retour à l'entrée du site

 

aller à la table des matières du pseudo-callisthène

 

 

Pseudo-Callisthène

 

 

 

TRADITIONS

 

TÉRATOLOGIQUES

RÉCITS

DE L'ANTIQUITÉ ET DU MOYEN AGE

 

EN OCCIDENT

SUR QUELQUES POINTS DE LA FABLE DU MERVEILLEUX ET DE L'HISTOIRE NATURELLE

PUBLIÉS

 

D’APRES PLUSIEURS MANUSCRITS INÉDITS

GRECS, LATINS, ET EN VIEUX FRANÇAIS

PAR

JULES BERGER DE XIVREY

PARIS

 

IMPRIMÉ PAR AUTORISATION DU ROI

 

A L'IMPRIMERIE ROYALE

M DCCC XXXVI


 

LETTRE D'ALEXANDRE LE GRAND

 

A OLYMPIAS ET A ARISTOTE

SUR LES PRODIGES DE L'INDE;

 

EXTRAITE DU PSEUDO-CALLISTHENE;

 

 

D'après les manuscrits grecs de la Bibliothèque du Roi, n° 1685 de l'ancien fonds et 113 du supplément,

TRADUITE EN FRANÇAIS.

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer


 

 

 

 

 


 

LETTRE

D'ALEXANDRE

A

OLYMPIAS ET A ARISTOTE.

 

 

 

Alexandre, roi, à Olympias, ma mère, et à Aristote, mon précepteur, salut.

Bien du temps s'est déjà écoulé, ô ma mère, sans que ton amour maternel ait rien appris de nouveau sur mon compte. Aussi, je sens bien que tu es dans la tristesse et dans les inquiétudes, et que ton esprit, comme un vaisseau battu par la tempête, est ballotté par mille et mille pensées. La nuit, tu t'occupes encore de moi: souvent un songe te montre ton fils malheureux. C'est ainsi, je le sais, que tu es souvent tourmentée par des rêves tristes; et, en t'éveillant, tu te réjouis de voir que c'est un fantôme mensonger. Mais alors tu t'affliges de mon absence. D'autres fois, au contraire, un songe t'offre une occasion de te réjouir : la vue de ton fils te remplit de bonheur. Puis, lorsque tu t'éveilles dans la joie d'un si beau rêve, tu ressens une vive affliction. Je comprends ce qu'est la tendresse d'une mère pour un fils absent; car j'éprouve souvent les mêmes effets; et par mes sentiments, ma mère, je juge des tiens. Sois donc indulgente sur toutes les fautes que je puis commettre par ignorance, et lis dans cette lettre ce qui m'est arrivé.

Comme je te l'ai mandé précédemment, j'ai vaincu Darius dans trois batailles; devenu, par sa défaite, maître de toute la Perse, j'ai (ainsi que je te l'ai annoncé) épousé sa fille, et, par là, établi l'union entre les Perses et les Macédoniens. Alors, les assemblant tous, je fis route vers l'Egypte, où je soumis un grand nombre de villes et un vaste territoire, et j'arrivai en Judée. Les habitants de ce pays paraissent adorer le Dieu vivant, qui m'inspira pour eux de très bonnes dispositions. Toute mon âme se tourna vers lui. Je fis grâce aux habitants de tout présent et de tout tribut annuel, et même je leur donnai une bonne part du butin tait sur les Perses. Ils me proclamèrent roi maître du monde; puis, traversant leur pays, j'arrivai en Egypte après un certain nombre de jours. Là je n'employai que peu de temps à soumettre à ma puissance toute cette contrée. A mon entrée dans leur capitale, les Egyptiens aussi me saluèrent roi maître du monde. D'après la réponse de l'oracle du pays, je donnai mon nom à une ville d'Egypte. Je la fis construire en entier depuis les fondements, et l'ornai d'une quantité de colonnes et de statues. Je ne témoignai que du mépris à tous leurs dieux, comme n'étant pas des dieux; mais je proclamai le dieu porté sur les séraphins. Je fis ensuite élever, dans ma ville, ma statue et celle de mes amis, Seleucus, Philippe et Antiochus.

