Agapius

AGAPIUS (MAHBOUB) DE MENBIDJ

 

HISTOIRE UNIVERSELLE

traduction française de ALEXANDRE VASILIEV

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 


 

KITAB AL-`UNVAN

HISTOIRE UNIVERSELLE

ÉCRITE

PAR

AGAPIUS (MAHBOUB) DE MENBIDJ

ÉDITÉE ET TRADUITE EN FRANÇAIS

PAR

ALEXANDRE VASILIEV

Professeur à l'Université de Youryev (Dorpat)

 

PREMIÈRE PARTIE (I)

 

 


 

AVERTISSEMENT

 

Agapius (Mahboub) le Grec, fils de Constantin, évêque de Menbidj (xe siècle de notre ère), dont j'offre au public le texte arabe et la traduction française, est un écrivain arabe chrétien presque inconnu dans la littérature historique. En effet, on ne le trouve ni dans l'ouvrage de Wüstenfeld Die Geschichtschreiber der Araber und ihre Werke, ni dans la Geschichte der arabischen Litteratur de Brockelmann, ni dans la Littérature arabe de Ch. Huart (Paris, 1902), ni dans le livre encore plus récent, consacré spécialement à la littérature arabe-chrétienne, Die christlich-arabische Literatur de G. Graf (1905). K. Krumbacher ne connaît pas non plus Agapius dans son excellente histoire de la Littérature byzantine, où d'autres chroniqueurs arabes chrétiens, comme Yahya d'Antioche et al-Makin, ont trouvé leur place. Ce n'est qu'en 1907, que nous trouvons quelques lignes sur Agapius dans le précis de la Littérature chrétienne-arabe de G. Brockelmann,[1] qui a puisé ses renseignements dans mon article du Vizantiysky Vremennik ce Agapius de Manbidj, historien chrétien arabe du Xe siècle (en russe).

Agapius, d'après l'époque où il vivait, est le premier historien arabe-chrétien. Cependant il ne serait pas exact de dire que le nom d'Agapius (Mahboub) et les manuscrits de son histoire n'étaient pas connus du monde savant. En 1742 Assémani, dans son Catalogue des manuscrits orientaux de la Bibliothèque laurentienne de Florence, a décrit d'une manière plus ou moins détaillée (pas trop exacte du reste) le manuscrit cxxxii, qui contient la seconde partie de l'histoire de Mahboub. En 1835 dans le Catalogus codicum manuscriptorum orientalium Bibliothecae Bodlejanae nous trouvons la description du ms. LI (Hunt 478a. 1320), qui contient la première partie de l'histoire d'Agapius.[2]

Le premier qui s'intéressa à cet écrivain, était feu le baron V. Rosen, éminent savant russe, dont la mort prématurée et inattendue a péniblement frappé tous les orientalistes et les byzantinistes (+ 10/23 janvier 1908). Après avoir parcouru le manuscrit de Florence et en avoir fait quelques extraits, il a publié en 1884 l'article suivant dans le Journal du Ministère de l'Instruction publique (en Russie): Notices sur la chronique d'Agapius de Manbidj (en russe). Malheureusement cet article est resté inconnu non seulement à l'étranger, mais même en Russie.

C'est le baron Rosen, dont j'ai l'honneur d'être élève et à la mémoire duquel je dédie cette édition, qui a attiré mon attention sur cet historien.

Le Catalogus Porphyrianus[3] et celui de Mme Gibson[4] nous ont appris qu'il existait encore deux manuscrits d'Agapius au couvent du Mont Sinaï. Alors je me suis mis au travail: en 1902, pendant mon séjour au Sinaï, j'ai copié deux mss. qui se trouvent dans la Bibliothèque de ce couvent et qui ne contiennent que la première partie de la chronique, et en 1903 j'ai fait la copie du ms. de Florence, qui contient la seconde partie; il me manquait le ms. d'Oxford, que j'avais vu en 1907 et dont j'avais constaté l'importance. Mgr Graffin m'a procuré avec une extrême obligeance la photographie de ce manuscrit; de sorte que j'ai maintenant à ma disposition quatre manuscrits, sur lesquels je base le texte de ma publication.

Il existe encore des mss. d'Agapius, dont je n'ai pas pu me servir. Ainsi, dans le journal Al-Machrik de Beyrouth, se trouve la description d'un ms. d'Agapius, qui, d'après les extraits publiés dans ce catalogue, me paraît correspondre au ms. d'Oxford; nous y lisons également qu'il existe en Syrie plusieurs mss. d'Agapius.[5]

Je commence à publier la première partie de la chronique d'Agapius, qui raconte l'histoire du monde avant le Christ et la vie du Messie. L'édition du texte de cette partie est basée sur trois manuscrits:

1) le ms. C, c'est le ms. d'Oxford li (Hunt 478. Pusey), très bien écrit, daté (l'an 1320), que j'ai pris comme base de mon édition; 2) le ms. B, c'est le ms. de Sinaï 580, 21x16, 208 fol. (Gibson), aussi assez bien écrit, dont le texte correspond au ms. d'Oxford; 3) le ms. A, c'est le ms. de Sinaï 456, 27x18, 175 fol. (Gibson), plus récent; c'est une copie très abrégée et dont le texte diffère beaucoup des mss. susnommés; ce manuscrit contient différents traités, et la première partie d'Agapius y occupe les feuillets 103-164, où le texte, s'arrêtant au milieu d'une phrase, est incomplet à la fin.

La seconde partie de la chronique d'Agapius, qui, j'ose l'espérer, suivra la première, est surtout intéressante pour les études historiques: elle donne beaucoup de renseignements sur l'histoire ancienne de l'Eglise, sur l'époque des Conciles Œcuméniques, sur l'histoire de Byzance et du Califat, surtout à l'époque de la transmission du pouvoir des Omeyades aux Abbasides.

Dans mon édition, j'ai tâché de reproduire, autant qu'il était possible, le texte tel que nous le trouvons dans les mss., sans restituer les formes classiques, et je suis sûr que les savants qui s'intéressent à la langue arabe-chrétienne, y trouveront assez de renseignements précieux et nouveaux.

Je remercie cordialement tous ceux qui ont bien voulu m'aider de leurs conseils et de leur concours dans mon travail, et en première ligne M. J. Kratchkovsky, jeune arabisant russe, le plus jeune élève de feu le baron Rosen, qui par son inépuisable obligeance mérite une place à part dans ma gratitude, — qui m'aida, dans ce travail pénible, grâce à sa connaissance érudite de la langue arabe. Qu'il me soit également permis d'adresser mes vifs remerciements à M. N. Marr, professeur à l'Université de S.-Pétersbourg, qui a bien voulu m'accorder en abondance ses conseils précieux et sa connaissance si profonde des langues et des littératures orientales. J'adresse aussi l'expression de ma sincère gratitude à M. P. Kokovzoff, membre de l'Académie des sciences à S.-Pétersbourg; à mon confrère M. A. von Boulmerincq, professeur à l'Université de Youryev (Dorpat); à M. L. Leroy, professeur aux facultés d'Angers, et à M. E. Blochet, de la Bibliothèque nationale à Paris.

 

A. Vasiliev,

Professeur à l'Université de Youryev (Dorpat), Russie.

S.-Pétersbourg, 7/20 juin 1908.


 

KITAB. AL-'UNVAN

ORNÉ DES QUALITÉS ÉMINENTES DE LA SAGESSE, COURONNÉ DE DIFFÉRENTES ESPÈCES DE LA PHILOSOPHIE, ILLUSTRÉ DES VÉRITÉS DE LA SCIENCE.

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Ms. C

Au nom de Dieu unique, éternel. Nous implorons son secours.

Le Livre al-'Unvan (du Titre), orné des qualités éminentes de la sagesse, couronné de différentes sortes de philosophie, illustré des vérités de la science, que composa avec soin le cheikh éminent, le docteur savant, le philosophe excellent, Agapius, fils de Constantin, grec de Manbidj, et qu'il envoya à un homme éminent `Isa, fils d'al-Huseïn.

Sache, que le grand Dieu t'aide, que ce livre béni est composé par son auteur, et rédigé d'après les saints Livres de Dieu, d'après les livres des philosophes et des savants.

Il y travailla avec peine, fatigue, assiduité et effort; il le composa au grand bénéfice et au profit des gens, qui le méditeront; celui qui, en effet, méditera ce livre avec assiduité, le comprendra, y réfléchira sérieusement et s'y intéressera, ressemblera à l'homme qui aurait parcouru tout l'univers, comme s'il connaissait le monde depuis ses origines et comme si le monde racontait son histoire, ses merveilles, ses choses extraordinaires, des événements et des miracles qui ont eu lieu depuis les origines de la création jusqu'à son temps et son époque. Que celui qui le lit, le fasse avec grand soin et le comprenne bien.

Voilà le commencement du livre.

L'Apôtre dit: « Toute grâce excellente et tout don parfait vient d'en haut et descend du Père des lumières.[6] » Dieu, ô ami, t'a accordé en abondance le don, bon et beau, qui t'inspire le désir d'arriver à la science et à éclaircir les événements, et de parvenir à la possession de leur vérité et de la connaissance des subtilités de leurs mystères.

 

 

Mss. BA

Au nom de Dieu clément et miséricordieux.

Le Livre d'histoire, attribué à Mahbûb, fils de Constantin, grec de Manbidj. Son titre appartient à l'homme, orné des qualités éminentes de la sagesse, couronné de différentes sortes de philosophie, illustré des vérités de la science, le vertueux et bon, Abû-Mûsa-Isa, fils d'al-Huseïn, que dure la grâce de Dieu envers lui, que sa sagesse soit parfaite, que sa philosophie s'accroisse du double, que sa dignité soit élevée, que toute la puissance de ses ennemis, qui ont de la haine contre lui, diminue et lui soit soumise, que soit sur lui la main qui le préserve, et que sa vie soit prolongée.

Composa ce livre Mahbûb, fils de Constantin, le Grec, de Manbidj, et le rédigea d'après les Livres révélés de Dieu, que Son nom soit grand, et les livres des philosophes et des savants; il y travailla avec beaucoup de soin, forte fatigue et grande peine; il le composa au grand bénéfice et au profit des gens qui le méditeront; quiconque méditera avec assiduité ce livre, le comprendra, le repassera dans son esprit et connaîtra ce qui s'y trouve, — ressemblera à l'homme qui aurait parcouru tout l'univers, comme s'il connaissait le monde depuis ses origines et comme si le monde racontait son histoire, ses merveilles, ses choses extraordinaires, des événements miraculeux qui ont eu lieu et qui sont dignes d'admiration, et des histoires merveilleuses.

Le commencement du livre.

Tout don excellent — que Dieu prolonge ta gloire et élève le bonheur de ton rang — descend du Père des lumières. Dieu t'a accordé un esprit élevé et des qualités nobles et belles. Il a mis en toi le désir et l'intention de trouver l'histoire de la foi et de parvenir à la possession de la vérité et de la connaissance des mystères.

 

 

 

 

Dans la mesure de mon savoir, que Dieu t'aide, j'ai voulu t'exposer un livre commençant aux origines du monde et je t'en ai jugé capable et digne, parce que j'ai des preuves solides de la finesse de ton esprit et de ton intelligence.

J'ai composé ce livre qui explique, démontre et éclaircit. Ce livre contient, depuis les origines du monde, la connaissance complète des années du monde, des siècles et des temps, et des nations, nation par nation, avec explication et description, des événements qui eurent lieu aux temps anciens dans les régions de la terre, leur histoire et les merveilles qui existaient chez les nations, les peuples et les royaumes, nation par nation, royaume par royaume, — et l'histoire des prophètes, prophète par prophète, de leur temps et de leur époque, des philosophes, des tyrans et des possesseur de talismans invulnérables aux reptiles ou aux insectes, — la confection des perles, l'art de travailler l'hyacinthe, le marbre, le verre pharaonique,—l'art, c'est-à-dire les dix dons, que Dieu a attribués particulièrement aux enfants d'Adam, — la description des sept merveilles du monde et des lieux où elles se trouvent.

Ces merveilles sont: le Capitole à Rome; c'est un édifice merveilleux, où Apollonius enseignait la magie. La seconde merveille est le phare d'Alexandrie. C'est une tour avec un observatoire, qui se trouve à l'entrée de la mer, sur quatre colonnes en verre. C'est, d'elle que parle Bédas[7] le savant, qui mesura la mer, parcourut la terre et ne trouva aucune construction dans l'univers plus haute que celle-là. La troisième merveille est le temple de Çyzicus en Cappadoce, au pays des Grecs. C'est un édifice étonnant de cent cinquante coudées carrées, sur quatre pilastres, et ce qui est le plus étonnant, c'est que la pluie ne tombe pas sur lui. La quatrième merveille sont les trois pierres de Balbek. La cinquième merveille est la femme (?)[8] dans la ville de Césarée en Palestine. La sixième merveille, le Ifos (ἵππος) de Bellérophonte; c'est un cheval en fer, sur lequel se trouve un cavalier en fer, suspendu en l'air sous une voûte sans aucun appui contre les murs de la voûte. La septième merveille, sont trois statues que Hercule, le plus ancien roi, fit dans la mer pour préserver les voyageurs de la submersion. Avec cela dans ce livre est réunie et expliquée l'histoire de la division de la terre et des sept climats, leur longueur, leur largeur, leurs mers, leurs golfes, leurs villes célèbres, l'état des habitants des climats, leurs mœurs et ce qu'il y a de nuisible et d'utile dans chaque climat.

Au nom de Dieu unique et éternel. Nous implorons son secours.

C'est le commencement du livre du maître éminent, du philosophe parfait, d'Agapius, fils de Constantin. Que Dieu donne à son âme le repos éternel et le rémunère largement. Amen.

Des gens intelligents et versés dans la connaissance des choses qui, comme vous les voyez, se passent selon l'ordre de la nature depuis les origines du monde, savent que le commencement du temps, l'origine des choses créées, l'ordre des années et des jours comptent depuis le temps d'équinoxe à l'entrée du soleil dans la tête du Bélier, c'est-à-dire l'équateur. Depuis ce temps, la terre commence à produire de l'herbe verte et les arbres commencent à pousser des feuilles et à changer de couleur. La terre se couvre de verdure et fait voir sa beauté et un grand nombre de jolies couleurs. En même temps des animaux, tous les insectes de la terre et tous les oiseaux, comme nous le voyons, s'accouplent l'un à l'autre et mettent au monde des petits de toute espèce et de tout genre selon leur nature. A cette époque dont nous parlons, et à cette période les oiseaux se construisent des nids de tout genre et toute forme, selon leurs forces.

Le temps dont nous parlons commence, d'après tous les savants et tous les chronologistes, à l'origine du monde, le 18 du mois d'Adar (mars), qui est le mois lunaire de Nisan (avril); quant à Nisan, c'est Redjeb, (le premier) des douze mois lunaires au début des mois du monde.

Nous avons trouvé que le livre de Dieu, (qu'il soit béni), révélé par l'intermédiaire de Moïse le prophète, s'accorde avec ce que nous avons dit sur le cours naturel des choses depuis les premières origines du monde; (ce livre) lui ressemble, s'accorde avec lui et le suit. Or Dieu, que son nom soit béni et que sa gloire soit grande, inspira Moïse son prophète et lui dit: « Que ce mois soit le premier et le commencement des mois lunaires. » Les gens versés dans les livres révélés de Dieu affirment qu'en ce même mois aura lieu la fin du monde. Ensuite il n'y a personne parmi tous les savants et les gens de science qui ait douté que ce mois ne commençât par le dimanche au début du monde; et nous n'avons pas besoin d'examiner cette question ou d'expliquer le récit sous ce rapport, parce que c'est clair et évident chez tous les savants et chez tous les connaisseurs de l'Ecriture Sainte, que le premier commencement de création eut lieu le dimanche; le nom de ce jour démontre ce que nous racontons. Avec ce jour, ce mois et cette année commença la chronologie de l'histoire du monde et à partir de ce moment on rapporta et on relata ce qui s'y passait. Ce livre s'appelle en grec χρονικόν ce qui dans la traduction arabe signifie la suite dès années et la marche des temps et des siècles. Ce livre commence depuis le premier jour, où Dieu créa toutes les créatures, depuis Adam jusqu'à l'Ascension du Christ, (notre) Seigneur; il décrit, raconte et s'occupe des nations, nation après nation, des rois de la terre, roi après roi, des choses qui eurent lieu dans le monde, des merveilles dans les différents royaumes et dans les différentes nations et d'autres choses.

L'auteur et le rédacteur de ce livre dit : « Il faut que nous commencions depuis les origines, que nous recherchions les motifs et les causes de ce qui est connu sur le commencement du monde et l'ordre des années, que nous en expliquions les preuves et que nous racontions et exposions cette histoire. »

Il dit: La première année après la sortie des Israélites du pays d'Egypte, Moïse, le prophète de Dieu, monta sur la montagne de Dieu Tûr-Sina (Sinaï), jeûna pendant quarante jours et quarante nuits et pria. Alors Dieu daigna lui parler et lui accorda la puissance, la sagesse, la science et le don de prophétie, pour qu'il prophétisât, racontât, relatât et écrivît comment Dieu avait créé ce monde en six jours; et Dieu lui fit descendre (révéla) les tables écrites de la Loi, et Moïse écrivit cinq livres: Le premier livre fait connaître les choses créées, décrit le commencement de leur création et leurs qualités. Le second livre écrit et raconte la sortie des Israélites du pays d'Egypte. Le troisième livre expose les conditions des prêtres et des lévites et s'appelle le livre des prêtres (le Lévitique). Le quatrième livre est celui du nombre des Israélites, où Moïse le prophète les compta et énuméra leur nombre. Le cinquième livre est celui du Deutéronome. Ici finit l'ère du monde depuis le commencement de la création jusqu'à cette année qui est la 81e année depuis la naissance de Moïse et qui est l'année où Moïse le prophète monta sur la montagne de Dieu Tûr-Sina (Sinaï); et il s'écoula trois mille huit cent quarante-sept ans jusqu'à ce temps et ce jour, comme nous pouvons le constater selon la version des Septante, commentateurs juifs qui traduisirent de l'hébreu en grec sous Ptolémée Philadelphe, roi d'Egypte, le Pentateuque et tous les livres des prophètes. Cela eut lieu environ trois cents ans avant l'arrivée du Christ Notre-Seigneur. Au début du premier livre, Moïse le prophète écrit que Dieu créa au commencement la substance du ciel et de la terre, comprenant sous le mot la substance l'hypostase du ciel et de la terre et leur essence. Dieu créa la lumière, qui était la lumière dispersée et étendue, sépara la lumière des ténèbres au premier jour, qui fut le commencement de la création, et qu'il nomma le dimanche. C'est le premier jour du mois de Nisan qui est le mois lunaire Redjeb au commencement de la création. La preuve de ce que ce premier mois lunaire fut Redjeb et que ce fut le dimanche, est le calcul astronomique, dont la formule est facile à comprendre; ainsi quiconque désire et veut le connaître, s'élèvera avec peu d'efforts jusqu'à cette connaissance, qui satisfera son intelligence. Mais quelquefois ce calcul astronomique est caché à celui qui veut le connaître, si Dieu le veut.

Au second jour Dieu créa la sphère céleste qui tourne d'un mouvement perpétuel et se meut de l'Orient à l'Occident, en faisant un tour tous les vingt-quatre heures, jour et nuit, d'une façon permanente, sans s'arrêter; et Dieu nomma ciel la sphère tournante, attachée et élevée. Au troisième jour Dieu ordonna que toutes les eaux au-dessus de la terre fussent rassemblées en un endroit et un lieu; et après leur réunion les eaux furent appelées mers. Alors la terre produisit des herbes, différentes fleurs, des arbres fruitiers et des arbres sans fruits. Au quatrième jour Dieu, que son nom soit exalté, ordonna à la lumière étendue de se rassembler et la plaça dans tous les luminaires, c'est-à-dire le soleil, la lune et toutes les étoiles fixes et mouvantes selon leurs catégories et, leurs classes, qui se meuvent dans la sphère qui les met en mouvement perpétuel et continu, et ils tournent dans un sens opposé à celui de la sphère, de l'Occident à l'Orient. Au cinquième jour Dieu créa de l'eau tous les oiseaux qui volent dans l'air sur la terre, et toutes les bêtes de la mer; Dieu créa de l'eau leurs corps et le souffle de leur vie. Au sixième jour Dieu créa de la terre tous les animaux et les bêtes féroces, tous les reptiles qui rampent sur sa surface, et d'autres dont le corps et le souffle de la vie provenaient de la terre. En ce jour Dieu créa l'homme, c'est-à-dire Adam, à l'image de Dieu. Il le créa et le fit la plus parfaite des créatures et le perfectionna, ayant mis en lui la supériorité particulière de l'intelligence, de la parole et de l'âme, douée de raison, intelligente et parlante, où était la ressemblance de Dieu. Le corps d'Adam et son esprit provinrent de la terre et des quatre éléments, les formes primitives, créées avant tout comme séparées, indépendantes et libres; l'âme d'Adam, intelligente, exprimant la pensée, parlante, pareille à Dieu, immortelle, fut de Dieu; sa flamme et tout ce qu'il y a de bon en elle, (fut aussi de Lui).

