table des matières de SERENUS SAMMONICUS
SERENUS SAMMONICUS.
Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
PRECEPTES MEDICAUXAvant-Propos.Pour suivre un ordre méthodique dans l’indication des remèdes applicables aux diverses maladies qui attaquent la santé de l’homme, je commencerai par ceux qui regardent les affections de la partie la plus éminente du corps, c’est-à-dire de la tête. O Phébus! c’est pour le bonheur des humains que j’entreprends ce poème; daigne soutenir mes chants, accorde ta protection à un art que tu as inventé. Et toi, digne héritier de l’art paternel, toi qui peux rappeler les mânes du tombeau et rendre la vie et la lumière a un corps mortel, dieu d’Egine, de Pergame et d’Epidaure, qui, jadis, sous la forme d’un serpent inoffensif, vins fixer ton séjour dans le temple que la reconnaissance des Romains t’éleva sur la roche Tarpéienne et d’où tu protèges la vie des hommes contre les tristes fléaux du corps, inspire-moi, et tous les secrets que, cédant à mes instances, tu m’as si souvent dévoilés, permets-moi en ce jour de les confier au léger papyrus. I. Des remèdes contre les affections de la tête.Le mal de tête cède à plusieurs remèdes il suffit tantôt d’épancher dans les oreilles quelques gouttes de baume; tantôt de se couronner la tête avec des feuilles de cornouiller, ou de cette espèce de plante dont la tige se divise en sept articulations. Appliqué sur une oreille, le pouliot n’est pas moins efficace; on peut aussi le faire bouillir avec du vinaigre sur un feu modéré, et aspirer doucement cette décoction par les narines. Un cataplasme de gui ou de menthe, appliqué sur le front, a la même vertu. L’expérience recommande encore l’application d’une éponge imbibée d’eau de pluie tiède, ou un cataplasme de lierre bouilli avec de l’huile vieille. Il est également bon de se frotter le front avec des limaçons broyés. La chélidoine trempée de vinaigre a souvent guéri les maux de tête causés par l’ardeur du soleil; le pavot soporifique, bouilli avec de l’huile, a la même efficacité. II. Contre la migraine.Enveloppé dans un flocon de laine et introduit dans l’oreille opposée à celle où est le mal, l’ail ou le baume est un remède efficace contre cette douleur aiguë qui affecte une partie de la tête. On obtient aussi le même effet par des frictions faites avec trois gousses d’ail et trois grains de poivre broyés ensemble. III. Contre la crasse de la tête.La tête est sujette à une affection qui n’altère point la santé, mais qui choque la vue par un air de malpropreté: je veux parler de cette neige de crasse qui tombe des cheveux quand on les peigne, et qui ressemble à la farine qui blanchit la pierre sous laquelle on broie le blé. Une décoction de racine de mauve a la vertu de la dissiper. On peut encore se frotter les cheveux avec du fenouil, du nitre et du soufre vif broyés ensemble. Le vinaigre mêlé avec du son frais a une âcreté qui fait disparaître ces mouchetures qui les déparent. On peut se servir aussi du sang de la lente tortue ou du suc que le cèdre distille. Grace à ce remède, on n’aura plus à craindre de voir une nuée farineuse s’amonceler sur sa tête, et se résoudre en une pluie lourde et serrée de crasse. IV. De la teinture des cheveux.Il y a des personnes qui rougissent et s’affligent de vieillir, et qui, lorsque leurs cheveux commencent à grisonner, voudraient déguiser sous un dehors trompeur les signes trop précoces, suivant eux, de la vénérable vieillesse. Le cyprès, la feuille du lentisque, la graine amère de l’hièble broyée dans du vinaigre, donnent une teinture très propre à noircir les cheveux. En se frottant avec de l’huile où l’on a broyé des vers de terre, on peut encore rappeler sur son front la fleur de la jeunesse. La résine pétrie avec de la cire et de la glu donne un onguent qui dissimule la blancheur des cheveux. Suivant Pline, la cendre a la vertu de rendre blonds les cheveux noirs. On dit que, si, pendant sa grossesse, une femme se décide à manger une souris, son enfant naît avec des yeux noirs. V. Contre la maladie pédiculaire.La nature semble avoir suscité a l’homme un ennemi dans son propre corps, en faisant naître de sa chair des insectes dévorants qui changent le repos des nuits en longues et cruelles insomnies: témoin la fin tragique de Phérécyde, qui périt dans des flots de sueur où fourmillait une vermine immonde; témoin le malheureux Sylla, qui devint la pâture d’une multitude d’insectes hideux dont il ne put se défendre. Pour remédier à cette affreuse maladie, il faut recourir à des substances mordantes et boire souvent des infusions de sénevé, ou se frotter le corps avec du vinaigre où l’on a broyé du nitre, du sel et de l’ail. On peut également employer en fomentation du suc de lierre ou de cèdre, ou bien du son mélangé avec du vinaigre. L’eau de mer a aussi la vertu de débarrasser la tête des lentes et de toute autre vermine qu’engendre et entretient une épaisse chevelure. VI. Contre les démangeaisons, les papules et la grattelle.Souvent le sédiment de la sueur ou le défaut de bonne nourriture fait naître sur la peau une grattelle maligne. Si vous voulez la faire disparaître, ne répugnez pas à vous frictionner avec de l’urine d’âne ou de la bouse de vache. Vous pouvez aussi vous fomenter légèrement avec du fumier de porc réduit en cendres et délayé dans l’eau. La poussière que la fourmi laborieuse amoncelle dans sa retraite chérie est encore, mêlée avec de l’huile, un bon spécifique. N’oubliez pas de soumettre ensuite le corps ainsi frictionné à l’action d’un soleil tempéré. — L’huile a une vertu adoucissante qui éteint l’inflammation des papules. On peut aussi pétrir de la farine de lapin avec du vinaigre, et s’en frotter le corps dans un bain chaud. — Les démangeaisons qui dévorent la peau cèdent à l’âcreté du vinaigre ou de l’écume de mer; l’humeur visqueuse qui sort des limaçons broyés produit le même effet. VII. Contre la frénésie et les embarras de la tête.La frénésie a pour cause une altération du cerveau, et se manifeste par des transports furieux qui donnent au malade des forces extraordinaires, mais factices et passagères. Soit qu’elle ait été provoquée par l’ardeur d’une fièvre violente, ou par les fumées du vin, ou par le souffle pénétrant d’un vent glacial, on peut y remédier par l’application un poumon palpitant d’une brebis sur la tête du malade. La chaleur de la laine non lavée a la même vertu. Les odeurs fortes et repoussantes sont aussi d’un puissant effet contre la frénésie: on peut même s’en servir pour conjurer la folie. La racine de pyrèthre mâchée purifie le cerveau. Le suc d’hièble employé en fomentation, et le suc de lierre aspiré par le nez sont également salutaires. Le vinaigre imprégné de rue a aussi une vertu qui agit favorablement sur le cerveau. Il n’est pas toujours aisé de guérir le mal quand une fois il est venu: aussi la prudence veut-elle qu’on se tienne en garde contre celui qui peut nous assaillir. VIII. Contre la chute des cheveux et les taches de la tête.Il n’est pas rare de voir les cheveux, frappes d’une maladie qui se dérobe à nos recherches, perdre leur sève et tomber. Cette maladie, qui prive la tête de son plus bel ornement, peut provenir ou de la malpropreté, ou de l’action funeste d’un breuvage empoisonné, ou du contact de ce reptile sur lequel les flammes n’ont pas de prise, et qu’on appelle salamandre. Quelquefois aussi le front se couvre de petites taches rondes, qui bientôt se changent en des affections nouvelles. Contre cette maladie, il faut employer en fomentation de la cendre de peau de vipère mêlée avec de la graisse d’ours et du gland; on peut aussi se fomenter la tête ou le front avec du sang de tortue. IX. Contre le coryza et le refroidissement.Souvent le froid pénètre et saisit si fortement les membres, qu’il est très difficile d’y rappeler la chaleur. Faites bouillir alors dans de l’huile une grenouille, que vous retirerez quand elle sera cuite; puis frottez-vous le corps avec l’huile ainsi préparée. La graine d’ortie peut avantageusement remplacer la grenouille et guérit infailliblement les maladies causées par le refroidissement. Des frictions faites avec de la moelle de cerf peuvent aussi remédier à la roideur des membres. L’expérience conseille encore de boire une décoction de miel et de graine de raifort, on d’employer en fomentation du fiel d’ours délayé dans de l’eau tiède. La cendre de coquille d’huître, employée en guise de sel dans les aliments, a la vertu de guérir le coryza en ramenant la chaleur a la tête. Il y en a qui se gargarisent avec un mélange de vin miellé et de moutarde, d’autres mâchent de l’ail, ou se frottent le front et l’intérieur des narines avec de l’huile tiède. La laitue est aussi regardée comme un bon spécifique: c’est un remède efficace et agréable en même temps. X. Contre l’éléphantiasis.Il est une maladie dont le nom même est terrible: c’est l’éléphantiasis. Elle se manifeste par d’horribles pustules sur le visage, et emporte en peu de temps le malheureux qui en est atteint. Cependant