Après cela, je résolus de pénétrer jusqu'aux extrémités de la terre. Cette résolution fut aussitôt exécutée que prise. Lorsque nous eûmes parcouru la partie de la terre qui est sous le soleil, nous rencontrâmes des lieux affreux et impraticables. Après avoir mis trente jours à traverser ces lieux si difficiles; nous arrivâmes dans une plaine toute unie; Nous y trouvâmes des hommes sauvages, et les mîmes en fuite. Puis, pénétrant plus avant, nous trouvons les colonnes d'Hercule et les palais de Sémiramis.

Là, nous nous reposâmes quelques jours; puis; nous étant remis en marche; nous rencontrons des hommes qui ont six mains et six pieds. Après les avoir mis en fuite, nous continuâmes notre route jusqu'à un lieu situé au bord de la mer. Y ayant fait une halte, nous vîmes sortir des flots un cancre qui emporta un cheval mort, et rentra dans la mer. Bientôt une foule de monstres marins vint fondre sur nous, de sorte que nous ne fumes pas en force pour nous emparer d'un seul cancre. La flamme d'un feu que nous allumâmes nous en délivra.

Nous quittâmes ce lieu et arrivâmes dans un autre également sur le bord de la mer, d'où l'on apercevait une île. Je fis préparer une embarcation et m'y rendis. J'y trouvai des hommes qui parlaient la même langue que nous, qui étaient sages, et nus comme sortant du ventre de leur mère.

En quittant ces lieux, nous marchons encore quelques jours, et rencontrons des hommes qui ont six pieds et trois yeux; plus loin, des hommes à tête de chien ; que nous eûmes beaucoup de peine à mettre en fuite. Enfin, nous nous trouvons dans une plaine immense ; au milieu· était un gouffre. J'y fis jeter un pont sur lequel toute l'armée passa.

A partir de là, nous fûmes privés de la lumière du jour; et continuant, selon notre habitude à marcher pendant quelques journées, nous arrivâmes dans une contrée entièrement ténébreuse. C'est la terre des heureux. Alors deux oiseaux à figure humaine s'approchèrent de moi en volant, et me dirent: « Il ne t'est pas permis, Alexandre, d'aller plus loin. » Nous retournâmes donc, et j'ordonnai à tous mes gens d'emporter avec eux quelque objet du pays. Un petit nombre obéit à cet ordre ; et quand nous revîmes la lumière, ceux qui n'avaient rien pris s'en repentirent. Nous quittâmes donc ces lieux, en nous dirigeant, pour revenir, vers la droite.

Après quelques jours de marche, nous eûmes à combattre les hippocentaures, qui furent mis en mite; et au bout de cinquante jours, nous atteignîmes la terre habitable, à travers toute sorte de dangers. Maintenant nous voici revenus pour combattre Porus, roi des Indes. Puissent les succès que nous réserve la divine Providence nous arriver ! Quant à la description de ce que nous avons vu, vous la trouverez dans cette lettre : en la lisant, vous serez instruits de tout ce qui nous touche.

Adieu, ma mère et mon précepteur; implorer pour moi la Divinité.


 

EXTRAIT

DU MANUSCRIT GREC DE LA ΒΙΒLΙΟΤΗEQUΕ DU ROI

DU FOLIO 35 VERSO AU FOLIO 38 VERSO

 

 

 

LETTRE

D'ALEXANDRE

 

 

Après cela, Alexandre écrit en ces termes à sa mère Olympias :

Alexandre, roi, à Olympias, ma mère chérie, et à Aristote, mon très honoré précepteur, salut.