Et l'homme, c'est-à-dire Adam, étant devenu un être spirituel et corporel, de la meilleure structure, Dieu le plaça et le mit, lui et sa femme, qu'il avait créée d'une de ses côtes, dans le jardin d'Eden. Au septième jour Dieu acheva toutes ses œuvres, qu'il avait créées, et il appela (ce jour) le jour de Sabbat, parce que Sabbat signifie repos. Certains savants croient que Dieu, qu'il soit béni et exalté, aurait planté le jardin d'Eden et l'aurait placé au-dessus de la terre, à la distance de quinze coudées du sol, sans soutien. Dieu y mit Adam et d'un côté l'établit roi sur les animaux et les bêtes, qui étaient au-dessous de lui, et de l'autre côté il le soumit à la sagesse et à la science des Anges immatériels, jouissant de la faveur spéciale de Dieu, qui étaient au-dessus de lui. Dieu planta au milieu du paradis l'arbre de la science du bien et du mal, qu'il interdit à Adam, lui prescrivit rigoureusement de ne pas s'en approcher et il lui donna l'ordre de ne pas manger de son fruit, pour éprouver ainsi son obéissance; et si Adam avait persévéré dans l'obéissance, il aurait été digne d'être placé dans l'ordre des anges et d'être avec eux; s'il tombait dans la désobéissance et l'erreur, il serait rejeté du paradis en bas, en serait chassé et se trouverait avec les bêtes. Lorsqu’Adam eut désobéi à son Seigneur et son Créateur et eut violé son ordre, il ne put plus habiter le paradis saint et spirituel après l'erreur et la violation du commandement; c'était inadmissible pour le paradis saint et spirituel. Dieu le fit sortir du paradis, le fit habiter en face de lui dans les montagnes et ne le chassa pas loin grâce à sa clémence pour lui. C'est pourquoi David, le prophète, dit dans le Livre des Psaumes au sujet d'Adam: « L'homme, qui n'a pas compris son honneur et la faveur de Dieu qui lui est accordée, a été livré aux bêtes, chassé vers elles et leur est devenu semblable.[9] »

Adam et sa femme Eve restèrent pendant cent ans tristes et affligés à cause de leur désobéissance envers leur Seigneur, et ils éprouvaient du chagrin toutes les fois qu'ils regardaient le paradis; ils regrettaient les délices qui leur avaient échappé, et ils étaient affligés de leur cohabitation avec des bêtes. Cent ans après, Adam connut sa femme Eve, et engendra d'elle Kaïn; ensuite, après lui, (naquit) Abel. Lorsqu'ils eurent atteint l'âge de trente ans, ils offrirent à Dieu leurs offrandes; et Dieu accepta l'offrande d'Abel à cause de sa pureté et de la bonté de son âme; mais Dieu n'accepta pas l'offrande de Kaïn, qui avait dans son cœur de la rancune et de la haine secrète contre son frère. Lui, il enviait son frère de ce que Dieu avait préféré son offrande à celle de Kaïn. Kaïn dit à Abel, son frère: « Viens avec nous aux champs. » Ils descendirent des montagnes aux champs, et Kaïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua. Dieu fut irrité contre Kaïn et le fit passer toute sa vie dans la crainte. Adam et Eve, sa femme, furent extrêmement affligés de la mort violente d'Abel pendant cent ans encore. Adam comprit que le malheur d'Abel, son fils, était le châtiment de son erreur et de sa désobéissance envers son Seigneur, parce que les pères devaient être frappés et punis de leurs propres péchés dans leurs enfants; et Adam craignait Kaïn pour lui-même. Cent ans après Adam et Eve, sa femme, se consolèrent de leur affliction. Adam connut Eve, sa femme, et engendra Seth, qui ressemblait à Adam par la figure et les traits. Seth demeura avec Adam son père, dans les montagnes, et Kaïn habitait en bas dans la plaine. Le septième descendant de Kaïn fut Lamec l'aveugle, fils de Méthuschaël, fils de Méhuiaël, fils d'Hirad, fils d'Hénokh, fils de Kaïn, fils d'Adam. Lamec l'aveugle sortit un jour avec un enfant qui le conduisait. Kaïn tremblant se trouvait dans les bois. Lamec l'aveugle l'entendit et croyant que c'était une bête sauvage de la forêt, il prit une pierre, la jeta contre Kaïn et le tua. L'enfant lui dit: « Qu'as-tu fait? Tu as tué Kaïn! Dans un accès de la douleur, du chagrin, du regret et de l'affliction qui l'envahit, il frappa ses mains l'une contre l'autre, et elles atteignirent la tête de l'enfant, la brisèrent et le tuèrent. Ensuite il vint chez ses femmes, Hada et Scilla, et leur dit: « Entendez ma voix et écoutez en silence ma parole, Hada et Scilla, femmes de Lamec! Si Kaïn est puni sept fois, Lamec le sera soixante-dix-sept fois, parce qu'il a tué un homme d'un coup de pierre et un enfant en le frappant d'un coup de ses mains. » A cette époque et durant cette génération vécut Nahama, sœur de Jubal et de Tubalkaïn, de la descendance de Kaïn. Il n'y eut personne dans le monde plus expert que Tubalkaïn pour jouer du luth, de la cymbale et de tous les instruments à cordes et en toutes les sortes de divertissements et d'amusements. Il fut le premier qui les introduisit dans le monde, de sorte que grâce à l'excellence de son jeu et à la beauté de sa voix les bêtes sauvages et féroces et les oiseaux se rassemblaient auprès de lui pour entendre sa voix sans se faire du mal les uns aux autres. Nahama, sa sœur, fut une des femmes les plus belles et les plus jolies. Ce fut elle qui enseigna la première à teindre et à colorier les étoffes et se servit de vêtements coloriés. Les enfants de Kaïn se livrèrent aux amusements et s'adonnèrent aux divertissements, à la gaîté, à l'excès dans les délices et à la passion, sans relâche ni la nuit, ni le jour. Les enfants de Seth, étant dans les montagnes au-dessus d'eux, entendaient leurs voix. A la cinquième génération des enfants d'Adam, — c'était la 135me année de la naissance de Mahalalaïl, fils de Kaïnan, fils d'Enos, fils de Seth, fils d'Adam, — mourut Adam, que Dieu ait pitié de lui, âgé de neuf cent trente ans. Il avait vécu sept cents ans après la naissance de son fils Seth.

Voici quelle en est la supputation d'après la traduction des Septante.

Il est écrit: Adam vécut deux cent trente ans et engendra Seth; depuis le jour de la naissance de Seth jusqu'à celle d'Enos, il s'écoula 205 ans, ce qui fait 435 ans; depuis la naissance d'Enos jusqu'à celle de Kaïnan, fils d'Enos, il s'écoula 190 ans, ce qui fait 625 ans; depuis le jour où naquit Kaïnan, jusqu'à la naissance de Mahalalaïl, fils de Kaïnan, il s'écoula 170 ans, ce qui fait 795 ans. Après la naissance de Mahalalaïl Adam eut 930 ans accomplis, ce qui fut la durée de sa vie.

D'après la Torah, qui est entre les mains des Juifs, et qu'ils mutilèrent en réduisant les années de la vie des patriarches avant la naissance de leurs enfants, voici quelle est la supputation des années, qui comptent dans la chronologie du monde. La Torah syriaque dépend de la Torah (des Juifs), parce qu'elle fut traduite de l'hébreu après le christianisme et la détérioration (du texte). Il y est écrit qu'Adam vécut jusqu'à la neuvième génération des enfants de ses enfants, c'est-à-dire jusqu'à la 56me année de la naissance de Lamec, fils (de Mathusaleh, fils) d'Hénokh1, parce que les Juifs avaient réduit de cent ans les années d'Adam et des autres patriarches avant la naissance de leurs enfants et les avaient ajoutés aux années de leur vie après la naissance de leurs enfants. Hanan (Anne) et Caïphe, grands prêtres des Juifs, voulurent réfuter l'avènement du Messie et disaient que le temps de son avènement n'était pas encore arrivé. Les Juifs écrivirent: Adam vécut 130 ans et engendra Seth; du jour de la naissance de Seth à la naissance d'Enos 105 ans; du jour de la naissance d'Enos à la naissance de Kaïnan — 90 ans; du jour de la naissance de Kaïnan à la naissance de Mahalalaïl — 70 ans; du jour de la naissance de Mahalalaïl à la naissance de Jared — 65 ans; du jour de la naissance de Jared à la naissance d'Henokh — 162 ans; du jour de la naissance d'Henokh à la naissance de Mathusaleh — 65 ans; du jour de la naissance de Mathusaleh à la naissance de Lamec — 187 ans. Si nous comptons d'une façon exacte ce que nous avons exposé, le nombre des années arrivera à 874 ans jusqu'au jour de la naissance de Lamec. 56 ans après la naissance de Lamec, père de Noé, qui fut la neuvième génération depuis Adam, Adam eut 930 ans accomplis, ce qui est la durée de la vie d'Adam.

Le commencement du déluge.

Ceci est exposé, comme preuve et argument pour ceux qui n'ont pas lu ni scruté les livres sacrés, sans parler des autres, (et qui prétendent) que la vie d'Adam ne dura pas jusqu'aux jours de Lamec, père de Noé. Après une durée de 1656 ans, selon la chronologie, naquit Noé, fils de Lamec. Lamec, son père, prophétisa de lui, qu'il soulagerait le monde de ses péchés. Il est écrit que les enfants de Seth, fils d'Adam, et sa descendance au nombre de trois cents hommes, se réunirent et descendirent de la montagne sainte chez les enfants de Kaïn dans la plaine maudite, qui avait reçu le sang d'Abel, poussés par le désir d'entendre leurs jeux et leurs amusements. Les filles de Kaïn s'unirent à eux, et ils commirent l'adultère avec elles. Quelques jours après, lorsqu'ils voulurent remonter sur la montagne dans leurs demeures et leurs domiciles, la montagne devint de feu devant eux, de sorte qu'ils ne purent pas s'en approcher ni y monter à cause de leurs péchés. Ceux qui étaient sur la montagne, supposant que le retard de leurs compagnons était une chose grave, et voyant qu'ils n'étaient pas remontés chez eux, ne cessèrent pas de descendre, l'un après l'autre, eux-mêmes, leurs enfants et leurs femmes, jusqu'à ce qu'il n'y eut que Noé seul qui restât sur la montagne; il avait alors cinq cents ans, et il n'était pas encore marié. Alors Dieu dit à Noé qu'il enverrait le déluge sur la terre et submergerait la terre et ceux qui se trouvaient dessus. Et Noé se leva, emporta le corps d'Adam, père du genre humain, descendit de la montagne et se maria. Toute la descendance de Seth et de Kaïn s'adonna à l'adultère, déprava toutes les voies de la pureté et descendit en tout au rang des bêtes. La première cause de ceci, d'après ce que nous avons raconté, furent Tubalkaïn et sa sœur Nahama. Le livre sacré dit à ce sujet que les fils des Anges fréquentèrent les filles des hommes, en entendant par les premiers les fils de Seth et sa descendance.

Et la parole de Dieu et son commandement fut. en eux et avec eux durant leur séjour dans les montagnes saintes. Mais après qu'ils eurent fréquenté les filles de Kaïn et dépravé les voies de la pureté, Dieu ordonna à Noé, qui avait cinq cents ans, de faire le navire; et Dieu lui fixa le terme et lui définit le temps du déluge au bout de cent vingt ans. Sur ces entrefaites, Noé se maria, comme nous avons déjà raconté, et engendra trois fils, Sem, Cham et Jafeth. Et Dieu, qu'il soit béni et magnifié, leur fit voir durant ces années l'arc-en-ciel, dans la partie inférieure duquel il y eut une corde de feu et des flèches de feu; la corde était tendue; tout était en feu avec un glaive de feu, qui brillait dans l'air d'une façon permanente. Cela est expliqué dans le Livre des Psaumes, où David le prophète dit: « Son glaive brille et son arc est tendu; et les traits de la guerre et de la colère embraseront tout.[10] »

Dieu voulut que les hommes se repentissent et renonçassent à leurs péchés et à leurs erreurs; mais ils ne firent pas pénitence et ne se repentirent point; au contraire, ils tombèrent dans toutes sortes d'impiété et toutes sortes d'hypocrisie. Ils commencèrent à se tuer les uns les autres; quiconque était plus fort que son compagnon, le tuait et le mangeait pour se rassasier à cause du manque d'animaux et de bêtes. Sur ces entrefaites, Dieu réduisit le délai de vingt ans, avança la date du déluge et la fixa au bout de cent ans. Alors Noé eut six cents ans et Sem, son fils, cent ans. Dieu agit ainsi par sa miséricorde pour eux, pour les empêcher de s'égarer, de pécher, de faire couler le sang entre eux et de se manger les uns les autres. Maintenant avant de nous mettre au récit du déluge, il faut que nous retournions à la narration du temps de la vie d'Adam et de ses enfants jusqu'au déluge pour expliquer la chronologie du monde jusqu'à cette année.

Il est écrit dans la vraie Torah que les Septante savants traducteurs ont traduite, qu'Adam vécut 230 ans et engendra Seth son fils à son image et à sa ressemblance. Adam vécut après la naissance de Seth 700 ans et sa vie ayant été de 930 ans, il mourut dans la 5e génération, 135 ans après la naissance de Mahalalaïl. Quant à ce qui concerne la Torah mutilée, que les Juifs mutilèrent après la résurrection du Seigneur Christ en réduisant le nombre des années, il y est écrit qu'Adam vécut avant la naissance de Seth 130 ans et après la naissance de Seth 800 ans. Les Juifs réduisirent les années de sa vie, qui comptent pour cent ans dans la chronologie du monde, et les ajoutèrent aux années de sa vie après la naissance de Seth, qui ne comptent pas dans les années de l'histoire du monde. D'après le calcul, que les Juifs mutilèrent, Adam mourut cinquante-six ans après la naissance de Lamec, père de Noé. Seth vécut 205 ans, d'après la traduction des Septante, engendra Enos et vécut après la naissance d'Enos 707 ans; sa vie ayant été de 912 ans, il mourut dans la septième génération, vingt ans après la naissance d'Henokh. Quant à ce qui se trouve dans la Torah mutilée, qui est entre les mains des Juifs, qui fut réduite par eux et d'après laquelle fut transcrite la Torah syriaque, il est écrit que Seth vécut 105 ans, engendra Enos et vécut après la naissance d'Enos 807 ans; ils réduisirent des années de sa vie cent ans, qui comptent dans la chronologie du monde, et les ajoutèrent aux années de sa vie après la naissance (d'Enos); et ils ne les comptèrent pas. Ils avaient de même réduit les années d'Adam; et ils firent la même chose pour les autres. D'après ce calcul il mourut dans la neuvième génération, 108 ans après la naissance de Lamec, père de Noé. Afriqoun le savant[11] [1] dit que Seth, fils d'Adam, inventa le premier les lettres et enseigna l'écriture et la langue hébraïque. Enos vécut 190 ans avant la naissance de Kaïnan, et il vécut après la naissance de Kaïnan 715 ans; sa vie ayant été de 905 ans, il mourut dans la huitième génération, cinquante-trois ans après la naissance de Mathusaleh. Quant à ce que nous trouvons dans la Torah des Juifs, qui fut réduite par eux, et dans la Torah syriaque, qui est copiée d'après celle-ci, il y est écrit qu'Enos vécut 90 ans et engendra Kaïnan; ayant vécu après la naissance de Kaïnan 815 ans, il mourut dans la dixième génération, 84 ans après la naissance de Noé. D'après ce que nous trouvons dans la Torah, traduite par les Septante, Kaïnan vécut 170 ans jusqu'à la naissance de Mahalalaïl et 734 ans après la naissance de Mahalalaïl; sa vie ayant été de 904 ans, il mourut dans la neuvième génération, 55 ans après la naissance de Lamec, père de Noé. Kaïnan vécut, d'après ce que nous trouvons dans la Torah mutilée, 70 ans et engendra Mahalalaïl; il vécut après la naissance de Mahalalaïl 834 ans, et il mourut dans la 10e génération, 173 ans après la naissance de Noé. Mahalalaïl vécut, d'après la vraie Torah, avant la naissance de Jared 165 ans et après la naissance de Jared 730 ans; sa vie fut de 895 ans, et il mourut dans la dixième génération, 34 ans après la naissance de Noé. Mahalalaïl vécut, d'après ce que dit la Torah, qui est entre les mains des Juifs, et la Torah syriaque, 65 ans avant la naissance de Jared; il vécut depuis la naissance de Jared 830 ans, et il mourut dans la dixième génération, 284 ans après la naissance de Noé. Jared vécut 162 ans avant la naissance d'Hénokh et 800 ans après la naissance d'Hénokh; sa vie fut de 962 ans, et il mourut dans la dixième génération, 266 ans après la naissance de Noé. Jared vécut le même nombre d'années d'après la Torah mutilée. Sous ce rapport la version des Septante s'accorde avec la Torah mutilée des Juifs. Quant à l'accord des années de Jared dans la vraie Torah et dans la Torah mutilée des Juifs, c'est un des arguments qui indiquent la corruption et la défectuosité (de ce dernier texte). Il y a encore une autre raison pour cela: si les Juifs avaient réduit (les années) de tous les (patriarches), il se fût trouvé qu'Adam aurait vécu presque jusqu'au déluge et jusqu'à la 174me année après la naissance de Noé. Mais les prêtres juifs ne voulaient pas de scandale; cependant ils tombèrent dans ce qu'ils avaient cherché à éviter, ce qu'on voit d'après les preuves et les témoignages des livres, que nous établirons et vérifierons plus loin, de sorte que la vérité de la Torah, traduite par les soixante-dix commentateurs, sera manifestée, si Dieu le veut.

Quarante ans après la naissance de Jared se termina le premier millénaire de l'histoire du monde, d'après la version des Septante. C'est l'explication et l'exemple de ce que nous avons dit (de la manière de calculer); cela suffira à celui qui voudra compter toutes les années de l'histoire du monde. Nous avons déjà dit que les années qui comptent, sont celles qui s'écoulèrent avant la naissance de leurs enfants; elles comptent dans la chronologie générale du monde. Quant aux années qu'ils vécurent après la naissance de leurs enfants, ce n'est que (pour indiquer) le terme de la vie de chacun d'entre eux. Lorsque nous nous sommes occupés de supputer la vie d'Adam depuis le jour de sa création par Dieu jusqu'à la naissance de Seth, ses années furent de 230 ans; c'est le commencement de la chronologie de l'histoire du monde; ensuite nous y avons ajouté le nombre des années de Seth depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Enos, ce qui fait 205 ans; le total est de 435 ans; ensuite nous y avons ajouté le nombre des années d'Enos depuis sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Kaïnan, ce qui fait 190 ans; le total est de 625 ans; ensuite nous y avons ajouté le nombre des années de Kaïnan depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Mahalalaïl, ce qui fait 170 ans; le total est de 795 ans; ensuite nous y avons ajouté le nombre des années de Mahalalaïl depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Jared, ce qui fait 165 ans; le total est de 960 ans. Si nous y ajoutons 40 ans depuis la naissance de Jared, le premier millier des années de l'histoire du monde sera complet. D'après ce calcul nous obtiendrons les milliers d'années de l'histoire du monde dans le temps de leur expiration, selon ce que nous avons expliqué et décrit, jusqu'à nos jours et notre temps, année après année et mois après mois, si Dieu le veut. Les spécialistes et les hommes instruits comprendront d'après cet exemple, comment se comptent les années de l'histoire du monde depuis le commencement de la création.

Hénokh vécut, d'après la vraie version, 165 ans jusqu'à ce qu'il engendra Mathusaleh, et il vécut 200 ans depuis la naissance de Mathusaleh, de sorte que ses années sont de 365 ans. Pendant toute sa vie, il avait prié humblement Dieu qu'il le transportât au Paradis, et Dieu exauça sa prière, accepta son appel et le transporta au Paradis, 200 ans après la naissance de Mathusaleh et treize ans après la naissance de Lamec. Quant à ce qui se trouve dans la Torah mutilée, qui est entre les mains des Juifs, et dans la Torah syriaque, qui en est la copie, il y est écrit qu'Hénokh vécut 65 ans et engendra Mathusaleh; et il vécut après la naissance de Mathusaleh 300 ans; et Dieu le transporta au paradis, 300 ans après la naissance de Mathusaleh et 113 ans après la naissance de Lamec, père de Noé. Hénokh est le même qu'Idris. Certains savants affirment aussi qu'Hénokh, qui est Idris, fit connaître, expliqua et enseigna l'écriture, les lettres, les étoiles (l'astronomie) et le calcul. Manéthon, savant d'Egypte et astronome, affirme que Dieu éleva Hénokh jusqu'à la sphère tournante et lui fit connaître les signes du Zodiaque, qui s'y trouvent, les étoiles fixes et errantes, les horoscopes, les termes de l'influence des astres, les décades des degrés, les constellations qui s'y trouvent, et d'autres mystères d'astrologie. C'est pourquoi on dit que son livre des étoiles s'appelle livre du sens caché. Tous les Harraniens, qui adorent les idoles et les étoiles, s'en tiennent à l'avis de Manéthon l'Égyptien. Mathusaleh vécut 187 ans et engendra Lamec, père de Noé; et il vécut après la naissance de Lamec 782 ans, sa vie ayant été de 969 ans. C'est ce qui est écrit dans la Torah, qui est entre les mains des Juifs, et dans la Torah syriaque. Cela indique aussi, comme nous l'avons dit, leur corruption et le retranchement des années, que nous avons rapportés.

Mathusaleh mourut dans la dixième génération, 600 ans après la naissance de Noé, l'année où le déluge eut lieu. Lamec vécut 182 ans et engendra Noé; et il vécut après la naissance de Noé 590 ans, sa vie ayant été de 777 ans. Sur ce point, c'est-à-dire sur les années de Lamec, là Torah mutilée des Juifs s'accorde avec ce qui se trouve dans la Torah traduite par les Septante, avec analogie complète, sans aucune différence. Lamec mourut 595 ans après la naissance de Noé, et la mort de Lamec eut lieu cinq ans avant la mort de Mathusaleh, son père. Noé vécut cinq cents ans et engendra Sem, Cham et Jafeth en Fan 600 après la naissance de Noé. Sem, son fils, étant âgé de cent ans, le déluge se répandit sur toute la terre. Noé entra dans l'arche avec ses trois fils, Sem, Cham et Jafeth, les trois femmes de ses fils et sa femme, le vendredi le 17e jour du second mois lunaire. Dieu fit pleuvoir du ciel sur toute la terre pendant quarante jours. Les sources de la terre débordèrent, et la terre fut submergée avec tout ce qu'il y eut dessus, les hommes, les animaux, les bêtes, les oiseaux. Leur sortie eut lieu le dimanche le 27e jour du second mois de l'année suivante après 366 jours; ils restèrent dans l'arche (366 jours), parce que l'année fut bissextile. Certains savants disent qu'ils n'y auraient rien mangé, ni eux, ni ceux qui étaient avec eux, des animaux, des bêtes et des oiseaux, pendant toute la durée de leur séjour dans cette arche.

