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ZOZIME HISTOIRE ROMAINE INTRODUCTION Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer ZOSIMEExtrait de la Biographie universelle ancienne et moderne: histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes... / publ. sous la dir. de M. Michaud ; ouvrage réd. par une société de gens de lettres et de savants – tome 45. (BNF)
Ecrivain grec du 5e siècle, dont on ne sait autre chose si ce n’est que, vers le temps d’Honorius et de Théodose le Jeune ou de leur successeur, il était comte et ex-avocat du fisc (κόμης καὶ ἀποφισκοσυνήγορος), et qu’il est auteur d’une Histoire romaine que nous possédons encore, mais dans un état fort imparfait. Elle est composée de six livres, dont le premier n’est pour ainsi dire qu’une simple notice des empereurs depuis les premiers Césars jusqu’à Dioclétien. L’auteur s’étend davantage dans les livres suivants, sur les successeurs de ce prince jusqu’au temps où il écrivait. On y trouve en quelques endroits des lacunes plus ou moins longues et des erreurs de copiste, telles que des noms propres pris l’un pour l’autre ou des chiffres évidemment altérés, comme lorsqu’en parlant de la victoire remportée par Julien, sur les Allemands, près de Strasbourg, l’historien dit que 60.000 de ces derniers restèrent sur le champ de bataille et qu’il en périt autant dans le Rhin. On conçoit que le scribe inattentif, qui, en cette occasion, a pu décupler un nombre, a pu laisser d’autres fautes encore dans son manuscrit. Zosime dit, au commencement de son ouvrage, que Polybe ayant exposé les causes qui, dans un laps d’environ cinquante trois ans, portèrent la puissance et la splendeur de l’empire romain au plus haut degré, il se propose de montrer avec la même exactitude les causes qui, dans un terme presque aussi court, ont amené la dégradation et le déchirement de cet empire et préparé sa ruine. C’est dans son dernier livre que ce grand objet devait être développé, et malheureusement il n’en existe plus que les premières pages. Sa narration ne s’étend que jusqu’à l’année 410, seizième du règne d’Honorius et troisième de l’association de Théodose le Jeune à l’empire. Si ce dernier livre était à peu près égal à chacun des cinq autres, comme on doit le supposer, il est évident que l’histoire de Zosime se terminait à une époque moins reculée; aussi quelques savants ont-ils pensé qu’il écrivait vers te milieu du 5e siècle et d’autres encore plus tard. Bien que la conclusion de son ouvrage nous manque, on peut reconnaître à certains traits des premiers livres quelles étaient à ses yeux les sources des malheurs de l’empire. Il le voyait déjà ravagé par les Goths, que conduisait Attila, lequel bientôt après fut suivi d’Alaric, à la tête des Huns; enfin l’ancienne capitale, Rome elle-même, était devenue la proie de l’un de ces barbares. Vivement affecté de ces désastres, l’historien les imputait à deux causes principales: 1° aux fautes graves en tout genre de Constantin, qui parut plus occupé de son faste et de ses plaisirs que du soin de pourvoir à la sûreté des provinces frontières, dont il retira les garnisons, et à la prospérité de l’Etat, auquel il porta surtout un coup funeste par la translation du siège impérial à Byzance. Le mal s’était aggravé sous Constance, et Julien eut à peine le temps d’en arrêter les progrès; 2° Zosime voyait l’autre cause de décadence dans la protection accordée à un culte nouveau et à l’abandon de celui des dieux auxquels les Romains devaient depuis si longtemps leur gloire et leur prospérité. On reconnaît ici un païen zélé, qui ajoutait foi aux prodiges, aux oracles, aux causes surnaturelles. Cette crédulité, il est vrai, ne lui était point particulière; on la retrouve, presque sans exception, chez tous les historiens anciens et modernes, jusqu’au 18e siècle, où l’on commença à écrire l’histoire plus raisonnablement, c’est-à-dire sans avoir recours aux prodiges et sans voir dans les événements autre chose que ce qui s’y trouve en effet. Il est probable que l’ouvrage de Zosime ne fut connu qu’après sa mort; il eût été dangereux pour lui de le publier sous des empereurs chrétiens. Les lacunes remarquées dans le texte de Zosime sont anciennes et antérieures au 9e siècle; car d’après l’extrait qu’en donne Photius, il ne différait pas de celui qui existe aujourd’hui. Ce n’était qu’une seconde copie mitigée ou altérée; Photius ne connut point la première, qui peut-être n’existait plus de son temps. Il nous apprend dans sa Bibliothèque (codex 98) que l’ouvrage de Zosime n’était en quelque sorte qu’un abrégé de l’histoire plus étendue d’Olympiodore et surtout de celle d’Eunape, continuateur de Dexippe, et l’on sait que ces abrégés, comme celui de Trogue-Pompée, par Justin, ont souvent contribué à