ΑΡΙΣΤΩΝ
Ἀρίστων ὁ Χῖος ὁ Φάλανθος
ἐπικαλούμενος Σειρήν. Τέλος ἔφησεν εἶναι τὸ ἀδιαφόρως
ἔχοντα ζῆν πρὸς τὰ μεταξὺ ἀρετῆς καὶ κακίας μηδ'
ἡντινοῦν ἐν αὐτοῖς παραλλαγὴν ἀπολείποντα, ἀλλ' ἐπίσης
ἐπὶ πάντων ἔχοντα· εἶναι γὰρ ὅμοιον τὸν σοφὸν τῷ ἀγαθῷ
ὑποκριτῇ, ὃς ἄν τε Θερσίτου ἄν τε Ἀγαμέμνονος πρόσωπον
ἀναλάβῃ, ἑκάτερον ὑποκρίνεται προσηκόντως. Τόν τε
φυσικὸν τόπον καὶ τὸν λογικὸν ἀνῄρει, λέγων τὸν μὲν
εἶναι ὑπὲρ ἡμᾶς, τὸν δ' οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς, μόνον δὲ τὸν
ἠθικὸν εἶναι πρὸς ἡμᾶς.
[161]
Ἐοικέναι δὲ τοὺς διαλεκτικοὺς λόγους τοῖς ἀραχνίοις, ἃ
καίτοι δοκοῦντα τεχνικόν τι ἐμφαίνειν, ἄχρηστά ἐστιν.
Ἀρετάς τ' οὔτε πολλὰς εἰσῆγεν, ὡς ὁ Ζήνων, οὔτε μίαν
πολλοῖς ὀνόμασι καλουμένην, ὡς οἱ Μεγαρικοί, ἀλλὰ κατὰ
τὸ πρός τί πως ἔχειν. Οὕτω δὲ φιλοσοφῶν καὶ ἐν
Κυνοσάργει διαλεγόμενος ἴσχυσεν αἱρετιστὴς ἀκοῦσαι.
Μιλτιάδης οὖν καὶ Δίφιλος Ἀριστώνειοι προσηγορεύοντο. Ἦν
δέ τις πειστικὸς καὶ ὄχλῳ πεποιημένος· ὅθεν ὁ Τίμων φησὶ
περὶ αὐτοῦ,
Καί τις Ἀρίστωνος γέννης
ἄπο αἱμύλον ἕλκων.
[162] Παραβαλὼν δὲ
Πολέμωνι, φησὶ Διοκλῆς ὁ Μάγνης, μετέθετο, Ζήνωνος
ἀρρωστίᾳ μακρᾷ περιπεσόντος. Μάλιστα δὲ προσεῖχε Στωικῷ
δόγματι τῷ τὸν σοφὸν ἀδόξαστον εἶναι. Πρὸς ὃ Περσαῖος
ἐναντιούμενος διδύμων ἀδελφῶν τὸν ἕτερον ἐποίησεν αὐτῷ
παρακαταθήκην δοῦναι, ἔπειτα τὸν ἕτερον ἀπολαβεῖν· καὶ
οὕτως ἀπορούμενον διήλεγξεν. Ἀπετείνετο δὲ πρὸς
Ἀρκεσίλαον· ὅτε θεασάμενος ταῦρον τερατώδη μήτραν
ἔχοντα, « οἴμοι, » ἔφη, « δέδοται Ἀρκεσιλάῳ ἐπιχείρημα
κατὰ τῆς ἐναργείας. »
[163]
Πρὸς δὲ τὸν φάμενον Ἀκαδημαϊκὸν οὐδὲν καταλαμβάνειν, «
ἆρ' οὐδὲ τὸν πλησίον σου καθήμενον ὁρᾷς; » εἶπεν·
ἀρνησαμένου δέ,
τίς <δέ> σ' ἐτύφλωσεν
(ἔφη), τίς ἀφείλετο λαμπάδος αὐγάς;
Βιβλία δ' αὐτοῦ φέρεται
τάδε·
Προτρεπτικῶν βʹ,
Περὶ τῶν Ζήνωνος δογμάτων,
Διάλογοι,
Σχολῶν Ϛʹ,
Περὶ σοφίας διατριβῶν ζʹ,
Ἐρωτικαὶ διατριβαί,
Ὑπομνήματα ὑπὲρ κενοδοξίας,
Ὑπομνημάτων κεʹ,
Ἀπομνημονευμάτων γʹ,
Χρειῶν ιαʹ,
Πρὸς τοὺς ῥήτορας,
Πρὸς τὰς Ἀλεξίνου ἀντιγραφάς,
Πρὸς τοὺς διαλεκτικοὺς γʹ,
Πρὸς Κλεάνθην,
Ἐπιστολῶν δʹ,
Παναίτιος δὲ καὶ
Σωσικράτης μόνας αὐτοῦ τὰς ἐπιστολάς
φασι, τὰ δ' ἄλλα τοῦ περιπατητικοῦ Ἀρίστωνος.
[164] Τοῦτον λόγος
φαλακρὸν ὄντα ἐγκαυθῆναι ὑπὸ ἡλίου καὶ ὧδε τελευτῆσαι.