La longueur de l'arche fut de trois cents coudées, sa largeur de cinquante coudées et sa hauteur de trente coudées; l'arche eut trois étages. Josèphe le Juif, le savant, qui écrivit sur la destruction de Jérusalem après l'Ascension du Messie Notre-Seigneur, affirme que les planches de l'arche auraient été dans la ville d'Afaméa.[12]

Abidénos et Alexandre (Polyhistor), philosophes grecs, affirment que Kronos fut le premier homme; il montra et découvrit à Ksis que le 15 du mois de Haziran aurait lieu une grande inondation et le déluge. Lorsque Ksis en eut entendu parler, il partit, en se dirigeant par eau vers la contrée d'Arménie en bateau de bois. Ils prétendent que des planches de ce bateau se trouvent sur la montagne d'Ararat, et qu'elles guérissent jusqu'aujourd'hui les habitants de ce pays.[13] Quant au lieu où s'arrêta l'arche, ce récit s'accorde avec celui de la Torah. 344 ans après la naissance de Noé s'accomplit le second millier d'années de l'histoire du monde. Nous avons déjà dit que le total d'années jusqu'à là naissance de Jared était de 900 ans; si nous y ajoutons les années depuis le jour de la naissance de Jared jusqu'à la naissance d'Henokh, ce qui fait 162 ans; — si nous y ajoutons aussi les années d'Henokh, depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Mathusaleh, ce qui fait 165 ans; — si nous y ajoutons ensuite les années de Mathusaleh, depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Lamec, ce qui fait 187 ans; — si nous y ajoutons ensuite les années de Lamec, depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Noé, ce qui fait 182 ans, — les années jusqu'au jour où Noé naquit, arriveront à 1656 ans. 344 ans après la naissance de Noé s'accomplit le second millénaire comme nous l'avons déjà rapporté. Le total d'années de l'histoire du monde depuis Adam et le commencement de la création jusqu'à l'année du déluge est de 2256 ans, d'après la version des Septante. Quant à ce qui se trouve dans la Torah mutilée et réduite des Juifs et dans la Torah syriaque, le total d'années y est de 1656 ans. Quant à ceux qui voudraient Faire la somme et le compte de ces chiffres, d'après ce que nous avons expliqué et exposé, nous lui avons donné la méthode pour en faire le compte et la supputation. Il y a eu d'Adam à Noé dix générations: Ce sont celles d'Adam, de Seth, d'Enos, de Kaïnan, de Mahalalaïl, de Jared, d'Hénokh, de Mathusaleh, de Lamec et de Noé. Lorsque Noé fut sorti de l'arche, il fit à Dieu des sacrifices, et le Seigneur sentit la bonne odeur des sacrifices de Noé et le purifia.

L'arc-en-ciel.

Dieu lui donna l'arc-en-ciel comme gage contre: le déluge et comme son signe à lui et à sa descendance dans les siècles des siècles. Dieu combla les enfants d'Adam de sa clémence et sa miséricorde. Il leur donna l'arc, la corde et les flèches; et Dieu les fit de différentes couleurs, rouge, verte et d'autres, qui indiquent la satisfaction de Dieu, parce que la traduction de « chumreh » (rouge) et « khaudreh » (vert) d'après l'hébreu c'est la satisfaction et la miséricorde de Dieu. Dieu le fit comme son signe à lui et à ses enfants et comme gage contre le déluge dans les siècles des siècles.

Le partage de la terre.

Après le déluge, la terre fut partagée entre les tribus des enfants de Noé. Les frontières de Sem, le premier-né de Noé, s'étendirent de la Perse et de la Bactriane jusqu'à l'Inde, c'est-à-dire le pays de l'Inde. Les frontières de Cham s'étendirent du pays Rinokûrûra à Gadès; les frontières de Jafeth s'étendirent de la Médie qui est le pays de Moçoul et la contrée voisine, jusqu'au pays de Gadès, du côté du nord. Leur frontière, qui séparait leurs terres, fut le fleuve du Tigre qui sépare la Médie de la Perse. Il y eut quinze tribus des enfants de Jafeth, vingt-cinq tribus des enfants de Sem et trente-deux tribus des enfants de Cham, ce qui donne un total de 72 tribus. Les limites qui séparaient la terre des fils de Cham, furent le fleuve Djaihoun, qui est le fleuve du Nil.

 Nous expliquerons tout cela à la répartition des sept climats après la division des langues et nous décrirons leurs habitants, leurs usages, leurs opinions religieuses, leurs préoccupations, leur science et la culture de leur esprit; nous parlerons de leurs animaux, de leurs oiseaux, de la durée de la vie de leur population, de leurs mœurs et des merveilles qui se trouvaient chez eux, après la confusion et la division des langues à Babel; nous ferons mention des mers de chaque climat, de ses golfes, de leur longueur et de leur largeur en parasanges, du point où ils commencent et jusqu'où ils s'étendent, quelles îles, habitées et inhabitées, s'y trouvent; nous décrirons les villes célèbres de chaque climat, si Dieu le veut.

Noé vécut après le déluge 350 ans, et sa vie ayant été de 950 ans, il mourut dans la quatorzième génération, 74 ans après la naissance de Sçaleh. D'après ce qui se trouve dans la Torah des Juifs et dans la Torah syriaque, que les Juifs mutilèrent après l'Ascension du Messie, Noé mourut dans la 21me génération, 53 ans après la naissance d'Abraham, ami du Miséricordieux. C'est une preuve de l'altération de la Torah par les Juifs et de la réduction du nombre des années, comme nous l'avons déjà rapporté. Mais Noé ne parvint pas au temps de la naissance d'Abraham et ne vécut pas jusqu'au temps de la division des langues. Deux ans après le déluge, Sem engendra Arphaxad et vécut 500 ans après la naissance d'Arphaxad; sa vie fut de 660 ans. Sur ce point la version des Septante tombe d'accord avec ce qui se trouve dans la Torah des Juifs. Sem mourut 74 ans après la naissance d'Haber. D'après ce qui se trouve dans la Torah mutilée et réduite des Juifs, Sem mourut 70 ans après la naissance de Jacob. Arphaxad, fils de Sem, vécut depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Kaïnan, 135 ans, et après cela 430 ans; sa vie fut de 565 ans, et il mourut 27 ans après la naissance de Phaleg. D'après ce qui se trouve dans la Torah des Juifs, Arphaxad vécut, jusqu'à ce qu'il engendra Kaïnan, 35 ans, et ayant vécu après cela 530 ans, il mourut un an après la naissance de Kahath, fils de Lévi, fils de Jacob. D'après ce calcul, il vécut, jusqu'à ce qu'il engendra Kaïnan, 35 ans, et ayant vécu après cela 530 ans, il mourut un an après la naissance de Kahath, fils de Lévi, fils de Jacob. D'après ce calcul il vécut jusqu'à l'entrée de Jacob en Egypte, c'est ce qui prouve la détérioration (du texte). Kaïnan vécut 130 ans, jusqu'à ce qu'il engendra Sçaleh, et 330 ans après la naissance de Sçaleh; sa vie fut de 460 ans, et il mourut 66 ans après la naissance de Phaleg. C'est le second Kaïnan, fils d'Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé; on ne trouve ni son nom, ni sa mention, ni ses années dans la Torah qui est entre les mains des Juifs; il n'est pas non plus question de Kaïnan dans la Torah syriaque; son nom et ses années sont retranchés dans la Torah des Juifs. Dans la Torah syriaque il est écrit que plusieurs docteurs juifs et des gens honnêtes s'emportèrent contre Anne et Caïphe, grands prêtres à cette époque, les blâmèrent et leur reprochèrent ce qu'ils avaient fait au Messie, et les firent craindre pour eux-mêmes à cause de leur arrogance envers lui, quoiqu'ils eussent reconnu sa grâce et ses bienfaits pour eux.

Les grands prêtres effrayés se cachèrent d'eux; et les trésors des livres révélés de Dieu étant entre leurs mains, ils omirent ces années dont nous avons déjà parlé et que nous expliquerons plus tard, si le grand Dieu le veut. Lorsqu'ils eurent trouvé le nom de ce second Kaïnan parmi la descendance de Noé, dont le nom était identique avec celui de Kaïnan, fils d'Enos, fils de Seth, fils d'Adam, ils retranchèrent son nom de la Torah; et ils retranchèrent ses années, avec d'autres années encore, pour faire croire à leurs partisans qu'ils étaient au milieu de la durée du monde, afin de réfuter la parole du bienheureux Paul qui dit que le dernier temps est arrivé; ainsi que la parole des disciples du Messie, qui étaient après eux, que le Messie apparaîtrait à la fin des temps. Ils discutaient contre eux à ce sujet et disaient à haute voix que le temps du Messie n'était pas arrivé et qu'il n'arriverait qu'à la fin du temps. Lorsque la dispute et la controverse eurent commencé entre eux, les disciples (du Christ) découvrirent la vérité claire et évidente, la constatèrent et les forcèrent à avouer qu'ils avaient retranché le nom de ce Kaïnan. Après cela ils alléguaient pour motif à ceux qui croyaient au Messie, et leur disaient qu'ils avaient retranché son nom parce qu'il avait inventé, proclamé et introduit le culte des idoles. Alors on leur dit: « Bien! vous avez retranché son nom. Mais ses années, où les avez-vous placées? » Et ils restèrent interdits et sans arguments.

Nous avons trouvé le nom de ce second Kaïnan écrit dans la Torah qui est entre les mains des Samaritains, et aussi dans l'Évangile de Lucas l'Evangéliste, quand il donne la généalogie du Messie.[14] Sçaleh vécut 130 ans et engendra Haber, et il vécut après la naissance d'Haber 330 ans. On dit qu'Haber est le même que Hûd. Sa vie ayant été de 460 ans, il mourut dans la dix-septième génération, 66 ans après la naissance d'Ar’û (Rahu). Quant à ce qui se trouve dans la Torah mutilée des Juifs et celle qui en est extraite, il y est écrit que Sçaleh vécût 30 ans et engendra Haber; ayant vécu après la naissance d'Haber 430 ans, il mourut dans la 23me génération, 65 ans après la naissance de Jacob. Haber vécut 134 ans jusqu'à ce qu'il engendra Phaleg; il vécut après la naissance de Phaleg 270 ans; sa vie ayant été de 464 ans, il mourut dans la 18me génération, 8 ans après la naissance de Sarûg. D'après la Torah des Juifs et la syriaque, Haber vécut 430 ans jusqu'à ce qu'il engendra Phaleg; il vécut après la naissance de Phaleg 370 ans et il mourut dans la 23me génération, 39 ans après la naissance de Jacob. D'après le nom d'Haber les Juifs furent appelés hébreux, parce que le premier langage fut l'hébreu. D'autres disent qu'ils furent appelés hébreux, parce qu'Abraham avait traversé l'Euphrate. Phaleg vécut 130 ans, engendra Ar’û et vécut après cela 280 ans; sa vie ayant été de 338 ans, il mourut dans la 18me génération, 76 ans après la naissance de Sarûg. D'après la Torah des Juifs, Phaleg vécut 30 ans jusqu'à ce qu'il engendra Ar’û; ayant vécu après cela 368 ans, il mourut dans la 22me génération, 37 ans après la naissance d'Isaac. Il mourut 62 ans avant la mort d'Haber, son fils. A l'époque de Phaleg, fils d'Haber, et de son temps, les langues, les peuples et les tribus se divisèrent dans les sept climats de la terre, comme nous l'avons rapporté plus haut. Chacune de leurs tribus et de leurs groupes s'empara d'un pays et d'un climat, dont elle fut maîtresse.

Récit de la division des langues sur la surface de la terre dans tous les climats.

Il est écrit que la terre n'eut qu'une seule race et une langue pour tout le monde; ce fut l'hébreu. Sur ces entrefaites, les hommes se réunirent pour bâtir un édifice élevé et un château, c'est-à-dire une tour, dont le sommet, comme ils le croyaient, atteindrait jusqu'au ciel, pour s'y réfugier de peur que le déluge n'arrivât et ne les noyât ou ne les dispersât sur la surface de la terre.

La division des langues.

Lorsque les hommes se révoltèrent contre leur Seigneur et se mirent avec empressement à bâtir la tour, — il y eut soixante-douze chefs sur soixante-douze tours qui étaient dans cet édifice, sur chaque tour un chef pour faire travailler ses compagnons,:— Dieu, que son' nom soit béni, durant leur désobéissance, leur égarement et leur révolte contre leur Seigneur, leur fit voir soixante-douze langues en feu dans l'air, tournantes et de différentes couleurs pour les avertir, afin qu'ils se convertissent (à Dieu). Mais ils ne se convertirent pas et ne cessèrent pas de se révolter. Alors Dieu se fâcha contre eux, parce qu'ils n'avaient pas obéi aux signes de son mécontentement et de sa colère. Le Livre sacré dit alors que le Seigneur divisa leur langage en soixante-douze langues, de sorte que l'un ne comprenait pas le langage et la parole de l'autre, d'après le nombre de leurs tribus, provenant des enfants de Sem, Cham et Jafeth, dont nous avons parlé, et d'après le nombre de leurs chefs qui surveillaient la construction de la tour. D'après ce récit, ce pays fut appelé Babel, parce que le Seigneur y avait confondu et divisé leurs langages. Quant à Haber, il resta ferme dans l'obéissance à son Seigneur, n'eut point part à leur égarement, n'eut aucun penchant pour leurs passions et leurs pensées perverses, grâce à sa sainteté, car il savait que Dieu pourrait faire avec eux ce qu'il voudrait. Un certain savant dit que Dieu lui aurait révélé, à cause de la connaissance plus parfaite qu'il avait de Dieu à cause de sa sainteté et de sa pureté, ce qu'il ferait aux hommes, et comme langage, il lui enseigna la langue hébraïque. Les hommes se dispersèrent sur toute la terre, et leurs attaques les uns contre les autres se renouvelèrent.

Le commencement de la description des climats.

Nous avons dit au commencement ce que nous avons rapporté plus haut et écrit sur les limites des pays des tribus des enfants de Sem, Chain et Jafeth, fils de Noé; nous avons exposé comment la terre avait été partagée en général entre eux, sans indiquer les limites des climats, sans décrire ce qui s'y trouvait, sans explication et sans commentaire. Nous commencerons maintenant par raconter et exposer la division des sept climats, cultivés et habités, et la délimitation de leur longueur et de leur largeur; nous décrirons l'état des tribus et des peuplades qui les habitent; nous rapporterons leurs coutumes, leur administration, leurs conditions, leurs caracteres distinctifs, les principaux événements qui se produisirent chez eux depuis les temps anciens et depuis leur dispersion; nous parlerons des animaux et de toutes les bêtes féroces qui s'y trouvent, climat après climat, d'après ce que racontent Ptolémée le savant et après celui-ci Eratosthène[15] (?) le savant. Nous disons que la terre se divise en cinq parties, dont quatre ne sont pas cultivées, ni habitables. La première partie est celle de l'Orient, toujours en feu, embrasée et brûlante; la seconde partie est celle du sud, située du côté droit du premier climat, excessivement chaude, de sorte qu'il est impossible d'y habiter; la troisième partie est celle de l'Occident, pleine d'eau; ses limites sont des mers infranchissables et des îles inhabitées; la quatrième partie est celle du Nord, du côté droit du septième climat, excessivement froide, pauvre et aride, toujours couverte de neige. Il n'y a qu'une seule partie de ces cinq climats qui soit cultivée dans le monde habitable, c'est la partie du milieu.

Elle se divise à elle seule en sept parties et ces sept parties s'appellent en grec Flimata, c'est-à-dire les climats, et en persan Kouschour. Il faut que nous sachions d'abord que la terre est ronde comme une boule; son centre cultivé et habité représente une élévation; ses côtés touchent les quatre parties qui sont situées en bas; à cause de son élévation le centre est plus rapproché du cours du soleil dans la partie orientale de la terre, c'est-à-dire la région de la terre brûlée.[16] A mesure que l'homme passe et avance par son intelligence et sa pensée jusqu'à la région septentrionale vers les extrêmes limites de la terre et l'examine attentivement, il trouve que l'augmentation de la longueur du jour s'y fait constamment à la montée du soleil sur la voie septentrionale des douze signes du Zodiaque au signe du Cancer, et l'augmentation de la longueur de la nuit — à le descente du soleil au Zodiaque du sud; il le percevra par son intelligence et le comprendra. (Cette partie que nous décrivons) est extrêmement froide. L'explication de ce que nous avons rapporté de la longueur de la durée de la nuit et du jour en ces lieux, se trouve dans l'astrolabe, c'est-à-dire dans le « cadran » que Ptolémée a fait, dans « la beydeh » (œuf), dans le « zat al-Halk »[17] et aussi dans le Livre du Canon, où il raconte et décrit la longueur et la largeur de la terre, les mers, les îles, les villes et la connaissance des heures des sept climats. Ptolémée rapporte dans ses livres ce qui suit et il dit: « Le premier climat commence près de la terre brûlée, et ce climat s'appelle διάμερος c'est la région de l'Inde et la partie la plus éloignée de la Chine; le plus long jour y est de treize heures. Le second climat s'appelle en grec διάστατος qui est le pays de Kûsch; c'est le pays d'Abyssinie; le plus long jour y est de treize heures et demie. Le troisième climat s'appelle le climat d'Alexandrie; le plus long jour y est de quatorze heures. Le quatrième climat s'appelle en grec Rodous (Rhodes), l'île qui est dans la mer; il comprend les villes de Syrie et de Mésopotamie, qui est située entre deux fleuves; il comprend Babel et d'autres villes; le plus long jour y est de quatorze heures et demie. Le cinquième climat s'appelle en grec Hellespontus (Pont), où se trouvent Constantinople, Amouryah (Amorion) et Rome; le plus long jour y est de quinze heures. Le sixième climat s'appelle en grec la Mésopotamie, où se trouvent les pays des Bourdjans et d'autres; le plus long jour y est de quinze heures et demie. Le septième climat s'appelle en grec Baristhanis (Boristhènes), dont les habitants sont toujours somnolents; le plus long jour est de seize heures.

Maintenant nous nous mettons à décrire la longitude et la latitude de chacun de ces climats. Nous disons que la latitude de ces sept climats, cultivés et habités, qui sont au centre de la terre, part de l'Inde et de la partie la plus éloignée de la Chine et de la région de la terre brûlée et va jusqu'à l'extrémité du septième climat, c'est-à-dire de la région du sud jusqu'à celle du nord; la latitude entière est de soixante-trois degrés. Cette latitude se divise en sept parties qui sont les climats; la latitude de chaque climat est de neuf degrés, comme l'ont divisé le savant Hermès et Ptolémée. L'étendue de ces neuf degrés est de vingt-sept jours, parce que l'étendue de chaque degré est de cent milles. Il n'y a évidemment aucun doute que l'étendue de chaque degré ne soit la distance de trois jours. Ce climat commence de la région d'Orient et va jusqu'à l'extrémité de la région d'Occident; sa longitude est de 180 degrés, une moitié de la sphère se trouvant au-dessus de lui et l'autre moitié au-dessous. Sa longueur totale, de la région de la Mer-Océan jusqu'à la mer qui entoure le monde, jusqu'à son point occidental, est de 160 jours, au total de 5.600 parasanges, d'après le calcul des Perses et des peuples de l'Orient. Nous avons déjà dit que la latitude de ce premier climat, partant de la région voisine de la terre brûlée, va jusqu'à la terre de Serendîb (la Taprobane, Ceylan). Les habitants de ce climat, c'est-à-dire de la Chine la plus éloignée du côté de la terre d'Orient jusqu'à l'extrémité de la région d'Occident, ont une particularité: ils sont nus comme des bêtes, d'aspect hideux et laids d'extérieur et de forme. La plupart d'entre eux sont issus des tribus des enfants de Cham. Ils eurent beaucoup de mystères et connurent bien la magie et d'autres choses; leur vie est longue. On trouve dans ce climat des bêtes et de grands animaux aux corps affreux, d'aspect hideux, de forme extrêmement laide, de grands oiseaux dont quelques-uns ont des formes de bêtes, par exemple, l'autruche, la girafe, le griffon et un oiseau qui s'appelle passereau d'éléphant, qui se jette sur le grand éléphant et l'enlève; on y trouve de grands éléphants et d'autres animaux qu'on ne voit pas et dont on n'entend pas parler ailleurs. On y trouve aussi toute espèce de grands serpents, de grands dragons, des serpents ordinaires et des reptiles hideux et redoutés.

Dans ce climat les hommes sont experts en magie et connaissent des plantes aromatiques et des pierres, dont la qualité et la nature en font des remèdes efficaces pour la guérison des maladies; ils traitent avec cela tous ceux qui souffrent de la morsure de ces reptiles hideux et redoutés, et les guérissent. Sa longueur, comme nous avons déjà raconté, est, de la région de l'Orient jusqu'à la région de l'Occident, de 5.600 parasanges, et sa largeur, de la région du Sud jusqu'à la région du Nord, est de 285 parasanges. Le second climat est celui de l'Abyssinie. Sa largeur s'étend des limites de la terre de Serendîb jusqu'à la région occidentale du pays d'Abyssinie et jusqu'aux montagnes d'émeraude, de pierres précieuses et des mines d'or; ses habitants sont ceux de la partie de la Chine la plus rapprochée, de Sind et de l'Inde.

Dans ce climat on trouve aussi des animaux, des oiseaux et des reptiles robustes, redoutés et grands, mais moins que dans le premier climat; l'aspect de ses habitants, leur forme et leur extérieur, n'est pas si hideux que chez les habitants du premier climat. On y trouve aussi beaucoup de plantes aromatiques et de pierres qui, grâce à leur qualité et leur nature, produisent la guérison, si l'on traite les maladies avec elles. Parmi ses habitants, il y en a beaucoup qui connaissent très bien la magie, les mystères et le traitement des maladies avec ces plantes et pierres; mais ils sont moins experts que les habitants du premier climat. C'est la même chose pour ce qui concerne leur vie (= leur vie est plus courte). Quant à sa longueur et sa largeur, ce sont les mêmes que nous avons données pour le premier climat.

Le troisième climat est celui d'Alexandrie. Ce climat s'étend des extrémités du pays d'Egypte, de la région d'Occident et. d'Orient, des limites de la terre de Sindous de bysse; et sa largeur va de la région d'Occident jusqu'aux limites de la Syrie (Souriya) extérieure et de la première Perse, près du pays d'Ispahan, de Ray et du pays de Maisân et jusqu'à la limite d'Alexandrie et de Barkah et la première Afrique. Les habitants de ce climat, j'en jure par ma vie, s'intéressent aux choses naturelles et scrutent les choses physiques; ils sont assidus au travail; ils étudient les belles lettres, les livres sacrés et les sciences avec plus de zèle que les habitants du premier climat et ceux du second, parce que ce climat est plus beau par sa nature que les deux précédents. Quant à sa longueur et sa largeur, ce sont les mêmes dimensions que nous avons données à propos de la longueur et la largeur du premier climat.

Le quatrième climat au centre duquel se trouve une île maritime qui s'appelle Rhodes, comprend de nombreuses villes qu'il est impossible de compter. Mais nous en rappellerons quelques-unes pour éclaircir et expliquer les cartes et les plans où est tracé le système de la division des sept climats.

