finalement sa mort : Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 51 v° 52 r°. Les Prairies d’or ne donnent aucun détail sur ce grand vizir et se bornent à rappeler qu'il occupa trois fois le pouvoir. Cf. t. VIII, p. 273. Mais voyez, par contre, de nombreux détails dans Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, pp. 8, 47, 51, 72, 81, 101, 109.

[216] Deux bourgs portent ce nom, l'un dont il est question ci-dessus, situé près de Bagdad, l'autre près de Wasil. Cf. Soyoûti, Loubb al-Loubâb, p. 161; Yakout, Mou’djam, s. v.

[217] Printemps, été, automne.

[218] Cf. Ibn Khallikan, op. cit., notice 498, p. 95.

[219] La biographie de ce vizir est donnée, d'après Souli, par Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 66 v° et incidemment f° 52 r°. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 47 et suiv.

[220] Cette première disgrâce eut lieu en 299 (= 911 de .J.-C.). Cf. les Prairies d’or, VIII. 272 et Dzahabî, op. laud., f° 66 v° ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 47.

[221] Ibn al-Athir (Chronicon, VIII, p. 48) raconte, en effet, que ce vizir ne lisait jamais la correspondance qui arrivait au diwan et s'occupait médiocrement de la rentrée des impôts.

[222] Littéralement : maigre, chétif. Mais voyez, avec le sens que nous avons adopté, le mot chez Dozy, Supplément aux Dictionnaires arabes.

[223] L'auteur emploie indifféremment tantôt le singulier, tantôt le pluriel de la 2e personne : c'est un détail auquel on ne regarde pas trop en arabe.

[224] Il faut entendre ce mot au propre et au figuré.

[225] Ce vers manque dans Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 49.

[226] Le 10 mouharram 301 =17 août 913 de J.-C). Cf. Massoudi, les Prairies d’or, Vil, 272; Dzahabî, manuscrit cité, f° 66 v°, lignes 16-18. Il mourut en Rabi' I 312 (= juin 924). Cf. Dzahabî, loc. cit. La biographie d’'Ali fils d'Isa est donnée par Dzahabî, à la date de sa mort (334 = 915 de J.-C.) ms. cité f° 173 r-v.

[227] Ce premier vizirat d'Ibn al-Djarrâh eut lieu le mardi 11 moharram 301 (= 18 août 913), le lendemain de la destitution d’Al-Khaqani. Cf. les Prairies d’or, VIII, 272, in fine. Mais selon Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 66 v°, sa nomination eut lieu le jour même de la destitution de son successeur, c'est-à-dire le 10 moharram = 17 août 913. Il avait été mandé expressément de la Mecque où il se trouvait. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 51. D'après cet auteur, c'est l'eunuque Mounis qui décida de sa nomination. Quant au khalife, son intention était alors de rappeler Ibn al-Fourât.

[228] La Mecque et Médine.

[229] Entre 3 à 4 heures de l'après-midi, selon la saison. C'est à ce moment que s'accomplit la 3e prière de la journée, en quatre rak'a.

[230] C'est ici que se place le second vizirat d'Ibn al-Fourât, qui occupa cette deuxième fois le pouvoir le 8 Dzoû-l-hiddja 304 (= 1er juin 917), le jour même de la destitution de son prédécesseur. Il fut destitué lui-même environ deux ans après, en Djoumada I, 306 (= octobre 916). C'est alors que Hamid arriva au pouvoir. Cf. les Prairies d’or, VII, 273. Dzahabî, ms. cité, f° 3 v° et 4 r°; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII. 72-73 et 81-83.

[231] Mesure de capacité pour les matières sèches, en usage dans l'Iraq équivalente à six charges d'âne.

[232] Cf. les Prairies d’or, VIII, 273. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 83.

[233] Traditionniste célèbre par son exactitude scrupuleuse, mort vers 117 (= 735) Cf. Louis Cheikho S. I., Mâdjânî; VII, p. 659.

[234] Adopté par les 'Abbasides. Voyez l'article du Dozy, Suppl. aux Dict. arabes, I, 699.

[235] Ces deux vers sont donnés par Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 61 v°, avec une variante. Le deuxième vers se trouve dans Ibn al-Athir, op. cit., VIII, p. 82.

[236] Ce vers est traduit d'une manière plus libre, dans Dozy, op. cit., I, 699.

[237] C'est le troisième vizirat d'Ibn al-Fourât, qui commença en Rabi' Il 311 (= juillet 923). Cf. Ibn Khallikan, Wafayât, notice 498, p. 95. C'est le fils d'Ibn al-Fourât qui tua Hamid, ainsi que cela est raconté en détail par Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 51 r° et surtout fos 61 r°-62 r°, où l'on trouve une intéressante notice sur Hamid, Voy. aussi Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, pp. 81 et 101 et suiv.