J'ai cru devoir vous écrire au sujet de ma lutte avec Darius. Ayant appris qu'il se trouvait, avec un grand nombre de rois et de satrapes, aux environs du golfe d'Issus, je· réunis une quantité de chèvres, leur attachai des flambeaux aux cornes, et m'avançai ainsi de nuit. Les ennemis, en nous voyant, prirent la fuite, pensant que c'était une armée très nombreuse, je remportai ainsi la victoire. A cette occasion, je bâtis une ville que je nommai Aegae.[1] Je bâtis aussi, sur le golfe d'Issus, la ville d'Alexandrie près Issus. Nous marchâmes ensuite jusqu'au pays des Arméniens, où sont les sources de l'Euphrate et du Tigre. Là, Darius, cerné de toutes parts, est assassiné par Bessus et Ariobarzane, satrapes de Médie. Cet événement me causa une vive affliction : en vainquant Darius, je ne voulais pas le tuer, mais régner sur lui. Je le trouvai qui respirait encore; j'ôtai ma chlamyde et l'en couvris; puis, considérant dans l'exemple présent l'incertitude de la fortune, je lui rendis les derniers devoirs; et, pour honorer sa sortie de la vie, je fis couper le nez et les oreilles aux gardiens de son tombeau, selon l'usage des Perses. Je rendis ensuite un arrêt qui soumettait à ma puissance les provinces de Bessus, d'Ariobarzane et de Malacus, la Médie, l'Arménie, le plat pays, et tout le pays persique sur lequel régnait Darius le Perse.

De là, prenant un grand nombre de guides, je voulus pénétrer jusqu'aux dernières parties du désert, dans la direction du nord. Les gens du pays nous disaient qu'il y a dans ces lieux des hommes sauvages et des bêtes terribles et prodigieuses. Cela augmenta mon désir de voir ces lieux et ces hommes-là. Nous arrivâmes donc dans un lieu plein de précipices, et dont le chemin était un gouffre excessivement profond. Nous mîmes huit jours à le traverser, apercevant des lieux déserts, des bêtes farouches et autres objets semblables. Enfin nous arrivâmes, vers la neuvième heure du jour, dans un lieu où nous trouvâmes une forêt, appelée Anaphantus, remplie d'un grand nombre d’arbres qui portent des fruits semblables aux pommes. Il y avait aussi dans cette forêt des hommes très grands, ayant vingt-quatre coudées de haut, des cous larges, et les mains et les coudes semblables à des scies ; ils s’avancèrent sur nous. Je fus très affligé de voir de pareils êtres, et j'ordonnai qu’on en saisît quelques-uns. Nous les chargeâmes avec des cris et au son des trompettes ; à cette vue ils prirent la fuite. J'en tuai trois cent trente-deux, et il périt cent soixante-trois de nos soldats. Nous restâmes là à manger, des fruits, car nous n’avions que cela pour toute nourriture.

En quittant ces lieux, nous arrivâmes dans un pays plein de verdure, et qu'habitaient des hommes semblables aux géants par leur, taille, gros, velus, roux, ayant les yeux comme des lions. Il y en avait d'autres nommés Ochlotes, qui n'avaient pas de cheveux, qui étaient hauts de quatre coudées et larges de la longueur d’une lance. Ils vinrent vers nous ne portant sur eux qu'un tablier; ils étaient très forts et très disposés à se battre, n'ayant ni lances ni traits, mais seulement des bâtons dont, ils frappaient mes troupes : ils tuèrent ainsi beaucoup de monde. Voyant tuer les soldats, je fis allumer un grand feu, et nous combattîmes avec des flammes ces hommes d'une force prodigieuse, que nous forçâmes ainsi à la retraite. Je perdis, en cette rencontre, soixante-douze hommes, dont je fis placer les restes sur des vaisseaux pour être envoyés dans leur patrie. Quant aux ennemis, ils étaient devenus invisibles.

Le jour suivant, nous voulûmes aller voir leurs cavernes ; nous trouvâmes, à leur entrée, des bêtes enchaînées aux portes. Ces bêtes étaient hautes comme les chiens qu'on appelle chez nous dandex; elles avaient quatre coudées de long, trois yeux, et étaient toutes semblables. Nous y vîmes aussi des puces qui sautaient comme nos grenouilles.