De ses villes nous nommerons Damas, Hims, Qinnesrîn,[18] Haleb, Menbidj, Afainée, Antioche (Anthâkyah), Harran, Edesse (ar-Rôha), Rakkah, Râs`Ain, Nisibe, Mosoul, Bagdad et Ray. Ses limites s'étendent depuis son extrémité orientale sur une ligne qui va jusqu'à la région d'Occident; et partant du pays d'Espagne elles touchent à la moitié du pays d'Afrique, du côté du nord à la Sicile, au pays de Laodicée et de Tripoli,[19] au pays d'Athènes et d'Ephèse, dans le pays grec avec Chypre et l'Asie Mineure. Ce climat se trouve au centre de la terre, et, pour cette raison, il est supérieur à tous les climats par la modération et l'égalité de la température. C'est pourquoi ses habitants sont des savants, philosophes, érudits, astronomes, écrivains, médecins, et font des recherches sur les questions physiques et naturelles et sur l'essence des choses. Les livres indiquent que chez eux sont réunies toutes les merveilles et les dix sciences, c'est-à-dire l'Astronomie ou le mouvement des étoiles et l'Astrologie, c'est-à-dire les adages qui les concernent, et leur connaissance; la Géométrie, c'est-à-dire la mesure des surfaces, la construction des figures, les opérations de nivellement et les distances indéterminées; l'Arithmétique ou les livres des nombres; la Musique, c'est-à-dire le recueil et la composition des mélodies; la Médecine (ἰατρική), c'est l'art du traitement; al-Soumie (=τὰ σημεῖα), c'est la science de l'Alchimie; la Mécanique, ce sont des livres sur les machines, et al-Arkhifie (?) d'où proviennent les livres magiques et d'autres semblables; la dixième science est celle des Catégories; ce sont les traités sur la façon de parler, ce qui est l'art de s'approcher de la vérité et de la discerner de l'erreur.

Les habitants de ce climat sont supérieurs à ceux du troisième climat et ont plus de savants et de philosophes, car ils se distinguent par la finesse de l'esprit et de la connaissance à cause de l'équilibre de leur caractère. Quant à sa longueur et sa largeur, elles sont ce que nous avons déjà indiqué. Le cinquième climat correspond à l'Hellespont où se trouvent Constantinople, Amorion, Rome, l'Espagne et la province de la Thrace. Les habitants sont des gens blonds rougeâtres, passionnés, extrêmement lubriques, brûlants et irrités. Tel fut leur père Esaü. Ils sont moins savants et moins philosophes que les habitants du quatrième climat; ils sont féroces et ne sont pas civilisés, mais ils s'empressent d'adopter la civilisation et s'y adaptent vite; cependant les habitants du quatrième climat ont l'esprit plus fin et l'intelligence plus claire que ceux de ce climat. Quant à sa longueur et sa largeur, c'est comme ce que nous avons déjà donné. Le sixième climat correspond à la Mésopotamie, une des îles de la mer. Les habitants de ce climat sont Bourdjans et Slaves; et d'autres tribus de femmes habitent aussi une région de ce climat, et les hommes ne vivent pas avec elles. Elles s'appellent en grec Amazones; elles se coupent toujours la mamelle droite et la cautérisent avec du feu pour l'empêcher de se développer afin d'être prêtes à la guerre et au combat. Elles s'appellent aussi Al-Kharouniat (?), parce que Samiris les combattit et tua tous leurs enfants mâles. Elles sont obligées à cause de cela de ne pas élever les mâles, mais seulement les femmes. Elles sortent et vont une fois par an aux limites de leur pays, dans le pays des Bourdjans, où les hommes des Bourdjans les connaissent, et elles en conçoivent; ensuite elles retournent dans leurs demeures. Elles sont toujours prêtes à la guerre et au combat. Aucun savant ne révoque ce fait en doute et ne nie la vérité de leur histoire telle que nous la rapportons, et personne ne la conteste.[20] Les habitants de ce climat aiment la guerre et l'effusion du sang et n'ont pas de pitié; c'est pourquoi ils s'appellent Slaves. On les châtre. C'est un peuple qui n'a aucune connaissance des livres moraux, ni des sciences, ni d'autres choses. Quant à sa longueur et sa largeur, c'est comme nous l'avons déjà rapporté.

Le septième climat connu correspond au Borysthène; il est habité par le peuple qui s'appelle en grec Youmid.s (??), c'est-à-dire « somnolents »; ce sont des gens faibles et débiles à cause de la rigueur excessive du froid, parce qu'ils sont près de la région du nord et des lieux incultes et inhabités, où la constellation de l'Ourse tourne toujours juste au-dessus de leurs têtes. Les animaux et les bêtes de leur pays sont très petits; les vaches et les moutons n'ont pas de cornes à cause de la rigueur excessive du froid; on ne trouve dans leur pays aucuns reptiles; ils ne peuvent pas construire des maisons; mais ils fabriquent des huttes de planches de bois, les enduisent avec du goudron, les mettent sur des chariots que traînent les taureaux; ils y habitent, et ils sont jour et nuit en marche partout où ils trouvent dans leur pays des moyens de vivre et des pâturages pour leurs troupeaux. Ils sont constamment réduits à la misère à cause des mauvaises conditions de leur vie déplorable. On dit que, s'ils tombent dans des maladies graves, ils mettent leurs malades sur un chariot, leur enlèvent leurs vêtements d'homme et leur mettent ceux de femme; ils se guérissent ainsi. Quant à la longueur et la largeur de ce climat, c'est comme ce que nous avons rapporté dans chacun des sept climats.

Les indications que nous avons données sur les sept climats, reposent sur des preuves évidentes pour celui qui les trouvera, d'après notre description, sur le plan ou la carte que nous avons tracée où ces sept climats sont représentés. Maintenant regarde et examine bien cette carte et ce plan où les sept climats sont tracés, combien d'idées ce plan te montrera, comment il te fera voir et expliquera la marche du soleil dans quatre régions du monde depuis le commencement de sa marche et de sa rotation de l'Orient à l'Occident, — comment il te fera connaître sa rotation dans les douze signes du Zodiaque, dans tous les mois de l'année, — comment le soleil se lève dans les signes du Zodiaque du nord et se couche dans les signes du Zodiaque du sud; (ce plan) t'expliquera le passage du soleil pendant la nuit dans les régions inférieures et situées en bas; et de combien de climats le soleil est distant, lorsqu'il se trouve dans le signe du Cancer, au mois de Haziran (Juin), et laisse derrière lui un climat et demi dans la région du sud, et lorsque le soleil entre dans le signe du Capricorne, au mois du premier Kanoun. En outre, on trouve sur le plan des éclaircissements et des renseignements sur ce fait que le soleil, eu y entrant, laisse (sans lumière) loin de lui tous les sept climats. Voilà la description des climats des tribus des enfants de Noé après la division des langues sur la surface de la terre et sur toute la longueur de ces climats, de l'occident à l'orient, ou sur la largeur — de la région, du sud jusqu'à celle du nord. Quant à ce qui reste au delà des soixante-trois degrés de latitude, ce qui s'appelle le dessus de sept climats, le jour n'y cesse pas, dure dans la région du nord au delà de la terre habitée vingt et une heures et vingt et deux minutes et arrive à vingt-quatre heures, de sorte que la lumière du jour ne cesse pas. Ensuite on parvient au pays des ténèbres: la nuit y dure six mois, le jour aussi six mois.

Chapitre des mers, des golfes et des îles.

On a déterminé aussi la mer de l'Inde et l'on dit qu'elle s'étend dans sa longueur de l'Occident à l'Orient, c'est-à-dire des extrémités de l'Inde jusqu'aux extrémités de l'Abyssinie; sa longueur est de 8.000 milles et sa largeur est de 2.700 milles, jusqu'à ce qu'elle passe au delà de l'île où la nuit est égale au jour;[21] sa seconde partie est de 1.900 milles; cette mer renferme un golfe au pays de l'Abyssinie, qui s'étend jusqu'à la région des Berbères et s'appelle le golfe des Berbères; sa longueur est de 500 milles et la largeur de son côté est de 100 milles. L'autre golfe est celui du côté d'Aylah; sa longueur est de 1.400 milles et sa largeur au début est de 700 milles, et son extrémité, c'est-à-dire le côté le plus proche qui s'appelle la Mer Rouge, est de 200 milles. Cette mer renferme encore du côté de la Perse un golfe qui s'appelle le golfe Persique; sa longueur est de 1.400 milles, sa largeur au début est de 500 milles et son extrémité est de 150 milles. Entre ces deux golfes se trouve le pays du Hedjaz et de l'Yémen; l'étendue d'entre le golfe d'Aylah et le golfe Persique est de 1.500 milles. Cette mer renferme encore un golfe, s'étendant jusqu'aux extrémités du pays de l'Inde, qui s'appelle le golfe Vert; sa longueur est de 1.500 milles. Parmi les 1.370 îles, habitées et inhabitées, il se trouve aux extrémités de la mer, vis-à-vis du pays de l'Inde, du côté de l'Orient une grande île qui s'appelle Taprobane, de 3.000 milles de circonférence; il s'y trouve de hautes montagnes et plusieurs fleuves d'où l'on extrait de l'hyacinthe rouge et bleu; autour de cette île il y a 90 îles habitées où l'on trouve beaucoup de villes. Quant à la Mer Verte, on n'en connaît que sa proximité de la région de l'ouest et du nord, des extrémités du pays de l'Abyssinie jusqu'à la Bretagne; les navires n'y vont pas. On y trouve six îles, situées vis-à-vis du pays de l'Abyssinie, qui s'appellent les Iles Éternelles (Khalidâth, les Canaries). Il y a une autre île, qui s'appelle Ghadyra (Cadix); cette île est située vis-à-vis de l'Espagne, au détroit qui sort de l'autre mer. Sa largeur est de quatre milles; il est situé entre l'Espagne et Tanger; il s'appelle le détroit de Ceuta et débouche dans la mer de Roum. Du côté du nord de cette mer se trouvent douze îles, qui s'appellent les Iles de Bretagne. Ensuite cette mer s'éloigne des contrées habitées et personne ne connaît comment elle est. La mer de Roum et de Misr (la Méditerranée) s'étend du détroit qui sort de la Mer Verte, vers l'Orient, jusqu'à Tyr et Sidon; sa longueur est de 5.000 milles et sa largeur est à peu près de 800 milles. Elle forme un golfe qui se dirige vers la région du nord près de Rome, dont la longueur est de 500 milles et qui s'appelle la Mer Adriatique; elle forme un autre golfe qui commence vis-à-vis du pays des Berbères, dont la longueur est de 200 milles. Dans cette mer il y a 162 îles habitées, dont quinze grandes îles: Anhàr (la Corse?) de 200 milles de circonférence, la Sardaigne de 300 milles de circonférence, la Sicile de 500 milles de circonférence, la Crète de 300 milles de circonférence et Chypre de 350 milles de circonférence. La mer du Pont s'étend depuis Lâzikah jusqu'au delà de Constantinople; sa longueur est de 1.300 milles et sa largeur de 300 milles. Elle reçoit le fleuve appelé Tanaïs; il coule de la région du nord et sort du lac appelé Mayotis; c'est une grande mer, mais on l'appelle lac; sa longueur de l'orient à l'occident est de 300 milles et sa largeur est de 100 milles. A Constantinople, cette mer forme un détroit qui coule comme un fleuve et se jette dans la mer de Misr; sa largeur à Constantinople est de trois milles; Constantinople est bâti sur ses bords.

La division de la terre.

La Mer de Djordjân ou la mer al-Bâb (la Mer Caspienne). La longueur de cette mer, de l'orient à l'occident, est de 800 milles et sa largeur est de 600 milles; elle renferme deux îles, situées vis-à-vis de Djordjân, qui autrefois étaient peuplées. Telle est la topographie de la terre habitée et la situation des mers du globe qui sont connues. La terre se divise aussi, d'une autre façon, en trois parties. La première partie est celle qui est comprise entre la mer Verte du côté du nord et le détroit qui sort de la mer du Pont dans la grande Mer, et celle qui est comprise entre le lac de Mayotis et la mer du Pont. Les limites de cette région sont, du côté de l'ouest et du nord, la mer Verte; du côté du sud, la Mer de Roum (la Méditerranée) et de Misr (d'Egypte); du côté de l'est, le détroit, le fleuve Tanaïs et le lac de Mayotis. Cette terre ressemble à une île et se nomme l'Europe, La seconde partie s'étend du côté du sud depuis la mer jusqu'à la mer d'Abyssinie. Ses limites sont, du côté de l'ouest, la mer Verte; du côté du nord, la Mer de Roum et de Misr; du côté-de l'est, al-`Arysch, et du côté du sud, l'extrémité de l'Abyssinie. Cette partie se nomme la Libye. La troisième partie est ce qui reste du pays habité de la terre jusqu'aux extrémités de l'orient. Ses limites sont, du côté de l'occident, le fleuve Tanaïs, al-`Arysch et Aylah; du côté du sud, la Mer de l'Inde et l'Yémen; du côté de l'orient, elle s'étend jusqu'aux extrémités du pays habité de la Chine. Cette partie se nomme la Grande Asie. Ces trois parties comprennent les sept climats, tous les pays habités et toutes les villes. Quant à la terre, sa longueur, d'après la description que nous venons de donner, s'étend de l'est à l'ouest et sa largeur du sud au nord, à partir du milieu de la circonférence de la terre, là où la nuit et le jour, l'été et l'hiver sont égaux, jusqu'à la région du nord. Dans cet endroit les jours et les nuits sont de douze heures, sans augmenter, ni diminuer.

Notice sur l'ascension et la descente du soleil, sur l'accroissement et la diminution du jour et de la nuit et sur le cours des étoiles.

 La nuit et le jour sont égaux lorsque le soleil entre dans la tête du Bélier et la Balance; ensuite, à partir de l'entrée du soleil dans le signe du Bélier jusqu'à l'entrée du soleil dans le signe du Cancer, le jour ne cesse pas de s'accroître et la nuit de diminuer, parce que le soleil monte vers la région du nord de vingt-trois degrés et de cinquante et une minutes; ensuite le soleil, à partir du moment de son entrée dans la tête du Cancer jusqu'à la première minute de la Balance, descend de la région du nord de vingt-trois degrés et cinquante et une minutes. Alors le jour commence à s'accroître et la nuit à diminuer jusqu'à l'entrée du soleil dans la Balance, jusqu'à ce que la nuit et le jour deviennent égaux. Ensuite le soleil descend dans la région du sud, de la tête de la Balance jusqu'à celle du Capricorne; ce sont les degrés dont nous avons parlé, — vingt-trois degrés et cinquante et une minutes. Alors c'est le jour qui commence à diminuer et la nuit à s'accroître jusqu'à ce que le soleil arrive dans là première minute du Capricorne. Ensuite le soleil se meut en montant et monte de la région du sud vers l'Equateur, de la tête du Capricorne jusqu'à la tête du Bélier. A ce moment le jour commence à s'accroître et la nuit à diminuer; le soleil, comme nous avons raconté, s'incline dans son élévation et sa descente de vingt-trois degrés et cinquante et une minutes, parce que le soleil traverse le centre du Zodiaque, à droite et à gauche. Quant à la déclinaison du soleil, que nous voyons, elle se produit en avant de la courbure du Zodiaque. Le soleil, la lune, les astres et les cinq planètes se meuvent d'occident en orient dans un sens contraire à la rotation de la sphère, parce que la sphère tourne d'orient en occident. Le soleil se meut autant au-dessous de la terre, qu'au-dessus d'elle; il y a toujours au-dessus de la terre la figure du Zodiaque et au-dessous d'elle encore la figure du Zodiaque; lorsque l'une apparaît, l'autre disparaît. Quant au reste de la terre, on ne sait pas s'il est habité ou désert; il comprend les onze douzièmes du globe; il n'y a qu'une seule partie sur douze qui soit habitée.

Dans cette partie, qui est le pays habité, il se trouve des mers et des déserts. Le chercheur qui veut se rendre compte des choses, nous demandera peut-être s'il y a dans ces onze parties, de la végétation, des animaux, des mers, comme chez nous dans notre unique partie; nous répondrons: la terre, qui a été habitée avant nous, ne dépasse pas les limites dont nous avons parlé; quant à ce qui se trouve au delà, personne n'y est entré et personne n'en est venu chez nous. Les opinions et les idées des savants tombent d'accord, et aucune personne intelligente ne nie que le soleil, la lune et les étoiles se meuvent chez nous, et que ce mouvement produit l'été, l'hiver, le printemps et l'automne, ce que tout le monde sait. Si le soleil se lève au-dessus de tous les endroits de la surface de la terre, comme chez nous, de même que la lune et les étoiles, il est nécessaire qu'il y ait des plantes, des animaux, des mers et des montagnes, comme chez nous. C'est pourquoi certains raisonnent ainsi: si, dans les sept climats, le soleil, la lune et les étoiles se meuvent, comme nous l'avons dit, il est également nécessaire que la terre comme nous l'avons décrite, soit habitée à partir de l'équateur, c'est-à-dire la moitié de la sphère terrestre du côté du nord et (l'autre) moitié de la sphère terrestre, c'est-à-dire à partir de l'équateur du côté du sud; il doit y avoir aussi un climat, autour de ces sept climats qui se trouvent dans la région du nord. Outre la division que nous venons de donner, les anciens avaient partagé la terre, ses pays et ses villes en douze parties et en avaient attribué chaque partie à l'un des douze signes du Zodiaque, pour que ces pays et villes connussent leur relation avec ces signes du Zodiaque et avec les planètes, auxquelles les anciens les avaient attribués; ils pensaient connaître ainsi l'abondance et la disette dans leurs pays au moment où on calculait le mouvement des années, des signes du Zodiaque qui dominent l'année, et des étoiles. D'après cela on se forme une opinion sur la région et le pays où domine (tel signe), selon les connaissances des savants, autant que cela dépend des qualités extérieures et intérieures de la sphère céleste et de ce qu'elle renferme.

Chapitre des pays et des villes de la terre, appelés d'après les signes du Zodiaque.

Les pays du Bélier sont : le Fars, Adarbaïdjan, la Bretagne, la Sicile, la Germanie, la Palestine et une partie d'el-Balka. Le signe du Taureau: toutes les villes de Mah, Ispahan, les petites îles de la mer de Roum, Chypre, l'Asie Mineure. Le signe des Gémeaux: les contrées de Djilân, Deilem, Djordjan, Thabaristan, la Grande Arménie, Merv, Tripoli (Athrablous), Marakiah et Misr. Le signe du Cancer: la Terre des Berbères (la Barbarie), l'Afrique, la Bithynie, qui se trouve au pays des Grecs, la Phrygie, Lâdikiyah (?) et la Lydie. Le signe du Lion: le pays des Turcs, Abraschahr, Antioche (Anthâkiah), Halikiyah (?), l'Etolie (?),[22] Emèse (Homs), Damas (Dimeschk) et le pays autour de Koufah. Le signe de la Vierge: Corinthe, le pays de Babel, de Mosoul et d'al-Djezîreh, le pays des Grecs et Carthage.[23] Le signe de la Balance: Boukhara, le Thaharistan, Kashmir, le Tibet, Schoul, Awsis (?), la partie du pays d'Abyssinie qui s'appelle Troglodytica, le Sedjestan, la Carmanie. Le signe du Scorpion: le pays du Hedjaz, Amoul, Tanger, Hatouliyah, la Nubie bleue, Souriah (la Syrie), la Cappadoce. Le signe du Sagittaire: le pays de Phlathiki, l'Andalousie (l'Espagne) et le pays des Slaves. Le signe du Capricorne: le pays de l'Inde, al-Sous, Mokrân, Hûah (?), la Thrace, la Macédoine et l'Illyrie (?). Le signe du Verseau: la Sarmathie, le fleuve du Balch, la Sogdiane, Ferghânah, as-Schâsçh, al-Balkah et l'Azanie au centre de l'Abyssinie. Le signe des Poissons: la Babylonie, la Paphlagonie, Smûnithis (?), Khorramah, Nikûdhûliah (Nicomédie?) Nous avons dejà expliqué l'état des sept climats de la terre et leur pays habité; nous avons exposé les conditions où se trouvent leurs habitants et leur répartition sur le globe; nous avons décrit enfin la terre qui n'est ni cultivée, ni habitée, autant que nous l'ont permis les renseignements trouvés dans des livres des anciens savants. Maintenant nous allons reprendre le récit de l'histoire du monde.

Récit qui fait connaître la vraie cause pour laquelle le culte des idoles pénétra dans le monde après la division des langues sur la surface de la terre.

Il est écrit que lorsque les langues des tribus des enfants de Sem, de Cham et de Jafeth, fils de Noé, furent divisées dans tous les climats, sur la surface de la terre; quand ils eurent occupé leurs régions et lorsque chaque langue, chaque peuple et tribu se furent éloignés dans une contrée quelconque d'un dimat de la terre, comme nous l'ayons décrit, les peuples se mirent à se faire a guerre, les uns contre les autres. Chaque tribu et chaque peuple se choisirent un chef d'armée, qui conduisît leurs troupes et les menât au combat, en marchant à leur tête. On raconte qu'au boit de quelque temps, lorsque certains des chefs des guerriers et des commandants des troupes revenaient victorieux et triomphants chez leurs compagnons, leur peuple et leur tribu, le peuple les prenait pour maîtres à cause de leur victoire et érigeait à leurs chefs, connus et célèbres par loirs exploits, leurs guerres et leur succès, des idoles portant leurs noms et leur ressemblant, afin que ces idoles rappelassent le souvenir de celui qui avait fait des conquêtes à leur profit et était rentré victorieux chez eux. Longtemps après on commença à montrer à leur égard de la vénération et à leur offrir des sacrifices, d'abord comme témoignage de vénération pour eux et comme souvenir des victoires qu'ils avaient remportées; ensuite quand des malheurs se produisaient, quand leurs ennemis, voulant se revenger, leur infligeaient toutes sortes de maux et de blessures, ils venaient à ces idoles, implorant leur secours. C'est pour cette raison que, dans la suite des temps, le culte et la vénération des idoles s'introduisirent du vivant même des héros; des diables, d'après ce qui est écrit, parlaient aux hommes de l'intérieur de ces idoles.