on peut en arrêter les funestes ravages en prenant du sac d’écorce de cèdre, de la cendre de belette ou du sang chaud de cet animal. Le petit-lait passe encore pour un breuvage salutaire. La feuille de menthe sauvage, employée soit en boisson, soit en fomentation, n’est pas sans efficacité. On peut aussi se servir d’une combinaison de vinaigre d’oignons et de soufre. Fomentez encore le visage ulcéré du malade avec du nitre, du miel et du lait de vache mêlés ensemble. Enfin, broyez de la céruse avec des feuilles de papyrus, plante qui nous vient d’Egypte, et mêlez-y de l’huile de rose: cette mixtion, employée de la même manière, a une vertu dont vous pouvez bien espérer. XI. Contre les infections de la peau et du visage.Le visage est quelquefois marqué de taches de rousseur, qui semblent lui envier les dons de la bienveillante nature, et rendent la beauté en quelque sorte inutile. On peut y remédier en se frottant les joues avec du vinaigre où l’on a broyé de la roquette. L’âcreté de l’oignon tempérée par la douceur du miel, ou le jus d’une rave crue, mêlé a de l’oxymel, peut aussi faire disparaître ces taches. Le sang du lièvre a une vertu semblable. La feuille et la fleur du saule, broyées ensemble, sont également efficaces. La cendre des os du poisson qu’on appelle sèche guérit toutes les affections de la peau et la graisse de cygne, combinée avec la liqueur réjouissante de Bacchus, rend incontinent au visage sa fraîcheur première. — S’agit-il de ranimer un teint livide ou de faire disparaître de noires meurtrissures, il faut se frotter les joues avec du savon broyé, et remplir de suc de lentisque les sillons formés par les rides. Si le visage est ulcéré par des dartres, la salive, au matin, est une fomentation salutaire. Mangez encore, à jeun, des feuilles de platane; ou bien brûlez les excréments du chameau au dos recourbé, et mêlez-en la cendre avec du vinaigre et de l’encens: cette mixtion appliquée sur la peau est d’une merveilleuse efficacité. XII. Contre les maux d’oreilles.Pour apaiser ces douleurs cruelles qui affectent l’organe si sensible de l’ouïe, il est bon d’épancher dans l’oreille soit du suc que distille un rameau de frêne exposé a l’action du feu, soit de l’urine d’une jeune fille encore vierge, soit enfin du suc de la feuille du peuplier blanc. Le vinaigre mordant mêlé avec de la chélidoine et du nitre n’est pas moins salutaire. Le jus de la menthe sauvage passe aussi pour un bon spécifique. L’huile imprégnée de violette est un calmant qu’il ne faut pas oublier. Si vous pouvez vous procurer de ces vers rouges qu’on trouve sur les vieux arbres, broyez-en quelques-uns dans de l’huile tiède; puis, introduisez-les dans l’oreille malade. -— Le sens de l’ouïe devient quelquefois dur et obtus. Pour remédier à cette surdité, que le temps ne fait qu’accroître, on peut employer des vers de terre cuits dans la graisse de l’oie au chant rauque. Le fiel de bœuf, mêlé avec de l’urine de chèvre, est un remède, dit-on, non moins salutaire. — Un animal s’est-il furtivement glissé dans l’oreille, le fiel du rat peureux, mêlé avec du vinaigre, dissipera la douleur. S’y est-il introduit un liquide nuisible, on se trouvera bien d’enduire le conduit auditif de graisse d’oie, mêlée au suc d’oignon car ce bulbe, si nuisible à la vue, donne à l’ouïe plus de finesse. — L’art divin d’Esculape enseigne encore un remède fort efficace contre les douleurs chroniques de l’oreille. Prenez sept gousses d’ail et autant de lupins, que vous mettrez dans un vase de terre cuite avec des feuilles de laurier; puis, faites bouillir le tout dans du vinaigre, et versez dans l’oreille quelques gouttes de cette décoction. XIII. Contre les maux d’yeux.Le don le plus précieux que la nature puisse faire à l’homme est une bonne vue. Les yeux ont été placés, comme sentinelles du corps, dans un lieu éminent, pour voir de haut et au loin, à l’ abri de toute surprise, sous la sauvegarde d’un épais sourcil. Si cependant cet organe sacré vient à recevoir quelque atteinte, appliquez-y pendant la nuit un flocon de laine imbibé d’huile, ou les yeux arrachés à une écrevisse vivante. Vous pouvez encore vous servir de cendre de feuilles de chou et d’encens broyé dans du vin et du lait d’une chèvre qui vient de mettre bas. Le miel d’Hybla, mêlé avec du fiel de chèvre, dissipe les tristes ténèbres des yeux. La bétoine mâchée donne un suc qui en sèche les humeurs. L’obscurcissement causé par le grand âge cède à des fomentations faites avec du suc de fenouil mêlé de miel pur, ou avec du fiel de vautour noir, dans lequel on a broyé de la graine de chélidoine. Ce remède sera aussi efficace dans les affections chroniques des yeux. Le fiel de coq délayé dans de l’eau pure a de même la vertu de donner à la vue plus de puissance après l’avoir débarrassée des brouillards. On peut encore employer un mélange de fiente de la colombe et de vinaigre, ou le fiel de la perdrix combiné avec une égale dose de miel. Le vin imprégné de suc de chélidoine, et employé en fomentation, n’est pas moins efficace; il calme même les douleurs et cicatrise les plaies de cet organe. — Le lait de chienne, injecté dans les yeux affectés d’inflammation, calme la cuisson causée par la chaleur qui les brûle. La graisse de serpent mêlée avec de la rouille de cuivre a la vertu de cicatriser les blessures de l’œil. Si l’organe de la vue est atteint de cette maladie où l’humeur cristalline de l’œil devient livide et plombée, rien n’est plus efficace que l’haleine d’une personne qui a mâché de cette plante qui rend pâle et qu’on nomme cumin. S’il s’agit de remédier à quelque tumeur, un peu de vile boue appliquée sur l’œil malade la fera disparaître. XIV. Contre les affections des dents et la mauvaise haleine.Il y a peu de maux plus insupportables que le mal de dents, et, s’il est un remède intéressant à connaître, c’est celui qui peut y mettre un terme. Gargarisez-vous donc avec une décoction de violettes dans le vin. Le suc acerbe de l’olivier sauvage est aussi un bon remède: il arrête les bâillements et cicatrise les plaies de la langue. On peut encore mettre sur la partie douloureuse du vin assaisonné de nitre et de poivre à la saveur brûlante. Le suc de chélidoine, le lait de chèvre, le fiel de taureau, sont également d’excellents spécifiques contre les maux de dents, aussi bien que les gargarismes de vinaigre. La ronce mâchée est bonne pour les gencives et pour les lèvres. Le lentisque et le myrte purifient l’haleine. La poudre connue sons le nom de poudre dentifrice, et ainsi appelée parce qu’elle sert à frotter les dents, se fait avec de la cendre de come de cerf, ou des pieds de truie brûlés, ou de la cendre de coquilles d’œufs délayée dans un peu de vin. On la fait encore avec du murex calciné ou de l’oignon brûlé. On croit qu’on ne peut se guérir qu’à prix d’argent; mais les remèdes les plus simples, comme ceux que j’indique, sont en même temps les plus efficaces contre toutes sortes d’affections. — Si l’on vent arrêter la carie, il faut introduire dans le creux de la dent gâtée de la cendre de fiente de rat. On peut se servir encore de la cendre de dent de cerf refroidie dans du vinaigre, ou de la poudre qui résulte de la combustion des vers de terre. Le lait de chienne a in vertu de cicatriser les brûlures de la bouche causées par des aliments trop chauds. — Ayez-soin de vous laver souvent les gencives avec de l’eau froide: c’est le moyen de conserver vos dents en bon état. — Si la dent est atteinte jusque dans sa racine, traitez la partie malade avec du sel mêlé à une égale quantité d’encens, et vous éprouverez à l’instant un soulagement merveilleux. Prenez encore un de ces globules fangeux qui se forment à la queue des brebis; desséchée et réduite en poudre, cette matière apaisera, par son contact, l’inflammation de la plaie. XV. Contre les affections de la luette, du gosier et du cou.Les parois délicates du gosier peuvent être altérées, ou par le froid, ou par le grand vent, ou par quelque vapeur pestilentielle. La voix peut aussi, par des efforts immodérés, occasionner des lésions dans la partie si délicate du larynx. C’est ce qui est arrivé à Hortensius: à force de plaider, il fut réduit au silence; sa voix s’éteignit, et l’orateur mourut avant l’homme. Vous qui cherchez, qui demandez un remède, apprenez ce que l’art enseigne en pareil cas. Faites bouillir un peu de miel ce présent de l’air, et de son de froment; puis gargarisez-vous avec cette décoction. En outre, oignez-vous extérieurement le gosier avec de la graisse d’ours et de taureau et de la cire liquéfiée, le tout mêlé ensemble à doses égales. Voici encore un remède fort simple, mais d’une merveilleuse efficacité. Faites bouillir du miel de l’Attique avec des pavots sauvages; puis, avalez cette mixtion après l’avoir bien mâchée. Faites cuire encore cinq racines chevelues de poireau, et gargarisez-vous avec de l’eau attiédie dans laquelle aura bouilli le poireau, en prenant garde toutefois d’en laisser pénétrer la moindre goutte dans