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Praefectus urbi

Le PRAEFECTUS URBI (préfet ou surveillant de la ville) s'appelle à l'origine Custos Urbis. Le mot Praefectus Urbi ne semble être utilisé qu’après la période des Decemvirs. La dignité du Custos Urbis est associée avec celle du Princeps Senatus. C’est le roi qui la confère, car il a dû nommer un des decem primi comme princeps senatus. Cependant les fonctions du custos urbi ne s’exercent que quand le roi est absent de Rome : il agit alors comme son représentant, mais il est improbable qu’il ait également le droit au convoquer l'ensemble du populus. En cas d’urgence il peut prendre des mesures qu’ils juge nécessaires : pour ce faire il possède l'imperium dans la ville. C’est Romulus qui, dit-on, confère cette dignité à Denter Romulius, Tullus Hostilius à Numa Martius et Tarquin le Superbe à Sp. Lucretius. Durant la période royale, la charge de préfet de la ville est sans doute à vie.
Sous la république, la charge et le nom de custos urbis ne changent pas; mais en 487 elle devient une magistrature accordée par élection. Le custos urbis est, plus que probablement, élu par les curiae, mais Denys cite le sénat. Seuls des personnes de rang consulaire sont éligibles. A la fin de la période des decemvirs chaque praefectus mentionné est un ancien consul. La seule exception est P. Lucretius dans Tite-Live mais il fait probablement erreur sur le nom. Au début de la république le praefectus a dans la ville tous les pouvoirs du consul en son absence: il convoque le sénat, préside les comitia, et, en temps de guerre, il lève les légions et les commande. 

Quand on institue la charge de praefectus urbanus, la tutelle de la ville est reprise par celui-ci; mais comme les Romains n’ont pas l’habitude de laisser tomber une vieille institution, on nomme chaque année un praefectus urbi qui n’est que l’ombre de l'ancienne charge : il remplace les consuls absents de Rome pour célébrer les Feriae Latinae. Ce praefectus ne peut convoquer le sénat et n’a pas le droit d’y prendre la parole. Dans la plupart des cas c’est une personne qui n’a pas l'âge pour être sénateur et qui n’est pas nommé par le peuple, mais par les consuls. Quand Varron, cité par Aulu-Gelle, revendique pour le praefectus urbi le droit de convoquer le sénat, il parle probablement du pouvoir du praefectus tel qu’il était avant l'établissement de la charge de praefectus urbanus. On peut voir le peu d'importance de cette charge en constatant qu'elle est toujours accordée à de jeunes gens de familles illustres et que Jules César nomme même plusieurs jeunes gens de rang équestre qui n’ont pas l'âge. Pendant l'empire on continue de nommer de tels praefecti urbi pour célébrer les Feriae Latinae et ils sont même investis d’un certain pouvoir juridique. Cependant, en quelques occasions, on ne nomme aucun praefectus et alors c’est le praefectus urbanus qui exerce ses fonctions. 

Le Préfet de la ville sous l'empire

Auguste crée trois préfets (de la ville, de l'annone et des vigiles).  Le Préfet de la Ville à la charge de la police à Rome.
Après Auguste le pouvoir de Préfet de la Ville devient plus grand.  Il prend la plupart des attributions des consuls et des préteurs.  Il devient juge principal au civil et au criminel.

Auguste, sur la suggestion de Mécène institue une charge très différente de celle-ci mais portant le même nom. Ce nouveau praefectus urbi est un magistrat régulier et permanent, qu'Auguste crée avec tous les pouvoirs nécessaires pour maintenir la paix et l'ordre dans la ville. Il a eu la supervision sur les bouchers, les banquiers, les gardiens, les théâtres, &c.; et pour lui permettre d'exercer son pouvoir, il place dans toute la ville un certain nombre de milites stationarii : on peut comparer cela à la police moderne. Il a également la juridiction dans les procès entre esclaves et maîtres, entre patrons et hommes libres : ce pouvoir s’étend graduellement aux fils qui bafouent la pietas envers leurs parents. Sa juridiction, cependant, augmente graduellement : comme les pouvoirs de l’ancien praefectus républicain sont repris par le praetor urbanus, le pouvoir du praetor urbanus est maintenant graduellement repris par le praefectus urbi. Il n’y a aucun appel contre sa sentence, sauf devant le princeps lui-même, alors qu’on pouvait faire appel à la sentence de n'importe quel autre magistrat de ville, et, à une période postérieure, même à celle d'un gouverneur d'une province, d’un tribunal du praefectus urbi. Sa juridiction dans les sujets criminels est d'abord associée aux quaestiones; mais à partir du troisième siècle il l’exerce seul, et non seulement dans la ville de Rome, mais à une distance de cent milles de celle-ci; il pouvait condamner une personne à la deportatio in insulam. Pendant la première période de l'empire et sous les bons empereurs, on garde cette charge pendant plusieurs années, et dans beaucoup de cas durant toute sa vie; mais dès l’époque de Valérien on nomme un nouveau préfet de la ville presque chaque année. 