Le total des années depuis l'époque du déluge jusqu'à la naissance d'Àr`û, fils de Phaleg, qui eut lieu au temps de la division des langues, est de 670 ans; depuis Adam et le commencement du monde jusqu'à cette année-là, il s'écoula 2926 ans. Voici l'explication de ce calcul: Sem engendra Arphaxad deux ans après le déluge; les années d'Arphaxad depuis le jour de sa naissance jusqu'à celle de Kaïnan, son fils, furent de 135 ans; depuis le jour de la naissance de Kaïnan jusqu'à celle de Sçaleh, son fils, elles furent de 139 ans; depuis le jour de la naissance de Sçaleh jusqu'à celle d'Haber, son fils, elles furent de 130 ans; depuis le jour de la naissance d'Haber jusqu'à ce qu'Haber engendra Phaleg, son fils, de 134 ans; depuis le jour de la naissance de Phaleg jusqu'à ce qu'il engendra Ar'û, de 132 ans. Cela donne 670 ans. Si l'on y ajoute les années depuis Adam jusqu'à l'année du déluge, c'est-à-dire 2256 ans, on aura un total de 2926 ans. Ce compte est fait d'après la version des Septante, qui traduisirent la Torah et tous les livres des prophètes conformément à la vérité. Quant à ce que nous trouvons dans la Torah qui est entre les mains des Juifs, à cause de la réduction et la mutilation qu'ils lui ont fait subir, et dans la Torah syriaque qui en est copiée, il y est écrit que Sem engendra Arphaxad deux ans après le déluge, et depuis le jour de la naissance d'Arphaxad jusqu'à ce qu'il engendra Sçaleh, il s'écoula 35 ans; ils omirent Kaïnan, son fils, et, ayant supprimé de la Torah son nom et ses années, ils écrivirent Sçaleh, son petit-fils; depuis le jour de la naissance de Sçaleh jusqu'à ce qu'il engendra Haber, il s'écoula 30 ans; depuis le jour de la naissance d'Haber jusqu'à ce qu'il engendra Phaleg, 34 ans; depuis la naissance de Phaleg jusqu'à ce qu'il engendra Ar’û, 30 ans. Cela fait 131 ans. D'après la Torah réduite et mutilée, il s'écoula depuis Adam jusqu'au déluge 2656 ans et depuis le déluge jusqu'à la naissance d'Ar'û, fils de Phaleg, à l'époque duquel les langues se divisèrent, il s'écoula 131 ans.

D'après la Torah réduite, depuis Adam et les origines du monde jusqu'à cette année-ci, il s'écoula 2787 ans, de sorte que les Juifs en ont réduit jusqu'à cette année-là 1139 ans. Par suite de la confusion et la division des langues Phaleg fut appelé (le diviseur), parce que la traduction de son nom en hébreu et syriaque fut « moukassim ». Ar'û vécut depuis le jour de sa naissance jusqu'à ce qu'il engendra Sarûg 132 ans et après la naissance de Sarûg 267 ans; il vécut 339 ans et il mourut 77 ans après la naissance de Nachor. Quant à la Torah réduite, il y est écrit qu'Ar’û ayant vécu 32 ans, engendra Sarûg; il vécut après la naissance de Sarûg 367 ans, et il mourut 38 ans après la naissance de Jacob; sa mort arriva avant celle d'Haber, son aïeul. 74 ans après la naissance d'Ar'û, fut accompli le troisième millénaire de la chronologie du monde, d'après la version des Septante, parce que nous avons déjà expliqué et indiqué plus haut que les années depuis Adam et les origines du monde jusqu'à l'année de la naissance d'Ar'û, fils de Phaleg, furent de 2926 ans; si nous y ajoutons 74 ans depuis la naissance d'Ar'û, le troisième millier d'années sera complet.

Histoire de Nemrod, fils de Chanaan, fils de Cham, fils de N, fils de Lamec, le Roi-Géant.

Il est écrit qu'en l'an 84 après la naissance d'Ar’û, dix ans après le troisième millier d'années, parut le premier roi qui dominât sur toute la terre, à Babel, Nemrod, fils de Chanaan, fils de Cham, le roi-géant, qui régna soixante-neuf ans; sa couronne fut tissée et n'était pas en or. Nemrod bâtit trois villes, Arakh, Adja et Kila, c'est-à-dire Edesse (ar-Roha), Nisibe et Séleucie. En l'an cent un d'Ar'û les Egyptiens, après les Babyloniens, se donnèrent un roi, dont le nom fut Manouphis (Μήνης), qui régna sur eux pendant 68 ans; il fut appelé Mesraïm d'après le nom de Mesraïm, leur père. Il est certain que c'est du nom Mesraïm que (l'Egypte) fut appelée Misr.[24]

Histoire des enfants de Kahthan, qui est appelé dans la Torah Abri-than,[25] qui fit connaître les armes et les engins de guerre.

Il est écrit qu'à cette époque parurent les fils de Yokthan, qui est le même que Kahthan; c'étaient trois chefs qui étaient des géants; l'un s'appela Saba, l'autre Ophir, le troisième Heval. Les fils de Kahthan commencèrent à faire la guerre contre les peuples et les tribus avec toutes les sortes d'armes et d'instruments, car ils furent les premiers qui se servirent des engins de guerre et qui les connurent. La première connaissance qu'ils en eurent et le premier usage qu'ils en firent leur furent suggérés par l'exemple des bêtes féroces. Quant à la lance, ils l'imitèrent d'après l'animal appelé en grec Monokeraton (Μονοκέρατον); c'est la bête que les Perses appellent et connaissent comme Karkadann (rhinocéros), et les Arabes l'appellent aussi par ce nom, parce qu'elle n'a qu'une seule corne qui se dresse au milieu de la tête en forme de lance, avec laquelle elle frappe toute bête et tout animal. Quant au glaive, ils s'en servirent à l'imitation des sangliers, qui, lorsqu'ils frappent un arbre avec leur dent, le coupent et le fendent en deux. Quant à la flèche, ils l'imitèrent d'après l'animal qui s'appelle le grand hérisson ou douldoul, qui, quand il dresse l'un de ses poils, le lance et ne manque pas l'endroit visé. Quant au bouclier, ils l'empruntèrent de la tortue de mer, dont le dos était d'une grandeur extraordinaire. De cette façon, ils inventèrent par imitation toutes les sortes d'armes dont nous avons parlé.

La terre et les pays que chacun de ces trois chefs obtint pour sa part, furent les pays orientaux du côté de la Chine et des contrées voisines; on y trouve de l'or pur, de l'hyacinthe, de l'émeraude, des perles et tous les grands arbres qui exhalent des parfums, — par exemple: l'arbre d'aloès, de santal et d'autres, comme le rapporte la Bible.

Le savant Mousous (?) écrit dans son livre sur les nations que les peuples, fatigués de leur lutte acharnée contre les enfants de Rahthan, et des troubles qui résultèrent de la guerre et des combats livrés contre eux avec tant de sortes d'armes que ces peuples ne connaissaient pas, leur permirent de choisir les climats qu'ils préféreraient, afin qu ils fissent cesser la guerre. Les enfants de Kahthan choisirent ce pays: tout le monde a besoin de ce pays, de ce qui s'y trouve et de ce que possèdent ceux qui le gouvernent, tandis queux-mêmes n'ont besoin de rien de ce qui se trouve dans d'autres pays.

Sarûg vécut jusqu'à ce qu'il engendra Nachor, 130 ans, et, après la naissance de Nachor, 200 ans; sa vie fut de 330 ans, et il mourut 46 ans après la naissance d'Abraham.

D'après ce que nous trouvons dans la Torah, qui est aujourd'hui entre les mains des Juifs, par suite de la réduction qu'ils en ont faite, et de la détérioration (du texte), Sarûg ayant vécu 30 ans jusqu'à ce qu'il engendra Nachor, et 300 ans après la naissance de Nachor, mourut 61 ans après la naissance de Jacob; il mourut dix-sept ans avant la mort d'Ar’û, son père. En l'an 21 de la naissance de Sarûg, parut le second roi de Babel; il s'appelait Kambiros et il régna 85 ans. A son époque parut la monnaie, c'est-à-dire la maison pour frapper des dinars et des dirhems et l'art de faire des ornements en or et en argent. A cette époque se distingua Amorius, de la famille d'Ophir, l'artisan de fer et de cuivre. En l'an quarante-six du règne de Cambiros, roi de Babel, ce monarque bâtit quelques villes, dont la première fut la grande Suse. A cette époque Kambiros fit la guerre aux Kaldéens et les mit à mort, comme, nous le trouvons dans les livres et les récits attribués à Zoroastre (Zaradouscht) le Mage. L'an 106 de Sarûg, régna à Babel le troisième roi, qui s'appelait Samiros; la durée de son règne fut de 72 ans; il fut le premier qui fit faire les mesures, la balance et le poids.[26]

La naissance d'Abraham.

Nachor ayant vécu 79 ans, engendra Tarikh, père d'Abraham, et vécut, après la naissance de Tarih, 122 ans; sa vie ayant été de 201 ans, il mourut 47 ans après la naissance d'Abraham. Nachor vécut jusqu'à ce qu'il engendra Tarih, d'après la Torah des Juifs, 29 ans, et 172 ans après la naissance de Tarih, et il mourut 22 ans après la naissance d'Isaac, fils d'Abraham; et sa mort eut lieu avant celle de son père et de son grand-père.

A cette époque Kisrounis, roi des Parthes, fit la guerre contre Samiros et après l'avoir combattu le tua; il lui arracha la peau de la tête et les cheveux et, les ayant tressés en quatre tresses, en fit une couronne pour lui-même. A cause de cela il fut appelé Diokratis, c'est-à-dire possédant deux mèches (Dou-l-Karnéin). Ce n'est pas le même qu'Alexandre Dou-l-Karnéin, parce qu'Alexandre fut appelé Dou-l-Karnéin à cause de son passage et de son arrivée à l'Orient et à l'Occident.

Le premier qui inventa les sciences et l'astronomie.

A cette époque en Egypte régna un roi, appelé Antoutis (Aphintos), pendant trente-deux ans; il fut le premier qui inventa les livres, les sciences, l'astronomie, l'arithmétique d'après les livres des Kaldéens et des savants orientaux, et les introduisit en Egypte; il apprit la science de sorcellerie et la magie. A cette époque, furent bâties Sodome et Gomorrhe et aussi Babylone sur le fleuve du Nil. L'année 70 de Nachor fut bâti Damas (Dimeschk). Tarikh vécut 75 ans et engendra Abraham; après la naissance d'Abraham, il vécut 130 ans; sa vie ayant été de 205 ans, il mourut 55 ans après la naissance d'Isaac. C'est ce qui est écrit dans la Torah mutilée et tronquée des Juifs. La corruption et la réduction vont jusqu'aux années de l'époque de la naissance d'Abraham à cause de l'éloignement de cet espace de temps, dont la plupart des hommes ne savent rien, Les grands-prêtres des Juifs réduisirent ces années à l'époque du Messie et après son ascension au Ciel. A cette époque deux grands prêtres des Juifs, Anne et Caïphe, désirèrent déclarer fausse la mission du Christ et réfuter le temps de son avènement, parce qu'ils avaient été effrayés de ce qu'un grand nombre de leurs chefs respectés et plus âgés avaient reconnu la mission du Christ pour eux et l'authenticité des miracles parmi eux, quand ils avaient vu la résurrection du Christ, comme il est écrit dans l'Évangile, à laquelle les chrétiens croyaient fermement. Ils discutèrent contre eux, et une controverse eut lieu entre eux. Anne et Caïphe, les grands prêtres, alléguaient des arguments contre eux et affirmaient que le Messie dont les prophètes avaient prophétisé, ne viendrait qu'au dernier temps; mais, disaient-ils, nous sommes encore au milieu du temps du monde. Mais les autres se détournèrent d'eux; alors eux, ayant en leur possession des bibliothèques, se mirent à retrancher ces années depuis Adam et le commencement du monde jusqu'à l'époque de Tarih et de la naissance d'Abraham; et à cause de l'éloignement de l'époque et de l'ignorance de la plupart des hommes, comme nous l'avons déjà dit, ils retranchèrent des années de l'histoire du monde, depuis Adam jusqu'à l'époque d'Abraham, 1389 ans; lorsqu'ils l'eurent arrangé entre eux, en secret, ils le firent voir à leurs compagnons et à tous les hommes qui étaient d'accord avec eux dans leur désir de la mort du Messie. Ils firent plusieurs copies, qu'ils cachèrent chez leurs hommes de confiance, afin qu'ils montrassent cette version et en détournassent des gens avec cela; ils cachèrent la traduction de la Torah, traduite par les Septante commentateurs, à leurs compagnons, avec les livres des Prophètes, qu'ils avaient traduits sous le roi Ptolémée Philadelphe dans la ville d'Alexandrie; ils changèrent et mutilèrent dans les Livres des Prophètes tout ce qu'ils purent, de ce qui se rapportait aux prophéties sur le Messie. Les actes du Messie Notre-Seigneur qui se trouvent dans les livres des Septante, sont, au contraire, fidèles et clairs. Ils firent cette falsification après la Résurrection du Christ, tandis que la traduction des Septante fut achevée environ 300 ans avant l'Avènement du Christ. Nous raconterons sans doute l'histoire de Ptolémée Philadelphe et des soins qu'il donna à la traduction des livres sacrés et leur explication, jusqu'à ce que nous arrivions à la fin, si Dieu le veut.

Le commencement de cette histoire remonte à l'époque de Ptolémée et d'Alexandre Dou-l-Karnéin, le plus grand roi. Dans cette histoire nous expliquerons la corruption des Juifs et la réduction des années qu'ils ont faite, si Dieu le veut.

Le récit du roi Alexandre Dou-l-Karnéin.

Son empire fut partagé entre ses quatre serviteurs qui étaient ses gardes du corps. Le livre sacré les appelle ses serviteurs.[27] L'un d'entre eux lut Ptolémée Philadelphe, roi d'Alexandrie, au sujet duquel nous avons déjà dit que les Septante, savants juifs, lui avaient traduit la Torah et tous les Livres des Prophètes de l'hébreu en grec. Il ne faut pas croire que ce récit soit anticipé et ait été mis dans un endroit où il ne s'agissait pas de son temps, mais il était nécessaire de le mentionner plus haut, parce que la réduction et la corruption des années atteignent l'époque de Tarih et de la naissance d'Abraham. Il nous fallait expliquer et indiquer les motifs et les raisons qui firent que Ptolémée Philadelphe se préoccupa de la traduction des livres sacrés et la désira, pour montrer exactement aux savants les motifs et les raisons pour lesquels les grands prêtres juifs, Anne et Caïphe, s'appliquèrent hardiment à la corruption et la réduction, et pour expliquer aux gens intelligents, aux savants et aux investigateurs, comment ils furent mis au grand jour et comment ces passages, mutilés et réduits par eux, furent reconnus, lorsqu'on les étudia et les examina.

L'un des grands personnages de la Perse, appelé Darius, eut une querelle avec (Alexandre) Dou-l-Karnéin, qui régna en Egypte six ans. Alexandre, l'ayant vaincu, le tua et s'empara de la meilleure partie de son royaume; après cela, il rassembla des troupes nombreuses et marcha à leur tête contre différents pays, pour faire la guerre à leurs rois et pour s'emparer de leurs royaumes; arrivé à Sind, il s'en empara et s'y apprêta à envahir l'Inde et la Chine. Avant cela, il partagea son empire entre quatre de ses gardes du corps, comme je l'ai déjà dit plus haut, et poursuivit la guerre contre les rois de différents peuples jusqu'à sa mort. Lorsque sa mort eut été connue de ses gouverneurs, chacun d'entre eux s'empara du pays où il avait été nommé comme lieutenant. L'un de ses gouverneurs, Ptolémée, fils d'Arib (Lagos), régna sur l'Egypte 40 ans; Philippe régna sur la Macédoine; Antigone et Démétrius sur la Syrie et le pays d'Asie. Séleucus, qui régna sur les pays d'Orient, marcha contre l'Egypte en l'an 13 de Ptolémée, fils d'Arib; auparavant il avait conquis la Syrie. Démétrius marcha vers l'Asie et l'ayant vaincu et tué, s'empara de l'Asie, de la Syrie et de Babylone, où il régna 32 ans. Il voulut instituer pour Alexandre un souvenir qui rappelât, après sa mort, les bienfaits qu'il en avait reçus. Sur ces entrefaites il établit le compte des années d'après son nom et fixa le début de cette ère au premier jour de la conquête de la Syrie, l'année 13 de son règne. Depuis Adam jusqu'à cette année-ci, qui est la première année du règne de Dou-l-Karnéin, les années de l'histoire du monde sont de 5197 ans, que nous expliquerons plus tard, si Dieu le veut. A cette époque régna Ptolémée Philadelphe pour qui, comme nous l'avon3 déjà raconté, les Livres sacrés étaient été traduits; il régna sur l'Egypte 38 ans. Il affranchit de la captivité les peuples qui étaient dans son royaume, au nombre de 130.000, dont 30.000 Juifs. Tout d'abord, il y a sur lui une allusion dans les Livres sacrés, où il est écrit qu'il fut un des grands rois étrangers, appelé Ptolémée Philadelphe. On rapporte qu'il ressemblait à Alexandre par sa puissance, et lui était supérieur en science, en sagesse et en philosophie; tous ses soins et tout son plaisir ne tendaient qu'à la philosophie, à la lecture des livres, à toutes les sciences et à la connaissance de leurs mystères; il les propageait, en les rassemblant dans tous les pays et toutes les contrées, de sorte qu'il les cultiva toutes; c'étaient les sciences dont nous avons parlé: l'astronomie, l'astrologie, la géométrie, l'arithmétique et d'autres que nous avons mentionnées. Dans son histoire, il est écrit qu'il réunit les œuvres de ces sciences, leur érigea la maison de la Sagesse (bibliothèque); il les cultivait et connaissait leurs lois et leurs mystères. Il est écrit que ce roi Ptolémée, réunissant les livres, aurait pensé à sa satisfaction de ce que la postérité en parlerait. Ptolémée, ayant rassemblé les étrangers de tous les peuples qui furent prisonniers dans son royaume, et les ayant comptés, trouva leur nombre de 130.000, dont 30.000 Juifs; et il leur proposa de revenir dans leurs pays. Les Juifs en furent extrêmement contents, s'en réjouirent, adressèrent de nombreuses prières pour lui et lui en firent des remercîments.

Les causes de la traduction des Septante des livres anciens.

Ptolémée leur dit: « Je vous fais cette faveur; mais j'ai à vous demander une chose que vous ferez pour marquer votre gratitude. » Ils lui dirent: « Roi, qu'est-ce que c'est? » Il leur dit: « Ma demande est que vous m'apportiez, avec mes messagers qui partiront avec vous, des livres de sagesse de votre pays. » Ils le lui accordèrent et lui en firent serment. Ensuite les Juifs lui dirent: « Chez nous, ô roi, il se trouve des livres hébraïques rares qu'aucun peuple ne possède; ce sont les livres révélés, qui furent envoyés du Ciel aux prophètes, tels que règlements, lois, commandements, ordre et prohibition; (on y trouve) ce qui est et ce qui devra arriver. » Leur langage sur ce sujet l'étonna et leur conduite lui plut. Il les pourvut largement de provisions de route et de vivres jusqu'à leur pays et ordonna de les laisser passer jusque chez eux, à l'endroit de leur séjour, de leurs gouverneurs et leurs chefs; il envoya avec eux des cadeaux et des vêtements et leur écrivit au sujet de sa demande. Se réjouissant (de la nouvelle) qui leur était parvenue, ils sortirent à la rencontre de leurs compagnons, lorsque le bruit de leur sortie fut arrivé aux frontières les plus rapprochées de leurs pays. Lorsqu'ils eurent lu les lettres du roi, ils s'empressèrent d'acquiescer à sa demande: ils lui recueillirent les livres de la Torah et tous les livres des Prophètes, et lui envoyèrent avec eux par ses messagers une lettre écrite en hébreu en lettres d'or; en même temps ils écrivirent la réponse à sa lettre. Les livres hébraïques étant arrivés chez lui, il fut dans l'embarras, parce qu'il n'en put rien comprendre. Il renvoya ses messagers chez eux et le leur fit savoir, en demandant de lui envoyer des savants et des juristes, pour lui traduire ces livres en sa langue; il leur promit de magnifiques cadeaux. Quand sa lettre fut arrivée et eut été lue, ils s'empressèrent de choisir (quelqu'un) pour le lui envoyer, afin d'obtenir ce qu'il promettait. La discorde et la dispute éclatèrent parmi eux à ce sujet; enfin ils convinrent d'envoyer six personnes de chacune de leurs tribus, leur nombre étant de 72 hommes, qui se dirigèrent vers lui. Lorsqu'ils furent arrivés, il les reçut d'une façon très hospitalière et en fit trente-six groupes. Leurs tribus étant de différents avis, il préposa à chaque groupe un homme qui les empêchât de se rencontrer, s'occupât de leurs affaires et, une fois la traduction des livres achevée, les passât d'un groupe à un autre, jusqu'à ce que la Torah et tous les livres des Prophètes fussent entièrement terminés. Il obtint trente-six copies en grec, les distribua dans tous les pays de son empire et en envoya un certain nombre à Rome, à Ephèse et à Byzance. Pendant leur séjour, grâce à ses relations avec eux, il apprit l'hébreu et devint plus habile qu'eux dans la lecture de leurs livres. Après la clôture de leurs travaux, il les combla de cadeaux et de provisions de voyage, les fit retourner chez leurs compatriotes et envoya avec eux ses messagers avec des cadeaux pour leurs gouverneurs et des vêtements pour leur chef Eléazar, le grand prêtre, et leurs compagnons; dans sa lettre il loua leur œuvre. Les savants traducteurs lui demandèrent une de ces copies pour pouvoir s'en glorifier devant leurs compatriotes; et Ptolémée le leur accorda. Cela fut l'arrêt de la Providence de Dieu qui, dans son éternelle sagesse (connaissait) le futur acte d'Anne et de Caïphe, leurs grands prêtres et chefs, et de leurs partisans, qui agirent d'une manière inique contre le Messie à l'époque de son apparition, de son avènement et de leur participation à sa mort, d'après ce qui est écrit dans l'Evangile des chrétiens. Ensuite arriva la résurrection du Christ. Plusieurs d'entre eux se joignirent à lui comptant sur sa bonté et sa miséricorde envers eux, parce qu'il ressuscitait les morts, guérissait les lépreux et opérait les miracles, qui frappaient l'esprit, troublaient la raison, confondaient l'intelligence, faisaient vivre l'inexplicable, à l'appui de ce qui était écrit à ce sujet dans les Livres des Prophètes.