l’estomac. — Si vous voulez remédier à la chute de la luette, tenez-vous couché sur le ventre pendant quelques heures. La cendre d’aneth, ou de coquilles de limaçon, ou de chou, sera un remède non moins efficace. L’inflammation du gosier, qu’on appelle angine, cède à un gargarisme de vinaigre dans lequel on a fait dissoudre du sel. XVI. Contre le torticolis.Pour remédier au torticolis, il faut (le remède paraîtra étrange) se frotter les jarrets avec de la graisse. L’effet salutaire de cette friction remontera jusqu’au siège du mal. On peut aussi se frotter la partie malade avec de la graisse d’oie. La raideur du cou cède également à une fomentation faite avec des lentilles bien cuites dans du fort vinaigre, ou avec du fumier de chèvre et des oignons, ou encore avec de la mode de cerf. Ce dernier remède sera également bon pour rendre aux muscles paralysés leur ancienne souplesse. Il sera bon enfin de toucher les amygdales avec les doigts mêmes dont on vient d’écraser un grillon. XVII. Contre les glaires et la toux.La feuille de laitue cuite a une vertu purgative à laquelle doivent recourir les personnes qui sont tourmentées par les glaires. Elles se trouveront bien aussi de manger souvent du chou bouilli. — Si vous êtes atteint d’une toux violente, prenez une décoction d’ail et de miel. Tâchez encore de vous procurer des baies de frêne, que vous avalerez sans les mâcher. Pétrissez un œuf dur, ou du marrube, que ses propriétés médicales ont rendu célèbre, avec du miel, et vous obtiendrez un médicament très bon pour le gosier, et la toux la plus grave cédera a ce remède facile. XVIII. Contre les digestions difficiles, et autres affections de l’estomac.C’est avec raison qu’on a dit que l’estomac est le roi de tout le corps. A son état de santé semble, en effet, se rattacher celui de tous les membres; s’il est malade, au contraire, tout languit avec lui. Sa défaillance, si l’on n’y remédie, se communique même au cerveau et aux facultés intellectuelles. Broyez dans un mortier de bois de la graine de laitue noire, mêlez-y du miel, et prenez cette mixtion à jeun, mais sans excéder trois cuillerées. La graine de raifort broyé dans du vin miellé est aussi un bon spécifique. Faites encore bouillir dans l’eau deux parties d’absinthe avec une de rue, et vous obtiendrez une décoction très salutaire. Le fenugrec on la graine de fenouil bouillie dans le lait d’une chèvre qui vient de mettre bas est également efficace. Une décoction de pouliot n’est pas moins bonne. Le vinaigre, soit en boisson, soit en fomentation, est favorable à l’estomac. Faites aussi bouillir dans l’eau, jusqu’à cuisson presque parfaite, des limaçons, que vous placerez ensuite sur des charbons ardents; puis avalez-en la cendre, imbibée de vin et de saumure de garus. Les limaçons de mer sont les plus efficaces. — Si l’estomac souffre d’une indigestion, il faut boire de l’écume de mer mêlée avec de l’eau chaude et du poivre. Vous pouvez encore combiner l’écume de mer avec du poivre et du cumin, puis avaler le tout, après l’avoir versé dans quelque aliment cuit. Il n’est pas inutile, non plus, avant de se mettre au lit, de boire un peu de fort vinaigre. Si vous pouvez vous procurer du sel que contient le ventre du plongeon, faites-le brûler sur du pain rôti, mêlez-y une forte quantité de poivre pulvérisé, et vous obtiendrez un remède d’une efficacité merveilleuse. Un autre moyen de faciliter la digestion, c’est de manger, le matin, une datte où l’on a introduit cinq grains de poivre fendus. XIX. Contre la bile et la phtisie.Pour chasser la bile noire, ce poison intérieur qui altère la santé chez tous les hommes, broyez neuf petites gousses d’ail et autant de grains de poivre, que vous délayerez ensuite dans une tasse de saumure de garus; puis avalez le tout, après l’avoir mâché. Prenez encore deux doses de ce médicament, en réduisant à sept, puis à cinq, le nombre des gousses d’ail et des grains de poivre. Une décoction de tiges d’hièble, d’huile et de sel, est encore un excellent spécifique contre la bile. Le miel délayé dans de l’eau de mer mêlée avec partie égale d’eau douce n’est pas moins efficace. Vous vous trouverez bien encore de l’emploi du lait de chèvre, mêlé, tiède encore, avec du vin, du miel et du poivre. La racine de narcisse provoque les vomissements. — Si l’on veut remédier à une phtisie invétérée, on fera bien de boire du vin où l’on aura broyé des limaçons, ou d’avaler une boule de vieille graisse de porc. La chair d’ânesse et la graisse des chèvres sont aussi très efficaces. XX. Contre les affections et l’affaissement des mamelles.Souvent la surabondance du lait donne aux mamelles un développement pernicieux ; mais le sédiment du vinaigre a une force astringente qui réprime cette exubérance. Après l’accouchement, les mamelles se gonflent quelquefois d’une manière extraordinaire: l’eau de pluie où l’on a délayé de la fiente de rat, passe, en pareil cas, pour un bon spécifique. S’il s’agit de remédier à ces douleurs aiguës que cause intérieurement l’obstruction des mamelles, il faut frotter les mamelons avec des vers de terre. Les femmes qui tiennent à avoir le sein bien proportionné devront s’entourer les mamelles de guirlandes de lierre, qu’elles jetteront ensuite au feu sitôt qu’elles les auront retirées, ou se frotter soit avec de la graisse d’oie mêlée à du lait tiède, soit avec un œuf de perdrix, cet oiseau au bruyant caquetage. Elles peuvent s’appliquer sur le sein des pavots cuits dans de l’eau de pluie, qu’elles y laisseront pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’ils soient en quelque sorte fondus. — Voulez-vous suivre les conseils divins du fils d’Apollon et employer les remèdes qu’il enseigne contre les douleurs aigues du sein? prenez de la raclure de navire, des feuilles de prasium, et de cette plante vulgairement connue sous le nom d’herbe folle, mais que les Grecs nomment hyoscyamon, de la racine de roseau, et de l’oseille mêlez le tout ensemble, et vous aurez un spécifique dont l’usage m’a prouvé l’efficacité. XXI. Contre les vomissements où l’on rend, soit les aliments, soit le sang.Si l’estomac ne peut supporter les aliments, et, qu’à force de vomir il devienne de plus en plus incapable de digérer, il faut couper une gousse d’ail et en aspirer l’odeur acre et pénétrante. Si c’est le sang qu’on vomit, on devra boire de la menthe ou manger du raifort cuit. On parvient encore à arrêter l’hémorragie en buvant de l’eau dans laquelle on a mis du talc préalablement broyé. L’expérience a découvert la même vertu dans la cendre d’écorce de chêne délayée dans du vin tiède, ainsi que dans les œufs, les limaçons, ou enfin le blaireau brûlé. On prétend aussi qu’il est bon de manger des baies de saule, ou de boire du vinaigre où l’on a infusé des baies de platane; il n’est pas d’hémorragie qui ne cède à la vertu de ces remèdes. XXII. Contre les affections du foie et du côté.Pour remédier aux douleurs de foie, douleurs d’autant plus aiguës qu’elles ont pour siège une partie du corps tendre et délicate, il faut boire du vin miellé où l’on a infusé de la sauge. On peut aussi faire usage des baies de frêne, de foie de vautour, et du jus de la perdrix, amie du soleil. En broyant une drachme de poix dure avec égale quantité de poivre, dont vous délayerez ensuite la poudre dans de l’eau froide, vous obtiendrez encore une boisson très efficace. Une décoction d’absinthe n’est pas moins salutaire. — Si le côté est le siège d’une douleur que rien ne semble avoir provoquée, l’expérience conseille de boire de l’eau où l’on a plongé et fait refroidir une pierre rougie au feu, ou du vin dans lequel on a broyé de la racine d’érable. Je ne parlerai pas de ces médicaments recherchés, et qui se composent d’une infinité d’ingrédients, comme celui qu’on appelle philonia: qui pourrait y recourir ? mes conseils s’adressent aux pauvres dont j’ambitionne l’amitié. Je conseillerai donc simplement de faire cuire du foie de loup avec du costus, du folium et du poivre, et de boire ensuite ce mélange délayé dans du vin pur. — Le côté est aussi sujet à une affection soudaine et très violente qu’on appelle trait: l’amande du noyau de pêche donne une boisson qui est très bonne contre cette maladie, comme l’expérience me l’a démontré. XIII. Contre les affections de la rate.Quelquefois la rate se gonfle, et cette enflure se manifeste par la tension des parties voisines. Il faut alors se servir, à table, d’une coupe faite avec de bois de lierre, ou boire l’eau verdâtre d’une décoction de légumes. On peut encore s’appliquer sur le côté ou une sangsue, pour débarrasser la rate du sang qui l’engorge, ou du tamarin à la sève puissante, ou du pain imbibé d’eau de mer. Le jus de lierre, soit en boisson, soit en fomentation, est salutaire. Le liber, arraché, sans le secours du fer, à un aune que la cognée du bûcheron n’a jamais touché, donne une boisson singulièrement efficace; mais il faut avoir soin de la faire bouillir jusqu’à ce que l’eau soit réduite au tiers. On prétend que l’ers mange