faire négliger et perdre ces grands ouvrages qu’on entreprenait de réduire en de petits volumes. Il ajoute qu’Eunape avait écrit deux fois son livre et que Zosime en conséquence avait aussi recommencé le sien. C’est ce qu’on appelait les deux éditions. Dans la première ils plaidaient avec beaucoup de véhémence la cause de l’ancienne religion et se prononçaient fortement contre la nouvelle. Dans la seconde, l’aigreur de leur raisonnement était fort adoucie et leurs sarcasmes en partie corrigés ou supprimés. Nous sommes tenté de croire, contre l’opinion de Photius, que ces changements ne sont pas de la main d’Eunape ni de Zosime, mais de celle de quelque chrétien ami des lettres, qui jugeant leurs écrits utiles pour le fond et ne voulant pas se priver de l’exemplaire qui lui en était parvenue se sera borné à les élaguer en supprimant ou changeant les passages qui choquaient le plus ses opinions religieuses et particulièrement la majeure partie du sixième livre. Mais ces modifications n’ont point empêché la perte des deux éditions d’Eunape, et la première de Zosime a éprouvé le même sort. Notre conjecture peut s’appuyer sur le dire même de Photius. Après quatre siècles écoulés entre ces écrivains et lui, il avait pu encore se procurer les deux éditions d’Eunape. En les comparant (codex 77), il remarqua avec surprise, dans la seconde, qu’en beaucoup d’endroits où il a été fait des changements et des suppressions, il se trouve de l’incohérence et de l’obscurité, en sorte que le sens y semble perverti et quelquefois même inintelligible : « ce qui s’est fait, dit-il, je ne sais comment ». Or, chacun sait que tout bon écrivain qui revoit et corrige un de ses ouvrages ne le détériore point par négligence et moins encore à dessein. Quant à Zosime, Photius, en louant son style précis et net et même élégant, lui reproche de louer trop les derniers empereurs païens et de déprimer ceux qui avaient favorisé le christianisme, surtout Constantin et Théodose, dont il ne dissimule ni les vices ni les crimes. On ne peut disconvenir que les écrivains ecclésiastiques ne se sont pas toujours mis à l’abri de tout reproche à cet égard. Une certaine prévention ne se montre que trop souvent entre des partis qui se combattent, et malheur aux historiens de celui qui a succombé. Zosime, occupant une place éminente, quoique païen, nous fait savoir que le christianisme n’était pas encore généralement répandu dans l’empire romain au 5e siècle. On sait que le paganisme, après son extinction dans les villes se maintint encore assez longtemps dans les villages; c’est même de cette circonstance que son nom est dérivé. Les villageois, pagani, étaient méprisés par les habitants des villes, dans la bouche desquels celle qualification finit par devenir une injure, comme l’est encore, chez les chrétiens, le mot de païen. L’histoire de Zosime fut imprimée d’abord en latin, traduite par Leunclavius (Bâle, 1576, in.fol), avec Procope et autres historiens du même temps. Cette version reparut dans l’Histoire d’Auguste, vers 1600; ensuite dans le tome 3 des Histoires de J.-Ph. Vorburg (Francfort, 1650, in fol.). H. Etienne publia les deux premiers livres en grec, avec la version de Leunclavius, à la suite d’Hérodien (1581, in-4°, et Lyon, 1611, in 8°). Les six livres, grec-lat., furent donnés par Fréd. Sylburg, avec la version et l’apologie de Zosime, par Leunclavius (Francf., 1590, in fol.). Christ. Cellarius publia une édition, d’abord des deux premiers livres, puis des six (Cize, 1679, in-8), répétée à Iéna, 1714, in-8°. Il fut le premier qui divisa le texte en chapitres et qui y joignit un commentaire. Th. Smith donna une autre édition (Oxford, 1679, in-8°). J.-Fréd. Reitemeier en a donné une autre, grec.-lat., avec ses commentaires et des notes de Heyne et de Ritter (Leipzig, 1784, in-8°). Haymann a publié des notes sur l’édition de Reitemeier (Dresde, 1786, in 4°). Les versions en langues vulgaires sont celle de Louis Cousin, en français, avec Xiphilin et Zonare (Paris, 1678, in 4°, et Amsterdam, 1686, 2 vol. in 12); une version anglaise, avec les notes de Th. Smith (Londres, 1684, in 8°; réimprimé en 1814); une en allemand, par Seybold et Heyler (Francfort sur le Mein, 1802, in-8°); une édition plus récente est celle d’Emmanuel Bekker, Bonn, 1837, in 8°. Il est parlé d’une version italienne dans la Biblioteca de Paitoni; mais son existence ne paraît pas constatée. Enfin il y a une version en langue slavone, dont le manuscrit était dans la bibliothèque de Cousin, au rapport de Montfaucon (voy. Bibl. manus.). On trouve dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions (1808, in-4°) des Observations de Ste-Croix sur Zosime. Structure de l'histoire (extrait de Wikipedia)
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