Les Juifs divulguèrent ce qu'ils avaient changé dans les Livres sacrés.

Alors ils se révoltèrent contre les grands prêtres dans la question du Christ, menacèrent leur vie, se proposèrent les tuer et les attaquèrent. Sur ces entrefaites, les grands prêtres changèrent de tactique pour leur échapper et portèrent leur attention à inventer pour eux des preuves dans la question du Messie pour protéger leur vie par ce moyen.

Les bibliothèques se trouvant dans leurs mains, ils s'occupèrent, comme nous l'avons déjà dit plus haut, de la Torah avec une intention préconçue et y observèrent que le terme de leur époque était très éloigné de l'époque d'Adam;[28] alors ils retranchèrent des années d'Adam et de sa descendance, jusqu'à la naissance d'Abraham, 1389 ans, après avoir retranché des années en nombre déterminé de la vie de chacun (d'entre les patriarches) les années antérieures à la naissance de leurs enfants, cent ans à chacun, et les transférèrent aux années de leur vie postérieures à la naissance de leurs enfants, qui ne comptent pas à l'origine des temps.

Ayant trouvé Kaïnan, fils d'Arfaxad, fils de Sem, fils de Noé, ils retranchèrent son nom du livre de la Torah et ses années. Le retranchement de ces années de leur place est évident pour celui qui verra de ses propres yeux ces passages et examinera cette question d'après la Torah; ce passage lui indiquera ce qu'ils en ont mutilé et retranché. Lorsqu'ils l'eurent fait et arrangé en secret, ils invitèrent un certain nombre de ceux qui s'étaient révoltés contre eux, à cause de leur manière d'agir dans la question du Messie, et leur alléguèrent des preuves prétendant que son temps n'était pas encore arrivé et que son apparition n'aurait lieu qu'aux derniers jours du monde; ils dirent: « Nous sommes encore au milieu de l'espace des années du monde. » Ensuite ils ajoutèrent: « Que cette Torah soit entre nous et vous! » et ils firent apporter le livre de la Torah, qui avait été déjà mutilée par leur réduction de ces années; avec cela ils les jetèrent dans le doute et les détournèrent de ce qu'ils étaient. Après cela ils composèrent des copies séparées de cette Torah, qu'ils remirent en secret aux personnes de confiance dans leurs pays et dans les provinces avoisinantes, afin qu'ils la récitassent et soutinssent leurs arguments en faveur de la corruption et de la réduction. Même aujourd'hui cette Torah se trouve dans les mains de tous les chrétiens qui se servent de la langue syriaque. La vraie Torah, traduite par les Septante, ne leur fut pas montrée jusqu'au règne de Constantin, fils d'Hélène, le fidèle, qui régna 305 ans après l'avènement du Christ. Etant allé à Jérusalem, il demanda les reliques du Christ et les livres des Prophètes pour en choisir et en profiter. Les Juifs lui donnèrent tous les livres; et parmi les livres qu'on lui donna il se trouva le livre de la Torah mutilée. Avant cela, il n'avait éclaté parmi eux aucune discorde; mais il y eut certains d'entre eux qui avaient peur que la vérité sur le Messie et sur ce qui lui était arrivé ne fût découverte. Alors ceux-ci intriguèrent auprès du roi Constantin et lui apprirent la corruption de la Torah que les Juifs lui avaient donnée, et leur perfidie envers lui sur ce rapport,[29] ils l'informèrent que la copie, faite avant eux par les Septante commentateurs, avait été cachée, qu'il y avait encore (des copies) semblables à celle-ci à Alexandrie, à Rome et dans les villes qui se trouvaient entre elles. L'empereur envoya chez les grands prêtres des Juifs, les informant de ce qui lui était arrivé. Ils le désapprouvèrent et renièrent ses renseignements. Alors Constantin, ayant ordonné de les jeter en prison, envoya ses messagers à Alexandrie, à Rome et à d'autres villes pour qu'on lui apportât la copie. Cela parvint jusqu'aux grands prêtres emprisonnés, qui avaient peur pour leur vie. Alors ils remirent en secret cette copie à certains de leurs chefs impies et leur demandèrent d'informer l'empereur Constantin de cette affaire, après avoir obtenu de lui le pardon pour eux. Ils le firent et, quelques jours après, ils lui remirent la copie. L'empereur ordonna de mettre en liberté les grands prêtres. Les copies d'Alexandrie, de Rome et d'autres villes lui étant parvenues, il les compara et les trouva d'une seule manière et d'un seul langage. Ensuite ayant demandé la Torah mutilée, il y trouva l'altération claire et évidente, homme après homme, et leurs années, cent après cent, qui avaient été transférées de leurs premières années qui comptent dans la chronologie du monde, avant la naissance de leurs enfants, aux dernières années qui ne comptent pas. Voilà la cause qui fit que l'empereur Constantin demanda les livres de la Torah et des Prophètes: auparavant il leur avait demandé ce que l'on trouvait dans le Livre du prophète Daniel au sujet des renseignements et des indications sur l'époque de l'avènement du Messie et de sa mort au bout des sept semaines et des soixante-deux semaines, après les 70 ans pendant lesquels les Israélites étaient restés au pays de Babel, et sur l'allocution de l'archange Gabriel au prophète Daniel sur ce rapport, sur sa mission, sur l'ordre qu'il lui donna de bien comprendre sa parole, pendant qu'il prononcerait son allocution, sur son exposé de l'avènement du Messie et de sa mort au bout de ces semaines, dans les limites que l'archange Gabriel avait fixées au prophète Daniel dans le discours qu'il lui adressa, et sur la sortie des Israélites de Babel et la construction de Jérusalem. Lorsque l'empereur Constantin eut appris le mensonge des Juifs et la ruse de leur langage dans leurs arguments tirés de ce que leurs anciens rois s'étaient appelés oints, il leur dit: « Qui d'entre eux s'est appelé le Messie (l'oint) et a paru après la sortie des Israélites de Babel au bout de ces semaines? » Mais ils ne répondirent pas car ils étaient tout interdits et embarrassés. Ensuite ils dirent que le Messie annoncé par les prophètes viendrait aux derniers temps: « Nous l'attendons plus tard, parce que nous sommes au milieu de ce temps. » Il leur dit: « Combien comptez-vous de temps en ce jour? » Ils lui dirent: « Le terme du temps est de 7000 ans, et nous sommes encore dans l'année 4000 environ. » Alors l'empereur leur répondit et les accusa de fourberie, lorsqu'il vit leur audace dans le mensonge. Sur ces entrefaites il envoya des messagers chez les évêques, pour les informer de cette histoire et de l'intérêt qu'il avait trouvé dans la prophétie du prophète Daniel sur le Messie, et leur faire part de ce qu'il avait aperçu de la faiblesse des arguments des Juifs sur ce rapport. Il demanda aux évêques qu'ils lui exposassent clairement des arguments sur ce sujet. Les évêques lui demandèrent un délai pour traiter ce sujet jusqu'au temps de l'audience particulière. Il s'étonna de ce langage et dans son désir de le savoir et de le connaître, il leur assigna une audience; car il prenait plaisir à leur dispute avec les Juifs sur ce sujet et leur ordonna à tous de parler. Il informa les évêques de la parole des Juifs qui la confirmèrent. Alors les évêques dirent: « La déviation des Juifs de la parole de la vérité, ô roi, dans la question du Messie dure depuis les temps anciens, comme héritage de leurs premiers (grands prêtres). Leur refus de croire à sa mission de crainte d'altérer leur religion les poussa à des actes dignes d'hommes trompeurs et impies. L'argument qu'ils allèguent du nombre des années depuis Adam, n'est juste qu'en apparence. Tu l'as examiné et en as élucidé le fond que tu as bien compris. Nous t'avons donné deux manuscrits où nous t'avons expliqué tout; nous avons relaté la traduction des Septante savants qui avaient traduit la Torah sous le roi Ptolémée Philadelphe, 300 ans environ avant l'avènement du Messie Notre-Seigneur et l'époque de son apparition. La copie de la Torah qui se trouve aujourd'hui entre les mains des Juifs est faite d'après celle qu'Anne et Caïphe, leurs grands prêtres, ont mutilée à l'époque du Messie et d'où ils ont retranché les années qu'ils ont réduites. Outre cela, nous avons des arguments clairs que nous apporterons avec preuves et explication et dont l'exposé sera long; mais si l'empereur le permet, nous en ferons le rapport et expliquerons le terme des années selon les semaines du prophète Daniel jusqu'à la mort du Messie, époque par époque, roi par roi. » Alors l'empereur leur dit: « Faites-le. » Les évêques dirent: « (Daniel), le prophète de Dieu, prophétisa la destruction de Jérusalem, la démolition de ses murailles, la captivité de son peuple à Babylone, leur séjour là-bas pendant 70 ans. Lorsque le roi Bokht-Nassar (Nabuchodonosor) régnait sur Babylone, il attaqua Jérusalem, et emmena en captivité la plus grande partie de la population, parmi laquelle se trouva le prophète Daniel. Ne cessant pas de l'attaquer pendant les 20 ans qui suivirent sa première invasion, Nabuchodonosor démolit, dans sa dernière invasion, ses murailles, brûla son temple, s'empara de son peuple tout entier et dévasta le pays. Et voici qu'après 50 ans le prophète Daniel se rappela la parole de Dieu que le prophète Jérémie avait annoncée durant leur séjour à Babel. Il fut évident pour lui que ce temps était déjà proche. Sur ces entrefaites il s'absorba dans la prière à Dieu dans le jeûne, les larmes, avec humilité et componction.[30] Il est écrit dans le Livre de Daniel le prophète: Il avoua devant son Seigneur les méchantes actions de ses compagnons, énuméra leurs péchés et implora son pardon et son indulgence pour eux. Il jeûna pendant vingt et un jours, sans manger de pain, sans boire de l'eau et sans se coucher. Dans sa prière il rappela la promesse de Dieu aux Israélites de révéler à ses prophètes l'avènement du Messie pour soutenir leur bonne volonté et les amener au bien; il pria Dieu de lui (montrer) la réalisation de cette espérance et de lui indiquer l'époque de leur retour à Jérusalem. Dieu exauça sa prière à cause de sa bonne foi, de la droiture de son cœur et de la pureté de ses intentions dans la demande qu'il lui adressait. Dieu lui révéla ce qu'il demandait, parce que le vrai suit la sincérité et la certitude se fait jour; et à cause de la fidélité de Daniel, il exauça sa demande et souleva le voile de ce qui avait été caché à ses yeux et qu'il n'avait pas su. Dieu lui envoya l'archange Gabriel pour lui expliquer sa demande. L'ange Gabriel lui dit: « La vision et la parole des prophètes sur le Messie, le Saint des Saints, vont être accomplies. Apprends et saisis, ô Daniel, la parole qui est proférée, et que ma parole te soit dévoilée, ô homme de désir: vous retournerez et rebâtirez Jérusalem. Quant au règne du Messie, jusqu'à l'époque de son avènement et de sa mort s'écouleront sept semaines et soixante-deux semaines. Ensuite il sera mis à mort et la ville sainte sera détruite. » Ainsi commença l'ange Gabriel; ensuite il dit à Daniel: « La vision et la parole des prophètes seront accomplies, c'est-à-dire en ce qui concerne le retour des Israélites au bout de 70 ans, conformément à la parole du prophète Jérémie.[31] Après leur retour, Jérusalem sera rebâtie et après sa restauration les semaines du Messie seront comptées jusqu'à sa mort. » Dieu traita les Israélites comme l'avait dit Gabriel pour attester la sincérité et la vérité de sa parole. La transplantation des Israélites à Babel dura pendant 20 ans et se fît à différentes reprises; leur retour dura et s'acheva aussi en 20 ans et se fit à différentes reprises; la durée totale de leur séjour à Babel étant de 70 ans, l'égalité fut parfaite, conformément à la parole du prophète. La première partie, étant arrivée à Babel la seconde année du règne de Nabuchodonosor, y resta pendant le reste de son règne jusqu'à la fin de sa vie, une durée de 43 ans, puis cinq ans sous les souverains de sa maison, et, après eux, 22 ans sous la domination de Cyrus le Perse — ce qui fait 70 ans, conformément à la parole du prophète. L'autre partie des prisonniers, étant arrivée à Babel en l'an 22 du règne de Nabuchodonosor, y resta les 23 ans du reste de son règne, ensuite sous le règne de ses successeurs 5 ans, après cela sous Cyrus le Perse 31 ans. sous le roi Cambyse 8 ans, sous le Mage un an et sous Darius, fils d'Hystaspe, 2 ans, — ce qui fait 70 ans. Le retour s'acheva au bout de 70 ans, comme le dit le prophète Jérémie. Ils se mirent à rebâtir Jérusalem, conformément à la parole de l'ange Gabriel au prophète Daniel. Mais ils ne le terminèrent pas au temps qu'ils avaient marqué, parce que les actes des hommes, par rapport à leur volonté, sont tels que tantôt ils la devancent, tantôt sont en retard, à cause des circonstances accidentelles qui les empêchent et les arrêtent.

Les actes des hommes ne sont pas semblables à ceux de Dieu, dont les termes sont fixés et le temps est déterminé, comme il avait fixé aux Israélites le séjour à Babel pendant 70 ans, l'époque de l'avènement du Messie et le terme de sa mort en nombre déterminé d'années, parce que les actions de Dieu dans sa providence seraient cachées aux hommes, s'il n'avait pas voulu les découvrir à ses serviteurs; autant que cela est utile pour eux, il en informe ses prophètes pour qu'ils annoncent la bonne nouvelle et exhortent les hommes à la persévérance dans de bonnes actions; s'il commence à menacer et à annoncer le châtiment qui doit les frapper en punition de leurs péchés, les prophètes l'annoncent et en fixent le temps comme avertissement, pour les amener à lui obéir, pour les pousser au repentir, pour les effrayer par des signes terribles apparus dans le ciel et pour leur faire désirer la miséricorde de leur Seigneur et sa bienveillance envers eux. Et en ajournant les temps,. Dieu leur laisse la possibilité de se convertir et de se repentir, comme il l'avait fait à l'époque du déluge, de la dispersion des langages, de Sodome et de Gomorrhe, de Ninive et d'autres événements. Et au sujet de ce temps, l'ange Gabriel le détermina de nouveau dans l'explication qu'il en fit au prophète Daniel. Il lui dit: « D'abord aura lieu le retour, ensuite la construction »; ensuite, après cela, il lui détermina les semaines du Messie à partir de ce moment. Et le retour d'exil des Israélites à Jérusalem se produisit 2 ans après l'avènement au trône du roi Darius, fils d'Hystaspe. Ils se mirent à cette époque à rebâtir la ville et ne cessèrent pas d'y travailler jusqu'à l'époque d'Artaxerxès Longuemain. Il est écrit dans les Livres d'Esdras[32] que le roi Artaxerxès avait envoyé, en l'an 20 de son règne, Néhémie son échanson pour veiller sur la construction de Jérusalem; et Néhémie trouva qu'ils l'avaient déjà terminée cinq ans auparavant. Il trouva qu'ils étaient en train de construire le Temple en l'an 46 après la captivité, comme les savants juifs disaient au Messie: « Ce temple fut bâti, achevé et terminé au bout de 46 ans, et Toi, Tu dis que tu le restaureras en trois jours. » Pourtant il n'y a personne qui s'imagine que les Juifs aient été obligés sans interruption à la construction du Temple pendant 46 ans; mais, comme nous l'avons déjà dit, sa construction fut entièrement terminée en l'an 46 après la captivité à Babel. Néhémie partit chez le roi et le lui fit savoir. On compte les semaines du Messie depuis l'époque de la fin de la construction de la ville, d'après la parole de l'ange Gabriel: d'abord le retour; ensuite la construction; ensuite il faut compter les semaines depuis la 25e année avant la fin du règne du roi Artaxerxès, et à partir de la fin de la construction jusqu'à la mort du Messie; alors Le total est de 483 ans, ce qui en somme fait sept semaines et soixante-deux semaines de sept (années), comme nous lavons déjà exposé en détail dans notre livre, roi après roi, avec les années de leur règne. Il est écrit aussi que la dignité des grands prêtres des Israélites fut abolie à l'époque du roi Hérode, sous le règne duquel parut le Messie. La prophétie de Jacob, chef des Patriarches, et de Moïse se réalisa; ils disaient: « Le sceptre royal ne sera pas ôté de Juda, ni le législateur d'entre ses mains, c'est-à-dire les prophètes, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être son roi; et les peuples espéreront en lui.[33] » Nous avons dit que sept semaines et soixante-deux semaines font 483 ans, parce que nous les multiplions par sept. Voilà l'explication des années des semaines du Messie — 483 ans, d'après la parole de l'Ange Gabriel au prophète Daniel, les noms des rois et le total de leurs années, roi après roi.

Le récit des rois de Perse.

Artaxerxès Longuemain régna 41 ans; Artaxerxès II, 5 ans; après lui Sogdiane, une année; Darius Nothus, 19 ans; après lui Artaxerxès, son fils, 40 ans; Artaxerxès Ochus, 25 ans; Faris(Arsès), fils d'Ochus, 4 ans; Darius, fils d'Arsès, 6 ans. Le total des années des rois d'Orient est de 141 ans. Après cela le compte arrive aux années des Ptolémées, aux années des rois d'Occident et à l'énumération des Ptolémées heureux. Ptolémée Alexandre régna 12 ans; Ptolémée Logos, c'est-à-dire la parole, 40 ans; Ptolémée Philadelphe, c'est-à-dire qui aime son frère, 38 ans; c'est lui qui fit traduire les Livres Sacrés par les Septante commentateurs; Ptolémée Ergatès (Évergète), c'est-à-dire le (bien)faisant, 24 ans; Ptolémée Philopator, c'est-à-dire qui aime son père, 17 ans; Ptolémée Epiphane, c'est-à-dire l'Illustre, 24 ans; Ptolémée Philométor, c'est-à-dire qui aime sa mère, 25 ans; encore Ptolémée Évergète, c'est-à-dire le (bien)faisant, 19 ans; Ptolémée Soter, c'est-à-dire le Sauveur, 12 ans; Ptolémée Alexandre Second, 10 ans; Ptolémée Philippe, c'est-à-dire qui aime les chevaux, 8 ans; Ptolémée Dionysios, c'est-à-dire le noble, 30 ans; Cléopâtre, c'est-à-dire la Glorieuse, 15 ans; Hérode, roi des Juifs, 35 ans. Les années du Messie Notre-Seigneur sont de 33 ans. Cela donne pour les rois occidentaux 342 ans. Le total des années des rois d'Orient et d'Occident sont de 483 ans. A cause des contradictions contenues dans ces livres, l'empereur Constantin rechercha les livres de la Torah, les fit examiner ainsi que les livres des Prophètes et les souvenirs du Messie. Avant ce temps-là, il n'y avait chez les chrétiens personne, à l'exception des savants, qui connût les choses restées secrètes et qui fût au courant des altérations et des mutilations opérées par les Juifs. Quant au peuple, il ne savait pas que la Torah avait été mutilée. C'est ainsi qu'aujourd'hui les peuples chrétiens, en Orient et en Occident, ne savent pas la cause du désaccord entre la Torah grecque, traduite par les Septante, et la Torah syriaque, copiée d'après la Torah hébraïque, qui est mutilée et réduite, de sorte que tous les chrétiens la lisent dans les églises. Au début nous avons dit que la détérioration et la réduction ne va que jusqu'à la naissance d'Abraham, fils de Tarih, et le total de la réduction des années du monde, depuis Adam et le commencement du monde jusqu'à la naissance d'Abraham, fils de Tarih, est de 2389 ans. Maintenant la Torah mutilée et tous les livres des Prophètes en copies syriaques qui se trouvent entre les mains des chrétiens, sont répandus dans tous les pays de la terre d'Orient et d'Occident, de sorte qu'à cause de cela les chrétiens ne peuvent pas les expliquer et se rendre compte de cette question. Tous les savants et les érudits et ceux qui voulaient traduire les livres des Prophètes d'une langue à une autre, ou faire l'exégèse de ce qu'ils contenaient, n'y changeaient rien et

La fin de l'histoire d'Abraham.

Maintenant que nous avons déjà expliqué et raconté l'histoire de l'interprétation et de la traduction des Septante, les efforts et les recherches du roi Constantin sur la raison du désaccord qu'il avait trouvé dans les Livres Sacrés, nous allons revenir au récit de l'époque d'Abraham; c'est le point où nous sommes parvenus avant de commencer cette histoire.

A l'époque d'Abraham, Khoudroun, frère de Tarih, fit la guerre à Kisaronos,[34] roi de Babel, et l'ayant combattu et vaincu, il le tua; (il le fit), parce qu'il voulut emmener en captivité la population et piller tout le pays. A cette époque l'empire passa de Bebel dont les rois s'appelaient les Babyloniens, aux Assyriens, qui régnaient sur les pays de Moçoul, de Ninive et les provinces environnantes. Le premier de leurs rois, Boulis (Βῆλος), régna 72 ans et bâtit plusieurs villes.

Abraham, ayant vécu 100 ans, engendra de Sara Isaac; mais 16 ans avant Isaac, il engendra d'Agar Ismaël. Nous commençons par Isaac, parce que les années de l'histoire du monde sont comptées d'après Isaac. Abraham engendra de Ketura, après la mort de Sara, un grand nombre d'enfants puissants; ils furent appelés les fils de Cadir (du Puissant) et leurs enfants s'appelaient aussi, à cause d'Ismaël, Modar. Abraham vécut, après la naissance d'Isaac, 75 ans et, sa vie ayant été de 175 ans, il mourut 40 ans après la naissance de Jacob. A cette époque mourut le roi Boulis et après lui régna Ninos, son fils, qui bâtit la ville de Ninive ainsi appelée d'après son nom. La cinquième année après la naissance d'Abraham, Jérusalem fut bâtie par le roi Melchisédec.

Le premier roi des Sicyonites fut Aglaous[35] qui régna sur eux 53 ans.