à jeun est également propre à dissiper le gonflement de la rate. On fera bien aussi de se fomenter avec une figue sèche qu’on a fait bouillir dans du vinaigre, ou avec de la rate de chevreau. Le vin imprégné de marrube est une boisson qui passe pour avoir quelque efficacité. On conseille aussi comme une boisson salutaire une décoction de poivre, de fleur de pouliot sauvage, d’aneth, de câpres, d’ache et de buglose. Suivant l’oracle du dieu de l’Ida, le pouliot, l’aurone, le sac luisant du lentisque, et cette espèce de thym qu’on appelle céphalote, donnent une décoction qui remédie particulièrement aux affections de la rate. Plaute prétend que les substances douces ont peu d’efficacité contre les affections de cette partie du corps. Le gonflement de la rate, malgré la douleur qu’il cause, provoque un rire stupide, semblable à celui auquel s’abandonnent, lorsqu’ils auraient plutôt sujet de pleurer, ceux qui ont goûté du persil sauvage. On dit que les personnes à qui on a enlevé la rate perdent la faculté de rire et contractent un air sérieux pour tout le reste de leur vie. XXIV. Contre les affections du diaphragme.Le diaphragme est, comme la rate, sujet à se gonfler. Pour remédier à cette enflure, délayez dans du vin miellé un setier de farine, joignez-y du chaume de chanvre et du fenugrec, faites bouillir le tout, et appliquez cette mixtion encore chaude sur la partie malade. Le fruit originaire de Cydon, et qui doit son nom a cette ville de Crète, devient, quand il est cuit, un émollient très efficace. On a reconnu la même vertu dans le basilic et dans le suc piquant de l’oignon. Un bain d’eau de mer produit aussi de bons effets. On dit que si l’on applique sur le ventre du malade un petit chien qui tette encore, le mal passe du corps de l’homme dans celui de l’animal. Il faut toutefois tuer ensuite le chien et l’enterrer. Cette transmission de maladies a lieu aussi entre les hommes; et l’on voit souvent un des époux communiquer à l’autre le mal dont il est atteint. Enfin, vous pouvez encore vous servir de raclure de navire mêlée avec de la mandragore, ou de ce médicament qui doit son nom aux dix ingrédients dont il est composé, en y joignant du suc de lentisque broyé. Grace à ces remèdes, l’enflure du diaphragme disparaîtra. XXV. Contre les affections des lombes et des reins.Entre autres remèdes propres a calmer les douleurs profondes et tenaces des lombes, les médecins conseillent de faire boire au malade de l’eau où l’on a plongé et fait refroidir une pierre rougie au feu, ou de lui frictionner souvent le dos avec un flocon de laine grasse trempé dans une décoction brûlante de poix, de miel, de nitre, de soufre et d’aneth. Broyez encore une tête d’asperge dans du vin vieux; et, soit en boisson, soit en fomentation, ce vin ainsi préparé devient un bon spécifique. Des frictions faites avec de la graisse mêlée de soufre ne sont pas moins efficaces. J’en dirai autant du suc de l’arbre consacré à Pallas, mêlé avec de la chélidoine et du blé qu’on a fait cuire sur un feu ardent. On prétend que l’amande broyée dans de l’eau tiède donne une boisson fort salutaire. Faites bouillir dans du vin trois limaçons broyés avec leurs coquilles, mêlez-y quinze grains de poivre, et vous aurez un breuvage d’une grande vertu contre les affections des reins. Faites bouillir aussi du son dans un peu d’eau; puis, après l’avoir imbibé d’huile, mettez-le dans un petit sac que vous appliquerez ensuite sur les reins du malade, aussi chaud qu’il le pourra supporter. La moelle de cerf est très adoucissante, et l’eau où l’on a fait cuire des pois chiches devient un breuvage qui n’est pas sans efficacité. Ou bien encore, broyez ensemble de la mauve avec des poireaux; mêlez-y du suc de lentisque, de l’aneth, et de ce médicament qui doit son nom aux dix ingrédients dont il est composé; puis, fomentez avec cette mixtion la partie douloureuse : Esculape m’est garant de la bonté de ce remède. XXVI. Pour calmer les douleurs de ventre.Si vous êtes en proie à de violentes douleurs d’entrailles, broyez de l’hysope, de la rue et de l’ache dans du vin; puis, faites cuire le tout dans trois hémines d’eau, jusqu’à ce que celle-ci soit réduite de moitié vous obtiendrez un breuvage efficace et agréable. La blanche coquille d’un œuf sans germe, réduite en poudre et délayée dans de l’eau chaude, n’est pas moins sanitaire. On peut aussi s’appliquer sur le ventre une branche fraîche de tamarin, arrachée sans le secours du fer et qui n’ait point touché la terre ou bien encore faire usage de la terre fangeuse des ornières, ou de la poussière recueillie sur les gonds d’une porte mobile. Le cumin broyé dans l’eau donne un breuvage dont l’expérience m’a démontré l’efficacité. Une semblable infusion de menthe a la même vertu. Le pain fait avec de la farine et des œufs dont on a d’abord fait dissoudre la coquille dans du vinaigre, est aussi un aliment très bon contre les douleurs d’entrailles. Enfin, on peut boire avec confiance du vinaigre où l’on aura broyé des oignons au bulbe arrondi. XXVII Contre l’hydropisie.L’hydropisie peut provenir ou de l’altération du foie, ou du gonflement de la rate, ou des ravages d’une fièvre ardente qui a desséché la moelle des os, ou enfin de ce que, pour étancher une soif brûlante, on a eu l’imprudence de boire un breuvage glacé. Alors tout se change en eau intérieurement, et la peau boursouflée se détache de la chair et des muscles. Il est bon, entre autres remèdes, de boire deux tasses de vin chaud où l’on aura fait bouillir la racine de la tendre hièble. On fera bien encore de se rouler dans le sable chaud. La feuille légère de pouliot sauvage, soit en fomentation, soit en boisson, n’est pas sans efficacité. L’ellébore aussi a la vertu de dissiper l’hydropisie. On pourra, au lieu d’ellébore, se servir de la graine du flexible genêt, qu’on mettra dans du vin miellé, et qu’on avalera avec de l’eau. L’oignon marin communique au vin une vertu également salutaire. Il y en a qui se servent de fort vinaigre mêlé avec du sel frit, ou qui frictionnent les membres gonflés du malade avec de l’huile. On peut boire aussi du vin où l’on a broyé des baies de frêne, on se frotter le corps avec du dropax. Des fomentations faites avec de la racine de bruyère détrempée dans du vin chaud, sont également bonnes contre l’hydropisie: elles dissipent incontinent la boursouflure et les sérosités du corps. XXVIII. Contre la constipation.La constipation a pour cause ou la qualité des aliments, on un vice naturel du corps, ou l’âpreté de quelque breuvage astringent. On peut y remédier avec de la mercuriale qu’on a fait bouillir dans l’eau avec un peu de miel. On se trouvera bien de manger des prunes qui nous viennent de la célèbre Damas. Les médecins conseillent une infinité de remèdes composés d’une multitude d’ingrédients; mais les médicaments recherchés ne sont pas toujours ceux qui sont les plus salutaires, et l’on peut se miner en remèdes sans recouvrer la santé. Sans chercher si loin la guérison, vous la trouverez dans cette triple prescription: prenez de l’alun que vous envelopperez dans un flocon de laine, et appliquez-vous ce spécifique sur le ventre, on contentez-vous de manger de l’hièble cuite; ou bien encore, buvez du lait de chèvre combiné avec du vin miellé et du sel. Cependant le lait de cavale est préférable; il passe même pour avoir plus de force que le lait d’ânesse. On attribue aussi une vertu particulière aux larmes qui découlent de la figue sauvage, et, pour me servir des expressions mêmes d’Horace, le muge et les coquillages communs délivrent le ventre de tout embarras. Toutefois, il faut avoir la précaution de nourrir les coquillages avec de l’ortie ou du son. Ils deviennent alors plus salutaires et provoquent sans danger l’évacuation du ventre. J’ai eu souvent occasion de reconnaître l’efficacité de l’eau de pluie et du thalassomel mélangés à doses égales. XXIX. Contre la diarrhée et la dysenterie.L’humanité est sujette à tant d’accidents divers, qu’il ne faut pas s’étonner de rencontrer dans l’homme les maladies les plus opposées. Nous venons de parler de la constipation: cette maladie a son contraire, la diarrhée, qui est un flux de ventre très violent. On peut l’arrêter avec une décoction de chou dans du vin. Des cerises cuites et presque desséchées, du pain imbibé de vin aminéen, de l’eau chaude et du vinaigre mélangés, tout cela est bon contre la diarrhée. S’il y a lieu de hâter l’effet trop lent d’une médecine purgative, il faut boire de l’eau chaude oh l’on a broyé du poivre: remède bien simple, mais très efficace. Si la diarrhée est violente et invétérée, on y peut remédier en buvant du vin où l’on a délayé une coquille d’œuf brûlée. La raclure d’ivoire passe aussi pour un bon spécifique. L’écorce de l’arbre de Pyrame cuite en plein air et mêlée avec du vin noir donne un breuvage qui arrête les diarrhées les plus fortes. Esculape recommande comme une bonne fomentation une mixtion composée de cèdre, de suc de lentisque, de poix liquéfiée et de