En partant de là, nous arrivâmes dans un lieu d'où sortait une source très bonne et très abondante. Je fis camper en cet endroit; on creusa des fossés, et on les entoura de tranchées couvertes, pour que l'armée pût γ séjourner sans danger. Nous allâmes ensuite jusque chez les Mélophages : bientôt nous vîmes paraître, vers la neuvième heure, un homme velu comme un porc. La vue d'un être pareil nous effraya; j'ordonnai qu'on s'emparât de lui. Quand il fut pris, il nous regarda avec impudence ; alors je fis déshabiller une femme et la lui fis présenter, pour en exciter chez lui le désir. Aussitôt il la saisit et se mit à la dévorer très vite. Les soldats s'étant précipités sur lui pour l'arrêter, il fit entendre un son guttural en sa langue. A ce bruit, tous ses compagnons sortirent de leur marais, au nombre d'environ dix mille. Pour nous, nous étions quarante mille. Je fis mettre le feu au marais; en voyant le feu, ils s'enfuirent. En les poursuivant, nous en fîmes prisonniers quatre cents. Ils se refusèrent à prendre, aucune, nourriture et moururent : ils ne pariaient pas, mais ils aboyaient comme des chiens.

Ayant quitté ces lieux, nous arrivâmes sur le bord d'un fleuve. Je fis camper, et j'ordonnai aux troupes de rester armées comme à l'ordinaire. Il y avait dans ce fleuve des arbres qui s'élevaient avec le soleil, et croissaient jusqu'à la sixième heure. A partir de la septième heure, ils allaient en décroissant jusqu'au point de disparaître. Ils avaient des larmes comme une figue qui pleure, et l'odeur la plus douce et la plus exquise. Je donnai ordre qu'on coupât les arbres et qu'on recueillît les larmes avec des éponges. Ceux qui se mirent à cet ouvrage furent à l'instant fouettés par des génies invisibles. Nous entendions le bruit des fouets, et nous voyions les marques des coups se former sur le dos, mais nous n'apercevions pas ceux qui frappaient. Alors une voix se mit à dire : « Ne coupez et ne recueillez rien. Si vous ne cessez, toute l'armée va devenir muette. » Plein d'effroi, je défendis aussitôt de rien couper ni recueillir. Il y avait encore dans ce fleuve des pierres noires qui avaient la propriété de communiquer leur couleur à tous ceux qui les touchaient. Il y avait aussi un grand nombre de serpents de rivière, et mainte espèce de poissons qui ne cuisaient pas au feu, mais dans de l'eau de source froide. Or, un soldat, ayant pris un de ces poissons, voulut le laver; puis, le jetant dans du sel, l’y laissa : il le retrouva cuit. On trouvait encore sur ce fleuve des oiseaux semblables aux nôtres; mais, si quelqu'un en mangeait, on voyait du feu sortir de son corps.

Le jour suivant, nous nous trouvâmes égarés, et les guides me dirent : « Nous ne savons plus où nous allons, roi Alexandre; retournons. » Mais je ne voulus pas retourner. Nous rencontrâmes beaucoup de bêtes qui avaient six pieds, trois yeux, étaient longues de dix coudées, et quantité de bêtes d'autres espèces. Les unes prenaient la fuite, les autres se jetaient sur nous. En arrivant dans un endroit très sablonneux, nous en vîmes sortir des animaux semblables à des onagres, et de vingt coudées de long; au lieu de deux yeux, ils en avaient six, mais ne voyaient que de deux. Ils étaient fort doux, et ne cherchaient pas à nous attaquer. Les soldats rencontraient encore bien d'autre» bêtes auxquelles ils lançaient des traits.

De là en avançant toujours, nous arrivâmes dans un pays où il y avait des hommes sans tête, mais ayant une voix humaine ; ils étaient velus, se couvraient de peaux, et se nourrissaient de poissons qu'ils pêchaient dans la mer. Ils nous en apportèrent de la mer près de laquelle ils habitent. D’autres trouvaient dans la terre, des truffes qui pesaient jusqu'à vingt-cinq livres. Nous vîmes aussi venir sur le rivage une quantité de grands phoques. Mes amis m'engageaient beaucoup à retourner; mais, je ne voulais pas, car je souhaitais de voir le bout de la terre.