En l'an 71 après la naissance d'Abraham éclatèrent les guerres et les conflits entre le roi Rodollogomor et les cinq rois du pays de Sodome et de Gomorrhe; elles durèrent pendant 14 ans jusqu'à la 10e année après la sortie d'Abraham du pays d'Oura des Raldéens, qui était le pays de Canaan, fils de Cham, fils de Noé. A cette époque fut bâtie la ville d'Hébron, qui est al-Ladjoun des Cananéens. En l'an 75 après la naissance d'Abraham, Dieu lui dit au pays d'Oura des Kaldéens: « Lève-toi, sors de la maison de ton père et du lieu de ta naissance et va dans la terre promise que Dieu a promis de donner à toi, à ta semence et à ta postérité. » C'est ainsi que Dieu conclut le pacte et l'alliance avec Abraham, pour lui et pour sa postérité, lui assurant l'héritage de la terre promise. A partir de cette époque, on compte 430 ans que Dieu assigna aux Israélites pour leur esclavage au pays d'Egypte. D'autres savants disent que ces années comptent depuis le temps où Abraham fit le sacrifice d'une chèvre, d'un pigeon et d'une tourterelle.[36] Nous avons fait des recherches sur ce sujet, mais nous n'en avons rien trouvé. Le total des années depuis Adam et le commencement de la chronologie du monde jusqu'à cette année est de 3417 ans, parce que les années depuis le déluge jusqu'à cette année sont de 1161 ans. En l'an 77 de sa vie, Abraham alla en Egypte à cause de la famine et de la sécheresse qui sévissaient au pays de Syrie. En l'an 85 de sa vie, Agar l'Egyptienne étant venue chez lui, il engendra d'elle Ismaël. Pour cette raison ses enfants furent nommés fils d'Agar. Ils furent aussi appelés Arabes à cause du sang mêlé d'Ismaël avec la tribu de Djourboum, parce qu'il se maria avec des femmes de cette tribu et parla l'arabe. Ils furent nommés Ismaélites d'après Ismaël, leur père. Ismaël ayant vécu 137 ans engendra des femmes arabes douze princes[37] qui sont nommés et mentionnés dans le Livre de la Torah. Sa mort eut lieu 63 ans après la naissance de Jacob.

A cette époque Loth fut fait prisonnier du roi Khodollogomor. A la même époque Sémiramis régna à Babel 42 ans; elle s'empara du pays d'Asie et de plusieurs villes de la Syrie, bâtit Babel pour la seconde fois, et elle éleva des collines artificielles et un grand nombre de monuments qu'on lui attribue.

Abraham ayant atteint l'âge de 99 ans, Dieu lui ordonna de se circoncire. Il avait 100 ans accomplis, quand il engendra de Sara Isaac. A l'âge de 60 ans Isaac engendra Esaü, qui était velu, et Jacob, le même qu'Israël, jumeaux de Rébecca, fille de Balhuel, parent d'Abraham, d'une famille de Haran. Isaac vécut 180 ans jusqu'à la 31e année après la naissance de Lévi, fils de Jacob.

A cette époque la reine Sémiramis bâtit un grand temple dans une ville, au bord de l'Euphrate, à l'idole Q.yous (Bel, Baal) et, après avoir préposé pour Q.yous (Bel) soixante-dix sacrificateurs, elle nomma cette ville Hiérapolis, ce qui signifie la ville des sacrificateurs; c'était l'ancienne ville de Manbidj.

Quand Isaac eut atteint l'âge de 16 ans, Dieu dit à Abraham: « Lève-toi. Prends Isaac, ton fils unique, que tu aimes, place-le sur l'autel et offre-le à Dieu, ton Seigneur, en holocauste sur la montagne des Amoriens (Moriah). »

Plus tard, 1030 ans après la naissance d'Abraham, Salomon, fils de David, bâtit un temple de Dieu sur cette montagne, endroit de l'holocauste d'Abraham et du sacrifice d'Isaac.

Nous possédons les Livres Sacrés, qui racontent et indiquent que c'est sur cette montagne, à l'endroit de l'holocauste d'Abraham, que fut enterré et inhumé Adam; on dit que le corps d'Adam se trouvait avec Noé dans l'arche; lorsque le déluge fut fini, et que Noé avec ses compagnons fut sorti de l'arche, il enterra Adam sur cette montagne. Ainsi Dieu fit marcher Abraham jusqu'à ce qu'il lui indiquât l'endroit du tombeau d'Adam. Abraham offrit Isaac (à Dieu): il bâtit l'autel au-dessus du tombeau d'Adam et, Isaac s'étant mis sur l'autel élevé sur le tombeau d'Adam, il était sur le point de l'immoler à Dieu en holocauste. Mais Dieu le sauva, en lui substituant un agneau, à cause de sa confiance en Dieu et parce qu'il, connaissait la sincérité de l'intention d'Abraham et sa confiance en ce que Dieu pourrait rendre la vie à son fils après l'immolation. Il est écrit qu'au moment du sacrifice d'Isaac, lorsque Abraham leva le couteau, les troupes des anges battirent des mains et que Dieu annonça dans le ciel l'holocauste d'Abraham; (ensuite) il dit: « Ote ta main de l'enfant: maintenant je sais que tu aimes Dieu, ton Seigneur, de tout ton cœur. »

La première construction de Jérusalem.

Après l'époque de la sortie de Noé de l'arche et avant l'installation d'Abraham dans la terre promise du pays de Syrie, le grand prêtre Melchisédec bâtit sur le tombeau de notre père Adam la ville de Jérusalem. Dieu lui lit connaître et lui indiqua l'endroit du tombeau d'Adam, et il y offrit deux sacrifices de pain et de vin. Voici ce que les Juifs rapportent dans leur livre qu'ils appellent Mischna: nous avons entendu dire qu'Hakîb et ses partisans prétendent que Melchisédec serait le même que Sem, fils de Noé, et que Josué, fils de Noun, l'aurait tué, avec les trente et un rois qu'il mit à mort. Mais tous les savants juifs ne sont pas d'accord avec eux au sujet de cette sottise et de cette erreur. Les chrétiens trouvent dans les mystères de leurs livres que la croix sur laquelle le Messie fut crucifié, aurait été plantée au milieu du tombeau d'Adam, dans son larynx; c'est sur cette croix que le Messie fut crucifié; à cause de cela cet endroit fut appelé al-tarfqah et on l'appela le Golgotha, qui signifie le crâne. En l'an 19 de la naissance d'Isaac, Abraham apprit que son frère Nachor, fils de Tarih, eut plusieurs enfants, et (des enfants) de Nachor naquit Aram, fils de Kamuel; il a donné son nom aux Araméens, qui habitèrent Haran dans la Mésopotamie et le pays environnant jusqu'à la région de Moçoul. Nous avons trouvé les livres qui mentionnent et font connaître un autre Aram, issu de Sem, qui habita à l'orient de la Souse (Susiane), vis-à-vis d'Elam, et Assour, frère d'Elam, dont proviennent les Elamites, les Assyriens et leurs tribus. Les frontières d'Aram (s'étendent) depuis le pays natal de Sem jusqu'au pays de Misan; c'est pour cela que la population de ce pays et d'au delà prit le nom d'Aram leur père, issu des fils de Sem, fils de Noé. En l'an 37 de la naissance d'Isaac, Sara mourut à l'âge de 127 ans, parce qu'elle était âgée de 90 ans lorsqu'elle mit au monde Isaac à Abraham. En l’an 44 de sa naissance, Isaac se maria avec Rébecca, fille de Bathuel, cousin de son père Abraham. A cette époque le roi Abimélec fit amitié avec Isaac; son royaume était situé à Gerar, au pays du Jourdain. A cette époque commença la domination des Philistins, qui sont les habitants de la Philistine (Palestine); leur race indique l'origine de leur pays. Jacob avait 89 ans quand il engendra Lévi; la vie de Jacob fut de 147 ans. En l'an 20 de la naissance de Jacob, Esaü, son frère, épousa des filles de Canaan, fils de Cham, fils de Noé; l'une d'entre elles était Judith, fille de Beéri, l'Héthéen, l'autre, Basmath, fille d'Elon l'Héthéen.[38] Lorsque Esau eut vu qu'elles ne plaisaient pas à son père Isaac, il épousa Basmath, fille d'Ismaël. Il est écrit que Job le Juste tira son origine des enfants de Basmath, fille d'Ismaël. Il est écrit que Moïse, le prophète, écrivit le livre célèbre attribué à Job le Juste; dans ce livre, c'est-à-dire dans le livre de Job le Juste, il se trouve 1.348 versets.

Job fut appelé dans la génération des tribus et des peuples (d'Esaü) Jobab, fils de Zérah.[39] Job vécut 210 ans, dont 70 ans avant ses malheurs et 140 ans après. Nous avons trouvé parmi les enfants de Sem, fils de Noé, un autre Jobab;[40] certaines gens prétendent qu'il est le même que Job, parce qu'ils le croyaient antérieur à Abraham. C'est ainsi que l'on en vint à affirmer des choses contradictoires à ce sujet.

A cette époque Hamor, frère de Sichem, bâtit une grande ville qu'il nomma Sichem, d'après le nom de son frère. Quelque temps après, deux fils de Jacob, Siméon et Lévi, la dévastèrent et y tuèrent trois mille hommes pour venger sur sa population leur sœur qui s'appelait Dina. Lorsque Jacob eut atteint l'âge de 77 ans et Isaac, son père, celui de 137 ans, Isaac, son père, le bénit et adressa en sa faveur les prières et les bénédictions qui sont rapportées dans la Torah; ensuite il l'envoya à Haran chez Laban, son oncle, car il craignait qu'Esaû ne le tuât. Jacob partit le bâton à la main. Etant arrivé à Beitaïl, il pria et, ayant mis sa tête sur une pierre, il s'endormit. Dans la nuit il vit des Anges de Dieu qui montaient et descendaient le long d'une échelle dont le haut touchait le ciel et dont le pied était sur la terre. Pendant toute cette nuit, jusqu'à ce que l'aurore se fut levée, l'Ange lutta avec lui. Et voilà que Dieu se manifesta à Jacob et lui dit: « Jacob, je ne te laisserai pas t'en aller jusqu'à ce que tu m'apprennes ton nom. » Lorsqu'il fit jour, Jacob dit: « Ce lieu est la fenêtre, du ciel et la maison de Dieu », et il fit vœu de consacrer à Dieu la dîme de ce que Dieu lui avait accordé pendant son absence, pour lui bâtir en ce lieu une maison de Dieu. Après cela Jacob traversa l'Euphrate avec son bâton et arriva à Haran.[41] En l'an 84 de sa vie, Jacob épousa Léa, fille de Laban, son oncle, et engendra d'elle Ruben, Siméon, et à l'âge de 89 ans il engendra aussi Lévi, d'après le nom duquel fut réglée la chronologie du monde. Ensuite après Lévi il engendra Juda, après lui Issachar, après celui-ci Zabulon. Jacob épousa Rachel, sœur de Léa, et engendra d'elle Joseph et Benjamin. Il engendra aussi (deux fils) de Bilha, servante de Rachel, qui donna à Jacob Gad et Aser, et (deux fils) de Zelpha, servante de Léa, qui donna à Jacob Dan et Nephthali.[42] Ils donnèrent naissance aux douze tribus des Israélites. En l'an 97 après la naissance de Jacob, il se rendit de Haran chez (Isaac), son père; ses troupeaux, ânesses, bœufs et vaches, esclaves et ustensiles étaient innombrables. Après son installation dans la terre promise du pays de Syrie, Joseph fut vendu par ses frères. A l'âge de dix-sept ans, il fut amené en Egypte où il passa dix ans comme esclave et trois ans en prison. Joseph ayant atteint l'âge de trente ans, le Pharaon, roi d'Egypte, vit en songe sept vaches et sept épis. On fit sortir Joseph de la prison et on lui coupa les cheveux; ensuite on le présenta devant le Pharaon. Joseph, ayant trente ans, lui expliqua son songe. Tout arriva comme Joseph le lui avait expliqué. Le Pharaon lui donna pouvoir sur le pays d'Egypte. En l'an 39 de la naissance de Joseph, Jacob, son père, arriva en Egypte avec tous ses enfants et les enfants de ses enfants la seconde année de la famine et de la sécheresse qui sévissaient en Syrie. Les Israélites restèrent en effet en Egypte, comme esclaves, pendant 215 ans. Le nombre des Israélites qui arrivèrent avec Jacob en Egypte fut de 70 hommes; en outre, Joseph, ses deux fils, Ephraïm et Manassé, et leurs deux fils, (ce qui fait) 5 hommes. Jacob, étant âgé de 127 ans, se présenta devant le Pharaon 7 ans après la mort d'Isaac, son père. Le nombre des Israélites, lorsqu'ils eurent quitté l'Egypte, fut de 603.500 hommes capables de porter les armes qui furent comptés dans le recensement, c'est-à-dire dans le recensement (de Moïse). Lorsque Moïse les eut comptés et séparés, il n'inscrivit pas et ne compta pas ceux qui avaient moins de 22 ans et ceux qui dépassaient 50 ans; ceux-ci ne furent pas comptés non plus que les femmes. Jacob ayant vécu en Egypte 20 ans, mourut i3 ans après la naissance de Kahath. Lévi, ayant vécu 45 ans, engendra Kahath, et Kahath, ayant vécu 60 ans, engendra `Amran. A cette époque le Pharaon, souverain de Joseph, étant mort, ce fut Amousiyus (Αμωσις) qui régna après lui en Egypte pendant 25 ans. En l'an 38 de la naissance de Kahath, régna en Egypte Kebroun (Χεβρών) pendant 13 ans. A cette époque Zeus, dont le nom se traduit par Jupiter (al-Mouschtari), connut Niobé et engendra d'elle Apis, qui fut nommé plus tard Sérapis[43] et qui commença à combattre les femmes courageuses (?), qui s'appelaient les Amazones et tuaient les mâles de leurs enfants. Zeus régna sur le pays de la Crète au bord de la mer. La traduction de Zeus est a une longue vie », parce que l'on raconte qu'il aurait vécu mille ans. A cette époque la ville d'Eleusina fut bâtie. En l'an 51 de la naissance de Kahath, fils de Lévi, monta sur trône d'Egypte Aménophis (Αμεμφῆς) et fut aussi appelé Pharaon; il régna 21 ans et commença alors à persécuter les Israélites. Amran, ayant vécu 70 ans, engendra Moïse le prophète et, ayant vécu après la naissance de Moïse, 67 ans, il mourut 13 ans avant la sortie des Israélites de l'Egypte. En l'an 6 de la naissance d'Amran mourut Joseph, à l'âge de 110 ans. Ses frères ordonnèrent aux Israélites d'emporter avec eux ses os, lorsque Dieu les rappellerait et les ferait sortir du pays d'Egypte. Il est écrit qu'à cette époque, sous (le roi) Agous (Ωγυγος), eut lieu le déluge.[44] En l'an 12 (après la naissance d'Amran) régna en Egypte Mensis (Αμενσῆς) 12 ans. En l'an 24 après la naissance d'Amran régna aussi Balaïos[45] pendant 18 ans. En l'an 68 après la naissance d'Amran, régna en Egypte Amenofis (Asfanis, Μισφρῆς ?)[46] 43 ans; il ordonna d'étrangler les premiers-nés mâles des Israélites et de les noyer dans le fleuve du Nil.

naissance de Moïse et son histoire.

Lorsque Moïse vint au monde, `Amran, son père, eut 70 ans le jour même de sa naissance. Ses parents, l'ayant mis dans une corbeille, l'exposèrent sur le fleuve du Nil. Il n'avait que trois mois et il était joli et beau. En ce temps-là Marie, fille du Pharaon, sortit vers le fleuve du Nil où elle trouva Moïse. Lorsqu'elle l'eut vu circoncis, elle connut qu'il était des Israélites. Marie, l'ayant pris, l'éleva, l'instruisit et lui apprit toutes les sciences des Egyptiens, leur éducation et leur sagesse. Ianis et Iambris[47] furent les instituteurs de Moïse, qui devint, en Egypte, fort et puissant. En l'an 28 de la naissance de Moïse le prophète, le Pharaon bâtit la ville d'Hermopolis sur le fleuve du Nil qui s'appelait aussi al-F.r.ma. A cette époque les Ethiopiens combattirent les Egyptiens et dévastèrent plusieurs provinces d'Egypte. Alors Kenefra, le roi, tous ses compagnons, ses notables et ses proches portèrent envie à Moïse, mais à cause de Marie, ni lui, ni eux ne purent arriver à son sujet à ce qu'ils voulaient; alors ils tâchèrent de lui faire perdre sa dignité et sa situation puissante, lui disant: « Tu as de grandes obligations envers la reine. Voilà que les Éthiopiens descendent le Nil en bateaux grâce à la crue et attaquent le pays d'Egypte; ils ont déjà ravagé plusieurs provinces et ont réduit en captivité leur population. C'est ton devoir de défendre le royaume, parce que tu es placé à sa tête et que sa défense repose sur toi. Le roi, tous ses chefs et sa cour sont d'avis que tu attaques les Éthiopiens. On raconte que toutes les terres et les déserts qui se trouvent entre l'Ethiopie et l'Egypte ne sont pas habités, le pays étant plein d'une grande quantité de serpents, qui empêchent d'y passer. » Lorsque Moïse eut appris leurs embûches et ce qu'ils tramaient contre lui, il ordonna de choisir parmi les Israélites 10.000 cavaliers et le même nombre parmi les Égyptiens; ensuite il ordonna de lui préparer le plus grand nombre possible de grandes grues (ibis), qui s'appelaient ka`ka`, et de les mettre dans des cages tressées, en sorte que leurs têtes se montrassent hors des cages.[48] Moïse se mit en marche avec ses compagnons. Il fit donner à manger à ces grues au point du jour et, lorsqu'il se fit nuit et qu'il eut dressé le camp, il ordonna que les cages où se trouvaient les grues, fussent distribuées dans tout son camp. Pendant la nuit, tourmentées par la faim, toutes les grues poussèrent des cris retentissants. Les serpents, ayant entendu leurs cris, se sauvèrent dans la terre de peur que les grues ne les mangeassent. Moïse ne cessa de faire cela jusqu'à ce qu'il atteignît la ville éthiopienne de Méroé. Lorsque les habitants l'eurent vu avec ses troupes, cela les frappa d'admiration et de crainte, et ils furent étonnés que de si nombreuses troupes fussent arrivées chez eux à travers ces déserts. Alors Dieu inspira la fille du roi d'Ethiopie et lui fit savoir avec certitude que Moïse s'emparerait de la ville et de ses habitants et que Dieu, qu'il soit béni, l'en rendrait maître. C'est pourquoi elle envoya dire à Moïse qu'elle s'offrait à lui pour qu'il l'épousât; (en retour) elle lui montrerait un endroit d'où l'on pouvait prendre la ville et s'emparer de ses environs. Moïse le lui accorda. Dieu lui ayant donné la victoire sur la ville et ses habitants, Moïse épousa la fille du roi d'Ethiopie. C'est pourquoi la sainte Ecriture raconte que Mariam, sœur de Moïse, et Aaron, en parlant de Moïse, médisaient de lui, parce qu'il avait épousé une femme Kouschite, c'est-à-dire des fils d'al-Khabaschat (une Ethiopienne). Dieu fut irrité contre Mariam, qui devint galeuse et lépreuse, de sorte que les Israélites l'éloignèrent d'eux.

1. Comp. Nombres, xii, 14.

Mais Moïse, le prophète de Dieu, ayant pitié d'elle, pria Dieu pour elle. Et Dieu dit à Moïse: « Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas couverte de honte pendant dix jours?[49] » Moïse séjourna, après la conquête de la ville, aux pays d'Ethiopie, avec toutes ses troupes, jusqu'à l'époque de l'inondation du Nil; alors il ramena ses troupes en Egypte, au moyen de barques pendant la crue du Nil et les hautes eaux, et il arriva chez le roi chargé d'un riche butin. Sur ces entrefaites le roi, tous ses notables, ses courtisans, ses ministres et tous les habitants d'Egypte eurent peur de lui, et le roi conçut même l'idée de tuer Moïse, après la mort de Marie qui avait élevé Moïse. En l'an 37 après la naissance de Moïse, naquit Josué, fils de Noun. En l'an 41 de la naissance de Moïse, monta sur le trône d'Egypte le Pharaon qui, d'après les Livres Sacrés, fut submergé dans la mer, 40 ans plus tard, avec ses troupes et ses chariots. D'après ce qui est écrit, Moïse, étant âgé de 40 ans, tua un Egyptien qui voulait le mettre à mort, et il s'enfuit dans le pays de Midian auprès de Raguël ou Jethro ou Saïb et, ayant épousé Sephora, fille de Sa`ib, il engendra Guerson et Eléazar.

En l'an 42 de la naissance de Moïse, naquit Caleb, fils de Jephonné. A cette époque parut et se fit connaître Atlas, fils de Prométhée, qui enseignait la magie (astrologue).[50] On raconte que, sa magie atteignant la sphère céleste, il connut tout ce qui s'y passait de ses mystères. A cause de cela, on donna le nom d'Atlas à la montagne qui s'élève au-dessus des nuages. D'après ses connaissances et ses livres, Eratosthène, le savant, traça les plans de la sphère avec toutes les espèces de ses constellations et leurs termes. Ce livre fut traduit du grec en arabe par Thahir ibn al-Hoseïn, homme ingénieux,[51] avec ses cartes, tous ses plans et toutes les espèces de ses finesses. C'est un livre remarquable et, si l'on veut, on peut le retrouver.

A cette époque fut connu le roi Souris, qui régna sur Dimeschk (Damas). Quant à ce que la Syrie (asch-Scham) s'appelle Souriah, ce nom est dérivé du nom de Souris. En l'an 80 de la naissance de Moïse, Josué, fils de Noun, ayant 39 ans, Dieu se manifesta à Moïse à Tûr-Sina (au Sinaï) et lui fit voir les miracles qu'il opéra avec son bâton et avec sa main, devenue blanche, et d'autres choses que Dieu accomplit. Ensuite Dieu lui ordonna d'aller en Egypte pour opérer des miracles et des signes célestes et pour en faire sortir les Israélites. En cette année Moïse fit sortir les Israélites d'Egypte; il frappa la mer avec son bâton et fit passer les Israélites à travers la mer; lorsqu'ils furent passés, il frappa encore la mer avec son bâton, et Dieu submergea le Pharaon et toutes ses troupes. Alors fut réalisée la parole que Dieu avait dite à Abraham, que sa postérité resterait dans un pays lointain en état d'esclavage pendant 430 ans.

Explication des causes et des raisons qui firent introduire en Egypte le culte des idoles.