raclure de navire. Il est bon de faire boire aux enfants, à l’époque critique de la dentition, des décoctions de châtaignes, de vieilles cormes, d’ache et de choux de chardon. Il est rare que la diarrhée ne cède point à ce remède. XXX. Contre les ascarides lombricoïdes et les ténias.En quoi la nature ne semble-t-elle pas conspirer contre les malheureux mortels ? Au sein des entrailles de l’homme, à lui-même funeste, il se forme de sa propre substance des vers rongeurs, tels que les ténias et les ascarides lombricoïdes, qui mordent, qui déchirent sans relâche les parois de l’estomac, qui montent quelquefois jusqu’au gosier, et obstruent les voies de la respiration. Pour les détruire, il faut boire de la cendre de come de cerf. Le pouliot sauvage, broyé dans du vin ou du lait de chèvre, donne aussi une boisson qui n’est pas moins bonne. Le vinaigre se recommande également par sa vertu anthelmintique. La feuille de pêcher communique au vin une vertu très efficace. Démocrite recommande particulièrement la menthe. L’aurone et la nielle parasite sont également salutaires. On peut encore se servir d’ail ou de jus de coriandre. Le marrube, le pouliot que ses propriétés médicales ont rendu célèbre, et l’aneth sauvage, bouillis dans l’eau, donnent une boisson dont on se trouvera bien. XXXI. Contre la colique.Pour se délivrer des douleurs de la colique, une des maladies que nos yeux ne peuvent saisir, il est bon de manger du cochevis ou de boire sur la présure détrempée du lièvre peureux. Une décoction d’ache, de pouliot sauvage, de suc de lentisque, et des deux espèces de l’aneth odorant, est également très efficace contre ce mal. XXXII. Contre les affections de la vessie; contre le calcul et la rétention d’urine.Si la vessie est embarrassée, on peut remédier à cette obstruction en buvant du vin vieux. Le basilic sauvage mêlé avec de l’hièble, le suc de lierre, la moutarde piquante, la gomme de térébinthe, réduite en petites boules de la grosseur d’une cicérole, au nombre de trois, et détrempée dans de l’eau tiède, peuvent aussi, servir à composer des breuvages dont l’expérience a confirmé la vertu diurétique. — Pour remédier à la maladie opposée, c’est-à-dire à l’incontinence d’urine, on fera bien de boire de la cendre de corne de cerf. On peut, dans le même cas, faire usage du pouliot sauvage mêlé avec du vin ou du lait de chèvre, ou de la cervelle de lièvre délayée dans du vin. —- Si l’on ressent des douleurs dans l’intérieur de la vessie, il sera bon de boire me décoction faite avec la racine du cyprès touffu, ou du pouliot, cette herbe si efficace, qu’on aura laissée bouillir jusqu’à réduction en bouillie. — Si l’urine condensée se convertit en pierre, et obstrue les uretères, entre autres plantes propres à remédier à cette maladie cruelle, il y a la saxifrage et la scolopendre qui croît au bord des fontaines. Les baies de myrte sauvage mêlées avec du vin, de l’huile et du vinaigre, le cumin frit détrempé dans du vin, la fiente du raimer au vol élevé broyée et arrosée d’oxymel, sont autant de remèdes également regardés comme très salutaires. Enfin on attribue à l’urine de chèvre une vertu dissolvante qui liquéfie la pierre et dégage entièrement la vessie. XXXIII. De la conception et de l’enfantement.Il n’est pas rare que plusieurs années s’écoulent sans que le vœu le plus cher des époux se réalise. Quelles sont les causes de la stérilité du manage? S quoi peut-on reconnaître si elle vient de la femme ou du mari ? Sur ce point, je renvoie le lecteur au quatrième livre du grand poète Lucrèce. J’indiquerai seulement les principaux remèdes qui peuvent triompher de la nature. La femme stérile peut espérer de devenir mère en mangeant une valve de hase de lièvre. La salive qui découle des lèvres de la brebis, pendant qu’elle rumine, peut aussi, mêlée avec du falerne, remédier à la stérilité; une décoction de mercuriale est encore au breuvage auquel on a communément recours; mais, après avoir usé de ces remèdes, les époux ne doivent pas laisser passer la nuit sans se livrer à de doux épanchements. Si la conception a lieu, la femme fera bien, pour se procurer un accouchement facile et sans suites fâcheuses, de boire une infusion de dictamne, et de manger des escargots. — Quand la femme est menacée d’un accouchement prématuré, et sent, avant le huitième mois, la matrice se relâcher sous le poids du fœtus, il convient de lui faire boire une décoction de pouliot soigneusement nettoyé. J’ai pu souvent me convaincre de l’efficacité de ce remède. — Au terme de sa grossesse, pour faciliter son accouchement, la femme devra se fomenter les parties sexuelles avec de la fiente de vautour noir, et boire du vin contenant un mélange d’œufs, de rue et d’aneth à la tige fragile. XXXIV. Contre toute espèce de flux de sang et les diverses affections de la matrice.La perte de sang, quand elle est faible, est souvent un soulagement pour le corps; mais si elle est excessive, elle peut occasionner la mort. Si donc le sang vient à couler du nez avec abondance on peut y remédier, soit en respirant l’odeur d’une punaise écrasée, soit en introduisant dans les narines on dans les oreilles un flocon de laine qui encore été lavée, imbibé d’huile rosat. On peut aussi se frotter le front avec des limaçons broyés, ou de la cervelle de coq, ou du sang de colombe. Si l’hémorragie ne s’arrête pas, il faut boire le sang même qu’on perd. Il sera bon encore de se couronner la tête de papyrus d’Egypte et d’employer l’excédant à se couvrir les parties sexuelles. — Appliqué sur les mamelles d’une femme dont les règles sont trop abondantes, cet arbrisseau aura la même efficacité. Un flocon de laine grasse, placé dans le vagin, suffit encore pour arrêter le sang, et même, si l’enfant meurt avant d’avoir vu le jour, pour le faire sortir de sein maternel. Mais, de quelque cause que provient la perte du sang, une décoction de liège préalablement coupé par petits morceaux pour le mieux détremper, est en pareil cas un des meilleurs spécifiques. Le pouliot donne une boisson qui, prise bien chaude, facilite l’écoulement des règles. Cependant, si le sang ne vient pas, il faut boire une infusion de molle cataire on de rue de l’une ou de l’autre espèce. — Si l’urine est rougeâtre, le moyen de la purifier est de boire du vin fait avec des raisins séchés au soleil dans lequel on a broyé du marrube: cette préparation doit être étendue d’une certaine quantité d’eau. Le dictamne accélère la sortie de l’arrière-faix. Quelques personnes, pour arrêter la ménorragie, enveloppent de laine un des fragments de meule de moulin qu’on a détachés en la frappant d’un seul coup, puis l’appliquent sur le ventre de la femme, en prononçant ces paroles magiques: Sang, arrête-toi, de même que cette pierre s’est arrêtée et a cessé de tourner. XXXV. Contre ce qui blesse ou embarrasse la vue.Il y a des personnes dont la délicatesse efféminée a horreur de ce qui est velu, et qui prennent plaisir a s’épiler. Cette épilation pourtant est quelquefois utile, lorsqu’elle a manifestement pour effet de soulager le corps. En effet, il peut arriver que ces mêmes cils, destinés à protéger les yeux, les blessent de leurs traits aigus, et leur fassent éprouver une cuisson insupportable. Alors il est bon de les arracher, malis il faut avoir soin d’humecter la place qu’ils occupaient avec du sang de cet oiseau qui se sert en guise d’ailes de membranes, mobiles. Si l’on veut empêcher les cils ou tout autre poil de renaître, il faut frotter la partie épilée avec du sang de grenouille autant que possible, la grenouille doit être de petite taille et prise parmi celles qui coassent le plus. Une sangsue prise dans le limon d’un marais, et brûlée vive dans un vase de terre cuite, donne un résidu qui, mêlé avec du vinaigre, rapproche les chairs et empêche les poils de renaître. XXXVI. Contre les affections des parties sexuelles.Je passe aux remèdes qu’il faut employer contre les affections des parties sexuelles. Le vin vieux et le lait de chèvre en fomentation sont très efficaces contre les affections du pénis. Il est bon de mâcher le matin des feuilles de myrte, puis de les appliquer sur la partie malade. Des lotions de lie de vin sont encore un remède efficace. L’eau de mer a une âcreté qui dissipe le gonflement des testicules. On peut également y remédier au moyen d’oignons broyés dans du vin miellé, ou de cire combinée avec du cyprès, ou bien encore de fèves cuites dans la liqueur de Bacchus. On prétend que, entre autres remèdes propres à dissiper les fortes tumeurs produites par les hernies, il est bon d’employer un mélange de farine mouillée et de feuilles de cyprès. La feuille de cet arbre funèbre est aussi très bonne en fomentation. Pour dissoudre les glandes qui se forment quelquefois dans les aines, il faut appliquer dessus des limaçons broyés dans du miel. Si quelque autre affection se déclare en dessous des parties sexuelles, on fera bien d’y appliquer des feuilles de chardon mâchées. Si le mal invétéré se change en fistule, il faut introduire