[238] D'après Dzahabî, ms. cité, f° 53 v° l. 16. Ibn Khâkân ne mourut pas à cette date, mais en Radjab 314 (= septembre 926). Depuis 313 (925) il était en prison, dans son domicile par ordre d'Ibn al-Khasib, son successeur. Sa biographie est donnée par Dzahabî, f° 72 v°. Il y est nommé 'Abdallah. De même dans les Prairies d’or, VIII, 27, et Ibn al-Athir, Chronicon. VIII, 110 et suiv. et 116.

[239] Il fut appelé au vizirat en 313, après la destitution d'Al-Khaqani. qui fut remis entre ses mains et eut à souffrir de ses mauvais traitements. Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 52 v°, l. 2 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 116. Son grand-père a été également vizir de Mountasir. Cf. Massoudi, Prairies d’or, VII. 296-299, 302.

[240] Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, manuscrit cité, f° 52 v°, l. 14 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 119.

[241] Ce vizir ne succéda pas immédiatement à Ibn al-Khasib, mais après 'Ali ibn 'Isa, qui occupa une deuxième fois le vizirat, ainsi que cela est signalé d'un mot par Massoudi, Prairies d’or, VIII, 273 in fine, et par Dzahabî, op. laud., f° 52 v, l. 16. Ali ibn 'Isa demanda lui-même à être relevé de ses fonctions en 316 (= 928 de J.-C). Dzahabî, op. cit., f° 54 v°, 1. 20-21. C'est alors qu'Ibn Mouqla arriva au pouvoir. Voy. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 119 et 133.

[242] Voy. sur cette question Philippe Berger, Histoire de l'écriture dans l'antiquité, p. 291.

[243] Ce célèbre calligraphe, mort en 413 de l'Hégire, est trop connu pour qu'il soit besoin de donner ici sa biographie. Voy. Ibn Khallikan, Wafayât al-a'yân, éd. Wüstenfeld, notice 468 ; Hammer Purgstall, Litteraturgeschichte der Araber, III, 470; V, 496.

[244] Celui du bonheur et celui du malheur.

[245] Cette anecdote est également racontée par Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 141 v, 1. 20 et suiv., d'après le même narrateur.

[246] Métonymie, où le contenant est pris pour le contenu.

[247] Ces deux vers sont données par Dzahabî, loc. cit.

[248] Cette date est confirmée par Ibn Khallikan, Wafayât, notice 708) et par Dzahabî (Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 141 v°-143 v). Cette dernière notice est tort intéressante. On trouve aussi une bonne notice sur ce malheureux vizir chez Ibn Al-Doubaithi († 637-1239 de J.-C.). Cf. Brockelmann, Gesch. der Arab. Litt., I, 330), Tarikh Bagdad, Supplément au Tarikh d'Al-Khatib), manuscrit de Paris, n° 2133, f° 49 v°. Voy. aussi Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 234 et 208.

[249] Il avait intrigué contre Ibn Râ'iq, favori du khalife. Celui-ci feignit de se prêter aux agissements d'Ibn Mouqla, jusqu'au jour où il put l'arrêter au palais. C'est alors qu'Ibn Râ'iq demanda l'amputation de la main qui avait écrit sur lui tous les mauvais rapports dont il eut à souffrir. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 258.

[250] L'amputation de la main droite est la peine prononcée contre le vol, en droit musulman. Si cette main est paralysée ou privée de plusieurs doigts, on coupe le pied gauche ; à défaut de celui-ci, la main gauche et à défaut de celle-ci, le pied droit. Voy. notre traduction de Wunscharisi, dans Archives marocaines, XII, p. 292.

[251] Il fait probablement allusion aux faux amis qui l'ont trahi.

[252] Il est impossible de rendre en français le calembour entre les mots arabes.

[253] Entre le premier et le deuxième vers, Ibn Khallikan (loc. cit.) et Dzahabî (ibidem) intercalent le vers suivant : « J'ai sacrifié pour eux ma religion afin de jouir des plaisirs de ce monde, mais ils m'en ont privé après m’avoir fait perdre ma religion. »

[254] Littéralement : amputé.

[255] Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 258-259; Dzahabî, manuscrit cité, ibidem ; Ibn Khallikan, loc. cit.

[256] Deux fois à Chiraz, où il aurait été exilé par ordre du khalife et une troisième fois à Mossoul, durant son vizirat. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 260.

[257] Ibn al-Athir (loc. cit.) ajoute une troisième particularité: Ibn Mouqla aurait eu trois serviteurs spécialement attachés à sa personne.