Au sortir de ces lieux, nous rencontrâmes un désert. Nous fîmes route le long de la mer, n'apercevant plus ni bêtes, ni oiseaux; ne voyant rien que le ciel et la terre ; et encore, au lieu du ciel nous ne vîmes qu’une vapeur noire pendant dix jours. Ayant dressé nos tentes sur un endroit de la côte, pour y camper, nous montâmes sur des vaisseaux et fîmes voile vers une île que l'on apercevait dans la mer, à peu de distance du rivage. Nous y entendîmes des voix humaines parler en grec; mais nous n'apercevions pas ceux qui parlaient. Quelques soldats eurent la malheureuse idée de passer à la nage du vaisseau dans l'île. Aussitôt sortirent des cancres qui les entraînèrent au fond de l’eau. Nous regagnâmes la terre tout effrayés.

Au bout de deux jours, nous arrivâmes dans des lieux privés de la clarté du soleil. C'est là qu'est la terre dite des heureux. Voulant parcourir et examiner ce pays, je pensai à prendre avec moi, pour y pénétrer, mes serviteurs particuliers. Callisthène, mon ami, me conseilla d'y pénétrer avec quarante de mes amis, cent pages, et douze cents soldats d’élite.

En nous mettant en route, nous eûmes l'idée de prendre avec nous des ânesses, dont les ânons restèrent dans le camp de l'armée. Nous entrâmes ainsi dans une route obscure que nous suivîmes pendant quinze schoenes.[2] Enfin, nous vîmes un endroit où il y avait une source limpide, dont l’eau jetait comme des éclairs. J'avais faim, et voulant prendre quelque chose, j'appelai mon cuisinier et lui dis : « Prépare-nous à manger. » Il prit un poisson salé[3] et alla pour le laver à l’eau limpide de cette fontaine. Aussitôt qu’il l'eut mouillé ; le morceau s'anima et échappa aux mains du cuisinier. Il y avait de l'eau de tous côtés. Le cuisinier ne fit rien connaître de ce qui lui était arrivé.

Ayant encore fait une marche de trente schoenes, nous vîmes enfin le jour, mais sans le secours du soleil, de la lune ni des astres. Alors j'aperçus deux oiseaux qui volaient, et qui n'avaient de particulier que des yeux d'homme. Ils me crièrent en grec du haut des airs : « Quelle terre foules-tu, Alexandre? Celle qui n'appartient qu’à Dieu. Retourne, misérable : tu ne peux approcher de la terre des heureux! Retourne, mortel! va fouler la terre qui t'est donnée, et ne prépare pas des peines pour toi et pour tes compagnons. » L'autre oiseau me parla aussi à son tour en grec : « L'orient, dit-il, t’appelle à lui, et la victoire soumet à ta puissance le royaume de Porus.

Les oiseaux, après avoir ainsi parlé, s'envolèrent.

Je les apaisai aussitôt, par l’ordre donné aux conducteurs des ânesses de se mettre en avant pour revenir; et, nous dirigeant toujours d'après le nord des astres, au bout de vingt-deux jours nous entendîmes la voix des ânons répondre à celle de leurs mères. Or, beaucoup de soldats s'étaient chargés de ce qu'ils avaient rencontré; et, quand nous revînmes à la lumière, ils se trouvèrent avoir pris tous objets de fin or. Alors le cuisinier raconta comment son morceau de salaison s'était animé. Je fus irrité contre lui, et le fis punir. Portez-vous bien.[4]

 


 

[1] C'est-à-dire les chèvres.

[2] Mesure itinéraire des Perses, répondant à soixante stades.

[3] Le texte dit, de la salaison, mais ce qui arriva à ce morceau de salaison ne peut s'appliquer qu'à un poisson.

[4] Cette lettre finit bien brusquement. En général le texte de ce manuscrit est plus mal rédigé que celui du manuscrit n°113, supplément.