dans l’ulcère de la cendre de belette, ou du sang d’une tique précédemment attachée à un bœuf. On recommande encore l’emploi de la chélidoine mêlée avec du miel, ou de cette herbe qui doit son nom à ses mille feuilles mêlée avec de la graisse. XXXVII. Contre la sciatique et l’arthritis.Souvent la hanche devient le siège d’un mal occulte, douloureux, qui ôte jusqu’à la faculté de marcher. L’écorce du peuplier blanc et la feuille tendre et délicate du genêt donnent une boisson qui en calme les angoisses. Il convient aussi de manger des choux bouillis dans du vinaigre ou de boire une infusion de garance. Le vin aminéen on l’on a broyé des limaçons est une boisson également salutaire Si le mal se fixe sur toutes les articu1ations, il sera bon de faire usage de cataplasmes de poirée mêlée avec des figues et du miel. L’eau de mer mêlée avec la liqueur de Bacchus n’est pas moins efficace mais le vin ne doit être employé qu’avec une sorte de parcimonie. A force de boire, dit-on, Ennius, ce père de la poésie, puisa dans coupe cette cruelle maladie. XXVIII Contre les furoncles.Lorsque la trop grande abondance du sang mêlé aux humeurs mordicantes pousse au dehors des pustules saillantes, pétrissez de la résine avec de l’orge broyée, imbibez d’eau tiède ce mélange, et appliquez le tout sur la partie malade. Un topique composé de jusquiame, de cire et de graisse, ou de fiente de coq blanc délayée dans du vinaigre, c’est un remède qu’on peut employer avec confiance. Vous pouvez encore vous servir en fomentation du cérumen que sécrète l’oreille de la brebis. XXXIX. Contre le charbon.Plus terrible dans ses ravages, le charbon est une gangrène dévorante, qui détruit, partout où elle s’étend, le principe de la vie. Les anciens recouraient à divers remèdes pour combattre cette maladie. On lit dans le cent troisième livre de Tite-Live, qu’on peut y remédier en cautérisant la partie gangrenée avec un fer rouge blanc, ou encore en buvant une décoction de graine de rave. Il dit que ce mal est si violent, si rapide dans ses effets, que celui qui en est atteint ne saurait prolonger sa vie au delà de sept jours. Des fomentations faites avec un mélange de graines de lin, d’oxymel, et de fiente de la colombe consacrée à la déesse de Paphos, peuvent aussi avoir un bon résultat. Des cataplasmes de lupins broyés ont une vertu émolliente, qui, en relâchant les chairs, ouvre une issue au poison intérieur. Quelques personnes font dissoudre de la chaux vive dans du vinaigre et l’appliquent toute fumante sur la plaie. D’autres frottent le corps du malade avec de la fiente de poule. L’ail broyé avec un peu de poivre est encore regardé comme un liniment efficace. On peut aussi se servir de la fève parente de Pythagore, qu’on aura soin de broyer avec la feuille légère du cumin, ou de farine pétrie avec du levain. XL. Contre l’érésipèle, la vomique et les scrofules.La nature marâtre a encore suscité contre l’homme d’autres maux aussi dégoûtants, mais moins dangereux. De ce nombre est la vomique, et les autres affections qui ont quelque analogie avec elle. On peut y remédier par des fomentations faites avec une décoction d’orge, d’eau miellée et de fiente de colombe. Un cataplasme fait avec la fève tendre et la coriandre odorante a la vertu d’amollir et de dissiper la tumeur. On peut aussi se servir d’une décoction de racine de glaïeul assaisonnée de sel, ou bien encore de gui mâché. Des frictions faites, sur la partie malade, avec un mélange de feuilles de jusquiame, de cire et de vieux oing ne sont pas sans efficacité. L’exercice est en pareil cas un puissant remède. Délayez encore un œuf dans un vase de terre, emplissez une coquille de sac de marrube, puis mêlez et faites chauffer le tout avec du miel, et vous obtiendrez une boisson qui, en relâchant et purifiant les chairs, facilitera l’écoulement des matières purulentes. XLI. Contre le feu sacré.Il ya une espèce de maladie qui brûle, qui dévore le corps ce qui lui a fait donner le nom de feu. On peut y remédier en frottant le corps du malade avec de la graisse de bœuf, qu’on a fait chauffer pour la rendre plus maniable, ou de la fiente de cygne mêlée avec des œufs non cuits. On peut encore se servir, comme topique, de vers de terre macérés dans du vinaigre. On peut remplacer les vers par de la rue fraîche, mais en y joignant de l’huile. On attribue la même vertu à de nombreuses frictions faites avec un mélange d’œufs et de poirée broyée. La cendre d’ail mêlée avec de l’huile et de la saumure de garas est également propre à apaiser le feu sacré. On ordonne souvent au malade pour boisson un peu d’eau et de vin de Falerne contenait de la chélidoine et un blanc d’œuf soigneusement triturés. XLII. Contre la podagre.Il n’y a point de remède qui puisse guérir entièrement de la podagre, maladie cruelle, dont Esculape compte quatre-vingt dix espèces; cependant on peut en apaiser l’ardeur et en rendre les douleurs moins aiguës. Ainsi on obtiendra quelque soulagement en se fomentant avec de feuilles et de l’écorce de saule broyées dans du vin. Dès les premières attaques, il faut avoir le courage de s’appliquer un fer brûlant sous la plante des pieds. En plongeant vos pieds dans les entrailles palpitantes d’un bouc qu’on vient d’éventrer, vous arrêterez les progrès du mal naissant. Mais si le mal est plus profond, plus intime, il faut alors y appliquer un cataplasme composé de cyprès, de vinaigre et de pain tendre, et la douleur sera réprimée. L’hièble unie à la graisse de bouc est aussi un bon spécifique. On peut encore se servir de farine de froment pétrie avec du vinaigre, ou d’intestins de grenouille cuits dans de l’huile d’olive pure, ou enfin de suc de chélidoine mêlé avec du vinaigre. Il y en a qui s’appliquent des sangsues et se soulagent ainsi par une émission sanguine. Qu’il me soit permis de rapporter, non ce que j’ai entendu dire, mais ce que j’ai lu: un homme atteint d’un accès de goutte au temps de la moisson, se sentit tout d’un coup délivré de son mal, en foulant par hasard une gerbe de blé qui se trouvait là. XLIII. Contre les blessures faites par le fer ou par le fouet.J’ai indiqué les remèdes propres à combattre les maux qui viennent de la nature: il me reste à faire connaître ceux qui guérissent les maux causés par des accidents. Si une pierre a mis à l’épreuve la sensibilité de notre corps, il faut appliquer sur la blessure du vieux oing et du lierre terrestre broyé. Ne répugnez pas à vous servir de la fiente du porc, qui se plaît dans la fange. Si le corps a été déchiré par les cruelles lanières du fouet, en se fomentant avec une mixtion de cire, d’œufs, de cendre de lessive et d’huile, on fera disparaître les meurtrissures. Si le sang ruisselle, la cendre de la laine qui doit sa couleur à ce précieux coquillage d’où la pourpre a tiré son nom, en arrêtera le flux. La cendre de la laine de Tyr a aussi la vertu d’étancher le sang qui jaillit après l’excision d’une verrue. Dans le cas où une blessure vient à se rouvrir, on peut également arrêter l’hémorragie avec de la cendre de fenouil ou des filaments de poireau. Le fumier de cheval brûlé avec les coquilles d’un œuf est encore un remède d’une merveilleuse efficacité pour réprimer la fuite du sang. XLIV. Contre les blessures causées par des accidents divers.L’homme est sujet à tant de sortes de blessures, qu’il est impossible d’indiquer des remèdes pour chaque cas en particulier. Je me bornerai donc à donner des conseils généraux, mais tels qu’on ne puisse en retirer que d’heureux effets. Ainsi, quelle que soit la nature de la blessure, on peut appliquer dessus avec confiance soit un oignon broyé avec du miel, soit du vieux oing avec de la millefeuille, ou un flocon de laine grasse imbibé de vin tiède. Réduite en cendre, cette laine a la vertu de rapprocher les chairs. Les feuilles ou un rameau d’orme cicatrisent bien les blessures, et le suc de lierre en fait disparaître les traces hideuses. XLV. Contre la morsure de l’homme ou du singe.Pour dissiper le venin que distille dans la chair la morsure de l’homme ou de ce vilain animal qui lui ressemble, on se trouvera bien de boire du vin pur ou l’on aura infusé de la bétoine, ou de fomenter la partie blessée avec une décoction de pelure de raifort. XLVI. Contre la morsure des reptiles venimeux.La pointe acérée de la longe pique macédonienne, l’éclair mortel de l’épée, le poison de la flèche empennée, ont des effets moins rapides que la morsure de la vipère. Disons ce que l’art a découvert pour le salut de l’homme, et quels sont les sucs dont l’expérience a prouvé la vertu salutaire. Un moyen, dit-on, de remédier à la piqûre d’un serpent, c’est d’appliquer la tête du reptile sur la blessure même: elle blesse et guérit, comme la lance du héros de Larisse, qui blessa et guérit Télèphe. Il convient aussi de boire du vin où l’on a mis une tige d’hièble, et d’appliquer sur la plaie une pelure de raifort cuite et broyée; ou de se fomenter avec des feuilles broyées de tithymale ou de cet arbre qui déploie dans les airs