Les préfets de la ville du temps de Constantinople

Quand Constantinople devient la seconde capitale de l'empire, cette ville reçoit aussi son praefectus urbi. A ce moment, les préfets sont les représentants directs des empereurs, et ils commandent tous les autres officiers de l'administration de la ville, de toutes les municipalités et de tous les établissements publics. Ils ont également la supervision sur l'importation et sur les prix des vivres, bien que ces sujets soient du domaine plus immédiat d'autres officiers. Les préfets de la ville doivent rédiger chaque mois un rapport à l'empereur sur les la conduite du sénat, où ils votent avant les consulaires. Ils sont les intermédiaires aux empereurs pour les pétitions et les cadeaux de leur capitale. Lors de l’élection d’un pape le préfet de Rome s’occupe de tous les règlements externes. 

Feriae latinae

Les Feriae Latinae ou simplement Latinae (le nom original est Latiar), selon la légende romaine, sont instituées par le dernier Tarquin pour commémorer l'alliance entre les Romains et les Latins. Mais Niebuhr démontre que ces fêtes, qui sont à l'origine un panegyris des latins, sont beaucoup plus anciennes : on trouve établi que les villes des Prisciens et des Latins se partageaient les sacrifices sur le mont albain - qui était le lieu de sa célébration - avec les Albains et trente villes de la confédération d’Albe. Finalement Tarquin convertira les fêtes latines originales en fêtes romaines : en faisant cela il pense sanctifier et cimenter l'alliance entre les deux nations. Avant l'union, c’est le magistrat en chef des latins qui préside ces fêtes; mais Tarquin dorénavant assume cette distinction, qui, plus tard, après la destruction de la confédération latine, reviendra aux magistrats suprêmes de Rome. L'objet de ce panegyris sur le mont albain est le culte de Jupiter Latiaris, et, du moins tant que la république latine existe, il sert à délibérer et à décider sur la confédération, à régler tous les conflits qui peuvent surgir entre ses membres. Comme les feriae Latinae appartiennent aux conceptivae (fêtes mobiles), la période de leur célébration dépend surtout de la situation politique à Rome, car les consuls ne peuvent entrer en fonction sans avoir tenus les Latinae.

Ces fêtes ont une grande importance pour les magistrats : ce sont eux qui décident de la période de sa célébration (concipere, edicere, ou indicere Latinas); car cela peut souvent les intéresser de tenir ces fêtes à un moment particulier ou de les retarder, pour empêcher ou retarder des procédures publiques qu’ils considèrent nuisibles et pernicieuses ou pour favoriser d'autres qui leur sont favorables.  Cette caractéristique, cependant, les feriae Latinae l’ont en commun avec toutes les autres feriae conceptivae. Chaque fois qu’on néglige les formes ou les cérémonies traditionnelles des feriae Latinae, les consuls ont le droit de proposer au sénat ou au collège des pontifes, de faire recommencer leur célébration.

Sur la durée des feriae Latinae, l'opinion commune autrefois prévalait que, dans un premeir temps, elles ne durent qu’un jour, puis deux et ensuite trois et quatre; mais il est clair que cette supposition est fondée sur une confusion entre les feriae Latinae et les Ludi Maximi et qu'elles durent six jours; un jour pour chaque décurie des villes albaines et latines.

Durant la saison des fêtes, il y a une trêve sacrée et on ne peut engager de bataille durant ces jours.

Au début, lors de l'alliance entre Romains et Latins, les magistrats en chef des deux nations se réunissent sur le mont albain et conduisent les cérémonies, mais c’est un Romain qui les préside. Ensuite seul le Romain préside la célébration et offre le sacrifice commun d'un boeuf à Jupiter Latiaris au nom de tous ceux qui participent avec lui.  La chair de la victime est distribuée dans les différentes villes dont le sanctuaire commun se trouve sur le mont albain. En plus du sacrifice commun d'un boeuf, les villes offrent chacune séparément des agneaux, des fromages ou du lait ou des gâteaux. Les foules assemblées au mont albain en cette occasion et la période provoquent de grandes réjouissances et de grands festins. Il ne manque pas de jeux parmi lesquels on peut mentionner l'oscillatio. C'est un jeu symbolique et la légende sur son origine prouve qu'il vient des latins. Pline l’Ancien mentionne que durant les fêtes latines une course des chariots de quatre chevaux (quadrigae certant) a lieu sur le Capitole : le vainqueur reçoit une gorgée d'absynthe. 

Bien que les consuls romains soient toujours présents sur le mont albain et conduisent le sacrifice solennel d'un boeuf, pourtant on lit que la direction des feriae Latinae, comme celle d’autres fêtes est donnée aux édiles par le sénat : il conduit probablement les sacrifices mineurs, les divers jeux, et d'autres solennités. Tandis que les consuls se trouvent au mont albain, leur fonction à Rome est tenue par le praefectus urbi

Les deux jours qui suivent la célébration des fêtes latines sont considérés comme dies religiosi : on ne peut pas contracter de mariage. Dion Cassius dit que de son temps les Feriae Latinae sont encore strictement observées par les Romains, tandis que les villes latines, du temps de Cicéron, ont presque entièrement renoncé à y prendre part. Il semble que les Romains ont continué à les fréquenter jusqu’au quatrième siècle de notre ère.