On raconte que tous les Égyptiens qui n'étaient pas sortis avec le Pharaon et qui étaient restés en Egypte, ayant appris la nouvelle que le Pharaon et ses troupes s'étaient noyés dans la Mer Rouge, en furent frappés; et ils adorèrent la chose et l'objet qu'ils tenaient dans la main, et chacun d'eux fit une idole à l'instar de cet objet et l'adora, comme si c'était elle qui les avait sauvés de submersion. A cause de cela le culte des idoles en Egypte s'accrut et, au bout d'un certain temps, des diables leur parlaient de l'intérieur de ces idoles. En l'an 81 après la naissance de Moïse, lorsque les Israélites furent sortis de l'Egypte, les Amalécites les attaquèrent; mais Dieu en fit périr un grand nombre par l'intermédiaire de Moïse. L'hostilité entre les Amalécites et les Israélites continua jusqu'à l'époque d'Haman l'Amalécite, ministre du roi Artaxerxès. Nous en rapporterons le récit en sa place, si Dieu le veut. En cette année, au troisième mois, Moïse monta sur la montagne de Dieu, Tûr-Sina (Sinaï), et reçut de Dieu la connaissance des choses. Dieu lui accorda la sagesse, la prophétie et la science, pour qu'il pût parler de l'origine du monde et expliquer l'univers, pour qu'il fît connaître et expliquât que l'univers a été créé et a eu un commencement; on dit que dans l'espace des siècles écoulés, depuis les origines du monde, il n'y avait pas eu autant de partisans de l'origine temporelle qu'à l'époque où Moïse, le prophète de Dieu, composa la Torah, dans laquelle il traitait de l'origine du monde, pour amener les hommes à l'opinion que le monde était temporel. Et la plupart des Israélites adhérèrent fermement à cette croyance et professèrent cette doctrine; ce fut leur croyance et leur conviction religieuse. Moïse parla aussi du Tabernacle. A partir de cette année, Moïse préposa au Tabernacle le plus âgé des Israélites, choisi dans douze tribus, qui gouvernèrent le Tabernacle.

Le total des années depuis Adam et le commencement du monde jusqu'à l'année où Moïse monta sur la montagne de Dieu Tûr-Sina (Sinaï) et reçut les tables de la Torah, c'est-à-dire jusqu'à l'année 81 après la naissance de Moïse, — le total des années depuis Adam jusqu'à cette année-là est de 3847 ans. Nous avons exposé tout cela au début de notre traité et de notre livre; nous l'avons corrigé en abrégeant le calcul et l'avons expliqué plus haut. Les Juifs célébrèrent la première Pâque en Egypte le dimanche du neuvième cycle; et ils ne célébrèrent pas la Pâque pendant les 40 ans qu'ils passèrent au désert. Ensuite Moïse les gouverna, après cette année-ci, 39 ans et mourut à l'âge de 120 ans. Les années depuis Adam et les origines du monde jusqu'à l'année de la mort de Moïse sont de 3886 ans. Après cela les années sont comptées, comme nous l'avons expliqué, dans l'histoire du monde, d'après les années du gouvernement des Juges sur les Israélites. L'explication est la suivante: le total des années depuis Adam jusqu'au déluge est de 2256 ans; depuis le déluge jusqu'à ce qu'Ar'û eût engendré Phaleg, à l'époque duquel les langages furent divisés, — 670 ans; depuis Adam jusqu'à cette année-là 2926 ans; depuis le jour de la naissance d'Ar'û jusqu'au jour de la naissance d'Abraham 416 ans; depuis le déluge jusqu'à cette année-là 1076 (1510) ans; depuis Adam jusqu'à cette année-là 3342 (3766) ans; depuis le jour de la naissance de Moïse jusqu'à la sortie des Israélites d'Egypte, c'est-à-dire jusqu'à l'année où Moïse monta sur la montagne de Dieu Tûr-Sina et reçut les tables de Dieu, — 81 ans; depuis le déluge jusqu'à cette année-là 1591 ans; depuis Adam jusqu'à cette année-là 3847 ans, d'après ce que nous avons dit plus haut. Après cela Moïse gouverna, pendant sa vie jusqu'à ce qu'il mourût, l'espace de 39 ans, de sorte que les années depuis Adam et les origines du monde jusqu'à l'année de la mort de Moïse sont de 3886 ans. Les Juifs célébrèrent la première Pâque 40 ans après, à l'époque de Josué, fils de Noun, près de Jéricho, au dixième cycle. Après Moïse, ce fut Josué, fils de Noun, qui les gouverna pendant 27 ans; ensuite après Josué, fils de Noun, ce furent les gouverneurs et les juges qui gouvernèrent les Israélites pendant 556 ans; après la fin de leur gouvernement la chronologie de l'histoire du monde est évaluée d'après les années de leurs rois. Cette chronologie commence par l'année où monta sur le trône Saoul, fils de Kisch, de la tribu de Benjamin, le premier roi qui régna sur les Israélites. Les années depuis Adam et les origines du monde jusqu'au jour où Saoul monta sur le trône sont de 4391 ans. La vie de Moïse fut de 120 ans, dont il passa 40 ans en Egypte, 40 ans chez Jethro dans le pays de Midian et 40 ans dans le désert. Moïse écrivit cinq livres, dont nous avons parlé plus haut; dans ces livres il se trouve 17.041 versets.

Histoire de l'art de l'alchimie, du travail de la jacinthe et d'autres pierres précieuses:

Il est écrit que Dieu dota Béséléel[52] de l'intelligence et lui indiqua la manière d'ériger le Tabernacle; il lui apprit l'art et la science de travailler les pierres précieuses et de les nettoyer des substances étrangères et des impuretés. Béséléel fit le Tabernacle et l'embellit de son talent. Il fut le premier qui arriva à faire un ouvrage d'art. En cette année Moïse envoya les espions au pays de Canaan, c'est-à-dire celui de Palestine, du Jourdain et des contrées limitrophes, afin qu'ils examinassent le pays et le peuple. Josué, fils de Noun, et Caleb, fils de Jephonné, coupèrent une grappe de raisin et la portèrent, à eux deux, sur un levier.[53] En ce temps-là Josué, fils de Noun, avait 45 ans et Caleb, fils de Jephonné, 42 (43) ans. Quand cette année fut passée, Balac, roi des Midianites, envoya des ambassadeurs à Balaam, le magicien, pour qu'il vînt auprès de lui et maudît les Israélites.[54] En l'an 84 de la vie de Moïse, Aaron, son frère, devint grand prêtre. Dieu fit mourir ses deux fils parce qu'ils avaient offert en sacrifice un feu profane.[55] Eléazar, fils d'Aaron, de la tribu de Lévi, à laquelle appartenaient les Lévites, épousa une fille d'Aminazab[56] de la tribu de Juda. C'était le premier cas du mélange et des liens de parenté d'une tribu avec une autre, parce que la loi (νόμος) ne permettait que les mariages entre des personnes de la même tribu. Eléazar engendra Phinehas dont il est écrit qu'il avait été zélé pour Dieu, s'était fâché pour Lui, avait frappé avec sa lance deux adultères et les avait pendus en l'air.[57] En l'an 118 de la naissance de Moïse, mourut Aaron, son frère. Il eut pour successeur Éléazar, son fils. Moïse mourut deux ans après Aaron; il avait 120 ans. Après la mort de Moïse, ce fut Josué, fils de Noun, son serviteur, âgé de 83 ans, qui commença à gouverner les Israélites à la place de Moïse, deux ans après Aaron. Josué, fils de Noun, fit entrer les Israélites dans la terre promise de Canaan que Dieu avait promis de donner à la postérité d'Abraham. Après les avoir gouvernés pendant 27 ans, Josué, fils de Noun, mourut à l'âge de 110 ans. La première année du gouvernement de Josué, fils de Noun, les Amalécites firent la guerre; mais il les vainquit et en tua un grand nombre, de sorte qu'il n'en resta qu'une petite troupe; avec ses troupes il ne cessa pas de les poursuivre jusqu'à 9 heures du jour. De peur de ne pas réussir dans ce qu'il projetait à leur sujet, il adjura le soleil et la lune et dit: « Toi, ô soleil, arrête-toi sur Gabaon, et toi, lune, dans le champ d'Aïloun (Aialon)! » Et le soleil resta immobile pendant 6 heures jusqu'à ce qu'il se fût vengé de ses ennemis.[58] Quant à l'arrêt du soleil au lieu où il était, ce n'est pas, comme le croient les gens qui n'examinent pas et ne connaissent pas les trésors de -livres et leurs mystères, que le soleil et la lune seuls se seraient arrêtés, tandis que la sphère continuait de se mouvoir. Cela s'explique par ce fait que, si, comme certaines gens le croient, le soleil s'était arrêté et la lune s'était mue, alors un bouleversement se serait produit dans les époques et les quatre saisons, parce que, la sphère céleste ayant traversé en 6 heures trois signes du Zodiaque, alors au lieu du printemps aurait eu l'été, au lieu de l'été, l'automne, au lieu de l'automne, l'hiver et au lieu de l'hiver, le printemps. Mais les livres des savants indiquent que la sphère céleste s'arrêta avec toutes ses étoiles et tous ses astres sans changement dans les saisons.

Depuis Adam jusqu'à Josué, fils de Noun, jusqu'à la mort de Moïse, il y eut 27 générations. En l'an 10 du gouvernement de Josué, fils de Noun, il partagea la terre que Dieu leur avait donnée en héritage, entre les tribus des Israélites, excepté la tribu de Lévi, celle des Lévites; il ne leur donna point de terre, comme Dieu le lui avait prescrit. Il dit que le Seigneur était leur partage et leur héritage. Et Dieu ordonna que toutes les onze tribus donnassent à celle de Lévi chaque année le dixième de leur récolte.

En ce temps-là Erichthonius le Grec fit le premier char, attelé de quatre chevaux et semblable au trône mouvant à neuf mikdâr; dix personnes s'y plaçaient, et le char, mené par ces quatre chevaux, marchait sur les roues. Le roi y prenait place avec ses notables les plus aimés; et le char marchait où il voulait. On dit qu'il n'existe plus, parce qu'il ne se trouve personne qui sache le faire; mais certaines gens disent que les Grecs le font même maintenant.

Cette année-là les fils de Loth, les Ammonites et les Moabites, firent la guerre et combattirent les Cananéens, mais ceux-ci en tuèrent 5.000, et Josué, fils de Noun, lui-même en tua aussi 7 tribus et 31 rois. Après Josué, fils de Noun, ce fut Kuschan, le trompeur, qui fut le chef des Israélites et les gouverna pendant 8 ans.[59]

En ce temps-là se signalèrent les Courètes et les Corybantes dans la ville de Knossos; ils furent les premiers qui inventèrent la musique, la danse, le chant et différentes sortes de musique avec différentes espèces des armes.

Ensuite Othoniel, fils de Kaniz, gouverna les enfants d'Israël pendant 40 ans.[60] La première année de son gouvernement, Cécrops régna dans la ville d'Athènes pendant 49 ans. Il est écrit dans les poèmes d'Homère que Cécrops et ses successeurs qui avaient les mêmes croyances religieuses, furent ceux qui manifestèrent ces mauvaises choses et ces vilaines histoires reçues chez les Grecs; c'est ce qui est écrit dans les poèmes d'Homère.

En cette année Othoniel tua Kuschan, le trompeur, roi d'Aram, et en affranchit les Israélites. A cette époque, il arriva un autre déluge au temps de Deucalion. Quelque temps après, Platon, qui était le maître d'Aristote, nous a donné le récit et l'histoire de ce déluge dans ses livres.[61] A cette époque on cite Zeus qui, à ce qu'on rapporte, était roi de Crète, pays maritime; sa vie fut de 107 ans; il avait commis toutes sortes d'abominations et s'était souillé dans les débauches des Grecs. A cette époque, Io, qui fut appelée Isis à cause de ses déportements, se rendit au pays d'Egypte.

Ensuite les Moabites, de la postérité de Loth, ayant vaincu les Israélites, les gouvernèrent pendant 14 ans.

A cette époque fut bâtie la ville de Kourithous,[62] qui est connue sous le nom de Corinthe. A cette époque les Corinthiens firent le cuivre (?) que ni quadrupèdes, ni reptiles n'attaquaient.

Vers la fin du règne des Moabites, régna sur Athènes, après Cécrops, Crônôs, dont le nom traduit signifie Saturne, pendant 9 ans. A cette époque, dans la ville d'Athènes, fut établie l'assemblée d'Aréopage, ce qui signifie l'assemblée des juges et des savants.

On raconte qu'à cette époque Dionysios, fils de Deucalion, aurait commencé à planter des vignes et à presser du vin; et les hommes en buvaient. Mais cela ne s'accorde pas avec ce que certaines gens racontaient dans leur ignorance: ils disaient que les premiers qui avaient appris à boire du vin et donné des indications sur ce sujet, auraient été les diables; mais nous avons également trouvé dans les Livres Sacrés qu'avant ce temps-là Noé avait planté des vignes, avait pressé du vin et en avait bu.

Ahoud (Ehud, Aod), fils de Hara (Géra), gouverna les Israélites pendant 80 ans. C'est, lui qui tua Eglon, roi des Moabites, de la race de Loth; il le fit périr ainsi: il attacha à sa cuisse une épée à deux tranchants; ensuite il se présenta devant Eglon et lui dit: « J'ai un secret pour toi; je veux te le confier. » Eglon, ayant ordonné à tous ses compagnons de sortir, resta seul avec lui. Alors Ahoud, ayant détaché son épée de sa cuisse, la lui enfonça dans le ventre, de sorte que ses entrailles en sortirent, et le tua; après cela il sortit. Il gouverna les Israélites et vainquit les Moabites. En l'an 25 du gouvernement d'Ahoud, fut accompli le quatrième millier des années de l'histoire du monde. Cela est clair, car nous avons déjà exposé et indiqué d'une manière précise que l'espace des années depuis Adam et les origines du monde jusqu'à l'année de la mort de Moïse, prophète de Dieu, fut de 3886 ans. Si nous y ajoutons, depuis le jour de la mort de Moïse, les années du gouvernement de Josué, fils de Noun, sur les Israélites, c'est-à-dire 27 ans; — après lui celles de Kuschan, le trompeur, 8 ans; ensuite celles d'Othoniel, 40 ans; après Othoniel, celles des Moabites, enfants de Loth, 14 ans; ensuite si nous y ajoutons 25 ans des années du gouvernement d'Ahoud, qui, comme nous l'avons dit, les gouverna pendant 80 ans, nous obtenons le nombre de 114 ans, et si nous ajoutons ce chiffre aux années écoulées depuis Adam jusqu'au jour de la mort de Moïse, c'est-à-dire 3886 ans, alors cela donnera le chiffre de 4000 ans de la chronologie du monde, juste au bout de 25 ans du gouvernement d'Ahoud sur les Israélites, dont nous avons parlé plus haut.

A cette époque fut bâtie Nicomédie par Nicomède, c'est-à-dire Constantinople; mais au bout de quelque temps cette ville s'enfonça dans la terre. Ensuite après cela, le roi Byzas la rebâtit et l'appela, d'après son nom, Byzance. Au bout de quelque temps, Constantin, fils d'Hélène, monta au trône; il l'élargit, l'agrandit et l'appela de son nom Constantinople (Constaniyniya).

A cette époque Poséidon épousa Lysianasse et engendra d'elle Douk.ntis et Busiris; quelque temps après, Busiris s'empara du pays qui est situé sur le fleuve du Nil; il massacrait les étrangers qui passaient, et les voyageurs, et il les mangeait.

Ensuite (Samgar) gouverna les Israélites, après Ahoud, pendant 22 ans.

A cette époque s'illustra Phrixus; on raconte que, grâce à son agilité et à sa vitesse, il volait comme un oiseau, et que ni les plus excellents chevaux, ni les gazelles ne pouvaient l'atteindre.

Ensuite Barac, de la tribu de Nephthali, gouverna les Israélites pendant 40 ans; il fît la guerre à Sisara et le fit périr lui-même avec toutes ses troupes et 500 chariots de fer qu'il avait.

A cette époque Achseus bâtit une ville et lui donna son nom.

A cette époque vécut Sibylle, la prophétesse, qui expliquait clairement les pensées des hommes par son don de prophétie.

A cette époque il est question des prières et des supplications de..... adressées aux dieux..... Zeus; il connut une esclave de la famille.....au bord du lac de Tritone; elle mit au monde Aphrodite, ce qui signifie la Beauté (Vénus).[63] A cette époque on signale Melampus le magicien, Tantale et Tityus, qui avec leur magie révélaient les choses cachées, de sorte que les gens les admiraient. On raconte que Zeus connut aussi Leto et engendra d'elle Apollon et Hercule.[64] A cette époque régnèrent les rois[65] dont l'histoire se trouve dans les livres des poèmes d'Homère.

Après Barac, les Midianites, qui étaient arabes, gouvernèrent les Israélites, pendant 7 ans; ils dévastèrent tout leur pays.

 


 

[1] Die christlich-arabische Litteratur, dans la série d'AHMELANG, Die Litieraturen des Ostens in Einzeldarstellungen.

[2] Cf. le résumé de la communication de M. A. Vasiliev sur Agapius, faite au Congrès international des Orientalistes à Alger en 1905. Revue Africaine, 1905, NN. 259-258, p. 337-338.

[3] Catalogus librorum manuscriptorum et impressorum Monasterii S. Catherinae in Monte Sinai ad fidem Codicis Porphyriani, N. iv, B. 18/135. Petropoli, 1891, p. 336 (N 164).

[4] M. D. Gibson, Catalogue of the Arabic mss. in the consent of S. Catharine on Mount Sinaï. London, 1894, p. 88 (N. 456) et 123-124 (N. 580) Studia Sinaitica, n° III.

[5] Al-Machrik, VIII (1905), p. 1051-1052 (n. 90); v. aussi vol. V (1902), p. 909.

[6] Épître de S. Jacques, i, 17.

[7] Je crois qu'il s'agit de Bède, « Bedae cui tribuitur septem miraculorum ordo ». H. Schott, De septem orbis spectaculis quaestiones, Onoldi, 1891, p. 5; v. Appendix, p. ii-iv.

[8] Peut-être faut-il voir, dans le texte arabe abîmé, le Mausolée? Voir sur ce passage des merveilles, H. Schott, op. cit. H. Rohden, De mundi miraculis quaestiones selectae, Bonnae, 1875, p. 10-11.

[9] Psaume xlviii (xlix), 21.

[10] Psaume viii, 13-14.

[11] Ce doit être Julius Africanus.

[12] Cf. Josephi Flavii Antiq. Jud., I, iii, 5.

[13] Comp. Georg. Syncell., I, 54-55. Ksis = Ξίσουθρος. Mich. le Syr., I, 14,

[14] Év. Luc, iv, 37.

[15] Ératosthène vivait avant Ptolémée. Peut-être s'agit-il de Timosthène? V. de Goeje, VIII, 30.

[16] La terre brûlée ou la voie brûlée s'appelle l'espace situé entre le 19e degré de la Balance et le 3e degré du Scorpion. V. par exemple Géographie d'Aboulféda, t. II, 1re partie. Paris, 1847, p. 6, n. 1.

[17] Pour la description de ces termes v. Van Vloten, Liber Mafâtih al-Otûm, p. 235, 7-9.

[18] Au lieu de Qinnesrîn le Ms. A donne Salamiyyah et Hamat.

[19] Au lieu de ces deux noms qui se trouvent dans le A, les Ms. BC donnent Afrathi.

[20] Mich. le Syr., I, 22-23.

[21] C'est Sérendîb (la Taprobane, Ceylan). V. Masûdi, Kitâb at-Tanbîh, p. 26, trad. Carra de Vaux, p. 43.

[22] Au lieu de ces deux noms le Ms. A donne Haleb et Salamiyah.

[23] Ici les Mss. ajoutent encore une fois le pays d'al-Djezîreh.

[24] Cf. Georg. Sync, p. 98 et 170; aussi p. 100. Michel le Syrien, I, 20: Panouphis.

[25] Fils d'Haber. Genèse, x, 25 (= Yokthan).

[26] Cf. Mich. le Syr., I, 23-24.

[27] I Macchab., i, 7-9.

[28] Ici se trouve l'explication du copiste: (l'auteur) comprend ce qui n'est pas connu de la plupart des hommes, à cause de l'éloignement de leur époque.

[29] D'après le Ms. A, c'est Hélène qui alla à Jérusalem et demanda les reliques. Au lieu du passage du Ms. B à partir des mots « Les Juifs lui donnèrent », nous trouvons dans le Ms. A: « Les Juifs donnèrent à Hélène tous les livres; parmi les livres qui lui furent donnés, il se trouva le livre de la Torah mutilée. La reine Hélène les emporta au roi Constantin, son fils. Ensuite un certain nombre de Juifs furent envoyés chez le roi pour lui apprendre tout ce que les Juifs avaient mutilé dans la Torah et les livres des Prophètes. »

[30] Cf. Daniel, ix. Jérém., xxv, 11 sq.; xxix, 10.

[31] Jérém., lxv, 11 sq.; xxix, 10.

[32] II Esdras, ii.

[33] Genèse, xlix, 10.

[34] Cf. Michel le Syrien, I, 25

[35] Αἰγιαλεύς. V. G. Sync, I, 183.

[36] Genèse, xv, PAGE104 sq.

[37] Genèse, xvii, 20.

[38] V. Gen., xxvi, 34.

[39] V. Gen., xxxvi, 33-34.

[40] V. Gen., x, 29.

[41] Genèse, xxviii, 10 sq.; xxxii, 24 sq.

[42] Ici notre auteur se trompe; cf. Genèse, xxx, 3 sq.; xlvi.

[43] V. George Sync, I, 237.

[44] V. G. Sync, I, 280 et 132.

[45] V. Michel le Syrien, I, 37.

[46] Cf. Idem, I, 38.

[47] Cf. Michel le Syrien, I, 39.

[48] Cf. Flav. Josèphe, Antiq. Jud., II, x, 2 (éd. Niese, I, p. 134-136).

[49] V. Nombres, xii, 1.

[50] V. G. Sync, I, 283.

[51] Littéralement « le possesseur de deux mains droites ».

[52] V. Exode, xxxi, 2.

[53] V. Nombres, xiii, 24.

[54] V. Nombres, xxii, 1-6.

[55] V. Lévitique, x, 1-2; Nombres, iii, 4.

[56] V. Exode, vi, 25 et comp. vi, 23.

[57] V. Nombres, xxv, 1-8.

[58] V. Josué, x, 12-13.

[59] V. Juges, iii, 8.

[60] V. Juges, iii, 9-11.

[61] V. Plato, Timaeus, 22.

[62] Cf. Georg. Sync, II, 288.

[63] Ce passage est obscur pour moi.

[64] V. George Sync., i, 305.

[65] B.l.msin = βασιλεῖς ?? Cf. G. Sync., I, p. 294-295.