le vaste ombrage de ses rameaux funèbres. Le chardon, trop vert encore pour servir à l’industrieux foulon, fournit aussi, par la décoction de sa racine, un breuvage non moins salutaire. La présure d’un fœtus de cerf, mêlée avec du vin, est un bon spécifique contre le funeste venin des reptiles. La racine de férule, la bétoine légère ou le jus d’une vieille poule communique au vin une vertu médicale des plus efficaces. — Pour conjurer les effets de la terrible piqûre de l’aspic, on prétend qu’il faut boire de sa propre urine: c’était l’avis du vieux Varron; Pline recommande de boire du vinaigre. L’art a encore des préceptes pour prévenir le mal et préserver l’homme des piqûres venimeuses. Il faut avoir soin, par exemple, de porter sur soi un foie de vautour, enlevé avec le fer du flanc de cet oiseau au vol pesant, ou de se frotter tout le corps avec des chenilles broyées dans du fort vinaigre. On se trouvera bien aussi de s’envelopper la nuit dans une peau de cerf, ou de cacher dans ses vêtements une dent de cet animal. — En cas d’empoisonnement, il faut boire du sang de chien: remède facile, et qui vaut les antidotes les plus vantés. — Voulez-vous enfin connaître les odeurs qui ont la vertu merveilleuse de mettre en fuite les hideux reptiles ? Les principales sont celles qu’exhalent, en les brûlant, le storax, l’aile du cruel vautour, le pouliot sauvage, la feuille ou la racine de tamarin, cette plante qui ne sait point plier sous l’haleine du vent. XLVII. Contre la piqûre du scorpion et la morsure de la musaraigne.Il y a des animaux dont les blessures sont d’autant plus redoutables, que la petitesse même de leur corps semble ne devoir inspirer que la sécurité: tels sont le scorpion et la musaraigne. C’est pendant la nuit profonde, dans la tranquillité du sommeil, qu’on est exposé aux atteintes de ces animaux venimeux: témoin Orion, dont la fin funeste prouve qu’un poison presque imperceptible peut anéantir les natures les plus puissantes. Si l’on a eu le malheur d’être piqué par le dard brillant du scorpion, il faut à l’instant se saisir du reptile et, d’une main prompte à se venger, l’écraser sur la plaie; car on dit qu’il retire à lui le venin dont il a infecté sa victime. Il sera bon aussi de faire chauffer de l’eau de mer et d’en fomenter la plaie. Le vin pur, pris en boisson, a également une vertu salutaire qui neutralise l’effet du venin. — Quant aux morsures et aux piqûres moins dangereuses des autres bêtes venimeuses, il est facile d’en prévenir les suites en mangeant du fromage fait avec le lait de la chèvre camuse et mêlé avec de l’origan: l’efficacité de ce remède est vraiment merveilleuse. On peut encore appliquer sur la plaie de l’aneth bouilli avec de fenouil, ou bien du soufre vif mêlé avec de la lie de vin desséchée. Une fomentation faite avec la cervelle d’un coq, assaisonnée d’un peu de poivre, n’est pas moins salutaire. — A-t-on à remédier à la terrible piqûre de la musaraigne? il est on remède vil, mais d’une merveilleuse efficacité : c’est d’enduire la plaie avec de la boue ramassée dans une ornière. XLVIII. Contre les douleurs subites; contre la fièvre et les douleurs ostéocopes.Quelquefois une douleur subite et dont la cause est inconnue, nous soumet à de rudes épreuves. On peut y remédier en appliquant sur le siège du mal des feuilles de chélidoine avec du sel ou de la laine chaude imprégnée de soufre. Les douleurs ostéocopes cèdent aisément à une douce fomentation de miel. Si le corps est dévoré par l’ardeur de la fièvre, il sera bon de se fomenter avec du suc d’ache mêlé avec de l’huile onctueuse: rien n’est plus efficace pour rafraîchir les membres brûlants. On peut encore se servir avec confiance de graisse de blaireau. Les larmes d’un cerf mourant mêlées avec de l’eau ont également une vertu qui apaise le feu dont le corps est consume. Ce remède dissipe complètement la maladie et refoule la bile dans les entrailles. Il débarrasse aussi l’estomac du chyme qui le surcharge, affection qui est d’autant plus redoutable qu’elle est plus ancienne. S’il s’agit de combattre une fièvre invétérée, le jus tiède d’un vieux coq a une vertu très efficace; il apaise aussi le frisson. XLIX. Contre la fièvre quarte.Ne croyez pas que l’intermittence soit un signe du peu de gravité de la fièvre; au contraire, la maladie disparaît pour revenir plus forte qu’auparavant. Telle est la fièvre quarte, dont le terme est la mort, si l’on ne se hâte d’y remédier en recourant aux conseils de l’art et à la vertu salutaire des plantes. N’hésitez pas à boire, sur le midi, du vin où vous aurez broyé de l’ail avec trois punaises, ou à avaler du foie de rat détrempé dans quatre scrupules de vin pur. Une simple infusion d’absinthe dans de l’eau donne un breuvage qui est encore d’un merveilleux effet. Cueillez de la graine d’aneth avec trois doigts ajoutez-y une égale quantité de fenouil; puis broyez ces deux plantes dans une tasse d’oxymel, et vous obtiendrez une boisson qui n’est pas moins salutaire. Placez sous le corps du malade qui craint le retour de la fièvre quarte le quatrième livre de l’Iliade d’Homère, ou faites-le boire sur la présure du lièvre peureux. L’eau de mer, édulcorée avec le miel, est un breuvage efficace. Il y en a qui conseillent des remèdes étranges; qui veulent, par exemple, qu’au retour de la fièvre on se livre à l’amour, mais après avoir fait bouillir, au milieu d’un carrefour, un têtard dans de l’huile, et s’en être frotté le corps. L. Contre la fièvre tierce.Il y a une autre fièvre qui cesse et se renouvelle alternativement de deux jours l’un. Pour y remédier, il faut enfermer de la graine du pâle cumin dans une boule de cire, mettre ensuite cette boule dans un sac de cuir rouge et suspendre le sac au cou du malade. Une branche de pouliot enveloppée de laine prévient aussi par son odeur le retour de la fièvre. Quelle que soit la répugnance que vous éprouviez à toucher une punaise, n’hésitez-pas à écraser cet insecte dans un œuf cru, et à l’avaler en suite, car ce remède est des plus efficaces. LI. Contre la fièvre quotidienne.La fièvre qui revient tous les jours sans d’autre intermittence que l’intervalle de quelques heures, ne peut résister, dit-on, au pouvoir qu’exerce sur elle un grain de froment qu’on vient à découvrir en rompant son pain. Des os trouvés dans les murs d’une maison et suspendus en guise de collier, produisent le même effet. Je tairai beaucoup d’autres moyens magiques; car une vaine superstition, née de la sollicitude craintive des mères, croit qu’on peut chasser la fièvre avec des mots. LII. Contre la fièvre demi-tierce.La fièvre que les Grecs appellent hmitritaion [demi-tierce] est plus dangereuse. Le nom grec de cette fièvre n’a point été traduit en latin, soit parce que le génie de cette langue s’y oppose, soit parce que les pères et les mères, dans la crainte de porter malheur a leurs enfants, n’ont pas osé lui donner un nom. Ecrivez sur un morceau de papier ABRACADABRA; puis répétez ce mot autant de fois qu’il y a de lettres dans le mot, mais en retranchant chaque fois une lettre, de sorte que le tout ait la figure d’un cône. Cela fait, suspendez avec un fil de lin le morceau de papier au cou du malade. On prétend que la graisse de lion est aussi un bon spécifique. Le corail et le safran enveloppés dans une peau de chat ont une vertu non moins merveilleuse. Si vous jugez convenable de suspendre du corail au cou du malade, joignez-y avec confiance des émeraudes: ce talisman chassera infailliblement le feu mortel de la fièvre. LIII. Contre les fractures et les luxations.Si par malheur (que la Fortune détourne ses rigueurs de ceux qui nous sont chers et ne les fasse sentir qu’à nos ennemis!), si par malheur on s’est fracturé un os, il faut appliquer sur la partie blessée la cervelle du chien caressant, et envelopper la plaie avec du linge, puis recouvrir de laine. Il convient aussi de la fomenter avec le suc de la grasse olive: au bout de quatorze jours, les os se rejoindront. On peut encore mêler du vin vieux avec la fiente de la chèvre bondissante: ce remède dilate la chair, fait sortir les esquilles et cicatrise la plaie. — S’il s’agit de remédier à une contusion à la tête, il faut y appliquer une toile d’araignée imbibée d’huile. Cette toile d’araignée ne tombera qu’après cicatrisation parfaite. S’il y a luxation, la cendre de cheveux de femme, mêlée avec de la graisse, donne au cataplasme qui, appliqué sur l’os démis, remédiera à la dislocation. Une pomme broyée avec de la graisse est encore une bonne fomentation. Si l’os tibia est atteint d’une douleur provenant d’une blessure antérieure, le crottin de la douce brebis, mêlé avec de vieux oing, dilate la chair et ouvre une issue à la cause du mal. LIV. Contre les ruptures, les douleurs et les contractions de nerfs.Il paraîtra peut-être impossible de renouer des nerfs rompus et de leur rendre leur vigueur première; cependant ces lésions se guérissent par l’application de vers de terre broyés avec de la graisse rance. S’il s’agit de remédier