Προσεπαίξαμεν δ' αὐτῷ τόνδε τὸν τρόπον τῷ ἰάμβῳ τῷ χωλῷ·
Τί δὴ γέρων ὢν καὶ
φάλανθος, ὦ 'ρίστων,
τὸ βρέγμ' ἔδωκας ἡλίῳ κατοπτῆσαι;
τοιγὰρ τὸ θερμὸν πλεῖον ἢ δέοι ζητῶν
τὸν ψυχρὸν ὄντως εὗρες οὐ θέλων Ἅιδην.
Γέγονε δὲ καὶ ἄλλος
Ἀρίστων Ἰουλιήτης περιπατητικός, ὁ δέ τις μουσικὸς
Ἀθηναῖος, τέταρτος ποιητὴς τραγῳδίας, πέμπτος Ἁλαιεὺς
τέχνας γεγραφὼς ῥητορικάς, ἕκτος Ἀλεξανδρεὺς
περιπατητικός. |
ARISTON.
Ariston le Chauve, natif de Chio et surnommé Sirène,
faisait consister la fin qu'on doit se proposer à être
indifférent sur ce où il n'y a ni vice ni vertu. Il
n'exceptait aucune de ces choses, ne penchait pas plus
pour les unes que pour les autres, et les regardait
toutes du même œil. « Le sage, ajoutait-il, doit
ressembler à un bon acteur qui, soit qu'il joue le rôle
de Thersite
ou celui d'Agamemnon, s'en acquitte d'une manière
également convenable. » Il voulait qu'on ne s'appliquât
ni à la physique ni à la logique, sous prétexte que
l'une de ces sciences était au-dessus de nous, et que
l'autre ne nous intéressait point.
[161]
La morale lui
paraissait être le seul genre d'étude qui fût propre à
l'homme. Il comparait les raisonnements de la
dialectique aux toiles d'araignées, qui, quoiqu'elles
semblent renfermer beaucoup d'art, ne sont d'aucun
usage. Il n'était ni de l'avis de Zénon, qui croyait
qu'il y a plusieurs sortes de vertus, ni de celui des
philosophes mégariens, qui disaient que la vertu est une
chose unique, mais à laquelle on donne plusieurs noms.
Il la définissait la manière dont
il se faut conduire par
rapport à une chose. Il
enseignait cette philosophie dans le Cynosarge,
et devint ainsi chef de secte. Miltiade et Diphilus
furent appelés aristoniens, du nom de leur
maître. Au reste, il avait beaucoup de talent à
persuader, et était extrêmement populaire dans ses
leçons. De là cette expression de Timon :
Quelqu'un, sorti de la famille de cet Ariston, qui était
si affable.
[162]
Dioclès de Magnésie raconte qu'Ariston s'étant attaché à
Polémon, changea de sentiment à l'occasion d'une grande
maladie où tomba Zénon. Il insistait beaucoup sur le
dogme stoïcien, que le sage ne doit point juger par
simple opinion. Persée, qui contredisait ce dogme, se
servit de deux frères jumeaux, dont l'un vint lui
confier un dépôt que l'autre vint lui redemander, et le
tenant ainsi en suspens, il lui fit sentir son erreur.
Il critiquait fort et baissait Arcésilas; de sorte qu'un
jour ayant vu un monstrueux taureau qui avait une
matrice, il s'écria : « Hélas ! voilà pour Arcésilas un
argument contre l'évidence.
»
[163]
Un philosophe académicien lui soutint qu'il n'y avait
rien de certain. Quoi ! dit-il, ne voyez-vous pas celui
qui est assis à côté de vous? Non, répondit l'autre. Sur
quoi Ariston reprit : Qui vous a ainsi aveuglé? qui vous
a ôté l'usage des yeux?
On lui attribue les ouvrages suivants :
deux livres
d'Exhortations,
des Dialogues sur la philosophie de
Zénon,
sept autres Dialogues d'école,
sept traités sur
la Sagesse,
des traités sur l'Amour,
des commentaires
sur la vaine Gloire,
quinze livres de Commentaires,
trois livres de Choses mémorables,
onze livres de
Chries,
des traités contre les Orateurs,
des traités
contre les Répliques d'Alexinus,
trois traités contre
les Dialecticiens,
quatre livres de lettres à Cléanthe.
Panétius et Sosicrate disent qu'il n'y a que ces lettres
qui soient de lui, et attribuent les autres ouvrages de
ce catalogue à Ariston le péripatéticien.
[164]
Selon la voix commune, celui dont nous parlons, étant
chauve, fut frappé d'un coup de soleil, ce qui lui causa
la mort. C'est à quoi nous avons fait allusion dans ces
vers choliambes
que nous avons composés à son sujet :
Pourquoi, vieux et chauve, Ariston, donnais-tu ta tête à
rôtir au soleil? En cherchant plus de chaleur qu'il ne
t'en faut, tu tombes, sans le vouloir, dans les glaçons
de la mort.
Il y a eu un autre Ariston, natif d'Ioulis, philosophe
péripatéticien; un troisième, musicien d'Athènes; un
quatrième, poète tragique ; un cinquième, du bourg
d'Alæe, qui écrivit des systèmes de rhétorique ; et un
sixième, né à Alexandrie, et philosophe de la secte
péripatéticienne.
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