[258] Ce vizir arriva au pouvoir après la première disgrâce d’Ibn Mouqla, c'est-à-dire en 318, comme il est dit plus bas. Cf. Ibn Khallikan, op. cit., notice 708, p. 43 et Dzahabî, ms. cité, f° .57 r°, l. 19 et suiv. La biographie de cet auteur est donnée par Khalil ibn Aibak as-Safadî, Al-Wâfi bil-Wafayât, manuscrit arabe de Paris, n° 2064, f° 167, r°. Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, 159 ; Massoudi, Prairies d’or, VII, 245 ; VIII, 274, 309, 345.

[259] Bonnet haut en forme de pain de sucre que portaient les khalifes 'Abbâsides, leurs vizirs et les qâdîs. Cf. Dozy, op. cit., II, p. 401.

[260] Ce détail est confirmé par Dzahabî (ms. cité, f. 57 r°), qui ajoute : « Ibn Makhlad ne tranchait aucune question sans en référer à 'Ali, fils d’Isa ». Cf. aussi Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 161.

[261] En 319 (= 931 de J.-C.) Dzahabî, loc. cit.; Ibn al-Athir, op. cit., p. 166.

[262] C'est ainsi qu'il faut lire cet ethnique. Le texte arabe porte à tort un dhamma sur le lâm. Cf. Soyoûti, Loubb al-loubâb, éd. Weth, p. 224. Kalvâdzâ est en effet un petit village situé sur le Tigre, tout près de Bagdad. Cf. Yakout, Mou’djam, s. v. : Ibn Haukal, éd. de Goeje. p. 165.

[263] Il dura deux mois. Ce vizir avait été imposé à Mouqtadir par le fameux eunuque Mounis. Dès que les rapports de celui-ci avec le khalife s'altérèrent, Mouqtadir en profita pour se débarrasser du vizir. Cf. Dzahabî, manuscrit cité, f° 57 v°. Ce vizir fut destitué en 319 (= 931), loc. cit. ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, pp. 166 et 169.

[264] Déjà, au moment de la disgrâce d’Ibn Mouqla, le khalife Mouqtadir songea à confier le vizirat à Housain, fils de Qasim, mais l'eunuque Mounis, partisan d'Ibn Mouqla, chercha à faire rentrer celui-ci en grâce. Le khalife tint bon, mais on s'arrêta à une solution transactionnelle, chacun abandonna son candidat et l’on appela au vizirat Soulaimân, fils de Hasan, fils de Makhlad, dont la biographie a été donnée ci-dessus. Cf. Ibn al-Athir, Chronicon. VIII, 161.

[265] C'est en effet un descendant de Tahir, le fameux général de Mamoun, qui fonda la dynastie des Tâhirides.

[266] Chanteur et poète, de la lignée des Barmékides. Voy. sur lui Hammer, Litt. gesch. der Arab., IV, 690 ; Kitab al-aghâni, V, 32, 161 ; IX, 66 ; Massoudi, Prairies d’or, VIII, 262-263. Djahza mourut en 324 ou 326 de l'Hégire (= 935 ou 937) à Wâsit. Cf. Ibn Khallikan, Wafayât al-a'yân, éd. Wüstenfeld, notice 54 ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 245.

[267] Le mohtasib est, comme on le sait, une espèce de préfet, chargé de la police des marchés et des rues. Voy. les renseignements que donnent sur ce fonctionnaire, A. von Kremer, Cultur Geschichte des Orients, et surtout Behnnauer, Journal asiatique de Paris, 1860, II, pp. 119-190, 347-392 et 1861, I, p. 176). On peut, je crois, rapprocher ce fonctionnaire de l'édile curule à Rome. Leurs fonctions paraissent identiques. Cf. Paul-Frédéric Girard, Manuel de droit romain, l'édition, p. 562 et suiv.

[268] Ce Dâniyâlî est un personnage tout à fait curieux, sur lequel je ne trouve de renseignements que dans Ibn al-Athir (Chronicon, VIII, p. 169 et suiv.). C’était un habile faussaire, qui parvint à une grande richesse en fabricant des documents soi-disant très anciens, où les faits les plus importants du khalifat étaient prévus. Il attribuait ces documents au prophète Daniel, d'où son nom de Dâniyâh. C'est par un faux de ce genre qu'il parvint à convaincre le khalife de la nécessité de confier le vizirat à Housain, fils de Qasim, l'homme prédestiné d'après un livre de prédictions de Daniel. Housain, une fois nommé vizir, n'oublia pas ses services et le nomma mohtasib.

[269] Mouqtadir avait pris ce vizir parce qu'il lui avait promis de verser annuellement une somme d'un million de dinars. Cf. Dzahabî, Tarikh al-Islâm, ms. cité, f° 57 v°.

[270] Cet événement eut lieu en 320 (— 931). Cf. Dzahabî, loc. cit., f° 58 r° ; Ibn al-Athir, Chronicon, VIII, p. 176.