aux douleurs occultes qui affectent les nerfs engourdis, en broyant ensemble de la graisse de vautour, de la rue et de la cire, vous obtiendrez me mixtion très salutaire pour dissiper cette inertie. Il n’est pas moins bon de se fomenter avec de l’eau de mer qu’on a fait chauffer. On peut encore se servir de figues mélangées avec de la poirée et du miel gluant, ou de farine pétrie avec du vin et des feuilles de cyprès: des fomentations faites avec ces sortes de médicaments rendent aux nerfs leur souplesse. S’il s’agit de remédier a une contraction subite, en mangeant de la chair de colombe, on la dissipera infailliblement. LV. Contre les insomnies.La fièvre ne se borne pas à brûler de ses feux les membres du malade, elle le prive aussi du sommeil, ce présent des dieux. Entre autres remèdes, brûlez un papier sur lequel vous aurez tracé différents mots, et buvez-en la cendre dans de l’eau chaude. Il est bon encore d’avoir au lit la tête élevée, de boire des infusions de feuilles de cyprès, ou de se frotter le front avec un mélange d’huile, de feuilles de rose et de pavot frais broyé: cette fomentation ramènera sans peine le sommeil pour la nuit qui suit. La mandragore est aussi très soporifique. En délayant les globules fangeux qui pendent à la queue de bélier, on obtiendra encore un breuvage propre à rappeler le sommeil. LVI. Contre la léthargie.Nous avons déjà fait remarquer que les malheureux mortels sont sujets aux maux les plus opposés. Quelquefois leurs membres sont saisis d’un engourdissement qui les plonge dans un sommeil qui devient celui de la mort. La come de chèvre, suspendue sur la flamme légère, exhale une odeur qui soulève les paupières appesanties par le sommeil. L’herbe qu’on appelle lèvre de Venus, broyée dans du vin, donne une boisson qui n’est pas moins salutaire. L’euphorbe mêlé avec du vinaigre ou de la graine de rue, et aspire par les narines, est également efficace. Enfin, il y en a qui ordonnent un remède bien dégoûtant: c’est de boire une tasse d’eau infectée de sept punaises broyées: breuvage odieux, mais préférable a la mort, si douce qu’elle soit. LVII. Contre l’épilepsie.L’épilepsie est un mal subit, qu’on appelle vulgairement maladie comitiale, parce qu’il fait exclure des comices ceux qui en sont atteints. En effet, il est arrivé maintes fois qu’un citoyen frappé de ce mal affreux a troublé et interrompu l’assemblée publique. Esculape dit que ceux qui sont sujets aux attaques d’épilepsie ont été conçus pendant la nouvelle lune. Le fiel du vautour à la vaste envergure, mêlé avec du vin vieux, donne une boisson salutaire, dont il suffira de faire prendre une cuillerée chaque fois que reviendra le mal. On recommande également de boire de sang d’hirondelle mêlé avec de la farine d’encens, ou une infusion d’ache bouillie, ou bien encore de fiel d’agneau avec du miel. Le marrube mélange avec une égale quantité de miel fournit encore un remède salutaire; mais il ne faut pas en administrer plus de trois cuillerées chaque fois. L’emploi de la cendre de belette et d’hirondelle n’est pas moins efficace. Il sera bon aussi de boire de l’eau de pluie recueillie dans un crâne l’homme. Prenez dans un nid d’hirondelle une de ces pierres qu’on trouve, dit-on, dans le ventre de cet oiseau voyageur; attachez-la au cou de l’épileptique, il ne tardera pas à recouvrer ses esprits et à se relever. L’aneth en boisson passe pour avoir la même vertu. LVIII. Contre la jaunisse.La jaunisse est appelée mal royal, parce que les délices des cours ont, dit-on, la vertu de la dissiper. On la traite par la garance délayée dans de l’eau miellée. On se sert encore en fomentation d’ail broyé dans du vin chaud, ou de laine imprégnée de soufre vif. LIX. Contre les douleurs de la dentition chez les enfants et l’influence funeste des sorcières.Non contente d’avoir jeté l’homme nu sur la terre, la nature marâtre ne lui permet de se développer qu’au prix des souffrances. Pour remédier aux douleurs qui font pleurer l’enfant dont la bouche commence à s’armer de blanches rangées de dents, il faut lui attacher autour du cou des dents de lait d’un poulain. Il faut aussi frotter ses tendres gencives avec de la cervelle de porc, ou lui faire boire de la cervelle de lièvre délayée dans du lait de chèvre. — S’il arrive qu’une malfaisante sorcière ait fait sucer son lait venimeux à un enfant, le célèbre et ancien poète comique Titinius conseille de suspendre à son cou des gousses d’ail. LX. Contre les brûlures causées par le feu ou par le froid.Le froid et le chaud, si opposés entre eux, produisent néanmoins des lésions identiques sur le corps, à tel point qu’on ne saurait affirmer qu’une blessure causée par la neige ne l’a point été par le feu. La cendre de baies de platane guérit les deux sortes de brulures. La lésion produite par le feu se guérit au moyen d’un blanc d’œuf tendu sur elle avec une plume. Vous pouvez encore y appliquer de la cendre de laine en suint, ou un emplâtre composé soit de chaux vive et d’huile rance, soit d’orge broyée dans un blanc d’œuf. Servez-vous aussi en fomentation de chélidoine mêlée avec de la graisse de truie, et ce bizarre remède vous soulagera aussitôt. Il suffit même, pour guérir les érésipèles flegmoneux occasionnés par le froid, de se fomenter avec un peu de graisse. LXI. Des préservatifs contre le poison.Si vous craignez les machinations d’une perfide marâtre ou d’un ennemi que vous a suscité votre prospérité, n’attendez pas que la haine ou l’envie accomplisse ses funestes desseins dans le temps où vous y pensez le moins. Souvenez-vous de manger des noix avant de vous asseoir à une table suspecte. Une coupe d’ambre décompose le poison et en trahit la présence. On peut encore, entre autres préservatifs, boire une décoction d’écorce de chêne bouillie dans de l’eau, ou manger des figues détrempées dans de l’huile. Esculape recommande de manger souvent du raifort. Le célèbre antidote de Mithridate était compose de plusieurs ingrédients si communs, que Pompée se prit à rire lorsqu’il en trouva la recette dans l’écrin du roi de Pont. Il y entrait vingt feuilles de rue, un peu de sel, deux noix, autant de figues, le tout broyé et délayé dans un peu de vin. Cet antidote, qu’il tenait de sa mère inquiète, était le breuvage qu’il prenait chaque matin à son réveil. LXII. Contre les effets du poison.Si, malgré vos précautions, vous n’avez pu prévenir les effets du poison, voici les moyens qui vous restent de les neutraliser. Hâtez-vous de boire du lait d’ânesse ou de vache. Le suc de bétoine infuse dans une petite quantité d’eau est un antidote auquel on a le plus souvent recours. Le lierre qui s’enlace en grimpant autour du tronc des hauts arbres, distille un suc dont quelques gouttes suffisent pour conjurer les funestes effets d’un breuvage empoisonné. Le lait de chèvre, administré en potion, dissipe le délire furieux qui suit les ingestions de jusquiame. LXIII. Contre les plaies dont l’origine est douteuse.Le temps ne fait qu’envenimer une plaie, et rend les soins impuissants pour l’amener à guérison. Cependant les plantes ont des vertus merveilleuses qui cicatrisent les ulcères les plus invétérés. On peut, avec confiance, se servir en fomentation d’une décoction de marrube et de miel, de la cendre que donne le corps brûlé de l’hirondelle qui se plaît dans les airs, de présure de lièvre mêlée avec du vin, ou enfin de vin où l’on a fait bouillir du lierre et de la graine d’aneth. Appliquez aussi sur la partie malade un cataplasme de cendre d’aune et de miel, ou des vers de terre. Les feuilles larges et tendres de l’oseille sont encore très propres à cicatriser les plaies. Il n’est pas inutile d’y mêler de la graisse modérément salée. L’écorce de pin broyée avec du soufre vif et de la poix compacte donne un emplâtre qui remédie à la corruption des chairs. LXIV. De la manière d’enlever les verrues,Quelquefois il s’élève sur le visage ou ailleurs une excroissance parasite et hideuse qu’on appelle verrue. De là le surnom qui fut donné a ce célèbre Fabius qui sauva la république par ses temporisations. On peut parvenir à faire disparaître ces excroissances en les frottant avec du sang de lézard, avec de la terre détrempée d’urine de chien, ou avec du suc de l’herbe appelée lathyris. Le tithymale est également un bon spécifique. Pour arrêter l’écoulement du sang causé par la coupure d’une verrue, il faut appliquer sur la plaie de la cendre de la laine qui doit véritablement sa couleur à ce coquillage dont la pourpre a tiré son nom. LXV. Contre les hémorroïdes.Pour remédier aux tumeurs enflammées et douloureuses qui affectent souvent l’anus, il faut appliquer sur la partie malade de la racine de poireau sauvage. Si le mal est interne et occulte, il faut se servir d’écorce de noyer: le remède est très violent, mais il est efficace. Le miel a la saveur douce, la suie noire, et ce sel blanc qu’on appelle sel bétique, donnent un cataplasme qui est encore un spécifique très salutaire.
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